Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-08-01
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 août 1882 01 août 1882
Description : 1882/08/01 (Numéro 15). 1882/08/01 (Numéro 15).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k524317h
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/02/2008
PARÎS ï AS centimes. DËPAmnEMENTS ET GARES SO~ CENTIME~
Mardi f Ao~t 1SB8
Seizième Année Troisïèmo Sème '-< Numêisd 1§
A -IB& TP NE U XS, B'i:.M"aT JE.
B~
ABONNEMENTS
Paris Département*)
Unmois. 5fr. Un mois. Bfr.
Trois mois. 13 SO Trois mois. 16 &
Six mois. 27 fr. Six mois. S2fr.
Un an. 54fr. Unan. 64fr.
Etranger
TjroM mots (Union posta.le). 18 f~.
REDACTION
boulevard des Italîena, W
0)tD)tnX!tEC!H!SAMtNB!T
1 1
PARI5 J~~RmL
PARIS-JOURNAL t
33L JDE :E=I~3SriB
K~ctee«ttr
ANNONCES
MM. CH. LA&RAJSfGE, CERB' & 0
6,PI.AOBBE!.ABOCME,6 Ô
E< ù iA~nMpM
ADMINISTRATION
MDIXBHURMACINQHBCMt
t, bonteTara dea ttattem*, W
ABONNEMENTS.PETtTES ANNONCES
RENSEIGNEMENTS 1.
9, boulevard des Italiens, 6
Le G'6M~o&s sera envoyé gratui-
tement, pendant huit jours, à toute
personne qui en fera la demande,
soit directement au bureau du jour-
nal, soit par lettre affranchie adres-
sée à l'administrateur du Gaulois,
9, boulevard des Italiens.
B~Ht! tt FMMm
MtMLhM M bËMMM
Je la plains, fit le docteur. On dit
qu'elle se réveille.
Il va sans dire que le docteur parlait
de la femme endormie de l'hôpital Beau~
Ion. Et de quoi causeraient aujourd'hui
les médecins, sinon de ce phénomène
qui vient juste à point pour ranimer l'at-
tention qui s'était portée naguère sur
les phénomènes nerveux de la catalep-
sie, et sur les expériences de M. Charcot
à la Salpêtrière.
Je la plains, répéta le docteur. Dor-
mirj tant de jours, et se ré veiller tout à
coup, quelle aventure périlleuse t Ah 1
cela me rappelle la pauvre générale ) 1
Quelle générale ?
Permettez-moi de ne point vous la
nommer, car on a fait le silence autour
de ce qui lui est arrivé. Du reste, l'his-
toire est déjà ancienne et vous ne devi-
nerez pas de qui il s'agit.
Racontez l'histoire, docteur, nous
vous en supplions.
Si je n'avais pas envie de vous la
raconter, je n'aurais pas dit < Pauvre
générale!
Et le docteur parla ainsi
On s'occupe jMaucqup.maintenantcfe
femmes nerveuses, de sujets lucides, de
malades qu'un geste, un souffle, un re-
gard plongent dans la torpeur ou exci-
tent jusqu'à la folie. La générale-avait
vraiment le génie de la névrose. Son
corps et son âme vibraient comme un
instrument docile entre les mains d'un
'savant expérimenté.
'Et pourtant toute cette fougue s'a-
paisait dans la vie quotidienne.
La générale, était une épouse exem-
'plaire elle adorait son second mari,
qu'elle avait choisi peu de temps après
la mort du général, du général dont,
par courtoisie, on donnait encore le ti-
tre à la veuve très consolée.
Hélas ce second mari ne méritait
guère la tendre ndélitô de la pauvre
femme. C'était un freluquet, plus jeune
qu'elle et qui ne songeait qu'à se faire
une existence joyeuse avec la grosse
fortune de l'infortunée générale. Si bien
que celte-ci avait des heures d'un dé-
sespoir à la fois touchant et comique.
Le mari, qui tenait à ce qu'aucun
scandale n'amenât une rupture, gardait
& peu près les apparences.
Mais un secret instinct, aidé de pré-
somptions énormes,avertissait la femme
j&louse. En vain, le mari mentait-il avec
l'habiteté d'un homme auquel le men-
songe rapporte deux cent mille francs
de tente: il y avait des lacunes dans ses
récits et des contradictions dans ses ex-
plications.
Alors la pauvre générale pleurait à
grosses larmes, puis elle sanglotait, et
toujours elle vena.t chez moi, chez son
docteur, son plus cher conûdent.
J'avais d'abord essayé de la consoler
par les moyens ordinaires Vous vous
trompez, il vous aime, il vous revien-
dra. mes eSorts avaient été impuis-
sants, et elle se lamentait dans mon ca-
binet pendant des heures entières.
Un jour que, la tête dans ses mains,
elle gémissait, je lui passai par hasard
les -doigts sur le front tout à coup,
le calme se rétablit, et la générale,
se laissant aller sur le fauteuil où elle
était assise, tomba dans un profond
sommeil.
Je fus étonné et satisfait, car sa dou-
leur était vraiment encombrante. On la
transporta dans un salon voisin, et, au
bout de quelque temps, je la réveillai de
ia façon classique, en lui soufflant sur
le vidage. Elle ouvrit les yeux elle se
sentait rassérénée. Jelui disqu'etle avait
dormi. < Cela m'a fait du bien, ré-
pondit-elle. Nous recommencerons. Je
sens combien j'étais folle. Mes soupçons
me semblent injustes maintenant.' Et
elle partit en souriant.
Un mois après, elle revint désespérée.
Nouveaux sanglots, nouvelles larmes
J'avais des clients à recevoir je repris
le procédé qui m'avait réussi je l'endor-
mis en un instant. Au bout de quelques
heures, j'allai la réveiller dans la pièce
éloignée où un domestique l'avaitportée.
Cette fois encore, la cure morale avait
été merveilleuse la générale pardon-
nait à son mari.
Elle prit l'habitude de venir ainsi
chercher, dans un sommeil presque lé-
thargique, une consolation ases dou-
leurs.
Elle arrivait en pleurant, et entrait
d'elle-même dans le salon où j'avais
coutume de l'endormir.
Le résultat ne variait jamais, et ces
visites étaient si fréquentes que mon
esprit n'y attachait plus aucune impor-
tance.
Un samedi du mois de mars (je me
rappelle encore le jour exact), la géné-
rale était venue chez moi. Son mari avait
passé la nuit au cercle (du moins, il le
disait) mais elle savait pertinemment
qu'il n'y était pas allé.
Elle m'aborda, le mouchoir devant les
yeux. J'étais très pressé. A six heures
du soir, j'avais encore dix malades à
examiner. Je pris juste le temps dépas-
ser deux ou trois fois mes doigts sur
son front et, la laissant dans le petit sa-
lon, je revins précipitamment dans mon
C&binet. On m'y remit une d6p~che. Un
des princes de la famille régnante du
Brésil avait besoin de mes soins pour
une opération grave. Le paquebot quit-
tait Bordeaux le lendemain; il fallait
prendre le train à huit heures.
J'avais une heure et demie pour me
préparer. Je congédiai mes malades,
j'écrivis quelques lettrés et je sautai
dans ma voiture.
Je ne pensais qu'au grand honneur
qu'on me taisait, à l'extrême difficulté de
l'opération, aux risques d'une telle ten-
tative.
L'express eut du retard. Le paque-
bot nous attendait. A peine y fus-je
monté qu'on se mit en route.
Je m'installai dans ma cabine Je relus
mes livres de médecine et j'étudiai l'af-
fection que j'allais traiter en Amérique.
Puis je me jetai sur ma couchette.
Le lendemain matin, je grimpai sur
le pont. La mer partout 1
J'abordai le capitaine
Nous avons déjà parcouru du che-
min ?
Quarante milles environ.
Et où ferons-nous escale ?
Nulle part. Nous allons directe-
ment à Rio-Janeiro. Trente-six jours de
mer C'est là de quoi faire de vous un
vrai marin, du premier coup.
–Trente six jours? dis-je. (A cette épo-
que les paquebots étaient moins rapides
qu'auiourd'hui.) Trente-six jours! répé-
tais-je machinatement.
Et j'ajoutai < C'est !ongt c'est long t
Une idée vague envahissait mon cer-
veau il me sembtait confusément que
j'avais oubtiô quelque chose et que cet
oubti serait aggravé par ce terrible dé-
lai de trente-six jours. Mais qu'avais-je
oublié? quoi? quoi?
Tout à coup, je poussai un cri; je me
souvins; j'avais oublié la générale.
Oui, la générale, en pleine catalepsie t
la générale enfermée dans ce petit salon
où l'on n'entrait jamais, dont j'avais du
reste là clef sur moi, et dont on se gar-
derait de forcer la porte, car on sup-
poserait que j'y avais placé quelque
objet précieux.
