Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-07-20
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 juillet 1868 20 juillet 1868
Description : 1868/07/20 (Numéro 16). 1868/07/20 (Numéro 16).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k519152h
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/01/2008
Première a.nnée. Numéro 16
LE NUMERO jL5 CENTIMES
.), < .t;t&t~
~Département~ et gare~ ~0 ~.j
ABOXMEMEKTS (Parb)! ~°~
~'ï m~ ~7 fr. Tro~ imoi?,
° ANNONCES 'J'
MM. Ch. t.t~rM~e, Cerf et C', 6, PLA.CE DE L4.~0~E
~.y~
>~ LITTERAIRE ET POLITIQUE
Lundi 80 Juillet 1868 r
LE NUMERO'JL5 CENTIMES
(Dëpartementsetgares:90c.) ~·
ABOMMEMENTS (Dépaftemeztiw)
Cp An~ 64 &. $t! mois, 32! fr. T~ itMM, <ë A.
ANNONCES
ANNONCES
MM. Ch. Lagr~ Cerf et C', 6, PLACE D~ LA BOURSB .~<>~
MmimistfaMom: M, Me
Henry DE PENE Edmond'-TARBÉ, Directeurs-Gérants
r-~ immuRwyr»m-=-=r
CCIl.
m. Rédaction: i3,Mtedeta
Il ME GAULOIS COMMENCERA
LE 1" AOUT
LES CMMMS TRMMPHA~S
rAR
JULES NORIAC
La journée politique
Si jamais l'idée me venait d'aller coloni-
ser quelque part, ce ne serait pas vers
l'Algérie que je transporterais mes pénates
,,g~rie que je transporterais mes pénateÉ'
aratoires~ Non
J'ai encore les oreilles assourdies des
récits que m'ont faits certains colons
'algériens ,-j~cits -lamentables..L'histoire
de ces colons soumis au régime mili-
taire est un martyrologe. De tous les ré-
gimes, le militaire est4e plus inconciliable
avec la colonisation. Le despotisme qui en
est l'essence monte et descend incessam-
ment tous les degrés de l'échelle .11 va,–en
passant par les généraux divisionnaires,
les bureaux arabes, du gouverneur gé-
néral jusqu'aux chefs indigènes qui, sous
la surveillance de leurs chefs militaires,
disposent souv.erainement des hommes et
des choses de leurs tribus. Partout l'obéis-
sance passive, partout la règle, le compas
d~une administration despotique. 0 Da-
pnnis ÛMélibée! ôtravailleurs des champs)
faites donc de l'agriculture disciplinaire
Hélas la chambre a écouté d'un air dis-
trait toutes les bonnes raisons des défen-
seurs de la colonie, réclamant en faveur du
régime civil et du retour au droit commun.
Quant M. Jérôme David, il s'est forte-
ment élevé contre nos malheureux com-
patriotes, et peu s'en est fallu qu'il ne les
représentât comme des gens de sac et de
corde qui, livrés à eux-mêmes, perverti-
raient et corrompraient toute ja race indi-
gène.
M. Jérôme David est absolu dans ses
idées, lesquelles, trop souvent, sont moins
le ton cassant, ce qui ne séduit personne
nous le prévenons charitablement que cha-
cun de ses discours lui ôte un peu de l'au-
torité qui s'attache à la dignité de vice-
président du Corps législatif.' Quand on a
l'honneur de présider, de temps en temps,
une assemblée, il n'est ni adroit, ni même
convenable d'affecter des allures de sec-
taire. Ces allures là, il faut les garder pour
le club de la rue de l'Arcade.
Les quatre sections du budget de l'Algé-
rie ont été votées au pas de course. Le des-
potisme continuera de régner en Algérie,
les bureaux arabes de fonctionner et les co-
lons de gémir.
Du reste, la chambre paraît fatiguée la
chaleur excessive, la session prolongée ou-
tre mesure, le désir bien légitime de nos
représentants d'aller respirer plus à l'aise
sous les ombrages de leurs parcs ou de
leurs jardins tout cela ne nous permet pas
de croire que la Chambre soit disposée a
apporter une grande attention à l'examen
des diS'érents budgets qui n'ont point en-
core passé par le scrutin.
D'ici à peu de jours tout sera fini. Il y
aura une chambre de moins et un budget
de plus.
FeniMeton du CMLM8 du 20 jaUtet 1868.° 16
L'ABIME
P~R
CtIARLES DI KENS (1)
QUATRIEME ACTE
L'HORLOGE DE SURETE
(suite) l
Sur trois des côtés, des planches garnis-
saient les murs du haut en bas. Sur ces
planches étaient rangées, en bon ordre et
par étage, des boîtes de bois, ornées de
marqueteries suisses et portant toutes, en
lettres de couleur, des lettres fantastiques,
le nom des clients de l'étude. Maître Voig't
alluma un flambeau.
Vous allez voir l'horloge,–dit-il avec
orgueil, je peux dire que je possède la
première curiosité de l'Europe. et ce ne
sont que des yeux privilégiés à qui je per-
mets de la voir. Or, ce privilége je l'accorde
au fils de votre excellent père. Oui, oui,
vous serez l'un des rares favorisés qui en-
trent dans cette chambre avec moi. Voyez
là, sur le mur de droite du côté de la porte.
Mais c'est une horloge ordinaire
s'écria Obenreizer.– Non, elle n'a qu'une
seule aiguille.
Non, dit Maître Voigt, ce n'est
pas une horloge ordinaire: Non. non.
cette seule aiguille tourne autour du ca-
dran, et le point où je la mets moi-même
règle l'heure à laquelle la porte doit s'ou-
~) Toute reproduction interdite.
Tous les partis se préparent en prévision
des élections possibles; mais l'opposition
ne semble pas disposée a marcher avec en-
semble. Le ~ec~e ne veut pas d'ultramon-
tainsetil.cDDJ.ure s.es amis de s'abstenir
dans le cas où un candidat de la nuance de
l'C/MM~y serait ballotté avec un candidat
officiel. Le :7~M~, au contraire, déclare
qu'il n'y a pas à hésiter sur la marche à
suivre.– Combattre les candidatures offi-
cielles et reporter les voix au second tour
sur le candidat qui semblera réunir le plus
de chance, sans se préoccuper de ce qu'il
est politiquement, pourvu qu'il soit indé-
pendant. L' C~ au nom du parti ca-
tholique, proclame que ses amis se présen-
teront devant les électeurs, libres de toute
attache gouvernementale. Qu'Artaxerce
garde ses présents, l' les refuserait.
Grande discussion dans quelques jour-
naux. M. Vienne! a-t-il ou n'a-t-il pas été
confessé avant sa mort? On me permettra
de ne pas insister sur ce point important.
-MNBMOJ
CE MES FENETRES
II y a sur la terre un Roi qui me gène et
auquel il me plaît de dire son fait un Roi
que je suis ennuyé de voir toujours, tou-
jours paisible sur son trône, alors que tous
ses collègues sont menacés. Pourquoi ne
pas leharceler tout comme un autre? Joi-
gnez-vous à moi, chanteurs de Marseillai-
ses, cœurs généreux, esprits ardents A
bas l'usurpateur, le tyran~e monstre. A
bas le Roi de la Création! `~
Voyons-le à l'œuvre,, ce Souverain im-
muable. J'ouvre, au hasard, une de mes
fenêtres; que découvrons-nous?
D'abord un charretier ~qm frappe ses
chevaux avec le manche dé son fouet. Les
quatre pauvres bêtes font tous leurs ef-
jH3ris.ur traîneï'u.n -amas de-~piejres.
éno.rmes. Les roues massives de la char-
rette laissent après elles une ornière pro-
fonde. Le conducteur a ramassé un caillou;
il frappe à coups redoublés son attelage; le
sang coule et le public laisse faire.
Un peu.plus loin, à la porte d'un mar-
chand de vins, deux ivrognes se disputent.
lisse sont mutuellement cassé une bouteille
sur la tête et les voilà maintenant qui se la-
bourent le visage avec les tessons. Le pu-
blic savoure ce spectacle gratuit et juge les
coups en connaisseur.
