Titre : L'Indépendant des Basses-Pyrénées : paraissant les lundi, mercredi et vendredi ["puis" paraissant tous les jours excepté le dimanche "puis" journal républicain quotidien "puis" le mieux informé des journaux de la région]
Éditeur : [s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1898-01-05
Contributeur : Garet, Émile (1829-1912). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34416250c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 janvier 1898 05 janvier 1898
Description : 1898/01/05 (A31,N68). 1898/01/05 (A31,N68).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau) Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau)
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau) Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau)
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5227157b
Source : Bibliothèque patrimoniale de Pau, Ee 3218
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/03/2020
Trente-Un!ém« Ann4s. — N* 09.
l’rfx : B Centimes.
Mercredi 6 Janvier 1898.
— ——* *—
[texte manquant]
DES BASSES-PYRÉNÉES
. • . » /. • !»■.'!/."■ y■* -—
Paraissant tous les Jours excepté le Dlnaanoüel
''1.4
•A.
A
AnOXXEMKXTW » S MOI» 6 MOIS TA»
Pau, départ, et limitrophes 6 fr. » 10 fr. 2.0 fr.
Autres départements 6 50 12 2A
Maires et instituteurs des B.-Pyr.... 8 16
ÉTRANGER PR1I|DU DÉPARTIMENT ET PORT EN SUS
—— >i>l ■ ' ^i ■■ . ——i --^31— -- - - , |M
iiUSD ACTION et ADMINISTRATION : 11, rue des Cordeliers, 11 _ PAO
Rédacteur en Chef < Octave AUBERT
IA DIRECTION POLITIQUE APPARTIENT AU CONSEIL D’ADMINISTRATION DE LA SOCIETE DE * L'INDEPENDANT »
Tout ce qui concerne les Abonnements cC'es Annonces, doit être adressé à Pau
A M. Georg ssHA U R E T administrateur-comptable /& Paris, aux diverses Agences pour lés annonces.
Les MantucrltH non Inséré» ne sont pas rendus.
iTOt 1 — ■ m »
» , .AIf*OWCB8
Annonces judiciaires 20 c. la ligne.
Réclan es AA
Chronique locale ou faits divers .* ” * ‘ ‘ ’ * QQ _
• A FORFAIT POUR LES ANNONCES DE DURÉE
[BOURRE RR PARIS
(PAR DÉPHCH»)
Cours du 4 Janvier
S *0 Perpétuel 103.05
8 0/0 Amortissable 101.80
8 1/2 0/0 1894 106.80
EXTRAIT DE LA COTE OFFICIELLE
Cours du 8 Janvier.
Banque de Franee 3 575
Crédit Foncier 658
Crédit Lyonnais 800
Société Générale 530
Orléans .••..*«1.AI2
Nord 2.053
Midi 1.449
Ouest.... 1.203
P.-L.-M 1.826
Est 1.080
Cosapagnie du Gaz 1.138
Canal de Suez 3.330
8 1 t • 0 Russe 1891 102.20
3 OO Anglais consolidé 111.80
4 •/Cl Espagnol, extérieur 00 85
5 M O Italien, 06..60
4 01 Autrichien, Or 103.00
4 •,e> Américain, Or 105.30
5 »/• Portugais 20.90
S •/•Argentin 476.00
BARCILONB, 1" janvier. — Change sur Paris,
88 40 ; change sur Londres, 38 60.
Lisaosiia, 1" janvier. — Change sur Pars,
794 0# ; change sur Londres, 35 96 ; or, 47 1/2.
BVINM'AYRBS, 1"janvier.—Prime or 174 3|4
HIO-DB-.IAKBIRO, 1" janvier. — Change sur
Londres. 7 1 16.
VALPABAISO, 1" janvier. — Change sur /Lon-
dres, 17 3/4.
TÉLÉGRAMMES
Service spécial de l'INDÉPENDANT
DÉPÊCHES DE LA NUIT
Paris, 3 janvier.
I.es notabilités dé la eolcmiorusse à Paris
n’ont pas voulu laisser partir M. le baron
de Mohrenhéim, ambassadeur de Russie,
qui doit aller prochainement prendre pos-
session du poste d’honneur auquel vient de
l’appeler le tsar, sanè lui donner une mar-
que publique de leur profonde sympathie.
Elles hii ont offert hier soir à 8 heures, un
banquet au restaurant Cubât.
Bastia, 3 janvier.
Le nommé Pietri, employé à l’octroi, qui
avait été congédié depuis le 1er janvier, a
donné ce matin, à 9 heures, sur la place du
Marché, trois coups de couteau à M. Cerny,
directeur du personnel.
M. Cerny est mort ce soir. L’assassin a
été arrêté.
Madrid, 3 janvier.
On annonce le déraillement d’un train de
marchandises, près de la gare de Malagou,
sur la ligue de Ciudad-Rëal; on craint qu’il
y ait deux morts et plusieurs blessés.
Paris, 3 janvier.
D’ici peu de jours le gouvernement sera
en mesure de faire connaître les résultats
des pourparlers, engagés avec le Vatican,
au sujet des titulaires à donner aux sièges
épiscopaux vacants.
Madrid, 3 janvier.
La requête présentée à la naine régi ute
par le général Weylor et la communica ion
qui l'accompagne et qui est adressée au
gouvernement, envoyées au conseil suprê-
me de la guerre en vue des poursuite s à
intenter contre le général pour in Tract, ons
graves aux lois, n’ont rencontré dans l’ttat-
major de l’armée ni écho, ni approbation.
Trois officiers généraux seulement pai ais-
sent être d’accord avec les écrits et l’atti-
tude du général Weyler. Le gouvernement
n’attache à cette affaire ni importance, ni
grave portée.
Bayonne, 3 janvier.
Les nouvelles de Madrid, arrivées ici par
le courrier, s’accordent à reconnaître ju#
l’attitude prise par le général VVey er,
généralement blâmée,' n’a pas augmenté,
au contraire, le nombre de ses partisans.
