Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-01-31
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 janvier 1869 31 janvier 1869
Description : 1869/01/31 (Numéro 211). 1869/01/31 (Numéro 211).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k519347p
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/01/2008
Dimanche 31 janvier i869.
deuxième am~ée. Numéro 2H
t.SFfU~ênc i.Q'CSî~~ïKjBMS
S~M'i.~iEa.acbte! g&t!N.;M
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§4 &. SM B~:&, 3'? ?. Tf~b !~is, ~S &
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AN~'OMCES
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JMa î~M~o i. es:K'ï-î~s.
(MpM'te.meats9t.saj~MtS.)
i ~K'~tESK~T.S (~~Mteaaen~.
~ï !ssi<. 32 &. îrMS soit, ~6 9~
.t r'ANNONCHS.
~st~aMt~ at eon; pM M&d~
~.r~.
&~s:SBÊs4~~Soa SS, fsce de Ea &,fSEgé-B«
NOS.j~M.~
DÉPÊCHES D'ORtENT
Fera, 29 janvier, 3 h. 30 m. soir.
On afnrme que le représentant amé-
ricain, M. Ed. Joy Morris, sera rappelé
à cause de ses, sympathies pour la
Crète.
Les vaisseaux turcs, bien approvi-
sionnés de vivres et surtout de muni-
tions, sont partis hier pour Candie.
Incessamment, promulgation duCode
Civil turc.
JULES LERMINA.
< mnEME m MM
i
Mes frères, j'ai commis l'imprudence
d'imprimer, il y a sept ou huit ans, chez
mes excellents amis les Hachette un vo-
lume intitulé: M~)CM:Mc.
<.?~<@et'in-i8 renferme unELpiece,<~i 6~~(~<
~fuée en son temp~ pauvre quelques autres qui auraient eu sans doute
le même destin, si la censure ne les eût
préservées. Les ciseaux du ministère m'ont
coupé le sifflet.
Mais la publication de tant de petits ou-
vrages impertinents et ridicules m'a re-
commandé, paraît-il, à mes rivaux en ab-
surdité. Il ne se passe pas huit jours sans
que le facteur m'apporte, soit à Paris, soit
a Saverne, une comédie, un vaudeville ou
un drame impossible. Mes malheurs m'ont
valu ce surcroît d'afûiction je suis la cible
de l'impossible 1
Tant pis pour vous car mon sort est,
hélas inséparable du vôtre. Vous êtes
condamnés à me lire tous les samedis, que
dis-je ? presque tous les soirs. A partir du
~or février, je jetterai dans le 6'long de la semaine, tout ce qui me passera
par l'esprit. Et comme un journaliste est
une sorte d'écho, je vous répéterai souvent
ce que j'aurai entendu ou lu moi-même.
Deux ou trois fois déjà, je vous ai com-
muniqué les fantaisies dialoguées de je ne
sais quels correspondants anonymes il fau-
dy.ait un couiaga athlétique pQtU'8igner_de
telles horreurs. Et ce soir, en dépouillant
mon courrier du 29 janvier, j'y trouve en-
core un vaudeville sans couplets dont l'in-
vraisemblance et l'incongruité me font
dresser les cheveux sur la tête.
La presse ne traduit pas seulement l'es-
prit d'une époque 'il faut qu'elle en expri-
me aussi la sottise. C'est pourquoi, mes
chers frères, je vous livre le manuscrit ci-
joint, sans en rien corriger, que l'orthogra-
phe. Les fanatiques du sens commun, s'il
en reste, feront bien d'enjamber par-dessus.
l'article.
II
:M. SAINT GHARLEMAGNE.
~C~M ~M~~MC.
PERSONNAGES:
CHARLEMA.&NB, ancien Empereur par la grâce
de Dieu;
LE PRINCE IMPÉRIAL, futur id., s'il plaît à id.
Ze ~J~~ M~~M~ MM C~iMM~ COMC~
~OM~ tMWM, dans ~<:M~M Flore.
'LE PRINCE (~M!~).
Tête. armée. caput. ~~c~
JfeaHletM daSmMë dn 31 Janvier iSM. t!" 5
LES AFFAMES
PREMIERE PARTIE ~` p,
¡.,)
L'ANGE DE ZAMARRAMALA
~1
(~<6.).
MEURTRE ET CHARITÉ
Elle raconta de nouveau ce qui lui était
arrivé devant l'ermitage de la Fuencisla et
termina en disant
Que faire de ce pauvre enfant sinon
l'adopter? Et je l'adopterai dès demain.
Bien, bien, Herminie, répondit le prê-
tre ton intention est bonne, mais tu ne
peux adopter un enfant tu n'es pas ma-
riée, de plus, tu es mineure je l'adopterai,
moi, et je rélèverai si Dieu me donne assez
de vie. D'ailleurs, il .faut savoir si le pau-
vre petit a, oui ou non, des parents qui le
réclament.
H déplora le sort des victimes, la cruauté
d ;s assassins, puis, brusquement
Es-tu fatiguée, Herminie, mon en-
fant ? 2
Non, non; je suis surexcitée, je n'ai
Monsieur Filon. le général Frossard..
~~ries. yëiotHBèdes,} ~)
Qui es~ là ?
CRARLEMAGN'E (coJOM~M~~M~ ~M?* la ~/0~ f~ Mt~M).
Ne t'en'raie pas, mon enfant.
LE PRINCE (~Më'COi.K ~0~66 ~K ton
~O~M).
Je ne m'effraie de rien, monsieur, car
je suis un Bonaparte. Et vous ?
CHARLEMÂGNE.
Moi, je suis Charlemagne.
LE PRINCE (~M~~MOM~OM).
Alors vous avez le droit de vous asseoir
devant moi. Prenez un fauteuil, je vous
prie. Vous plaît-il qu'on apporte ici le
trône de papa?
CHARLEMAGNE.
Inutile, merci. (7~ .~Kt~ c~~s ~o~re.) Mon
cher enfant! I
LE PRINCE.
Grand saint?
r 'CHABLEMA&NE.
~~9 suis pas un saint.
LE MINCE.
On vous aura mal informé. Je sais, par
mes camarades du Lycée que votre iête
tombe aujourd'hui.
't~(~ t
Galantine et poulet rôti Je ne suis pas
un saint, mon cher Baby, je te le jure. Il
faut que l'Eglise de France ait été prise de
berlue le jour où elle a mis mon nom sur
le calendrier.
LE PRINCE.
On ne vous aurait pas canonisé ? P
CHARLEMAGNE.
Si, mais mon canonisateur (pardon du
barbarisme !) était un anti-pape du nom
de Pascal III.
LE PRINCE.
Qu'est-ce qu'un anti-pape ? Y
CHARLEMAGNE.
Un pape fabriqué par décret contre le
pape légitime. Le cardinal d'Andréa, par
exemple', si ce brave Victor-Emmanuel
avait cru opportun de le coiffer d'une
tiare de Ruoltz, pour faire concurrence à
Pie IX.
LE PRINCE:
A mon parrain? 2
CHARLÏMAGNË.
Tu l'as dit. Pascal lit, qui mourut plus
gué gueux en_Allemagne, avait été jEait
pape par un excommunié du nom de Frédé-
ric Barberousse. Il était donc excommunié
lui-même, et sacrilége, ce qui est pis.
LE PRINCE.
Je crois bien. Quelle horreur 0 ma-
man) I
CHARLEMAGNE.'
