Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1881-12-28
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 décembre 1881 28 décembre 1881
Description : 1881/12/28 (Numéro 837). 1881/12/28 (Numéro 837).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k524097b
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/02/2008
Mercredi 28 Décembre 1881
1
~AR!8 & Centimes. DËPAMEMEMTS ET GARES ~0 CËK'Ï'ÏM]~
Quatorzième année. Deuxième Séries –Numéro 83?
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PAUL DELÉ.AGË~~
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MM. Ch. ~.a.g'rango. Cerf et 0'*
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ABONNEMENTS
PARIS Trois mois.. ? 7 7 ~Sfr.EO
DÉPARTEMENTS Trois mois.
REDACTION
W. hentovtn'd ae< Btattent, e
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Ï.ESMANttSOR!T8 NE SEKONT PAS RBNDt!*
O~mBtA.tlKE
LA GAUCHE BT LA DROITE.
Nos EcHOs. Mrt Domino. °
CHOSES DU JOUR. Gtt~ de MetK~CtMO:
PRIERE A SAINTE OPPORTUNE. GHS REPHËSKNTATION A L'OPÉRA.– MctK/'tCS Ordon-
HeaM.
LA JOURNËE PARISIENNE. 7'0!t<-P(trt9.
CONSEIL MUNICIPAL.
ELECTIONS SÉNATORIALES.
La GAULOIS PARTOUT.
LETTRES DE BRUXELLES. Va/t '~CM'd.
NosPRIMES.
LA BouRSE. Dsrj'e~.
TRIBUNAUX. ~o:t
DÉPARTEMENTS. G. I.MM.
NOUVELLES DIVERSES. GM< S PORT. Str Beo~.
ËCHOS DES THEATRES. Af FEUILLETON CIGARETTE. OKMct.
!t ftT[f!tf Mt6 Mun!)!
MbmMEiMMMiii
On fait quelque bruit dans la petite
église parce que les républicains modé-
rés, sensés, se sont rencontrés dans
deux ou trois votes, avec les droites du
Sénat. H y a eu des homélies prononcées
dans ta. chaire, et des lamentations dans
la sacristie. Tout cela pour la revision et
pour l'article 7.
Les républicains sensés sont opposés
à la revision, cela est tout naturel. La
Constitution nous a donné la paix pen-
dant six ans; elle nous a permis de con-
solider la République nous ne voulons
pas la renverser étourdiment, comme
des enfants qui jouent au jeu de faire
des constitutions et des révolutions.
On aurait pu craindre que les droites
ne fussent, d'un autre avis. Elles n'ont
pas les mêmes raisons que nous de veil-
ler au salut et au maintien de la Répu-
blique. Ce sont elles qui, en 187S, ont
insisté pour garder le droit de revision,
parce qu'elles comprenaient fort bien
que, plus on revise une Constitution,
plus on l'aSaiblit. Elles espéraient d'ail-
leurs tirer quelque chose, pour les idées
qui leur sont chères, de ce seul fait que
l'existence de la forme républicaine du
gouvernement serait mise en question.
Pour les mômes raisons, nous voulions
rendre les revisions rares et difficiles.
Aujourd'hui, les droites, qui voient les
révolutionnaires alléchés au seul mot
de revision, et qui comprennent qu'ils
ont quelques chances et qu'elles n'en ont
pas du tout, passent provisoirement à
notre opinion. Ce n'est pas le moment
pour nous de l'abandonner.
Il en a été de même pour l'article 7.
Quand la loi sur l'enseignement supé-
rieur a été votée à Versailles en i875,
les républicains, en immense majorité,
ont voté l'article qui consacrait la li-
berté de l'enseignement. Au contraire,
ils ont voté contre l'article qui donnait
cette liberté aux grandes associations,
et par conséquent au clergé, la retirait
aux individus, et par conséquent aux li-
bre-penseurs contre l'article qui assi-
milait les universités libres à l'univer-
sité de l'Etat, et qui leur conférait dans
l'Etat une autorité politique par l'institu-
tion des jurys mixtes pour la collation
des grades.
La loi présentée par M. Ferry avait
pour but d'effacer ces deux derniers ar-
ticles de la loi de i875 elle répondait
par là aux aspirations, aux exigences du
parti républicain. Par malheur, M. Ferry
y avait ajouté l'article 7, c'est-à-dire la
négation de la liberté d'enseignement.
Devant ce projet mêlé de bien et de mal,
les votes ont été ce qu'ils devaient être.
Les droites ont voté laliberté d'enseigne-
ment, comme elles l'avaient fait en 187S;
elles ont voté, toujours comme en 187S,
contre la liberté des conférences et pour
le maintien des jurys mixtes. Quant
aux républicains libéraux, aux républi-
cains sensés, ils sont restés également
ndéles à leur conduite et à leurs doctri
nes ils ont voté le principe de la liberté
en repoussant l'article 7, et ils ont voté
ensuite la liberté des conférences et la
suppression des jurys mixtes. Ils ne se
donc déjugés sur aucun point.
Il s'est trouvé à côté d'eux des républi-
cains qui, par esprit d'obéissance au mi-
nistére, et surtout au maître du minis-
tère, ont abandonné un principe essentiel
du droit politique, une liberté nécessaire,
la plus nécessaire des libertés. C'est une
faute de leur part, une contradiction, une
faiblesse. Nous ne leur ferions pas un
reproche de cette conduite malavisée,
s'ils n'étaient pas agressifs. Mais ils nous
forcent, en quelque sorte, à dire qu'ils
ont abandonné, par ordre, leur propre
opinion.
Quand ils avaient voté, à Versailles, le
"principe de la. liberté de l'enseignement,
est-ce qu'ils n'avaient pas voté avec la
droite ? Il n'y a que M. Challemel-La-
cour, et le très petit nombre de députés
"qui s'étaient prononcé:, contre la liberté
à la suite de son discours, qui aient eu le
droit de voter l'article 7, et qui peuvent
se vanter maintenant, si cela les amuse,
de n'avoir jamais voté avec la droite.
Et cependant non. La gauche compte
M certain nombre de sénateurs inamo-
vibles'nommés par l'Assemblée natio-
nale. II est assez probable qu'ils ont voté
pour eux-mêmes ils ont donc voté cette
fois-là avec une partie importante de la
droite, car on sait que le succès de la
liste des gauches fut dû à une coalition.
Cette coalition, qui a fait dans le temps
assez de bruit, fut préparée par MM.
Jules Simon, Gambetta, Lepere et deux
ou trois autres. On trouva alors que
c'était un coup de maître.
Nous pourrions citer bien d'autres oc-
casions où les membres les plus zélés,et
même les apôtres de la petite église,
n'ont pas dédaigné l'appoint des votes
de la droite. Ils ont fait cela toutes les
fois que cela leur a été utile; ils crient
contre cela toutes les fois que cela les
contrarie.
C'est la logique des partis, et plus par-
ticulièrement des partis qui ne sont que
des coteries.
Nos Echos
Le rewpt. dMeoM&fs ~Deux centres de froid existent ce matin en Eu-
rope l'un s'étend du centre à l'est de la France, et
l'autre se trouve au sud de l'Autriche le thermo-
mètre marquait ce matin, à sept heures, –8'' à
Clermont, Berne, -5 à Lyon, et –13" à Hcrman-
stadt au contraire, le temps est très doux sur les
nés-Britanniques, la Norwège et h Suède ()0'' Va-
lentia, 8 Skudesnes, 6 Stockholm).
En France, le temps va rester beau.
A 6 heures, dinar au Grand-Hôtel a.dmiasion
jusqu'à 6 heures 3/4.
Pendant la durée du d!ner, l'orchestre de
M. Straram jouera dans la. nouvelle salle de
musique. MENU
MENU
Potage julienne au consommé
Hors-d'œuvre
Filet de barbue & la Mornay
Pommes de terre au naturel
Quartier do pré-salé à la purée do marrons
Vot-au-vent à la toulousaine
Faisans bardés
Salado
Salsifis frits
Poires meringuées
Gla.ca
Bombe au chocolat
Desserts
Fromages, fruits et patits-fourtt
A 8 h. 1/2, au Café Divan, séance de billard
par M. Gibelin, professeur du Casino de Vichy.
