Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-07-07
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 juillet 1868 07 juillet 1868
Description : 1868/07/07 (Numéro 3). 1868/07/07 (Numéro 3).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k519139g
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/01/2008
DIrectenrs-Géranta
H. DE PENE EDMOND TARBE `
'LE NUMÉRO "15 CENTIMES
AB
t!t An, 54 fr. Six mois, ~7 fr. Trois mois, ') 3 fr. 80
ANNONCES. ~J"~T"
MM.Ch.)La~)f&nge,CerfetC'6,PjLACEDEl.ABQCK~
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~) LITTERAIRE ET POLITIQUE
Dïrectecrs-Géranta
H. DE PÊNE–EDMOND TARBË
LE NUMERO 20 CENTIMES
ABOMMEME~TS (Département)
Cn An, 64 fr. Six mois, 3~! fr. Trois mcisj 16 &.
ANNONCES
MM. Ch. ~agrange, Cerf et C-, 6, PLACE DE LA BOUR~
AdBtimistrattom: a?, fne de EUchetten.
1 1"- année. MARDI 7 Juillet 1868. N"3. j
à 1- ~j t
Rédaction i3 rue de !a Cramge-BateUére y
De~ctrcon~Mces ~epe~an~ de no-
tre t~o~e MOM~ /brce?!< reme~re a c~'
?Kam ~'ay~'c~ de ~f. Ne/M'~ de /'èKe
LE GAULOIS A GUERNESEY
V)S)TE À VtCTOR HUGO
Î'A t~TN A~~ ÎP~TR~S
M ~ii& MA LRiiiiM
1
Créer un journal n'est guères plus diffi-
cile que d'ouvrir un théâtre ou de fonder
un empire. C'est toujours le même pro-
blême conquérir l'opinion, et demander
au public séduit sa faveur, ses bravos et
son argent; beaucoup de bravos et encore
plus d'argent. De ces trois entreprises, la
plus aisée, sans contredit, c'est la dernière
on a peu de concurrents, et on a pour soi
tous ceux qui veulent faire fortune ou at-
traperune décoration sans la mériter: c'est
l'immense majorité dans notre beau pays.
Pour faire réussir un journal~u un théâtre,
il faut bien un autre génie. La concurrence
est effrénée, les ténors sont hors de prix,
les .P~WM~P~M se cotent sur la place
presque aussi haut que les Elleviou, et
n'en a pas qui veut. Quant au public, c'est
un vieillard routinier et blasé, qui ne com-
mence à s'attacher aux ingénues que lors-
qu'elles perdent leurs cheveux, et aux
journaux quë'iorsqu'iisperdentleurs dents.
Qui peut, d'ailleurs, calculer les fantaisies
de ce despote plus capricieux que le Sultan
des Mille et ??6 ~V?< Hier, rien ne lui
plaisait; aujourd'hui, il lui faut du scan-
dale demain, il est capable d'aimer l'esprit;
après-demain, que lui faudra-t-il?
N'y a-t-il donc aucun moyen d'amuser à
coup sûr ce maître difficile ? Peut-être.
Nous sommes dans le siècle des inven-
tions, et qui sait s'il n'est pas réservé au
6~~0M de faire cette précieuse découverte ?
Nous sommes le peuple le plus spirituel
de la terre C~CM% sait c~ comme dit la
chanson. Ce que chacun sait aussi, à force
de l'avoir répété, c'est qu'il y a quelqu'un
en France qui a plus d'esprit que Voltaire,
et ce quelqu'.un, c'est tout le monde
Monseigneur tout le monde, le véritable
souverain dans un pays de suffrage uni-
versel.
Cet axiome qu'on cite à tout propos,
sans le comprendre, a été pour nous une
révélation, l'œuf de Christophe Colomb
Puisque ~o~ WMM~ a' tant d'esprit,
pourquoi ne pas le charger de faire le jour-
nal qui doit plaire à. ~OMi!' le ?/M~e ? Un
pauvre diable d'écrivain obligé d'amuser
îe public à heure fixe, est quelquefois mal
disposé, triste, ennuyé, sans idées; il en
est tout autrement du seigneur tout le
monde. Il est toujours content de lui-
même, il ne fait ni ne dit jamais de sottises,
et enfin il est plus infaillible que le pape.