Ta maman est une digne et sainte femme
qui n'a jamais su le premier mot de ces
histoires-là. Donc, le nommé Pascal 111,
anti-pape, m'a mis au rang des saints pour
ûatter l'amçur-prqpre stup~de des Alle-
mands.
LE PRINCE.
Mais vous étiez Français!
CHARLEMAGNE.
Je ne demande pas mieux seulement,
mon berceau est à Saltzbourg (Bavière), et
mon tombeau à Aix-la-Chapelle, Aachen
(Prusse Rhénane).
LEPuINCE.
Ça, c'est à nous, bientôt.
CHARLEMAGNE.
Le ciel t'entende I
pas envie de dormir! le motif qui m'a
amenée, ce que j'ai vu.
C'est vrai, ma tête se perd. Nous par-
lions de ces choses quand Branlio est venu
me chercher. Je suis encore tout saisi
d'horreur. Ce pécheur impénitent. J'au-
rais dû peut-être lui refuser l'absolution.
Mais, non, ce n'était pas possible, non,
mon Dieu. il serait entré en fureur, il au-
rait appelé l'alcade, et l'aurait fait son lé-
gataire. Non, non, non, ces pauvres en
fants. ses parents. Je consulterai l'é-
vêque. Oh ) ma tête, mon Dieu, ma tête i
Couche-toi, frère, dit Herminie vive-
ment alarmée, demain nous pourrons
causer.
Non le lit m'est funeste quand je
me trouve dans ces moments de crise, il
me fait-peur. Raconte-moi.tout ) 1
Geneviève entra.
Le lit de la senorita est prêt, dit-elle,
et minuit vient de sonner à l'horloge du
salon.
Ginès, dit Herminie, moi aussi j'ai be-
soin de sommeil; je suis malade, je t'en
prie, fais comme moi.
Oh monsieur le curé ne peut pas, dit
Geneviève, c'est aujourd'hui le dernier du
mois.
Le prêtre, en frissonnant, murmura pour
la seconde fois: Trente et un janvier!
Herminie comprit que toute insistance
serait inutile. Elle sortit, traversa l'anti-
chambre, arriva dans la galerie, et s'arrêta
à la porte de gauche, au-dessus de laquelle
était le portrait de l'évê lue d'Arequipa:
La porte du jardin était toujours ou-
verte, et Ja lumière de la lune, frappant le
pavé de marbre, se reflétait sur les por-
traits et leur donnait une apparence fan-
tastique.
m~OND TARBÉ, p!fecie~-@érani
LE PRINC E, ~MCMM~
Yousvoyez bien que vous avez'iecoëu~
français 1
CUARLEMAGNË.
Je ne veux pas te démentir, car tu es un
gentil petit hpmme. La France, je l'avoue
était le meilleur de mon lot. C'est une d
ces maîtresses à qui l'on appartient pou
la vie et pour l'éternité, du premier soir 01
elles vous appartiennent.
LE PRtNOE.
Je ne désire pas qu'elle m'appartienne,
monsieur, mais je suis sincèrement tout à
elle. s
CHARLEMAGNE.
Bien parlé C'est ainsi que l'on fait les
bonnes maisons. Sois l'homme de la na-
tion, exécute ses volontés au jour le jour,
sans prétendre lui imposer les tiennes; ac-
cepte les représentants qu'il lui plaira, de
t'envoyer et ne t'exténue pas à déguiser
tes chambellans en députés dupeuple. Cela
se tolère en carnaval, mais le mardi graa-
mon en,fant, e~t la veille du carême.
LE PRINCE.
Vous parlez comme un journaliste.
CHARLEMAGNE.
J'ai fait ce métier-~à dans-mes moments
perdus.- -&)-
.i~ ~<&tt–t–)
LE PRINCE.
Comme papa ? P
CHARLEMAGNE.
Mais oui; j'ai même publié mon petit
pamphlet, qui subsiste.
LE PRIECE.
Les livres Carolins f
CHARLEMAGNE.
Ton érudition me ravit. Oui, je me suis
serv~ de La~uéronnière à moi-même. J'ai
lancé ma brochure contre le deuxième
concile d Nicée qui condamnait injuste-
ment les Iconoclastes.. `
LE PRINCE.
Iconoclastes ? Qu'est-ce à dire ? q
CHARLEMAGNE.
Les Iconoclastes et moi, nous pensions
que le vrai christianisme doit briser les
images de marbre, d'ivoire et de bois, dé-
truire les tableaux.
LE PRINCE, Mï~~M%.
Gomme M. de Nieuwerkerke.
CHARLEMAGNE.
Tu l'as dit Ce bel homme est un icono-
claste qui proteste, après moi, contre le.
deuxième concile de–Nicëe.
LE PRINCE.
Sipapasavaitçaf 1 i i
CHARLEMAGNE.
Ton papa oe sait pas tout, mon enfant;
sa haute situation s'y oppose.
LE PRINCE.
Moi, je veux tout savoir.
GHARLEMAGNE.
Noble ambition Hé bien, baby, je veux
que ma visite matinale te pronte, et je
vais te livrer, séance tenante, le fruit de
mon expérience.
1 LE PRINCE.
Quel service vous me rendriez Le gé-
néral Frossard.
CHARLEMAGNE.
Ne le réveillons pas 1 Cher enfant, com-
mence par graver dans ta mémoire un
vieux proverbe qu'Alexandre, César, mai,
Charles Quint, Louis XIV et ton oncle nous
avons tous sottement oublié 1
LE PRINCE.
Je ne l'oublierai pas c'est. ? 2
Herminie regarda tristement la figure de
son aïeul et entra dans le salon.
Vais-je fermer la fenêtre, senorita? dit
Geneviève.
Non, laisse la lumière de la lune me
plaît elle a pour moi je ne sais quoi de
triste et de consolant à la fois. Il sort de ce
silence, de cette douce clarté, un charme
réparateur.
–Comme vous voudrez, senorita, comme
vous voudrez mais moi, quand j'entre ici
et que la lune donne dans la chambre, ces
portraits m'épouvantent (elle montra les
cadres accrochés aux murs du salon, et
d'où semblaient sortir des figures bizarre-
ment éclairées). Je ne sais trop pourquoi,
mais j~ai eu peur en faisant le lit et je n'ai
pas osé fermer la fenêtre. Oui, je l'avoue,
excepté en plein jour, ces portraits me
font peur le soir, je n'entrerais pas ici pour
rien au monde mais vous ne vous cou-
chez pas, senorita?
Non, je veux être à même de soigner
mon frère.
Elle s'assit près de la fenêtre," d'où l'on,
voyait le jardin à demi-enveloppe d'ombre,
les arbres dépouillés, couverts de neige,
et la statue du roi Saùl, se dressant la pre-
mière, blanche, sous la lune.
Au dehors, la bise situait dans les bran-
ches.
J'ai froid! dit la marquise.
La gouvernante avait oublié de faire
du feu. Elle courut, maugréant contre elte-
même, vers un hangar où des fagots étaient
empilés et revint en toute hâte. Dans son
empressement, elle négligea de fermer la
porte.
La marquise restait plongée dans une
rêverie profonde. Elle songeait a la maison
de ~é~ovie, solitaire et triste. Elle voyait,
CHARLEMAGNE.
