Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-07-25
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 juillet 1882 25 juillet 1882
Description : 1882/07/25 (Numéro 8). 1882/07/25 (Numéro 8).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/02/2008
Seizième Année Trokiime Séisa Numéro S
Paris JL.&: ceatimes» r- D^PÀstEMiNTs, et Gares 35 O centimes)
Mardi 25 Juillet 1882
ARTHUR MEYEK
Directeur 1
r ABONNEMENTS /$$ •>-l/
Paris Départements' -V*
Un Mai* 5 fr. Un mois: gàr. /)
Trois mois. 13 50 Trois mois iojr.'
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Trois mois (Union postale) 1Ç fr.
RÉDACTION
9, boulevard des Italiens, 9 ':=
• DE DEUX SEDBEI A MINUIT
:̃ '̃
lï. 3DE PENE
Rédacteur en Chtf
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MM. CH. LAGRANGE, CEHF & C
6, P1.ACB DE LA BOUBSE, 6 >
Et à l'Administration du Journal
ADMINISTRATION.
DE DIX IIKCBES A CINQ HEURES
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9, boulevard des Italiens, 9
Paris-Journal
L4 VILLE D'EAUX-
Une invéntioïi de la maladie: la
grande névrose moderne à" cjéô la ville
'eaux, où l'on recommence "la vie de
PariSj en miniature. Qui décrit Tune, dé-
crit l'autre- Que ce soit dans les Pyré-
nées ou dans les Alpes, c'est le même
immonde, les mêmes, bavardages, les mê-
mes cancans. J'ai quitté Paris pour Di-
vonne et, à Divonne comme à Vichy, à
Vichy comme à Rqyat, la ville d'eaux
résume dans un petit cadre les passions
«de la vie humaine;
Pour aller à DivoSne, vous passez par
Genève. C'est à une Heure et demie en
voiture. En traversant Versoix,je mon-
tre à mon cocher un très beau château,
qui, du haut de sa colline feuillue, do-
mine le vieux lac Liman.
A. qui appartient ce château? lui
demandé-je.
A M. de Rothschild.
Et quel est ce drapeau noir et blanc
fui flotte ausomm^t? q
Le çoçher regarde en disant
^bir et blanc? Je ne sais pas*
Il lance un jet de fumée; puis, il re-
prend doucement
C'est peut-.être bien le drapeau fran-
çais! i
Avoir fait le tour du monde pour être
ignoré d'un Génevois I A moins que ce
ne soit une cruelle ironie Le paysage
est superbe. Le grand lac miroite sous
les rayons du soleil, qui jette des plaques
d'or sur les eaux tantôt bleues, tantôt ver-
tes. A gauche, le chemin monte, p"ar une
pente insensible, jusqu'au Jura. Un énor-
me tapis de verdure, d'où ressortent les
bourgs' et les villas des agates dans de
Tômeraude. Un peu plus loin, c'éstla fron-
tière d'un côté le département de l'Ain,
de l'autre le,cahton de Vaux. Avant de
quitter la Suisse pour rentrer en France,
mon cocher me raconte une histoire tef-
riflante. Il est toujours instructif de cau-
ser avec les cochers 1
L'histoire en question s'est passée aux
environs de Lausanne, l'hiver dernier.
Un jeune mari perd sa femme qu'il ado-
rait. Avant de mourir, celle-ci avait de-
mandé qu'on l'enterrât dans sa robe de
mariée, avec ses bijoux préférés. Le
soir de la cérémonie funèbre, le jeune
homme pleurait dans sa chambre, au
rez-de-chaussée. Dehors, U neigeait.
Tout à coup on frappe à la porte, comme
dans les Rantzau. Il va ouvrir, et jette
un cri d'épouvante folle. Sa femme était
debout devant lui, dans sa robe de satin
blanc. La neige poudrait les cheveux
noirs de la revenante, qui se détachait
comme une statue blanche sur le blanc
tapis de l'allée. Le lendemain, le mari
était fou, et la femme en voie de gué-
rison.
Jamais vous ne ferez croire aux pay-
sans que l'histoire est naturelle. On leur
& vainement expliqué que la malheu-
reuse, atteinte de catalepsie, avait été en-
terrée vivante, et délivrée de la tombe
parle fossoyeur avide de voler les bi-
joux de la prétendue morte. Non. Le
paysan vaudois aime mieux admettre
une histoire fantastique. Et, de vrai, ja-
mais Hoffmann n'en a rêvé de pareille.
On se raconte, tout bas, à la veillée, que
la femme « est venue voler l'âme de son
mari j. -Là preuve, c'est qu'il est fou;
Voilà comment se bâtissent les légen-
des. Dans un siècle un poëte écrira une
ballade sur l'aventure de même sur les
bords du Rhin on a écrit la ballade de
Lorçiy,
V;Oici Divonne couché au milieu des
prés verte la rivière jaseuse fuit sous
tes arbres en jetant son écume d'argent.
Nous sommes dans la ville d'eaux où
trois cents jolies femmes se sont donné
Rendez- vous dés quatre coins de l'Eu-
rope. On vit les uns à-côté des autres du
matin jusqu'au soir. Naturellement
chacun s'occupe de son voisin, ou de sa
voisine. Le temple du potin! Aujour-
d'hui Picard n'écrirait plus la Petite
Ville, mais la Ville d'eaux.
It y à le malade sérieux, celui qui
vient pour se soigner; généralement
entre deux âges, toujours de mauvaise
humeur. Un provincial endurci, furieux
d'avoir quitté ses habitudes paisibles.
Signe distînetif il déteste Paris et les
Parisiens.
̃ Ah votre Paris, monsieur (Il
prononce Parisse.) J'y ai été cet hiver.
Au bout de huit jours, je regrettais
Marmahde, té-! Je fus au Théâtre-Fran-
çais on jouait Britannicus.
Vous êtes-vous amusé? me risqué-je
à lui demander. Et il me fait cette ré-
ponse étonnante
Amusé ? Hein c'est des farceurs.
Mais on s'ennuie ferme t
1 Trois jolies Parisiennes en robe claire
sontassises sousun énorme marronnier.
l^a première; cause, la seconde écoute,
et là troisième rêve. Celle qui cause
éjjratigne son, prochain
Voyez donc Mme X. elle n'est
pas en beauté ce matin. C'est que M. Y.
ne lui a pas encore dit bonjour. Est-ce
que vous le trouvez bien, M. Y.».? Moi,
pas. Il avait commencé par faire la cour
à. la grosse Mme A. Mais elle a préféré
lëipetit Z..i, qui est si maigre.
̃ Et puis, elles se parlent bas et elles
se mettent à rire. Une bande de jeunes
filles qui sortent du bain. Elles ont des
allures effarouchées comme des oiselets
mouillés par une pluie d'orage. Cela ne
les empêche pas de jaser aussi sur le
potin du jour. Mais à leur facon, en de-
moiselles bien élevées qui effleurent les
sujets sans y appuyer.
Car chaque journée nouvelle fournit
son cancan neuveau. Il naît générale-
ment entre neuf et onze heures du matin.
C'est d'abord une aventure bien inno-
cente puis ça grossit, grossit, comme
la boule déneige. Au milieu de la jour-
i née, c'est un événement le soir, c'est
devenu une catastrophe. Et, pendant ce
temps-là, les héros du carçcan se promè-
nent,, très calmes, sans se douter des
bavardages qu'on fait,,
•
Pourquoi la province est-elle plus
^cancanière que Paris ? Parce qu'on y
est moins occupé. Pourquoi la ville
d'eaux est-elle plus cancanière que la
province ? Parce qu'on n'y est pas oc-
cupé du tout. Ah cet irrésistible be-
soin de s'occuper des autres Il ferait
commettre un crime. Une autre manie,
c'est d'analyser les maladies de chacun
en leur attribuant les causes les plus
étranges et les plus variées. La même
personne a eu le système nerveux dé-
rangé à la fois par un excès de travail,
par une vie déréglée, et par le hracû
qui l'a ruinée. Et les toilettes Les fem-
mes ont les unes pour les autres une
impitoyable sûretéde coup d'oeil. Comme
elles ont tôt fait de démolir une fausse
élégance
Un type assez commun dans les vil-
les d'eaux de ce côté, c'est le membee du
club Alpin de même que dans les Ty-
rénées, les explorateurs sont flers de
leurs exploits. Alors, naturellement, ils
ont affaire au blagueur à froid
Vous aimez la Suisse? Quelle er-
reur! Mais la Suisse est une convention,
cher monsieur. Vous ne voyez donc pas
que rien n'est moins pittoresque que
ce pâys-là ? Moi qui vous parle, je suis
monté sur le Righi au flanc de la mon-
tagne, j'ai lu cette annonce gigantesque:
« Le meilleur chocolat, c'est le chocolat
Tricoche? A 1,600 mètres d'altitude,
vous trouvez des hôtels merveilleux
avec des laquais en culotte courte.
