Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-10-31
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 octobre 1882 31 octobre 1882
Description : 1882/10/31 (Numéro 107). 1882/10/31 (Numéro 107).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5244097
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/02/2008
Seizième Année Troisième Série Numéro 107 PA]
~T!E&rt~'EES"an"BCB Tmn[~S7")!f7'ta~
j~jË~jjj_j!!jt.SJJ~6, -NuS-iE~3)LJEjEoE.
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Après nos billets de première, répartis
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fait inscrire, nous avons à offrir à tous
nos abonnés une combinaison nouvelle
qui leur assure d'importants avantages
MATÉRIELS ET MORA.CX.
Um article qui 'paraîtra ~/K colonnes du G~M~o~ leur en fera connaître
l'économie.
Nos abonnés et nos lecteurs ont apprécié
déjà nos efforts de chaque jour pour leur
offrir, sous toutes les formes, des avan-
tages qu'ils ne pourraient trouver dans
aucun autre journal. Le succès de notre
petite prime: le tirage au sort des billets
de première, nous indique la voie dans la-
quelle il faut marcher. A l'agréable nous
voulons joindre l'utile, et, pour cela, nous
avons étudié et trouvé une combinaison
qui assurera, à tous les abonnés, des béné-
fices pécuniaires et moraux.
Cette combinaison nouvelle, et qui nous
est particulière, ainsi ,que les avantages
que nos lecteurs et nos abonnés pourront
en retirer, seront exposés tout au long
dans notre, article de demain.
AHI MAMPS
BLUjSa. ~M~i?i.A S~
Les deux chaumières étaient côte à
côte, au pied d'une colline, proches
d'une petite ville de bains. Les deux ]
paysans besognaient dur sur la terre
inféconde pour élever tous leurs petits. <
Cnaque ménage en avait quatre. Devant
les deux portes voisines, toute la mar- ]
mailte grouillait du matin au soir. Les <
deux aînés avaient six ans et les deux
cadets quinze mais environ; les maria- s
ges et, ensuite les naissance~, s'étaient <
produitesàpeuprëssimultanément dans
l'une et fautre maison.
Les deux mères distinguaient à peine
leurs produits dans le t&s et les deux
pères confondaient tout à fait les huit t
noms dansaient dans leurs têtes, se mô-
laient sans cesse, et, quand il fallait en
appeler un, les hommes souvent en t t
criaient trois avant d'arriver au vérita-
ble. 1 1
La première des deux demeures, en 1
venant de la station d'eaux de RoIIe- t 1
port, était occupée par les Tuvache, qui c C
avaient trois ÛUes.et un garçon; l'autre c (
masure abritait les Vallin, qui avaient
une nUe et trois garçons, ï I
Tout cela vivait péniblement de soupe,
de pommes de terre et de grand air. A
sept heures, le matin, puis à midi, puis s
à six heures, le soir. les ménagères <~ q
réunissaient leurs mioches pour donner s
la pâtée, comme des gardeurs d'oies as- t
semblent leurs bêtes. Les enfants étaient
assis, par rang d'âge, devant la la:ble en t
bois, vernie par cinquante ans d'usage t
le dernier moutard avait à peine la
bouche au niveau de la planche. On po-
sait devant eux l'assiette creuse de
faïence pleine de pain molli dans l'eau
où avaient cuit les pommes de terre, un d
demi-chou et trois oignons et toute la P
ligne mangeait jusqu'à plus faim, la q
mère empâtait elle-même le petit. Un
peu de viande au pot-au-feu, le diman-
che, était une fête pour tous; et le père, s
cejour~à, s'attardait au repas en répé-
tant < Je m'y ferais bien tous les
jours.
s
Par un après-midi du mois d'août, une t
légère voiture s'arrêta brusquement de- B
vaut les deux chaumières, et une jeune
femme, qui conduisait elle-même, dit au t
monsieur assis à côté d'elle c
Ont regarde, Henri, ce tas d'en- d
fants ) Sont-ils jolis, comme ça, âgrouil- q
1er dans la poussière ) 1 e
L'homme ne répondit rien, accoutu- d
mé à ces admirations qui étaient une
douleur et presque un reproche pour i<
lui. u
La jeune femme reprit
Il faut que je les embrasse! Oh)
comme je voudrais en avoir un, celui là, p
le tout petit.
Et, sautant de la voiture, elle courut
aux enfants, prit un des deux derniers,
celui des Tuvache, et, l'enlevant dans
ses bras, elle le baisa passionnément j p
sur ses joues sales, sur ses cheveux n
blonds frisés et pommadés de terre, sur < ft
ses menottes qu'il agitait pour se débar- c
rasser des caresses ennuyeuses.. n
Puis elle remonta dans sa voiture et n
partit au grand trot. Mais elle revint la p
semaine suivante, s'assit elle même par v
terre, prit le moutard dans ses bras, le r~
bourra de gâteaux, donna des bonbons
à tous les autres, et joua avec eux comme G
une gamine, tandis que son mari atten- i c
dait patiemment dans sa frêle voiture. L
EUe revint encore, fit connaissance v
avec les parents, reparut tous les jours, é
les poches pleines de friandises et de v
sous.
Elle s'appelait Mme Henri d'Hubiëres. a:
Un matin, en arrivant, son mari des- ) j<
cendit avec elle; et, sans s'arrêter aux c:
mioches, qui la connaissaient bien main- d
tenant, elle pénétra dans la demeure des j c:
paysans, j t<
Ils étaient là, en train de fendre du i v
bois pour la soupe ils se redressèrent d
tout surpris, donnèrent des chaises et
attendirent. Alors la jeune femme, d'une c'
voix entrecoupée, tremblante, com- b
mença:
Mes braves gen?, je viens vous d
trouver parce que je voudrais bien.je h
voudrais bien emmener avec moi vo-
tre.votre petit garçon.
Les campagnards, stupéfaits et sans
idée, ne répondirent pas.
Elle reprit haleine et continua.
Nous n'avons pas d'enfants nous
'sommes seuls, mon mari et moi. Nous
le garderions. voulez-vous ?
La paysanne commençait à compren-
dre. Elle démanda
Vous voulez nous prend'e Char-
lot ? Ah ben non, pour sur.
Alors M. d'Ilubières intervint:
Ma femme s'est mal expliquée.
Nous voulons l'adopter, mais il revien-
dra vous voir. S'il tourne bien, comme
tout porte à le croire, il sera notre hé-
ritier. Si nous avions, par hasard, des
enfants, il partagerait également avec
eux. Mais, s'il ne répondait pas à nos
i soins, nous lui donnerions, à sa majo-
rite une somme de vingt mille francs,
qui sera immédiatement déposée en son
j nom chez un notaire. Et, comme on a
aussi pensé à vous: on vous servira jus-
qu'à votre mort une rente de cent francs
par mois. Avez-vous bien compris ?
La fermière s'était levée, toute fu-
rieuse.
Vous voulez que j' vous vendions
Chariot ? Ah mais non 'c'est pas des
choses qu'on'd'mande à une mère, ça
Ah mais non ) Ce s'rait une abomina-
tion.
L'homme ne disait rien, grave et ré-
néchi, mais il approuvait sa femme d'un
mouvement continu de la tête.
Mme d'Ilubières, éperdue, se mit à
pleurer, et, se tournant vers son mari,
avec une voix pleine de sanglots, une
voix d'enfant dont tous les désirs ordi-
nales sont satisfaits, elle balbutia
Ils ne veulent pas, Henri, ils ne
veulent pas) I
Alors, il nt une dernière tentative,
Mais, mes amis, songez à l'avenir
de votre enfant, à son bonheur, à.
La paysanne, exaspérée, lui coupa la
parole
C'est tout vu, c'est tout entendu,
c'est tout réuéchi. Allez-vous-en, et pi,
que j'vous revoie point par iti. C'est i
permis d'vouloir prendre -un éfant
comme ça)
Alors, Mme d'Hubiëres, en sortant,
s'avisa qu'ils étaient deux tout petits, et
elle demanda, à travers ses larmes, avec
une ténacité de femme volontaire et
gâtée qui ne veut jamais attendre
Mais l'autre petit n'estpas à vous? R
Le père Tuvache répondit
Non, c'est aux voisins; vous pou-
vez y aller, si vous voulez.
