Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-02-09
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 février 1869 09 février 1869
Description : 1869/02/09 (Numéro 220). 1869/02/09 (Numéro 220).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k519356n
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/01/2008
deuxième année. Numéro ~20
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Mardi 9 février 1869.
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(Départements et-gares :McJ
~BOJ~fMEMEKiTa (BépaMemtentt)
Baan, 64 & Sumcu, 33&. –TMM mMS, ~6t<
ANNONCES
ZEN. Ch. t~ts~iM~a*) Ce?t e< C', 6, M-ACB DB LA BOUMit
4tiM mimtMchta se eont pM MEd'a*
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~)MOND ?ÂRB&, Da'ec~r&Rt
~~ia~tss~~i9asa~ ~aa de te ~~ae~;s-t~ti~`~
&<&~B)ia&at~m t 8S, a-ae de ta @s'astge-&a<<ëMè~
~ê~ss~toM t tS, B~e de ta ~s'~E~e-Ba~eMee'c
NOS
OËP~ECH ES D'O RIENT
Le comte -Walewski a accordé y
comme dernier délai, une prolonga-
tion de séjour jusqu'à mercredi.
Le roi Georges a déclaré formelle-
ment la nécessité de l'acceptation ou
celle de sa propre abdication.
Il est probable que l'acceptation s'en
suivra.
JULES LERMINA.
PAIN QUOTIDIEN
.Je n'ai pas besoin de recommander à
votre attention la lettre de l'honorable di-
recteur de l'O~MMC~ M~M:~ que le 6"~M-
ZûM a reproduite hier. La mémoire de M.
Gaéroult vient en aide à la mienne et ré-;
ciprdquement.
~Mon ancien rédacteur en chef, queje~
m'honore de compter toujours au nombre
de mes amis, a fort bien pu oublier un dé-
tail qui m'intéressait plus personnellement,
que lui. L'C~MMo~ ~s~oM/e allait être
frappée par le tribunal de Saverne pour un
feuilleton de mon crû. L'attire se jugeait
dans trois ou quatre jours; on savait à
l'avance que j'étais condamné à la prison,
M. Guéroult à l'amende, et que la suppres-
sion du journal arrivait, brochant sur le
tout. La loi, une loi monstrueuse, voulait
qu'un journal condamné trois fois, même
à un franc d'amende, cessât de paraître
ipso /o'e~o.
L'opposition et le gouvernement pro-
clamaient d'un commun accord l'absurdité
de cet article; mais un article de loi ne
s'efface pas d'uu coup d'éponge comme
une caricature à la craie il faut que le
Conseil d'Etat, le Corps législatif et le Sénat
en délibèrent tour à tour. Or notre anaire
était inscrite au rôle le tribunal aurait eu
le temps de nous condamner deux cents
fois ayant la suppression de l'article. Ce
fut dans cette extrémité que je reqnis, et
fort à point, l'assistance de M. deMorny.
Notre bon droit lui parut &i évident, la
conservation du journal si juste et si poli-
tique, qu'il n'hésita point à faire l'impos-
sible pour arracher la foudre aux mains
des magistrats. Ce fut un coup d'Etat,
comme je vous l'ai dit, mais un coup d'Etat
pa~inque. Le procureur impérial, à qui l'on
ôtait le réquisitoire de la bouche, donna sa
démission et prononça ses vœux dans l'é-
picerie, où il a fait d'ailleurs une grosse
fortune. Pensez-vous qu'il eût pris cette
résolution héroïque à la suite d'une modi-
ncation de la loi? On biffe, bon an mal an,
une centaine d'articles sans qu'un seul
magistrat-prenne le froc ou le tablier, par
dépit.
Le procès éludé, on s'occupa de réviser
la loi, et c'est ici que la mémoire de l'ho-
norable M. Guéroult m'apporte un secours
précieux. N'est-il pas instructif et même
édifiant de voir MM. Delangle, Baroche, de
Chasseloup-Laubat et Rouland, quatre mi-
nistres discutés, taquinés et souvent même
maltraités par la presse, poursuivre léga-
lement l'abrogation d'un article de loi qui
mettait la vie des journaux entre leurs
mains? Ces messieurs, sûrement, sont
hommes et sensibles à l'aiguillon de la sa-
tire, mais le sens politique est plus puissant
en eux que la susceptibilité personnelle
'hMt~n <;a SÂSM!~ de 9 Février 1§~. S 19
LES AFFAMES
PREMIËRE PARTIE
L'ANGE DE ZAMARRAMALA
` XIV
f~M~)
COMME QUOI MONTEVERDE FAIT UNE CONQUÊTE
SANS Y PENSER
Les gardes ouvrirent la porte; les quatre
femmes se jetèrent sur eux comme des fu-
ries.
Or ça dit Monteverde, ne me forcez
pas de faire avec vous ce que j'ai fait avec
ces coquins.
Le ton résolu de Monteverde les arrêta
net.
Et maintenant suivez-moi I
–Où cela, senor? dit la vieille. Vous
êtes donc un Hérode, vous avez résolu de
faire périr toute notre pauvre famille
Silence et marchons 1
Chemin faisant, Monteverde disait à la
gitana
–D'où êtes-vous, jeune nlle?
Du royaume d& Valence et de la ville
d'Aleria.
ils sentent que l'opposition modérée estun
correctif indispensable au pouvoir le.! plus
fort.
Le/K~e etI'OpMMM. ~MM< étaient
alors, comme aujourd'hui, deux feuiHes li-
bérales, anti-cléricales, sincc"ement hostiles
à tous les abus~L'una et l'au~ë'combat-
taient en théorie et en pratique la funeste
absurdité des candidatures officielles, si
bien que les deux rédacteurs en chef s'in-
troduisirent au Corps législatif, en dépit de
MM. les ministres.
J'ai grand plaisir à constater que jamais,
quelle que fût la vivacité de l'action, les
précurseurs de M. Rouher ne poursuivi-
rent le ~ee~ ou ~'O/MMMM dans la rue. M.
Haussmann, assurément, n'est pas le scru-
pule en personne; la rue lui appartient, ou
du moins il en use comme d'un patri-
moine, ouvrant, fermant, barrant, démo-
lissant au gré de son génie Je n'ai pas dit
au gré de son caprice, ni de son intérêt
les communiqués sont à craindre, et les
procès surtout. Mais tous nos administra'
teurs, à peu près dttgnes de ce titre, ont
laissé l'opposition circuler sur la voie pu-
blique, comme l'eau coule dans la Seine.
C'est le petit M. Pinard et le grand M.
Rouher qui ont inauguré la mode des bar-
rages..
Se peut-il que les pessimistes aient rai-
son et que l'humanité dégénère si vite? Il
n'y a pas huit ans que MM. de Morny, de
Chasselonp-Laubat, Delangle, Baroche et
Rouland ont fait un violent eobrtpour
sauver deux organes de l'opposition dy-
nastique. Ces cinq hommes d'Etat n'avaient
pas même à remuer le petit doigt pour
perdre deux journaux qui les tarabus-
taient à plaisir; il suffisait de donner car-
rière à la magistrature dans les routes tra-
cées par la loi. Non ils sont cinq qui se
dérangent pour courir au secours d'un ad-
versaire loyal et convaincu ils n'ont pas
derepos qu'ils n'aient garanti contre eux-
mêmes la liberté de discussion. Que les
temps sont changés M. Rouher gouverne;
M. Rouher e&t chatouilleux l'épiderme
de M. Rouher sera doréaavant inviolable
aux principes 1
Voici les élections générales qui vien-
nent. M J~ ouher se fait un point d'honneur
de gagner sa cause partout, et spéciale-
ment à Paris. Journalistes, mes confrères,
prenez garde à vous C'est en vain que
vous triez vos candidats sur le volet; c'est
en vain que vos candidats s'exercent à for-
muler un sermect qui leur coûte peut-être
et qui les lie à coup sûr. Vingt jours avant
l'ouverture du scrutin, M. Rouher e~t
homme à vous séquestrer tous dans, la bou-
tique des libraires. Et qui sait si la porte
n'en sera point barrée par les sergents de
ville dudit M. Rouher? Il peut tout, jus-'
qu'à nouvel ordre.