A droite, des gamins ont attaché un chien
et un chat au bout d'une ficelle; ils les
traînent en courant dans le ruisseau. Les
passants rient à se tordre.
Les journaux ne parlent que de décou-
vertes meurtrières, de filles qui égorgent
leurs enfants et que l'on acquitte, d'avor-
tements, de servantes qui assassinent leurs
maîtres et incendient les maisons, de fem-
mes qu'on soufflette, de jeunes filles aux-
quelles on adresse des propos obscènes de-
vant un public ravi. que sais-je encore 1
Partout, la foule indifférente regarde faire
le mal, rit des femmes qu'on insulte et con-
tinue son chemin. Il est loin le temps des
Don-Quichottes Que serait-ce si j'allais
au fond des choses) car je ne signale ici
vrir. Tenez l'aiguille marque huit heurëâ
la porte ne s'est-elle pas Quverte à huit
heures sonnant ?
Est-ce qu'elle s'ouvre plus d'une fois
par jour t demanda le jeune homme.
Plus d'une fois ? répéta le notaire
avec un air de parfait mépng pour la sim-
plicité de son nouveau clerc. Vous ne
connaisses pas mon ami Tic, tic. Il ou-
vrira bien autant de fois que je le lui dirai.
Tout ce qu'il demande, ce sont des instruc-
tions, et voilà que je les lui donne. Re-
gardez au-dessous du cadran il y a ici un
demi cercle en acier qui pénètre dans la
muraille; là est une aiguille appelée le régu-
lateur, qui voyage tout autour du cadran,
suivant le caprice de mes mains~ Remar-
quez, je vous prie, ces ohi{!'res qui doivent
me guider sur ce demi-cercle. Le chiffre 1
signifie qu'il faut ouvrir une fois dans les
vingt-quatre heures le chifïre 2 veut dire
ouvrez deux fois et ainsi de suite jus-
qu'à la fin. Tous les matins je place le
régulateur après avoir lu mon courrier,
et quand je sais quelle sera ma besogne du
jour. Aimeriez-vous à me le voir placer ? '?
Quel jour aujourd'hui?. Mercredi. Bon.
C'est la réunion des tireurs à la cara-
bine, je n'aurai pas grand'chose à faire, je
suis sûr d'une demi-journée de congé. On
pourra bien quitter l'étude après trois heu-
res. Serrons d'abord le portefeuille avec
les papiers de la municipalité. Voilà qui
est fait je crois qu'il n'est pas nécessaire
d'ennuyer Tic Tic, et de lui demander d'ou-
vrir avant demain matin, à huit heures. Je
fais reculer le régulateur jusqu'au numéro
1. Je referme la porte; et bien tin qui
l'ouvrira avant huit heures demain matin.
Obenreizer sourit.Il avait déjà vu le côt~
faible de l'invention préconisée par le no-
taire il savait comment l'horloge à secret
pouvait trahir là confiance de Maître Voigt
et laisser ses papiers à la merci de son
clerc.
Arrêtez Monsieur,–cria-t-il, au mo-
ment ôù'Ie notaire allait fermer la porte.–
Quelque chose a remué parmi les boîtes.
que ces petites lâchetés mignonnes qu'on
peut apprécier de mes fenêtres.
Et c'est cette race hideuse, cette en-
geance malfaisante, cette espèce gangre-
née qui se proclame l'cë ~MMM!M~ Ah!
vrai Dieu il n'y a pas de quoi rire c'est à
faire monter le cœur aux lèvres.
L'homme est mauvais, faux, cruel, stu-
pide, ignorant, vantard, injuste, féroce,
fou, impudent, menteur, traître et gro-
tesque tous les vices qu'engendre l'or-
gueil'bête, il les a. Et il se dit fait à l'image
de Dieu misère et malheur qu'est deve-
nue la céleste estampille, et comment dé-
chiffrer maintenant la marque de fabrique,
sous la boue qui la recouvre?
L'homme a pris possession du globe la
terre est un patrimoine qu'il gaspille de
son mieux. Si le soleil luit, si la lune brille,
si le vent souffle, si l'oiseau chante, si le
blé mûrit, si la vigne se dore, c'est unique-
ment pour lui être agréable et satisfaire
ses désirs. Si l'oiseau de Dieu picore sa
treille, si le papillon boit la rosée sur
l'herbe de ses prés, il crie « Au voleur »
plus fort qu'Harpagon.
La terre est comme un être vivant
dont cet acarus est le parasite.
L'homme a divisé la création en trois
classes bien distinctes.
Dans la première, il s'installe, se pa-
vane et se proclame « Roi de la création. ))
Lui, le plus inhumain des Etres, il se bap-
tise « l'Espèce humaine. s Il se reconnaît
de l'intelligence, de l'esprit, du génie; il
s'adjuge tous les dons sublimes. Vous ne
lui ferez jamais admettre que le Créateur
ait pu disposer à son détriment de la plus
minime des étincelles du divin foyer. Il a.
le monopole du feu céleste l'histoire de
son aïeul Prométhée ne lui a rien appris.
Il ne voit guère dans le Créateur qu'un
maréchal-des-logis chargé de le loger,
meubler, chauffer, éclairer et nourrir. En-
core lui marchande-t-il les égards, et se
plaint-il de tout comme un parvenu.
Dans la seconde classe, l'homme a placé
Hes-tuajmaux, c'est-à-du'e,,tout ce qui se
défend, lé fuit ou l'attaquer A ces collègues
il nie l'intelligence et, aristocrate endiablé,
désireux de s'épargner la honte de rien
partager avec la plèbe ailée ou rampante,
à plumes, écailles ou poils, il invente
« ~'MM~MC~ x qui est l'esprit des bêtes.
Donc, lorsque le roi de la création se laisse
choir dans une mare, il fait acte d'intelli-
gence lorsque son chien le repêche, l'ani-
mal fait preuve d'instinct. M'est avis, à moi,
que la bête fait preuve de magnanimité en
sauvant l'inventeur du fouet et de la mu-
selière.
Enfin, dans la troisième série, l'homme
a relégué K c~(M~ )) les êtres soit di-
sant inanimés arbres, plantes, marbres
etc., etc., tout ce qui lui paraît inerte et
qui cependant vit, grandit, se transforme.
A ceux là, il n'a rien accordé il ne leur
a fait l'aumône ni d'un sentiment, ni d'une
volonté. Vainement la plante aime, s'ac-
couple, enfante; vainement le sol, d'argile
devient marbre ou minerai, l'homme le
méprise tout en le dévalisant. Sourds et
muets, esprits forts que vous êtes, n'avez-
vous pas eu tous mille preuves de la vie des
choses? Mais la vie est partout, la vie est
dans tout, elle ruisselle, déborde rien ne
peut '< être sans vivre; rien ne peut mou-
Maitre Voigt se retourna.
Une seconde sufSt à la main agile d'O-
benreizer pour faire avancer le régulateur
du chiffre 1 au chiffre 3: A ni oins qU6 le
notaire; regardant de nouveau le cercle
d'acier, ne s'aperçût de ce changement, la
porte allait s'ouvrir à huit heures du soir,
et personne, Obenreizer excepté, n'en sau-
rait rien.
Je n'ai point vu remuer ces boîtes,–
dit Maître Voigt: Vos chagrins, mon
fus, vous ont ébranlé les nerfs. Vous avez
vu l'ombre projetée par le vacillement de
ma bougie. Ou bien encore quelque pauvre
petit coléoptèrë qui se promène au milieu
des secrets du vieil homme de loi. Ecou-
tez j'entends votre camarade, l'autre clerc
dans l'étude. A l'ouvrage Posez aujour-
d'hui la première pierre de votre nouvelle
fortune <
îl poussa gaiement Obenreizer hors de la
chambre noire; avant d'éteindre sa lu-
mière, il jeta un dernier regard de tendresse
sur son horloge, un regard qui ne s'ar-
rêta pas sur le régulateur, et referma
la porte de chêne derrière lui.
