Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-08-09
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 août 1882 09 août 1882
Description : 1882/08/09 (Numéro 23). 1882/08/09 (Numéro 23).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5243253
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/02/2008
.Paris s ILS* centimes.: Départements et Gares '"s .££0 CENiiMÊi
Mercredi 9 Août 1882
Seizième Ànaéa Troisième Série ««* Jsfuméi'o 23
AmT~tym mm~'Em.
̃' 1 j ̃ • ̃ • Direettur, • ̃
ABONNEMENTS ̃
"Paris Départexaisat» /^vW'ï!"
0n mois 5 fv. Un mois f>È\
Trois mois 13 50 Trois mois }6ïr-
Six mois 27 fr. Six mois 82*. J i
Unan 54 fr. Un an JMP'fir. j i
Etranger ̃ V ̃
Trois mois (Union postale) IB^t/
RÉDACTION
9, boulevard- des Italiens, 9
DE CBOX HKDKB8 A MIHDIT
• ©
P~Rd~d~IIRNAL
"SET. DE *E3*K~TWSM
JSX? JLJJELt Jr*J&««iM JEU
l~ldaetcur ~p Clrej!
ANNONCES '̃
MM. CH, LAGHAN&E, CEHF O
6, PLACS DE LA BOURSE, 6 ̃
Et à l Administration du Journal
ft
ADMINISTRATION
DE DIX HEURES A CINQ HEUEK»
•i boulevard de* Italiens, 9
ABONNEMENTS, PETITES ANNONCES
RENSEIGNEMENTS
f, boulevard des Italiens, â
̃: ̃̃ SOMMAIRE
La première Journée DU NOUVEAU Ministre.
Albert Delpit.
Av Président DU conseil. Arthur Meyer.
Nos Echos. Un Domino.
La. dernière Carte rosé. Valentin.
Le» Vacances DE LA Chambre. Paul Ferrier
LA Déclaration ministérielle. Louis Teste.
Petits Mystères DE LA rue Saint-Didier.
Cognoseo.
Affaires d'Egypte.– Adrian.
Le Camp DE Chalons. Metnor.
-Sénat. H. Gros.
LA Chambre des Députés. Georges Loueet.
Le GAULOIS partout.
A TRAVERS LA Presse. Ch. Demailly.
CftRONiftUE des Tribunaux. Maître X..
La Bourse. Fdenri Prioat.
Conseil municipal. Pierre Dumas.
NOUVELLES diverses. André Sourdes.
Télégrammes ET Correspondances. Gf. Lins.
Lus ARTISTES EN voyage. L. Le Bourg.
Echos DES Théâtres. Maurice Ordonneau.
JEUX d'esprit. Edouard Fy.
Feuilleton Les Représailles de LA vie.
Albert Delpit.
LA PREMIÈRE JOURNÉE
DU U
NOUVEAU ISf ~E
Je suis ministre. C'est convenu
d'hier avec mon groupe. Je suis minis-
tre C'est curieux: je croyais que ça me
ferait plus de plaisir. L'Officiel n'est
pas encore arrivé? Hum t hum 1 il me
semble que j'ai meilleure mine, ce ma-
tin. L'ivresse du pouvoir Mes électeurs
seront contents. Ils me reprochent tou-
jours de ne jamais parler. Est-ce que
c'est nécessaire de parler ? Au contraire,
c'est nuisible. Gambetta, qui parle tou-
jours, n'est plus ministre. Et je le suis,
moi qui ne. parle jamais. Huit heures l
UOfflciel doit être arrivé. (Il sonne; la
femme de chambre entre.)
LE NOUVEAU MINISTRE
Donnez-moi le Journal officiel.
LA FEMME DE CHAMBRE
Je l'apportais à monsieur, avec le li-
v^re de la semaine.
LE NOUVEAU MINISTRE
Pourquoi le livre de la semaine ?
LA FEMME DE CHAMBRE
Parce qu'il m'est impossible de rester
au service de monsieur. Après ce que
monsieur vient de faire, je ne trouve-
rais plus de place nulle part si je restais
au service de monsieur.
1 LE NOUVEAU MINISTRE
Insolente I Je vous chasse. Allez-vous-
en, tout de suite I
LA FEMME DE CHAMBRE
Je ferai mes huit jours (Aigre) Mon-
sieur n'est pas sûr d'en faire autant.
(Mlle sort.)
LE NOUVEAU MINISTRE
Les basses classes deviennent d'une
impertinence! Le flot delà démagogie.
heureusement, je suis là. (Il ouvre l'Qî-
fl'ciel.) « M. Nicodème Durand, député
des Trois-Sèvres, est nommé ministre
de. ♦ C'est ma femme qui va être con-
tente 1
madame, entrant.
Ah çà, mon cher, cruelle plaisanterie
m'a donc racontée la femme de cham-
bre?
LH NOUVEAU MINISTRE
Une plaisanterie ? Je ne comprends pas
ma bonn» amie.
MADAME
Est-il vrai que vous soyez ministre?
LE NOUVEAU MINISTRE, d'un air fat.
Tu n'as pas voulu le croire. C'est
parfaitement vrai, ma bonne amie.
ïiens, lis l'Officiel.
madame, après avoir lu ^'Officiel
Ecoutez, Nicodème, je ne veux pas
que vous soyez ridicule. Vous allez en-
voyer votre démission. La vie ne sera
plus tenable. Tous nos amis vont se
moqaer de nous. Vous acceptez d'être
ministre à l'élimination Bien sûr on a
dû les tirer au sort pour que vous soyez
nommé
Savez-vous ce que m'a dit la femme
dé chambre tout à l'heure? « Qu'est-ce
que monsieur a bien pu faire pour en
arriver là !» Et moi qui porte votre nom,
je consentirais à. Si vous n'envoyez
pas votre démission, je me retire dans
,ma famille.
Avant que le nouveau ministre ait pu répon-
dre, on sonne à la porte de l'appartement. C'est
un garde de Paris qui apporte un pli officiel on
l'introduit.
LE GARDE DE PARIS
Une convocation pour. (Il sourit.)
pour monsieur le. (Il sourit un peu
plus.) monsieur. le nouveau ministre.
(Il éclate de rire.)
lis NOUVEAU ministre, lesourcil froneé.
Pourquoi riez-vous?
LE SARDE DE PARIS
Je demande pardon à monsieur le
nouveau ministre. C'est le lieutenant
qui m'a dit tout à l'heure « Portez
ce pli à monsieur le nouveau ministre.
Pauvre homme il doit être bien en-
nuyé! »
LE NOUVEAU MINISTRE, agacé.
C'est bien. Allez. (Le garde sort.)
MADAME, triomphante.
Qu'est-ce que je vous disais, Nico-
dème ? La femme de chambre, c'était la
voix du peuple. A présent, c'est la voix
de l'armée (Elle se jette à ses genoucs.)
Je t'en supplie, donne ta démission.
t..(0uwant une porte de côté.) Venez,
mes enfants, venez, créatures innocen-
tes, et demandez à votre père de ae pas
veus eomvrir de ridicui» f
Madame éclate en sanglots. Les enfants se
mettent à crier. Monsieur le nouveau ministre
ne sait plus à quel saint se vouer. En désespoir
de cause, il saisit son chapeau et se précipite au
dehors.
-Ils me rendraient fou. Masparole je
n'y comprends rien. Est-ce ma faute, à
moi, si les hommes célèbres n'ont pas
voulu être ministres ? Cette bonne Adèle
ne se rend pas compte de la situation.
Etre au pouvoir, c'est beau. Evidem-
ment j'aux'ais mieux aimé être nommé
au choix. et non à l'ancienneté. Mais
je veux laisser la trace de mon passage
aux affaires. Ah 1 me voici arrivé. Une
belle maison, ce Ministère Je serai
bien là-dedans. gs
II entre. Un huissier l'arrête.
L'HUISSIER
Qui demandez-vous, monsieur?
Chuchotements. Les huissers sourient. Les
employés qui passent s'arrêtent pour regarder
monsieur le nouveau ministre. Ceux qui sont
trop loin montent sur des chaises. Le premier
huissier s'avance et, avec nne pitié protectrice
Je vais conduire monsieur le nou-
veau ministre à son cabinet.
LE PREMIER HUISSIER
Monsieur le nouveau ministre n'a pas
d'ordres à me donner?
LE NOUVEAU MINISTRE
Si fait. Mettez cette table au milieu de
la. pièce elle est trop dans la lumière.