EDMOND ABOUT.
LIBREMENT
~Mmdi
Ce matin, tout Paris était dans l'attente.
Le bruit s'est répandu dans les rues, les
places et les carrefours qu'un membre de
la majorité du Corps législatif allait parler
Oui, monsieur, parler en personne, et qui
plus est, interpeller.
Quelle audace On frémissait d'avance.
On se disait à l'oreille le nom de ce jeune
héros. Il s'appelle Benoist ou de Benoist,
et jamais âme plus fière ne cacha sa témé-
rité sous un nom plus doux.
Dès midi .les tribunes étaient remplies
de marquises, de duchesses et de banquiè-
l'es. Tousses cœurs palpitaient, toutes les
Hum, gitana, de Valence, et d'Aleria
par-dessus le marché Cela n'indique rien
de bon.
Ils marchaient tous deux en avant du
reste de la bande. La gitana répondit tris-
tement
Comme Votre Grâce nous traite mal ) I
Pourtant nous n'avons rien fait, et vous
avez l'air bien doux ).
Elle nxait sur lui ses grands yeux noirs,
profonds. Monteverde, sous ce regard de
flamme, se prit à trembler. Sa beauté
rayonnante le troublait; il reg trdait avec
admiration ses longues tresses dorées, son
front pur, son visage blanc et rosé son
corps splendide, large des épaules, aminci
de la taille, saillant des hanches.
Les cheveux étaient relevés en arrière
et retenus par un large peigne doré, orné de
topazes, semblable à un diadème. En des-
sous du chignon, elle portait, assujettie
par une épingle, une petite mantille rose
à franges noires, selon la mode des femmes
de Salami.nque. Le corset rouge, à côtes,
laissait voir une chemise de toile blanche
échancrée sur le devant. Elle avait encore
un grand coUier de corail à deux rangs qui
tombait sur son sein, et, aux oreilles, de
longs pendants, touchant presque l'épaule.
Sur le corset, une veste de velours grenat
à manches étroites, avec épaulettes et gar-
nitures de pièces d'or. Un cotillon de per- 1
cale jaune, à larges fleurs rouges, avec â
trois rangs de volants, lui descendait jus-
qu'à mi-jambe. Son pied, mignon et cam-
bré, était chaussé de souliers de peau de
chèvre jaune; de nombreuses bagues or
naient ses doigts, et elle portait, croisée
sur la poitrine, la chaîne d'argent dont les
gitanes ne se séparent jamais.
A sa ceinture étaient suspendus une pe-
lorgnettes étaient braquées, on racontait
d'avance les péripéties du combat. La
droite devait attaquer hardiment, la gau-
che devait répliquer chaudement, M. Gra-
nier de Cassagnac devait interrompre avec
vigueur, et le ministre, ah! le ministre de-
vait prononcer un de ces foudroyants dis-
eours dont lui seul a retrouver le secret
perdu depuis Mirabeau.
Héla-! hélas ce que c'est que de nous ) l
La trompette a sonné vainement pour appe-
ler les chevaliers dans l'arène. La droite a
reculé. La gauche a mis ses mains dans ses
poches, le champion du gouvernement a
brandi, vainement sa lance contre un ad-
versaire absent, et le public, ennuyé de
ce piteux spectacle, a regagné ses foyers
en maudissant sa curiosité trompée.
Nard:
M. de Forcade de la Roquette vient d'in-
terdire-au Gaulois la vente sur la voie pu-
blique. C'est par de tels coups de génie
qu'on sauve les empires et qu'on fonde les
dynasties.
MercMdti
Je reçois la lettre suivante
« A monsieur Assollant, rédacteur du
« G'aMJoM.
Monsieur,
« Dans votre article intitulé Z~re~të~
& qui a paru dans le Gaulois du 2 février,
<' vous écrivez, à propos de la conspiration
K Malet, les lignes suivantes
« F~/?~ ~B'mp~ /M~ sauvé ce yoM~
(( y~' ?? employé -!wM~MM /<ï ~oHe~
a que .Ms~ < e« Je crois, monsieur, que vous avez été
« induit en erreur. Comme j'ai l'honneur
« d'être le petit-fils de cet f~~o~ subal-
« terne, je vais me permettre de rétablir
« les faits.
« Mon grand-père, M. Saulnier, secré-
« taire général du ministère de la police,
« emploi qui n'est peut-être pas tout à fait
« subalterne, n'ayant été prévenu de l'ar-
« restation du dur~ de Rovigo, ministre de
« la police, qu'à huit heures du matin
« (23 octobre 1812) n'a vu le général Malet
« qu'après son arrestation et son transfert
< au ministère de la police, c'est-à-diie à à
« midi. Il n'avait donc pu être destitué par
« le général Malet qui n'a mis le pied ce
< jour-là au ministère de la poUce que pri-
« sonnier; et, s'il montra du courage, per-
« mettez-moi d'affirmer et de prouver que
« ce fut pour une cause plus noble qu'une
« question d'appointements.
« Tous ceux qui ont connu le député
« courageux qui réunit dans ses salons dix-
« sept collègues qui devaient former plus
«tard le gronpe formidable des 221, se
« joindront à moi pour consacrer la mé-
«mo~redecethommede bien qui ut de
x grandes choses pour l'honneur.
« Ouvrez, du reste, la ~M~~A~ ~Vï-
« c~w~, à l'article « Saulnîer père x et. vous
« serez convaincu de ce que j'avance.
« Je vous serai très obligé de vouloir
« bien insérer ces quelques lignes dans le
< plus prochain numéro de votre journal.
« Agtéez mes salutations les plus em-
« pressées. « H. DONDEY-DUPAË. ))
« 19, rue de Clichy. »
JfeMdS
II m'eût, été facile de passer sous silence
la réclamation qui précède. Je n'ai pas
nommé M. Sau'nier .je ne l'ai pas non
plus désigné; mais je respecte la piété Ë-
liale de M. Dondey-Dtipré et je publie vo-
lontiers sa lettre. A son tour il me per-
metta sans doute d'ajouter quelques expli-
cations.
Avant tout, je dois reconnaître mon er-
reur. Ce n'est pas un employé supérieur
ou subalterne de la police qui fit échouer
la conspiration Malet~ c'est un officier,
l'adjulant Laborde, que Malet avait or-
donné d'arrêter, et qui parvint à s'échap-
tite corne en bois de cerf, montée en ar-
gent, un exemplaire mignon des Saints-
Evangiles, dans un reliquaire en or émail-
lé, et une montre. Enfin, entre le corset
et la chemise, à moitié caché sous le
collier de corail, on voyait passer un ru-
ban vert et un bout de scapulaire avec la
tête de Notre-Dame du Carmen et celle de
l'enfant Jésus.
Les autres étaient vêLus avec le même
luxe, ou à peu près. C'étaient selon toute
apparence, de riches gitanes appartenant
à cette espèce si commune de maquignons
voleurs de bestiaux.
Elle murmurait, de sa voix douée
« Pauvre petite gitane Te voilà bien
tombée, toi qu'on appelait la cruelle et, qui,
jamais, n'avais regardé personne! Oh!
je vous en supplie, senor, par le salut de
votre mère, n'allons pas à l'église La petite
gitane veut vous dire des choses qu'elle
n'a dites encore à aucun homme en ce
monde, et sd la petite gitane voit les morts,
elle aura peur elle ne pourra plus dire un
mot, et Votre Grâce ne saura rien.
–Eh bien! soit. Voyons, qu'as-tu à me
dire?
Elle soupira longuement.
Ah vous m'avez ensorcellé, vous
m'avez brûlé le cœur I
Ecoute, petite, dU. Monteverde (sa
voix tremblait), tu connais Valence, n'est
ce pas ? 9
Oui, senor, c'est là que nous demeu-
rions, près de la Puerta de Serranos, où
Tnon père était forgeron.
–-Alors tu es allée au théâtre ?
Oh j'y allais souvent, car j'aime
beaucoup la comédie. et encore mieux les
pièces qui font pleurer! 1
per. Le danger qu'il avait couru M sans
doute aussi un sangfroid supérieur à celui
de ses chefs lui firent deviner que Malet
n'était qu'an hardi conspirateur. Il réunit
vingt-cinq gendarmes et, profitant de ce
que le général était séparé de ses soldats,
il le fit prisonnier.