Capitaine, dis-je en suppliant, il
faut que j'envoie une dépêche.
Le capitaine me regarda avec ahuris-
sement il crut que j'étais devenu fou.
Il le faut, il le faut, capitaine j'ai
oublié la générale, la générale qui va
mourir de faim, la générale qui dort,
entendez-vous, qui dort! t 1
–Eh bien! elle se réveillera) s'écria
le capitaine impatienté.
Etil s'éloigna en donnant l'ordre à
deux matelots de me surveiller.
Ce que fut cette traversée, vous le de-
vinez, je ne sungeais ni au prince brési-
lien, ni à l'opération délicate je ne
voyais que là générale, toujours endor-
mie, périssant d'inanition. Son cadavre
est retrouvé ) On m'accuse d'assassinat ) 1
Un médecin qui attire des femmes dans
un salon retiré et qui s'enfuit attentat 1
meurtre) C'est Castaing et Lapomme-
rais tout ensemble! L'échafaud, le
déshonneur 1
Ah! j'étais dans un triste état d'es-
prit pour glorifier, par mon habileté, la
science française au Brésil.
En&n. le trente-sixième jour, Rio-
Janeiro fut en vue. Je m'élançai dans
une chaloupe, jecourus au télégrapheet
j'écrivis
< Enfoncez porte du petit salon.
Réveillez la générale. ·
.11
Lorsque le mari de la généra.le vit que
sa femme ne rentrait pas, il en pronta.
pour recommencer l'escapade de la nuit
précédente.
Pourtant le lendemain, quand il con-
stata que sa ndeie moitié ne reparais-
sait pas, il se dit qu'elle avait peut-être
perdu patience, et que, réfugiée en lieu
sûr, elle allait intenter quelque demande
en séparation de corps.
Cela ne faisait point l'aSaire du mari
et il passa deux jours dans l'inquiétude
puis il s'informa auprès des intimes et
des parents; aucune nouvelle 1
Le quatrième jour, la police fut av er-
tie. Elle chercha en vain. Il venait chez
moi beaucoup de clients; 1e les faisais
sortir par une porte qui donnait direc-
tement sur l'escalier. Mes gens igno-
raient le nom de la. générale. Sa. présence
avait passé inaperçue et la police ne
pouvait avoir l'idée de fouiller mon ap-
partement.
Nul n'essaya d'ouvrir le petit salon
où l'on crut que j'avais enfermé des pa-
piers ou des valeurs.
De sorte que l'on ne retrouva aucune
trace de la générale, et que son mari ju-
gea qu'elle avait à jamais disparu.
Il eut un remords 'plein de fatuité
Elle s'est tuée par amour de moi. ·
Puis, comme, par contrat, elle lui
avait fait don de toute la fortune, il s'in-
stalla confortablement dans cette exis-
tence d'indépendance.
Il commença par changer les disposi-
tions de i'hôtel. Du boudoir, il fit un fu-
moir de la serre, une salle d'armes;
du saton b!eu, un billard.
La remise était étroite il remplaça la
grande calèche par un mail; il vendit
lë~ chevaux de selle de la générale pour
acheter deux postiers.
La générale, "femme de goût, avait
une livrée très sobre. Lui aimait le faste
il para les laquais d'aiguillettes d'or et
de bas de soie mauve, d'un eSet exhila-
rant.
Cela fait, comme son deuil lui interdi-
-sait les plaisirs mondains, il se contenta
de donner à des amis de petits soupers
intim3s,où le beau sexe se glissait à la
faveur de l'ombre.
Or, un soir que mon interne recevait
chez moi un gros négociant de Bercy at-
teint d'hydropisie, le trente-huitième
jour après mon départ, ma dépêche a.r.
riva de Rio-Janeiro.
Mon interne la lut et bond it.
Enfoncez la porte du petit s&lon,
eha.-t-iL
Le négociant hydropique fat saisi
d'une telle émotion qu'il perdit presque
connaissance.
Sans s'attarder à lui donner des soins,
mon interne brisa un des battants de la
porte d'un coup d'épaule et il comprit
bien vite ce qui s'était passé.
La générale gisait, toute couverte de
poussière. Ses larmes, sa poudre de riz
et cette poussière entassée, lui avaient
fait un masque horrible.
Mon interne la crut morte. Mais, con-
naissant les mystères de la catalepsie, il
nt une tentative suprême et lui souffla
fortement en plein visage..
La généra.le n'était pas morte; elle
n'avait fait que maigrir. Elle devançait
Tanner.
EUe s'essuya les yeux et dit
Docteur, je me sens mieux. Je crois
que mon mari fait partie d'un autre
cercle. C'est là qu'il aura passé la nuit
dernière. Je veux l'embrasser.
Et elle se leva, puis marcha, vers la
porte.
Mon interne, ahuri, n'osa rien lui
dire, et la laissa aller.
Elle traversa mon cabinet de tra-
vail.,
Quand l'hydropique vit cette face ex-
traordinaire (à ce moment il reprenait
ses sens), il se sauva en criant < Voilà
les clients du docteur qui reviennent ) 1
L'hôtel de la générale était voisin de
ma maison. Elle se rendit chez elle en
courant.
Mais elle hésita, en franchissant le
seuil.
Ne se trompait-elle pas ?
Etait-ce bien son honnête et élégante
demeure que cette maison au vestibule
tout recouvert de tentures éclatantes, où,
au milieu de plantes bizarres, se te-
naiént des valets déguisés en seigneurs
Louis XV ? EUe monta l'escalier et vou
lut traver&erle salon bleu pour se repo-
ser dans son boadoir. Plus de salon
bleu, un billard orné de statuettes osées;
plus de boudoir, un musée de pipes 1
Mais l'on rit, l'on chante ) Elle soulève
une portière: horreur ) son mari à ta-
ble avec trois demoiselles décolletées.
Je ne regrette qu'une chose dans cette
aventure précieuse pour la science, con-
tinua le docteur c'est de ne pas avoir vu
la physionomie des dîneurs à l'aspect de
la générale blême, émaciée, couverte de
maculatures qui semblaient provenir de
la tombe.
Les domestiques laissèrent tomber les
plats, les demoiselles s'enfdirent en
poussant des cris aigds.
Le mari, unpeu gris, se jeta à genoux
L, SpPCtre, ,p~,r~nn,o~, pa,rdonne
Spectre,~p&rd~mn.e~pj, pardonne
à ma douleur)
Sors d'ici, s'écria la générale. La-
quais, reconnaissez votre maîtresse; je-
tez dehors cette canaille.
Et -la générale triomphante vit ses
gens mettre à la porte les convives et
rhôte.
Elle regardait ce beau spectacle,
quand elle aperçut mon interne qui l'a-
vait suivie.
Que s'est-il passé? demanda-t-elle.
Madame, vous avez dormi trente-
huit jours.
Ah 1 sotte que je suis, murmura la
générate en poussant un soupir quand
on dort trente-six jours, il ne faut pas
se réveiller.
GEORGES LACHAUD
NosJEchos v
AUJOURD'HUI
A 6 heures et demie, dinar au Grand-Hôtel
admission jusqu'à 7 heures.
Pendant la durée du dtner, l'orchestre de
M. Desgrangea jouera, dans la nouvelle aatle de
musique.
MENU
Potage à l'alsacienne r,
Melon
Hors-d'œuvre
Filets de sole A la. Cherbourg
Pommes de terre à l'anglaisa
Contrenlet à la Nevers
Caisse do cervelle* de veau à la parisienne
Dindonneaux nouveaux au cresson `,
Salade
Chôux-ftoura au gratin
Tarte aux prunes Reine-Ciaude
Glace
Dame blanche
Desserts
Fromages, fruits et petits-fours
Le salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, orgues, tables de jeux. Dîner à la carte
a.u restaurant. Billards au Café Divan.
Le programme du diner-oonc'ert. –(Voir à ht
4' page.)
A deux heures, aêanca publique a.u Sénat.
Musée Grévin, 10, boulevard Montmartre.
De onze heures du matin à onze heures du soir.
Français, 8 h. R~ B!
Château-d'Eau, 8 h. 1/2. La TraptcKcc.
LA POUT!OUE
L'isthme de Suez est occupa par les
'Anglais.
Leurs cuirassés suffisaient amplement
à la protection du canal maritime. Le
transit s'eSectuait régulièrement, et les
craintes d'une attaque de la part des
troupes égyptiennes s'étaient dissipées.
L'amiral Hoskins en a jugé autre-
ment.
Malgré les protestations dé M. de
Lesseps, des détachements de soldats
anglais d'infanterie dé marine ont dé-
barqué à Ismaïlia.
