Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-03-26
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 mars 1882 26 mars 1882
Description : 1882/03/26 (Numéro 925). 1882/03/26 (Numéro 925).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5241892
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2008
Quinzième A,nnée– Deuxième Série Numéro 925
PAM6, à .centURBS. DÉPARTEMENTS' ~ARES CN~M~
Dimanche 26 Mars 1882
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ABONNEMENTS
!'AMS.:Troia,mo;s. mj-e
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tM M~KCSCRtTS N)t SERONT PASMttB~
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ANNONCES
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6,ft.AMtDKt.ABOnttSB,e s
B~at {'~dn!tnt*ADMINISTRATION'
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DEDIXHEUBESACtNQHEÙMSS,
t~ett tbonnements partent des 1" et 16 du moM
Hs fmmas m mmi
·
En vérité, Imposition de juge à L.
nest plus te~&ie.~raimer~s mieux
être sena.fe.ur, etjh~me~sénateur inamo-
vtbie~ .f~
*ousm'étoh-Sëz~' '<
Je ne puis ~ouvrir .un -.journal sans
trouver cette phrase < Las.tribùnàux
jugeant par an'moins de 280'aSaires ci-
viles vont être supprimés. 'Or, le tri-
bunal de~L. n'a jamais jugé 2SO'aSaires
ei-viles. Donc il va être supprimé. Donc
je vais être supprimé.
Doucement. La proposition est
faite mais la loi n'est pas votée.
C'est que je lis aussi, dans les mô-
mes journaux, cette autre phrase < Le
nombre des conseillers va être diminué
de 386 celui des juges, de 220. Le garde
des sceaux aura. trois mois pour faire le
triage de c~ux qui partent et de ceux
qui rester.. Or, je suis mal noté par
M. le premier président et par M. le pro-
cureur générât, parce que j'ai fait une
brochure sur le Concordatde -1817. Donc
je vais être trié.
Attendez; la loi n'est pas faite. Ce
n'est encore qu'un projet, parmi beau-
coup d'autres.
C'est celui des conservateurs. Ils
ont trouve ce moyen de sauver l'inamo-
vibilité) Les grands politiques, de leur
côté, proposent de la supprimer à tout
jamais, ou de la suspendre indéûniment,
ce qui est absolument la même chose.
Or, ce sont les plus exigeants qui l'em-
porteront, suivant la nouvelle logique
de la politique; et quand même, par
impossible, les conservateurs auraient
~in succès, ils ne. me conserverâient pas.
Ma suppression est donc certaine.
–Que gagnez-vous, à L.?
–L. petit chef-lieu d'arrondissement
au fond d'~n pays désert, loin de toutes
les voies de communication, à 150 lieues
de Par~s. Population, 4,000 habitants.
Tous -marchands de fromages. Tribunal
civu de dernière classe. Appointements
*du juge 2,400 francs, sur lesquels on su-
bit une retenue pour la retraite.
Et vous vous plaignez de recouvrer
votre liberté? Vous êtes jeune, vous se-
rez avocat; vous serez votre maître,
vous choisirez votre résidence, et vous
décuplerez votre revenu. 1 1
'–Je suis jeune, mais je suis juge.
J'ai été trois ans attaché au parquet,
trois ans surnuméraire; et je suis enfin
arrivé, à trente ans, à la place que j'oc-
cupe. Voilà cinq ans que je suis sur le
siège. Je me suis préparé, pendant ce
cng stage, à présider, et non à plaider.
Je ne saurais plus traverser la salle des
pas-perdus sans avoir un huissier de-
vant moi. J'ai appris à parler lentement,
à travailler modérément et à dormir
sourdement. Un avocat est encore jeune
à cinquante ans, parce que la profession
rajeunit; elle active, elle émoustille, elle
.éveille. Un juge, à trente-cinq ans, est
déjà vieux. Il est grave. Il se remue
tout d'une pièce. Il ne retrouve un peu
d'activité que dans les bureaux et les
antichambres de la Chancellerie. Sur le
siège, et dans la ville de sa résidence, il
est embaumé. Le mortel qui diSère le
plus d'un avocat, c'est un juge.
Mais pourquoi êtes-vous entré dans
cette carrière?
C'est l'inamovibilité,– et par consé-
quent la sécurité, la dignité, qui m'a
tenté. Vous voyez tellement ce que nous
sommes aujourd'hui, que vous oubliez
ce que nous étions hier. Cette posses-
sion de notre siège nous donnaitla pos-
session de nous-mêmes, et rien ne gran-
dit autant un citoyen. Il y avait des car-
rières plus brillantes; il n'y en avait pas
d'aussi solides. Nous pouvions raisonna
blement, avec beaucoup de tenue et d'ho-
norabilité, beaucoup de travail profes-
sionnel et de science juridique, comp-
ter sur une présidence ou sur un siège
de conseiller.
Et n'y pouvez-vous plus compter? La
mort, et la loi sur lés retraites ne font-
elles plus les mêmes vides dans la ma-
gistrature ?
Les vides se font, mais ce n'est plus
avec des magistrats qu'on les remplit,
c'est avec des avocats. Un avocat, après
vingt ans de lutte, est fatigué, il est usé,
il est déserté. Il a fait, comme on dit, sa
petite pelotte. Il est bien aise d'ajouter
notre revenu à son revenu. Il vient s'as-
seoir et s'endormir au-dessus de nous.
Il se donne la joie de nous présider. Il
trouve le moyen, étant vieux, d'appar-
tenir aux nouvelles couches; tandis que
nous, les jeunes, nous sommes classés
dans les rebuts. On nous dit: < Vous avez
eu votre temps. Le fait est que, si j'ai
eu le mien, c'est sans le savoir. On nous
.dit aussi « Il faut être bon républicain
pour être bon juge. Mais je le suis, bon
républicain Je l'étais en 1874, c'est ce qui
m'a empêché d'avancer. Trois-Etoiles,
qui est aujourd'hui opportuniste et pré-
sident, était alors avocat et légitimiste.
Quatre-Etoiles; qui est devenu mon pro-
cureur général, ne voulait pas reconnaî-
tre la République; il n'admettait que le
Septennat. Cinq-Etoiles, mon premier
président, commençait sa fortune au
barreau par la clientèle des Jésuites. Je
l'avoue, je n'ai pas voté pour mon dé-
puté, qui de bonapartiste s'est fait ré-
publicain avancé, pendant la période
électorale, sous prétexte que le prince
impérial était mort.
–Voilà voire faute. Il fallait com-
prendre qu'il avait des chances, et vous
hâter de vous ranger de son parti. Vous
autres juges, vous avez beau vouloir
être républicains, vous ne savez pas sui-
vre les grands courants. Ce n'est pas
tout que d'être républicains; il faut être
opportunistes. Ce qui fait tant de mal à
l'inamovibilité, monsieur le juge inamo-
vible, c'est qu'on ne veut pas conserver
les juges de l'Empire.
–La belle réponse ) Est-ce que le géné-
ral Billot, et le général Farre, et le gé-
néral de Miribel sont entrés dans l'ar-
mée après le 4 Septembre? Est-ce que
l'Empereur ne les avait pas nommés colo-
nels, tandis qu'il me laissait simple sup-
pléant ? La magistrature impériale ) Où
est-elle, monsieur? J'aurais compris
cette réponse, il y a onze ans. Sur 658 con-
seillers, 5.05 ont été nommés par la Ré-
publique sur 1,214 juges, 950 ont été
nommés par la République. '153 conseil-
lers, 264 juges, voilà tout ce qui reste) l
Et le mouvement s'accélère d'année en
année nécessairement, à mesure que
l'âge augmente.
On aurait eu raison, en trois ou quatre
ans, de ce reste de n~gietrats impé"
riaux, parmi lesquels il y a bien peu
d'impérialistes, s'il y en a. Savez-vous
que, sur 27 premiers présidents de cours
d'appel ,~1 sont de création républicaine;
que, sur 376 présidents de tribunaux ci-
vils, 309 ont été nommés par la Répu-
blique ? M. Cazot, à lui seul, a nommé
plus de 140 conseillers et plus de 400
juges.
Tout cela est possible mais rappe-
lez-vous la faconde électorale, les plate-
formes, les comités. Lisez la collection
Barodet (en préparation, 50 volumes
grand in-4°, à deux colonnes). La ré-
forme judiciaire s'impose, monsieur. Le
peuple la veut. Allez juger,–et attendre.
Nos Echos
,r ·
Ze r~Mp~ S.5 MK!~ MM
En France, des pluies ont été générales hier et h
nuit dans l'ouest et le nord aujourd'hui, le ciel
t'édaircit, mais des averses -sont probables.
