Titre : Le Patriote des Pyrénées : paraissant tous les jours excepté le dimanche
Éditeur : [s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1934-02-27
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32834057k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 27 février 1934 27 février 1934
Description : 1934/02/27 (A39). 1934/02/27 (A39).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau) Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau)
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5257889j
Source : Bibliothèque patrimoniale de Pau, Ee 3195
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/03/2020
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1
VOIR AUJOURD’HUI
EN 4* PAGE
notre
Chronique Sportive
Le Numéro : 20 Centime»
NEES
20 Centi mes le Numéré
JOURNAL RÉPUBLICAIN paraissant taas les jaars excepté le Dimanche.
REDACTION k ADMINISTRATION: 11 , me i* M.rtcial-Joffre - PAU
LA SITUATION
Un Crime: Social
Pau, 26 février
— L'enquête sur l’assassinat de M.
Prince n'a donné encore aucun ré
sultat, et cela devient extrêmement
grave et troublant...
— Les résultats des démarches
tentées en Europe par M. Eden, sur
le désarmement, sont jugés déplora
bles à Londres.
— L’ultimatum lancé au chancelier
Dollfus par l’agitateur Hachidt, chef
des nazis réfugiés en Allemagne, est
considéré à Berlin comme un fâcneux
impair.
— Le vice-chancelier d’Autriche
lance une proclamation annonçant
que toute tentative des nationaux-so
cialistes pour troubler l’ordre, sera
sévèrement réprimée.
— J^a crise économique s’aggrave
aux Etats-Unis. M. Johnston, /rési
dent de la N. R. A., a convoqué les
représentants des grandes industries
pour examiner la possibilité d’orga
niser la semaine des 4 jours. Il y a
eu en janvier 921.000 chômeurs de
plus qu’en décembre. A l’heure ac
tuelle, il y a 10 millions de chômeurs
permanents et 4 millions travaillant
par occasion, qui vont être licenciés.
— Un accord soviéto-mandchou a
été signé : le compromis proposé par
le Japon a été accepté par les deux
parties.
L’on a répandu des choses vagues heure ; ce n’est pas nous qu’on inti-
sur le caractère et le contenu possi
ble de la déposition que l’on atten
dait de M. Prince devant la com
mission d’enquête parlementaire. Or,
des personnes qui connaissaient bien
le dossier constitué par l’infortuné
directeur de la section financière du
parquet — elles sont au nombre de
trois — et d’autres, comme sa fem
me, son fils et son ami, M. Saillard,
qui avaient recueilli ses impressions,
ont été nettes en ce qui concerne
l’orientation probable de cette dépo
sition capitale. Au Palais et à la
Chambre, c’est, dans le même sens,
la quasi-unanimité. Après plusieurs
entretiens avec les avocats informés
et avec des députés, parmi lesquels
MM. Dignac, Pernot, Scapini, Man-
del, Gellie, Cliastenet, voici ce que
nous pouvons indiquer :
D’abord, depuis l’avènement du
ministère Doumergue, M. Prince
était allé trouver le garde des Sceaux
Chéron pour lui déclarer que certains
fait, pratiquement impossibles à ré
véler sous le ministère Chautemps,
pourraient l’être maintenant. En con
séquence, il allait reviser son rapport
et en modifier certains points « très
importants ». S’agit-il du procureur
Pressard et de quelques hommes po
midera ! »
Des membres de la commission
d’enquête, après avoir souscrit à la
déclaration de M. Mandel : « C’est le
témoin le plus important qui dispa-
laît », nous ont dit :
« M. Chautemps et M. Blum ont fait
traîner plus d’un mois la nomination
de la commission d’enquête. Les com
plices de Stavisky ont ainsi pu faire
disparaître les documents compro
mettants, préparer leur défense, se
créer des alibis, etc. On pensait que
tout était arrangé. Mais voici qu’on
apprend que le conseiller Prince ne
l’entend pas de la sorte ; lui parlera
et dénoncera tout le truquage de ces
dernières semaines. Alors, après les
documents, c’est l’homme que l’on
supprime. Comprenez-vous ?
« Mais on ne nous découragera
point. Certains collègues nous pres
sent de démissionner pour protester
contre les conditions dans lesquelles
en nous oblige à fonctionner. Non !
Nous resterons, et il faudra bien que
la lumière jaillisse ».
D’autres parlementaires nous font
très justement observer que les pré
cisions fournies par M. Prince au
raient produit un effet terrible con
tre un certain régime et un î certaine
association sécrète. Les accusations
litiques radicaux-socialistes avancés de Bonnaure, de Garat, de Stavisky,
dont on chuchote les noms ? Nous on pouvait essayer de les repousser
l’ignorons. Mais ce qui est sûr, c est
que M. Chéron appela immédiate
ment M. Lescouvé, premier président
de la Cour de cassation, et lui fit
en disant qu’elles émanaient de ca
nailles intéressées à se couvrir ou : produira subira le sort du magistrat
Ainsi, tout converge, tout s'enchaî
ne, tout fait bloc, dans cette sinistre
et révoltante affaire. Consultez sa
famille, les magistrats, le barreau,
la Bourse, la majorité des parlemen
taires, tout le monde est d’accord
pour affirmer l’importance exception
nelle de ce qu’avait constaté M.
Prince, de ce qu’il avait confié à
deux ou trois de ses intimes. Tout
le monde savait qu’il était rappor
teur d’une enquête complémentaire
sur les révélations du dossier Pachot.
Nul n’ignorait, au surplus, dans son
entourage, qu’il ne possédait aucune
pièce officielle de l’affaire Stavisky
(elles sont en lieu sûr, dit-on ?), mais
qu’il avait consttiué un véritable vo
lume de notes, établies au jour le
jour, depuis le 1er janvier environ.
Conclusion Toujours la même :
cet assassinat est signé et motivé
comme un arrêt de la Cour. Les « mo
tifs » — ce terme étant pris au sens
judiciaire — c’est le papier que les
meurtriers ont laissé seul dans la
serviette de M. Prince ; ce papier,
c’est la convocation du premier pré
sident Lescouvé. Cela veut dire :
(i Comprenez bien et prenez garde !
Cet homme, nous l’avons exécuté
parce qu’il allait établir les preuves
que nous ne voulons pas voir sortir.
Nous savons qu’elles existent contre
nous, mais nous exigeons qu’elles
soient étouffées. Le premier qui les
POUR CONTRIBUER A L’HISTOIRE
DE LA SEM AINE SANGLANTE
-A. l'Elysée, le r 7 Février
exerçant des vengeances. Et puis, on
pouvait sans trop de difficultés subti-
prendre rendez-vous avec M. Prince, ! lîser leurs papiers. Mais M. Albert
pour examiner ce rapport, mercredi Prince, hier encore directeur de la
21 février. Or, M. Prince était mysté- section financière du Parquet ! M.
rieusement attiré à Dijon, la veille, j p r i n ce, juriste consommé, incorrup-
et assassiné dans la nuit. : tible, inébranlable, et possédant .lui,
Les inspecteurs, chargés de l’enquête, rédigeant un rapport.
De _ : !. :■ à droite : MM. Javoihey, Bertholle, Quilici, Mazet et Guiilemin.
un militant de oa
g%
Les
que nous
■ieux colonnes d'explications ; blez vous appliquer à rejeter dans les
lui avons fournies, il y a bras des factieux l'immense foule des
plus de deux semaines, n'ont pas sa- ] honnêtes gens qui ne veulent pas que
Le fils de M. Prince, jeune étudiant
en droit, fort sérieux et pondéré,
Scout de France, formé à l’école de
i iri droiture, et M. Saillard, industriel
! de la rue Vaneau, ami très intime du
conseiller, sont formels. Us déclarent
que M. Prince éprouvait de vives in
quiétudes en raison des pressions
dont il était l’objet à propos de l’af
faire Stavisky. Et ils ajoutent :
« Nous connaissons des noms, il nous
les a confiés, ainsi qu’à trois magis
trats ; nous les révélerons à notre
tisfait le « militant de gauche » qui
nous les avait demandées dans la
« France de Bordeaux et du Sud-
Ouest ».
Nou.- le déplorons très vivement,
sans en tire surpris outre mesure.
