Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1873-10-26
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 octobre 1873 26 octobre 1873
Description : 1873/10/26 (Numéro 1841). 1873/10/26 (Numéro 1841).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/02/2008
smas
le duc d'Aumale lui-même a peine à la vain-
cre, cela se voit à miUe petits détails qui peu-
vent échapper aux spectateurs d'occasion,
mais qui sautent aux yeux des habitués; il
n'a plus !a même rigueur dans la conduite
des débats; il se perd dans ses périodes,
dont il est, du reste, pius ménager en un
mot, il laisse botter les rênes, et ii peut le
faire sans danger, car it n'y a pas de risque
que les débats, au point où Us en sont, pren-
nent le mors :mx dents.
La discussion sur les dépêches télégraphi-
ques envoyées de Novëant à Metz fournit au
noMe duc l'occasion de placer encore une
fois son verbe favori ~p~. J'ai beau
faire, mais ce~< ramené obstiné-
ment avec un parti pris manifeste, irrite mon
purisme. Et pourtant on m'affirme que le
prince-président a passé toute la journée
d'hier à l'Académie à piocher le Dictionnaire:.
Par bonheur on n'en est pas encore à la let-
tre T, et d'ici là, il aura passé beaucoup d'eau
sous les ponts de la Moselle que le génie mi-
ïitaire n'a point voulu faire sauter et qui
"nous serviront peut-être un jour.
Le seul personnage qui paraisse insensi-
ble à l'influence atmosphérique, c'est le ma-
réchal Bazaine. Il suint de voir son front
calme, sa te nue correcte, son attitude im-
passible, pour être rassuré sur les bruits
etranges qu'on a fait circuler hier et que
plusieurs de nos confrères ont reproduits
comme absolument authentiques. On a dit
que la suspension hâtive de la dernière
séance tenait à l'état de santé du maréchal,
que le matin on l'avait trouvé sans connais-
sance dans sa chambre et qu'on craignait
une attaque de paralysie. Ces bruits, dont
nous connaissons l'origine malveillante, n'ont
absolument rien de fondé. Jamais le maré-
chal ne fut plus dispos, plus alerte, plus
sain de corps et d'esprit, et l'allure que
prennent les débats, jusqu'à présent, au lieu
de l'abattre, est plutôt faite pour accroître
sa confiance et son énergie.
Rien de saillant dans cette séance, sauf le
petit cours de stratégie fait par M. Scal, ins-
pecteur des chemins de fer, que notre ami
Wachter– si le témoin était militaire–
classerait parmi les élèves de Jomini, le roi
des stratèges en chambre, et l'incident
Boyenval, ce capitaine du génie dont la dé-
position assez insigniuMtte n'est, paraît-il,
que le prologue d'un compte plus sérieux que
M* Lachaud se propose de lui demander au
cours des débats. Nous pourrions en dire
long à cet égard, mais nous sommes tenu à
la plus grande réserve. Il nous est penhis de
dire toutefois que la seconde audition du
capitaine Boyenval sera une des plus grosses
surprises d'une prochaine audience.
t'J.i' PAULRoCHE,
CHRONIQUE d~ LA SEANCE
e –{~
La séance a été, comme le temps, d'une.
-grandetristesse. Le ministère public a fait
assigner, je ne sais pourquoi, MM. Jaunez,'
ingénieur civil, Renaud, chef de gare, et
Mathieu, propriétaire, tous de ~ovéant. Cette
.petite ville, située sur la rive gauche de la
Moselle, à quatre lieues en amont de Metz,
possède un beau pont suspendu qui n'a pas
été détruit et sur lequel les Prussiens ont
passé en grand nombre les la et 17 août~
pour nous livrer les batailles de Rezonzillej
..etdeSaint-Privat.
Les trois témoins lorrains ont donné force)
-renseignements sur leur conduite danscésf
journées néfastes et sur lés efforts inces-
sants et vraiment patrioùqués qu'ils ont faits'
.pour obtenir la destruction du port daNo-s
.véant. Evidemment il: y a eu la une faute}
commise pas les chefs de l'armée du Rhin,'
mais, en peu de mots, M" Laohaud a prouve'
que pas un seul des télégrammes envoyés à~
Metz par ces braves et énergiques citoyens.
n'était parvenu au maréchal Bazaine. Ce;
~tjont des intermédiaires, peut-être de sim-i
'plesempléyës du télégraphe; qui leur,gttt
pies employés du télégraphe, qui leur put
répondu, et qui ont pousse l'oubli des ihté-i
'rets du pays et la négligence jusqu'à leur! ¡
répondre des. balançoires telles que M. j
'Mathieu n'a pas voulu les répéter au Conseil,
'par respect pour la justice et pour son pays. ¡
Apres ces témoins, le duc d'Aumale a fait;
'appeler M. Seal, inspecteur du chemin de.
'fer de l'Est. C'est un homme grand, fort, a la
tête énergique et expressive. Le 22 août, il
& proposé à M. le maréchal Bazaine de ra- j
'mener à Metz les wagons allemands chargés j
-dé vivres et de canons de siège qui se trou-
vaient en gare à Remilly, et de guider les
'colonnes françaises aux endroits favorables
< pour gêner les travaux de l'ennemi sur la
ligne de raccord en voie d'exécution entre
,Remilly et Pont-à-Mousson.
La déposition de M. Scal aurait peut-être
produit une certaine impressions'il ne s'était
Moût à coup transformé en stratège et n'avait
Tacontéau Conseil que, si le. maréchal Ba-
zaine se fût montré docile à ses conseils, il
.aurait détruit tous les travaux d'art du che-
jnin de l'Est entre Metz et Forbach. Il est
.sans doute regrettable que l'Empereur n'ait
pas conSé à M. Scalle commandement en chef
de l'armée du Rliin; mais le Conseil n'ayant
~pas été réuni pour apprécier les plans straté-
giques d'un inspecteur des chemins de fer,
MM. les juges n'ont prêté qu'une attention dis-
'traite aux développements de ce projet gi-
gantesque. Il eût pu constater que, entre
'autres tours de force proposés, M. Scai se
'chargeait d'amener à Metz, avec ses Ioc.6-
motives, des wagons que les Prussiens
eussent été impuisants à démarrer sur une
seule voie. Pourquoi ce qui était impossible
'aux Allemands était-il possible aux méca-
niciens français? C'est ce que le témoin n'a
pas expliqué et ce que M. le duc d'AumaIe a
jugé inutile de lui demander.
< M. Scal a encore déclaré au Conseil que,
lp 3 septembre, ie maréchal l'avait appelé à
son quartier général du Ban-Saint-Martin
pour lui demander son concours pour mar-
cher sur Thionville. Il fallait rétablir le pont
de Longeville dont deux arches avaient été
'entièrement détruites, te i5 août, par tes
'ofnders.du génie. M. )e générai Coffinières
'demandait trois semaines pour remettre le
'pont en état M. Scal a déclaré qu'il avait
~nert de terminer ce travail en trois jours, en
remplaçant les piles détruites au ras de l'eau
~ar un remblai du sable. Jecrois que letémbin
vêtait dans le vrai, sauf en ce qui Concerne le
.temps nécessaire que ja ne puis apprécier.
.A ta un de, janvier 1S'M, les Prussiens ont
.procédé de cette façon pour rétabiir ië pas-
sage sur le pont de Fontenoy, également sur
!a Moselle, dont une arche, ia.cûléeet une
pile avaient été entièrement détruites par
{~garibaldiens.
Les capitaines Boyenval, Compagnon, du
génieetie commandant Sers de l'artillerie
ont donné des détails circonstanciés sur la
destruction du pont de LongeviUe dans la
Journée du i5. L'ordre de faire sauter le
pont à été donné parJemarëcha! Baxaine
~ui en assume toute la responsabititë.
.D'après ce qu'est venu dire ensuite M.
!e général Coffinières, c'est lui qui a défendu
au capitaine Boyenval de faire sauter les
deux ponts d'Ars, dont l'un sert de barrage
et l'autre de Viaduc au chemin de fer. Jus-
qu'au 14 août, le général en chef avait eu
l'intention de prendre l'offensive il n'avait
donc pas voulu détruire des ponts de pas-
sage qui nous eussent été d'une grande uti-
lité en cas de succès.
Le président, tes juges et le général Pour-
cet adressent diverses questions à l'ancien
gouverneur de Metz; mais celui-ci se tient
sur une défensive prudente, ne répond que
par monosyllabes et t'ait comprendre à ceux
qui l'interrogent qu'il ne lui appartient pas
de juger les intentions de son général en
chef; de même qu'il eut été peu convenable
de sa part de peser jadis sur se&~écisions
Un instant, M. le général Pourcet a voulu
mettre son collègue Cofumèrès sur la sel-
lette en critiquant ~rop vivement un armis-
tice local conclu le18 à Borny pour l'en-
terrement des guerriers tués la veille.
Le maréchal Bazaine, n'ayant même pas
eu connaissance de cette trêve des morts, je
ne sais pas pourquoi il en a été question
devant1& Conseil.
Pour peu que l'on continue à laisser le dé-
bat s'égarer, il n'y a pas de raison pour que
le procès unisse avant six ou huit mois.
Ainsi; M. le lieutenant-colonel de Villenoisy
eest venu raconter au Conseil que, de concert
avec deux ingénieurs des ponts et chaussées,
il aurait construit près de l'île Chambière
trois ponts dont deux de chevalets et un de
radeaux, qui ont tous les trois été emportés
par la première crue des eaux. Ace propos,
M. deYiIlenoisynous a montré un plan splen-
dide qu'il avait développé devant les géné-
raux CoffInièresetFournier, au début delà'
campagne. Puis, prenant texte de l'armistice
du i5 qu'il connaissait par ouï-dire,il a.ex-
posé'auConseit les opérations qu'il aurait
exécutées pour mettre en capilotade les ar-
mées allemandes assez audacieuses pour;
exécuter, a proximité deMetz, une marche
de flanc des plus imprudentes. Ce grand stra-
tège oublie que nous avions alors évacué la
rive droite d& la Moselle et que les Allemands
pouvaient nous opposer toute la première
armée forte de près de cent mille hommes.
Ls président a Uni par faire observer au
fougueux M.deVillenoisy qu'on ne l'avait
pas cité pour cela, sans quoi il parlerait pro-
bablement encore. Le témoin est un ofncier
instruit dont je lis avec plaisir les articles
dans la .K~M< des ~CMC&y WM~je l'écoute moins vMohtiërs dans un prétoire
glacial où l'on juge un maréchal désireux
d'être ûx6 le plus vite possible sur son sort.
