Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-06-15
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 juin 1882 15 juin 1882
Description : 1882/06/15 (Numéro 1006). 1882/06/15 (Numéro 1006).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/02/2008
Paris 4 5 centimes. • DiPARTEMENT SET^GAftEs' 2O "centime^/
Quinzième Année– Deuxième Série– Numéro 1006
Jeudi 15 Juin 1882
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Le» abonnements partent du 1" et 16 du mou
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Paris Trois mois;. *f. «3 fr./ç» r
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POLITIQUE DES BALAYEURS
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Quel est lé magistrat, ou l'avocat, ou
le plaideur, qui n'a lu les journaux di-
manche dernier, pour voir, de ses yeux,
comment ce vote sur l'inamovibilité
était accueilli ? Autant vous dire que
nous les avons tous lus., Nous savions
déjà que les députés avaient voté à la
débandade, que le Grand Ministère était
disloqué, que la commission avait voté,
en majorité, contre le système dont
l'organisation se trouve confiée à son
zèle. Nous voulions voir si les journa-
listes seraient pris de court comme les
députés. Ils le sont, c'est bien naturel.
On discute un système on prend parti
pour ou contre mais une suppression,
sans aucun système, on ne peut pas dis-
cuter cela. Même les plus ardents enne-
mis de l'inamovibilité voudraient savoir
par quoi on la remplacera. Il n'y a guère
que deux ou trois journaux qui ont dit,
comme M. Lepère « Voilà toujours une
bonne destruction » Eh 1 mon Dieu,
nous n'en manquons pas, de destructions,
nous en avons à revendre. Nous vous
ferons remarquer, citoyens, qu'on ne
travaille plus que dans ce genre-là.
Ce qui nous a particulièrement frap-
pés, dans notre revue des journaux, c'est
que plusieurs d'entre eux en appellent
au Sénat. Que le journal le Parlement,
qui est pour le Sénat et pour l'inamovi-
bilité, déclare qu'il compte sur le Sénat
pour arrêter cette mauvaise loi au pas-
sage, il n'y a rien là de surprenant.
Mais la République française, le Paris,
le Voltaire, la Liberté, sont d'avis que
le Sénat ne s'associera pas â une pareille
mesure; qu'on n'obtiendra pas cela de
lui. Ils ne le disent pas, notez-le bien,
avec des cris décolère, comme quand on
disait: « Si le Sénat ne vote pas l'article 7,
ou le ..scrutin de liste, nous balayerons
le Sénat. » Non on ne reproche plus au
Sénat d'être un obstacle; on serait plu-
tôt tenté de le lui demander. C'est une
bien curieuse politique, qui consiste à
juger les institutions selon qu'elles sont
favorables ou dommageables pour l'heure
présente. Il me faut le scrutin de liste;
le Sénat ne me le donne pas à bas le
Sénat! Je défends l'inamovibilité; le
Sénat ne la laissera pas détruire vive
le Sénat! Rien de plus intelligible
que cette mobilité d'impressions et cette
versatilité dans des jeunes gens de vingt
ans, qui sont toujours absorbés par leur
passion du moment, et qui n'ont pas en-
core appris à réfléchir. On la comprend
moins chez des hommes mûrs, qui de-
vraient juger les institutions en elles-
mêmes. On est surtout surpris de la voir
ériger en doctrine.
Nous avons eu ces jours-ci un autre
exemple de cette sagesse au jour le jour.
Vous savez que, sur la proposition de
M. Goblet, le droit d'élire leur maire a
été rendu à tous les conseils municipaux.
Nous ne discutons pas cette mesure.
Bonne ou mauvaise, elle était depuis
longtemps demandée, exigée par toute
la gauche. M. Goblet, en la proposant,
a dû croire qu'il serait appuyé par ses
anciens amis. Pas du tout on a déclaré
la loi inopportune, ce qui est, à ce qu'il
paraît, le plus grave des anathèmes,
parce qu'en fait le résultat a été un cer-
tain accroissement du nombre des mai-
res réactionnaires. « Mais, dit fort sen-
sément M. Goblet dans son discours de
Saint-Lô, il s'agit uniquement de savoir
si la mesure est juste, si elle est con-
forme aux principes. » II a bien raison.
Est-ce donc que la politique est une af-
faire d'expédients, où chacun prend à
tour de rôle les armes déloyales dont on
s'est servi contre lui? La politique ainsi
entendue, c'est la guerre; c'est le droit
du plus fort; c'est la négation du droit
et de la raison c'est lé peuple employé
par les démagogues à satisfaire éter-
nellement leurs convoitises aux dépens
de ses intérêts. Quelle justice et quelle
prudence peut-il y avoir à imposer un
maire de l'article 7 à un conseil mu-
nicipal libéral?
De même, nous voudrions qu'on fût
un peu raisonnable avec le Sénat. Oui,
sans doute, il peut être un obstacle. A
parler franchement, nous croyons que
cela ne lui arrivera guère désormais.
Le gouvernement a, dans le Sénat, une
majorité forte, compacte, disciplinée,
que les ministères se transmettront l'un
à l'autre .cependant, il y aura des cas
où là justice parlera trop haut, où le bon
sens même exigera que les sénateurs-
donnent à' leurs collègues de l'autre
Chambre le temps et ToGcasj,on de ré»
fléchir. N'est-il:. pas utile, et même né-
cessaire qu'il en soit ainsi? Les impro-
visations d'un grand corps sont souvent
plus redoutables que celles d'un dicta-
teur. C'est le temps qui a de la sagesse,
ce n'est pas le nombre. On se mettra ai-
sément à cinq cents pour faire une sot-
tise. Il y a même une chance pour que
les hommes assemblés se laissent aller
aux entraînements et aux surprises. Il
y a des peuples qui ont considéré les
grands orateurs comme une peste dans
l'Etat, parce qu'ils donnent souvent à la
passion la prépondérance sur la raison.
C'est pour atténuer l'effet des votes sem-
blables à ceux de samedi qu'on a inventé
les trois lectures mais les trois lectures
ne suffisaient pas on a eu recaurs aune
lieondè Chambre, ce qui est uneprécàu-
tion beaucoup plus sûre. Tout le monde,
a fait maintes fois l'expérience que
voici on commet une erreur dans une
addition; on a beau recommencer, la
même erreur revient toujours. il vaut
mieux passer son papier au Sénat, qui
redresse la faute du premier coup. Vous
dites, monsieur, que c'est bien simple;
mais avouez que c'est bien évident.
En constatant que le Sénat ne votera
pas la suppression de l'inamovibilité, la
République française est surtout frappée
du retard qui en résultera dans les épu-
rations car, si elle est pour l'inamovi-
bilité des siens, elle n'est pas, tant s'en
faut, pour l'inamovibilité des autres.
Elle veut d'abord épurer, c'est-à-dire
chasser; après quoi, elle nommera des
magistrats durables.
« Au palais Bourbon, dans l'efferves-
cence d'une délibération comme celle
de samedi, on peut bien oublier le Sénat,
dit-elle mais au dehors, dans la presse,
dans l'opinion, on se rappelle incessam-
ment que le Sénat existe, et qu'il im-
porte de tenir compte de son tempéra-
ment, moins impétueux que celui de la
Chambre. Il n'y aura rien à faire dans
cette difficile question de la réorganisa-
tion de la magistrature, tant que le Sé-
nat n'aura point donné son avis et pris
la part qui lui revient dans là confection
de la loi. Le Sénat ne s'engagera pas
dans la voie qui vient de lui être ouverte,
et la réforme judiciaire depuis si long-
temps attendue n'a pas fait un pas elle
a plutôt reculé. Nous l'avons dit hier,
nous, le répétons aujourd'hui, avec la
certitude de ne pas nous tromper. »
Tout cela est bien dit, et très juste.
Mais nous aurions été bien surpris si la
vraie politique du journal n'avait pas
fait son apparition en queue d'article la
politique qui ne tient pas compte des
principes et des théories, et se préoc-
cupe uniquement du résultat immédiat,
et du résultat qui concerne les person-
nes celle, en un mot, que nous avons
justement appelée la politique des ba-
layeurs.
