Presse et revues
4 pages
Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-08-11
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 94503 Nombre total de vues : 94503
Description : 11 août 1882 11 août 1882
Description : 1882/08/11 (Numéro 25). 1882/08/11 (Numéro 25).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k524327v
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/02/2008
PANS S' & S~ Centimes.. DÉPARTEMENTS ET ~ARES"~ CENTIME~
Vendredi 11 Aoù~r 1882
Seizième An~ée Troisième Série-' Numêi'e 25
TfM t)jm~<~ ~B'~a) B T~& *&TP~B ~B*
PAJRIS -JO ~NJML
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ADMINISTRATION
CB DIX BEURSt A CINQ HSOttEt
bontevard dex ttaUemo, t
A BONNEMENTS, PET)TES ANNONCES
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$, boulevard des ïtaliemt, t
).)~CMtH!!CMatAM!Kn!f
SK~BB;M:A.ET!H:BS
GAHRIELLE FENAYROU. de Pène.
Nos EcHOS. U/t Domino.
ÏL PLEUT, BERGHRE Paul Fe/Ttar.
IMPRESSIONS D'UN AMATEUH.. U/: Ama~M;
L'OROtE DES TUILERIES. Desmoulins.
PETITE PAGS D'HISTOIRE M. DE BOURROINC.
jE.OMM 7'es~e.
At?A!RESD'EaYPTB.–Adrta:7:.
AFFAIRE FENAYROU. Maf~-e X.
LE GAULOIS PARTOUT.
LA BocRSE. ~e~rt Prtfct~.
BiSETTE D'EAU. -X..
NOUVELLES DIVERSES. André Sottr~ea.
T6LËORAMMES ET CORRESPONDANCES. <3. 1-M!.
SPORT. .R. de I.M~.
EcHos DES THÉÂTRES. Momrtce O/oTt/teoiK.
RENSEIGNEMENTS UTILES.
P'AM!H!! tMMBf)!
hABitiMM FBM!!H)!J
Certes) je n'entends pas me poser en
chevalier de Gabrielle Fenayrou, encore
moins si c'est possible en adver-
saire de mon ami Albert WolS. Mais, je
viens de lire son article sur le procès
qui remplit tous les journaux et voile le
ministère naissant de son ombre protec-
trice. Le crime du Pecq détourne victo-
rieusement l'attention de ce que les
journaux du radicalisme ultra appellent
à peu prés le crime de l'Elysée. Quelques
réflexions me paraissent nécessaires. le
Les trois Fenayrou sont assis sur le
banc des accusés, ayant à répondre du
forfait abominable qu'ils ont commis en
collaboration. En face d'eux, le minis-
tère public, les juges, les jurés. A côté
d'eux, les gendarmes. Au-dessus de tout
le monde, l'opinion publique, ce suprême
tribunal d'ici-bas, dont les courants in-
fluent sur le verdict que le. jury s'ap-
prête à rendre, comme le veî~qui souf-
ne sur le temps qu'il fait..r~
~J'~
ll"Lÿ
M. Albert WoMï, dans un journal qui
est.une grande puissance, puisqu'il pos-
sède une grande publicité, se constitue
témoin à charge, ou plutôt suppléant et
auxiliaire de faccusateur public. Il est
sorti de l'audience écœuré, énervé, ré-
volté (on le serait à moins), et le voilà qui,
dans l'un des plateaux de la balance, met
son-excellente plume de chroniqueur.
C'est une nouvelle forme de la vieille
histoire de l'épée de Brennus, qui n'a ja-
mais passé pour un irréprochable ins-
trument de justice.
V
leur personne que je considère, c'est
leur situation. Même un condamné à
mort, même Tropmann à la dernière
toilette et à l'exécution duquel nous
avons, vous et moi, mon cher WolS, as-
sisté de bien près à côté l'un de l'autre,
nous nt, s'il vous en souvient, à la fois
horreuret pitié. Anotreraison, le mons-
tre faisait horreur à notre instinct, le
moribond faisait pitié. Voilà trois accu-
sés, dont une femme les moins inté-
ressants des accusés, la dernière des
femmes, si vous voulez. Mais ce sont
des accusés, chose sacrée t
Le rôle que la presse a joué, avant
l'ouverture des débats, dans cet af-
freux duel des pharmaciens enne-
mis et qu'elle continue de jouer pen-
dant qu'ils se déroulent, mérite d'être
signalé comme une des plus hardies
nouveautés du temps présent. On se rap-
pelle que le premier juge d'instruction
qui fût saisi de l'anaire avait permis à
un journaliste, dont le nom ne fait rien
& l'aSaire, d'assister aux interrogatoi-
res. Ce magistrat novateur a été rem-
placé par un collègue qui, lui, tempé-
rament enclin aux représentations
théâtrales, fit rejouer le drame, par
ses auteurs, sur le théâtre même où ils
l'avaient créé. Je ne blâme ni ne loue
ce procédé à effet, je raconte ce qui
s'est passé.
Tous les journaux l'ont d'ailleurs ra-
conté le lendemain de la représenta-
tion. A
Par là-dessus le procès, est renvoyé
devant la cour d'assises.
A peine l'acte d'accusation rédigé, le
Gaulois le publie à ses risques et périls.
On l'a même condamné, pour cette viola-
tion de la lettre de la loi, à une assez forte
amende. Reste à savoir si, en éditant,
sans en altérer une virgule, avant
l'heure ofâcielle de la divulgation du
document, une pièce propre à porter la
lumière dans les esprits, notre journal
n'a pas fait, à ses risques et périls, œu-
vre pie tandis que ceux de nos confrè-
res qui, sans tomber sous le coup d'au-
cune prescription, publiaient avant
l'audience, soit des notes de police plus
ou moins exactement reproduites, soit
l'échafaudage de leur enquête person-
nelle sur le crime qui mettait le public en
émoi, auraient pu être arrêtés par la
crainte de désorganiser la marche régu-
lière et traditionnelle de la justice.
Voici l'instant décisif arrivé: les Fe-
nayrou comparaissent; eux et les té-
moins sont interrogés suivant la vieitle
méthode de la justice française, si diffé-
rente de la procédure criminelle usitée
en Angleterre et aux Etats-Unis. Là,
comme vous savez, le juge est un arbi-
tre presque toujours muet entre l'accu-
sation et la défense l'accusé a le privi-
vilège du silence. S'il veut parler, il le
peut; mais 'il est averti que ce qu'il
dira peut servir de preuve contre lui.
La loi anglaise estime que la parole est
aux-témoins et aux faits, qu'un accusé
ne saurait véridiquement parler dans sa
propre cause, et que, si on le presse de
questions, il ne peut que se perdre ou
mentir.
Je ne prétends pas donner 1 avantage
à la procédure anglo-saxonne sur la
nôtre. Chacune a ses avantages qui di-
viseront longtemps les jurisconsultes
philosophes. Mais comment n'être pas
frappé de ceci si à l'interrogatoire du
président, à l'action hostile du minis-
tére public, viennent se joindre, contre
des accusés coupables tout d'abord de
déplaire à la presse, les dépositions à
charge de celle ci, que devient la
vieille notion de l'innocence présumée
de tout accusé, jusqu'à ce que le chef
du jury ait dit < L'accusé est cou.-
pabie?
Je sais que, cette fois, il y a aveu sur
toute la ligne. Mais, puisque la loi dé-
clare excusable en certains cas, le
meurtre de l'amant de sa femme par le
mari outragé, tout est dans les circon-
stances. C'est un procès délicat à juger
entre tous que celui-ci c'est un procès
de nuances. Il y faut surtout se défier de
ses nerfs. Jusqu'à ce que les débats
soient clos, j'aurais cru qu'il convenait
de garder pour soi son commentaire.
On le disait, il y a quelques jours, àcette
place, à propos du pauvre général Ney,
remis cruellement en scène, il n'y a plus,
à proprement parler, qu'un pouvoir
resté debout dans l'anarchie univer-
selle le nôtre, celui de la presse. Rai-
son de plus pour en user avec d'autant
plus de discrétion et de réserve, quand
on est un des maîtres de la presse.
Dans notre émulation à nous surpasser
les uns les autres, nous nous sommes
trop habitués à vouloir violer le temps et
devancer, par nos jugements ou nos in-
formations, l'accomplissement des faits.
Ceux-ci ne sont plus, en quelque sorte,
que ce que nous voulons qu'ils soient et
n'existent qu'avec notre permission.
Quand il s'agit d'une œuvre de justice,
alors surtout cette précipitation est grave
et cette interversion de rôles redoutable.