Nous ne pouvons toutefois répéter
chaq •’ semaine, à l'usage exclusif de
ce contradicteur, si courtois soit-il, ce
que vous Usons un peu tous les jours,
en gros et en détail. Nous ne pouvons
que lui recommander la lecture atten
tive notre journal et de nos articles
quotiuiens. Nous le renvoyons notam
ment / l'article de notre collaborateur
parisien M. L.-A. Pagès, que nous
publions ci-contre.
Depuis huit jours, en effet, un fait
nouveau s'est produit dans le déve
loppement de l'affaire Stavisky, qui
prouve que le mal dont ce scandale
est le symptôme est beaucoup plus
terrible, plus hideux et plus profond
encore que tout ce qu'on pouvait ima
giner. Nous avons, dès le lendemain
de l'assassinat du conseiller Prince,
cité le témoignage d'un homme poli
tique qui, Vavant-veille des sanglants
événements du 6 février nous disait
à peu près ceci : « Je crois de plus
en plus à l'existence d'une « maffia »
qui exerce sur le pays une véritable
dictature occulte et qui est prête d
tout, même au crime, pour maintenir
sa domination ».
Or, au lendemain où nous écrivions
ces lignes, M. Albert Sarraut, minis
tre l'intérieur, directeur de la « Dé
pêche de Toulouse » parlant aux jour
nalistes du crime de Dijon, leur par
lait aussi de cette « Maffia ». Le mpt
est aujourd'hui sur toutes les lèvres
et dans tous les journaux, même dans
le « Populaire » sous la plume de M.
Léon Blum.
Il y a donc une « maffia » qui met
la France en coupe réglée et règne
par la corruption et par la terreur,
ou s'il n'y en a pas, tout se passe
comme s'il y en avait une. Et on
n'aurait pas le droit de protester con
tre cet état de choses ; on n'aurait
pas le droit de réclamer, au besoin
dans la rue , la lumière, toute la lu
mière, sur ces agissements ténébreux
et ces mystères sanglants ; on n'au
rait pas le droit de chercher à délivrer
la France et la République de celte
tyrannie malfaisante et déshonorante,
sans se rendre coupable du délit de
« fascisme » l...
'Ah ! malheureux « militants de
gauche », qui essayez d'accréditer ce
bobard,comment n'apercevez-vous pas
que c'est le plus grand service que
vous puissiez rendre au fascisme et
le plus grand tort que vous puissiez
faire à la République. Depuis que le
scandale. Stavisky a éclaté, vous sem~
le pays soit abandonné aux Garat-
Bonnaure-Stavisky-Dalimicr et Cie ,
qui réclament la justice contre ces
a gangsters » de France et l'épura
tion de nos mœurs politiques. En as
similant aux ennemis de la Républi
que, en dénonçant comme suspects
tous ceux qui crient aujourd'hui : « A
bas les voleurs ! » vous faites et vous
dites tout ce qu'il faut pour solidari
ser dans l'esprit public la République
et le staviskisme...
C'est pure folie.
Ah ! l'on comprend, certes, votre
embarras, votre mauvaise humeur, et
pour certains votre rage.
Les heures que nous vivons, les
événements qui se déroulent depuis
deux mois, dérangent vos plans, vos
combinaisons, vos conceptions et vos
habitudes d'esprit... Mais prenez gar
de ! le courant d’indignation qu'ils
provoquent dans le public est si légi
time et si fort que les hommes et les
partis qui voudront se mettre en tra
vers seront bousculés et balayés.
II. S.
les fortes preuves des concussions,
forfaitures ou basses complaisances
de tels et tels personnages consulai-
les ! Quelle terreur, s’il parle 1 Al
lons, se disent les coupables, il faut
se tirer de là ! Nous avons pu faire
disparaître, il y a quelque temps,
1.200 pièces au Palais de Justice ;
mais nous avons raté le récent cam
briolage du cabinet du juge d’Uhalt
à Bayonne. Cette fois, ne manquons
pas le grand, le puissant, l’écrasant
témoin !
que nous venons de supprimer ».
Un crime ainsi préparé, combiné,
accompli dans un système et une
promptitude qui l’apparentent direc
Parmi les événements qui ont mar
qué La journée du mercredi 7 février,
l'entretien que la délégation des élus
de Paris a eu avec le Président de la
République restera comme l'un des
plus importants puisqu'aussi bien il a
été, comme on ne le sait peut-être pas
assez, la cause déterminante de ■l'ac
ceptation de M. Gaston Doumergue et,
par conséquent, de la constitution du
Gouvernement de trêve et d’apaise
ment.
Dans « Le Petit Démocrate », l'un
des membres de celte délégation, M.
Bout, retrace « de façon rigoureuse
ment exacte » ce que fut cet entretien.
« A l’issue de la réunion à l’Hôtel-
de-Ville des élus de Paris et de la
Seine — parlementaires et conseil
lers — les membres du bureau du
Conseil municipal, trois membres du
Bureau du Conseil général, les dépu
— Oui, fit le Président de la Ré
publique, mais avec qui?
— Avec M. Doumergue.
— Il refuse !
— Il ne peut pas refuser!
— Je n’ai pas attendu votre visite
pour lui demander son concours. Je
viens de lui téléphoner à Tournefeuil-
!e où il est arrivé ce matin et voici
le communiqué que j’étais en train
de rédiger quand vous êtes entrés.
« Et, prenant un papier sur son bu
reau, M. Albert Lebrun nous lut en
effet un communiqué d’après lequel,,
maigre 1 insistance « la plus pres
sante et la plus affectueuse », M.
Gaston Doumergue, invoquant son
âge, avait « formellement » décliné
l’offre qui lui était faite.
« C’est alors qirensemble MM. La
val et Fiquet s’écrièrent : « Le pré
sident Doumergue n'a pas le droit
de se refuser au pays dans les cir
constances présentes. Laissez-nous
l’adjurer, au nom de ce Paris qu’il
aime et où le sang peut encore coû
tés de Paris et de la Seine anciens ; ! cr > d’accepter un poste que seul an-
ministres, auxquels s’étaient joints jourcFhui jl peut remplir
quelques-uns de leurs collègues, en
tout environ vingt-cinq élus, se sont
rendus à l’Elysée où M. Albert Le
brun les attendait. M. René Fiquet,
président du Conseil municipal, ex
posa en quelques mots très pressants
"objet de la visite des élus de Paris
et M. Pierre Laval indiqua comment
la représentation parisienne estimait
que le calme pût revenir après les
sanglants événements de la veille :
« D’abord la démission du ministè
re Daladier.
« C’est chose faite, interrompit
M. Lebrun : je vous en donne l’as
surance officielle ».
te Eh bien ! lui fut-il répondu, nous
enregistrons cette assurance avec joie
parce qu’elle est un premier et indis-
tement à l’enlèvement de Koutiepoîf, j pensable élément d’apaisement ; mais
porte un cachet et dégage un relent ' il est indispensable de répandre de
révolutionnaire qui n’échappe pas
au Parquet. Rapprochez cela de la
coalition de certaines forces qui ont
essayé, le 12 février, de terrroriser
Grenoble, Mulhouse. Nantes, Lille,
Paris, et dites si l’heure n'a point
sonné, pour les pouvoirs constitués
et pour la République, de défendre
enfin, avec énergie, les honnêtes gens
contre la nouvelle Maffia ?
L.-A
Le mys’ère persiste ïur la mort de
La « Waffia »
et M. Chautemps
, | CINQ JOURS DL RECHERCHES:
L’opinion est assez générale dans AUCUN RESULTAT
.. ri,» l.n. Chambre que 1 as-
Pagès.
Prince
P.-S. — Ces réflexions s'adressent
également à M. Henri Cadier, avocat,
président de la Ligue des Droits de
l'Homme (section de Pau) qui a fait
distribuer samedi soir un factum où
suivant la môme manœuvre, on
fourre dans le même sac pour les
noyer dans la même rivière ou les
fusiller de la même salve, l'Action
Française, les Croix de Feu, les An
ciens combattants et la foule innom
brable des français qui ne prennent
pas leur parti des mœurs politiques
révélées par l’affaire Stavisky.
