Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1874-01-26
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 janvier 1874 26 janvier 1874
Description : 1874/01/26 (Numéro 1932). 1874/01/26 (Numéro 1932).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k521143k
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/02/2008
LE GAULOIS
aiter à quelque racontar qui pourrait arri-
ver à l'oreille de ces « maudits reporters
qui pourtant n'ont fait que strictement leur
devoir.
Jeudi, M. deTorsay a interrogé Guignard,
Hénault et Frottier.
Tous les trois ont énergiquement protesté
de leur inno'cence.
Frottier a supplié !ë'tnagistrai instruc-
teur de presser son inibrmation
Hâtez-vous, tui a-f-it dit, monsieur le
juge, de prendre vos renseignements pour
établir mon innocence, ca.rje meurs ici
Lebœuf et Guittemard ont été amènes, l'un
vendredi, l'autre hier, dans le cabinet du
magistrat. Mêmes protestations énergiques.
A l'heure actueile, !a justice n'a pas le plus
pi:tit éclaircissement sur toute ce'le sombre
affaire On ne peut guère compter .que sur
des contradictions qui pourraient amener les
détenus a se trahir, si réellement i~s, sont
coup&btes
Je. reste à RambouiUet pour vous préve-
nir des moindres incidents qui pourraient
se produire.
HtPPOhYTR N&ZKT.
No~mes âRéns~gnemen~s Q
Au ministère des aHaires étrangéi'es, on s'est
aujourd'hui, rendu uu compte exact del'im-
pression produite en Europe par les déclarations
pacifiques de M. le d'jcDecaxss.
M. Nigra, nous pouvons le garantir, a for-
mellement déclaré, au nom de son gouverne-
ment, que l'Italie était satisfaite il a même
laissé au ministère une communication en ce
sens, adressée au ministère des affaires étran-
gè"e8parM.Minghclti.
L'Allemagne s'est prononcée dans ce sens;
et tes autres puissances européennes, intéres-
sés à la paix .général ont félicite de )eur côté
M. le duc Decazes de ses paroles, qui tendent à
apaiser les esprits et à ouvrir une ère de calme
dans tout le continent.
Le cabinet de Versailles a fait. officiellement
ramercier le cabinet du Quirinai des honneurs
rendus par les troupes italiennes à la dépouille
mortelle du colonel de la Haye.
Le maréchal président de la République re-
cevra au palais do l'Elysée le mardi 27 janvier.
MM. l~s députés seront admis sans cartes
d'invitation.
Le vice-président du conseil, ministre de l'in-
térieur, recevra le dimanche soir 23 janvier,
au mmistèfe de l'intérieur, a Paris. r
Le garde des sceaux, ministre de la justice,
t'ecovra le samedi soir 24 janvier, à Versailles,
rue do ta Pompe, 14.
M. Washbunie,avan't d'aller offrir à M. Thiers
de la part des républicains français de Phila-
detphie le présent que ceux ci ont adressé à
fancion président do la République, a informé,
–coiiibrmémcnt aux usages diplomatiques–
N. le duc Decazes de )a visite officielle qu'il se
disposait à faire à l'auteur de I'jB!~Co?MM~i! de ~'jE'MjM?'c, et lui a demandé d'au-
Mriser cette visite, tt va sans dire que M. le
duc Decazes s'est empressé de donner à M.
Washburne .l'autorisation qu'il demandait.
Faisons remarquer, à propos de l'incident
Schérer, que la 6'<ïM«e ~M~M~ édite un
bruit suivant lequel M. Jules Favre aurait en-
gagé M. Nigra à profrter de la situation du gou-
vernement français pour accentuer les réclama-
tions do l'Italie.
Nous sommes certains que M.'Jules Favre
donnera un énergique démenti à cet écho d'ou-
tre Rhin.
M. de Saint-Laumer, nommé, il y a quelques
jours, maître des requêtes au conseil d'Etat, où
)1 était auditeur depuis plusieurs années, quitte
la direction du cabinet du ministre do l'inté-
)'!oHt', position qu'il occupait déjà sous M.
Beulé.
La commission de l'armée a adopté, sans dis-
cussion, le rapport de M. le duc d'Harcourt
tendant à conférer à titre définitif leurs grades
dans l'armée aux ducs d'AIençon et de Pen-
thièvre.
Nous ne croyons pas que la France ot l'An-
gleterre aient pu s'entendre au sujet d'une con-
vention littéraire entre les deux pays.
Il y aura donc encore des jours fructueux
pour les auteurs anglais qui, sans vergogne,
pillent nos auteurs dramatiques t `
Un ancien député disait hier
« Les séances des 21 et 22 janvier nous rap-
FEUILLETON DU 26 JANVIER 1874.
LA MAISON
'DE
ê ~âPU~StC
LU n!JE ~LnM~tb
PROLOGUE
VI
DERNIÈRES !NSTRUCTIONS
Le comte Léone avait eomme Chauveau
comptétement changé de costume.
H était en tenue de voyage, veston croisé,
de co.uieur brune, pantalon pareil, et enve-
loppé d'un ample pardessus à la mode du
jour. Son petit chapeau de feutre noir sor-
tait de chez Finaud ses bottines, scrupu-
leusement cirées, dessinaient un pied assez
iln et chaussé avec goût. Sous ce costume
négligé, comme sous ia tenue de Parisien
sportsaaan, le comte Leone était toujours io
jeune et brillant cavalier que nous avons vu
aux courses exciter à un si haut degré la
curiosité gén~rsie.
Je t'attendais dit Chauveau sans se
lever, et en indiquant du geste une chaise
au nouveau venu.
Oh j'ai bien ie temps d'être assis,
pendant les cinq heures d'express dont je
suis menacé repartit le jeune homme, qui,
après avoir posé son chapeau sur !e vieux
carton vert défoncé, aituma ua londrès et
alla simplement s'adosser à la cheminée.
Comme tu voudras, dit Chauveau ce-
pendant nous avons à cau&er peut-être un
peu longuement.
Va toujours, et ne t'inquiète pas du
reste, répondit encore Léone.
Chauveau l'enveloppa dans un rapide re-
gard.
Tu es très bien, fit-ii. Tu as tout à fait
bon air. Je suis décidément content. On te
prendrait pour un garçon de bonne famille.
Mais je m'en Natte répliqua Léone en
lançant une bouSée de cigare qui monta en
spirales bleues vers le j)!afond.
Oui, poursuivit Chauveau, tout y est
non-seulement l'extérieur, mais encore cer-
taines qua!itésqui ne s'acquièrent pas, à ce
,~i Reproduction interdite"Wt"
peltent celles de 1848 et 1849, qui se termi-
naient si souvent par des duets entre députés.
Le bruit do la sonnette de MN.'Marrast et Du-
pin avait pour accompagnement obligé les dé-
tonations des pistolets de nos honorables, o
Voici comment est composée la commission
de liquidation de la liste civile impériale
1' bureau MM. le marquis de Moriemart.
2~ b. Lefévro-Pontalis (Ant.). 3° b. d Haus-
sonville. 4° b. Ernest Picard. 5" b. Ar-
feuitleres. 6" b. FoarEand. 7" b. Maze-
rat. 8< b. Carbonnier do Marza". 9" b.
doRainneviile.–10<'b. Méplain.–lfb.: Henri
Martin.–12" b. LeRoyer.–13° b.:Journault.
–14° b. Marquis de MaUeviMe.–13" b Ro-
bert do Mussy.
L'~TMMm publie eu tôte de son numéro d'hier
une lettre, signée Henri, écrite par M. le comte
de Chambord à M. Laurentie et Catée de Frohs-
dorf, le 2l* janvier 1874.
« Je n'oublie pas, dit-il, ~uo vous naissiez le
« jour même où la Révolution commettait le
« pl:js grand ue ses crimes.
a corde encore da longues années pour l'hon-
« ceur des lettres, et vous donne la joie d'ss-
« d'assister au triomphe do la cause que vous
« avez si noblement servie! c'est le vœu te plus
"ardent de mon cœur.;) n
On voit que M. de Chambord a perdu beau-
coup de ses illusions.
Son « triomphe )' no Lui paraît possiMe que
dans « de longues années. »
Laissons lui cet espoir à longtemps.
A ..a,; 'o,
Extrait du CoM~Mi" (~ PaW~
Un journal de Paris, qui so tait !o continua-
teur d'une politique, hosttle au gouvernement,
a failli être supprimé hier. Si de hautes influen-
ces Font préservé pour une fois, il n'est pas
probable qu'elles lui serviront de nouveau.
Ou citait, il y a quelquesjouts, dans les cou-t
loirs de, l'Assemblée, les paroles dites par M.
d'Audifiret-Pasquicr.
H n'y a plus do ministère possible après
cetui-ci. Autrefois la Chambra usait le minis-
tère aujourd'hui, c'est 'te ministère qui use la
Chambre.
M&RC GÈR&M).
BL. ~ï~X~CE r~A~G'OM
tT
M. Galloni d'Istria.
,:r ~I .,x
Le Cû&fW~~ ~e J~~M 'donne sur I'incidea<
que nous avons déjà résumé diaprés iui les
détails suivants, dout nous lui laissons, bien
entendu, toute ta responsabilité
n'y a trois jours, M. V,de Marseille, fut
rendre visite à M. Galloni d'Isfria, député ctc
la Corse en le quittant, il lui annonça qu'il
se rendait chc z le prince Napoiëon. M. Gal-
loMl'accompagHa.
Rue'de l'Arcade, on'trouva le prince au
miiieu de sa cour, composée de MM. G.
député delà CorùC; P. ancien secrétaire
et ami d'un des principaux hommes du 19
Janvier; G. ancien préfet; N. ancien
maire d'Ajaecio et ancien préfet de Mar-
sci!ie M. R. ancien députe et ancien mi-
nistre M. S. que le procès Bazaine a ré-
cemment mis en vue; A. du ministère 0)-
iivie! et-autres étoiles de deuxième et troi-
sième grandeur.
L'accueil fait par le prince aux nouveaux
visiteurs fut assez arrogant; puis on en vint
à parler politique: le pri::ce s'emporta alors,
et, prenant M. Galtoni directement à partie,
il lui dit les choses les plus dures sur l'atti-
tude du parti bonapartiste à l'Assemblée et
sur la sienne personnellement, l'accusant
d'aider le ministère au !ieu de le renverser,
comme c'était son devoir.
M. Galtoni répliqua que le parU n'avait
pas à se plaindre du ministère, qui s'était
au contraire montré très conciliant dans'fa
question de liquidation de la liste civile im-
périale, et qu'au reste, le ministère rem-
plaçant celui-ci ne serait qu'un ministère
d'Audinret-PaBquier, assurément plus hos-
tile au parti bonapartiste.