Je suppose un juré dont WolS soit
l'oracle ce n'est pas moi qui le blâ-
merai d'avoir choisi un guide aussi sa-
gace. Mais ce juré, dont le siège est fait
quand il a lu un article de mon excellent
confrère, abordera-t-il, après que son
oracle a parlé, la suite des débats avec
l'indépendance et la liberté que la loi ré-
clame de lui? Je suppose, non plus un
juré, mais tout le jury client passionné
d'Albert WolS (l'hypothèse n'a rien d'in-
vraisemblable ni de désobligeant), voilà
le spirituel chroniqueur qui passe grand-
maître et seul arbitre de fa justice en
France. C'est peut-être un peu excessif.
Mais, comme ça simplifierait la loi, sur
la magistrature) 1
Une actrice, la veille d'un début im-
portant, fait une tournée de visites à la
critique pour lâcher d'a~r MMpresse. Gabrielle Fenayrou n'a pas pu,
et pour cause, prendre la même précau-
tion. Eh bien, il ne convient pas que les
accusés, comme les acteurs aient à se
préoccuper d'a~oï/' M?:e &OMM~ presse.
Pour cela, il faut que la presse n'ex-
cède pas les limites de sa compétence et
qu'elle ait la sagesse de garder ses ob-
servations physiologiques ou psycho-
logiques dans l'écritoire jusqu'à ce que
le verdict du jury rende la liberté à nos
plumes. C'était la méthode en vigueur
jusqu'à présent, et je pense que c'était
la bonne. La preuve qu'Albert WolS est,
au fond, de notre avis, contre son propre
article, c'est qu'il l'a terminé en disant,
pour lever~le scrupule qu'il sentait poin-
dre sous sa plume <; J'ai la conviction que
les douze honnêtes gens qui décideront
de l'avenir de Gabrielle Fenayrou ne
jugeront pas d'après un article d'un
journaliste, mais d'après leur con-
science. a
Moi aussi, j'ai cette conviction; mais
l'article peut embarrasser leur con-
science. Sinon, la presse serait impuis-
sante, et c'est là un paradoxe que M. de
Girardin lui-même ne soutiendrait plus
aujourd'hui. H. DE PÊNE
Le directeur du G'<~o~ et .PaWs-
JoMDM~ a été reçu hier par le président
du conseil, ministre des affaires étran-
gères, puis par le ministre de l'intérieur,
au sujet de notre demande d'autorisa-
tion d'une loterie pour les victimes
d'Egypte.
Très courtoisement accueilli par l'an
et l'autre ministre, qui ont exprimé leur
sympathie pour l'initiative charitable
dont notre directeur se faisait l'organe,
M. Arthur Meyer, après quelques ob-
servations de M. le ministre des aËaires
étrangères sur la nécessité de consulter
certaines convenances diplomatiques, a
emporté l'assurance que la question
serait tranchée dans un très prochain
conseil des membres du cabinet.
No s JEchos
AUtt~BD'HtfC
A 6 heures et dem~*d!ner au Grand-Hôtel
admission jusqu'à 7 heures.
Pendant la durée du dinar, l'orchestre de
M. Desgranges jouera, dans la nouvelle salla de
musique.
MENU
Potage pâtes d'Italie
Hors-d'œuvre
Dorades au beurre fondu
Pommes de terre à l'anglaise
Pièce de bœuf à la portugaise
Homard à la russe
Chapons du Mans au cresson
Salade
Haricots verts maMre-d'hotel
<, G&teau mousseline à l'orange
Glace sicilienne
Desserts
Fromages, fruits et petita-fours
Le salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, orgues, tables de jeux.– D!ner à la carte
au restaura.nt. Billards au Café Divan.
Le programma du dîner-concert. (Voir à la
4' page.)
Musée Grévin, M, boulevard Montmartre.
De onze heures du matin à onze heures du soir.
Opéra. 7 h. 3/4. &a jMtoe.
FranpMs, 8 h. L
LA POL)T!OUE
Le gouvernement s'est complété, ainsi
que nous l'avons annoncé hier, par la
nomination de M. Hérisson aux travaux
publics, et de M. Labuze au sous-secré-
tariat des finances.
Ajoutons-y M. Baïhaut, nommé sous-
secrétaire d'Etat aux nuances. M. Baï-
haut a été le second rapporteur des
comptes de 1870, et M. Logerotte, à l'in
struction publique.
Ces nominations ont amené des modi-
fications dans le personnel des chefs,
sous-chefs et attachés de cabinet.
M. Delaroche-Vernet, ministre pléni-
potentiaire de deuxième classe, a été
nommé chef du cabinet des aRaires
étrangères, en remplacement de M. Ra-
bel, qui suit M. de Freycinet dans sa
retraite.
M. Marcel est nommé chef de cabinet
de M. Falliëres au ministère de l'inté-
rieur.
M. Decrais, directeur des affaires po-
litiques, et M. Herbette, directeur du
personnel aux aSaires étrangères, con-
servent leurs fonctions.
M. Paupelin est nommé chef du cabi-
net de M. Devés. Après être resté quel-
que temps sous-préfet à Mayenne, M.
Paupelin était devenu chef de cabinet de
M. de Mahy, ministre de l'agriculture.
L'empereur Guillaume est reparti hier
d'Ischl pour Potsdam, à trois heures de
l'après-midi. Pendant la matinée, que le
souverain allemand a passée dans ses
appartements, à l'hôtel < Impératrice-
Elisabeth il a reçu la visite de l'em-
pereur rrançois Joseph. Les deux mo-
narques se sont entretenus en toute in-
timité, pendant une heure entière.
Le mauvais temps a empêché l'empe-
reur Guillaume de sortir pour faire des
visites.
A l'heure du déjeuner, l'empereur
d'Autriche est revenu à l'hôtel pour em-
mener son hôte et ami à la villa impé-
riale, où le repas a été pris en famille.
Contrairement à ce qu'ont affirmé
certains journaux mal renseignés, le
maréchal comte de Moltke n'a pas as-
sisté à l'entrevue d'Ischl. Il est vrai que
le maréchal se trouvait à Gastein avec
l'empereur Guillaume, mais il n'est pas
parti avec son souverain, n'ayant pas
encore fini sa cure.
Le monde ofûciel russe paraît vou-
loir révoquer en doute la nouvelle si-
gnalant le prochain voyage du czar
Alexandre et notamment son entrevue
avec l'empereur d'Autriche.
Nous sommes à même d'afnrmer que
cette nouvelle n'en est pas moins
exacte.
Il se comprend, du reste, que l'entou-
rage du Czar continue, jusqu'au dernier
moment, à nier le fait, pour ne pas
ameuter sur la route du souverain russe
tous les assassins que le parti nihiliste
pourrait encore mettre en campagne.
Le même stratagème a étô employé,
lorsque, il y a un an, le Czar est allé voir
son grand-oncle, l'empereur Guillaume,
à Danzig.
n
On prévoit, dans le monde diplomati-
que, que la Porte ottomane ne tardera
pas à s'entendre avec l'Angleterre sur
la coopération turque en Egypte.
Le Sultan a déjà signé une proclama-
tion déclarant Arabi rebelle.
LE MONDE ET LA VtLLE
S. A. le grand-duc de Mecklembourg-
Schwerin et la grande-duchesse sa
femme ont quitté Paris hier, à sept
heures du matin, avec les aides de camp,
dames d'honneur et la suite, à destina-
tion de l'Angleterre.
La veille, S. M. la reine Isabelle était
allée faire ses adieux aux augustes voya-
geurs.
Le chemin que prend le grand-duc de
Mecklembourg-Schwerin, qui devait
primitivement rentrer directement dans
ses Etats, fait supposer qu'il va remplir
une mission politique à Londres.
Mme la duchesse de Fernan-Nunez,
accompagnée de ses deux fils, les mar-
quis de la Mina et de Castel-Moncayo,
vient de quitter Paris peur aller résider*
dans son château de Dave, par Nam ur.
Sa fille, la duchesse d'Albe et de
Huescar, et ses petits-enfants sont allés
rejoindre le duc à Londres.
~=
Enfin, le duc quitte pour quelques
jours seulement Paris, demain samedi,
à destination de Deauville.
Il est inexact, ainsi que l'ont annoncé
plusieurs de nos confrères, que M.Tissot
soit rentré à Londres.
En quittant Paris, l'ambassadeur de
France en Angleterre, encore souSrant,
a obtenu un congé qu'il est allé passer à
Royat.