Manœuvre ici d'autant plus in
opportune et déplacée que le protes
tant M. Cadier a choisi pour faire pro
céder à cette distribution l'occasion
de la conférence que M. l'abbé Des
granges a faite samedi soir, à, Pau,
conférence qui, on le sait, n'avait
aucune portée politique, puisqu'elle
était donnée au profit d'une œuvre
catholique. Peut-être est-ce le sujet
traité par le conférencier : « La gran
de pitié des Parlementaires » qui
avait alarn ê le loyalisme trop sus
ceptible de. M. Cadier. Mais s'il
avait pris la peine de l'entendre il
aurait pu se rendre compte que M.
l'abbé Desgranges n'a fait en réalité
que défendre le parlementarisme et
les parlementaires, dont il est, contre
les généralisations injustes auxquelles
les derniers événements donnent trop
facilement lieu.
Et ceci prouve une fols de plus que
le zèle de certains « militants de gau
che » est décidément aussi maladroit
que mal informé.
les couloirs de la Chambre que
sassinat de M. Prince est due a une
ténébreuse association.
M. Marquet, lui-même, dit-on, croit
à l’existence de la « Maffia » qui,
d’après M. Guernier, ancien minis
tre membre de la gauche radicale,
a fait assassiner le conseiller Prince.
M. Guernier croit a 1 existence
d’un organisme extrêmement ranime
qui nrotégeait l’escroc Stavisky et
favorisait ses opérations, aussi bien
en France qu’à l’étranger. En faisant
disparaître M. Prince, elle suppn-
mait un témoin redoutable et, en
même temps, eVe intimidait les au
tres témoins qui auraient pu etre
tentés de parler. « G’est ce qu on
appelle le crime d’avertissement! »,
disait M. Guernier, qui est profes
seur de droit. .
M. Bonnefous croit, lui aussi, a
l’existence d’une « Maffia » essen
tiellement maçonnique. C est ce qui
lui fait craindre que les assassins de
Dijon ne soient jamais découverts.
Mais alors, l’opinion publique aura
le droit de se fâcher et de reclamer
en même temps que l’épuration du
monde parlementaire, l’épuration
du monde policier. .
Le député de Seine-et-Oise confiait
aux journalistes l’étonnement et 1 in-
dingation qu’il avait éprouve en ap
prenant que M. Chautemps avait
représenté l’accusateur de son beau-
frère comme un professionnel des
faux télégrammes destinés à donner
le change à sa femme sur ses fu
Dans les couloirs de la Chambre
on racontait que l’ancien président
du Conseil avait fait preuve, tous
ces jours-ci, d’une très grande acti
vité et qu’il avait notamment invite
à déjeuner un certain nombre de
journalistes de gauche de province,
auxquels il avait donné ses directi
ves. Plaignons les lecteurs de ces
journaux provinciaux.
M. Chautemps s’inquiète et proteste
M. Camille Chautemps, mis en
cause au sujet de propos sur la mort
tragique du conseiller Prince, a dé-
« Je ne puis que m’élever énergi
quement contre l’inexactitude de
propos qui nous sont prêtés ou con
tre l’interprétation erronée ou ten
dancieuse de paroles prononcées au
cours de conversations particulières,
« S’il est exact que j’ai pris part,
comme beaucoup de nos collègues, à
des entretiens de cette sorte ou les
hypothèses les plus diverses ont été
tour à tour envisagées par les uns et
les autres, il n’est entré, à aucun mo
ment, dans ma pensée, ni, j’en suis
sûr. dan 3 l’expression de celle-ci, de
PERSIL
LAVE TOUT
TOUT SEUL
IVoir en §' page)
L’enquête sur la mort mystérieuse
de M. Albert Prince se poursuit, sans
avoir encore percé le mystère.
A Paris, comme à Dijon, les in
vestigations policières n ont appor
té que très peux de matériaux utiles
à la recherche de la vérité. Ce sont
des bruits, des racontars, des lettres
anonymes qui alimentent, jusqu a
maintenant l’activité des policiers
Seul, le rapport des médecins-le-
gistes, qui ne sera déposé que dans
quelques jours, leur apportera un
élément solide, ün sait que les mé
decins penchent nettement pour 1 as
sassinat.
A leur rapport viendra se joindre
celui de M. Koha-Abrest, directeur
du laboratoire de toxicologie, qui
examine les viscères de la victime et
qui, espérons-le, pourra dire com
ment est mort l’infortuné conseiller
à la cour de Paris.
L’AUTOMOBILE MYSTERIEUSE
ün sait que plusieurs témoins
avaient, dès le premier jour, déclare
avoir remarqué sur la route de Plom
bières, le soir du meurtre, près de
l’endroit où furent retrouvés les res
tes du malheureux conseiller, une
auto arrêtée, les phares en veilleuse.
On avait même donné le numéro ma
tricule.
Quelques vérifications ont permis
vite de retrouver les voitures portant
les numéros se rapprochant de ceux
signalés.
Quatre véhicules portant, a peu
de chose près le matricule désigné,
ont été identifiés. Ces identifica
tions n’ont apporté encore aucune
lumière ; il est sûr qu’aucune des voi
tures indiquées n’a été sur les lieux
du crime.
LA VOITURE DE L’INCONNU
11 est un fait qui a troublé les po
liciers : c’est la facilité avec laquel
le M. Prince a pu accepter de mon
ter en voiture avec un inconnu. On
suppose, à ce sujet, que celui-ci avait
annoncé au conseiller que sa mère
avait été conduite dans une maison
de retraite tenue par des religieuses
à Talant. Ce village est proche de
La Combe-au-Fées et c’est près de
cette localité qu’a été découvert le
corps de M. Prince.
CE QUE DIT M. LESCOUVE
On sait que l’un des points les plus
inquiétants est, sans nul doute, la
tragique coïncidence qui fit disparaî
tre le magistrat à la veille de son au
dition par la commission judiciaire
sûr, dans l’expression de celle-ci,
porter une accusation outrageante
pour ’
suite cette nouvelle dans Paris pour
éviter ce soir le renouvellement, et
beaucoup plus grave encore des ma
nifestations ».
« C’est alors que certains parlèrent
de faire tambouriner la nouvelle
dans les rues parisiennes, à quoi je
me permis de faire observer que,
depuis Santerre, les tambours à Pa
ris avaient quelque chose de révolu
tionnaire qui ne paraissait pas de
voir les recommander en la circons
tance. Il fut décidé que la nouvelle
serait immédiatement publiée par
T. S.F. et par éditions spéciales des
journaux.
« Mais M. Laval — parfaitement
calme et maître de lui — continuait
déjà en demandant la constitution
d’un ministère d’Union nationale.
« M. Albert Lebrun, sans s’arrêter
à aucun mesquin sentiment d’amour->
propre, acquiesça à cette demande
et fit venir M. Magre, secrétaire gé
néral de la Présidence, pour lui de
mander d appeler M. Doumergue an
téléphone
« La communication avec Tourne-
feuille tardant un peu à être éta
blie, l’entretien avec le Président de
la République prit fin. Il était prè»
de 16 heures.
« A aucun -moment il n’a été fait
de proposition témoignant d Affole
ment de la part des représentant»
de Pari? qui ont constamment con
servé le calme angoissé et la ferme
té agissante mais respectueuse qu».
commandait la situation de la Capi
tale, où des démonstrations singn
lièrement graves étaient attendue*
pour la soirée. A aurun moment non
plus, le Président de la République
ne s’est départi de l’attitude parfai
tement digne, et de f’autorité confc
préhensive que nous devioha atten
dre du chef de l’Etat.
« On sait la suite : vers 16 h. !*,
MM. Laval et Fiquet purent enfin!
s’entretenir téléphoniquement aveo
M. Doumergue dont ils ébranlèrent
fortement la résolution négative. A
17 heures, comme il l’a dit lui-même
à la Chambre, M. Gaston Doumer
gue, auquel le concours de la plupart
des chefs de partis avait été assuré,-
acceptait définitivement. L’espoi*
pouvait renaître...»
Alfred Bour,
Membre et secrétaire
du Conseil municipal de Part^
Or, le 20 février, le fils de l’infor
tuné magistrat avait pris l’initiative
d’aller confier à M. Lescouvé, pre
mier président de la Cour de cassa
tion e tprésident de la commission ju
diciaire d’enquête administrative, un
lot important de dossiers appartenant
à la victime.