Aussitôt que~alet, qui était'rame dé-là
conspiration, fut pris, tous les autres se.
laissèrent garrotter comme des moutons.
C'est donc Laborde qui sauva l'Empire,
et non Saulnier, qui n'arriva, M. Dondey-
Dupré en convient lui-même, qu'après
l'arrestation de Malet.
Revenons maintenant à M. Saulnier,
/~MK<' de bien qui de ~~M~M C~0?<
~oM~~oMMeM~ au témoignage de son
petit-fils. J'ai consulté, suivant le conseil
de M. Dondey-Dupré lui-même, la~M~'j~e Michaud. Or. voici le résumé de la
-SïO~n~AM
M. Saulnier. né à Nancy-en 1767, fut
nommé par le Directoire, commissaire dans
la Meurthe, et, après le 18 brumaire, préfet
de )a Meuse. En 1804, il devint secrétaire
général du ministère de la police sous
Fouché d'abord, puis sous le fameux Sa-
vary, duc de Rovigo, deux hommes peu
scrupuleux, comme chacun sait.Après l'ab-
dication de Napoléon, il eut l'adresse de
garder ses fonctions sous Louis XVIII, et
fut révoqué peu de jours seulement avant
le retour de l'île d'Elbe.
Pendant les Cent-Jours Napoléon lui
rendit sa place, que LouM XVIII lui enleva
de nouveau après Waterloo.C'est alors qu'il
se fit nommer député de la Meuse et vota, je e
le reconnais, avec les 17 membres de la
gauche, parmi lesquels on comptait Ma-
nuel, Benjamin Constant, le général
Foy, etc.
Il s'opposa fortement à l'établissement
d'une cour prévôtale dans son départe-
ment, et prononça un discour?, en 1817,
contre la suspension de la liberté indivi-
duelle.
Ce sont là, si je ne me trompe, les prin-
cipaux actes de sa vie publique. Sont-ils
si glorieux ? Récapitulons, s'il vous plaît.
Cet A-~MMg ~M a ser~i avec un
zèle égal le Directoire, Bonaparte, premier
consul, qui .renversa' le Directoire par la
force, Napoléon, empereur, qui viola lui-
même sa propre Constitution, et Louis
XVIII. Il ne cessa de servir que lorsqu'on
refusa ses services.
Ce n'est rien encore. Un soldat peut ser-
vir avec honneur dix ou douze gouverne-
ments pourvu qu'il n'ait contribué à fon-
der ou à renverser aucun d'eux. Il ne se
mêle pas aux troubles civils, aux intrigues,
aux délations, aux besognes obscures et
répugnantes.Mais un secrétaire général de
la police est nécessairement le confident et
l'intermédiaire de tous les espions. C'est
lui qui les dirige et q~i fait exécuter les
ordres de son chef~ préfet de police ou mi-
nistre. Saulnier a dû être l'instrument de
Fouché et de Savary.
Il a dû mettre la main dans ces enlève-
ments clandestins d'hommes suspects de
républicamsme qui furent sifréquentssous
le-règne de Napoléon. Il a dû faire enfermer
ces. malheureux dans les prisons d'Etat.
Qu'il ait donné des ordres ou qu'il les ait
fait seulement exécuter, il fut le complice
naturel de ses chefs. M. Dondey-Dupré
peut se faire illusion sur le rôle que son
grand-père a joué; mais nous, pouvons-
nous oublier et pardonner de telles œu-
vres ?
Il s'est repenti sous la Restauration, di-
tes-vom. En 1816, il haïssait les cours pré-
vôtales en 1817 il était partisan de la li-
berté individuelle.
Grand etrare mérite Que pouvait mena-
cer la cour prévôtale, si ce n'est les an-
ciens bonapartistes et lui-même ? Celui qui
avait empoigné jusqu'alors, sans jugement
ni procédure, craignait d'être c~o~g'à à
son tour. Voilà le secret de son libéralisme.
Sous les Bourbons, voterav~c la ga-uche et
pour la liberté, c'était voter pour son pro-
As-tu vu représenter le Co~o~~M~
~~M?
N'est-ce pas un prince qui régnait au-
trefois en Espagne, un roi terrible, qui
tuait tout le monde, et que les Français fi-
rent périr par trahison, car autrement ils
n'auraient pu en venir à bout ?.
Oui, mon enfant, c'est cela, le roi don
Pedro le Cruel. Eh bien Voyons ) te sou-
viens-tu de ce que le %oi don Pedro dit à la
fille du cordonnier ? R
Non, senor,je ne m'en souviens pas I
Il lui dit « Aimez-moi, mais ne me
le dites jamais. »
Sa lèvre se plissa et ses sourcils se fron-
cèrent. « ADous, senor, je voisque vous êtes
aussi cruel avec moi qu'avec mon pauvre
père. Moi, voyez-vous, quand j'ai quel-
que chose sur le cœur, il faut que ceh i
sorte. Chez les gitanos avec lesquels je
vis et dont j'ai pris les habitudes, quand
une femme aime un homme, elle le lui dit.
Pourquoi dis-tu '< les gitanes avec
lesquels je vis ? »
Ah! Jésus! je.
Eh bien? 2
Chut, seuor Où est la mère Campa-
nilla ? C'est que, voyez-vous, elle a l'oreille
fine comme une couleuvre.
N'aie point peur, elle est bien loin.
Eh bien, senor, sachez que je ne suis
pas gitane, ou si je le suis, ce que je ne
puis dire au juste, je ne suis pas de cette
famille le père Tragafuego, qui est le plus
vieux, n'est pas mon père et les autres ne
sont pas mes frères, quoique j'en dise pour
leur obéir ils me gardent pour tirer de
moi beaucoup d'argent, parce que j'ap-
partiens, paraît-il, à une grande famille je
le leur ai entendu dire quand ils étaient
pré salut. Nul doute alors qu'il ne fût sin-
cère. Fouché lui-même l'aurait été.
Vendredi
La lettre de M. Dondey-Dupré m'a en-
traîné trop loin, mais je ne puis me défen-
dre d'une certaine impatience en entendant
'B~lisme de ces hommes qui
turent, sous l'Empire. les plus actifs ins-'
truments de la tyrannie, et qui, sous la
Restauration, se vantèrent d'avoir a~e
.~n< 6~ J~M' indivis.
Il faut choisir. Servez Napoléon, si c'est
votre goût. mais n'essayez pas plus tard le
rôle de tribun du peuple.
Savez-vous, ô Français oublieux, ce que
ce grand homme a coû~é à la patrie ? Voici
les chiures authentiques. Je ne compte pas
la vieille armée de la République, ou'il
garda presque tout entière sous les dra-
peaux.
En 1804 il leva 60,000 hommes.
En 1805 140,000
En 1807 160,000
(Dont 80,000 à prendre sur la classe de
1808, les classes précédentes, déjà épui-
sées, ne pouvant plus rien donner.)
En 1808 240.000
En 1809 76,000
En 1810 160,000
En 1811 120,000
Total 956,000 hommes en
mue ans.
En 1813. le Sénat, par cinq sénaius-
consultes authentiques, lui accorda un mil-
lion quarante mille conscrits.
De tout ce peuple, deux ou trois cent
initie à aeine revinrent dans leurs foyers
après Waterloo, et encore, combien parmi
ceux-là sont demeurés innrmes ou es-
tropiés f
Pour comble, on subit deux invasions
la France, épuisée de sang, fut foulée sous
les pieds de l'Europe comme le grain dans
l'aire et paya deux milliards pour sa
rançon.
Voilà ce que l'entreprise de Malet nous
aurait épargné si elle avait réussi. A la fin
de 1812, l'Europe aurait été trop heureuse,
de nous laisser la limite du Rhin, et la
France, qui devait crier en )814
coM~ey~~oM bas les Droits ~M~M ) au-
rait joui quinze mois plus tôt de la paix et
de la liberté.
Laissons ce lamentable sujet,.
Samedi
Tout le monde aujourd'hui se mêle d'in-
terpeller. M. de Maupas demande des mi-
nistres responsables. En vérité, c'est à n'y
pas croire. On nous aura changé cet ex-
cellent homme-Ce n'est plus le préfet de
police et le héros du 2 décembre 1851.11
est devenu parlementaire. Il ne met plus
les députés en prison. M. Thiers et M.