Après M. de Villenpisy, je vois .paraître
successivement à la barre M~. les inten-
dants WolG, de Préval, Mouy et Gafnot qui
'donnent des renseignements sur les appro-
visionnements. Il n'est plus question que de
riz, sel, sucre, café, pain, biscuit, viande sur
pied," viande salée'; L'énumération de ces
denrées échappe à mes appréciations et je
renvoie les personnes désireuses de la con-
naître au compte rendu sténographique.
A.WAÇHTER..
"ES' TËMOINÈ
At'heure désignée avant-hier, te. Conseit!
est entré en séance. Deux témoins défaittants
se présentent et se retirent immédiatement:
après. 'tmM'
:M. `_ 'i_i.
M.Ja.unez.
Ce témoin' déclare se nommer Jaunez
(Baptiste), âgé de soixante-treixe ans, faisant
profession d'ingénieur .ch'it, domicile à
Metz..
M. Jaunez~a/voutu couper le pont de No-
yéant.dans la joufnée du 13 ët.it fut dit,
qu'il n'y avait pas d'ordres. Ha télégraphié;
pour savoir s'iit .fallait te détruire. On lui a)
répondu de Metz: Non. Le témoin né peut pas! ¡
dire à qui la dépêche a été adressée ni qui;
tuiajrépondu.
Sur les interrogations du générai Pourcet
te tempinrépond qu'il n'a pas communiqué
'avec des officiers de l'armée et qu'il ne peut t
~pas dire que le maréchat a été prévenu le
.14 .au ma;in du message qu'it avait envoyé
à Metz sur l'arrivée des éclaircurs ennemis.
? M! o t.' r–~
~M.'Rona.ult.
.Ferdinand Renault, cinquante et un ans,
employé de chemin defer (ancien chefdegare
de Novéant), domiciué à Paris, faubourg
Saint-Dems, 82. }
La déposition se résume en ces mots, que
le 12 il a reçu une dépêche de Metz pour !e
.générât Margueritte. Dans ta journée du 13
~deséclaireurs prussiens se sont présentés à
ta tcte du pont. Ils ont même passé te pont.
;;Le'témoin a tetégraphié à Metz deigare en
gare~ serviee de ta compagnie, et~ on tui a
répondu « Bien compris. Mais on ne tui a
~dress~ aucune instruction. Le témoin~a
voulu le 14 au soir brûler le pont et il dé-
clare que le maire de Novéant s'y est opposé.
Le 15, les Prussiens sont revenus en force et
Novéantet la gare ont été occupés.
` n4athiau. ~~j~~}l~
M Mathieu.
Mathieu (Jean), trente-cinq ans, proprié-
taire a Noyéant,'dit la citation, domicitié à
Nancy.
M.Mathieu sait que le généra! Margueritte
revenait de Pont-à-Monsson le 12 torsqu'il
recat des ordres impératifs à la station de
Novéant. Le 13, il eut connaissance que plu-
sieurs dépêches furent adressées au quar-
tier ~énéral,et il dit que plusieurs de ces
dépêches n'obtinrent aucune réponse ou des
réponses très laconiques comme « Merci )
Le témoin a. vu de sa propriété les mouve-
ments de troupes dans les journées des~ 14,
15 et 16 août, renseignements qu'il a trans-
mis à Metz.
Aux questions du président, le témoin ré-
pond qu'il a demandé avec instance et par
des télégrammes successifs Fordre de couper
le pont de Noyéant te 14 août. A la dernière
dépêche envoyés par ses soins, it lui a été
répondu un peu légèrement x Ayez con-
fiance. N Seulement le témoin ne peut dire
.qui lui répondait de Metz, les dépêches n'é-
tant pas signées. Cependant te tcmoina'ires'-
sait ses dépêches au quartier générât..
Le général Pourcet. demande au témoin
s'i! pourrait fairg connsitre t'emptoyp. du té-
légraphe qui transmettait tés dépêches dont
il estquestion de !a gare de Novéant à celle
de Metz. M. Mathieu répond que c'était un
homme Gérard, actuellement employé du
chemin defer à Paghier; mais it ne peut pré-
ciserSi M. Gérard a connu te nom de l'em-
ployé qui tui répondait tëtégraphiquement:
La défense établit que du moment que des
réponses télégraphiques ont défaites dans
la journée du 13 aux dépêches télégraphi-
ques du témoin, et -me d'un autre cutë te
marébhal Bazàine c~a't s) près de ta à Borny,
potnt stratégique qu: u'it nullement eh
correspondance tetégraph!<~f avec Metz,
ce n'était donc pas le maréchat qui recevait
~7.~
des tëtégramn~~t qui par conséquent y ré-
pondait.
-'?-
M.SC~Ï.
Scal, âge de cinquante-deux ans, inspec-
teur de chemins de fer, domicilié à Paris.
Le témoin ne sait que ce qui regarde le
pontdeLongeviIle.Le septembre, le ma-
réchal Bazainelefit appeler pour lui deman-
der combien H faudrait de temps pour répa-
rer le pont de Longeville, dont deux arches
avaient été détruites en août mais il fallait
trois semaines,'au dire des ingénieurs le
témoin ayant reconnu la nature des dégrada-
tions, se fit fort de raccorder la voie coupée
sur le pont deLongevilie non pas en trois
semaines, mais en trois jours. Le générât
Coffinières, auquel il en paria, !ui dit ces
mots « Ne dites pas au maréchal que ces!
travaux peuvent être terminés en trois
jours.
Le président demande au témoin s'il a
connu les projets de destruction des ponts en
amont sur la. Moselle.
M. Scal répond que pendant cette période
il était malade, ce qui fait qu'il ne dépose en
somme que sur des faits absolument étran-
gers a la division des débats, sur laquelle
semblait devoir porter sa déposition.
Il raconte une visite qu'il fit au maréchal
le 22 août, pour lui apprendre qu'entre Re-
milly et Metz it n'y avait aucun ennemi et
que l'on pouvait aller prendre des wagons
d'approvisionnements appartenant aux Prus-
siens.
Le témoin avait un plan et s'étend lon-
guement sur les bénéfices que l'on pouvait
tirer de ce plan comme tous ceux qui ont
un plan.
A son avis, on pouvait faire entrer à Metz
1,500 wagons.
Le témoin défaille son plan stratégique et
parle d'une grande batailte qu'il eût fallu
livrer pours'emparer de blé, de grains et de
fourrages, qui devaient exister alors dans les
villages voisinsdëMetz.
M. Tourniër, un Allemand, chef de gare
au service de la Prusse, aurait dit au té-
moin:
Je ne croyais pas que les choses tour-
neraient ainsi. Toutes les fois que j'enten-
dais du bruit du côté de Metz, je croyais
qu'on venait nous prendre.
–Si nous ne vous avons pas pris, brûlez
un cierge au maréchal Bazame. C'est la
réponse un peu triviale, reconnaît lui-même
le témoin, qu'il fit à cette remarque d'un Al-
lemand.
Le maréchal répond à la déposition du
témoin en disant que ces'wagons, signalés
par M. Scal, étaient pourvus de machines qui
lesauraientenlevés dans le cas d'unemarchc
pour s'en emparer,etqu'iln'y avait laque
des. blessés a récolter.
.¡" )'f>. .J >;
M.Boyenva.1
Boyenval (JùIës-Albert-Maxime), âgé de
trente-trois ans, capitainedugénie(2'' classe),
domicilié àSoissons.
Il fut chargé de préparer la destruction
des ponts de Longevilte et~'Ars-sur-Moselle,!
et dit que seul le pont d'Ars fut chargé par
ses soins. Comme le général Coffinicres, chef,
du génie de Metz~ lui refusa le 13 de faire
sauter ce dernier pont, le capitaine Boyenval
demanda à ce qu'au moins l'on fit rentrer
ses sapeurs. Quant au pont de Longeviile,
onavaitfaitsauterla première arche de ce
pont le 15 et on lui donna ordre d'en aug-
menter la rupture. Le témoin fit sauter une =,
seconde arche. Il n'a reçu'aucun ordre pour
le pont du chemin de fer.
M" LACHAUD demande si M. Boyenval n'est
pas le lieutenant du génie que le maréchal
a envoyé un jour au tort de PlappeviMe ? q
Sur la réponse affirmative du témoin, le
défenseur demande à ce que le témoin ne
soit pas renvoyé, attendu qu'au cours des
débats il sera utile de réentendre ce témoin,
m6lé à certaines intrigues militaires d'une
certaine importance dans le procès.
M. Compagnon.
Compagnon (Charles-Eugène-Albert), âgé
de vingt-six ans, capitaine du génie (2" ctasse)
àLaFère.
C'est sur un ordre verbal du maréchal
Bazaine, donné par le commandant Sers, que
le témoin a fait sauter la première arche du
pont de LongeviUe. Il rend compte de cette
opération miutaire qui n'attire aucune ob-
servation du parquet ni de la défense.
Le général Gofapj~res.
Dans la liste des témoins, le général Cof-
Qnières ne devait se présenter qu'après le
commandant Sers et M. de YiIIenoisy. Ce té-
moin donne sur les opérations du génie au-
tour de Metz de longs détails techniques I
1« Sur la construction des ponts; 2° sur les
préparatifs de destruction, et 3" sur ces des-
tructions elles-mêmes, dont les précédents
témoins ont été les exécutants.
LE PRÉSIDENT. –Pourquoi avez-vous re-
fusé au capitaine de Boyenval l'ordre de-
mandé de faire sauter le pont d'Ars ?
LE TÉMOMSt.– C'est précisément l'indéci-
sion qui régnait dans la direction à donner
à l'armée française qui a amené ce refus de
faire sauter un pont. D'ailleurs l'armée avait
tout ce qu'il fatlait pour faire sauter les
ponts dont la destruction lui paraissait né-
cessaire, et .sa. preuve c'est que l'armée a
fait sauter le pont de Longeville sans m'en
prévenir.
LE pRÉstDENT. Le pont de Novéant ?
Avez-vous eu connaissance des messages
qui ont été envoyés de 'cette localité à Metz
pour demander la destruction de ce pont?
Le TÉMont. Je n'en ai pas souvenance.
Et puis l'armée étant-là sur son terrain
d'action, je n'aurais pas osé faire sauter un
pont sans l'ordre formel'du général en chef.
Ma mission était de préparer la destruction
des ponts, mais non de les détruire de mon
propre mouvement et sans ordre.
Le général Pourcet 'demande quel est cet
armistice de deux heures demandé parle
général MànteuSëi pour enterrer les morts.