Le minimum de cette nuit a été de –:o au Puy-
de-Dôme et Je –<7° au Pic-du-Midi, où une
tourmente de neige a duré toute la journée d'hier.
a,
AUJOUBO'HU)
A 6 heures et demie, dîner au Grand-HOtel
admission jusqu'à 7 heures.
Pendant la durée du diner, l'orchestre de
M. Desgranges jouera dans la nouvelle «allé de
musique.
MENO
Potage tapioca au consommé
Marsala
Hors-d'œuvre
Turbot sauce homard
Pommes de terre à la hollandaise
Filet de bcouf à. la printaniero
Salmis de faisans aux champignons
Chapons du Mans au cresson
Salade
Petits pois à. la française
Pudding de brioche
Glace
Parfait au café w
Desserts
fromages, fruits et petits-fouM
A 8 h. 1/2, au Café Divan, séance de billard
par M. Gibelin, professeur du Casino de Vichy.
Le salon dea dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, orgue, tables de jeux. Dîner à la carte
au restaurant.
Le programme du dinar-concert. (Voir & la
4' page.)
LA POL!T
La commission du budget a élu M.
Wilson président, par 21 voix. Pour la
première fois depuis bien longtemps,
cette commission sera présidée par un
nnancier.
On a voulu donner à cette élection un
caractère politique, qu'elle ne comporte
pas. M. Gambetta et ses amis avaient été
dénnitivement battus par le scrutin
d'hier. Ils ne pouvaient espérer de nom-
mer le président d'une commission où ils
sont représentés tout au plus par quatre
membres sur trente-trois.
Un de leurs journaux a eu la mala-
dresse de dire que le choix de M. Wilson
serait une sorte de vote renouvelé con-
tre M. Gambetta;maisM.&ambetta n'est
pas le gouvernement, il est le chef d'un
parti, et même d'un parti en minorité.
On ne vote pour ou contre lui que
quand il est personnellement candidat.
Ses amis auraient donc tort de dire
qu'il a été battu hier, et notre impar-
tialité nous oblige à reconnaître qu'il
n'en est rien. Avant-hier, c'était diné-
rent le parti qu'il représente avait des
candidats qui n'ont pas été élus. Voilà
la défaite il n'y en a pas d'autre.
Une des fautes de ces dernières an-
nées a été de considérer la fonction de
président de la commission du budget
comme un poste politique.
L'honorable M. Bnsson avait déjà
réagi contre cette tendance. M. Wilson
achèvera de remettre toutes choses à
leur véritable place. L'examen du bud-
get est une occupation bien suffisante
pour son activité et celle de ses collè-
gues, sans qu'on y mêle d'autre préoc-
cupation que celle de remettre un peu
d'ordre dans la fortune publique. Il est
bon que nous ayons ennn placé nos û-
nances entre des mains compétentes
nous sommes tellement endettés, qu'il
ne nous reste plus une faute à com-
mettre.
On lit dans Te 7oM~M~ o/~<~
Un certain nombre de journaux pandu le bruit que le choléra s'était déclaré
dans notre, colonie de la Cochindùne
Ce bruit, qui n'a rien de fondé, est de na-
ture à inquiéter les familles des oîacîers et
des fonctionnaires servant dans notre co-
lonie.
Le choléra a, en effet, sévi à Java, à Su-
matra et au Siam mais tes mesures pre-
ventives adoptées en Gochinchine, et l'in-
terruption totale des travaux de terrasse-
ment ont mis la colonie à l'abri du uéau.
Aux dernières nouvelles (10 février), la
situation sanitaire était excellente.
Un avis du gouverneur de Paris, in-
séré hier à l'O/Tîc! détermine les con-
ditions dans lesquelles une partie des.
hommes des classes 1870 et 1871 est ap-
pelée aux exercices de l'armée territo-
riale au printemps de 1882.
L'appel aura lieu en deux séries la
première au mpis~ d'avril et la seconde
en mai.
L'arrivée à Paris de M. Tirman, gou-
verneur civil de l'Algérie, est annoncée
comme très prochaine. M. Tirman a, en
enet, pris la mer dans la soirée d'avant-
hier, à bord du paquebot Fi!Me-~e-
-BdHe, accompagné de M. Roxain, chef,
de son cabinet, et de M. Duchamp, chef
de bureau au secrétariat du gouverne-
ment général de l'Algérie.'
Le nouveau gouverneur général de
notre colonie a déjà acquis une compé-
tence indiscutable dans les questions al-
gériennes, qui lui permet de faire en-
tendre sa voix pour la défense des inté-
rôts de nos nationaux d'Afrique.
LE MOMOE ET LA VtLLE
A deux heures, courses au bois de
Boulogne. Favoris de sir Bevys
La Bourse. Versainville.
Prix de la Grotte. Regina.
Prix de Guiche.–Saturne.
PrixdeLutèce.–Veston.
Prix du Cadran. Albion.
Prix de CheviUy. Iceberg.
L'Académie des sciences morates et
politiques a nommé aujourd'hui le suc-
cesseur de M. Joseph Garnier.
Au premier tour, il y avait36 votants.
M. Courcelle-Seneuil a eu .17 voix, M.
Clément Juglar 12, M. Paul Boiteau 4,
M.FoviIlel.
Il y a eu un bulletin blanc.
Au second tour il n'y avait plus-que
34 votants. M. Courcelle-Seneuil a été
élu par 21 voix. Les 12 voix de M. Ju-
glar lui étaient restées ndèles.
Nous apprenons que S. A. R. le
prince de Galles viendra passer à Paris
quelques jours de la semaine prochaine.
Les Français ne s'~n plaindront pas,
bien loin de là, car toutes leurs sympa-
thies sont acquises à l'hôte d'élite dont
il s'agit; mais, le climat de la France
est décidément de temps en temps né-
cessaire au Prince.
Le voyage du prince Léopold d'An-
gleterre, qui est parti pour Menton,
sera de plus longue durée. Son Altesse
doit se rendre à la &n de la semaine
prochaine à Arolsen.De là, le plus jeune
des fils de la reine Victoria doit se rendre
à Berlin, où réside sa sœur, la princesse
Victoria, femme du-prince Frédéric-
Guillaume puis traverser la Hollande,
où il ira rendre visite à LL. MM. le roi
et la reine des Pays-Bas.
La princesse Stéphanie, épouse de l'ar-
chiduc Rodolphe, prince impérial d'Au-
triche-Hongrie, va recevoir prochaine-
ment de Léon XIII la ~'ospape envoie tous les ans, pendant le ca-
rême, à l'une des princesses catholiques
de l'Europe. C'est une coutume très an-
cienne elle date de 1366. La t'ose ~'or
est bénie par le pape le dimanche de
L~~ye.
Nous annoncions hier le départ pour
Biarritz de LL. AA. RR. le duc et la du-
chesse de Connaught; la santé de la
princesse, qui rendait nécessaire ce dé-
placement, l'obligera sans doute a. rester
dans notre station balnéaire jusqu'au
24 avril prochain, époque où Leurs Al-
tesses seront appelées en Angleterre
pour assister au mariage du frère cadet
du duc de C~nnaught, le prince Léo-
pold.
On annonce l'arrivée à Paris de Liang-
Kiang, gouverneur général de la Mand-
chourie.
Ce haut dignitaire de l'empire du Mi-
lieu doit visiter les grandes capitales
de l'Europe.
Hier, concert et comédie chez la ba-
ronne de Guibert.
Pour la partie musicale, Mlle Van
Zandt, Talazac et le violoncelliste Del-
sart.
Pour la partie dramatique, Mme Elise
Petit et Vngnault. Grand succès pour
Mlle Cambardi dans le grand air de la
~MO~&M~ï et pour Mlle Van Zandt,
qui a chanté avec son talent habituel ses
airs hongrois.
Toute l'élite de la société parisienne
s'était donné rendez-vous dans les sa-
lons de l'hôtel de la rue de Lisbonne.
La maîtresse de la maison, qui est
bien la femme la plus charmante que
nous connaissions, portait une toilette
qui lui allait à ravir satin bleu et rose,
garni de dentelle de jais assortie au
satin.
Brillante réunion artistique hier chez
Mlle des Essarts, dans son bel hôtel de
la rue du Bac. Une assistance des plus
aristocratiques applaudissait des artistes -8
du meilleur talent: Mlle Damain, de
TOdéon; Mlle Madeleine Godard, la sé-
duisante violoniste Mme Coquelin-Go-
dard, qui chantait à ravir des airs napo-
litains accompagnée par l'auteur, Mme
GabrieMeFerrari. MM. JFontaine, Le-
buuc, Péner, Auzende et le jeune Lam-
bert ont contribué à charmer l'assis-
tance par des déclamations ou des exé-
cutions musicales fort remarquables.
Mlle des Essarts faisait, avec une
grâce charmante, les honneurs de cette
soirée artistique.