L'Angleterre poursuit son but, envers
et contre tout, de prendre possession de
l'Egypte.
Le canal de Suez n'est-il donc plus
jtine œuvre française, presque une pro-
priété nationale?
La diplomatie de Saint-Pétersbourg
paraît vouloir sortir de son attitude
d'observation en présence de l'allure
que prend l'intervention anglaise en
Egypte.
M. le conseiller d'Etat. Onou, chargé
de l'intérim à l'ambassade russe de
Constantinople, vient de recevoir de
nouvelles instructions, destinées à pré-
eiser le changement de position imposé
au gouvernement duCzar par les cir-
constances actuelles.
On nous écrit de Toulon, que les bâti-
ments de guerre qu'on avait armés en
vue de la protection du canal de Suez
sont entrés en désarmment.
Le gouvernement avait demandé neuf
millions pour leur armement, combien
en coûtera-t-il pour les désarmer ? 2
Le mot de M. Gambetta sur la chute
de M. de Freycinet < On est tombé de
plus haut, on n'est jamais tombé plus
bas, "ce mot charmant n'était pas, pa-
raît-il, absolument neuf.
Et, ce qu'il y a de plus curieux, c'est
qu'il a été fait dernièrement sur M.
Gambetta lui-même, dans un cerele de
Paris, où il a eu;le succès qu'il méritait.
LE MONDE ET LA VtLLE
S. A. R. le prince de Galles, qui avait
manifesté l'intention d'accompagner en
Egypte le corps expéditionnaire, vient
d'abandonner son projet.
C'est, dit-on, sur les instances de la
'Reine que le prince a renoncé à sa réso-
lution.
Le désir qu'il avait manifesté d'aller
partager en Orient les fatigues et les
travaux dès troupes n'étonnera au-
cun de ceux qui connaissent le carac-
tère hautement chevaleresque de l'héri-
tier du trône d'Angleterre.
S. A. R. Mgr le duc d'Aumale a tra-
versé Paris hier soir, se rendant aux
grandes manœuvres de Chalons.
M. Ressmann, le nouveau chargé
d'atMres d'Italie en France, vient d'ar-
river à Paris.
Il prend, aujourd'hui même, posses-
sion de ses fonctions.
Incident à la Chambre.
Au cours de la séance de la Chambre,
M. Janvier de la Motte, se trouvant of-
fensé par un mot prononcé par un de
ses collègues, M. Lacôte, pria deux de
ses amis de demander des explications
à ce dernier.
Le procès~verbal suivant a clos l'inci-
dent
A la suite d'un incident de séance, M.
Janvier de la Motte ayant envoyé deux de
ses coHegues, MM. le baron Dufour et Er-
nest Dréotle, auprès de M. Lacôte. pour lui
demander à s'expliquer sur une interrup-
tion dont M. Janvier de la Motte s'était
".mu..
M. LucOte a chargé MM. Granet et Saint
Romme, ses collègues, de s'entendre avec
MM. le baron Dufour et Dréolle.
A la* suite d'exptica-tions, il a été recon-
nu que M. Lacôte n'avait pas eu, par son
interruption, l'intention d'offenser M. Jan-
vier de la Motte.
Ces explications ont mis nn à tous pour-
parlers.
Signé:
Baron DuFouR. SAiNT-RoMME.
Ernest DRÉOLLE. CrRÂNET.
Le jury des beaux-arts a rendu son
jugement hier lundi pour le concours
du grand-prix de Rome (section de
sculpture). Le sujet traité par les élèves-
artistes, dont nous avons publié les
noms ces jours-ci, était lesaint ~&
Le premier grand prix a été décerné
à M. Marie-Désiré Ferrary, né le 3 août
1852. à Embrune (Hautes-Alpes), élevé
de M. Cavelier.
Le premier second grand prix a été
remporté par M. Edouard-Félicien-
Alexis Pepm, né le 21 novembre 1853,
à Paris, étëve de M. Cavelier.
Le deuxième second grand-prix a été
attribué à M. Edouard -Lombard, né le
22 janvier 1885, à Marseille, élève de M.
Cavelier.
C'est décidément démain! mercredi
2 août qu'a lieu, au concert dés Champs-
Etysées. la grande kermesse en faveur
desvictimet. delà rue François-Mîron.
M. le ba~on de Rothschild a accepté
la présidence d'honneur de cette bonne
œuvre, et a envoyé mille francs pour
son offrande.
Les plus jolies actrices de la Comédie-
Française, de l'Opéra et des autres théâ-
tres ont promis leur concours et se sont
chargées des boutiques et des éven-
taires.
Il y aura concert de jour par la musi-
que de la garde républicaine, ngares de
cire, jeux.divers, tourniquets, chevaux
de bois, petits chevaux~ etc., et une pri-
meur, l'exposition des Arts Incohérents,
dirigée par les sœurs Legauit.
Le soir la fête continuera, illuminée a
~M)?'no.
Hier a eu lieu, à Rouen, l'ouverture de
l'exposition artistique aux galeries Rad-
dez.
De Nice, nous recevons les nouvelles
suivantes
MM. Lagrange de Langres, le nou-
veau préfet des Alpes-Maritimes, et Bor-
riglione, maire de Nice, viennent de
recevoir des dépêches de Paris les priant
de s'y rendre pour pouvoir mieux four-
nir aux ministces de l'intérieur et des
finances des explications relatives à
deuxaSaires impor tantes l'affaire du
jPeMs~ro et le dënctt considérable qui a
eu lieu à la trésorerie générale. `
Quant au feM~ero, U n'y a qu'un cri
dans toute la ville de Nice contre ce
journal séparatiste, et depuis deux jours
on lit sur les murs de nombreuses pe-
tites affiches à la main, ainsi conçues
GROUPE FRANÇAIS
VtM France et ~7~te
~fo~< CM PENSIERO S< .PfOtK~
Sidaas un mois cet 'ignoble journal n'a
pas disparu, nous le répondrons plus de
rien.
UN GROUPE DE FRANÇAIS.
Quant au déficit de la caisse de la
Trésorerie générale, il n'est pas aussi
considérable que l'on supposait à la pre-
mière heure, et M. Gaulthier de Rigny,
le trésorier général révopué, dont la
bonne foi et la caisse ont été surprises
par son fondé de pouvoirs, doit désin-
téresser intégralement tous les créan-
ciers.
Conformément aux promesses de M.
le garde des sceaux, les poursuites sont
commencées contre le .Pe~ero, l'odieux
journal séparatiste de Nice.
M. Faraut, gérant, et André, directeur,
ont comparu hier devant M. le procu-
reur de la République, sur citation du
sieur Bonnet, huissier.
Fiches de consolation
MM. de Freycinet et Léon Say vien-
nent d'être nommés, par Sa. Majesté le
roi de Serbie, grands-croix de l'ordre
national de Takowo.
NOUVELLES A LA MAtM
Un voltigeur de Vénus, qui va tous
les ans aux stations balnéaires les plus
réconfortantes, rencontre, hier, un de
sesamis,quiluidit:
Eh bien t mon vieux, où iras-tu
te ragaillardir, cette année ? q
Le vieux beau, d'un air piteux
Ah ) je crois que, dorénavant, j'irai
tout simplement aux eaux.d'MM CON'M
BOURSE DE MMR ES, 3t JULLET
Marché plus ferme en clôture. On fait
même courir le bruit peu vraisemblable
de ta. mort d'Arabi. Consolidés 99 8~;
Egyptienne 50 83. parité 255; Italien 8650,
parité 86 92; Banque ottomane 17 92,
parité 701.
T!! PATATMTM~ M ~ETV~S!!
M: UUAM!ni!jua m! LiiLÏMB
M. Grévy, qui s'était reposé dimanche,
n'a rien entrepris hier/ce qui permet
de dire que ce chef de la démocratie a
efaitle lundi".
Cette inaction du président de la Ré-
publique, qui n'appelle personne, s'ex-
plique par son entêtement franc-com-
tois.
,M. Grévy est freycinettiste et veiat
garder M. de Freycinet. C'est pour l'im-
poser qu'il n'a mandé encore aucun
homme politique et qu'H n'a commencé
aucune démarche.
Tout le monde cependant n'est pas
familiarisé avec l'idée d'un replâtrage.
Et quelques listes ministérielles ont
circulé hier, dans la'journée. La moins
fantaisiste était la liste Léon Say-Hé-
brard. MM. Léon Say et Hébrard sont
deux bourgeois bourgeoisant qui inspi-
rent, à tort ou à raison, une véritable
sécurité au monde des a&aires. Le nom
de M. Léon Say est dans certains mi-
lieux synonyme de prospérité maté-
rielle. Excellentes raisons, mais qui sont
retorquées par les freycinettistes:'N'esta
ce pas, disent-ils, contre la politique de
M. Léon Say qu'on a voté? Il est donc
impossible. x
Une seconde cambinaison portait M.