Le plus haut magistrat de France,
qui assume la tâche difficile de faire
la lumière sur tous les faits judiciai
res d'ordre administratif se ratta
chant à l’affaire Stavisky, a fait les
déclarations suivantes :
« Vous savez dans quelles condi
tions M. Prince devait être entendu
par nous une deuxième fois. Après
nous avoir fait, à la séance de la com
mission du 23 janvier, une déclara
tion, un scrupule de conscience l’a
vait envoyé vers moi pour me dire
qu’il avait oublié de nous exposer
certains maits, et qu’il désirait les
faire connaître, à la commission.
C’est alors que je l’engageai à écrire
un rapport. Ses occupations le forcè
rent à demander un délai supplémen
taire pour ce travail. Finalement, il
devait nous l’apporter mercredi.Mar
di, ayant convoqué la commission
d’enquête, j’envoyai un de mes col
laborateurs avertir M. Prince que si
ses obligations professionnelles ne
lui permettaient pas d’achever son
rapport, il pouvait simplement clas
ser ses notes en vue de sa déposition
orale, prévue à l’ordre du jour de la
commission pour le surlendemain
jeudi.
_ « On pense qu’il a emporté son dos
sier à Dijon pour achever son tra
vail, dossier qui ne pouvait évidem
ment contenir que des notes person
nelles sans aucun document officiel.»
— Une partie de ce dossier, a-t-on
alors demandé au président, n’est-
elle pas restée à Paris, et n’a-t-elle
pu vous être remise avec les dossiers
que vous a portés M. Raymond
Prince ?
— Je ne le pense pas. Le travail
qui devait nous parvenir sous une
ferme orale ou écrite avait pour ob
jet le fonctionnement de la section
financière du parquet dans les affai
res Stavisky. Or, les papiers que le
fils de l’infortuné conseiller m’a ap
portés, et qui ont été mis sous scel
lés ouverts, en présence des supé
rieurs hiérarchiques de M. Prince,
ne contiennent absolument rien se
i apportant aux affaires Stavisky.
« Quelle étrange affaire. On envi
sage toutes les hypothèses, on n’en
trouve pas une qui soit en accoid
avec les faits. Il est même impossible
de trouver une explication psycholo
gique qui tienne. Le suicide? Il n’a-
Une Conférence
de M. Ybarnegaray
Vendredi à la salle des Ambassa
deurs, M. Ybarnegaray a parlé de la
journée du 6 février, « le gTand soir
des honnêtes gens »,
Il s’est élevé avec véhémence con
tre l'appellation de factieux appliquée
aux manifestants.
Quand il en est arrivé à la scène
de sa rencontre dans rantichambre du
président du Conseil, le mercredi 7 fé
vrier, lendemain du drame, avec la
bande des « Jeunes Turcs > Pierre Cot,
Mistler, La Chambre Martiqaud-De-
pla, M. Ybarnegaray s’est exprimé en
ces termes ;
« Là-dedans, on ne parlait que de
tanks et de mitrailleuses, que de tirer
et que J'en finir ! Je leur ai dit : Vous
êtes des misérables !
< Quand Martinaud-Deplat est venu
m'annoncer qu’ils partaient, qu’ils dé
missionnaient, il m'a demandé : • Que
veux-tu ? » J’ai répondu : « Un gouver
nement de salut public, l’Union natio
nale, la dissolution. » Alors il répon-
L’U. N C. approuve
son groupe Parisien
L’Union Nationale des Combattant*
communique la note suivante :
« Les membres du Conseil Nation»!
et les présidents de groupes de 1TJ«
N. C. approuvent le groupe de la r*>
gion parisienne, et en particulier so*.
président, G, Lebecq, d'avoir organiaj
et réalisé la manifestation du 6 février
« Protestent contre les interpréta
tions tendancieuses qui ont tenté <4
la dénaturer ;
* Se félicitent que l'action organisé*
pour que la France vive d.ans l'hon
neur et la propreté, ait abouti à 1*
sauvegarde des libertés républicain»*
par la constitution d un ministère **
trêve et d'apaisement. »
dit : « Tout, mais pas la dissolution I g
« Ah ! le voilà le réflexe, le cri da
ventre. Au moment où ils vont glissai
dans le sang, tout à coup ils évo
quent leurs sièges, leurs mandats, leur
petite affaire électorale !
« La dissolution, voilà ce qu’ils veo-
lent éviter à tout prix ! »
Le nouveau règne en
LE t( TE DEUM » AL Ste-CUDULE
PELERiNACE SüR LE LiLU
DE L’ACCiDENT
Depuis lundi dernier, de véritaM**
pèlerinages convergent vers le rocha*
de Marche-les-Dames, où le r i Albert 4
a trouvé la mort. »
d’enquête administrative ^ ^ ^ ^
i mis „ La recherche de la vérité impose V ait aucune raison de se tuer. L'as-
la mémoire d’un magistrat hau- donc l’étude la plus complété des | sassinat ? Je ne comprends pas non
tement honorable, soit de tenter
d'aiguiller tendancieusement les re
cherches de la justice dans une af
faire sur laquelle je n’avais et n’ai
encore aucune donnée particulière.
« Au reste, plusieurs députés d’o
pinions opposées à la mienne parti
cipaient à la conversatio
rapports entre M. Prince et la com
mission d’enquête. En particulier, il
était essentiel de savoir si les décla
rations complémentaires que M. Prin
ce devait faire devant les magistrats
enquêteurs, si le dossier qui lui ser
vait à les préparer présentait un réel
caractère de gravité.
plus.
« Quant au terrorisme dont on a
parlé, les terroristes frappent plus
haut d’ordinaire. Prince, ancien subs
titut, conseiller à la cour d’appel,
n’était pas la victime désignée d’un
Mit d* terrorisme >.
Samedi matin, de bonne heure, la
fouie est accourue sur le trajet que de
vait suivre le cortège royal pour se
rendre au palais de Bruxelles à la col
légiale de Sainte-Gudule où un « Te
Deum » était célébré en l’honneur des
nouveaux souverains.
Les troupes formaient la haie. Le
roi Léopold et la reine Astrid furent
très acclamés.
La collégiale Sainte-Gudule® avait
abandonné les tentures de deuil :
c’étaient des bannières et des tentures
rouges, qui garnissaient la grande nef.
Tout le chœur était tendu de magnifi
ques gobelins. A gauche de l’autel, un
dème de pourpre surmonté d'une cou
ronne royale. L’immense vaisseau de
l'église était entièrement occupé par
les grands corps constitués de l'Etat
et de nombreux invités.
A 11 heures, le cardinal Van Roye,
primat de Belgique, entouré des évê
ques et du chapitre s’est avancé sur
le grand parvis, crosse en main. 11 a
reçu le roi Léopold, la reine Astrid,
le comte de Flandre et les autres prin
ces, puis il a prononcé une courte
allocution dans laquelle il a rendu un
émouvant hommage au roi Albert I er .
Le roi remercia le cardinal.
Précédés du cardinal, le roi et la
reine ont gagné le chœur, suivis par
les princes étrangers et leur suite. Le
« Te Deum » pour le nouveau roi a été
chanté par la maîtrise de St-Rambaud. survenant Dut »ratècm
Les soldats présentent les armes, la, g Ua t rô houles et une femme qui fit-
musique des grenadiers Joue a r - t emmenéa au commissariat. Oe ton!
bançonnA Le roi et te reine se retirent dg3 c0mmunlste6 . Parmi e „ u tro*
avec le même cérémonial qu à 1 am- yaU le ^ ^ député Jacquemot**,
veôjj
Le Club-Alpin belge les groupe*
d'écoliers dirigés par leurs maîtres de*
associations d'anciens combattants,
des Dataillons de la garnison de N**
mur, viennent «ans arrêt se recueilli*
et déposer des fleurs.
Plusieurs centaines de gerbes et d*
couronnes s amoncellent aumur de l'ea.
droit où on à découver» i» corps.
DES COMMUNISTES LYNCHES
PAR LA FOULE A BRUXELLES
A Bruxelles dimanche, des camelots
offraient en vente le « Dr*,peau Romça»
journal du parti comiruirtste, poGàùtt
en première page et et gros caractères
un article intitulé : * A bas la Monar
chie 1 Vive les Soviets ! ». C’était un
tissu de basses injures et de diffama
tions au sujet de la mort du roi Albert,
Quelques témoins s’indignèrent. Ut
émeutèrent les pasants. On fit un mau
vais parti aux vendeurs. On le» roù*
de coups et on leur arracha leurs }ou>
naux pour les piétiner.