On annonce le mariage du comte de
Ponthieu avec Mlle de Castellane, pe-
tite-nlledel'ancienmarécha'l, quia été
pendant si longtemps à la tête du gou-
vernement militaire de Lyon.
~C'est vers la fin d'avril que sera célé-
brée la cérémonie nuptiale,, qui sera
présidée par Mgr Caverot, primat des
Gaules.
La marquise de Castellane organise
en ce moment, au pront de l'Œuvre des
orphelins, une vente de. bienfaisance
qui aura lieu le 5 avril..
Les comptoirs seront tenus par les
plus jeunes et les plus jolies femmes du
faubourg Saint-Germain.
Toupie monde connaît le bel hôtel q~ui
appartenait autrefois à la reine Chris-
tine, et~dont les grilles d'or appellent le
regard de tous les promeneurs. 'C'est
l'un des plus beaux des Champs-Elysées,
où il y a pourtant tant de palais. On as-
sure que la duchesse d'Uzës vient de
l'acheter trois millions cinq cents mille
francs à son dernier possesseur, M. Se-
cretan.
Ainsi que nous le faisions pressentir
hier, le fameux poète américain Long-
fell'ow est .mort vendredi, à trois heu-
res. r,
Jl a succombé à une inflammation du
péritoine.
Né le 27 février 1807, à Portiand, dans
l'Etat de Maine, Henry WadsworthLong-
fellow a parcouru une carrière litté-
raire des plus brillantes, qui fut récom-
pensée par de nombreux honneurs, dé-
cernés au défunt par presque toutes les
académies et sociétés savantes des deux
mondes.
Les obsèques du général Coquet, ins-
pecteur général des troupes de marine,
ont eu lieu hier, au milieu d'une af-
nuence considérable.
La levée du corps s'est faite à dix heu-
res, à la maison mortuaire, boulevard
Saint-Michel, 61.
Parmi les personnes qui formaient le
cortège se trouvaient le gouverneur mi-
litaire de Paris, tous les officiers supé-
rieurs, en garnison dans le département
de la Seine, et un grand nombre d'amis
du défunt.
Un escadron du 8" dragons, un ba-
taillon du 101° de ligne et une batterie
d'artillerie rendaient les honneurs mili-
taires.
L'inhumation définitive aura lieu au
Thouy (Ardennes), pays natal du dé-
funt.
NOUVELLES A LA MAtM
Opinion émise sur Paris par une ai-
mable baronne suédoise, Mme de K.
C'est une ville immense. dont les
Parisiens ont eu l'art de faire une petite
ville.
Le cabinet.&ambetta venait de donner
sa démission.
Deux familiers du maître qui, grâce à
sa protection, étaient pourvus, depuis
quelques semaines, de hautes fonctions
dans le ministère de. se livraient, tout
en déjeunant, à de mélancoliques ré-
flexions.
Tu sais ?. dit l'un d'eux; je viens
d'envoyer ma démission. Et toi ? 1
Moi, j'allais en faire autant. mais,
maintenant, je me contente de la
tienne ).
Guibollard revient de l'Hôtel des.
Ventes.
Il y avait des occasions magnin-
ques. Ainsi j'ai vu vendre vingt-quatre
volumes superbes pour quinze francs.
Quel était cet ouvrage ? 1
C'était intitulé Œ'Mwes coMtp~
UM OOMtNe
s.
PETITS POEMES PARISIENS
Mette d'honneur
Av&nt-hier, M. de H. ruiné par le jeu,
se faisait sauter la cervelle. L'histoire est
banale. Un soir, ce malheureux, qui, jus-
qu'alors n'avait jamais touché à une carte,
ayant en poche six cents francs, gagna
six cent mille francs. Levertige le prit.De-
puis lors, il courut les tripôts et les cer-
cles, gagnant, perdant. Il délaissa sa fa-
mille, abandonna la place modeste qu'il
occupait dans une administration de l'Etat,
devint l'hôte le plus assidu des claque-
dents, et finalement, ayant tout perdu et
devant à tout le monde, alla se tuer dans
UM chambre d'hôtel meublé.
Je sais une histoire de jeu bien autre-
ment tragique, quoiqu'elle n'ait point eu,
pour dénoûment, un coup de pistolet ou
une fiole de laudanum. Les acteurs -de ce
drame existent toujours, et vous les pouvez
coudoyer journellement.
Henri de C. arriva, il y a six ans, à
Paris, léger d'argent. Son père, un vieux
gentilhomme breton, voulait qu'il y étu-
diât son droit. Son nom, ses parentés et ses
recommandations le firent bien vite rece-
voir dans le monde. Présenté par deux
gentlemen très aimés, il fut admis d'emblée
à Royal-Bonbon, un club difficile qui éplu-
che avec soin ses candidats. Henri ne pou-
vait tenir grand état dans la vie, avec la
pension de cinq cents francs par mois, que
lui servait son père. Mais le bonhomme
n'avait que vingt mille francs de rente, et
l'on comprendra qu'il devait s'imposer
beaucoup de sacrifices, pour arriver à
payer chaque mois, cette somme, lourde
.pous sa petite fortune. Henri commença de
faire des dettes; il empruntait aux amis,
cinq louis par là, dix louis par là, et con-
nut quelques usuriers. Puis il joua et fut
heureux. La veine l'enhardit. En quelques
mois il se trouva à la tête de soixante
mille francs. Il se fit alors très élégant, eut
des' chevaux, des maîtresses et un joli rez-
de-chaussée dans une rue calme des
Champs-Elysées. Tout allait bien. Il ne
tarda pas à s'afficher avec Rosé S. une
femme un peu mûre, il est vrai, mais ayant
conservé de beaux restes, et ce qui est:
rare, de grosses économies. Rosé l'adorait,
avec toute la violence d'une dernière pas-
sion. Le père, qui connaissait l'existence
de son fils, le gronda d'abord, le supplia
ensuite de revenir au travail, et comme
les conseils et les prières demeurèrent
vains, il se fâcha tout net et ne voulut
plus entendre parler d'Henri.
Pendant trois ans, ce fut une vie ;char-
mante. Le jeu suffisait à tout. –Quel vei-
nard que ce C. disaient les amis, non
sans une pointe de jalousie méchante.
Un jour, on apprit, .que dans une taille
malheureuse, le jeune C. avait non seu-
lement tout perdu, mais qu'il devait une'
somme de trois centcinquante mille francs.-
Le fait était vrai. Ce soir-là, le pauvre.
garçon s'était acharné contre la déveine, et
tout s'était effondré. Trois ans de travail,
de prudence et d'habileté perdus en une
heure et perdus irrémédiablement Il eut
comme un éblouissement, comprit qu'il
était déshonoré, qu'il fallait renoncer à sa
vie, a ses habitudes, qu'il fallait se tuer,
peut-être Il quitta le cercle, tout pâle et
tout chancelant, etrentra chez lui. Il avait
promis d'aller chercher sa maîtresse chez
une ds ses amies qui donnait une grande
fête Il n'osa pas. Troublé comme il l'était,
il aurait dû répondre à des questions., subir
des reproches. Il n'en avait pas le courage.
II se jeta tout habillé sur son lit et pleura
longtemps. Comment payer cette somme?
Impossible. Et il se mit à réfléchir au genre
de mort qu'il choisirait.
Le lendemain, à onze heures, on sonnait
chez lui.
Rosé! ah t c'est toi ) 1
Pourquoi n'es-tu pas venu me cher-
cher ?
–J'étais souffrant, ma chérie; tu vois
comme je suis pâle t
–Souffrant? ce n'est pas vrai, tu as
joué? `l
Je t'assure)
Allons, ne mens pas. Tu as joué, je le
sais, et tu as perdu. beaucoup, je le sais
aussi.
Eh bien) oui, j'ai perdu. Et il faut que
je me tue!
Tu es fou. Il faut que tu paies, voilà
tout..
Que je paie?. Mais tu ne sais donc
pas?
Rosé, sans répondre, avait ouvert un
sac qu'elle tenait à la main, et vivement en
avait vidé le contenu sur une table.
Quand ce fut fini:
Allons, je me sauve. Tu viendras tan-
tôt, pas?Et surtout ne dis point de bêtises,
comme tout à l'heure.
Et sans lui donner le temps de se lever,
elle disparut. Clac, clac! Les portes se re-
fermèrent. Une seconde après, on entendit
le roulement de la voiture dans la rue.
Henri se leva, s'approcha de la table et
poussa un cri.
Non, ce n'est pas possible. Voyons,~
je suis fou. Rosé t Rosé 1 Cela ne peut pas
être. Je suis fou, fou! l
Non, il n'était pas fou. Sur la table, des
liasses de billets .de banque étaient jetées,
pêle-mêle, couvrant le tapis entièrement.