Le salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, orgue, tables de jeux. Dinar à la carte
au restaurant.
Le programme du dïner-ooncart. Vo:r A la.
4' page.)
LA POL!T)OUE
La direction générale des cultes est
supprimée par décret du 24 décembre.
Ce décret n'est pas précédé, comme les
décrets importants, d'un rapport au pré-
sident de la République. Un aref consi-
dérant indique qu'il est la conséquence
du transfert au ministère des arts de la
direction des édinces diocésains.
Un arrêté du même jour charge M.
Castagnary, conseiller d'Etat, de la réor-
ganisation de l'administration des cultes
et de l'étude des modifications à appor-
ter dans les lois, décrets et ordonnances
qui les concernent.
C'est la mission que Napoléon 1~ avait
connée à un autre conseiller d'Etat, M.
Portalis.
M. Castagnary est auteur d'un petit
livre in-32, intitulé les ./<~M: M /'r6!Mps~caux,enl876 ou 1877. Cette brochure
n'est pas une contrefaçon des -Prout~c:<ï-
les c'est une étude de la question juri-
dique, qui a. été utile à M. Ferry. L'au-
teur y démontre, à la page dOO, que la
Société de Jésus est le véritable péril
social.
Ceux qui ont maintenant intérêt con-
naître les idées de M.6astagnary pour-
ront les étudier dans ce petit livre.
LE MONDE ET LAVtLLE
Le VoMrM~ o//t<~ publie ce matin les
décrets nommant:
M. le baron de Courcel, ambassadeur
de la République française à Berlin
M. le comte de Chaudordy, ambassa-
deur de la République française à Saint-
Pétersbourg.
&'OM~ MOiMHK~ ~'eHOYMM. les généraux de brigade de
Launay, en remplacement de M. le gé-
néral Farre, placé hors cadre
Lardeur, en remplacement de M. le
général Jeanningros, admis dans la ré-
serve
Duez, en remplacement de M. le gé-
néral Garnier admis dans la réserve;
Bardin, en remplacement de M. le gé-
néral l'Hériller, admis dans la réserve.
M. Challemel-Lacour repartira, pour
Londres samedi prochain auc d'assister
à la réception diplomatique qui a lieu le
l" janvier.
M. le vice-amiral Krantz, comman-
dant en chef l'escadre de Toulon, est de-
puis deux jours à Montpellier, où il est
allé assister au mariage de son nls, lieu-
tenant de vaisseau, qui épouse la nlle
d'un notaire de cette ville, Mlle Jean.
S. Exc. le duc do Fernan-Nunez arri-
vera demain à Paris venant de Milan.
L'ambassadeur d'Espagne passera à
Paris le jour de l'An ann de faire les vi-
sites ofncielles; le 2, il partira pour Ma-
drid, où il passera quelques jours en
attendant que les travaux d'installation
de l'ambassade d'Espagne soient termi-
nes.
Le duc et I& duchesse donneront plu-
sieurs grands bals cet hiver. Attendons-
nous donc à de brillantes fêtes.
L'ambassade russe vient de solliciter
et d'obtenir des fonds spéciaux pour
l'embellissement de l'église de la rue
Daru.
Les travaux commenceront prochai-
nement.
Brillante chasse à courre avant-hier
près de Nouvion. Parmi les chasseurs,
qui tous appartenaient à la haute aris-
tocratie, se trouvaient le duc d'Aumale,
le prince de Joinville, le comte de Paris et
le duc de Chartres. On a forcé trois san-
gliers.
Presque tous les chasseurs portaient
l'habit rouge, les bottes à revers et le
chapeau à haute forme.
C est le costume de chasse anglais qui
s'est décidément implanté chez nous, et
pour lequel nos gentlemen ont aban-
donné l'habit vert, dit habit de Saint-
Hubert.
Sir Richard Wallace et lady Wallace
donnent, en ce moment, de grandes par-
ties de chasse à Sudbourne Hall, Essex,
où de brillants équipages de chasse se
sont rendus avec leurs propriétaires.
Grâce à l'étendue des chasses réservées
dans l'immense domaine du généreux
philanthrope, ses hôtes et invités font,
chaque jour, de nombreuses victimes
qu'on expédie partout, aux parents et
aux amis, pour figurer avec honneur
sur les tables toujours si bien garnies
de la huitaine de NoëJ.
Parmi les invités de sir R. Wallace,
citons: le marquis de Malterre le vi-
comte de Tristain le comte de Cara-
mon M. de Villeplain le major-géné-
ral H. F. Keane M. T. G. Cobbold, etc.
Unedistinguées, Mme Lippincott, née Grace
Greenwood, vient d'arriver à Paris. Sa
santé délicate lui avait conseillé d'aller
passer l'hiver en Algérie où en Egypte;
mais, en présence de l'hiver clément
dont nous jouissons à Paris, le célèbre
écrivain d'au-delà de l'Atlantique a dé-
cidé de rester dans la capitale, où elle a,
du reste, amener à bonne fin divers ro-
mans qu'elle s'est engagée à livrer au
printemps prochain, et dont la société
parisienne doit être l'objet. En môme
temps, Mme Lippincott veillera à l'édu-
cation artistique de sa fille, dont le jeune
talent de cantatrice est plein de pro-
messes.
Mutations nouvelles et datant d'hier
dans les hôpitaux de Paris, par suite de
la démission de M. Frémy, médecin de
l'Hôtel-Dieu.
M. Vulpian passe de la Charité à l'Hô-
toI-Dieu; M. Féréol, de Beaujon à la
Charité; M. Fernet, de Lariboisiëre à
Beaujon M. Duguet, de Saint-Antoine à
Lariboisiëre M. Gourand, de Sainte-
Périne à Saint-Antoine M. Landrieux,
du bureau central à Sainte-Périne M.
Raymond, du bureau central à Ivry.
L'hospice des Enfants assistés vient
d'être particulièrement favorisé de legs
importants faits à l'administration de
l'Assistance publique exclusivement en
sa faveur.
Parmi ces legs tout récents, relevons
ceux du baron de Nièvre, '100,000 francs;
de M. Chaumont, 20,000 francs de Mme
veuve Bartsch, 12, MO francs, et de Mme
veuve Duménil, 2,000 francs.
On ne saurait donner trop de publicité
à de pareilles libéralités.
Le banquet de la Société de protec-
tion mutuelle des commis voyageurs
aura lieu jeudi, à l'hôtel Continental,
sous la présidence de M. Brisson.
Parmi les personnes qui y ont été in-
vitées se trouvent MM. Engelhardt,
président du Conseil municipal; Dela-
brousse, Cernesson, Hattat, Dépasse,
conseillers municipaux Berthelot, Ho-
noré, sénateurs Jules Steeg, Achard,
Cheneau, Bouchot, Vermont, Edmond
Henri, Antonin Dubost, députés, et le
colonel Riu.
On annonce la mort de Mme veuve
Nicollet, mère du célèbre bâtonnier de
l'ordre des avocats que le barreau a, perdu
il y a un an.
Les obsèques de M~ le général, baron
de Juniac, qui est mort lundi dernier, à
l'âge de soixante et onze ans, auront lieu
aujourd'hui, à midi, en l'église de la
Trinité. CD
On se réunira à la maison mortuaire,
rue Blanche, 6~.
Les obsèques du général Berthaut ont
eu lieuhier, àmidi, en l'église Saint-Phi-
lippe du Roule.
Au domicile mortuaire, S4, rue de
Ponthieu, le corps avait été exposé sous
le portail, que dissimulaient de vastes
draperies noires. Une chapelle ardente
avait été érigée.
Quelques minutes avant midi, le cor-
tège s'est formé et le convoi s'est mis en
marche.
En tête se trouvait l'escorte d'honneur,
qui était composée d'un détachement de
la garde républicaine, de deux batail-
lons de ligne, d'un escadron de cuiras-
siers et d'une batterie d'artillerie.
Les cordons du poêle étaient tenus
parMM. les généraux Lecointe, de Berck-
neim, Bressonnet et Lallemand. Les
deux nls du défunt, tous deux capitai-
nes, l'un dans l'état-major et l'autre
dans la ligne, conduisaient le deuil avec
leurs trois oncles paternels.