< Qu'importe? répliqua le prince: ce mi
« nistere est pourri de ctëricatismc, et vous
« le soutenez
K Mais, monseigneur, répoadit M.
« Gallooi, la France est catholique, et nous
« obéissons à nos devoirs en la représen-
« tant avec des sentiments catholiques, sans
« être pour cela cléricaux. <
A cette t épouse froidefaent et paisible-
ment faite, la colère du prince ne connut
que !'on dit. Ton éducation est suffisante
tu connais ton Paris sur te bout du doigt
tu as, sur tout, juste assez de notions pour
parler de façon à faire croire à une instruo-
i tion réelle, et assez d'esprit pour te faire
écouter à Paris cela suffit ou a peu près
pour être admis dans un saioa ou dans un
club. De plus, tu es joli garçon jet tu plais
aux femmes c'est la clef d'or, et ii n'y a pas
boaucoup de gandins même de première
catégorie, qui puissent en présenter autant.
Tu vas faire rougir ma modestie, in-
terrompit Léone. Ce n'est pas, je suppose~
pour m'adresser tous ces compliments que
tu m'as donné rendez-vous. Ou veux-tu en
venir ?
A cette observation importante, reprit
Chauveau c'est que Paris n'a aucun rapport
avec la province et qu'il va falloir te garder
& carreau.
J'attends tes instruetioas.
Mon petit, fit Chauveau avec une fa-
miiiahté un peu hautaine, et d'une voix
nette et brève qu'il n'avait pas encore eue
jusqee-Iâ, tu vas partir dans une heure pour
Nevers, et demain peut-être tu vas,te trou-
ver en contact avec des gens de très haute
volée, qu'on met difticitemeut dedans, et qui
savent parfois discerner avec un uair ex-
traordinaire un véritabte homme du monde
d'un aventurier; ne m'interromps pas
il n'y a pas a renâcler sur les mots.,A Pa-
ris, où l'on vit à la vapeur, où l'on n'a que
juste le nombre d heures voulues pour dé-
jeûner, alier au Bois, dîner, s~ rendte au
bal ou au théâtre,. souper,' ei; !e 'este, on
n'a pas le temps de s'informer bien longue-
ment des antécédents ou des moyens d'exis-
tence d'un aimable cotBpagnoa qui se pré-
sente bien, cau~e agréubJemc'nt, est de pré'
mière force à Féoar~é, sait son sport sur le
bout du do~gt et n'a pas son pareil comme
valseur. Mais, t:n province c'est une autre
aB'&u'e.
Tu \as,me réciter le ~e ~~M-y~
Ffï~MM~ ~~o!?M!M, dit Leone, qut se mit
à rire.
Non ) te guide du ma!in qui ne veut pas
être pince, repaîtit Chauveau de sa voix
brève et perçante, et sans que sa lèvre eût
t'ombtë d'un sourire. Il faudra donc ma-
nœuv-rer avec une extrême réserve et mettre
une sourdine à c( !!fs de t.-a façons qu~ ex-
cellentes peut-êtx; a Pans, eûaroudi' raient
tant soit peu là b.'
Tu n'as pas i <. ~in d<; ~n; dire ça.
Je te le dis f~ iaënie. La noMesse
de province, j'entC!:Js cdie qui résid.jsur-
ioat en province p: ~dant ia plus grande
P~us de bornes, et H en arriva à commettre-
cette hérésie de bon sens de s'écrier que la
France n'est pas catholique et qu'on la
trompa en le iui disant. « Quant à vous,
« monsieur le député, ajouta t-H,je sais à
« quoi m'en tenir sur votfe compte, et vous
<* voteriez'très bien pour Chambord, si on
« vous le demandait.
Sur cette parole outrsgennte pour le ca-
ractère si justement apprécié de i'mtertocu-
teur du prince, M. Gatfoni, qui~n'avait''rien
perdu de son sang froid devant cette ridicule
sortie, se leva, et, regardant bien en face le
"svcude~â~o)eon~jl.ui.m.
« Monseigneur, lorsque l'on me deman-
« df-ra de voter pour la restauration d'un
< prince sur te trône de France, je vSfët-aî
« pour le Prince Impéfiat.cM~ F'M ~6~, et
«y~~M~o~ un ~M~'g [ « Puis, .se tour-
nant vers J'enioufage du prince et visant
particuiieremcnt M. N. ii ajouta «~Quant
t à ces m. qui \ous consentent déjouer
« unpareUTÔte.j') tes méprise etTteBau-
t rais plus longtemps rester en teur com-
« pagnie. < M. Gaiioai d'Istria sortit sur~es
paroles et ue \ou[ut rien entendre de ce que
lui dirent les spectateurs de cette scène,
pour en atTénùcr ia portée ëtia violence.
La colonie corse eutLbieatôt coMàissanco
de ce qui s'était passé, et tes cartes de visite,
nous. 1 avons oit.'tomberent dru commegrête
chez l'honorable dcpu:é,qui, voulant remer-
cier ses amis, se rendit au café de la Paix,
sur le boulevard des Italiens, ~ieu habituel
de leurs iéunicns. Qa .se congratula, on s'of-
frit un punch, et l'on ne but pas. à la santé
du prince Napoléon.
1 Nous n'avons pas cru,'il ~'a deuxjouM,
devoir'taire un très regrettable incident,
devenu beaucoup trop publia pour que l'on
put espérer faire le silence autour de iui.
H s'agissait d'une altercation survenue
entre !e prince Jérôme Napoléon et l'hono-
rable M. Galloni d'Istna.
Depuis, les journaux se sout emparés de
cette affaire et reproduisent à lourde rô!e
âne lettre adressée par le prince Jérôme Na-
poléon à un de nos confrères de province, kt"
tre dont la publication aurait été là cause
première de la discussion si vive qui s'est
élevée dans losaion du prince.
Nous déplorons sincèrement les difucultés
que le prince Jérôme Napoléon ne cesse
d'ajouter à celles d'une situation intérieure
très embarrassée. w
Quand le nombre des partisans du régime
unpérial augmente tous les jours, qua~d
surtout le. Prince ImpériaF est à )a vei!!e
d'atteindre sa'majorite et de devenir ua
homme, par 16 droit comme il l'est déjà par
le caractère et l'intelligence,–il nous sen.-
bte que c'est singulièrement choisir l'heure
pour provoquer un nouveau scandale.
Nous nous expliquons ma), d'aiDeur?, les
mobiles de la conduite du prince Jérôme-
Napolëon la solitude qui s'est faite autour
de lui après chacune de ses défections au-
rait dû lui prouver déjà l'inanité de toute es-
pérance personnelle.
Le nouvel incident qui vient de se pro-
duire atteindra ce seul résultat de grouper
plus loyalement et plus sincèrement que
jamais autour du Prince Impérial les dé-
voués de sa cause.
Quand un parent abandonne le foyer de
familte, tes amis se resserrent et font oublier
le vide causé par son départ.
EDMOND ÏARBÉ.
-w.r.
Chronique militaire
En juin ou juillet 18'7l, je rencontrai mon
ancien che!' d'état-major, le brave et honnête
général de Cissfy, dans le cabinet d'un de
ses principaux chefs de service. A cette épo-
que, beaucoup de personnes s'imaginaient
qua le nouveau ministre de la guerre, qui
venait de succéder au général Le FIô, avait
dans sa poche un projet de réorganisation
militaire, et qu'avant le terme fixé pour la
libération du territoire, notre armée serait
de nouveau sur un pied formidable et prête*
à toute éventualité.
Je lui dis en souriant que le publie se
faisait d'étraegcs illusions, et que, pour mon
compte personnel, je lui donnais trois ans
partie de l'année, a une vie toute spéciale,
calme, honnête.
Tranchons le mot ennuyeuse.
–Ennuyeuse, c'est possible; mais il faudra
t'y faire et l'accepter. Je connais par cœur le
pays où tu vas ne nous embarquons pas à
la légère. Je t'ai déjà fait ta leçon je crois
que tu la sais.
Parfaitement.
Bon! mais enfin nous voilà tout près
du but. It s'agit de ne rien livrer au hasard.
Sur ces mots Chauveau s'était levé, et il
se mit à marcher de long en large à travers
ia chambre.
Si habitué qu'il dût être à son singulier
interIecHteur, si blasé qu'il fût sur toutes
choses, Leone ne put s'empêcher de tres-
saillir. La voix de l'homme d'affaires était
devenue plus brève encore et avait pris tout
à coup un accent d'autorité presque terrible.
Le personnage même s'était comme transH-
guré. Chauveau, que nous avons vu aux cour-
ses marchant lentement et portant pour ainsi
dire avec peine le poids de ses fourrures,
Chauveau était devenu soudainement un
homme de fer, droit et solide, à la voix im-
périeuse, au regard plein d'une flamme
étrange. 1
Après quelques pas, fafts sans qu'il eût
dit une parole, et comme suivant la logique
de ses pensées, il se rassit.
Le comte de Chantelys, dit-il, est,
comme culteur, f~rmier.'éleveur, draineuret toutce
qui constitue le progrès accompli depuis les
G~K~ exploitan! lai-même ses terres',
expérimentant les nouveaux systèmes, ayant
des f'eroies-modètes, et médaillé aux co-
mices.
Il n'a pas toujours été aussi laboureur
que ça, continua-i-H avec une expression
d'ironie haineuse impossible à rendre; mais
enfin, aujourd'hui, il est complet. De plus,
un peu philosophe ou philanthrope, parlant
volontiers de la régénération sociale, enfin
un utopiste Tu voia le type?
–Comme si la Bruyère l'avait décrit.
En ce cas, passons à la comtesse.
Léone prit une chaise, s'y assit à cali-
fourchon et parât redoubler d'attention.
La comtesse, dit Chauveau, est ce que
le curé de Chantelys appelle la bienfaitrice
du pays. C'est une ~mme un'peu mélanco-
lique.
Leone sour.L Chauvc~u vit ce sourire.
–Vaità, r.l.~a-t-il, un de (Mssous-fn- il
tend'jg excessiv .ment t-pirituets, dont ilt't.u-
dra absolument te eomgf;~ si tu ne veux pas
toatpepdre.
pleins rien que pour la réorganisation du per-
sonne), et de cinq à dix ans pour la réfec-
tion~e notre matériel. Le ministre trouva
mes prévisions raisonnables, et l'événement
les a amplement justifiées car il est peu
probable que la série des lois organiques et
des règlements d'administration relatifs à
1 armée soit achevée le l"-juiHet 1874. r
L'Assemblée nationale a voté, !@ 27 juillet
1872, ia loi de recrutement, qui met à )a dis-
position du gouvernement le personnel sel-
date le 24 juillet 1873, la première partie
de la loi d'organisation, qui fixe en btoc !e
nombre et ta oomposm&H-~es-cot~M-d~rm~e,
et que les mauvaises langues désignent sous
le nom de loi des panaches.