Et il rentra dans sa maison, où reten-
tissait la voix indignée de sa femme.
Les Vallin étaient à table, en train de
manger avec lenteur des tranches de
pain qu'ils frottaient parcimonieuse-
me'ht avec un .peu de beurre piqué au
couteau, dans une assiette entre eux
deux.
M. d'Ilubières recommença ses pro-
positions, mais avecplus d'insinuations,
de précautions oratoires, d'astuce.
Les deux ruraux hochaient la tête en
signe de refus; mais,quand ils apprirent
qu'ils auraient cent francs ~par mois, ils
se considérèrent, se consultant de l'œil,
très ébranlés.
Ils gardèrent longtemps le silence,
torturés, hésitants. La femme ennn de-
manda
Que qu't'en dis, l'homme ?
Il prononça d'un ton sentencieux
J' disqu' c'est point méprisable.
Alors Mme d'Hubiëres, qui tremblait
d'angoisse, leur parla de l'avenir du
petit, de son bonheur, et de tout l'argent
qu'il pourrait leur donner plus tard.
Le paysan demanda
C'te rente de douze cents francs, ce
s'ra promis d'vant l'notaire?
M. d'Hubiëres répondit
Mais certainement, dès demain.
La fermière, qui méditait, reprit
Cent francs par mois, c'est point
suffisant pour nous priver du p'tit; ça
travaillera dans quéqu'z'ans et' éfant i
nous faut cent vingt francs.
Mme d'Ilubières, trépignant d'impa-
tience, les accorda tout de suite; et,
comme elle voulait enlever l'enfant, elle
donna cent francs en cadeau pendant
que son mari faisait un écrit. Le maire,
et un voisin, appelés aussitôt, servirent
de témoins complaisants.
Et la jeune femme, radieuse, emporta
le marmot hurlant, comme on emporte
un bibelot désiré d'un magasin.
Les Tuvache, sur leur porte, le regar-
daient partir, muets, sévères, regrettant
peut-être leur refus.
=~
On n'entendit plus du tout parler du
petit Jean Vallin. Les parents, chaque
mois, allaient toucher leurs cent vingt.
francs chez le notaire, et ils étaient fâ-
chés avec leurs voisins parce que la
mère Tuvache les agonisait d'ignomi-
nies, répétant sans cesse de porte en
porte qu'il fallait être dénaturé pour
vendre son enfant; que c'était une hor-
reur, une saleté, une corromperie.
Et parfois elle prenait en ses bras son
Charlot avec ostentation, lui criant,
comm& s'il eût compris:
J' t'ai pas vendu, mai, j' t'ai pas 1
vendu, mon p' tiot. 7' vends pas m's
éfants, mai. J' sieus pas riche, mais
vends pas m's étants.
Et, pendant des années et encore des
années, ce fat ainsi chaque jour; chaque
jour des allusions grossières étaient vo-
ciférées devant la porte.de façon à entrer
dans la maison voisine la mère Tuva-
che avait uni par se croire supérieure à
toute la contrée parce qu'elle n'avait pas
vendu Charlot. Et ceux qui parlaient
d'elle disaient
J' sais ben que c'était engageant
c'est égal, elle s'a conduite comme une
bonne mère.
On la citait et Charlot, qui prenait
dix-huit ans, élevé avec cette idée qu'on
lui répétait sans répit, se jugeait lui-
même supérieur à ses camarades parce
qu'on ne l'avait pas vendu.
Les Vallin vivotaient à leur aise,
grâce à la pension. La fureur inapaisa-
ble desTuvache, restés misérables, ve-
nait de là.
Leur fils aîné partit au service. Le se-
cond mourut; Charlot resta seul à pei-
ner avec le vieux père pour nourrir la
mère et deux autres sœurs cadettes qu'il
avait.
Il prenait vingt et un ans, quand un
matin une brillante voiture s'arrêta de-
vant les deux chaumières; un jeune
monsieur, avec une chaîne -de montre
en or, descendit, donnant la main à une
vieille dame en cheveux blancs. La
vieille dame lui dit
C'est là, mon enfant, à la seconde
maison.
Et il entra comme chez lui dans la ma-
sure des Vallin.
La vieille mère lavait ses tabliers le
père infirme sommeillait près de l'âtre,
Tous deux levèrent la tête, et le jeune
homme dit
Bonjour, papa; bonjour, maman.-
Ils se dressèrent, eSarés la paysanne
laissa tomber d'émoi son savon dans son
eau et balbutia
–C'est i toi, m'n éfant? C'est-i toi,
m'n étant?
Il la prit dans ses bras et l'embrassa,
en répétant
Bonjour, maman.
Tandis que le vieux, tout tremblant,
disait, de son ton calme qu'il ne perdait
jamais
Te v'ia-t-il revenu, Jean?
Comme s'il l'avait vu un mois aupara-
vant.
Et, quand ils se furent reconnus, les
parents voulurent tout de suite sortir le
nëu dans le pays pour le montrer. On le
conduisit chez le maire, chez l'adjoint,
chez le curé, chez l'instituteur.
Chariot, debout sur le seuil de sachau~
mière, le regardait passer.
Le soir, au souper, il dit aux vieux':
Faut-il qu' vous ayez été sots pour
laisser prendre le p'tit aux Vallin.
Sa mère répondit obstinément
J' voulions point vendre not'éfant.
Le père ne disait rien. Le fils reprit
C'est-il pas malheureux, d'être sa-
cri né comme ça.
Alors le père Tuvaehe articula d'un
ton cotéreux
Vas-tu pas nous r'procherd' t'avoir
gardé.
Et le jeune homme, brutalement
–Oui, que j'vous le r'proche, que
vous n'êtes que des niants. Des parents
comme vous ça fait l' malheur des
éfants. Qu' vous mériteriez que j' vous
quitte.
La bonne femme pleurait dans son
assiette; elle gémit tout eh avalant des
cuillerées de soupe dont elle répandait
la moitié.
Tuez-vous donc pour élever d's
étants 1 ·
Alors le. gars, durement
J'aim'rais mieux n'être point né
que d'être c'que j'suis. Quand j'ai vu
l'autre, tantôt, mon sang n'a fait qu'un
tour. Je m' suis dit v'la c' que j' serais
maintenant.
Il se leva.
–Tenez, j'sens bien que je ferai mieux
de n'pas rester ici, parce que j'vous
le r'procherais du matin au soir, et
que j' vous ferais une vie d'misère. Ça,
voyez-vous, j'vous l'pardonnerai ja-
mais
Les deux vieux se taisaient, atterrés,
larmoyants.
Il reprit
Non, c't' idée-là, ce serait trop dur.
J'aime mieux m'en aller chercher ma
vie aut' part.
II ouvrit la porte. Un bruit de voix
entra. Les Vallin festoyaient avec l'en-
fant revenu.
Alors Charlot tapa du pied et, se tour-
nant vers ses parents, cria
Manants, va t
Et il disparut dans la nuit.
GUY DEMAUPASSANT.
Nos Echos
AUJOURD'HUI
A 6 heures, dîner au Grand~Hôtel, admission
jusqu'à 6 heures et demie.
Pendant la durée du d!ner, lorchestre de
M. Desgranges jouera. dans la nouvelle salle de
musique.
MENU
Potage vermicelle au consomme
Hors-d'oMivre
Uar sauce holla.nda.isa
Pommes de terre à l'anglaise
Quartier de prë-sale bretonne
Ortolans en caisses à la parisienne
Poularde delà Bresse au cresson
Salade
Epinards aux croûtons
Gâtea.u religieuse au chocolat
Glace à l'italienne
Desserts
La salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, tables de jeux.– DîMr à la carta au res-
taurant. Billardtt au Café Divan.
Le programme du dîner-concert. (Voir à la
<* page.) 4~
Musée Grévm, 10, boulevard Montmartre.
De onze heures du matin à onze heures du soir.
=~
Français, 8 h. PAtH&e~c rAoc/~tt~é/'e.
Opéra-Comique, 8 h. .Ron~o et jMMeKe.
LA POUTtOUE 1
Nouvelles diplomatiques
M. le comte Lefebvre de Béhaine est
nommé ambassadeur de la République i
française auprès du Vatican, en rempla-1
cement de M. Desprez, qui sera appelé à
d'autres fonctions.