«Il est sans doute très beau et très
glorieux de manifester des tendances
en proclamant des principes mais cela
ne suffit pas quand on veut sérieuse-
ment décréter des réformes immédiate-
ment applicables. Nous demandions hier
combien de temps s'écoulerait avant que
la magistrature actuelle, qui a donné à
la démocratie républicume de si nom-
breux et si justes sujets de plainte, fût,
nous ne dirons pas réformée, mais'sim-
plement entamée. »
Il n'y a rien de plus clair: les ten-
dances et les principes sont pour les ni-
gauds il n'y a de sérieux que la ven-
geance à tirer contre la magistrature.
Les sujets de plainte, justesetnombreux,
remontent à présent à douze ou quinze
ans. Le coup de balai vient un peu tard;
raison de plus pour ne pas l'ajourner.
On avait tait une si belle combinaison
L'inamovibilité était conservée non
pour elle-même, mais comme un gâteau
jeté au Sénat qui, obtenant cette proie,
aurait concédé la suspension. Mainte-
nant qu'on a fait l'étourderie de suppri-
mer l'inamovibilité, la suspension, le
coup de balai, la vengeance se trouve
ajournée aux kalendes grecques. Voilà
ce que c'est, encore une fois, que d'avoir
des tendances et des principes.
Pour cette fois, les craintes des ba-
layeurs sont fondées. Le Sénat ajour-
nera leurs plaisirs.
Nos Echos
£,e Temps il juin i88&
En France, des pluies sont tombées dans le nord,
le nord-est et l'est le ciel est couvert dans toutes
les régions, excepté dans celle du sud-est. Les vents
vontwjuffler d'entre S.-O. et N.-O.'ct' occasionner
des pluies sur tout le versant de la Manche et dans
le nord-est la température va continuer à se relever
lentement.
AUJOURD'HUI
A 6 heures et demie, dîner au Grand-Hôtol
admission jusqu'à 7 heures.
Pendant la durée du dîner, l'orchestre de
M. Desgranges jouera dans la nouvelle «aile de
musique. Waxn
MENT»
Potage pàtcs d'Italie au consommé
Hors-d'œuvre
Turbot sauce homard
Pommes de terre à l'anglaise
Filet de bœuf à la Savarin
Timbale do gnocchi à la Régence
Volaille de la Bresse au cresson
Salade
Choux-fleurs gratinés au parmesan
Gâteau gallioien
Glace Madeleine
Desserts
Fromages, fruits et petits-fouri
Le salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, orgue, tables da jeux. Dîner à la carte
tu restaurant.– Billards au Café Divan.
Le programme du dîner-concert. (Voir a la
4* page.)
̃.«; /̃̃
Au Théâtre-Français. Le Demi-Monde.
A l'Opéra-Comique. Les NoceM' de Figaro.
DEMAIN
A l'Opéra. Robert le Diable.
Au TnéâtrerFrançais. Les RanUau.
A l'Opéra-Comique. Joseph.
LA POLITIOUE
Le conseil des ministres s'est réuni
hier matin à l'Elysée.
Cette convocation exceptionnelle était
motivée par les affaires d Egypte.
On s'est occupé, d'une part, des me-
sures à prendre, de concert avec l'Angle-
terre, pour assurer la protection des na-
tionaux des deux p|fs, et, ensuite, des
négociations qui se poursuivent actuel-
1- J 1 t. -̃ • j
lement en vue d'arriver à la réunion im-
médiate de la conférence.
La remise â M. le président de la Ré-
publique des insignes de la Toison d'or,
qui devait avoir lieu, hier, à midi, a été
renvoyée à la semaine prochaine, par
suite de l'absence d'une pièce indispen-
sable pour la constitution de l'acte.
LE MONDE ET LA VILLE
L'ancien aumônier de l'Ecole normale
supérieure, M. l'abbé Bernard, a été so-
lennellement installé hier, dans ses
nouvelles fonctions de curé de Saint-
Jacques du Haut-Pas.
La cérémonie était présidée par M.
l'abbé Caron, vicaire général, archidia-
cre de Sainte-Geneviève.
M. l'abbé Bernard, qui succède à M.
l'abbé Lemaître, actuellement curé de
la Trinité, est né en 1830.
Ordonné prêtre en 1856, il a été
nommé, en 1869, aumônier à l'Ecole
normale; mais, en 1881, par suite de la
suppression de l'aumônerie de l'école, il
dut se retirer et fut nommé chanoine
honoraire.
Les architectes français, réunis en
congrès, se sont rendus hier à Chan-
tilly, pour visiter le château et ses dé-
pendances.
Samedi, à deux heures, aura lieu la
distribution des récompenses.
Mlle Courbet vient de faire don à la
Ville de Paris d'une esquisse du maître
d'Ornans représentant des pompiers se
rendant à un incendie.
Elle demande que cette esquisse soit
placée â la caserne de l'état-major des
sapeurs-pompiers.
Il est à peu près certain aujourd'hui
que, malgré bien des efforts tentés con-
tre ce projet, le monument à ériger à
Victor-Emmanuel sera l'œuvre d'un
sculpteur français, M. Nénot.
Hier matin, une triple cérémonie
avait lieu au temple de l'Oratoire. On
chercherait vainement, croyons-nous,
beaucoup d'exemples pareils.
M. et Mme Bouhon célébraient leurs
noces d'or.
Quelques instants après, leur petite-
fille se mariait. m -1
Enfin, pour clore cette série, l'un des
fils de M. Bouhon faisait procéder au
baptême d'un enfant nouveau-né.
Bienheureuse famille, qui célèbre trois
fête» en un seul et môme jour ~#p«*-»**»»~-
Ce soir jeudi, deuxième réception
officielle, et bal, chez Mme Morlon, à la
Légation américaine.
On avait dit que la santé de M. Louis
Blanc avait subi une telle amélioration,
qu'il avait pu se rendre à dîner chez l'un
de ses médecins.
M. Louis Blanc, dansune lettre adres-
sée à M. Vacquerie, déclare que ce bruit
est malheureusement inexact.et que ses
médecins l'ont uniquement jugé en état
d'être transporté à la campagne.
Un de nos confrères, M.B. Henri Revoil
vient de mourir subitement dans une
pharmacie de la rue de Phalsbourg.
M. Revoil était âgé de soixante-cinq
ans. It était le frère de Mme Louise
Collet et le fils d'un peintre de grande
réputation sous la Restauration.
Les obsèques auront lieu aujourd'hui,
à quatre heures, â l'église Saint-François
de Sales. < ̃̃
Le quinzième anniversaire de la mort
de l'empereur Maximilien sera célébré
le 19 juin.
M. Mora, ancien ministre plénipoten-
tiaire du Mexique et grand -maître des
cérémonies, fera .dire, ce jour-là, une
messe pour le repos de l'âme du souve-
rain, en l'église Saint-Augustin, à onze
heures.
M. Wasseige, ancien ministre des
travaux publics, en Belgique, vient de
mourir à Namur. Il était député de cette
ville depuis vingt-trois ans. Il apparte-
nait au parti catholique. Son passage au
ministère dura du 12 septembre 1870 au
7 décembre 1871..
Qui l'eût jamais soupçonné ? Les au-
teurs du crime du Pecq ne sont point
des Fenayron quelconques, mais bien le
chef de la sûreté et plusieurs magistrats
de Versailles. Cette nouvelle est telle-
ment incroyable que nous hésiterions à
l'accepter si elle ne nous était fournie
par un de nos confrères du matin, ex-
cessivement sérieux, auquel nous em-
pruntons lés premières lignes d'un de
ses faits divers
Le crime du Pecq. L'enquête sur cet
horrible assassinat se poursuit activement
par lé parquet de Versailles, de concert
avec M. Macé, l'intelligent chef de la sû-
reté. Mais on se demande quel peut avoir
été le vrai mobile qui les a poussés à as-
sassiner M. Aubert, jeune homme qui avait
été employé pendant dix ans dans la phar-
macie Fenayron et qu'ils devaient consi-
dérer presque comme de la famille.
Ainsi donc, rien n'a pu arrêter M.
Macé, même les liens de famille 1
Horrible 1
NOUVELLES A LA MAIN
Le petit Tomy, gentleman de six ans,
posé à sa mère cette question insi-
dieuse
On dit que Dieu est partout. Com-
ment cela se peut-il? on ne le voit nulle
part.
Je vais te l'expliquer, reprend la
mère. Figure-toi un verre d'eau* sucrée
où le sucre est fondu.
Dam un restaurant, très prêcha voisin 1
du palais BourBon, un client interroge
le garçon
Vous devez avoir la clientèle des
"députés pour les déjeuners ?