Quant aux fameuses cures de lait, nous
savons ce qu'elles valent. Les vaches
suisses n'ont pas de lait. Demandez à
M. Pasteur! Leur lait est du lait con-
centré qu'on fait venir du faubourg
Saint-Denis l
Le membre du club Alpin hausse les
épaules avec dédain. Hé! le blagueur à
froid n'a pas déjà si tort. Il y a deux
ans, je trouve Emile Augier à Lucerne.
Figurez-vous, me dit-il, que j'ai de-
mandé un petit suisse à déjeuner on
n'avait pas eu le temps d'en faire venir
de Paris 1
La caractéristique de la ville d'eaux,
c'est la prétention de connaître à fond
l'existence que telle ou telle personne
a menée pendant l'année. Les amours,
les fortunes^ les -accidents, même vul-
gaires, les enfants qu'on a eus, les in-
trigues qu'on a nouées, les domestiques
qu'on a renvoyés, tout cela est pesé,
jaugé, analysé, avec une dextérité de
procureur. Celui-ci est brouillé avec sa
femme celle-là a coqueté avec un ar-
tiste un autre a hérité une belle fortune;
cette dernière, a des ennuis dans son
ménage. Si une élégante arbore une
toilette plus riche que d'habitude, tout
de suite on demande « Pour qui l » Si
elle se met simplement: « Elle cache
son jeu » Si elle parle « Quelle ba-
varde » Si elle se tait « Comme elle
pose 1 Si elle se promène seule t Elle
ennuie tout le monde » Si elle est dans
un groupe « II lui faut une cour » La
ville d'eaux passe au crible les plus pe-
tites choses. Quand elle ne sait pas, elle
devine; quand elle ne devine pas, elle
invente.
On y retrouve la société en petit
avec ses lignes de démarcation infran-
chissables. Ah la jolie comédie qu'on
pourrait faire en peignant ce monde
mêlé, resserré, replié sur. lui-même et
dans un petit espace C'est une huma-
nité au microscope. On croit se connaî-
tre mieux parce qu'on se voit de plus
près et c'est justement parce qu'on se
voit de trop près qu'on ne peut pas s'é-
tudier. La vérité, c'est qu'on ignore
même les gens avec qui 1 on cause le
plus.
Adolphe Dupuis me racontait un jour
une singulière surprise qû'ïFaSFait eue.
Il lisait deux actes du MisantKrbpe chez le
czaréwitsch aujourd'hui4 Alexandre III.
La Cour écoutait poliment, avec un va-
gue ennui. Seul, un nègre en grande
livrée suivait passionnément le lecteur.
Les deux actes terminés, Adolphe Du-
puis, très surpris, s'approche du nègre
et lui dit
Vous comprenez donc le Misan-
thrope ?
Cette bêtise répond le nègre en
montrant ses dents blanches. Cette bê-
tise! Je suis de Dijon.
De même dans les villes d'eaux. On
croit toujours que les gens viennent de
très loin. De vrai, nous sommes tous de
Dijon.
ALBERT DELPIT
Nos Echos
AUJOURD'HUI
A deux heures. 85* séance publiqu» de la
session de la Chambre des députés.
A deux heures, séance publique au Sénat.
A 6 heures et demie,' dîner au Grand-Hôtel
admission jusqu'à 7 heures.
.Pendant la durée du dîner, l'orchestre de
M. Desgranges jouera dans la nouvelle salle da
musique.
MENU
Potage portugais»
Hors-d'œuvre
Melon
Turbot sauce hollandaise
Croquettes Parmentier
Pièce de bœuf aux laitues
Petits pieds Cendrillon à la purée de champignons
Dindonneau nouveau au cresson
Salade
Choux-fleurs gratinés au parmesan
Gâteau Victoria
Glace à l'orange
Desserts
Fromages, fruits et petits-fours
L» salon desdames est ouvert aux voyageurs.
Piano, orgues; tables de jeux.– Dîner à ta carte
au restaurant. Billards au Café Divan.
Le programme du dlner-concert. (V«ir 4 la
4« pag«.)
Musée Grévin, 10, boulevard Montmartre.
De onze heures du matin à onze heures du soir.
*##
Français. 8 h. »/«. Les RanUaxi.
Château-d'Eau, 8 h. 1/2. La Reine Topaze,
LA POLITIOUË
Changement de décors au Conseil mu-
nicipal. Personne ne démissionne
plus, ni le préfet de la Seine, ni les au-
tonomistes. L'exemple des ministres est
contagieux. On a joué hier à qui démis-
sionnerait on joue aujourd'hui à qui
ne démissionnera pas.
Comme on le verra dans le compte-
rendu de la séance, le Conseil munici-
pal, qui avait coulé M. Floquet en
l'enveloppant dans un ordre du jour il-
légal, l'a ramené hier à flot, en lui oc-
troyant un ordre du jour de confiance,
sans accompagnement, cette fois, d'au-
tonomie communale.
M. Floquet, d'ailleurs, ne demandait
qu'à être repêché. Il a déclaré, nous as-
sure-t-on, qu'il resterait, si le Conseil
l'en priait par un ordre du jour raison-
nable. s
M. de Bismarck n'aurait pas encore
renoncé à toute idée d'annexion.
Le bruit court, en effet, à Bruxelles,
que, profitant du présent état de choses,
le gouvernement allemand serait en
pourparlers avec le roi des Pays-Bas
pour déclarer le grand-duché de Luxem-
bourg partie intégrante de l'empire.
Le Paris-Journal avait déjà, malheu-
reusement pour nous, prophétisé cette
entreprise.
LE MONDE ET LA VILLE
Grande réception hier au palais de
Castille en honneur de la fête de S. M.
la reine Marie-Christine.
Parmi les principaux invités, citons
le duc et la duchesse dé Fernan-Nunez,
le comte G-urowski, marquis et marquise
de Valearlos, prince de Hanau, comtesse
de Guadalmina, de Arellano,' Rubi et
tout le personnel de l'ambassade d'Es-
pagne.
Dans l'après-midi, la Reine avait reçu
de son fils don Alphonse un télégramme
de remerciements, daté de la Granja, où
ont été célébrées les grandes fêtes que
nous avons annoncées ces jours der-
niers.
On se souvient que le prince Charles
de Prusse, frère de l'empereur d'Alle-
magne, et âgé de quatre-vingt-un ans,
s'est casssé lajambe.il y a environ quatre
semaines, le soir même de son arrivée
àCassel. Le vieux prince est aujourd'hui
en voie de guérison.
Avant-hier, les .médecins l'ont débar-
rassé de, son bandage de fil de fer, qui a
été remplacé par un pansement plus lé-
ger.
On espère que d'ici quelques jours, le
prince pourra quitter son appartement
au palais de Cassel, pour aller habiter
le château de Wilhelmshœhe, près d©
la ville.
Dimanche, à Peterhof, a eu lieu, en
grande pompe, le baptême de la grande-
duchesse Olga-AJexandrowna, deuxième
fille de l'empereur de Russie.
Le roi et la reine de Grèce, parrain et
marraine de la jeune princesse, étaient
arrivés la veille à la résidence impériale.
Le corps diplomatique tout entier as-
sistait â la cérémonie.
Courrier de Londres
La grande fête donnée ia semaine
dernière par le prince et la princesse de
Galles, dansles|]ardinsde|ï Marlborough
house » a été un succès complet.
La princesse, plus jolie que jamais,
dans une toilette bleu de ciel très pâle,
recevait ses invités à l'entrée du jardin,
entourée des trois petites princesses,
habillées de blanc avec d'énormes cein-
tures bleues.
A cinq heures et demie, la bande mili-
taire entonnait le Gode save the Queen,
et donnait le signal de l'arrivée de la
Reine.
Tout Piccadilly était obstrué par les
voitures, contenant les plus jolies fem-
mes du high-life. La plupart d'entre elles,
lassées d'attendre à la longue file qui
remplissait Saint-James Street et Picca-
dilly, n'ont pas craint de descendre et
de faire, à pied, le trajet jusqu'au jardin.
Parmi cette foule de charmantes ladies.
on remarquait, plus belle que toutes,
lady Garvagh, l'étoile de la season.
Le mariage du duc de Westminster
aura lieu dans la plus stricte intimité,
selon le désir formel des deux fiancés.
Miss Muriel Brassey, fille de lady
Brassey, a été gravement malade d'une
diphtérite; mais/ grâce à un habile trai-
tement, elle est en voie de pleine gué-
rison.
Pour célébrer sa convalescence, il y a
eu un bal d'enfants des plus gais à Nor-
manhurst. Don Carlos y assistait et
semblait s'amuser beaucoup de la joie
des jeunes danseurs.
Ainsi que nous l'avons annoncé, S. Em.
le cardinal Guibert quittera Paris ce
matin pour se rendre à Reims, où il
présidera la première fête liturgique de
saint Urbain, dans la cathédrale, qui
aura lieu les 27, 28 et 29 de ce mois.
Les prédications seront faites par Mgr
Besson, évêque de Nîmes,et Mgr d'Hulst,
recteur de l'Institut catholique de Paris.