A trois heures, l'ëUlde était fermée. Le
notaire, ses employés, et ses serviteurs se
rendirent au tir à la carabine. Obenreizer,
pour s'excuser de les accompagner, avait
fait entendre qu'il n'était'point d'humeur à
assister aune tête publique. 11 sortit, on ne
le vit plus; on pensa qu'il faisait au loin
quelque promenade solitaire.
A peine la maison était-elle close et dé-
serte, qu'une garde-robe s'ouvrit, une
garde-robe reluisante, qui donnait dans
le cabinet reluisant du notaire. Obenreizer
en sortit. Il s'approcha d'une croisée, ou-
vrit les volets, s'assura qu'il pourrait
s'évader, sans être aperçu par le jardin,
rentra dans sa chambre, et s'assit dans le
fauteuil de Maître Voigt. Il avait cinq heu-
res à attendre.
Il tua le temps comme il put, lisant les
livres et les'j&urnaux épars sur la table,
tantôt refléchissant, tantôt marchant de
rir. La nature se transforme et ne fait que
changer de mode d'existence.
Advienne que voudra créature dégéné-
rée, Roi malfaisant, je te refuse obéissance.
Dussé-je composer à moi seul toute l'oppo-
sition, je protesterai contre ta Souveraineté
et je proclamerai l'égalité de toutes les
créatures devant le Créateur.
Cela fera toujours pour les amateurs une
république de plus.
Un grand philosophe, Thomas Virloque,
l'a dit le monde! C'est tout mangeurs
et mangés. Les enfants, qui sont d'admira-
bles philosophes aussi, le pressentent bien,
allez 1
J'ai reçu ce matin la visite d'un bambino
charmant. Il venait me remercier d'un ca-
deau que je lui ai fait les fables de la
Fontaine illustrées par G. Doré. Et comme
il se récriait sur l'injustice du sort qui jette
le mouton sans défense entre les dents du
loup, je crus faire merveille en répliquant
Si les choses se sont passées ainsi,
vois-tu, Charlot, c'est que le mouton avait
été très méchant.
Oui, je comprends, reprit le petit.
Comme il a été méchant, c'est le loup qui
l'a croqué.
Tandis que s'il avait été bon.
C'est nous qui l'aurions mangé.
Sortez de là.
J'ai bien fait de changer de fenêtre.
J.oseph ?
Monsieur,
Voyez-vous une lettre sur le trottoir?
on vient de la laisser tomber. Descendez
quatre à quatre et ramassez la. Vous cher-
cherez ensuite un jeune homme blond
pantalon gris, gilet blanc, cravate bleue,
et vous la lui remettrez. Il vient de tour-
ner la rue de Grenelle.
Joseph rentre essoufflé. Il a trouvé la
lettre, mais il n'a pas trouvé le monsieur.
J'ai lu la missive égarée et je l'ai trouvée
si touchante que je la publie. De cette fa-
çon, celui qui l'aura perdue saura à qui la
réclamer.
Monsieur,
Comment avez-vous pu croire que je vous
répondrais ? Mon premier mouvement a été
de déchirer votre lettre, puis j'ai réfléchi qu'il
valait, mieux que je la gardasse. Je la lis à
chaque instant pour me rappeler l'injure que
vous m'avez faite et le soin que je dois appor-
ter à ne m'y plus exposer.
Vous osez me demander un rendez-vous
c'est le comble de l'imprudence Je rougis
chaque fois que j'y pense..Je compte que
vous ne vous trouverez jamais sur mon che-
min et pour'éviter toute rencontre fortuite,
apprenez que je sors tous les jours à deux
heures pour aller chez ma mère. Je prends la
rue Saint-Honorë, la rue Duphot, les boule-
vards jusqu'à la Chaussëe-d'Antin, je m'ar-
rête au numéro 39. C'est là que demeure ma
mère. Je reviens a 4 heures par le même chemin
et prends toujours à droite. Je ferai en sorte
d'être seule à l'avenir, ne voulant pas m'ex-
poser a être insultée par vous en présence
d'une personne sur la discrétion de laquelle
je ne pourrais pas absolument compter.
J'agis de la sorte par respect pour mon
mari, dont vous n'avez pas l'air de vous sou-
cier et que j'aime tant.
Je n'ai pas peur de vous; je vous le
prouverai bien si jamais nous sommes seuls.
Je serais heureuse de penser que vous n'a-
long en large, suivant sa chère coutume
Le soleil enfin se coucha.
Obenreizer referma les volets avec soin
avant d'allumer la bougie. Le moment ap-
prochait il s'assit, montre en main, guet-
tant la porte de cliene.
A huit heures, doucement, lentement,
sans bruit., comme poussée par une main
invisible, la porte s'ouvrit.
Il lut., Full après l'autre; tous les noms
inscrits sur les boîtes de bois. Nulle part
ce qu'il cherchait Il écarta la rangée
extérieure et continua son examen.
La, 16s boîtes étaient plus vieilles, quel-
ques-unes même ~ort, endommagées. Lea
quatre premières portaient leur nom écrit
en français et en allemand; le nom de la
cinquième était illisible. Obenreizer la
prit, l'emporta dans l'étude pour l'exami-
ner plus a l'aise. Miracle! sous une cou-
che épaisse de taches produites par la
poussière et par le temps, il lut
VENDALE
La clef tenait par une ficelle a une boite.
Il ouvrit, tira quatre papiers détachés, les
posa sur la table et commença de les pal-
courir.
Tout à coup, ses yeux animés par une
expression d'avidité sauvage se troublè-
rent. Un cruel désenchantement, une
surprise mortelle se peignit en même
temps sur son visage blêmi. Il mit sa
tête dans ses mains pour réfléchir, puis
il se décida, prit copie de ces papiers
qu'il venait de lire, les remit dans la boite,
la boîte à sa place, dans la chambre noire,
referma la porte de chêne, éteignit la bou-
gie, et s'esquiva par la croisée.
Tandis que le voleur, le meurtrier, fran-
chissait le mur du jardin, le notaire, ac-
compagné d'un étranger, s'arrêtait devant
sa maison, tenant sa clef dans la main.
De grâce, monsieur Bintrey, –disait-
dresserez à. aucune autre femme une injure
semblable à celle que j'ai reçue de vous et qui
m'a si fort impressionnée.
Je ne me doutais guère, en revenant de
la poste restante, où je vais tous les jours re-
tirer des lettres adressées à Mme L. B., 174 4
(une de mes amies), que je recevrais un bil-
let de vous, et adressé d'une façon aussi im-
prudente. Maintenant que je vous ai dicté
votre conduite, j'espère qu'e vous ne'm'expo-
serez plus comme vous l'avez fait.
Vous me dites que vous m'aimerez quand
môme aimez-moi tout à votre aise, je ne
puis pas vous en empêcher: mais quoi qu'il
advienne, monsieur, sachez-le bien, mon
mari continuera à être ce qu'il a toujours été
depuis notre mariage.
Vous savez maintenant a. quoi yous en
tenir.
L. B.
Courage, vertueuse épouse, courage.
Monsieur MAxmE.
M. Rochefort nous répond quelques mots
dans son dernier numéro.
Ce n'est pas*, comme il semble le croire, ses
idées politiques qui sont peu de notre goût,
c'est son absence d'idées politiques qui nous
confond.
« J'ai eu plusieurs fois dans ma vie, nous dit
M. Rochefort, ce que l'on est convenu d'appe-
ler des « affaires, )) et jamais, veuillez le re-
marquer, jamais pour des questions particu-
lières.
Ce qui n'est pas prive 3st public, ce qui
n'est pas public est privé il n'y a pas moyen
de sortir de là. Puisque M. Rochefort ne s'est
jamais battu pour des choses privées, qu'il
veuille bien nous rappeler à propos de quel
épisode de la vie politique et militaire du
jeune prince Achille Murât, par exemple,
celui-ci a eu l'honneur de croiser le fer avec
lui.
Selon M. Rochefort~M. de Pêne a avoué
qu'il n'avait aucune opinion politique.