Nous sommes heureux d'annoncer
que M. Tissot se trouve fort bien du trai-
tement et surtout du repos qu'il a trou-
vés dans cette ville d'eaux, et que l'état
de sa santé est très satisfaisant.
M. Tissot ne quittera Royat qu'à la fin
de ce mois, et, avant de rejoindre son
poste, il s'arrêtera quelques jours à Pa-
ris.
Le corps de M. le comte deBourgoing,
dont nous avons. annoncé la mort au
château de la Noë, a été ramené avant-
hier soir à Paris et déposé dans les ca-
veaux de l'église Saint-Augustin, où la
cérémonie religieuse a eu lieu hier, à
midi.
Sur les tentures de l'église, du cata-
falque et du char, Sauraient les armes
du défunt avec la devise Ma~M~M~~Me
0;M!MM.
La messe a été dite par M. l'abbé Ro-
main, et l'absoute a été donnée par Mgr
Ferrata, auditeur de la nonciature.
A l'issue du service religieux, le cor-
tége s'est dirigé au cimetière du Père-
Lachaise, où l'inhumation a eu lieu.
Le deuil était conduit par MM. Char-
les et Guillaume de Bourgoing, fils du
défunt; Tripier, son beau-frère, et ses
cousins, MM. le baron Othenin de Bour-
going, le duc de Tarente, le baron Des-
mousseaux de Givré, le marquis de
Montferrier.
Dans la nombreuse assistance qui sui-
vait le char funèbre, nous avons remar-
qué MM. le duc de Broglie, Buffet, le
comte de Montesquieu, le comte Ber-
nard d'Harcourt, de Montgascon, Cor-
nelis de Witt, le comte de Rayneval,
Germain Lefëvre-Pontalis, le vicomte de
Ponton d'Amécourt, l'abbé Maury, le
général Périgot, le baron Imbert de
Saint-Amand; MmesPérigot, Ernest Pi-
card, la comtesse Mortier, Mlle Ducrot,
MM. le baron de Morel, P.-L. Target,
Allain-Targé, Eugène Dufeuille, Jager-
schmidt.A.deZolIikofer, G. de Ville-
neuve, Tenaille-Saligny, Charles Ferry,
etc., etc.
''Les honneurs militaires étaient rendus
au défunt, qui était officier de la Légion
d'honneur, par une compagnie du dM~
régiment de ligne. e Bourgoing
Rappelons ici que M. de Bourgoing
avait épousé Mlle Tripier~ fils de M.
Félix Tripier, ancien conseiller d'Etat,
récemment décédé, et lui-même fils
du grand Tripier, bâtonnier de l'ordre
des avocats à Paris, pair de France sous
la monarchie de Juillet.
Hier a. eulieul'ouverture de l'exposi-
tion des arts décoratifs, au palais de
l'Industrie.
Le général Pittié y représentait le
président de la République. Beaucoup
de jolies femmes y représentaient fort
coquettement l'art de la toilette pari-
sienne.
Un amateur compétentjette, plus loin,
un premier coup d'œil sur cette exposi-
tion, qui fera norès bornons-nous ici
à une observation si les industries dé-
coratives, au point de vue économique
français, sont particulièrement intéres-
santes, c'est que, dans la valeur des ob-
jets, la matière première ne vient que
pour une somme innme. Tout est dans le
goût, le talent, la main-d'œuvre par
conséquent, tout est salaire.
Hier soir, à l'hôtel Continental, grand
dîner d'inspection oSert aux of&ciers
généraux, ofnciers supérieurs et simples
officiers par le général de division
Grévy.
Parmi les invités Rguraient le géné-
ral de Novyon, les colonels Deschamps,
Saget, Brugère, Kessier, Parizot, de La
Brousse, etc., etc.
Un nabab chasse l'autre.
Un des plus richissimes princes na-
babs de notre Annam va arriver ces
jours-ci à Paris, où il a fait retenir
vingt-huit grands appartements– nous
disons bien t?Mï~Mtinental.
Le nabab annamite est accompagné
de soixante personnes de suite; il
amène ses cuisiniers, qui lui feront la
cuisine à la mode indienne.
Celui-ci ne voyage pas par l'intermé-
diaire de l'agence Cook.
Dans l'arrondissement de Moulins,
l'Etat a décidé trois communes à cons-
truire, dans le centre du triangle qu'elles
forment, ce qu'on appelle un groupe
scolaire. Cette construction se trouve
ainsi isolée, comme une sorte de lazaret.
Les trois communes réunies ont en-
voyé quatre élèves à ce groupe scolaire,
tous les autres enfants fréquentant les
écoles libres, la plupart tenues ;par des
congréganistes, bien que la population
vote pour les radicaux.
Aussi, en montrant cette construction,
lés paysans l'appellent-ils d'un air nar-
quois:" l'école des quatre enfants. »
On fait communément remonter à la
première moitié de ce siècle l'invention
de la science des armes et objets de
l'âge de pierre.
Or, je trouve dans un in-folio imprimé
en espagnol à Amsterdam, en 1659, à la
page 140, une gravure représentant cinq
silex taillés en forme de fer de lance et
de hache, et encadrée dans un texte ex-
plicatif.
Mon in-folio porte pour titre 2VM6MO
~as de los 7'os ~e jEscoc~ e
1'y~M~a.
Les silex ont été découverts dans le
comté d'Aberdeen, et vous jureriez que
leur gravure sort de chez Didot.
Et voilà comment tout est nouveau
sous le soleil 1
NOUVELLES A LA MAIN
Le commissaire central de Fécamp
demandait à un voleur que l'on venait
d'arrêter
Pourquoi donc volez-vous ici, ~i
Yport, et jamais à Etretat?
A Etretat? reprit le voleur. Oh il
n'y aurait pas de plaisir il n'y a pas
de gendarmes.
Un vieux céladon rencontre une an-
cienne amie qu'il n'a pas vue depuis
vingt ans. Ayant uni par la reconnaître
à grand peine
Comment ) lui dit-il, c'est toi, Jo-
sepha ?
La'vieille garde!, avec bonhomie:
Oh tu sais; maintenant, tu peux
m'appeler Joséphine.
at)MMMe
H PT~HT R~R~R~!
tL rij&Ui, î)MuMij!
Il pleut, bergère t. il a tant plu
Que Noé, le doux patriarche,
S'il vivait encore, eût voulu,
Cet été, radouber son arche 1
Le moissonneur, triste et troublé,
A vu, sous les larges ondées,
Périr son foin, couler son blé,
Dans les campagnes inondées 1
L'hôtelier des plages, les yeux
Sur le ciel d'où tombait l'averse,
Insultait ces jours pluvieux
Qui compromettent son commerce,
Et, citadin ou campagnard,
Qu'également la pluie ennuie,
Chacun maudissait saint Médard.
Sauf les marchands de parapluie 1
Or, si l'on en croit l'arrêté
Qui présentement est sous presse,
11 paraîtrait que cet été
Fut un été de sécheresse 1
C'est le Conseil municipal
Dont la haute bouifonnerie
Aurait, dans son procès-verbal,
Glissé cette fumisterie
On rationnera les eaux,
Quitte à les arrêter ensuite
On ne lave plus les ruisseaux
Et les égouts ont la pituite t
Nos édiles faisant florès
Ont, avec un art peu vulgaire,
Importé le Mançanarès
Où la Seine coulait naguère ) 1
Mais, n'est-il pas essentiel
Qu'un pareil contraste s'explique?
Toute l'eau qui tomba du ciel,
Qu'en a donc fait la République?
L'a-t-elle perdue à dessein,
A cause de son origine ? `?
Ou cache-t-elle dans son sein
Cette raison que j'imagine
Les radicaux, las de braver
Les lois d'une propreté saine,
Pour essayer de se laver
Auraient du coup vidé la Seine 1
PAUL FERMER
mESSMNS MN AMm
A L'EXPOSmOH DES ARTS OÉCORATtFS
II y aura,' pendant deux mois, grande
-joie, dans Paris, pour les collection-
neurs, les artistes, les archéologues, les
japonisants, les sectaires du bibelot, les
anolés de beaux meubles, de riches ta-
pisseries, de curiosités, de chefs-d'œu-
vre de toute taille et de toute 'fabrique,
pompeux, délicats, frustes, sculptés, co-
loriés, dorés, tissés, imprimés. C'est au
palaia~de l'Industrie qu'on vous donne
rendez-vous des aujourd'hui, pour ad-
mirer ce prodigieux amas de raretés,
cette accumulation de merveilles décora-
tives, cet immense trésor mobilier pré-
senté aux connaisseurs par la Société
des arts décoratifs. De toutes parts, il
est arrivé des richesses en profusion;
de tous les coins de la France, de tous
les coins de l'étranger. Voici, en vérité,
le musée des siècles et tout le mobilier
de l'histoire. Si vous regrettez les moeurs
des a.ncêtres, vous trouverez là quelques
traces de leurs rudes coutumes. Si vous
avez le goût des plus récentes mollesses,
vous vous régalerez de l'inûnie succes-
sion des raffinements qui, peu à peu,
ramèneront l'humanité à la barbarie.
