Titre : L'Indépendant des Basses-Pyrénées : paraissant les lundi, mercredi et vendredi ["puis" paraissant tous les jours excepté le dimanche "puis" journal républicain quotidien "puis" le mieux informé des journaux de la région]
Éditeur : [s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1898-01-18
Contributeur : Garet, Émile (1829-1912). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34416250c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 18 janvier 1898 18 janvier 1898
Description : 1898/01/18 (A31,N79). 1898/01/18 (A31,N79).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau) Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau)
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau) Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau)
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k52271684
Source : Bibliothèque patrimoniale de Pau, Ee 3218
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/03/2020
Trente-Uniéme Année — N° 79.
Prix : 6 Oentimea.
Mardi 18 Janvier 1898.
L’INDÉPENDANT
DES BASSES-PYRÉNÉES
Paraissant tous les Jours excepté le Dimanche
Vv
[texte manquant]
VltO.WKMIvVTS t 3 MOIS G MOIS 1 AN
?au, départ, et limitrophes 6 fr. » 10fr. 20Jfr.
Autres départements 6 50 12 24
Maires et instituteurs des B.-Pyr.... 8 16
'ÉTRANGER PRIX DIT DÉPARTEMENT ET PORT EN SUS
REDACTION et ADMINISTRATION s 11, rue des Cordoliol», 11 — PAU
Rédacteur en Chef t Octave AV ItRIlT
LA DIRECTION POLITIQUE APPARTIENT AU CONSEIL D'ADMINISTRATION DE LA iOCIÉTE OE «L'INDÉPENDANT» !
Tout ce qui concerne les Abonnements et les Annonces,'doit être adressé à Pau,
à M. Georges HAU11KT, administrateur-comptable ; à Paris, aux diversei Agences pour les annonces.
Los Manuscrits non insérés ne sont pas rendus.
ANNONCES
Annonces judiciaires 20 c. la ligne.
Annonces Ordinaires 25 —,x.A
Réclames 40 —
Chronique locale ou faits divers 60 —
A FORFAIT POUR LES ANNONCES DE DURÉE
' "ir i ' i
KOURHE I>E PARIS
(PAR DÉPÊCHE)
Cours du 17 Janvier
3 #0 Perpétuel 103.20
3 0/0 Amortissable 102.00
3 1/2 0/0 1804 107.30
TÉLÉGRAMMES
Service spécial de iINDÉPENDANT
DÉPÊCHES DE LA NUIT
Paris, 16 janvier soir.
Quelques manifestations bruyantes ont
lieu au quartier Latin. Après cinq heures et
demie, quelques groupes revenant des bou-
levards, ont été bousculés par la police à
leur passage au pont Saint-Michel. Les
manifestants ont pu cependant traverser
les lignes d’agents et se rendre à la Mon-
tagne Sainte-Geneviève. Quelques jeunes
gous ont lancé à es pierres dans les car-
reaux d'un étr.Dlissement dont ils ont cru
!e propriétaire appartenant à la religion
juive. Cho/je curieuse, la police n’est pas
intervenue.
Au quariier Latin l’animation a été très
vivo pendant toute la soirée, Dans les bras-
se'. ^des, dans les cafés, on discute à perte de
' ue sur 1 allai! e à l’ordre du jour. Chaque
entrée d un officier dans un établissement
occupé par les étudiants est le signal des
cris ré]«étés de : « Vive l'armée ! Conspuez
Zola ! Conspuez le syndicat ! «
On .‘.signale qu’une boutique de brocanteur
a été saccagée rue du Cardinal-Lemoine.
De ce fait, cinq arresiations ont été opérées
rue Soufflot. Sept autres arrestations ont
été opérées rue du Temple.
Si de semblables faits se renouvellent il
faut s attendre à voir la police sévir avec
énergie contre les manifestants.
Versailles, 16 janvier.
Le comité de l’Action catholique de Paris
a lait placarder en plusieurs endroits de
la ville un manifeste intitulé : « Aux Fran-
çais ».
Ce manifeste est une excitation violente
contre bis juifs, les protestants et les franc-
maçon s.
Quelques membres de la jeuuesse catho-
lique de Versailles avaient tenté d’organi-
Sft* une manifestation daus la ville. File n’a
pas eu lieu, la police ayant dispersé les or-
ganisateurs et les quelques manifestants.
Le commissaire de police a donné l’ordre
de faire disparaître les afiiclies.
Rome, 16 Janvier.
Selon les journaux, l’Association de la
presse aurait adressé une dépêche de féli-
citations à M. Zola.
La Tribun a approuve cette initiative.
Lé Fanfulla dit que cette dépêche a été
expédiée par le secrétaire de l’Association,
Une invitation tendant à convoquer les
membres de l’Association aurait été en-
voyée par de nombreux journalistes ftu
président, afin de discuter l’opporlunité de
cette dépêche.
Lens, 16 janvier.
A la suite de la réunion tenue ce matin,
une délégation des grévistes des puits n 0" 1
et 2 a été reçue par M. Delmiche, directeur
des mines de Drocourt.
De l’accord intervenu dans cette entre-
vue, la grève semble terminée. Les satisfac-
tions suivantes ont été accordées aux ou-
vriers : *
1° Suppression du livret de paie, qui sera
remplacé par les fiches de quinzaine, «tnai
que cela se pratique daus les âutres Com-
pagnies ;
2° Il est accordé aux hommes à corvées
un salaire de 5 fr. au lieu de 4 fr. 50,
En ce qui concerne les réclamations faites
par les ouvriers au sujet des difficultés qui
survendraient dans le travail, des ordres
seront donnés aux employés afin que ceux-
ci eu tiennent compte.