Mgr Ceccaldi, préfet des cérémonies
pontificales, est parti hier de Rome et
arrivera aujourd'hui à Paris pour ac-
compagner Si Em. le cardinal Guibert.
Un groupe assez important de négo-
ciants d'Alexandrie s est réuni hier,
à deux heures, chez l'un d'eux, rue des
Petites Ecuries.
Ces messieurs sont tombés d'accord
pour prendre diverses résolutions afin
de sauvegarder leurs intérêts en Egypte,
menacés depuis le bombardement.
La plupart de ces négociants sont
pour ainsi dire ruinés.
Le mariage religieux de Mlle Jauré-
guiberry, fille' du ministre de la marine,
avec M. Ch. Cottard, ingénieur, a eu
lieu hier, à onze heures du matin, à l'O-
ratoire protestant du Roule.
Les témoins de la mariée étaient M.
le contre-amiral Peyron, chef d'état-
major du ministre de la marine, et M.
le contre-amiral Duperré.
M. Lavalley, ingénieur en chef des
ponts et chaussées,, et M. Cottard père,
étaient les témoins du marié.
Nous avons reconnu dans la nom-
breuse assistance: Mme et Mlle Po-
thuau, MM. Léon Say, de Freycinet,
Jules Ferry, Cochery, Brisson, Wilson,
le pasteur Vigié, M. le commandant
de Pierres, les amiraux de Jonquières,
Ribourl, Audren deKerdrel, député ;Hé-
hrard, Richaut, chef du cabinet du minisg
tre de la marine; M. Roy, directeur des
colonies; Legouvô,Cuyillier-Fleury, De-
laquerantonnaïs, notaire, etc. Mmes
Grévy, de Freycinet, Jules Ferry, Léon
Say, Mendès-Leal.
Après un lunch au Ministère de la
marine, les jeunes époux sont partis
passer leur lune de miel en Bretagne,
dans un château, propriété de M. Cot-
tard.
Mgr le duc d'Aumale recevra nom-
breuse compagnie à son château de
Chantilly pendant tout le mois de sep-
tembre. On prépare des appartements
pour les invités jusque dans les cMte-
lets du parc. Les invitations seront, or-
ganisées par séries,qui dureront de cinq
à huit jours. Quelques privilégiés, par-
mi lesquels M. et MmeCuvillier-Fleury,
M. et Mme Laugel, y passeront tout le
mois.
Mme la comtesse de Clinchamps dirige
la maison de M. le duc d'Aumale avec
un ordre et une magnificence hors
ligne.
Le comité institué pour venir au se-
cours des victimes de la catastrophe de
la rue François-Miron convoque les
journalistes à une réunion qui aura lieu
aujourd'hui, 18, avenue de 1 Opéra.
xJéttetéunion a pour but de préparer
et d'organiser une grande kermesse avec
concerts, jeux, tombolas, dans le jardin
du concert des Champs-Elysées.
NOUVELLES A LA MAIN
Joséphine entre hier au salon, à
l'heure du dîner :A
Madame, dit-elle à sa bourgeoise,
je n'ai pas d'oignons.
Celle-ci lui fait observer qu'il est inu-
tile d'initier les invités à ces détails de
cuisine.
Quand on n'a pas d'oignons, on va
en acheter, sans rien dire. Enfin, tâ-
chez d'avoir un peu d'initiative.
Où ça se vend-il, madame ? de-
mande alors la cuisinière, en s'apprê-
tant à sortir.
Une petite fille à sa gouvernante
–Dites-moi, miss Mary: le bon Dieu,
est-ce qu'il sait l'anglais p
UN DOMINS
1
NOUVELLES ET DÉPÊCHES
(Servîcf télégraphique du GAULOIS)
̃ Londres, 24 juillet, 7 h. soir.
Clôture de la Bourse un peu plus ferme
sur rachats. Egyptiennes, 49 92, parité
25Ô75; Banque ottomane: 18 50, parité
715; Consolidés, 99 65.
Alexandrie, 24 juillet.
Àli-ben-Khalifa, le chef tunisien, est ar-
rivé au Caire. Il a de fréquents entretiens
avec Yacqub-Pacha et les chefs militaires.
Les réfugiés tunisiens à Tripoli ont été in-
vités à prendre part à la défense du Caire.
Arabi a envoyé des émissaires dans tout
le nord de l'Afrique et en Syrie, pour pro-
voquer un soulèvement général des popu^
lations musulmanes.
Toulba-Pacha, qui 'commande à Kafr
Dowar, a enrégimenté tous les fellahs des
environs, qui sont employés à fortifier le
camp retranché.
Plusieurs engagements ont eu lieu entre
les escadrons anglais et la cavalerie d'A-
rabi, qui, repoussée, est revenue deux fois
à la charge. Il y avait 1,200 hommes en-
gagés. Les Anglais sont restés maîtres de
Ramleh.
Si, dans douze jours, les Anglais ne se
sont pas rendus maîtres du cours du ca-
nal Mahmoudieh, le général Alison sera
obligé de faire sortir de la ville la plus
grande partie de la population indigène
d'Alexandrie, faute dé pouvoir lui fournir
l'eau nécessaire à sa consommation.
Arabi envoie des troupes à Aboukir pour
punir les officiers commandant les forts
qui ont promis obéissance au Khédive. Le
Minotaur est devant Aboukir.
La cour martiale égyptienne, qui siège
aujourd'hui au Gouvernorat pour la pre-
mière fois, est composée de Osman-Pacha- «
Nedjib, président Ahmed-Bey-Hamdy,.
Nessim-Bey, Husni-Abdulrahman, Nasr
Choukri-Eflendi. Deux incendiaires ont été
condamnés à mort. Le major Craijie fait
fonction du ministère public.
On craint toujours une attaque des trou-
pes d' Arabi. Les approvisionnements d'A-
lexandrie viennent de Beyrouth. Deux va-
peurs pleins de passagers, la plupart grecs,
sont arrivésjaujourd'hui.
Les conditions auxquelles un arrange-
ment basé sur la soumission d'Arabi pour-
rait se conclure sont discutées actuelle-
ment par les ministres du Khédive.
Cet arrangement n'a aucune chance d'a-
boutir.
On attend à Alexandrie les quarante-
deux officiers circassiens exilés il y a
quelques mois par Arabi.
Constahtinople, 24 juillet.
La Conférence s'est réunie, hier, à The-
rapia.
Saïd-Pacha et Assym-Pacha y assis-
taient.
Vienne, le 24 juillet.
Le bruit court que la chancellerie russe
provoquera incessamment une entrevue
entre les empereurs de Russie, d'Autriche-
Hongrie et d'Allemagne, pour arrêter la
marche à suivre dans la question.^jgyp-
tienne et les autres questions orientales.
Berlin, 24 juillet.
Dans les cercles politiques, l'on doute
que l'Italie se décide a participer à l'inter-
vention anglo française enEgypte, de peur
de compromettre ses relations avec l'Alle-
magne, dans le cas où des complications
surgiraient de cette intervention.
Londres, 24 juillet.
M. Goschen se rend en France, chargé,
dit-on, d'une mission importante.
On peu de Franchise ?
.5 Jg,n,
Oui, un peu de franchise, cette qua-
lité française comme son nom, et qui
est en train de disparaître de la républi-
que. M; l'amiral Jauréguiberry, ministre
de la marine, a déposé à la Chambre,
une demande de crédit de 9,410,000 fr.,
pour la constitution d'un corps de dé-
barquement de 8,000 hommes, dont
4,000 prendraient immédiatement posi-
tion le long de la partie nord du canal
de Suez.
Il avait d'abord été question d'un cré-
dit de 40 à 50 millions, d'un corps de 40
à 50,000 hommes, dont la moitié devait
tout de suite être débarquée en Egypte.
C'était une véritable expédition, l'on ne
pouvait pas s'y tromper.
Mais avec ces ressources, nous nous
trouvions sur le pied d'égalité avec l'An-
gleterre. Cela était convenable, puisque,
pour le moment, l'on veut faire campa-
gne avec elle, et que notre intérêt, notre
honneur nous commandent de ne pas
aller simplement faire l'appoint néces-
saire au succès de ses armes. Les' esprits
réfléchis se sentaient un peu rassurés.
Ne discutons pas l'opportunité de l'in-
tervention. L'heure est peut-être passée,
bien qu'en définitive il ne soit jamais
trop tard pour renoncer à faire une
faute. Mais demandons-nous pourquoi
l'on a abandonné ce projet primitif, qui
avait au moins le mérite d'être. franc
et prudent, autant qu'il pouvait l'être ?
A quel politique sensé le gouverne-
ment fera-t-il accroire que 4,000 hom-
mes et 9,410,000 francs soient suffi-
sants pour une pareille campagne ?