'Une banalité sublimeÏQui trop embrasse
mal..étreint. Et même, à ce propos, j'é-
prouve le besoin de protester contre une
locution inexacte. Lorsqu'un joueur du
dercle impérial se retire après avoir gagne
un millier de louis sans les reperdre, on dit
j qu'il a fait Charlemagne. Plût à Dieu, mon
enfant, qu'Alexandre, César, Napoléon et
t Charlemagne eussent fait comme ce mon-
j sieur-là!
LE PRIXCE.
Compris! La suite?
C!HRLEMA6N~.
A l'intérieur de l'Empire, je ne manquais
ni de ministres, ni de préfets, ni de procu-
reurs impériaux, ni de gendarmes.
LE T'RINCE, ~e~'Papa non plus I
CHARLEMAGNE. ,`'
On le sait mais tnaient le peuple a. leur fantaisie et ne le
contentaient pas toujours. G'est pourquoi
j~enrôlai une corporation de .g~ens d'esprit,
triés sur le vo).et, qui parco.~ra.iént l'Em-
pire, jugeaient tout par leurs yeux, et cas-
saient un préfet à poigne sans plus d'hési-
t tation qu'une noix creuse.
~B~
rLes MM~~o~Mne~ f~
CHARLEMA&NE.
Bon bravo 1 Tu sais ton histoire
LE PRINCE.
Mais j'entends dire de tous côtés que les
gens d'esprit se font rares, et que le peu
qui en reste, à commencer par M. Prévost
Paradol, est tourne contre nous.
CHARLEMAGNE.
H se pourrait. Alors recommande à ton
père une institution que j'avais renouvelée
de 'Cyrus, roi des Perses. Obtiens qu'on
élève avec toi quelques centaines de gar-
çons pris au hasard dans toutes les condi-
tions de la vie, mais surtout parmi ceux
qui n'ont rien.
Le personnel du gouvernement s'éclair-
eît à vue d'œil les vieux ministre's de Lon
père tombent les uns sur les autres comme
des capucins de cartes et les petits Pinards
qu'on improvise ne sont pas tous à. la hau-
teur de leur emploi. Où prendras-tu des
ministres, mon baby, si l'on oublie de t'en
préparer quelques douzaines ?
LE PRJNGE.
'îaia~ai-tetts 4e~écrire et compter; si tous ceux qui se mon-
trent plus intelligents que la moyenne re-
cevaient une éducation complète, ce n'est
point par douzaines mais par centaines de
mille que les ministres possibles se compte-
raient dans dix ans.
CHARLEMAGNE. r
Dieu t'entende
LE PRINCE.
Dieu, en France, c'est papa.
EDMOND ABOUT
ECHOS
DU PARLEMENT
La Commission du budjet s'est réunie
hier pour procéder à la nomination de son
président et de ses secrétaires c'est M.
Alfred Leroux qui a été porté à la prési-
dence par le vote de ses collègues, et les
dans une pièce sombre, un vieillard gre- 1
lottant, les mains étendues vers le foyer;
une femme extrêmement belle, aux traits
sévères, qui lisait, d'un air indifférent, à la
lueur d'une lampe, et parfois interrogeait
des yeux la figure du vieillard. Celui-ci,
i de temps en temps, rencontrait ce regard j
j à l'expression cruelle et il se mettait à
trembler de la tête aux pieds.
Le tableau s'effarait, faisant place à un
autre c'était le cabinet du prêtre; Hermi-
nie voyait son frère tremblant, lui aussi,
pâle, et tournant fiévreusement les feuillets
de la Bible.
Put- c'était la terrible scène de la Fuen-
eisia; la mère mourante qui lui confiait son
enfant; l'ermite garotté, la charrette ren-
versée, un cadavre, une large tache rouge
sur la neige.
L'image de Monte verde venait, conse-
lante, éclaircir ces sombres visions. Elle
pensait au jeune marquis se condamnant
lui-même à vivre obscurément dans les
montagnes elle se sentait prise d'une
étrange sympathie pour ce caractère d'une
si noble fierté.
Cependant le sommeil avait gagné la
vieille gouvernante; elle s'était assise sur le
tapis,'n'osant interrompre les réflexions
dans lesquelles Herminie restait plongée;
elle avait fini par s'endormir profondément, j
VII
LE FRÈRE Pl'ODIGUE
Tout était silencieux dans la maison. Le
curé, la tête plongée dans ses mains, mé-
ditait sur le livre sacré. Parfois il levait les
yeux et Sx ait un regard vague, craintif,
sur la porte du cabinet.
më~as~eN' 48, ~e~'ïs.SFa~e-Ea~eMsB'e
secrétaire, us so ` y~
lon~nt J
Le travail de la Commission s'est borné à
ces élections, mais on a quelque peu causé
avant, pendant et après voici à peu près
le résumé des conversations
Décidément, les esprits ont peine à s'ac-
coutumer au vote de mardi dernier, et l'on
y revient encore on se s'explique pas
comment M' Rouher a eu l'imprudence de
tant insister sur une question de détail, de
manière à amener M. Thiers à la tribune.
Tout le monde est d'accord sur la gravité
du vote, et les ~r~ qui ont composé au gou-
vei nement la fameuse majorité de douze
voix se montrent très mécontents de leurs
collègues, qui les ont abandonnés au mo-
ment décisif. Cette défection d'une ;partie
des voix dont on se croyait sûr a causé
un certain émoi en haut lieu.
On regarde comme certaine la nomina-
tion de M. Busson-Billault comme rap-
porteur du budget.
Plusieurs feuilles politiques avaient an-
noncé comme prochains desnnouvements
considérables dans les préfectures; d'après
ce qu'en disait un personnage ordinaire
ment bien informé, ces mutations n'au-
raient pas lieu de si tôt, et les préfets ac-
tuellement en place resteraient, jusqu'a-
,p}!!àa~M~He@ëeaa~ét~ah~da'ns~eur3~
partements respectifs, où ils ont déjà ou-
vert la campagne.
Il y aura cependant quelques change-
ments partiels par exemple, il semble
certain que M. Tézénas, l'ancien préfet
d'Albi, que M. Pinard avait à peu près
exilé à Mende, rentrerait en faveur, et
prendrait la préfecture de Limoges. Cette
réparation est d'autant plus naturelle que
la disgrâce de M. Tézénas était, dit-on, son
opposition à la candidature de M Eugène
Pereire dans le Tarn; aujourd'hui que l'ad-
ministration paraît décidée à abandonner
aux prochaines élections les adversaires
de M. Mirés, il est tout simple que le pré-
fet d'Albi, dont les raisons ont prévalu, ne
subisse pas plus longtemps la peine de sa
résistance.
A propos deFinterpelIa.tion qui sera dis-
cutée lundi, on faisait remarquer que des
cMtj~ signataires, M. Stephen Liégeard était
à peu près le seul qui pût prendre la parole;
encore ne comptait-on qu'à moitié sur son
éloquence ileurie.etle principal rôle, dans
cette attaque anti libérale contre les réu-
nions publiques, serait distribue au député
du Gers, le terrible M. Granier de Cassa-
gnac. Ce qui donne à cette conjecture une
grande probabilité, c'est le soin qu'a pris
-P~.y, depuis plusieurs jours, de se iaire
'le sténographe malveillant des discours
prononcés dans les diverses assemblées
populaires.
Le Mcr~iMt'e ~~ac~M'y,
L&ON ESTOR.
f~E fH3~ ~E S&C~E
On parle beaucoup, dans le monde ofii-
ciel, d'une discussion très vive qui aurait
éclaté entre un illustre enfant de l'Auver-
gne et une Excellence de bonnes mines.