Ah monsieur Vous ne les con-
naissez donc pas, les députés? Ça ne
prend rien au restaurant, ça se mange
entre eux!
i (UN DOMINO
IROÏSTIDIE
Sun l'air II était un' bergère
1 ̃ {I
Il était un bonhomme
Et ron ron ron, petit patapon;
Il était un bonhomme
Qui s'appelait Gambon, j
Ron ron,
Qui s'appelait Gatnbon 1
Tout le monde sait comme
î Il s' fit un grand renom °
Il avait une vache,
I Qu'il aimait de passion 1
En c' monde on s'amourache,
S'ion son inclination
Capable, contre l' trône,
Des plus grandes actions. l
.11 r'fusa l' papier jaune
'•̃ De ses contributions.
Même qu'il laissa vendre }
L'objet d' son affection 1, v`
Et 1' peup', pour le lui rendre,
Fit une souscription t
II
Après douze ans d' silence
Ou de submersion,
Voici la récompense
De son abnégation I
De la coupe à la lèvre
Parfois l' chemin est long
Mais les gens de la Nièvre
Lui font un scabellon I
Contre lui quoi qu'allègue
L'infâme réaction,
II sera le collègue
De Tony Révillon >
m ̃'̃̃̃'• ̃̃
Mais une humble requête
Gambon, par compassion,
N'oubli' pas la pauv' bête
Qui fit ton élection l ̃ ̃ ,̃'̃{ •
L'électeur qui t' flagorne ̃
Salua c' pavillon
̃*>" ̃̃'C'est eW qui d'un coup ti'corrië"
Te traça le sillon 1
Donc, d'un air très bravache, ̃̃̃
Entre au palais Bourbon, ». ̃“
Ensemble, avec ta vache.1'{.
Fût-ce à califourchon 1
Si des gens pas honnêtes •̃̃ J
T'adress'nt à Charenton, ji
f| Méprise les gazettes <> • «,
| Et le qu'en dira-t-on 1 "> i
? Tu n'es pas, que je sache,
Par grande exception,
Le premier dont un' vache
A fait la position l FERRIER
PAUL FERMER
MENUS PROPOS
La grève des cordonniers menac e de
s'éterniser pas un ne lâche pied 1
C'était à prévoir.
On sait depuis longtemps que ces
utiles artistes sont habitués à être les
plus mal chaussés, et ce sont eux qui
souffriront les derniers de la disette de
bottes et de bottines qui sévit sur les sim-
ples mortels.
Qui a tort ou raison, des patrons ou
des ouvriers ?
Il est toujours assez délicat de placer
le doigt entre le cuir et le tranchet
pourtant, sans être extraordinairement
versé dans" les choses delà cordonnerie,
il me semble que les patrons cordon-
niers ne s'abreuvent pas, autant qu'on
le dit, de la sueur de leurs ouvriers.
Ces derniers demandent une augmen-
tation de salaire. C'est tout naturel, et il
n'est pas mauvais qu'un cordonnier
cherche à gagner autant d'argent que
M. Talazac ou M. Lassalle, s'il le peut
maigice qui est non moins naturel, c'est
qu'un patron se fasse lemêmepetit
raisonnement.
Voyez, comme avec un peu de bonne
volonté et d'esprit, toute la cordonnerie
française serait unie i
Avant huit jours, avec ce raisonne-
ment, patrons et ouvriers allumeraient
des feux du Bengale en signe de récon-
ciliation, et c'est Labiche qui fournirait
le cri de ralliement: Embrassons-nous,
Folleville
î\Sais les choses n'en sont pas là, et
jamais grévistes et patrons ne se mon-
trèrent aussi peu conciliants. La haine
s'en mêle, et chaque jour ce sont de nou-
velles lettres aigres-douces, plutôt
aigres que douces de nouvelles dénon-
ciations, de nouvelles menaces, et,
spectacle aussi bizarre qu'inattendu,
ce sont les cordonniers qui manquent
de formes 1
Par saint Crépin! si cela continue,
qu'allons-nous devenir?
Si encore nous étions à même de re-
médier, par nos propres talents, à ce dé-
plorable état de choses?
Mais non l'Université imprévoyante
n'a jamais songea nous inculquer les
moindres notions de cordonnerie. Elle
nous apprend le grec, le latin et la philo-
sophie qui doit nous tfaire triompher
dans les combats de la vie, et elle nous
laisse désarmés devant la grève des cor-
donniers
La Situation est grave et commande
la création immédiate, dans nos lycées,
d'un cours obligatoire et laïque ds| cor-
donn«rifl V
Hors de là, point de salut, et si l'on n'a-
vise au plutôt, tout Paris sera bientôt
obligé, faute de chaussures, de rester
chez lui, comme M. Choufleury °
,• v; \-p ### ;•. -V j..
Tout passe Arabi-Pacha ne sera qu'un
souvenir dans: quinze jours Garibaldi
aura pris place dans l'histoire ancienne
avant la fin du mois, et le Monde où
Von s'ennuie finira Jui-même par dispa-
raître de l'affiche du Théâtre-Français
avant la fin du siècle. Le procès de la
duchesse de Chaulnes seul est éternel
Quand on le croit simplifié, il s'em-
brouille lorsqu'il est terminé sur un
point, il recommence sur un autre, et
cette cause-Phénix semble devoir tou-
jours renaître de ses dossiers.
L'autre jour, on plaidait à Paris; hier,
au Mans demain, ce sera devant la cour
d'Angers.
Je ne voudrais pas perpétrer des can-
cans sur les célébres balances de la Jus-
tice de mon pays mais avouez que la
logique ne pèse guère dans ses plateaux.
A Paris, les balances penchent du côté
de Mme la duchesse de Chevreuse; au
Mans, elles inclinent fortement du côté
de la duchesse de Chaulnes. Ici, lajeune
mère ne saurait prétendre à élever ses
enfants là-bas,le jury tresse des couron-
nes au nommé Guyot qui a tenté d'enle-
ver les nobles bambins à Mme la du-
chesse de Chevreuse, leur tutrice lé-
gale.
Il faudrait pourtant s'entendre
Doit-on, oui ou non, laisser les roses
aux pommiers et les enfants à leurs
grand'méres, on, selon les vieux us, les
rosés à leurs rosiers respectifs et tout
simplement les enfants à leurs ma-
mans ?
Au surplus, la seule chose gaie dans
cet interminable procès, c'est le cas de
Guyot.
Je ne connais pas Guyot. Je n'ai ja-
mais vu Guyot et je mourrai probable-
ment sans avoir entr'aperçu Guyot
mais Guyot m'intéresse, parce qu'il a
supporté gaillardement, avant d'être
acquitté, le poids étonnamment écrasant
des reproches de ses juges, qui ne peu-
vent lui pardonner d'avoir couché à la
salle de police lorsqu'il était soldat.
Je serais désolé d'introduire un germe
d'indiscipline dans l'armée française et
de sembler faire l'apologie de la salle
de police, mais, enfin, ne peut-on fré-
quenter cette habitation sans être forcé-
ment un homme dangereux pour le
repos de ses concitoyens ?
Un autre reproche du président à
Guyot, ç'a été son opulence.
Quels étaisntTas^^ppoiBtements
lui demande-t-il.
Cent cinquante francs par mois,
mon président 1
Vous aviez donc de quoi vivre.
Puis le magistrat ajoute sévère-
ment
D'ailleurs, vous aviez loué, rue des
Rosiers, un garni qui vous coûtait seize
francs par mois! •:
Seize francs par mois Guyot payait un
logement seize francs par mois, et il était
accessible aux coupables pensées de
gain 1
Il devait tourner ainsi Les prodigues
finissent toujours mal 1
C'est aussi fort que la réponse de ce
président adressant cette courte mais
sévère harangue à un assassin
Vous avez assassiné trois person-
nes Et vous n'aviez même pas, comme
tant d'autres, l'excuse du besoin! Vous
êtes dans une position relativement ai-
sée on a trouvé deux francs soixante-
quinze sur vous 1
On est gai, dans la Sarthe mais il ne
faudrait pas continuer ces plaisanteries-
là on ne parlerait plus bientôt que de
la facétie des Manceaux, et ça ferait du
tort aux poulardes
,-• MAURICE ORDONNEAU
PETITE BOURSE DU SOIR
~¥J
= L.?y' j~
DIX HEURES
3 ()/(). 83, 83 03, 83.