Changarnier peuvent dormir dans leurs
lits. Us ne seront plus éveiilés et empoi-
gnés par la police.
Encore un peu de temps et M de Maupas
demandera la liberté absolue de la presse
et se fera inscrire dans les réunions publi-
ques à la suite du citoyen Briosne et du ci-
toyen Ducasse.
Tôt ou tard cette conversion devait avoir
lieu mais le public ne l'attendait pas si
tôt. Elle devance les événements.
ALFRED ASSOLLANT.
fp f~ ?~ pa~cic
~E. ~Us ~E rN~E.
Une dépêche est arrivée hier, adressée
par S. A. R. le comte de Paris, et annon-
çant l'heureuse délivrance de Mme la com-
tesse de Paris.
Cette dépêche était conçue en ces ter-
mes
«M vient de me naître un fils.
« Comte de Paris.
seuls avec moi il est vrai que je suis
M~
Qu'est-ce que cela, ~o~t?
Chut! chut f bouche close Et si vous
voulez que je vous dise de bien jolies
choses, ne nous menez pas voir les morts.
Au nom de Dieu, je vous en supplie, ra-
menez-nous dans la chambre où l'on nous
avait enfermées, puis mettez-moi sur un
cheval et je vous conduirai quelque part
où vous ne vous plaindrez pas d'être allé.
Vous verrez alors &i je vous aime. Ecou-
tez-moi vous devez avoir bon cœur:
pourquoi voulez-vous que 'nous allions
voir les morts ?
Pour que vo'js juriez sur leurs corps
par le salut de vo[re âme que vous ne les
avez jamais vus.
Que les mauvais M~~MM me prennent,
si j'ai besoin de cela pour vous dire tout ce
que je sais; mais à une condition c'est
que je ne retournerai jamais avec ces gita-
nos car si je parle et si je retourne avec
eux, ils me tueront.
-Bien, mon enfant, dit Monteverde,que
ce mystère intriguait vivement. Mais fais
attention, si tu te moques de moi, tu auras
à t'en repentir
Par le sang sacré de J~sus-Christ, no-
tre Seigneur répondit Aurora, ce que je
vais vous dire est la vérité, Votre Grâce, et
si je mens, vous vous en apercevrez bien
vite. Mais que le cheval soit fort, car je
pèse plus d'une ouce et vous ne devez pas
être léger non plus. Allons, allons! mais
gare à la mère Campanilla 1
–Bah) qu'importe? Dès maintenant tu
n'asplusanaireà ces gens-tàje me charge
de toi, ma petite Aurora
Ils se trouvaient en ce moment à l'ex-
trémité du village.
~m~
On sait que le prince Louis-P~li~-
Albert d'Orléans, comte de Paris, né à Pa-
ris le 24 août 1838, résidant actuellement à
Twickenham (Angleterre), marié à Kings-
ton, sur la Tamise, le 30 mai 1864, à la prin-
cesse Marie-Isabelle, fille du duc de Mont-
pensier. a déja'ëu de cette union une 611e,
la. pHBaesse Marie-AméHe-LGuise-HélèBe-
d'Orléans, née àTwickenbam le 28 sep-
tembre 1865.
Lasantédu prince Napoléon est réta-
blie ~t le départ pour Cannes, retardé de
huit ..jurs, pourrait, bien êLre ajourné indé-
finiment. Le prince a fait très belle
chasse à Villefërmoy avant-hier. On a tué
150 pièces environ. Une seconde partie est
organisée pour ces.jours ci. Le prince au-
rait même ordonné qu'on décorât un joli
pavillon de chasse où il irait séjourner
quelques jours.
Grande émotion hier à St-Germain-
l'Auxerrois. Pendant la messe, une des
filles d'Isabelle II s'est trouvée mal, et a
dû être enlevée sans connaissance et por~
tée en. toute hâte au Pavillon de Rohan.
On sait que le corps da duc de la Paierie
est resté exposé dans la chapelle de l'é-
glise jusqu'à ce matin, et que les catafal-
ques étaient déjà tendus dès hier. On at-
tribue à ces sinistres préparatifs l'indispo-
sition de la jeune infante.
Les concerts commenceront à la Cour
le 15 courant, et continueront le 22février
les 2 et 8 mars.
Les artistes désignés pour le premier
concert sont mes Carvalho et Bloch de
l'Opéra, Mlle Schrœder du Théâtre Lyri-
que, le ténor Capoul et Barré de 1 Opéra-
Comique. Les artistes italiens chanteront
le 22.
La fugue du Bourbon de vingt-deux ans
avec_une jeune Havanaise du meilleur
monde, auquel nous faisions allusion l'au-
tre jour, n'a pas eu lieu dans les circons-
tances indiquées tout d'abord.
Il paraît que la jeune fille a enlevé au
lieu d'être enlevée.
La question qui est très controversée en
ce moment est celle du mariage qui doit
s'en suivre.
A Fheure où nous mettons sou-! presse
ont lieu deux enterrements importants
nous avons été ce matin aux églises et
nous avons vu les préparatifs funèbres.
Les funérailles de M. le marquis de Mous-
tier sont célébrées à Sainie-Ciotilde.ën pré-
sence de tout le corps diplomatique, de.
tout le faubourg Saint-Germain et d'une
grande partie du monde ofueiel, qui avait
tenu à rendre les derniers devoirs à l'an-
cien ministre des affres étrangères, allié
aux plus grandes familles de France.
Sur les draperies noires du portail, se
détache 1 écugson rouge de la famille, avec
la devise
~O~ sera MMM~C /S~:MM.
Ces armes sont répétées sur les ten-
tures qui recouvrent les parois du chœur
De grands draps noirs, relevés par des em-
brasses, tombent des arceaux entre les
piliers.
Le catafalque est surmonté d'un dais im-
m use, dont la coupole est suspendue à la
voute du chœur, laissant tomber de grands
rideaux noirs semés d'étoiles d'argent. Aux
quatre coins et dans la nef s'élèvent d'é-
normes candélabres d'argent chargées de
bougies.
A midi précis, avait lieu, à Saini-Ger-
mam-1'Auxerrois, le service funèbre de M.
iascher de la Pag'erie.
Le portail de l'église était tendu de lour-
des draperies noires aux crépines d'argent
surmontées d'un fronton frangé aussi
Sur la gauche étaient de grands murs en
ruine et des hangars abandonnes.
Velasco, dit le lieutenant en se tour-
nant vers l'un des gardes qui marchaient à
quelque distance avec les trois autres gita-
nos, nous n'allons plus à l'église condui-
sez 003 femmes au poste et amenez-moi
mon cheval près de ces hangars.
Où emmenez-vous mon Aurora' s'é-
cria la vieille gitana furieuse, les mains
crispées.
A Ségovie, faire sa déposition devant
le juge.
Ah maudite) SI!e d'une mauvaise
mère! vilaine femme! hurla la vieille. Ce
militaire t'a plu et tu nous vends. Dieu
veuille que les mauvais ~M~~ t'empor-
tent et que tu sois mangée aux vers, et
que tu ne puisses les arracher de ton
corps, et si tu as des enfants qu'ils meu-
rent de la gale. Sois maudite, maudite
maudite
Les gardes l'entraînèrent avec les autres
femmes. Quelque temps encore on entendit
les cris elles malédictions de la vieille.
Oui, oui, maudis-moi, dit Aurora en
suivant-Monteverde. Grâce à Dieu j'ai
trouvé quelqu'un pour me tirer de vos
mains.
Tu as confiance en moi ? 2
–Oui,vousêtesbon;jene me trompe
pas. vous êtes beau et noble et riche!
-Sa voix vibrait et ses prunelles bril-
laient.
Soudain on entendit les cloches de la pa-
roisse qui sonnaient la grand'messe.
–Diable! dit Monteverde, et moi qui
avais promis d'aller à l'église. Bah 1 je
trouverai une excuse.
