Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-06-13
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 juin 1882 13 juin 1882
Description : 1882/06/13 (Numéro 1004). 1882/06/13 (Numéro 1004).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5242689
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/02/2008
PARIS I. S centimes. DÉPARTEMENTS ET GARES S<~ CENTIMES~
Quinzième Ann6e Deuxtème Sône– Kus~M 1004
Mardi 13 Juin 1882
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~ectetABONNEMENTS~
P~ts Trois mois. H! fri~~
DÉPARTEMENTS Trois mois. <6 &
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MM. Ch. t.as''ttBge, Certr et~6, FLACE DE LA BOUtMB, 6
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Les &bonnementa p&rtent dea 1" et K du mot*
S~MMAt~E
LAPETITEPORTE.'
Nos EcHos. Un Domino.
LES PARISIENS DE PARIS. P. de 7'LA CHUTE D'ÎGNATIEFF. MeMOF.
LES AFFAIRES D'EGYPTE. J~. I..
Au PARLEMENT LA CHAMBRE. f~rëo!.
A TRAVERS LA PRESSE. JOURNAL OFFICIEL. ~~v
CONSEIL GÉNÉRAL.
CONSEIL MUNICIPAL.
LE GAULOIS PARTOUT.
CHRONIQUE DES TRIBUNAUX. MctKre Jf.
LES PREMIÈRES. Je
AU BOUT DE LA LORGNETTE.– Triolet.
L'ASSOCIATION POLYTECHNIQUE.
LA BOURSE. Henri frtaoc<.
TÉLÉGRAMMES ET CORRESPONDANCES. G. jE-~tt.
LESLIVRES.
NOUVELLES DIVERSES. Gtt9<0!Be Cftte.
LA SoiRÉE PARISIENNE.–MaKrtce Or~o~MOtK.
SpopT. S~r Beoyt.
ECHOS DES THÉÂTRES. A~t~ttr Cantel.
FEUILLETON LES ENFANTS DE LA BALLE. ~Otttt
Datey!.
LA PET!TE PORTE
On entend par petite porte celle par
laquelle on sort le matin pour rentrer le
soir par la grande.
M. Léon Say est sorti dernièrement
par la petite porte. A peine avait-il le
pied dans la rue, qu'on ouvrait déjà les
deux battants de la porte cochëre.
Il est rentré triomphalement. Mais ce-
pendant tout le monde a dit aux minis-
tres a N'abusez pas trop de la petite
porte t C'est ce qui fait qu'on a si peu
parlé de la démission de M. Humbert.
Il l'a envoyée samedi à M. de Freyci-
net. Le président du conseil, qui don-
nait un grand dîner à la commission du
budget et~L la commission des nuances
du Sénat, n'a pu se rendre en personne
au Ministère de la justice. Il s'est con-
tenté d'écrire à son collègue un mot ai-
mable et pressant. M. Humbert, dit-on,
a persisté. Il a vu le président de la Ré-
publique, qui l'a détourné de son projet
de retraite, et lui a parlé avec beaucoup
de bienveillance et d'esprit politique.
Dans la journée de dimanche, le mi-
nistre de la justice s'est occupé à mettre
ses papiers en ordre, comme un homme
dont le parti serait pris, et qui veut ren-
trer dans la vie privée. Nous apprenons
avec plaisir que M. Grévy persiste à re-
fuser la démission. Elle n'était pas né-
cessaire pour la dignité de M. Humbert;
elle serait venue très mal à propos pour
nous.
Il y a des ministres qui ne s'en vont
jamais; nous en pourrions citer. D'au-
tres sont toujours prêts à partir au pre-
mier signe témoin M. Humbert. Le
dissentiment entre lui et la Chambre est
Hagrant, on ne saurait le nier. M. Hum-
bert a défendu l'inamovibilité, et la
Chambre l'a supprimée; il a combattu
l'élection, et elle l'a votée, voilà le con-
ûit. Mais la Chambre est-elle tant que
cela de son propre sentiment ? C'est une
Chambre variable et diverse, comme le
cœur de l'homme. Il n'y a pas fort long-
temps que l'élection des magistrats y
était assez unanimement regardée
comme une billevesée. Elle n'a de suite
et de persistance que dans ses rancunes.
Dans tous les cas, elle a voté sur la
question, et non pas sur le ministre.
L'idée d'exprimer de la défiance contre
M. Humbert n'est venue à l'esprit de
personne. Il n'a pas d'autorité sur la
Chambre, parce que personne n'en a
mais il y est considéré et apprécié. Il
est un des deux ou trois ministres dont
on reconnaît la capacité; quant à son
honorabilité, elle est absolument hors de
doute.
Il a très bien parlé samedi: sobre-
ment, clairement, fermement. Il a dé-
montré, de la façon la plus irréfutable,
la nécessité de maintenir l'inamovibilité
de la magistrature. Tout jse tenait tout
était convaincant et solide. Nous n'a-
vons qu'un gros reproche à lui faire c'est
d'avoir accordé la suspension. M. Gam-
betta avait commis la même faute. Ils
ont cru que, s'ils ne faisaient pas cette
cbncession~ ils n'obtiendraient rien. Ils
n'ont pas vu qu'il n'y avait, en quelque
sorte, aucune différence entre la sus-,
pension et la suppression, si ce n'est que
le second système est au moins consé-
quent avec lui-même, tandis que le pre-
mier implique une contradiction dans
les termes.
Enfin, nous croyons, avec toute la
galerie, que M. Humbert peut rester ho-
norablement. Par qui le remplacerait-
on ? M. Bérenger ne veut pas être mi-
nistre M. Le Royer ne veut pas abdi-
quer sa présidence M. Cazot, qui a déjà
passé de M. de Freycinet à M. Gam-
betta, ne peut pas retourner de M. Gam-
betta à M. de Freycinet ce serait abu-
ser de sa bonhomie. M. Ribot ferait
un excellent ministre mais il est bien
fin politique pour s'associer en ce mo-
ment à la fortune du cabinet. D'ailleurs
pour appliquer la responsabilité minis-
térielle, il faudrait que le ministre en-
trant fût contre l'inamovibilité. Le vote
de samedi recevrait une consécration
qui serait aussi prématurée que funeste;
car enfin, ce n'est qu'un premier vote
il est juste et nécessaire que le gouver-
nement attende un second vote, un
vote déûnitif, pour courber la tête.
Nous savons bien ce que ferait un
gouvernementconvaincu et courageux.
Ce n'est pas ici une question de détail
c'est une question vitale, pour laquelle
on a le droit et le devoir de livrer une
bataille en règle. La victoire serait pos-
sible la défaite serait honorable. Mais
ne rêvons pas. Bornons-nous à souhaiter
la dur.ée de M. Humbert. S'il reste, on
le laissera lutter tout seul contre la com-
mission cela n'est que trop sur. Sa pré-
sence, malgré cet isolement, sera pour-
tant une garantie.
Il faut, de toute nécessité, en présence
de ces députés divisés et dévoyés, un
homme qui sache bien de quoi il s'agit,
et qui le dise avec clarté et fermeté. On
peut prendre, par inadvertance, toute
sorte de résolutions déplorables, si nous
n'avons pas là un ministre capable d'être
la sentinelle du sens commun. Il ne s'a-
git guère plus de faire de bonnes cho-
ses, mais il s'agit d'empêcher qu'on n'en
fasse de trop mauvaises.
Pour se convaincre du désarroi des
esprits sur cette question, et peut-être
sur quelques autres, il n'y a qu'à par-
courir la liste du scrutin de samedi der-
nier. Chacun va de son côté; il n'y a
plus nulle part aucune cohésion.
On croyait généralement que M. Gam-
betta, en perdant son ascendant sur la
Chambre, avait pourtant conservé la
direction de son groupe; mais il ne di-
rige même plus son Grand Ministère.
Il a voté pour l'inamovibilité, ce qui
lui fait grand honneur. Il n'a pas eu,
avec lui, dans ce vote, un seul de ses
ministres. Tout ce qu'ont pu faire trois
d'entre eux, MM. Waldeck-Rousseau,
Raynal et Paul Bert, pour ne pas se sé-
parer de lui d'une façon trop absolue ou
trop éclatante, a été de s'abstenir. MM.
Allain-Targé, Rouvier, Antonin Proust
et Devès ont voté carrément contre l'in-
amovibilité et contre M. Gambetta.