On trouve bizarre et singulier qu’après
son langage menàçant' il se soit hâté de
demander audience à la reine-régente el de
rendre visite il M. Sagasta pour fournir des
explications sur lâ publication de sâ lett e.
DÉPÊCHES DU MATIN
Paris, 4 janvier, 8 h. matin.
L'enquête, sur la catastrophe do Péage-de-
Roussillon est presque terminée. Lu culpabilité
du bloqueur de C/onas parait de pluu en pi is
certaine. S en arrestation est maintenue ut il sera
poursuivi judiciairement pour abandon de sui
poste, inobservation des règlements et homioicé
par imprudence.
— Hier, une collision de trains s'est produite
sur la ligne ferrée entre Glascow et Edimbourg
Il y a eu un mort et plusieurs blessés.
MADRID. — 5,000 hommes seront envoyés u
Cuca à la fin de janvier. On expédiera ensuite du
nouveaux renforts jusqu'à concurrence de 14,001
hommes.
Paris, 4 janvier, 10 h. matin.
L'BCHO DE PARIS se dit en mesure d'annoncer
que la pièce secrète qui fut communiquée aux
juges de Dreyfus et qui décida leur conviction et
leur verdict aéra également lue aux membres du
Conseil de guerre devant lequel comparaîtra le
commandant Esterhazy.
— L'ÉCHO DE PAI IS et /e PTTIT PARISIEN assurent
que le Conseil de guerre chargé de juger le com-
mandant Esterhazy aura lieu dans le huis-clos
absolu.
Le MATIN et le JOURNAL disent que le huis-clos
sera seulement momentané.
— Le correspondant du FIGARO â Berlin télé-
graphie que le prince de Bismarck est extrême-
ment abattu et paralysé ; il ne quitte plus la
chaise roulante. On s'attend à un dénouement
fatal qui, cependant, ne parait pas imminent.
— Un télégramme de Toronto annonce qu’au
meeting tenu à London (Ontario) le plancher s'est
écroulé. On compte une centaine de morts.
— Les dernières nouvelles parvenues de l'Ou-
banghi démentent complètement tous les bruits
conoernant le massacre de la mission Marchand.
DÉPÊCHES DU SOIR
( 4 h. 20 s.
Le JOÜR dit tenir de bonne source que Tordre
de mise en jugement de Esterhaiy est conçu en
termes favorables pour Esterhazy.
Le même journal prétend que la justice civile
interviendra après 'e prononcé du jugement du
conseil de guerre. Le parquet poursuivra Mathieu
Dreyfus en correctionnelle pour dénonciation
calomnieuse sans que Esterh a/y doive intervenir.
La PATRIE dit que les audiences du conseil de
guerre auront lieu a huis-clos. Aucune pièce ne
sera lue publiquement.
CANNES. — M. Al'éline a reçu hier M. Barthou
chez lequel U est allé ensuite accompagné de
quelques amis. M. Ilèline a reçu dans la soirée
le sous-préfet de Grasse qu'il a retenu à dîner.
PRIVAS. — La tempête a causé de grands dé-
sastres dans la contrée, la toiture de l'école de
garçons de Mézillac a été enlevée, le bâtiment a
été évacué.
AUXEJtRE. — Une bande d'étrangers a attaqué
ce matin le courrier de St-Julien et lui a volé
cinq mille francs. Les malfaiteurs sont arrêtés.
ALGER. — Les obsèques de l'archevêque Dus-
serre ont eu lieu ce matin. Le gouverneur, l'ami-
ral, les généraux y assistaient. L’archevêque de
Carthage a prononcé l'oraison funèbre. Lé cer-
cueil a été descendu dans la crypte de la cathé-
drale.
PÉTERSBCURG. — Une mission sous le com-
mandement d ) Léontieif et d'Atto Joseph partira
prochainement pour "Abyssinie.
TORONTO. — Le p’ancher s'est effondré pen-
dant la réunion publique à Londort. 200 personnes
sont tombées dans une cave profonde de 7 mètres.
Il y a 28 mort» et une centaine de blessés.
QAVAS.
Pav., le 4 Janvier 1898.
LE PARLEMENTARISME
Lorsque la Chambra se trompe ou donna
une preuve d'impuissance, il se renooptre
invariablement do bons esprits pour dé-
montrer avec beaucoup de logique et de
force que la machine parlementaire fonc-
tionnerait infiniment mieux, si l’on n’avait
pas commis l’imprudence d’en fausser les
rouages essentiels. En un mot, tout ce qui
va mal irait bien si nous possédions le par-
lementarisme dans toute sa beauté et sa
simplicité. C’est un vieux refrain. Nos
grands-pères ont eu la consolatfon de l’en-
tendre sous Louis XVIIr et Charles X : il a
charmé les oreilles de nos pères sous la
monarchie de Juillet,car riep n’est nouveau
sous le soleil.
II y a incontestablement une part assez
large de vérité dans ces critiques ; mais il
ne faudrait pas cependant conclure de là,
comme le font ceux qui ont un penchant
pour les solutions radicales et extrêmes,
qu’il faut remiser ou briser la machine à
cause de son imperfection relative. Il con-
vient également de se tenir en garde contre
ces délicats qui disent : le parlementarisme
sera sans défaut ou ne sera pas, car leur
idéal ressemble au merle blanc.
Les peuples, dans tous les temps et sous
les plus divers régimes, sont comme ces
malades qui se retournent sans cesse dan»
leur lit sans réussir à trouver une position
qui les satisfasse complètement ou, si vous
préférez une autre comparaison, ils rappel-
lent ces sybarites dont une feuille de rose
offensait la mollesse. Ils se mettent sur le
côté droit, puis sur le gauche,s’agitent saus
relâche et ne sont jamais satisfaits. C’est
ainsi que le suffrage universel fréquem-
ment déçu par les ambitieux qui le courti-
sent, change de favoris, et que ces favoris
eux-mêmes eu usent avec les ministres
comme les enfants avec les capucins de
cartes dans l’espoir de mettre la main Sur
des serviteurs dociles ou'bien, si l’ambition
les tourmente, afin de conquérir une place
dans ces ministères que Napoléon compa-
rait irrévérencieusement â des léproseries.