Wilson à la présidence du conseil du
conseil judiciaire, a ajouté un homme
d'esprit.
Enfin, un petit journal s'est amusé,
hier soir, à publier < le nouveau minis-
tère Ce < nouveau ministère offrait
une singularité exceptionnelle. A sa
tête figurait le général Billot, ministre
de la guerre. Le nouveau cabinet devant
être non-interventionniste, jamais on
n'aurait vu un ministère pacifique aussi
belliqueusement présidé.
Toutes ces rumeurs mentionnées pour
mémoire. Il faut en revenir à la combi-
naison Freycinet. M. de Freycinet a
passé toute la journée au Ministère des
aSaires étrangères. Il a reçu la visite
déplus de cent cinquante députés et
celfe de M. Jules Ferry.
M. de Freycinet a fort mal accueilli
ses excuses hypocrites et il a laissé en-
tendre que M. Ferry déménagerait de
la rue de Grenelle si lui, Freycinet, de-
meurait au quai d'Orsay.
M. Ferry s'en allant, c'est M. Mézières
qui le remplacerait.
Et M. Mézières, membre de l'Acadé-
mie française, professeur de littérature
à la Sorbonne, a de grandes chances,
car M. de Freycinet en a beaucoup. En
eSet, M. Grévy né voulant conner le
pouvoir à personne et la Chambre vou-
lant s'en aller en vacances, c'est le pré-
sident du conseil d'hier qui sera le pré-
sident du conseil de demain.'
Déjà les partisans de l'Elysée ont pro-
voqué des démarches nombreuses au
palais du quai d'Orsay. Ces démarches
vont continuer. M. Grévy, qui semble
dormir à l'Elysée du sommeil des cata-
leptiques, ne se réveillera vraisembla-
blement que lorsque les manifestations
extra-parlementaires de connance au-
ront assez frappé l'opinion publique
pour qu'elle voie dans M. de Freycinet
le ministre nécessaire.
J'allais signer ce court article quand
on m'a apporté la liste suivante qui n'a
rien d'ofneiel, mais que M. de Freycinet
aurait arrêtée dans son entourage et
soumis secrètement à M. Grévy par
l'intermédiaire d'un attaché de cabinet
Président du conseil et affaires étran-
gères M. de Freycinet.
Intérieur M. Goblet.
Instruction pubiique M. Mézières.
Finances M. Varroy.
Justice M. FaUtères.
Travaux publics M. Sadi Carnet.
Poste et télégraphes M. Cochery.
Commerce M. Tirard.
Agriculture M. de Mahy.
Guerre génera.1 Billot.
Marina.:X.
Encore un coup, il n'y a peut-être 1&
qu'un ballon d'essai, car personne ne
dit que le cataleptique de Ï'Elyse.e.sdit
sorti de son sommeil et confère avec 1~.
de Freycinet. LOUIB
MmSLtMBMT
Poursuites contre le GAULOIS
Dans notre avant-dernier numéro, nous
avons publié l'acte d'accusation de M. le
procureur général près la cour dé Paris
contre les frères et la femme Fenayrdu,
incriminés dans l'assassinat du Pecq. Nous
avons fait précéder la publicaUon de cette
pièce de l'expression de nos sentiments &e
respect pour la justice, pour la magistra-
ture, et nous espérons que jamais personne
n'en a douté.
Plusieurs de nos confrères ont cru' ont
dit que cet acte d'accusation avait été ima-
giné par nous; il est tout ce qu'il y a tte
plus authentique, puisque nous venons de
recevoir assignation à comparaître en po-
lice correctionnelle, pour répondre de cette
publication anticipée, que des précédents
semblaient nous autoriser à faire. Ces pré-
cédents certainement nous les invoquerons
pour notre défense.
A, M.
AUMRE DE POPULMiTE
Et toujours pas de gouvernement. On
s'accorde pour reconnaître qu'il n'est
pas facile de faire un ministère. Aussi
paraît-il qu'on replâtrera M. de Freyci-
net, pour clore la session, aller en
vacances, gagner l'automne. Mais,
on est convaincu que, quoiqu'on
fasse, ce sera. toujours la même
chose avec cette Chambre. Ni homme,
ni politique, ne peut y réunir une ma-
jorité. C'est la mare aux grenouilles qui
demandent un soliveau, quand elles ont
un héron, et un héron, quand elles ont
un soliveau. IIabilles-les de blanc, ha.-
billes-les de rouge, disait le roi Ferdi-
nand a. son fils, qui s'occupait avec pas-
sion de son régiment, ce sera toujours
des Napolitains, le canon leur fera tou-
jours peur.
Que faire, de cette Chambre, qui nous
promet encore trois ans et trois semai-
nes dece régime de grenouilles? Elle
tient au scrutin, d'arrondissement,
comme à la prunelle de ses yeux. Il n'y
a aucune espèce de probabilité qu'elle
adoptera le scrutin de liste que veut celui
qu'elle redoute, qu'elle repousse pour
le moins autant que la guerre, M. Ga.m-
betta. Si donc on la dissout, c'est au
scrutin d'arrondissement que se feront
les élections, et alors? Ah! l'on est très
perplexe sur cet alors-là. Pas nous. Quoi-
qu'il arrive, nous ne pensons pas avoir
grand'chose a. y perdre, au contraire,
nous avons espoir, nous avons chance
d'y gagner. Mais ceux qui ont qualité
pour faire la dissolution.
S'ils n'avaient pas autant crié contre
le 16 mai, cette maladresse constitution-
nelle, ils pourraient user du même droit,
sans que l'accusation de coup d'Etat se
retournât entre eux, ce qui les préoc-
cupe un peu plus qu'ils n'en convien-
nent, et le faire réussir selon leurs vues,
ce qui serait pourtant un peu moins
facile qu'âcette époque-là.Mais onnë voit
pas bien M. Grévy jouer sans un mortel
embarras un rôle qu'il a si durement
qualifié chez M. le maréchal de Mac-
Mahon. D'ailleurs, si le président pro-
pose, c'est le Sénat qui dispose et si le
Sénat peut refaire ce qu'il a fait, dans
quelles conditions le referait-il ?
Après avoir rejeté le scrutin de liste,
le Sénat en est aujourd'hui partisan;
tandis que la Chambre, qui s'y résignait,
l'a pris en horreur. De gambettiste
qu'elle était, la Chambre est devenue
anii-gambettiste et, d'anti-gàmbettlste,
le Sénat s'est fait gambettiste. Or,dissou-
dre la Gha-mbre pour faire des élections an
scrutin d'arrondissement, on comprend
que le Sénat ne s'en soucie guère de peur
de la voir revenir. Et fa dissoudre sur
quoi ? Sur la question de paix ou de
guerre. Le Sénat n'est peut-être pas
aussi belliqueux que M. Gambetta, mais
la Chambre est pacifique avant tout,
elle est pacifique à tout prix, parce
qu'elle craint, peut-être, bêlas! pas sans
motifs,que le pays ne le soit encore plus
qu'elle-même, et,qu'il ne lui fasse expier,
fut-ce dans trois ans et trois semaines,
une politique belliqueuse 1
Dans ce conflit, la Chambre a-t-elle
raison? C'est possible.Mais le Sénat sem-
ble avoir le beaurôie. Outre qu'il compte
plus d'hommes distingués, il fait figure
moins douloureuse pour nous. Bien des
fois l'on a fait fonds sur lui, sans grand
succès d'ailleurs. Le voilà qui commeme
à jouir, non pas d'un regain de popula-
rité, puisqu'il n'a jamais été populaire,
mais d'une certaine attention;. les re-
gards se tournent vers lui, comme vers
quelque chose d'où pourrait sortir ce
dont on a besoin, ce qu'on attend, cet
homme dont nous parlions l'autre'jouj.
Qu'il sorte de là ou d'autre part, cet
homme, la France lui fera un triomphe,
mais qu'Use montre t
LOUt~TE~TE,
MNC~RS CMRAL
L'ouverture des procès-verbaux et des
buUëtins correspondant aux copies dési-
gnées pour les prix et accessits du con-
cours général entre les lycées et collèges
de Pans et de Versailles, a eu lieu hier
lundi, à la Sorbonne.
Etaient présents, MM. Gréard, vice rec-
teur les inspecteurs de l'Académie en ré-
sidence à Paris, et les proviseurs et direc-
teurs des établissements admis au con-
cours.
Nous avons la. bonne fortune de pouvoir
donner aux lecteurs du GaMMs la primeur
des résultats de ce concours, qui ne seront
proclamés que demain mercredi, dans la
grand amphithéâtre de l'antique Sorbonne.