C'est à se demander ce que serait de-
venu samedi le Grand Ministère s'il
avait pu vivre jusque-là. La cohue des
sous-secrétaires d'Etat ne s'est pas moins
divisée. Margue, Spuller et Leiièvre
ont voté avec le patron Félix Faure,
Martin-Feuillée, Blandin, Chalamet se
sont prononcés contre lui. Il y a dans
l'Assemblée un grand entraînement vers
toutes les solutions radicales. On s'ima-
gine que < le peuple veut tout cela. Qh
l'a tant dit, qu'on a uni par le croire. On
s'imagine aussi apparemment que, quand
t le peuple x se met en tête une folie, les
bonnes têtes du gouvernement et de la
Chambre n'ont rien de mieux à faire que
d'opiner du bonnet. C'est une opinion
qui nous conduira loin et vite.
On sait que la commission spéciale
n'est pas moins disloquée que le Grand
Ministère. Tout compte fait, la majorité
de la commission a voté contre l'élection
des juges. Et c'est elle qui est chargée
de l'organiser 1
Ne perdons pas en ce moment le peu
d'hommes qui nous restent. Un homme
d'esprit disait dernièrement, en voyant
le not montant de la démagogie Un
peu de différences, s'il vous plaît t Nous
disons aussi, presque dans le même
sens, à nos hommes d'Etat Un peu de
résistance, s'il vous plaît. Et si, par
grande fortune, vous avez quelques ré-
sistants parmi vous, qu'ils résistent en
demeurant, et non pas en s'en allant x »
Nos Echos
Ze r~Mtp~ J'5 juin MM
En France, on a recueilli des pluies dans l'est et
le nord. Les vents d'entre 0. et N. vont maintenir
une température peu élevée avec ciel nuageux tou-
tefois une dépression secondaire, qui parait se
diriger vers la Manche, amènera de nouvelles aver-
ses dans les régions du nord et du nord-est.
r AUJOURD'HUI
A 6 heures et demie, dîner admission jusque 7 heures.
Pendant la. durée du d!ner, l'orchestre de
M. Desgrangea jouera dans la nouvelle Mlle de
musique. ~xatta
MHtU
Potage tapioca. Crécy
Hors-d'ceuvre
Saumon sauce genevoise
Pommes de terre à l'anglaise
Contrenlotà à la Marjolaine
Jambon au madère et épinards n
Poularde au cresson
Salade
Petits pois à la paysanne
Croûtes aux fruits à la parisienne
Glace
Vanille et fraises
Desserts
fromaLgew, fruits et petittt-four*
Le salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, orgue, tables de jeux. D!ner à la carte
M restaurant. Billards au Café Divan. 1
Le programme du dîner-concert. (Voir à 1t.
4'page.)
Au Théâtre-Français. Le MoMc!e o t'e/t~tt~e.
A l'Opéra-Comique. Les ~ybce< afe ft~ctro.
Aux T'antaisies-Parisiennes. La FtHe de
t'acare et jP«f dro~ de eo/t~KëDEMA!N
A l'Opéra.– Le freMc/nt<~ et ~Vo:nt0t(~ot.
Au Théâ.tre-Francais. Les .BcMt?A l'Opéra-Comique. JoMpA.
LA POUTtOUE
II y a eu un incident, à la séance d'hier,
sur les affaires d'Egypte. On ne pouvait
pas l'éviter on l'a restreint autant que
possible.
M. Ténot a demandé à M. de Freyci-
net ce qu'il savait et ce qu'il ferait.
M. de Freycinet a répondu qu'il sa-
vait très peu de choses. Et, en effet, il ne
savait que ce que nous savions tous. Il a
déclaré ensuite que, n'étant pas encore
renseigné sur les faits, il ne ~pouvait
pas prendre de résolutions anticipées.
Il ne pouvait manquer d'ajouter que,
dans tous les cas, la vie et les intérêts de
nos nationaux seraient sauvegardés, et
qu'à cet égard la France ne prendrait
conseil que d'elle-même.
Il a donc fait cette déclaration.
La Chambre ne pouvait manquer de
l'applaudir. Elle l'a donc applaudi. De
sorte que nous sommes, après l'incident,
dans la même situation qu'auparavant.
Nous avons tant fait que nous avons
l'Orient en face de nous, depuis Tunis
jusqu'à l'Egypte.
Si le Grand Turc nous avait tirés
d'affaire, nous serions tombés en
plein dans le ridicule. Si nous nous
tirons d'affaire nous-mêmes, de compte
à demi avec les Anglais, nous au-
rons conservé seulement notre po-
sition, car nous ne pouvons pas l'aug-
menter, et nous aurons augmenté,
au contraire, dans une proportion assez
considérable, la situation de nos alliés
et leur importance en Egypte. Il sera
fâcheux de perdre des hommes et des
millions pour ce résultat; mais il faut
s'attendre à tout, excepté à de grands
pronts.
Il y a une chose au moins à laquelle
nous ne nous attendons pas, parce qu'elle
est mille fois impossible c'est à un acte
de faiblesse. La France pouvait désirer
de se tenir à l'écart; mais elle ne lais-
sera jamais la plus légère provocation
impunie. Sur ce point-là, le gouverne-
ment, les Chambres, le pays et l'armée,
seront toujours d'accord. Il n'y a plus
qu'une seule âme en France quand
1 honneur national est enjeu.
Ainsi que nous l'avons annoncé hier,
M. Humbert a remis sa démission entre
les mains de M. le président de la Ré-
publique. M. Grévy ayant refusé de l'ac-
cepter, M. Humbert a demandé un congé
d'un mois.
L'intérim de son ministère sera fait
par un autre ministre.
La commission relative à la réforme
judiciaire s'est réunie hier matin, pour
examiner ce qu'elle devait faire en pré-
sence des votes émis samedi dernier par
la Chambre.
Diverses propositions ont été faites,
entre autres celle de nommer une nou-
velle commission mais la majorité a dé-
cidé que la commission resterait saisie,
et qu elle se réunirait le mercredi et le
vendredi de chaque semaine, pour dis-
cuter les divers systèmes d'élections, en
commençant par la proposition de M.
Jules Roche, ayant pour objet d'insti-
tuer un jury civil.
L'Agence Havas dément le bruit d'a-
près lequel le ministère des affaires
étrangères aurait fait annoncer, dans
les couloirs de la Chambre, que l'esca-
dre française avait débarqué des troupes
à Alexandrie.
LE MONDE ET LA VILLE
Les projets relatifs à l'inauguration de
l'Hôtel de Ville sont gros de menaces.
Nous avons annoncé, il y a déjà quel-
ques jours, que différents membres du
conseil municipal avaient résolu de
rayer le nom du préfet de police de la
liste des invitations.
Les adhérents à cette détermination
sont devenus plus nombreux le jour où
le conseil a appris qu'un décret annulait
l'ordre du jour de blâme voté contre le
préfet de police, à propos des troubles du
quartier Latin.
M. Grévy qui, en principe, avait l'in-
tention d'assister à l'inauguration, à la
suite du projet d'exclusion du préfet de
police, serait aujourd'hui décidé à s'ab-
stenir.
Les ministres suivront naturellement
cet exemple. Il en sera de même des
ambassadeurs des grandes puissances,
des membres du corps diplomatique,
des hauts fonctionnaires de l'adminis-
tration, des représentants des munici-
palités étrangères.
Le conseil municipal inaugurerait
donc tout seul. Et cet incident ne man-
querait pas de gravité.
Par décision présidentielle, ont été
admis dans la deuxième section (réserve)
du cadre de l'état-major général de l'ar-
mée
M. le général de brigade Suter, com-
mandant la 19° brigade d'artillerie, à
dater du 9 juin 1882.
M. le général de division Appert,
commandant le 17° corps d'armée, à da-
ter du 12 juin 1882.
M. le général de brigade Le Masson,
membre du comité consultatif des forti-
fications, à dater du 16 juin 1882.
M. le général de division Delebecque,
commandant la division d'Oran, a été
nommé au commandement du 17° corps
d'armée, à Toulouse, en remplacement
de M. le général de division Appert, ad-
mis dans le cadre de réserve.
M. le général de brigade Droz, com-
mandant la 3° brigade de cuirassiers,
est relevé de ce commandement et placé
provisoirement dans la position de mis-
sion spéciale, pour être adjoint à M. le
général de division Thornton, inspec-
teur général permanent des remontes.
Nouvelles artistiques.
Le conseil supérieur des beaux-arts,
dans sa séance d'hier, a décerné le
prix du Salon à M. Longepied, sculp-
teur.
La. distribution des récompenses aux
lauréats du Salon de peinture aura lieu
le 23 juin, c'est-à-dire trois jours après
la fermeture de l'exposition.
Cette solennité, présidée par M. Jules
Ferry, ministre de l'instruction publi-
que et des beaux-arts, aura lieu comme
1 année dernière, dans le grand salon
carré du premier étage du palais de
l'Industrie.