M. de Pêne a écrit ceci « Je ne suis ni ré-
publicain, ni bonapartiste, ni légitimiste. Je
suis pour la paix, l'ordre, la liberté, la sagesse
et l'honneur. »
Si déclarer qu'on préfère la chose au motet
qu'après l'expérience faite en France de toutes
les formes de gouvernement, il n'en est au-
cune pour laquelle on se sente une tendresse
excessive, c'est n'avoir pas d'opinion, cela re-
vient à dire qu'il, n'y a que les aveugles qui
aient des yeux. H. DE PÈNK.
CE OU! SE PASSE
L'Empereur est parti de Fontainebleau ce
matin à dix heures et demie; il arrivera à
Plombières à six heures trois quarts.
La suite de l'Empereur se compose du gé-
néral de Béville, aide de camp; comte Davil-
lier Regnauld de Saint-Jean d'Angély, pre-
mier ecuyer les capitaines de Creny et de
Lasalle, officier d'ordonnance, et du gênerai
Lepic, surintendant du Palais.
Le due de Montpensier est eu ce moment, a
Lisbonne avec l'infante sa femme et. leurs en-
fants il veut, dit-on, être & portée de surveil-
ler les événements qui se précipitent en Es-
pagne en même temps que le déplacement
d'une fortune considérable qui ne peut s'opé-
rer que longuement et difficilement.
il, ne passez pas devant chez moi sans
me faire l'honneur d'y entrer. C'est pres-
que un jour de fête dans la ville. le jour
de notre tir. mais tout mon monde sera de
retour avant une heure. N'est il pas plai-
sant que vous vous soyez justement
adressé à moi pour demander le chemin
de l'hôtel. Eh bien, buvons et mangeons
ensemble, avant que vous ne vous y ren-
diez.
Non, pas ce soir,- répliqua Bintrey,
je vous remercie. Puis-je espérer de
vous rencontrer demain matin vers dix
heures ?
Je serai ravi de saisir l'occasion la
plus prompte de réparer, avec votre per-
mission, le mal que vous faites à mon cli-
ent onensé, répartit le bon notaire.
Oui, oui, fit Bintrey, votre client
onensé C'est bon mais un mot à l'oreille,
Monsieur Voigt.
Il parla pendant une seconde à v&ix
basse et continua sa route. Lorsque la
femme de charge du notaire revint à la
maison, elle le trouva debout devant la
porte, immobile, tenant toujours sa clef à
la main et la porte toujours fermée.
VICTOIRE DOBENRKIZËR.
La scène change encore une fois. Nous
sommes au pied du Simplon, du côté de la
Suisse.
Dans l'une des tristes chambres de cette
triste auberge de Briey étaient assis
M. Bintrey et Maître Voigt.
Ils étaient un conseil, suivant les ha-
bitudes de leur profession, un conseil
composé de deux membres. M. Bintrey
fouillait sa boite à dépêches Maître Voigt
regardait sans cesse une porte fermée,
peinte en une certaine couleur brune qui
se proposait d'imiter Faeajoù.
Cette porte s'ouvrait sur la chambre
voisine.
L'heure n'est-elle pas arrivée Ne de-
vait-il pas être ici, fit le notaire, qui
Si les troubles continuaient à Madrid, le duc
quitterait alors Lisbonne, et après avoir ins-
tallé sa femme à Twickenham, se rendrait
auprès du roi Léopold.
On marie beaucoup en ce moment le duc
Robert de Parme.A ce propos, nous avons vu
hier à Paris son grand-père, qui en abdiquant
en faveur du dernier duc, mort assassiné, a
pris le titre de comte de Villafranca. On le d~t
très favorable au courant unitaire et libéral
dans lequel l'Italie semble et.re entrée!
C'est ce soir que M. Piëtri, préfet de police,
quitte Paris avec sa famille pour se~endre au
Mont-Doré, ou les journaux mal informes le
disaient fixé depuis quelque temps. 1,
Voici un exemple de courage civique quç
l'on ne saurait trop admirer.
M. Emile Tedesco est l'auteur d'une polka:
Z~M~ qu'il a dédiée à, M. Henri Roche-
fort. Le titre, par sa disposition, rappelle la.
couverture des fameux petits livres rouges.
Un de nos principaux éditeurs avait laissé
mettre son nom sur cette polka et l'exposait
a sa montre. Puis il eut peur de cet acte révo-
lutionnaire.
La lanterne-polka a disparu de son étalage,
et à présent, au lieu de chez un tel, on lit
chez tous les éditeurs.
Un gentilhomme, père d'une charmante
jeune femme à laquelle la chronique avait
prêté gratuitement une place dans le wagon
des .Fw~c~ du mois dernier, vient de partir'
pour la Belgique avec la gouvernante de ses
enfants.
Voilà un père dévoue Il fallait à tout prix
débarrasser ses enfants d'une institutrice mal
choisie. Il l'enlève pour qu'elle leur soit en-
levée.
II y a eu, hier soir, réception chez Rossini,
& Passy.
La grande cantatrice Alboni s'est fait, en-
tendre et applaudir par une société de dilet-
tanti dans l'andante derendra-t-on cet hiver?
Nous apprenons avec regret que le comte
Louis de Colobiano, qui s'était créé, à. la lé-
gation d'Italie à Paris où il occupait le poste
d'attaché, de sérieuses sympathies dans le
monde parisien, doit être envoyé par sou
gouvernement à. Washington, en qualité de
secrétaire.
M. de Colobiano est depuis quelque temps
déjà en Italie, où il avait été appelé par la,
mort du comte, son père.
Lassouche, le comique que vous connaissez,
prépare une pièce: .PoM QM!C%o~, avec un
rôle important pour Mlle Lasseny, retour de
Russie.
Lassouclie est bien gentilhomme, ne peut-
il pas être auteur dramatique?
J'ai rencontré M. Strakosch ~Maurice) hier.
àParis.
La Manche ne voit que lui depuis quelque
temps il la traverse comme nous traversons
le macadam du boulevard. Bientôt il aura,
nouveau colosse de Rhodes, un pied à Lon-
dres, l'autre à Paris.
Il nous a confirme que le mariage de sa
divine belle-sœur allatt avoir lieu ces jours-ci.
C'est demain, 20, que Mme Strakosch et,
changea la direction de son regard pour
examiner une seconde porte à l'autre bout
de la chambre.
Celle-là était peinte en jaune et se pro-
posait d'imiter le bois de sapin.
Il est ici! répliqua Bintrey, après
avoir écouté un moment.
La porte jaune fut ouverte par un valet.
qui introduisit Obenreizer.
Il salua Maître Voigt en entrant, avec
une familiarité qui ne causa pas peu d'em-
barras au notaire; il salua Bintrey avec
une politesse grave et réservée.
Pour quelle raison m'a-t-on fait venir
de Neufchâtel au pied de cette montagne ?.
demanda-t-il en prenant le siége que-
l'homme de loi Anglais lui indiquait.
Votre curiosité sera complètement
satisfaite avant la fin de notre entrevue,
répliqua Bintrey. Pour le moment, vou-
lez-vous me permettre un conseil ?. Oui.
Eh bien allons tout droit aux anaires. Je
suis ici pour représenter votre nièce.
En d'autres termes, vous, homme de
loi, vous êtes ici pour représenter une in-
fraction à la loi.
Admirablement engagé, s'écria
l'Anglais, si tous ceux à qui j'ai aiTaire
étaient aussi nets que vous, que ma pro-
fession deviendrit aisée Je suis donc ici
pour représenter une infraction à la loi.
Voila votre façon à vous d'envisager les
choses mais j'ai aussi la mienne et je vous
dis que je suis ici pour essayer d'un com-
promis entre votre nièce et vous.
Pour discuter un compromis, in-
terrompit Obenreizer, la présence des
deux parties est indispensable.Je ne
suis pas l'une de ces deux parties. La loi
me donne le droit de contrôler les actions
de ma nièce jusqu'à sa majorité. Oj, elle
n'est pas majeure. C'est mon autorité que
je veux.