Il voudrait connaître les raisons qui ont fait
prolonger cet armistice de vingt-quatre heu-
res, puisque l'armistice aurait duré jus-
qu'au 16 au matin. Le témoin répond que
c'est une question d'humanité, attendu qu'il
y avait eu beaucoup de morts dans la jour-
née du 14,
On reviendra sur la question de cetarmis-
tice, dont il n'a. pas encore été parlé, lors de
la déposition d'officiers qui en ont témoigné
dans l'instruction.
Le général Chabaud-Latour qui tient à
éclairer sa religion sur )'établissement des
ponts sur fa Mosctie et qui, pour se former
une opiiH"u à c<'t'égard, interroge lui-mêtno
les témoins, demande au général Cofunières
&'it a fait connaitre au maréchal l'emplace-
ment des ponts sur la Moselle et les sept
différentes wës par leN~lles rarmée fran-
çaise pouvattï~averser la rivière. Le témoin
répond que ce!a ne le regardait pas, mais
bien l'état-major du gé!)!~t.
La défense revient, MSn natureHement,
sur l'armistice; elle fait préciser ce point qu'à
l'égard decetacte mi~itsur~, le maréchal Ba-
zaine n'en a point été infoTrmé et qu'it était
resté absolument étranger ce fait. Ce qui Il
lieu.
Le maréchal n'a aucune observation à pré-
senter sur cette déposition et dit qu'il ne
connaît pas le général Coffinières seulement
depuis 1870, mais bien depuis 4838, lors
d'une bataUlo ou ils furent .blessés tous les
deux-.
REPRtSE DE L'AUDtENCE Ï~'
A trois heures cinq, le Conseil rentre en
séance.'
M. le commXMMt Sers.
Jean-Pierre-Noël-Joseph Sers, âgé de cin-
quante-deux ans, chef d'escadron au 13'ré-
giment d'artillerie, demeurant à Vincennes.
Le commandant Sers s'exprime avec fa-
cilité et netteté. Voici le fond de sa dépo-
sition
Le 1S, te marécha), à qui je venais faire une
commission de la part du générât SoÏeitle, lors-
que, ayant entendu le canon, j'en avertis le
maréchal'qui, craignant que l'Empereur ne
soit inquiété par :uhe attaque soudaine de
l'ennemi, me donna l'ordre (it était environ
neuf heures du matin) de faire sauter une
arche du pontde Longevitto. Le témoin dé-
pose que le maréchal lui nt part dé ladiuù-
tion et de ta diversité des ordres qu'occasion-
nait la présence du grand quartier général.
Dans la journée du 16, le témoin a acoom-
gné un convoi de munitions.
La situation qu'occupait te témoin, étant
l'un des aides de camp du général Soleitte,
l'a mis même d'être mêté à bien des faits
ressortant du rôle de t'état-major d'artitte-
rie, mais point à tous ces faits, et c'est po~r-
quoi il hésite beaucoup à se prononcer ~r
les événements auxquels il n'a pas été di-
rectement mêté.
M. te tieutenant-cotonel de ~IIenoisy est `
appelé, puis le président se réprend et fait'
appeler
T M. rJntenda-mtWcMR
Wbtn' (Atexis-Théodore-Francois), .soixan-
te-deux ans, intendant générât militairej do-
micilié à Paris.
La déposition de M. Wolff repose sur tes
approvisionnements qu'il avait réunis à Ver-
dun et qu'il dut diriger sur Reims, au corps
du maréchal deMac-M&hon. Le témoin rencon-
tre alors M. de Prévat, son chef d'état-màjor,
qui venait remplie à Montmédy ta même mis-
sion pour t'armée du maréchal Bazaihe que
celle qu'it venait dé remplir pour le maré-
chal de Mac-Mahon..
LE ~REsmENT. Dans la journée du 16, te
maréchal Bazaine vous a chargé de faire des
approvisionnements a Verduny en vous di-
sant de l'y attendre, qu'it y serait dans peu
de jours.
LE TÉMOIN.–Oui, monsieur le président.
Je crois aussi qu'après je devais me rendrt
à Montmédy.
Le témoin s'explique aussi sur un propos
du maréchal, qui lui avait été dit à lui-même,
que le maréchal ferait ~o~aconcentration sur Pdnt-a-Moussoh. Le~a-
réchat répond que lorsqu'il a dit cela à
l'intendant Wolff il était presque endormi,
attendu que Wolff entra chez lui de fort
bonne heure dans cette matinée du 16 août.
M. de VIIlenoisy.
Louis Pierre Jean Marnés Cosseron de
Yittenoisy, cinquante et un ans, tieutenant-
colonel du géni&, domicilié à Grenoble.
Ce militaire s'avance rapidement vers ta
barre du Conseil. En) résumé, il dit qu'on
n'avait donné aucune instruction ni sur te
nombre des ponts à jeter sur la Moselle, ni
surleur.empt.acement.
Le téB~in entre dans le détail de la con-
fection de ces ponts, pouvant être utilisés des
le 13 août, et sur le passage de l'armée le
14. H insiste sur l'encombrement et le dé-
sordre qui se produisirent lors de ce pas-
sage. M. de Viiienoisy parle sèchement, ner-
veusement, sa parole, sans force, sans
grâce, fort précipitée, est au service d'une
imagination qui sembla assez vive. Les ques-
tions personnelles tiennent une grande place
dans sa déposition. Le témoin s'étend avec
complaisance et vivacité à propos d'une poi-
gnée de main que lui a donnée le généra!
Jarras en le remerciant des renseignements
spontanés qu'il était venu lui donner tors
du passage de l'armée sur les ponts de la
Moselle. M. de Viiienoisy entreprend aussitôt
l'historique d'un plan de campagne, pour le-
quel il fut appelé chez le général Couinières.
Et le président le rappelle à ta question et
aux faits de la cause.
LE pRÉsjDENT.– Que savez-vous de cet
armistice du 18 août?
Le TÉMO!N.– C'est le capitameRachaI, at-
taché à l'état-major du général Cofunières,
qui me l'a raconté. Et c'est grâce à cette ar-
mistice que l'ennemi a pu faire une marche
fort menaçante pour notre armée, marche
qui eût été presque impossible sans l'armis-
tice accordé par le général Cofunièrët au
général Manteuffêl.
M. le Mentëna.nt-colonel Fay.
Fay (Charles-Alexandre), quarante-six
ans, lieutenant-coltnel d'état-major, domi-
cilié à Paris.
Le lieutenant-colonel Fay dit que le 12, le
général Lebrun lui commanda de relever les
cantonnements de l'armée française et en ren-
trant de cette mission il apprit alors que le
maréchal Bazaine venait d'être nommé
commandant en chef. M. Fay était proposé
dans l'état-major à la section des rensei-
gnements par les reconnaissances militaires
dont le colonel Lewai était le chef. Cett<;
déposition e~t toute de détail et sur des faits
très simples et déjà établis aux débats.
Le colonel Fay ressemble beaucoup au
colonel Wass.
M l'intendant dégrevât.
M. Préval (Henri-Eugène), quarante-neuf
ans, intendant militaire de ~deuxième di-
vision, domicilié à Rouen.
Le témoin n'a pas été tout d'abord chargé
d'un service d'approvisionnement; il avait la
direction du service des ambulances. Seule-
ment, par suite du repart de M. l'intendant
WolS', il prit la direction des services de
l'intendance comme te plus élevé en grade à
l'état-major général. M. L'iatendant Préval
expliqué tout le rôle du convoi. auxiliaire
dont le maréchal a\'ai)/ ordonné le licencie-
ment,,
M FHitendMLt Mony,
M. Mouy (Alexandre-Ferdinand), quarante-
sept ans, sous-intendant militaire.
Les dépositions*~ intendants ne portent
absolument que su~!a quantité des vivres
mis à la disposition des corps d'armée. Natu-
rellement les intendants ont doncé les or-
dres pour approvisionner et réapprovisionner'
tes différents corps do t'armée mais souvent
ces ocdaes n'ont pas été exécutés. Des distri-
bQtio~~t été faites mat à propos, d'autres
ont ct~Snpêchées par les hasards des com-
bats. Suc les questions de quantités de vi-
vres, tés intendants ont des chiffres qu'ils
savent mettre eh avant.
Très longue déposition portant sur des
voitures~de vivres ou d'ambulance.
"M:"e~jmot.
M. Gaf~ot (Emile-René), quaran te et un~
ans, sous-intendant militaire délectasse,
domicilié à Paris.
M. Gaftiot, danssa déposition, reproduit
en grande partie les mêmes faits que son pré-
décesseur, le sous-intendant Mouy.
Les rafales de vent semblent soulever la
toiture de t'annexe de la satfe d'audience.
Là séance est levéeâ cinq heures quarante
minutes. Il n'y a presque plus personne dans
ta salle, etsur le banc des journalistes, nous.
ne sommes plus que neuf.
J&X)UARD MOMAC.
ÉCHOS DE TRIANON
Parmi tes personnages de distinction qut
occupaient hier Ie& chaises réservées à la
droite du Conseil de guerre, nous avons re-
marque M. le comte de Ribeaucourt, séna- 1
teur 'beïg" M. de Dorlodot, membre dé ta I
Chambre des représentants de Belgique; M. 1
de Bastscherzky, conseiller d'Etat de S. M.
l'empereur. de Russie; M. de Bezrondy, con"
seiller d'Etat; le prince Scandàllar~ etc. <
Peu de monde dans la loge de ta famitte
du maréchal Bazaine.
Il y faisait, du reste, nous dit-on, un froid
horrible.'
Décidément Trianon ne sera pM gai l'hi-
ver.
Eh prévision des froids, on vient d'amé-
tiorer l'instattation des bancs de ta presse.
L'annexe où est située notre tribune est,
on le sait, une construction très légère.
Un vent gtaciat soufflait entre tes plan-
chcs ma! jointes sur lesquelles sont assis
messieurs les journalistes.
Les bancs ont été capitonnés pendant la
journée de jeudi avec de la solide toile de
chanvre.'
On est mieux assis et à l'abri des rhumes.
Décidément le Conseil a des attestions
spéciales pour jla presse! 1
.r!~S!ti'i~ .M!:i..
~T*~
Un mot pour nnir
On discute vivement le procès & la tribune
des journalistes et les opinions sent assez
partagées.'
Hier, comme oh allait entendre l'intendant
générai Wolu'
Vous voyez bien, nt un de nos confrè-
res, que ce n'est pas un procès de tendance.