=~~
Le sculpteur Guillaume vient de ter-
miner un buste très remarquable de
Paul de Saint-Victor.
R'*5.
Ce buste, un peu plus grandie na-
ture, est destiné au tombeau de l'illustre
écrivain.
Les peintres Detaille et Berne-Belle-
cour qui, on s'en souvient, ont suivi
l'expédition de Tunisie avec la brigade
Vincendon, viennent de recevoir la
croix de commandeur de l'ordre du
Nicham.
On annonce la démission de M. Bal-
ca.i'ce, envoyé extraordinaire et pléni-
potentiaire de la République argentine
près le gouvernement français.
M. Balcarce représentait son pays en
France depuis trente-trois années déjà.
Cette décision est attribuée à un dis-
sentiment qui s'est produit entre M.
Balcarce et son gouvernement.
Au mariage de M. de Parieu, fils de
l'ancien ministre, beaucoup de monde
dans l'église de la Madeleine; d'anciens
députés de l'Empire, M. Josseau, M.
Busson-Billault; des sénateurs, MM. de
Kerdrel, de Voisins-Laverniëre, Buffet,
Chesnelong, Lafond de Saint-Mur;
d'anciens membres de l'Assemblée, Sal-
mon, le général Boissonnet; des mem-
bres de l'Institut, MM. Jules Simon,
Maurice Block, Levasseur, etc. L'arche-
vêque de Sebaste a donné la bénédic-
tion nupttale.
Hier a été ouvert le congres des ar-
chitectes.
Le bureau a été constitué comme suit:
Président, M. Bailly. ~se~6Mrs,
MM. Albert Lenoir, membre de l'Insti-
tut Contamine, président de la Société
du Nord; Gosset, président de la Société
de la Marne; Normand, vice-président
de la Société centrale; Paul Wallon,
secrétaire.
L'Académie des sciences (section
d'économie rurale) a, dans sa séance
d'hier lundi, élu le successeur de M. De-
caisne dont nous avons annoncé le dé-
cès.
M. Boussingault a présenté, dans l'or-
dre suivant, les candidats au fauteuil de
M. Decaisne.
-B'M~rgMM~'e K~ïe .-M. Schlœsing;
<~Ma~mg ligne, e~-f~MO MM. De-
hérain, Daclaux, Raoul Duval, Lavallée,
Prilippeux.
Le nombre des votants était de S4. M.
Schlœsing a été élu au premier tour de
scrutin par 32 suffrages.
On annonce que M. Deschanel, séna-
teur, professeur de littérature française
au Collège de France, serait décidé à in-
terrompre ses conférences. M. Descha-
nel est malade en ce moment, et la fa-
tigue l'obligerait à prendre cette déter-
mination.
Le prince Roland Bonaparte, à l'au-
dience des criées du tribunal civil de
Versailles de jeudi dernier, a acheté la
propriété située sur la place d'Armes.
On sait que le prince Pierre Bonaparte,
père du prince Roland, est mort, il y a
quelque temps, dans cette même pro-
priété.
Un comité international, qui s'est
formé à Copenhague, a envoyé à l'Al-
liance Israélite, pour les juifs de Russie,
une somme de 30,000 francs.
Le consistoire israélite du Haut-Rhin
a fait un second envoi de 14,000 francs.
On annonce de Tunis la mort de M.
Joseph Lévy, qui eut récemment une
certaine notoriété. On se rappelle, en
efEet, que M. Joseph Lévy renonça, en
faveur de la Société Marseillaise, à ses
droits ou prétendus droits sur l'Enfida.
Toujours a. propos du projet de loi sur
le serment, un souvenir ancien, mais
amusant:
C'était en 1836. Le prince Louis-Na-
poléon passait devant la cour d'assises
de Strasbourg, et les jurés s'étaient re-
tirés pour délibérer.
Le temps s'écoule, les jurés rentrent
dans la salle, et le président du jury. Al-
sacien honnête, mais timide et mintelli-
gent, a la. parole:
II pose une main sur son cœur et,
d'une voix émue
< Sur mon honneur et ma conscience,
murmura-t-il, devant Dieu et devant
les hommes, non, le jury n'est pas
'coupable )" »
MOUVELLES A LA MAtM
Dans un hôpital parisien que nous
pourrions citer, M. X. chirurgien,
vient de couper la jambe d'un pauvre
diable.
–Croyez-vous qu'il pourra survivre
à cette opération ? lui demande un pa-
rent du mutilé.
Hélas non Il n'y a pas le moin-
dre espoir.
Mais alors, pourquoi le faire souf-
frir? t
Pour lui faire prendre patience.
Notes d'album:
Les hommes sont des banquiers aux-
quels les femmes consent feur vertu
pour en toucher de gros dividendes.
La place la plus agréable à occuper
dans le coeur des femmes a été, presque
toujours, le strapontin. `
M. B. riche banquier israélite, oc-
cupe un. rang des plus distingués parmi
les belles fourchettes de la capitale.
Il donnait récemment un grand dîner,
et les convives savouraient un menu des
plus délicats, lorsqu'un gêneur entama
une discussion à propos des tables de la
loi.
Pardon! interrompt l'amphi-
tryon. II y a temps et lieu pour toutes
choses. Nous n'avons pas à nous préoc-
cuper ici des tables de la Loi, mais uni-
quement des loîsde la table t:
La logique des femmes
0 madame, comme vous avez les
yeux perçants
Mais non, monsieur; ils ne sont pas
perçants, puisqu'ils sont bleus
Mt) OOM)t)W
PETITE BOURS
DIXHEURES
3 0/0. 8295. 97.
50/0. 11540,41,36.
Turc. 12 55.
Italien. 90 55, 50, 52.
Egypte. 345 62, 4S, 12, 44.
Banque ottomane. 796 95, 62.
Extérieure. 28 11/16,19/32.
Actions Rio 615 17, 16.
LES PARISIENS DE PARIS
!La Musique aux Tnitef!es
M. DÉSANCHOIX, ~CM~Mi!. Cinq heu-
res au palais Royal Et Pigeonnier, qui
n'arrive pas qu'est-ce que cela signifie ? 9
M. LEBIGRE, ~D~M~. Apprenez,
Désanchoix, que depuis dix-sept ans neuf
mois et seize jours que Pigeonnier est aux
Finances, comme je suis, moi, à l'intérieur,
jamais nous ne nous sommes dérangés
pour un sou de nos habitudes, qui sont,
comme vous savez, une seconde nature.
D'où je conclus ceci c'est le palais Royal
qui avance, et non pas Pigeonnier qui est en
retard.
M. DÉSANCHOIX. En attendant, on lui
prendra sa place. Tenez, voilà une dame
qui s'assied sur sa chaise.
M. LEBIGRE. Sur la chaise de Pigeon-
nier t Ah mon Dieu, il en fera une mala-
die, bien sûr t.
M. PIGEONNIER, ~fmessieurs Ouf) je suis tout en nage On
n'a pas commencé, au moins Ah 1 çà, où
est donc ma chaise?. Madame, madame,
vous avez ma chaise!
LA DAME. Monsieur, cette place étant
inoccupée, j'ai cru pouvoir. Et vous ne
voudriez pas que.
M. PIGEONNIER,/K~'KA-. Je veux ma
chaise, madame. Voilà ce que je veux. Elle
est à moi. Je m'y assieds depuis que je suis
aux Finances, c'est-à-dire depuis dix-sept
ans.
M. LEBIGRE. Neuf mois.
M. DÉSANCHOIX. Et seize jours.
LA DAME, ~OM~K/. Alors vous ne
devez pas Être fâché d'en changer.
M. PIGEONNIER, ~f~- ~M~/MM~. Les
femmes, aujourd'hui, n'ont plus la moin-
dre galanterie. Adieu, messieurs, je me
retire.
M. LEBIGRE. Pigeonnier, je t'en sup-
plie, prends plutôt mon fauteuil.
M. PIGEONNIER, ~~f ~dfM/. Ton
fauteuil. ton fauteuil. Avec cela que je
verrai la grosse caisse, de ton fauteuil).
or, comment diable veux-tu que je goûte
la musique, si je ne voix pas la grosse
caisse, moi qui y suis accoutumé depuis que
je suis aux finances?.
M. DÉSANCHOIX. C'est-à-dire, depuis
dix-sept ans.
M. LEBIGRE. Neuf mois.
LA DAME. Et seize jours.
<~
UNE JEUNE FEMME, MMf~/t~/Adolphine, mettez-vous là, en face du chef
de musique, le célèbre M. Paulus.
UN MONSIEUR, ~OKC<'MMM! Tu te
trompes, ma chère amie M. Paulus a pris
sa retraite; c'est M. Sellenick qui est actuel-
lement à la tête de la musique de la garde
républicaine.