Est-ce la Hollande ou la France qui va
se trouver en Egypte, côte à côte avec
l'Angleterre ? L'Europe éclatera de rire
à la nouvelle de ce déploiement. Nous
qui pouvons mettre 1,500,000 hommes
sous les armes, à ce que répètent à tout
bout de champ les gens qui nous gou-
vernent, nous nous saignerons de 4,000
hommes Mais nous allons ressembler
à ce millionnaire qui tire à grand'peine
un louis de sa poche 1
Nous allons prendre position le long
de la partie nord du canal de Suez, voilà
ce qu au nom du gouvernement, nous
apprendM- l'amiral Jauréguiberry. Mais
nous ne resterons point là à boire du
Champagne, pendant que du haut des
pyramides les quarante siècles nous
contempleront.
A coup sfiûr, il se produira des inci-
dents. Que, par exemple, les Egyptiens
coupent le canal d'eau douce qui, par-
tant du Caire, alimente Ismaïha, Suez,
Port-Saïd, le champ de notre surveil-
lance se trouvera singulièrement élargi.
Le Temps, qui parle de ces questions-
là avec compétence, prévoit la chose, et,
pour y répondre d'avance, il nous dit
qu'on n'ira pas au delà de Zagazig, où
le canal se divise en deux branches.
C'est déjà à 70 kilomètres du Caire. Mais
peut-on savoir jusqu'où l'on ira et jus-
qu'où l'on n'ira pas? -t
Une fois là bas, ce seront les circons-
tances seules qui en décideront, et si
les Egyptiens nous harcèlent sur toute
cette ligne, à quoi il est sage de s'at-
tendre, nous nous enfonçons dans les
terres, que déj'à la crue du Nil rend
presque inabordables. A elles seules,
la dyssènterie, la fièvre, auront bientôt
raison de cette armée minuscule.
Et les Anglais?. Assurément, ce sont
de bonnes troupes. Mais, s'il y a quelque
grosse besogne, nous la voudrons faire,
et ils ne nous la disputeront pas, non
point qu'ils n'aient de la résolution, delà
bravoure, mais parce qu'ils sont gens
pratiques, ce que nous ne sommes guère,
que ce sera autant de gagné, et qu'ils ne
comptent que le résultat final. On voit
que nous ne soulevons même pas l'hy-
pothèse de quelque désaccord avec eux,
ce qui doit pourtant entrer dans les cal-
culs de la politique.
L'Agence Havas et le Temps qui sont
dans les secrets des dieux, nous annon-
cent que cette poignée de soldats serait
composée de fantassins de marine. Qu'a-
t-on fait depuis douze ans pour la marine ? R
Rien, moins que rien, puisqu'on l'a
constamment réduite à une portion de
plus en plus congrue. Néanmoins, c'est
à elle qu'on s'adresse, qu'on s'est adres-
sée chaque fois qu'on a eu besoin d'un
corps expéditionnaire.
En procédant de cette sorte, ouïe gou-
vernement se propose d'endormir le
pays, en cherchant à lui faire croire qu'il
ne s'agit que d'une promenade, d'une
formalité ou il ne sait pas que la seule
protection qu'il prétend assurer à la li-
berté de la navigation de la Méditerra-
née à la mer Rouge demandera plus de
9,410,000 fr., et de 4,000 hommes.
Ou il se trompe, ou il nous trompe.
S'il se trompe, quel gouvernement est-il?
Il est trop facile de voir que lès choses
sont plus graves qu'il ne dit. S'il nous
trompe, pour de misérables préoccupa-
tions de parti, et pour ne pas paraître
faire.ee que voulait faire M. Gambetta,
cari après le spectre de l'empire, c'est
le spectre de M. Gambetta qui agite et
mène la république, quelle respon-
sabilité est la sienne ?
Dans tous les cas, le pays est induit
en erreur. On nous engage dans une
guerre de "peu d'apparence, mais qui est
.semée de pièges, de périls; qui commen-
cera tout à riieure en Egypte, mais qui
finira on ne sait ni quand ni où. Est-ce
mauvaise foi ou ignorance du gouverne-
ment ? Ce serait à la Chambre à exiger
dès explications, à faire la lumière. 11
s'agit de.nos finances, de notre armée,
de notre pays; c'est bien le moins que
M. de Freycinet ne dispose pas de tout
cela, à la faveur de subterfuges. Qui,
un peu de franchise! 1 Et si véritable-
ment vous voyez la situation comme
vous dites, qu'est-ce que vous faites au
gouvernement ?
LOUIS JESTE.
rv LA GÙEHHE
AU PARLEMENT ANGLAIS
Nous donnons ci-dessous le compte-
rendu des débats qui viennent de s en-
fager, au Parlement anglais, sur lés
emandes de crédits faites par le minis-
tère Gladstone, pour l'expédition d'E-
gypte
Chambre des Lords
Lord Granville fait l'exposé des événe-
ments d'Egypte
« L'envoi de la flotte a sauvé, dit-il, des
milliers d'Européens et probablement aussi
le Khédive. Si l'envoi des troupes avait eu
lieu plus tôt, il aurait été probablement
regardé comme une démonstration d'hos-
tilités par les autres puissances.
> Le gouvernement voit avec satisfac-
tion que la Porte se fasse représenter à la
conférence, mais il ignore si le Sultan a
l'intention d'envoyer des troupes en E gypte.
» En présence de l'attitude de la France
et des relations existant entre les deux
pays, se séparer de la France sans nécessité
aurait été une faute.
» Le gouvernement est heureux que
l'Angleterre et la France soient en complet
accord pour se charger d'assurer la sécu-
rité du canal de Suez, et il espère que l'I-
talie se joindra dans ce but à l'Angleterre
et à la France.
“» La, .France n'a pas encore fait savoir,
si elle prendra part aux opérations dans
l'intérieur de l'Egypte.
» L'opinion publique en Europe, comme
en Angleterre, est favorable à l'action de
l'Angleterre. Cette action a pour but le
maintien de l'autorité du Khédive et le dé-
veloppement prudent des libertés du peu-
ple égyptien, lorsqu'il sera délivré de la
tyrannie militaire actuelle. » (Applaudis-
sements.)
Lord Salisbury déclare que, quelles que
soient les divergences politiques qui aient
existé jusqu'ici, le devoir de tous les par-
tis est maintenant, en face des mesures
prises, d'assurer au gouvernement un ap-
pui sérieux et sans réserve.
L'orateur est heureux que lord Granville
reconnaisse l'importance de la coopération
de la France dans la solution de la ques-
tion égyptienne. Il nie que l'entente de la
France et de l'Angleterre ait pris nais-
sance au congrès de Berlin. Cette entente.
a commencé, dit-il, lors de l'établissement
du contrôle et elle a continué depuis cette
époque.
Lord Salisbury exprime ensuite sa sur-
prise de voir la France se joindre à l'An-,
gleterre pour assurer la sécurité du canal
de Suez, puisqu'une seule puissance suffi-
rait pour remplir cette mission.
Il termine en félicitant le gouvernement
de sa décision de maintenir l'autorité du
Khédive et en demandant que le cabinet
sache éviter une politique -faite d'hésita^
tions. -v-
Chambre des Communes
Le marquis de Hartington annonce qu'il
proposera demain ou dans quelques jours
une résolution tendant à ce que les dé-
penses résultant de l'emploi des troupes
indiennes hors des Indes, soient imputées
sur les recettes des Indes.
Sir Charles Dilke répondant à une
question de M. Bourke, dit
« M. Corti proposa le 27 juin, dans là
troisième séance de la conférence, qu'il
fût sous entendu que, pendant la durée de
la conférence, les puissances s'abstien-
draient de toute action isolée en Egypte.'
» Cette proposition fut acceptée, souç
la réserve du cas de force majeure, la né-
cessité, par exemple, de protéger les per-
sonnes et les propriétés des nationaux.
» Dans la séance du 30 juin, lord Dufferin
déclara, en termes formels, que le gouver-
nement anglais considérait toute attaque
contre le canal de Suez, tout changement
soudain ou toute catastrophe qui menace-
raient nos intérêts spéciaux, comme'
constituant un cas de force majeure. La
conférence n'a fait aucune observation à
propos de cette déclaration.
A une question de M. Bartlett, sir Char-
les Diike ajoute « Qu'il croit que des Eu-
ropéens ont été massacrés dans l'intérieur
de l'Egypte, mais que la population euro-
péenne de Port-Saïd n'a rien à craindre
des attaques des troupes égyptiennes;
qu'elle pourrait d'ailleurs être protégée
efficacement car les forces anglaises et
françaises qui se trouvenf à Port-Saïd.
Répondant ensuite à lord Fitz-Maurice,
sir Charles Dilke annonce que l'Angleterre
n'a pas l'intention de faire des représen-
tations isolées en faveur de Zancoff, que
ces représentations devraient être le résul-
tat d'une entente entre les signataires du
traité de Berlin.
M. Gladstone, en parlant des crédits
pour les préparatifs militaires, annonce
qu'il proposera d'augmenter l'impôt sur le
revenu de 3 pence par liv. sterling, pour
le dernier semestre de l'année financière et
de un penny et demi pour les années sui-
vantes, de façon â porter l'impôt annuel
sur le revenu à six pence et demi par livre
sterling.
Par dépêche spéciale
Londres, 25 juillet, miauit ib.