M. Lefebvre de Béhaine, est un homme
de cinquante~cinq ans.
Au 20 septembre 18'70, à l'entrée des
Italiens à Rome~ il était premier secré-
taire de cette même ambassade au Vati- $
can dont il est aujourd'hui appelé à
J prendre la direction, et chargé d'affaires,
en l'absence de l'ambassadeur.
Dans ces circonstances difficiles, sa
conduite fat très ferme et. très digne.
M. Thiers le nomma ministre à Mu-
nich, d'où il est ensuite allé'en la même
qualité à La Haye.
Dans ces deux postes, M. de Bismarck
a pu l'apprécier comme un diplomate de
grand mérite. C'est, en efEet, sous des
appaMuces fort calmes et fort simples,
un esprit très vif et très pénétrant.
M. Gambetta le tient en haute estime,
et lui a, dit on, offert le poste d'ambas-
sadeur au QuirinaMors de son passage'
aux affaires. M.SLefebvre de Béhaine ne
pouvait pas accepter.
M. Lefebvre de Béhaine est un de nos
diplomates qui connaissent le mieux les
affaires allemandes et les affaires ita-
liennes.
On ne peut qu'approuver pleinement
un pareil choix.
M. le baron Des Michels est nommé
ambassadeur de France près le roi d'Es-
pagne. n
M. Lavertuion, consul général de
France à Naples, est nommé ministre
de la République française près la Con-
fédération, argentine et près la Républi-
que du Paraguay.
M. L. Legrand, ancien député, est
nommé ministre de la République fran-
çaise près le roi des Pays-Bas.
M. Decrais, dont le choix est décidé
pour l'ambassade de France en Italie,
ne sera ofûciellement nommé que le S
novembre, date nxée par le gouverne-
ment italien pour l'envoi de son 'ambas-
sadeur à Paris.
sadeur à Paris. =~
On parle du comte Corti, ambassadeur
à Constantinople, ou du baron Blanc,
ancien sous-secrétaire d'Ëtat, pour l'am-
i bassade italienne à Paris.
tE MONDE ET LA VtLLE
L'administrateur du pelé hier dans le cabinet de M. le sub-
stitut chargé du service de la Presse,
qui l'a averti, fort courtoisement du
reste, que des poursuites allaient être
dirigées contre nous pour infraction
à la loi sur les loteries.
Il s'agit des billets de première que
nous oRrons gratis à nos abonnés par
voie de tirage au sort, comme cela se
pratique dans les cercles, avec cette dif-
férence que nés billets, à nous, ne coû-
tent rien à celui qui les gagne.
Comment pourrions-nous enfreindre
la loi sur les loteries sans faire de lote-
rie, et comment pourrait-on assimiler à
une loterie une opération amicale pa-
reille à celle qui se fait habituellement
dans les cercles c'est-à dire une loterie
sans billets de loterie ) I
Si l'on ne-renonce point à cette pour-
suite vraiment singulière, nous sommes
curieux de savoir sur quoi elle pourra
se baser.
Hier, un journal a raconté que M. le
marquis de la Rochelambert, trésorier-
payeur général du Loiret, avait été mis
en disponibilité pour des irrégularités
de service.
L'inspecteur des nna-nces qui s'est
inopinément présenté chez M. le mar-
quis de la Rocuelambert n'a trouvé, ni
dans les caisses, ni dans le portefeuille,
ni dans les dépôts, nulle part enfin, un
centime d'erreur pour une gestion de
onze années.
La recette du Loiret était un modèle
de régularité et de tenue.
La mise en disponibilité de ce très
honorable et très habile trésorier-payeur
général n'a pour cause que ses opinions
et ses relations politiques.
Il est gendre de M. Pouyer-Quer-
tier.
Si le G'at(~!s était capable de jalousie,
il pourrait envier la foule qui stationne
sous ses fenêtres devant l'exposition si.
artistique du photographe Lejeune. Les
ateliers de M. Lejeune sont toujours rue
Saint Honoré, 350, près de la place Ven-
dôme mais il a réuni comme un bou-
quet des œuvres de sa maison qu'il onre
aux regards des passants, toujours si
nombreux, du boulevard des Italiens.
Des tapisseries anciennes servent de
toile de fond au petit musée choisi que
l'on admire depuis quelques jours au
pied même de l'escalier qui conduit à
nos bureaux. En rendant justice à cet
éclatant spécimen des mérites de notre
voisin, nous n'avons pas la crainte d'en-
courir le reproche de lui faire une ré-
clame.
Depuis longtemps, en effet, la réputa-
tion de la maison Lejeune est établie
aussi bien à l'étranger qu'en France, et
il n'est guère de haut personnage qu'elle
ne compte dans sa clientèle. C'est elle
qui a inauguré avec tant de succès un
nouveau genre de portrait, dans lequel
la tête, se détachant en blanc sur un fond
noir, produit, sans moyen emprunté au
charlatanisme, un effet de camée d'un
grand relief.
Bulletins de convalescence
Nous sommes heureux d'annoncer
que l'état de Mme la marquise de Castel-
lane s'est sensiblement amélioré depuis
hier.
Mme Auguste du Bos, la femme de
l'aimable clubman, dont les relevailles
-difficiles avaient inspiré de nombreuses
inquiétudes à ses amis, est aujourd'hui
hors de danger.
On sait que le défunt prince de la Mos-
kowa, Ëdgard Ney avait occupé
une haute situation sous l'Empire.
Le gouvernement de la République
vient de faire apposer les scellés dans
son appartement, en vue des revendica-
tions à exercer sur les papiers d'Etat
qui pourraient être restés entre les
mains de la princesse de la Moskowa.
Les dernières nouvelles du malheu-
reux maître d'armes Bourdin, consta-
tent un état toujours grave, mais sans
danger immédiat.
Hier soir, le général de Gressot a
réuni à sa table tout le corps d'officiers
placé sous ses ordres, à l'occasion de la
clôture de l'inspection générale de 'la
première division de cavalerie.
Notre collaborateur scientifique, M.
Letort (docteur de Liniëres), vient d'a-
voir la douleur de perdre sa mère.
Nous prenons une part bien vive à la
perte cruelle qui frappe notre ami.
"M. le marquis de Vogué, notre ancien
ambassadeur à Vienne, qui depuis sa re-
traite habite ses propt iétés du Cher, est
allé, mardi dernier visiter le château
qu'il possède dans le petit bourg de Vo-
gué, en Vivarais, d'où sa famille est ori-
ginaire, et qu'il n'avaitencore jamais vu.
Toute la. population, avec le curé, le
maire et les conseillers municipaux,
s'est rendue à la rencontre du châtelain
de Vogué et lui a fait un accueil enthou-
siaste.
On voit que les doctrines anarchistes
ne se sont pas encore infiltrées dans cet
heureux coin de terre.
=~
Apres cette courte visite, le marquis
de Vogué s'est rendu à Aubenas, qui
fnt aussi jadis une des seigneuries de
sa famille et où il était attendu chez
M. Tailhand, l'ancien garde des sceaux.
Apres son retour, M. de Vogué se
consacrera entièrement à son grand
travail sur le maréchal de Villars, dont
il va publier les mémoires d'après un
manuscrit inédit.
NOUVELLES A LA MAtN °'
Le petit Jacques, voyant apporter la
lampe dans la salle à manger r
Maman, pourquoi donc que tantôt
les jours ~M~MMseM<, et que tantôt ils
)'
On demande à un libre-penseur s'il
croît en Dieu.
–Non, dit-il; mais ma femme y croit'
cela suffit.
Comme au restaurant alors une
portion de foi pour deux.
UN DCMtNO
HNC!m MtRBEAt)
A la suite de la lettre qu'il a adressée
à M. F. Magnard, lettre que nous
avons publiée hier, M. Octave Mir-
beau a prié deux de ses amis, M. L. Gré-
gori et le baron de Vaux, de se rendre
auprès du rédacteur en chef du Figaro,
.pour lui demander les satisfactions d'u-
sage. On nous communique le procès-
verbal de la mission de ces messieurs
A monsieur Oa
Paris, 30 octobre 188Z.