LA JEUNE FEMME, /~M~.MK< les ~Vous êtes agaçant C'était bien la peine
de me reprendre pour si peu! Ecoutez
plutôt l'ouverture de la .F/F de MM ~lM~. C'est l'ouverture de la Fille de
MM~?H<' Angot, ça, Adolphine.
LE MONSIEUR, plus ~CMc~M~. Tu te
trompes, ma mignonne; c'est une fantaisie
sur le Tribut de .Z~~o~
LA JEUNE FEMME, avec colère. Qui
est-ce qui vous demande votreavis ? Quand
vous aurez fini de me contredire ?. Tu
te rappelles, Adolphine Fille de M~-
J~M~~M~o~, que Jeanne Granier chantait,
aux Folies-Dramatiques.
LE MONSIEUR, très ~trompes, mon ange c'est à la Renaissance
que chante Jeanne Granier.
LA JEUNE FEMME, fondant CM /t!~KM.
Assez, monsieur t assez, de grâce C'est
affreux Me tyranniser ainsi devant notre
fille, devant ces militaires, devant tout
Paris assemblé Oh c'est lâche { c'est
bien lâche (-5'M~M~K~ /7~f ~u~e
des sanglots.) Adolphine, malheureuse en-
fant, ne te marie jamais 1
CHŒUR DES VOISINES. Pauvre
femme t
UNE DAME, «M valet J~ Dis-
posez les coussins, étendez le tapis, don-
nez-moi mon ouvrage. La voiture nous
attendra à la grille du pont tournant. (A
un baby.) Edgard,vous allez mener prome-
ner Digby, mon petit chien. (Au valet de
~) Thompson, vous allez mener pro-
mener Edgard. S'il avait froid, on lui pas-
serait son paletot.
LE DOMESTIQUE. A M. Edgard ?
LA DAME. Non, à Digby. (Avisant MM
gentleman.) Tiens, M. de Chanteperse ).
En vérité, ne trouvez-vous pas que le cor
anglais vient de détailler délicieusement
la romance de la T~~M~. C'était à faire
illusion. On aurait cru avoir la Patti sous
les yeux.
LR GENTLEMAN. Assurément la
Patti, avec des moustaches, un tricorne et
un pantalon bleu de ciel. Comment se
porte mon ami Edgard, marquise ?
LA DAME. II est quelque part à se
rouler avec Digby. Pourvu qu'il ne me
l'enrhume pas Cette chère petite bête est
si sujette à la coqueluche! Comment
vous vous en allez déjà! Nous n'avons en-
core dit du mal de personne! Ah! oui,
je vois voilà Mlle Mauviette, des Varié-
tés, qui passe là-bas. Elle est vraimènt
habillée avec ~beaucoup de goût, cette de-
moiselle Dites donc, Chanteperse, si vpas
lui demandiez pour moi l'adresse .de sa
couturière?.
PREMIÈRE BELLE-PETITE, MpM~ JOM ~WM un enfant que Cf'e~ /M~
la MM/M. 11 est gentil) ~M~ Combien le loues-tu?
DEUXIÈME BELLE-PETITE. Cent sous,
avec la nourriture. Mais c'est tropcher.
Depuis huit jours, je suis revenue six fois
bredouille.
PREMIÈRE BELLE-PETITE.– C'est que
tu ne sais pas le lancer. (Au gamin.) Al-
lons, en chasse t Et ouvre l'œil.
PREMIER JEUNE HOMME, MM c~M-
~:a~ Regarde donc cette jolie créature,
ici, à notre gauche, avec le chapeau à bou-
quet de cerises et la robe bleu~ elle à les
cheveux du soleil Quel ravissant enfant
l'accompagne II a tous ses traits C'est
son fils ) Comme cela se trouve ) J'ai juste-
ment des bonbons dans ma poche 1
LE GAMIN, ~oc~M~ Tu as des
bonbons, monsieur? Fais voir.
PREMIER JEUNE Ut'MME. Comment
t'appelles-tu, chérubin?
LE GAMIN. Je me nomme Fernand de
Mérinville, et papa était colonel.
PREMIER JRUNE HOMME. De Mérin-
ville?. Elle est noble!
LA BELLE-PETITE, de ~'M. Fernand,
vilain gourmand, voulez-vous bien revenir?
LE GAMIN.–Petite maman est enco-
lèpe viens avec moi, monsieur, tu l'em-
pêchera de me gronder.
PREMIER JEONE HOMME, à son c~M-
n~. Dis-moi, je peux bien reconduire
l'enfant à la mère, hein?
DEUXIEME JEUNE HOMME. A la mère ?
Certainement. (Zc ~'F'K< ~o~'M~.)
Allons! un homme à îa mère) I
P. DE TRA)LLES
LA
CHUTE i)!GNAT!EFF
Ennn le télégraphe nous apporte de
Saint-Pétersbourg la nouvelle si impa-
tiemment attendue par tous les amis de
la Russie le comte IgnatieS est relevé
de ses fonctions. Les cris d'allégresse
qui retentissent déjà dans les coins les
plus reculés de l'empire des Czars trou-
veront de l'écho partout où la politique
de ce fauteur d'incendie, d'assassinat et
de pillage, a soulevé l'indignation des
honnêtes gens.
Le général Ignatieff aura sa place
marquée dans l'histoire entre le géné-
ral MourawieS, le bourreau de la Polo-
gne, et le général Haynau, < l'hyène
de Brescia. Mais ces deux derniers
avaient au moins l'excuse d'avoir exercé
leur cruauté raffinée dans des jours de
révolution et contre des populations in-
surgées. Ignatielï, lui, a provoqué des
troubles et des massacres en temps de
paix et de calme, contre des habitants
paisibles, contre des sujets loyaux de
l'Empereur, dans le seul but de mener
à bien ses spéculations pécuniaires et de
satisfaire ses haines personnelles.
C'est ainsi qu'en 1876 ses agents ont
lancé les baschi-bouzouks contre les
Bulgares, et ont déchaîné les atrocités
qui ont été la cause déterminante de
la dernière guerre russo-turque. De
même qu'alors, pouf remplir ses po-
ches, il poussait, à l'aide de son âme dam-
née, Mahmoud-Nedim-Pacba, la Turquie
à la faillite, de même aujourd'hui, en
massacrant les juifs, en incendiant
leurs maisons, en faisant violer leurs
femmes et leurs nlles, il espérait ob-
tenir de leurs coreligionnaires étran-
gers une grasse rançon.
Nous l'avons déclaré il y a quelques
mois, quand ce misérable était encore
au pouvoir, que toute cette in M me
persécution organisée contre les israé-
lites n'était qu'une spéculation honteuse
d'IgnatieS. En môme temps qu'il muiti
pliait les décrets et les ordres contre
îes israélites, il faisait réclamer par ses
stipendiés et réclamait lui-même, direc-
tement, la somme de deux millions de
roubles pour changer de politique.
Ce n'est que parce que l'immoralilé
du marché repugnait aux représentants
des israélites, et qu'on ne pouvait d'ail-
leurs avoir confiance dans la parole de
ce maître fourbe, que le marché n'a pas
été conclu.
La joie que causera la nouvelle de la
chute d'IgnatieS, ne sera cependant pas
sans mélange. Bien des personnes, au
courant de la terrible situation, ou il a
laissé l'empire, craignent qu'il ne soit
trop tard pour y remédier et que le mal
qu'tl a fait à la Russie ne soit irrépa-
rable.
Il y a quelques années déjà, sa pre-
mièredisgrâcen'étaitpasarhvéeàtemps.
La Russie, depuis la guerre franco-alle-
mande de 1870 jusqu'à la guerre turco
russe, avait été regardée comme le véri-
table arbitre des destinées de l'Europe
On se souvient qu'en 1875 il sufnt.d'un
seul froncement de sourcils du prince
GortschakoS pour paralyser les velléi-
tés du prince de Bismarck. Eh bien t d<~
la guerre turco-russe, suscitée par tes
intrigues d'IgnatieS.la Russie est sortie
ruinée et aSaiblie, avec son prestige nu-
litaire amoindri.
IgnatieS disparut, il est vrai, de lu
scène politique avant la réunion du con-
grès de Berlin. Mais ni la haute autorité
et la grande expérience de GortschakoS
ni la souplesse du comte SchouvaloS ne
purent fermer les profondes Mesures
portées à la Russie par ce dipjouta. d''
malheur. On peut dire qu'Ign.itieË ne
travailla à cette époque que pou.- te
profit des ennemis les plus acharnés de
son pays, pour Bismarck, pouf Bea-
consneld, pour Andrassy. qui tous ne
manquèrent pas de recueillir les fru~s
de son involontaire concouf's.