M. Gladstone ajoute que le crédit per-
mettra l'envoi de 17,500 hommes de cava-
Paris JL.&: ceatimes» r- D^PÀstEMiNTs, et Gares 35 O centimes)
Mardi 25 Juillet 1882
ARTHUR MEYEK
Directeur 1
r ABONNEMENTS /$$ •>-l/
Paris Départements' -V*
Un Mai* 5 fr. Un mois: gàr. /)
Trois mois. 13 50 Trois mois iojr.'
Six mois.. 27 fr. Six mois Sa fr.
Unan. 54 fr. Un an &S\frv.
Etranger ^v/ t
Trois mois (Union postale) 1Ç fr.
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9, boulevard des Italiens, 9 ':=
• DE DEUX SEDBEI A MINUIT
:̃ '̃
lï. 3DE PENE
Rédacteur en Chtf
ANNONCES
MM. CH. LAGRANGE, CEHF & C
6, P1.ACB DE LA BOUBSE, 6 >
Et à l'Administration du Journal
ADMINISTRATION.
DE DIX IIKCBES A CINQ HEURES
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9, boulevard des Italiens, 9
Paris-Journal
L4 VILLE D'EAUX-
Une invéntioïi de la maladie: la
grande névrose moderne à" cjéô la ville
'eaux, où l'on recommence "la vie de
PariSj en miniature. Qui décrit Tune, dé-
crit l'autre- Que ce soit dans les Pyré-
nées ou dans les Alpes, c'est le même
immonde, les mêmes, bavardages, les mê-
mes cancans. J'ai quitté Paris pour Di-
vonne et, à Divonne comme à Vichy, à
Vichy comme à Rqyat, la ville d'eaux
résume dans un petit cadre les passions
«de la vie humaine;
Pour aller à DivoSne, vous passez par
Genève. C'est à une Heure et demie en
voiture. En traversant Versoix,je mon-
tre à mon cocher un très beau château,
qui, du haut de sa colline feuillue, do-
mine le vieux lac Liman.
A. qui appartient ce château? lui
demandé-je.
A M. de Rothschild.
Et quel est ce drapeau noir et blanc
fui flotte ausomm^t? q
Le çoçher regarde en disant
^bir et blanc? Je ne sais pas*
Il lance un jet de fumée; puis, il re-
prend doucement
C'est peut-.être bien le drapeau fran-
çais! i
Avoir fait le tour du monde pour être
ignoré d'un Génevois I A moins que ce
ne soit une cruelle ironie Le paysage
est superbe. Le grand lac miroite sous
les rayons du soleil, qui jette des plaques
d'or sur les eaux tantôt bleues, tantôt ver-
tes. A gauche, le chemin monte, p"ar une
pente insensible, jusqu'au Jura. Un énor-
me tapis de verdure, d'où ressortent les
bourgs' et les villas des agates dans de
Tômeraude. Un peu plus loin, c'éstla fron-
tière d'un côté le département de l'Ain,
de l'autre le,cahton de Vaux. Avant de
quitter la Suisse pour rentrer en France,
mon cocher me raconte une histoire tef-
riflante. Il est toujours instructif de cau-
ser avec les cochers 1
L'histoire en question s'est passée aux
environs de Lausanne, l'hiver dernier.
Un jeune mari perd sa femme qu'il ado-
rait. Avant de mourir, celle-ci avait de-
mandé qu'on l'enterrât dans sa robe de
mariée, avec ses bijoux préférés. Le
soir de la cérémonie funèbre, le jeune
homme pleurait dans sa chambre, au
rez-de-chaussée. Dehors, U neigeait.
Tout à coup on frappe à la porte, comme
dans les Rantzau. Il va ouvrir, et jette
un cri d'épouvante folle. Sa femme était
debout devant lui, dans sa robe de satin
blanc. La neige poudrait les cheveux
noirs de la revenante, qui se détachait
comme une statue blanche sur le blanc
tapis de l'allée. Le lendemain, le mari
était fou, et la femme en voie de gué-
rison.
Jamais vous ne ferez croire aux pay-
sans que l'histoire est naturelle. On leur
& vainement expliqué que la malheu-
reuse, atteinte de catalepsie, avait été en-
terrée vivante, et délivrée de la tombe
parle fossoyeur avide de voler les bi-
joux de la prétendue morte. Non. Le
paysan vaudois aime mieux admettre
une histoire fantastique. Et, de vrai, ja-
mais Hoffmann n'en a rêvé de pareille.
On se raconte, tout bas, à la veillée, que
la femme « est venue voler l'âme de son
mari j. -Là preuve, c'est qu'il est fou;
Voilà comment se bâtissent les légen-
des. Dans un siècle un poëte écrira une
ballade sur l'aventure de même sur les
bords du Rhin on a écrit la ballade de
Lorçiy,
V;Oici Divonne couché au milieu des
prés verte la rivière jaseuse fuit sous
tes arbres en jetant son écume d'argent.
Nous sommes dans la ville d'eaux où
trois cents jolies femmes se sont donné
Rendez- vous dés quatre coins de l'Eu-
rope. On vit les uns à-côté des autres du
matin jusqu'au soir. Naturellement
chacun s'occupe de son voisin, ou de sa
voisine. Le temple du potin! Aujour-
d'hui Picard n'écrirait plus la Petite
Ville, mais la Ville d'eaux.
It y à le malade sérieux, celui qui
vient pour se soigner; généralement
entre deux âges, toujours de mauvaise
humeur. Un provincial endurci, furieux
d'avoir quitté ses habitudes paisibles.
Signe distînetif il déteste Paris et les
Parisiens.
̃ Ah votre Paris, monsieur (Il
prononce Parisse.) J'y ai été cet hiver.
Au bout de huit jours, je regrettais
Marmahde, té-! Je fus au Théâtre-Fran-
çais on jouait Britannicus.
Vous êtes-vous amusé? me risqué-je
à lui demander. Et il me fait cette ré-
ponse étonnante
Amusé ? Hein c'est des farceurs.
Mais on s'ennuie ferme t
1 Trois jolies Parisiennes en robe claire
sontassises sousun énorme marronnier.
l^a première; cause, la seconde écoute,
et là troisième rêve. Celle qui cause
éjjratigne son, prochain
Voyez donc Mme X. elle n'est
pas en beauté ce matin. C'est que M. Y.
ne lui a pas encore dit bonjour. Est-ce
que vous le trouvez bien, M. Y.».? Moi,
pas. Il avait commencé par faire la cour
à. la grosse Mme A. Mais elle a préféré
lëipetit Z..i, qui est si maigre.
̃ Et puis, elles se parlent bas et elles
se mettent à rire. Une bande de jeunes
filles qui sortent du bain. Elles ont des
allures effarouchées comme des oiselets
mouillés par une pluie d'orage. Cela ne
les empêche pas de jaser aussi sur le
potin du jour. Mais à leur facon, en de-
moiselles bien élevées qui effleurent les
sujets sans y appuyer.
Car chaque journée nouvelle fournit
son cancan neuveau. Il naît générale-
ment entre neuf et onze heures du matin.
C'est d'abord une aventure bien inno-
cente puis ça grossit, grossit, comme
la boule déneige. Au milieu de la jour-
i née, c'est un événement le soir, c'est
devenu une catastrophe. Et, pendant ce
temps-là, les héros du carçcan se promè-
nent,, très calmes, sans se douter des
bavardages qu'on fait,,
•
Pourquoi la province est-elle plus
^cancanière que Paris ? Parce qu'on y
est moins occupé. Pourquoi la ville
d'eaux est-elle plus cancanière que la
province ? Parce qu'on n'y est pas oc-
cupé du tout. Ah cet irrésistible be-
soin de s'occuper des autres Il ferait
commettre un crime. Une autre manie,
c'est d'analyser les maladies de chacun
en leur attribuant les causes les plus
étranges et les plus variées. La même
personne a eu le système nerveux dé-
rangé à la fois par un excès de travail,
par une vie déréglée, et par le hracû
qui l'a ruinée. Et les toilettes Les fem-
mes ont les unes pour les autres une
impitoyable sûretéde coup d'oeil. Comme
elles ont tôt fait de démolir une fausse
élégance
Un type assez commun dans les vil-
les d'eaux de ce côté, c'est le membee du
club Alpin de même que dans les Ty-
rénées, les explorateurs sont flers de
leurs exploits. Alors, naturellement, ils
ont affaire au blagueur à froid
Vous aimez la Suisse? Quelle er-
reur! Mais la Suisse est une convention,
cher monsieur. Vous ne voyez donc pas
que rien n'est moins pittoresque que
ce pâys-là ? Moi qui vous parle, je suis
monté sur le Righi au flanc de la mon-
tagne, j'ai lu cette annonce gigantesque:
« Le meilleur chocolat, c'est le chocolat
Tricoche? A 1,600 mètres d'altitude,
vous trouvez des hôtels merveilleux
avec des laquais en culotte courte.