La lutte du pot-de-terre et du pot de fer,
prétend-on.
A ce propos on raconte qu'un grand
personnage devant qui on se plaignait des
tendances très libérales de la presse et des
empiétements du compte-rendu parallèle,
aurait répondu
« C'est l'histoire de la chèvre elle aime e
à brouter tout au bout de sa corde; mais
qu'importe, quand on tient la corde ?
C'est, ma foi, joli et vrai comme observa-
tion I
S'attendait-il à voir paraître l'embre de
l'évêque d'Arequipa ?
Tout à coup il se leva et resta im'nobi)e,
épouvanté, l'œil hagard et fixé vers la
porte.
On venait d'entr'ouvrir le rideau qui
fermait cette porte, et, sur le seuil, un fan-
tôme se dressait.
Le fantôme s'avança doucement, sans
bruit, l'index posé sur les lèvres pour com-
mander le silence. Il arriva ainsi jusqu'à la
table, en face du curé.
Toi, dit-il, à voix basse, tu dois être
accoutumé aux apparitions: ne crie donc
pas, frère; car si tu cries, je vais m'éva-
nouir comme une ombre.
Sans doute, don Ginès était en eS'et ac-
coutumé aux apparitions, car il se remit
soudain et demanda sans etffoi, mais d'une
voix émue
Qui es-tu, toi qui m'appelles frère ?
L'homme ôta son chapeau, mit par terre
son bâton et son havre-sac et répondit
Je suis ton frère Juan.
Mon frère Ju&n est mort, dit. le prêtre
d'une voix triste.
Oui, ton frère Juan est mort, et il ne
peut pas ressusciter. Ah! s'il pouvait, rss-
susciter, il s'appellerait Son Excellence
M. le marquis de Castroreal; car, à ce qu'on
m'a dit, tu as fait la sottise de renoncer à
ton titre en endossant le froc. Sûrement je
n'aurais pas eu cette idée-là, mon bon frère
Ginès mais com~neje ne puis ressusciter,
je t'apparais à une heure indue, pour n'être
vu et entendu de personne; mais parle bas,
Ginès, parle bas notre sobur Herminie
–une belle fille par ma foi!– pourrait en-
tendre nos voix et accourir au bruit or,
je ne veux ressusciter pour .personne que
a.,
Il 'é'"is~ncé Napoléon a 1
l'ambassade de Chine, mais ce qu'o~e~
sait pas, c'est le joli mot qui a clos la~i.~
versation.
M. Burlingame aurait dit au prince
voyageur avec un petit sourire mi-railleur,
mi-convaincu
Pourquoi Votre Altesse n'irait-elle
pas à Pékin ? `?
C'est trop près, répondit le Prince
finement.
Une imposante cérémonie a eu lieu à
Berlin, au palais royal, dans la salle des
chevaliers, pour l'investiture du prince de
Galles, dans l'ordre de l'Aigle-Noir. La cour
assistait à cette solennité, à laquelle avaient
été conviés tous les chevaliers de l'ordre,
revêtus de leurs tuniques, de leurs man-
teaux et suivis de pages et de héros d'ar-
mes. Notre correspondant nous écrit qu'on
se serait cru au moyen âge.
Le roi prit place sur le trône, etie prince
de Galles, introduit par Tes princes du
sang, reçut l'accolade royale et fut couvert
du manteau que Frédéric-Guillaume lui
mit en personne, après y avoir attaché le
grand cordon de l'Aigle-Noir.
Dans son discours, le roi exprima au
/M~ ~a~ COK~)%?M~4~M'
'Tsa satiS~tCîîOn 'de lui remëîlrë"le collier
même porté par le prince Albert. Le prince
prononça ensuite le serment de fidélité ~jPyMMc!
Aujourd'hui, à quatre heures, réception,
au temple israélite (rite portugais) de la rue
Lamartine,deM. Zadoc Kahn, grand-rabbin
de Paris.
On sait la faillite Overend et Gurney; les
directeurs de la maison de banque ont été
renvoyés le 28 devant les assises au grands
applaudissements de l'assistance.
Le lord-maire a accepté, pour chacun
d'eux,une caution de 25,000 livres (HOO.OOO
francs) offerte par des banquiers de pre-
mier ordre.
Il vient, de se pisser à Londres un fait
assez grave et sur lequel il serait peut-être
bon d'appeler l'attention de noire chauvi-
nisme.
Le 26 janvier, une servante anglaise se
présentait devant le magistrat de Malbo-
rought street, pour demander un jugement
contre l'ambassadeur français pour le
payement d'un mois de gages.
EUe oubliait de dire qu'elle avait dû
quitter son service par suite de son état
habituel d'ivresse, et elle oubliait qu'elle
avait été payée intégralement.
Le magistrat-refusa de l'entendre, en se
basant sur l'immunité de l'ambassadeur.
Mais il eut l'inconvenance d'ajouter qu'il
serait bien temps que les ambassadeurs
prissent leurs employés parmi leurs natio-
naux, et qu'il ne comprenait pas que des
sujets anglais consentissent à servir dans
de semblables maisons (traduction litté-
rale).
e
Le lendemain 27, la même servante se
présentant devant le magistrat, l'ambas-
sadeur, informé sans doute de ce qui s'é-
tait passé la veille, ~e fit représenter et in-
sista pour que la question fût jugée, l'avo-
cat de l'ambassade déclarant qu'on renon-
çait à l'immunité, et que le prince de la
Tour-d'Auvergne demandait que la ques-
tion fût jugée comme entre simples par-
ticuliers.
Le magistrat n'y refusa, disant qu'il
connaissait trop bien les usages diploma'
tiques pour se permettre d'intervenir, mais
pour toi. Et si je suis venu te voir, c'est.
que je suis à bout de ressources.
Ginès l'observait, cherchant à recoanaî-r
tre, sous ces longs cheveux, à travers cette
barbe.des traits familiers Enfin il s'écria:
Juan Tu n'es donc pas mort I
Je te dirai cela, Ginès. D'abord, as-
seyons-nous près du feu, car il fait un froid
noir; je suis resté plus de deux heures à
me geler dans ton jardin, près de la grille
de la chapelle, sans autre chose dans le
ventre qu'une assiettée de haricots avec
un morceau de salé et un verre de mauvais
vin, qu'on m'a donnés à 1 auberge.
Ginè;! s'avança et saisit les mains de
Juan.
C'est bien lui, il vit il vit )
–Oui, je vis, mais par un miracle. Les
journaux de Valparaiso ont annoncé que
j'avais été tué en duel, et comme il me con
venait de passer pour mort aux yeux du
monde, je n'ai pas voulu dire le contraire.
Mais ne me demande pas maintenant le
récit de mes aventures, je suis pressé, très
pressé, je viens chercher de l'argent.
Tu viens chercher de l'argent.
comme le ferait un bandit, n'est-ce pas ?
Souviens-toi, Ginès, dit Juan d'un air
sombre, souviens-toU Le hasard fait d'é-
frangea choses nous sommes aujourd'hui
le trente et un janvier; H est minuit à peu
près.
Seigneur dit le prêtre.
Oui, Ginès, et il fait clair de lune, uu
beau clair de lune. souviens-toi ) 1
Jésus ) Jésus par pitié Crois-tu donc
que je n'ai pas ce souvenir toujours uré-
sent ?