L'invincible lycée Louis le-Grrand tient
Mardi f Ao~t 1SB8
Seizième Année Troisïèmo Sème '-< Numêisd 1§
A -IB& TP NE U XS, B'i:.M"aT JE.
B~
ABONNEMENTS
Paris Département*)
Unmois. 5fr. Un mois. Bfr.
Trois mois. 13 SO Trois mois. 16 &
Six mois. 27 fr. Six mois. S2fr.
Un an. 54fr. Unan. 64fr.
Etranger
TjroM mots (Union posta.le). 18 f~.
REDACTION
boulevard des Italîena, W
0)tD)tnX!tEC!H!SAMtNB!T
1 1
PARI5 J~~RmL
PARIS-JOURNAL t
33L JDE :E=I~3SriB
K~ctee«ttr
ANNONCES
MM. CH. LA&RAJSfGE, CERB' & 0
6,PI.AOBBE!.ABOCME,6 Ô
E< ù iA~nMpM
ADMINISTRATION
MDIXBHURMACINQHBCMt
t, bonteTara dea ttattem*, W
ABONNEMENTS.PETtTES ANNONCES
RENSEIGNEMENTS 1.
9, boulevard des Italiens, 6
Le G'6M~o&s sera envoyé gratui-
tement, pendant huit jours, à toute
personne qui en fera la demande,
soit directement au bureau du jour-
nal, soit par lettre affranchie adres-
sée à l'administrateur du Gaulois,
9, boulevard des Italiens.
B~Ht! tt FMMm
MtMLhM M bËMMM
Je la plains, fit le docteur. On dit
qu'elle se réveille.
Il va sans dire que le docteur parlait
de la femme endormie de l'hôpital Beau~
Ion. Et de quoi causeraient aujourd'hui
les médecins, sinon de ce phénomène
qui vient juste à point pour ranimer l'at-
tention qui s'était portée naguère sur
les phénomènes nerveux de la catalep-
sie, et sur les expériences de M. Charcot
à la Salpêtrière.
Je la plains, répéta le docteur. Dor-
mirj tant de jours, et se ré veiller tout à
coup, quelle aventure périlleuse t Ah 1
cela me rappelle la pauvre générale ) 1
Quelle générale ?
Permettez-moi de ne point vous la
nommer, car on a fait le silence autour
de ce qui lui est arrivé. Du reste, l'his-
toire est déjà ancienne et vous ne devi-
nerez pas de qui il s'agit.
Racontez l'histoire, docteur, nous
vous en supplions.
Si je n'avais pas envie de vous la
raconter, je n'aurais pas dit < Pauvre
générale!
Et le docteur parla ainsi
On s'occupe jMaucqup.maintenantcfe
femmes nerveuses, de sujets lucides, de
malades qu'un geste, un souffle, un re-
gard plongent dans la torpeur ou exci-
tent jusqu'à la folie. La générale-avait
vraiment le génie de la névrose. Son
corps et son âme vibraient comme un
instrument docile entre les mains d'un
'savant expérimenté.
'Et pourtant toute cette fougue s'a-
paisait dans la vie quotidienne.
La générale, était une épouse exem-
'plaire elle adorait son second mari,
qu'elle avait choisi peu de temps après
la mort du général, du général dont,
par courtoisie, on donnait encore le ti-
tre à la veuve très consolée.
Hélas ce second mari ne méritait
guère la tendre ndélitô de la pauvre
femme. C'était un freluquet, plus jeune
qu'elle et qui ne songeait qu'à se faire
une existence joyeuse avec la grosse
fortune de l'infortunée générale. Si bien
que celte-ci avait des heures d'un dé-
sespoir à la fois touchant et comique.
Le mari, qui tenait à ce qu'aucun
scandale n'amenât une rupture, gardait
& peu près les apparences.
Mais un secret instinct, aidé de pré-
somptions énormes,avertissait la femme
j&louse. En vain, le mari mentait-il avec
l'habiteté d'un homme auquel le men-
songe rapporte deux cent mille francs
de tente: il y avait des lacunes dans ses
récits et des contradictions dans ses ex-
plications.
Alors la pauvre générale pleurait à
grosses larmes, puis elle sanglotait, et
toujours elle vena.t chez moi, chez son
docteur, son plus cher conûdent.
J'avais d'abord essayé de la consoler
par les moyens ordinaires Vous vous
trompez, il vous aime, il vous revien-
dra. mes eSorts avaient été impuis-
sants, et elle se lamentait dans mon ca-
binet pendant des heures entières.
Un jour que, la tête dans ses mains,
elle gémissait, je lui passai par hasard
les -doigts sur le front tout à coup,
le calme se rétablit, et la générale,
se laissant aller sur le fauteuil où elle
était assise, tomba dans un profond
sommeil.
Je fus étonné et satisfait, car sa dou-
leur était vraiment encombrante. On la
transporta dans un salon voisin, et, au
bout de quelque temps, je la réveillai de
ia façon classique, en lui soufflant sur
le vidage. Elle ouvrit les yeux elle se
sentait rassérénée. Jelui disqu'etle avait
dormi. < Cela m'a fait du bien, ré-
pondit-elle. Nous recommencerons. Je
sens combien j'étais folle. Mes soupçons
me semblent injustes maintenant.' Et
elle partit en souriant.
Un mois après, elle revint désespérée.
Nouveaux sanglots, nouvelles larmes
J'avais des clients à recevoir je repris
le procédé qui m'avait réussi je l'endor-
mis en un instant. Au bout de quelques
heures, j'allai la réveiller dans la pièce
éloignée où un domestique l'avaitportée.
Cette fois encore, la cure morale avait
été merveilleuse la générale pardon-
nait à son mari.
Elle prit l'habitude de venir ainsi
chercher, dans un sommeil presque lé-
thargique, une consolation ases dou-
leurs.
Elle arrivait en pleurant, et entrait
d'elle-même dans le salon où j'avais
coutume de l'endormir.
Le résultat ne variait jamais, et ces
visites étaient si fréquentes que mon
esprit n'y attachait plus aucune impor-
tance.
Un samedi du mois de mars (je me
rappelle encore le jour exact), la géné-
rale était venue chez moi. Son mari avait
passé la nuit au cercle (du moins, il le
disait) mais elle savait pertinemment
qu'il n'y était pas allé.
Elle m'aborda, le mouchoir devant les
yeux. J'étais très pressé. A six heures
du soir, j'avais encore dix malades à
examiner. Je pris juste le temps dépas-
ser deux ou trois fois mes doigts sur
son front et, la laissant dans le petit sa-
lon, je revins précipitamment dans mon
C&binet. On m'y remit une d6p~che. Un
des princes de la famille régnante du
Brésil avait besoin de mes soins pour
une opération grave. Le paquebot quit-
tait Bordeaux le lendemain; il fallait
prendre le train à huit heures.
J'avais une heure et demie pour me
préparer. Je congédiai mes malades,
j'écrivis quelques lettrés et je sautai
dans ma voiture.
Je ne pensais qu'au grand honneur
qu'on me taisait, à l'extrême difficulté de
l'opération, aux risques d'une telle ten-
tative.
L'express eut du retard. Le paque-
bot nous attendait. A peine y fus-je
monté qu'on se mit en route.
Je m'installai dans ma cabine Je relus
mes livres de médecine et j'étudiai l'af-
fection que j'allais traiter en Amérique.
Puis je me jetai sur ma couchette.
Le lendemain matin, je grimpai sur
le pont. La mer partout 1
J'abordai le capitaine
Nous avons déjà parcouru du che-
min ?
Quarante milles environ.
Et où ferons-nous escale ?
Nulle part. Nous allons directe-
ment à Rio-Janeiro. Trente-six jours de
mer C'est là de quoi faire de vous un
vrai marin, du premier coup.
–Trente six jours? dis-je. (A cette épo-
que les paquebots étaient moins rapides
qu'auiourd'hui.) Trente-six jours! répé-
tais-je machinatement.
Et j'ajoutai < C'est !ongt c'est long t
Une idée vague envahissait mon cer-
veau il me sembtait confusément que
j'avais oubtiô quelque chose et que cet
oubti serait aggravé par ce terrible dé-
lai de trente-six jours. Mais qu'avais-je
oublié? quoi? quoi?
Tout à coup, je poussai un cri; je me
souvins; j'avais oublié la générale.
Oui, la générale, en pleine catalepsie t
la générale enfermée dans ce petit salon
où l'on n'entrait jamais, dont j'avais du
reste là clef sur moi, et dont on se gar-
derait de forcer la porte, car on sup-
poserait que j'y avais placé quelque
objet précieux.