Quant aux fameuses cures de lait, nous
savons ce qu'elles valent. Les vaches
suisses n'ont pas de lait. Demandez à
M. Pasteur! Leur lait est du lait con-
centré qu'on fait venir du faubourg
Saint-Denis l
Le membre du club Alpin hausse les
épaules avec dédain. Hé! le blagueur à
froid n'a pas déjà si tort. Il y a deux
ans, je trouve Emile Augier à Lucerne.
Figurez-vous, me dit-il, que j'ai de-
mandé un petit suisse à déjeuner on
n'avait pas eu le temps d'en faire venir
de Paris 1
La caractéristique de la ville d'eaux,
c'est la prétention de connaître à fond
l'existence que telle ou telle personne
a menée pendant l'année. Les amours,
les fortunes^ les -accidents, même vul-
gaires, les enfants qu'on a eus, les in-
trigues qu'on a nouées, les domestiques
qu'on a renvoyés, tout cela est pesé,
jaugé, analysé, avec une dextérité de
procureur. Celui-ci est brouillé avec sa
femme celle-là a coqueté avec un ar-
tiste un autre a hérité une belle fortune;
cette dernière, a des ennuis dans son
ménage. Si une élégante arbore une
toilette plus riche que d'habitude, tout
de suite on demande « Pour qui l » Si
elle se met simplement: « Elle cache
son jeu » Si elle parle « Quelle ba-
varde » Si elle se tait « Comme elle
pose 1 Si elle se promène seule t Elle
ennuie tout le monde » Si elle est dans
un groupe « II lui faut une cour » La
ville d'eaux passe au crible les plus pe-
tites choses. Quand elle ne sait pas, elle
devine; quand elle ne devine pas, elle
invente.
On y retrouve la société en petit
avec ses lignes de démarcation infran-
chissables. Ah la jolie comédie qu'on
pourrait faire en peignant ce monde
mêlé, resserré, replié sur. lui-même et
dans un petit espace C'est une huma-
nité au microscope. On croit se connaî-
tre mieux parce qu'on se voit de plus
près et c'est justement parce qu'on se
voit de trop près qu'on ne peut pas s'é-
tudier. La vérité, c'est qu'on ignore
même les gens avec qui 1 on cause le
plus.
Adolphe Dupuis me racontait un jour
une singulière surprise qû'ïFaSFait eue.
Il lisait deux actes du MisantKrbpe chez le
czaréwitsch aujourd'hui4 Alexandre III.
La Cour écoutait poliment, avec un va-
gue ennui. Seul, un nègre en grande
livrée suivait passionnément le lecteur.
Les deux actes terminés, Adolphe Du-
puis, très surpris, s'approche du nègre
et lui dit
Vous comprenez donc le Misan-
thrope ?
Cette bêtise répond le nègre en
montrant ses dents blanches. Cette bê-
tise! Je suis de Dijon.
De même dans les villes d'eaux. On
croit toujours que les gens viennent de
très loin. De vrai, nous sommes tous de
Dijon.
ALBERT DELPIT
Nos Echos
AUJOURD'HUI
A deux heures. 85* séance publiqu» de la
session de la Chambre des députés.
A deux heures, séance publique au Sénat.
A 6 heures et demie,' dîner au Grand-Hôtel
admission jusqu'à 7 heures.
.Pendant la durée du dîner, l'orchestre de
M. Desgranges jouera dans la nouvelle salle da
musique.
MENU
Potage portugais»
Hors-d'œuvre
Melon
Turbot sauce hollandaise
Croquettes Parmentier
Pièce de bœuf aux laitues
Petits pieds Cendrillon à la purée de champignons
Dindonneau nouveau au cresson
Salade
Choux-fleurs gratinés au parmesan
Gâteau Victoria
Glace à l'orange
Desserts
Fromages, fruits et petits-fours
L» salon desdames est ouvert aux voyageurs.
Piano, orgues; tables de jeux.– Dîner à ta carte
au restaurant. Billards au Café Divan.
Le programme du dlner-concert. (V«ir 4 la
4« pag«.)
Musée Grévin, 10, boulevard Montmartre.
De onze heures du matin à onze heures du soir.
*##
Français. 8 h. »/«. Les RanUaxi.
Château-d'Eau, 8 h. 1/2. La Reine Topaze,
LA POLITIOUË
Changement de décors au Conseil mu-
nicipal. Personne ne démissionne
plus, ni le préfet de la Seine, ni les au-
tonomistes. L'exemple des ministres est
contagieux. On a joué hier à qui démis-
sionnerait on joue aujourd'hui à qui
ne démissionnera pas.
Comme on le verra dans le compte-
rendu de la séance, le Conseil munici-
pal, qui avait coulé M. Floquet en
l'enveloppant dans un ordre du jour il-
légal, l'a ramené hier à flot, en lui oc-
troyant un ordre du jour de confiance,
sans accompagnement, cette fois, d'au-
tonomie communale.
M. Floquet, d'ailleurs, ne demandait
qu'à être repêché. Il a déclaré, nous as-
sure-t-on, qu'il resterait, si le Conseil
l'en priait par un ordre du jour raison-
nable. s
M. de Bismarck n'aurait pas encore
renoncé à toute idée d'annexion.
Le bruit court, en effet, à Bruxelles,
que, profitant du présent état de choses,
le gouvernement allemand serait en
pourparlers avec le roi des Pays-Bas
pour déclarer le grand-duché de Luxem-
bourg partie intégrante de l'empire.
Le Paris-Journal avait déjà, malheu-
reusement pour nous, prophétisé cette
entreprise.
LE MONDE ET LA VILLE
Grande réception hier au palais de
Castille en honneur de la fête de S. M.
la reine Marie-Christine.
Parmi les principaux invités, citons
le duc et la duchesse dé Fernan-Nunez,
le comte G-urowski, marquis et marquise
de Valearlos, prince de Hanau, comtesse
de Guadalmina, de Arellano,' Rubi et
tout le personnel de l'ambassade d'Es-
pagne.
Dans l'après-midi, la Reine avait reçu
de son fils don Alphonse un télégramme
de remerciements, daté de la Granja, où
ont été célébrées les grandes fêtes que
nous avons annoncées ces jours der-
niers.
On se souvient que le prince Charles
de Prusse, frère de l'empereur d'Alle-
magne, et âgé de quatre-vingt-un ans,
s'est casssé lajambe.il y a environ quatre
semaines, le soir même de son arrivée
àCassel. Le vieux prince est aujourd'hui
en voie de guérison.
Avant-hier, les .médecins l'ont débar-
rassé de, son bandage de fil de fer, qui a
été remplacé par un pansement plus lé-
ger.
On espère que d'ici quelques jours, le
prince pourra quitter son appartement
au palais de Cassel, pour aller habiter
le château de Wilhelmshœhe, près d©
la ville.
Dimanche, à Peterhof, a eu lieu, en
grande pompe, le baptême de la grande-
duchesse Olga-AJexandrowna, deuxième
fille de l'empereur de Russie.
Le roi et la reine de Grèce, parrain et
marraine de la jeune princesse, étaient
arrivés la veille à la résidence impériale.
Le corps diplomatique tout entier as-
sistait â la cérémonie.
Courrier de Londres
La grande fête donnée ia semaine
dernière par le prince et la princesse de
Galles, dansles|]ardinsde|ï Marlborough
house » a été un succès complet.
La princesse, plus jolie que jamais,
dans une toilette bleu de ciel très pâle,
recevait ses invités à l'entrée du jardin,
entourée des trois petites princesses,
habillées de blanc avec d'énormes cein-
tures bleues.
A cinq heures et demie, la bande mili-
taire entonnait le Gode save the Queen,
et donnait le signal de l'arrivée de la
Reine.
Tout Piccadilly était obstrué par les
voitures, contenant les plus jolies fem-
mes du high-life. La plupart d'entre elles,
lassées d'attendre à la longue file qui
remplissait Saint-James Street et Picca-
dilly, n'ont pas craint de descendre et
de faire, à pied, le trajet jusqu'au jardin.
Parmi cette foule de charmantes ladies.
on remarquait, plus belle que toutes,
lady Garvagh, l'étoile de la season.
Le mariage du duc de Westminster
aura lieu dans la plus stricte intimité,
selon le désir formel des deux fiancés.
Miss Muriel Brassey, fille de lady
Brassey, a été gravement malade d'une
diphtérite; mais/ grâce à un habile trai-
tement, elle est en voie de pleine gué-
rison.
Pour célébrer sa convalescence, il y a
eu un bal d'enfants des plus gais à Nor-
manhurst. Don Carlos y assistait et
semblait s'amuser beaucoup de la joie
des jeunes danseurs.
Ainsi que nous l'avons annoncé, S. Em.
le cardinal Guibert quittera Paris ce
matin pour se rendre à Reims, où il
présidera la première fête liturgique de
saint Urbain, dans la cathédrale, qui
aura lieu les 27, 28 et 29 de ce mois.
Les prédications seront faites par Mgr
Besson, évêque de Nîmes,et Mgr d'Hulst,
recteur de l'Institut catholique de Paris.
Mgr Ceccaldi, préfet des cérémonies
pontificales, est parti hier de Rome et
arrivera aujourd'hui à Paris pour ac-
compagner Si Em. le cardinal Guibert.