Tremblant, il les prit, s'approcha de la
fenêtre pour les mieux voir, Tes compta.
Trois cent cinquante mille francs Le
compte y était. Et c'est elle qui.
Oh! dit le jeune homma en se cou-
vrant le visage de ses mains oh). Et il
sanglota, éperdu.
Quand il fut redevenu un peu plus calme,
son premier mouvement fut de renvoyer
cet argent à sa maîtresse. Puis il réfléchit.
C'était la vie, après tout, que ces billets de
banque, c'était l'honneur. L'honneur Il ne
se pouvait pas que la chance l'abandonnât
pour toujours. Il regagnerait ce qu'il avait
perdu. Et puis son père, son père ne pour-
rait pas. Il partirait le soir même; il
trouverait bien le moyen de l'émouvoir.
ettousies~ca'que vous soufflent à
l'esprit les conseils de la lâcheté.
Il paya. A cinq heures, le soir même, il
partait pour la Bretagne. Il arriva, dès
l'aube, chez son père..
Monsieur dort, dit le vieux valet de
chambre, tout ébahi_de voir débarquer de
la sorte son jeune maître.
C'est bien. Ne le réveillez pas. Vous
lui direz seulement, quand vous entre-
rez dans sa chambre, à l'heure accoutumée,
que je suis là t
Comme monsieur va être content j 1
s'écria le vieux serviteur avec joie.
Content! le pauvre père Mais comment
oserait-il lui faire l'aveu de sa situation?
Il connaissait son père, il savait combien il
était intraitable sur les questions d'hon-
neur Il le fallait cependant! au risque de
le tuer 1
Pendant une heure, Henri connut toutes
les angoisses. Il tremblait comme un cri-
minel en face delà guillotine.
Non, c'est inutile, disait le père. Tes
prières ne me fléchiront pas. D'ailleurs, je
ne le peux pas. Je n'ai pas de fortune.
juste assez pour vivre. Ainsi tu peux repar-
tir.
Mais vous ne savez pas, mon père t
Je sais que tu es un polisson, que tu es
en train de déshonorer mon nom, je sais
que je n'ai plus pour toi la moindre affec-
tion, voilà ce que je sais.
–Mais cet argent, cet argent que je
vous demande, vous ne savez pas à qui je
le dois.
Que m'importe 1 N'insiste plus et va-
t-en.
–C'est bien, mon père, je pars. Vous
ne me reverrez plus, je vous le promets.
Mon dernier espoir perdu, il ne me reste
plus qu'à mourir.
Mourir toi ) Je,t'en défie. Tu es bien
trop lâche pour cela.
–Et si je vous disais que cet argent, je
le dois à ma maîtresse, une fille,' comme on
dit, une fille, qui demain, se repentant de
sa générosité, peut crier, partout, à Paris
C. qui les a acceptés, sachant bien qu'il
ne pourrait pas me les rendre ?
A ces mots, le père avait pâli. Il chan-
cela.
Misérable ) s'écria-t-il,' d'une voix
étranglée, misérable, oh le misérable 1
Et il défaillit. r
Ayant repris connaissance.il regardason
nls,etsesouvint.
Vous avez raison, .monsieur, dit-u.,
Retirez-vous dans .votre chambre. Vous
vous ferez servir là, et vous attendrez me&
ordres. Rassurez-vous, j'espère que vo-us
pourrez partir ce soir.
–Monpère,monpère< implorale jeun~
homme.
A partir de ce moment, je vous dé-
fends, monsieur, de m'adresser la parole.
Vous n'êtes plus mon fils. ;j
Le soir; Henri recevait des mainsjdù ya-~
let de chambre un pli cacheté, contenant:
les trois cent cinquante mille francs. Son-'
père avait pu .emprunter cette somme
au notaire de la ville, à là condition qu'i~
abandonnât tous ses droits sur ses pro-
priétés.-
Henri rentra à Paris,. ne rendit a Rosé
que trois cent mille francs, et avec les cin-
quante mille, francs gardés, parvint, grâce'
au jeu, à ne rien changer a sonexistence.
Il ne sacrifia ni un cheval~ ni unevoi-~
ture, ni un bibelot, ni une femme/ni un.'
plaisir. Il attendait qu'une chance heureuse:
lui permît de rendre à.sonjpère la -fortune'
qu'il était venu lui yolér. Cette chance, r
n'est point encore arrivée.
Quant au vieuxpëre, ses propriétés yen-~
dues, et les comptes faits, il. ne lui resta.
que trente mille francs. Grâce à.unanu,!r
a putrouyer à Paris une place de six mille
francs, dans une société de crédit.
Le soir, son travail terminé, quand il va,'
pesant et courbé, prendre un peu de bon
air le long des Champs-Elysées~ il peut
apercevoir son fils, descendant l'avenue,
dans une Victoria attelée de deux superbes
trotteurs.
trotteurs..AH~AC:
BEi~'r~~i-.i-r
-<-
Un dessinateur spirituel, un confrère
aimable, un homme de bien, tel fat Ber-
tall.
Nous n'avons pas lu sans émotion la.
dépêche qui nous apportait la fatale
nouvelle de la mort de ce travailleur in-
fatigable. C'est dans l'Ardëche qu'il.
s'est éteint, jeudi, dans l'après-midi.
Nous ne pou vous, à cette place, que re-
tracer les principaux traits de cette phy-
sionomie sympathique et si parisienne.,
Bertall, dont le vrai nom est Charles-
Albert, vicomte d'Arnoux, comte de Li-
moges Saint-Saë~s, était né à Pans le
18 décembre 1820. ~on père, qur était
ancien commissaire de~ guerres, le des-
tinait à l'Ecole polytechn~u_e;majs il
préféra la peinture et entra à J atelier de
Drolling.
Bientôt il abandonna là peinture pour'
le crayon d~caricaturisteetdu. dessina-
teur. Sa voie était trouvée. `
Depuis, ce qu'il exécuta de dessins est
inimaginable; il n'est pas un journal tî-
lustré auquel il n'ait collaboré. Les édi-
tions dans lesquelles il a semé ses amu-
santes fantaisies, sej comptent par cen-
taines. Nous avons tous ri (il y a long-
temps, hélas!) en feuilletant les cent
volumes de Paul de Kock, que sa verve
peupla de types si amusants. « .1
Bertall, à ses heures, fut un écrivain
élégant et un critique compétent.
IF laisse trois charmantes jeunes nlles,
trois jumelles, à la douleur desquelles
tous ceux qui ont connu le nom de Ber-
tall s'associeront.
M.S.
LEStYC~SDETOULO~E
DE NOTRE CORRESPONDANT SPECIAL
Toulouse, 25mars.
Nos lycéens ont voulu, comme leurs
émules de Lyon, faire leur petite révolu-
tion. Cette tentative de rébellion ne leur a
guère réussi, car aujourd'hui, à midi, qua-
tre vingts élèves ont été, sur l'ordre du rec-
teur de l'Académie, licenciés et rendus à
leurs correspondants.
Voici la cause de cette mutinerie: dans
la matinée, cinq élèves, appartenant tous
aux.classes supérieures, s'étaient révoltés
contre un de leurs maîtres, refusant de
faire les punitions qu'ils avaient méritées
accompagnés de cinquante camarades, ils
se rendirent en vociférant la 3fchez le proviseur, auquel ils posèrent leur
M~Mtasorties générales par mois et la liberté des
frères punis.
On devine aisément l'accueil fait par le
proviseur à ces sommations révolution-
naires
Les classes supérieures ont été immédia-
tement licenciées; les autres classes conti-
nuent.
.B.
SOUS LE MASQUE
On a bien souvent parlé du chic sans
pouvoir déterminer cette chose insaisis-
sable, ce < je ne sais quoi qui n'est ni l'é-
légance, ni la distinction, ni la richesse, ni
la grâce, ni l'originalité, ni le charme, ni
la séduction., qui est JH! en6n, et qui est
tout.
Il notte au bout de vos ongles roses, ma
belle lectrice, il se cache avec votre petite
main dans les longs gants noirs qui enfer-
ment vos bras potelés. Il est dans votre
démarche coquette, dans vos gestes exqui.
sement naturels, il danse dans vos frisons
d'or, il frissonne dans le serpent symboli-
que qui s'enroule à votre col de cygne,
dans la perle e~~M~* d'une cerne diamen-
tée qui resplendit à la conque rosée de
votre oreille mignonne.
Le dix-septième siècle eut ses femmes
savantes le dix-huitième ses jolies, fem-
mes. Le dix-neuvième a inventé la femme
chic.