Mon cher confrère et ami,
Vous nous avez envoyés auprès de M. Francis
Magnard, rédacteur en chef du .P'MM/'o, pour lui
demander soit un retrait du desaveu qu'il a,
laissé publier dans son journal, au sujet de votre
article ComecKe~, soit une réparation par
les armes.
M. Magnard nous a déclaré qu'il refusait d'ac-
corder aucune des réparations que nous avions
mandat de réclamer en votre nom, et ce sous
prétexte qu'il s'agissait d'une « question de po-
lice intérieure du journal
Nous n'avons pas à apprécier les explications
de M. Magnard, et nous considérons notre mis-
sion comme terminée.
Recevez, mon cher ami, toutes nos cordiali-
tés.
L. GBËaoR!. Baron de VAUX.
Le bruit court qu'une grande émotion
règne dans le monde des théâtres par
suite des révélations de M. Octave Mir-
beau, et qu'on y attend avec une vive
impatience les explications de M. Fr.
Magnard.
Bien entendu, nous publierons exac-
tement la réponse, et il est probable
que nous serons amené à revenir sur
cette question de police intérieure de
journal.
On dit aussi qu'un meeting des ar-
tistes dramatiques doit avoir lieu au-
jourd'hui ou demain, pour reprendre le
programme de dimanche.
Ennn, le Comité de l'Association des
artistes dramatiques se réunira tout à
l'heure. Il paraît décidé à ne pas dési-
gner de délégué pour se mettre à la dis-
position de M. Octave Mirbeau, mais à
se joindra au meeting et à lui proposer
de nommer un certain nombre de ses
membres, on dit vingt, qui tireraient
au sort celui d'entre eux qui devra se
battre en duel avec M. Octave Mirbeau.
Ajoutons que M. Carré, du Vaudeville,
qui a déjà envoyé deux de ses camara.-
des.ofnciers de réserve, à M. Octave Mir-
beau, revendiquerait, comme priorité,
l'honneur de représenter la Comité, au
cas où la proposition de fusion avec le
meeting ne serait pas adoptée.
M. Octave Mirbeau est prêt, dit-on, a.
accepter toute solution compatible avec
sa dignité.
Pour en terminer, relatons qu'on ra-
conte sur le boulevard que M. Emile
Perrin, administrateur de 1~ Comédie-
Française aurait envoyé sa démission
de membre du conseil de surveillance
du F~~o.
t6U)SLtM8ERT
PETTTE BOURSE DU SOIR
~O/O. 801207.
50/0. u59;)95.
Malien. 8830,40,35,40.
Turc. 1265.62,70,67.
Banque ottomane. 795, 79812, 79750
Lots turcs. 5675
Egypte.358 12, 357 50, 358 12.'
Extérieur nouveau. 63 13/32 1/8
R'o. 635.
Panama. 505,50375.
Lombard. 290,28875.
Les deux marches ont été sans affaires peu
(lanimatjon. Les positions sont prises pour ;-<,
réponse de prîmes de fin du mois d'aujourd'hui
ainsi que nous l'avons dit ces jours derniers Les
prîmes, en général, sont abandonnées dans' ces
cours-ci, et nous croyons, avec juste raison, que
la. prudence commande de se liquider A la réponse
BOMSE M MKMES. 30 OCTOBRE
Derniers cours. Consolidés anglais.
1021/4. Egypte 0/0, 7015/16; parité, 358
35. Espagnolnouv., 63 3/8; parité, 63 7/16
It~.871/3, parité, 88 30. Turc, 13 7-1
parité, 12 50. Banque ottomane, 3l 9/16 pa~
rité, 793 85. Rio-Tinto, 25 1/4; panté,
637.
LHtSTORE DUN DECRET
(~fe;
Monsieur le préfet,
J'ai l'honneur, conformément aux pres-
cription du décret paru ce matin au YoJ-
M~ o/Mcte~ de la République française, de
vpus.adresserles déclarations suivantes.
visées par M. le commissaire de police de
mon quartier.
Je soussigné, Alphonse Panazol, sans
profession avouable, domicilié à Paris,
le repaire de la rue de Charonne, nu-
méro 324, désire acheter douze cartouches
de dynamite (chez G. Widemann, chimiste,
57 rue au Maire, Paris vente au détail).
Le paragraphe 3 de l'article 2 du décret
m'imposant l'obligation de déclarer 'l'u-
sage que je me propose de faire de la dy-
namite, le heu précis où elle doit être em-
ployée et la date de cet emploi, < 1e n'hé-
site pas à vous révéler que j'ai l'intention
de faire sauter l'Elysée, M. Grévy y inclus
Je me propose de déposer six cartouches
dans la salle de billard, et six autres dans
le cabinet de toilette; je me propose enfin
d'employer le tout le 1er novembre pro-
chain, fête de la Toussaint.
Je déclare, en conformité du paragraphe
4 du même article 2, que je déposerai mes
munitions explosibles, .jusqu'au moment
de l'emploi, dans les sous-sols de l'hôtel
de la rue Saint-Didier, où demeure actuel-
lement le traître Gambetta, et en confor-
mité du paragraphe 5, que j'ai le projet
'd effectuer ce transport, dans mes poches
et dans le délai de deux jours francs
Je m'engage d'ailleurs, par'déférence
pour l'article 7 à ne mêler aux cartouches
en question aucune matière fulminante ni
explosible.
L'article 8 me faisant un devoir de < vous
rendre compte de l'emploi de la dynamite
'huit jours au plus après la réception
comme de mentionner la date et le lieu
de l'emploi, j'aurai l'honneur de vous
adresser jeudi matin, une narration fidèle,
détaillée et toute conforme aux exigen-
ces du susdit décret, de l'explosion deTF-
lysée, avec le nom, l'âge et les dernières
paroles des principales victimes.
L'administration se réservant, d'ailleurs
le droit de toujours contrôler sur place
les opérations j'aurai le plaisir de vous
aviser, en temps utile, de l'heure précise
ou vous pourrez prendre part à ce oue
vous appelez < l'opération.. ·
Et maintenant, monsieur le préfet, que
je me suis strictement conformé aux seu-
les prescriptions édictées par le décret qui
nous occupe, j'ose espérer la que vous
ne me refuserez pas le récépissé mentionné
en l'article 3, et 2° que vous n'abuserez
pas des déclarations auxquelles vous m'a-
vez obligé, pour entraver, de manière ou
d'autres, le programme do l'opération que
vous avez le droit de contrôler jeur place,
admmistrativement.
Alphonse PANAZOL,
Sociali-a-na.rchi-mhili-dyna.miste.
M). OUSTRY
PRÉFET DE LA S'EtNE
M. Oustry, préfet du Rhône, est nommé
préfet de la Seine.
Le successeur de M. Floquet est né dans
un noble château féodal des environs de
Rodez, en Aveyron. En lui, l'aphorisme <
Tel rencontre un démenti vi-
vant.
M. Oustry n'a aucun signe de bonne race:
c'est un petit homme trapu, sans grâce, au
visage ingrat, nez gros et rouge, barbe
poivre-et-sel mal soignée, yeux ternes.
L'ensemble de tous ces traits mal mou-
lés est désagréable. M. Oustry marche pé-
niblement en traînant une jambe, c'est un
fonctionnaire sans prestige.
Avant d'entrer à la préfecture du Rhône,
M. Oustry a eu quelques mésaventures
politiques.
Au Deux-Décembre, il fut exilé. Après
quelques mois de résignation, il sollicita et
obtint sa grâce par ,1'entremise de M. le
baron Calvet-Rogniat.
Le 4 Septembre l'introduisit dans l'ad-
ministration, d'où il fit une première fausse
sortie au s~ Mai, puis une seconde fausse
sortie au i6Mai. Le Octobre le réinté-
gra dans une bonne préfecture. Le voila
maintenant à Paris,où il nefournira proba-
blement pas une longue carrière.
M. Oustry passe pour u:i très habile
homme parce qu'il a su se faire accepter
du conseil municipal de Lypn. Cette as-
semblée est composée d'intransigeants
qu'on amène facilement à transiger quand
on n'est pas le dernier des sots, et quand on
a seulement la vulgaire « roublardise & de
M. Oustry. Les conseillers de Lyon appar-
tiennent presque tous aux plus basses
classes. Il y en a un qui est distributeur de
contre-marques au Grand-Théâtre; beau-
coup d'autres exercent des professions
analogues. Pour s'imposera ces gens-là, H
suffit de montrer de la déférence à leurs
~T!E&rt~'EES"an"BCB Tmn[~S7")!f7'ta~
j~jË~jjj_j!!jt.SJJ~6, -NuS-iE~3)LJEjEoE.