J'ai la vue faible.
(Le premier huissier obéit et sort. Le nouveau
ministre reste seul.)
Avant de recevoir mes chefs de
service, installons-nous. Ce fauteuil est
moelleux. Je dormirais bien une demi-
heure. (Il s'assoupit. La pendule sonne
avec éclat. Le nouveau ministre sur-
saute.) Qu'est-ce qui vient encore de
rire ? Ah c'est la pendule. Je me suis
trompé. (Il se rendort.)
LA PENDULE
Tic. tac. monsieur le nouveau
ministre, tu ne t'es pas trompé. C'est
bien moi qui me moquais de toi. Ah! l
que j'en ai vu passer, de ministres Ils
se détraquent toujours. Et,moi, je ne me
détraque jamais. Quand nommera-t-on
des ministres garantis comme les pen-
dules ?.
(La pendule se tait. Un merle vient se poser
sur lo rebord de la croisée, un beau merle noir
comme une chevelure de brune.)
LE MERLE, Sifflant
Psss! Tiens! ce n'est pas le même
qu'hier! Psssl 1
LE NOUVEAU MINISTRE, ouvrant l'œil.
On me siffle déjà C'est un merle.
Je me croyais à la Chambre. (IL se ren-
dort à nouveau.)
LE NOUVEAU MINISTRE, sautant sur son
fauteuil.
Eh mon Dieu, qu'est-ce qu'il y a ? 2
LE premier huissier, précédant un per-
sonnage chauve.
Je demande pardon à monsieur le nou-
veau ministre; mais voici M. Honoré
Durand, député du Rhône-Adour, qui
dit qu'il est le nouveau-nouveau mi-
nistre.
LE NOUVEAU MINISTRE
Mais. vous faites erreur, mon cher
collègue. Le nouveau ministre, c'est
moi. moi Nicodème Durand. Je suis
à l'Officiel de ce matin.
HONORÉ DURAND
Mille pardons. mon cher collègue.
Mais l'Officiel vient de reparaître avec
une nouvelle édition. Vous êtes le nou-
veau ministre de huit heures trente. Moi,
je suis le nouveau ministre de dix heures
trois quarts. Du reste, si vous voulez
voir.
Nicodème Durand prend lo journal et lit. Sa
démission est acceptée. Et il ne l'a pas en-
voyée Mais voilà: il était, lui, Nicodème, du
cabinet Gérôme (du Gard); et maintenant c'est
le cabinet Jérôme (du Nord) qui tient là corde.
Le nouveau ministre n'est pins ministre. Cons-
ternation Enfin il offre au nouveau-nouveau
ministre de le mettre au courant.
LE nouteau-nouveau ministre, gra-
vement
Aviez-vous donc commencé un tra-
vail ?
NICODÈME DURAND
Non. non. je ne crois pas.
LE PREMIER HUISSIER
Monsieur le député se trompe. Quand
monsieur le député était nouveau mi-
nistre, il a fait changer la table déplace.
LE NOUVEAU-NOUVEAU MINISTRE, SOUp-
çonneux
Remettez-la près de la fenêtre 1
LE PREMIER HUISSIER, à part
Encore un qui va bouleverser tout ce
qu'on avait fait avant lui I
Et, tout dolent, Nieodème Durand s'en retourne
au logis. Comme il traverse la cour d'honneur, il
aperçoit son collègue Stanislas Durand (ds
l'Aube-et-Loire), qui vient à lui tout joyeux.
STANISLAS DURAND
Félicitez-moi, mon cher collègue.
NICODÈME DURAND
Pourquoi donc ? e
STANISLAS DURAND
Je suis le nouveau ministre.
NICODÈME DURAND
Vous aussi 1 Mais alors, Honoré Du-
rand ?
STANISLAS DURAND
Vous faisiez partie, vous,du cabinet Gé-
rôme avec un G. Il a duré deux heures
un quart. Le cabinet Jérômeavec un/n'a
duré que trente-cinq minutes. y Officiel
vient de paraître avec une troisième édi-
tion. Vous ne m'en voulez pas ? 2
NICODÈME DURAND
On n'en veut jamais à celui qui suc-
cède à son successeur.
STANISLAS DURAND
Tant mieux Alors montez avec moi.
NICODÈME DURAND
Pourquoi?
STANISLAS DURAND
Nous sommes trois. Nous ferons un
mort
Mais Nicodème Durand a une course à faire.
11 s'éloigna avec un certain orgueil. Il a été au
pouvoir plus longtemps qu'Honoré Durand. Au
moins, il a eu le temps de dormir sur son porte-
feuille.
Avant de rentrer chez lui, il se rend chez un
graveur et commande mille cartes de Tisito
pour
M. HONORÉ DURAND
Ancien piinistre
ALBERT DELPIT
A riions leur le ministre des affaires étran-
gères, président du conseil.
Monsieur le président du conseil,
J'ai l'honneur de vous prier de m'ac-
corder une audience. Je désire entrete-
nir Votre Excellence le plus prompte-
ment possible d'un projet de loterie in-
ternationale dont j'avais soumis l'idée à
votre prédécesseur, qui avait paru favo-
blement l'accueillir.
Il s'agit de venir en aida aux nom-
breuses misères qui sontla conséquence
des récentes catastrophes égyptiennes.
Il m'a paru qu'une loterie dont l'auto-
risation serait accordée à la collectivité
des journaux parisiens, sans acception
de nuances, représentée par le syndi-
cat, était le seul moyen assez sûr, assez
rapide, assez large pour soulager les
victimes de catastrophes dont la gravité
s'est terriblement accrue depuis le jour
où j'ai émis le projet auquel s'est ralliée
la presque unanimité de la presse pari-
sienne.
Le précédent cabinet est tombé sans
avoir tranché cette question de bienfai-
sance.
Je désire donc être admis à vous la
soumettre sans retard,, monsieur le pré-
sident. Les malheureux dont je voudrais
plaider la cause devant vous n'ont déjà
que trop attendu dans les angoisses et
les privations de la ruine imméritée.
Veuillez agréer, monsieur le président
du conseil, l'assurance de ma plus pro-
fonde considération.
Arthur Meyer.~
Nos Echos
AUJOURD'HUB
A 6 heures et demie, dinar au Grand-H'ôHel
admission jusqu'à 7 heures.
Pendant la durée du dîner, l'orchestre de
M. Desgrangee jouera dans la nouvelle salle da
musique.
MENU
Potage florentine ••
Hors-d'œuvra
Saumon sauce ravigote
Pommes de terre à l'anglais»
Côte de bœuf à la Chateaubriand
Petits pieds Cendrillon aux petits pois
Chapons du Mans au cresson
Salade
Choux-fleurs gratinés au parmesan
Gâteau galicien
Glace
Dame blanche
Desserts
Fromages, fruits et petits-fours
Le salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, orgues, tables de jeux.– Dînera la carte
au restaurant. Billards au Café Divan.
Le programme du dtner-concert. (Voir à la
4* page.)
4. Paga.? #'1~3E:
A trois heures. 95* séance publique de la
session de la Chambre des députés.
A trois heures, séance publique au Sénat.
Musée Grévin, 10, boulevard Montmartre.
De onze heures du matin à onze heures du soir.
#*#
Opéra, 8 h. Faust. ̃̃>"•:̃' ̃
Français, 8 h. Les Rantsau..
Château-d'Eau, 8 h. »/»• Masaniello.
LA POLITIQUE
Le prince de Bismarck est repris par
ses douleurs rhumatismales en consé-
quence, il est probable qu'il passera tout
l'été à Varzin.
Les sceptiques.qûi connaissent les pro-
cédés du chancelier, prétendent que M.
de Bismarck, ayant dès à présent réglé
à son gré les affaires européennes
ayant mis aux prises toutes les puissan-
ces, et se considérant comme mathéma-
tiquement sûr du résultat de ses combi-
naisons, se réfugie dans la retraite sous
prétexte de maladie, afin de n'être plus
ni dérangé ni interrogé.
Le ministre de l'intérieur se propose,
croyons-nous, de rappeler M. Cazelles et
de lui confier la direction du personnel
du ministère.
Il est probable, en outre, que M.
Schnerb quittera la direction de la sû-
reté générale et ira remplacer M. Ca-
zelles à la préfesture de Meurthe-et-Mo-
selle, à Nancy.
M. Gambetta affecte de répudier le
cadeau que M. Grévy a fait â ses amis
des plus importants portefeuilles.