Aujourd'hui, la femme n'est plus jolie,
'spirituelle, élégante, belle, seulement
Pour être complète, elle doit être ~'c
C'est le yOn peut être élégante sans être chic,
PAM6, à .centURBS. DÉPARTEMENTS' ~ARES CN~M~
Dimanche 26 Mars 1882
TT 3~ B S 13~~0
Dtr
ABONNEMENTS
!'AMS.:Troia,mo;s. mj-e
~pARTEttBNTS:Troiatt).oia. ie~
? -RÉDACTION
~.
tM M~KCSCRtTS N)t SERONT PASMttB~
'SS!
EL DE 0 -X-, 0 3N!-
MMKtMtf
ANNONCES
i MM.Oh.t.ttgrttnge.Cert~~
6,ft.AMtDKt.ABOnttSB,e s
B~at {'~dn!tnt*
t, hontev~ra
DEDIXHEUBESACtNQHEÙMSS,
t~ett tbonnements partent des 1" et 16 du moM
Hs fmmas m mmi
·
En vérité, Imposition de juge à L.
nest plus te~&ie.~raimer~s mieux
être sena.fe.ur, etjh~me~sénateur inamo-
vtbie~ .f~
*ousm'étoh-Sëz~' '<
Je ne puis ~ouvrir .un -.journal sans
trouver cette phrase < Las.tribùnàux
jugeant par an'moins de 280'aSaires ci-
viles vont être supprimés. 'Or, le tri-
bunal de~L. n'a jamais jugé 2SO'aSaires
ei-viles. Donc il va être supprimé. Donc
je vais être supprimé.
Doucement. La proposition est
faite mais la loi n'est pas votée.
C'est que je lis aussi, dans les mô-
mes journaux, cette autre phrase < Le
nombre des conseillers va être diminué
de 386 celui des juges, de 220. Le garde
des sceaux aura. trois mois pour faire le
triage de c~ux qui partent et de ceux
qui rester.. Or, je suis mal noté par
M. le premier président et par M. le pro-
cureur générât, parce que j'ai fait une
brochure sur le Concordatde -1817. Donc
je vais être trié.
Attendez; la loi n'est pas faite. Ce
n'est encore qu'un projet, parmi beau-
coup d'autres.
C'est celui des conservateurs. Ils
ont trouve ce moyen de sauver l'inamo-
vibilité) Les grands politiques, de leur
côté, proposent de la supprimer à tout
jamais, ou de la suspendre indéûniment,
ce qui est absolument la même chose.
Or, ce sont les plus exigeants qui l'em-
porteront, suivant la nouvelle logique
de la politique; et quand même, par
impossible, les conservateurs auraient
~in succès, ils ne. me conserverâient pas.
Ma suppression est donc certaine.
–Que gagnez-vous, à L.?
–L. petit chef-lieu d'arrondissement
au fond d'~n pays désert, loin de toutes
les voies de communication, à 150 lieues
de Par~s. Population, 4,000 habitants.
Tous -marchands de fromages. Tribunal
civu de dernière classe. Appointements
*du juge 2,400 francs, sur lesquels on su-
bit une retenue pour la retraite.
Et vous vous plaignez de recouvrer
votre liberté? Vous êtes jeune, vous se-
rez avocat; vous serez votre maître,
vous choisirez votre résidence, et vous
décuplerez votre revenu. 1 1
'–Je suis jeune, mais je suis juge.
J'ai été trois ans attaché au parquet,
trois ans surnuméraire; et je suis enfin
arrivé, à trente ans, à la place que j'oc-
cupe. Voilà cinq ans que je suis sur le
siège. Je me suis préparé, pendant ce
cng stage, à présider, et non à plaider.
Je ne saurais plus traverser la salle des
pas-perdus sans avoir un huissier de-
vant moi. J'ai appris à parler lentement,
à travailler modérément et à dormir
sourdement. Un avocat est encore jeune
à cinquante ans, parce que la profession
rajeunit; elle active, elle émoustille, elle
.éveille. Un juge, à trente-cinq ans, est
déjà vieux. Il est grave. Il se remue
tout d'une pièce. Il ne retrouve un peu
d'activité que dans les bureaux et les
antichambres de la Chancellerie. Sur le
siège, et dans la ville de sa résidence, il
est embaumé. Le mortel qui diSère le
plus d'un avocat, c'est un juge.
Mais pourquoi êtes-vous entré dans
cette carrière?
C'est l'inamovibilité,– et par consé-
quent la sécurité, la dignité, qui m'a
tenté. Vous voyez tellement ce que nous
sommes aujourd'hui, que vous oubliez
ce que nous étions hier. Cette posses-
sion de notre siège nous donnaitla pos-
session de nous-mêmes, et rien ne gran-
dit autant un citoyen. Il y avait des car-
rières plus brillantes; il n'y en avait pas
d'aussi solides. Nous pouvions raisonna
blement, avec beaucoup de tenue et d'ho-
norabilité, beaucoup de travail profes-
sionnel et de science juridique, comp-
ter sur une présidence ou sur un siège
de conseiller.
Et n'y pouvez-vous plus compter? La
mort, et la loi sur lés retraites ne font-
elles plus les mêmes vides dans la ma-
gistrature ?
Les vides se font, mais ce n'est plus
avec des magistrats qu'on les remplit,
c'est avec des avocats. Un avocat, après
vingt ans de lutte, est fatigué, il est usé,
il est déserté. Il a fait, comme on dit, sa
petite pelotte. Il est bien aise d'ajouter
notre revenu à son revenu. Il vient s'as-
seoir et s'endormir au-dessus de nous.
Il se donne la joie de nous présider. Il
trouve le moyen, étant vieux, d'appar-
tenir aux nouvelles couches; tandis que
nous, les jeunes, nous sommes classés
dans les rebuts. On nous dit: < Vous avez
eu votre temps. Le fait est que, si j'ai
eu le mien, c'est sans le savoir. On nous
.dit aussi « Il faut être bon républicain
pour être bon juge. Mais je le suis, bon
républicain Je l'étais en 1874, c'est ce qui
m'a empêché d'avancer. Trois-Etoiles,
qui est aujourd'hui opportuniste et pré-
sident, était alors avocat et légitimiste.
Quatre-Etoiles; qui est devenu mon pro-
cureur général, ne voulait pas reconnaî-
tre la République; il n'admettait que le
Septennat. Cinq-Etoiles, mon premier
président, commençait sa fortune au
barreau par la clientèle des Jésuites. Je
l'avoue, je n'ai pas voté pour mon dé-
puté, qui de bonapartiste s'est fait ré-
publicain avancé, pendant la période
électorale, sous prétexte que le prince
impérial était mort.
–Voilà voire faute. Il fallait com-
prendre qu'il avait des chances, et vous
hâter de vous ranger de son parti. Vous
autres juges, vous avez beau vouloir
être républicains, vous ne savez pas sui-
vre les grands courants. Ce n'est pas
tout que d'être républicains; il faut être
opportunistes. Ce qui fait tant de mal à
l'inamovibilité, monsieur le juge inamo-
vible, c'est qu'on ne veut pas conserver
les juges de l'Empire.
–La belle réponse ) Est-ce que le géné-
ral Billot, et le général Farre, et le gé-
néral de Miribel sont entrés dans l'ar-
mée après le 4 Septembre? Est-ce que
l'Empereur ne les avait pas nommés colo-
nels, tandis qu'il me laissait simple sup-
pléant ? La magistrature impériale ) Où
est-elle, monsieur? J'aurais compris
cette réponse, il y a onze ans. Sur 658 con-
seillers, 5.05 ont été nommés par la Ré-
publique sur 1,214 juges, 950 ont été
nommés par la République. '153 conseil-
lers, 264 juges, voilà tout ce qui reste) l
Et le mouvement s'accélère d'année en
année nécessairement, à mesure que
l'âge augmente.
On aurait eu raison, en trois ou quatre
ans, de ce reste de n~gietrats impé"
riaux, parmi lesquels il y a bien peu
d'impérialistes, s'il y en a. Savez-vous
que, sur 27 premiers présidents de cours
d'appel ,~1 sont de création républicaine;
que, sur 376 présidents de tribunaux ci-
vils, 309 ont été nommés par la Répu-
blique ? M. Cazot, à lui seul, a nommé
plus de 140 conseillers et plus de 400
juges.
Tout cela est possible mais rappe-
lez-vous la faconde électorale, les plate-
formes, les comités. Lisez la collection
Barodet (en préparation, 50 volumes
grand in-4°, à deux colonnes). La ré-
forme judiciaire s'impose, monsieur. Le
peuple la veut. Allez juger,–et attendre.
Nos Echos
,r ·
Ze r~Mp~ S.5 MK!~ MM
En France, des pluies ont été générales hier et h
nuit dans l'ouest et le nord aujourd'hui, le ciel
t'édaircit, mais des averses -sont probables.