"Rîen'n~~teTaîf~ncore~pounes'oM'cïers'
du grade de sous-iieutenant à celui du géné-
ral de df\'isioh quant aux sous-otHciers, on
tes a gratifiés d'une loi sur les emplois ci-
vils, qui ne paraît pas avoir atteint son but,
puisque ces modestes et si utites auxiliai-
res du commandement s'empressent de quit-
ter le service aussitôt que possible.
Le ministre de !a guerre et les personnes
qui s'intéressent aux affaires militaires
voiant avec peine que les tais les plus ur-
gentes, telles que la loi des cadres, la loi
d~s états-majors, comprenant l'ëtat-major
général, te corps ou service d'état-msjor,
les états-majors particuliers de Ta'rtiHerie
et du génie; fa loi sur l'avancement y enfin,
la loi sur les services administratifs, ne sont
pas encore à l'ordre du jour de l'Assemblée
nationale. En attendant, le découragement
prend des proportions inquiétantes à tous
ks échelons de la hiérarchie mifiiaire, et
les demandes de retraite deviennent de plus
en plus nombreuses.
Cependant, ce n'est pas la bonne volonté
qui manque au gbuvernement et aux dépu-
tés mais~ faute d'un plan d'ensemble, leur
travail ressemble assez a celui de f'écureuif:
i!s tournent, tournent toujours sans aboutir,
et des deux côtés la lassitude est extrême.
La commission de l'armée, dite des qua-
rante-cinq, r.éduite aujourd'hui à trente-
huit membres, et qui a perdu s~s princi-
paux collaborateurs, parmi lesquefs je cite-
rai le regretté marquis de Chasselbup-Lau-
bat, les généraux DucrotetTrochu, démis-
sionc aires, et le géEéral Chanzy, absorbé
par son gouverttemeat de t'Amène; cette
commission aurait besoin de se rajeunir un.
peu en s'adjoignant les officiers nommés
députés postérieurement à sa formation.
Cette adjonction .me paraît d'autant plus
désirable, que les lois en cours d'élaboration''
sont essentiellement te~niques .et. n'ont aui-
cun caractère politique.
11 est vivement à désirer que l'honorable
président de ta commission des quarante-
cinq," M. de Lasteyrie, propose à la Cham-
bre de lui donner pour auxitiaire~ les géné-
raux de Cissey, Mazure, Duboys~-F.csnays,
Guiliemaùt, LeteDiei-Vaiazé, Saussier et l'a-
miral JaurÈs.
Tous ces officiers conhaisseat parfaite-
ment l'armëë, et jouissent de t'estiae et de
la considération de tous les militaires les
trois premiers apporteraient le concours de
teur~ longue expérience des choses de la
guerre les trois derniers, celui d'u'ne ar-
deur et d'une énergie qui n'ont pas eu le
temps de s'émousser dans des discussions
trop souvent stériles; M. te généra! Guit)e-
maut, un des premiers orateurs militaires de
la Chambre, fe premier même depuis le dé-
part du général Trochu, serait un
excellent, et dans les meilleures conditions
pour aider son collègue et ami Chareton dans
ses difficiles et très fatigantes fonctions de
rapporteur.
J'ai l'intime conviction que ma proposition
a l'assentiment unanime de l'armée, d'au-
tant plus que j'y fais preuve du plus grand
éclectisme car je ne fais d'exception que
pour le colonel Denfert-Rochereau, dont les
théories sur la discipline ont produit une
trop fâcheuse impression pour .ne pas le
rendre impossible dans une commission mi-
litaire fonctionnant sous le régime actuel.
J'attends toujours la nomination de quel-
ques inspecteurs d'armée. Pourquoi ne nom-
merait-on pas .à ces importantes fonctions
MM. le maréchal Canrobert, le général Chan-
garnier et le comte de Palikao, qui rem-
plissent toutes )es conditions désirables? et,
à ce propos, je ne m'explique pas pourquoi
M. Changarnier, ancien gouverneur de l'Al-
gérie, ne s'est pas fait relever de sa retraite
Cette bêtise! nous sommes entre
nous.
Mon petit, c'est très sérieux, reprit
Chauveau de plus en plus grave. Je rc-
prenda ta comtesse est donc une femme
mélancolique, très douée, très bonne, très
charitable, et que je crois d'une grande ex-
pansion, d'un grand besoin d'expansion sur-
tout. Règle-toi là-dessus. Quant à' la fille,
c'est une enfant de dix-sept ans comme
toutes les pensionnaires.
Je sais comment il faut les prendre, dit
Léone. Tu peux t'en rapporter à moi.
Ici il y eut une pause, pendant laquelle
Chauveau imposa silence au jeune homme
d'un geste qui frisait le mystère.
Attends, reprit-il. J'arrive maintenant
à un personnage d'autant plus important,
qaeje ne l'avais pas p~évu.du moins., tel
que je le soupçonne.
De qui s'agit-ii ?
Du marquis de Baradieu.
Je le connais de vue, dit Leone quel
rapport?
Il a un rapport si étroit avec notre af-
faire, que, demain matin, ce monsieur ira
rue Lafiitte, n° 1, demander au comte Leone
une explication à propos de la livrée des
jockeys de ce soir.
Léone fit un mouvement Jbrusque.
–En vérité? St-iL~t tu. ne me disais
pas..
Tout vient à point. Ii n'y a pas à s'é-
tonner la chose devait arriver, et nous n'a-
vons pas commandé les livrées pour des pru-
nes. Seulement, au lieu de tomber exclusi-
vement sur des oisifs, nous avons rencontré
un personnage dangereux.
Dangereux? mais il habite presque
constamment Paris.
Qui, jusqu'à présent mais quelque
chose me dit que tu le retrouveras dans la
Nièvre.
Qui te le fait penser ?
–Tout et rien. nous verrons ptus.tard.
Léone était devenu aussi sérieux que
Chauveau.
Celui-ci reprit
-–Le Baradieu, je le connais mieux que
toi. Je sais sur lui des choses qui me le font
craindre. Il est fort et il est brave. Ii a joué
vingt fois sa vie dans des duels et en Affi-
que.-ou, pendant une acnée, il s'est amusé
à.faire campagne tn amateur.
–En quoi uo~e suaire regarde-t-etie ce
Bayard?
Bayard tant que tu voudras mais je suis
certain que tu le trouveras quelque jj.;r en
travers de ta route.
et placer dans !e cadre des généraux en
chef maintenus sans Umite d'âge.
A. WACHTER.
-T.
Ii~bimatioDs générales
xesoox.jt f
Saint-Jèa~t'M~z, 23 janvier.
peurarnYé-mer*sMr n'a pas apporté !e cour-
rier de Madrid, )o chemin de fer étant coupé
depuis quatre jours entre la capitale et San-
..tandet.
Cette dernière vitie, sans rempart et sans
canons, a été fortement menacée par qaatra
JRliie car!~te~qtti,. ay.aat.pptis.daa.Mme-
ment de la milice, voûtaient s'en emparer. Des
vapeurs envoyés en toute hâte à Santoua oat
ramené des troupes et fait avorter la tentative.
Les carlistes stationnent toutefois dans tes
environs.
Bilbao et Portugaise sont toujours étroitë-
mentbioquees.
Moriones se dirige sur Vittori
Ora.n, 23 janvier: La restitution à l'Es-
pagne de ia .~MNMMCM: et l'internement en Al-
gérie des_ insurgés de Carthagène ayant ra-
mené le catme a Oran, la mission de la frégate.
cuirassée ~<;o~ s'est trouvée terminée. Le
contrë-àmirai dé SurviHe a quitté ~ers-èt kebir
le 20, dans4a direction do Toulon. La~M~-
M~Me du assure que ta-~aco~ ramène en
France un groupe d'insurgés suspectes d'avoir
tait partie de la Commune de Pans et dont l'i-
dentité n'a pu encore être constatée~ T
`~Il
Rouen, 23 janvier, Oj! ,vi~nt d'arrêter le.
nommé Meyssonnier, directeur d'une granda
compagnie d'assurances, dont ies bureaux sont
situés me de Jeanne-Darc, et qui avait occupé,
sous la Commune, un poste très important au
ministèra do ia guerre, celui dé secrétaire des
commandements du général Ctuseret. tJ;'t
i~n".
Genève, 23 janvier.–Nous apprenons la
vente do i'hôtet Beaujon, a Paris. Cet hôte), qui
appartenait & la succession du feu duc de Bruns-
wick, a été vendu 780,000 fr.'au duc de Trévise
(nts du maréchal Mortier). Cette somme est su-
përiHure do 280,000 fr. au prix d'estimation de
l'inventaire de la succession (300,000 t'r..)
Lisbonne, 23 janvier. Une frégate de
guerre, dom l'équipage était auamë.a étesi-
gnaiéo près de ta côte de Sagre.'Etta a hissé lo
pavitton ft'ançais davant le sémaphore. Le con-
sui est allé au' secours de la frégate avec une
corvette portugaise portant des vivres et suivie
d'un remorqueur.
Vienne, 2t janvier. Le poëte Hoffmann de
Failersieben est mort cette nuit au château de
Corvei.
On sait que ce poëte était autrefois un des
pins fermes champions de la démocratie ai)e
maBde. Ami intime d'Hérwegh, FreiHgrath.Kin-
~si, Dingetstodt, il s'était détaché du groupe
qui a cherché une nouveUo patrie en Amérique
et mis au service de la Prusse. Dès ce moment,
il était devenu antipatdiqM a ses anciens amis
etadmirataurfS. .in. j~;
1 a;;w:'
) 'r~
Hulletin politique
-
:1, 'l: F,c
La f~e alUrme qu'elte a in J'origiuat
de I& dépêche expédiée au jD~~ ~Vew~ par
M. Sehérer, et déclare de ia façon la
ph)S absolue que le texte de cette dépêche
n'est pas du tout conforme à la iettte insé-
rée le 3 janvier dans le .Da~y ~M~ Dans
sa dépêche, M Schërerauratt dit positive-
ment que l'Itàiic ne doit pas réclamer en
« ce momeat i'étoignement de rO~Ko~,
taun d'avoir en main un ea~M~ ~6~ dont
< elle pourra profiter et se servir à i'occa-
«sion.)) »
Cette afurmation formelle de )a Presse
dissipe toutes les inexactitudes. Non content
d'être le correspondant d'un journal étran-
ger hostile à la France, ?. Schérer aurait
donné au gouvernement italien des eonseits
nuisibles aux intérêts de sa patrie.