Aujourd'hui, dans les couloirs, il par-
lait dédaigneusement de M. Duclerc et
de ses collègues, et il définissait le ca-
binet d'un mot
C'est la dernière des plaies d'E-
gypte s
**#
Un député de la Gauche radicale qua-
lifiait encore plus énergiquement la
dernière conception politique de M.
(Jrévy t
«~ En octobre dernier, s'écria-t-îl, on
nous avait montré le visage de M. Gam-
betta; aujourd'hui, on nous découvre
son. autre face.
M. Herbette reste directeur du per-
sonnel.
Au quai d'Orsay, on s'applaudit de
cette détermination, car plus que jamais
on y a besoin d'un homme de la carrière
à qui les traditions sont familières et
qui rendra journellement de grands
services au nouveau ministre des affai-
res étrangères.
M. Paillard-Ducléré, conseiller d'am-
bassade, va, dit-on, remplacer M. Dela-
roche Vernet comme chef du cabinet de
M. Duclerc.
M. Rabel reste momentanément à la
tête du cabinet du président du conseil.
M. de Freycinet a passé tout son
après-midi avec son successeur.
Tous les directeurs du ministère con-
servent leur situation.
D'après un journal gambettiste du
soir, M. l( loquet est sur le point de don-
ner sa démission de préfet de la Seine.
Les uns attribuent cette démission
que M. Floquet a donnée -ou plutôt est
sur le point de donner à la présence de
M. Fallières dans le cabinet d'autres à
celle ûe M. Devès, ennemi déclaré de
la mairie centrale de Paris.
Que ce soit à cause de M. Devès ou à
cause de M. Fallières, toujours est-il que
M. Charles Floquet a donné. non pas
est sur le point de donner sa démis-
sion.
LE MONDE ET LA VILLE
S. A. R. Mgr le duc d'Aumale et le
général marquis de Galliffet sont rentrés
hier soir à Paris par le train de sept
heures, venant du camp de Châlons.
Infatigable, le général 1 Au débotté, il
dînait tranquillement au café Anglais,
allait fumer un cigare à la kermesse des
Tuileries, et entrait enfin prendre un
repos bi en mérité, après une centaine
d'heures de cheval.
S. M. le roi d'Italie vient de nommer
le général Turr, ancien aide de camp de
Victor-Emmanuel, grand-officier de l'or-
dre de Saints-Maurice-et-Lazare.
Nous sommes heureux d'annSncer que
M. le marquis de Reverseaux, en plein
état de convalescence, quitte Rome au-
jourd'hui pour venir en France.
Les bruits contradictoires qui ont couru
ces jours-ci, dans la presse, au sujet du
maréchal Canrobert -et de sa présence
au sein du comité supérieur de la guerre,
nous paraissent rendre quelques expli-
cations nécessaires.
C'est sur lés sollicitations pressantes
du générai Campenon, ministre de la
guerre d'alors, et de M. Gambetta, prési-
dent du conseil, que le maréchal est en-
tré dans le comité. Lorsque le général
Campenon perdit son portefeuille, le
maréchal crut, comme nous l'avons rap-
pelé, devoir donner sa démission. Il
fa retira sur l'appel fait à son patriotisme
par le nouveau ministre de la guerre et
par le président de la République.
M. le maréchal Canrobert, qu'aucune
puissance humaine ne saurait empêcher
d'être le maréchal Canrobert, a, en cette
circonstance, comme toujours, obéi aux
prescriptions supérieures de sa con-
science et de son dévouement à la France
et à l'armée. Son caractère n'eit pas de
ceux qui plieront1 jamais devant une
menace ou une insinuation.
Ce matin à onze heures, à Saint-Au-
gustin, mariage deM. Ternaux Compans
et de Mlle Trubert.
Les obsèques de Mme de Rémusat ont
eu lieu hier, à midi, à l'église Saint-
Philippe-du-Roule.
Le deuil était conduit par 'son fils, M.
Paul de Rémusat, sénateur; MM. Pierre
de Rémusat, son petit-fils, et de Corcelle,
son neveu.
Dans la nombreuse assistance qui sui-
vait le cortège, nous avons remarqué
MM. Waddington. Lecomte, Sérurier,
Albert Gigot, Wallon, le comte de Pun-
técoulant, Buffet, le duc de Broglie, Ri-
bot, le baron Gustave de Rothschild,
Léon Say, Antonin Proust, Hébrard,
Gavini, Bartholdi, Bocher, E. de Parieu,
Wilson, marquis de Coucy, le comte
Arnaud de Gramont, Barbet de Jouy,
Latour Saint-Ybar, Hervé, Granger de
la Marinière, Allou, le général Grévy,
général Appert, la marquise de Bonne-
val, Alfred Darcel, etc., etc.
Après la cérémonie religieuse le
corps de la défunte a été déposé dans les
caveaux de l'église, où il restera quel-
ques jours1; puis il sera transporté au ci-
metière de Picpus, où l'inhumation se
fera dans le caveau de la famille.
La baronne Lejeune, dont nous avons
annoncé l'état alarmant, s'est éteinte
avant-hier, à Pau, à l'âge de cent deux
ans, entourée des siens, profondément
affligés d'un dénouement que le grand
âge de la malade ne faisait que trop
pressentir.' °
Le mari de la défunte, le général Le-
jeune, aide de camp du maréchal Ber-
thier, procura, au péril de sa vie, après
la bataille d'Essling, une barque à Napo-
léon, qui se trouvait dans l'île de Lobau,
et sur laquelle il traversa le Danube.
Le général Lejeune mourut le 27 fé-
vrier 1848 à Toulouse, directeur de
l'Ecole des beaux-arts et de l'Ecole in-
dustrielle de cette ville.
C'est un neveu delà baronne Lejeune,
le colonel Lejeune, qui, à la tête d'un ré-
giment d'artillerie en garnison à Avi-
gnon, en 4848, annonça en ces termes à
sa cavalerie l'avènement du gouverne-
ment qui nous divise le plus.
Le colonel assista en personne à l'ap-
pel du matin, fit former le cercle et s'ex-
prima ainsi
« Officiers, sous-officiers et soldats,
» le gouvernement provisoire vient de
» proclamer la. République; nous som-
» mes dans la. mélasse que chacun en
s prenne selon son grade. »
NOUVELLES A LA MAIN
A la fin de l'année scolaire, il est
d'usage, dans certains pensionnats, de
faire subir aux élèves un rapide exa-
men.
Une fillette de douze ans est interro-
gée sur l'Ecriture sainte.
Mademoiselle, lui demande l'ins-
pecteur, précisez-moi le genre de fin de
Jézabel.
Monsieur, ce fut véritablement une
fin canine.
Vous apprenez qu'un bohème qui
vous doit de l'argent et qui s'est fait
une douce habitude de ne jamais payer
ses dettes, vient de faire un hé-
ritage.
Réclamez-lui votre créance. Alors,
vous peurrez, à coup sûr, retourner le
vieux proverbe de la façon suivante
« Les bons comptes font les bons en-
nemis\ » »
Dernièrement, dans un cercle, un
vieux monsieur s'étant montré très im-
pertinent envers un jeune homme, un
des amis de celui-ci lui dit
Tu devrais un peu lui apprendre à
vivre.
Pauvre vieux! répondit le jeune
homme en souriant à son âge, tout ce
qu'on pourrait faire, ce serait de lui ap-
prendre à mourir 1
aie DOMiNs
4
BOURSE DE LONDRES, 8 AOUT
Derniers cours Consolidés, 99 75; Egyp-
tienne, 52 32; parité, 264; Turc, 10 78; pa-
rité, 10 85; Banque ottomane, 18 12 parité,
706. Légère variation sur les plus hauts
cours.
LA DERNIÈRE CARTE ROSE
A madame la comtesse de la Rocjie-Vouvrajf
en sa villa à Dieppe*
Je suis désolée, ma mignonne. Et comme
je regrette aujourd'hui de vous avoir quittée
si vite Mais, je vous l'avais dit en accep-^
tant votre invitation << II faut que je ;sois
a Paris pour l'affaire Fenayrou. » Aussi,
avant-hier, apprenant que la première au-
dience était pour mercredi, j'avais sauté en
chemin de fer. Eh bien figurez-vous qu'il
s'est produit un fait inouï, soudain, révol-
tant. On a supprimé les cartes roses.