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A N08 ABONNES
Après la prime agréable, la prime utile.
Après nos billets de première, répartis
par le sort entre les abonnés qui se sont
fait inscrire, nous avons à offrir à tous
nos abonnés une combinaison nouvelle
qui leur assure d'importants avantages
MATÉRIELS ET MORA.CX.
Um article qui 'paraîtra ~/K
l'économie.
Nos abonnés et nos lecteurs ont apprécié
déjà nos efforts de chaque jour pour leur
offrir, sous toutes les formes, des avan-
tages qu'ils ne pourraient trouver dans
aucun autre journal. Le succès de notre
petite prime: le tirage au sort des billets
de première, nous indique la voie dans la-
quelle il faut marcher. A l'agréable nous
voulons joindre l'utile, et, pour cela, nous
avons étudié et trouvé une combinaison
qui assurera, à tous les abonnés, des béné-
fices pécuniaires et moraux.
Cette combinaison nouvelle, et qui nous
est particulière, ainsi ,que les avantages
que nos lecteurs et nos abonnés pourront
en retirer, seront exposés tout au long
dans notre, article de demain.
AHI MAMPS
BLUjSa. ~M~i?i.A S~
Les deux chaumières étaient côte à
côte, au pied d'une colline, proches
d'une petite ville de bains. Les deux ]
paysans besognaient dur sur la terre
inféconde pour élever tous leurs petits. <
Cnaque ménage en avait quatre. Devant
les deux portes voisines, toute la mar- ]
mailte grouillait du matin au soir. Les <
deux aînés avaient six ans et les deux
cadets quinze mais environ; les maria- s
ges et, ensuite les naissance~, s'étaient <
produitesàpeuprëssimultanément dans
l'une et fautre maison.
Les deux mères distinguaient à peine
leurs produits dans le t&s et les deux
pères confondaient tout à fait les huit t
noms dansaient dans leurs têtes, se mô-
laient sans cesse, et, quand il fallait en
appeler un, les hommes souvent en t t
criaient trois avant d'arriver au vérita-
ble. 1 1
La première des deux demeures, en 1
venant de la station d'eaux de RoIIe- t 1
port, était occupée par les Tuvache, qui c C
avaient trois ÛUes.et un garçon; l'autre c (
masure abritait les Vallin, qui avaient
une nUe et trois garçons, ï I
Tout cela vivait péniblement de soupe,
de pommes de terre et de grand air. A
sept heures, le matin, puis à midi, puis s
à six heures, le soir. les ménagères <~ q
réunissaient leurs mioches pour donner s
la pâtée, comme des gardeurs d'oies as- t
semblent leurs bêtes. Les enfants étaient
assis, par rang d'âge, devant la la:ble en t
bois, vernie par cinquante ans d'usage t
le dernier moutard avait à peine la
bouche au niveau de la planche. On po-
sait devant eux l'assiette creuse de
faïence pleine de pain molli dans l'eau
où avaient cuit les pommes de terre, un d
demi-chou et trois oignons et toute la P
ligne mangeait jusqu'à plus faim, la q
mère empâtait elle-même le petit. Un
peu de viande au pot-au-feu, le diman-
che, était une fête pour tous; et le père, s
cejour~à, s'attardait au repas en répé-
tant < Je m'y ferais bien tous les
jours.
s
Par un après-midi du mois d'août, une t
légère voiture s'arrêta brusquement de- B
vaut les deux chaumières, et une jeune
femme, qui conduisait elle-même, dit au t
monsieur assis à côté d'elle c
Ont regarde, Henri, ce tas d'en- d
fants ) Sont-ils jolis, comme ça, âgrouil- q
1er dans la poussière ) 1 e
L'homme ne répondit rien, accoutu- d
mé à ces admirations qui étaient une
douleur et presque un reproche pour i<
lui. u
La jeune femme reprit
Il faut que je les embrasse! Oh)
comme je voudrais en avoir un, celui là, p
le tout petit.
Et, sautant de la voiture, elle courut
aux enfants, prit un des deux derniers,
celui des Tuvache, et, l'enlevant dans
ses bras, elle le baisa passionnément j p
sur ses joues sales, sur ses cheveux n
blonds frisés et pommadés de terre, sur < ft
ses menottes qu'il agitait pour se débar- c
rasser des caresses ennuyeuses.. n
Puis elle remonta dans sa voiture et n
partit au grand trot. Mais elle revint la p
semaine suivante, s'assit elle même par v
terre, prit le moutard dans ses bras, le r~
bourra de gâteaux, donna des bonbons
à tous les autres, et joua avec eux comme G
une gamine, tandis que son mari atten- i c
dait patiemment dans sa frêle voiture. L
EUe revint encore, fit connaissance v
avec les parents, reparut tous les jours, é
les poches pleines de friandises et de v
sous.
Elle s'appelait Mme Henri d'Hubiëres. a:
Un matin, en arrivant, son mari des- ) j<
cendit avec elle; et, sans s'arrêter aux c:
mioches, qui la connaissaient bien main- d
tenant, elle pénétra dans la demeure des j c:
paysans, j t<
Ils étaient là, en train de fendre du i v
bois pour la soupe ils se redressèrent d
tout surpris, donnèrent des chaises et
attendirent. Alors la jeune femme, d'une c'
voix entrecoupée, tremblante, com- b
mença:
Mes braves gen?, je viens vous d
trouver parce que je voudrais bien.je h
voudrais bien emmener avec moi vo-
tre.votre petit garçon.
Les campagnards, stupéfaits et sans
idée, ne répondirent pas.
Elle reprit haleine et continua.
Nous n'avons pas d'enfants nous
'sommes seuls, mon mari et moi. Nous
le garderions. voulez-vous ?
La paysanne commençait à compren-
dre. Elle démanda
Vous voulez nous prend'e Char-
lot ? Ah ben non, pour sur.
Alors M. d'Ilubières intervint:
Ma femme s'est mal expliquée.
Nous voulons l'adopter, mais il revien-
dra vous voir. S'il tourne bien, comme
tout porte à le croire, il sera notre hé-
ritier. Si nous avions, par hasard, des
enfants, il partagerait également avec
eux. Mais, s'il ne répondait pas à nos
i soins, nous lui donnerions, à sa majo-
rite une somme de vingt mille francs,
qui sera immédiatement déposée en son
j nom chez un notaire. Et, comme on a
aussi pensé à vous: on vous servira jus-
qu'à votre mort une rente de cent francs
par mois. Avez-vous bien compris ?
La fermière s'était levée, toute fu-
rieuse.
Vous voulez que j' vous vendions
Chariot ? Ah mais non 'c'est pas des
choses qu'on'd'mande à une mère, ça
Ah mais non ) Ce s'rait une abomina-
tion.
L'homme ne disait rien, grave et ré-
néchi, mais il approuvait sa femme d'un
mouvement continu de la tête.
Mme d'Ilubières, éperdue, se mit à
pleurer, et, se tournant vers son mari,
avec une voix pleine de sanglots, une
voix d'enfant dont tous les désirs ordi-
nales sont satisfaits, elle balbutia
Ils ne veulent pas, Henri, ils ne
veulent pas) I
Alors, il nt une dernière tentative,
Mais, mes amis, songez à l'avenir
de votre enfant, à son bonheur, à.
La paysanne, exaspérée, lui coupa la
parole
C'est tout vu, c'est tout entendu,
c'est tout réuéchi. Allez-vous-en, et pi,
que j'vous revoie point par iti. C'est i
permis d'vouloir prendre -un éfant
comme ça)
Alors, Mme d'Hubiëres, en sortant,
s'avisa qu'ils étaient deux tout petits, et
elle demanda, à travers ses larmes, avec
une ténacité de femme volontaire et
gâtée qui ne veut jamais attendre
Mais l'autre petit n'estpas à vous? R
Le père Tuvache répondit
Non, c'est aux voisins; vous pou-
vez y aller, si vous voulez.
Et il rentra dans sa maison, où reten-
tissait la voix indignée de sa femme.