Cette douille inconstance des électeurs et
des élus est, nous affirme-t-on une des
causes principales de la décadence du par-
lementarisme ; mais spngaz que ceux-là et
ceux-ci sont des hommes et vous compren-
drez qu’il est peut-être excessif d’exiger
qu’ils deviennent des anges.
Si l’excellence du régime parlementaire
est à ce prix, disons-nous tout de suite què
la perfection n’est pas de ce monde et
accommodons-nous d’une perfection rela-
tive, môme très relative.
Si ce relatif est un mal, il faut nous rési-
gner de bonne grâce à ce mal inévitable et
tirer d'un instrument imparfait les meilleurs
ou les moins mauvais services possibles.
Les docteurs qui dissertent sur ces ma»
tières, dans les réuniuns publiques, dans
les journaux ou bien encore à la fin d’un
banquet, se refusent obstinément à [raire la
part du feu, ayant découvert ou s’imaginant
avoir trouvé de souverains remèdes, ils pro
posent avec assurance de les appliquer.
Certains de ces remèdes ont quelque chose
d’héroïque. Les socialistes, par exemple,
ne voient de ressource que dans une révo-
lution qui aboutirait à l’égalité dans l’escla-
vage. La France deviendrait une vaste
èhioûrme où, sauf peut-être M. Janine, nul
n aurait alors le temps ni le droit de parler.
Les admirateurs du césarisme prônent la
coup d’Etat el leur premier soin serait de
fermer le parlement, après avoir démoli la
tribune. L’effet cessant arec la cause, noua
serions, par l’un ou l’autre de ces moyens,
débarrassés, guéris des maux du parlemen-
tarisme, en vertu de l’axiôme : morte la
bête, mort le venin.
Des esprit* mieux pondérés ont des théo-
ries plus séduisantes et moins brutaies ; ks
ont même des plans fort beaux sur le papier.
Reste la pratique et, au contact do cette
pierre de touche, leur or pur se transiorma
aussitôt en un vulgaire doublé. Leurs sys-
tèmes sont ingénieux ; mais à la façon des
utopies, car, neuf fois sur dix, ils négligent
ou paraissent ignorer l’ambition dans un
milieu où elle rôgue en souveraine.
Lamartine disait à Nisard, en 1848 :
« La République serait possible en France
s’il s’y trouvait un homme politique qui
! consentit à être le second. » Une expérience
! de vingt-sept années prouve que la Répu-
blique est possible en France et que la se-
conde place n’y est pas dédaignée ; le mal-
heur est môme que tout le monde ou pres-
que tout le monde la convoite. On se rési-
gne à attendre la présidence de la Républi-
que, on se montre impatient de mettre la
main sur la présidence du conseil.
Quand un premier ministre s’éternise, —
je veux dire quand il demeure en fonction*
au-delà d’un semestre, — cent héros déses-
pérés s’accrochent à ses basques pour le
tirer en bas et lui ménager une culbute. M.
Méline. résiste à tous les assauts, et voilà
M. LockriD- malade, M. Mesureur languis-
sant, taudis que M. Bourgeais souffre d’une
jaunisse politique et que M. Goblet éprouve
des accès d’hydrophobie. Parcourez la liste
des divers cabinets qui se succèdent, non
pas seulement sous la troisième République
mais depuis 1815, et vous constaterez ai.-é*
inent qu’elle a un air de martyrologe.
Cette instabilité, tout le monde con-
vient, est fâcheuse ; cependant, ia machine
gouvernementale n’en a pas moins continué,
sous la monarchie comme sous la Républi-
que, à marcher, pour cette raison que. si
les ministres changent, l’administration
demeure. Celle-ci fonctioune sans interrup-
tion et ses rouages sont si bien montés, si
FBUILLBTON DB L’INDÉPENDANT 40
CHARLES DBS GRANGE»
LE
Roman d'une Princesse
,, aM.— i. —» . ■
DEUXIÈME PARTIE
_
(JhMes d’Espagne
Eh bien ! 1a petite drogue, elle avait fait un
Le au mariage..., mai* je ne regrette rieu
elle est un peu bête..., tant mieux... Eh !
vous vous rappelez bien m’avoir vu avec elle,
quand je vous ni rencontré sur le boulevard,
i d y a près de six ans, je n’avais pas encore
hérité, je portais un gros sac ae gomme avariée
4 un contre ru de la rue des Lombards. Oui j'ai
I Lien mené ma barque, j’ai fait, Monsieur, vous
I me croirez si vous voulez, j’ai fait «ucccssive-
. ment le gros, le demi-gros et la spécialité...
f lie pouvez-vous demander de plus. . Je n a-
[ 'ais pas besoin d’ôtre mniô mol '. Vous, c’est
| différent. Dans notre épicerie de New-York,
I *vec 8,000 fr. an étant raisonnable, vous pour-
I fez mettre quelque! chose de côté et puis,
I dune t le patron pourra peut-être, si ça va,
I vous donner un petit intérêt dans l'affaire..,
UMuienparlerai... ^
causer, causer, je suis capable de manquer la
voiture à cause de vous ; elle paî t n dix heures
et demie diable ! il est dix-heures a mi. mon-
tre... et je vais chercher ma femme et mes i
mioches à Saint-Sébastien... depuis qu’elle y
a passé un hiver... elle s est entichée de ce
pavs-là... c’est béte, niais il faut bien faire ce
què veulent les femmes... no me reconduisez
pas... Bonsoir, Mesdames.., très beau clair
de lune ! vous autres, les Jacques, je vous re-
verrai à Paris bientôt... vous m’écrire/, votre
arrivée pour que je puisse prévenir nron ami...
l’ouverture '*• l’épictirl* dit pour le Jl5 décem-
bre... vous avez l-omps .. Allons! pas de
remerciements... je sui» connue çn... mol,
obligeant, c’est ma nature !