Oui, ma chérie, supprimées, ces mignon-
nes cartes rosés avec lesquelles on passait
si fièrement devant l'huissier de service, et
on s'asseyait triomphalement sur l'estrade,
derrière la cour, regardant avec dédain les
amies qui n'avaient pu se procurer ce car-
ton magique. Supprimées par Ordre supé-
rieur, et non pas seulement pour cette
affaire, mais pour toujours 1 C'était bien la
peine d'entourer de soins et de prévenances
ce vieux et assommant conseiller des Ave-
lines, que je mijotais depuis la découverte
du cadavre, l'invitant à dîner deux fois par
semaine, lui faisant faire les petits plats
qu'il aimait, le comblant de coussins bro-
dés de mes mains, l'accablant de paniers
de vins fins, le bombardant de mes coupons
d'Opéra t
Ce qui me navre, c'est que j'avais eu
pour mes toilettes une idée lumineuse. Et
d'un inédit Jugez-en.
J'avais imaginé de-varier les nuances de
mes toilettes selon les impressions quoti-
diennes de l'audience. Commençant par
une note moyenne j'en aurais accentué la
gamme dans le foncé ou dans le clair, sui-
vant que l'opinion publique se serait des-
sinée pour ou contre les accusés. Si j'avais
pressenti la condamnation, du ble*-marine
ma robe eût passé au noir le plus rigou-
reux. S'il m'avait semblé que le public et
le jury se laissaient séduire par les argu-
ments de la défense, je me serais aventurée
jusqu'au gris-fer. Mais il n'y faut plus son-
ger on a supprimé les cartes rosés
C'était pourtant bien amusant, la cour
d'assises. On arrivait de bonne heure, et il
fallait être exacte, sous peine de ne plus
pouvoir entrer du tout. Un petit salut dis-
cret au président, si on le connaissait, ou
à des Avelines, s'il siégeait. Un bonjour à
Dumas, à Sardou et à Belot, des fidèles,
eux aussi. Et on s'installait, avec un roman
à portéé de la main, pour les longueurs
une lorgnette, toute petite, facile à dissi-
muler, pour les pièces à convictions, et un
flacon de sels pour les moments trop diffici-
les. Avant tout, on interrogeait ses voisins
du coin de l'œil, pour voir celui avec lequel
il convenait le plus de lier connaissance.
Dame! c'était souvent quatre, cinq, six
jours, parfois même une semaine à vivre
côte à côte. Et il fallait bien prendre ses
précautions t
Et les suspensions d'audience, où on
ouvrait vite, vite le petit panier à provi-
sions de chez Leuchars, avec ses petites
assiettes en vermeil, la petite bouteille de
cristal pleine de château-laffitte et le per-
dreau froid qu'on mangeait tout entier avec
délices. Rien ne creuse comme les émo-
tions.
Etl'accusé entreles gendarmes Et les ju-
ges en robes rouges 1 Et les journalistes en-
tassés dans leur petite boîte Et les jurés
qui prenaient des notes i Et maître Lachaud
qui interrogeait les témoins et qui finissait
par leur faire peur Et les derniers jours,
où l'anxiété devenait de l'angoisse, où la
gorge était serrée, la poitrine oppressée
pendant la délibération suprême Et les
paris de la dernière heure Deux contre
un pour la condamnation dix contre un
pour l'acquittement. Au procès Lebiez, j'ai
gagné cinquante !iouis à Mme de Plangy en
pariant qtfil serait condamné J'ai du reste
fait dire des messes pour ce malheureux
avec la moitié de cet argent-là.
Tout cela est fini, et ne reviendra plus,
hélas 11 y aurait bien eu un moyen d'en-
trer que m'avait proposé mon cousin Jac-
ques, c'était de me mettre une robe sur le
dos, une toque sur la tête, une serviette
sous le bras, et de passer avec les avocats.
Le fait est qu'il y a des stagiaires qui n'ont
pas plus de barbe que moi. J'ai hésité
longtemps, maison m'aprévenue que l'huis-
sier du barreau, qui les connaît tous, serait
à la porte, pour empêcher la fraude. Ma
foi, j'ai reculé.
Mon mari est ravi de ma mésaventure.
Il dit que la cour d'assises n'est pas la
place d'une femme, que ce sont des spec.
tacles indignes d'elle, et que la magistrature
a bien fait d'en interdire l'accès. Naturel-
lement cela ne l'amuse pas, lui 1
Je prends le parti d'aller à Deauville
pour les courses, puisque tout le monde
y va. C'est triste, mais il faut bien se ra-
battre sur ce qui nous reste. Sans comp*
ter que les courses vont encore raviver
mes regrets» Je penserai à Fenayrou qui les
aimait tant! T .̃̃
̃'̃̃̃̃: '̃ DENISE-
Pour cepi» conforme ;i
VALENTIN
» !c .vr
LES VACANCES DE LA CHAMBRE
Voilà les vacances
Denique tandem
Enfin nos séances .<
Habebunt finem
Et sur la grand route i < ̃ "•̃
Nous pourrons, amis, •̃ :̃•
Faire, à rien ne coûte,
Viser nos permis!
Donc, roulons nos malles,
Selon nos penchants,
Vers les eaux thermales 'j.
Ou la paix des champs, »
La session closejf -4 j ï
Il est, en effet, ,i,\
Bon qu'on se repose
De n'avoir rien, fait J
Eh que nous importé «
Des choses du jour?
Qu'Arabi l'emporte,
Ou milord Seymour ?> «
Que la France pleufe
Son antique orgueil
Tant pis 1 Voici l'heure r ̃̃-̃*••'
Voyageons. à l'œil! 1
Aujourd'hui tout cesse ̃
Par enchantement f
Neuf jours de grossesse,
Puis ledénoûment
Et,-fût-il difforme
L'enfant de son choix,
Qu'en paix Grévy dorme,
II vivra. deux mois 1
Que Duclerc s'agite 1
Quand nous reviendrons,
Comme un lièvre au gîte,
Nous le happerons 1 °
Car, jaloux de nuire,
Nous pratiquons bien h
L'art de tout détruire.
Sans construire rien 1
i
Mais d'un pas alerte
Courons à nos trains 1
La cage est ouverte,
Adieu. les serins! 1
Enfin nos séances
Habebunt finem l
Voilà les vacances
Denique tandem 1 q
PAUL FERRIE^
1 ii-i_
LA DECLARATION MINISTERIELLE
Le ministère Duclerc s'est présenté
hier devant les Chambres, et leur a
donné communication de la déclara-
tion qu'on lira tout à l'heure. L'ac-
cueil a été plus que froid. On y a
même répondu par une déclaration
de guerre en forme, sous prétexte
que le ministère n'était pas parlemen-
taire, tous les députés qui en font partie, à
l'exception d'un seul, ayant été pris dans
la minorité du 29 juillet. Ils ne sont pas
indulgents, eux autres; nous le som-
mes, nous, bien davantage. Car, si l'ob-
jection est juste en théorie, en fait elle
n'est pas recevable, ceux que pouvait
désigner le vote ayant tous, à l'envi, dé-
cliné le fardeau du pouvoir. On voit
comme nous sommes bons princes nous
ne demandons jamais aux gens que ce
qu'ils peuvent nous donner. r
La composition du ministère Duclerc*
c'est donc avant tout à elles-mêmes que
les Chambres doivent s'en prendre.
Quant à la déclaration de guerre qui lui
a été faite, elle est un peu bien puérile.
Si la session durait deux jours de plus,
il s'affaisserait sous son propre poids,
comme quelque chose qui ne peut satis-
faire aucun des partis qui se disputent
la république. C'est un ministère de va-
eances, rien qu'un ministère de vacan-
ces. M. le président de la république ne
saurait avoir eu d'autre pensée gue de
lui faire fermer les Chambres, puis, dans
deux mois, de les lui faire rouvrir, parce
qu'il n'est en état de faire que cette be-
sogne d'huissier. C'eet sur la déclara-
tion elle-même que les Chambres au-
raient pu, auraient dû faire porter leaws
critiques. Mais, d'abord, la voici, cette
déclaration;
Messieurs les^séaateurs.
Messieurs ^s ^députés,
Le v.ote émis .pari* iâKambre des dépu-
tés le 29 ju^let dernier, amène devant vous
ua nouveau,4^Mneit. Soa premier, devoir
est de vous dire guelle est, pour lui, la si-
gBificatiôn de ce, vote et quelle conduite il
lui commarfae.'1 •̃ ̃
En refusant les crédits nécessaire* à
l'occupation d'un© partie du eàwitl"'i«
Suez, la Chambre a pris une mesure «e
Mercredi 9 Août 1882
Seizième Ànaéa Troisième Série ««* Jsfuméi'o 23
AmT~tym mm~'Em.