Aucun livret ne sera remis pour faits de
grève.
Anvers, 16 janvier.
Une dépêche arrivée ici annonce le nau-
frage du vapeur japonais Vara. Cebate.au
qui jaugeait 2,510 tonnes, se rendait aux
îles Pescadores. Il parait avoir touché un
récif qui n’est marqué sur aucune carte.
Le Vara a sombré en quelques minutes.
Cinq hommes seulement île 1,équipage ont
pu se sauver.
Quatre-vingt-cinq ont péri dans les flots.
DÉPÊCHES DU MATIN
Paris, 17 janvier, 8 h. matin.
Une électiod législative a eu lieu hier à Vannes
(Morbihan). En voici les résultats :
M. Leatourbaillon, conservateur, est élu par
6,428 voix contre M Martine, républicain, qui a
obtenu 5,120 voix.
Il s'agissait de remplacer M. du Bodan, dé-
cédé.
— C'est à M. André Buffet, fils de l'ancien
ministre, que le duc d'Orléans a confié la direc-
non des services dont M. Dufeuille était chargé.
— Une bande de manifestants est parvenue
hier soir à approcher de l'hôtel de M. Emile
Zola, et, malgré les agents, on a brisé les vitreux
à coups de pierres.
Dans divers autres endroits, elle a tenté d’en-
foncer les portes.
Plusieurs arrestations ont été opérées.
La nuit à été calme.
— Une dépêche de Perpignan annonce qu'à la
suite de pluies continuelles, des inondations sont
signalées sur divers points.
A Perpignan, la crue augmente ; les clairons
et les pompiers donnent l'alarme.
Les riverains du Tét évacuent hâtivement leurs
maisons.
-- La Fédération des ouvriers allumettiers
vient de décider que devant la situation intolé-
rable qui est faite aux allumettiers, une déléga-
tion serait envoyée au ministre des finances pour
lui exposer leurs doléances.
DÉPÊCHES D'J SOIR
4 h. 25.
Une note de l'Agence Havas dit que plusieurs
journaux demandent au ministre de la guerre de
publier les déclarations faites au capitaine Le-
brun-Renaud par Dreyfus le jour de sa dégrada-
tion.
Le gouvernement, en faisant cette publication,
mettrait en discussion et pa"aitrait mettre en
doute l'autorité de la chose jugée.
Nous croyons savoir que le gouvernement ne se
omit pas le droit de faire une pareille communi-
cation pour des raisons analogues à celles qui
décidèrent le huis-clos en 181/4.
— Le JOUR croit savoir que M. Zola a quitté
Paris hier soir,
— M. Faure a reçu le général Zurlinden ce
matin,
LÉNS. — Dans une réunion de 800 électeurs
hier, M Sas/y rendant compte de son mandat a
blâme la oampagne en faveur de la révision du
procès Drey/uSi
PERPIGNAN. — Les crues des rivières à la
suite des pluies continuent. Le concierge Vor
ges, une des victimes du drame de l'èvéchè a
succombé.
GLEIWITZ. — Un incendie a éclaté dans la
mine, près de Zabrhe. Il y à sept morts et quinze
blessés grièvement; on crcit que 25 ouvriers
restent encoro dans la mine, asphyxiés ou morts.
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
4 h. 35.
On reprend le budget des pestes et télégraphes.
Le défilé des amendements continue. On repousse
successivement un amendement Frèbault aug-
mentant les frais de séjour des facteurs dans les
grandes villes, un amendement Lavy relevant les
indemnités des agents ambulants, un amende-
ment Lemire attribuant des allocations aux fa-
milles nombreuses, etc,
COULOIRS. — M. Cavaignac a l'intention d'in-
terpeller le gouvernement au sujet des déclara-
tions que Dreyfus auraient faites au capitaine
Lebrun-Renault le jour de sa dégradation.
— Les procès-verbaux de la commission de la
marine qu'on prétendait disparus ont été retrou-
vés dans une deuxième armoire de la salle des
délibérations de la commission.
HAVAS.
Pau, le 17 Janvier 1898.
L’HONNEUR DE L'ARMÉE
Nous nous demandons quand vien-
dra l’heure du calme, dans la foule et
dans la presse.
Quelles sont ces passions déchaînées
et que signifient les outrages et les
huées do cette lamentable rnôléo de
Français tirant à bout portant contre
des Français !
L’honneur de l’Armée est on jeu,
nous crie-t-on t Voilà qui explique
. l’exaspération de la multitude.
Nous ne sommes pas, Dieu merci,des
gens qui nous payons de mots. Que
l’on dise que nous sommes vendus à
la finance cosmopolite, que l’on nous
appelle les défenseurs attitrés des juifs
et des protestants, cela nous est indif-
férent. Nous écrivons ici nettement,
avec une indépendance entière des
préjugés vulgaires et des passions
passagères, ce que nous croyons être
la vérité, la raison et la justice. Nous
ne recherchons pas l’approbation de
la foule en flattant ses faiblesses. C’est
ainsi que nous entendons la dignité
de la presse et la noblesse de sa mis-
sion.
Donc on nous crie que la fureur pu-
blique s’exaspère parce que l’honneur
dé farinée est en jeu dans cette série
de scandales.
Gn veut rire !
Drevftis est un traître. En quoi
l’honneur de l’armée est-il atteint 1
Et qui touche à l’honneur de l’armée
en affirmant que la moralité d’Ester-
hazy n’est pas parfaite et qu’il semble
avoir écrit à une femme des lettres
qu’aucun bon Français ne voudrait
avoir écrites ?