Capitaine, dis-je en suppliant, il
faut que j'envoie une dépêche.
Le capitaine me regarda avec ahuris-
sement il crut que j'étais devenu fou.
Il le faut, il le faut, capitaine j'ai
oublié la générale, la générale qui va
mourir de faim, la générale qui dort,
entendez-vous, qui dort! t 1
–Eh bien! elle se réveillera) s'écria
le capitaine impatienté.
Etil s'éloigna en donnant l'ordre à
deux matelots de me surveiller.
Ce que fut cette traversée, vous le de-
vinez, je ne sungeais ni au prince brési-
lien, ni à l'opération délicate je ne
voyais que là générale, toujours endor-
mie, périssant d'inanition. Son cadavre
est retrouvé ) On m'accuse d'assassinat ) 1
Un médecin qui attire des femmes dans
un salon retiré et qui s'enfuit attentat 1
meurtre) C'est Castaing et Lapomme-
rais tout ensemble! L'échafaud, le
déshonneur 1
Ah! j'étais dans un triste état d'es-
prit pour glorifier, par mon habileté, la
science française au Brésil.
En&n. le trente-sixième jour, Rio-
Janeiro fut en vue. Je m'élançai dans
une chaloupe, jecourus au télégrapheet
j'écrivis
< Enfoncez porte du petit salon.
Réveillez la générale. ·
.11
Lorsque le mari de la généra.le vit que
sa femme ne rentrait pas, il en pronta.
pour recommencer l'escapade de la nuit
précédente.
Pourtant le lendemain, quand il con-
stata que sa ndeie moitié ne reparais-
sait pas, il se dit qu'elle avait peut-être
perdu patience, et que, réfugiée en lieu
sûr, elle allait intenter quelque demande
en séparation de corps.
Cela ne faisait point l'aSaire du mari
et il passa deux jours dans l'inquiétude
puis il s'informa auprès des intimes et
des parents; aucune nouvelle 1
Le quatrième jour, la police fut av er-
tie. Elle chercha en vain. Il venait chez
moi beaucoup de clients; 1e les faisais
sortir par une porte qui donnait direc-
tement sur l'escalier. Mes gens igno-
raient le nom de la. générale. Sa. présence
avait passé inaperçue et la police ne
pouvait avoir l'idée de fouiller mon ap-
partement.
Nul n'essaya d'ouvrir le petit salon
où l'on crut que j'avais enfermé des pa-
piers ou des valeurs.
De sorte que l'on ne retrouva aucune
trace de la générale, et que son mari ju-
gea qu'elle avait à jamais disparu.
Il eut un remords 'plein de fatuité
Elle s'est tuée par amour de moi. ·
Puis, comme, par contrat, elle lui
avait fait don de toute la fortune, il s'in-
stalla confortablement dans cette exis-
tence d'indépendance.
Il commença par changer les disposi-
tions de i'hôtel. Du boudoir, il fit un fu-
moir de la serre, une salle d'armes;
du saton b!eu, un billard.
La remise était étroite il remplaça la
grande calèche par un mail; il vendit
lë~ chevaux de selle de la générale pour
acheter deux postiers.
La générale, "femme de goût, avait
une livrée très sobre. Lui aimait le faste
il para les laquais d'aiguillettes d'or et
de bas de soie mauve, d'un eSet exhila-
rant.
Cela fait, comme son deuil lui interdi-
-sait les plaisirs mondains, il se contenta
de donner à des amis de petits soupers
intim3s,où le beau sexe se glissait à la
faveur de l'ombre.
Or, un soir que mon interne recevait
chez moi un gros négociant de Bercy at-
teint d'hydropisie, le trente-huitième
jour après mon départ, ma dépêche a.r.
riva de Rio-Janeiro.
Mon interne la lut et bond it.
Enfoncez la porte du petit s&lon,
eha.-t-iL
Le négociant hydropique fat saisi
d'une telle émotion qu'il perdit presque
connaissance.
Sans s'attarder à lui donner des soins,
mon interne brisa un des battants de la
porte d'un coup d'épaule et il comprit
bien vite ce qui s'était passé.
La générale gisait, toute couverte de
poussière. Ses larmes, sa poudre de riz
et cette poussière entassée, lui avaient
fait un masque horrible.
Mon interne la crut morte. Mais, con-
naissant les mystères de la catalepsie, il
nt une tentative suprême et lui souffla
fortement en plein visage..
La généra.le n'était pas morte; elle
n'avait fait que maigrir. Elle devançait
Tanner.
EUe s'essuya les yeux et dit
Docteur, je me sens mieux. Je crois
que mon mari fait partie d'un autre
cercle. C'est là qu'il aura passé la nuit
dernière. Je veux l'embrasser.
Et elle se leva, puis marcha, vers la
porte.
Mon interne, ahuri, n'osa rien lui
dire, et la laissa aller.
Elle traversa mon cabinet de tra-
vail.,
Quand l'hydropique vit cette face ex-
traordinaire (à ce moment il reprenait
ses sens), il se sauva en criant < Voilà
les clients du docteur qui reviennent ) 1
L'hôtel de la générale était voisin de
ma maison. Elle se rendit chez elle en
courant.
Mais elle hésita, en franchissant le
seuil.
Ne se trompait-elle pas ?
Etait-ce bien son honnête et élégante
demeure que cette maison au vestibule
tout recouvert de tentures éclatantes, où,
au milieu de plantes bizarres, se te-
naiént des valets déguisés en seigneurs
Louis XV ? EUe monta l'escalier et vou
lut traver&erle salon bleu pour se repo-
ser dans son boadoir. Plus de salon
bleu, un billard orné de statuettes osées;
plus de boudoir, un musée de pipes 1
Mais l'on rit, l'on chante ) Elle soulève
une portière: horreur ) son mari à ta-
ble avec trois demoiselles décolletées.
Je ne regrette qu'une chose dans cette
aventure précieuse pour la science, con-
tinua le docteur c'est de ne pas avoir vu
la physionomie des dîneurs à l'aspect de
la générale blême, émaciée, couverte de
maculatures qui semblaient provenir de
la tombe.
Les domestiques laissèrent tomber les
plats, les demoiselles s'enfdirent en
poussant des cris aigds.
Le mari, unpeu gris, se jeta à genoux
L, SpPCtre, ,p~,r~nn,o~, pa,rdonne
Spectre,~p&rd~mn.e~pj, pardonne
à ma douleur)
Sors d'ici, s'écria la générale. La-
quais, reconnaissez votre maîtresse; je-
tez dehors cette canaille.
Et -la générale triomphante vit ses
gens mettre à la porte les convives et
rhôte.
Elle regardait ce beau spectacle,
quand elle aperçut mon interne qui l'a-
vait suivie.
Que s'est-il passé? demanda-t-elle.
Madame, vous avez dormi trente-
huit jours.
Ah 1 sotte que je suis, murmura la
générate en poussant un soupir quand
on dort trente-six jours, il ne faut pas
se réveiller.
GEORGES LACHAUD
NosJEchos v
AUJOURD'HUI
A 6 heures et demie, dinar au Grand-Hôtel
admission jusqu'à 7 heures.
Pendant la durée du dtner, l'orchestre de
M. Desgrangea jouera, dans la nouvelle aatle de
musique.
MENU
Potage à l'alsacienne r,
Melon
Hors-d'œuvre
Filets de sole A la. Cherbourg
Pommes de terre à l'anglaisa
Contrenlet à la Nevers
Caisse do cervelle* de veau à la parisienne
Dindonneaux nouveaux au cresson `,
Salade
Chôux-ftoura au gratin
Tarte aux prunes Reine-Ciaude
Glace
Dame blanche
Desserts
Fromages, fruits et petits-fours
Le salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, orgues, tables de jeux. Dîner à la carte
a.u restaurant. Billards au Café Divan.
Le programme du diner-oonc'ert. –(Voir à ht
4' page.)
A deux heures, aêanca publique a.u Sénat.
Musée Grévin, 10, boulevard Montmartre.
De onze heures du matin à onze heures du soir.
Français, 8 h. R~ B!
Château-d'Eau, 8 h. 1/2. La TraptcKcc.
LA POUT!OUE
L'isthme de Suez est occupa par les
'Anglais.
Leurs cuirassés suffisaient amplement
à la protection du canal maritime. Le
transit s'eSectuait régulièrement, et les
craintes d'une attaque de la part des
troupes égyptiennes s'étaient dissipées.
L'amiral Hoskins en a jugé autre-
ment.
Malgré les protestations dé M. de
Lesseps, des détachements de soldats
anglais d'infanterie dé marine ont dé-
barqué à Ismaïlia.
L'Angleterre poursuit son but, envers
et contre tout, de prendre possession de
l'Egypte.