Le minimum de cette nuit a été de –:o au Puy-
de-Dôme et Je –<7° au Pic-du-Midi, où une
tourmente de neige a duré toute la journée d'hier.
a,
AUJOUBO'HU)
A 6 heures et demie, dîner au Grand-HOtel
admission jusqu'à 7 heures.
Pendant la durée du diner, l'orchestre de
M. Desgranges jouera dans la nouvelle «allé de
musique.
MENO
Potage tapioca au consommé
Marsala
Hors-d'œuvre
Turbot sauce homard
Pommes de terre à la hollandaise
Filet de bcouf à. la printaniero
Salmis de faisans aux champignons
Chapons du Mans au cresson
Salade
Petits pois à. la française
Pudding de brioche
Glace
Parfait au café w
Desserts
fromages, fruits et petits-fouM
A 8 h. 1/2, au Café Divan, séance de billard
par M. Gibelin, professeur du Casino de Vichy.
Le salon dea dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, orgue, tables de jeux. Dîner à la carte
au restaurant.
Le programme du dinar-concert. (Voir & la
4' page.)
LA POL!T
La commission du budget a élu M.
Wilson président, par 21 voix. Pour la
première fois depuis bien longtemps,
cette commission sera présidée par un
nnancier.
On a voulu donner à cette élection un
caractère politique, qu'elle ne comporte
pas. M. Gambetta et ses amis avaient été
dénnitivement battus par le scrutin
d'hier. Ils ne pouvaient espérer de nom-
mer le président d'une commission où ils
sont représentés tout au plus par quatre
membres sur trente-trois.
Un de leurs journaux a eu la mala-
dresse de dire que le choix de M. Wilson
serait une sorte de vote renouvelé con-
tre M. Gambetta;maisM.&ambetta n'est
pas le gouvernement, il est le chef d'un
parti, et même d'un parti en minorité.
On ne vote pour ou contre lui que
quand il est personnellement candidat.
Ses amis auraient donc tort de dire
qu'il a été battu hier, et notre impar-
tialité nous oblige à reconnaître qu'il
n'en est rien. Avant-hier, c'était diné-
rent le parti qu'il représente avait des
candidats qui n'ont pas été élus. Voilà
la défaite il n'y en a pas d'autre.
Une des fautes de ces dernières an-
nées a été de considérer la fonction de
président de la commission du budget
comme un poste politique.
L'honorable M. Bnsson avait déjà
réagi contre cette tendance. M. Wilson
achèvera de remettre toutes choses à
leur véritable place. L'examen du bud-
get est une occupation bien suffisante
pour son activité et celle de ses collè-
gues, sans qu'on y mêle d'autre préoc-
cupation que celle de remettre un peu
d'ordre dans la fortune publique. Il est
bon que nous ayons ennn placé nos û-
nances entre des mains compétentes
nous sommes tellement endettés, qu'il
ne nous reste plus une faute à com-
mettre.
On lit dans Te 7oM~M~ o/~<~
Un certain nombre de journaux
dans notre, colonie de la Cochindùne
Ce bruit, qui n'a rien de fondé, est de na-
ture à inquiéter les familles des oîacîers et
des fonctionnaires servant dans notre co-
lonie.
Le choléra a, en effet, sévi à Java, à Su-
matra et au Siam mais tes mesures pre-
ventives adoptées en Gochinchine, et l'in-
terruption totale des travaux de terrasse-
ment ont mis la colonie à l'abri du uéau.
Aux dernières nouvelles (10 février), la
situation sanitaire était excellente.
Un avis du gouverneur de Paris, in-
séré hier à l'O/Tîc! détermine les con-
ditions dans lesquelles une partie des.
hommes des classes 1870 et 1871 est ap-
pelée aux exercices de l'armée territo-
riale au printemps de 1882.
L'appel aura lieu en deux séries la
première au mpis~ d'avril et la seconde
en mai.
L'arrivée à Paris de M. Tirman, gou-
verneur civil de l'Algérie, est annoncée
comme très prochaine. M. Tirman a, en
enet, pris la mer dans la soirée d'avant-
hier, à bord du paquebot Fi!Me-~e-
-BdHe, accompagné de M. Roxain, chef,
de son cabinet, et de M. Duchamp, chef
de bureau au secrétariat du gouverne-
ment général de l'Algérie.'
Le nouveau gouverneur général de
notre colonie a déjà acquis une compé-
tence indiscutable dans les questions al-
gériennes, qui lui permet de faire en-
tendre sa voix pour la défense des inté-
rôts de nos nationaux d'Afrique.
LE MOMOE ET LA VtLLE
A deux heures, courses au bois de
Boulogne. Favoris de sir Bevys
La Bourse. Versainville.
Prix de la Grotte. Regina.
Prix de Guiche.–Saturne.
PrixdeLutèce.–Veston.
Prix du Cadran. Albion.
Prix de CheviUy. Iceberg.
L'Académie des sciences morates et
politiques a nommé aujourd'hui le suc-
cesseur de M. Joseph Garnier.
Au premier tour, il y avait36 votants.
M. Courcelle-Seneuil a eu .17 voix, M.
Clément Juglar 12, M. Paul Boiteau 4,
M.FoviIlel.
Il y a eu un bulletin blanc.
Au second tour il n'y avait plus-que
34 votants. M. Courcelle-Seneuil a été
élu par 21 voix. Les 12 voix de M. Ju-
glar lui étaient restées ndèles.
Nous apprenons que S. A. R. le
prince de Galles viendra passer à Paris
quelques jours de la semaine prochaine.
Les Français ne s'~n plaindront pas,
bien loin de là, car toutes leurs sympa-
thies sont acquises à l'hôte d'élite dont
il s'agit; mais, le climat de la France
est décidément de temps en temps né-
cessaire au Prince.
Le voyage du prince Léopold d'An-
gleterre, qui est parti pour Menton,
sera de plus longue durée. Son Altesse
doit se rendre à la &n de la semaine
prochaine à Arolsen.De là, le plus jeune
des fils de la reine Victoria doit se rendre
à Berlin, où réside sa sœur, la princesse
Victoria, femme du-prince Frédéric-
Guillaume puis traverser la Hollande,
où il ira rendre visite à LL. MM. le roi
et la reine des Pays-Bas.
La princesse Stéphanie, épouse de l'ar-
chiduc Rodolphe, prince impérial d'Au-
triche-Hongrie, va recevoir prochaine-
ment de Léon XIII la ~'ospape envoie tous les ans, pendant le ca-
rême, à l'une des princesses catholiques
de l'Europe. C'est une coutume très an-
cienne elle date de 1366. La t'ose ~'or
est bénie par le pape le dimanche de
L~~ye.
Nous annoncions hier le départ pour
Biarritz de LL. AA. RR. le duc et la du-
chesse de Connaught; la santé de la
princesse, qui rendait nécessaire ce dé-
placement, l'obligera sans doute a. rester
dans notre station balnéaire jusqu'au
24 avril prochain, époque où Leurs Al-
tesses seront appelées en Angleterre
pour assister au mariage du frère cadet
du duc de C~nnaught, le prince Léo-
pold.
On annonce l'arrivée à Paris de Liang-
Kiang, gouverneur général de la Mand-
chourie.
Ce haut dignitaire de l'empire du Mi-
lieu doit visiter les grandes capitales
de l'Europe.
Hier, concert et comédie chez la ba-
ronne de Guibert.
Pour la partie musicale, Mlle Van
Zandt, Talazac et le violoncelliste Del-
sart.
Pour la partie dramatique, Mme Elise
Petit et Vngnault. Grand succès pour
Mlle Cambardi dans le grand air de la
~MO~&M~ï et pour Mlle Van Zandt,
qui a chanté avec son talent habituel ses
airs hongrois.
Toute l'élite de la société parisienne
s'était donné rendez-vous dans les sa-
lons de l'hôtel de la rue de Lisbonne.
La maîtresse de la maison, qui est
bien la femme la plus charmante que
nous connaissions, portait une toilette
qui lui allait à ravir satin bleu et rose,
garni de dentelle de jais assortie au
satin.
Brillante réunion artistique hier chez
Mlle des Essarts, dans son bel hôtel de
la rue du Bac. Une assistance des plus
aristocratiques applaudissait des artistes -8
du meilleur talent: Mlle Damain, de
TOdéon; Mlle Madeleine Godard, la sé-
duisante violoniste Mme Coquelin-Go-
dard, qui chantait à ravir des airs napo-
litains accompagnée par l'auteur, Mme
GabrieMeFerrari. MM. JFontaine, Le-
buuc, Péner, Auzende et le jeune Lam-
bert ont contribué à charmer l'assis-
tance par des déclamations ou des exé-
cutions musicales fort remarquables.