Le Kensington-Museum, ce modèle
des musées d'art appliqué, si précieux
pour l'industrie anglaise, a été mis à
contribution. Les organisateurs de l'ex-
position, M. Antonin Proust, M. Henri
Buuilhet et leurs collaborateurs de l'U-
nion centrale, MM. le comte de Ganay,
Ephrussi, Dreyfus, Germain Bapst, toute
une légion d'érudits et de dilettante,
se sont adressés aux quatre points
de l'horizon. L'exposition comporte
trois parties, qui sont trois micro-
cosmes le bois, le tissu, le papier.
Tout le mobilier est d'un côté tout le
vêtement, tout le revêtement de l'autre;
entre les deux, tout ce qu'on peut faire
du papier, des livres, des tentures, des
peintures. Que dirais-je! On va du
moyen-âge au dix-septième siècle, du
jlix-septiëme siècle à nos jours. L'Orient
Tious ouvre ici d'éblouissantes perspec-
tives là l'Occident s'épanouit. Il y a de
quoi se ravir et de quoi perdre la tête.
En deux heures, on s'emplit les yeux
de tant d'impressions et de sensations
qu'on ne sait plus ce qu'on a vu, ni ce
qu'on désire. C'est surprenant, c'est dé-
solant. Viollet-le-Duc lui-même se serait
donné au diable en sortant de ce musée.
Je ne suis pas Viollet-le-Duc et je ne
sais trop comment vous détailler gce
mélange incomparable d'objets triés sur
le volet. La plus simple, c'est que je
m'en tienne à l'aperçu le plus court.
Imaginez que nous sommes allés, vous
et moi, passer un moment au palais des
Champs-Elysées. Nous avons parcouru
toutes les salles, sans nous presser, sans
nous attarder. Quel souvenirs gardons-
nous de cette visite? Voilà ce qu'il faut
dire.
En entrant, c'est l'art chinois qu'on
rencontre. Ce ne sont qu'étoffes d'ècar-
late encadrant les merveilles japonaises
prêtéesparM. Philippe Burty et d'autres
collectionneurs. Puis, voici le moyen
âge. Peu de documents antérieurs au
quatorzième siècle quelques délicieux
fragments du quinzième. C'est le beau
temps des riches crédences, des chayè-
res amenuisées, des rétables fouillés et
refouillés. Arrêtez-vous devant la vitrine
de la collection de M. Georges Bal, vous
y verrez en quantité de pièces sculp-
tées de premier ordre, notamment deux
petits panneaux des plus parfaits qu'on~
puisse voir.
Mais voilà la Renaissance. En quel-
ques années, on fait tant de progrès
qu'on entre en pleine décadence. On
produit des meubles superbes, mais la
surcharge y apparaît parfois et aussi
l'inûuence de l'antique. Les côtés pom-
peux de cet art italianisé s'accentueront
sous Louis XIV et, sous les successeurs
du Roi-Soleil, ce seront les côtés galants
qui se dégageront. L'Empire inventera
l'horrible style néo-grec à panache. On
ne fera plus, en somme, qu'osciller entre
tous les genres connus et convenus.
Les deux lignes de points que vous
voyez ci-dessus représentent l'étonnante
quantité d'objets curieux, miraculeuxjou
seulement intéressants, dont ;il m'est ra-
dicalement impossible même de faire
mention. Bahuts de Boulle, commodes
de Riesner, bronzes de Gouthières, ta-
pisseries de Tournay, de Bruges ou
d'Arras, meubles historisques, estam-
pes uniques. On voit là jusqu'à une col-
lection de bonnets de femmes, char-
mants à regarder, prêtés par M. Ger-
main Bapst. Mais, encore une fois, la
place fait défaut pour en parler.
Si vous voulez savoir, cependant, de
quel côté ira le goût public, dans cette
exposition exceptionnelle, sachez qu'il
ira, comme par le passé, vers les élé-
gances amollies du dernier siècle, mais
attendez-vous à un retour marqué vers
la finesse gothique. Nous verrons bien-
tôt des crédences dans le goût du
Louis XII chez tous les marchands. Cela
est dans l'air.
UN AMATEUR
L'ORGIE DES TUILERIES
Nous avons déjà parlé de l'étrange
foire qui déploie, en ce moment, son dé-
sordre et ses malpropretés dans le jar-
din des Tuileries, jusqu'à présent ré-
servé à d'autres destinations.
Il est inconcevable vraiment que, dans
un but assez vague, les Tuileries soient
indéfiniment livrées à la cohue d'une
fête foraine qui détruit, saccage, dé-
fonce, sacrifie le sol et les arbres à qui
et à quoi ?
Ce qu'il y a de plus clair, c'est qu'il y
aura une forte carte de dégâts à payer.
Ce n'est pas tout
Avant-hier, à six heures du soir, un
jeune attaché à l'ambassade ottomane à
Paris, M. Rechad-Bey, petit-fils de
l'illustre Fuad-Pacha, se promenait tran-
quillement dans les Tuileries, à pro-
ximité de l'emplacement réservé à
la fête républicaine, lorsqu'il sentit tout
à coup un faible choc sur l'épaule gau-
che, bientôt suivi d'une douleur assez
vive.
M. Rechad-Bey porta la main à l'en-
droit susindiqué, et s'aperçut que sa
redingote était trouée. La douleur s'ag-
gravant, le'jeune attaché rentra immé-
diatement à l'Ambassade, où sont ses ap-
partements.
Il se déshabilla et ne fat pas peu étonné
de voir que son gilet était également
percé, et que sa chemise était tachée
d'une assez large plaque de sang. Une
blessure, peu profonde il est vrai, mais
fort douloureuse, avait été produite par
une balle perdue, venant de l'un des
tirs aux pigeons organisés dans l'en-
ceinte de la fête.
M. Rechad-Bey ne voulut tenter au-
cune démarche pour s'épargner les en-
nuis d'une enquête, et c'est l'effet d'un
pur hasard si nous avons appris ce fâ-
cheux accident.
S'il n'y a pas plus de sécurité pour les
promeneurs des Tuileries depuis que
cette fête existe, il est bon de le porter &
la connaissance des nombrenses famil-
les qui vont passer quelques heures
dans ce jardin peu enchanté.
Qu'en pense M. le préfet de police?
L. BESMOUUNS
BOmSEDEMNDRES, 10AOM
Derniers cours Consolidés,99 9~' Egyp-
tienne, 53 92; parité, 272; Italien, 8675;
parité, 8740 Turc, 10 96 parité, 11 05;
Banque ottomane, 18 40 parité, 713 15.
PETiTE PME D'HISTOIRE
Ht. tMS BOtJS&OMC
J'ai été très proche témoin de l'acte le
plus bruyant de la carrière diploma-
tique de M. de Bourgoing, j'entends
celui qui a fait le plus de bruit. C'est une
petite page d'histoire, 3'en conviens,
mais qui est marquée du cachet de l'hon-
neur, du désintéressement, choses que
j'ai encore la faiblesse d'admirer. Je parle
de ce qu'on appelle l'incident de l'O~-
MO~Mg.
C'est à la un du mois de décembre
~872, à Rome, où M. de Bourgoing était
ambassadeur de France au Vatican, et
où je passais l'hiver.
La irégate française l'O~o~ mouil-
lait dans les eaux de @ivita-Vecchia.
M. d'Harcourt l'avait mise, au nom de
M. Thiers, à la disposition du Saint-
Siège, pour le cas où Pie IX jugerait
convenable de s'éloigner de l'Italie.