–Non, qu'est ce alorst
–Un procès d'intendance! 1
Il faut. bien le dire, tout le procès Bazaine
est là.
PACL ROCHE.
L'ABONNÉ DE BURtDAN
..a
Un boursier vient de trouver un moyen
bien simple de s'afïranchir des inquiétudes
et des transes causées depuis quelques jours
paf le&iftuctuations de la rente ce boursier
a réuni les trois cent'mille francs à lui con-
nés par d'excellents clients, a gagne la gare
du chemin de fer la plus voisine en compa-
gnie de cette somme, et il cingle vraisem-
blablement au moment où j'écris vers les
contrées que Christophe Colomb a décou-
vertes, évidemment eh vue des boursiers
bourrelés d'inquiétudes et décidés à en finir.
Ce boursier s'est dit
Aujourd'hui ça hausse, demain ça baisse,
le soir ça rebaisse, te lendemain ça rehausse.
H n'y a plus moyen de compter sur rien. Si
je risquais dans ces conditions-là l'argent de
mes clients, je le perdrais donc ils seraient
ruinés à plate-couture. Autant vaut leur
épargner cette désillusion douloureuse en
emportant simplement l'argent. De cette fa-
çon ils se diront d'une part que, si je l'avais
joué, ils auraient pu gagner, et comme dit
Gil-Perez dans F~fera toujours un petit bonheur.)) D'autre part,
ils conserveront l'espoir que je m'etïbrce-
rai de rendre vain de me rattraper et de
rentrer dans leurs fonds. Ils ont donc tout
intérêt à me voir partir et je serais te der-
nier des hommes si j'hésitais jun instant,
n
La police, qui ne respecte rien, s'est em-
pressée d'envoyer quelques personnes sûres
a la poursuite' de cet honnête homme, afin
de leramënér dans nos murs, soit parla
persuasion, soit par les menottes. Tant de
boursiers ont déjà précédé celui-ci dans le
Nouveau Monde, qui en ont été reconduits
de cette façon, qu'il est probable qu'il en
sera de même encore'cette fois. C'est ainsi
que les plus bciies conceptions de l'esprit
humain se trouvent déjouées et que la pen-
sée intime de Christophe Colomb, en décou-
vrant l'Amérique, reçoit IjMt .plus sévères
amendements.
Du'resie, cet incident, qui à d'autres épo-
ques eût fait un certain bruit, a a peu près
passé inaperçu. Il n'y a guère que tes per-
sonnes à qui appartiennent les trois cent
mille francs qui aient trouvé quelques minu-
tes, entre l'apparition des journaux du soir
et l'heurede dmer, pour en exprimer leur
mécontentement. On a pour le moment au-
tre chose à faire que de s'occuper d'un bour-
sier qui lève le pied, et la politique prend de
plus en plus les proportions du jeu de casse-
tête chinois. Lés abonnés des feuilles jus-
qu'ici les plus paisibles sont sur les dents.
Avant l'heureux temps où nous vivons, toute
une série d'honnêtes gens attendaient leur
journal pour se confectionner leur opinion
du jour. Les uns s'abonnaient à la-Pa~M,
les autres au ~e~, les autres au ./des .Z~< suivant leurs goûts et leurs ha-
bitudes, et le matin, vers onze heures, leur
opinion ptRit nr~f. Jusqu'au lendemain, il
n'y avait ptus.-it f ~fiir. Aujourd'hui ce
pmcédejjicileet saa~fatigue tire à.sa tin, et
onsed~uande ceque doit penser le mal-
heureux abonné q~ recevant le./cw~Q;?
Z'iitata pic.fuère colonne un éloge
û.ea seaM de la R< publique conservatrice et
à !a deuxième un aperçu persuasif~ur la res-
tauration monarchique, dû à ia plume ét's*
gante de M. John Lemoinne.
Si, pressé par t'heure, t'abonna s'est in-
terrompu après la lecture do la première
colonne pour aller déjeuner en ville, nnf
doute que dès te second service il n'entame:
un dithyrambe sur !es bienfaits du régime
cher à M. Casimir Périer. Rentré chez lui, il
reprend la lecture de son journal, l'article
de M. John Lemoinne ne manquera pas de
lui arracher tout d'abord un cri d'oiseau
plume vif. Si c'est un abonne sérieuxy de
ces abonnés sans méchanceté qui ne de-
mandent qu'une chose à leur journal être
éclairés, son devoir est de se rendre ttux rai-
sons du rédacteur. Mais néanmoins, après
cette seconde lecture, s'il va dîner chez un.
ami, oh se demande si la lucidité de juge-
ment dont il a fait preuve au déjeuner du
matin sera toujours la même, et s'i~ n'éprou-
vera pas quelques petits tâtonnements. ?
En présence de l'inauguration de ce sys-
tème qui menace de réduire,tôt ou tard l'a-
bonné au sort funeste de l'tSe de Buridan,
les honorables fermiers qui possèdent la pu-
blicité des rideaux-annonces pourraient ti-
rer un parti aussi nouveau qu'avantageux.
de leurs vastes pages. Puisqu'aujourd'hui la
colonne une d'un journal respectable peut
~tre républicaine, et la deuxième monar-
chique, sans cesser paurceI.SL de demeurer,
comme on dit, Sdèle a sa ligne, chaque ri-
deau-annonces, après autorisation préalable,
pourrait être transformé en journal, et ce
journal divisé entre les divers partis, les-
quels, vu la dimension, auraient tout le loisir
do s'y ébattre côte à côte. On utiliserait les
entr'actes à parcourir d'un seul coup d'œil
les divers articles résumant, chacun a son
point de vue, la situation da jour et les pro-
babilités du lendemain~ et ce serait la pre-
mière fois le rideau-annonces du théâtre
X. excepté que les articles de MM. tels
et tels seraient connus de plus de ce~t cin-
quante lecteurs.
Lion DcpMTt.
1
Informations générales
Lyon, 23 octobre. Par décret du Prési-
dent de la République en date du 13 octobre:
Sont déclarées nulles les délibératioas par
lesquelles le conseil d'arrondissement do Lyon'
a demandé, sous forme de vœux, ta levée de
l'état de siège dans tous les'départements et ta
publicité des séances du conseil d'arrondisse-
ment. i
Un décret du i8 octobre annule également la
partie du procès-verbal de la séance du conseil
d'arrondissement du 22 septembre rappelant les
paroles prononcées par le président a i'ouvortu-
re de la session, ces paroles ayant abordé le
terrain politique.
Un aulre décret du 18 octobre annule les dé-
libérations du conseil d'aMÔndi~semont de Lyon
du 17 juillet, contenant un vœu-sur l'orgrurtm-
tion de la municipalité de Lyon,.
Un arrêté du préfet du Rhône, en date du
22 octobre, supprime les cercles ou associations
ouvrières dont tes noms suiveat Le Cercle do;
l'Amitié et du Travail; le Cercle Fraternel de
Pierre- Seize l'Ami des Arts la Ruche le Cer-
cle des Amis et du Travail, ie Cercle littéraire
des Dames lyonnaises.
Les considérants de l'arrétés'appuient sur ce
que ces associations avaient un but politique ca-
ché et contrevenaient adx obligations qui leur
avaient été imposées a l'époque de leur autori-
sation.
L'arrêté de suppression a d& être notifié dans
la journée à ces dilîérents cercles.
Calais, 24 octobre. Le~ généraux d'ar-
tillerie de la Rochcbouhët, comte de Aros.e~ <
d'Ubcne, ainsi que trois, colonels, sont ici pour
quelques jours, afin d'assister aux expériences
d'artillerie de la commission en permanence.
Creil. 22 octobre. Mardi, M. le comte de
Paris estments de Montataire. Il a été reçu par plusieurs
administrateurs de la compagnie et par ~t, de
La Martelière, son directeur..
Doux heures et demie ont été consacrées à.
cette visite, ce qui lui a permis d'entrer dans
tous les détails des traya Toulon. 22 octobre. M. Emile OHivior~
qui depuis le 4 Septembre habitait l'Italie, vient
d'arriver à Saint-Tropez où il compte ~e fixer
auprès do son père qui'est dans un âge très
avancé. <
BeUegttrde, 24 octobre. Les préposes
de la douane au pont de Lizon, frontière suisse,
ont fait, il y a quelques jours, une importante
razzia do poudre de guerre que l'on cherchait à
introduire en France par contrebande.
Douze individus ont été arretds plusieurs au-,
tres ontpm la fuite etspn rentrés jsur la fron-
tière suisse.
Nantes, 23 octobre, Aujourd'hui, vers
deux heures, place du Bôn-Pasteur. un homme
a tiré un coup avoué.
Le coupable a été arrêté. On le suppose at-
teint de Mie.
Le coup a été tiré par derrière, presque & bout
portant.
L'homme arrêté se nomme Retailleau, ancien
débitant.
<
Chateanlin, 23 octobre. Les loups conti-
nuent leurs déprédations;aux environs..Dans la
nuit de mardi à mercredi, ils ont tué cinq mou-
tons près du viaduc; dans une prairie deux ont
été dévorés..
Si quelques chasseurs seulement imitaient!
Michei Cornée, de Kerjean en Dinéault, le. der-
nier des leup~ aurait bientôt disparu du terri-
toire.
Depuis six mois, cet intrépide destructeur en
a tué cinq a.l'affût.. <
Marseille, 22 octobre. Par suite de la
prise des paquebots par les frégates insurgées,
les paquebots espagnols,actuellement en course
de chargement arrêtent leurs opérations et ajoura
nentleurdépart.
i );~)'
Perpignan, 24 octobre, Un arrêté du
préfet des Pyrénées-Orientates rétablit tes insti-
tuteurs ccBgréganistea daus les écoles qu'ils
occupaient au moment, de leur expulsion par
la commission municipale de Perpignan.
't
Valence, 23 octobre. Le conseil général
aurait émisie vœu que les jeunes filles se des-
tinant à devenir institutrices publiques, et a qui
te département a raccordé des bourses ou des
demi-bourses, quittassent la maison tenue au
chef-lieu par les religieuses do l'ordre de ta Tri-
nité, et fussent envoyées à l'école nonnate dos
Bouchos-du-Rhone.
Consulté par le préfet au sujet de ce vœu, le
ministre a répondu qu'en proposant d'envoyer
tes jeunes nttes dans une école normale taïque,
le conseil général a obéi à des préoccupations
anti-retigieuses auxquelles l'administration de
l'instruction publique ne saurait s'associer.
Metz, 22 octobre. M. te lieutenant-gène-
rat de Gtumer vient de donner sa démission da
gouverneur de Metz.