Et que fait à l’honneur de l’armée
le cas de M. le colonel Picquart que
l’on prétend coupable d’un zèle exa-
géré contre celui qu’il a pris pour un
espion 1
Voyons, soyons un peu sérieux. Les
noms de trois officiers sont en cause a
propos d’une affaire. Un des trois est
condamné régulièrement et justement.
L’autre, si tout ce qu’on écrit est vrai,
est perdu de dettes. L’autre a violé,
dans un intérêt qui n’était pas person-
nel, des secrets de lettres. Au total un
criminel, un noceur et un imprudent.
Et notre armée a plus d’un million
d’hommes !
Est-ce que la société civile est pour-
rie parce que les tribunaux correction-
nels fonctionnent toutes les semaines.?
Est-ce que la raison publique es dé-
voyée parce que Rochefort, Drui iont
et Zola lancent des affirmations ei des
accusations démentes et eontradi foi-
res par les cent mille voix de la presse
à scandales ?
Le plus singulier de l’affaire est que
c’est la presse ordurièro qui clame le
plus énergiquement au scandale,alors
que c’est du scandale qu’elle vit.
C’est au nom du patriotisme que la
Libre Parole prêche la guerre civile.
Et Rochefort, l’insulteur ordinaire
de l’armée française, l’outrage une
fois encore en prenant sa défense
contre ceux qui la respectent le plus.
Il haut lire ce que ce vieux saltim-
banque écrivait il y a peu de temps
contre le militarisme abrutissant, con-
tre les soudards porteurs de goupil-
lons, contre les Hamollots, contre les
traîneurs de sabres.
Aujourd’hui Rochefort est le protec-
teur de l’armée. Il dénonce tous « eux
qui ne sont pas de son avis comme
des sacrilèges qui portent la main sur
l’Arche sainte qu’il a lui-même cou-
verte de boue ! C’est au nom de l’hon-
neur militaire que le cynique vieillard
donne la main à l’ami Drumoiït qui
prêche le massacre des Juifs.
C’est une effroyable mêlée de con-
tre-sens, de paradoxes fratricides et de
scandales.
Nous voulons croire que la nation
va retrouver son calme et son bon
sens.
Puisque l’on n'a pas su en finir avec
cette affaire, il faut attendre avec pa-
triotisme et assurance nue les nuages
se dissipent, que la clarté se fasse,
que la justice accomplisse son oeuvre.
Nous avons la conscience de n’avoir
rien fait pour aviver les passions qui
se donnent cours. Nous avons tenté
de faire entendre la voix de la ra.'son
au-dessus des folles rumeurs. Nous
continuerons à taire notre devoir en
prêchant le calme et la confiance.
OCTAVE AUBERT.
DEUX MANIFESTATIONS
Une imposante et réconfortante manifes-
tation a eu lieu à Paris. Les sociétés de vé-
térans et de tir ont défilé eu superbe appa-
rat devant la demeure du général Saussier.
Il a été remis au généralissime qui va
prendre un repos mérité une réduction eu
bronze de la « Défense du drapeau. »
Sur tout le parcours du cortège patrioti-
que, on a crié : « Vive l’armée ! »
• •
L’ordre n’a été troublé que par quelques
étudiants conspuant Zola et donnant aux
ouvriers et aux employés un exemple des
plus fâcheux. .
D’ailleurs, sur plusieurs points de Pans,
des bandes qui rappelaient celles de la bou-
lange oui parcouru les rues en commettant
sur leur route, les plus imbéciles dégrada-
tions et en poussant le cri saurage de
« Mort aux Juifs ! »
M. Urumont doit être bien content.
Seulement nous pensons que le gouver-
nement a su eu toutes circonstances mon-
trer de la fermeté et de la prévoyance et
que ces déshonorantes manifestations de
brutes déchaînées vont prendre vite fin.
L. R.
LE CRÉDIT AGRICOLE MUTUEL
On se rappelle que le gouvernement s é-
lail engagé à présenter au Parlement, le
lendemain de la promulgation de la loi sur
le renouvellement du privilège de la Rau-
que de France, un projet de loi sur l’orga-
nisation des caisses régionales de crédit
agricole mutuel, en affectant il ces caisses
et aux sociétés locales de crédit agricole
mutuel, l’avance et la redevance aunuetle
que la Banque de France aura à verser dan-
les caisses du Trésor.
Ce projet a été distribué aujourd'hui à la
Chambre. En voici le texte :
Article 1 r. - La sê'tnme de 40 millions
de francs versée au Trésor l,at’ Is Banque
de France, en vertu de la convention in
31 octobre 1896, approuvée par i;: loi du
17 novembre 1897, est mise à la disposition
du gouvernement pour être attribuée, à
FEUILLETON DE L’INDÉPKNDANT 51
CHARLES OKH CRAN (1B 8
LE
Roman d’une Prinossse
DEUXIÈME PARTIE
Choeee d’Eepa|(ne
IX
L’HONNEUR BRITANNIQUE
Dans U soirée du jour où venait d'avoir lieu
à la villa Phoebua le serment téméraire de la
jeune princesse et le retour inattendu de Don
Fernando, sur un banc du galon d’attente de
la gare de Pau, Miss Mary, assise, la tête
voilée et serrant sa taille élégante dans une
mante aux larges plis, attendait le départ du
train rapide de Bordeaux. — Il était environ
o-t- t «
après sa discussion avec la Marquise, elle
voulait éviter de revoir Béatrix, sachant bien
que son coeur aurait trop de peine à supporter
ses adieux. Kilo avait donné ordre à la femme
de chambre spécialement Attachée à son ser-
vice, de rassembler ses elle t s et de les lui
envoyer à Bordeaux chez .son beau-frère.