J'ai-bien faim dit la gitane.
d 'N~~it~'O TL~'C~N'riMBB
{Dêpsj'temeBtt et gsî
~BOK!
tt ta, 54 ff. –Su Bois, ~7 fr. Trois NOM, ~3 tr. 60
9®. c~. .'ANNONCES
KM. t~t. t.B'~jase, Cet? 6<' .C', 6, fLACS DN Lt saA~
Mardi 9 février 1869.
S~B NUM~H.O JL 0 CENTÏT~iEe
(Départements et-gares :McJ
~BOJ~fMEMEKiTa (BépaMemtentt)
Baan, 64 & Sumcu, 33&. –TMM mMS, ~6t<
ANNONCES
ZEN. Ch. t~ts~iM~a*) Ce?t e< C', 6, M-ACB DB LA BOUMit
4tiM mimtMchta se eont pM MEd'a*
&M aMmMcnt* he «ont p
~)MOND ?ÂRB&, Da'ec~r&Rt
~~ia~tss~~i9asa~ ~aa de te ~~ae~;s-t~ti~`~
&<&~B)ia&at~m t 8S, a-ae de ta @s'astge-&a<<ëMè~
~ê~ss~toM t tS, B~e de ta ~s'~E~e-Ba~eMee'c
NOS
OËP~ECH ES D'O RIENT
Le comte -Walewski a accordé y
comme dernier délai, une prolonga-
tion de séjour jusqu'à mercredi.
Le roi Georges a déclaré formelle-
ment la nécessité de l'acceptation ou
celle de sa propre abdication.
Il est probable que l'acceptation s'en
suivra.
JULES LERMINA.
PAIN QUOTIDIEN
.Je n'ai pas besoin de recommander à
votre attention la lettre de l'honorable di-
recteur de l'O~MMC~ M~M:~ que le 6"~M-
ZûM a reproduite hier. La mémoire de M.
Gaéroult vient en aide à la mienne et ré-;
ciprdquement.
~Mon ancien rédacteur en chef, queje~
m'honore de compter toujours au nombre
de mes amis, a fort bien pu oublier un dé-
tail qui m'intéressait plus personnellement,
que lui. L'C~MMo~ ~s~oM/e allait être
frappée par le tribunal de Saverne pour un
feuilleton de mon crû. L'attire se jugeait
dans trois ou quatre jours; on savait à
l'avance que j'étais condamné à la prison,
M. Guéroult à l'amende, et que la suppres-
sion du journal arrivait, brochant sur le
tout. La loi, une loi monstrueuse, voulait
qu'un journal condamné trois fois, même
à un franc d'amende, cessât de paraître
ipso /o'e~o.
L'opposition et le gouvernement pro-
clamaient d'un commun accord l'absurdité
de cet article; mais un article de loi ne
s'efface pas d'uu coup d'éponge comme
une caricature à la craie il faut que le
Conseil d'Etat, le Corps législatif et le Sénat
en délibèrent tour à tour. Or notre anaire
était inscrite au rôle le tribunal aurait eu
le temps de nous condamner deux cents
fois ayant la suppression de l'article. Ce
fut dans cette extrémité que je reqnis, et
fort à point, l'assistance de M. deMorny.
Notre bon droit lui parut &i évident, la
conservation du journal si juste et si poli-
tique, qu'il n'hésita point à faire l'impos-
sible pour arracher la foudre aux mains
des magistrats. Ce fut un coup d'Etat,
comme je vous l'ai dit, mais un coup d'Etat
pa~inque. Le procureur impérial, à qui l'on
ôtait le réquisitoire de la bouche, donna sa
démission et prononça ses vœux dans l'é-
picerie, où il a fait d'ailleurs une grosse
fortune. Pensez-vous qu'il eût pris cette
résolution héroïque à la suite d'une modi-
ncation de la loi? On biffe, bon an mal an,
une centaine d'articles sans qu'un seul
magistrat-prenne le froc ou le tablier, par
dépit.
Le procès éludé, on s'occupa de réviser
la loi, et c'est ici que la mémoire de l'ho-
norable M. Guéroult m'apporte un secours
précieux. N'est-il pas instructif et même
édifiant de voir MM. Delangle, Baroche, de
Chasseloup-Laubat et Rouland, quatre mi-
nistres discutés, taquinés et souvent même
maltraités par la presse, poursuivre léga-
lement l'abrogation d'un article de loi qui
mettait la vie des journaux entre leurs
mains? Ces messieurs, sûrement, sont
hommes et sensibles à l'aiguillon de la sa-
tire, mais le sens politique est plus puissant
en eux que la susceptibilité personnelle
'hMt~n <;a SÂSM!~ de 9 Février 1§~. S 19
LES AFFAMES
PREMIËRE PARTIE
L'ANGE DE ZAMARRAMALA
` XIV
f~M~)
COMME QUOI MONTEVERDE FAIT UNE CONQUÊTE
SANS Y PENSER
Les gardes ouvrirent la porte; les quatre
femmes se jetèrent sur eux comme des fu-
ries.
Or ça dit Monteverde, ne me forcez
pas de faire avec vous ce que j'ai fait avec
ces coquins.
Le ton résolu de Monteverde les arrêta
net.
Et maintenant suivez-moi I
–Où cela, senor? dit la vieille. Vous
êtes donc un Hérode, vous avez résolu de
faire périr toute notre pauvre famille
Silence et marchons 1
Chemin faisant, Monteverde disait à la
gitana
–D'où êtes-vous, jeune nlle?
Du royaume d& Valence et de la ville
d'Aleria.
ils sentent que l'opposition modérée estun
correctif indispensable au pouvoir le.! plus
fort.
Le/K~e etI'OpMMM. ~MM< étaient
alors, comme aujourd'hui, deux feuiHes li-
bérales, anti-cléricales, sincc"ement hostiles
à tous les abus~L'una et l'au~ë'combat-
taient en théorie et en pratique la funeste
absurdité des candidatures officielles, si
bien que les deux rédacteurs en chef s'in-
troduisirent au Corps législatif, en dépit de
MM. les ministres.
J'ai grand plaisir à constater que jamais,
quelle que fût la vivacité de l'action, les
précurseurs de M. Rouher ne poursuivi-
rent le ~ee~ ou ~'O/MMMM dans la rue. M.
Haussmann, assurément, n'est pas le scru-
pule en personne; la rue lui appartient, ou
du moins il en use comme d'un patri-
moine, ouvrant, fermant, barrant, démo-
lissant au gré de son génie Je n'ai pas dit
au gré de son caprice, ni de son intérêt
les communiqués sont à craindre, et les
procès surtout. Mais tous nos administra'
teurs, à peu près dttgnes de ce titre, ont
laissé l'opposition circuler sur la voie pu-
blique, comme l'eau coule dans la Seine.
C'est le petit M. Pinard et le grand M.
Rouher qui ont inauguré la mode des bar-
rages..
Se peut-il que les pessimistes aient rai-
son et que l'humanité dégénère si vite? Il
n'y a pas huit ans que MM. de Morny, de
Chasselonp-Laubat, Delangle, Baroche et
Rouland ont fait un violent eobrtpour
sauver deux organes de l'opposition dy-
nastique. Ces cinq hommes d'Etat n'avaient
pas même à remuer le petit doigt pour
perdre deux journaux qui les tarabus-
taient à plaisir; il suffisait de donner car-
rière à la magistrature dans les routes tra-
cées par la loi. Non ils sont cinq qui se
dérangent pour courir au secours d'un ad-
versaire loyal et convaincu ils n'ont pas
derepos qu'ils n'aient garanti contre eux-
mêmes la liberté de discussion. Que les
temps sont changés M. Rouher gouverne;
M. Rouher e&t chatouilleux l'épiderme
de M. Rouher sera doréaavant inviolable
aux principes 1
Voici les élections générales qui vien-
nent. M J~ ouher se fait un point d'honneur
de gagner sa cause partout, et spéciale-
ment à Paris. Journalistes, mes confrères,
prenez garde à vous C'est en vain que
vous triez vos candidats sur le volet; c'est
en vain que vos candidats s'exercent à for-
muler un sermect qui leur coûte peut-être
et qui les lie à coup sûr. Vingt jours avant
l'ouverture du scrutin, M. Rouher e~t
homme à vous séquestrer tous dans, la bou-
tique des libraires. Et qui sait si la porte
n'en sera point barrée par les sergents de
ville dudit M. Rouher? Il peut tout, jus-'
qu'à nouvel ordre.