Cotte démission .a été acceptée par te cabinet
de Bertin le général est mis en disponibilité
avec te titre de général d'infanterie.
M. lo lieutenant-général de Schcudt est nommé
gouverneur de Metz.
le duc d'Aumale lui-même a peine à la vain-
cre, cela se voit à miUe petits détails qui peu-
vent échapper aux spectateurs d'occasion,
mais qui sautent aux yeux des habitués; il
n'a plus !a même rigueur dans la conduite
des débats; il se perd dans ses périodes,
dont il est, du reste, pius ménager en un
mot, il laisse botter les rênes, et ii peut le
faire sans danger, car it n'y a pas de risque
que les débats, au point où Us en sont, pren-
nent le mors :mx dents.
La discussion sur les dépêches télégraphi-
ques envoyées de Novëant à Metz fournit au
noMe duc l'occasion de placer encore une
fois son verbe favori ~p~. J'ai beau
faire, mais ce~< ramené obstiné-
ment avec un parti pris manifeste, irrite mon
purisme. Et pourtant on m'affirme que le
prince-président a passé toute la journée
d'hier à l'Académie à piocher le Dictionnaire:.
Par bonheur on n'en est pas encore à la let-
tre T, et d'ici là, il aura passé beaucoup d'eau
sous les ponts de la Moselle que le génie mi-
ïitaire n'a point voulu faire sauter et qui
"nous serviront peut-être un jour.
Le seul personnage qui paraisse insensi-
ble à l'influence atmosphérique, c'est le ma-
réchal Bazaine. Il suint de voir son front
calme, sa te nue correcte, son attitude im-
passible, pour être rassuré sur les bruits
etranges qu'on a fait circuler hier et que
plusieurs de nos confrères ont reproduits
comme absolument authentiques. On a dit
que la suspension hâtive de la dernière
séance tenait à l'état de santé du maréchal,
que le matin on l'avait trouvé sans connais-
sance dans sa chambre et qu'on craignait
une attaque de paralysie. Ces bruits, dont
nous connaissons l'origine malveillante, n'ont
absolument rien de fondé. Jamais le maré-
chal ne fut plus dispos, plus alerte, plus
sain de corps et d'esprit, et l'allure que
prennent les débats, jusqu'à présent, au lieu
de l'abattre, est plutôt faite pour accroître
sa confiance et son énergie.
Rien de saillant dans cette séance, sauf le
petit cours de stratégie fait par M. Scal, ins-
pecteur des chemins de fer, que notre ami
Wachter– si le témoin était militaire–
classerait parmi les élèves de Jomini, le roi
des stratèges en chambre, et l'incident
Boyenval, ce capitaine du génie dont la dé-
position assez insigniuMtte n'est, paraît-il,
que le prologue d'un compte plus sérieux que
M* Lachaud se propose de lui demander au
cours des débats. Nous pourrions en dire
long à cet égard, mais nous sommes tenu à
la plus grande réserve. Il nous est penhis de
dire toutefois que la seconde audition du
capitaine Boyenval sera une des plus grosses
surprises d'une prochaine audience.
t'J.i' PAULRoCHE,
CHRONIQUE d~ LA SEANCE
e –{~
La séance a été, comme le temps, d'une.
-grandetristesse. Le ministère public a fait
assigner, je ne sais pourquoi, MM. Jaunez,'
ingénieur civil, Renaud, chef de gare, et
Mathieu, propriétaire, tous de ~ovéant. Cette
.petite ville, située sur la rive gauche de la
Moselle, à quatre lieues en amont de Metz,
possède un beau pont suspendu qui n'a pas
été détruit et sur lequel les Prussiens ont
passé en grand nombre les la et 17 août~
pour nous livrer les batailles de Rezonzillej
..etdeSaint-Privat.
Les trois témoins lorrains ont donné force)
-renseignements sur leur conduite danscésf
journées néfastes et sur lés efforts inces-
sants et vraiment patrioùqués qu'ils ont faits'
.pour obtenir la destruction du port daNo-s
.véant. Evidemment il: y a eu la une faute}
commise pas les chefs de l'armée du Rhin,'
mais, en peu de mots, M" Laohaud a prouve'
que pas un seul des télégrammes envoyés à~
Metz par ces braves et énergiques citoyens.
n'était parvenu au maréchal Bazaine. Ce;
~tjont des intermédiaires, peut-être de sim-i
'plesempléyës du télégraphe; qui leur,gttt
pies employés du télégraphe, qui leur put
répondu, et qui ont pousse l'oubli des ihté-i
'rets du pays et la négligence jusqu'à leur! ¡
répondre des. balançoires telles que M. j
'Mathieu n'a pas voulu les répéter au Conseil,
'par respect pour la justice et pour son pays. ¡
Apres ces témoins, le duc d'Aumale a fait;
'appeler M. Seal, inspecteur du chemin de.
'fer de l'Est. C'est un homme grand, fort, a la
tête énergique et expressive. Le 22 août, il
& proposé à M. le maréchal Bazaine de ra- j
'mener à Metz les wagons allemands chargés j
-dé vivres et de canons de siège qui se trou-
vaient en gare à Remilly, et de guider les
'colonnes françaises aux endroits favorables
< pour gêner les travaux de l'ennemi sur la
ligne de raccord en voie d'exécution entre
,Remilly et Pont-à-Mousson.
La déposition de M. Scal aurait peut-être
produit une certaine impressions'il ne s'était
Moût à coup transformé en stratège et n'avait
Tacontéau Conseil que, si le. maréchal Ba-
zaine se fût montré docile à ses conseils, il
.aurait détruit tous les travaux d'art du che-
jnin de l'Est entre Metz et Forbach. Il est
.sans doute regrettable que l'Empereur n'ait
pas conSé à M. Scalle commandement en chef
de l'armée du Rliin; mais le Conseil n'ayant
~pas été réuni pour apprécier les plans straté-
giques d'un inspecteur des chemins de fer,
MM. les juges n'ont prêté qu'une attention dis-
'traite aux développements de ce projet gi-
gantesque. Il eût pu constater que, entre
'autres tours de force proposés, M. Scai se
'chargeait d'amener à Metz, avec ses Ioc.6-
motives, des wagons que les Prussiens
eussent été impuisants à démarrer sur une
seule voie. Pourquoi ce qui était impossible
'aux Allemands était-il possible aux méca-
niciens français? C'est ce que le témoin n'a
pas expliqué et ce que M. le duc d'AumaIe a
jugé inutile de lui demander.
< M. Scal a encore déclaré au Conseil que,
lp 3 septembre, ie maréchal l'avait appelé à
son quartier général du Ban-Saint-Martin
pour lui demander son concours pour mar-
cher sur Thionville. Il fallait rétablir le pont
de Longeville dont deux arches avaient été
'entièrement détruites, te i5 août, par tes
'ofnders.du génie. M. )e générai Coffinières
'demandait trois semaines pour remettre le
'pont en état M. Scal a déclaré qu'il avait
~nert de terminer ce travail en trois jours, en
remplaçant les piles détruites au ras de l'eau
~ar un remblai du sable. Jecrois que letémbin
vêtait dans le vrai, sauf en ce qui Concerne le
.temps nécessaire que ja ne puis apprécier.
.A ta un de, janvier 1S'M, les Prussiens ont
.procédé de cette façon pour rétabiir ië pas-
sage sur le pont de Fontenoy, également sur
!a Moselle, dont une arche, ia.cûléeet une
pile avaient été entièrement détruites par
{~garibaldiens.
Les capitaines Boyenval, Compagnon, du
génieetie commandant Sers de l'artillerie
ont donné des détails circonstanciés sur la
destruction du pont de LongeviUe dans la
Journée du i5. L'ordre de faire sauter le
pont à été donné parJemarëcha! Baxaine
~ui en assume toute la responsabititë.
.D'après ce qu'est venu dire ensuite M.
!e général Coffinières, c'est lui qui a défendu
au capitaine Boyenval de faire sauter les
deux ponts d'Ars, dont l'un sert de barrage
et l'autre de Viaduc au chemin de fer. Jus-
qu'au 14 août, le général en chef avait eu
l'intention de prendre l'offensive il n'avait
donc pas voulu détruire des ponts de pas-
sage qui nous eussent été d'une grande uti-
lité en cas de succès.
Le président, tes juges et le général Pour-
cet adressent diverses questions à l'ancien
gouverneur de Metz; mais celui-ci se tient
sur une défensive prudente, ne répond que
par monosyllabes et t'ait comprendre à ceux
qui l'interrogent qu'il ne lui appartient pas
de juger les intentions de son général en
chef; de même qu'il eut été peu convenable
de sa part de peser jadis sur se&~écisions
Un instant, M. le général Pourcet a voulu
mettre son collègue Cofumèrès sur la sel-
lette en critiquant ~rop vivement un armis-
tice local conclu le18 à Borny pour l'en-
terrement des guerriers tués la veille.
Le maréchal Bazaine, n'ayant même pas
eu connaissance de cette trêve des morts, je
ne sais pas pourquoi il en a été question
devant1& Conseil.
Pour peu que l'on continue à laisser le dé-
bat s'égarer, il n'y a pas de raison pour que
le procès unisse avant six ou huit mois.
Ainsi; M. le lieutenant-colonel de Villenoisy
eest venu raconter au Conseil que, de concert
avec deux ingénieurs des ponts et chaussées,
il aurait construit près de l'île Chambière
trois ponts dont deux de chevalets et un de
radeaux, qui ont tous les trois été emportés
par la première crue des eaux. Ace propos,
M. deYiIlenoisynous a montré un plan splen-
dide qu'il avait développé devant les géné-
raux CoffInièresetFournier, au début delà'
campagne. Puis, prenant texte de l'armistice
du i5 qu'il connaissait par ouï-dire,il a.ex-
posé'auConseit les opérations qu'il aurait
exécutées pour mettre en capilotade les ar-
mées allemandes assez audacieuses pour;
exécuter, a proximité deMetz, une marche
de flanc des plus imprudentes. Ce grand stra-
tège oublie que nous avions alors évacué la
rive droite d& la Moselle et que les Allemands
pouvaient nous opposer toute la première
armée forte de près de cent mille hommes.
Ls président a Uni par faire observer au
fougueux M.deVillenoisy qu'on ne l'avait
pas cité pour cela, sans quoi il parlerait pro-
bablement encore. Le témoin est un ofncier
instruit dont je lis avec plaisir les articles
dans la .K~M< des ~CMC&y WM~
glacial où l'on juge un maréchal désireux
d'être ûx6 le plus vite possible sur son sort.