Quand tout le monde "a tort, tout le
monde a raison, dit un proverbe français.
Et les proverbes sont la sagesse des na-
tions, tout le jnonde le dit.
.Voilà notre découverte; elle est tout sim-
plement merveilleuse et fait pâlir 1'
d'Archimède, quoique nous ne courrions
pas en chemise ou sans chemise, pour l'an-
noncer dans la rue. Seulement nous pré-
venons les jaloux que nous sommes en
instance pour obtenir un brevet d'inven-
tion, et que nous poursuivrons sans pitié
les contrefacteurs.
Et le moyen d'exécution, dira-t-on ?
C'est làque triomphe l'admirable simplicité
de notre machine. Elle marche toute seule,
FenîMeten du €A!!M!S da 7 juillet 18S8.– ]!° 3
UABIME
PAR
CHARLES DICKENS (1)
PREMIER ACTE,
(suite)
Elle s'interrompit elle-même et laissa sa
phrase inachevée. Ses yeux se détour-
naient de son maître et se dirigeaient vers
la cheminée et vers ce portrait de femme.
Si Wilding n'eût pas tenu désormais pour
certain que Mme Goldstraw était une per-
sonne expérimentée et sérieuse, il eût pu
croire que ses pensées s'égaraient un peu
depuis le commencement de cet entre-
tien.
Je déjeûne à huit heures,–dit-il;
j'ai une vertu et un vice jamais je ne me
fatigue de lard grillé et je suis extrême-
ment difficile quant à la fraîcheur des
œufs.
Le regard de Mme Goldstraw se reporta
enfin vers lui, mais à défaut de son regard,
l'esprit de la femme de charge était encore
partagé entre son maître et le portrait.
Je prends du thé,–continua Wilding,
et peut-être suis-je un peu nerveux et
enclin à l'impatience lorsque je le prends
trop longtemps après qu'il a été fait. Si
mon thé.
Ce fut à son tour de s'arrêter tout net et
de ne point achever sa phrase. S'il n'avait
(1) Toute reproduction interdite.
elle fait d'elle-même la rédaction, et sup-
prime les rédacteurs, j'entends par là ceux
qu'on paie. Il suffit de dépouiller chaque
matin la correspondance et de publier les
lettres qui sont de nature à instruire ou à
égayer le lecteur. H y en a de spirituelles,
d'aimables d'extravagantes, de scanda-
leuses, de bêtes, c'est dire qu'il y en a
pour tous les goûts. Choisir n'est même
pas nécessaire, il n'y a point de niaiserie
si solennelle, ni de paradoxe si bizarre qui
n'ait chance d'aller à son adresse, et de
trouver un admirateur. Bien fou qui veut
être plus sage que tout le monde, et qui
prétend lui choisir les morceaux
Ce qu'il y a de plus beau dans cette trou-
vaille sans pareille, c'est que, depuis cent
ans, rien n'était plus aisé que de la faire,
et que personne ne l'a faite. Il y a une
heure pour les grandes découvertes, et
c'est le génie qui la sonne. Depuis six mille
ans et plus, les pom-aies tombaient des ar-
bres sans étonner'personne; Newton parut,
et dans cet accident de tous les jours il dé-
couvrit le système du monde. Chaque ma-
tin les directeurs de journaux, grands ou
petits, jettent au panier les lettres qui fon-
dent sur eux de tous les points de l'horizon;
mais voici le 6'oM qui paraît, et sous sa
main, ce papier dédaigné se change en or.
Pour le dire en passant, et sans nous van-
ter, c'est une invention un peu plus admi-
rable que celle de nos grands nnanciers, qui
ont pris l'or de tout le monde et l'ont changé
en papier, sinon pour eux, au moins pour
leurs excellents actionnaires.