Nous appréhendons que ceLte .sceoud'i
chute d'IgnatieH u'arriïe tr<~p t~rd,
Quinzième Ann6e Deuxtème Sône– Kus~M 1004
Mardi 13 Juin 1882
~TT3LBS SIM C~
~ectet
P~ts Trois mois. H! fri~~
DÉPARTEMENTS Trois mois. <6 &
< RÉDACTION
W, bootevara doa tt&tiena, 0
DE DBU-X HEURES A MMU
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Act~tttttt~<'a<
'ANNONCES
MM. Ch. t.as''ttBge, Certr et~6, FLACE DE LA BOUtMB, 6
~< ot !lADMINISTRATION
boulevard deaïtttUem), t
BB Drx HKUREt A CtNQ HZCtUt
Les &bonnementa p&rtent dea 1" et K du mot*
S~MMAt~E
LAPETITEPORTE.'
Nos EcHos. Un Domino.
LES PARISIENS DE PARIS. P. de 7'
LES AFFAIRES D'EGYPTE. J~. I..
Au PARLEMENT LA CHAMBRE. f~rëo!.
A TRAVERS LA PRESSE. JOURNAL OFFICIEL. ~~v
CONSEIL GÉNÉRAL.
CONSEIL MUNICIPAL.
LE GAULOIS PARTOUT.
CHRONIQUE DES TRIBUNAUX. MctKre Jf.
LES PREMIÈRES. Je
AU BOUT DE LA LORGNETTE.– Triolet.
L'ASSOCIATION POLYTECHNIQUE.
LA BOURSE. Henri frtaoc<.
TÉLÉGRAMMES ET CORRESPONDANCES. G. jE-~tt.
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LA SoiRÉE PARISIENNE.–MaKrtce Or~o~MOtK.
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ECHOS DES THÉÂTRES. A~t~ttr Cantel.
FEUILLETON LES ENFANTS DE LA BALLE. ~Otttt
Datey!.
LA PET!TE PORTE
On entend par petite porte celle par
laquelle on sort le matin pour rentrer le
soir par la grande.
M. Léon Say est sorti dernièrement
par la petite porte. A peine avait-il le
pied dans la rue, qu'on ouvrait déjà les
deux battants de la porte cochëre.
Il est rentré triomphalement. Mais ce-
pendant tout le monde a dit aux minis-
tres a N'abusez pas trop de la petite
porte t C'est ce qui fait qu'on a si peu
parlé de la démission de M. Humbert.
Il l'a envoyée samedi à M. de Freyci-
net. Le président du conseil, qui don-
nait un grand dîner à la commission du
budget et~L la commission des nuances
du Sénat, n'a pu se rendre en personne
au Ministère de la justice. Il s'est con-
tenté d'écrire à son collègue un mot ai-
mable et pressant. M. Humbert, dit-on,
a persisté. Il a vu le président de la Ré-
publique, qui l'a détourné de son projet
de retraite, et lui a parlé avec beaucoup
de bienveillance et d'esprit politique.
Dans la journée de dimanche, le mi-
nistre de la justice s'est occupé à mettre
ses papiers en ordre, comme un homme
dont le parti serait pris, et qui veut ren-
trer dans la vie privée. Nous apprenons
avec plaisir que M. Grévy persiste à re-
fuser la démission. Elle n'était pas né-
cessaire pour la dignité de M. Humbert;
elle serait venue très mal à propos pour
nous.
Il y a des ministres qui ne s'en vont
jamais; nous en pourrions citer. D'au-
tres sont toujours prêts à partir au pre-
mier signe témoin M. Humbert. Le
dissentiment entre lui et la Chambre est
Hagrant, on ne saurait le nier. M. Hum-
bert a défendu l'inamovibilité, et la
Chambre l'a supprimée; il a combattu
l'élection, et elle l'a votée, voilà le con-
ûit. Mais la Chambre est-elle tant que
cela de son propre sentiment ? C'est une
Chambre variable et diverse, comme le
cœur de l'homme. Il n'y a pas fort long-
temps que l'élection des magistrats y
était assez unanimement regardée
comme une billevesée. Elle n'a de suite
et de persistance que dans ses rancunes.
Dans tous les cas, elle a voté sur la
question, et non pas sur le ministre.
L'idée d'exprimer de la défiance contre
M. Humbert n'est venue à l'esprit de
personne. Il n'a pas d'autorité sur la
Chambre, parce que personne n'en a
mais il y est considéré et apprécié. Il
est un des deux ou trois ministres dont
on reconnaît la capacité; quant à son
honorabilité, elle est absolument hors de
doute.
Il a très bien parlé samedi: sobre-
ment, clairement, fermement. Il a dé-
montré, de la façon la plus irréfutable,
la nécessité de maintenir l'inamovibilité
de la magistrature. Tout jse tenait tout
était convaincant et solide. Nous n'a-
vons qu'un gros reproche à lui faire c'est
d'avoir accordé la suspension. M. Gam-
betta avait commis la même faute. Ils
ont cru que, s'ils ne faisaient pas cette
cbncession~ ils n'obtiendraient rien. Ils
n'ont pas vu qu'il n'y avait, en quelque
sorte, aucune différence entre la sus-,
pension et la suppression, si ce n'est que
le second système est au moins consé-
quent avec lui-même, tandis que le pre-
mier implique une contradiction dans
les termes.
Enfin, nous croyons, avec toute la
galerie, que M. Humbert peut rester ho-
norablement. Par qui le remplacerait-
on ? M. Bérenger ne veut pas être mi-
nistre M. Le Royer ne veut pas abdi-
quer sa présidence M. Cazot, qui a déjà
passé de M. de Freycinet à M. Gam-
betta, ne peut pas retourner de M. Gam-
betta à M. de Freycinet ce serait abu-
ser de sa bonhomie. M. Ribot ferait
un excellent ministre mais il est bien
fin politique pour s'associer en ce mo-
ment à la fortune du cabinet. D'ailleurs
pour appliquer la responsabilité minis-
térielle, il faudrait que le ministre en-
trant fût contre l'inamovibilité. Le vote
de samedi recevrait une consécration
qui serait aussi prématurée que funeste;
car enfin, ce n'est qu'un premier vote
il est juste et nécessaire que le gouver-
nement attende un second vote, un
vote déûnitif, pour courber la tête.
Nous savons bien ce que ferait un
gouvernementconvaincu et courageux.
Ce n'est pas ici une question de détail
c'est une question vitale, pour laquelle
on a le droit et le devoir de livrer une
bataille en règle. La victoire serait pos-
sible la défaite serait honorable. Mais
ne rêvons pas. Bornons-nous à souhaiter
la dur.ée de M. Humbert. S'il reste, on
le laissera lutter tout seul contre la com-
mission cela n'est que trop sur. Sa pré-
sence, malgré cet isolement, sera pour-
tant une garantie.
Il faut, de toute nécessité, en présence
de ces députés divisés et dévoyés, un
homme qui sache bien de quoi il s'agit,
et qui le dise avec clarté et fermeté. On
peut prendre, par inadvertance, toute
sorte de résolutions déplorables, si nous
n'avons pas là un ministre capable d'être
la sentinelle du sens commun. Il ne s'a-
git guère plus de faire de bonnes cho-
ses, mais il s'agit d'empêcher qu'on n'en
fasse de trop mauvaises.
Pour se convaincre du désarroi des
esprits sur cette question, et peut-être
sur quelques autres, il n'y a qu'à par-
courir la liste du scrutin de samedi der-
nier. Chacun va de son côté; il n'y a
plus nulle part aucune cohésion.
On croyait généralement que M. Gam-
betta, en perdant son ascendant sur la
Chambre, avait pourtant conservé la
direction de son groupe; mais il ne di-
rige même plus son Grand Ministère.
Il a voté pour l'inamovibilité, ce qui
lui fait grand honneur. Il n'a pas eu,
avec lui, dans ce vote, un seul de ses
ministres. Tout ce qu'ont pu faire trois
d'entre eux, MM. Waldeck-Rousseau,
Raynal et Paul Bert, pour ne pas se sé-
parer de lui d'une façon trop absolue ou
trop éclatante, a été de s'abstenir. MM.
Allain-Targé, Rouvier, Antonin Proust
et Devès ont voté carrément contre l'in-
amovibilité et contre M. Gambetta.