1
VOIR AUJOURD’HUI
EN 4* PAGE
notre
Chronique Sportive
Le Numéro : 20 Centime»
NEES
20 Centi mes le Numéré
JOURNAL RÉPUBLICAIN paraissant taas les jaars excepté le Dimanche.
REDACTION k ADMINISTRATION: 11 , me i* M.rtcial-Joffre - PAU
LA SITUATION
Un Crime: Social
Pau, 26 février
— L'enquête sur l’assassinat de M.
Prince n'a donné encore aucun ré
sultat, et cela devient extrêmement
grave et troublant...
— Les résultats des démarches
tentées en Europe par M. Eden, sur
le désarmement, sont jugés déplora
bles à Londres.
— L’ultimatum lancé au chancelier
Dollfus par l’agitateur Hachidt, chef
des nazis réfugiés en Allemagne, est
considéré à Berlin comme un fâcneux
impair.
— Le vice-chancelier d’Autriche
lance une proclamation annonçant
que toute tentative des nationaux-so
cialistes pour troubler l’ordre, sera
sévèrement réprimée.
— J^a crise économique s’aggrave
aux Etats-Unis. M. Johnston, /rési
dent de la N. R. A., a convoqué les
représentants des grandes industries
pour examiner la possibilité d’orga
niser la semaine des 4 jours. Il y a
eu en janvier 921.000 chômeurs de
plus qu’en décembre. A l’heure ac
tuelle, il y a 10 millions de chômeurs
permanents et 4 millions travaillant
par occasion, qui vont être licenciés.
— Un accord soviéto-mandchou a
été signé : le compromis proposé par
le Japon a été accepté par les deux
parties.
L’on a répandu des choses vagues heure ; ce n’est pas nous qu’on inti-
sur le caractère et le contenu possi
ble de la déposition que l’on atten
dait de M. Prince devant la com
mission d’enquête parlementaire. Or,
des personnes qui connaissaient bien
le dossier constitué par l’infortuné
directeur de la section financière du
parquet — elles sont au nombre de
trois — et d’autres, comme sa fem
me, son fils et son ami, M. Saillard,
qui avaient recueilli ses impressions,
ont été nettes en ce qui concerne
l’orientation probable de cette dépo
sition capitale. Au Palais et à la
Chambre, c’est, dans le même sens,
la quasi-unanimité. Après plusieurs
entretiens avec les avocats informés
et avec des députés, parmi lesquels
MM. Dignac, Pernot, Scapini, Man-
del, Gellie, Cliastenet, voici ce que
nous pouvons indiquer :
D’abord, depuis l’avènement du
ministère Doumergue, M. Prince
était allé trouver le garde des Sceaux
Chéron pour lui déclarer que certains
fait, pratiquement impossibles à ré
véler sous le ministère Chautemps,
pourraient l’être maintenant. En con
séquence, il allait reviser son rapport
et en modifier certains points « très
importants ». S’agit-il du procureur
Pressard et de quelques hommes po
midera ! »
Des membres de la commission
d’enquête, après avoir souscrit à la
déclaration de M. Mandel : « C’est le
témoin le plus important qui dispa-
laît », nous ont dit :
« M. Chautemps et M. Blum ont fait
traîner plus d’un mois la nomination
de la commission d’enquête. Les com
plices de Stavisky ont ainsi pu faire
disparaître les documents compro
mettants, préparer leur défense, se
créer des alibis, etc. On pensait que
tout était arrangé. Mais voici qu’on
apprend que le conseiller Prince ne
l’entend pas de la sorte ; lui parlera
et dénoncera tout le truquage de ces
dernières semaines. Alors, après les
documents, c’est l’homme que l’on
supprime. Comprenez-vous ?
« Mais on ne nous découragera
point. Certains collègues nous pres
sent de démissionner pour protester
contre les conditions dans lesquelles
en nous oblige à fonctionner. Non !
Nous resterons, et il faudra bien que
la lumière jaillisse ».
D’autres parlementaires nous font
très justement observer que les pré
cisions fournies par M. Prince au
raient produit un effet terrible con
tre un certain régime et un î certaine
association sécrète. Les accusations
litiques radicaux-socialistes avancés de Bonnaure, de Garat, de Stavisky,
dont on chuchote les noms ? Nous on pouvait essayer de les repousser
l’ignorons. Mais ce qui est sûr, c est
que M. Chéron appela immédiate
ment M. Lescouvé, premier président
de la Cour de cassation, et lui fit
en disant qu’elles émanaient de ca
nailles intéressées à se couvrir ou : produira subira le sort du magistrat
Ainsi, tout converge, tout s'enchaî
ne, tout fait bloc, dans cette sinistre
et révoltante affaire. Consultez sa
famille, les magistrats, le barreau,
la Bourse, la majorité des parlemen
taires, tout le monde est d’accord
pour affirmer l’importance exception
nelle de ce qu’avait constaté M.
Prince, de ce qu’il avait confié à
deux ou trois de ses intimes. Tout
le monde savait qu’il était rappor
teur d’une enquête complémentaire
sur les révélations du dossier Pachot.
Nul n’ignorait, au surplus, dans son
entourage, qu’il ne possédait aucune
pièce officielle de l’affaire Stavisky
(elles sont en lieu sûr, dit-on ?), mais
qu’il avait consttiué un véritable vo
lume de notes, établies au jour le
jour, depuis le 1er janvier environ.
Conclusion Toujours la même :
cet assassinat est signé et motivé
comme un arrêt de la Cour. Les « mo
tifs » — ce terme étant pris au sens
judiciaire — c’est le papier que les
meurtriers ont laissé seul dans la
serviette de M. Prince ; ce papier,
c’est la convocation du premier pré
sident Lescouvé. Cela veut dire :
(i Comprenez bien et prenez garde !
Cet homme, nous l’avons exécuté
parce qu’il allait établir les preuves
que nous ne voulons pas voir sortir.
Nous savons qu’elles existent contre
nous, mais nous exigeons qu’elles
soient étouffées. Le premier qui les
POUR CONTRIBUER A L’HISTOIRE
DE LA SEM AINE SANGLANTE
-A. l'Elysée, le r 7 Février
exerçant des vengeances. Et puis, on
pouvait sans trop de difficultés subti-
prendre rendez-vous avec M. Prince, ! lîser leurs papiers. Mais M. Albert
pour examiner ce rapport, mercredi Prince, hier encore directeur de la
21 février. Or, M. Prince était mysté- section financière du Parquet ! M.
rieusement attiré à Dijon, la veille, j p r i n ce, juriste consommé, incorrup-
et assassiné dans la nuit. : tible, inébranlable, et possédant .lui,
Les inspecteurs, chargés de l’enquête, rédigeant un rapport.
De _ : !. :■ à droite : MM. Javoihey, Bertholle, Quilici, Mazet et Guiilemin.
un militant de oa
g%
Les
que nous
■ieux colonnes d'explications ; blez vous appliquer à rejeter dans les
lui avons fournies, il y a bras des factieux l'immense foule des
plus de deux semaines, n'ont pas sa- ] honnêtes gens qui ne veulent pas que
Le fils de M. Prince, jeune étudiant
en droit, fort sérieux et pondéré,
Scout de France, formé à l’école de
i iri droiture, et M. Saillard, industriel
! de la rue Vaneau, ami très intime du
conseiller, sont formels. Us déclarent
que M. Prince éprouvait de vives in
quiétudes en raison des pressions
dont il était l’objet à propos de l’af
faire Stavisky. Et ils ajoutent :
« Nous connaissons des noms, il nous
les a confiés, ainsi qu’à trois magis
trats ; nous les révélerons à notre
tisfait le « militant de gauche » qui
nous les avait demandées dans la
« France de Bordeaux et du Sud-
Ouest ».
Nou.- le déplorons très vivement,
sans en tire surpris outre mesure.
Nous ne pouvons toutefois répéter
chaq •’ semaine, à l'usage exclusif de
ce contradicteur, si courtois soit-il, ce
que vous Usons un peu tous les jours,
en gros et en détail. Nous ne pouvons
que lui recommander la lecture atten
tive notre journal et de nos articles
quotiuiens. Nous le renvoyons notam
ment / l'article de notre collaborateur
parisien M. L.-A. Pagès, que nous
publions ci-contre.