EDMOND ABOUT.
LIBREMENT
~Mmdi
Ce matin, tout Paris était dans l'attente.
Le bruit s'est répandu dans les rues, les
places et les carrefours qu'un membre de
la majorité du Corps législatif allait parler
Oui, monsieur, parler en personne, et qui
plus est, interpeller.
Quelle audace On frémissait d'avance.
On se disait à l'oreille le nom de ce jeune
héros. Il s'appelle Benoist ou de Benoist,
et jamais âme plus fière ne cacha sa témé-
rité sous un nom plus doux.
Dès midi .les tribunes étaient remplies
de marquises, de duchesses et de banquiè-
l'es. Tousses cœurs palpitaient, toutes les
Hum, gitana, de Valence, et d'Aleria
par-dessus le marché Cela n'indique rien
de bon.
Ils marchaient tous deux en avant du
reste de la bande. La gitana répondit tris-
tement
Comme Votre Grâce nous traite mal ) I
Pourtant nous n'avons rien fait, et vous
avez l'air bien doux ).
Elle nxait sur lui ses grands yeux noirs,
profonds. Monteverde, sous ce regard de
flamme, se prit à trembler. Sa beauté
rayonnante le troublait; il reg trdait avec
admiration ses longues tresses dorées, son
front pur, son visage blanc et rosé son
corps splendide, large des épaules, aminci
de la taille, saillant des hanches.
Les cheveux étaient relevés en arrière
et retenus par un large peigne doré, orné de
topazes, semblable à un diadème. En des-
sous du chignon, elle portait, assujettie
par une épingle, une petite mantille rose
à franges noires, selon la mode des femmes
de Salami.nque. Le corset rouge, à côtes,
laissait voir une chemise de toile blanche
échancrée sur le devant. Elle avait encore
un grand coUier de corail à deux rangs qui
tombait sur son sein, et, aux oreilles, de
longs pendants, touchant presque l'épaule.
Sur le corset, une veste de velours grenat
à manches étroites, avec épaulettes et gar-
nitures de pièces d'or. Un cotillon de per- 1
cale jaune, à larges fleurs rouges, avec â
trois rangs de volants, lui descendait jus-
qu'à mi-jambe. Son pied, mignon et cam-
bré, était chaussé de souliers de peau de
chèvre jaune; de nombreuses bagues or
naient ses doigts, et elle portait, croisée
sur la poitrine, la chaîne d'argent dont les
gitanes ne se séparent jamais.
A sa ceinture étaient suspendus une pe-
lorgnettes étaient braquées, on racontait
d'avance les péripéties du combat. La
droite devait attaquer hardiment, la gau-
che devait répliquer chaudement, M. Gra-
nier de Cassagnac devait interrompre avec
vigueur, et le ministre, ah! le ministre de-
vait prononcer un de ces foudroyants dis-
eours dont lui seul a retrouver le secret
perdu depuis Mirabeau.
Héla-! hélas ce que c'est que de nous ) l
La trompette a sonné vainement pour appe-
ler les chevaliers dans l'arène. La droite a
reculé. La gauche a mis ses mains dans ses
poches, le champion du gouvernement a
brandi, vainement sa lance contre un ad-
versaire absent, et le public, ennuyé de
ce piteux spectacle, a regagné ses foyers
en maudissant sa curiosité trompée.
Nard:
M. de Forcade de la Roquette vient d'in-
terdire-au Gaulois la vente sur la voie pu-
blique. C'est par de tels coups de génie
qu'on sauve les empires et qu'on fonde les
dynasties.
MercMdti
Je reçois la lettre suivante
« A monsieur Assollant, rédacteur du
« G'aMJoM.
Monsieur,
« Dans votre article intitulé Z~re~të~
& qui a paru dans le Gaulois du 2 février,
<' vous écrivez, à propos de la conspiration
K Malet, les lignes suivantes
« F~/?~ ~B'mp~ /M~ sauvé ce yoM~
(( y~' ?? employé -!wM~MM /<ï ~oHe~
a que .Ms~ < e« Je crois, monsieur, que vous avez été
« induit en erreur. Comme j'ai l'honneur
« d'être le petit-fils de cet f~~o~ subal-
« terne, je vais me permettre de rétablir
« les faits.
« Mon grand-père, M. Saulnier, secré-
« taire général du ministère de la police,
« emploi qui n'est peut-être pas tout à fait
« subalterne, n'ayant été prévenu de l'ar-
« restation du dur~ de Rovigo, ministre de
« la police, qu'à huit heures du matin
« (23 octobre 1812) n'a vu le général Malet
« qu'après son arrestation et son transfert
< au ministère de la police, c'est-à-diie à à
« midi. Il n'avait donc pu être destitué par
« le général Malet qui n'a mis le pied ce
< jour-là au ministère de la poUce que pri-
« sonnier; et, s'il montra du courage, per-
« mettez-moi d'affirmer et de prouver que
« ce fut pour une cause plus noble qu'une
« question d'appointements.
« Tous ceux qui ont connu le député
« courageux qui réunit dans ses salons dix-
« sept collègues qui devaient former plus
«tard le gronpe formidable des 221, se
« joindront à moi pour consacrer la mé-
«mo~redecethommede bien qui ut de
x grandes choses pour l'honneur.
« Ouvrez, du reste, la ~M~~A~ ~Vï-
« c~w~, à l'article « Saulnîer père x et. vous
« serez convaincu de ce que j'avance.
« Je vous serai très obligé de vouloir
« bien insérer ces quelques lignes dans le
< plus prochain numéro de votre journal.
« Agtéez mes salutations les plus em-
« pressées. « H. DONDEY-DUPAË. ))
« 19, rue de Clichy. »
JfeMdS
II m'eût, été facile de passer sous silence
la réclamation qui précède. Je n'ai pas
nommé M. Sau'nier .je ne l'ai pas non
plus désigné; mais je respecte la piété Ë-
liale de M. Dondey-Dtipré et je publie vo-
lontiers sa lettre. A son tour il me per-
metta sans doute d'ajouter quelques expli-
cations.
Avant tout, je dois reconnaître mon er-
reur. Ce n'est pas un employé supérieur
ou subalterne de la police qui fit échouer
la conspiration Malet~ c'est un officier,
l'adjulant Laborde, que Malet avait or-
donné d'arrêter, et qui parvint à s'échap-
tite corne en bois de cerf, montée en ar-
gent, un exemplaire mignon des Saints-
Evangiles, dans un reliquaire en or émail-
lé, et une montre. Enfin, entre le corset
et la chemise, à moitié caché sous le
collier de corail, on voyait passer un ru-
ban vert et un bout de scapulaire avec la
tête de Notre-Dame du Carmen et celle de
l'enfant Jésus.
Les autres étaient vêLus avec le même
luxe, ou à peu près. C'étaient selon toute
apparence, de riches gitanes appartenant
à cette espèce si commune de maquignons
voleurs de bestiaux.
Elle murmurait, de sa voix douée
« Pauvre petite gitane Te voilà bien
tombée, toi qu'on appelait la cruelle et, qui,
jamais, n'avais regardé personne! Oh!
je vous en supplie, senor, par le salut de
votre mère, n'allons pas à l'église La petite
gitane veut vous dire des choses qu'elle
n'a dites encore à aucun homme en ce
monde, et sd la petite gitane voit les morts,
elle aura peur elle ne pourra plus dire un
mot, et Votre Grâce ne saura rien.
–Eh bien! soit. Voyons, qu'as-tu à me
dire?
Elle soupira longuement.
Ah vous m'avez ensorcellé, vous
m'avez brûlé le cœur I
Ecoute, petite, dU. Monteverde (sa
voix tremblait), tu connais Valence, n'est
ce pas ? 9
Oui, senor, c'est là que nous demeu-
rions, près de la Puerta de Serranos, où
Tnon père était forgeron.
–-Alors tu es allée au théâtre ?