De temps A autre sa main se portait à ses
yeux rougis pour essuyer scs larmes ; malgré
son âme énergique, maigre la fierté qu’elle
puisait daus les traditions de sa race héroïque,
elle était femme, et ne pouvait, sans céder A
la douleur, voir se briser en un instant les
liens d’alTcction qui avaient duré si longtemps
entre elle et la noble famille espagnole qu’elle
voulait quitter pour toujours.
Cependant sa résolution n’avait pas. faibli
un instant, elle n’hésitait pas A faire le sacri-
fice de son bonheur, en échange de sa liberté !
Les guichets venaient de s’ouvrir pour la
distribution des billets et, prenant avec elle
un petit sac de voyage contenant des bijoux et
ce qu’elle avait de plus précieux, seul bagage
dont elle se fût chargée, elle s’approchait de
la grille quand elle aperçut un militaire en
petite tenue de voyage. Il parcourait la salle
en regardant de tous cétés, comme s’il eheh-
( liait quelqu’un. Miss Mary le reconnut bien-
tôt, c’était son beau-frêre, le colonel d’Artigny ;
— elle courut à lui et un éclair de joie brilla
en même temps sur ces deux visages...
— Dieu soit loué ! j’arrive A temps, dit le
colonel ! d’abord il n’est plus question de
aùnnrv nnnr i»a soir ma coffre Mftrvi vni|s aller.
ferai donner une chambre aussi isolée de tout
le train dos tables d’hôtes que vous pouvez le
désirer, et nous causerons. — Mon cher Geor-
ges, dit Miss Mary, faites bien attention que
je ne veux plus rentrer A la Villa Phocbus, ma
résolution est inébranlable. — Soit, nous par-
lerons de tout cela. — Mais comment êtes-
vous ici t
— Voici une lettre, dit le colo iel, en inon-
trant A sa bellc-souir une envcloj pe décache-
tée, une lettre nui vous l'apprendra... J’étais
loin de m’attendre cependant A no plus vous
trouver chez la Marquise, et si j étais arrivé
une demi-heure plus tard, il aurait fallu que
je vous poursuive jusqu’A Bordeaux. C’est
votre femme de chambre, qui m’a mis au cou-
rant de toute cette histoire, car ji n’ai voulu
demander personno à la Villa avant do vous
avoir retrouvée.
— Vous m'affirmez que vous ne me tour-
menterez pas pour reprendre ma position chez
la Marquise.
— Je vous l’affirme. — Eh bien ! je vous
suis.
Une voiture attendait le colonel, en un ins-
tant ils furent arrivés A l’hôte 1 et installés
dans un petit salon retiré.
— Vous me permettrez, cliére Mary, de me
faire servir ici quelques réconfortants, dit le
colonel, car, poui arriver plus vite, je n'ai
rien pris depuis sept heures du matin.
Quand le garçon eut mis sur la table tout ce
que demandait le voyageur, (t qu'installés
devant un bon feu le frère et la soeur se trou-
11 * ..T. ... ,an^m,nT,n,>,T,,,nr,n
— Maintenant, colonel, dit Miss Mary, j'es-
père que vous allez me dire pourq uoi vous êtes
ici, et dans une circonstance si imprévue.
— Non seulement ie vais vous le dire, mais
je vais vous le lire ; où plutôt lisez vous-même
dit lé colonel A Miss Mary en lui présentant
toute ouverte la lettre qu’il lui avait dé.jA
montrée à la gare.
Miss Mary saisit le papier précipitamment,
A mesure qu’elle lisait, ses traits, pAlis par la
fatigue, passaient par toutes les teintes et tou-
tes les variations de la colère, do l'apaisement
et de la stupéfaction la plus complète.
Le colonel regardait sa belle-soeur en silen-
ce, et en se mordant la moustache d'un air où
se mélangeaient d'une manière assez bizarre
l’intérêt d’un beau-frère et la jovialité d'un
soldat :
Voici ce que contenait cette lettre étrango
Monsieur le Colonel d’Artigny, Esquire,
au 82* régiment de Chasseurs,
A Bordeaux.
Colonel,
J’ai eu le plaisir l’honneur de vous sorrer la
main, pendant le siège de Metz et de donner
des louanges A votre grand courage et A votre
belle conduite.
C’est pourquoi je souffrirais grandement de
devoir aujourd’hui vous offrir une réparation
avec les armes si vous vous trouviez otiensé
par ce que j’ai A dire. (Vous pardonnerez lo
pou d’habitude que j'ai d'écrire eu Français).
Dans un moment d’exaltation ’pour une eau
,■-**.n’**bi«e nies, i’ai fie suis obligé de pro-
noncer ce mot), j'ai insulté gravement votre
très honorable parente Miss Mary luokiel-
Üouglas.
Et cette jeune dame n’a pas voulu me par-
donner mon offense.
Cependant colonel, j’avais reconnu ma fau-
te, aussitôt que mon esprit avait retrouvé son
calme. Je lut ai offert des excuses bien réité-
rées.
Considérant mon honneur de gentilhomme
anglais engagé A réparer cet mitiage, je m'a-
dresse ù vous, colonel.
Votre parente a montré qu hile ai ait leen ur ‘
très haut placé, digne d’unejfcouronne. J'ai été
tout A fait, absolument subjugué nar sa digni-
té et par les grâces de son aimable personne.
J'ai oublié tout ce qui aurait pu m'engager
vis-A vis d'une famille très noble et très puis
santé, pour ne plus penser qu'à colle qui s'est
montrée si cruelle pour moi.