FERNANDE? Y. GONZ~EZ.;
.(&: ~<4.~Ke!'M.)
deuxième am~ée. Numéro 2H
t.SFfU~ênc i.Q'CSî~~ïKjBMS
S~M'i.~iEa.acbte! g&t!N.;M
~
§4 &. SM B~:&, 3'? ?. Tf~b !~is, ~S &
> .-
AN~'OMCES
??. S~gc&~g~. C~-? et C', ë, B!jtCB Ë~ SQ~aS.
&ea mMUMert~s Be MBt psa M&dm
JMa î~M~o i. es:K'ï-î~s.
(MpM'te.meats9t.saj~MtS.)
i ~K'~tESK~T.S (~~Mteaaen~.
~ï !ssi<. 32 &. îrMS soit, ~6 9~
.t r'ANNONCHS.
~
~.r~.
&~s:SBÊs4~~Soa SS, fsce de Ea &,fSEgé-B«
NOS.j~M.~
DÉPÊCHES D'ORtENT
Fera, 29 janvier, 3 h. 30 m. soir.
On afnrme que le représentant amé-
ricain, M. Ed. Joy Morris, sera rappelé
à cause de ses, sympathies pour la
Crète.
Les vaisseaux turcs, bien approvi-
sionnés de vivres et surtout de muni-
tions, sont partis hier pour Candie.
Incessamment, promulgation duCode
Civil turc.
JULES LERMINA.
< mnEME m MM
i
Mes frères, j'ai commis l'imprudence
d'imprimer, il y a sept ou huit ans, chez
mes excellents amis les Hachette un vo-
lume intitulé: M~)CM:Mc.
<.?~<@et'in-i8 renferme unELpiece,<~i 6~~(~<
~fuée en son temp~ pauvre quelques autres qui auraient eu sans doute
le même destin, si la censure ne les eût
préservées. Les ciseaux du ministère m'ont
coupé le sifflet.
Mais la publication de tant de petits ou-
vrages impertinents et ridicules m'a re-
commandé, paraît-il, à mes rivaux en ab-
surdité. Il ne se passe pas huit jours sans
que le facteur m'apporte, soit à Paris, soit
a Saverne, une comédie, un vaudeville ou
un drame impossible. Mes malheurs m'ont
valu ce surcroît d'afûiction je suis la cible
de l'impossible 1
Tant pis pour vous car mon sort est,
hélas inséparable du vôtre. Vous êtes
condamnés à me lire tous les samedis, que
dis-je ? presque tous les soirs. A partir du
~or février, je jetterai dans le 6'
par l'esprit. Et comme un journaliste est
une sorte d'écho, je vous répéterai souvent
ce que j'aurai entendu ou lu moi-même.
Deux ou trois fois déjà, je vous ai com-
muniqué les fantaisies dialoguées de je ne
sais quels correspondants anonymes il fau-
dy.ait un couiaga athlétique pQtU'8igner_de
telles horreurs. Et ce soir, en dépouillant
mon courrier du 29 janvier, j'y trouve en-
core un vaudeville sans couplets dont l'in-
vraisemblance et l'incongruité me font
dresser les cheveux sur la tête.
La presse ne traduit pas seulement l'es-
prit d'une époque 'il faut qu'elle en expri-
me aussi la sottise. C'est pourquoi, mes
chers frères, je vous livre le manuscrit ci-
joint, sans en rien corriger, que l'orthogra-
phe. Les fanatiques du sens commun, s'il
en reste, feront bien d'enjamber par-dessus.
l'article.
II
:M. SAINT GHARLEMAGNE.
~C~M ~M~~MC.
PERSONNAGES:
CHARLEMA.&NB, ancien Empereur par la grâce
de Dieu;
LE PRINCE IMPÉRIAL, futur id., s'il plaît à id.
Ze ~J~~ M~~M~ MM C~iMM~ COMC~
~OM~ tMWM, dans ~<:M~M Flore.
'LE PRINCE (~M!~).
Tête. armée. caput. ~~c~
JfeaHletM daSmMë dn 31 Janvier iSM. t!" 5
LES AFFAMES
PREMIERE PARTIE ~` p,
¡.,)
L'ANGE DE ZAMARRAMALA
~1
(~<6.).
MEURTRE ET CHARITÉ
Elle raconta de nouveau ce qui lui était
arrivé devant l'ermitage de la Fuencisla et
termina en disant
Que faire de ce pauvre enfant sinon
l'adopter? Et je l'adopterai dès demain.
Bien, bien, Herminie, répondit le prê-
tre ton intention est bonne, mais tu ne
peux adopter un enfant tu n'es pas ma-
riée, de plus, tu es mineure je l'adopterai,
moi, et je rélèverai si Dieu me donne assez
de vie. D'ailleurs, il .faut savoir si le pau-
vre petit a, oui ou non, des parents qui le
réclament.
H déplora le sort des victimes, la cruauté
d ;s assassins, puis, brusquement
Es-tu fatiguée, Herminie, mon en-
fant ? 2
Non, non; je suis surexcitée, je n'ai
Monsieur Filon. le général Frossard..
~~ries. yëiotHBèdes,} ~)
Qui es~ là ?
CRARLEMAGN'E (coJOM~M~~M~ ~M?* la ~/0~ f~ Mt~M).
Ne t'en'raie pas, mon enfant.
LE PRINCE (~Më'COi.K ~0~66 ~K ton
~O~M).
Je ne m'effraie de rien, monsieur, car
je suis un Bonaparte. Et vous ?
CHARLEMÂGNE.
Moi, je suis Charlemagne.
LE PRINCE (~M~~MOM~OM).
Alors vous avez le droit de vous asseoir
devant moi. Prenez un fauteuil, je vous
prie. Vous plaît-il qu'on apporte ici le
trône de papa?
CHARLEMAGNE.
Inutile, merci. (7~ .
cher enfant! I
LE PRINCE.
Grand saint?
r 'CHABLEMA&NE.
~~9 suis pas un saint.
LE MINCE.
On vous aura mal informé. Je sais, par
mes camarades du Lycée que votre iête
tombe aujourd'hui.
't~(~ t
Galantine et poulet rôti Je ne suis pas
un saint, mon cher Baby, je te le jure. Il
faut que l'Eglise de France ait été prise de
berlue le jour où elle a mis mon nom sur
le calendrier.
LE PRINCE.
On ne vous aurait pas canonisé ? P
CHARLEMAGNE.
Si, mais mon canonisateur (pardon du
barbarisme !) était un anti-pape du nom
de Pascal III.
LE PRINCE.
Qu'est-ce qu'un anti-pape ? Y
CHARLEMAGNE.
Un pape fabriqué par décret contre le
pape légitime. Le cardinal d'Andréa, par
exemple', si ce brave Victor-Emmanuel
avait cru opportun de le coiffer d'une
tiare de Ruoltz, pour faire concurrence à
Pie IX.
LE PRINCE:
A mon parrain? 2
CHARLÏMAGNË.
Tu l'as dit. Pascal lit, qui mourut plus
gué gueux en_Allemagne, avait été jEait
pape par un excommunié du nom de Frédé-
ric Barberousse. Il était donc excommunié
lui-même, et sacrilége, ce qui est pis.
LE PRINCE.
Je crois bien. Quelle horreur 0 ma-
man) I
CHARLEMAGNE.'