Les Vallin étaient à table, en train de
manger avec lenteur des tranches de
pain qu'ils frottaient parcimonieuse-
me'ht avec un .peu de beurre piqué au
couteau, dans une assiette entre eux
deux.
M. d'Ilubières recommença ses pro-
positions, mais avecplus d'insinuations,
de précautions oratoires, d'astuce.
Les deux ruraux hochaient la tête en
signe de refus; mais,quand ils apprirent
qu'ils auraient cent francs ~par mois, ils
se considérèrent, se consultant de l'œil,
très ébranlés.
Ils gardèrent longtemps le silence,
torturés, hésitants. La femme ennn de-
manda
Que qu't'en dis, l'homme ?
Il prononça d'un ton sentencieux
J' disqu' c'est point méprisable.
Alors Mme d'Hubiëres, qui tremblait
d'angoisse, leur parla de l'avenir du
petit, de son bonheur, et de tout l'argent
qu'il pourrait leur donner plus tard.
Le paysan demanda
C'te rente de douze cents francs, ce
s'ra promis d'vant l'notaire?
M. d'Hubiëres répondit
Mais certainement, dès demain.
La fermière, qui méditait, reprit
Cent francs par mois, c'est point
suffisant pour nous priver du p'tit; ça
travaillera dans quéqu'z'ans et' éfant i
nous faut cent vingt francs.
Mme d'Ilubières, trépignant d'impa-
tience, les accorda tout de suite; et,
comme elle voulait enlever l'enfant, elle
donna cent francs en cadeau pendant
que son mari faisait un écrit. Le maire,
et un voisin, appelés aussitôt, servirent
de témoins complaisants.
Et la jeune femme, radieuse, emporta
le marmot hurlant, comme on emporte
un bibelot désiré d'un magasin.
Les Tuvache, sur leur porte, le regar-
daient partir, muets, sévères, regrettant
peut-être leur refus.
=~
On n'entendit plus du tout parler du
petit Jean Vallin. Les parents, chaque
mois, allaient toucher leurs cent vingt.
francs chez le notaire, et ils étaient fâ-
chés avec leurs voisins parce que la
mère Tuvache les agonisait d'ignomi-
nies, répétant sans cesse de porte en
porte qu'il fallait être dénaturé pour
vendre son enfant; que c'était une hor-
reur, une saleté, une corromperie.
Et parfois elle prenait en ses bras son
Charlot avec ostentation, lui criant,
comm& s'il eût compris:
J' t'ai pas vendu, mai, j' t'ai pas 1
vendu, mon p' tiot. 7' vends pas m's
éfants, mai. J' sieus pas riche, mais
vends pas m's étants.
Et, pendant des années et encore des
années, ce fat ainsi chaque jour; chaque
jour des allusions grossières étaient vo-
ciférées devant la porte.de façon à entrer
dans la maison voisine la mère Tuva-
che avait uni par se croire supérieure à
toute la contrée parce qu'elle n'avait pas
vendu Charlot. Et ceux qui parlaient
d'elle disaient
J' sais ben que c'était engageant
c'est égal, elle s'a conduite comme une
bonne mère.
On la citait et Charlot, qui prenait
dix-huit ans, élevé avec cette idée qu'on
lui répétait sans répit, se jugeait lui-
même supérieur à ses camarades parce
qu'on ne l'avait pas vendu.
Les Vallin vivotaient à leur aise,
grâce à la pension. La fureur inapaisa-
ble desTuvache, restés misérables, ve-
nait de là.
Leur fils aîné partit au service. Le se-
cond mourut; Charlot resta seul à pei-
ner avec le vieux père pour nourrir la
mère et deux autres sœurs cadettes qu'il
avait.
Il prenait vingt et un ans, quand un
matin une brillante voiture s'arrêta de-
vant les deux chaumières; un jeune
monsieur, avec une chaîne -de montre
en or, descendit, donnant la main à une
vieille dame en cheveux blancs. La
vieille dame lui dit
C'est là, mon enfant, à la seconde
maison.
Et il entra comme chez lui dans la ma-
sure des Vallin.
La vieille mère lavait ses tabliers le
père infirme sommeillait près de l'âtre,
Tous deux levèrent la tête, et le jeune
homme dit
Bonjour, papa; bonjour, maman.-
Ils se dressèrent, eSarés la paysanne
laissa tomber d'émoi son savon dans son
eau et balbutia
–C'est i toi, m'n éfant? C'est-i toi,
m'n étant?
Il la prit dans ses bras et l'embrassa,
en répétant
Bonjour, maman.
Tandis que le vieux, tout tremblant,
disait, de son ton calme qu'il ne perdait
jamais
Te v'ia-t-il revenu, Jean?
Comme s'il l'avait vu un mois aupara-
vant.
Et, quand ils se furent reconnus, les
parents voulurent tout de suite sortir le
nëu dans le pays pour le montrer. On le
conduisit chez le maire, chez l'adjoint,
chez le curé, chez l'instituteur.
Chariot, debout sur le seuil de sachau~
mière, le regardait passer.
Le soir, au souper, il dit aux vieux':
Faut-il qu' vous ayez été sots pour
laisser prendre le p'tit aux Vallin.
Sa mère répondit obstinément
J' voulions point vendre not'éfant.
Le père ne disait rien. Le fils reprit
C'est-il pas malheureux, d'être sa-
cri né comme ça.
Alors le père Tuvaehe articula d'un
ton cotéreux
Vas-tu pas nous r'procherd' t'avoir
gardé.
Et le jeune homme, brutalement
–Oui, que j'vous le r'proche, que
vous n'êtes que des niants. Des parents
comme vous ça fait l' malheur des
éfants. Qu' vous mériteriez que j' vous
quitte.
La bonne femme pleurait dans son
assiette; elle gémit tout eh avalant des
cuillerées de soupe dont elle répandait
la moitié.
Tuez-vous donc pour élever d's
étants 1 ·
Alors le. gars, durement
J'aim'rais mieux n'être point né
que d'être c'que j'suis. Quand j'ai vu
l'autre, tantôt, mon sang n'a fait qu'un
tour. Je m' suis dit v'la c' que j' serais
maintenant.
Il se leva.
–Tenez, j'sens bien que je ferai mieux
de n'pas rester ici, parce que j'vous
le r'procherais du matin au soir, et
que j' vous ferais une vie d'misère. Ça,
voyez-vous, j'vous l'pardonnerai ja-
mais
Les deux vieux se taisaient, atterrés,
larmoyants.
Il reprit
Non, c't' idée-là, ce serait trop dur.
J'aime mieux m'en aller chercher ma
vie aut' part.
II ouvrit la porte. Un bruit de voix
entra. Les Vallin festoyaient avec l'en-
fant revenu.
Alors Charlot tapa du pied et, se tour-
nant vers ses parents, cria
Manants, va t
Et il disparut dans la nuit.
GUY DEMAUPASSANT.
Nos Echos
AUJOURD'HUI
A 6 heures, dîner au Grand~Hôtel, admission
jusqu'à 6 heures et demie.
Pendant la durée du d!ner, lorchestre de
M. Desgranges jouera. dans la nouvelle salle de
musique.
MENU
Potage vermicelle au consomme
Hors-d'oMivre
Uar sauce holla.nda.isa
Pommes de terre à l'anglaise
Quartier de prë-sale bretonne
Ortolans en caisses à la parisienne
Poularde delà Bresse au cresson
Salade
Epinards aux croûtons
Gâtea.u religieuse au chocolat
Glace à l'italienne
Desserts
La salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, tables de jeux.– DîMr à la carta au res-
taurant. Billardtt au Café Divan.
Le programme du dîner-concert. (Voir à la
<* page.) 4~
Musée Grévm, 10, boulevard Montmartre.
De onze heures du matin à onze heures du soir.
=~
Français, 8 h. PAtH&e~c rAoc/~tt~é/'e.
Opéra-Comique, 8 h. .Ron~o et jMMeKe.
LA POUTtOUE 1
Nouvelles diplomatiques
M. le comte Lefebvre de Béhaine est
nommé ambassadeur de la République i
française auprès du Vatican, en rempla-1
cement de M. Desprez, qui sera appelé à
d'autres fonctions.
M. Lefebvre de Béhaine, est un homme
de cinquante~cinq ans.