̃' 1 j ̃ • ̃ • Direettur, • ̃
ABONNEMENTS ̃
"Paris Départexaisat» /^vW'ï!"
0n mois 5 fv. Un mois f>È\
Trois mois 13 50 Trois mois }6ïr-
Six mois 27 fr. Six mois 82*. J i
Unan 54 fr. Un an JMP'fir. j i
Etranger ̃ V ̃
Trois mois (Union postale) IB^t/
RÉDACTION
9, boulevard- des Italiens, 9
DE CBOX HKDKB8 A MIHDIT
• ©
P~Rd~d~IIRNAL
"SET. DE *E3*K~TWSM
JSX? JLJJELt Jr*J&««iM JEU
l~ldaetcur ~p Clrej!
ANNONCES '̃
MM. CH, LAGHAN&E, CEHF O
6, PLACS DE LA BOURSE, 6 ̃
Et à l Administration du Journal
ft
ADMINISTRATION
DE DIX HEURES A CINQ HEUEK»
•i boulevard de* Italiens, 9
ABONNEMENTS, PETITES ANNONCES
RENSEIGNEMENTS
f, boulevard des Italiens, â
̃: ̃̃ SOMMAIRE
La première Journée DU NOUVEAU Ministre.
Albert Delpit.
Av Président DU conseil. Arthur Meyer.
Nos Echos. Un Domino.
La. dernière Carte rosé. Valentin.
Le» Vacances DE LA Chambre. Paul Ferrier
LA Déclaration ministérielle. Louis Teste.
Petits Mystères DE LA rue Saint-Didier.
Cognoseo.
Affaires d'Egypte.– Adrian.
Le Camp DE Chalons. Metnor.
-Sénat. H. Gros.
LA Chambre des Députés. Georges Loueet.
Le GAULOIS partout.
A TRAVERS LA Presse. Ch. Demailly.
CftRONiftUE des Tribunaux. Maître X..
La Bourse. Fdenri Prioat.
Conseil municipal. Pierre Dumas.
NOUVELLES diverses. André Sourdes.
Télégrammes ET Correspondances. Gf. Lins.
Lus ARTISTES EN voyage. L. Le Bourg.
Echos DES Théâtres. Maurice Ordonneau.
JEUX d'esprit. Edouard Fy.
Feuilleton Les Représailles de LA vie.
Albert Delpit.
LA PREMIÈRE JOURNÉE
DU U
NOUVEAU ISf ~E
Je suis ministre. C'est convenu
d'hier avec mon groupe. Je suis minis-
tre C'est curieux: je croyais que ça me
ferait plus de plaisir. L'Officiel n'est
pas encore arrivé? Hum t hum 1 il me
semble que j'ai meilleure mine, ce ma-
tin. L'ivresse du pouvoir Mes électeurs
seront contents. Ils me reprochent tou-
jours de ne jamais parler. Est-ce que
c'est nécessaire de parler ? Au contraire,
c'est nuisible. Gambetta, qui parle tou-
jours, n'est plus ministre. Et je le suis,
moi qui ne. parle jamais. Huit heures l
UOfflciel doit être arrivé. (Il sonne; la
femme de chambre entre.)
LE NOUVEAU MINISTRE
Donnez-moi le Journal officiel.
LA FEMME DE CHAMBRE
Je l'apportais à monsieur, avec le li-
v^re de la semaine.
LE NOUVEAU MINISTRE
Pourquoi le livre de la semaine ?
LA FEMME DE CHAMBRE
Parce qu'il m'est impossible de rester
au service de monsieur. Après ce que
monsieur vient de faire, je ne trouve-
rais plus de place nulle part si je restais
au service de monsieur.
1 LE NOUVEAU MINISTRE
Insolente I Je vous chasse. Allez-vous-
en, tout de suite I
LA FEMME DE CHAMBRE
Je ferai mes huit jours (Aigre) Mon-
sieur n'est pas sûr d'en faire autant.
(Mlle sort.)
LE NOUVEAU MINISTRE
Les basses classes deviennent d'une
impertinence! Le flot delà démagogie.
heureusement, je suis là. (Il ouvre l'Qî-
fl'ciel.) « M. Nicodème Durand, député
des Trois-Sèvres, est nommé ministre
de. ♦ C'est ma femme qui va être con-
tente 1
madame, entrant.
Ah çà, mon cher, cruelle plaisanterie
m'a donc racontée la femme de cham-
bre?
LH NOUVEAU MINISTRE
Une plaisanterie ? Je ne comprends pas
ma bonn» amie.
MADAME
Est-il vrai que vous soyez ministre?
LE NOUVEAU MINISTRE, d'un air fat.
Tu n'as pas voulu le croire. C'est
parfaitement vrai, ma bonne amie.
ïiens, lis l'Officiel.
madame, après avoir lu ^'Officiel
Ecoutez, Nicodème, je ne veux pas
que vous soyez ridicule. Vous allez en-
voyer votre démission. La vie ne sera
plus tenable. Tous nos amis vont se
moqaer de nous. Vous acceptez d'être
ministre à l'élimination Bien sûr on a
dû les tirer au sort pour que vous soyez
nommé
Savez-vous ce que m'a dit la femme
dé chambre tout à l'heure? « Qu'est-ce
que monsieur a bien pu faire pour en
arriver là !» Et moi qui porte votre nom,
je consentirais à. Si vous n'envoyez
pas votre démission, je me retire dans
,ma famille.
Avant que le nouveau ministre ait pu répon-
dre, on sonne à la porte de l'appartement. C'est
un garde de Paris qui apporte un pli officiel on
l'introduit.
LE GARDE DE PARIS
Une convocation pour. (Il sourit.)
pour monsieur le. (Il sourit un peu
plus.) monsieur. le nouveau ministre.
(Il éclate de rire.)
lis NOUVEAU ministre, lesourcil froneé.
Pourquoi riez-vous?
LE SARDE DE PARIS
Je demande pardon à monsieur le
nouveau ministre. C'est le lieutenant
qui m'a dit tout à l'heure « Portez
ce pli à monsieur le nouveau ministre.
Pauvre homme il doit être bien en-
nuyé! »
LE NOUVEAU MINISTRE, agacé.
C'est bien. Allez. (Le garde sort.)
MADAME, triomphante.
Qu'est-ce que je vous disais, Nico-
dème ? La femme de chambre, c'était la
voix du peuple. A présent, c'est la voix
de l'armée (Elle se jette à ses genoucs.)
Je t'en supplie, donne ta démission.
t..(0uwant une porte de côté.) Venez,
mes enfants, venez, créatures innocen-
tes, et demandez à votre père de ae pas
veus eomvrir de ridicui» f
Madame éclate en sanglots. Les enfants se
mettent à crier. Monsieur le nouveau ministre
ne sait plus à quel saint se vouer. En désespoir
de cause, il saisit son chapeau et se précipite au
dehors.
-Ils me rendraient fou. Masparole je
n'y comprends rien. Est-ce ma faute, à
moi, si les hommes célèbres n'ont pas
voulu être ministres ? Cette bonne Adèle
ne se rend pas compte de la situation.
Etre au pouvoir, c'est beau. Evidem-
ment j'aux'ais mieux aimé être nommé
au choix. et non à l'ancienneté. Mais
je veux laisser la trace de mon passage
aux affaires. Ah 1 me voici arrivé. Une
belle maison, ce Ministère Je serai
bien là-dedans. gs
II entre. Un huissier l'arrête.
L'HUISSIER
Qui demandez-vous, monsieur?
Chuchotements. Les huissers sourient. Les
employés qui passent s'arrêtent pour regarder
monsieur le nouveau ministre. Ceux qui sont
trop loin montent sur des chaises. Le premier
huissier s'avance et, avec nne pitié protectrice
Je vais conduire monsieur le nou-
veau ministre à son cabinet.
LE PREMIER HUISSIER
Monsieur le nouveau ministre n'a pas
d'ordres à me donner?
LE NOUVEAU MINISTRE
Si fait. Mettez cette table au milieu de
la. pièce elle est trop dans la lumière.
J'ai la vue faible.
(Le premier huissier obéit et sort. Le nouveau
ministre reste seul.)