Depuis huit jours, en effet, un fait
nouveau s'est produit dans le déve
loppement de l'affaire Stavisky, qui
prouve que le mal dont ce scandale
est le symptôme est beaucoup plus
terrible, plus hideux et plus profond
encore que tout ce qu'on pouvait ima
giner. Nous avons, dès le lendemain
de l'assassinat du conseiller Prince,
cité le témoignage d'un homme poli
tique qui, Vavant-veille des sanglants
événements du 6 février nous disait
à peu près ceci : « Je crois de plus
en plus à l'existence d'une « maffia »
qui exerce sur le pays une véritable
dictature occulte et qui est prête d
tout, même au crime, pour maintenir
sa domination ».
Or, au lendemain où nous écrivions
ces lignes, M. Albert Sarraut, minis
tre l'intérieur, directeur de la « Dé
pêche de Toulouse » parlant aux jour
nalistes du crime de Dijon, leur par
lait aussi de cette « Maffia ». Le mpt
est aujourd'hui sur toutes les lèvres
et dans tous les journaux, même dans
le « Populaire » sous la plume de M.
Léon Blum.
Il y a donc une « maffia » qui met
la France en coupe réglée et règne
par la corruption et par la terreur,
ou s'il n'y en a pas, tout se passe
comme s'il y en avait une. Et on
n'aurait pas le droit de protester con
tre cet état de choses ; on n'aurait
pas le droit de réclamer, au besoin
dans la rue , la lumière, toute la lu
mière, sur ces agissements ténébreux
et ces mystères sanglants ; on n'au
rait pas le droit de chercher à délivrer
la France et la République de celte
tyrannie malfaisante et déshonorante,
sans se rendre coupable du délit de
« fascisme » l...
'Ah ! malheureux « militants de
gauche », qui essayez d'accréditer ce
bobard,comment n'apercevez-vous pas
que c'est le plus grand service que
vous puissiez rendre au fascisme et
le plus grand tort que vous puissiez
faire à la République. Depuis que le
scandale. Stavisky a éclaté, vous sem~
le pays soit abandonné aux Garat-
Bonnaure-Stavisky-Dalimicr et Cie ,
qui réclament la justice contre ces
a gangsters » de France et l'épura
tion de nos mœurs politiques. En as
similant aux ennemis de la Républi
que, en dénonçant comme suspects
tous ceux qui crient aujourd'hui : « A
bas les voleurs ! » vous faites et vous
dites tout ce qu'il faut pour solidari
ser dans l'esprit public la République
et le staviskisme...
C'est pure folie.
Ah ! l'on comprend, certes, votre
embarras, votre mauvaise humeur, et
pour certains votre rage.
Les heures que nous vivons, les
événements qui se déroulent depuis
deux mois, dérangent vos plans, vos
combinaisons, vos conceptions et vos
habitudes d'esprit... Mais prenez gar
de ! le courant d’indignation qu'ils
provoquent dans le public est si légi
time et si fort que les hommes et les
partis qui voudront se mettre en tra
vers seront bousculés et balayés.
II. S.
les fortes preuves des concussions,
forfaitures ou basses complaisances
de tels et tels personnages consulai-
les ! Quelle terreur, s’il parle 1 Al
lons, se disent les coupables, il faut
se tirer de là ! Nous avons pu faire
disparaître, il y a quelque temps,
1.200 pièces au Palais de Justice ;
mais nous avons raté le récent cam
briolage du cabinet du juge d’Uhalt
à Bayonne. Cette fois, ne manquons
pas le grand, le puissant, l’écrasant
témoin !
que nous venons de supprimer ».
Un crime ainsi préparé, combiné,
accompli dans un système et une
promptitude qui l’apparentent direc
Parmi les événements qui ont mar
qué La journée du mercredi 7 février,
l'entretien que la délégation des élus
de Paris a eu avec le Président de la
République restera comme l'un des
plus importants puisqu'aussi bien il a
été, comme on ne le sait peut-être pas
assez, la cause déterminante de ■l'ac
ceptation de M. Gaston Doumergue et,
par conséquent, de la constitution du
Gouvernement de trêve et d’apaise
ment.
Dans « Le Petit Démocrate », l'un
des membres de celte délégation, M.
Bout, retrace « de façon rigoureuse
ment exacte » ce que fut cet entretien.
« A l’issue de la réunion à l’Hôtel-
de-Ville des élus de Paris et de la
Seine — parlementaires et conseil
lers — les membres du bureau du
Conseil municipal, trois membres du
Bureau du Conseil général, les dépu
— Oui, fit le Président de la Ré
publique, mais avec qui?
— Avec M. Doumergue.
— Il refuse !
— Il ne peut pas refuser!
— Je n’ai pas attendu votre visite
pour lui demander son concours. Je
viens de lui téléphoner à Tournefeuil-
!e où il est arrivé ce matin et voici
le communiqué que j’étais en train
de rédiger quand vous êtes entrés.
« Et, prenant un papier sur son bu
reau, M. Albert Lebrun nous lut en
effet un communiqué d’après lequel,,
maigre 1 insistance « la plus pres
sante et la plus affectueuse », M.
Gaston Doumergue, invoquant son
âge, avait « formellement » décliné
l’offre qui lui était faite.
« C’est alors qirensemble MM. La
val et Fiquet s’écrièrent : « Le pré
sident Doumergue n'a pas le droit
de se refuser au pays dans les cir
constances présentes. Laissez-nous
l’adjurer, au nom de ce Paris qu’il
aime et où le sang peut encore coû
tés de Paris et de la Seine anciens ; ! cr > d’accepter un poste que seul an-
ministres, auxquels s’étaient joints jourcFhui jl peut remplir
quelques-uns de leurs collègues, en
tout environ vingt-cinq élus, se sont
rendus à l’Elysée où M. Albert Le
brun les attendait. M. René Fiquet,
président du Conseil municipal, ex
posa en quelques mots très pressants
"objet de la visite des élus de Paris
et M. Pierre Laval indiqua comment
la représentation parisienne estimait
que le calme pût revenir après les
sanglants événements de la veille :
« D’abord la démission du ministè
re Daladier.
« C’est chose faite, interrompit
M. Lebrun : je vous en donne l’as
surance officielle ».
te Eh bien ! lui fut-il répondu, nous
enregistrons cette assurance avec joie
parce qu’elle est un premier et indis-
tement à l’enlèvement de Koutiepoîf, j pensable élément d’apaisement ; mais
porte un cachet et dégage un relent ' il est indispensable de répandre de
révolutionnaire qui n’échappe pas
au Parquet. Rapprochez cela de la
coalition de certaines forces qui ont
essayé, le 12 février, de terrroriser
Grenoble, Mulhouse. Nantes, Lille,
Paris, et dites si l’heure n'a point
sonné, pour les pouvoirs constitués
et pour la République, de défendre
enfin, avec énergie, les honnêtes gens
contre la nouvelle Maffia ?
L.-A
Le mys’ère persiste ïur la mort de
La « Waffia »
et M. Chautemps
, | CINQ JOURS DL RECHERCHES:
L’opinion est assez générale dans AUCUN RESULTAT
.. ri,» l.n. Chambre que 1 as-
Pagès.
Prince
P.-S. — Ces réflexions s'adressent
également à M. Henri Cadier, avocat,
président de la Ligue des Droits de
l'Homme (section de Pau) qui a fait
distribuer samedi soir un factum où
suivant la môme manœuvre, on
fourre dans le même sac pour les
noyer dans la même rivière ou les
fusiller de la même salve, l'Action
Française, les Croix de Feu, les An
ciens combattants et la foule innom
brable des français qui ne prennent
pas leur parti des mœurs politiques
révélées par l’affaire Stavisky.