EntinT colonel, comme réparation, Moi, Tslr
Williams, comte Batli-Elweu d'Argy Rester,
Pair d'Angleterre, j’offre, si elle daigne l'ac-
cepter, A Miss Mary Lokiel-Douglas, de la
prendre pour légitime épouse, lui donnant avec
ma fortune le rang ut les honneurs dont je dis-
pose dans le pays et à la cour d’Augleterre :
En foi de quoi, je signe :
LORD WILLIAMS BATH-ELWIN.
P. S. — Toujours aux ordres du celonel
d Artigny pour toute autre
réparation qu’il exigera.
(A suivre )
Prix : 6 Oentimea.
Mardi 18 Janvier 1898.
L’INDÉPENDANT
DES BASSES-PYRÉNÉES
Paraissant tous les Jours excepté le Dimanche
Vv
[texte manquant]
VltO.WKMIvVTS t 3 MOIS G MOIS 1 AN
?au, départ, et limitrophes 6 fr. » 10fr. 20Jfr.
Autres départements 6 50 12 24
Maires et instituteurs des B.-Pyr.... 8 16
'ÉTRANGER PRIX DIT DÉPARTEMENT ET PORT EN SUS
REDACTION et ADMINISTRATION s 11, rue des Cordoliol», 11 — PAU
Rédacteur en Chef t Octave AV ItRIlT
LA DIRECTION POLITIQUE APPARTIENT AU CONSEIL D'ADMINISTRATION DE LA iOCIÉTE OE «L'INDÉPENDANT» !
Tout ce qui concerne les Abonnements et les Annonces,'doit être adressé à Pau,
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Los Manuscrits non insérés ne sont pas rendus.
ANNONCES
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Annonces Ordinaires 25 —,x.A
Réclames 40 —
Chronique locale ou faits divers 60 —
A FORFAIT POUR LES ANNONCES DE DURÉE
' "ir i ' i
KOURHE I>E PARIS
(PAR DÉPÊCHE)
Cours du 17 Janvier
3 #0 Perpétuel 103.20
3 0/0 Amortissable 102.00
3 1/2 0/0 1804 107.30
TÉLÉGRAMMES
Service spécial de iINDÉPENDANT
DÉPÊCHES DE LA NUIT
Paris, 16 janvier soir.
Quelques manifestations bruyantes ont
lieu au quartier Latin. Après cinq heures et
demie, quelques groupes revenant des bou-
levards, ont été bousculés par la police à
leur passage au pont Saint-Michel. Les
manifestants ont pu cependant traverser
les lignes d’agents et se rendre à la Mon-
tagne Sainte-Geneviève. Quelques jeunes
gous ont lancé à es pierres dans les car-
reaux d'un étr.Dlissement dont ils ont cru
!e propriétaire appartenant à la religion
juive. Cho/je curieuse, la police n’est pas
intervenue.
Au quariier Latin l’animation a été très
vivo pendant toute la soirée, Dans les bras-
se'. ^des, dans les cafés, on discute à perte de
' ue sur 1 allai! e à l’ordre du jour. Chaque
entrée d un officier dans un établissement
occupé par les étudiants est le signal des
cris ré]«étés de : « Vive l'armée ! Conspuez
Zola ! Conspuez le syndicat ! «
On .‘.signale qu’une boutique de brocanteur
a été saccagée rue du Cardinal-Lemoine.
De ce fait, cinq arresiations ont été opérées
rue Soufflot. Sept autres arrestations ont
été opérées rue du Temple.
Si de semblables faits se renouvellent il
faut s attendre à voir la police sévir avec
énergie contre les manifestants.
Versailles, 16 janvier.
Le comité de l’Action catholique de Paris
a lait placarder en plusieurs endroits de
la ville un manifeste intitulé : « Aux Fran-
çais ».
Ce manifeste est une excitation violente
contre bis juifs, les protestants et les franc-
maçon s.
Quelques membres de la jeuuesse catho-
lique de Versailles avaient tenté d’organi-
Sft* une manifestation daus la ville. File n’a
pas eu lieu, la police ayant dispersé les or-
ganisateurs et les quelques manifestants.
Le commissaire de police a donné l’ordre
de faire disparaître les afiiclies.
Rome, 16 Janvier.
Selon les journaux, l’Association de la
presse aurait adressé une dépêche de féli-
citations à M. Zola.
La Tribun a approuve cette initiative.
Lé Fanfulla dit que cette dépêche a été
expédiée par le secrétaire de l’Association,
Une invitation tendant à convoquer les
membres de l’Association aurait été en-
voyée par de nombreux journalistes ftu
président, afin de discuter l’opporlunité de
cette dépêche.
Lens, 16 janvier.
A la suite de la réunion tenue ce matin,
une délégation des grévistes des puits n 0" 1
et 2 a été reçue par M. Delmiche, directeur
des mines de Drocourt.
De l’accord intervenu dans cette entre-
vue, la grève semble terminée. Les satisfac-
tions suivantes ont été accordées aux ou-
vriers : *
1° Suppression du livret de paie, qui sera
remplacé par les fiches de quinzaine, «tnai
que cela se pratique daus les âutres Com-
pagnies ;
2° Il est accordé aux hommes à corvées
un salaire de 5 fr. au lieu de 4 fr. 50,
En ce qui concerne les réclamations faites
par les ouvriers au sujet des difficultés qui
survendraient dans le travail, des ordres
seront donnés aux employés afin que ceux-
ci eu tiennent compte.
Aucun livret ne sera remis pour faits de
grève.
Anvers, 16 janvier.
Une dépêche arrivée ici annonce le nau-
frage du vapeur japonais Vara. Cebate.au
qui jaugeait 2,510 tonnes, se rendait aux
îles Pescadores. Il parait avoir touché un
récif qui n’est marqué sur aucune carte.
Le Vara a sombré en quelques minutes.