C'est à se demander ce que serait de-
venu samedi le Grand Ministère s'il
avait pu vivre jusque-là. La cohue des
sous-secrétaires d'Etat ne s'est pas moins
divisée. Margue, Spuller et Leiièvre
ont voté avec le patron Félix Faure,
Martin-Feuillée, Blandin, Chalamet se
sont prononcés contre lui. Il y a dans
l'Assemblée un grand entraînement vers
toutes les solutions radicales. On s'ima-
gine que < le peuple veut tout cela. Qh
l'a tant dit, qu'on a uni par le croire. On
s'imagine aussi apparemment que, quand
t le peuple x se met en tête une folie, les
bonnes têtes du gouvernement et de la
Chambre n'ont rien de mieux à faire que
d'opiner du bonnet. C'est une opinion
qui nous conduira loin et vite.
On sait que la commission spéciale
n'est pas moins disloquée que le Grand
Ministère. Tout compte fait, la majorité
de la commission a voté contre l'élection
des juges. Et c'est elle qui est chargée
de l'organiser 1
Ne perdons pas en ce moment le peu
d'hommes qui nous restent. Un homme
d'esprit disait dernièrement, en voyant
le not montant de la démagogie Un
peu de différences, s'il vous plaît t Nous
disons aussi, presque dans le même
sens, à nos hommes d'Etat Un peu de
résistance, s'il vous plaît. Et si, par
grande fortune, vous avez quelques ré-
sistants parmi vous, qu'ils résistent en
demeurant, et non pas en s'en allant x »
Nos Echos
Ze r~Mtp~ J'5 juin MM
En France, on a recueilli des pluies dans l'est et
le nord. Les vents d'entre 0. et N. vont maintenir
une température peu élevée avec ciel nuageux tou-
tefois une dépression secondaire, qui parait se
diriger vers la Manche, amènera de nouvelles aver-
ses dans les régions du nord et du nord-est.
r AUJOURD'HUI
A 6 heures et demie, dîner
Pendant la. durée du d!ner, l'orchestre de
M. Desgrangea jouera dans la nouvelle Mlle de
musique. ~xatta
MHtU
Potage tapioca. Crécy
Hors-d'ceuvre
Saumon sauce genevoise
Pommes de terre à l'anglaise
Contrenlotà à la Marjolaine
Jambon au madère et épinards n
Poularde au cresson
Salade
Petits pois à la paysanne
Croûtes aux fruits à la parisienne
Glace
Vanille et fraises
Desserts
fromaLgew, fruits et petittt-four*
Le salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, orgue, tables de jeux. D!ner à la carte
M restaurant. Billards au Café Divan. 1
Le programme du dîner-concert. (Voir à 1t.
4'page.)
Au Théâtre-Français. Le MoMc!e o
A l'Opéra-Comique. Les ~ybce< afe ft~ctro.
Aux T'antaisies-Parisiennes. La FtHe de
t'acare et jP«f dro~ de eo/t~Kë
A l'Opéra.– Le freMc/nt<~ et ~Vo:nt0t(~ot.
Au Théâ.tre-Francais. Les .BcMt?
LA POUTtOUE
II y a eu un incident, à la séance d'hier,
sur les affaires d'Egypte. On ne pouvait
pas l'éviter on l'a restreint autant que
possible.
M. Ténot a demandé à M. de Freyci-
net ce qu'il savait et ce qu'il ferait.
M. de Freycinet a répondu qu'il sa-
vait très peu de choses. Et, en effet, il ne
savait que ce que nous savions tous. Il a
déclaré ensuite que, n'étant pas encore
renseigné sur les faits, il ne ~pouvait
pas prendre de résolutions anticipées.
Il ne pouvait manquer d'ajouter que,
dans tous les cas, la vie et les intérêts de
nos nationaux seraient sauvegardés, et
qu'à cet égard la France ne prendrait
conseil que d'elle-même.
Il a donc fait cette déclaration.
La Chambre ne pouvait manquer de
l'applaudir. Elle l'a donc applaudi. De
sorte que nous sommes, après l'incident,
dans la même situation qu'auparavant.
Nous avons tant fait que nous avons
l'Orient en face de nous, depuis Tunis
jusqu'à l'Egypte.
Si le Grand Turc nous avait tirés
d'affaire, nous serions tombés en
plein dans le ridicule. Si nous nous
tirons d'affaire nous-mêmes, de compte
à demi avec les Anglais, nous au-
rons conservé seulement notre po-
sition, car nous ne pouvons pas l'aug-
menter, et nous aurons augmenté,
au contraire, dans une proportion assez
considérable, la situation de nos alliés
et leur importance en Egypte. Il sera
fâcheux de perdre des hommes et des
millions pour ce résultat; mais il faut
s'attendre à tout, excepté à de grands
pronts.
Il y a une chose au moins à laquelle
nous ne nous attendons pas, parce qu'elle
est mille fois impossible c'est à un acte
de faiblesse. La France pouvait désirer
de se tenir à l'écart; mais elle ne lais-
sera jamais la plus légère provocation
impunie. Sur ce point-là, le gouverne-
ment, les Chambres, le pays et l'armée,
seront toujours d'accord. Il n'y a plus
qu'une seule âme en France quand
1 honneur national est enjeu.
Ainsi que nous l'avons annoncé hier,
M. Humbert a remis sa démission entre
les mains de M. le président de la Ré-
publique. M. Grévy ayant refusé de l'ac-
cepter, M. Humbert a demandé un congé
d'un mois.
L'intérim de son ministère sera fait
par un autre ministre.
La commission relative à la réforme
judiciaire s'est réunie hier matin, pour
examiner ce qu'elle devait faire en pré-
sence des votes émis samedi dernier par
la Chambre.
Diverses propositions ont été faites,
entre autres celle de nommer une nou-
velle commission mais la majorité a dé-
cidé que la commission resterait saisie,
et qu elle se réunirait le mercredi et le
vendredi de chaque semaine, pour dis-
cuter les divers systèmes d'élections, en
commençant par la proposition de M.
Jules Roche, ayant pour objet d'insti-
tuer un jury civil.
L'Agence Havas dément le bruit d'a-
près lequel le ministère des affaires
étrangères aurait fait annoncer, dans
les couloirs de la Chambre, que l'esca-
dre française avait débarqué des troupes
à Alexandrie.
LE MONDE ET LA VILLE
Les projets relatifs à l'inauguration de
l'Hôtel de Ville sont gros de menaces.
Nous avons annoncé, il y a déjà quel-
ques jours, que différents membres du
conseil municipal avaient résolu de
rayer le nom du préfet de police de la
liste des invitations.
Les adhérents à cette détermination
sont devenus plus nombreux le jour où
le conseil a appris qu'un décret annulait
l'ordre du jour de blâme voté contre le
préfet de police, à propos des troubles du
quartier Latin.
M. Grévy qui, en principe, avait l'in-
tention d'assister à l'inauguration, à la
suite du projet d'exclusion du préfet de
police, serait aujourd'hui décidé à s'ab-
stenir.
Les ministres suivront naturellement
cet exemple. Il en sera de même des
ambassadeurs des grandes puissances,
des membres du corps diplomatique,
des hauts fonctionnaires de l'adminis-
tration, des représentants des munici-
palités étrangères.
Le conseil municipal inaugurerait
donc tout seul. Et cet incident ne man-
querait pas de gravité.
Par décision présidentielle, ont été
admis dans la deuxième section (réserve)
du cadre de l'état-major général de l'ar-
mée
M. le général de brigade Suter, com-
mandant la 19° brigade d'artillerie, à
dater du 9 juin 1882.
M. le général de division Appert,
commandant le 17° corps d'armée, à da-
ter du 12 juin 1882.
M. le général de brigade Le Masson,
membre du comité consultatif des forti-
fications, à dater du 16 juin 1882.
M. le général de division Delebecque,
commandant la division d'Oran, a été
nommé au commandement du 17° corps
d'armée, à Toulouse, en remplacement
de M. le général de division Appert, ad-
mis dans le cadre de réserve.
M. le général de brigade Droz, com-
mandant la 3° brigade de cuirassiers,
est relevé de ce commandement et placé
provisoirement dans la position de mis-
sion spéciale, pour être adjoint à M. le
général de division Thornton, inspec-
teur général permanent des remontes.
Nouvelles artistiques.
Le conseil supérieur des beaux-arts,
dans sa séance d'hier, a décerné le
prix du Salon à M. Longepied, sculp-
teur.
La. distribution des récompenses aux
lauréats du Salon de peinture aura lieu
le 23 juin, c'est-à-dire trois jours après
la fermeture de l'exposition.
Cette solennité, présidée par M. Jules
Ferry, ministre de l'instruction publi-
que et des beaux-arts, aura lieu comme
1 année dernière, dans le grand salon
carré du premier étage du palais de
l'Industrie.