Avant de recevoir mes chefs de
service, installons-nous. Ce fauteuil est
moelleux. Je dormirais bien une demi-
heure. (Il s'assoupit. La pendule sonne
avec éclat. Le nouveau ministre sur-
saute.) Qu'est-ce qui vient encore de
rire ? Ah c'est la pendule. Je me suis
trompé. (Il se rendort.)
LA PENDULE
Tic. tac. monsieur le nouveau
ministre, tu ne t'es pas trompé. C'est
bien moi qui me moquais de toi. Ah! l
que j'en ai vu passer, de ministres Ils
se détraquent toujours. Et,moi, je ne me
détraque jamais. Quand nommera-t-on
des ministres garantis comme les pen-
dules ?.
(La pendule se tait. Un merle vient se poser
sur lo rebord de la croisée, un beau merle noir
comme une chevelure de brune.)
LE MERLE, Sifflant
Psss! Tiens! ce n'est pas le même
qu'hier! Psssl 1
LE NOUVEAU MINISTRE, ouvrant l'œil.
On me siffle déjà C'est un merle.
Je me croyais à la Chambre. (IL se ren-
dort à nouveau.)
LE NOUVEAU MINISTRE, sautant sur son
fauteuil.
Eh mon Dieu, qu'est-ce qu'il y a ? 2
LE premier huissier, précédant un per-
sonnage chauve.
Je demande pardon à monsieur le nou-
veau ministre; mais voici M. Honoré
Durand, député du Rhône-Adour, qui
dit qu'il est le nouveau-nouveau mi-
nistre.
LE NOUVEAU MINISTRE
Mais. vous faites erreur, mon cher
collègue. Le nouveau ministre, c'est
moi. moi Nicodème Durand. Je suis
à l'Officiel de ce matin.
HONORÉ DURAND
Mille pardons. mon cher collègue.
Mais l'Officiel vient de reparaître avec
une nouvelle édition. Vous êtes le nou-
veau ministre de huit heures trente. Moi,
je suis le nouveau ministre de dix heures
trois quarts. Du reste, si vous voulez
voir.
Nicodème Durand prend lo journal et lit. Sa
démission est acceptée. Et il ne l'a pas en-
voyée Mais voilà: il était, lui, Nicodème, du
cabinet Gérôme (du Gard); et maintenant c'est
le cabinet Jérôme (du Nord) qui tient là corde.
Le nouveau ministre n'est pins ministre. Cons-
ternation Enfin il offre au nouveau-nouveau
ministre de le mettre au courant.
LE nouteau-nouveau ministre, gra-
vement
Aviez-vous donc commencé un tra-
vail ?
NICODÈME DURAND
Non. non. je ne crois pas.
LE PREMIER HUISSIER
Monsieur le député se trompe. Quand
monsieur le député était nouveau mi-
nistre, il a fait changer la table déplace.
LE NOUVEAU-NOUVEAU MINISTRE, SOUp-
çonneux
Remettez-la près de la fenêtre 1
LE PREMIER HUISSIER, à part
Encore un qui va bouleverser tout ce
qu'on avait fait avant lui I
Et, tout dolent, Nieodème Durand s'en retourne
au logis. Comme il traverse la cour d'honneur, il
aperçoit son collègue Stanislas Durand (ds
l'Aube-et-Loire), qui vient à lui tout joyeux.
STANISLAS DURAND
Félicitez-moi, mon cher collègue.
NICODÈME DURAND
Pourquoi donc ? e
STANISLAS DURAND
Je suis le nouveau ministre.
NICODÈME DURAND
Vous aussi 1 Mais alors, Honoré Du-
rand ?
STANISLAS DURAND
Vous faisiez partie, vous,du cabinet Gé-
rôme avec un G. Il a duré deux heures
un quart. Le cabinet Jérômeavec un/n'a
duré que trente-cinq minutes. y Officiel
vient de paraître avec une troisième édi-
tion. Vous ne m'en voulez pas ? 2
NICODÈME DURAND
On n'en veut jamais à celui qui suc-
cède à son successeur.
STANISLAS DURAND
Tant mieux Alors montez avec moi.
NICODÈME DURAND
Pourquoi?
STANISLAS DURAND
Nous sommes trois. Nous ferons un
mort
Mais Nicodème Durand a une course à faire.
11 s'éloigna avec un certain orgueil. Il a été au
pouvoir plus longtemps qu'Honoré Durand. Au
moins, il a eu le temps de dormir sur son porte-
feuille.
Avant de rentrer chez lui, il se rend chez un
graveur et commande mille cartes de Tisito
pour
M. HONORÉ DURAND
Ancien piinistre
ALBERT DELPIT
A riions leur le ministre des affaires étran-
gères, président du conseil.
Monsieur le président du conseil,
J'ai l'honneur de vous prier de m'ac-
corder une audience. Je désire entrete-
nir Votre Excellence le plus prompte-
ment possible d'un projet de loterie in-
ternationale dont j'avais soumis l'idée à
votre prédécesseur, qui avait paru favo-
blement l'accueillir.
Il s'agit de venir en aida aux nom-
breuses misères qui sontla conséquence
des récentes catastrophes égyptiennes.
Il m'a paru qu'une loterie dont l'auto-
risation serait accordée à la collectivité
des journaux parisiens, sans acception
de nuances, représentée par le syndi-
cat, était le seul moyen assez sûr, assez
rapide, assez large pour soulager les
victimes de catastrophes dont la gravité
s'est terriblement accrue depuis le jour
où j'ai émis le projet auquel s'est ralliée
la presque unanimité de la presse pari-
sienne.
Le précédent cabinet est tombé sans
avoir tranché cette question de bienfai-
sance.
Je désire donc être admis à vous la
soumettre sans retard,, monsieur le pré-
sident. Les malheureux dont je voudrais
plaider la cause devant vous n'ont déjà
que trop attendu dans les angoisses et
les privations de la ruine imméritée.
Veuillez agréer, monsieur le président
du conseil, l'assurance de ma plus pro-
fonde considération.
Arthur Meyer.~
Nos Echos
AUJOURD'HUB
A 6 heures et demie, dinar au Grand-H'ôHel
admission jusqu'à 7 heures.
Pendant la durée du dîner, l'orchestre de
M. Desgrangee jouera dans la nouvelle salle da
musique.
MENU
Potage florentine ••
Hors-d'œuvra
Saumon sauce ravigote
Pommes de terre à l'anglais»
Côte de bœuf à la Chateaubriand
Petits pieds Cendrillon aux petits pois
Chapons du Mans au cresson
Salade
Choux-fleurs gratinés au parmesan
Gâteau galicien
Glace
Dame blanche
Desserts
Fromages, fruits et petits-fours
Le salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, orgues, tables de jeux.– Dînera la carte
au restaurant. Billards au Café Divan.
Le programme du dtner-concert. (Voir à la
4* page.)
4. Paga.? #'1~3E:
A trois heures. 95* séance publique de la
session de la Chambre des députés.
A trois heures, séance publique au Sénat.
Musée Grévin, 10, boulevard Montmartre.
De onze heures du matin à onze heures du soir.
#*#
Opéra, 8 h. Faust. ̃̃>"•:̃' ̃
Français, 8 h. Les Rantsau..
Château-d'Eau, 8 h. »/»• Masaniello.
LA POLITIQUE
Le prince de Bismarck est repris par
ses douleurs rhumatismales en consé-
quence, il est probable qu'il passera tout
l'été à Varzin.
Les sceptiques.qûi connaissent les pro-
cédés du chancelier, prétendent que M.
de Bismarck, ayant dès à présent réglé
à son gré les affaires européennes
ayant mis aux prises toutes les puissan-
ces, et se considérant comme mathéma-
tiquement sûr du résultat de ses combi-
naisons, se réfugie dans la retraite sous
prétexte de maladie, afin de n'être plus
ni dérangé ni interrogé.
Le ministre de l'intérieur se propose,
croyons-nous, de rappeler M. Cazelles et
de lui confier la direction du personnel
du ministère.
Il est probable, en outre, que M.
Schnerb quittera la direction de la sû-
reté générale et ira remplacer M. Ca-
zelles à la préfesture de Meurthe-et-Mo-
selle, à Nancy.
M. Gambetta affecte de répudier le
cadeau que M. Grévy a fait â ses amis
des plus importants portefeuilles.