Et semblable à un tourbillon il dispàrut
comme il était arrivé.
Mlle Perkains et ses hôtesse regardèrent en
silence un instant, enfin René partit la pre-
mier d’un franc éclat de rire qui fut répété par
SQS parents... — Et voilà, ma chère tante,
dit M. D’Elbéhe les amis et les protecteurs
intelligent» qu’on trouve à Pari» dan» lé mondé
des affaires,.. vous voyez jusqu'où, peut être
portée l’outrecuidance humaine...
— Mais, mon neveu, d't'st un malotru, votre
ami ; d'ou sort-il? comment 1 scc nuaiwwz-vous?
— Mon Dieu, ma tante, je ii’ea sais trop rien
moi-même, on vérité, je l’ai connu au collège
et alors, remtne je passais pour riche, ii s’était
accroché à moi et m'avait en haute estime...
parce qu’il voyait que les autres me considé-
raient cotnmibun garçon d’avenir... Il snvait
très bien que je n’avais de goût quo peut les
arts et la littérature et, alors il portait liant
mes projets et ma vocation; vous voyez qu'il a
aingulièreme ^ cl»*"gé d’a*»«.
La conversation roula quelque temps e ncore
*ur cette apparition grotesque et F heure ordî-
nnîrn <1«» wc-'Ç" — * - - ~ ~ Â 1 g
rrtfmuu ’
iv
LA GUERlfUÎ EN NAVARRE
LA OARIDAHI
Quelques ipurs se passèrent pondant lesquels
MnêPerk'àfné, raSiiérètiêc, rajeunie, fiàfaissaif
s'étre, comme par enchantement, dépouillée
des aspérités dé son caractère. Il n’y avait plus
en elle ni raideur, n! «licence, effe malt tout
à la joio do se sentir entourée d’êtres diguesde
son estime et de son affection --La résqluticm
d’ailleurs de ne pas parler politique était rigou
rcusement respectée do part «A d’autre. M.
P’Elbùne s’était rernis au travail; chaquo jour
il consacrait plusieurs heures à mettre au cou-
rant pp* volumineuse correspondance relative
\ la catastrophe commerciale qui ayait compro-
mis toute sa fortune et qu’il espérait encore
pouvoir conjurer en partie ; le reste du temps
il dessinait et étudiait des plans qu il comptait
léaliser plus tard. — Sa femme avait aussi
lupi'ly sps nipceaux, et quelques belles études
c'après nature avalent charmé los yeux Inexpé-
rimentés, mais doué* d’un sentiment nuturel-
1 xaefrt artistique, de sa tante, toute surprise
d’un, talent «iiquel elle n’avait pas cru tout 4'u
hzni,-«dieué faisan de longue* mr.nrsiou» dans
les montagnes, pt liiijps l'ueciipipagnuit en Loi
racontant les légendes du pays, et les exploits
ji itnériques de ses compatriotes. — C’était une
sorte de fièvrp, que lo ifunp lycéen à l’àine ar-
dente et exaltée écoulait les récits de son gul-
do, La vie des Car lister célébras, si fécond* en
épisode* drauittiques et mêmes terribles, le
remplissait d’admiration. Les luttes sanglantes
d< Ramon Cabrodi.ohntro le général Mina lui
pt -6!ss,lient les plus merveilleuses de* aven tu-,
souvent des excès et des cruautés où *o trou-
vaient entraînés les combattants des deux
parti*.
Quand il revenait d’une de ces courses d’ex-
plorations, l’oeil animé, le coeur ému uutant
par l’incomparable beauté des sites qu’il par-
courait que par les souvenirs guerriers que lui
avait révélés telle ou telle vallée, tel ou tel
sommet du Quipuzcoa ou de la Navarre, Mlle
Perkains s* plaisait à l’interroger, à découvrir
dans son àme les sentiments d'admiration qui
l'agitaient. Elle lui citait dos membres de sa
famille qui avaient, quoique français,combattu
pour la cause Carliste et tpi préohaitsaiis aesae
Infidélité à la monarchie de* Bourbons de
Frantse et d’Espagne.
M. D’Elbêne, qui s'êtàit inquiété d’abord de
cette direction d'esprit pour son fils et de l'in-
flueuce que pouvaient avoir sur lui lesopiniqtit
exaltées de sa tante, avait pu *e vassuivr en
causant sérieusement plusieurs rois avec René,
et en constatant que cet enfant, quoique d’un
caractère fougueux et Impressionnable, possé-
dait uu fond de raison qui le mettrait plus lard
â l’abri d’entraînements funestes... Il comm it
que, du passé de notre histoire, il retiendrait
tout ce qui est honneur, grandeur, loyauté et
que, pour l’avenir, 41 saurait saluer lé progrès
et lp* bgèoinÿ nouveaux d'une *mnùte dont la*
bases reposaient maintenant sur des principes
moins arbitraire* que ceux, sj malheureuse-
ment dèiladg*, dp l'uuMotiiii) luomircliie. 11 ne
.sc doutait pas néanmoins de René pour la jeun* liéatrU «t ns pouvait!
dès lors, en prévoir les conséquences,
Cependant la guerre continuait toujours,
plus mouvementé* dans les provinces du nord
de 1 Espagne. Don Carlos était vraiment roi,
dans toute la Navarre, la Biscaye, la Catalo-
gne, l'Aragon ot il tenait une oôur militaire à
Ert«Ua devenu nmiHu'iwn.D.,1 -
et ses fonctions dans l’armée Carliste et soi»
bouillant courage n’était pas uu médiocre ap-
point pour la cause de son paient...