Cette attention de 'M. Thiers était très
honorable. Malheureusement, le gouver-
nement français n'avait pas réiléchi que
Civita-Vecchia n'est pas à cent kilomè-
tres de Rom~; que le port où l'On~o~Mc
avait jeté l'ancre, était relié par un che-
min de fer a. la capitale, où résidaient
Pie IX et Victor-Emmanuel que cette
faible distance mettait l'équipage de la
frégate dans l'obligation d'aher au Va-
tican, aux occasions solennelles, saluer
le Ponttfe, au service duquel il se trou-
Vendredi 11 Aoù~r 1882
Seizième An~ée Troisième Série-' Numêi'e 25
TfM t)jm~<~ ~B'~a) B T~& *&TP~B ~B*
PAJRIS -JO ~NJML
*SS*. *F*~TE~ *S~TS**S'
JESLt JLJJcL* Jc.J~Jt~'eJEH
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ANNONCES
MM.. CH. LAG&AN&E, CBRB' A 0
6,.F!.AOBDBt.A..BOnBSB,6 6
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ADMINISTRATION
CB DIX BEURSt A CINQ HSOttEt
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Troi* mois (Union postale). 18 fr.
RÉDACTION
$, boulevard des ïtaliemt, t
).)~CMtH!!CMatAM!Kn!f
SK~BB;M:A.ET!H:BS
GAHRIELLE FENAYROU. de Pène.
Nos EcHOS. U/t Domino.
ÏL PLEUT, BERGHRE Paul Fe/Ttar.
IMPRESSIONS D'UN AMATEUH.. U/: Ama~M;
L'OROtE DES TUILERIES. Desmoulins.
PETITE PAGS D'HISTOIRE M. DE BOURROINC.
jE.OMM 7'es~e.
At?A!RESD'EaYPTB.–Adrta:7:.
AFFAIRE FENAYROU. Maf~-e X.
LE GAULOIS PARTOUT.
LA BocRSE. ~e~rt Prtfct~.
BiSETTE D'EAU. -X..
NOUVELLES DIVERSES. André Sottr~ea.
T6LËORAMMES ET CORRESPONDANCES. <3. 1-M!.
SPORT. .R. de I.M~.
EcHos DES THÉÂTRES. Momrtce O/oTt/teoiK.
RENSEIGNEMENTS UTILES.
P'AM!H!! tMMBf)!
hABitiMM FBM!!H)!J
Certes) je n'entends pas me poser en
chevalier de Gabrielle Fenayrou, encore
moins si c'est possible en adver-
saire de mon ami Albert WolS. Mais, je
viens de lire son article sur le procès
qui remplit tous les journaux et voile le
ministère naissant de son ombre protec-
trice. Le crime du Pecq détourne victo-
rieusement l'attention de ce que les
journaux du radicalisme ultra appellent
à peu prés le crime de l'Elysée. Quelques
réflexions me paraissent nécessaires. le
Les trois Fenayrou sont assis sur le
banc des accusés, ayant à répondre du
forfait abominable qu'ils ont commis en
collaboration. En face d'eux, le minis-
tère public, les juges, les jurés. A côté
d'eux, les gendarmes. Au-dessus de tout
le monde, l'opinion publique, ce suprême
tribunal d'ici-bas, dont les courants in-
fluent sur le verdict que le. jury s'ap-
prête à rendre, comme le veî~qui souf-
ne sur le temps qu'il fait..r~
~J'~
ll"Lÿ
M. Albert WoMï, dans un journal qui
est.une grande puissance, puisqu'il pos-
sède une grande publicité, se constitue
témoin à charge, ou plutôt suppléant et
auxiliaire de faccusateur public. Il est
sorti de l'audience écœuré, énervé, ré-
volté (on le serait à moins), et le voilà qui,
dans l'un des plateaux de la balance, met
son-excellente plume de chroniqueur.
C'est une nouvelle forme de la vieille
histoire de l'épée de Brennus, qui n'a ja-
mais passé pour un irréprochable ins-
trument de justice.
V
leur personne que je considère, c'est
leur situation. Même un condamné à
mort, même Tropmann à la dernière
toilette et à l'exécution duquel nous
avons, vous et moi, mon cher WolS, as-
sisté de bien près à côté l'un de l'autre,
nous nt, s'il vous en souvient, à la fois
horreuret pitié. Anotreraison, le mons-
tre faisait horreur à notre instinct, le
moribond faisait pitié. Voilà trois accu-
sés, dont une femme les moins inté-
ressants des accusés, la dernière des
femmes, si vous voulez. Mais ce sont
des accusés, chose sacrée t
Le rôle que la presse a joué, avant
l'ouverture des débats, dans cet af-
freux duel des pharmaciens enne-
mis et qu'elle continue de jouer pen-
dant qu'ils se déroulent, mérite d'être
signalé comme une des plus hardies
nouveautés du temps présent. On se rap-
pelle que le premier juge d'instruction
qui fût saisi de l'anaire avait permis à
un journaliste, dont le nom ne fait rien
& l'aSaire, d'assister aux interrogatoi-
res. Ce magistrat novateur a été rem-
placé par un collègue qui, lui, tempé-
rament enclin aux représentations
théâtrales, fit rejouer le drame, par
ses auteurs, sur le théâtre même où ils
l'avaient créé. Je ne blâme ni ne loue
ce procédé à effet, je raconte ce qui
s'est passé.
Tous les journaux l'ont d'ailleurs ra-
conté le lendemain de la représenta-
tion. A
Par là-dessus le procès, est renvoyé
devant la cour d'assises.
A peine l'acte d'accusation rédigé, le
Gaulois le publie à ses risques et périls.
On l'a même condamné, pour cette viola-
tion de la lettre de la loi, à une assez forte
amende. Reste à savoir si, en éditant,
sans en altérer une virgule, avant
l'heure ofâcielle de la divulgation du
document, une pièce propre à porter la
lumière dans les esprits, notre journal
n'a pas fait, à ses risques et périls, œu-
vre pie tandis que ceux de nos confrè-
res qui, sans tomber sous le coup d'au-
cune prescription, publiaient avant
l'audience, soit des notes de police plus
ou moins exactement reproduites, soit
l'échafaudage de leur enquête person-
nelle sur le crime qui mettait le public en
émoi, auraient pu être arrêtés par la
crainte de désorganiser la marche régu-
lière et traditionnelle de la justice.
Voici l'instant décisif arrivé: les Fe-
nayrou comparaissent; eux et les té-
moins sont interrogés suivant la vieitle
méthode de la justice française, si diffé-
rente de la procédure criminelle usitée
en Angleterre et aux Etats-Unis. Là,
comme vous savez, le juge est un arbi-
tre presque toujours muet entre l'accu-
sation et la défense l'accusé a le privi-
vilège du silence. S'il veut parler, il le
peut; mais 'il est averti que ce qu'il
dira peut servir de preuve contre lui.
La loi anglaise estime que la parole est
aux-témoins et aux faits, qu'un accusé
ne saurait véridiquement parler dans sa
propre cause, et que, si on le presse de
questions, il ne peut que se perdre ou
mentir.
Je ne prétends pas donner 1 avantage
à la procédure anglo-saxonne sur la
nôtre. Chacune a ses avantages qui di-
viseront longtemps les jurisconsultes
philosophes. Mais comment n'être pas
frappé de ceci si à l'interrogatoire du
président, à l'action hostile du minis-
tére public, viennent se joindre, contre
des accusés coupables tout d'abord de
déplaire à la presse, les dépositions à
charge de celle ci, que devient la
vieille notion de l'innocence présumée
de tout accusé, jusqu'à ce que le chef
du jury ait dit < L'accusé est cou.-
pabie?
Je sais que, cette fois, il y a aveu sur
toute la ligne. Mais, puisque la loi dé-
clare excusable en certains cas, le
meurtre de l'amant de sa femme par le
mari outragé, tout est dans les circon-
stances. C'est un procès délicat à juger
entre tous que celui-ci c'est un procès
de nuances. Il y faut surtout se défier de
ses nerfs. Jusqu'à ce que les débats
soient clos, j'aurais cru qu'il convenait
de garder pour soi son commentaire.
On le disait, il y a quelques jours, àcette
place, à propos du pauvre général Ney,
remis cruellement en scène, il n'y a plus,
à proprement parler, qu'un pouvoir
resté debout dans l'anarchie univer-
selle le nôtre, celui de la presse. Rai-
son de plus pour en user avec d'autant
plus de discrétion et de réserve, quand
on est un des maîtres de la presse.
Dans notre émulation à nous surpasser
les uns les autres, nous nous sommes
trop habitués à vouloir violer le temps et
devancer, par nos jugements ou nos in-
formations, l'accomplissement des faits.
Ceux-ci ne sont plus, en quelque sorte,
que ce que nous voulons qu'ils soient et
n'existent qu'avec notre permission.
Quand il s'agit d'une œuvre de justice,
alors surtout cette précipitation est grave
et cette interversion de rôles redoutable.