Après M. de Villenpisy, je vois .paraître
successivement à la barre M~. les inten-
dants WolG, de Préval, Mouy et Gafnot qui
'donnent des renseignements sur les appro-
visionnements. Il n'est plus question que de
riz, sel, sucre, café, pain, biscuit, viande sur
pied," viande salée'; L'énumération de ces
denrées échappe à mes appréciations et je
renvoie les personnes désireuses de la con-
naître au compte rendu sténographique.
A.WAÇHTER..
"ES' TËMOINÈ
At'heure désignée avant-hier, te. Conseit!
est entré en séance. Deux témoins défaittants
se présentent et se retirent immédiatement:
après. 'tmM'
:M. `_ 'i_i.
M.Ja.unez.
Ce témoin' déclare se nommer Jaunez
(Baptiste), âgé de soixante-treixe ans, faisant
profession d'ingénieur .ch'it, domicile à
Metz..
M. Jaunez~a/voutu couper le pont de No-
yéant.dans la joufnée du 13 ët.it fut dit,
qu'il n'y avait pas d'ordres. Ha télégraphié;
pour savoir s'iit .fallait te détruire. On lui a)
répondu de Metz: Non. Le témoin né peut pas! ¡
dire à qui la dépêche a été adressée ni qui;
tuiajrépondu.
Sur les interrogations du générai Pourcet
te tempinrépond qu'il n'a pas communiqué
'avec des officiers de l'armée et qu'il ne peut t
~pas dire que le maréchat a été prévenu le
.14 .au ma;in du message qu'it avait envoyé
à Metz sur l'arrivée des éclaircurs ennemis.
? M! o t.' r–~
~M.'Rona.ult.
.Ferdinand Renault, cinquante et un ans,
employé de chemin defer (ancien chefdegare
de Novéant), domiciué à Paris, faubourg
Saint-Dems, 82. }
La déposition se résume en ces mots, que
le 12 il a reçu une dépêche de Metz pour !e
.générât Margueritte. Dans ta journée du 13
~deséclaireurs prussiens se sont présentés à
ta tcte du pont. Ils ont même passé te pont.
;;Le'témoin a tetégraphié à Metz deigare en
gare~ serviee de ta compagnie, et~ on tui a
répondu « Bien compris. Mais on ne tui a
~dress~ aucune instruction. Le témoin~a
voulu le 14 au soir brûler le pont et il dé-
clare que le maire de Novéant s'y est opposé.
Le 15, les Prussiens sont revenus en force et
Novéantet la gare ont été occupés.
` n4athiau. ~~j~~}l~
M Mathieu.
Mathieu (Jean), trente-cinq ans, proprié-
taire a Noyéant,'dit la citation, domicitié à
Nancy.
M.Mathieu sait que le généra! Margueritte
revenait de Pont-à-Monsson le 12 torsqu'il
recat des ordres impératifs à la station de
Novéant. Le 13, il eut connaissance que plu-
sieurs dépêches furent adressées au quar-
tier ~énéral,et il dit que plusieurs de ces
dépêches n'obtinrent aucune réponse ou des
réponses très laconiques comme « Merci )
Le témoin a. vu de sa propriété les mouve-
ments de troupes dans les journées des~ 14,
15 et 16 août, renseignements qu'il a trans-
mis à Metz.
Aux questions du président, le témoin ré-
pond qu'il a demandé avec instance et par
des télégrammes successifs Fordre de couper
le pont de Noyéant te 14 août. A la dernière
dépêche envoyés par ses soins, it lui a été
répondu un peu légèrement x Ayez con-
fiance. N Seulement le témoin ne peut dire
.qui lui répondait de Metz, les dépêches n'é-
tant pas signées. Cependant te tcmoina'ires'-
sait ses dépêches au quartier générât..
Le général Pourcet. demande au témoin
s'i! pourrait fairg connsitre t'emptoyp. du té-
légraphe qui transmettait tés dépêches dont
il estquestion de !a gare de Novéant à celle
de Metz. M. Mathieu répond que c'était un
homme Gérard, actuellement employé du
chemin defer à Paghier; mais it ne peut pré-
ciserSi M. Gérard a connu te nom de l'em-
ployé qui tui répondait tëtégraphiquement:
La défense établit que du moment que des
réponses télégraphiques ont défaites dans
la journée du 13 aux dépêches télégraphi-
ques du témoin, et -me d'un autre cutë te
marébhal Bazàine c~a't s) près de ta à Borny,
potnt stratégique qu: u'it nullement eh
correspondance tetégraph!<~f avec Metz,
ce n'était donc pas le maréchat qui recevait
~7.~
des tëtégramn~~t qui par conséquent y ré-
pondait.
-'?-
M.SC~Ï.
Scal, âge de cinquante-deux ans, inspec-
teur de chemins de fer, domicilié à Paris.
Le témoin ne sait que ce qui regarde le
pontdeLongeviIle.Le septembre, le ma-
réchal Bazainelefit appeler pour lui deman-
der combien H faudrait de temps pour répa-
rer le pont de Longeville, dont deux arches
avaient été détruites en août mais il fallait
trois semaines,'au dire des ingénieurs le
témoin ayant reconnu la nature des dégrada-
tions, se fit fort de raccorder la voie coupée
sur le pont deLongevilie non pas en trois
semaines, mais en trois jours. Le générât
Coffinières, auquel il en paria, !ui dit ces
mots « Ne dites pas au maréchal que ces!
travaux peuvent être terminés en trois
jours.
Le président demande au témoin s'il a
connu les projets de destruction des ponts en
amont sur la. Moselle.
M. Scal répond que pendant cette période
il était malade, ce qui fait qu'il ne dépose en
somme que sur des faits absolument étran-
gers a la division des débats, sur laquelle
semblait devoir porter sa déposition.
Il raconte une visite qu'il fit au maréchal
le 22 août, pour lui apprendre qu'entre Re-
milly et Metz it n'y avait aucun ennemi et
que l'on pouvait aller prendre des wagons
d'approvisionnements appartenant aux Prus-
siens.
Le témoin avait un plan et s'étend lon-
guement sur les bénéfices que l'on pouvait
tirer de ce plan comme tous ceux qui ont
un plan.
A son avis, on pouvait faire entrer à Metz
1,500 wagons.
Le témoin défaille son plan stratégique et
parle d'une grande batailte qu'il eût fallu
livrer pours'emparer de blé, de grains et de
fourrages, qui devaient exister alors dans les
villages voisinsdëMetz.
M. Tourniër, un Allemand, chef de gare
au service de la Prusse, aurait dit au té-
moin:
Je ne croyais pas que les choses tour-
neraient ainsi. Toutes les fois que j'enten-
dais du bruit du côté de Metz, je croyais
qu'on venait nous prendre.
–Si nous ne vous avons pas pris, brûlez
un cierge au maréchal Bazame. C'est la
réponse un peu triviale, reconnaît lui-même
le témoin, qu'il fit à cette remarque d'un Al-
lemand.
Le maréchal répond à la déposition du
témoin en disant que ces'wagons, signalés
par M. Scal, étaient pourvus de machines qui
lesauraientenlevés dans le cas d'unemarchc
pour s'en emparer,etqu'iln'y avait laque
des. blessés a récolter.
.¡" )'f>. .J >;
M.Boyenva.1
Boyenval (JùIës-Albert-Maxime), âgé de
trente-trois ans, capitainedugénie(2'' classe),
domicilié àSoissons.
Il fut chargé de préparer la destruction
des ponts de Longevilte et~'Ars-sur-Moselle,!
et dit que seul le pont d'Ars fut chargé par
ses soins. Comme le général Coffinicres, chef,
du génie de Metz~ lui refusa le 13 de faire
sauter ce dernier pont, le capitaine Boyenval
demanda à ce qu'au moins l'on fit rentrer
ses sapeurs. Quant au pont de Longeviile,
onavaitfaitsauterla première arche de ce
pont le 15 et on lui donna ordre d'en aug-
menter la rupture. Le témoin fit sauter une =,
seconde arche. Il n'a reçu'aucun ordre pour
le pont du chemin de fer.
M" LACHAUD demande si M. Boyenval n'est
pas le lieutenant du génie que le maréchal
a envoyé un jour au tort de PlappeviMe ? q
Sur la réponse affirmative du témoin, le
défenseur demande à ce que le témoin ne
soit pas renvoyé, attendu qu'au cours des
débats il sera utile de réentendre ce témoin,
m6lé à certaines intrigues militaires d'une
certaine importance dans le procès.
M. Compagnon.
Compagnon (Charles-Eugène-Albert), âgé
de vingt-six ans, capitaine du génie (2" ctasse)
àLaFère.
C'est sur un ordre verbal du maréchal
Bazaine, donné par le commandant Sers, que
le témoin a fait sauter la première arche du
pont de LongeviUe. Il rend compte de cette
opération miutaire qui n'attire aucune ob-
servation du parquet ni de la défense.
Le général Gofapj~res.
Dans la liste des témoins, le général Cof-
Qnières ne devait se présenter qu'après le
commandant Sers et M. de YiIIenoisy. Ce té-
moin donne sur les opérations du génie au-
tour de Metz de longs détails techniques I
1« Sur la construction des ponts; 2° sur les
préparatifs de destruction, et 3" sur ces des-
tructions elles-mêmes, dont les précédents
témoins ont été les exécutants.
LE PRÉSIDENT. –Pourquoi avez-vous re-
fusé au capitaine de Boyenval l'ordre de-
mandé de faire sauter le pont d'Ars ?
LE TÉMOMSt.– C'est précisément l'indéci-
sion qui régnait dans la direction à donner
à l'armée française qui a amené ce refus de
faire sauter un pont. D'ailleurs l'armée avait
tout ce qu'il fatlait pour faire sauter les
ponts dont la destruction lui paraissait né-
cessaire, et .sa. preuve c'est que l'armée a
fait sauter le pont de Longeville sans m'en
prévenir.
LE pRÉstDENT. Le pont de Novéant ?
Avez-vous eu connaissance des messages
qui ont été envoyés de 'cette localité à Metz
pour demander la destruction de ce pont?
Le TÉMont. Je n'en ai pas souvenance.
Et puis l'armée étant-là sur son terrain
d'action, je n'aurais pas osé faire sauter un
pont sans l'ordre formel'du général en chef.
Ma mission était de préparer la destruction
des ponts, mais non de les détruire de mon
propre mouvement et sans ordre.