C’était, eh effet, un grand pei-sonnage quce jeune chef et il est temps que le lecteur Soit
iusuuit de son origine. — Petit-fils de 'Infant
Don François de Paule, troisième fils de Char-
les IV et père de Ferdinaud VU, Don Fer-
nando était cousin germain do la Reine Isa-
belle ; il aurait dû, politiquement parlant,
prendre parti pour la reine, mais son er.ractérè
ch«val*re*que Lavait eniraine dans l’opposi-
tion, il avait blâmé l’interprétation que son
aïeul ayait faite de la pragmatique sanction de
1789, pour abolir fa loi Saliquo, et s’éfail ou-
vertement déclaré pemr I Vrttier dépèssédé. —
Sa soeur, dan» Juaua, variée au marquis de
Burgos, grand d’E*pagne et cousin du ia fa-
mille royale, l’avait suivi dans les rangs do
l’armée Carliste. — On s’expliquera dès lors,
facilement, poui-qnéi, pendant qu*i» résidait eri
Frauce où la Retue Isabelle était réfugiée.
Don Feruaudo ôtait contraint de cacher sou
nom çt son rang qui, s’ils eussent été eonnua,
l'auraient exposé lui ot les siens à la ven-
geance de sa royale cousine et de tous ceux
qui soutenaieHt sus droit»...
Occupant l’un dû* premier* rangs à la cour
d’EstcjJc, il \i*t un moment ûu, pe idaai l’ac-
oqlmie que pfodulttren» parmi les belligérants
los sneftes praan’** inespérés de l’armée royale,
tînmes dont .nous perlerons en det-AÜ dans Un
procdiaiu çlippitre, Qoa Feruaud» déstra voir
sa jeune femme venir prendre la place qui lui
était due parmi les prinéesses cl les dames
déjà réunies auteur du jeune souverain. Il e«-
vovn donc un roeaaage à Dons Juana, sa soeur,
pour quelle vint ki rejoindre en amenant don*
ilelena et BéatriX. Ce voyage «offrait, en
réalité, aucun danger à cette époque, les hos-
lérKbiwa.. ...... . - •
l’rfx : B Centimes.
Mercredi 6 Janvier 1898.
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DES BASSES-PYRÉNÉES
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TÉLÉGRAMMES
Service spécial de l'INDÉPENDANT
DÉPÊCHES DE LA NUIT
Paris, 3 janvier.
I.es notabilités dé la eolcmiorusse à Paris
n’ont pas voulu laisser partir M. le baron
de Mohrenhéim, ambassadeur de Russie,
qui doit aller prochainement prendre pos-
session du poste d’honneur auquel vient de
l’appeler le tsar, sanè lui donner une mar-
que publique de leur profonde sympathie.
Elles hii ont offert hier soir à 8 heures, un
banquet au restaurant Cubât.
Bastia, 3 janvier.
Le nommé Pietri, employé à l’octroi, qui
avait été congédié depuis le 1er janvier, a
donné ce matin, à 9 heures, sur la place du
Marché, trois coups de couteau à M. Cerny,
directeur du personnel.
M. Cerny est mort ce soir. L’assassin a
été arrêté.
Madrid, 3 janvier.
On annonce le déraillement d’un train de
marchandises, près de la gare de Malagou,
sur la ligue de Ciudad-Rëal; on craint qu’il
y ait deux morts et plusieurs blessés.
Paris, 3 janvier.
D’ici peu de jours le gouvernement sera
en mesure de faire connaître les résultats
des pourparlers, engagés avec le Vatican,
au sujet des titulaires à donner aux sièges
épiscopaux vacants.
Madrid, 3 janvier.
La requête présentée à la naine régi ute
par le général Weylor et la communica ion
qui l'accompagne et qui est adressée au
gouvernement, envoyées au conseil suprê-
me de la guerre en vue des poursuite s à
intenter contre le général pour in Tract, ons
graves aux lois, n’ont rencontré dans l’ttat-
major de l’armée ni écho, ni approbation.
Trois officiers généraux seulement pai ais-
sent être d’accord avec les écrits et l’atti-
tude du général Weyler. Le gouvernement
n’attache à cette affaire ni importance, ni
grave portée.
Bayonne, 3 janvier.
Les nouvelles de Madrid, arrivées ici par
le courrier, s’accordent à reconnaître ju#
l’attitude prise par le général VVey er,
généralement blâmée,' n’a pas augmenté,
au contraire, le nombre de ses partisans.
On trouve bizarre et singulier qu’après
son langage menàçant' il se soit hâté de
demander audience à la reine-régente el de
rendre visite il M. Sagasta pour fournir des
explications sur lâ publication de sâ lett e.
DÉPÊCHES DU MATIN
Paris, 4 janvier, 8 h. matin.
L'enquête, sur la catastrophe do Péage-de-
Roussillon est presque terminée. Lu culpabilité
du bloqueur de C/onas parait de pluu en pi is
certaine. S en arrestation est maintenue ut il sera
poursuivi judiciairement pour abandon de sui
poste, inobservation des règlements et homioicé
par imprudence.
— Hier, une collision de trains s'est produite
sur la ligne ferrée entre Glascow et Edimbourg
Il y a eu un mort et plusieurs blessés.
MADRID. — 5,000 hommes seront envoyés u
Cuca à la fin de janvier. On expédiera ensuite du
nouveaux renforts jusqu'à concurrence de 14,001
hommes.
Paris, 4 janvier, 10 h. matin.
L'BCHO DE PARIS se dit en mesure d'annoncer
que la pièce secrète qui fut communiquée aux
juges de Dreyfus et qui décida leur conviction et
leur verdict aéra également lue aux membres du
Conseil de guerre devant lequel comparaîtra le
commandant Esterhazy.
— L'ÉCHO DE PAI IS et /e PTTIT PARISIEN assurent
que le Conseil de guerre chargé de juger le com-
mandant Esterhazy aura lieu dans le huis-clos
absolu.
Le MATIN et le JOURNAL disent que le huis-clos
sera seulement momentané.
— Le correspondant du FIGARO â Berlin télé-
graphie que le prince de Bismarck est extrême-
ment abattu et paralysé ; il ne quitte plus la
chaise roulante. On s'attend à un dénouement
fatal qui, cependant, ne parait pas imminent.