Derrière le corbillard, uncavaliercon-
duisait le cheval de bataille du défunt.
Parmi les nombreuses personnes qui
suivaient le cortège, nous avons remar-
qué
MM. le duc d'AumaIe, les généraux de
Miribel, Canrobert, Fleury, Ducrot, Gal-
liffet, Bataille, Campenon, Ribourt, Bo-
rel, de Chabaud-Latour, France, d'An-
dtau, de laJaille.de Fénelon,Woia, Hen-
rion, Thomassin, de Palikao MM. le
due de Nemours, le due de Broglie, de
Fourtou, Herold, Denormandie, Keller,
Thirion-Montauban. Riant, le comte de
Riancey, Camille Doucet, Etienne Ara-
go, etc. 1
Dans l'église, un immense catafalque
orné de drapeaux avait été dressé. Le
chœur était entièrement tendu de noir.
Après la messe, qui a été dite par M.
l'abbé Caulliac, M. Cathelin, curé de
Saint-Philippe du Roule, a donné l'ab-
soute.
Toutes les personnes qui assistaient à
la cérémonie ont alors défilé devant les
parents du défunt pour leur faire les
compliments d'usage.
Le duc d'Aumale et le duc de Ne-
mours ont embrassé les deux fils du
général Berthaut.
Pendant ce long dénié, la musique
du ~9" de ligne a exécuté la Ma;~c~e /M-
?K~re, de Chopin, et la Marche poM~ les
/'«K~s ~'MM/os, de Beethoven.
La cérémonie terminée, le corps a ét.é
descendu dans un des caveaux de l'é-
glise, d'où il doit être transporté à Gen-
lis, le pays natal du défunt, pour y être
définitivement inhumé.
NOUVELLES A LA MA)N
Deux badauds, l'homme et la femme,
à tournures étranges et sentant leur
province, sont arrêtés sur le boulevard
devant la vitrine d'un marchand de ta-
bleaux.
Apres avoir contemplé longtemps les
toiles exposées, la femme s'écrie
Mon Dieu Isidore, faut-il qu'il y
ait des gens qui n'aient rien à faire pour
avoir peint tout cela!
A l'Assommoir
Dis-moi, Gu~usse, pourquoi qu'on
représente toujours la Vérité sortant d'un
puits?
Je vas te dire, Pichu. c'est qu'elle
est souvent altérée
Un des nombreux effets de l'instruc-
tion secondaire des jeunes nlles
Et toi, Marcelle, la bataille de Ro-
croi, c'était.?
So'is Louis XIV ou sous Louis XVI;
un Louis quelconque je ne me souviens
plus de son numéro.
UN DOMINO
MMSES M JMS
Les journaux semblent avoir envisagé
déjà toutes les conséquences du procès
Roustan-Rochefort. Il en est une, cepen-
dant,à laquelle ils n'ont point songé:
c'est que le verdict du jury rend indis-
pensable le remplacement immédiat de
tout notre personnel diplomatique, au-
quel devra succéder un personnel nou-
veau, élevé selon d'autres principes.
Les vieilles règles de l'habileté inter-
nationale viennent d'être bouleversées
de fond en comble par le jugement des
quelques bourgeois charges de sonder
la conduite de notre ministre à Tunis. On
afnrme même qu'une vingtaine de se-
crétaires d'ambassade ont déjà donné
leur démission, ou demandé par télégra-
phe des instructions détaillées et pré-
cises à leurs supérieurs.
Qae vont répondre ceux-ci ?
La question est fort difficile.
Jusqu'ici, quand un jenne homme vou-
lait entrer dans la carrière diplomatique,
il devait, avant tout, remplir les condi-
tions suivants
Etre beau garçon;
Noble autant que possible;
Riche;
Avoir l'habitude des salons;
Savoir causer avec les femmes; et sé-
duire, oh séduire 1
Le reste importait moins. Il faisait
son stage au ministère. Là on lui ap-
prenait surtout à saluer. Ce salut des
attachés d'ambassade (le même pour
tous les peuples), est une des choses les
plus difficiles à exécuter qui soient au
monde.
On s'avance fièrement d'abord vers la
personne à qui s'adresse l'hommage.
Puis on s'arrête d'un mouvement brus-
que, les jambes droi-tes, les pieds ras-
semblés, le claque tenu par les deux
mains sur le ventre; et. soudain, le torse
entier, depuisie point où il nnit jusqu'au
sommet du crâne, s'abaisse d'un seul
morceau, de façon que le corps forme
un angle absolument droit, et que l'être
salué, s'il est assis, se trouve avoir le nez
tout contre le sommet, soit poli, soit che-
velu, de la tête inclinée.
On se redressa aussitôt sans faire sem-
blant d'avoir vu celui ou celle qu'on a
honorée ainsi, et l'on s'en va d un air
indifférent.
Cela n'a l'air de rien, n'est-ce pas ? Eh
bien j'en sais peu qui l'exécutent en
perfection, cette inclination savante.
Quand un jeune apprenti ambassadeur
sait accomplir absolument bien cette
manœuvre, son avenir s'annonce magni-
nque.
En un mot le fond du sac de la rouene
politique à l'étranger est séduire, plaire,
capter. Le bataillon d'élite de nos repré-
sentants se recrutait exclusivement
parmi les mondains, et parmi les mon-
dains rafnnés. Au moment de leur dé-
part, le ministre des aiîaires étrangères,
se penchant & leur oreille, leur confiait
ces fameuses instructions secrètes dont
tout envoyé ordinaire ou extraordinaire
est dépositaire. Ces instructions, les
voici en quatre mots Tout par les
femmes. Ce que le diplomate traduit
quelquefois par Tout pour les fem-
mes. »
Et dans chaque capitale nous entre-
tenions –d'une façon insufnsante, i! est
vrai/pour leurs fonctions un essaim
d'élégants jeunes hommes à qui l'am-
bassadeur répétait sans cesse comme un
vieux général encourageant des con-
scrits s Séduisez, messieurs, séduisez 1
Suivez les vieilles traditions imitez
l'exemple de notre maître à tous, le duc
de Richelieu. &
Et on séduisait, morbleu, on sédui-
sait ferme. Tous les secrets de cabinet
devenaient des secrets d'alcôve, et réci-
proquement. Les traditions de galante-
rie ne se perdaient certes pas, et la
France marchait en tête des. puissances
dans le cœur des belles étrangères.
Personne ne songeait à s'en plaindre.
=~
Or, voilà qu'un de nos représentants
envoyés en Orient, dans un des postes
les plus difficiles, en un pays où tout
le monde est véreux, où tout se paie, où
tout s'achète, où tout se fait par ruse,
découvre, trouvaille de génie digne du
vieux Talleyrand, cet admirable ménage
Elias que tous les représentants étran-
gers ont dû lui envier. Il se sert de
Phomme, se sert de la femme suivant
les principes reçus, paie l'un en hon-
neurs, l'autre en fermant les yeux sur
les pots-de-vin, qu'elle reçoit selon la
mode orientale. 11 accomplit parfaite-
ment sa mission. Le ministre est con-
tent, le gouvernement est satisfait. Per-
sonne ne réclame. Un procès a lieu, et
les honorables commerçants quelcon-
ques qui composent le jury uétrissent
notre représentant dans un jugement
solennel, parce qu'il a mis en pratique
les fameuses instructionssecrëtes: *Tout
par la femme!
Aussitôt une panique se produit
dans toutes les ambassades. Ce ne sont
que ruptures, cheveux renvoyés, larmes
amères, menaces de vengeances. Et
tous les attachés, depuis le premier se-
crétaire jusqu'au dernier, n'osent plus
même adresser à une jolie femme le fa-
meux salut, dans la crainte de faire naî-
tre le soupçon d'une liaison.
Cela est d'autant plus grave que cha-
que capitale possède deux ou trois Mme
Elias, des Mme Elias de la haute '.que
les secrétaires partants lèguent régu-
lièrement aux arrivants. Que vont-elles
devenir, sans eux? Que pourront-ils sa-
voir, sans elles?
Cette situation ne peut durer. Il est
indispensable qu'une circulaire rensei-
gne exactement tous nos représentants
à l'étranger sur les modifications appor-
tées aux instructions secrètes par l'issue
de ce retentissant procès.