Ta maman est une digne et sainte femme
qui n'a jamais su le premier mot de ces
histoires-là. Donc, le nommé Pascal 111,
anti-pape, m'a mis au rang des saints pour
ûatter l'amçur-prqpre stup~de des Alle-
mands.
LE PRINCE.
Mais vous étiez Français!
CHARLEMAGNE.
Je ne demande pas mieux seulement,
mon berceau est à Saltzbourg (Bavière), et
mon tombeau à Aix-la-Chapelle, Aachen
(Prusse Rhénane).
LEPuINCE.
Ça, c'est à nous, bientôt.
CHARLEMAGNE.
Le ciel t'entende I
pas envie de dormir! le motif qui m'a
amenée, ce que j'ai vu.
C'est vrai, ma tête se perd. Nous par-
lions de ces choses quand Branlio est venu
me chercher. Je suis encore tout saisi
d'horreur. Ce pécheur impénitent. J'au-
rais dû peut-être lui refuser l'absolution.
Mais, non, ce n'était pas possible, non,
mon Dieu. il serait entré en fureur, il au-
rait appelé l'alcade, et l'aurait fait son lé-
gataire. Non, non, non, ces pauvres en
fants. ses parents. Je consulterai l'é-
vêque. Oh ) ma tête, mon Dieu, ma tête i
Couche-toi, frère, dit Herminie vive-
ment alarmée, demain nous pourrons
causer.
Non le lit m'est funeste quand je
me trouve dans ces moments de crise, il
me fait-peur. Raconte-moi.tout ) 1
Geneviève entra.
Le lit de la senorita est prêt, dit-elle,
et minuit vient de sonner à l'horloge du
salon.
Ginès, dit Herminie, moi aussi j'ai be-
soin de sommeil; je suis malade, je t'en
prie, fais comme moi.
Oh monsieur le curé ne peut pas, dit
Geneviève, c'est aujourd'hui le dernier du
mois.
Le prêtre, en frissonnant, murmura pour
la seconde fois: Trente et un janvier!
Herminie comprit que toute insistance
serait inutile. Elle sortit, traversa l'anti-
chambre, arriva dans la galerie, et s'arrêta
à la porte de gauche, au-dessus de laquelle
était le portrait de l'évê lue d'Arequipa:
La porte du jardin était toujours ou-
verte, et Ja lumière de la lune, frappant le
pavé de marbre, se reflétait sur les por-
traits et leur donnait une apparence fan-
tastique.
m~OND TARBÉ, p!fecie~-@érani
LE PRINC E, ~MCMM~
Yousvoyez bien que vous avez'iecoëu~
français 1
CUARLEMAGNË.
Je ne veux pas te démentir, car tu es un
gentil petit hpmme. La France, je l'avoue
était le meilleur de mon lot. C'est une d
ces maîtresses à qui l'on appartient pou
la vie et pour l'éternité, du premier soir 01
elles vous appartiennent.
LE PRtNOE.
Je ne désire pas qu'elle m'appartienne,
monsieur, mais je suis sincèrement tout à
elle. s
CHARLEMAGNE.
Bien parlé C'est ainsi que l'on fait les
bonnes maisons. Sois l'homme de la na-
tion, exécute ses volontés au jour le jour,
sans prétendre lui imposer les tiennes; ac-
cepte les représentants qu'il lui plaira, de
t'envoyer et ne t'exténue pas à déguiser
tes chambellans en députés dupeuple. Cela
se tolère en carnaval, mais le mardi graa-
mon en,fant, e~t la veille du carême.
LE PRINCE.
Vous parlez comme un journaliste.
CHARLEMAGNE.
J'ai fait ce métier-~à dans-mes moments
perdus.- -&)-
.i~ ~<&tt–t–)
LE PRINCE.
Comme papa ? P
CHARLEMAGNE.
Mais oui; j'ai même publié mon petit
pamphlet, qui subsiste.
LE PRIECE.
Les livres Carolins f
CHARLEMAGNE.
Ton érudition me ravit. Oui, je me suis
serv~ de La~uéronnière à moi-même. J'ai
lancé ma brochure contre le deuxième
concile d Nicée qui condamnait injuste-
ment les Iconoclastes.. `
LE PRINCE.
Iconoclastes ? Qu'est-ce à dire ? q
CHARLEMAGNE.
Les Iconoclastes et moi, nous pensions
que le vrai christianisme doit briser les
images de marbre, d'ivoire et de bois, dé-
truire les tableaux.
LE PRINCE, Mï~~M%.
Gomme M. de Nieuwerkerke.
CHARLEMAGNE.
Tu l'as dit Ce bel homme est un icono-
claste qui proteste, après moi, contre le.
deuxième concile de–Nicëe.
LE PRINCE.
Sipapasavaitçaf 1 i i
CHARLEMAGNE.
Ton papa oe sait pas tout, mon enfant;
sa haute situation s'y oppose.
LE PRINCE.
Moi, je veux tout savoir.
GHARLEMAGNE.
Noble ambition Hé bien, baby, je veux
que ma visite matinale te pronte, et je
vais te livrer, séance tenante, le fruit de
mon expérience.
1 LE PRINCE.
Quel service vous me rendriez Le gé-
néral Frossard.
CHARLEMAGNE.
Ne le réveillons pas 1 Cher enfant, com-
mence par graver dans ta mémoire un
vieux proverbe qu'Alexandre, César, mai,
Charles Quint, Louis XIV et ton oncle nous
avons tous sottement oublié 1
LE PRINCE.
Je ne l'oublierai pas c'est. ? 2
Herminie regarda tristement la figure de
son aïeul et entra dans le salon.
Vais-je fermer la fenêtre, senorita? dit
Geneviève.
Non, laisse la lumière de la lune me
plaît elle a pour moi je ne sais quoi de
triste et de consolant à la fois. Il sort de ce
silence, de cette douce clarté, un charme
réparateur.
–Comme vous voudrez, senorita, comme
vous voudrez mais moi, quand j'entre ici
et que la lune donne dans la chambre, ces
portraits m'épouvantent (elle montra les
cadres accrochés aux murs du salon, et
d'où semblaient sortir des figures bizarre-
ment éclairées). Je ne sais trop pourquoi,
mais j~ai eu peur en faisant le lit et je n'ai
pas osé fermer la fenêtre. Oui, je l'avoue,
excepté en plein jour, ces portraits me
font peur le soir, je n'entrerais pas ici pour
rien au monde mais vous ne vous cou-
chez pas, senorita?
Non, je veux être à même de soigner
mon frère.
Elle s'assit près de la fenêtre," d'où l'on,
voyait le jardin à demi-enveloppe d'ombre,
les arbres dépouillés, couverts de neige,
et la statue du roi Saùl, se dressant la pre-
mière, blanche, sous la lune.
Au dehors, la bise situait dans les bran-
ches.
J'ai froid! dit la marquise.
La gouvernante avait oublié de faire
du feu. Elle courut, maugréant contre elte-
même, vers un hangar où des fagots étaient
empilés et revint en toute hâte. Dans son
empressement, elle négligea de fermer la
porte.
La marquise restait plongée dans une
rêverie profonde. Elle songeait a la maison
de ~é~ovie, solitaire et triste. Elle voyait,
CHARLEMAGNE.