Le général Pourcet 'demande quel est cet
armistice de deux heures demandé parle
général MànteuSëi pour enterrer les morts.
Il voudrait connaître les raisons qui ont fait
prolonger cet armistice de vingt-quatre heu-
res, puisque l'armistice aurait duré jus-
qu'au 16 au matin. Le témoin répond que
c'est une question d'humanité, attendu qu'il
y avait eu beaucoup de morts dans la jour-
née du 14,
On reviendra sur la question de cetarmis-
tice, dont il n'a. pas encore été parlé, lors de
la déposition d'officiers qui en ont témoigné
dans l'instruction.
Le général Chabaud-Latour qui tient à
éclairer sa religion sur )'établissement des
ponts sur fa Mosctie et qui, pour se former
une opiiH"u à c<'t'égard, interroge lui-mêtno
les témoins, demande au général Cofunières
&'it a fait connaitre au maréchal l'emplace-
ment des ponts sur la Moselle et les sept
différentes wës par leN~lles rarmée fran-
çaise pouvattï~averser la rivière. Le témoin
répond que ce!a ne le regardait pas, mais
bien l'état-major du gé!)!~t.
La défense revient, MSn natureHement,
sur l'armistice; elle fait préciser ce point qu'à
l'égard decetacte mi~itsur~, le maréchal Ba-
zaine n'en a point été infoTrmé et qu'it était
resté absolument étranger ce fait. Ce qui Il
lieu.
Le maréchal n'a aucune observation à pré-
senter sur cette déposition et dit qu'il ne
connaît pas le général Coffinières seulement
depuis 1870, mais bien depuis 4838, lors
d'une bataUlo ou ils furent .blessés tous les
deux-.
REPRtSE DE L'AUDtENCE Ï~'
A trois heures cinq, le Conseil rentre en
séance.'
M. le commXMMt Sers.
Jean-Pierre-Noël-Joseph Sers, âgé de cin-
quante-deux ans, chef d'escadron au 13'ré-
giment d'artillerie, demeurant à Vincennes.
Le commandant Sers s'exprime avec fa-
cilité et netteté. Voici le fond de sa dépo-
sition
Le 1S, te marécha), à qui je venais faire une
commission de la part du générât SoÏeitle, lors-
que, ayant entendu le canon, j'en avertis le
maréchal'qui, craignant que l'Empereur ne
soit inquiété par :uhe attaque soudaine de
l'ennemi, me donna l'ordre (it était environ
neuf heures du matin) de faire sauter une
arche du pontde Longevitto. Le témoin dé-
pose que le maréchal lui nt part dé ladiuù-
tion et de ta diversité des ordres qu'occasion-
nait la présence du grand quartier général.
Dans la journée du 16, le témoin a acoom-
gné un convoi de munitions.
La situation qu'occupait te témoin, étant
l'un des aides de camp du général Soleitte,
l'a mis même d'être mêté à bien des faits
ressortant du rôle de t'état-major d'artitte-
rie, mais point à tous ces faits, et c'est po~r-
quoi il hésite beaucoup à se prononcer ~r
les événements auxquels il n'a pas été di-
rectement mêté.
M. te tieutenant-cotonel de ~IIenoisy est `
appelé, puis le président se réprend et fait'
appeler
T M. rJntenda-mtWcMR
Wbtn' (Atexis-Théodore-Francois), .soixan-
te-deux ans, intendant générât militairej do-
micilié à Paris.
La déposition de M. Wolff repose sur tes
approvisionnements qu'il avait réunis à Ver-
dun et qu'il dut diriger sur Reims, au corps
du maréchal deMac-M&hon. Le témoin rencon-
tre alors M. de Prévat, son chef d'état-màjor,
qui venait remplie à Montmédy ta même mis-
sion pour t'armée du maréchal Bazaihe que
celle qu'it venait dé remplir pour le maré-
chal de Mac-Mahon..
LE ~REsmENT. Dans la journée du 16, te
maréchal Bazaine vous a chargé de faire des
approvisionnements a Verduny en vous di-
sant de l'y attendre, qu'it y serait dans peu
de jours.
LE TÉMOIN.–Oui, monsieur le président.
Je crois aussi qu'après je devais me rendrt
à Montmédy.
Le témoin s'explique aussi sur un propos
du maréchal, qui lui avait été dit à lui-même,
que le maréchal ferait ~o~a
réchat répond que lorsqu'il a dit cela à
l'intendant Wolff il était presque endormi,
attendu que Wolff entra chez lui de fort
bonne heure dans cette matinée du 16 août.
M. de VIIlenoisy.
Louis Pierre Jean Marnés Cosseron de
Yittenoisy, cinquante et un ans, tieutenant-
colonel du géni&, domicilié à Grenoble.
Ce militaire s'avance rapidement vers ta
barre du Conseil. En) résumé, il dit qu'on
n'avait donné aucune instruction ni sur te
nombre des ponts à jeter sur la Moselle, ni
surleur.empt.acement.
Le téB~in entre dans le détail de la con-
fection de ces ponts, pouvant être utilisés des
le 13 août, et sur le passage de l'armée le
14. H insiste sur l'encombrement et le dé-
sordre qui se produisirent lors de ce pas-
sage. M. de Viiienoisy parle sèchement, ner-
veusement, sa parole, sans force, sans
grâce, fort précipitée, est au service d'une
imagination qui sembla assez vive. Les ques-
tions personnelles tiennent une grande place
dans sa déposition. Le témoin s'étend avec
complaisance et vivacité à propos d'une poi-
gnée de main que lui a donnée le généra!
Jarras en le remerciant des renseignements
spontanés qu'il était venu lui donner tors
du passage de l'armée sur les ponts de la
Moselle. M. de Viiienoisy entreprend aussitôt
l'historique d'un plan de campagne, pour le-
quel il fut appelé chez le général Couinières.
Et le président le rappelle à ta question et
aux faits de la cause.
LE pRÉsjDENT.– Que savez-vous de cet
armistice du 18 août?
Le TÉMO!N.– C'est le capitameRachaI, at-
taché à l'état-major du général Cofunières,
qui me l'a raconté. Et c'est grâce à cette ar-
mistice que l'ennemi a pu faire une marche
fort menaçante pour notre armée, marche
qui eût été presque impossible sans l'armis-
tice accordé par le général Cofunièrët au
général Manteuffêl.
M. le Mentëna.nt-colonel Fay.
Fay (Charles-Alexandre), quarante-six
ans, lieutenant-coltnel d'état-major, domi-
cilié à Paris.
Le lieutenant-colonel Fay dit que le 12, le
général Lebrun lui commanda de relever les
cantonnements de l'armée française et en ren-
trant de cette mission il apprit alors que le
maréchal Bazaine venait d'être nommé
commandant en chef. M. Fay était proposé
dans l'état-major à la section des rensei-
gnements par les reconnaissances militaires
dont le colonel Lewai était le chef. Cett<;
déposition e~t toute de détail et sur des faits
très simples et déjà établis aux débats.
Le colonel Fay ressemble beaucoup au
colonel Wass.
M l'intendant dégrevât.
M. Préval (Henri-Eugène), quarante-neuf
ans, intendant militaire de ~deuxième di-
vision, domicilié à Rouen.
Le témoin n'a pas été tout d'abord chargé
d'un service d'approvisionnement; il avait la
direction du service des ambulances. Seule-
ment, par suite du repart de M. l'intendant
WolS', il prit la direction des services de
l'intendance comme te plus élevé en grade à
l'état-major général. M. L'iatendant Préval
expliqué tout le rôle du convoi. auxiliaire
dont le maréchal a\'ai)/ ordonné le licencie-
ment,,
M FHitendMLt Mony,
M. Mouy (Alexandre-Ferdinand), quarante-
sept ans, sous-intendant militaire.
Les dépositions*~ intendants ne portent
absolument que su~!a quantité des vivres
mis à la disposition des corps d'armée. Natu-
rellement les intendants ont doncé les or-
dres pour approvisionner et réapprovisionner'
tes différents corps do t'armée mais souvent
ces ocdaes n'ont pas été exécutés. Des distri-
bQtio~~t été faites mat à propos, d'autres
ont ct~Snpêchées par les hasards des com-
bats. Suc les questions de quantités de vi-
vres, tés intendants ont des chiffres qu'ils
savent mettre eh avant.
Très longue déposition portant sur des
voitures~de vivres ou d'ambulance.
"M:"e~jmot.
M. Gaf~ot (Emile-René), quaran te et un~
ans, sous-intendant militaire délectasse,
domicilié à Paris.
M. Gaftiot, danssa déposition, reproduit
en grande partie les mêmes faits que son pré-
décesseur, le sous-intendant Mouy.
Les rafales de vent semblent soulever la
toiture de t'annexe de la satfe d'audience.
Là séance est levéeâ cinq heures quarante
minutes. Il n'y a presque plus personne dans
ta salle, etsur le banc des journalistes, nous.
ne sommes plus que neuf.
J&X)UARD MOMAC.
ÉCHOS DE TRIANON
Parmi tes personnages de distinction qut
occupaient hier Ie& chaises réservées à la
droite du Conseil de guerre, nous avons re-
marque M. le comte de Ribeaucourt, séna- 1
teur 'beïg" M. de Dorlodot, membre dé ta I
Chambre des représentants de Belgique; M. 1
de Bastscherzky, conseiller d'Etat de S. M.
l'empereur. de Russie; M. de Bezrondy, con"
seiller d'Etat; le prince Scandàllar~ etc. <
Peu de monde dans la loge de ta famitte
du maréchal Bazaine.
Il y faisait, du reste, nous dit-on, un froid
horrible.'
Décidément Trianon ne sera pM gai l'hi-
ver.
Eh prévision des froids, on vient d'amé-
tiorer l'instattation des bancs de ta presse.
L'annexe où est située notre tribune est,
on le sait, une construction très légère.
Un vent gtaciat soufflait entre tes plan-
chcs ma! jointes sur lesquelles sont assis
messieurs les journalistes.
Les bancs ont été capitonnés pendant la
journée de jeudi avec de la solide toile de
chanvre.'
On est mieux assis et à l'abri des rhumes.
Décidément le Conseil a des attestions
spéciales pour jla presse! 1
.r!~S!ti'i~ .M!:i..
~T*~
Un mot pour nnir
On discute vivement le procès & la tribune
des journalistes et les opinions sent assez
partagées.'
Hier, comme oh allait entendre l'intendant
générai Wolu'
Vous voyez bien, nt un de nos confrè-
res, que ce n'est pas un procès de tendance.