— Un télégramme de Toronto annonce qu’au
meeting tenu à London (Ontario) le plancher s'est
écroulé. On compte une centaine de morts.
— Les dernières nouvelles parvenues de l'Ou-
banghi démentent complètement tous les bruits
conoernant le massacre de la mission Marchand.
DÉPÊCHES DU SOIR
( 4 h. 20 s.
Le JOÜR dit tenir de bonne source que Tordre
de mise en jugement de Esterhaiy est conçu en
termes favorables pour Esterhazy.
Le même journal prétend que la justice civile
interviendra après 'e prononcé du jugement du
conseil de guerre. Le parquet poursuivra Mathieu
Dreyfus en correctionnelle pour dénonciation
calomnieuse sans que Esterh a/y doive intervenir.
La PATRIE dit que les audiences du conseil de
guerre auront lieu a huis-clos. Aucune pièce ne
sera lue publiquement.
CANNES. — M. Al'éline a reçu hier M. Barthou
chez lequel U est allé ensuite accompagné de
quelques amis. M. Ilèline a reçu dans la soirée
le sous-préfet de Grasse qu'il a retenu à dîner.
PRIVAS. — La tempête a causé de grands dé-
sastres dans la contrée, la toiture de l'école de
garçons de Mézillac a été enlevée, le bâtiment a
été évacué.
AUXEJtRE. — Une bande d'étrangers a attaqué
ce matin le courrier de St-Julien et lui a volé
cinq mille francs. Les malfaiteurs sont arrêtés.
ALGER. — Les obsèques de l'archevêque Dus-
serre ont eu lieu ce matin. Le gouverneur, l'ami-
ral, les généraux y assistaient. L’archevêque de
Carthage a prononcé l'oraison funèbre. Lé cer-
cueil a été descendu dans la crypte de la cathé-
drale.
PÉTERSBCURG. — Une mission sous le com-
mandement d ) Léontieif et d'Atto Joseph partira
prochainement pour "Abyssinie.
TORONTO. — Le p’ancher s'est effondré pen-
dant la réunion publique à Londort. 200 personnes
sont tombées dans une cave profonde de 7 mètres.
Il y a 28 mort» et une centaine de blessés.
QAVAS.
Pav., le 4 Janvier 1898.
LE PARLEMENTARISME
Lorsque la Chambra se trompe ou donna
une preuve d'impuissance, il se renooptre
invariablement do bons esprits pour dé-
montrer avec beaucoup de logique et de
force que la machine parlementaire fonc-
tionnerait infiniment mieux, si l’on n’avait
pas commis l’imprudence d’en fausser les
rouages essentiels. En un mot, tout ce qui
va mal irait bien si nous possédions le par-
lementarisme dans toute sa beauté et sa
simplicité. C’est un vieux refrain. Nos
grands-pères ont eu la consolatfon de l’en-
tendre sous Louis XVIIr et Charles X : il a
charmé les oreilles de nos pères sous la
monarchie de Juillet,car riep n’est nouveau
sous le soleil.
II y a incontestablement une part assez
large de vérité dans ces critiques ; mais il
ne faudrait pas cependant conclure de là,
comme le font ceux qui ont un penchant
pour les solutions radicales et extrêmes,
qu’il faut remiser ou briser la machine à
cause de son imperfection relative. Il con-
vient également de se tenir en garde contre
ces délicats qui disent : le parlementarisme
sera sans défaut ou ne sera pas, car leur
idéal ressemble au merle blanc.
Les peuples, dans tous les temps et sous
les plus divers régimes, sont comme ces
malades qui se retournent sans cesse dan»
leur lit sans réussir à trouver une position
qui les satisfasse complètement ou, si vous
préférez une autre comparaison, ils rappel-
lent ces sybarites dont une feuille de rose
offensait la mollesse. Ils se mettent sur le
côté droit, puis sur le gauche,s’agitent saus
relâche et ne sont jamais satisfaits. C’est
ainsi que le suffrage universel fréquem-
ment déçu par les ambitieux qui le courti-
sent, change de favoris, et que ces favoris
eux-mêmes eu usent avec les ministres
comme les enfants avec les capucins de
cartes dans l’espoir de mettre la main Sur
des serviteurs dociles ou'bien, si l’ambition
les tourmente, afin de conquérir une place
dans ces ministères que Napoléon compa-
rait irrévérencieusement â des léproseries.
Cette douille inconstance des électeurs et
des élus est, nous affirme-t-on une des
causes principales de la décadence du par-
lementarisme ; mais spngaz que ceux-là et
ceux-ci sont des hommes et vous compren-
drez qu’il est peut-être excessif d’exiger
qu’ils deviennent des anges.
Si l’excellence du régime parlementaire
est à ce prix, disons-nous tout de suite què
la perfection n’est pas de ce monde et
accommodons-nous d’une perfection rela-
tive, môme très relative.
Si ce relatif est un mal, il faut nous rési-
gner de bonne grâce à ce mal inévitable et
tirer d'un instrument imparfait les meilleurs
ou les moins mauvais services possibles.
Les docteurs qui dissertent sur ces ma»
tières, dans les réuniuns publiques, dans
les journaux ou bien encore à la fin d’un
banquet, se refusent obstinément à [raire la
part du feu, ayant découvert ou s’imaginant
avoir trouvé de souverains remèdes, ils pro
posent avec assurance de les appliquer.
Certains de ces remèdes ont quelque chose
d’héroïque. Les socialistes, par exemple,
ne voient de ressource que dans une révo-
lution qui aboutirait à l’égalité dans l’escla-
vage. La France deviendrait une vaste
èhioûrme où, sauf peut-être M. Janine, nul
n aurait alors le temps ni le droit de parler.
Les admirateurs du césarisme prônent la
coup d’Etat el leur premier soin serait de
fermer le parlement, après avoir démoli la
tribune. L’effet cessant arec la cause, noua
serions, par l’un ou l’autre de ces moyens,
débarrassés, guéris des maux du parlemen-
tarisme, en vertu de l’axiôme : morte la
bête, mort le venin.