Déjà, sur la seule annonce de notre jour-
nal, il pleut des lettres dans la boite du
6*ront d'échantillon. On verra combien tout
le monde est plaisant quand tout le monde
se mêle de faire de l'esprit.
A .Z)M'<'C~' <~M GAULOIS.
Ma petite vieille,
Tu ne me connais pas; mais je te connais.
Il y a sur l'asphalte de Paris cent ou deux
cents hommes d-'esprit, ou autres, que je tu-
toie ~t dont'jene saispas les noms, tu dois être
de ceux-là. Aussi je veux te rendre un ser-
vice d'ami, je t'apporte ma collaboration.
« II te faut une chronique. Un journal sans
chronique, c'est une jolie femme qui n'a pas
de dents. (Tudieu! le mot est piquant, je le
garde pour mon premier article.) Or, la chro-
nique, c'est mon fait. Depuis dix ans, je four-
nis de scandales et de bons mots la province
et l'étranger; il me tarde de paraître sur une
scène plus digne de moi.
« Je sais tout ce qui intéresse le vrai Paris,
le Paris des théâtres, des courses et du lans-
quenet. Il n'est pas un cercle, pas une écurie,
pas un'boudoir où je n'entre à toute heure. Il
n'est pas une bête qui ait paru sur le ~M'y, et,
ce qui est plus difficile, pas une cocotte dont
je n'aie la généalogie. Je connais leur âge,
leurs jockeys, leurs amants;jje sais quand elles
changent de nom ou de propriétaire, je note
jour par jour la hnesse de leurs jambes ou la,
couleur de leurs cheveux. En deux mots,
j'entends tout, je vois tout, je dis tout' Je suis
un adorable indiscret.
« Ajoute à cela que j'ai une science pro-
fonde du dix-huitième siècle, avec ses élégan-
ces raffinées et ses charmantes infamies. J'ai
vécuavecRichelieu, avec laGuimard.laDu Thé,
et autres drôlesses monarchiques; je suis ta-
lon rouge et marquis je lance au besoin l'a-
necdote gaillarde,de façon à réveiller même
les gens qui ont bien dtnë. Essaie de mon
talent, ma vieille, et tu verras ce qu'on ven-
dra de G*ne te dis que ça.
<' Du reste avec moi rien à craindre pour le
journal; je suis au mieux avec toutes les puis-
sances. Monarchique, catholique et polisson,
je ne blesse personne qui tienne à quelque
chose et ceux que je scandalise sont les pre-
miers à fermer les yeux. Dans notre belle
France, il y a un dieu pour les mauvais su- 1
jets, pfus encore que pour les ivrognes, et, si
j'en crois ma tante la dévote qui a beaucoup (
d'expérience, je suis un grand mauvais sujet.
Aussi me sera-il beaucoup pardonné dans i
ce monde en attendant l'autre. 1
« Adieu, ma vieille, répond-moi au plus vite.
A Gaulois il faut de l'esprit gaulois, et pour 1
la gaudriole je n'ai pas mon pa,rel.
GALAOR. c
pas été engagé dans la discussion d'un
sujet aussi intéressant que. celui-là,
Mme Goldstraw, en vérité, aurait pu
croire que ses pensées; à lui aussi, com-
mençaient à s'égarer.
Si votre thé attend, monsieur?.
reprit-elle,–renouant poliment le fil perdu
de ce bizarre entretien.
Si mon thé?. répéta machinale-
ment M. Wilding.–II s'éloignait déplus en
plus de son déjeûner ses yeux se fixaient
avec une curiosité croissante sur le visage
de sa femme de charge. Si mon thé L..
Mon Dieu, Madame Goldstraw, quels sont
donc ces allures et ce son de voix que j'ai
connus et que vous me rappelez. Ce souve-
nir me frappe aujourd'hui plus fortement
encore que la première fois que je vous
ai.vue. Quel peut-il être? 7
–Quel peut-il être?–répéta Mme Golds-
traw.