Oh j'y allais souvent, car j'aime
beaucoup la comédie. et encore mieux les
pièces qui font pleurer! 1
per. Le danger qu'il avait couru M sans
doute aussi un sangfroid supérieur à celui
de ses chefs lui firent deviner que Malet
n'était qu'an hardi conspirateur. Il réunit
vingt-cinq gendarmes et, profitant de ce
que le général était séparé de ses soldats,
il le fit prisonnier.
Aussitôt que~alet, qui était'rame dé-là
conspiration, fut pris, tous les autres se.
laissèrent garrotter comme des moutons.
C'est donc Laborde qui sauva l'Empire,
et non Saulnier, qui n'arriva, M. Dondey-
Dupré en convient lui-même, qu'après
l'arrestation de Malet.
Revenons maintenant à M. Saulnier,
/~MK<' de bien qui de ~~M~M C~0?<
~oM~~oMMeM~ au témoignage de son
petit-fils. J'ai consulté, suivant le conseil
de M. Dondey-Dupré lui-même, la~M~'
-SïO~n~AM
M. Saulnier. né à Nancy-en 1767, fut
nommé par le Directoire, commissaire dans
la Meurthe, et, après le 18 brumaire, préfet
de )a Meuse. En 1804, il devint secrétaire
général du ministère de la police sous
Fouché d'abord, puis sous le fameux Sa-
vary, duc de Rovigo, deux hommes peu
scrupuleux, comme chacun sait.Après l'ab-
dication de Napoléon, il eut l'adresse de
garder ses fonctions sous Louis XVIII, et
fut révoqué peu de jours seulement avant
le retour de l'île d'Elbe.
Pendant les Cent-Jours Napoléon lui
rendit sa place, que LouM XVIII lui enleva
de nouveau après Waterloo.C'est alors qu'il
se fit nommer député de la Meuse et vota, je e
le reconnais, avec les 17 membres de la
gauche, parmi lesquels on comptait Ma-
nuel, Benjamin Constant, le général
Foy, etc.
Il s'opposa fortement à l'établissement
d'une cour prévôtale dans son départe-
ment, et prononça un discour?, en 1817,
contre la suspension de la liberté indivi-
duelle.
Ce sont là, si je ne me trompe, les prin-
cipaux actes de sa vie publique. Sont-ils
si glorieux ? Récapitulons, s'il vous plaît.
Cet A-~MMg ~M a ser~i avec un
zèle égal le Directoire, Bonaparte, premier
consul, qui .renversa' le Directoire par la
force, Napoléon, empereur, qui viola lui-
même sa propre Constitution, et Louis
XVIII. Il ne cessa de servir que lorsqu'on
refusa ses services.
Ce n'est rien encore. Un soldat peut ser-
vir avec honneur dix ou douze gouverne-
ments pourvu qu'il n'ait contribué à fon-
der ou à renverser aucun d'eux. Il ne se
mêle pas aux troubles civils, aux intrigues,
aux délations, aux besognes obscures et
répugnantes.Mais un secrétaire général de
la police est nécessairement le confident et
l'intermédiaire de tous les espions. C'est
lui qui les dirige et q~i fait exécuter les
ordres de son chef~ préfet de police ou mi-
nistre. Saulnier a dû être l'instrument de
Fouché et de Savary.
Il a dû mettre la main dans ces enlève-
ments clandestins d'hommes suspects de
républicamsme qui furent sifréquentssous
le-règne de Napoléon. Il a dû faire enfermer
ces. malheureux dans les prisons d'Etat.
Qu'il ait donné des ordres ou qu'il les ait
fait seulement exécuter, il fut le complice
naturel de ses chefs. M. Dondey-Dupré
peut se faire illusion sur le rôle que son
grand-père a joué; mais nous, pouvons-
nous oublier et pardonner de telles œu-
vres ?
Il s'est repenti sous la Restauration, di-
tes-vom. En 1816, il haïssait les cours pré-
vôtales en 1817 il était partisan de la li-
berté individuelle.
Grand etrare mérite Que pouvait mena-
cer la cour prévôtale, si ce n'est les an-
ciens bonapartistes et lui-même ? Celui qui
avait empoigné jusqu'alors, sans jugement
ni procédure, craignait d'être c~o~g'à à
son tour. Voilà le secret de son libéralisme.
Sous les Bourbons, voterav~c la ga-uche et
pour la liberté, c'était voter pour son pro-
As-tu vu représenter le Co~o~~M~
~~M?
N'est-ce pas un prince qui régnait au-
trefois en Espagne, un roi terrible, qui
tuait tout le monde, et que les Français fi-
rent périr par trahison, car autrement ils
n'auraient pu en venir à bout ?.
Oui, mon enfant, c'est cela, le roi don
Pedro le Cruel. Eh bien Voyons ) te sou-
viens-tu de ce que le %oi don Pedro dit à la
fille du cordonnier ? R
Non, senor,je ne m'en souviens pas I
Il lui dit « Aimez-moi, mais ne me
le dites jamais. »
Sa lèvre se plissa et ses sourcils se fron-
cèrent. « ADous, senor, je voisque vous êtes
aussi cruel avec moi qu'avec mon pauvre
père. Moi, voyez-vous, quand j'ai quel-
que chose sur le cœur, il faut que ceh i
sorte. Chez les gitanos avec lesquels je
vis et dont j'ai pris les habitudes, quand
une femme aime un homme, elle le lui dit.
Pourquoi dis-tu '< les gitanes avec
lesquels je vis ? »
Ah! Jésus! je.
Eh bien? 2
Chut, seuor Où est la mère Campa-
nilla ? C'est que, voyez-vous, elle a l'oreille
fine comme une couleuvre.
N'aie point peur, elle est bien loin.
Eh bien, senor, sachez que je ne suis
pas gitane, ou si je le suis, ce que je ne
puis dire au juste, je ne suis pas de cette
famille le père Tragafuego, qui est le plus
vieux, n'est pas mon père et les autres ne
sont pas mes frères, quoique j'en dise pour
leur obéir ils me gardent pour tirer de
moi beaucoup d'argent, parce que j'ap-
partiens, paraît-il, à une grande famille je
le leur ai entendu dire quand ils étaient
pré salut. Nul doute alors qu'il ne fût sin-
cère. Fouché lui-même l'aurait été.
Vendredi
La lettre de M. Dondey-Dupré m'a en-
traîné trop loin, mais je ne puis me défen-
dre d'une certaine impatience en entendant
'B~lisme de ces hommes qui
turent, sous l'Empire. les plus actifs ins-'
truments de la tyrannie, et qui, sous la
Restauration, se vantèrent d'avoir a~e
.~n< 6~ J~M' indivis.
Il faut choisir. Servez Napoléon, si c'est
votre goût. mais n'essayez pas plus tard le
rôle de tribun du peuple.
Savez-vous, ô Français oublieux, ce que
ce grand homme a coû~é à la patrie ? Voici
les chiures authentiques. Je ne compte pas
la vieille armée de la République, ou'il
garda presque tout entière sous les dra-
peaux.
En 1804 il leva 60,000 hommes.
En 1805 140,000
En 1807 160,000
(Dont 80,000 à prendre sur la classe de
1808, les classes précédentes, déjà épui-
sées, ne pouvant plus rien donner.)
En 1808 240.000
En 1809 76,000
En 1810 160,000
En 1811 120,000
Total 956,000 hommes en
mue ans.
En 1813. le Sénat, par cinq sénaius-
consultes authentiques, lui accorda un mil-
lion quarante mille conscrits.
De tout ce peuple, deux ou trois cent
initie à aeine revinrent dans leurs foyers
après Waterloo, et encore, combien parmi
ceux-là sont demeurés innrmes ou es-
tropiés f
Pour comble, on subit deux invasions
la France, épuisée de sang, fut foulée sous
les pieds de l'Europe comme le grain dans
l'aire et paya deux milliards pour sa
rançon.
Voilà ce que l'entreprise de Malet nous
aurait épargné si elle avait réussi. A la fin
de 1812, l'Europe aurait été trop heureuse,
de nous laisser la limite du Rhin, et la
France, qui devait crier en )814
coM~ey~~oM bas les Droits ~M~M ) au-
rait joui quinze mois plus tôt de la paix et
de la liberté.
Laissons ce lamentable sujet,.