Le canal de Suez n'est-il donc plus
jtine œuvre française, presque une pro-
priété nationale?
La diplomatie de Saint-Pétersbourg
paraît vouloir sortir de son attitude
d'observation en présence de l'allure
que prend l'intervention anglaise en
Egypte.
M. le conseiller d'Etat. Onou, chargé
de l'intérim à l'ambassade russe de
Constantinople, vient de recevoir de
nouvelles instructions, destinées à pré-
eiser le changement de position imposé
au gouvernement duCzar par les cir-
constances actuelles.
On nous écrit de Toulon, que les bâti-
ments de guerre qu'on avait armés en
vue de la protection du canal de Suez
sont entrés en désarmment.
Le gouvernement avait demandé neuf
millions pour leur armement, combien
en coûtera-t-il pour les désarmer ? 2
Le mot de M. Gambetta sur la chute
de M. de Freycinet < On est tombé de
plus haut, on n'est jamais tombé plus
bas, "ce mot charmant n'était pas, pa-
raît-il, absolument neuf.
Et, ce qu'il y a de plus curieux, c'est
qu'il a été fait dernièrement sur M.
Gambetta lui-même, dans un cerele de
Paris, où il a eu;le succès qu'il méritait.
LE MONDE ET LA VtLLE
S. A. R. le prince de Galles, qui avait
manifesté l'intention d'accompagner en
Egypte le corps expéditionnaire, vient
d'abandonner son projet.
C'est, dit-on, sur les instances de la
'Reine que le prince a renoncé à sa réso-
lution.
Le désir qu'il avait manifesté d'aller
partager en Orient les fatigues et les
travaux dès troupes n'étonnera au-
cun de ceux qui connaissent le carac-
tère hautement chevaleresque de l'héri-
tier du trône d'Angleterre.
S. A. R. Mgr le duc d'Aumale a tra-
versé Paris hier soir, se rendant aux
grandes manœuvres de Chalons.
M. Ressmann, le nouveau chargé
d'atMres d'Italie en France, vient d'ar-
river à Paris.
Il prend, aujourd'hui même, posses-
sion de ses fonctions.
Incident à la Chambre.
Au cours de la séance de la Chambre,
M. Janvier de la Motte, se trouvant of-
fensé par un mot prononcé par un de
ses collègues, M. Lacôte, pria deux de
ses amis de demander des explications
à ce dernier.
Le procès~verbal suivant a clos l'inci-
dent
A la suite d'un incident de séance, M.
Janvier de la Motte ayant envoyé deux de
ses coHegues, MM. le baron Dufour et Er-
nest Dréotle, auprès de M. Lacôte. pour lui
demander à s'expliquer sur une interrup-
tion dont M. Janvier de la Motte s'était
".mu..
M. LucOte a chargé MM. Granet et Saint
Romme, ses collègues, de s'entendre avec
MM. le baron Dufour et Dréolle.
A la* suite d'exptica-tions, il a été recon-
nu que M. Lacôte n'avait pas eu, par son
interruption, l'intention d'offenser M. Jan-
vier de la Motte.
Ces explications ont mis nn à tous pour-
parlers.
Signé:
Baron DuFouR. SAiNT-RoMME.
Ernest DRÉOLLE. CrRÂNET.
Le jury des beaux-arts a rendu son
jugement hier lundi pour le concours
du grand-prix de Rome (section de
sculpture). Le sujet traité par les élèves-
artistes, dont nous avons publié les
noms ces jours-ci, était le
Le premier grand prix a été décerné
à M. Marie-Désiré Ferrary, né le 3 août
1852. à Embrune (Hautes-Alpes), élevé
de M. Cavelier.
Le premier second grand prix a été
remporté par M. Edouard-Félicien-
Alexis Pepm, né le 21 novembre 1853,
à Paris, étëve de M. Cavelier.
Le deuxième second grand-prix a été
attribué à M. Edouard -Lombard, né le
22 janvier 1885, à Marseille, élève de M.
Cavelier.
C'est décidément démain! mercredi
2 août qu'a lieu, au concert dés Champs-
Etysées. la grande kermesse en faveur
desvictimet. delà rue François-Mîron.
M. le ba~on de Rothschild a accepté
la présidence d'honneur de cette bonne
œuvre, et a envoyé mille francs pour
son offrande.
Les plus jolies actrices de la Comédie-
Française, de l'Opéra et des autres théâ-
tres ont promis leur concours et se sont
chargées des boutiques et des éven-
taires.
Il y aura concert de jour par la musi-
que de la garde républicaine, ngares de
cire, jeux.divers, tourniquets, chevaux
de bois, petits chevaux~ etc., et une pri-
meur, l'exposition des Arts Incohérents,
dirigée par les sœurs Legauit.
Le soir la fête continuera, illuminée a
~M)?'no.
Hier a eu lieu, à Rouen, l'ouverture de
l'exposition artistique aux galeries Rad-
dez.
De Nice, nous recevons les nouvelles
suivantes
MM. Lagrange de Langres, le nou-
veau préfet des Alpes-Maritimes, et Bor-
riglione, maire de Nice, viennent de
recevoir des dépêches de Paris les priant
de s'y rendre pour pouvoir mieux four-
nir aux ministces de l'intérieur et des
finances des explications relatives à
deuxaSaires impor tantes l'affaire du
jPeMs~ro et le dënctt considérable qui a
eu lieu à la trésorerie générale. `
Quant au feM~ero, U n'y a qu'un cri
dans toute la ville de Nice contre ce
journal séparatiste, et depuis deux jours
on lit sur les murs de nombreuses pe-
tites affiches à la main, ainsi conçues
GROUPE FRANÇAIS
VtM France et ~7~te
~fo~< CM PENSIERO S< .PfOtK~
Sidaas un mois cet 'ignoble journal n'a
pas disparu, nous le répondrons plus de
rien.
UN GROUPE DE FRANÇAIS.
Quant au déficit de la caisse de la
Trésorerie générale, il n'est pas aussi
considérable que l'on supposait à la pre-
mière heure, et M. Gaulthier de Rigny,
le trésorier général révopué, dont la
bonne foi et la caisse ont été surprises
par son fondé de pouvoirs, doit désin-
téresser intégralement tous les créan-
ciers.
Conformément aux promesses de M.
le garde des sceaux, les poursuites sont
commencées contre le .Pe~ero, l'odieux
journal séparatiste de Nice.
M. Faraut, gérant, et André, directeur,
ont comparu hier devant M. le procu-
reur de la République, sur citation du
sieur Bonnet, huissier.
Fiches de consolation
MM. de Freycinet et Léon Say vien-
nent d'être nommés, par Sa. Majesté le
roi de Serbie, grands-croix de l'ordre
national de Takowo.
NOUVELLES A LA MAtM
Un voltigeur de Vénus, qui va tous
les ans aux stations balnéaires les plus
réconfortantes, rencontre, hier, un de
sesamis,quiluidit:
Eh bien t mon vieux, où iras-tu
te ragaillardir, cette année ? q
Le vieux beau, d'un air piteux
Ah ) je crois que, dorénavant, j'irai
tout simplement aux eaux.d'MM CON'M
BOURSE DE MMR ES, 3t JULLET
Marché plus ferme en clôture. On fait
même courir le bruit peu vraisemblable
de ta. mort d'Arabi. Consolidés 99 8~;
Egyptienne 50 83. parité 255; Italien 8650,
parité 86 92; Banque ottomane 17 92,
parité 701.
T!! PATATMTM~ M ~ETV~S!!
M: UUAM!ni!jua m! LiiLÏMB
M. Grévy, qui s'était reposé dimanche,
n'a rien entrepris hier/ce qui permet
de dire que ce chef de la démocratie a
efaitle lundi".
Cette inaction du président de la Ré-
publique, qui n'appelle personne, s'ex-
plique par son entêtement franc-com-
tois.
,M. Grévy est freycinettiste et veiat
garder M. de Freycinet. C'est pour l'im-
poser qu'il n'a mandé encore aucun
homme politique et qu'H n'a commencé
aucune démarche.
Tout le monde cependant n'est pas
familiarisé avec l'idée d'un replâtrage.
Et quelques listes ministérielles ont
circulé hier, dans la'journée. La moins
fantaisiste était la liste Léon Say-Hé-
brard. MM. Léon Say et Hébrard sont
deux bourgeois bourgeoisant qui inspi-
rent, à tort ou à raison, une véritable
sécurité au monde des a&aires. Le nom
de M. Léon Say est dans certains mi-
lieux synonyme de prospérité maté-
rielle. Excellentes raisons, mais qui sont
retorquées par les freycinettistes:'N'esta
ce pas, disent-ils, contre la politique de
M. Léon Say qu'on a voté? Il est donc
impossible. x
Une seconde cambinaison portait M.