5 0/0 115 40, 37, 43, 42.
Turc 12 50,55.
Italien 1 90 45,50.
Egypte 333 75, 84, 31, 33, 75.
Banque ottomane. 790 94,92.
Extérieure 2811/16.
Lots turcs .56,56 75.
Actions Rio 615.
•- ̃̃̃̃ LES ̃ '̃'̃̃̃'
AFFAIRES D EGYPTE
Les informations qui nous sont parve-
nues hier ne signalent pas encore de
changement positif dans la situation in-
térieure de l'Egypte. Il paraît que le dé-
part du Khédive est diversement inter-
prété au Caire et à Alexandrie.
Dans la capitale, les chauvins militaires
restés auprès d'Arabi-Pacha se vantent
hautement d'avoir chassé le Khédive
d'accord avec le commissaire du Sul-
tan, tandis qu'à Alexandrie on donne à
entendre que le voyage de Dervisch-Pa-
chaét de Mehemet-Tewflk ne signifie
point une fuite devant le parti militaire,
mais un stratagème habile destiné à
isoler les ministres rebelles, en atten-
dant qu'un corps d'armée turc vienne ré-
duire à l'obéissance la soldatesque égyp-
tienne et prendre au collet Arabi et ses
complices.
Quoiqu'il en soit, la présence du Khé-
dive et de Dervisch-Pacha à Alexandrie
fait sensation. On y voit le point de dé-
part d'une action gouvernementale en
dehors de l'influence d'Arabi.
Le consul général anglais aussi est
parti pour Alexandrie.
Le consul général de France a fait sa-
voir qu'il ne quitterait pas son poste au
Caire.
On télégraphie d'Alexandrie que les
troupes égyptiennes eut arrêté astu
IJ:'
cent trente indigènes accusés de compli-
cité dans l'émeute.
La colonie européenne est en proie à
la plus vive terreur. ̃'̃
D'après une dépêche adressée dû C^ire,
au Times, le consul général italien a
envoyé une note, à l'adresse de ses na-
tionaux, leur recommandant de quitter
l'Egypte. ̃̃ ,̃]'̃: ̃>:̃
La Conférence « i
Avant-hier, lord Dufferin et le mar-
quis de Noailles ont fait une démarche
séparée auprès de la Porte, en vue d'ac-
tiver la réunion de la conférence, en
donnant l'assurance que la conférence
aurait pour unique objet le règlement
de la question égyptienne.
Les deux ambassadeurs ont renouvelé
hier cette démarche collectivement, et
elle sera appuyée sans délai par les am-
bassadeurs des autres puissances.
A ce propos, une dépêche de Constan-
tinople, datée d'hier, nous a apporté les
renseignements suivants
Constantinople, 14 juin.
Il semble, aujourd'hui, hors de doute
qu'aussitôt que les ambassadeurs d'Autri-
che, d'Allemagne, de Russie et d'Italie au-
ront appuyé par une démarche commune la
proposition présentée ce matin, pour la
troisième fois, par les représentants de la
France et de l'Angleterre, le Sultan don-
nera son consentement à la réunion d'une
conférence, les récents événements d'A-
lexandrie et les difficultés éprouvées par
Dervisch-Pacha dans l'accomplissement de
sa mission ayant prouvé, d'une part, que
le succès de cette mission n'était désor-
mais rien moins que certain, et, d'autre
part, qu'une solution immédiate devenait
nécessaire.
Toutefois, le Sultan ne mettra pas seule-
ment comme condition à son acceptation
que les puissances s'engagent à ne pas.
traiter, dans la conférence, d'autres ques-
tions que la question égyptienne il se pro-
pose, assuret-on, de demander encore que
les bases de la discussion sur cette ques-
tion soient précisées et limitées d'avance,
et notamment que les puissances recon-
naissent formellement ses droits sur
l'Egypte, et qu'elles s'engagent à les res-
pecter et à ne leur poijj;er aucune atteinte.
Comme on le voit par cette dernière
information, le Sultan s'empresse de
profiter des chances exceptionnelles
que les circonstances, conspirant avec
1 imprudence des cabinets occidentaux,
viennent de lui fournir.
Du reste, s'il en faut croire une nou-
velle du Standard, adressée à ce journal
par son correspondant de Vienne, l'am-
bition du Khalife ne s'arrêterait point là.
Voici ce qu'apprend l'organe conser-
vateur anglais
Dans un conseil de cabinet tenu, te- 12,. a.
Constantinople, il fut décidé' qu'il fallait
amoindrir les droits du Khédive. Dervisch-
Pacha, avant de partir pour l'Egypte, en
avait déjà fait la proposition au Sultan,
qui avait donné l'ordre aux ministres d'é-
laborer un pi ogramme à ce sujet.
An Parlement anglais
Londres, 14 juin.
Chambre des communes. M. Bourke
annonce qu'il demandera demain si le gou-
vernement compte réclamer une compen-
sation pour les pertes que les derniers
troubles d'Alexandrie ont fait subir aux
nationaux anglais.
L'orateur demande ensuite si le gouver-
nement est informé que la sécurité du ser-
vice des postes en Egypte soit menacée.
Il demande enfin si le cabinet, en atten-
dant la publication de la correspondance
diplomatique, peut faire une communica-
tion générale sur sa politique et sur l'état
des affaires d'Egypte, afin de calmer
l'anxiété publique et de mettre la Chambre
à même d'exprimer une opinion.
Sir Charles Dilke répond qu'il n'a reçu
aucun avis lui faisant craindre un danger
pour la sécurité du service des postes.
« Le gouvernement, -ajoute le sous-secré-
taire d'Etat, ne peut faire à cette heure
aucune communication, et la Chambre rie
peut se livrer à aucune discussion, car la
correspondance est absolument nécessaire
pour, bien comprendre la situation. » .•
M. Bourke exprime sa surprise que l'on
refuse de communiquer la correspondance,
et que cette correspondance, ne soit pas
prête à être distribuee.
Sir Stafford Northcote fait ressortir com-
bien il est urgent de calmer l'anxiété i pu-
blique, et de laisser entrevoir au moins
l'idée politique du gouvernement et le but
qu'il poursuit..
Sir Charles Dilke répliquie que la corres-
pondance s'étendant jusqiTaii'. 15 mai don-
nera, sur ces divers points, toutes les in-
formations nécessaires.
Sir Henri Wolff demande l'ajournement
de la Chambre, et critique vivement l'atti-
tude du gouvernement, qui refuse de four-
nir des explications et qui subordonne les
intérêts anglais en Egypte à une action
commune avec la France.
« Les observations de M. Wolff relatives
à l'alliance française, dit sir Charles Dilke,
peuvent entraîner des inconvénients et
montrent le danger d'une discussion pré-
maturée. » ô
MM. Worms et Bartlett attaquent en-
suite violemment la politique du gouverne-
ment.
M. Gladstone déclare qu'il comprend
l'intérêt manifesté par la Chambre,- mais
qu'une discussion n'est pas désirable.
Aussitôt que la correspondance sérérpu-
bliée, aioute-t-il,les députes seront en meil-
leure disposition pour discuter la question
car ils auront alors des informations au-
thentiques.
» Le gouvernement ne peut répondre à
des questions catégoriques sur sa politi-
que. Son devoir est d'indiquer seulement
le but de cette politique, mais non les
moyens par lesquels il espère arriver à ce
but.
» Ce but se résume ainsi nous cherchons s
le maintien de tous les droits établis et des
stipulations qui sont la garantie de ces
droits. »
M. Gladstone exprime ensuite son vif
regret de la façon dont quelques députés
ont parlé de la France; car, dit-il, le gou-
vernement français a déclaré sans équi-
voque son intention d'agir loyalement et
cordialement de concert avec le gouver-
nement anglais, et celui-ci s'est empressé,
de son côté, de prendre un engagement
identique.
« Toutes les puissances européennes sont
en coopération cordiale avec l'Angleterre,
et notre entente avec le Sultan est par-
faite, aussi. Si l'esprit de coopération 'entre
ït Porta et l'Angleterre a Jamais exista
Quinzième Année– Deuxième Série– Numéro 1006
Jeudi 15 Juin 1882
• ̃• ÀdminiitraUttr-Dëlégui
Adaninutrateur-Déldyu(
l,J. • ANNONCES' .Vi
«pt,, Ch. l»gr«nge, Cerf r'éf' e" -l y
6, P1ACB DJ* LA BODOSK, 6
'£t,à i'4-dministration du. Journal >.