Ce qu'il y a encore de particulière-
ment amusant dans cette affaire, c'est
l'indignation du public à cette révéla-
tion dës~t tripotages tunisiens Com-
ment) on vous montre quelques médio-
cres ûlous de bas étage, et vous criez au
scandale! Et vous vivez à Paris! Et
vous trouvez tout simples les tripotages
parisiens des hauts seigneurs de l'ex-
ploitation publique. Depuis des années,
nées, des valeurs fantastiques montent
et descendent d'une invraisemblable
façon. Des milliers d'êtres, confiants
et naïfs, sont ruinés par quelques
aventuriers. Un coup de bourse, pré-
paré, combiné, organisé comme un truc
de théâtre, engloutit plus de petites ai-
sances, fait couler plus de larmes, se
tordre plus de bras que Waterloo et que
Sedan. Et vous trouvez cela tout simple
et naturel ) I
On parle de pots-de-vin 1 Mais qui de
nous ne pourrait raconter des histoires
plus scandaleuses que la plus révoltante
aventure révélée en ce procès ? Pots-de-
vin pour lancer des spéculations véreu-
ses; pots-de-vin pour taire accepter des
aSaires honorables; pots-de-vin pour
parler; pots-de-vin pour se taire; pots-
de-vin pour tout, à propos de tout. Nous
vivons sous le règne du pot-de-vin, dans
le royaume de la conscience facile, à
genoux devant le veau d'or.
Oh crédules jurés, braves chercheurs
d'honorabilité pure quittez Paris, mes-
sieurs allez, allez plus loin: vous n'a-
vez que faire ici.
Mais, s'il fallait expectorer des révéla-
tions sur tout ce qu'on sait, sur tout ce
qu'on devine, sur tout ce qu'on entre-
voit toutes les heures du jour ne sufn-
raient pas.
Qu'y faire? Rien. C'est le courant de
l'époque. Les mœurs 'américaines sont
venues chez nous, voilà tout.
Oh! ce que je voudrais, par exemple,
c'est qu'un nuancier foncièrement scep-
tique et spirituel écrivît ses mémoires,
racontât tout, mais là tout, pour servir
à l'histoire de notre génération. Quelle
invraisemblable musée on ferait sous ce
titre « les Hommes de Bourse ou, si
l'on préfère: les Hommes de sac ou
encore « les Hommes de proie
Pourquoi pas? Pourquoi la finance
d'aujourd'hui (une certaine finance, du
moins) n'aurait-elle pas son historien ?
Ces galeries de contemporains, quand
elles sont bien faites, interessent d'une
façon particulière, et elles ont, de plus,
l'avantage de laisser des documents à
l'avenir.
Un exemple vient d'être donné qui
serait à suivre. Juste au moment où
cette antique et surannée coutume du
duel reprend une vigueur nouvelle, une
vigueur de mode, périodique, violente
et passagère, le baron de aux, avec un
rare à-propos, fait paraître une intéres-
sante série de portraits < les Hommes
d'épée qui nous font passer sous les
yeux les curieuses physionomies de
tous les escrimeurs du jour, maîtres
d'armes, hommes du monde, artistes,
journalistes.
Il détaille le jeu de. chaque tireur, ses
ruses, ses habitudes, les juge en connais-
seur expert. ` v
Se ngure-t-on les coulisses de la
finance dévoilées ainsi, avec les trucs,
les ficelles et les trappes, où se laisse
prendre le pauvre monde ? 1
OUYDEMAUPtSSANT
PMME A SAm OPPRIME'
GehtiUe Dame qui, du ciel,' <
Avez, sans voir 1'0/)!CM<,
Cette fortune
De savoir quels sont ici-bas
Nos soucis et nos embarras,
SainteOpportunei 1
0 sainte, qui n'ignorez pas
Combien brillent dans les débats
De la tribune
Voschersdévots,petitset grands,
Lesprofesettesaspirants..
SainteOpportunet 1
Pour tous, obtenez du bon Dieu i
Qu'ils fassent pâtir Richelieu,
Et que chacune
Des sept grâces du Saint-Hsprit,
Pénètre dans leur cœur contrit,
SainteOpportune! Opportune
Rendez fins ceux,qui sont épais `
Et donnez aux pauvres niais
Comme la lune
Le jugement, tesenscommun
'Et moinsdezete. inopportun,
SainteOpportune) 1
Pour peu que de Cahars à Tours,
Dans l'espace de quelques jours, i'
Le gros Neptune
Change deux fois de ~MO~ e~o
Les deux fois chacun dit: Bravo!
Sainte Opportune
De cette inconstance, ils sont fiers,
Courant, ondoyants et divers,
Tantôtia brune
Et tantôt la blonde aux doux yeux.
Priez, ô priez b!en pour eux,
SainteOpportune! I
Hs sont toujours prêts à céder:
Protégez-les, sans leur garder °
De la rancune
De n'avoir pour la Liberté
Qu'un amour d'amant dégoûté,
Sainte Opportune
Détournez de votre parti
Lescoupsdubrasappesanti.
De l'infortune;
Servez~leurde~~M~dtMMt
~tSCCCM~~a'CM~O~MM, ;)
Sainte-Opportune! OpaTA~E
OU3TAVE P'tTA
MPR~EmmAL'BPËA
AU BÉNÉFICE D.ES s
tNCEND!ÈS DU RiNG-THEATER ET DES
NAUFRAGES DE LA MANCHE
A moi les adjectifs les plus laudatifs
et les formules les plus enthousiastes
Si je sais comment m'en tirer pour
rendre j justice & chacun
Organisateurs et artistes ont rivalisé
de dévouement, de zèle et détalent, et la
représentation d'hier soir & l'Opéra est
certainement l'une des plus belles que
Paris nit vues depuis longtemps.
Il fautpoartant s'y reconnaître un peu
et tresser quelques couronnes, absolu-
ment méritées.
La première revient de droit à Mme
Juliette Adam, l'aimable et aSable pré-
sidente du comité de la presse pari-
sienne, qui a su grouper autour délie,
pour cette œuvre de charité, les jour-
naux de nuances les plus .diverses, les
plus contraires.
Personne ne songera à s'étonner d'un
accord si complet dans la presse, puis-
qu'il s'agissait d'infortunes à secourir;
mais il est vraiment surprenant de voir
avec quelle rapidité ont été organisés
cette représentation de l'Opéra et le
bal avec concert qui doit avoir lieu
vendredi à l'hôtel Continental.
Chaque jour, le comité recevait des
centaines de demandes de places et des
milliers d'oSrandespour les familles des
victimes d'Autriche et de France, si
bien que /~c~ la recette de l'Opéra
seulement dépassait le chiffre respec-
table de (~~M~e-t; ~n'~e /'<'s~(~
Puisque j'ai parlé du comité et, des
journaux qui en faisaient partie, je ne
erois pas inutile de publier la liste des
deux comités le comité de l'Opéra
et celui du bal
COMITÉ GÉNÉRAL
Mme Juliette Adam, présidente.
Mme la baronne de Ruttenstein, pré-
sidente honoraire.
M. Vuhrer, directeur da ~o~ vice-
président.
SECRÉTAIRES
M. de Chonzki, directeur de I'0r~)'du .P6M~/
M. Badin. >
M. Mortimer.
M. Febvre, de la Comédie-Fra.nça.iso.
MEMBRES DU COMITÉ
AgfsKce ~Mcas. M.Robanit.
A!'?~6 ~t'or~ M. le cotoneiChM~
pentier.
C~~OM. M. Jean Morm.
-D~&o;~ M. H. Houssa.ye.
jE'cAo c:e F'raMce. M. L. Wotowski.
.E'f<'MeMK;M< M.Dessolins.
~Kcc. M.Aibert Rabau.
G~M!o!'s. M. Des Essarts.
.M. M. Maurice Ordpn-
neau.
(M-jB~ M. Paut Ginisty.
7HM~~oM. M. Lucien Marc.
7M<)'~M~ZaM~f~s~cf de V!<'M!!f. M. B. Wo'iows)~i.
MoK~ejMrMt'gK. M. Charles Nicnu)-
laud.
JVa~oMa~ M. Eugène Pitou.
Oy~'e. M. Albert Mese).
jP~a?. M. Carie.