Mlle des Essarts faisait, avec une
grâce charmante, les honneurs de cette
soirée artistique.
On annonce le mariage du comte de
Ponthieu avec Mlle de Castellane, pe-
tite-nlledel'ancienmarécha'l, quia été
pendant si longtemps à la tête du gou-
vernement militaire de Lyon.
~C'est vers la fin d'avril que sera célé-
brée la cérémonie nuptiale,, qui sera
présidée par Mgr Caverot, primat des
Gaules.
La marquise de Castellane organise
en ce moment, au pront de l'Œuvre des
orphelins, une vente de. bienfaisance
qui aura lieu le 5 avril..
Les comptoirs seront tenus par les
plus jeunes et les plus jolies femmes du
faubourg Saint-Germain.
Toupie monde connaît le bel hôtel q~ui
appartenait autrefois à la reine Chris-
tine, et~dont les grilles d'or appellent le
regard de tous les promeneurs. 'C'est
l'un des plus beaux des Champs-Elysées,
où il y a pourtant tant de palais. On as-
sure que la duchesse d'Uzës vient de
l'acheter trois millions cinq cents mille
francs à son dernier possesseur, M. Se-
cretan.
Ainsi que nous le faisions pressentir
hier, le fameux poète américain Long-
fell'ow est .mort vendredi, à trois heu-
res. r,
Jl a succombé à une inflammation du
péritoine.
Né le 27 février 1807, à Portiand, dans
l'Etat de Maine, Henry WadsworthLong-
fellow a parcouru une carrière litté-
raire des plus brillantes, qui fut récom-
pensée par de nombreux honneurs, dé-
cernés au défunt par presque toutes les
académies et sociétés savantes des deux
mondes.
Les obsèques du général Coquet, ins-
pecteur général des troupes de marine,
ont eu lieu hier, au milieu d'une af-
nuence considérable.
La levée du corps s'est faite à dix heu-
res, à la maison mortuaire, boulevard
Saint-Michel, 61.
Parmi les personnes qui formaient le
cortège se trouvaient le gouverneur mi-
litaire de Paris, tous les officiers supé-
rieurs, en garnison dans le département
de la Seine, et un grand nombre d'amis
du défunt.
Un escadron du 8" dragons, un ba-
taillon du 101° de ligne et une batterie
d'artillerie rendaient les honneurs mili-
taires.
L'inhumation définitive aura lieu au
Thouy (Ardennes), pays natal du dé-
funt.
NOUVELLES A LA MAtM
Opinion émise sur Paris par une ai-
mable baronne suédoise, Mme de K.
C'est une ville immense. dont les
Parisiens ont eu l'art de faire une petite
ville.
Le cabinet.&ambetta venait de donner
sa démission.
Deux familiers du maître qui, grâce à
sa protection, étaient pourvus, depuis
quelques semaines, de hautes fonctions
dans le ministère de. se livraient, tout
en déjeunant, à de mélancoliques ré-
flexions.
Tu sais ?. dit l'un d'eux; je viens
d'envoyer ma démission. Et toi ? 1
Moi, j'allais en faire autant. mais,
maintenant, je me contente de la
tienne ).
Guibollard revient de l'Hôtel des.
Ventes.
Il y avait des occasions magnin-
ques. Ainsi j'ai vu vendre vingt-quatre
volumes superbes pour quinze francs.
Quel était cet ouvrage ? 1
C'était intitulé Œ'Mwes coMtp~
UM OOMtNe
s.
PETITS POEMES PARISIENS
Mette d'honneur
Av&nt-hier, M. de H. ruiné par le jeu,
se faisait sauter la cervelle. L'histoire est
banale. Un soir, ce malheureux, qui, jus-
qu'alors n'avait jamais touché à une carte,
ayant en poche six cents francs, gagna
six cent mille francs. Levertige le prit.De-
puis lors, il courut les tripôts et les cer-
cles, gagnant, perdant. Il délaissa sa fa-
mille, abandonna la place modeste qu'il
occupait dans une administration de l'Etat,
devint l'hôte le plus assidu des claque-
dents, et finalement, ayant tout perdu et
devant à tout le monde, alla se tuer dans
UM chambre d'hôtel meublé.
Je sais une histoire de jeu bien autre-
ment tragique, quoiqu'elle n'ait point eu,
pour dénoûment, un coup de pistolet ou
une fiole de laudanum. Les acteurs -de ce
drame existent toujours, et vous les pouvez
coudoyer journellement.
Henri de C. arriva, il y a six ans, à
Paris, léger d'argent. Son père, un vieux
gentilhomme breton, voulait qu'il y étu-
diât son droit. Son nom, ses parentés et ses
recommandations le firent bien vite rece-
voir dans le monde. Présenté par deux
gentlemen très aimés, il fut admis d'emblée
à Royal-Bonbon, un club difficile qui éplu-
che avec soin ses candidats. Henri ne pou-
vait tenir grand état dans la vie, avec la
pension de cinq cents francs par mois, que
lui servait son père. Mais le bonhomme
n'avait que vingt mille francs de rente, et
l'on comprendra qu'il devait s'imposer
beaucoup de sacrifices, pour arriver à
payer chaque mois, cette somme, lourde
.pous sa petite fortune. Henri commença de
faire des dettes; il empruntait aux amis,
cinq louis par là, dix louis par là, et con-
nut quelques usuriers. Puis il joua et fut
heureux. La veine l'enhardit. En quelques
mois il se trouva à la tête de soixante
mille francs. Il se fit alors très élégant, eut
des' chevaux, des maîtresses et un joli rez-
de-chaussée dans une rue calme des
Champs-Elysées. Tout allait bien. Il ne
tarda pas à s'afficher avec Rosé S. une
femme un peu mûre, il est vrai, mais ayant
conservé de beaux restes, et ce qui est:
rare, de grosses économies. Rosé l'adorait,
avec toute la violence d'une dernière pas-
sion. Le père, qui connaissait l'existence
de son fils, le gronda d'abord, le supplia
ensuite de revenir au travail, et comme
les conseils et les prières demeurèrent
vains, il se fâcha tout net et ne voulut
plus entendre parler d'Henri.
Pendant trois ans, ce fut une vie ;char-
mante. Le jeu suffisait à tout. –Quel vei-
nard que ce C. disaient les amis, non
sans une pointe de jalousie méchante.
Un jour, on apprit, .que dans une taille
malheureuse, le jeune C. avait non seu-
lement tout perdu, mais qu'il devait une'
somme de trois centcinquante mille francs.-
Le fait était vrai. Ce soir-là, le pauvre.
garçon s'était acharné contre la déveine, et
tout s'était effondré. Trois ans de travail,
de prudence et d'habileté perdus en une
heure et perdus irrémédiablement Il eut
comme un éblouissement, comprit qu'il
était déshonoré, qu'il fallait renoncer à sa
vie, a ses habitudes, qu'il fallait se tuer,
peut-être Il quitta le cercle, tout pâle et
tout chancelant, etrentra chez lui. Il avait
promis d'aller chercher sa maîtresse chez
une ds ses amies qui donnait une grande
fête Il n'osa pas. Troublé comme il l'était,
il aurait dû répondre à des questions., subir
des reproches. Il n'en avait pas le courage.
II se jeta tout habillé sur son lit et pleura
longtemps. Comment payer cette somme?
Impossible. Et il se mit à réfléchir au genre
de mort qu'il choisirait.
Le lendemain, à onze heures, on sonnait
chez lui.
Rosé! ah t c'est toi ) 1
Pourquoi n'es-tu pas venu me cher-
cher ?
–J'étais souffrant, ma chérie; tu vois
comme je suis pâle t
–Souffrant? ce n'est pas vrai, tu as
joué? `l
Je t'assure)
Allons, ne mens pas. Tu as joué, je le
sais, et tu as perdu. beaucoup, je le sais
aussi.
Eh bien) oui, j'ai perdu. Et il faut que
je me tue!
Tu es fou. Il faut que tu paies, voilà
tout..
Que je paie?. Mais tu ne sais donc
pas?
Rosé, sans répondre, avait ouvert un
sac qu'elle tenait à la main, et vivement en
avait vidé le contenu sur une table.
Quand ce fut fini:
Allons, je me sauve. Tu viendras tan-
tôt, pas?Et surtout ne dis point de bêtises,
comme tout à l'heure.
Et sans lui donner le temps de se lever,
elle disparut. Clac, clac! Les portes se re-
fermèrent. Une seconde après, on entendit
le roulement de la voiture dans la rue.
Henri se leva, s'approcha de la table et
poussa un cri.
Non, ce n'est pas possible. Voyons,~
je suis fou. Rosé t Rosé 1 Cela ne peut pas
être. Je suis fou, fou! l
Non, il n'était pas fou. Sur la table, des
liasses de billets .de banque étaient jetées,
pêle-mêle, couvrant le tapis entièrement.