ADMINISTRATION
t, boulevard des Italiens, t
DR DIX HKUBEg A CINQ HIUBM
Le» abonnements partent du 1" et 16 du mou
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*:̃.?•• « Directeur Politiqu*
•" -•̃̃" .ABONNEMENTS
Paris Trois mois;. *f. «3 fr./ç» r
Départements Trois mois.16 frJ •
.̃ /,̃ RÉDACTION .}>.
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DE DEUX IIEUEE3 A MINUIT (
L'«S; MANUSCRITS NE SERONT TAS II BN f> US.
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POLITIQUE DES BALAYEURS
f f;'
Quel est lé magistrat, ou l'avocat, ou
le plaideur, qui n'a lu les journaux di-
manche dernier, pour voir, de ses yeux,
comment ce vote sur l'inamovibilité
était accueilli ? Autant vous dire que
nous les avons tous lus., Nous savions
déjà que les députés avaient voté à la
débandade, que le Grand Ministère était
disloqué, que la commission avait voté,
en majorité, contre le système dont
l'organisation se trouve confiée à son
zèle. Nous voulions voir si les journa-
listes seraient pris de court comme les
députés. Ils le sont, c'est bien naturel.
On discute un système on prend parti
pour ou contre mais une suppression,
sans aucun système, on ne peut pas dis-
cuter cela. Même les plus ardents enne-
mis de l'inamovibilité voudraient savoir
par quoi on la remplacera. Il n'y a guère
que deux ou trois journaux qui ont dit,
comme M. Lepère « Voilà toujours une
bonne destruction » Eh 1 mon Dieu,
nous n'en manquons pas, de destructions,
nous en avons à revendre. Nous vous
ferons remarquer, citoyens, qu'on ne
travaille plus que dans ce genre-là.
Ce qui nous a particulièrement frap-
pés, dans notre revue des journaux, c'est
que plusieurs d'entre eux en appellent
au Sénat. Que le journal le Parlement,
qui est pour le Sénat et pour l'inamovi-
bilité, déclare qu'il compte sur le Sénat
pour arrêter cette mauvaise loi au pas-
sage, il n'y a rien là de surprenant.
Mais la République française, le Paris,
le Voltaire, la Liberté, sont d'avis que
le Sénat ne s'associera pas â une pareille
mesure; qu'on n'obtiendra pas cela de
lui. Ils ne le disent pas, notez-le bien,
avec des cris décolère, comme quand on
disait: « Si le Sénat ne vote pas l'article 7,
ou le ..scrutin de liste, nous balayerons
le Sénat. » Non on ne reproche plus au
Sénat d'être un obstacle; on serait plu-
tôt tenté de le lui demander. C'est une
bien curieuse politique, qui consiste à
juger les institutions selon qu'elles sont
favorables ou dommageables pour l'heure
présente. Il me faut le scrutin de liste;
le Sénat ne me le donne pas à bas le
Sénat! Je défends l'inamovibilité; le
Sénat ne la laissera pas détruire vive
le Sénat! Rien de plus intelligible
que cette mobilité d'impressions et cette
versatilité dans des jeunes gens de vingt
ans, qui sont toujours absorbés par leur
passion du moment, et qui n'ont pas en-
core appris à réfléchir. On la comprend
moins chez des hommes mûrs, qui de-
vraient juger les institutions en elles-
mêmes. On est surtout surpris de la voir
ériger en doctrine.
Nous avons eu ces jours-ci un autre
exemple de cette sagesse au jour le jour.
Vous savez que, sur la proposition de
M. Goblet, le droit d'élire leur maire a
été rendu à tous les conseils municipaux.
Nous ne discutons pas cette mesure.
Bonne ou mauvaise, elle était depuis
longtemps demandée, exigée par toute
la gauche. M. Goblet, en la proposant,
a dû croire qu'il serait appuyé par ses
anciens amis. Pas du tout on a déclaré
la loi inopportune, ce qui est, à ce qu'il
paraît, le plus grave des anathèmes,
parce qu'en fait le résultat a été un cer-
tain accroissement du nombre des mai-
res réactionnaires. « Mais, dit fort sen-
sément M. Goblet dans son discours de
Saint-Lô, il s'agit uniquement de savoir
si la mesure est juste, si elle est con-
forme aux principes. » II a bien raison.
Est-ce donc que la politique est une af-
faire d'expédients, où chacun prend à
tour de rôle les armes déloyales dont on
s'est servi contre lui? La politique ainsi
entendue, c'est la guerre; c'est le droit
du plus fort; c'est la négation du droit
et de la raison c'est lé peuple employé
par les démagogues à satisfaire éter-
nellement leurs convoitises aux dépens
de ses intérêts. Quelle justice et quelle
prudence peut-il y avoir à imposer un
maire de l'article 7 à un conseil mu-
nicipal libéral?
De même, nous voudrions qu'on fût
un peu raisonnable avec le Sénat. Oui,
sans doute, il peut être un obstacle. A
parler franchement, nous croyons que
cela ne lui arrivera guère désormais.
Le gouvernement a, dans le Sénat, une
majorité forte, compacte, disciplinée,
que les ministères se transmettront l'un
à l'autre .cependant, il y aura des cas
où là justice parlera trop haut, où le bon
sens même exigera que les sénateurs-
donnent à' leurs collègues de l'autre
Chambre le temps et ToGcasj,on de ré»
fléchir. N'est-il:. pas utile, et même né-
cessaire qu'il en soit ainsi? Les impro-
visations d'un grand corps sont souvent
plus redoutables que celles d'un dicta-
teur. C'est le temps qui a de la sagesse,
ce n'est pas le nombre. On se mettra ai-
sément à cinq cents pour faire une sot-
tise. Il y a même une chance pour que
les hommes assemblés se laissent aller
aux entraînements et aux surprises. Il
y a des peuples qui ont considéré les
grands orateurs comme une peste dans
l'Etat, parce qu'ils donnent souvent à la
passion la prépondérance sur la raison.
C'est pour atténuer l'effet des votes sem-
blables à ceux de samedi qu'on a inventé
les trois lectures mais les trois lectures
ne suffisaient pas on a eu recaurs aune
lieondè Chambre, ce qui est uneprécàu-
tion beaucoup plus sûre. Tout le monde,
a fait maintes fois l'expérience que
voici on commet une erreur dans une
addition; on a beau recommencer, la
même erreur revient toujours. il vaut
mieux passer son papier au Sénat, qui
redresse la faute du premier coup. Vous
dites, monsieur, que c'est bien simple;
mais avouez que c'est bien évident.
En constatant que le Sénat ne votera
pas la suppression de l'inamovibilité, la
République française est surtout frappée
du retard qui en résultera dans les épu-
rations car, si elle est pour l'inamovi-
bilité des siens, elle n'est pas, tant s'en
faut, pour l'inamovibilité des autres.
Elle veut d'abord épurer, c'est-à-dire
chasser; après quoi, elle nommera des
magistrats durables.
« Au palais Bourbon, dans l'efferves-
cence d'une délibération comme celle
de samedi, on peut bien oublier le Sénat,
dit-elle mais au dehors, dans la presse,
dans l'opinion, on se rappelle incessam-
ment que le Sénat existe, et qu'il im-
porte de tenir compte de son tempéra-
ment, moins impétueux que celui de la
Chambre. Il n'y aura rien à faire dans
cette difficile question de la réorganisa-
tion de la magistrature, tant que le Sé-
nat n'aura point donné son avis et pris
la part qui lui revient dans là confection
de la loi. Le Sénat ne s'engagera pas
dans la voie qui vient de lui être ouverte,
et la réforme judiciaire depuis si long-
temps attendue n'a pas fait un pas elle
a plutôt reculé. Nous l'avons dit hier,
nous, le répétons aujourd'hui, avec la
certitude de ne pas nous tromper. »
Tout cela est bien dit, et très juste.
Mais nous aurions été bien surpris si la
vraie politique du journal n'avait pas
fait son apparition en queue d'article la
politique qui ne tient pas compte des
principes et des théories, et se préoc-
cupe uniquement du résultat immédiat,
et du résultat qui concerne les person-
nes celle, en un mot, que nous avons
justement appelée la politique des ba-
layeurs.