En ce moment, Maître Voigt essaya
de parler. Bintrey, de l'air de compatis-
sante indulgence qu'on emploie envers les
enfants gâtés, lui imposa silence.
–Non, mon digne ami, non, pas ua, v
LE NUMERO jL5 CENTIMES
.), < .t;t&t~
~Département~ et gare~ ~0 ~.j
ABOXMEMEKTS (Parb)! ~°~
~'ï m~ ~7 fr. Tro~ imoi?,
° ANNONCES 'J'
MM. Ch. t.t~rM~e, Cerf et C', 6, PLA.CE DE L4.~0~E
~.y~
>~ LITTERAIRE ET POLITIQUE
Lundi 80 Juillet 1868 r
LE NUMERO'JL5 CENTIMES
(Dëpartementsetgares:90c.) ~·
ABOMMEMENTS (Dépaftemeztiw)
Cp An~ 64 &. $t! mois, 32! fr. T~ itMM, <ë A.
ANNONCES
ANNONCES
MM. Ch. Lagr~ Cerf et C', 6, PLACE D~ LA BOURSB .~<>~
MmimistfaMom: M, Me
Henry DE PENE Edmond'-TARBÉ, Directeurs-Gérants
r-~ immuRwyr»m-=-=r
CCIl.
m. Rédaction: i3,Mtedeta
Il ME GAULOIS COMMENCERA
LE 1" AOUT
LES CMMMS TRMMPHA~S
rAR
JULES NORIAC
La journée politique
Si jamais l'idée me venait d'aller coloni-
ser quelque part, ce ne serait pas vers
l'Algérie que je transporterais mes pénates
,,g~rie que je transporterais mes pénateÉ'
aratoires~ Non
J'ai encore les oreilles assourdies des
récits que m'ont faits certains colons
'algériens ,-j~cits -lamentables..L'histoire
de ces colons soumis au régime mili-
taire est un martyrologe. De tous les ré-
gimes, le militaire est4e plus inconciliable
avec la colonisation. Le despotisme qui en
est l'essence monte et descend incessam-
ment tous les degrés de l'échelle .11 va,–en
passant par les généraux divisionnaires,
les bureaux arabes, du gouverneur gé-
néral jusqu'aux chefs indigènes qui, sous
la surveillance de leurs chefs militaires,
disposent souv.erainement des hommes et
des choses de leurs tribus. Partout l'obéis-
sance passive, partout la règle, le compas
d~une administration despotique. 0 Da-
pnnis ÛMélibée! ôtravailleurs des champs)
faites donc de l'agriculture disciplinaire
Hélas la chambre a écouté d'un air dis-
trait toutes les bonnes raisons des défen-
seurs de la colonie, réclamant en faveur du
régime civil et du retour au droit commun.
Quant M. Jérôme David, il s'est forte-
ment élevé contre nos malheureux com-
patriotes, et peu s'en est fallu qu'il ne les
représentât comme des gens de sac et de
corde qui, livrés à eux-mêmes, perverti-
raient et corrompraient toute ja race indi-
gène.
M. Jérôme David est absolu dans ses
idées, lesquelles, trop souvent, sont moins
nous le prévenons charitablement que cha-
cun de ses discours lui ôte un peu de l'au-
torité qui s'attache à la dignité de vice-
président du Corps législatif.' Quand on a
l'honneur de présider, de temps en temps,
une assemblée, il n'est ni adroit, ni même
convenable d'affecter des allures de sec-
taire. Ces allures là, il faut les garder pour
le club de la rue de l'Arcade.
Les quatre sections du budget de l'Algé-
rie ont été votées au pas de course. Le des-
potisme continuera de régner en Algérie,
les bureaux arabes de fonctionner et les co-
lons de gémir.
Du reste, la chambre paraît fatiguée la
chaleur excessive, la session prolongée ou-
tre mesure, le désir bien légitime de nos
représentants d'aller respirer plus à l'aise
sous les ombrages de leurs parcs ou de
leurs jardins tout cela ne nous permet pas
de croire que la Chambre soit disposée a
apporter une grande attention à l'examen
des diS'érents budgets qui n'ont point en-
core passé par le scrutin.
D'ici à peu de jours tout sera fini. Il y
aura une chambre de moins et un budget
de plus.
FeniMeton du CMLM8 du 20 jaUtet 1868.° 16
L'ABIME
P~R
CtIARLES DI KENS (1)
QUATRIEME ACTE
L'HORLOGE DE SURETE
(suite) l
Sur trois des côtés, des planches garnis-
saient les murs du haut en bas. Sur ces
planches étaient rangées, en bon ordre et
par étage, des boîtes de bois, ornées de
marqueteries suisses et portant toutes, en
lettres de couleur, des lettres fantastiques,
le nom des clients de l'étude. Maître Voig't
alluma un flambeau.
Vous allez voir l'horloge,–dit-il avec
orgueil, je peux dire que je possède la
première curiosité de l'Europe. et ce ne
sont que des yeux privilégiés à qui je per-
mets de la voir. Or, ce privilége je l'accorde
au fils de votre excellent père. Oui, oui,
vous serez l'un des rares favorisés qui en-
trent dans cette chambre avec moi. Voyez
là, sur le mur de droite du côté de la porte.
Mais c'est une horloge ordinaire
s'écria Obenreizer.– Non, elle n'a qu'une
seule aiguille.
Non, dit Maître Voigt, ce n'est
pas une horloge ordinaire: Non. non.
cette seule aiguille tourne autour du ca-
dran, et le point où je la mets moi-même
règle l'heure à laquelle la porte doit s'ou-
~) Toute reproduction interdite.
Tous les partis se préparent en prévision
des élections possibles; mais l'opposition
ne semble pas disposée a marcher avec en-
semble. Le ~ec~e ne veut pas d'ultramon-
tainsetil.cDDJ.ure s.es amis de s'abstenir
dans le cas où un candidat de la nuance de
l'C/MM~y serait ballotté avec un candidat
officiel. Le :7~M~, au contraire, déclare
qu'il n'y a pas à hésiter sur la marche à
suivre.– Combattre les candidatures offi-
cielles et reporter les voix au second tour
sur le candidat qui semblera réunir le plus
de chance, sans se préoccuper de ce qu'il
est politiquement, pourvu qu'il soit indé-
pendant. L' C~ au nom du parti ca-
tholique, proclame que ses amis se présen-
teront devant les électeurs, libres de toute
attache gouvernementale. Qu'Artaxerce
garde ses présents, l' les refuserait.
Grande discussion dans quelques jour-
naux. M. Vienne! a-t-il ou n'a-t-il pas été
confessé avant sa mort? On me permettra
de ne pas insister sur ce point important.
-MNBMOJ
CE MES FENETRES
II y a sur la terre un Roi qui me gène et
auquel il me plaît de dire son fait un Roi
que je suis ennuyé de voir toujours, tou-
jours paisible sur son trône, alors que tous
ses collègues sont menacés. Pourquoi ne
pas leharceler tout comme un autre? Joi-
gnez-vous à moi, chanteurs de Marseillai-
ses, cœurs généreux, esprits ardents A
bas l'usurpateur, le tyran~e monstre. A
bas le Roi de la Création! `~
Voyons-le à l'œuvre,, ce Souverain im-
muable. J'ouvre, au hasard, une de mes
fenêtres; que découvrons-nous?
D'abord un charretier ~qm frappe ses
chevaux avec le manche dé son fouet. Les
quatre pauvres bêtes font tous leurs ef-
jH3ris.ur traîneï'u.n -amas de-~piejres.
éno.rmes. Les roues massives de la char-
rette laissent après elles une ornière pro-
fonde. Le conducteur a ramassé un caillou;
il frappe à coups redoublés son attelage; le
sang coule et le public laisse faire.
Un peu.plus loin, à la porte d'un mar-
chand de vins, deux ivrognes se disputent.
lisse sont mutuellement cassé une bouteille
sur la tête et les voilà maintenant qui se la-
bourent le visage avec les tessons. Le pu-
blic savoure ce spectacle gratuit et juge les
coups en connaisseur.