Aujourd'hui, dans les couloirs, il par-
lait dédaigneusement de M. Duclerc et
de ses collègues, et il définissait le ca-
binet d'un mot
C'est la dernière des plaies d'E-
gypte s
**#
Un député de la Gauche radicale qua-
lifiait encore plus énergiquement la
dernière conception politique de M.
(Jrévy t
«~ En octobre dernier, s'écria-t-îl, on
nous avait montré le visage de M. Gam-
betta; aujourd'hui, on nous découvre
son. autre face.
M. Herbette reste directeur du per-
sonnel.
Au quai d'Orsay, on s'applaudit de
cette détermination, car plus que jamais
on y a besoin d'un homme de la carrière
à qui les traditions sont familières et
qui rendra journellement de grands
services au nouveau ministre des affai-
res étrangères.
M. Paillard-Ducléré, conseiller d'am-
bassade, va, dit-on, remplacer M. Dela-
roche Vernet comme chef du cabinet de
M. Duclerc.
M. Rabel reste momentanément à la
tête du cabinet du président du conseil.
M. de Freycinet a passé tout son
après-midi avec son successeur.
Tous les directeurs du ministère con-
servent leur situation.
D'après un journal gambettiste du
soir, M. l( loquet est sur le point de don-
ner sa démission de préfet de la Seine.
Les uns attribuent cette démission
que M. Floquet a donnée -ou plutôt est
sur le point de donner à la présence de
M. Fallières dans le cabinet d'autres à
celle ûe M. Devès, ennemi déclaré de
la mairie centrale de Paris.
Que ce soit à cause de M. Devès ou à
cause de M. Fallières, toujours est-il que
M. Charles Floquet a donné. non pas
est sur le point de donner sa démis-
sion.
LE MONDE ET LA VILLE
S. A. R. Mgr le duc d'Aumale et le
général marquis de Galliffet sont rentrés
hier soir à Paris par le train de sept
heures, venant du camp de Châlons.
Infatigable, le général 1 Au débotté, il
dînait tranquillement au café Anglais,
allait fumer un cigare à la kermesse des
Tuileries, et entrait enfin prendre un
repos bi en mérité, après une centaine
d'heures de cheval.
S. M. le roi d'Italie vient de nommer
le général Turr, ancien aide de camp de
Victor-Emmanuel, grand-officier de l'or-
dre de Saints-Maurice-et-Lazare.
Nous sommes heureux d'annSncer que
M. le marquis de Reverseaux, en plein
état de convalescence, quitte Rome au-
jourd'hui pour venir en France.
Les bruits contradictoires qui ont couru
ces jours-ci, dans la presse, au sujet du
maréchal Canrobert -et de sa présence
au sein du comité supérieur de la guerre,
nous paraissent rendre quelques expli-
cations nécessaires.
C'est sur lés sollicitations pressantes
du générai Campenon, ministre de la
guerre d'alors, et de M. Gambetta, prési-
dent du conseil, que le maréchal est en-
tré dans le comité. Lorsque le général
Campenon perdit son portefeuille, le
maréchal crut, comme nous l'avons rap-
pelé, devoir donner sa démission. Il
fa retira sur l'appel fait à son patriotisme
par le nouveau ministre de la guerre et
par le président de la République.
M. le maréchal Canrobert, qu'aucune
puissance humaine ne saurait empêcher
d'être le maréchal Canrobert, a, en cette
circonstance, comme toujours, obéi aux
prescriptions supérieures de sa con-
science et de son dévouement à la France
et à l'armée. Son caractère n'eit pas de
ceux qui plieront1 jamais devant une
menace ou une insinuation.
Ce matin à onze heures, à Saint-Au-
gustin, mariage deM. Ternaux Compans
et de Mlle Trubert.
Les obsèques de Mme de Rémusat ont
eu lieu hier, à midi, à l'église Saint-
Philippe-du-Roule.
Le deuil était conduit par 'son fils, M.
Paul de Rémusat, sénateur; MM. Pierre
de Rémusat, son petit-fils, et de Corcelle,
son neveu.
Dans la nombreuse assistance qui sui-
vait le cortège, nous avons remarqué
MM. Waddington. Lecomte, Sérurier,
Albert Gigot, Wallon, le comte de Pun-
técoulant, Buffet, le duc de Broglie, Ri-
bot, le baron Gustave de Rothschild,
Léon Say, Antonin Proust, Hébrard,
Gavini, Bartholdi, Bocher, E. de Parieu,
Wilson, marquis de Coucy, le comte
Arnaud de Gramont, Barbet de Jouy,
Latour Saint-Ybar, Hervé, Granger de
la Marinière, Allou, le général Grévy,
général Appert, la marquise de Bonne-
val, Alfred Darcel, etc., etc.
Après la cérémonie religieuse le
corps de la défunte a été déposé dans les
caveaux de l'église, où il restera quel-
ques jours1; puis il sera transporté au ci-
metière de Picpus, où l'inhumation se
fera dans le caveau de la famille.
La baronne Lejeune, dont nous avons
annoncé l'état alarmant, s'est éteinte
avant-hier, à Pau, à l'âge de cent deux
ans, entourée des siens, profondément
affligés d'un dénouement que le grand
âge de la malade ne faisait que trop
pressentir.' °
Le mari de la défunte, le général Le-
jeune, aide de camp du maréchal Ber-
thier, procura, au péril de sa vie, après
la bataille d'Essling, une barque à Napo-
léon, qui se trouvait dans l'île de Lobau,
et sur laquelle il traversa le Danube.
Le général Lejeune mourut le 27 fé-
vrier 1848 à Toulouse, directeur de
l'Ecole des beaux-arts et de l'Ecole in-
dustrielle de cette ville.
C'est un neveu delà baronne Lejeune,
le colonel Lejeune, qui, à la tête d'un ré-
giment d'artillerie en garnison à Avi-
gnon, en 4848, annonça en ces termes à
sa cavalerie l'avènement du gouverne-
ment qui nous divise le plus.
Le colonel assista en personne à l'ap-
pel du matin, fit former le cercle et s'ex-
prima ainsi
« Officiers, sous-officiers et soldats,
» le gouvernement provisoire vient de
» proclamer la. République; nous som-
» mes dans la. mélasse que chacun en
s prenne selon son grade. »
NOUVELLES A LA MAIN
A la fin de l'année scolaire, il est
d'usage, dans certains pensionnats, de
faire subir aux élèves un rapide exa-
men.
Une fillette de douze ans est interro-
gée sur l'Ecriture sainte.
Mademoiselle, lui demande l'ins-
pecteur, précisez-moi le genre de fin de
Jézabel.
Monsieur, ce fut véritablement une
fin canine.
Vous apprenez qu'un bohème qui
vous doit de l'argent et qui s'est fait
une douce habitude de ne jamais payer
ses dettes, vient de faire un hé-
ritage.
Réclamez-lui votre créance. Alors,
vous peurrez, à coup sûr, retourner le
vieux proverbe de la façon suivante
« Les bons comptes font les bons en-
nemis\ » »
Dernièrement, dans un cercle, un
vieux monsieur s'étant montré très im-
pertinent envers un jeune homme, un
des amis de celui-ci lui dit
Tu devrais un peu lui apprendre à
vivre.
Pauvre vieux! répondit le jeune
homme en souriant à son âge, tout ce
qu'on pourrait faire, ce serait de lui ap-
prendre à mourir 1
aie DOMiNs
4
BOURSE DE LONDRES, 8 AOUT
Derniers cours Consolidés, 99 75; Egyp-
tienne, 52 32; parité, 264; Turc, 10 78; pa-
rité, 10 85; Banque ottomane, 18 12 parité,
706. Légère variation sur les plus hauts
cours.
LA DERNIÈRE CARTE ROSE
A madame la comtesse de la Rocjie-Vouvrajf
en sa villa à Dieppe*
Je suis désolée, ma mignonne. Et comme
je regrette aujourd'hui de vous avoir quittée
si vite Mais, je vous l'avais dit en accep-^
tant votre invitation << II faut que je ;sois
a Paris pour l'affaire Fenayrou. » Aussi,
avant-hier, apprenant que la première au-
dience était pour mercredi, j'avais sauté en
chemin de fer. Eh bien figurez-vous qu'il
s'est produit un fait inouï, soudain, révol-
tant. On a supprimé les cartes roses.