Au 20 septembre 18'70, à l'entrée des
Italiens à Rome~ il était premier secré-
taire de cette même ambassade au Vati- $
can dont il est aujourd'hui appelé à
J prendre la direction, et chargé d'affaires,
en l'absence de l'ambassadeur.
Dans ces circonstances difficiles, sa
conduite fat très ferme et. très digne.
M. Thiers le nomma ministre à Mu-
nich, d'où il est ensuite allé'en la même
qualité à La Haye.
Dans ces deux postes, M. de Bismarck
a pu l'apprécier comme un diplomate de
grand mérite. C'est, en efEet, sous des
appaMuces fort calmes et fort simples,
un esprit très vif et très pénétrant.
M. Gambetta le tient en haute estime,
et lui a, dit on, offert le poste d'ambas-
sadeur au QuirinaMors de son passage'
aux affaires. M.SLefebvre de Béhaine ne
pouvait pas accepter.
M. Lefebvre de Béhaine est un de nos
diplomates qui connaissent le mieux les
affaires allemandes et les affaires ita-
liennes.
On ne peut qu'approuver pleinement
un pareil choix.
M. le baron Des Michels est nommé
ambassadeur de France près le roi d'Es-
pagne. n
M. Lavertuion, consul général de
France à Naples, est nommé ministre
de la République française près la Con-
fédération, argentine et près la Républi-
que du Paraguay.
M. L. Legrand, ancien député, est
nommé ministre de la République fran-
çaise près le roi des Pays-Bas.
M. Decrais, dont le choix est décidé
pour l'ambassade de France en Italie,
ne sera ofûciellement nommé que le S
novembre, date nxée par le gouverne-
ment italien pour l'envoi de son 'ambas-
sadeur à Paris.
sadeur à Paris. =~
On parle du comte Corti, ambassadeur
à Constantinople, ou du baron Blanc,
ancien sous-secrétaire d'Ëtat, pour l'am-
i bassade italienne à Paris.
tE MONDE ET LA VtLLE
L'administrateur du pelé hier dans le cabinet de M. le sub-
stitut chargé du service de la Presse,
qui l'a averti, fort courtoisement du
reste, que des poursuites allaient être
dirigées contre nous pour infraction
à la loi sur les loteries.
Il s'agit des billets de première que
nous oRrons gratis à nos abonnés par
voie de tirage au sort, comme cela se
pratique dans les cercles, avec cette dif-
férence que nés billets, à nous, ne coû-
tent rien à celui qui les gagne.
Comment pourrions-nous enfreindre
la loi sur les loteries sans faire de lote-
rie, et comment pourrait-on assimiler à
une loterie une opération amicale pa-
reille à celle qui se fait habituellement
dans les cercles c'est-à dire une loterie
sans billets de loterie ) I
Si l'on ne-renonce point à cette pour-
suite vraiment singulière, nous sommes
curieux de savoir sur quoi elle pourra
se baser.
Hier, un journal a raconté que M. le
marquis de la Rochelambert, trésorier-
payeur général du Loiret, avait été mis
en disponibilité pour des irrégularités
de service.
L'inspecteur des nna-nces qui s'est
inopinément présenté chez M. le mar-
quis de la Rocuelambert n'a trouvé, ni
dans les caisses, ni dans le portefeuille,
ni dans les dépôts, nulle part enfin, un
centime d'erreur pour une gestion de
onze années.
La recette du Loiret était un modèle
de régularité et de tenue.
La mise en disponibilité de ce très
honorable et très habile trésorier-payeur
général n'a pour cause que ses opinions
et ses relations politiques.
Il est gendre de M. Pouyer-Quer-
tier.
Si le G'at(~!s était capable de jalousie,
il pourrait envier la foule qui stationne
sous ses fenêtres devant l'exposition si.
artistique du photographe Lejeune. Les
ateliers de M. Lejeune sont toujours rue
Saint Honoré, 350, près de la place Ven-
dôme mais il a réuni comme un bou-
quet des œuvres de sa maison qu'il onre
aux regards des passants, toujours si
nombreux, du boulevard des Italiens.
Des tapisseries anciennes servent de
toile de fond au petit musée choisi que
l'on admire depuis quelques jours au
pied même de l'escalier qui conduit à
nos bureaux. En rendant justice à cet
éclatant spécimen des mérites de notre
voisin, nous n'avons pas la crainte d'en-
courir le reproche de lui faire une ré-
clame.
Depuis longtemps, en effet, la réputa-
tion de la maison Lejeune est établie
aussi bien à l'étranger qu'en France, et
il n'est guère de haut personnage qu'elle
ne compte dans sa clientèle. C'est elle
qui a inauguré avec tant de succès un
nouveau genre de portrait, dans lequel
la tête, se détachant en blanc sur un fond
noir, produit, sans moyen emprunté au
charlatanisme, un effet de camée d'un
grand relief.
Bulletins de convalescence
Nous sommes heureux d'annoncer
que l'état de Mme la marquise de Castel-
lane s'est sensiblement amélioré depuis
hier.
Mme Auguste du Bos, la femme de
l'aimable clubman, dont les relevailles
-difficiles avaient inspiré de nombreuses
inquiétudes à ses amis, est aujourd'hui
hors de danger.
On sait que le défunt prince de la Mos-
kowa, Ëdgard Ney avait occupé
une haute situation sous l'Empire.
Le gouvernement de la République
vient de faire apposer les scellés dans
son appartement, en vue des revendica-
tions à exercer sur les papiers d'Etat
qui pourraient être restés entre les
mains de la princesse de la Moskowa.
Les dernières nouvelles du malheu-
reux maître d'armes Bourdin, consta-
tent un état toujours grave, mais sans
danger immédiat.
Hier soir, le général de Gressot a
réuni à sa table tout le corps d'officiers
placé sous ses ordres, à l'occasion de la
clôture de l'inspection générale de 'la
première division de cavalerie.
Notre collaborateur scientifique, M.
Letort (docteur de Liniëres), vient d'a-
voir la douleur de perdre sa mère.
Nous prenons une part bien vive à la
perte cruelle qui frappe notre ami.
"M. le marquis de Vogué, notre ancien
ambassadeur à Vienne, qui depuis sa re-
traite habite ses propt iétés du Cher, est
allé, mardi dernier visiter le château
qu'il possède dans le petit bourg de Vo-
gué, en Vivarais, d'où sa famille est ori-
ginaire, et qu'il n'avaitencore jamais vu.
Toute la. population, avec le curé, le
maire et les conseillers municipaux,
s'est rendue à la rencontre du châtelain
de Vogué et lui a fait un accueil enthou-
siaste.
On voit que les doctrines anarchistes
ne se sont pas encore infiltrées dans cet
heureux coin de terre.
=~
Apres cette courte visite, le marquis
de Vogué s'est rendu à Aubenas, qui
fnt aussi jadis une des seigneuries de
sa famille et où il était attendu chez
M. Tailhand, l'ancien garde des sceaux.
Apres son retour, M. de Vogué se
consacrera entièrement à son grand
travail sur le maréchal de Villars, dont
il va publier les mémoires d'après un
manuscrit inédit.
NOUVELLES A LA MAtN °'
Le petit Jacques, voyant apporter la
lampe dans la salle à manger r
Maman, pourquoi donc que tantôt
les jours ~M~MMseM<, et que tantôt ils
)'
On demande à un libre-penseur s'il
croît en Dieu.
–Non, dit-il; mais ma femme y croit'
cela suffit.
Comme au restaurant alors une
portion de foi pour deux.
UN DCMtNO
HNC!m MtRBEAt)
A la suite de la lettre qu'il a adressée
à M. F. Magnard, lettre que nous
avons publiée hier, M. Octave Mir-
beau a prié deux de ses amis, M. L. Gré-
gori et le baron de Vaux, de se rendre
auprès du rédacteur en chef du Figaro,
.pour lui demander les satisfactions d'u-
sage. On nous communique le procès-
verbal de la mission de ces messieurs
A monsieur Oa
Paris, 30 octobre 188Z.
Mon cher confrère et ami,
Vous nous avez envoyés auprès de M. Francis
Magnard, rédacteur en chef du .P'MM/'o, pour lui
demander soit un retrait du desaveu qu'il a,
laissé publier dans son journal, au sujet de votre
article ComecKe~, soit une réparation par
les armes.