Samedi
Tout le monde aujourd'hui se mêle d'in-
terpeller. M. de Maupas demande des mi-
nistres responsables. En vérité, c'est à n'y
pas croire. On nous aura changé cet ex-
cellent homme-Ce n'est plus le préfet de
police et le héros du 2 décembre 1851.11
est devenu parlementaire. Il ne met plus
les députés en prison. M. Thiers et M.
Changarnier peuvent dormir dans leurs
lits. Us ne seront plus éveiilés et empoi-
gnés par la police.
Encore un peu de temps et M de Maupas
demandera la liberté absolue de la presse
et se fera inscrire dans les réunions publi-
ques à la suite du citoyen Briosne et du ci-
toyen Ducasse.
Tôt ou tard cette conversion devait avoir
lieu mais le public ne l'attendait pas si
tôt. Elle devance les événements.
ALFRED ASSOLLANT.
fp f~ ?~ pa~cic
~E. ~Us ~E rN~E.
Une dépêche est arrivée hier, adressée
par S. A. R. le comte de Paris, et annon-
çant l'heureuse délivrance de Mme la com-
tesse de Paris.
Cette dépêche était conçue en ces ter-
mes
«M vient de me naître un fils.
« Comte de Paris.
seuls avec moi il est vrai que je suis
M~
Qu'est-ce que cela, ~o~t?
Chut! chut f bouche close Et si vous
voulez que je vous dise de bien jolies
choses, ne nous menez pas voir les morts.
Au nom de Dieu, je vous en supplie, ra-
menez-nous dans la chambre où l'on nous
avait enfermées, puis mettez-moi sur un
cheval et je vous conduirai quelque part
où vous ne vous plaindrez pas d'être allé.
Vous verrez alors &i je vous aime. Ecou-
tez-moi vous devez avoir bon cœur:
pourquoi voulez-vous que 'nous allions
voir les morts ?
Pour que vo'js juriez sur leurs corps
par le salut de vo[re âme que vous ne les
avez jamais vus.
Que les mauvais M~~MM me prennent,
si j'ai besoin de cela pour vous dire tout ce
que je sais; mais à une condition c'est
que je ne retournerai jamais avec ces gita-
nos car si je parle et si je retourne avec
eux, ils me tueront.
-Bien, mon enfant, dit Monteverde,que
ce mystère intriguait vivement. Mais fais
attention, si tu te moques de moi, tu auras
à t'en repentir
Par le sang sacré de J~sus-Christ, no-
tre Seigneur répondit Aurora, ce que je
vais vous dire est la vérité, Votre Grâce, et
si je mens, vous vous en apercevrez bien
vite. Mais que le cheval soit fort, car je
pèse plus d'une ouce et vous ne devez pas
être léger non plus. Allons, allons! mais
gare à la mère Campanilla 1
–Bah) qu'importe? Dès maintenant tu
n'asplusanaireà ces gens-tàje me charge
de toi, ma petite Aurora
Ils se trouvaient en ce moment à l'ex-
trémité du village.
~m~
On sait que le prince Louis-P~li~-
Albert d'Orléans, comte de Paris, né à Pa-
ris le 24 août 1838, résidant actuellement à
Twickenham (Angleterre), marié à Kings-
ton, sur la Tamise, le 30 mai 1864, à la prin-
cesse Marie-Isabelle, fille du duc de Mont-
pensier. a déja'ëu de cette union une 611e,
la. pHBaesse Marie-AméHe-LGuise-HélèBe-
d'Orléans, née àTwickenbam le 28 sep-
tembre 1865.
Lasantédu prince Napoléon est réta-
blie ~t le départ pour Cannes, retardé de
huit ..jurs, pourrait, bien êLre ajourné indé-
finiment. Le prince a fait très belle
chasse à Villefërmoy avant-hier. On a tué
150 pièces environ. Une seconde partie est
organisée pour ces.jours ci. Le prince au-
rait même ordonné qu'on décorât un joli
pavillon de chasse où il irait séjourner
quelques jours.
Grande émotion hier à St-Germain-
l'Auxerrois. Pendant la messe, une des
filles d'Isabelle II s'est trouvée mal, et a
dû être enlevée sans connaissance et por~
tée en. toute hâte au Pavillon de Rohan.
On sait que le corps da duc de la Paierie
est resté exposé dans la chapelle de l'é-
glise jusqu'à ce matin, et que les catafal-
ques étaient déjà tendus dès hier. On at-
tribue à ces sinistres préparatifs l'indispo-
sition de la jeune infante.
Les concerts commenceront à la Cour
le 15 courant, et continueront le 22février
les 2 et 8 mars.
Les artistes désignés pour le premier
concert sont mes Carvalho et Bloch de
l'Opéra, Mlle Schrœder du Théâtre Lyri-
que, le ténor Capoul et Barré de 1 Opéra-
Comique. Les artistes italiens chanteront
le 22.
La fugue du Bourbon de vingt-deux ans
avec_une jeune Havanaise du meilleur
monde, auquel nous faisions allusion l'au-
tre jour, n'a pas eu lieu dans les circons-
tances indiquées tout d'abord.
Il paraît que la jeune fille a enlevé au
lieu d'être enlevée.
La question qui est très controversée en
ce moment est celle du mariage qui doit
s'en suivre.
A Fheure où nous mettons sou-! presse
ont lieu deux enterrements importants
nous avons été ce matin aux églises et
nous avons vu les préparatifs funèbres.
Les funérailles de M. le marquis de Mous-
tier sont célébrées à Sainie-Ciotilde.ën pré-
sence de tout le corps diplomatique, de.
tout le faubourg Saint-Germain et d'une
grande partie du monde ofueiel, qui avait
tenu à rendre les derniers devoirs à l'an-
cien ministre des affres étrangères, allié
aux plus grandes familles de France.
Sur les draperies noires du portail, se
détache 1 écugson rouge de la famille, avec
la devise
~O~ sera MMM~C /S~:MM.
Ces armes sont répétées sur les ten-
tures qui recouvrent les parois du chœur
De grands draps noirs, relevés par des em-
brasses, tombent des arceaux entre les
piliers.
Le catafalque est surmonté d'un dais im-
m use, dont la coupole est suspendue à la
voute du chœur, laissant tomber de grands
rideaux noirs semés d'étoiles d'argent. Aux
quatre coins et dans la nef s'élèvent d'é-
normes candélabres d'argent chargées de
bougies.
A midi précis, avait lieu, à Saini-Ger-
mam-1'Auxerrois, le service funèbre de M.
iascher de la Pag'erie.
Le portail de l'église était tendu de lour-
des draperies noires aux crépines d'argent
surmontées d'un fronton frangé aussi
Sur la gauche étaient de grands murs en
ruine et des hangars abandonnes.
Velasco, dit le lieutenant en se tour-
nant vers l'un des gardes qui marchaient à
quelque distance avec les trois autres gita-
nos, nous n'allons plus à l'église condui-
sez 003 femmes au poste et amenez-moi
mon cheval près de ces hangars.
Où emmenez-vous mon Aurora' s'é-
cria la vieille gitana furieuse, les mains
crispées.
A Ségovie, faire sa déposition devant
le juge.
Ah maudite) SI!e d'une mauvaise
mère! vilaine femme! hurla la vieille. Ce
militaire t'a plu et tu nous vends. Dieu
veuille que les mauvais ~M~~ t'empor-
tent et que tu sois mangée aux vers, et
que tu ne puisses les arracher de ton
corps, et si tu as des enfants qu'ils meu-
rent de la gale. Sois maudite, maudite
maudite
Les gardes l'entraînèrent avec les autres
femmes. Quelque temps encore on entendit
les cris elles malédictions de la vieille.
Oui, oui, maudis-moi, dit Aurora en
suivant-Monteverde. Grâce à Dieu j'ai
trouvé quelqu'un pour me tirer de vos
mains.
Tu as confiance en moi ? 2
–Oui,vousêtesbon;jene me trompe
pas. vous êtes beau et noble et riche!
-Sa voix vibrait et ses prunelles bril-
laient.
Soudain on entendit les cloches de la pa-
roisse qui sonnaient la grand'messe.
–Diable! dit Monteverde, et moi qui
avais promis d'aller à l'église. Bah 1 je
trouverai une excuse.
J'ai-bien faim dit la gitane.
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