Des esprit* mieux pondérés ont des théo-
ries plus séduisantes et moins brutaies ; ks
ont même des plans fort beaux sur le papier.
Reste la pratique et, au contact do cette
pierre de touche, leur or pur se transiorma
aussitôt en un vulgaire doublé. Leurs sys-
tèmes sont ingénieux ; mais à la façon des
utopies, car, neuf fois sur dix, ils négligent
ou paraissent ignorer l’ambition dans un
milieu où elle rôgue en souveraine.
Lamartine disait à Nisard, en 1848 :
« La République serait possible en France
s’il s’y trouvait un homme politique qui
! consentit à être le second. » Une expérience
! de vingt-sept années prouve que la Répu-
blique est possible en France et que la se-
conde place n’y est pas dédaignée ; le mal-
heur est môme que tout le monde ou pres-
que tout le monde la convoite. On se rési-
gne à attendre la présidence de la Républi-
que, on se montre impatient de mettre la
main sur la présidence du conseil.
Quand un premier ministre s’éternise, —
je veux dire quand il demeure en fonction*
au-delà d’un semestre, — cent héros déses-
pérés s’accrochent à ses basques pour le
tirer en bas et lui ménager une culbute. M.
Méline. résiste à tous les assauts, et voilà
M. LockriD- malade, M. Mesureur languis-
sant, taudis que M. Bourgeais souffre d’une
jaunisse politique et que M. Goblet éprouve
des accès d’hydrophobie. Parcourez la liste
des divers cabinets qui se succèdent, non
pas seulement sous la troisième République
mais depuis 1815, et vous constaterez ai.-é*
inent qu’elle a un air de martyrologe.
Cette instabilité, tout le monde con-
vient, est fâcheuse ; cependant, ia machine
gouvernementale n’en a pas moins continué,
sous la monarchie comme sous la Républi-
que, à marcher, pour cette raison que. si
les ministres changent, l’administration
demeure. Celle-ci fonctioune sans interrup-
tion et ses rouages sont si bien montés, si
FBUILLBTON DB L’INDÉPENDANT 40
CHARLES DBS GRANGE»
LE
Roman d'une Princesse
,, aM.— i. —» . ■
DEUXIÈME PARTIE
_
(JhMes d’Espagne
Eh bien ! 1a petite drogue, elle avait fait un
Le au mariage..., mai* je ne regrette rieu
elle est un peu bête..., tant mieux... Eh !
vous vous rappelez bien m’avoir vu avec elle,
quand je vous ni rencontré sur le boulevard,
i d y a près de six ans, je n’avais pas encore
hérité, je portais un gros sac ae gomme avariée
4 un contre ru de la rue des Lombards. Oui j'ai
I Lien mené ma barque, j’ai fait, Monsieur, vous
I me croirez si vous voulez, j’ai fait «ucccssive-
. ment le gros, le demi-gros et la spécialité...
f lie pouvez-vous demander de plus. . Je n a-
[ 'ais pas besoin d’ôtre mniô mol '. Vous, c’est
| différent. Dans notre épicerie de New-York,
I *vec 8,000 fr. an étant raisonnable, vous pour-
I fez mettre quelque! chose de côté et puis,
I dune t le patron pourra peut-être, si ça va,
I vous donner un petit intérêt dans l'affaire..,
UMuienparlerai... ^
causer, causer, je suis capable de manquer la
voiture à cause de vous ; elle paî t n dix heures
et demie diable ! il est dix-heures a mi. mon-
tre... et je vais chercher ma femme et mes i
mioches à Saint-Sébastien... depuis qu’elle y
a passé un hiver... elle s est entichée de ce
pavs-là... c’est béte, niais il faut bien faire ce
què veulent les femmes... no me reconduisez
pas... Bonsoir, Mesdames.., très beau clair
de lune ! vous autres, les Jacques, je vous re-
verrai à Paris bientôt... vous m’écrire/, votre
arrivée pour que je puisse prévenir nron ami...
l’ouverture '*• l’épictirl* dit pour le Jl5 décem-
bre... vous avez l-omps .. Allons! pas de
remerciements... je sui» connue çn... mol,
obligeant, c’est ma nature !
Et semblable à un tourbillon il dispàrut
comme il était arrivé.
Mlle Perkains et ses hôtesse regardèrent en
silence un instant, enfin René partit la pre-
mier d’un franc éclat de rire qui fut répété par
SQS parents... — Et voilà, ma chère tante,
dit M. D’Elbéhe les amis et les protecteurs
intelligent» qu’on trouve à Pari» dan» lé mondé
des affaires,.. vous voyez jusqu'où, peut être
portée l’outrecuidance humaine...
— Mais, mon neveu, d't'st un malotru, votre
ami ; d'ou sort-il? comment 1 scc nuaiwwz-vous?
— Mon Dieu, ma tante, je ii’ea sais trop rien
moi-même, on vérité, je l’ai connu au collège
et alors, remtne je passais pour riche, ii s’était
accroché à moi et m'avait en haute estime...
parce qu’il voyait que les autres me considé-
raient cotnmibun garçon d’avenir... Il snvait
très bien que je n’avais de goût quo peut les
arts et la littérature et, alors il portait liant
mes projets et ma vocation; vous voyez qu'il a
aingulièreme ^ cl»*"gé d’a*»«.
La conversation roula quelque temps e ncore
*ur cette apparition grotesque et F heure ordî-
nnîrn <1«» wc-'Ç" — * - - ~ ~ Â 1 g
rrtfmuu ’
iv
LA GUERlfUÎ EN NAVARRE
LA OARIDAHI
Quelques ipurs se passèrent pondant lesquels
MnêPerk'àfné, raSiiérètiêc, rajeunie, fiàfaissaif
s'étre, comme par enchantement, dépouillée
des aspérités dé son caractère. Il n’y avait plus
en elle ni raideur, n! «licence, effe malt tout
à la joio do se sentir entourée d’êtres diguesde
son estime et de son affection --La résqluticm
d’ailleurs de ne pas parler politique était rigou
rcusement respectée do part «A d’autre. M.