Pat':s. M.Trei])e.
PayM-7oM~M<ï! M. Paul Pepret.
fa~'te. M. UUYOQ
M.Grislep.
~e~ M. Rouy.
1
~AR!8 & Centimes. DËPAMEMEMTS ET GARES ~0 CËK'Ï'ÏM]~
Quatorzième année. Deuxième Séries –Numéro 83?
B!. I3E2 O~STON'
~<{)ntf!tt
PAUL DELÉ.AGË~~
S
MM. Ch. ~.a.g'rango. Cerf et 0'*
B, PLACE CE t.A BOURSE, ti
B< &
C, ho
J"!3'~ESL SIMON
Dtr
ABONNEMENTS
PARIS Trois mois.. ? 7 7 ~Sfr.EO
DÉPARTEMENTS Trois mois.
REDACTION
W. hentovtn'd ae< Btattent, e
MDMxmMMMAMmwr
Ï.ESMANttSOR!T8 NE SEKONT PAS RBNDt!*
O~mBtA.tlKE
LA GAUCHE BT LA DROITE.
Nos EcHOs. Mrt Domino. °
CHOSES DU JOUR. Gtt~ de MetK~CtMO:
PRIERE A SAINTE OPPORTUNE. GHS
HeaM.
LA JOURNËE PARISIENNE. 7'0!t<-P(trt9.
CONSEIL MUNICIPAL.
ELECTIONS SÉNATORIALES.
La GAULOIS PARTOUT.
LETTRES DE BRUXELLES. Va/t '~CM'd.
NosPRIMES.
LA BouRSE. Dsrj'e~.
TRIBUNAUX. ~o:t
DÉPARTEMENTS. G. I.MM.
NOUVELLES DIVERSES. GM<
ËCHOS DES THEATRES. Af
!t ftT[f!tf Mt6 Mun!)!
MbmMEiMMMiii
On fait quelque bruit dans la petite
église parce que les républicains modé-
rés, sensés, se sont rencontrés dans
deux ou trois votes, avec les droites du
Sénat. H y a eu des homélies prononcées
dans ta. chaire, et des lamentations dans
la sacristie. Tout cela pour la revision et
pour l'article 7.
Les républicains sensés sont opposés
à la revision, cela est tout naturel. La
Constitution nous a donné la paix pen-
dant six ans; elle nous a permis de con-
solider la République nous ne voulons
pas la renverser étourdiment, comme
des enfants qui jouent au jeu de faire
des constitutions et des révolutions.
On aurait pu craindre que les droites
ne fussent, d'un autre avis. Elles n'ont
pas les mêmes raisons que nous de veil-
ler au salut et au maintien de la Répu-
blique. Ce sont elles qui, en 187S, ont
insisté pour garder le droit de revision,
parce qu'elles comprenaient fort bien
que, plus on revise une Constitution,
plus on l'aSaiblit. Elles espéraient d'ail-
leurs tirer quelque chose, pour les idées
qui leur sont chères, de ce seul fait que
l'existence de la forme républicaine du
gouvernement serait mise en question.
Pour les mômes raisons, nous voulions
rendre les revisions rares et difficiles.
Aujourd'hui, les droites, qui voient les
révolutionnaires alléchés au seul mot
de revision, et qui comprennent qu'ils
ont quelques chances et qu'elles n'en ont
pas du tout, passent provisoirement à
notre opinion. Ce n'est pas le moment
pour nous de l'abandonner.
Il en a été de même pour l'article 7.
Quand la loi sur l'enseignement supé-
rieur a été votée à Versailles en i875,
les républicains, en immense majorité,
ont voté l'article qui consacrait la li-
berté de l'enseignement. Au contraire,
ils ont voté contre l'article qui donnait
cette liberté aux grandes associations,
et par conséquent au clergé, la retirait
aux individus, et par conséquent aux li-
bre-penseurs contre l'article qui assi-
milait les universités libres à l'univer-
sité de l'Etat, et qui leur conférait dans
l'Etat une autorité politique par l'institu-
tion des jurys mixtes pour la collation
des grades.
La loi présentée par M. Ferry avait
pour but d'effacer ces deux derniers ar-
ticles de la loi de i875 elle répondait
par là aux aspirations, aux exigences du
parti républicain. Par malheur, M. Ferry
y avait ajouté l'article 7, c'est-à-dire la
négation de la liberté d'enseignement.
Devant ce projet mêlé de bien et de mal,
les votes ont été ce qu'ils devaient être.
Les droites ont voté laliberté d'enseigne-
ment, comme elles l'avaient fait en 187S;
elles ont voté, toujours comme en 187S,
contre la liberté des conférences et pour
le maintien des jurys mixtes. Quant
aux républicains libéraux, aux républi-
cains sensés, ils sont restés également
ndéles à leur conduite et à leurs doctri
nes ils ont voté le principe de la liberté
en repoussant l'article 7, et ils ont voté
ensuite la liberté des conférences et la
suppression des jurys mixtes. Ils ne se
donc déjugés sur aucun point.
Il s'est trouvé à côté d'eux des républi-
cains qui, par esprit d'obéissance au mi-
nistére, et surtout au maître du minis-
tère, ont abandonné un principe essentiel
du droit politique, une liberté nécessaire,
la plus nécessaire des libertés. C'est une
faute de leur part, une contradiction, une
faiblesse. Nous ne leur ferions pas un
reproche de cette conduite malavisée,
s'ils n'étaient pas agressifs. Mais ils nous
forcent, en quelque sorte, à dire qu'ils
ont abandonné, par ordre, leur propre
opinion.
Quand ils avaient voté, à Versailles, le
"principe de la. liberté de l'enseignement,
est-ce qu'ils n'avaient pas voté avec la
droite ? Il n'y a que M. Challemel-La-
cour, et le très petit nombre de députés
"qui s'étaient prononcé:, contre la liberté
à la suite de son discours, qui aient eu le
droit de voter l'article 7, et qui peuvent
se vanter maintenant, si cela les amuse,
de n'avoir jamais voté avec la droite.
Et cependant non. La gauche compte
M certain nombre de sénateurs inamo-
vibles'nommés par l'Assemblée natio-
nale. II est assez probable qu'ils ont voté
pour eux-mêmes ils ont donc voté cette
fois-là avec une partie importante de la
droite, car on sait que le succès de la
liste des gauches fut dû à une coalition.
Cette coalition, qui a fait dans le temps
assez de bruit, fut préparée par MM.
Jules Simon, Gambetta, Lepere et deux
ou trois autres. On trouva alors que
c'était un coup de maître.
Nous pourrions citer bien d'autres oc-
casions où les membres les plus zélés,et
même les apôtres de la petite église,
n'ont pas dédaigné l'appoint des votes
de la droite. Ils ont fait cela toutes les
fois que cela leur a été utile; ils crient
contre cela toutes les fois que cela les
contrarie.
C'est la logique des partis, et plus par-
ticulièrement des partis qui ne sont que
des coteries.
Nos Echos
Le rewpt. dMeoM&fs ~Deux centres de froid existent ce matin en Eu-
rope l'un s'étend du centre à l'est de la France, et
l'autre se trouve au sud de l'Autriche le thermo-
mètre marquait ce matin, à sept heures, –8'' à
Clermont, Berne, -5 à Lyon, et –13" à Hcrman-
stadt au contraire, le temps est très doux sur les
nés-Britanniques, la Norwège et h Suède ()0'' Va-
lentia, 8 Skudesnes, 6 Stockholm).
En France, le temps va rester beau.
A 6 heures, dinar au Grand-Hôtel a.dmiasion
jusqu'à 6 heures 3/4.
Pendant la durée du d!ner, l'orchestre de
M. Straram jouera dans la. nouvelle salle de
musique. MENU
MENU
Potage julienne au consommé
Hors-d'œuvre
Filet de barbue & la Mornay
Pommes de terre au naturel
Quartier do pré-salé à la purée do marrons
Vot-au-vent à la toulousaine
Faisans bardés
Salado
Salsifis frits
Poires meringuées
Gla.ca
Bombe au chocolat
Desserts
Fromages, fruits et patits-fourtt
A 8 h. 1/2, au Café Divan, séance de billard
par M. Gibelin, professeur du Casino de Vichy.