Oui, ma chérie, supprimées, ces mignon-
nes cartes rosés avec lesquelles on passait
si fièrement devant l'huissier de service, et
on s'asseyait triomphalement sur l'estrade,
derrière la cour, regardant avec dédain les
amies qui n'avaient pu se procurer ce car-
ton magique. Supprimées par Ordre supé-
rieur, et non pas seulement pour cette
affaire, mais pour toujours 1 C'était bien la
peine d'entourer de soins et de prévenances
ce vieux et assommant conseiller des Ave-
lines, que je mijotais depuis la découverte
du cadavre, l'invitant à dîner deux fois par
semaine, lui faisant faire les petits plats
qu'il aimait, le comblant de coussins bro-
dés de mes mains, l'accablant de paniers
de vins fins, le bombardant de mes coupons
d'Opéra t
Ce qui me navre, c'est que j'avais eu
pour mes toilettes une idée lumineuse. Et
d'un inédit Jugez-en.
J'avais imaginé de-varier les nuances de
mes toilettes selon les impressions quoti-
diennes de l'audience. Commençant par
une note moyenne j'en aurais accentué la
gamme dans le foncé ou dans le clair, sui-
vant que l'opinion publique se serait des-
sinée pour ou contre les accusés. Si j'avais
pressenti la condamnation, du ble*-marine
ma robe eût passé au noir le plus rigou-
reux. S'il m'avait semblé que le public et
le jury se laissaient séduire par les argu-
ments de la défense, je me serais aventurée
jusqu'au gris-fer. Mais il n'y faut plus son-
ger on a supprimé les cartes rosés
C'était pourtant bien amusant, la cour
d'assises. On arrivait de bonne heure, et il
fallait être exacte, sous peine de ne plus
pouvoir entrer du tout. Un petit salut dis-
cret au président, si on le connaissait, ou
à des Avelines, s'il siégeait. Un bonjour à
Dumas, à Sardou et à Belot, des fidèles,
eux aussi. Et on s'installait, avec un roman
à portéé de la main, pour les longueurs
une lorgnette, toute petite, facile à dissi-
muler, pour les pièces à convictions, et un
flacon de sels pour les moments trop diffici-
les. Avant tout, on interrogeait ses voisins
du coin de l'œil, pour voir celui avec lequel
il convenait le plus de lier connaissance.
Dame! c'était souvent quatre, cinq, six
jours, parfois même une semaine à vivre
côte à côte. Et il fallait bien prendre ses
précautions t
Et les suspensions d'audience, où on
ouvrait vite, vite le petit panier à provi-
sions de chez Leuchars, avec ses petites
assiettes en vermeil, la petite bouteille de
cristal pleine de château-laffitte et le per-
dreau froid qu'on mangeait tout entier avec
délices. Rien ne creuse comme les émo-
tions.
Etl'accusé entreles gendarmes Et les ju-
ges en robes rouges 1 Et les journalistes en-
tassés dans leur petite boîte Et les jurés
qui prenaient des notes i Et maître Lachaud
qui interrogeait les témoins et qui finissait
par leur faire peur Et les derniers jours,
où l'anxiété devenait de l'angoisse, où la
gorge était serrée, la poitrine oppressée
pendant la délibération suprême Et les
paris de la dernière heure Deux contre
un pour la condamnation dix contre un
pour l'acquittement. Au procès Lebiez, j'ai
gagné cinquante !iouis à Mme de Plangy en
pariant qtfil serait condamné J'ai du reste
fait dire des messes pour ce malheureux
avec la moitié de cet argent-là.
Tout cela est fini, et ne reviendra plus,
hélas 11 y aurait bien eu un moyen d'en-
trer que m'avait proposé mon cousin Jac-
ques, c'était de me mettre une robe sur le
dos, une toque sur la tête, une serviette
sous le bras, et de passer avec les avocats.
Le fait est qu'il y a des stagiaires qui n'ont
pas plus de barbe que moi. J'ai hésité
longtemps, maison m'aprévenue que l'huis-
sier du barreau, qui les connaît tous, serait
à la porte, pour empêcher la fraude. Ma
foi, j'ai reculé.
Mon mari est ravi de ma mésaventure.
Il dit que la cour d'assises n'est pas la
place d'une femme, que ce sont des spec.
tacles indignes d'elle, et que la magistrature
a bien fait d'en interdire l'accès. Naturel-
lement cela ne l'amuse pas, lui 1
Je prends le parti d'aller à Deauville
pour les courses, puisque tout le monde
y va. C'est triste, mais il faut bien se ra-
battre sur ce qui nous reste. Sans comp*
ter que les courses vont encore raviver
mes regrets» Je penserai à Fenayrou qui les
aimait tant! T .̃̃
̃'̃̃̃̃: '̃ DENISE-
Pour cepi» conforme ;i
VALENTIN
» !c .vr
LES VACANCES DE LA CHAMBRE
Voilà les vacances
Denique tandem
Enfin nos séances .<
Habebunt finem
Et sur la grand route i < ̃ "•̃
Nous pourrons, amis, •̃ :̃•
Faire, à rien ne coûte,
Viser nos permis!
Donc, roulons nos malles,
Selon nos penchants,
Vers les eaux thermales 'j.
Ou la paix des champs, »
La session closejf -4 j ï
Il est, en effet, ,i,\
Bon qu'on se repose
De n'avoir rien, fait J
Eh que nous importé «
Des choses du jour?
Qu'Arabi l'emporte,
Ou milord Seymour ?> «
Que la France pleufe
Son antique orgueil
Tant pis 1 Voici l'heure r ̃̃-̃*••'
Voyageons. à l'œil! 1
Aujourd'hui tout cesse ̃
Par enchantement f
Neuf jours de grossesse,
Puis ledénoûment
Et,-fût-il difforme
L'enfant de son choix,
Qu'en paix Grévy dorme,
II vivra. deux mois 1
Que Duclerc s'agite 1
Quand nous reviendrons,
Comme un lièvre au gîte,
Nous le happerons 1 °
Car, jaloux de nuire,
Nous pratiquons bien h
L'art de tout détruire.
Sans construire rien 1
i
Mais d'un pas alerte
Courons à nos trains 1
La cage est ouverte,
Adieu. les serins! 1
Enfin nos séances
Habebunt finem l
Voilà les vacances
Denique tandem 1 q
PAUL FERRIE^
1 ii-i_
LA DECLARATION MINISTERIELLE
Le ministère Duclerc s'est présenté
hier devant les Chambres, et leur a
donné communication de la déclara-
tion qu'on lira tout à l'heure. L'ac-
cueil a été plus que froid. On y a
même répondu par une déclaration
de guerre en forme, sous prétexte
que le ministère n'était pas parlemen-
taire, tous les députés qui en font partie, à
l'exception d'un seul, ayant été pris dans
la minorité du 29 juillet. Ils ne sont pas
indulgents, eux autres; nous le som-
mes, nous, bien davantage. Car, si l'ob-
jection est juste en théorie, en fait elle
n'est pas recevable, ceux que pouvait
désigner le vote ayant tous, à l'envi, dé-
cliné le fardeau du pouvoir. On voit
comme nous sommes bons princes nous
ne demandons jamais aux gens que ce
qu'ils peuvent nous donner. r
La composition du ministère Duclerc*
c'est donc avant tout à elles-mêmes que
les Chambres doivent s'en prendre.
Quant à la déclaration de guerre qui lui
a été faite, elle est un peu bien puérile.
Si la session durait deux jours de plus,
il s'affaisserait sous son propre poids,
comme quelque chose qui ne peut satis-
faire aucun des partis qui se disputent
la république. C'est un ministère de va-
eances, rien qu'un ministère de vacan-
ces. M. le président de la république ne
saurait avoir eu d'autre pensée gue de
lui faire fermer les Chambres, puis, dans
deux mois, de les lui faire rouvrir, parce
qu'il n'est en état de faire que cette be-
sogne d'huissier. C'eet sur la déclara-
tion elle-même que les Chambres au-
raient pu, auraient dû faire porter leaws
critiques. Mais, d'abord, la voici, cette
déclaration;
Messieurs les^séaateurs.
Messieurs ^s ^députés,
Le v.ote émis .pari* iâKambre des dépu-
tés le 29 ju^let dernier, amène devant vous
ua nouveau,4^Mneit. Soa premier, devoir
est de vous dire guelle est, pour lui, la si-
gBificatiôn de ce, vote et quelle conduite il
lui commarfae.'1 •̃ ̃
En refusant les crédits nécessaire* à
l'occupation d'un© partie du eàwitl"'i«
Suez, la Chambre a pris une mesure «e
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