A droite, des gamins ont attaché un chien
et un chat au bout d'une ficelle; ils les
traînent en courant dans le ruisseau. Les
passants rient à se tordre.
Les journaux ne parlent que de décou-
vertes meurtrières, de filles qui égorgent
leurs enfants et que l'on acquitte, d'avor-
tements, de servantes qui assassinent leurs
maîtres et incendient les maisons, de fem-
mes qu'on soufflette, de jeunes filles aux-
quelles on adresse des propos obscènes de-
vant un public ravi. que sais-je encore 1
Partout, la foule indifférente regarde faire
le mal, rit des femmes qu'on insulte et con-
tinue son chemin. Il est loin le temps des
Don-Quichottes Que serait-ce si j'allais
au fond des choses) car je ne signale ici
vrir. Tenez l'aiguille marque huit heurëâ
la porte ne s'est-elle pas Quverte à huit
heures sonnant ?
Est-ce qu'elle s'ouvre plus d'une fois
par jour t demanda le jeune homme.
Plus d'une fois ? répéta le notaire
avec un air de parfait mépng pour la sim-
plicité de son nouveau clerc. Vous ne
connaisses pas mon ami Tic, tic. Il ou-
vrira bien autant de fois que je le lui dirai.
Tout ce qu'il demande, ce sont des instruc-
tions, et voilà que je les lui donne. Re-
gardez au-dessous du cadran il y a ici un
demi cercle en acier qui pénètre dans la
muraille; là est une aiguille appelée le régu-
lateur, qui voyage tout autour du cadran,
suivant le caprice de mes mains~ Remar-
quez, je vous prie, ces ohi{!'res qui doivent
me guider sur ce demi-cercle. Le chiffre 1
signifie qu'il faut ouvrir une fois dans les
vingt-quatre heures le chifïre 2 veut dire
ouvrez deux fois et ainsi de suite jus-
qu'à la fin. Tous les matins je place le
régulateur après avoir lu mon courrier,
et quand je sais quelle sera ma besogne du
jour. Aimeriez-vous à me le voir placer ? '?
Quel jour aujourd'hui?. Mercredi. Bon.
C'est la réunion des tireurs à la cara-
bine, je n'aurai pas grand'chose à faire, je
suis sûr d'une demi-journée de congé. On
pourra bien quitter l'étude après trois heu-
res. Serrons d'abord le portefeuille avec
les papiers de la municipalité. Voilà qui
est fait je crois qu'il n'est pas nécessaire
d'ennuyer Tic Tic, et de lui demander d'ou-
vrir avant demain matin, à huit heures. Je
fais reculer le régulateur jusqu'au numéro
1. Je referme la porte; et bien tin qui
l'ouvrira avant huit heures demain matin.
Obenreizer sourit.Il avait déjà vu le côt~
faible de l'invention préconisée par le no-
taire il savait comment l'horloge à secret
pouvait trahir là confiance de Maître Voigt
et laisser ses papiers à la merci de son
clerc.
Arrêtez Monsieur,–cria-t-il, au mo-
ment ôù'Ie notaire allait fermer la porte.–
Quelque chose a remué parmi les boîtes.
que ces petites lâchetés mignonnes qu'on
peut apprécier de mes fenêtres.
Et c'est cette race hideuse, cette en-
geance malfaisante, cette espèce gangre-
née qui se proclame l'cë ~MMM!M~ Ah!
vrai Dieu il n'y a pas de quoi rire c'est à
faire monter le cœur aux lèvres.
L'homme est mauvais, faux, cruel, stu-
pide, ignorant, vantard, injuste, féroce,
fou, impudent, menteur, traître et gro-
tesque tous les vices qu'engendre l'or-
gueil'bête, il les a. Et il se dit fait à l'image
de Dieu misère et malheur qu'est deve-
nue la céleste estampille, et comment dé-
chiffrer maintenant la marque de fabrique,
sous la boue qui la recouvre?
L'homme a pris possession du globe la
terre est un patrimoine qu'il gaspille de
son mieux. Si le soleil luit, si la lune brille,
si le vent souffle, si l'oiseau chante, si le
blé mûrit, si la vigne se dore, c'est unique-
ment pour lui être agréable et satisfaire
ses désirs. Si l'oiseau de Dieu picore sa
treille, si le papillon boit la rosée sur
l'herbe de ses prés, il crie « Au voleur »
plus fort qu'Harpagon.
La terre est comme un être vivant
dont cet acarus est le parasite.
L'homme a divisé la création en trois
classes bien distinctes.
Dans la première, il s'installe, se pa-
vane et se proclame « Roi de la création. ))
Lui, le plus inhumain des Etres, il se bap-
tise « l'Espèce humaine. s Il se reconnaît
de l'intelligence, de l'esprit, du génie; il
s'adjuge tous les dons sublimes. Vous ne
lui ferez jamais admettre que le Créateur
ait pu disposer à son détriment de la plus
minime des étincelles du divin foyer. Il a.
le monopole du feu céleste l'histoire de
son aïeul Prométhée ne lui a rien appris.
Il ne voit guère dans le Créateur qu'un
maréchal-des-logis chargé de le loger,
meubler, chauffer, éclairer et nourrir. En-
core lui marchande-t-il les égards, et se
plaint-il de tout comme un parvenu.
Dans la seconde classe, l'homme a placé
Hes-tuajmaux, c'est-à-du'e,,tout ce qui se
défend, lé fuit ou l'attaquer A ces collègues
il nie l'intelligence et, aristocrate endiablé,
désireux de s'épargner la honte de rien
partager avec la plèbe ailée ou rampante,
à plumes, écailles ou poils, il invente
« ~'MM~MC~ x qui est l'esprit des bêtes.
Donc, lorsque le roi de la création se laisse
choir dans une mare, il fait acte d'intelli-
gence lorsque son chien le repêche, l'ani-
mal fait preuve d'instinct. M'est avis, à moi,
que la bête fait preuve de magnanimité en
sauvant l'inventeur du fouet et de la mu-
selière.
Enfin, dans la troisième série, l'homme
a relégué K c~(M~ )) les êtres soit di-
sant inanimés arbres, plantes, marbres
etc., etc., tout ce qui lui paraît inerte et
qui cependant vit, grandit, se transforme.
A ceux là, il n'a rien accordé il ne leur
a fait l'aumône ni d'un sentiment, ni d'une
volonté. Vainement la plante aime, s'ac-
couple, enfante; vainement le sol, d'argile
devient marbre ou minerai, l'homme le
méprise tout en le dévalisant. Sourds et
muets, esprits forts que vous êtes, n'avez-
vous pas eu tous mille preuves de la vie des
choses? Mais la vie est partout, la vie est
dans tout, elle ruisselle, déborde rien ne
peut '< être sans vivre; rien ne peut mou-
Maitre Voigt se retourna.
Une seconde sufSt à la main agile d'O-
benreizer pour faire avancer le régulateur
du chiffre 1 au chiffre 3: A ni oins qU6 le
notaire; regardant de nouveau le cercle
d'acier, ne s'aperçût de ce changement, la
porte allait s'ouvrir à huit heures du soir,
et personne, Obenreizer excepté, n'en sau-
rait rien.
Je n'ai point vu remuer ces boîtes,–
dit Maître Voigt: Vos chagrins, mon
fus, vous ont ébranlé les nerfs. Vous avez
vu l'ombre projetée par le vacillement de
ma bougie. Ou bien encore quelque pauvre
petit coléoptèrë qui se promène au milieu
des secrets du vieil homme de loi. Ecou-
tez j'entends votre camarade, l'autre clerc
dans l'étude. A l'ouvrage Posez aujour-
d'hui la première pierre de votre nouvelle
fortune <
îl poussa gaiement Obenreizer hors de la
chambre noire; avant d'éteindre sa lu-
mière, il jeta un dernier regard de tendresse
sur son horloge, un regard qui ne s'ar-
rêta pas sur le régulateur, et referma
la porte de chêne derrière lui.