Le correspondant du 2?a!tJy .VeM~ peut
se dispenser d'écrire lettres sur lettres son
patriotisme est jugé si ie télégramme que !c
rédacteur de la .P~.Me a-vu, !u, tenu et co-
pié, n'est pas l'oeuvre d'un faussaire.
Ii faut que cette affaire soit tranchée dé-
finitivement à la tribune de l'Assemblée na-
tionaie. H faut que M. Sehérer réc)ame la
publication du document incriminé. C'est le
seul moyen de dégager sa responsabilité, si
sa responsabilité peut être dégagée.
Et tu crois que cette perspective m'in*
timide ? q
Chauveau haussa les épaules.
Oh ) je sais, répliqua-t-il avec une
pbinte d'ironie, je sais que tu as de l'éner-
g~ et, si je ne te croyais pas capable de
jMertavieà l'occasion, ce n'est pas toi qui
serais ici à cette heure. Aussi est-ce pour
cela que je te parle de-eet-homme. Ce n'est
pas par la violence que nous aurons raison
de lui c'est avea du sang-froid. S'il te parie,
sois impénétrable et gagne du temps La
estlasuprêmehabifeté. i
Est-ce tout ? fit Leone.
–C'est tout, répondit Chauveau. s
!–Quelle heure est-il? »
L'heure de te rendre à la gare.
Mais je ne puis partir sans emporter
les papiers 1
Chauveau fit un signe d'assentiment et
marcha vers son bureau, d'où il tira une
liasse, qu'il tendit à Leone.
Les voici dit-il en même temps.
Puis, de cette voix impérieuse et tran-
chante comme une lame d'épée qu'it avait
déjà prise et qui avait fait tressaillir le
jeune homme r
~–Songe, ajouta-t-il, que ces papiers
sont ta fortune, que c'est moi qui te la
donne, que saas moi Jtu n'as rien et que je
tesurveitle.
Douterais-tu de mon cœur ? p
Ton intérêt m'en répond mais, je te
le répète, n'oublie pas que 'tu n'as rien.
sans Ghauveau; que celui-là te tient comme
au bout d'un fil, et qu'il n'a qu'à ouvrir le
pouce et l'index pour que tu ailles te briser
comme un verre sur le pave.
Sous le feu du regard de Chauveau,
Leone baissa un moment les yeux; mais il
les releva presque aussitôt avec une nou-
velle assurance.
–Maintenant, d~ l'argent! dit-il vivement.
Chauveau, sans répondre, alla ouvrir une
caisse de fer placée dans un angle obscur de
la chambre, en tira successivement dés
liasses de billets de banque et de valeurs,
et, présentant quelques-uns de ces chiHbM
précieux à son interiocuteur
Eo voilà, dit-il. Il y a là, d'abord, dix j
-mille francs en billets de banque. En ou-
tre, comme j'entends que tu tetiennes bien,
et que tu menés !e train qui convient à ton
rang, j'ajoute a )'-traites pour UBc K. mme égale. Js suis en re-
lations a\'ee un ses principaux notaires de
Nevers, M"Boulard..t. Ces traites sont paya-
bles à vue. Tu n'auras, le jour où tu en au- j'
rais besoin, qu'à !< s présenter toi-même.
La F~~$ dit que le gouvernement n'a
pas le droit depubtier la dépêche de l'an-
cien président du centre gauche. Le gouver-
-nemaBt a le devoir.de démasquer les enne-
mis du pays, et nous ne comprenons pas
qu'oui ait 'ië scrupuîe de ne .pas faire con-
naître la corrëspbndaEce des gens lorsque
par mesura de sûreté générale on, a cru de-
vûi~î'arrêter au passage. `
'Les~eouvënances ordonnent d~ la'sser au
.r~cieur'du'~?~~ l'initiative de la publi-
'cattoS: M. Seh~'er a eu !e délai morat de
J)MdËrjsa .cause il se tait. Dune i) avoue sa
cuipabUitë, et le gouvernement commettrait
une f'aib!esse en mënageàht un adversaire
-1)oHtTtp!T!-cons'eTv~îrlTe'et de paix
internationale. paix
'?"ff*' '3'Q $
Les journaux' de Londres nous appren-
nent qu'à la demande de M. Gtadstone, !a
reine ~'Angleterre vient ue dissoudre ia
Chambre des communes:
Dans une tonguec!rcu)aire adressée àses
ëlecteurs de Gr~enwich, it dit que ie minis-
tère n'était'p!u$ assez' soutenu au sein de )a
Chambre. <
« En dissolvant aùjourefhui le~aH~ment,
ajoute-t-H, !e gouvernement pourra s'occu~
per des ancres du'pay's,' sans perdre da
temps. Le budget est dejà'prêt H présentera"
un excédant de cisq mittions de livres ster-
ling,~qui permettra d'aHégëriës taxes toca-
les, d'abolir rimpôtsur le revenu et d'abra-
ger les droits sur certains articles de con-
sommation.~
On le voit,'t'Ang!eterre pturra supporter
sans inconvénient une période électorale.
Le nouveau parlement pourra se réunir
dans ia première semaine du mois de mars.
Dans l'état actud de l'opinion publique'
en Angleterre, il est impossibie de savoir
quel parti triomphera. L'opposition aurait
pu prendre le pouvoir il a a quelques années
elie n'en pas vou!u.
CHA'TtU.ON.
'~Ë€oi'N'JÔUR'
1 ttr~-
L~yo~t(~ ~~M, dont on connaît les
.attaphes, demande une sanction aux rapports
faits par la commission d'enqu&te sur le 4
Septembre:
L'ensemble de&'faits révélés par la commission
d'enquête suc te 4 Septembre, et contenus dans
leâ rapports de 5m. Saiut-Marc'.Girardin, Daru,
pnaper, de.Sugny, de laBorderib, nous semble
apporter; dit-it, unesaiietion néc&ssaire. ît n'est
paspossiMa'qu'une grande Assemblée ait char-
ge une commission du soin do faire une en-
qu~te, que cntte commission sa~soit mise a t'œu-i
yre et quitte ait.poursuivi, pendant de longs
mois, te cours do ses travaux qu'était en-
tendu des dépositions, recueilli des témoigna-
ges, rédigé enfin et publié des rapports, tous
intéressants, et qaetques-uns véritablement re-
Biarquables, et que les choses en restent t& Il
faut évidemment une sanction BUX travaux de
la commission d'enquête sur les actes du gou-
Yern.ement de ta Défense nationate.
Mais de queiie nature sera cette sanction? Que J
les hommes du 4 Septembre se rassurent ia
sanction que nous trouvons nécessaire et que
nous appelons do tous nos vœux n'est pas une
sanction p6nateou judiciaire. Nous ne voulons
pas dire que tels ou lots des actes commis par.
!es hommes du 4 Septembre n'aient pas effectif
vement encouru une sanction de cette nature;
nmis noos croyons qu'avant d'aborder ce côté
particufier de la question, il convient que l'opi-
nion publique ait été mise à même de pronon-
cer en premier ressortsur ta vateur des hommes
du 4 Septembre et sur ta portée de leurs actes
nous croyons qu'it convient quêtes conclusions
des rapport! de la commission d'enquête aient
6(6 discutées, comme l'ont été celtes de la com-
mission des marchés, par exemple. Tetto est la,
sanction que nous réclamons.
M. Saint Ren6 Taitlandier raconte une tou-
chante anecdote sur les derniers jours du
père &rat)y
Un an après nos désastres, une maladie mor-
telle te tenait enfermé dans une petite ville de
Suisse, loin de la France, loin de ses amis. Att
milieu des douleurs les plus cruelles, il ne pen-
sait qu'à la patrie mutitéo, aux départements
occupés par l'ennemi, au moy n de tes anran-
chir sans retard de cette présence odieuse. Un
jour qu'il avait atrocement souffert, il lui ar-
riva de dire tout à coup
Ne serait-ce pas le moment da faire une
trouée ?
Le pieux disciple assis auprès de son lit crut
Bien le bras pour prendre la somme.
Mais Chauveau avait déjà retiré le sien.
Fais le reçu d'abord, ordonna-t-il, et
sigae-Ie du nom dont nous sommes con-
venus.
Leone s'assit au bureau, écrivit rapidement
quelques lignes, et tendit à l'homme d'af-
faires te reçu qu'il venait de signer.
Chauveau prit le papier, le lut avec atten-
tion et finit par le fa~re disparaître dans sa
poche.
Comme il relevait les. yeux sur Leone, il
:vit que celui-ci riait.
De quoi ris-tu? interrogea-t-ii.
–0ht 1 une idée, répondit Leone je
me disais que, maintenant, rien ne me se-
rait facile comme de te laisser en plan, en
gardant l'aN'aire pour moi seut.
Chauveau demeura insensible a cette rail-
lerie il frappa deux petits coups famitiers
EurFépauie du jeune homme, et, d'un ton
dont Léone ne saisit peut être pas l'accent
narquois et gouaiileur
Je ne crojs pas ça, répondit-i! j'ai
confiance en toi, et je ne te jugerai jamais
capable d'un traitsi noir.
Le jeune homme remercia du geste, serra
ia main de Chauveau et s'éloigna en toute
hâte.
L'heure pressait.
Chauveau écouta un moment le bruit de
Sfs pas dans l'esca)ier puis, quand ii n'en-
tendit plus rien, et qu'il put ie croire bien
loin, il remua la tête d'un air d&raiHerie im-
possible à rendre.
–Oui, oui, va, mon bonhomme! mur-
mura-t-u avec un sourire froid et cynique
serre avec soin sur ton fœur If s papiers
quèjevKnsde te remettre! Quand
tu voudras t'en servir, tu verras bien. que
cet MK~e:~ de Chauveau ne t'a donné que
ies ~ow~
Comme il achevait, deux coups de mar-
teau retentirent sur ia porte de ia rue Za<
charte, et à l'instant même l'horrible vieille
entra.
–Onffappe,dit-e!)eunpeuémue.
Eh bien ou'vre, rëpiiqua Chauveàu.
Oui mais l'autre est dans i'Mcaiier,
Tu as raison, dit Chauveau ii est inu-
tile qu'Us se voieut. Fais sortir Leone par
ia petite porto et eutter Gibory par l'autre.