Tremblant, il les prit, s'approcha de la
fenêtre pour les mieux voir, Tes compta.
Trois cent cinquante mille francs Le
compte y était. Et c'est elle qui.
Oh! dit le jeune homma en se cou-
vrant le visage de ses mains oh). Et il
sanglota, éperdu.
Quand il fut redevenu un peu plus calme,
son premier mouvement fut de renvoyer
cet argent à sa maîtresse. Puis il réfléchit.
C'était la vie, après tout, que ces billets de
banque, c'était l'honneur. L'honneur Il ne
se pouvait pas que la chance l'abandonnât
pour toujours. Il regagnerait ce qu'il avait
perdu. Et puis son père, son père ne pour-
rait pas. Il partirait le soir même; il
trouverait bien le moyen de l'émouvoir.
ettousies~ca'que vous soufflent à
l'esprit les conseils de la lâcheté.
Il paya. A cinq heures, le soir même, il
partait pour la Bretagne. Il arriva, dès
l'aube, chez son père..
Monsieur dort, dit le vieux valet de
chambre, tout ébahi_de voir débarquer de
la sorte son jeune maître.
C'est bien. Ne le réveillez pas. Vous
lui direz seulement, quand vous entre-
rez dans sa chambre, à l'heure accoutumée,
que je suis là t
Comme monsieur va être content j 1
s'écria le vieux serviteur avec joie.
Content! le pauvre père Mais comment
oserait-il lui faire l'aveu de sa situation?
Il connaissait son père, il savait combien il
était intraitable sur les questions d'hon-
neur Il le fallait cependant! au risque de
le tuer 1
Pendant une heure, Henri connut toutes
les angoisses. Il tremblait comme un cri-
minel en face delà guillotine.
Non, c'est inutile, disait le père. Tes
prières ne me fléchiront pas. D'ailleurs, je
ne le peux pas. Je n'ai pas de fortune.
juste assez pour vivre. Ainsi tu peux repar-
tir.
Mais vous ne savez pas, mon père t
Je sais que tu es un polisson, que tu es
en train de déshonorer mon nom, je sais
que je n'ai plus pour toi la moindre affec-
tion, voilà ce que je sais.
–Mais cet argent, cet argent que je
vous demande, vous ne savez pas à qui je
le dois.
Que m'importe 1 N'insiste plus et va-
t-en.
–C'est bien, mon père, je pars. Vous
ne me reverrez plus, je vous le promets.
Mon dernier espoir perdu, il ne me reste
plus qu'à mourir.
Mourir toi ) Je,t'en défie. Tu es bien
trop lâche pour cela.
–Et si je vous disais que cet argent, je
le dois à ma maîtresse, une fille,' comme on
dit, une fille, qui demain, se repentant de
sa générosité, peut crier, partout, à Paris
ne pourrait pas me les rendre ?
A ces mots, le père avait pâli. Il chan-
cela.
Misérable ) s'écria-t-il,' d'une voix
étranglée, misérable, oh le misérable 1
Et il défaillit. r
Ayant repris connaissance.il regardason
nls,etsesouvint.
Vous avez raison, .monsieur, dit-u.,
Retirez-vous dans .votre chambre. Vous
vous ferez servir là, et vous attendrez me&
ordres. Rassurez-vous, j'espère que vo-us
pourrez partir ce soir.
–Monpère,monpère< implorale jeun~
homme.
A partir de ce moment, je vous dé-
fends, monsieur, de m'adresser la parole.
Vous n'êtes plus mon fils. ;j
Le soir; Henri recevait des mainsjdù ya-~
let de chambre un pli cacheté, contenant:
les trois cent cinquante mille francs. Son-'
père avait pu .emprunter cette somme
au notaire de la ville, à là condition qu'i~
abandonnât tous ses droits sur ses pro-
priétés.-
Henri rentra à Paris,. ne rendit a Rosé
que trois cent mille francs, et avec les cin-
quante mille, francs gardés, parvint, grâce'
au jeu, à ne rien changer a sonexistence.
Il ne sacrifia ni un cheval~ ni unevoi-~
ture, ni un bibelot, ni une femme/ni un.'
plaisir. Il attendait qu'une chance heureuse:
lui permît de rendre à.sonjpère la -fortune'
qu'il était venu lui yolér. Cette chance, r
n'est point encore arrivée.
Quant au vieuxpëre, ses propriétés yen-~
dues, et les comptes faits, il. ne lui resta.
que trente mille francs. Grâce à.unanu,!r
a putrouyer à Paris une place de six mille
francs, dans une société de crédit.
Le soir, son travail terminé, quand il va,'
pesant et courbé, prendre un peu de bon
air le long des Champs-Elysées~ il peut
apercevoir son fils, descendant l'avenue,
dans une Victoria attelée de deux superbes
trotteurs.
trotteurs..AH~AC:
BEi~'r~~i-.i-r
-<-
Un dessinateur spirituel, un confrère
aimable, un homme de bien, tel fat Ber-
tall.
Nous n'avons pas lu sans émotion la.
dépêche qui nous apportait la fatale
nouvelle de la mort de ce travailleur in-
fatigable. C'est dans l'Ardëche qu'il.
s'est éteint, jeudi, dans l'après-midi.
Nous ne pou vous, à cette place, que re-
tracer les principaux traits de cette phy-
sionomie sympathique et si parisienne.,
Bertall, dont le vrai nom est Charles-
Albert, vicomte d'Arnoux, comte de Li-
moges Saint-Saë~s, était né à Pans le
18 décembre 1820. ~on père, qur était
ancien commissaire de~ guerres, le des-
tinait à l'Ecole polytechn~u_e;majs il
préféra la peinture et entra à J atelier de
Drolling.
Bientôt il abandonna là peinture pour'
le crayon d~caricaturisteetdu. dessina-
teur. Sa voie était trouvée. `
Depuis, ce qu'il exécuta de dessins est
inimaginable; il n'est pas un journal tî-
lustré auquel il n'ait collaboré. Les édi-
tions dans lesquelles il a semé ses amu-
santes fantaisies, sej comptent par cen-
taines. Nous avons tous ri (il y a long-
temps, hélas!) en feuilletant les cent
volumes de Paul de Kock, que sa verve
peupla de types si amusants. « .1
Bertall, à ses heures, fut un écrivain
élégant et un critique compétent.
IF laisse trois charmantes jeunes nlles,
trois jumelles, à la douleur desquelles
tous ceux qui ont connu le nom de Ber-
tall s'associeront.
M.S.
LEStYC~SDETOULO~E
DE NOTRE CORRESPONDANT SPECIAL
Toulouse, 25mars.
Nos lycéens ont voulu, comme leurs
émules de Lyon, faire leur petite révolu-
tion. Cette tentative de rébellion ne leur a
guère réussi, car aujourd'hui, à midi, qua-
tre vingts élèves ont été, sur l'ordre du rec-
teur de l'Académie, licenciés et rendus à
leurs correspondants.
Voici la cause de cette mutinerie: dans
la matinée, cinq élèves, appartenant tous
aux.classes supérieures, s'étaient révoltés
contre un de leurs maîtres, refusant de
faire les punitions qu'ils avaient méritées
accompagnés de cinquante camarades, ils
se rendirent en vociférant la 3f
M~Mta
frères punis.
On devine aisément l'accueil fait par le
proviseur à ces sommations révolution-
naires
Les classes supérieures ont été immédia-
tement licenciées; les autres classes conti-
nuent.
.B.
SOUS LE MASQUE
On a bien souvent parlé du chic sans
pouvoir déterminer cette chose insaisis-
sable, ce < je ne sais quoi qui n'est ni l'é-
légance, ni la distinction, ni la richesse, ni
la grâce, ni l'originalité, ni le charme, ni
la séduction., qui est JH! en6n, et qui est
tout.
Il notte au bout de vos ongles roses, ma
belle lectrice, il se cache avec votre petite
main dans les longs gants noirs qui enfer-
ment vos bras potelés. Il est dans votre
démarche coquette, dans vos gestes exqui.
sement naturels, il danse dans vos frisons
d'or, il frissonne dans le serpent symboli-
que qui s'enroule à votre col de cygne,
dans la perle e~~M~* d'une cerne diamen-
tée qui resplendit à la conque rosée de
votre oreille mignonne.
Le dix-septième siècle eut ses femmes
savantes le dix-huitième ses jolies, fem-
mes. Le dix-neuvième a inventé la femme
chic.
Aujourd'hui, la femme n'est plus jolie,
'spirituelle, élégante, belle, seulement
Pour être complète, elle doit être ~'c
C'est le yOn peut être élégante sans être chic,
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