Le salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, orgue, tables de jeux. Dinar à la carte
au restaurant.
Le programme du dïner-ooncart. Vo:r A la.
4' page.)
LA POL!T)OUE
La direction générale des cultes est
supprimée par décret du 24 décembre.
Ce décret n'est pas précédé, comme les
décrets importants, d'un rapport au pré-
sident de la République. Un aref consi-
dérant indique qu'il est la conséquence
du transfert au ministère des arts de la
direction des édinces diocésains.
Un arrêté du même jour charge M.
Castagnary, conseiller d'Etat, de la réor-
ganisation de l'administration des cultes
et de l'étude des modifications à appor-
ter dans les lois, décrets et ordonnances
qui les concernent.
C'est la mission que Napoléon 1~ avait
connée à un autre conseiller d'Etat, M.
Portalis.
M. Castagnary est auteur d'un petit
livre in-32, intitulé les ./<~M:
n'est pas une contrefaçon des -Prout~c:<ï-
les c'est une étude de la question juri-
dique, qui a. été utile à M. Ferry. L'au-
teur y démontre, à la page dOO, que la
Société de Jésus est le véritable péril
social.
Ceux qui ont maintenant intérêt con-
naître les idées de M.6astagnary pour-
ront les étudier dans ce petit livre.
LE MONDE ET LAVtLLE
Le VoMrM~ o//t<~ publie ce matin les
décrets nommant:
M. le baron de Courcel, ambassadeur
de la République française à Berlin
M. le comte de Chaudordy, ambassa-
deur de la République française à Saint-
Pétersbourg.
&'OM~ MOiMHK~ ~'eHOY
Launay, en remplacement de M. le gé-
néral Farre, placé hors cadre
Lardeur, en remplacement de M. le
général Jeanningros, admis dans la ré-
serve
Duez, en remplacement de M. le gé-
néral Garnier admis dans la réserve;
Bardin, en remplacement de M. le gé-
néral l'Hériller, admis dans la réserve.
M. Challemel-Lacour repartira, pour
Londres samedi prochain auc d'assister
à la réception diplomatique qui a lieu le
l" janvier.
M. le vice-amiral Krantz, comman-
dant en chef l'escadre de Toulon, est de-
puis deux jours à Montpellier, où il est
allé assister au mariage de son nls, lieu-
tenant de vaisseau, qui épouse la nlle
d'un notaire de cette ville, Mlle Jean.
S. Exc. le duc do Fernan-Nunez arri-
vera demain à Paris venant de Milan.
L'ambassadeur d'Espagne passera à
Paris le jour de l'An ann de faire les vi-
sites ofncielles; le 2, il partira pour Ma-
drid, où il passera quelques jours en
attendant que les travaux d'installation
de l'ambassade d'Espagne soient termi-
nes.
Le duc et I& duchesse donneront plu-
sieurs grands bals cet hiver. Attendons-
nous donc à de brillantes fêtes.
L'ambassade russe vient de solliciter
et d'obtenir des fonds spéciaux pour
l'embellissement de l'église de la rue
Daru.
Les travaux commenceront prochai-
nement.
Brillante chasse à courre avant-hier
près de Nouvion. Parmi les chasseurs,
qui tous appartenaient à la haute aris-
tocratie, se trouvaient le duc d'Aumale,
le prince de Joinville, le comte de Paris et
le duc de Chartres. On a forcé trois san-
gliers.
Presque tous les chasseurs portaient
l'habit rouge, les bottes à revers et le
chapeau à haute forme.
C est le costume de chasse anglais qui
s'est décidément implanté chez nous, et
pour lequel nos gentlemen ont aban-
donné l'habit vert, dit habit de Saint-
Hubert.
Sir Richard Wallace et lady Wallace
donnent, en ce moment, de grandes par-
ties de chasse à Sudbourne Hall, Essex,
où de brillants équipages de chasse se
sont rendus avec leurs propriétaires.
Grâce à l'étendue des chasses réservées
dans l'immense domaine du généreux
philanthrope, ses hôtes et invités font,
chaque jour, de nombreuses victimes
qu'on expédie partout, aux parents et
aux amis, pour figurer avec honneur
sur les tables toujours si bien garnies
de la huitaine de NoëJ.
Parmi les invités de sir R. Wallace,
citons: le marquis de Malterre le vi-
comte de Tristain le comte de Cara-
mon M. de Villeplain le major-géné-
ral H. F. Keane M. T. G. Cobbold, etc.
Une
Greenwood, vient d'arriver à Paris. Sa
santé délicate lui avait conseillé d'aller
passer l'hiver en Algérie où en Egypte;
mais, en présence de l'hiver clément
dont nous jouissons à Paris, le célèbre
écrivain d'au-delà de l'Atlantique a dé-
cidé de rester dans la capitale, où elle a,
du reste, amener à bonne fin divers ro-
mans qu'elle s'est engagée à livrer au
printemps prochain, et dont la société
parisienne doit être l'objet. En môme
temps, Mme Lippincott veillera à l'édu-
cation artistique de sa fille, dont le jeune
talent de cantatrice est plein de pro-
messes.
Mutations nouvelles et datant d'hier
dans les hôpitaux de Paris, par suite de
la démission de M. Frémy, médecin de
l'Hôtel-Dieu.
M. Vulpian passe de la Charité à l'Hô-
toI-Dieu; M. Féréol, de Beaujon à la
Charité; M. Fernet, de Lariboisiëre à
Beaujon M. Duguet, de Saint-Antoine à
Lariboisiëre M. Gourand, de Sainte-
Périne à Saint-Antoine M. Landrieux,
du bureau central à Sainte-Périne M.
Raymond, du bureau central à Ivry.
L'hospice des Enfants assistés vient
d'être particulièrement favorisé de legs
importants faits à l'administration de
l'Assistance publique exclusivement en
sa faveur.
Parmi ces legs tout récents, relevons
ceux du baron de Nièvre, '100,000 francs;
de M. Chaumont, 20,000 francs de Mme
veuve Bartsch, 12, MO francs, et de Mme
veuve Duménil, 2,000 francs.
On ne saurait donner trop de publicité
à de pareilles libéralités.
Le banquet de la Société de protec-
tion mutuelle des commis voyageurs
aura lieu jeudi, à l'hôtel Continental,
sous la présidence de M. Brisson.
Parmi les personnes qui y ont été in-
vitées se trouvent MM. Engelhardt,
président du Conseil municipal; Dela-
brousse, Cernesson, Hattat, Dépasse,
conseillers municipaux Berthelot, Ho-
noré, sénateurs Jules Steeg, Achard,
Cheneau, Bouchot, Vermont, Edmond
Henri, Antonin Dubost, députés, et le
colonel Riu.
On annonce la mort de Mme veuve
Nicollet, mère du célèbre bâtonnier de
l'ordre des avocats que le barreau a, perdu
il y a un an.
Les obsèques de M~ le général, baron
de Juniac, qui est mort lundi dernier, à
l'âge de soixante et onze ans, auront lieu
aujourd'hui, à midi, en l'église de la
Trinité. CD
On se réunira à la maison mortuaire,
rue Blanche, 6~.
Les obsèques du général Berthaut ont
eu lieuhier, àmidi, en l'église Saint-Phi-
lippe du Roule.
Au domicile mortuaire, S4, rue de
Ponthieu, le corps avait été exposé sous
le portail, que dissimulaient de vastes
draperies noires. Une chapelle ardente
avait été érigée.
Quelques minutes avant midi, le cor-
tège s'est formé et le convoi s'est mis en
marche.
En tête se trouvait l'escorte d'honneur,
qui était composée d'un détachement de
la garde républicaine, de deux batail-
lons de ligne, d'un escadron de cuiras-
siers et d'une batterie d'artillerie.
Les cordons du poêle étaient tenus
parMM. les généraux Lecointe, de Berck-
neim, Bressonnet et Lallemand. Les
deux nls du défunt, tous deux capitai-
nes, l'un dans l'état-major et l'autre
dans la ligne, conduisaient le deuil avec
leurs trois oncles paternels.
Derrière le corbillard, uncavaliercon-
duisait le cheval de bataille du défunt.