Un groupe assez important de négo-
ciants d'Alexandrie s est réuni hier,
à deux heures, chez l'un d'eux, rue des
Petites Ecuries.
Ces messieurs sont tombés d'accord
pour prendre diverses résolutions afin
de sauvegarder leurs intérêts en Egypte,
menacés depuis le bombardement.
La plupart de ces négociants sont
pour ainsi dire ruinés.
Le mariage religieux de Mlle Jauré-
guiberry, fille' du ministre de la marine,
avec M. Ch. Cottard, ingénieur, a eu
lieu hier, à onze heures du matin, à l'O-
ratoire protestant du Roule.
Les témoins de la mariée étaient M.
le contre-amiral Peyron, chef d'état-
major du ministre de la marine, et M.
le contre-amiral Duperré.
M. Lavalley, ingénieur en chef des
ponts et chaussées,, et M. Cottard père,
étaient les témoins du marié.
Nous avons reconnu dans la nom-
breuse assistance: Mme et Mlle Po-
thuau, MM. Léon Say, de Freycinet,
Jules Ferry, Cochery, Brisson, Wilson,
le pasteur Vigié, M. le commandant
de Pierres, les amiraux de Jonquières,
Ribourl, Audren deKerdrel, député ;Hé-
hrard, Richaut, chef du cabinet du minisg
tre de la marine; M. Roy, directeur des
colonies; Legouvô,Cuyillier-Fleury, De-
laquerantonnaïs, notaire, etc. Mmes
Grévy, de Freycinet, Jules Ferry, Léon
Say, Mendès-Leal.
Après un lunch au Ministère de la
marine, les jeunes époux sont partis
passer leur lune de miel en Bretagne,
dans un château, propriété de M. Cot-
tard.
Mgr le duc d'Aumale recevra nom-
breuse compagnie à son château de
Chantilly pendant tout le mois de sep-
tembre. On prépare des appartements
pour les invités jusque dans les cMte-
lets du parc. Les invitations seront, or-
ganisées par séries,qui dureront de cinq
à huit jours. Quelques privilégiés, par-
mi lesquels M. et MmeCuvillier-Fleury,
M. et Mme Laugel, y passeront tout le
mois.
Mme la comtesse de Clinchamps dirige
la maison de M. le duc d'Aumale avec
un ordre et une magnificence hors
ligne.
Le comité institué pour venir au se-
cours des victimes de la catastrophe de
la rue François-Miron convoque les
journalistes à une réunion qui aura lieu
aujourd'hui, 18, avenue de 1 Opéra.
xJéttetéunion a pour but de préparer
et d'organiser une grande kermesse avec
concerts, jeux, tombolas, dans le jardin
du concert des Champs-Elysées.
NOUVELLES A LA MAIN
Joséphine entre hier au salon, à
l'heure du dîner :A
Madame, dit-elle à sa bourgeoise,
je n'ai pas d'oignons.
Celle-ci lui fait observer qu'il est inu-
tile d'initier les invités à ces détails de
cuisine.
Quand on n'a pas d'oignons, on va
en acheter, sans rien dire. Enfin, tâ-
chez d'avoir un peu d'initiative.
Où ça se vend-il, madame ? de-
mande alors la cuisinière, en s'apprê-
tant à sortir.
Une petite fille à sa gouvernante
–Dites-moi, miss Mary: le bon Dieu,
est-ce qu'il sait l'anglais p
UN DOMINS
1
NOUVELLES ET DÉPÊCHES
(Servîcf télégraphique du GAULOIS)
̃ Londres, 24 juillet, 7 h. soir.
Clôture de la Bourse un peu plus ferme
sur rachats. Egyptiennes, 49 92, parité
25Ô75; Banque ottomane: 18 50, parité
715; Consolidés, 99 65.
Alexandrie, 24 juillet.
Àli-ben-Khalifa, le chef tunisien, est ar-
rivé au Caire. Il a de fréquents entretiens
avec Yacqub-Pacha et les chefs militaires.
Les réfugiés tunisiens à Tripoli ont été in-
vités à prendre part à la défense du Caire.
Arabi a envoyé des émissaires dans tout
le nord de l'Afrique et en Syrie, pour pro-
voquer un soulèvement général des popu^
lations musulmanes.
Toulba-Pacha, qui 'commande à Kafr
Dowar, a enrégimenté tous les fellahs des
environs, qui sont employés à fortifier le
camp retranché.
Plusieurs engagements ont eu lieu entre
les escadrons anglais et la cavalerie d'A-
rabi, qui, repoussée, est revenue deux fois
à la charge. Il y avait 1,200 hommes en-
gagés. Les Anglais sont restés maîtres de
Ramleh.
Si, dans douze jours, les Anglais ne se
sont pas rendus maîtres du cours du ca-
nal Mahmoudieh, le général Alison sera
obligé de faire sortir de la ville la plus
grande partie de la population indigène
d'Alexandrie, faute dé pouvoir lui fournir
l'eau nécessaire à sa consommation.
Arabi envoie des troupes à Aboukir pour
punir les officiers commandant les forts
qui ont promis obéissance au Khédive. Le
Minotaur est devant Aboukir.
La cour martiale égyptienne, qui siège
aujourd'hui au Gouvernorat pour la pre-
mière fois, est composée de Osman-Pacha- «
Nedjib, président Ahmed-Bey-Hamdy,.
Nessim-Bey, Husni-Abdulrahman, Nasr
Choukri-Eflendi. Deux incendiaires ont été
condamnés à mort. Le major Craijie fait
fonction du ministère public.
On craint toujours une attaque des trou-
pes d' Arabi. Les approvisionnements d'A-
lexandrie viennent de Beyrouth. Deux va-
peurs pleins de passagers, la plupart grecs,
sont arrivésjaujourd'hui.
Les conditions auxquelles un arrange-
ment basé sur la soumission d'Arabi pour-
rait se conclure sont discutées actuelle-
ment par les ministres du Khédive.
Cet arrangement n'a aucune chance d'a-
boutir.
On attend à Alexandrie les quarante-
deux officiers circassiens exilés il y a
quelques mois par Arabi.
Constahtinople, 24 juillet.
La Conférence s'est réunie, hier, à The-
rapia.
Saïd-Pacha et Assym-Pacha y assis-
taient.
Vienne, le 24 juillet.
Le bruit court que la chancellerie russe
provoquera incessamment une entrevue
entre les empereurs de Russie, d'Autriche-
Hongrie et d'Allemagne, pour arrêter la
marche à suivre dans la question.^jgyp-
tienne et les autres questions orientales.
Berlin, 24 juillet.
Dans les cercles politiques, l'on doute
que l'Italie se décide a participer à l'inter-
vention anglo française enEgypte, de peur
de compromettre ses relations avec l'Alle-
magne, dans le cas où des complications
surgiraient de cette intervention.
Londres, 24 juillet.
M. Goschen se rend en France, chargé,
dit-on, d'une mission importante.
On peu de Franchise ?
.5 Jg,n,
Oui, un peu de franchise, cette qua-
lité française comme son nom, et qui
est en train de disparaître de la républi-
que. M; l'amiral Jauréguiberry, ministre
de la marine, a déposé à la Chambre,
une demande de crédit de 9,410,000 fr.,
pour la constitution d'un corps de dé-
barquement de 8,000 hommes, dont
4,000 prendraient immédiatement posi-
tion le long de la partie nord du canal
de Suez.
Il avait d'abord été question d'un cré-
dit de 40 à 50 millions, d'un corps de 40
à 50,000 hommes, dont la moitié devait
tout de suite être débarquée en Egypte.
C'était une véritable expédition, l'on ne
pouvait pas s'y tromper.
Mais avec ces ressources, nous nous
trouvions sur le pied d'égalité avec l'An-
gleterre. Cela était convenable, puisque,
pour le moment, l'on veut faire campa-
gne avec elle, et que notre intérêt, notre
honneur nous commandent de ne pas
aller simplement faire l'appoint néces-
saire au succès de ses armes. Les' esprits
réfléchis se sentaient un peu rassurés.
Ne discutons pas l'opportunité de l'in-
tervention. L'heure est peut-être passée,
bien qu'en définitive il ne soit jamais
trop tard pour renoncer à faire une
faute. Mais demandons-nous pourquoi
l'on a abandonné ce projet primitif, qui
avait au moins le mérite d'être. franc
et prudent, autant qu'il pouvait l'être ?
A quel politique sensé le gouverne-
ment fera-t-il accroire que 4,000 hom-
mes et 9,410,000 francs soient suffi-
sants pour une pareille campagne ?
Est-ce la Hollande ou la France qui va
se trouver en Egypte, côte à côte avec
l'Angleterre ? L'Europe éclatera de rire
à la nouvelle de ce déploiement. Nous
qui pouvons mettre 1,500,000 hommes
sous les armes, à ce que répètent à tout
bout de champ les gens qui nous gou-
vernent, nous nous saignerons de 4,000
hommes Mais nous allons ressembler
à ce millionnaire qui tire à grand'peine
un louis de sa poche 1
Nous allons prendre position le long
de la partie nord du canal de Suez, voilà
ce qu au nom du gouvernement, nous
apprendM- l'amiral Jauréguiberry. Mais
nous ne resterons point là à boire du
Champagne, pendant que du haut des
pyramides les quarante siècles nous
contempleront.