Je suppose un juré dont WolS soit
l'oracle ce n'est pas moi qui le blâ-
merai d'avoir choisi un guide aussi sa-
gace. Mais ce juré, dont le siège est fait
quand il a lu un article de mon excellent
confrère, abordera-t-il, après que son
oracle a parlé, la suite des débats avec
l'indépendance et la liberté que la loi ré-
clame de lui? Je suppose, non plus un
juré, mais tout le jury client passionné
d'Albert WolS (l'hypothèse n'a rien d'in-
vraisemblable ni de désobligeant), voilà
le spirituel chroniqueur qui passe grand-
maître et seul arbitre de fa justice en
France. C'est peut-être un peu excessif.
Mais, comme ça simplifierait la loi, sur
la magistrature) 1
Une actrice, la veille d'un début im-
portant, fait une tournée de visites à la
critique pour lâcher d'a~r MMpresse. Gabrielle Fenayrou n'a pas pu,
et pour cause, prendre la même précau-
tion. Eh bien, il ne convient pas que les
accusés, comme les acteurs aient à se
préoccuper d'a~oï/' M?:e &OMM~ presse.
Pour cela, il faut que la presse n'ex-
cède pas les limites de sa compétence et
qu'elle ait la sagesse de garder ses ob-
servations physiologiques ou psycho-
logiques dans l'écritoire jusqu'à ce que
le verdict du jury rende la liberté à nos
plumes. C'était la méthode en vigueur
jusqu'à présent, et je pense que c'était
la bonne. La preuve qu'Albert WolS est,
au fond, de notre avis, contre son propre
article, c'est qu'il l'a terminé en disant,
pour lever~le scrupule qu'il sentait poin-
dre sous sa plume <; J'ai la conviction que
les douze honnêtes gens qui décideront
de l'avenir de Gabrielle Fenayrou ne
jugeront pas d'après un article d'un
journaliste, mais d'après leur con-
science. a
Moi aussi, j'ai cette conviction; mais
l'article peut embarrasser leur con-
science. Sinon, la presse serait impuis-
sante, et c'est là un paradoxe que M. de
Girardin lui-même ne soutiendrait plus
aujourd'hui. H. DE PÊNE
Le directeur du G'<~o~ et .PaWs-
JoMDM~ a été reçu hier par le président
du conseil, ministre des affaires étran-
gères, puis par le ministre de l'intérieur,
au sujet de notre demande d'autorisa-
tion d'une loterie pour les victimes
d'Egypte.
Très courtoisement accueilli par l'an
et l'autre ministre, qui ont exprimé leur
sympathie pour l'initiative charitable
dont notre directeur se faisait l'organe,
M. Arthur Meyer, après quelques ob-
servations de M. le ministre des aËaires
étrangères sur la nécessité de consulter
certaines convenances diplomatiques, a
emporté l'assurance que la question
serait tranchée dans un très prochain
conseil des membres du cabinet.
No s JEchos
AUtt~BD'HtfC
A 6 heures et dem~*d!ner au Grand-Hôtel
admission jusqu'à 7 heures.
Pendant la durée du dinar, l'orchestre de
M. Desgranges jouera, dans la nouvelle salla de
musique.
MENU
Potage pâtes d'Italie
Hors-d'œuvre
Dorades au beurre fondu
Pommes de terre à l'anglaise
Pièce de bœuf à la portugaise
Homard à la russe
Chapons du Mans au cresson
Salade
Haricots verts maMre-d'hotel
<, G&teau mousseline à l'orange
Glace sicilienne
Desserts
Fromages, fruits et petita-fours
Le salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, orgues, tables de jeux.– D!ner à la carte
au restaura.nt. Billards au Café Divan.
Le programma du dîner-concert. (Voir à la
4' page.)
Musée Grévin, M, boulevard Montmartre.
De onze heures du matin à onze heures du soir.
Opéra. 7 h. 3/4. &a jMtoe.
FranpMs, 8 h. L
LA POL)T!OUE
Le gouvernement s'est complété, ainsi
que nous l'avons annoncé hier, par la
nomination de M. Hérisson aux travaux
publics, et de M. Labuze au sous-secré-
tariat des finances.
Ajoutons-y M. Baïhaut, nommé sous-
secrétaire d'Etat aux nuances. M. Baï-
haut a été le second rapporteur des
comptes de 1870, et M. Logerotte, à l'in
struction publique.
Ces nominations ont amené des modi-
fications dans le personnel des chefs,
sous-chefs et attachés de cabinet.
M. Delaroche-Vernet, ministre pléni-
potentiaire de deuxième classe, a été
nommé chef du cabinet des aRaires
étrangères, en remplacement de M. Ra-
bel, qui suit M. de Freycinet dans sa
retraite.
M. Marcel est nommé chef de cabinet
de M. Falliëres au ministère de l'inté-
rieur.
M. Decrais, directeur des affaires po-
litiques, et M. Herbette, directeur du
personnel aux aSaires étrangères, con-
servent leurs fonctions.
M. Paupelin est nommé chef du cabi-
net de M. Devés. Après être resté quel-
que temps sous-préfet à Mayenne, M.
Paupelin était devenu chef de cabinet de
M. de Mahy, ministre de l'agriculture.
L'empereur Guillaume est reparti hier
d'Ischl pour Potsdam, à trois heures de
l'après-midi. Pendant la matinée, que le
souverain allemand a passée dans ses
appartements, à l'hôtel < Impératrice-
Elisabeth il a reçu la visite de l'em-
pereur rrançois Joseph. Les deux mo-
narques se sont entretenus en toute in-
timité, pendant une heure entière.
Le mauvais temps a empêché l'empe-
reur Guillaume de sortir pour faire des
visites.
A l'heure du déjeuner, l'empereur
d'Autriche est revenu à l'hôtel pour em-
mener son hôte et ami à la villa impé-
riale, où le repas a été pris en famille.
Contrairement à ce qu'ont affirmé
certains journaux mal renseignés, le
maréchal comte de Moltke n'a pas as-
sisté à l'entrevue d'Ischl. Il est vrai que
le maréchal se trouvait à Gastein avec
l'empereur Guillaume, mais il n'est pas
parti avec son souverain, n'ayant pas
encore fini sa cure.
Le monde ofûciel russe paraît vou-
loir révoquer en doute la nouvelle si-
gnalant le prochain voyage du czar
Alexandre et notamment son entrevue
avec l'empereur d'Autriche.
Nous sommes à même d'afnrmer que
cette nouvelle n'en est pas moins
exacte.
Il se comprend, du reste, que l'entou-
rage du Czar continue, jusqu'au dernier
moment, à nier le fait, pour ne pas
ameuter sur la route du souverain russe
tous les assassins que le parti nihiliste
pourrait encore mettre en campagne.
Le même stratagème a étô employé,
lorsque, il y a un an, le Czar est allé voir
son grand-oncle, l'empereur Guillaume,
à Danzig.
n
On prévoit, dans le monde diplomati-
que, que la Porte ottomane ne tardera
pas à s'entendre avec l'Angleterre sur
la coopération turque en Egypte.
Le Sultan a déjà signé une proclama-
tion déclarant Arabi rebelle.
LE MONDE ET LA VtLLE
S. A. le grand-duc de Mecklembourg-
Schwerin et la grande-duchesse sa
femme ont quitté Paris hier, à sept
heures du matin, avec les aides de camp,
dames d'honneur et la suite, à destina-
tion de l'Angleterre.
La veille, S. M. la reine Isabelle était
allée faire ses adieux aux augustes voya-
geurs.
Le chemin que prend le grand-duc de
Mecklembourg-Schwerin, qui devait
primitivement rentrer directement dans
ses Etats, fait supposer qu'il va remplir
une mission politique à Londres.
Mme la duchesse de Fernan-Nunez,
accompagnée de ses deux fils, les mar-
quis de la Mina et de Castel-Moncayo,
vient de quitter Paris peur aller résider*
dans son château de Dave, par Nam ur.
Sa fille, la duchesse d'Albe et de
Huescar, et ses petits-enfants sont allés
rejoindre le duc à Londres.
~=
Enfin, le duc quitte pour quelques
jours seulement Paris, demain samedi,
à destination de Deauville.
Il est inexact, ainsi que l'ont annoncé
plusieurs de nos confrères, que M.Tissot
soit rentré à Londres.
En quittant Paris, l'ambassadeur de
France en Angleterre, encore souSrant,
a obtenu un congé qu'il est allé passer à
Royat.