Parmi les nombreuses personnes qui
suivaient le cortège, nous avons remar-
qué
MM. le duc d'AumaIe, les généraux de
Miribel, Canrobert, Fleury, Ducrot, Gal-
liffet, Bataille, Campenon, Ribourt, Bo-
rel, de Chabaud-Latour, France, d'An-
dtau, de laJaille.de Fénelon,Woia, Hen-
rion, Thomassin, de Palikao MM. le
due de Nemours, le due de Broglie, de
Fourtou, Herold, Denormandie, Keller,
Thirion-Montauban. Riant, le comte de
Riancey, Camille Doucet, Etienne Ara-
go, etc. 1
Dans l'église, un immense catafalque
orné de drapeaux avait été dressé. Le
chœur était entièrement tendu de noir.
Après la messe, qui a été dite par M.
l'abbé Caulliac, M. Cathelin, curé de
Saint-Philippe du Roule, a donné l'ab-
soute.
Toutes les personnes qui assistaient à
la cérémonie ont alors défilé devant les
parents du défunt pour leur faire les
compliments d'usage.
Le duc d'Aumale et le duc de Ne-
mours ont embrassé les deux fils du
général Berthaut.
Pendant ce long dénié, la musique
du ~9" de ligne a exécuté la Ma;~c~e /M-
?K~re, de Chopin, et la Marche poM~ les
/'«K~s ~'MM/os, de Beethoven.
La cérémonie terminée, le corps a ét.é
descendu dans un des caveaux de l'é-
glise, d'où il doit être transporté à Gen-
lis, le pays natal du défunt, pour y être
définitivement inhumé.
NOUVELLES A LA MA)N
Deux badauds, l'homme et la femme,
à tournures étranges et sentant leur
province, sont arrêtés sur le boulevard
devant la vitrine d'un marchand de ta-
bleaux.
Apres avoir contemplé longtemps les
toiles exposées, la femme s'écrie
Mon Dieu Isidore, faut-il qu'il y
ait des gens qui n'aient rien à faire pour
avoir peint tout cela!
A l'Assommoir
Dis-moi, Gu~usse, pourquoi qu'on
représente toujours la Vérité sortant d'un
puits?
Je vas te dire, Pichu. c'est qu'elle
est souvent altérée
Un des nombreux effets de l'instruc-
tion secondaire des jeunes nlles
Et toi, Marcelle, la bataille de Ro-
croi, c'était.?
So'is Louis XIV ou sous Louis XVI;
un Louis quelconque je ne me souviens
plus de son numéro.
UN DOMINO
MMSES M JMS
Les journaux semblent avoir envisagé
déjà toutes les conséquences du procès
Roustan-Rochefort. Il en est une, cepen-
dant,à laquelle ils n'ont point songé:
c'est que le verdict du jury rend indis-
pensable le remplacement immédiat de
tout notre personnel diplomatique, au-
quel devra succéder un personnel nou-
veau, élevé selon d'autres principes.
Les vieilles règles de l'habileté inter-
nationale viennent d'être bouleversées
de fond en comble par le jugement des
quelques bourgeois charges de sonder
la conduite de notre ministre à Tunis. On
afnrme même qu'une vingtaine de se-
crétaires d'ambassade ont déjà donné
leur démission, ou demandé par télégra-
phe des instructions détaillées et pré-
cises à leurs supérieurs.
Qae vont répondre ceux-ci ?
La question est fort difficile.
Jusqu'ici, quand un jenne homme vou-
lait entrer dans la carrière diplomatique,
il devait, avant tout, remplir les condi-
tions suivants
Etre beau garçon;
Noble autant que possible;
Riche;
Avoir l'habitude des salons;
Savoir causer avec les femmes; et sé-
duire, oh séduire 1
Le reste importait moins. Il faisait
son stage au ministère. Là on lui ap-
prenait surtout à saluer. Ce salut des
attachés d'ambassade (le même pour
tous les peuples), est une des choses les
plus difficiles à exécuter qui soient au
monde.
On s'avance fièrement d'abord vers la
personne à qui s'adresse l'hommage.
Puis on s'arrête d'un mouvement brus-
que, les jambes droi-tes, les pieds ras-
semblés, le claque tenu par les deux
mains sur le ventre; et. soudain, le torse
entier, depuisie point où il nnit jusqu'au
sommet du crâne, s'abaisse d'un seul
morceau, de façon que le corps forme
un angle absolument droit, et que l'être
salué, s'il est assis, se trouve avoir le nez
tout contre le sommet, soit poli, soit che-
velu, de la tête inclinée.
On se redressa aussitôt sans faire sem-
blant d'avoir vu celui ou celle qu'on a
honorée ainsi, et l'on s'en va d un air
indifférent.
Cela n'a l'air de rien, n'est-ce pas ? Eh
bien j'en sais peu qui l'exécutent en
perfection, cette inclination savante.
Quand un jeune apprenti ambassadeur
sait accomplir absolument bien cette
manœuvre, son avenir s'annonce magni-
nque.
En un mot le fond du sac de la rouene
politique à l'étranger est séduire, plaire,
capter. Le bataillon d'élite de nos repré-
sentants se recrutait exclusivement
parmi les mondains, et parmi les mon-
dains rafnnés. Au moment de leur dé-
part, le ministre des aiîaires étrangères,
se penchant & leur oreille, leur confiait
ces fameuses instructions secrètes dont
tout envoyé ordinaire ou extraordinaire
est dépositaire. Ces instructions, les
voici en quatre mots Tout par les
femmes. Ce que le diplomate traduit
quelquefois par Tout pour les fem-
mes. »
Et dans chaque capitale nous entre-
tenions –d'une façon insufnsante, i! est
vrai/pour leurs fonctions un essaim
d'élégants jeunes hommes à qui l'am-
bassadeur répétait sans cesse comme un
vieux général encourageant des con-
scrits s Séduisez, messieurs, séduisez 1
Suivez les vieilles traditions imitez
l'exemple de notre maître à tous, le duc
de Richelieu. &
Et on séduisait, morbleu, on sédui-
sait ferme. Tous les secrets de cabinet
devenaient des secrets d'alcôve, et réci-
proquement. Les traditions de galante-
rie ne se perdaient certes pas, et la
France marchait en tête des. puissances
dans le cœur des belles étrangères.
Personne ne songeait à s'en plaindre.
=~
Or, voilà qu'un de nos représentants
envoyés en Orient, dans un des postes
les plus difficiles, en un pays où tout
le monde est véreux, où tout se paie, où
tout s'achète, où tout se fait par ruse,
découvre, trouvaille de génie digne du
vieux Talleyrand, cet admirable ménage
Elias que tous les représentants étran-
gers ont dû lui envier. Il se sert de
Phomme, se sert de la femme suivant
les principes reçus, paie l'un en hon-
neurs, l'autre en fermant les yeux sur
les pots-de-vin, qu'elle reçoit selon la
mode orientale. 11 accomplit parfaite-
ment sa mission. Le ministre est con-
tent, le gouvernement est satisfait. Per-
sonne ne réclame. Un procès a lieu, et
les honorables commerçants quelcon-
ques qui composent le jury uétrissent
notre représentant dans un jugement
solennel, parce qu'il a mis en pratique
les fameuses instructionssecrëtes: *Tout
par la femme!
Aussitôt une panique se produit
dans toutes les ambassades. Ce ne sont
que ruptures, cheveux renvoyés, larmes
amères, menaces de vengeances. Et
tous les attachés, depuis le premier se-
crétaire jusqu'au dernier, n'osent plus
même adresser à une jolie femme le fa-
meux salut, dans la crainte de faire naî-
tre le soupçon d'une liaison.
Cela est d'autant plus grave que cha-
que capitale possède deux ou trois Mme
Elias, des Mme Elias de la haute '.que
les secrétaires partants lèguent régu-
lièrement aux arrivants. Que vont-elles
devenir, sans eux? Que pourront-ils sa-
voir, sans elles?
Cette situation ne peut durer. Il est
indispensable qu'une circulaire rensei-
gne exactement tous nos représentants
à l'étranger sur les modifications appor-
tées aux instructions secrètes par l'issue
de ce retentissant procès.