M. Magnard nous a déclaré qu'il refusait d'ac-
corder aucune des réparations que nous avions
mandat de réclamer en votre nom, et ce sous
prétexte qu'il s'agissait d'une « question de po-
lice intérieure du journal
Nous n'avons pas à apprécier les explications
de M. Magnard, et nous considérons notre mis-
sion comme terminée.
Recevez, mon cher ami, toutes nos cordiali-
tés.
L. GBËaoR!. Baron de VAUX.
Le bruit court qu'une grande émotion
règne dans le monde des théâtres par
suite des révélations de M. Octave Mir-
beau, et qu'on y attend avec une vive
impatience les explications de M. Fr.
Magnard.
Bien entendu, nous publierons exac-
tement la réponse, et il est probable
que nous serons amené à revenir sur
cette question de police intérieure de
journal.
On dit aussi qu'un meeting des ar-
tistes dramatiques doit avoir lieu au-
jourd'hui ou demain, pour reprendre le
programme de dimanche.
Ennn, le Comité de l'Association des
artistes dramatiques se réunira tout à
l'heure. Il paraît décidé à ne pas dési-
gner de délégué pour se mettre à la dis-
position de M. Octave Mirbeau, mais à
se joindra au meeting et à lui proposer
de nommer un certain nombre de ses
membres, on dit vingt, qui tireraient
au sort celui d'entre eux qui devra se
battre en duel avec M. Octave Mirbeau.
Ajoutons que M. Carré, du Vaudeville,
qui a déjà envoyé deux de ses camara.-
des.ofnciers de réserve, à M. Octave Mir-
beau, revendiquerait, comme priorité,
l'honneur de représenter la Comité, au
cas où la proposition de fusion avec le
meeting ne serait pas adoptée.
M. Octave Mirbeau est prêt, dit-on, a.
accepter toute solution compatible avec
sa dignité.
Pour en terminer, relatons qu'on ra-
conte sur le boulevard que M. Emile
Perrin, administrateur de 1~ Comédie-
Française aurait envoyé sa démission
de membre du conseil de surveillance
du F~~o.
t6U)SLtM8ERT
PETTTE BOURSE DU SOIR
~O/O. 801207.
50/0. u59;)95.
Malien. 8830,40,35,40.
Turc. 1265.62,70,67.
Banque ottomane. 795, 79812, 79750
Lots turcs. 5675
Egypte.358 12, 357 50, 358 12.'
Extérieur nouveau. 63 13/32 1/8
R'o. 635.
Panama. 505,50375.
Lombard. 290,28875.
Les deux marches ont été sans affaires peu
(lanimatjon. Les positions sont prises pour ;-<,
réponse de prîmes de fin du mois d'aujourd'hui
ainsi que nous l'avons dit ces jours derniers Les
prîmes, en général, sont abandonnées dans' ces
cours-ci, et nous croyons, avec juste raison, que
la. prudence commande de se liquider A la réponse
BOMSE M MKMES. 30 OCTOBRE
Derniers cours. Consolidés anglais.
1021/4. Egypte 0/0, 7015/16; parité, 358
35. Espagnolnouv., 63 3/8; parité, 63 7/16
It~.871/3, parité, 88 30. Turc, 13 7-1
parité, 12 50. Banque ottomane, 3l 9/16 pa~
rité, 793 85. Rio-Tinto, 25 1/4; panté,
637.
LHtSTORE DUN DECRET
(~fe;
Monsieur le préfet,
J'ai l'honneur, conformément aux pres-
cription du décret paru ce matin au YoJ-
M~ o/Mcte~ de la République française, de
vpus.adresserles déclarations suivantes.
visées par M. le commissaire de police de
mon quartier.
Je soussigné, Alphonse Panazol, sans
profession avouable, domicilié à Paris,
le repaire de la rue de Charonne, nu-
méro 324, désire acheter douze cartouches
de dynamite (chez G. Widemann, chimiste,
57 rue au Maire, Paris vente au détail).
Le paragraphe 3 de l'article 2 du décret
m'imposant l'obligation de déclarer 'l'u-
sage que je me propose de faire de la dy-
namite, le heu précis où elle doit être em-
ployée et la date de cet emploi, < 1e n'hé-
site pas à vous révéler que j'ai l'intention
de faire sauter l'Elysée, M. Grévy y inclus
Je me propose de déposer six cartouches
dans la salle de billard, et six autres dans
le cabinet de toilette; je me propose enfin
d'employer le tout le 1er novembre pro-
chain, fête de la Toussaint.
Je déclare, en conformité du paragraphe
4 du même article 2, que je déposerai mes
munitions explosibles, .jusqu'au moment
de l'emploi, dans les sous-sols de l'hôtel
de la rue Saint-Didier, où demeure actuel-
lement le traître Gambetta, et en confor-
mité du paragraphe 5, que j'ai le projet
'd effectuer ce transport, dans mes poches
et dans le délai de deux jours francs
Je m'engage d'ailleurs, par'déférence
pour l'article 7 à ne mêler aux cartouches
en question aucune matière fulminante ni
explosible.
L'article 8 me faisant un devoir de < vous
rendre compte de l'emploi de la dynamite
'huit jours au plus après la réception
comme de mentionner la date et le lieu
de l'emploi, j'aurai l'honneur de vous
adresser jeudi matin, une narration fidèle,
détaillée et toute conforme aux exigen-
ces du susdit décret, de l'explosion deTF-
lysée, avec le nom, l'âge et les dernières
paroles des principales victimes.
L'administration se réservant, d'ailleurs
le droit de toujours contrôler sur place
les opérations j'aurai le plaisir de vous
aviser, en temps utile, de l'heure précise
ou vous pourrez prendre part à ce oue
vous appelez < l'opération.. ·
Et maintenant, monsieur le préfet, que
je me suis strictement conformé aux seu-
les prescriptions édictées par le décret qui
nous occupe, j'ose espérer la que vous
ne me refuserez pas le récépissé mentionné
en l'article 3, et 2° que vous n'abuserez
pas des déclarations auxquelles vous m'a-
vez obligé, pour entraver, de manière ou
d'autres, le programme do l'opération que
vous avez le droit de contrôler jeur place,
admmistrativement.
Alphonse PANAZOL,
Sociali-a-na.rchi-mhili-dyna.miste.
M). OUSTRY
PRÉFET DE LA S'EtNE
M. Oustry, préfet du Rhône, est nommé
préfet de la Seine.
Le successeur de M. Floquet est né dans
un noble château féodal des environs de
Rodez, en Aveyron. En lui, l'aphorisme <
Tel rencontre un démenti vi-
vant.
M. Oustry n'a aucun signe de bonne race:
c'est un petit homme trapu, sans grâce, au
visage ingrat, nez gros et rouge, barbe
poivre-et-sel mal soignée, yeux ternes.
L'ensemble de tous ces traits mal mou-
lés est désagréable. M. Oustry marche pé-
niblement en traînant une jambe, c'est un
fonctionnaire sans prestige.
Avant d'entrer à la préfecture du Rhône,
M. Oustry a eu quelques mésaventures
politiques.
Au Deux-Décembre, il fut exilé. Après
quelques mois de résignation, il sollicita et
obtint sa grâce par ,1'entremise de M. le
baron Calvet-Rogniat.
Le 4 Septembre l'introduisit dans l'ad-
ministration, d'où il fit une première fausse
sortie au s~ Mai, puis une seconde fausse
sortie au i6Mai. Le Octobre le réinté-
gra dans une bonne préfecture. Le voila
maintenant à Paris,où il nefournira proba-
blement pas une longue carrière.
M. Oustry passe pour u:i très habile
homme parce qu'il a su se faire accepter
du conseil municipal de Lypn. Cette as-
semblée est composée d'intransigeants
qu'on amène facilement à transiger quand
on n'est pas le dernier des sots, et quand on
a seulement la vulgaire « roublardise & de
M. Oustry. Les conseillers de Lyon appar-
tiennent presque tous aux plus basses
classes. Il y en a un qui est distributeur de
contre-marques au Grand-Théâtre; beau-
coup d'autres exercent des professions
analogues. Pour s'imposera ces gens-là, H
suffit de montrer de la déférence à leurs
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