A trois heures, l'ëUlde était fermée. Le
notaire, ses employés, et ses serviteurs se
rendirent au tir à la carabine. Obenreizer,
pour s'excuser de les accompagner, avait
fait entendre qu'il n'était'point d'humeur à
assister aune tête publique. 11 sortit, on ne
le vit plus; on pensa qu'il faisait au loin
quelque promenade solitaire.
A peine la maison était-elle close et dé-
serte, qu'une garde-robe s'ouvrit, une
garde-robe reluisante, qui donnait dans
le cabinet reluisant du notaire. Obenreizer
en sortit. Il s'approcha d'une croisée, ou-
vrit les volets, s'assura qu'il pourrait
s'évader, sans être aperçu par le jardin,
rentra dans sa chambre, et s'assit dans le
fauteuil de Maître Voigt. Il avait cinq heu-
res à attendre.
Il tua le temps comme il put, lisant les
livres et les'j&urnaux épars sur la table,
tantôt refléchissant, tantôt marchant de
rir. La nature se transforme et ne fait que
changer de mode d'existence.
Advienne que voudra créature dégéné-
rée, Roi malfaisant, je te refuse obéissance.
Dussé-je composer à moi seul toute l'oppo-
sition, je protesterai contre ta Souveraineté
et je proclamerai l'égalité de toutes les
créatures devant le Créateur.
Cela fera toujours pour les amateurs une
république de plus.
Un grand philosophe, Thomas Virloque,
l'a dit le monde! C'est tout mangeurs
et mangés. Les enfants, qui sont d'admira-
bles philosophes aussi, le pressentent bien,
allez 1
J'ai reçu ce matin la visite d'un bambino
charmant. Il venait me remercier d'un ca-
deau que je lui ai fait les fables de la
Fontaine illustrées par G. Doré. Et comme
il se récriait sur l'injustice du sort qui jette
le mouton sans défense entre les dents du
loup, je crus faire merveille en répliquant
Si les choses se sont passées ainsi,
vois-tu, Charlot, c'est que le mouton avait
été très méchant.
Oui, je comprends, reprit le petit.
Comme il a été méchant, c'est le loup qui
l'a croqué.
Tandis que s'il avait été bon.
C'est nous qui l'aurions mangé.
Sortez de là.
J'ai bien fait de changer de fenêtre.
J.oseph ?
Monsieur,
Voyez-vous une lettre sur le trottoir?
on vient de la laisser tomber. Descendez
quatre à quatre et ramassez la. Vous cher-
cherez ensuite un jeune homme blond
pantalon gris, gilet blanc, cravate bleue,
et vous la lui remettrez. Il vient de tour-
ner la rue de Grenelle.
Joseph rentre essoufflé. Il a trouvé la
lettre, mais il n'a pas trouvé le monsieur.
J'ai lu la missive égarée et je l'ai trouvée
si touchante que je la publie. De cette fa-
çon, celui qui l'aura perdue saura à qui la
réclamer.
Monsieur,
Comment avez-vous pu croire que je vous
répondrais ? Mon premier mouvement a été
de déchirer votre lettre, puis j'ai réfléchi qu'il
valait, mieux que je la gardasse. Je la lis à
chaque instant pour me rappeler l'injure que
vous m'avez faite et le soin que je dois appor-
ter à ne m'y plus exposer.
Vous osez me demander un rendez-vous
c'est le comble de l'imprudence Je rougis
chaque fois que j'y pense..Je compte que
vous ne vous trouverez jamais sur mon che-
min et pour'éviter toute rencontre fortuite,
apprenez que je sors tous les jours à deux
heures pour aller chez ma mère. Je prends la
rue Saint-Honorë, la rue Duphot, les boule-
vards jusqu'à la Chaussëe-d'Antin, je m'ar-
rête au numéro 39. C'est là que demeure ma
mère. Je reviens a 4 heures par le même chemin
et prends toujours à droite. Je ferai en sorte
d'être seule à l'avenir, ne voulant pas m'ex-
poser a être insultée par vous en présence
d'une personne sur la discrétion de laquelle
je ne pourrais pas absolument compter.
J'agis de la sorte par respect pour mon
mari, dont vous n'avez pas l'air de vous sou-
cier et que j'aime tant.
Je n'ai pas peur de vous; je vous le
prouverai bien si jamais nous sommes seuls.
Je serais heureuse de penser que vous n'a-
long en large, suivant sa chère coutume
Le soleil enfin se coucha.
Obenreizer referma les volets avec soin
avant d'allumer la bougie. Le moment ap-
prochait il s'assit, montre en main, guet-
tant la porte de cliene.
A huit heures, doucement, lentement,
sans bruit., comme poussée par une main
invisible, la porte s'ouvrit.
Il lut., Full après l'autre; tous les noms
inscrits sur les boîtes de bois. Nulle part
ce qu'il cherchait Il écarta la rangée
extérieure et continua son examen.
La, 16s boîtes étaient plus vieilles, quel-
ques-unes même ~ort, endommagées. Lea
quatre premières portaient leur nom écrit
en français et en allemand; le nom de la
cinquième était illisible. Obenreizer la
prit, l'emporta dans l'étude pour l'exami-
ner plus a l'aise. Miracle! sous une cou-
che épaisse de taches produites par la
poussière et par le temps, il lut
VENDALE
La clef tenait par une ficelle a une boite.
Il ouvrit, tira quatre papiers détachés, les
posa sur la table et commença de les pal-
courir.
Tout à coup, ses yeux animés par une
expression d'avidité sauvage se troublè-
rent. Un cruel désenchantement, une
surprise mortelle se peignit en même
temps sur son visage blêmi. Il mit sa
tête dans ses mains pour réfléchir, puis
il se décida, prit copie de ces papiers
qu'il venait de lire, les remit dans la boite,
la boîte à sa place, dans la chambre noire,
referma la porte de chêne, éteignit la bou-
gie, et s'esquiva par la croisée.
Tandis que le voleur, le meurtrier, fran-
chissait le mur du jardin, le notaire, ac-
compagné d'un étranger, s'arrêtait devant
sa maison, tenant sa clef dans la main.
De grâce, monsieur Bintrey, –disait-
dresserez à. aucune autre femme une injure
semblable à celle que j'ai reçue de vous et qui
m'a si fort impressionnée.
Je ne me doutais guère, en revenant de
la poste restante, où je vais tous les jours re-
tirer des lettres adressées à Mme L. B., 174 4
(une de mes amies), que je recevrais un bil-
let de vous, et adressé d'une façon aussi im-
prudente. Maintenant que je vous ai dicté
votre conduite, j'espère qu'e vous ne'm'expo-
serez plus comme vous l'avez fait.
Vous me dites que vous m'aimerez quand
môme aimez-moi tout à votre aise, je ne
puis pas vous en empêcher: mais quoi qu'il
advienne, monsieur, sachez-le bien, mon
mari continuera à être ce qu'il a toujours été
depuis notre mariage.
Vous savez maintenant a. quoi yous en
tenir.
L. B.
Courage, vertueuse épouse, courage.
Monsieur MAxmE.
M. Rochefort nous répond quelques mots
dans son dernier numéro.
Ce n'est pas*, comme il semble le croire, ses
idées politiques qui sont peu de notre goût,
c'est son absence d'idées politiques qui nous
confond.
« J'ai eu plusieurs fois dans ma vie, nous dit
M. Rochefort, ce que l'on est convenu d'appe-
ler des « affaires, )) et jamais, veuillez le re-
marquer, jamais pour des questions particu-
lières.
Ce qui n'est pas prive 3st public, ce qui
n'est pas public est privé il n'y a pas moyen
de sortir de là. Puisque M. Rochefort ne s'est
jamais battu pour des choses privées, qu'il
veuille bien nous rappeler à propos de quel
épisode de la vie politique et militaire du
jeune prince Achille Murât, par exemple,
celui-ci a eu l'honneur de croiser le fer avec
lui.
Selon M. Rochefort~M. de Pêne a avoué
qu'il n'avait aucune opinion politique.