Manœuvre ici d'autant plus in
opportune et déplacée que le protes
tant M. Cadier a choisi pour faire pro
céder à cette distribution l'occasion
de la conférence que M. l'abbé Des
granges a faite samedi soir, à, Pau,
conférence qui, on le sait, n'avait
aucune portée politique, puisqu'elle
était donnée au profit d'une œuvre
catholique. Peut-être est-ce le sujet
traité par le conférencier : « La gran
de pitié des Parlementaires » qui
avait alarn ê le loyalisme trop sus
ceptible de. M. Cadier. Mais s'il
avait pris la peine de l'entendre il
aurait pu se rendre compte que M.
l'abbé Desgranges n'a fait en réalité
que défendre le parlementarisme et
les parlementaires, dont il est, contre
les généralisations injustes auxquelles
les derniers événements donnent trop
facilement lieu.
Et ceci prouve une fols de plus que
le zèle de certains « militants de gau
che » est décidément aussi maladroit
que mal informé.
les couloirs de la Chambre que
sassinat de M. Prince est due a une
ténébreuse association.
M. Marquet, lui-même, dit-on, croit
à l’existence de la « Maffia » qui,
d’après M. Guernier, ancien minis
tre membre de la gauche radicale,
a fait assassiner le conseiller Prince.
M. Guernier croit a 1 existence
d’un organisme extrêmement ranime
qui nrotégeait l’escroc Stavisky et
favorisait ses opérations, aussi bien
en France qu’à l’étranger. En faisant
disparaître M. Prince, elle suppn-
mait un témoin redoutable et, en
même temps, eVe intimidait les au
tres témoins qui auraient pu etre
tentés de parler. « G’est ce qu on
appelle le crime d’avertissement! »,
disait M. Guernier, qui est profes
seur de droit. .
M. Bonnefous croit, lui aussi, a
l’existence d’une « Maffia » essen
tiellement maçonnique. C est ce qui
lui fait craindre que les assassins de
Dijon ne soient jamais découverts.
Mais alors, l’opinion publique aura
le droit de se fâcher et de reclamer
en même temps que l’épuration du
monde parlementaire, l’épuration
du monde policier. .
Le député de Seine-et-Oise confiait
aux journalistes l’étonnement et 1 in-
dingation qu’il avait éprouve en ap
prenant que M. Chautemps avait
représenté l’accusateur de son beau-
frère comme un professionnel des
faux télégrammes destinés à donner
le change à sa femme sur ses fu
Dans les couloirs de la Chambre
on racontait que l’ancien président
du Conseil avait fait preuve, tous
ces jours-ci, d’une très grande acti
vité et qu’il avait notamment invite
à déjeuner un certain nombre de
journalistes de gauche de province,
auxquels il avait donné ses directi
ves. Plaignons les lecteurs de ces
journaux provinciaux.
M. Chautemps s’inquiète et proteste
M. Camille Chautemps, mis en
cause au sujet de propos sur la mort
tragique du conseiller Prince, a dé-
« Je ne puis que m’élever énergi
quement contre l’inexactitude de
propos qui nous sont prêtés ou con
tre l’interprétation erronée ou ten
dancieuse de paroles prononcées au
cours de conversations particulières,
« S’il est exact que j’ai pris part,
comme beaucoup de nos collègues, à
des entretiens de cette sorte ou les
hypothèses les plus diverses ont été
tour à tour envisagées par les uns et
les autres, il n’est entré, à aucun mo
ment, dans ma pensée, ni, j’en suis
sûr. dan 3 l’expression de celle-ci, de
PERSIL
LAVE TOUT
TOUT SEUL
IVoir en §' page)
L’enquête sur la mort mystérieuse
de M. Albert Prince se poursuit, sans
avoir encore percé le mystère.
A Paris, comme à Dijon, les in
vestigations policières n ont appor
té que très peux de matériaux utiles
à la recherche de la vérité. Ce sont
des bruits, des racontars, des lettres
anonymes qui alimentent, jusqu a
maintenant l’activité des policiers
Seul, le rapport des médecins-le-
gistes, qui ne sera déposé que dans
quelques jours, leur apportera un
élément solide, ün sait que les mé
decins penchent nettement pour 1 as
sassinat.
A leur rapport viendra se joindre
celui de M. Koha-Abrest, directeur
du laboratoire de toxicologie, qui
examine les viscères de la victime et
qui, espérons-le, pourra dire com
ment est mort l’infortuné conseiller
à la cour de Paris.
L’AUTOMOBILE MYSTERIEUSE
ün sait que plusieurs témoins
avaient, dès le premier jour, déclare
avoir remarqué sur la route de Plom
bières, le soir du meurtre, près de
l’endroit où furent retrouvés les res
tes du malheureux conseiller, une
auto arrêtée, les phares en veilleuse.
On avait même donné le numéro ma
tricule.
Quelques vérifications ont permis
vite de retrouver les voitures portant
les numéros se rapprochant de ceux
signalés.
Quatre véhicules portant, a peu
de chose près le matricule désigné,
ont été identifiés. Ces identifica
tions n’ont apporté encore aucune
lumière ; il est sûr qu’aucune des voi
tures indiquées n’a été sur les lieux
du crime.
LA VOITURE DE L’INCONNU
11 est un fait qui a troublé les po
liciers : c’est la facilité avec laquel
le M. Prince a pu accepter de mon
ter en voiture avec un inconnu. On
suppose, à ce sujet, que celui-ci avait
annoncé au conseiller que sa mère
avait été conduite dans une maison
de retraite tenue par des religieuses
à Talant. Ce village est proche de
La Combe-au-Fées et c’est près de
cette localité qu’a été découvert le
corps de M. Prince.
CE QUE DIT M. LESCOUVE
On sait que l’un des points les plus
inquiétants est, sans nul doute, la
tragique coïncidence qui fit disparaî
tre le magistrat à la veille de son au
dition par la commission judiciaire
sûr, dans l’expression de celle-ci,
porter une accusation outrageante
pour ’
suite cette nouvelle dans Paris pour
éviter ce soir le renouvellement, et
beaucoup plus grave encore des ma
nifestations ».
« C’est alors que certains parlèrent
de faire tambouriner la nouvelle
dans les rues parisiennes, à quoi je
me permis de faire observer que,
depuis Santerre, les tambours à Pa
ris avaient quelque chose de révolu
tionnaire qui ne paraissait pas de
voir les recommander en la circons
tance. Il fut décidé que la nouvelle
serait immédiatement publiée par
T. S.F. et par éditions spéciales des
journaux.
« Mais M. Laval — parfaitement
calme et maître de lui — continuait
déjà en demandant la constitution
d’un ministère d’Union nationale.
« M. Albert Lebrun, sans s’arrêter
à aucun mesquin sentiment d’amour->
propre, acquiesça à cette demande
et fit venir M. Magre, secrétaire gé
néral de la Présidence, pour lui de
mander d appeler M. Doumergue an
téléphone
« La communication avec Tourne-
feuille tardant un peu à être éta
blie, l’entretien avec le Président de
la République prit fin. Il était prè»
de 16 heures.
« A aucun -moment il n’a été fait
de proposition témoignant d Affole
ment de la part des représentant»
de Pari? qui ont constamment con
servé le calme angoissé et la ferme
té agissante mais respectueuse qu».
commandait la situation de la Capi
tale, où des démonstrations singn
lièrement graves étaient attendue*
pour la soirée. A aurun moment non
plus, le Président de la République
ne s’est départi de l’attitude parfai
tement digne, et de f’autorité confc
préhensive que nous devioha atten
dre du chef de l’Etat.
« On sait la suite : vers 16 h. !*,
MM. Laval et Fiquet purent enfin!
s’entretenir téléphoniquement aveo
M. Doumergue dont ils ébranlèrent
fortement la résolution négative. A
17 heures, comme il l’a dit lui-même
à la Chambre, M. Gaston Doumer
gue, auquel le concours de la plupart
des chefs de partis avait été assuré,-
acceptait définitivement. L’espoi*
pouvait renaître...»
Alfred Bour,
Membre et secrétaire
du Conseil municipal de Part^
Or, le 20 février, le fils de l’infor
tuné magistrat avait pris l’initiative
d’aller confier à M. Lescouvé, pre
mier président de la Cour de cassa
tion e tprésident de la commission ju
diciaire d’enquête administrative, un
lot important de dossiers appartenant
à la victime.