Nous sommes heureux d'annoncer
que M. Tissot se trouve fort bien du trai-
tement et surtout du repos qu'il a trou-
vés dans cette ville d'eaux, et que l'état
de sa santé est très satisfaisant.
M. Tissot ne quittera Royat qu'à la fin
de ce mois, et, avant de rejoindre son
poste, il s'arrêtera quelques jours à Pa-
ris.
Le corps de M. le comte deBourgoing,
dont nous avons. annoncé la mort au
château de la Noë, a été ramené avant-
hier soir à Paris et déposé dans les ca-
veaux de l'église Saint-Augustin, où la
cérémonie religieuse a eu lieu hier, à
midi.
Sur les tentures de l'église, du cata-
falque et du char, Sauraient les armes
du défunt avec la devise Ma~M~M~~Me
0;M!MM.
La messe a été dite par M. l'abbé Ro-
main, et l'absoute a été donnée par Mgr
Ferrata, auditeur de la nonciature.
A l'issue du service religieux, le cor-
tége s'est dirigé au cimetière du Père-
Lachaise, où l'inhumation a eu lieu.
Le deuil était conduit par MM. Char-
les et Guillaume de Bourgoing, fils du
défunt; Tripier, son beau-frère, et ses
cousins, MM. le baron Othenin de Bour-
going, le duc de Tarente, le baron Des-
mousseaux de Givré, le marquis de
Montferrier.
Dans la nombreuse assistance qui sui-
vait le char funèbre, nous avons remar-
qué MM. le duc de Broglie, Buffet, le
comte de Montesquieu, le comte Ber-
nard d'Harcourt, de Montgascon, Cor-
nelis de Witt, le comte de Rayneval,
Germain Lefëvre-Pontalis, le vicomte de
Ponton d'Amécourt, l'abbé Maury, le
général Périgot, le baron Imbert de
Saint-Amand; MmesPérigot, Ernest Pi-
card, la comtesse Mortier, Mlle Ducrot,
MM. le baron de Morel, P.-L. Target,
Allain-Targé, Eugène Dufeuille, Jager-
schmidt.A.deZolIikofer, G. de Ville-
neuve, Tenaille-Saligny, Charles Ferry,
etc., etc.
''Les honneurs militaires étaient rendus
au défunt, qui était officier de la Légion
d'honneur, par une compagnie du dM~
régiment de ligne. e Bourgoing
Rappelons ici que M. de Bourgoing
avait épousé Mlle Tripier~ fils de M.
Félix Tripier, ancien conseiller d'Etat,
récemment décédé, et lui-même fils
du grand Tripier, bâtonnier de l'ordre
des avocats à Paris, pair de France sous
la monarchie de Juillet.
Hier a. eulieul'ouverture de l'exposi-
tion des arts décoratifs, au palais de
l'Industrie.
Le général Pittié y représentait le
président de la République. Beaucoup
de jolies femmes y représentaient fort
coquettement l'art de la toilette pari-
sienne.
Un amateur compétentjette, plus loin,
un premier coup d'œil sur cette exposi-
tion, qui fera norès bornons-nous ici
à une observation si les industries dé-
coratives, au point de vue économique
français, sont particulièrement intéres-
santes, c'est que, dans la valeur des ob-
jets, la matière première ne vient que
pour une somme innme. Tout est dans le
goût, le talent, la main-d'œuvre par
conséquent, tout est salaire.
Hier soir, à l'hôtel Continental, grand
dîner d'inspection oSert aux of&ciers
généraux, ofnciers supérieurs et simples
officiers par le général de division
Grévy.
Parmi les invités Rguraient le géné-
ral de Novyon, les colonels Deschamps,
Saget, Brugère, Kessier, Parizot, de La
Brousse, etc., etc.
Un nabab chasse l'autre.
Un des plus richissimes princes na-
babs de notre Annam va arriver ces
jours-ci à Paris, où il a fait retenir
vingt-huit grands appartements– nous
disons bien t?Mï~M
Le nabab annamite est accompagné
de soixante personnes de suite; il
amène ses cuisiniers, qui lui feront la
cuisine à la mode indienne.
Celui-ci ne voyage pas par l'intermé-
diaire de l'agence Cook.
Dans l'arrondissement de Moulins,
l'Etat a décidé trois communes à cons-
truire, dans le centre du triangle qu'elles
forment, ce qu'on appelle un groupe
scolaire. Cette construction se trouve
ainsi isolée, comme une sorte de lazaret.
Les trois communes réunies ont en-
voyé quatre élèves à ce groupe scolaire,
tous les autres enfants fréquentant les
écoles libres, la plupart tenues ;par des
congréganistes, bien que la population
vote pour les radicaux.
Aussi, en montrant cette construction,
lés paysans l'appellent-ils d'un air nar-
quois:" l'école des quatre enfants. »
On fait communément remonter à la
première moitié de ce siècle l'invention
de la science des armes et objets de
l'âge de pierre.
Or, je trouve dans un in-folio imprimé
en espagnol à Amsterdam, en 1659, à la
page 140, une gravure représentant cinq
silex taillés en forme de fer de lance et
de hache, et encadrée dans un texte ex-
plicatif.
Mon in-folio porte pour titre 2VM6MO
~as de los 7'os ~e jEscoc~ e
1'y~M~a.
Les silex ont été découverts dans le
comté d'Aberdeen, et vous jureriez que
leur gravure sort de chez Didot.
Et voilà comment tout est nouveau
sous le soleil 1
NOUVELLES A LA MAIN
Le commissaire central de Fécamp
demandait à un voleur que l'on venait
d'arrêter
Pourquoi donc volez-vous ici, ~i
Yport, et jamais à Etretat?
A Etretat? reprit le voleur. Oh il
n'y aurait pas de plaisir il n'y a pas
de gendarmes.
Un vieux céladon rencontre une an-
cienne amie qu'il n'a pas vue depuis
vingt ans. Ayant uni par la reconnaître
à grand peine
Comment ) lui dit-il, c'est toi, Jo-
sepha ?
La'vieille garde!, avec bonhomie:
Oh tu sais; maintenant, tu peux
m'appeler Joséphine.
at)MMMe
H PT~HT R~R~R~!
tL rij&Ui, î)MuMij!
Il pleut, bergère t. il a tant plu
Que Noé, le doux patriarche,
S'il vivait encore, eût voulu,
Cet été, radouber son arche 1
Le moissonneur, triste et troublé,
A vu, sous les larges ondées,
Périr son foin, couler son blé,
Dans les campagnes inondées 1
L'hôtelier des plages, les yeux
Sur le ciel d'où tombait l'averse,
Insultait ces jours pluvieux
Qui compromettent son commerce,
Et, citadin ou campagnard,
Qu'également la pluie ennuie,
Chacun maudissait saint Médard.
Sauf les marchands de parapluie 1
Or, si l'on en croit l'arrêté
Qui présentement est sous presse,
11 paraîtrait que cet été
Fut un été de sécheresse 1
C'est le Conseil municipal
Dont la haute bouifonnerie
Aurait, dans son procès-verbal,
Glissé cette fumisterie
On rationnera les eaux,
Quitte à les arrêter ensuite
On ne lave plus les ruisseaux
Et les égouts ont la pituite t
Nos édiles faisant florès
Ont, avec un art peu vulgaire,
Importé le Mançanarès
Où la Seine coulait naguère ) 1
Mais, n'est-il pas essentiel
Qu'un pareil contraste s'explique?
Toute l'eau qui tomba du ciel,
Qu'en a donc fait la République?
L'a-t-elle perdue à dessein,
A cause de son origine ? `?
Ou cache-t-elle dans son sein
Cette raison que j'imagine
Les radicaux, las de braver
Les lois d'une propreté saine,
Pour essayer de se laver
Auraient du coup vidé la Seine 1
PAUL FERMER
mESSMNS MN AMm
A L'EXPOSmOH DES ARTS OÉCORATtFS
II y aura,' pendant deux mois, grande
-joie, dans Paris, pour les collection-
neurs, les artistes, les archéologues, les
japonisants, les sectaires du bibelot, les
anolés de beaux meubles, de riches ta-
pisseries, de curiosités, de chefs-d'œu-
vre de toute taille et de toute 'fabrique,
pompeux, délicats, frustes, sculptés, co-
loriés, dorés, tissés, imprimés. C'est au
palaia~de l'Industrie qu'on vous donne
rendez-vous des aujourd'hui, pour ad-
mirer ce prodigieux amas de raretés,
cette accumulation de merveilles décora-
tives, cet immense trésor mobilier pré-
senté aux connaisseurs par la Société
des arts décoratifs. De toutes parts, il
est arrivé des richesses en profusion;
de tous les coins de la France, de tous
les coins de l'étranger. Voici, en vérité,
le musée des siècles et tout le mobilier
de l'histoire. Si vous regrettez les moeurs
des a.ncêtres, vous trouverez là quelques
traces de leurs rudes coutumes. Si vous
avez le goût des plus récentes mollesses,
vous vous régalerez de l'inûnie succes-
sion des raffinements qui, peu à peu,
ramèneront l'humanité à la barbarie.