M. de Pêne a écrit ceci « Je ne suis ni ré-
publicain, ni bonapartiste, ni légitimiste. Je
suis pour la paix, l'ordre, la liberté, la sagesse
et l'honneur. »
Si déclarer qu'on préfère la chose au motet
qu'après l'expérience faite en France de toutes
les formes de gouvernement, il n'en est au-
cune pour laquelle on se sente une tendresse
excessive, c'est n'avoir pas d'opinion, cela re-
vient à dire qu'il, n'y a que les aveugles qui
aient des yeux. H. DE PÈNK.
CE OU! SE PASSE
L'Empereur est parti de Fontainebleau ce
matin à dix heures et demie; il arrivera à
Plombières à six heures trois quarts.
La suite de l'Empereur se compose du gé-
néral de Béville, aide de camp; comte Davil-
lier Regnauld de Saint-Jean d'Angély, pre-
mier ecuyer les capitaines de Creny et de
Lasalle, officier d'ordonnance, et du gênerai
Lepic, surintendant du Palais.
Le due de Montpensier est eu ce moment, a
Lisbonne avec l'infante sa femme et. leurs en-
fants il veut, dit-on, être & portée de surveil-
ler les événements qui se précipitent en Es-
pagne en même temps que le déplacement
d'une fortune considérable qui ne peut s'opé-
rer que longuement et difficilement.
il, ne passez pas devant chez moi sans
me faire l'honneur d'y entrer. C'est pres-
que un jour de fête dans la ville. le jour
de notre tir. mais tout mon monde sera de
retour avant une heure. N'est il pas plai-
sant que vous vous soyez justement
adressé à moi pour demander le chemin
de l'hôtel. Eh bien, buvons et mangeons
ensemble, avant que vous ne vous y ren-
diez.
Non, pas ce soir,- répliqua Bintrey,
je vous remercie. Puis-je espérer de
vous rencontrer demain matin vers dix
heures ?
Je serai ravi de saisir l'occasion la
plus prompte de réparer, avec votre per-
mission, le mal que vous faites à mon cli-
ent onensé, répartit le bon notaire.
Oui, oui, fit Bintrey, votre client
onensé C'est bon mais un mot à l'oreille,
Monsieur Voigt.
Il parla pendant une seconde à v&ix
basse et continua sa route. Lorsque la
femme de charge du notaire revint à la
maison, elle le trouva debout devant la
porte, immobile, tenant toujours sa clef à
la main et la porte toujours fermée.
VICTOIRE DOBENRKIZËR.
La scène change encore une fois. Nous
sommes au pied du Simplon, du côté de la
Suisse.
Dans l'une des tristes chambres de cette
triste auberge de Briey étaient assis
M. Bintrey et Maître Voigt.
Ils étaient un conseil, suivant les ha-
bitudes de leur profession, un conseil
composé de deux membres. M. Bintrey
fouillait sa boite à dépêches Maître Voigt
regardait sans cesse une porte fermée,
peinte en une certaine couleur brune qui
se proposait d'imiter Faeajoù.
Cette porte s'ouvrait sur la chambre
voisine.
L'heure n'est-elle pas arrivée Ne de-
vait-il pas être ici, fit le notaire, qui
Si les troubles continuaient à Madrid, le duc
quitterait alors Lisbonne, et après avoir ins-
tallé sa femme à Twickenham, se rendrait
auprès du roi Léopold.
On marie beaucoup en ce moment le duc
Robert de Parme.A ce propos, nous avons vu
hier à Paris son grand-père, qui en abdiquant
en faveur du dernier duc, mort assassiné, a
pris le titre de comte de Villafranca. On le d~t
très favorable au courant unitaire et libéral
dans lequel l'Italie semble et.re entrée!
C'est ce soir que M. Piëtri, préfet de police,
quitte Paris avec sa famille pour se~endre au
Mont-Doré, ou les journaux mal informes le
disaient fixé depuis quelque temps. 1,
Voici un exemple de courage civique quç
l'on ne saurait trop admirer.
M. Emile Tedesco est l'auteur d'une polka:
Z~M~ qu'il a dédiée à, M. Henri Roche-
fort. Le titre, par sa disposition, rappelle la.
couverture des fameux petits livres rouges.
Un de nos principaux éditeurs avait laissé
mettre son nom sur cette polka et l'exposait
a sa montre. Puis il eut peur de cet acte révo-
lutionnaire.
La lanterne-polka a disparu de son étalage,
et à présent, au lieu de chez un tel, on lit
chez tous les éditeurs.
Un gentilhomme, père d'une charmante
jeune femme à laquelle la chronique avait
prêté gratuitement une place dans le wagon
des .Fw~c~ du mois dernier, vient de partir'
pour la Belgique avec la gouvernante de ses
enfants.
Voilà un père dévoue Il fallait à tout prix
débarrasser ses enfants d'une institutrice mal
choisie. Il l'enlève pour qu'elle leur soit en-
levée.
II y a eu, hier soir, réception chez Rossini,
& Passy.
La grande cantatrice Alboni s'est fait, en-
tendre et applaudir par une société de dilet-
tanti dans l'andante de
Nous apprenons avec regret que le comte
Louis de Colobiano, qui s'était créé, à. la lé-
gation d'Italie à Paris où il occupait le poste
d'attaché, de sérieuses sympathies dans le
monde parisien, doit être envoyé par sou
gouvernement à. Washington, en qualité de
secrétaire.
M. de Colobiano est depuis quelque temps
déjà en Italie, où il avait été appelé par la,
mort du comte, son père.
Lassouche, le comique que vous connaissez,
prépare une pièce: .PoM QM!C%o~, avec un
rôle important pour Mlle Lasseny, retour de
Russie.
Lassouclie est bien gentilhomme, ne peut-
il pas être auteur dramatique?
J'ai rencontré M. Strakosch ~Maurice) hier.
àParis.
La Manche ne voit que lui depuis quelque
temps il la traverse comme nous traversons
le macadam du boulevard. Bientôt il aura,
nouveau colosse de Rhodes, un pied à Lon-
dres, l'autre à Paris.
Il nous a confirme que le mariage de sa
divine belle-sœur allatt avoir lieu ces jours-ci.
C'est demain, 20, que Mme Strakosch et,
changea la direction de son regard pour
examiner une seconde porte à l'autre bout
de la chambre.
Celle-là était peinte en jaune et se pro-
posait d'imiter le bois de sapin.
Il est ici! répliqua Bintrey, après
avoir écouté un moment.
La porte jaune fut ouverte par un valet.
qui introduisit Obenreizer.
Il salua Maître Voigt en entrant, avec
une familiarité qui ne causa pas peu d'em-
barras au notaire; il salua Bintrey avec
une politesse grave et réservée.
Pour quelle raison m'a-t-on fait venir
de Neufchâtel au pied de cette montagne ?.
demanda-t-il en prenant le siége que-
l'homme de loi Anglais lui indiquait.
Votre curiosité sera complètement
satisfaite avant la fin de notre entrevue,
répliqua Bintrey. Pour le moment, vou-
lez-vous me permettre un conseil ?. Oui.
Eh bien allons tout droit aux anaires. Je
suis ici pour représenter votre nièce.
En d'autres termes, vous, homme de
loi, vous êtes ici pour représenter une in-
fraction à la loi.
Admirablement engagé, s'écria
l'Anglais, si tous ceux à qui j'ai aiTaire
étaient aussi nets que vous, que ma pro-
fession deviendrit aisée Je suis donc ici
pour représenter une infraction à la loi.
Voila votre façon à vous d'envisager les
choses mais j'ai aussi la mienne et je vous
dis que je suis ici pour essayer d'un com-
promis entre votre nièce et vous.
Pour discuter un compromis, in-
terrompit Obenreizer, la présence des
deux parties est indispensable.Je ne
suis pas l'une de ces deux parties. La loi
me donne le droit de contrôler les actions
de ma nièce jusqu'à sa majorité. Oj, elle
n'est pas majeure. C'est mon autorité que
je veux.
En ce moment, Maître Voigt essaya
de parler. Bintrey, de l'air de compatis-
sante indulgence qu'on emploie envers les
enfants gâtés, lui imposa silence.
–Non, mon digne ami, non, pas ua, v
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