=~~
Le sculpteur Guillaume vient de ter-
miner un buste très remarquable de
Paul de Saint-Victor.
R'*5.
Ce buste, un peu plus grandie na-
ture, est destiné au tombeau de l'illustre
écrivain.
Les peintres Detaille et Berne-Belle-
cour qui, on s'en souvient, ont suivi
l'expédition de Tunisie avec la brigade
Vincendon, viennent de recevoir la
croix de commandeur de l'ordre du
Nicham.
On annonce la démission de M. Bal-
ca.i'ce, envoyé extraordinaire et pléni-
potentiaire de la République argentine
près le gouvernement français.
M. Balcarce représentait son pays en
France depuis trente-trois années déjà.
Cette décision est attribuée à un dis-
sentiment qui s'est produit entre M.
Balcarce et son gouvernement.
Au mariage de M. de Parieu, fils de
l'ancien ministre, beaucoup de monde
dans l'église de la Madeleine; d'anciens
députés de l'Empire, M. Josseau, M.
Busson-Billault; des sénateurs, MM. de
Kerdrel, de Voisins-Laverniëre, Buffet,
Chesnelong, Lafond de Saint-Mur;
d'anciens membres de l'Assemblée, Sal-
mon, le général Boissonnet; des mem-
bres de l'Institut, MM. Jules Simon,
Maurice Block, Levasseur, etc. L'arche-
vêque de Sebaste a donné la bénédic-
tion nupttale.
Hier a été ouvert le congres des ar-
chitectes.
Le bureau a été constitué comme suit:
Président, M. Bailly. ~se~6Mrs,
MM. Albert Lenoir, membre de l'Insti-
tut Contamine, président de la Société
du Nord; Gosset, président de la Société
de la Marne; Normand, vice-président
de la Société centrale; Paul Wallon,
secrétaire.
L'Académie des sciences (section
d'économie rurale) a, dans sa séance
d'hier lundi, élu le successeur de M. De-
caisne dont nous avons annoncé le dé-
cès.
M. Boussingault a présenté, dans l'or-
dre suivant, les candidats au fauteuil de
M. Decaisne.
-B'M~rgMM~'e K~ïe .-M. Schlœsing;
<~Ma~mg ligne, e~-f~MO MM. De-
hérain, Daclaux, Raoul Duval, Lavallée,
Prilippeux.
Le nombre des votants était de S4. M.
Schlœsing a été élu au premier tour de
scrutin par 32 suffrages.
On annonce que M. Deschanel, séna-
teur, professeur de littérature française
au Collège de France, serait décidé à in-
terrompre ses conférences. M. Descha-
nel est malade en ce moment, et la fa-
tigue l'obligerait à prendre cette déter-
mination.
Le prince Roland Bonaparte, à l'au-
dience des criées du tribunal civil de
Versailles de jeudi dernier, a acheté la
propriété située sur la place d'Armes.
On sait que le prince Pierre Bonaparte,
père du prince Roland, est mort, il y a
quelque temps, dans cette même pro-
priété.
Un comité international, qui s'est
formé à Copenhague, a envoyé à l'Al-
liance Israélite, pour les juifs de Russie,
une somme de 30,000 francs.
Le consistoire israélite du Haut-Rhin
a fait un second envoi de 14,000 francs.
On annonce de Tunis la mort de M.
Joseph Lévy, qui eut récemment une
certaine notoriété. On se rappelle, en
efEet, que M. Joseph Lévy renonça, en
faveur de la Société Marseillaise, à ses
droits ou prétendus droits sur l'Enfida.
Toujours a. propos du projet de loi sur
le serment, un souvenir ancien, mais
amusant:
C'était en 1836. Le prince Louis-Na-
poléon passait devant la cour d'assises
de Strasbourg, et les jurés s'étaient re-
tirés pour délibérer.
Le temps s'écoule, les jurés rentrent
dans la salle, et le président du jury. Al-
sacien honnête, mais timide et mintelli-
gent, a la. parole:
II pose une main sur son cœur et,
d'une voix émue
< Sur mon honneur et ma conscience,
murmura-t-il, devant Dieu et devant
les hommes, non, le jury n'est pas
'coupable )" »
MOUVELLES A LA MAtM
Dans un hôpital parisien que nous
pourrions citer, M. X. chirurgien,
vient de couper la jambe d'un pauvre
diable.
–Croyez-vous qu'il pourra survivre
à cette opération ? lui demande un pa-
rent du mutilé.
Hélas non Il n'y a pas le moin-
dre espoir.
Mais alors, pourquoi le faire souf-
frir? t
Pour lui faire prendre patience.
Notes d'album:
Les hommes sont des banquiers aux-
quels les femmes consent feur vertu
pour en toucher de gros dividendes.
La place la plus agréable à occuper
dans le coeur des femmes a été, presque
toujours, le strapontin. `
M. B. riche banquier israélite, oc-
cupe un. rang des plus distingués parmi
les belles fourchettes de la capitale.
Il donnait récemment un grand dîner,
et les convives savouraient un menu des
plus délicats, lorsqu'un gêneur entama
une discussion à propos des tables de la
loi.
Pardon! interrompt l'amphi-
tryon. II y a temps et lieu pour toutes
choses. Nous n'avons pas à nous préoc-
cuper ici des tables de la Loi, mais uni-
quement des loîsde la table t:
La logique des femmes
0 madame, comme vous avez les
yeux perçants
Mais non, monsieur; ils ne sont pas
perçants, puisqu'ils sont bleus
Mt) OOM)t)W
PETITE BOURS
DIXHEURES
3 0/0. 8295. 97.
50/0. 11540,41,36.
Turc. 12 55.
Italien. 90 55, 50, 52.
Egypte. 345 62, 4S, 12, 44.
Banque ottomane. 796 95, 62.
Extérieure. 28 11/16,19/32.
Actions Rio 615 17, 16.
LES PARISIENS DE PARIS
!La Musique aux Tnitef!es
M. DÉSANCHOIX, ~CM~Mi!. Cinq heu-
res au palais Royal Et Pigeonnier, qui
n'arrive pas qu'est-ce que cela signifie ? 9
M. LEBIGRE, ~D~M~. Apprenez,
Désanchoix, que depuis dix-sept ans neuf
mois et seize jours que Pigeonnier est aux
Finances, comme je suis, moi, à l'intérieur,
jamais nous ne nous sommes dérangés
pour un sou de nos habitudes, qui sont,
comme vous savez, une seconde nature.
D'où je conclus ceci c'est le palais Royal
qui avance, et non pas Pigeonnier qui est en
retard.
M. DÉSANCHOIX. En attendant, on lui
prendra sa place. Tenez, voilà une dame
qui s'assied sur sa chaise.
M. LEBIGRE. Sur la chaise de Pigeon-
nier t Ah mon Dieu, il en fera une mala-
die, bien sûr t.
M. PIGEONNIER, ~f
n'a pas commencé, au moins Ah 1 çà, où
est donc ma chaise?. Madame, madame,
vous avez ma chaise!
LA DAME. Monsieur, cette place étant
inoccupée, j'ai cru pouvoir. Et vous ne
voudriez pas que.
M. PIGEONNIER,/K~'KA-. Je veux ma
chaise, madame. Voilà ce que je veux. Elle
est à moi. Je m'y assieds depuis que je suis
aux Finances, c'est-à-dire depuis dix-sept
ans.
M. LEBIGRE. Neuf mois.
M. DÉSANCHOIX. Et seize jours.
LA DAME, ~OM~K/. Alors vous ne
devez pas Être fâché d'en changer.
M. PIGEONNIER, ~f~- ~M~/MM~. Les
femmes, aujourd'hui, n'ont plus la moin-
dre galanterie. Adieu, messieurs, je me
retire.
M. LEBIGRE. Pigeonnier, je t'en sup-
plie, prends plutôt mon fauteuil.
M. PIGEONNIER, ~~f ~dfM/. Ton
fauteuil. ton fauteuil. Avec cela que je
verrai la grosse caisse, de ton fauteuil).
or, comment diable veux-tu que je goûte
la musique, si je ne voix pas la grosse
caisse, moi qui y suis accoutumé depuis que
je suis aux finances?.
M. DÉSANCHOIX. C'est-à-dire, depuis
dix-sept ans.
M. LEBIGRE. Neuf mois.
LA DAME. Et seize jours.
<~
UNE JEUNE FEMME, MMf~/t~/Adolphine, mettez-vous là, en face du chef
de musique, le célèbre M. Paulus.
UN MONSIEUR, ~OKC<'MMM! Tu te
trompes, ma chère amie M. Paulus a pris
sa retraite; c'est M. Sellenick qui est actuel-
lement à la tête de la musique de la garde
républicaine.