«Il est sans doute très beau et très
glorieux de manifester des tendances
en proclamant des principes mais cela
ne suffit pas quand on veut sérieuse-
ment décréter des réformes immédiate-
ment applicables. Nous demandions hier
combien de temps s'écoulerait avant que
la magistrature actuelle, qui a donné à
la démocratie républicume de si nom-
breux et si justes sujets de plainte, fût,
nous ne dirons pas réformée, mais'sim-
plement entamée. »
Il n'y a rien de plus clair: les ten-
dances et les principes sont pour les ni-
gauds il n'y a de sérieux que la ven-
geance à tirer contre la magistrature.
Les sujets de plainte, justesetnombreux,
remontent à présent à douze ou quinze
ans. Le coup de balai vient un peu tard;
raison de plus pour ne pas l'ajourner.
On avait tait une si belle combinaison
L'inamovibilité était conservée non
pour elle-même, mais comme un gâteau
jeté au Sénat qui, obtenant cette proie,
aurait concédé la suspension. Mainte-
nant qu'on a fait l'étourderie de suppri-
mer l'inamovibilité, la suspension, le
coup de balai, la vengeance se trouve
ajournée aux kalendes grecques. Voilà
ce que c'est, encore une fois, que d'avoir
des tendances et des principes.
Pour cette fois, les craintes des ba-
layeurs sont fondées. Le Sénat ajour-
nera leurs plaisirs.
Nos Echos
£,e Temps il juin i88&
En France, des pluies sont tombées dans le nord,
le nord-est et l'est le ciel est couvert dans toutes
les régions, excepté dans celle du sud-est. Les vents
vontwjuffler d'entre S.-O. et N.-O.'ct' occasionner
des pluies sur tout le versant de la Manche et dans
le nord-est la température va continuer à se relever
lentement.
AUJOURD'HUI
A 6 heures et demie, dîner au Grand-Hôtol
admission jusqu'à 7 heures.
Pendant la durée du dîner, l'orchestre de
M. Desgranges jouera dans la nouvelle «aile de
musique. Waxn
MENT»
Potage pàtcs d'Italie au consommé
Hors-d'œuvre
Turbot sauce homard
Pommes de terre à l'anglaise
Filet de bœuf à la Savarin
Timbale do gnocchi à la Régence
Volaille de la Bresse au cresson
Salade
Choux-fleurs gratinés au parmesan
Gâteau gallioien
Glace Madeleine
Desserts
Fromages, fruits et petits-fouri
Le salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, orgue, tables da jeux. Dîner à la carte
tu restaurant.– Billards au Café Divan.
Le programme du dîner-concert. (Voir a la
4* page.)
̃.«; /̃̃
Au Théâtre-Français. Le Demi-Monde.
A l'Opéra-Comique. Les NoceM' de Figaro.
DEMAIN
A l'Opéra. Robert le Diable.
Au TnéâtrerFrançais. Les RanUau.
A l'Opéra-Comique. Joseph.
LA POLITIOUE
Le conseil des ministres s'est réuni
hier matin à l'Elysée.
Cette convocation exceptionnelle était
motivée par les affaires d Egypte.
On s'est occupé, d'une part, des me-
sures à prendre, de concert avec l'Angle-
terre, pour assurer la protection des na-
tionaux des deux p|fs, et, ensuite, des
négociations qui se poursuivent actuel-
1- J 1 t. -̃ • j
lement en vue d'arriver à la réunion im-
médiate de la conférence.
La remise â M. le président de la Ré-
publique des insignes de la Toison d'or,
qui devait avoir lieu, hier, à midi, a été
renvoyée à la semaine prochaine, par
suite de l'absence d'une pièce indispen-
sable pour la constitution de l'acte.
LE MONDE ET LA VILLE
L'ancien aumônier de l'Ecole normale
supérieure, M. l'abbé Bernard, a été so-
lennellement installé hier, dans ses
nouvelles fonctions de curé de Saint-
Jacques du Haut-Pas.
La cérémonie était présidée par M.
l'abbé Caron, vicaire général, archidia-
cre de Sainte-Geneviève.
M. l'abbé Bernard, qui succède à M.
l'abbé Lemaître, actuellement curé de
la Trinité, est né en 1830.
Ordonné prêtre en 1856, il a été
nommé, en 1869, aumônier à l'Ecole
normale; mais, en 1881, par suite de la
suppression de l'aumônerie de l'école, il
dut se retirer et fut nommé chanoine
honoraire.
Les architectes français, réunis en
congrès, se sont rendus hier à Chan-
tilly, pour visiter le château et ses dé-
pendances.
Samedi, à deux heures, aura lieu la
distribution des récompenses.
Mlle Courbet vient de faire don à la
Ville de Paris d'une esquisse du maître
d'Ornans représentant des pompiers se
rendant à un incendie.
Elle demande que cette esquisse soit
placée â la caserne de l'état-major des
sapeurs-pompiers.
Il est à peu près certain aujourd'hui
que, malgré bien des efforts tentés con-
tre ce projet, le monument à ériger à
Victor-Emmanuel sera l'œuvre d'un
sculpteur français, M. Nénot.
Hier matin, une triple cérémonie
avait lieu au temple de l'Oratoire. On
chercherait vainement, croyons-nous,
beaucoup d'exemples pareils.
M. et Mme Bouhon célébraient leurs
noces d'or.
Quelques instants après, leur petite-
fille se mariait. m -1
Enfin, pour clore cette série, l'un des
fils de M. Bouhon faisait procéder au
baptême d'un enfant nouveau-né.
Bienheureuse famille, qui célèbre trois
fête» en un seul et môme jour ~#p«*-»**»»~-
Ce soir jeudi, deuxième réception
officielle, et bal, chez Mme Morlon, à la
Légation américaine.
On avait dit que la santé de M. Louis
Blanc avait subi une telle amélioration,
qu'il avait pu se rendre à dîner chez l'un
de ses médecins.
M. Louis Blanc, dansune lettre adres-
sée à M. Vacquerie, déclare que ce bruit
est malheureusement inexact.et que ses
médecins l'ont uniquement jugé en état
d'être transporté à la campagne.
Un de nos confrères, M.B. Henri Revoil
vient de mourir subitement dans une
pharmacie de la rue de Phalsbourg.
M. Revoil était âgé de soixante-cinq
ans. It était le frère de Mme Louise
Collet et le fils d'un peintre de grande
réputation sous la Restauration.
Les obsèques auront lieu aujourd'hui,
à quatre heures, â l'église Saint-François
de Sales. < ̃̃
Le quinzième anniversaire de la mort
de l'empereur Maximilien sera célébré
le 19 juin.
M. Mora, ancien ministre plénipoten-
tiaire du Mexique et grand -maître des
cérémonies, fera .dire, ce jour-là, une
messe pour le repos de l'âme du souve-
rain, en l'église Saint-Augustin, à onze
heures.
M. Wasseige, ancien ministre des
travaux publics, en Belgique, vient de
mourir à Namur. Il était député de cette
ville depuis vingt-trois ans. Il apparte-
nait au parti catholique. Son passage au
ministère dura du 12 septembre 1870 au
7 décembre 1871..
Qui l'eût jamais soupçonné ? Les au-
teurs du crime du Pecq ne sont point
des Fenayron quelconques, mais bien le
chef de la sûreté et plusieurs magistrats
de Versailles. Cette nouvelle est telle-
ment incroyable que nous hésiterions à
l'accepter si elle ne nous était fournie
par un de nos confrères du matin, ex-
cessivement sérieux, auquel nous em-
pruntons lés premières lignes d'un de
ses faits divers
Le crime du Pecq. L'enquête sur cet
horrible assassinat se poursuit activement
par lé parquet de Versailles, de concert
avec M. Macé, l'intelligent chef de la sû-
reté. Mais on se demande quel peut avoir
été le vrai mobile qui les a poussés à as-
sassiner M. Aubert, jeune homme qui avait
été employé pendant dix ans dans la phar-
macie Fenayron et qu'ils devaient consi-
dérer presque comme de la famille.
Ainsi donc, rien n'a pu arrêter M.
Macé, même les liens de famille 1
Horrible 1
NOUVELLES A LA MAIN
Le petit Tomy, gentleman de six ans,
posé à sa mère cette question insi-
dieuse
On dit que Dieu est partout. Com-
ment cela se peut-il? on ne le voit nulle
part.