Cinq hommes seulement île 1,équipage ont
pu se sauver.
Quatre-vingt-cinq ont péri dans les flots.
DÉPÊCHES DU MATIN
Paris, 17 janvier, 8 h. matin.
Une électiod législative a eu lieu hier à Vannes
(Morbihan). En voici les résultats :
M. Leatourbaillon, conservateur, est élu par
6,428 voix contre M Martine, républicain, qui a
obtenu 5,120 voix.
Il s'agissait de remplacer M. du Bodan, dé-
cédé.
— C'est à M. André Buffet, fils de l'ancien
ministre, que le duc d'Orléans a confié la direc-
non des services dont M. Dufeuille était chargé.
— Une bande de manifestants est parvenue
hier soir à approcher de l'hôtel de M. Emile
Zola, et, malgré les agents, on a brisé les vitreux
à coups de pierres.
Dans divers autres endroits, elle a tenté d’en-
foncer les portes.
Plusieurs arrestations ont été opérées.
La nuit à été calme.
— Une dépêche de Perpignan annonce qu'à la
suite de pluies continuelles, des inondations sont
signalées sur divers points.
A Perpignan, la crue augmente ; les clairons
et les pompiers donnent l'alarme.
Les riverains du Tét évacuent hâtivement leurs
maisons.
-- La Fédération des ouvriers allumettiers
vient de décider que devant la situation intolé-
rable qui est faite aux allumettiers, une déléga-
tion serait envoyée au ministre des finances pour
lui exposer leurs doléances.
DÉPÊCHES D'J SOIR
4 h. 25.
Une note de l'Agence Havas dit que plusieurs
journaux demandent au ministre de la guerre de
publier les déclarations faites au capitaine Le-
brun-Renaud par Dreyfus le jour de sa dégrada-
tion.
Le gouvernement, en faisant cette publication,
mettrait en discussion et pa"aitrait mettre en
doute l'autorité de la chose jugée.
Nous croyons savoir que le gouvernement ne se
omit pas le droit de faire une pareille communi-
cation pour des raisons analogues à celles qui
décidèrent le huis-clos en 181/4.
— Le JOUR croit savoir que M. Zola a quitté
Paris hier soir,
— M. Faure a reçu le général Zurlinden ce
matin,
LÉNS. — Dans une réunion de 800 électeurs
hier, M Sas/y rendant compte de son mandat a
blâme la oampagne en faveur de la révision du
procès Drey/uSi
PERPIGNAN. — Les crues des rivières à la
suite des pluies continuent. Le concierge Vor
ges, une des victimes du drame de l'èvéchè a
succombé.
GLEIWITZ. — Un incendie a éclaté dans la
mine, près de Zabrhe. Il y à sept morts et quinze
blessés grièvement; on crcit que 25 ouvriers
restent encoro dans la mine, asphyxiés ou morts.
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
4 h. 35.
On reprend le budget des pestes et télégraphes.
Le défilé des amendements continue. On repousse
successivement un amendement Frèbault aug-
mentant les frais de séjour des facteurs dans les
grandes villes, un amendement Lavy relevant les
indemnités des agents ambulants, un amende-
ment Lemire attribuant des allocations aux fa-
milles nombreuses, etc,
COULOIRS. — M. Cavaignac a l'intention d'in-
terpeller le gouvernement au sujet des déclara-
tions que Dreyfus auraient faites au capitaine
Lebrun-Renault le jour de sa dégradation.
— Les procès-verbaux de la commission de la
marine qu'on prétendait disparus ont été retrou-
vés dans une deuxième armoire de la salle des
délibérations de la commission.
HAVAS.
Pau, le 17 Janvier 1898.
L’HONNEUR DE L'ARMÉE
Nous nous demandons quand vien-
dra l’heure du calme, dans la foule et
dans la presse.
Quelles sont ces passions déchaînées
et que signifient les outrages et les
huées do cette lamentable rnôléo de
Français tirant à bout portant contre
des Français !
L’honneur de l’Armée est on jeu,
nous crie-t-on t Voilà qui explique
. l’exaspération de la multitude.
Nous ne sommes pas, Dieu merci,des
gens qui nous payons de mots. Que
l’on dise que nous sommes vendus à
la finance cosmopolite, que l’on nous
appelle les défenseurs attitrés des juifs
et des protestants, cela nous est indif-
férent. Nous écrivons ici nettement,
avec une indépendance entière des
préjugés vulgaires et des passions
passagères, ce que nous croyons être
la vérité, la raison et la justice. Nous
ne recherchons pas l’approbation de
la foule en flattant ses faiblesses. C’est
ainsi que nous entendons la dignité
de la presse et la noblesse de sa mis-
sion.
Donc on nous crie que la fureur pu-
blique s’exaspère parce que l’honneur
dé farinée est en jeu dans cette série
de scandales.
Gn veut rire !
Drevftis est un traître. En quoi
l’honneur de l’armée est-il atteint 1
Et qui touche à l’honneur de l’armée
en affirmant que la moralité d’Ester-
hazy n’est pas parfaite et qu’il semble
avoir écrit à une femme des lettres
qu’aucun bon Français ne voudrait
avoir écrites ?
Et que fait à l’honneur de l’armée
le cas de M. le colonel Picquart que
l’on prétend coupable d’un zèle exa-
géré contre celui qu’il a pris pour un
espion 1
Voyons, soyons un peu sérieux. Les
noms de trois officiers sont en cause a
propos d’une affaire. Un des trois est
condamné régulièrement et justement.
L’autre, si tout ce qu’on écrit est vrai,
est perdu de dettes. L’autre a violé,
dans un intérêt qui n’était pas person-
nel, des secrets de lettres. Au total un
criminel, un noceur et un imprudent.