P’Elbùne s’était rernis au travail; chaquo jour
il consacrait plusieurs heures à mettre au cou-
rant pp* volumineuse correspondance relative
\ la catastrophe commerciale qui ayait compro-
mis toute sa fortune et qu’il espérait encore
pouvoir conjurer en partie ; le reste du temps
il dessinait et étudiait des plans qu il comptait
léaliser plus tard. — Sa femme avait aussi
lupi'ly sps nipceaux, et quelques belles études
c'après nature avalent charmé los yeux Inexpé-
rimentés, mais doué* d’un sentiment nuturel-
1 xaefrt artistique, de sa tante, toute surprise
d’un, talent «iiquel elle n’avait pas cru tout 4'u
hzni,-«dieué faisan de longue* mr.nrsiou» dans
les montagnes, pt liiijps l'ueciipipagnuit en Loi
racontant les légendes du pays, et les exploits
ji itnériques de ses compatriotes. — C’était une
sorte de fièvrp, que lo ifunp lycéen à l’àine ar-
dente et exaltée écoulait les récits de son gul-
do, La vie des Car lister célébras, si fécond* en
épisode* drauittiques et mêmes terribles, le
remplissait d’admiration. Les luttes sanglantes
d< Ramon Cabrodi.ohntro le général Mina lui
pt -6!ss,lient les plus merveilleuses de* aven tu-,
souvent des excès et des cruautés où *o trou-
vaient entraînés les combattants des deux
parti*.
Quand il revenait d’une de ces courses d’ex-
plorations, l’oeil animé, le coeur ému uutant
par l’incomparable beauté des sites qu’il par-
courait que par les souvenirs guerriers que lui
avait révélés telle ou telle vallée, tel ou tel
sommet du Quipuzcoa ou de la Navarre, Mlle
Perkains s* plaisait à l’interroger, à découvrir
dans son àme les sentiments d'admiration qui
l'agitaient. Elle lui citait dos membres de sa
famille qui avaient, quoique français,combattu
pour la cause Carliste et tpi préohaitsaiis aesae
Infidélité à la monarchie de* Bourbons de
Frantse et d’Espagne.
M. D’Elbêne, qui s'êtàit inquiété d’abord de
cette direction d'esprit pour son fils et de l'in-
flueuce que pouvaient avoir sur lui lesopiniqtit
exaltées de sa tante, avait pu *e vassuivr en
causant sérieusement plusieurs rois avec René,
et en constatant que cet enfant, quoique d’un
caractère fougueux et Impressionnable, possé-
dait uu fond de raison qui le mettrait plus lard
â l’abri d’entraînements funestes... Il comm it
que, du passé de notre histoire, il retiendrait
tout ce qui est honneur, grandeur, loyauté et
que, pour l’avenir, 41 saurait saluer lé progrès
et lp* bgèoinÿ nouveaux d'une *mnùte dont la*
bases reposaient maintenant sur des principes
moins arbitraire* que ceux, sj malheureuse-
ment dèiladg*, dp l'uuMotiiii) luomircliie. 11 ne
.sc doutait pas néanmoins
dès lors, en prévoir les conséquences,
Cependant la guerre continuait toujours,
plus mouvementé* dans les provinces du nord
de 1 Espagne. Don Carlos était vraiment roi,
dans toute la Navarre, la Biscaye, la Catalo-
gne, l'Aragon ot il tenait une oôur militaire à
Ert«Ua devenu nmiHu'iwn.D.,1 -
et ses fonctions dans l’armée Carliste et soi»
bouillant courage n’était pas uu médiocre ap-
point pour la cause de son paient...
C’était, eh effet, un grand pei-sonnage quce jeune chef et il est temps que le lecteur Soit
iusuuit de son origine. — Petit-fils de 'Infant
Don François de Paule, troisième fils de Char-
les IV et père de Ferdinaud VU, Don Fer-
nando était cousin germain do la Reine Isa-
belle ; il aurait dû, politiquement parlant,
prendre parti pour la reine, mais son er.ractérè
ch«val*re*que Lavait eniraine dans l’opposi-
tion, il avait blâmé l’interprétation que son
aïeul ayait faite de la pragmatique sanction de
1789, pour abolir fa loi Saliquo, et s’éfail ou-
vertement déclaré pemr I Vrttier dépèssédé. —
Sa soeur, dan» Juaua, variée au marquis de
Burgos, grand d’E*pagne et cousin du ia fa-
mille royale, l’avait suivi dans les rangs do
l’armée Carliste. — On s’expliquera dès lors,
facilement, poui-qnéi, pendant qu*i» résidait eri
Frauce où la Retue Isabelle était réfugiée.
Don Feruaudo ôtait contraint de cacher sou
nom çt son rang qui, s’ils eussent été eonnua,
l'auraient exposé lui ot les siens à la ven-
geance de sa royale cousine et de tous ceux
qui soutenaieHt sus droit»...
Occupant l’un dû* premier* rangs à la cour
d’EstcjJc, il \i*t un moment ûu, pe idaai l’ac-
oqlmie que pfodulttren» parmi les belligérants
los sneftes praan’** inespérés de l’armée royale,
tînmes dont .nous perlerons en det-AÜ dans Un
procdiaiu çlippitre, Qoa Feruaud» déstra voir
sa jeune femme venir prendre la place qui lui
était due parmi les prinéesses cl les dames
déjà réunies auteur du jeune souverain. Il e«-
vovn donc un roeaaage à Dons Juana, sa soeur,
pour quelle vint ki rejoindre en amenant don*
ilelena et BéatriX. Ce voyage «offrait, en
réalité, aucun danger à cette époque, les hos-
lérKbiwa.. ...... . - •
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