–Non, qu'est ce alorst
–Un procès d'intendance! 1
Il faut. bien le dire, tout le procès Bazaine
est là.
PACL ROCHE.
L'ABONNÉ DE BURtDAN
..a
Un boursier vient de trouver un moyen
bien simple de s'afïranchir des inquiétudes
et des transes causées depuis quelques jours
paf le&iftuctuations de la rente ce boursier
a réuni les trois cent'mille francs à lui con-
nés par d'excellents clients, a gagne la gare
du chemin de fer la plus voisine en compa-
gnie de cette somme, et il cingle vraisem-
blablement au moment où j'écris vers les
contrées que Christophe Colomb a décou-
vertes, évidemment eh vue des boursiers
bourrelés d'inquiétudes et décidés à en finir.
Ce boursier s'est dit
Aujourd'hui ça hausse, demain ça baisse,
le soir ça rebaisse, te lendemain ça rehausse.
H n'y a plus moyen de compter sur rien. Si
je risquais dans ces conditions-là l'argent de
mes clients, je le perdrais donc ils seraient
ruinés à plate-couture. Autant vaut leur
épargner cette désillusion douloureuse en
emportant simplement l'argent. De cette fa-
çon ils se diront d'une part que, si je l'avais
joué, ils auraient pu gagner, et comme dit
Gil-Perez dans F~
ils conserveront l'espoir que je m'etïbrce-
rai de rendre vain de me rattraper et de
rentrer dans leurs fonds. Ils ont donc tout
intérêt à me voir partir et je serais te der-
nier des hommes si j'hésitais jun instant,
n
La police, qui ne respecte rien, s'est em-
pressée d'envoyer quelques personnes sûres
a la poursuite' de cet honnête homme, afin
de leramënér dans nos murs, soit parla
persuasion, soit par les menottes. Tant de
boursiers ont déjà précédé celui-ci dans le
Nouveau Monde, qui en ont été reconduits
de cette façon, qu'il est probable qu'il en
sera de même encore'cette fois. C'est ainsi
que les plus bciies conceptions de l'esprit
humain se trouvent déjouées et que la pen-
sée intime de Christophe Colomb, en décou-
vrant l'Amérique, reçoit IjMt .plus sévères
amendements.
Du'resie, cet incident, qui à d'autres épo-
ques eût fait un certain bruit, a a peu près
passé inaperçu. Il n'y a guère que tes per-
sonnes à qui appartiennent les trois cent
mille francs qui aient trouvé quelques minu-
tes, entre l'apparition des journaux du soir
et l'heurede dmer, pour en exprimer leur
mécontentement. On a pour le moment au-
tre chose à faire que de s'occuper d'un bour-
sier qui lève le pied, et la politique prend de
plus en plus les proportions du jeu de casse-
tête chinois. Lés abonnés des feuilles jus-
qu'ici les plus paisibles sont sur les dents.
Avant l'heureux temps où nous vivons, toute
une série d'honnêtes gens attendaient leur
journal pour se confectionner leur opinion
du jour. Les uns s'abonnaient à la-Pa~M,
les autres au ~e~, les autres au ./
bitudes, et le matin, vers onze heures, leur
opinion ptRit nr~f. Jusqu'au lendemain, il
n'y avait ptus.-it f ~fiir. Aujourd'hui ce
pmcédejjicileet saa~fatigue tire à.sa tin, et
onsed~uande ceque doit penser le mal-
heureux abonné q~ recevant le./cw~Q;?
Z'iitata pic.fuère colonne un éloge
û.ea seaM de la R< publique conservatrice et
à !a deuxième un aperçu persuasif~ur la res-
tauration monarchique, dû à ia plume ét's*
gante de M. John Lemoinne.
Si, pressé par t'heure, t'abonna s'est in-
terrompu après la lecture do la première
colonne pour aller déjeuner en ville, nnf
doute que dès te second service il n'entame:
un dithyrambe sur !es bienfaits du régime
cher à M. Casimir Périer. Rentré chez lui, il
reprend la lecture de son journal, l'article
de M. John Lemoinne ne manquera pas de
lui arracher tout d'abord un cri d'oiseau
plume vif. Si c'est un abonne sérieuxy de
ces abonnés sans méchanceté qui ne de-
mandent qu'une chose à leur journal être
éclairés, son devoir est de se rendre ttux rai-
sons du rédacteur. Mais néanmoins, après
cette seconde lecture, s'il va dîner chez un.
ami, oh se demande si la lucidité de juge-
ment dont il a fait preuve au déjeuner du
matin sera toujours la même, et s'i~ n'éprou-
vera pas quelques petits tâtonnements. ?
En présence de l'inauguration de ce sys-
tème qui menace de réduire,tôt ou tard l'a-
bonné au sort funeste de l'tSe de Buridan,
les honorables fermiers qui possèdent la pu-
blicité des rideaux-annonces pourraient ti-
rer un parti aussi nouveau qu'avantageux.
de leurs vastes pages. Puisqu'aujourd'hui la
colonne une d'un journal respectable peut
~tre républicaine, et la deuxième monar-
chique, sans cesser paurceI.SL de demeurer,
comme on dit, Sdèle a sa ligne, chaque ri-
deau-annonces, après autorisation préalable,
pourrait être transformé en journal, et ce
journal divisé entre les divers partis, les-
quels, vu la dimension, auraient tout le loisir
do s'y ébattre côte à côte. On utiliserait les
entr'actes à parcourir d'un seul coup d'œil
les divers articles résumant, chacun a son
point de vue, la situation da jour et les pro-
babilités du lendemain~ et ce serait la pre-
mière fois le rideau-annonces du théâtre
X. excepté que les articles de MM. tels
et tels seraient connus de plus de ce~t cin-
quante lecteurs.
Lion DcpMTt.
1
Informations générales
Lyon, 23 octobre. Par décret du Prési-
dent de la République en date du 13 octobre:
Sont déclarées nulles les délibératioas par
lesquelles le conseil d'arrondissement do Lyon'
a demandé, sous forme de vœux, ta levée de
l'état de siège dans tous les'départements et ta
publicité des séances du conseil d'arrondisse-
ment. i
Un décret du i8 octobre annule également la
partie du procès-verbal de la séance du conseil
d'arrondissement du 22 septembre rappelant les
paroles prononcées par le président a i'ouvortu-
re de la session, ces paroles ayant abordé le
terrain politique.
Un aulre décret du 18 octobre annule les dé-
libérations du conseil d'aMÔndi~semont de Lyon
du 17 juillet, contenant un vœu-sur l'orgrurtm-
tion de la municipalité de Lyon,.
Un arrêté du préfet du Rhône, en date du
22 octobre, supprime les cercles ou associations
ouvrières dont tes noms suiveat Le Cercle do;
l'Amitié et du Travail; le Cercle Fraternel de
Pierre- Seize l'Ami des Arts la Ruche le Cer-
cle des Amis et du Travail, ie Cercle littéraire
des Dames lyonnaises.
Les considérants de l'arrétés'appuient sur ce
que ces associations avaient un but politique ca-
ché et contrevenaient adx obligations qui leur
avaient été imposées a l'époque de leur autori-
sation.
L'arrêté de suppression a d& être notifié dans
la journée à ces dilîérents cercles.
Calais, 24 octobre. Le~ généraux d'ar-
tillerie de la Rochcbouhët, comte de Aros.e~ <
d'Ubcne, ainsi que trois, colonels, sont ici pour
quelques jours, afin d'assister aux expériences
d'artillerie de la commission en permanence.
Creil. 22 octobre. Mardi, M. le comte de
Paris est
administrateurs de la compagnie et par ~t, de
La Martelière, son directeur..
Doux heures et demie ont été consacrées à.
cette visite, ce qui lui a permis d'entrer dans
tous les détails des traya
qui depuis le 4 Septembre habitait l'Italie, vient
d'arriver à Saint-Tropez où il compte ~e fixer
auprès do son père qui'est dans un âge très
avancé. <
BeUegttrde, 24 octobre. Les préposes
de la douane au pont de Lizon, frontière suisse,
ont fait, il y a quelques jours, une importante
razzia do poudre de guerre que l'on cherchait à
introduire en France par contrebande.
Douze individus ont été arretds plusieurs au-,
tres ontpm la fuite etspn rentrés jsur la fron-
tière suisse.
Nantes, 23 octobre, Aujourd'hui, vers
deux heures, place du Bôn-Pasteur. un homme
a tiré un coup
Le coupable a été arrêté. On le suppose at-
teint de Mie.
Le coup a été tiré par derrière, presque & bout
portant.
L'homme arrêté se nomme Retailleau, ancien
débitant.
<
Chateanlin, 23 octobre. Les loups conti-
nuent leurs déprédations;aux environs..Dans la
nuit de mardi à mercredi, ils ont tué cinq mou-
tons près du viaduc; dans une prairie deux ont
été dévorés..
Si quelques chasseurs seulement imitaient!
Michei Cornée, de Kerjean en Dinéault, le. der-
nier des leup~ aurait bientôt disparu du terri-
toire.
Depuis six mois, cet intrépide destructeur en
a tué cinq a.l'affût.. <
Marseille, 22 octobre. Par suite de la
prise des paquebots par les frégates insurgées,
les paquebots espagnols,actuellement en course
de chargement arrêtent leurs opérations et ajoura
nentleurdépart.
i );~)'
Perpignan, 24 octobre, Un arrêté du
préfet des Pyrénées-Orientates rétablit tes insti-
tuteurs ccBgréganistea daus les écoles qu'ils
occupaient au moment, de leur expulsion par
la commission municipale de Perpignan.
't
Valence, 23 octobre. Le conseil général
aurait émisie vœu que les jeunes filles se des-
tinant à devenir institutrices publiques, et a qui
te département a raccordé des bourses ou des
demi-bourses, quittassent la maison tenue au
chef-lieu par les religieuses do l'ordre de ta Tri-
nité, et fussent envoyées à l'école nonnate dos
Bouchos-du-Rhone.
Consulté par le préfet au sujet de ce vœu, le
ministre a répondu qu'en proposant d'envoyer
tes jeunes nttes dans une école normale taïque,
le conseil général a obéi à des préoccupations
anti-retigieuses auxquelles l'administration de
l'instruction publique ne saurait s'associer.
Metz, 22 octobre. M. te lieutenant-gène-
rat de Gtumer vient de donner sa démission da
gouverneur de Metz.
Cotte démission .a été acceptée par te cabinet
de Bertin le général est mis en disponibilité
avec te titre de général d'infanterie.
M. lo lieutenant-général de Schcudt est nommé
gouverneur de Metz.
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