La femme disparut.
Cinq minutes après, un pas !ourd retentit,
et Gibory entrait.
PIERRE ZACCONE Ct ADOLPHE RACOT.
(Z< suite <ï <~M:Mt.)
aiter à quelque racontar qui pourrait arri-
ver à l'oreille de ces « maudits reporters
qui pourtant n'ont fait que strictement leur
devoir.
Jeudi, M. deTorsay a interrogé Guignard,
Hénault et Frottier.
Tous les trois ont énergiquement protesté
de leur inno'cence.
Frottier a supplié !ë'tnagistrai instruc-
teur de presser son inibrmation
Hâtez-vous, tui a-f-it dit, monsieur le
juge, de prendre vos renseignements pour
établir mon innocence, ca.rje meurs ici
Lebœuf et Guittemard ont été amènes, l'un
vendredi, l'autre hier, dans le cabinet du
magistrat. Mêmes protestations énergiques.
A l'heure actueile, !a justice n'a pas le plus
pi:tit éclaircissement sur toute ce'le sombre
affaire On ne peut guère compter .que sur
des contradictions qui pourraient amener les
détenus a se trahir, si réellement i~s, sont
coup&btes
Je. reste à RambouiUet pour vous préve-
nir des moindres incidents qui pourraient
se produire.
HtPPOhYTR N&ZKT.
No~mes âRéns~gnemen~s Q
Au ministère des aHaires étrangéi'es, on s'est
aujourd'hui, rendu uu compte exact del'im-
pression produite en Europe par les déclarations
pacifiques de M. le d'jcDecaxss.
M. Nigra, nous pouvons le garantir, a for-
mellement déclaré, au nom de son gouverne-
ment, que l'Italie était satisfaite il a même
laissé au ministère une communication en ce
sens, adressée au ministère des affaires étran-
gè"e8parM.Minghclti.
L'Allemagne s'est prononcée dans ce sens;
et tes autres puissances européennes, intéres-
sés à la paix .général ont félicite de )eur côté
M. le duc Decazes de ses paroles, qui tendent à
apaiser les esprits et à ouvrir une ère de calme
dans tout le continent.
Le cabinet de Versailles a fait. officiellement
ramercier le cabinet du Quirinai des honneurs
rendus par les troupes italiennes à la dépouille
mortelle du colonel de la Haye.
Le maréchal président de la République re-
cevra au palais do l'Elysée le mardi 27 janvier.
MM. l~s députés seront admis sans cartes
d'invitation.
Le vice-président du conseil, ministre de l'in-
térieur, recevra le dimanche soir 23 janvier,
au mmistèfe de l'intérieur, a Paris. r
Le garde des sceaux, ministre de la justice,
t'ecovra le samedi soir 24 janvier, à Versailles,
rue do ta Pompe, 14.
M. Washbunie,avan't d'aller offrir à M. Thiers
de la part des républicains français de Phila-
detphie le présent que ceux ci ont adressé à
fancion président do la République, a informé,
–coiiibrmémcnt aux usages diplomatiques–
N. le duc Decazes de )a visite officielle qu'il se
disposait à faire à l'auteur de I'jB!~
Mriser cette visite, tt va sans dire que M. le
duc Decazes s'est empressé de donner à M.
Washburne .l'autorisation qu'il demandait.
Faisons remarquer, à propos de l'incident
Schérer, que la 6'<ïM«e ~M~M~ édite un
bruit suivant lequel M. Jules Favre aurait en-
gagé M. Nigra à profrter de la situation du gou-
vernement français pour accentuer les réclama-
tions do l'Italie.
Nous sommes certains que M.'Jules Favre
donnera un énergique démenti à cet écho d'ou-
tre Rhin.
M. de Saint-Laumer, nommé, il y a quelques
jours, maître des requêtes au conseil d'Etat, où
)1 était auditeur depuis plusieurs années, quitte
la direction du cabinet du ministre do l'inté-
)'!oHt', position qu'il occupait déjà sous M.
Beulé.
La commission de l'armée a adopté, sans dis-
cussion, le rapport de M. le duc d'Harcourt
tendant à conférer à titre définitif leurs grades
dans l'armée aux ducs d'AIençon et de Pen-
thièvre.
Nous ne croyons pas que la France ot l'An-
gleterre aient pu s'entendre au sujet d'une con-
vention littéraire entre les deux pays.
Il y aura donc encore des jours fructueux
pour les auteurs anglais qui, sans vergogne,
pillent nos auteurs dramatiques t `
Un ancien député disait hier
« Les séances des 21 et 22 janvier nous rap-
FEUILLETON DU 26 JANVIER 1874.
LA MAISON
'DE
ê ~âPU~StC
LU n!JE ~LnM~tb
PROLOGUE
VI
DERNIÈRES !NSTRUCTIONS
Le comte Léone avait eomme Chauveau
comptétement changé de costume.
H était en tenue de voyage, veston croisé,
de co.uieur brune, pantalon pareil, et enve-
loppé d'un ample pardessus à la mode du
jour. Son petit chapeau de feutre noir sor-
tait de chez Finaud ses bottines, scrupu-
leusement cirées, dessinaient un pied assez
iln et chaussé avec goût. Sous ce costume
négligé, comme sous ia tenue de Parisien
sportsaaan, le comte Leone était toujours io
jeune et brillant cavalier que nous avons vu
aux courses exciter à un si haut degré la
curiosité gén~rsie.
Je t'attendais dit Chauveau sans se
lever, et en indiquant du geste une chaise
au nouveau venu.
Oh j'ai bien ie temps d'être assis,
pendant les cinq heures d'express dont je
suis menacé repartit le jeune homme, qui,
après avoir posé son chapeau sur !e vieux
carton vert défoncé, aituma ua londrès et
alla simplement s'adosser à la cheminée.
Comme tu voudras, dit Chauveau ce-
pendant nous avons à cau&er peut-être un
peu longuement.
Va toujours, et ne t'inquiète pas du
reste, répondit encore Léone.
Chauveau l'enveloppa dans un rapide re-
gard.
Tu es très bien, fit-ii. Tu as tout à fait
bon air. Je suis décidément content. On te
prendrait pour un garçon de bonne famille.
Mais je m'en Natte répliqua Léone en
lançant une bouSée de cigare qui monta en
spirales bleues vers le j)!afond.
Oui, poursuivit Chauveau, tout y est
non-seulement l'extérieur, mais encore cer-
taines qua!itésqui ne s'acquièrent pas, à ce
,~i Reproduction interdite"Wt"
peltent celles de 1848 et 1849, qui se termi-
naient si souvent par des duets entre députés.
Le bruit do la sonnette de MN.'Marrast et Du-
pin avait pour accompagnement obligé les dé-
tonations des pistolets de nos honorables, o
Voici comment est composée la commission
de liquidation de la liste civile impériale
1' bureau MM. le marquis de Moriemart.
2~ b. Lefévro-Pontalis (Ant.). 3° b. d Haus-
sonville. 4° b. Ernest Picard. 5" b. Ar-
feuitleres. 6" b. FoarEand. 7" b. Maze-
rat. 8< b. Carbonnier do Marza". 9" b.
doRainneviile.–10<'b. Méplain.–lfb.: Henri
Martin.–12" b. LeRoyer.–13° b.:Journault.
–14° b. Marquis de MaUeviMe.–13" b Ro-
bert do Mussy.
L'~TMMm publie eu tôte de son numéro d'hier
une lettre, signée Henri, écrite par M. le comte
de Chambord à M. Laurentie et Catée de Frohs-
dorf, le 2l* janvier 1874.
« Je n'oublie pas, dit-il, ~uo vous naissiez le
« jour même où la Révolution commettait le
« pl:js grand ue ses crimes.
« ceur des lettres, et vous donne la joie d'ss-
« d'assister au triomphe do la cause que vous
« avez si noblement servie! c'est le vœu te plus
"ardent de mon cœur.;) n
On voit que M. de Chambord a perdu beau-
coup de ses illusions.
Son « triomphe )' no Lui paraît possiMe que
dans « de longues années. »
Laissons lui cet espoir à longtemps.
A ..a,; 'o,
Extrait du CoM~Mi" (~ PaW~
Un journal de Paris, qui so tait !o continua-
teur d'une politique, hosttle au gouvernement,
a failli être supprimé hier. Si de hautes influen-
ces Font préservé pour une fois, il n'est pas
probable qu'elles lui serviront de nouveau.
Ou citait, il y a quelquesjouts, dans les cou-t
loirs de, l'Assemblée, les paroles dites par M.
d'Audifiret-Pasquicr.
H n'y a plus do ministère possible après
cetui-ci. Autrefois la Chambra usait le minis-
tère aujourd'hui, c'est 'te ministère qui use la
Chambre.
M&RC GÈR&M).
BL. ~ï~X~CE r~A~G'OM
tT
M. Galloni d'Istria.
,:r ~I .,x
Le Cû&fW~~ ~e J~~M 'donne sur I'incidea<
que nous avons déjà résumé diaprés iui les
détails suivants, dout nous lui laissons, bien
entendu, toute ta responsabilité
n'y a trois jours, M. V,de Marseille, fut
rendre visite à M. Galloni d'Isfria, député ctc
la Corse en le quittant, il lui annonça qu'il
se rendait chc z le prince Napoiëon. M. Gal-
loMl'accompagHa.
Rue'de l'Arcade, on'trouva le prince au
miiieu de sa cour, composée de MM. G.
député delà CorùC; P. ancien secrétaire
et ami d'un des principaux hommes du 19
Janvier; G. ancien préfet; N. ancien
maire d'Ajaecio et ancien préfet de Mar-
sci!ie M. R. ancien députe et ancien mi-
nistre M. S. que le procès Bazaine a ré-
cemment mis en vue; A. du ministère 0)-
iivie! et-autres étoiles de deuxième et troi-
sième grandeur.
L'accueil fait par le prince aux nouveaux
visiteurs fut assez arrogant; puis on en vint
à parler politique: le pri::ce s'emporta alors,
et, prenant M. Galtoni directement à partie,
il lui dit les choses les plus dures sur l'atti-
tude du parti bonapartiste à l'Assemblée et
sur la sienne personnellement, l'accusant
d'aider le ministère au !ieu de le renverser,
comme c'était son devoir.
M. Galtoni répliqua que le parU n'avait
pas à se plaindre du ministère, qui s'était
au contraire montré très conciliant dans'fa
question de liquidation de la liste civile im-
périale, et qu'au reste, le ministère rem-
plaçant celui-ci ne serait qu'un ministère
d'Audinret-PaBquier, assurément plus hos-
tile au parti bonapartiste.