Je vais te l'expliquer, reprend la
mère. Figure-toi un verre d'eau* sucrée
où le sucre est fondu.
Dam un restaurant, très prêcha voisin 1
du palais BourBon, un client interroge
le garçon
Vous devez avoir la clientèle des
"députés pour les déjeuners ?
Ah monsieur Vous ne les con-
naissez donc pas, les députés? Ça ne
prend rien au restaurant, ça se mange
entre eux!
i (UN DOMINO
IROÏSTIDIE
Sun l'air II était un' bergère
1 ̃ {I
Il était un bonhomme
Et ron ron ron, petit patapon;
Il était un bonhomme
Qui s'appelait Gambon, j
Ron ron,
Qui s'appelait Gatnbon 1
Tout le monde sait comme
î Il s' fit un grand renom °
Il avait une vache,
I Qu'il aimait de passion 1
En c' monde on s'amourache,
S'ion son inclination
Capable, contre l' trône,
Des plus grandes actions. l
.11 r'fusa l' papier jaune
'•̃ De ses contributions.
Même qu'il laissa vendre }
L'objet d' son affection 1, v`
Et 1' peup', pour le lui rendre,
Fit une souscription t
II
Après douze ans d' silence
Ou de submersion,
Voici la récompense
De son abnégation I
De la coupe à la lèvre
Parfois l' chemin est long
Mais les gens de la Nièvre
Lui font un scabellon I
Contre lui quoi qu'allègue
L'infâme réaction,
II sera le collègue
De Tony Révillon >
m ̃'̃̃̃'• ̃̃
Mais une humble requête
Gambon, par compassion,
N'oubli' pas la pauv' bête
Qui fit ton élection l ̃ ̃ ,̃'̃{ •
L'électeur qui t' flagorne ̃
Salua c' pavillon
̃*>" ̃̃'C'est eW qui d'un coup ti'corrië"
Te traça le sillon 1
Donc, d'un air très bravache, ̃̃̃
Entre au palais Bourbon, ». ̃“
Ensemble, avec ta vache.1'{.
Fût-ce à califourchon 1
Si des gens pas honnêtes •̃̃ J
T'adress'nt à Charenton, ji
f| Méprise les gazettes <> • «,
| Et le qu'en dira-t-on 1 "> i
? Tu n'es pas, que je sache,
Par grande exception,
Le premier dont un' vache
A fait la position l FERRIER
PAUL FERMER
MENUS PROPOS
La grève des cordonniers menac e de
s'éterniser pas un ne lâche pied 1
C'était à prévoir.
On sait depuis longtemps que ces
utiles artistes sont habitués à être les
plus mal chaussés, et ce sont eux qui
souffriront les derniers de la disette de
bottes et de bottines qui sévit sur les sim-
ples mortels.
Qui a tort ou raison, des patrons ou
des ouvriers ?
Il est toujours assez délicat de placer
le doigt entre le cuir et le tranchet
pourtant, sans être extraordinairement
versé dans" les choses delà cordonnerie,
il me semble que les patrons cordon-
niers ne s'abreuvent pas, autant qu'on
le dit, de la sueur de leurs ouvriers.
Ces derniers demandent une augmen-
tation de salaire. C'est tout naturel, et il
n'est pas mauvais qu'un cordonnier
cherche à gagner autant d'argent que
M. Talazac ou M. Lassalle, s'il le peut
maigice qui est non moins naturel, c'est
qu'un patron se fasse lemêmepetit
raisonnement.
Voyez, comme avec un peu de bonne
volonté et d'esprit, toute la cordonnerie
française serait unie i
Avant huit jours, avec ce raisonne-
ment, patrons et ouvriers allumeraient
des feux du Bengale en signe de récon-
ciliation, et c'est Labiche qui fournirait
le cri de ralliement: Embrassons-nous,
Folleville
î\Sais les choses n'en sont pas là, et
jamais grévistes et patrons ne se mon-
trèrent aussi peu conciliants. La haine
s'en mêle, et chaque jour ce sont de nou-
velles lettres aigres-douces, plutôt
aigres que douces de nouvelles dénon-
ciations, de nouvelles menaces, et,
spectacle aussi bizarre qu'inattendu,
ce sont les cordonniers qui manquent
de formes 1
Par saint Crépin! si cela continue,
qu'allons-nous devenir?
Si encore nous étions à même de re-
médier, par nos propres talents, à ce dé-
plorable état de choses?
Mais non l'Université imprévoyante
n'a jamais songea nous inculquer les
moindres notions de cordonnerie. Elle
nous apprend le grec, le latin et la philo-
sophie qui doit nous tfaire triompher
dans les combats de la vie, et elle nous
laisse désarmés devant la grève des cor-
donniers
La Situation est grave et commande
la création immédiate, dans nos lycées,
d'un cours obligatoire et laïque ds| cor-
donn«rifl V
Hors de là, point de salut, et si l'on n'a-
vise au plutôt, tout Paris sera bientôt
obligé, faute de chaussures, de rester
chez lui, comme M. Choufleury °
,• v; \-p ### ;•. -V j..
Tout passe Arabi-Pacha ne sera qu'un
souvenir dans: quinze jours Garibaldi
aura pris place dans l'histoire ancienne
avant la fin du mois, et le Monde où
Von s'ennuie finira Jui-même par dispa-
raître de l'affiche du Théâtre-Français
avant la fin du siècle. Le procès de la
duchesse de Chaulnes seul est éternel
Quand on le croit simplifié, il s'em-
brouille lorsqu'il est terminé sur un
point, il recommence sur un autre, et
cette cause-Phénix semble devoir tou-
jours renaître de ses dossiers.
L'autre jour, on plaidait à Paris; hier,
au Mans demain, ce sera devant la cour
d'Angers.
Je ne voudrais pas perpétrer des can-
cans sur les célébres balances de la Jus-
tice de mon pays mais avouez que la
logique ne pèse guère dans ses plateaux.
A Paris, les balances penchent du côté
de Mme la duchesse de Chevreuse; au
Mans, elles inclinent fortement du côté
de la duchesse de Chaulnes. Ici, lajeune
mère ne saurait prétendre à élever ses
enfants là-bas,le jury tresse des couron-
nes au nommé Guyot qui a tenté d'enle-
ver les nobles bambins à Mme la du-
chesse de Chevreuse, leur tutrice lé-
gale.
Il faudrait pourtant s'entendre
Doit-on, oui ou non, laisser les roses
aux pommiers et les enfants à leurs
grand'méres, on, selon les vieux us, les
rosés à leurs rosiers respectifs et tout
simplement les enfants à leurs ma-
mans ?
Au surplus, la seule chose gaie dans
cet interminable procès, c'est le cas de
Guyot.
Je ne connais pas Guyot. Je n'ai ja-
mais vu Guyot et je mourrai probable-
ment sans avoir entr'aperçu Guyot
mais Guyot m'intéresse, parce qu'il a
supporté gaillardement, avant d'être
acquitté, le poids étonnamment écrasant
des reproches de ses juges, qui ne peu-
vent lui pardonner d'avoir couché à la
salle de police lorsqu'il était soldat.
Je serais désolé d'introduire un germe
d'indiscipline dans l'armée française et
de sembler faire l'apologie de la salle
de police, mais, enfin, ne peut-on fré-
quenter cette habitation sans être forcé-
ment un homme dangereux pour le
repos de ses concitoyens ?
Un autre reproche du président à
Guyot, ç'a été son opulence.
Quels étaisntTas^^ppoiBtements
lui demande-t-il.
Cent cinquante francs par mois,
mon président 1
Vous aviez donc de quoi vivre.
Puis le magistrat ajoute sévère-
ment
D'ailleurs, vous aviez loué, rue des
Rosiers, un garni qui vous coûtait seize
francs par mois! •:
Seize francs par mois Guyot payait un
logement seize francs par mois, et il était
accessible aux coupables pensées de
gain 1
Il devait tourner ainsi Les prodigues
finissent toujours mal 1
C'est aussi fort que la réponse de ce
président adressant cette courte mais
sévère harangue à un assassin
Vous avez assassiné trois person-
nes Et vous n'aviez même pas, comme
tant d'autres, l'excuse du besoin! Vous
êtes dans une position relativement ai-
sée on a trouvé deux francs soixante-
quinze sur vous 1
On est gai, dans la Sarthe mais il ne
faudrait pas continuer ces plaisanteries-
là on ne parlerait plus bientôt que de
la facétie des Manceaux, et ça ferait du
tort aux poulardes
,-• MAURICE ORDONNEAU
PETITE BOURSE DU SOIR
~¥J
= L.?y' j~
DIX HEURES
3 ()/(). 83, 83 03, 83.