Wilson à la présidence du conseil du
conseil judiciaire, a ajouté un homme
d'esprit.
Enfin, un petit journal s'est amusé,
hier soir, à publier < le nouveau minis-
tère Ce < nouveau ministère offrait
une singularité exceptionnelle. A sa
tête figurait le général Billot, ministre
de la guerre. Le nouveau cabinet devant
être non-interventionniste, jamais on
n'aurait vu un ministère pacifique aussi
belliqueusement présidé.
Toutes ces rumeurs mentionnées pour
mémoire. Il faut en revenir à la combi-
naison Freycinet. M. de Freycinet a
passé toute la journée au Ministère des
aSaires étrangères. Il a reçu la visite
déplus de cent cinquante députés et
celfe de M. Jules Ferry.
M. de Freycinet a fort mal accueilli
ses excuses hypocrites et il a laissé en-
tendre que M. Ferry déménagerait de
la rue de Grenelle si lui, Freycinet, de-
meurait au quai d'Orsay.
M. Ferry s'en allant, c'est M. Mézières
qui le remplacerait.
Et M. Mézières, membre de l'Acadé-
mie française, professeur de littérature
à la Sorbonne, a de grandes chances,
car M. de Freycinet en a beaucoup. En
eSet, M. Grévy né voulant conner le
pouvoir à personne et la Chambre vou-
lant s'en aller en vacances, c'est le pré-
sident du conseil d'hier qui sera le pré-
sident du conseil de demain.'
Déjà les partisans de l'Elysée ont pro-
voqué des démarches nombreuses au
palais du quai d'Orsay. Ces démarches
vont continuer. M. Grévy, qui semble
dormir à l'Elysée du sommeil des cata-
leptiques, ne se réveillera vraisembla-
blement que lorsque les manifestations
extra-parlementaires de connance au-
ront assez frappé l'opinion publique
pour qu'elle voie dans M. de Freycinet
le ministre nécessaire.
J'allais signer ce court article quand
on m'a apporté la liste suivante qui n'a
rien d'ofneiel, mais que M. de Freycinet
aurait arrêtée dans son entourage et
soumis secrètement à M. Grévy par
l'intermédiaire d'un attaché de cabinet
Président du conseil et affaires étran-
gères M. de Freycinet.
Intérieur M. Goblet.
Instruction pubiique M. Mézières.
Finances M. Varroy.
Justice M. FaUtères.
Travaux publics M. Sadi Carnet.
Poste et télégraphes M. Cochery.
Commerce M. Tirard.
Agriculture M. de Mahy.
Guerre génera.1 Billot.
Marina.:X.
Encore un coup, il n'y a peut-être 1&
qu'un ballon d'essai, car personne ne
dit que le cataleptique de Ï'Elyse.e.sdit
sorti de son sommeil et confère avec 1~.
de Freycinet. LOUIB
MmSLtMBMT
Poursuites contre le GAULOIS
Dans notre avant-dernier numéro, nous
avons publié l'acte d'accusation de M. le
procureur général près la cour dé Paris
contre les frères et la femme Fenayrdu,
incriminés dans l'assassinat du Pecq. Nous
avons fait précéder la publicaUon de cette
pièce de l'expression de nos sentiments &e
respect pour la justice, pour la magistra-
ture, et nous espérons que jamais personne
n'en a douté.
Plusieurs de nos confrères ont cru' ont
dit que cet acte d'accusation avait été ima-
giné par nous; il est tout ce qu'il y a tte
plus authentique, puisque nous venons de
recevoir assignation à comparaître en po-
lice correctionnelle, pour répondre de cette
publication anticipée, que des précédents
semblaient nous autoriser à faire. Ces pré-
cédents certainement nous les invoquerons
pour notre défense.
A, M.
AUMRE DE POPULMiTE
Et toujours pas de gouvernement. On
s'accorde pour reconnaître qu'il n'est
pas facile de faire un ministère. Aussi
paraît-il qu'on replâtrera M. de Freyci-
net, pour clore la session, aller en
vacances, gagner l'automne. Mais,
on est convaincu que, quoiqu'on
fasse, ce sera. toujours la même
chose avec cette Chambre. Ni homme,
ni politique, ne peut y réunir une ma-
jorité. C'est la mare aux grenouilles qui
demandent un soliveau, quand elles ont
un héron, et un héron, quand elles ont
un soliveau. IIabilles-les de blanc, ha.-
billes-les de rouge, disait le roi Ferdi-
nand a. son fils, qui s'occupait avec pas-
sion de son régiment, ce sera toujours
des Napolitains, le canon leur fera tou-
jours peur.
Que faire, de cette Chambre, qui nous
promet encore trois ans et trois semai-
nes dece régime de grenouilles? Elle
tient au scrutin, d'arrondissement,
comme à la prunelle de ses yeux. Il n'y
a aucune espèce de probabilité qu'elle
adoptera le scrutin de liste que veut celui
qu'elle redoute, qu'elle repousse pour
le moins autant que la guerre, M. Ga.m-
betta. Si donc on la dissout, c'est au
scrutin d'arrondissement que se feront
les élections, et alors? Ah! l'on est très
perplexe sur cet alors-là. Pas nous. Quoi-
qu'il arrive, nous ne pensons pas avoir
grand'chose a. y perdre, au contraire,
nous avons espoir, nous avons chance
d'y gagner. Mais ceux qui ont qualité
pour faire la dissolution.
S'ils n'avaient pas autant crié contre
le 16 mai, cette maladresse constitution-
nelle, ils pourraient user du même droit,
sans que l'accusation de coup d'Etat se
retournât entre eux, ce qui les préoc-
cupe un peu plus qu'ils n'en convien-
nent, et le faire réussir selon leurs vues,
ce qui serait pourtant un peu moins
facile qu'âcette époque-là.Mais onnë voit
pas bien M. Grévy jouer sans un mortel
embarras un rôle qu'il a si durement
qualifié chez M. le maréchal de Mac-
Mahon. D'ailleurs, si le président pro-
pose, c'est le Sénat qui dispose et si le
Sénat peut refaire ce qu'il a fait, dans
quelles conditions le referait-il ?
Après avoir rejeté le scrutin de liste,
le Sénat en est aujourd'hui partisan;
tandis que la Chambre, qui s'y résignait,
l'a pris en horreur. De gambettiste
qu'elle était, la Chambre est devenue
anii-gambettiste et, d'anti-gàmbettlste,
le Sénat s'est fait gambettiste. Or,dissou-
dre la Gha-mbre pour faire des élections an
scrutin d'arrondissement, on comprend
que le Sénat ne s'en soucie guère de peur
de la voir revenir. Et fa dissoudre sur
quoi ? Sur la question de paix ou de
guerre. Le Sénat n'est peut-être pas
aussi belliqueux que M. Gambetta, mais
la Chambre est pacifique avant tout,
elle est pacifique à tout prix, parce
qu'elle craint, peut-être, bêlas! pas sans
motifs,que le pays ne le soit encore plus
qu'elle-même, et,qu'il ne lui fasse expier,
fut-ce dans trois ans et trois semaines,
une politique belliqueuse 1
Dans ce conflit, la Chambre a-t-elle
raison? C'est possible.Mais le Sénat sem-
ble avoir le beaurôie. Outre qu'il compte
plus d'hommes distingués, il fait figure
moins douloureuse pour nous. Bien des
fois l'on a fait fonds sur lui, sans grand
succès d'ailleurs. Le voilà qui commeme
à jouir, non pas d'un regain de popula-
rité, puisqu'il n'a jamais été populaire,
mais d'une certaine attention;. les re-
gards se tournent vers lui, comme vers
quelque chose d'où pourrait sortir ce
dont on a besoin, ce qu'on attend, cet
homme dont nous parlions l'autre'jouj.
Qu'il sorte de là ou d'autre part, cet
homme, la France lui fera un triomphe,
mais qu'Use montre t
LOUt~TE~TE,
MNC~RS CMRAL
L'ouverture des procès-verbaux et des
buUëtins correspondant aux copies dési-
gnées pour les prix et accessits du con-
cours général entre les lycées et collèges
de Pans et de Versailles, a eu lieu hier
lundi, à la Sorbonne.
Etaient présents, MM. Gréard, vice rec-
teur les inspecteurs de l'Académie en ré-
sidence à Paris, et les proviseurs et direc-
teurs des établissements admis au con-
cours.
Nous avons la. bonne fortune de pouvoir
donner aux lecteurs du GaMMs la primeur
des résultats de ce concours, qui ne seront
proclamés que demain mercredi, dans la
grand amphithéâtre de l'antique Sorbonne.
L'invincible lycée Louis le-Grrand tient
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