< Qu'importe? répliqua le prince: ce mi
« nistere est pourri de ctëricatismc, et vous
« le soutenez
K Mais, monseigneur, répoadit M.
« Gallooi, la France est catholique, et nous
« obéissons à nos devoirs en la représen-
« tant avec des sentiments catholiques, sans
« être pour cela cléricaux. <
A cette t épouse froidefaent et paisible-
ment faite, la colère du prince ne connut
que !'on dit. Ton éducation est suffisante
tu connais ton Paris sur te bout du doigt
tu as, sur tout, juste assez de notions pour
parler de façon à faire croire à une instruo-
i tion réelle, et assez d'esprit pour te faire
écouter à Paris cela suffit ou a peu près
pour être admis dans un saioa ou dans un
club. De plus, tu es joli garçon jet tu plais
aux femmes c'est la clef d'or, et ii n'y a pas
boaucoup de gandins même de première
catégorie, qui puissent en présenter autant.
Tu vas faire rougir ma modestie, in-
terrompit Léone. Ce n'est pas, je suppose~
pour m'adresser tous ces compliments que
tu m'as donné rendez-vous. Ou veux-tu en
venir ?
A cette observation importante, reprit
Chauveau c'est que Paris n'a aucun rapport
avec la province et qu'il va falloir te garder
& carreau.
J'attends tes instruetioas.
Mon petit, fit Chauveau avec une fa-
miiiahté un peu hautaine, et d'une voix
nette et brève qu'il n'avait pas encore eue
jusqee-Iâ, tu vas partir dans une heure pour
Nevers, et demain peut-être tu vas,te trou-
ver en contact avec des gens de très haute
volée, qu'on met difticitemeut dedans, et qui
savent parfois discerner avec un uair ex-
traordinaire un véritabte homme du monde
d'un aventurier; ne m'interromps pas
il n'y a pas a renâcler sur les mots.,A Pa-
ris, où l'on vit à la vapeur, où l'on n'a que
juste le nombre d heures voulues pour dé-
jeûner, alier au Bois, dîner, s~ rendte au
bal ou au théâtre,. souper,' ei; !e 'este, on
n'a pas le temps de s'informer bien longue-
ment des antécédents ou des moyens d'exis-
tence d'un aimable cotBpagnoa qui se pré-
sente bien, cau~e agréubJemc'nt, est de pré'
mière force à Féoar~é, sait son sport sur le
bout du do~gt et n'a pas son pareil comme
valseur. Mais, t:n province c'est une autre
aB'&u'e.
Tu \as,me réciter le ~e ~~M-y~
Ffï~MM~ ~~o!?M!M, dit Leone, qut se mit
à rire.
Non ) te guide du ma!in qui ne veut pas
être pince, repaîtit Chauveau de sa voix
brève et perçante, et sans que sa lèvre eût
t'ombtë d'un sourire. Il faudra donc ma-
nœuv-rer avec une extrême réserve et mettre
une sourdine à c( !!fs de t.-a façons qu~ ex-
cellentes peut-êtx; a Pans, eûaroudi' raient
tant soit peu là b.'
Tu n'as pas i <. ~in d<; ~n; dire ça.
Je te le dis f~ iaënie. La noMesse
de province, j'entC!:Js cdie qui résid.jsur-
ioat en province p: ~dant ia plus grande
P~us de bornes, et H en arriva à commettre-
cette hérésie de bon sens de s'écrier que la
France n'est pas catholique et qu'on la
trompa en le iui disant. « Quant à vous,
« monsieur le député, ajouta t-H,je sais à
« quoi m'en tenir sur votfe compte, et vous
<* voteriez'très bien pour Chambord, si on
« vous le demandait.
Sur cette parole outrsgennte pour le ca-
ractère si justement apprécié de i'mtertocu-
teur du prince, M. Gatfoni, qui~n'avait''rien
perdu de son sang froid devant cette ridicule
sortie, se leva, et, regardant bien en face le
"svcude~â~o)eon~jl.ui.m.
« Monseigneur, lorsque l'on me deman-
« df-ra de voter pour la restauration d'un
< prince sur te trône de France, je vSfët-aî
« pour le Prince Impéfiat.cM~ F'M ~6~, et
«y~~M~o~ un ~M~'g [ « Puis, .se tour-
nant vers J'enioufage du prince et visant
particuiieremcnt M. N. ii ajouta «~Quant
t à ces m. qui \ous consentent déjouer
« unpareUTÔte.j') tes méprise etTteBau-
t rais plus longtemps rester en teur com-
« pagnie. < M. Gaiioai d'Istria sortit sur~es
paroles et ue \ou[ut rien entendre de ce que
lui dirent les spectateurs de cette scène,
pour en atTénùcr ia portée ëtia violence.
La colonie corse eutLbieatôt coMàissanco
de ce qui s'était passé, et tes cartes de visite,
nous. 1 avons oit.'tomberent dru commegrête
chez l'honorable dcpu:é,qui, voulant remer-
cier ses amis, se rendit au café de la Paix,
sur le boulevard des Italiens, ~ieu habituel
de leurs iéunicns. Qa .se congratula, on s'of-
frit un punch, et l'on ne but pas. à la santé
du prince Napoléon.
1 Nous n'avons pas cru,'il ~'a deuxjouM,
devoir'taire un très regrettable incident,
devenu beaucoup trop publia pour que l'on
put espérer faire le silence autour de iui.
H s'agissait d'une altercation survenue
entre !e prince Jérôme Napoléon et l'hono-
rable M. Galloni d'Istna.
Depuis, les journaux se sout emparés de
cette affaire et reproduisent à lourde rô!e
âne lettre adressée par le prince Jérôme Na-
poléon à un de nos confrères de province, kt"
tre dont la publication aurait été là cause
première de la discussion si vive qui s'est
élevée dans losaion du prince.
Nous déplorons sincèrement les difucultés
que le prince Jérôme Napoléon ne cesse
d'ajouter à celles d'une situation intérieure
très embarrassée. w
Quand le nombre des partisans du régime
unpérial augmente tous les jours, qua~d
surtout le. Prince ImpériaF est à )a vei!!e
d'atteindre sa'majorite et de devenir ua
homme, par 16 droit comme il l'est déjà par
le caractère et l'intelligence,–il nous sen.-
bte que c'est singulièrement choisir l'heure
pour provoquer un nouveau scandale.
Nous nous expliquons ma), d'aiDeur?, les
mobiles de la conduite du prince Jérôme-
Napolëon la solitude qui s'est faite autour
de lui après chacune de ses défections au-
rait dû lui prouver déjà l'inanité de toute es-
pérance personnelle.
Le nouvel incident qui vient de se pro-
duire atteindra ce seul résultat de grouper
plus loyalement et plus sincèrement que
jamais autour du Prince Impérial les dé-
voués de sa cause.
Quand un parent abandonne le foyer de
familte, tes amis se resserrent et font oublier
le vide causé par son départ.
EDMOND ÏARBÉ.
-w.r.
Chronique militaire
En juin ou juillet 18'7l, je rencontrai mon
ancien che!' d'état-major, le brave et honnête
général de Cissfy, dans le cabinet d'un de
ses principaux chefs de service. A cette épo-
que, beaucoup de personnes s'imaginaient
qua le nouveau ministre de la guerre, qui
venait de succéder au général Le FIô, avait
dans sa poche un projet de réorganisation
militaire, et qu'avant le terme fixé pour la
libération du territoire, notre armée serait
de nouveau sur un pied formidable et prête*
à toute éventualité.
Je lui dis en souriant que le publie se
faisait d'étraegcs illusions, et que, pour mon
compte personnel, je lui donnais trois ans
partie de l'année, a une vie toute spéciale,
calme, honnête.
Tranchons le mot ennuyeuse.
–Ennuyeuse, c'est possible; mais il faudra
t'y faire et l'accepter. Je connais par cœur le
pays où tu vas ne nous embarquons pas à
la légère. Je t'ai déjà fait ta leçon je crois
que tu la sais.
Parfaitement.
Bon! mais enfin nous voilà tout près
du but. It s'agit de ne rien livrer au hasard.
Sur ces mots Chauveau s'était levé, et il
se mit à marcher de long en large à travers
ia chambre.
Si habitué qu'il dût être à son singulier
interIecHteur, si blasé qu'il fût sur toutes
choses, Leone ne put s'empêcher de tres-
saillir. La voix de l'homme d'affaires était
devenue plus brève encore et avait pris tout
à coup un accent d'autorité presque terrible.
Le personnage même s'était comme transH-
guré. Chauveau, que nous avons vu aux cour-
ses marchant lentement et portant pour ainsi
dire avec peine le poids de ses fourrures,
Chauveau était devenu soudainement un
homme de fer, droit et solide, à la voix im-
périeuse, au regard plein d'une flamme
étrange. 1
Après quelques pas, fafts sans qu'il eût
dit une parole, et comme suivant la logique
de ses pensées, il se rassit.
Le comte de Chantelys, dit-il, est,
comme culteur, f~rmier.'éleveur, draineuret toutce
qui constitue le progrès accompli depuis les
G~K~ exploitan! lai-même ses terres',
expérimentant les nouveaux systèmes, ayant
des f'eroies-modètes, et médaillé aux co-
mices.
Il n'a pas toujours été aussi laboureur
que ça, continua-i-H avec une expression
d'ironie haineuse impossible à rendre; mais
enfin, aujourd'hui, il est complet. De plus,
un peu philosophe ou philanthrope, parlant
volontiers de la régénération sociale, enfin
un utopiste Tu voia le type?
–Comme si la Bruyère l'avait décrit.
En ce cas, passons à la comtesse.
Léone prit une chaise, s'y assit à cali-
fourchon et parât redoubler d'attention.
La comtesse, dit Chauveau, est ce que
le curé de Chantelys appelle la bienfaitrice
du pays. C'est une ~mme un'peu mélanco-
lique.
Leone sour.L Chauvc~u vit ce sourire.
–Vaità, r.l.~a-t-il, un de (Mssous-fn- il
tend'jg excessiv .ment t-pirituets, dont ilt't.u-
dra absolument te eomgf;~ si tu ne veux pas
toatpepdre.
pleins rien que pour la réorganisation du per-
sonne), et de cinq à dix ans pour la réfec-
tion~e notre matériel. Le ministre trouva
mes prévisions raisonnables, et l'événement
les a amplement justifiées car il est peu
probable que la série des lois organiques et
des règlements d'administration relatifs à
1 armée soit achevée le l"-juiHet 1874. r
L'Assemblée nationale a voté, !@ 27 juillet
1872, ia loi de recrutement, qui met à )a dis-
position du gouvernement le personnel sel-
date le 24 juillet 1873, la première partie
de la loi d'organisation, qui fixe en btoc !e
nombre et ta oomposm&H-~es-cot~M-d~rm~e,
et que les mauvaises langues désignent sous
le nom de loi des panaches.