Le Kensington-Museum, ce modèle
des musées d'art appliqué, si précieux
pour l'industrie anglaise, a été mis à
contribution. Les organisateurs de l'ex-
position, M. Antonin Proust, M. Henri
Buuilhet et leurs collaborateurs de l'U-
nion centrale, MM. le comte de Ganay,
Ephrussi, Dreyfus, Germain Bapst, toute
une légion d'érudits et de dilettante,
se sont adressés aux quatre points
de l'horizon. L'exposition comporte
trois parties, qui sont trois micro-
cosmes le bois, le tissu, le papier.
Tout le mobilier est d'un côté tout le
vêtement, tout le revêtement de l'autre;
entre les deux, tout ce qu'on peut faire
du papier, des livres, des tentures, des
peintures. Que dirais-je! On va du
moyen-âge au dix-septième siècle, du
jlix-septiëme siècle à nos jours. L'Orient
Tious ouvre ici d'éblouissantes perspec-
tives là l'Occident s'épanouit. Il y a de
quoi se ravir et de quoi perdre la tête.
En deux heures, on s'emplit les yeux
de tant d'impressions et de sensations
qu'on ne sait plus ce qu'on a vu, ni ce
qu'on désire. C'est surprenant, c'est dé-
solant. Viollet-le-Duc lui-même se serait
donné au diable en sortant de ce musée.
Je ne suis pas Viollet-le-Duc et je ne
sais trop comment vous détailler gce
mélange incomparable d'objets triés sur
le volet. La plus simple, c'est que je
m'en tienne à l'aperçu le plus court.
Imaginez que nous sommes allés, vous
et moi, passer un moment au palais des
Champs-Elysées. Nous avons parcouru
toutes les salles, sans nous presser, sans
nous attarder. Quel souvenirs gardons-
nous de cette visite? Voilà ce qu'il faut
dire.
En entrant, c'est l'art chinois qu'on
rencontre. Ce ne sont qu'étoffes d'ècar-
late encadrant les merveilles japonaises
prêtéesparM. Philippe Burty et d'autres
collectionneurs. Puis, voici le moyen
âge. Peu de documents antérieurs au
quatorzième siècle quelques délicieux
fragments du quinzième. C'est le beau
temps des riches crédences, des chayè-
res amenuisées, des rétables fouillés et
refouillés. Arrêtez-vous devant la vitrine
de la collection de M. Georges Bal, vous
y verrez en quantité de pièces sculp-
tées de premier ordre, notamment deux
petits panneaux des plus parfaits qu'on~
puisse voir.
Mais voilà la Renaissance. En quel-
ques années, on fait tant de progrès
qu'on entre en pleine décadence. On
produit des meubles superbes, mais la
surcharge y apparaît parfois et aussi
l'inûuence de l'antique. Les côtés pom-
peux de cet art italianisé s'accentueront
sous Louis XIV et, sous les successeurs
du Roi-Soleil, ce seront les côtés galants
qui se dégageront. L'Empire inventera
l'horrible style néo-grec à panache. On
ne fera plus, en somme, qu'osciller entre
tous les genres connus et convenus.
Les deux lignes de points que vous
voyez ci-dessus représentent l'étonnante
quantité d'objets curieux, miraculeuxjou
seulement intéressants, dont ;il m'est ra-
dicalement impossible même de faire
mention. Bahuts de Boulle, commodes
de Riesner, bronzes de Gouthières, ta-
pisseries de Tournay, de Bruges ou
d'Arras, meubles historisques, estam-
pes uniques. On voit là jusqu'à une col-
lection de bonnets de femmes, char-
mants à regarder, prêtés par M. Ger-
main Bapst. Mais, encore une fois, la
place fait défaut pour en parler.
Si vous voulez savoir, cependant, de
quel côté ira le goût public, dans cette
exposition exceptionnelle, sachez qu'il
ira, comme par le passé, vers les élé-
gances amollies du dernier siècle, mais
attendez-vous à un retour marqué vers
la finesse gothique. Nous verrons bien-
tôt des crédences dans le goût du
Louis XII chez tous les marchands. Cela
est dans l'air.
UN AMATEUR
L'ORGIE DES TUILERIES
Nous avons déjà parlé de l'étrange
foire qui déploie, en ce moment, son dé-
sordre et ses malpropretés dans le jar-
din des Tuileries, jusqu'à présent ré-
servé à d'autres destinations.
Il est inconcevable vraiment que, dans
un but assez vague, les Tuileries soient
indéfiniment livrées à la cohue d'une
fête foraine qui détruit, saccage, dé-
fonce, sacrifie le sol et les arbres à qui
et à quoi ?
Ce qu'il y a de plus clair, c'est qu'il y
aura une forte carte de dégâts à payer.
Ce n'est pas tout
Avant-hier, à six heures du soir, un
jeune attaché à l'ambassade ottomane à
Paris, M. Rechad-Bey, petit-fils de
l'illustre Fuad-Pacha, se promenait tran-
quillement dans les Tuileries, à pro-
ximité de l'emplacement réservé à
la fête républicaine, lorsqu'il sentit tout
à coup un faible choc sur l'épaule gau-
che, bientôt suivi d'une douleur assez
vive.
M. Rechad-Bey porta la main à l'en-
droit susindiqué, et s'aperçut que sa
redingote était trouée. La douleur s'ag-
gravant, le'jeune attaché rentra immé-
diatement à l'Ambassade, où sont ses ap-
partements.
Il se déshabilla et ne fat pas peu étonné
de voir que son gilet était également
percé, et que sa chemise était tachée
d'une assez large plaque de sang. Une
blessure, peu profonde il est vrai, mais
fort douloureuse, avait été produite par
une balle perdue, venant de l'un des
tirs aux pigeons organisés dans l'en-
ceinte de la fête.
M. Rechad-Bey ne voulut tenter au-
cune démarche pour s'épargner les en-
nuis d'une enquête, et c'est l'effet d'un
pur hasard si nous avons appris ce fâ-
cheux accident.
S'il n'y a pas plus de sécurité pour les
promeneurs des Tuileries depuis que
cette fête existe, il est bon de le porter &
la connaissance des nombrenses famil-
les qui vont passer quelques heures
dans ce jardin peu enchanté.
Qu'en pense M. le préfet de police?
L. BESMOUUNS
BOmSEDEMNDRES, 10AOM
Derniers cours Consolidés,99 9~' Egyp-
tienne, 53 92; parité, 272; Italien, 8675;
parité, 8740 Turc, 10 96 parité, 11 05;
Banque ottomane, 18 40 parité, 713 15.
PETiTE PME D'HISTOIRE
Ht. tMS BOtJS&OMC
J'ai été très proche témoin de l'acte le
plus bruyant de la carrière diploma-
tique de M. de Bourgoing, j'entends
celui qui a fait le plus de bruit. C'est une
petite page d'histoire, 3'en conviens,
mais qui est marquée du cachet de l'hon-
neur, du désintéressement, choses que
j'ai encore la faiblesse d'admirer. Je parle
de ce qu'on appelle l'incident de l'O~-
MO~Mg.
C'est à la un du mois de décembre
~872, à Rome, où M. de Bourgoing était
ambassadeur de France au Vatican, et
où je passais l'hiver.
La irégate française l'O~o~ mouil-
lait dans les eaux de @ivita-Vecchia.
M. d'Harcourt l'avait mise, au nom de
M. Thiers, à la disposition du Saint-
Siège, pour le cas où Pie IX jugerait
convenable de s'éloigner de l'Italie.
Cette attention de 'M. Thiers était très
honorable. Malheureusement, le gouver-
nement français n'avait pas réiléchi que
Civita-Vecchia n'est pas à cent kilomè-
tres de Rom~; que le port où l'On~o~Mc
avait jeté l'ancre, était relié par un che-
min de fer a. la capitale, où résidaient
Pie IX et Victor-Emmanuel que cette
faible distance mettait l'équipage de la
frégate dans l'obligation d'aher au Va-
tican, aux occasions solennelles, saluer
le Ponttfe, au service duquel il se trou-
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