A coup sfiûr, il se produira des inci-
dents. Que, par exemple, les Egyptiens
coupent le canal d'eau douce qui, par-
tant du Caire, alimente Ismaïha, Suez,
Port-Saïd, le champ de notre surveil-
lance se trouvera singulièrement élargi.
Le Temps, qui parle de ces questions-
là avec compétence, prévoit la chose, et,
pour y répondre d'avance, il nous dit
qu'on n'ira pas au delà de Zagazig, où
le canal se divise en deux branches.
C'est déjà à 70 kilomètres du Caire. Mais
peut-on savoir jusqu'où l'on ira et jus-
qu'où l'on n'ira pas? -t
Une fois là bas, ce seront les circons-
tances seules qui en décideront, et si
les Egyptiens nous harcèlent sur toute
cette ligne, à quoi il est sage de s'at-
tendre, nous nous enfonçons dans les
terres, que déj'à la crue du Nil rend
presque inabordables. A elles seules,
la dyssènterie, la fièvre, auront bientôt
raison de cette armée minuscule.
Et les Anglais?. Assurément, ce sont
de bonnes troupes. Mais, s'il y a quelque
grosse besogne, nous la voudrons faire,
et ils ne nous la disputeront pas, non
point qu'ils n'aient de la résolution, delà
bravoure, mais parce qu'ils sont gens
pratiques, ce que nous ne sommes guère,
que ce sera autant de gagné, et qu'ils ne
comptent que le résultat final. On voit
que nous ne soulevons même pas l'hy-
pothèse de quelque désaccord avec eux,
ce qui doit pourtant entrer dans les cal-
culs de la politique.
L'Agence Havas et le Temps qui sont
dans les secrets des dieux, nous annon-
cent que cette poignée de soldats serait
composée de fantassins de marine. Qu'a-
t-on fait depuis douze ans pour la marine ? R
Rien, moins que rien, puisqu'on l'a
constamment réduite à une portion de
plus en plus congrue. Néanmoins, c'est
à elle qu'on s'adresse, qu'on s'est adres-
sée chaque fois qu'on a eu besoin d'un
corps expéditionnaire.
En procédant de cette sorte, ouïe gou-
vernement se propose d'endormir le
pays, en cherchant à lui faire croire qu'il
ne s'agit que d'une promenade, d'une
formalité ou il ne sait pas que la seule
protection qu'il prétend assurer à la li-
berté de la navigation de la Méditerra-
née à la mer Rouge demandera plus de
9,410,000 fr., et de 4,000 hommes.
Ou il se trompe, ou il nous trompe.
S'il se trompe, quel gouvernement est-il?
Il est trop facile de voir que lès choses
sont plus graves qu'il ne dit. S'il nous
trompe, pour de misérables préoccupa-
tions de parti, et pour ne pas paraître
faire.ee que voulait faire M. Gambetta,
cari après le spectre de l'empire, c'est
le spectre de M. Gambetta qui agite et
mène la république, quelle respon-
sabilité est la sienne ?
Dans tous les cas, le pays est induit
en erreur. On nous engage dans une
guerre de "peu d'apparence, mais qui est
.semée de pièges, de périls; qui commen-
cera tout à riieure en Egypte, mais qui
finira on ne sait ni quand ni où. Est-ce
mauvaise foi ou ignorance du gouverne-
ment ? Ce serait à la Chambre à exiger
dès explications, à faire la lumière. 11
s'agit de.nos finances, de notre armée,
de notre pays; c'est bien le moins que
M. de Freycinet ne dispose pas de tout
cela, à la faveur de subterfuges. Qui,
un peu de franchise! 1 Et si véritable-
ment vous voyez la situation comme
vous dites, qu'est-ce que vous faites au
gouvernement ?
LOUIS JESTE.
rv LA GÙEHHE
AU PARLEMENT ANGLAIS
Nous donnons ci-dessous le compte-
rendu des débats qui viennent de s en-
fager, au Parlement anglais, sur lés
emandes de crédits faites par le minis-
tère Gladstone, pour l'expédition d'E-
gypte
Chambre des Lords
Lord Granville fait l'exposé des événe-
ments d'Egypte
« L'envoi de la flotte a sauvé, dit-il, des
milliers d'Européens et probablement aussi
le Khédive. Si l'envoi des troupes avait eu
lieu plus tôt, il aurait été probablement
regardé comme une démonstration d'hos-
tilités par les autres puissances.
> Le gouvernement voit avec satisfac-
tion que la Porte se fasse représenter à la
conférence, mais il ignore si le Sultan a
l'intention d'envoyer des troupes en E gypte.
» En présence de l'attitude de la France
et des relations existant entre les deux
pays, se séparer de la France sans nécessité
aurait été une faute.
» Le gouvernement est heureux que
l'Angleterre et la France soient en complet
accord pour se charger d'assurer la sécu-
rité du canal de Suez, et il espère que l'I-
talie se joindra dans ce but à l'Angleterre
et à la France.
“» La, .France n'a pas encore fait savoir,
si elle prendra part aux opérations dans
l'intérieur de l'Egypte.
» L'opinion publique en Europe, comme
en Angleterre, est favorable à l'action de
l'Angleterre. Cette action a pour but le
maintien de l'autorité du Khédive et le dé-
veloppement prudent des libertés du peu-
ple égyptien, lorsqu'il sera délivré de la
tyrannie militaire actuelle. » (Applaudis-
sements.)
Lord Salisbury déclare que, quelles que
soient les divergences politiques qui aient
existé jusqu'ici, le devoir de tous les par-
tis est maintenant, en face des mesures
prises, d'assurer au gouvernement un ap-
pui sérieux et sans réserve.
L'orateur est heureux que lord Granville
reconnaisse l'importance de la coopération
de la France dans la solution de la ques-
tion égyptienne. Il nie que l'entente de la
France et de l'Angleterre ait pris nais-
sance au congrès de Berlin. Cette entente.
a commencé, dit-il, lors de l'établissement
du contrôle et elle a continué depuis cette
époque.
Lord Salisbury exprime ensuite sa sur-
prise de voir la France se joindre à l'An-,
gleterre pour assurer la sécurité du canal
de Suez, puisqu'une seule puissance suffi-
rait pour remplir cette mission.
Il termine en félicitant le gouvernement
de sa décision de maintenir l'autorité du
Khédive et en demandant que le cabinet
sache éviter une politique -faite d'hésita^
tions. -v-
Chambre des Communes
Le marquis de Hartington annonce qu'il
proposera demain ou dans quelques jours
une résolution tendant à ce que les dé-
penses résultant de l'emploi des troupes
indiennes hors des Indes, soient imputées
sur les recettes des Indes.
Sir Charles Dilke répondant à une
question de M. Bourke, dit
« M. Corti proposa le 27 juin, dans là
troisième séance de la conférence, qu'il
fût sous entendu que, pendant la durée de
la conférence, les puissances s'abstien-
draient de toute action isolée en Egypte.'
» Cette proposition fut acceptée, souç
la réserve du cas de force majeure, la né-
cessité, par exemple, de protéger les per-
sonnes et les propriétés des nationaux.
» Dans la séance du 30 juin, lord Dufferin
déclara, en termes formels, que le gouver-
nement anglais considérait toute attaque
contre le canal de Suez, tout changement
soudain ou toute catastrophe qui menace-
raient nos intérêts spéciaux, comme'
constituant un cas de force majeure. La
conférence n'a fait aucune observation à
propos de cette déclaration.
A une question de M. Bartlett, sir Char-
les Diike ajoute « Qu'il croit que des Eu-
ropéens ont été massacrés dans l'intérieur
de l'Egypte, mais que la population euro-
péenne de Port-Saïd n'a rien à craindre
des attaques des troupes égyptiennes;
qu'elle pourrait d'ailleurs être protégée
efficacement car les forces anglaises et
françaises qui se trouvenf à Port-Saïd.
Répondant ensuite à lord Fitz-Maurice,
sir Charles Dilke annonce que l'Angleterre
n'a pas l'intention de faire des représen-
tations isolées en faveur de Zancoff, que
ces représentations devraient être le résul-
tat d'une entente entre les signataires du
traité de Berlin.
M. Gladstone, en parlant des crédits
pour les préparatifs militaires, annonce
qu'il proposera d'augmenter l'impôt sur le
revenu de 3 pence par liv. sterling, pour
le dernier semestre de l'année financière et
de un penny et demi pour les années sui-
vantes, de façon â porter l'impôt annuel
sur le revenu à six pence et demi par livre
sterling.
Par dépêche spéciale
Londres, 25 juillet, miauit ib.
M. Gladstone ajoute que le crédit per-
mettra l'envoi de 17,500 hommes de cava-
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