"Rîen'n~~teTaîf~ncore~pounes'oM'cïers'
du grade de sous-iieutenant à celui du géné-
ral de df\'isioh quant aux sous-otHciers, on
tes a gratifiés d'une loi sur les emplois ci-
vils, qui ne paraît pas avoir atteint son but,
puisque ces modestes et si utites auxiliai-
res du commandement s'empressent de quit-
ter le service aussitôt que possible.
Le ministre de !a guerre et les personnes
qui s'intéressent aux affaires militaires
voiant avec peine que les tais les plus ur-
gentes, telles que la loi des cadres, la loi
d~s états-majors, comprenant l'ëtat-major
général, te corps ou service d'état-msjor,
les états-majors particuliers de Ta'rtiHerie
et du génie; fa loi sur l'avancement y enfin,
la loi sur les services administratifs, ne sont
pas encore à l'ordre du jour de l'Assemblée
nationale. En attendant, le découragement
prend des proportions inquiétantes à tous
ks échelons de la hiérarchie mifiiaire, et
les demandes de retraite deviennent de plus
en plus nombreuses.
Cependant, ce n'est pas la bonne volonté
qui manque au gbuvernement et aux dépu-
tés mais~ faute d'un plan d'ensemble, leur
travail ressemble assez a celui de f'écureuif:
i!s tournent, tournent toujours sans aboutir,
et des deux côtés la lassitude est extrême.
La commission de l'armée, dite des qua-
rante-cinq, r.éduite aujourd'hui à trente-
huit membres, et qui a perdu s~s princi-
paux collaborateurs, parmi lesquefs je cite-
rai le regretté marquis de Chasselbup-Lau-
bat, les généraux DucrotetTrochu, démis-
sionc aires, et le géEéral Chanzy, absorbé
par son gouverttemeat de t'Amène; cette
commission aurait besoin de se rajeunir un.
peu en s'adjoignant les officiers nommés
députés postérieurement à sa formation.
Cette adjonction .me paraît d'autant plus
désirable, que les lois en cours d'élaboration''
sont essentiellement te~niques .et. n'ont aui-
cun caractère politique.
11 est vivement à désirer que l'honorable
président de ta commission des quarante-
cinq," M. de Lasteyrie, propose à la Cham-
bre de lui donner pour auxitiaire~ les géné-
raux de Cissey, Mazure, Duboys~-F.csnays,
Guiliemaùt, LeteDiei-Vaiazé, Saussier et l'a-
miral JaurÈs.
Tous ces officiers conhaisseat parfaite-
ment l'armëë, et jouissent de t'estiae et de
la considération de tous les militaires les
trois premiers apporteraient le concours de
teur~ longue expérience des choses de la
guerre les trois derniers, celui d'u'ne ar-
deur et d'une énergie qui n'ont pas eu le
temps de s'émousser dans des discussions
trop souvent stériles; M. te généra! Guit)e-
maut, un des premiers orateurs militaires de
la Chambre, fe premier même depuis le dé-
part du général Trochu, serait un
excellent, et dans les meilleures conditions
pour aider son collègue et ami Chareton dans
ses difficiles et très fatigantes fonctions de
rapporteur.
J'ai l'intime conviction que ma proposition
a l'assentiment unanime de l'armée, d'au-
tant plus que j'y fais preuve du plus grand
éclectisme car je ne fais d'exception que
pour le colonel Denfert-Rochereau, dont les
théories sur la discipline ont produit une
trop fâcheuse impression pour .ne pas le
rendre impossible dans une commission mi-
litaire fonctionnant sous le régime actuel.
J'attends toujours la nomination de quel-
ques inspecteurs d'armée. Pourquoi ne nom-
merait-on pas .à ces importantes fonctions
MM. le maréchal Canrobert, le général Chan-
garnier et le comte de Palikao, qui rem-
plissent toutes )es conditions désirables? et,
à ce propos, je ne m'explique pas pourquoi
M. Changarnier, ancien gouverneur de l'Al-
gérie, ne s'est pas fait relever de sa retraite
Cette bêtise! nous sommes entre
nous.
Mon petit, c'est très sérieux, reprit
Chauveau de plus en plus grave. Je rc-
prenda ta comtesse est donc une femme
mélancolique, très douée, très bonne, très
charitable, et que je crois d'une grande ex-
pansion, d'un grand besoin d'expansion sur-
tout. Règle-toi là-dessus. Quant à' la fille,
c'est une enfant de dix-sept ans comme
toutes les pensionnaires.
Je sais comment il faut les prendre, dit
Léone. Tu peux t'en rapporter à moi.
Ici il y eut une pause, pendant laquelle
Chauveau imposa silence au jeune homme
d'un geste qui frisait le mystère.
Attends, reprit-il. J'arrive maintenant
à un personnage d'autant plus important,
qaeje ne l'avais pas p~évu.du moins., tel
que je le soupçonne.
De qui s'agit-ii ?
Du marquis de Baradieu.
Je le connais de vue, dit Leone quel
rapport?
Il a un rapport si étroit avec notre af-
faire, que, demain matin, ce monsieur ira
rue Lafiitte, n° 1, demander au comte Leone
une explication à propos de la livrée des
jockeys de ce soir.
Léone fit un mouvement Jbrusque.
–En vérité? St-iL~t tu. ne me disais
pas..
Tout vient à point. Ii n'y a pas à s'é-
tonner la chose devait arriver, et nous n'a-
vons pas commandé les livrées pour des pru-
nes. Seulement, au lieu de tomber exclusi-
vement sur des oisifs, nous avons rencontré
un personnage dangereux.
Dangereux? mais il habite presque
constamment Paris.
Qui, jusqu'à présent mais quelque
chose me dit que tu le retrouveras dans la
Nièvre.
Qui te le fait penser ?
–Tout et rien. nous verrons ptus.tard.
Léone était devenu aussi sérieux que
Chauveau.
Celui-ci reprit
-–Le Baradieu, je le connais mieux que
toi. Je sais sur lui des choses qui me le font
craindre. Il est fort et il est brave. Ii a joué
vingt fois sa vie dans des duels et en Affi-
que.-ou, pendant une acnée, il s'est amusé
à.faire campagne tn amateur.
–En quoi uo~e suaire regarde-t-etie ce
Bayard?
Bayard tant que tu voudras mais je suis
certain que tu le trouveras quelque jj.;r en
travers de ta route.
et placer dans !e cadre des généraux en
chef maintenus sans Umite d'âge.
A. WACHTER.
-T.
Ii~bimatioDs générales
xesoox.jt f
Saint-Jèa~t'M~z, 23 janvier.
peurarnYé-mer*sMr n'a pas apporté !e cour-
rier de Madrid, )o chemin de fer étant coupé
depuis quatre jours entre la capitale et San-
..tandet.
Cette dernière vitie, sans rempart et sans
canons, a été fortement menacée par qaatra
JRliie car!~te~qtti,. ay.aat.pptis.daa.Mme-
ment de la milice, voûtaient s'en emparer. Des
vapeurs envoyés en toute hâte à Santoua oat
ramené des troupes et fait avorter la tentative.
Les carlistes stationnent toutefois dans tes
environs.
Bilbao et Portugaise sont toujours étroitë-
mentbioquees.
Moriones se dirige sur Vittori
Ora.n, 23 janvier: La restitution à l'Es-
pagne de ia .~MNMMCM: et l'internement en Al-
gérie des_ insurgés de Carthagène ayant ra-
mené le catme a Oran, la mission de la frégate.
cuirassée ~<;o~ s'est trouvée terminée. Le
contrë-àmirai dé SurviHe a quitté ~ers-èt kebir
le 20, dans4a direction do Toulon. La~M~-
M~Me du assure que ta-~aco~ ramène en
France un groupe d'insurgés suspectes d'avoir
tait partie de la Commune de Pans et dont l'i-
dentité n'a pu encore être constatée~ T
`~Il
Rouen, 23 janvier, Oj! ,vi~nt d'arrêter le.
nommé Meyssonnier, directeur d'une granda
compagnie d'assurances, dont ies bureaux sont
situés me de Jeanne-Darc, et qui avait occupé,
sous la Commune, un poste très important au
ministèra do ia guerre, celui dé secrétaire des
commandements du général Ctuseret. tJ;'t
i~n".
Genève, 23 janvier.–Nous apprenons la
vente do i'hôtet Beaujon, a Paris. Cet hôte), qui
appartenait & la succession du feu duc de Bruns-
wick, a été vendu 780,000 fr.'au duc de Trévise
(nts du maréchal Mortier). Cette somme est su-
përiHure do 280,000 fr. au prix d'estimation de
l'inventaire de la succession (300,000 t'r..)
Lisbonne, 23 janvier. Une frégate de
guerre, dom l'équipage était auamë.a étesi-
gnaiéo près de ta côte de Sagre.'Etta a hissé lo
pavitton ft'ançais davant le sémaphore. Le con-
sui est allé au' secours de la frégate avec une
corvette portugaise portant des vivres et suivie
d'un remorqueur.
Vienne, 2t janvier. Le poëte Hoffmann de
Failersieben est mort cette nuit au château de
Corvei.
On sait que ce poëte était autrefois un des
pins fermes champions de la démocratie ai)e
maBde. Ami intime d'Hérwegh, FreiHgrath.Kin-
~si, Dingetstodt, il s'était détaché du groupe
qui a cherché une nouveUo patrie en Amérique
et mis au service de la Prusse. Dès ce moment,
il était devenu antipatdiqM a ses anciens amis
etadmirataurfS. .in. j~;
1 a;;w:'
) 'r~
Hulletin politique
-
:1, 'l: F,c
La f~e alUrme qu'elte a in J'origiuat
de I& dépêche expédiée au jD~~ ~Vew~ par
M. Sehérer, et déclare de ia façon la
ph)S absolue que le texte de cette dépêche
n'est pas du tout conforme à la iettte insé-
rée le 3 janvier dans le .Da~y ~M~ Dans
sa dépêche, M Schërerauratt dit positive-
ment que l'Itàiic ne doit pas réclamer en
« ce momeat i'étoignement de rO~Ko~,
taun d'avoir en main un ea~M~ ~6~ dont
< elle pourra profiter et se servir à i'occa-
«sion.)) »
Cette afurmation formelle de )a Presse
dissipe toutes les inexactitudes. Non content
d'être le correspondant d'un journal étran-
ger hostile à la France, ?. Schérer aurait
donné au gouvernement italien des eonseits
nuisibles aux intérêts de sa patrie.