'Une banalité sublimeÏQui trop embrasse
mal..étreint. Et même, à ce propos, j'é-
prouve le besoin de protester contre une
locution inexacte. Lorsqu'un joueur du
dercle impérial se retire après avoir gagne
un millier de louis sans les reperdre, on dit
j qu'il a fait Charlemagne. Plût à Dieu, mon
enfant, qu'Alexandre, César, Napoléon et
t Charlemagne eussent fait comme ce mon-
j sieur-là!
LE PRIXCE.
Compris! La suite?
C!HRLEMA6N~.
A l'intérieur de l'Empire, je ne manquais
ni de ministres, ni de préfets, ni de procu-
reurs impériaux, ni de gendarmes.
LE T'RINCE, ~e~'
CHARLEMAGNE. ,`'
On le sait mais t
contentaient pas toujours. G'est pourquoi
j~enrôlai une corporation de .g~ens d'esprit,
triés sur le vo).et, qui parco.~ra.iént l'Em-
pire, jugeaient tout par leurs yeux, et cas-
saient un préfet à poigne sans plus d'hési-
t tation qu'une noix creuse.
~B~
rLes MM~~o~Mne~ f~
CHARLEMA&NE.
Bon bravo 1 Tu sais ton histoire
LE PRINCE.
Mais j'entends dire de tous côtés que les
gens d'esprit se font rares, et que le peu
qui en reste, à commencer par M. Prévost
Paradol, est tourne contre nous.
CHARLEMAGNE.
H se pourrait. Alors recommande à ton
père une institution que j'avais renouvelée
de 'Cyrus, roi des Perses. Obtiens qu'on
élève avec toi quelques centaines de gar-
çons pris au hasard dans toutes les condi-
tions de la vie, mais surtout parmi ceux
qui n'ont rien.
Le personnel du gouvernement s'éclair-
eît à vue d'œil les vieux ministre's de Lon
père tombent les uns sur les autres comme
des capucins de cartes et les petits Pinards
qu'on improvise ne sont pas tous à. la hau-
teur de leur emploi. Où prendras-tu des
ministres, mon baby, si l'on oublie de t'en
préparer quelques douzaines ?
LE PRJNGE.
'îaia~ai-tetts 4e~
trent plus intelligents que la moyenne re-
cevaient une éducation complète, ce n'est
point par douzaines mais par centaines de
mille que les ministres possibles se compte-
raient dans dix ans.
CHARLEMAGNE. r
Dieu t'entende
LE PRINCE.
Dieu, en France, c'est papa.
EDMOND ABOUT
ECHOS
DU PARLEMENT
La Commission du budjet s'est réunie
hier pour procéder à la nomination de son
président et de ses secrétaires c'est M.
Alfred Leroux qui a été porté à la prési-
dence par le vote de ses collègues, et les
dans une pièce sombre, un vieillard gre- 1
lottant, les mains étendues vers le foyer;
une femme extrêmement belle, aux traits
sévères, qui lisait, d'un air indifférent, à la
lueur d'une lampe, et parfois interrogeait
des yeux la figure du vieillard. Celui-ci,
i de temps en temps, rencontrait ce regard j
j à l'expression cruelle et il se mettait à
trembler de la tête aux pieds.
Le tableau s'effarait, faisant place à un
autre c'était le cabinet du prêtre; Hermi-
nie voyait son frère tremblant, lui aussi,
pâle, et tournant fiévreusement les feuillets
de la Bible.
Put- c'était la terrible scène de la Fuen-
eisia; la mère mourante qui lui confiait son
enfant; l'ermite garotté, la charrette ren-
versée, un cadavre, une large tache rouge
sur la neige.
L'image de Monte verde venait, conse-
lante, éclaircir ces sombres visions. Elle
pensait au jeune marquis se condamnant
lui-même à vivre obscurément dans les
montagnes elle se sentait prise d'une
étrange sympathie pour ce caractère d'une
si noble fierté.
Cependant le sommeil avait gagné la
vieille gouvernante; elle s'était assise sur le
tapis,'n'osant interrompre les réflexions
dans lesquelles Herminie restait plongée;
elle avait fini par s'endormir profondément, j
VII
LE FRÈRE Pl'ODIGUE
Tout était silencieux dans la maison. Le
curé, la tête plongée dans ses mains, mé-
ditait sur le livre sacré. Parfois il levait les
yeux et Sx ait un regard vague, craintif,
sur la porte du cabinet.
më~as~eN' 48, ~e~'ïs.SFa~e-Ea~eMsB'e
secrétaire, us so ` y~
lon~nt J
Le travail de la Commission s'est borné à
ces élections, mais on a quelque peu causé
avant, pendant et après voici à peu près
le résumé des conversations
Décidément, les esprits ont peine à s'ac-
coutumer au vote de mardi dernier, et l'on
y revient encore on se s'explique pas
comment M' Rouher a eu l'imprudence de
tant insister sur une question de détail, de
manière à amener M. Thiers à la tribune.
Tout le monde est d'accord sur la gravité
du vote, et les ~r~ qui ont composé au gou-
vei nement la fameuse majorité de douze
voix se montrent très mécontents de leurs
collègues, qui les ont abandonnés au mo-
ment décisif. Cette défection d'une ;partie
des voix dont on se croyait sûr a causé
un certain émoi en haut lieu.
On regarde comme certaine la nomina-
tion de M. Busson-Billault comme rap-
porteur du budget.
Plusieurs feuilles politiques avaient an-
noncé comme prochains desnnouvements
considérables dans les préfectures; d'après
ce qu'en disait un personnage ordinaire
ment bien informé, ces mutations n'au-
raient pas lieu de si tôt, et les préfets ac-
tuellement en place resteraient, jusqu'a-
,p}!!àa~M~He@ëeaa~ét~ah~da'ns~eur3~
partements respectifs, où ils ont déjà ou-
vert la campagne.
Il y aura cependant quelques change-
ments partiels par exemple, il semble
certain que M. Tézénas, l'ancien préfet
d'Albi, que M. Pinard avait à peu près
exilé à Mende, rentrerait en faveur, et
prendrait la préfecture de Limoges. Cette
réparation est d'autant plus naturelle que
la disgrâce de M. Tézénas était, dit-on, son
opposition à la candidature de M Eugène
Pereire dans le Tarn; aujourd'hui que l'ad-
ministration paraît décidée à abandonner
aux prochaines élections les adversaires
de M. Mirés, il est tout simple que le pré-
fet d'Albi, dont les raisons ont prévalu, ne
subisse pas plus longtemps la peine de sa
résistance.
A propos deFinterpelIa.tion qui sera dis-
cutée lundi, on faisait remarquer que des
cMtj~ signataires, M. Stephen Liégeard était
à peu près le seul qui pût prendre la parole;
encore ne comptait-on qu'à moitié sur son
éloquence ileurie.etle principal rôle, dans
cette attaque anti libérale contre les réu-
nions publiques, serait distribue au député
du Gers, le terrible M. Granier de Cassa-
gnac. Ce qui donne à cette conjecture une
grande probabilité, c'est le soin qu'a pris
-P~.y, depuis plusieurs jours, de se iaire
'le sténographe malveillant des discours
prononcés dans les diverses assemblées
populaires.
Le Mcr~iMt'e ~~ac~M'y,
L&ON ESTOR.
f~E fH3~ ~E S&C~E
On parle beaucoup, dans le monde ofii-
ciel, d'une discussion très vive qui aurait
éclaté entre un illustre enfant de l'Auver-
gne et une Excellence de bonnes mines.