LA JEUNE FEMME, /~M~.MK< les ~Vous êtes agaçant C'était bien la peine
de me reprendre pour si peu! Ecoutez
plutôt l'ouverture de la .F/F de MM
MM~?H<' Angot, ça, Adolphine.
LE MONSIEUR, plus ~CMc~M~. Tu te
trompes, ma mignonne; c'est une fantaisie
sur le Tribut de .Z~~o~
LA JEUNE FEMME, avec colère. Qui
est-ce qui vous demande votreavis ? Quand
vous aurez fini de me contredire ?. Tu
te rappelles, Adolphine Fille de M~-
J~M~~M~o~, que Jeanne Granier chantait,
aux Folies-Dramatiques.
LE MONSIEUR, très ~trompes, mon ange c'est à la Renaissance
que chante Jeanne Granier.
LA JEUNE FEMME, fondant CM /t!~KM.
Assez, monsieur t assez, de grâce C'est
affreux Me tyranniser ainsi devant notre
fille, devant ces militaires, devant tout
Paris assemblé Oh c'est lâche { c'est
bien lâche (-5'M~M~K~ /7~f ~u~e
des sanglots.) Adolphine, malheureuse en-
fant, ne te marie jamais 1
CHŒUR DES VOISINES. Pauvre
femme t
UNE DAME, «M valet J~ Dis-
posez les coussins, étendez le tapis, don-
nez-moi mon ouvrage. La voiture nous
attendra à la grille du pont tournant. (A
un baby.) Edgard,vous allez mener prome-
ner Digby, mon petit chien. (Au valet de
~) Thompson, vous allez mener pro-
mener Edgard. S'il avait froid, on lui pas-
serait son paletot.
LE DOMESTIQUE. A M. Edgard ?
LA DAME. Non, à Digby. (Avisant MM
gentleman.) Tiens, M. de Chanteperse ).
En vérité, ne trouvez-vous pas que le cor
anglais vient de détailler délicieusement
la romance de la T~~M~. C'était à faire
illusion. On aurait cru avoir la Patti sous
les yeux.
LR GENTLEMAN. Assurément la
Patti, avec des moustaches, un tricorne et
un pantalon bleu de ciel. Comment se
porte mon ami Edgard, marquise ?
LA DAME. II est quelque part à se
rouler avec Digby. Pourvu qu'il ne me
l'enrhume pas Cette chère petite bête est
si sujette à la coqueluche! Comment
vous vous en allez déjà! Nous n'avons en-
core dit du mal de personne! Ah! oui,
je vois voilà Mlle Mauviette, des Varié-
tés, qui passe là-bas. Elle est vraimènt
habillée avec ~beaucoup de goût, cette de-
moiselle Dites donc, Chanteperse, si vpas
lui demandiez pour moi l'adresse .de sa
couturière?.
PREMIÈRE BELLE-PETITE, MpM~
la MM/M. 11 est gentil)
DEUXIÈME BELLE-PETITE. Cent sous,
avec la nourriture. Mais c'est tropcher.
Depuis huit jours, je suis revenue six fois
bredouille.
PREMIÈRE BELLE-PETITE.– C'est que
tu ne sais pas le lancer. (Au gamin.) Al-
lons, en chasse t Et ouvre l'œil.
PREMIER JEUNE HOMME, MM c~M-
~:a~ Regarde donc cette jolie créature,
ici, à notre gauche, avec le chapeau à bou-
quet de cerises et la robe bleu~ elle à les
cheveux du soleil Quel ravissant enfant
l'accompagne II a tous ses traits C'est
son fils ) Comme cela se trouve ) J'ai juste-
ment des bonbons dans ma poche 1
LE GAMIN, ~oc~M~ Tu as des
bonbons, monsieur? Fais voir.
PREMIER JEUNE Ut'MME. Comment
t'appelles-tu, chérubin?
LE GAMIN. Je me nomme Fernand de
Mérinville, et papa était colonel.
PREMIER JRUNE HOMME. De Mérin-
ville?. Elle est noble!
LA BELLE-PETITE, de ~'M. Fernand,
vilain gourmand, voulez-vous bien revenir?
LE GAMIN.–Petite maman est enco-
lèpe viens avec moi, monsieur, tu l'em-
pêchera de me gronder.
PREMIER JEONE HOMME, à son c~M-
n~. Dis-moi, je peux bien reconduire
l'enfant à la mère, hein?
DEUXIEME JEUNE HOMME. A la mère ?
Certainement. (Zc ~'F'K< ~o~'M~.)
Allons! un homme à îa mère) I
P. DE TRA)LLES
LA
CHUTE i)!GNAT!EFF
Ennn le télégraphe nous apporte de
Saint-Pétersbourg la nouvelle si impa-
tiemment attendue par tous les amis de
la Russie le comte IgnatieS est relevé
de ses fonctions. Les cris d'allégresse
qui retentissent déjà dans les coins les
plus reculés de l'empire des Czars trou-
veront de l'écho partout où la politique
de ce fauteur d'incendie, d'assassinat et
de pillage, a soulevé l'indignation des
honnêtes gens.
Le général Ignatieff aura sa place
marquée dans l'histoire entre le géné-
ral MourawieS, le bourreau de la Polo-
gne, et le général Haynau, < l'hyène
de Brescia. Mais ces deux derniers
avaient au moins l'excuse d'avoir exercé
leur cruauté raffinée dans des jours de
révolution et contre des populations in-
surgées. Ignatielï, lui, a provoqué des
troubles et des massacres en temps de
paix et de calme, contre des habitants
paisibles, contre des sujets loyaux de
l'Empereur, dans le seul but de mener
à bien ses spéculations pécuniaires et de
satisfaire ses haines personnelles.
C'est ainsi qu'en 1876 ses agents ont
lancé les baschi-bouzouks contre les
Bulgares, et ont déchaîné les atrocités
qui ont été la cause déterminante de
la dernière guerre russo-turque. De
même qu'alors, pouf remplir ses po-
ches, il poussait, à l'aide de son âme dam-
née, Mahmoud-Nedim-Pacba, la Turquie
à la faillite, de même aujourd'hui, en
massacrant les juifs, en incendiant
leurs maisons, en faisant violer leurs
femmes et leurs nlles, il espérait ob-
tenir de leurs coreligionnaires étran-
gers une grasse rançon.
Nous l'avons déclaré il y a quelques
mois, quand ce misérable était encore
au pouvoir, que toute cette in M me
persécution organisée contre les israé-
lites n'était qu'une spéculation honteuse
d'IgnatieS. En môme temps qu'il muiti
pliait les décrets et les ordres contre
îes israélites, il faisait réclamer par ses
stipendiés et réclamait lui-même, direc-
tement, la somme de deux millions de
roubles pour changer de politique.
Ce n'est que parce que l'immoralilé
du marché repugnait aux représentants
des israélites, et qu'on ne pouvait d'ail-
leurs avoir confiance dans la parole de
ce maître fourbe, que le marché n'a pas
été conclu.
La joie que causera la nouvelle de la
chute d'IgnatieS, ne sera cependant pas
sans mélange. Bien des personnes, au
courant de la terrible situation, ou il a
laissé l'empire, craignent qu'il ne soit
trop tard pour y remédier et que le mal
qu'tl a fait à la Russie ne soit irrépa-
rable.
Il y a quelques années déjà, sa pre-
mièredisgrâcen'étaitpasarhvéeàtemps.
La Russie, depuis la guerre franco-alle-
mande de 1870 jusqu'à la guerre turco
russe, avait été regardée comme le véri-
table arbitre des destinées de l'Europe
On se souvient qu'en 1875 il sufnt.d'un
seul froncement de sourcils du prince
GortschakoS pour paralyser les velléi-
tés du prince de Bismarck. Eh bien t d<~
la guerre turco-russe, suscitée par tes
intrigues d'IgnatieS.la Russie est sortie
ruinée et aSaiblie, avec son prestige nu-
litaire amoindri.
IgnatieS disparut, il est vrai, de lu
scène politique avant la réunion du con-
grès de Berlin. Mais ni la haute autorité
et la grande expérience de GortschakoS
ni la souplesse du comte SchouvaloS ne
purent fermer les profondes Mesures
portées à la Russie par ce dipjouta. d''
malheur. On peut dire qu'Ign.itieË ne
travailla à cette époque que pou.- te
profit des ennemis les plus acharnés de
son pays, pour Bismarck, pouf Bea-
consneld, pour Andrassy. qui tous ne
manquèrent pas de recueillir les fru~s
de son involontaire concouf's.
Nous appréhendons que ceLte .sceoud'i
chute d'IgnatieH u'arriïe tr<~p t~rd,
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