Le correspondant du 2?a!tJy .VeM~ peut
se dispenser d'écrire lettres sur lettres son
patriotisme est jugé si ie télégramme que !c
rédacteur de la .P~.Me a-vu, !u, tenu et co-
pié, n'est pas l'oeuvre d'un faussaire.
Ii faut que cette affaire soit tranchée dé-
finitivement à la tribune de l'Assemblée na-
tionaie. H faut que M. Sehérer réc)ame la
publication du document incriminé. C'est le
seul moyen de dégager sa responsabilité, si
sa responsabilité peut être dégagée.
Et tu crois que cette perspective m'in*
timide ? q
Chauveau haussa les épaules.
Oh ) je sais, répliqua-t-il avec une
pbinte d'ironie, je sais que tu as de l'éner-
g~ et, si je ne te croyais pas capable de
jMertavieà l'occasion, ce n'est pas toi qui
serais ici à cette heure. Aussi est-ce pour
cela que je te parle de-eet-homme. Ce n'est
pas par la violence que nous aurons raison
de lui c'est avea du sang-froid. S'il te parie,
sois impénétrable et gagne du temps La
estlasuprêmehabifeté. i
Est-ce tout ? fit Leone.
–C'est tout, répondit Chauveau. s
!–Quelle heure est-il? »
L'heure de te rendre à la gare.
Mais je ne puis partir sans emporter
les papiers 1
Chauveau fit un signe d'assentiment et
marcha vers son bureau, d'où il tira une
liasse, qu'il tendit à Leone.
Les voici dit-il en même temps.
Puis, de cette voix impérieuse et tran-
chante comme une lame d'épée qu'it avait
déjà prise et qui avait fait tressaillir le
jeune homme r
~–Songe, ajouta-t-il, que ces papiers
sont ta fortune, que c'est moi qui te la
donne, que saas moi Jtu n'as rien et que je
tesurveitle.
Douterais-tu de mon cœur ? p
Ton intérêt m'en répond mais, je te
le répète, n'oublie pas que 'tu n'as rien.
sans Ghauveau; que celui-là te tient comme
au bout d'un fil, et qu'il n'a qu'à ouvrir le
pouce et l'index pour que tu ailles te briser
comme un verre sur le pave.
Sous le feu du regard de Chauveau,
Leone baissa un moment les yeux; mais il
les releva presque aussitôt avec une nou-
velle assurance.
–Maintenant, d~ l'argent! dit-il vivement.
Chauveau, sans répondre, alla ouvrir une
caisse de fer placée dans un angle obscur de
la chambre, en tira successivement dés
liasses de billets de banque et de valeurs,
et, présentant quelques-uns de ces chiHbM
précieux à son interiocuteur
Eo voilà, dit-il. Il y a là, d'abord, dix j
-mille francs en billets de banque. En ou-
tre, comme j'entends que tu tetiennes bien,
et que tu menés !e train qui convient à ton
rang, j'ajoute a )'-
lations a\'ee un ses principaux notaires de
Nevers, M"Boulard..t. Ces traites sont paya-
bles à vue. Tu n'auras, le jour où tu en au- j'
rais besoin, qu'à !< s présenter toi-même.
La F~~$ dit que le gouvernement n'a
pas le droit depubtier la dépêche de l'an-
cien président du centre gauche. Le gouver-
-nemaBt a le devoir.de démasquer les enne-
mis du pays, et nous ne comprenons pas
qu'oui ait 'ië scrupuîe de ne .pas faire con-
naître la corrëspbndaEce des gens lorsque
par mesura de sûreté générale on, a cru de-
vûi~î'arrêter au passage. `
'Les~eouvënances ordonnent d~ la'sser au
.r~cieur'du'~?~~ l'initiative de la publi-
'cattoS: M. Seh~'er a eu !e délai morat de
J)MdËrjsa .cause il se tait. Dune i) avoue sa
cuipabUitë, et le gouvernement commettrait
une f'aib!esse en mënageàht un adversaire
-1)oHtTtp!T!-cons'eTv~îrlTe'et de paix
internationale. paix
'?"ff*' '3'Q $
Les journaux' de Londres nous appren-
nent qu'à la demande de M. Gtadstone, !a
reine ~'Angleterre vient ue dissoudre ia
Chambre des communes:
Dans une tonguec!rcu)aire adressée àses
ëlecteurs de Gr~enwich, it dit que ie minis-
tère n'était'p!u$ assez' soutenu au sein de )a
Chambre. <
« En dissolvant aùjourefhui le~aH~ment,
ajoute-t-H, !e gouvernement pourra s'occu~
per des ancres du'pay's,' sans perdre da
temps. Le budget est dejà'prêt H présentera"
un excédant de cisq mittions de livres ster-
ling,~qui permettra d'aHégëriës taxes toca-
les, d'abolir rimpôtsur le revenu et d'abra-
ger les droits sur certains articles de con-
sommation.~
On le voit,'t'Ang!eterre pturra supporter
sans inconvénient une période électorale.
Le nouveau parlement pourra se réunir
dans ia première semaine du mois de mars.
Dans l'état actud de l'opinion publique'
en Angleterre, il est impossibie de savoir
quel parti triomphera. L'opposition aurait
pu prendre le pouvoir il a a quelques années
elie n'en pas vou!u.
CHA'TtU.ON.
'~Ë€oi'N'JÔUR'
1 ttr~-
L~yo~t(~ ~~M, dont on connaît les
.attaphes, demande une sanction aux rapports
faits par la commission d'enqu&te sur le 4
Septembre:
L'ensemble de&'faits révélés par la commission
d'enquête suc te 4 Septembre, et contenus dans
leâ rapports de 5m. Saiut-Marc'.Girardin, Daru,
pnaper, de.Sugny, de laBorderib, nous semble
apporter; dit-it, unesaiietion néc&ssaire. ît n'est
paspossiMa'qu'une grande Assemblée ait char-
ge une commission du soin do faire une en-
qu~te, que cntte commission sa~soit mise a t'œu-i
yre et quitte ait.poursuivi, pendant de longs
mois, te cours do ses travaux qu'était en-
tendu des dépositions, recueilli des témoigna-
ges, rédigé enfin et publié des rapports, tous
intéressants, et qaetques-uns véritablement re-
Biarquables, et que les choses en restent t& Il
faut évidemment une sanction BUX travaux de
la commission d'enquête sur les actes du gou-
Yern.ement de ta Défense nationate.
Mais de queiie nature sera cette sanction? Que J
les hommes du 4 Septembre se rassurent ia
sanction que nous trouvons nécessaire et que
nous appelons do tous nos vœux n'est pas une
sanction p6nateou judiciaire. Nous ne voulons
pas dire que tels ou lots des actes commis par.
!es hommes du 4 Septembre n'aient pas effectif
vement encouru une sanction de cette nature;
nmis noos croyons qu'avant d'aborder ce côté
particufier de la question, il convient que l'opi-
nion publique ait été mise à même de pronon-
cer en premier ressortsur ta vateur des hommes
du 4 Septembre et sur ta portée de leurs actes
nous croyons qu'it convient quêtes conclusions
des rapport! de la commission d'enquête aient
6(6 discutées, comme l'ont été celtes de la com-
mission des marchés, par exemple. Tetto est la,
sanction que nous réclamons.
M. Saint Ren6 Taitlandier raconte une tou-
chante anecdote sur les derniers jours du
père &rat)y
Un an après nos désastres, une maladie mor-
telle te tenait enfermé dans une petite ville de
Suisse, loin de la France, loin de ses amis. Att
milieu des douleurs les plus cruelles, il ne pen-
sait qu'à la patrie mutitéo, aux départements
occupés par l'ennemi, au moy n de tes anran-
chir sans retard de cette présence odieuse. Un
jour qu'il avait atrocement souffert, il lui ar-
riva de dire tout à coup
Ne serait-ce pas le moment da faire une
trouée ?
Le pieux disciple assis auprès de son lit crut
Bien
Mais Chauveau avait déjà retiré le sien.
Fais le reçu d'abord, ordonna-t-il, et
sigae-Ie du nom dont nous sommes con-
venus.
Leone s'assit au bureau, écrivit rapidement
quelques lignes, et tendit à l'homme d'af-
faires te reçu qu'il venait de signer.
Chauveau prit le papier, le lut avec atten-
tion et finit par le fa~re disparaître dans sa
poche.
Comme il relevait les. yeux sur Leone, il
:vit que celui-ci riait.
De quoi ris-tu? interrogea-t-ii.
–0ht 1 une idée, répondit Leone je
me disais que, maintenant, rien ne me se-
rait facile comme de te laisser en plan, en
gardant l'aN'aire pour moi seut.
Chauveau demeura insensible a cette rail-
lerie il frappa deux petits coups famitiers
EurFépauie du jeune homme, et, d'un ton
dont Léone ne saisit peut être pas l'accent
narquois et gouaiileur
Je ne crojs pas ça, répondit-i! j'ai
confiance en toi, et je ne te jugerai jamais
capable d'un traitsi noir.
Le jeune homme remercia du geste, serra
ia main de Chauveau et s'éloigna en toute
hâte.
L'heure pressait.
Chauveau écouta un moment le bruit de
Sfs pas dans l'esca)ier puis, quand ii n'en-
tendit plus rien, et qu'il put ie croire bien
loin, il remua la tête d'un air d&raiHerie im-
possible à rendre.
–Oui, oui, va, mon bonhomme! mur-
mura-t-u avec un sourire froid et cynique
serre avec soin sur ton fœur If s papiers
quèjevKnsde te remettre! Quand
tu voudras t'en servir, tu verras bien. que
cet MK~e:~ de Chauveau ne t'a donné que
ies ~ow~
Comme il achevait, deux coups de mar-
teau retentirent sur ia porte de ia rue Za<
charte, et à l'instant même l'horrible vieille
entra.
–Onffappe,dit-e!)eunpeuémue.
Eh bien ou'vre, rëpiiqua Chauveàu.
Oui mais l'autre est dans i'Mcaiier,
Tu as raison, dit Chauveau ii est inu-
tile qu'Us se voieut. Fais sortir Leone par
ia petite porto et eutter Gibory par l'autre.
La femme disparut.
Cinq minutes après, un pas !ourd retentit,
et Gibory entrait.
PIERRE ZACCONE Ct ADOLPHE RACOT.
(Z< suite <ï <~M:Mt.)
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