Et notre armée a plus d’un million
d’hommes !
Est-ce que la société civile est pour-
rie parce que les tribunaux correction-
nels fonctionnent toutes les semaines.?
Est-ce que la raison publique es dé-
voyée parce que Rochefort, Drui iont
et Zola lancent des affirmations ei des
accusations démentes et eontradi foi-
res par les cent mille voix de la presse
à scandales ?
Le plus singulier de l’affaire est que
c’est la presse ordurièro qui clame le
plus énergiquement au scandale,alors
que c’est du scandale qu’elle vit.
C’est au nom du patriotisme que la
Libre Parole prêche la guerre civile.
Et Rochefort, l’insulteur ordinaire
de l’armée française, l’outrage une
fois encore en prenant sa défense
contre ceux qui la respectent le plus.
Il haut lire ce que ce vieux saltim-
banque écrivait il y a peu de temps
contre le militarisme abrutissant, con-
tre les soudards porteurs de goupil-
lons, contre les Hamollots, contre les
traîneurs de sabres.
Aujourd’hui Rochefort est le protec-
teur de l’armée. Il dénonce tous « eux
qui ne sont pas de son avis comme
des sacrilèges qui portent la main sur
l’Arche sainte qu’il a lui-même cou-
verte de boue ! C’est au nom de l’hon-
neur militaire que le cynique vieillard
donne la main à l’ami Drumoiït qui
prêche le massacre des Juifs.
C’est une effroyable mêlée de con-
tre-sens, de paradoxes fratricides et de
scandales.
Nous voulons croire que la nation
va retrouver son calme et son bon
sens.
Puisque l’on n'a pas su en finir avec
cette affaire, il faut attendre avec pa-
triotisme et assurance nue les nuages
se dissipent, que la clarté se fasse,
que la justice accomplisse son oeuvre.
Nous avons la conscience de n’avoir
rien fait pour aviver les passions qui
se donnent cours. Nous avons tenté
de faire entendre la voix de la ra.'son
au-dessus des folles rumeurs. Nous
continuerons à taire notre devoir en
prêchant le calme et la confiance.
OCTAVE AUBERT.
DEUX MANIFESTATIONS
Une imposante et réconfortante manifes-
tation a eu lieu à Paris. Les sociétés de vé-
térans et de tir ont défilé eu superbe appa-
rat devant la demeure du général Saussier.
Il a été remis au généralissime qui va
prendre un repos mérité une réduction eu
bronze de la « Défense du drapeau. »
Sur tout le parcours du cortège patrioti-
que, on a crié : « Vive l’armée ! »
• •
L’ordre n’a été troublé que par quelques
étudiants conspuant Zola et donnant aux
ouvriers et aux employés un exemple des
plus fâcheux. .
D’ailleurs, sur plusieurs points de Pans,
des bandes qui rappelaient celles de la bou-
lange oui parcouru les rues en commettant
sur leur route, les plus imbéciles dégrada-
tions et en poussant le cri saurage de
« Mort aux Juifs ! »
M. Urumont doit être bien content.
Seulement nous pensons que le gouver-
nement a su eu toutes circonstances mon-
trer de la fermeté et de la prévoyance et
que ces déshonorantes manifestations de
brutes déchaînées vont prendre vite fin.
L. R.
LE CRÉDIT AGRICOLE MUTUEL
On se rappelle que le gouvernement s é-
lail engagé à présenter au Parlement, le
lendemain de la promulgation de la loi sur
le renouvellement du privilège de la Rau-
que de France, un projet de loi sur l’orga-
nisation des caisses régionales de crédit
agricole mutuel, en affectant il ces caisses
et aux sociétés locales de crédit agricole
mutuel, l’avance et la redevance aunuetle
que la Banque de France aura à verser dan-
les caisses du Trésor.
Ce projet a été distribué aujourd'hui à la
Chambre. En voici le texte :
Article 1 r. - La sê'tnme de 40 millions
de francs versée au Trésor l,at’ Is Banque
de France, en vertu de la convention in
31 octobre 1896, approuvée par i;: loi du
17 novembre 1897, est mise à la disposition
du gouvernement pour être attribuée, à
FEUILLETON DE L’INDÉPKNDANT 51
CHARLES OKH CRAN (1B 8
LE
Roman d’une Prinossse
DEUXIÈME PARTIE
Choeee d’Eepa|(ne
IX
L’HONNEUR BRITANNIQUE
Dans U soirée du jour où venait d'avoir lieu
à la villa Phoebua le serment téméraire de la
jeune princesse et le retour inattendu de Don
Fernando, sur un banc du galon d’attente de
la gare de Pau, Miss Mary, assise, la tête
voilée et serrant sa taille élégante dans une
mante aux larges plis, attendait le départ du
train rapide de Bordeaux. — Il était environ
o-t- t «
après sa discussion avec la Marquise, elle
voulait éviter de revoir Béatrix, sachant bien
que son coeur aurait trop de peine à supporter
ses adieux. Kilo avait donné ordre à la femme
de chambre spécialement Attachée à son ser-
vice, de rassembler ses elle t s et de les lui
envoyer à Bordeaux chez .son beau-frère.
De temps A autre sa main se portait à ses
yeux rougis pour essuyer scs larmes ; malgré
son âme énergique, maigre la fierté qu’elle
puisait daus les traditions de sa race héroïque,
elle était femme, et ne pouvait, sans céder A
la douleur, voir se briser en un instant les
liens d’alTcction qui avaient duré si longtemps
entre elle et la noble famille espagnole qu’elle
voulait quitter pour toujours.