Ces derniers mots, elle les avait dits de
l'air d'une personne qui songeait, en les
prononçant, à toute autre chose. Wilding,
qui ne cessait point de l'examiner, remar-
qua que ses yeux erraient sans cesse du
côté de la cheminée. Il les vit se fixer sur
le portrait de sa mère. En même temps
les sourcils de Mme Goldstraw se contrac-
tèrent légèrement comme si elle faisait à
cet instant un effort de mémoire dont elle
avait à peine conscience.
Feue ma pauvre chère mère, lui
dit-il, quand elle avait vingt-cinq ans.
Mme Goldstraw le remercia d'un geste,
pour la peine qu'il venait de 'prendre en
lui nommant l'original de cette peinture,
Son visage aussitôt se rasséréna. Elle
ajouta poliment que ce portrait était celui
d'une bien jolie dame.
Wilding ne lui répondit pas. Il était déjà
retombé dans cette perplexité qui le tour-
mentait depuis une heure et dont il ne pou-
vait plus se défendre. Encore une fois il
tenta de rassembler sa mémoire. Où donc
avait-il vu cet air de figure, où donc avait-
il entendu ce son de voix que Mme Golds-
traw lui rappelait si exactement?
Gardez vos honnêtes propositions,
M. Galaor. Restez le Dangeau des cocottes,
et l'historiographe de la vie parisienne. Le
6' le public, sur lequel il compte, n'est ni
assez usé, ni assez. blasé pour prendre
goût à vos gentillesses. Repassez dans cin-
quante ans, on verra.
!?
Voici une seconde lettre signée MM'~M-
~M~ de ~M~~ë ~M' Le style ne man-
que pas d'une certaine énergie.
Citoyen,
Ton titre est beau,promet un Vercingétorix, un ennemi de César,
bravo!
Mais si tu veux plaire à la.jeunesse des
Ecoles, à la France de l'avenir, il faut autre
chose que des mots. Nous en avons assez des
avocats de toutes les couleurs.
Quelle est ta profession de foi! Réponds car-
rément. Songe que l'humanité nouvelle en a
fini avec les vieilles erreurs. Nous ne voulons
plus ni de Dieu, ni d'âme, ni de gouverne-
ment. Avec ses coquelicots et son être su-
prême, Robespierre nous fait rire; c'est un
"capucin. Nous sommes Biderotistes, Holba-
chistes, Hëbertistes qu'es-tu?
Citoyen, nous sommes journalistes.
Troisième lettre celle-là, est écrite
d'une main tremblante, sur beau papier
avec des pattes de mouche.
A la bonne heure. Voilà un corres-
pondant qui n'a pas oublié la vieille poli-
tesse française.
Honoré Monsieur,
A un excellent journal comme le vôtre il
faut un ë~M~M'. Aujourd'hui il n'est pas de
feuille qui se respecte, qui n'ait son terrible
Savoyard ou son invincible Marseillais. Je
m'offre à remplir ce rôle délicat, et je me crois
quelques dispositions à le jouer avec succès;
je suis Auvergnat; d'un coup de poing je
tuerais un bœuf, et j'ai la mâchoire encore
plus forte que le bras. Je possède à fond le
C~~C~MMg JMZ.M< OU ~0;~ ~6 ~M~M~'
,? d'injures je ne crains personne.. Jetez-moi
dans les mains qui vous voudrez: je l'empoi-
gnerai de la bonne façon et je le tomberai.
Fut-il blanc comme neige, je le roulerai si
bien dans la boue que je le rendrai aussi sale
et aussi noir que moi au grand amusement
du public. J'appellerai Musset, navet Hugo,
poireau; Lamartine, aubergine, ~et j'aurai
pour moi tous les imbéciles. Vous savez que
l'Ecriture a dit .y~~o~MM mMM~'M.? <~ ~t/f-
M~!M; tirez-en la conclusion dans l'intérêt
de vbtre journal.
N'étant pas assez riche pour me permettre
le luxe d'une conviction politique, je ne se-
rai pas gênant. J'abimerai qui vous voudrez,
et je ne demande pas plus de cinquante francs
par article. La modestie de mes prétentions
vous prouvera tout au moins combien j'ai
l'âme généreuse. Ce n'est pas par intérêt,
c'est par plaisir que j'abats ceux qui s'élèvent,
et que je les rappelle à la sainte loi de l'é-
galité.