La lutte du pot-de-terre et du pot de fer,
prétend-on.
A ce propos on raconte qu'un grand
personnage devant qui on se plaignait des
tendances très libérales de la presse et des
empiétements du compte-rendu parallèle,
aurait répondu
« C'est l'histoire de la chèvre elle aime e
à brouter tout au bout de sa corde; mais
qu'importe, quand on tient la corde ?
C'est, ma foi, joli et vrai comme observa-
tion I
S'attendait-il à voir paraître l'embre de
l'évêque d'Arequipa ?
Tout à coup il se leva et resta im'nobi)e,
épouvanté, l'œil hagard et fixé vers la
porte.
On venait d'entr'ouvrir le rideau qui
fermait cette porte, et, sur le seuil, un fan-
tôme se dressait.
Le fantôme s'avança doucement, sans
bruit, l'index posé sur les lèvres pour com-
mander le silence. Il arriva ainsi jusqu'à la
table, en face du curé.
Toi, dit-il, à voix basse, tu dois être
accoutumé aux apparitions: ne crie donc
pas, frère; car si tu cries, je vais m'éva-
nouir comme une ombre.
Sans doute, don Ginès était en eS'et ac-
coutumé aux apparitions, car il se remit
soudain et demanda sans etffoi, mais d'une
voix émue
Qui es-tu, toi qui m'appelles frère ?
L'homme ôta son chapeau, mit par terre
son bâton et son havre-sac et répondit
Je suis ton frère Juan.
Mon frère Ju&n est mort, dit. le prêtre
d'une voix triste.
Oui, ton frère Juan est mort, et il ne
peut pas ressusciter. Ah! s'il pouvait, rss-
susciter, il s'appellerait Son Excellence
M. le marquis de Castroreal; car, à ce qu'on
m'a dit, tu as fait la sottise de renoncer à
ton titre en endossant le froc. Sûrement je
n'aurais pas eu cette idée-là, mon bon frère
Ginès mais com~neje ne puis ressusciter,
je t'apparais à une heure indue, pour n'être
vu et entendu de personne; mais parle bas,
Ginès, parle bas notre sobur Herminie
–une belle fille par ma foi!– pourrait en-
tendre nos voix et accourir au bruit or,
je ne veux ressusciter pour .personne que
a.,
Il 'é'"is~ncé Napoléon a 1
l'ambassade de Chine, mais ce qu'o~e~
sait pas, c'est le joli mot qui a clos la~i.~
versation.
M. Burlingame aurait dit au prince
voyageur avec un petit sourire mi-railleur,
mi-convaincu
Pourquoi Votre Altesse n'irait-elle
pas à Pékin ? `?
C'est trop près, répondit le Prince
finement.
Une imposante cérémonie a eu lieu à
Berlin, au palais royal, dans la salle des
chevaliers, pour l'investiture du prince de
Galles, dans l'ordre de l'Aigle-Noir. La cour
assistait à cette solennité, à laquelle avaient
été conviés tous les chevaliers de l'ordre,
revêtus de leurs tuniques, de leurs man-
teaux et suivis de pages et de héros d'ar-
mes. Notre correspondant nous écrit qu'on
se serait cru au moyen âge.
Le roi prit place sur le trône, etie prince
de Galles, introduit par Tes princes du
sang, reçut l'accolade royale et fut couvert
du manteau que Frédéric-Guillaume lui
mit en personne, après y avoir attaché le
grand cordon de l'Aigle-Noir.
Dans son discours, le roi exprima au
/M~ ~a~ COK~)%?M~4~M'
'Tsa satiS~tCîîOn 'de lui remëîlrë"le collier
même porté par le prince Albert. Le prince
prononça ensuite le serment de fidélité ~jPyMMc!
Aujourd'hui, à quatre heures, réception,
au temple israélite (rite portugais) de la rue
Lamartine,deM. Zadoc Kahn, grand-rabbin
de Paris.
On sait la faillite Overend et Gurney; les
directeurs de la maison de banque ont été
renvoyés le 28 devant les assises au grands
applaudissements de l'assistance.
Le lord-maire a accepté, pour chacun
d'eux,une caution de 25,000 livres (HOO.OOO
francs) offerte par des banquiers de pre-
mier ordre.
Il vient, de se pisser à Londres un fait
assez grave et sur lequel il serait peut-être
bon d'appeler l'attention de noire chauvi-
nisme.
Le 26 janvier, une servante anglaise se
présentait devant le magistrat de Malbo-
rought street, pour demander un jugement
contre l'ambassadeur français pour le
payement d'un mois de gages.
EUe oubliait de dire qu'elle avait dû
quitter son service par suite de son état
habituel d'ivresse, et elle oubliait qu'elle
avait été payée intégralement.
Le magistrat-refusa de l'entendre, en se
basant sur l'immunité de l'ambassadeur.
Mais il eut l'inconvenance d'ajouter qu'il
serait bien temps que les ambassadeurs
prissent leurs employés parmi leurs natio-
naux, et qu'il ne comprenait pas que des
sujets anglais consentissent à servir dans
de semblables maisons (traduction litté-
rale).
e
Le lendemain 27, la même servante se
présentant devant le magistrat, l'ambas-
sadeur, informé sans doute de ce qui s'é-
tait passé la veille, ~e fit représenter et in-
sista pour que la question fût jugée, l'avo-
cat de l'ambassade déclarant qu'on renon-
çait à l'immunité, et que le prince de la
Tour-d'Auvergne demandait que la ques-
tion fût jugée comme entre simples par-
ticuliers.
Le magistrat n'y refusa, disant qu'il
connaissait trop bien les usages diploma'
tiques pour se permettre d'intervenir, mais
pour toi. Et si je suis venu te voir, c'est.
que je suis à bout de ressources.
Ginès l'observait, cherchant à recoanaî-r
tre, sous ces longs cheveux, à travers cette
barbe.des traits familiers Enfin il s'écria:
Juan Tu n'es donc pas mort I
Je te dirai cela, Ginès. D'abord, as-
seyons-nous près du feu, car il fait un froid
noir; je suis resté plus de deux heures à
me geler dans ton jardin, près de la grille
de la chapelle, sans autre chose dans le
ventre qu'une assiettée de haricots avec
un morceau de salé et un verre de mauvais
vin, qu'on m'a donnés à 1 auberge.
Ginè;! s'avança et saisit les mains de
Juan.
C'est bien lui, il vit il vit )
–Oui, je vis, mais par un miracle. Les
journaux de Valparaiso ont annoncé que
j'avais été tué en duel, et comme il me con
venait de passer pour mort aux yeux du
monde, je n'ai pas voulu dire le contraire.
Mais ne me demande pas maintenant le
récit de mes aventures, je suis pressé, très
pressé, je viens chercher de l'argent.
Tu viens chercher de l'argent.
comme le ferait un bandit, n'est-ce pas ?
Souviens-toi, Ginès, dit Juan d'un air
sombre, souviens-toU Le hasard fait d'é-
frangea choses nous sommes aujourd'hui
le trente et un janvier; H est minuit à peu
près.
Seigneur dit le prêtre.
Oui, Ginès, et il fait clair de lune, uu
beau clair de lune. souviens-toi ) 1
Jésus ) Jésus par pitié Crois-tu donc
que je n'ai pas ce souvenir toujours uré-
sent ?
FERNANDE? Y. GONZ~EZ.;
.(&: ~<4.~Ke!'M.)
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