5 0/0 115 40, 37, 43, 42.
Turc 12 50,55.
Italien 1 90 45,50.
Egypte 333 75, 84, 31, 33, 75.
Banque ottomane. 790 94,92.
Extérieure 2811/16.
Lots turcs .56,56 75.
Actions Rio 615.
•- ̃̃̃̃ LES ̃ '̃'̃̃̃'
AFFAIRES D EGYPTE
Les informations qui nous sont parve-
nues hier ne signalent pas encore de
changement positif dans la situation in-
térieure de l'Egypte. Il paraît que le dé-
part du Khédive est diversement inter-
prété au Caire et à Alexandrie.
Dans la capitale, les chauvins militaires
restés auprès d'Arabi-Pacha se vantent
hautement d'avoir chassé le Khédive
d'accord avec le commissaire du Sul-
tan, tandis qu'à Alexandrie on donne à
entendre que le voyage de Dervisch-Pa-
chaét de Mehemet-Tewflk ne signifie
point une fuite devant le parti militaire,
mais un stratagème habile destiné à
isoler les ministres rebelles, en atten-
dant qu'un corps d'armée turc vienne ré-
duire à l'obéissance la soldatesque égyp-
tienne et prendre au collet Arabi et ses
complices.
Quoiqu'il en soit, la présence du Khé-
dive et de Dervisch-Pacha à Alexandrie
fait sensation. On y voit le point de dé-
part d'une action gouvernementale en
dehors de l'influence d'Arabi.
Le consul général anglais aussi est
parti pour Alexandrie.
Le consul général de France a fait sa-
voir qu'il ne quitterait pas son poste au
Caire.
On télégraphie d'Alexandrie que les
troupes égyptiennes eut arrêté astu
IJ:'
cent trente indigènes accusés de compli-
cité dans l'émeute.
La colonie européenne est en proie à
la plus vive terreur. ̃'̃
D'après une dépêche adressée dû C^ire,
au Times, le consul général italien a
envoyé une note, à l'adresse de ses na-
tionaux, leur recommandant de quitter
l'Egypte. ̃̃ ,̃]'̃: ̃>:̃
La Conférence « i
Avant-hier, lord Dufferin et le mar-
quis de Noailles ont fait une démarche
séparée auprès de la Porte, en vue d'ac-
tiver la réunion de la conférence, en
donnant l'assurance que la conférence
aurait pour unique objet le règlement
de la question égyptienne.
Les deux ambassadeurs ont renouvelé
hier cette démarche collectivement, et
elle sera appuyée sans délai par les am-
bassadeurs des autres puissances.
A ce propos, une dépêche de Constan-
tinople, datée d'hier, nous a apporté les
renseignements suivants
Constantinople, 14 juin.
Il semble, aujourd'hui, hors de doute
qu'aussitôt que les ambassadeurs d'Autri-
che, d'Allemagne, de Russie et d'Italie au-
ront appuyé par une démarche commune la
proposition présentée ce matin, pour la
troisième fois, par les représentants de la
France et de l'Angleterre, le Sultan don-
nera son consentement à la réunion d'une
conférence, les récents événements d'A-
lexandrie et les difficultés éprouvées par
Dervisch-Pacha dans l'accomplissement de
sa mission ayant prouvé, d'une part, que
le succès de cette mission n'était désor-
mais rien moins que certain, et, d'autre
part, qu'une solution immédiate devenait
nécessaire.
Toutefois, le Sultan ne mettra pas seule-
ment comme condition à son acceptation
que les puissances s'engagent à ne pas.
traiter, dans la conférence, d'autres ques-
tions que la question égyptienne il se pro-
pose, assuret-on, de demander encore que
les bases de la discussion sur cette ques-
tion soient précisées et limitées d'avance,
et notamment que les puissances recon-
naissent formellement ses droits sur
l'Egypte, et qu'elles s'engagent à les res-
pecter et à ne leur poijj;er aucune atteinte.
Comme on le voit par cette dernière
information, le Sultan s'empresse de
profiter des chances exceptionnelles
que les circonstances, conspirant avec
1 imprudence des cabinets occidentaux,
viennent de lui fournir.
Du reste, s'il en faut croire une nou-
velle du Standard, adressée à ce journal
par son correspondant de Vienne, l'am-
bition du Khalife ne s'arrêterait point là.
Voici ce qu'apprend l'organe conser-
vateur anglais
Dans un conseil de cabinet tenu, te- 12,. a.
Constantinople, il fut décidé' qu'il fallait
amoindrir les droits du Khédive. Dervisch-
Pacha, avant de partir pour l'Egypte, en
avait déjà fait la proposition au Sultan,
qui avait donné l'ordre aux ministres d'é-
laborer un pi ogramme à ce sujet.
An Parlement anglais
Londres, 14 juin.
Chambre des communes. M. Bourke
annonce qu'il demandera demain si le gou-
vernement compte réclamer une compen-
sation pour les pertes que les derniers
troubles d'Alexandrie ont fait subir aux
nationaux anglais.
L'orateur demande ensuite si le gouver-
nement est informé que la sécurité du ser-
vice des postes en Egypte soit menacée.
Il demande enfin si le cabinet, en atten-
dant la publication de la correspondance
diplomatique, peut faire une communica-
tion générale sur sa politique et sur l'état
des affaires d'Egypte, afin de calmer
l'anxiété publique et de mettre la Chambre
à même d'exprimer une opinion.
Sir Charles Dilke répond qu'il n'a reçu
aucun avis lui faisant craindre un danger
pour la sécurité du service des postes.
« Le gouvernement, -ajoute le sous-secré-
taire d'Etat, ne peut faire à cette heure
aucune communication, et la Chambre rie
peut se livrer à aucune discussion, car la
correspondance est absolument nécessaire
pour, bien comprendre la situation. » .•
M. Bourke exprime sa surprise que l'on
refuse de communiquer la correspondance,
et que cette correspondance, ne soit pas
prête à être distribuee.
Sir Stafford Northcote fait ressortir com-
bien il est urgent de calmer l'anxiété i pu-
blique, et de laisser entrevoir au moins
l'idée politique du gouvernement et le but
qu'il poursuit..
Sir Charles Dilke répliquie que la corres-
pondance s'étendant jusqiTaii'. 15 mai don-
nera, sur ces divers points, toutes les in-
formations nécessaires.
Sir Henri Wolff demande l'ajournement
de la Chambre, et critique vivement l'atti-
tude du gouvernement, qui refuse de four-
nir des explications et qui subordonne les
intérêts anglais en Egypte à une action
commune avec la France.
« Les observations de M. Wolff relatives
à l'alliance française, dit sir Charles Dilke,
peuvent entraîner des inconvénients et
montrent le danger d'une discussion pré-
maturée. » ô
MM. Worms et Bartlett attaquent en-
suite violemment la politique du gouverne-
ment.
M. Gladstone déclare qu'il comprend
l'intérêt manifesté par la Chambre,- mais
qu'une discussion n'est pas désirable.
Aussitôt que la correspondance sérérpu-
bliée, aioute-t-il,les députes seront en meil-
leure disposition pour discuter la question
car ils auront alors des informations au-
thentiques.
» Le gouvernement ne peut répondre à
des questions catégoriques sur sa politi-
que. Son devoir est d'indiquer seulement
le but de cette politique, mais non les
moyens par lesquels il espère arriver à ce
but.
» Ce but se résume ainsi nous cherchons s
le maintien de tous les droits établis et des
stipulations qui sont la garantie de ces
droits. »
M. Gladstone exprime ensuite son vif
regret de la façon dont quelques députés
ont parlé de la France; car, dit-il, le gou-
vernement français a déclaré sans équi-
voque son intention d'agir loyalement et
cordialement de concert avec le gouver-
nement anglais, et celui-ci s'est empressé,
de son côté, de prendre un engagement
identique.
« Toutes les puissances européennes sont
en coopération cordiale avec l'Angleterre,
et notre entente avec le Sultan est par-
faite, aussi. Si l'esprit de coopération 'entre
ït Porta et l'Angleterre a Jamais exista
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