Ce qu'il y a encore de particulière-
ment amusant dans cette affaire, c'est
l'indignation du public à cette révéla-
tion dës~t tripotages tunisiens Com-
ment) on vous montre quelques médio-
cres ûlous de bas étage, et vous criez au
scandale! Et vous vivez à Paris! Et
vous trouvez tout simples les tripotages
parisiens des hauts seigneurs de l'ex-
ploitation publique. Depuis des années,
nées, des valeurs fantastiques montent
et descendent d'une invraisemblable
façon. Des milliers d'êtres, confiants
et naïfs, sont ruinés par quelques
aventuriers. Un coup de bourse, pré-
paré, combiné, organisé comme un truc
de théâtre, engloutit plus de petites ai-
sances, fait couler plus de larmes, se
tordre plus de bras que Waterloo et que
Sedan. Et vous trouvez cela tout simple
et naturel ) I
On parle de pots-de-vin 1 Mais qui de
nous ne pourrait raconter des histoires
plus scandaleuses que la plus révoltante
aventure révélée en ce procès ? Pots-de-
vin pour lancer des spéculations véreu-
ses; pots-de-vin pour taire accepter des
aSaires honorables; pots-de-vin pour
parler; pots-de-vin pour se taire; pots-
de-vin pour tout, à propos de tout. Nous
vivons sous le règne du pot-de-vin, dans
le royaume de la conscience facile, à
genoux devant le veau d'or.
Oh crédules jurés, braves chercheurs
d'honorabilité pure quittez Paris, mes-
sieurs allez, allez plus loin: vous n'a-
vez que faire ici.
Mais, s'il fallait expectorer des révéla-
tions sur tout ce qu'on sait, sur tout ce
qu'on devine, sur tout ce qu'on entre-
voit toutes les heures du jour ne sufn-
raient pas.
Qu'y faire? Rien. C'est le courant de
l'époque. Les mœurs 'américaines sont
venues chez nous, voilà tout.
Oh! ce que je voudrais, par exemple,
c'est qu'un nuancier foncièrement scep-
tique et spirituel écrivît ses mémoires,
racontât tout, mais là tout, pour servir
à l'histoire de notre génération. Quelle
invraisemblable musée on ferait sous ce
titre « les Hommes de Bourse ou, si
l'on préfère: les Hommes de sac ou
encore « les Hommes de proie
Pourquoi pas? Pourquoi la finance
d'aujourd'hui (une certaine finance, du
moins) n'aurait-elle pas son historien ?
Ces galeries de contemporains, quand
elles sont bien faites, interessent d'une
façon particulière, et elles ont, de plus,
l'avantage de laisser des documents à
l'avenir.
Un exemple vient d'être donné qui
serait à suivre. Juste au moment où
cette antique et surannée coutume du
duel reprend une vigueur nouvelle, une
vigueur de mode, périodique, violente
et passagère, le baron de aux, avec un
rare à-propos, fait paraître une intéres-
sante série de portraits < les Hommes
d'épée qui nous font passer sous les
yeux les curieuses physionomies de
tous les escrimeurs du jour, maîtres
d'armes, hommes du monde, artistes,
journalistes.
Il détaille le jeu de. chaque tireur, ses
ruses, ses habitudes, les juge en connais-
seur expert. ` v
Se ngure-t-on les coulisses de la
finance dévoilées ainsi, avec les trucs,
les ficelles et les trappes, où se laisse
prendre le pauvre monde ? 1
OUYDEMAUPtSSANT
PMME A SAm OPPRIME'
GehtiUe Dame qui, du ciel,' <
Avez, sans voir 1'0/)!CM<,
Cette fortune
De savoir quels sont ici-bas
Nos soucis et nos embarras,
SainteOpportunei 1
0 sainte, qui n'ignorez pas
Combien brillent dans les débats
De la tribune
Voschersdévots,petitset grands,
Lesprofesettesaspirants..
SainteOpportunet 1
Pour tous, obtenez du bon Dieu i
Qu'ils fassent pâtir Richelieu,
Et que chacune
Des sept grâces du Saint-Hsprit,
Pénètre dans leur cœur contrit,
SainteOpportune! Opportune
Rendez fins ceux,qui sont épais `
Et donnez aux pauvres niais
Comme la lune
Le jugement, tesenscommun
'Et moinsdezete. inopportun,
SainteOpportune) 1
Pour peu que de Cahars à Tours,
Dans l'espace de quelques jours, i'
Le gros Neptune
Change deux fois de ~MO~ e~o
Les deux fois chacun dit: Bravo!
Sainte Opportune
De cette inconstance, ils sont fiers,
Courant, ondoyants et divers,
Tantôtia brune
Et tantôt la blonde aux doux yeux.
Priez, ô priez b!en pour eux,
SainteOpportune! I
Hs sont toujours prêts à céder:
Protégez-les, sans leur garder °
De la rancune
De n'avoir pour la Liberté
Qu'un amour d'amant dégoûté,
Sainte Opportune
Détournez de votre parti
Lescoupsdubrasappesanti.
De l'infortune;
Servez~leurde~~M~dtMMt
~tSCCCM~~a'CM~O~MM, ;)
Sainte-Opportune! OpaTA~E
OU3TAVE P'tTA
MPR~EmmAL'BPËA
AU BÉNÉFICE D.ES s
tNCEND!ÈS DU RiNG-THEATER ET DES
NAUFRAGES DE LA MANCHE
A moi les adjectifs les plus laudatifs
et les formules les plus enthousiastes
Si je sais comment m'en tirer pour
rendre j justice & chacun
Organisateurs et artistes ont rivalisé
de dévouement, de zèle et détalent, et la
représentation d'hier soir & l'Opéra est
certainement l'une des plus belles que
Paris nit vues depuis longtemps.
Il fautpoartant s'y reconnaître un peu
et tresser quelques couronnes, absolu-
ment méritées.
La première revient de droit à Mme
Juliette Adam, l'aimable et aSable pré-
sidente du comité de la presse pari-
sienne, qui a su grouper autour délie,
pour cette œuvre de charité, les jour-
naux de nuances les plus .diverses, les
plus contraires.
Personne ne songera à s'étonner d'un
accord si complet dans la presse, puis-
qu'il s'agissait d'infortunes à secourir;
mais il est vraiment surprenant de voir
avec quelle rapidité ont été organisés
cette représentation de l'Opéra et le
bal avec concert qui doit avoir lieu
vendredi à l'hôtel Continental.
Chaque jour, le comité recevait des
centaines de demandes de places et des
milliers d'oSrandespour les familles des
victimes d'Autriche et de France, si
bien que /~c~ la recette de l'Opéra
seulement dépassait le chiffre respec-
table de (~~M~e-t; ~n'~e /'<'s~(~
Puisque j'ai parlé du comité et, des
journaux qui en faisaient partie, je ne
erois pas inutile de publier la liste des
deux comités le comité de l'Opéra
et celui du bal
COMITÉ GÉNÉRAL
Mme Juliette Adam, présidente.
Mme la baronne de Ruttenstein, pré-
sidente honoraire.
M. Vuhrer, directeur da ~o~ vice-
président.
SECRÉTAIRES
M. de Chonzki, directeur de I'0r~)'du .P6M~/
M. Badin. >
M. Mortimer.
M. Febvre, de la Comédie-Fra.nça.iso.
MEMBRES DU COMITÉ
AgfsKce ~Mcas. M.Robanit.
A!'?~6 ~t'or~ M. le cotoneiChM~
pentier.
C~~OM. M. Jean Morm.
-D~&o;~ M. H. Houssa.ye.
jE'cAo c:e F'raMce. M. L. Wotowski.
.E'f<'MeMK;M< M.Dessolins.
~Kcc. M.Aibert Rabau.
G~M!o!'s. M. Des Essarts.
.M. M. Maurice Ordpn-
neau.
(M-jB~ M. Paut Ginisty.
7HM~~oM. M. Lucien Marc.
7M<)'~M~
MoK~ejMrMt'gK. M. Charles Nicnu)-
laud.
JVa~oMa~ M. Eugène Pitou.
Oy~'e. M. Albert Mese).
jP~a?. M. Carie.
Pat':s. M.Trei])e.
PayM-7oM~M<ï! M. Paul Pepret.
fa~'te. M. UUYOQ
M.Grislep.
~e~ M. Rouy.
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