Le plus haut magistrat de France,
qui assume la tâche difficile de faire
la lumière sur tous les faits judiciai
res d'ordre administratif se ratta
chant à l’affaire Stavisky, a fait les
déclarations suivantes :
« Vous savez dans quelles condi
tions M. Prince devait être entendu
par nous une deuxième fois. Après
nous avoir fait, à la séance de la com
mission du 23 janvier, une déclara
tion, un scrupule de conscience l’a
vait envoyé vers moi pour me dire
qu’il avait oublié de nous exposer
certains maits, et qu’il désirait les
faire connaître, à la commission.
C’est alors que je l’engageai à écrire
un rapport. Ses occupations le forcè
rent à demander un délai supplémen
taire pour ce travail. Finalement, il
devait nous l’apporter mercredi.Mar
di, ayant convoqué la commission
d’enquête, j’envoyai un de mes col
laborateurs avertir M. Prince que si
ses obligations professionnelles ne
lui permettaient pas d’achever son
rapport, il pouvait simplement clas
ser ses notes en vue de sa déposition
orale, prévue à l’ordre du jour de la
commission pour le surlendemain
jeudi.
_ « On pense qu’il a emporté son dos
sier à Dijon pour achever son tra
vail, dossier qui ne pouvait évidem
ment contenir que des notes person
nelles sans aucun document officiel.»
— Une partie de ce dossier, a-t-on
alors demandé au président, n’est-
elle pas restée à Paris, et n’a-t-elle
pu vous être remise avec les dossiers
que vous a portés M. Raymond
Prince ?
— Je ne le pense pas. Le travail
qui devait nous parvenir sous une
ferme orale ou écrite avait pour ob
jet le fonctionnement de la section
financière du parquet dans les affai
res Stavisky. Or, les papiers que le
fils de l’infortuné conseiller m’a ap
portés, et qui ont été mis sous scel
lés ouverts, en présence des supé
rieurs hiérarchiques de M. Prince,
ne contiennent absolument rien se
i apportant aux affaires Stavisky.
« Quelle étrange affaire. On envi
sage toutes les hypothèses, on n’en
trouve pas une qui soit en accoid
avec les faits. Il est même impossible
de trouver une explication psycholo
gique qui tienne. Le suicide? Il n’a-
Une Conférence
de M. Ybarnegaray
Vendredi à la salle des Ambassa
deurs, M. Ybarnegaray a parlé de la
journée du 6 février, « le gTand soir
des honnêtes gens »,
Il s’est élevé avec véhémence con
tre l'appellation de factieux appliquée
aux manifestants.
Quand il en est arrivé à la scène
de sa rencontre dans rantichambre du
président du Conseil, le mercredi 7 fé
vrier, lendemain du drame, avec la
bande des « Jeunes Turcs > Pierre Cot,
Mistler, La Chambre Martiqaud-De-
pla, M. Ybarnegaray s’est exprimé en
ces termes ;
« Là-dedans, on ne parlait que de
tanks et de mitrailleuses, que de tirer
et que J'en finir ! Je leur ai dit : Vous
êtes des misérables !
< Quand Martinaud-Deplat est venu
m'annoncer qu’ils partaient, qu’ils dé
missionnaient, il m'a demandé : • Que
veux-tu ? » J’ai répondu : « Un gouver
nement de salut public, l’Union natio
nale, la dissolution. » Alors il répon-
L’U. N C. approuve
son groupe Parisien
L’Union Nationale des Combattant*
communique la note suivante :
« Les membres du Conseil Nation»!
et les présidents de groupes de 1TJ«
N. C. approuvent le groupe de la r*>
gion parisienne, et en particulier so*.
président, G, Lebecq, d'avoir organiaj
et réalisé la manifestation du 6 février
« Protestent contre les interpréta
tions tendancieuses qui ont tenté <4
la dénaturer ;
* Se félicitent que l'action organisé*
pour que la France vive d.ans l'hon
neur et la propreté, ait abouti à 1*
sauvegarde des libertés républicain»*
par la constitution d un ministère **
trêve et d'apaisement. »
dit : « Tout, mais pas la dissolution I g
« Ah ! le voilà le réflexe, le cri da
ventre. Au moment où ils vont glissai
dans le sang, tout à coup ils évo
quent leurs sièges, leurs mandats, leur
petite affaire électorale !
« La dissolution, voilà ce qu’ils veo-
lent éviter à tout prix ! »
Le nouveau règne en
LE t( TE DEUM » AL Ste-CUDULE
PELERiNACE SüR LE LiLU
DE L’ACCiDENT
Depuis lundi dernier, de véritaM**
pèlerinages convergent vers le rocha*
de Marche-les-Dames, où le r i Albert 4
a trouvé la mort. »
d’enquête administrative ^ ^ ^ ^
i mis „ La recherche de la vérité impose V ait aucune raison de se tuer. L'as-
la mémoire d’un magistrat hau- donc l’étude la plus complété des | sassinat ? Je ne comprends pas non
tement honorable, soit de tenter
d'aiguiller tendancieusement les re
cherches de la justice dans une af
faire sur laquelle je n’avais et n’ai
encore aucune donnée particulière.
« Au reste, plusieurs députés d’o
pinions opposées à la mienne parti
cipaient à la conversatio
rapports entre M. Prince et la com
mission d’enquête. En particulier, il
était essentiel de savoir si les décla
rations complémentaires que M. Prin
ce devait faire devant les magistrats
enquêteurs, si le dossier qui lui ser
vait à les préparer présentait un réel
caractère de gravité.
plus.
« Quant au terrorisme dont on a
parlé, les terroristes frappent plus
haut d’ordinaire. Prince, ancien subs
titut, conseiller à la cour d’appel,
n’était pas la victime désignée d’un
Mit d* terrorisme >.
Samedi matin, de bonne heure, la
fouie est accourue sur le trajet que de
vait suivre le cortège royal pour se
rendre au palais de Bruxelles à la col
légiale de Sainte-Gudule où un « Te
Deum » était célébré en l’honneur des
nouveaux souverains.
Les troupes formaient la haie. Le
roi Léopold et la reine Astrid furent
très acclamés.
La collégiale Sainte-Gudule® avait
abandonné les tentures de deuil :
c’étaient des bannières et des tentures
rouges, qui garnissaient la grande nef.
Tout le chœur était tendu de magnifi
ques gobelins. A gauche de l’autel, un
dème de pourpre surmonté d'une cou
ronne royale. L’immense vaisseau de
l'église était entièrement occupé par
les grands corps constitués de l'Etat
et de nombreux invités.
A 11 heures, le cardinal Van Roye,
primat de Belgique, entouré des évê
ques et du chapitre s’est avancé sur
le grand parvis, crosse en main. 11 a
reçu le roi Léopold, la reine Astrid,
le comte de Flandre et les autres prin
ces, puis il a prononcé une courte
allocution dans laquelle il a rendu un
émouvant hommage au roi Albert I er .
Le roi remercia le cardinal.
Précédés du cardinal, le roi et la
reine ont gagné le chœur, suivis par
les princes étrangers et leur suite. Le
« Te Deum » pour le nouveau roi a été
chanté par la maîtrise de St-Rambaud. survenant Dut »ratècm
Les soldats présentent les armes, la, g Ua t rô houles et une femme qui fit-
musique des grenadiers Joue a r - t emmenéa au commissariat. Oe ton!
bançonnA Le roi et te reine se retirent dg3 c0mmunlste6 . Parmi e „ u tro*
avec le même cérémonial qu à 1 am- yaU le ^ ^ député Jacquemot**,
veôjj
Le Club-Alpin belge les groupe*
d'écoliers dirigés par leurs maîtres de*
associations d'anciens combattants,
des Dataillons de la garnison de N**
mur, viennent «ans arrêt se recueilli*
et déposer des fleurs.
Plusieurs centaines de gerbes et d*
couronnes s amoncellent aumur de l'ea.
droit où on à découver» i» corps.
DES COMMUNISTES LYNCHES
PAR LA FOULE A BRUXELLES
A Bruxelles dimanche, des camelots
offraient en vente le « Dr*,peau Romça»
journal du parti comiruirtste, poGàùtt
en première page et et gros caractères
un article intitulé : * A bas la Monar
chie 1 Vive les Soviets ! ». C’était un
tissu de basses injures et de diffama
tions au sujet de la mort du roi Albert,
Quelques témoins s’indignèrent. Ut
émeutèrent les pasants. On fit un mau
vais parti aux vendeurs. On le» roù*
de coups et on leur arracha leurs }ou>
naux pour les piétiner.
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