Cependant sa résolution n’avait pas. faibli
un instant, elle n’hésitait pas A faire le sacri-
fice de son bonheur, en échange de sa liberté !
Les guichets venaient de s’ouvrir pour la
distribution des billets et, prenant avec elle
un petit sac de voyage contenant des bijoux et
ce qu’elle avait de plus précieux, seul bagage
dont elle se fût chargée, elle s’approchait de
la grille quand elle aperçut un militaire en
petite tenue de voyage. Il parcourait la salle
en regardant de tous cétés, comme s’il eheh-
( liait quelqu’un. Miss Mary le reconnut bien-
tôt, c’était son beau-frêre, le colonel d’Artigny ;
— elle courut à lui et un éclair de joie brilla
en même temps sur ces deux visages...
— Dieu soit loué ! j’arrive A temps, dit le
colonel ! d’abord il n’est plus question de
aùnnrv nnnr i»a soir ma coffre Mftrvi vni|s aller.
ferai donner une chambre aussi isolée de tout
le train dos tables d’hôtes que vous pouvez le
désirer, et nous causerons. — Mon cher Geor-
ges, dit Miss Mary, faites bien attention que
je ne veux plus rentrer A la Villa Phocbus, ma
résolution est inébranlable. — Soit, nous par-
lerons de tout cela. — Mais comment êtes-
vous ici t
— Voici une lettre, dit le colo iel, en inon-
trant A sa bellc-souir une envcloj pe décache-
tée, une lettre nui vous l'apprendra... J’étais
loin de m’attendre cependant A no plus vous
trouver chez la Marquise, et si j étais arrivé
une demi-heure plus tard, il aurait fallu que
je vous poursuive jusqu’A Bordeaux. C’est
votre femme de chambre, qui m’a mis au cou-
rant de toute cette histoire, car ji n’ai voulu
demander personno à la Villa avant do vous
avoir retrouvée.
— Vous m'affirmez que vous ne me tour-
menterez pas pour reprendre ma position chez
la Marquise.
— Je vous l’affirme. — Eh bien ! je vous
suis.
Une voiture attendait le colonel, en un ins-
tant ils furent arrivés A l’hôte 1 et installés
dans un petit salon retiré.
— Vous me permettrez, cliére Mary, de me
faire servir ici quelques réconfortants, dit le
colonel, car, poui arriver plus vite, je n'ai
rien pris depuis sept heures du matin.
Quand le garçon eut mis sur la table tout ce
que demandait le voyageur, (t qu'installés
devant un bon feu le frère et la soeur se trou-
11 * ..T. ... ,an^m,nT,n,>,T,,,nr,n
— Maintenant, colonel, dit Miss Mary, j'es-
père que vous allez me dire pourq uoi vous êtes
ici, et dans une circonstance si imprévue.
— Non seulement ie vais vous le dire, mais
je vais vous le lire ; où plutôt lisez vous-même
dit lé colonel A Miss Mary en lui présentant
toute ouverte la lettre qu’il lui avait dé.jA
montrée à la gare.
Miss Mary saisit le papier précipitamment,
A mesure qu’elle lisait, ses traits, pAlis par la
fatigue, passaient par toutes les teintes et tou-
tes les variations de la colère, do l'apaisement
et de la stupéfaction la plus complète.
Le colonel regardait sa belle-soeur en silen-
ce, et en se mordant la moustache d'un air où
se mélangeaient d'une manière assez bizarre
l’intérêt d’un beau-frère et la jovialité d'un
soldat :
Voici ce que contenait cette lettre étrango
Monsieur le Colonel d’Artigny, Esquire,
au 82* régiment de Chasseurs,
A Bordeaux.
Colonel,
J’ai eu le plaisir l’honneur de vous sorrer la
main, pendant le siège de Metz et de donner
des louanges A votre grand courage et A votre
belle conduite.
C’est pourquoi je souffrirais grandement de
devoir aujourd’hui vous offrir une réparation
avec les armes si vous vous trouviez otiensé
par ce que j’ai A dire. (Vous pardonnerez lo
pou d’habitude que j'ai d'écrire eu Français).
Dans un moment d’exaltation ’pour une eau
,■-**.n’**bi«e nies, i’ai fie suis obligé de pro-
noncer ce mot), j'ai insulté gravement votre
très honorable parente Miss Mary luokiel-
Üouglas.
Et cette jeune dame n’a pas voulu me par-
donner mon offense.
Cependant colonel, j’avais reconnu ma fau-
te, aussitôt que mon esprit avait retrouvé son
calme. Je lut ai offert des excuses bien réité-
rées.
Considérant mon honneur de gentilhomme
anglais engagé A réparer cet mitiage, je m'a-
dresse ù vous, colonel.
Votre parente a montré qu hile ai ait leen ur ‘
très haut placé, digne d’unejfcouronne. J'ai été
tout A fait, absolument subjugué nar sa digni-
té et par les grâces de son aimable personne.
J'ai oublié tout ce qui aurait pu m'engager
vis-A vis d'une famille très noble et très puis
santé, pour ne plus penser qu'à colle qui s'est
montrée si cruelle pour moi.
EntinT colonel, comme réparation, Moi, Tslr
Williams, comte Batli-Elweu d'Argy Rester,
Pair d'Angleterre, j’offre, si elle daigne l'ac-
cepter, A Miss Mary Lokiel-Douglas, de la
prendre pour légitime épouse, lui donnant avec
ma fortune le rang ut les honneurs dont je dis-
pose dans le pays et à la cour d’Augleterre :
En foi de quoi, je signe :
LORD WILLIAMS BATH-ELWIN.
P. S. — Toujours aux ordres du celonel
d Artigny pour toute autre
réparation qu’il exigera.
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