Honoré monsieur, veuillez être assez bon
pour me favoriser d'une réponse.
Poste restante, sous les lettres, J. F.
Passez votre chemin, J.-F. quand vous
vousappelliezBasile,onvousadëjàdonné.
une volée déçois vert. x
Quatrième lettre. Caractères minces et
délies, tracés d'une main hardie.
Monsieur le Gaulois,
Je suis américain, citoyen d'Ithaque dans
l'Etat de New-York. Venu à Paris pour la
grande exhibition, je me suis trouvé si bien
dans votre ville que je ne sais plus quand j'en
sortirai. J'admire la propreté de vos rues,
l'excellence de votre police, la beauté de vos
promenadef'Votre peuple est aimable et poli,
les hommes sont affables pour les étrangers,
les femmes sont mises comme de jolies pou-
pées, et elles ont une façon de parler, de rire,
de cligner les yeux qui me plait beaucoup
–Pardonnez-moi, dit-il, si je vous
fais une nouvelle question, qui n'a trait ni à
mon déjeuner ni à moi-même. Puis-je vous
demander si vous n'avez jamais occupé
d'autre position que celle de femme de
charge ?
Si vraiment,–répliqua-t-elle,–j'ai
débuté dans la vie d'une tout autre ma-
nière. J'ai été gardienne à l'hospice des
Enfants Trouvés.
J'y suis s'écria Wilding en repous-
sant violemment son fauteuil et en se le-
vant. Par le ciel ce sont les façons de
ces excellentes femmes que les vôtres me
rappellent si bien
Mme Goldstraw le regarda d'un air stu-
péfait et pâlit. Elle se contint pourtant,
baissa les yeux et se tut.
Qu'y a-t-il? demanda Wilding.
Quelle est votre pensée ?
Monsieur, balbutia la femme de
charge,– dois-je conclure, de ce que vous
venez de dire, que vous ayez été aux
Enfants Trouvés ?
Certainement s'écria-t-il. Je ne
rougis pas de l'avouer.
Vous avez été aux Enfants?. Sous le
nom que vous portez aujourd'hui ? `?
Sous le nom de Walter Wilding.
Et la dame?.
Mme Goldstraw s'arrêta court, regardant
encore le portrait. Ce regarni exprimait
maintenant, à ne point s'y méprendre, un
vif sentiment d'alarme.
Vous voulez parler de ma mère,
dit Wilding.
Votre mère,– répéta-t-elle d'un air
contraint, votre mère vous a retiré de
l'Hospice. Quel âge aviez-vous alors,
monsieur ?
Onze ans et demi. Madame Goldstraw.
Oh! c'est une aventure romanesque.
Il raconta l'histoire de la dame voilée
qui lui avait parlé à l'Hospice, pendant le
dîner des Enfants et tout ce qui avait suivi
cette rencontre. Il nt ~e récit de ce ton
communicatif, avec cet air de simplicité
qu'il employait en toutes choses.
je me crois toujours à la comédie. En deux
mots tout me paraît charmant à Paris: il n'y
a qu'une seule chose que je ne comprends
pas, et que je. vous prie de m'expliquer, c'est
ce que vous appelez votre administration.' »-
J'assistais l'autre jour à une séance du
Corps législatif. On y discutait sur le troi-
.sième réseau des chemins de fer. Chaque dé-
puté tirait un projet de sa poche, et tendait
des mains suppliantes au ministre, qui en-
courageait les uns et repoussait les autres, du
ton dont on fait l'aumône aux mendiants.
Dites-moi, Monsieur G'awJo~, est-ce que
les chemins de fer se font en France avec l'ar-
gent du Mexique? Si les français paient la'
dépense, est-ce qu'ils ne sontpas assez grands
pour faire eux-mêmes leurs chemins de fer en
s'associant*? Est-ce que les ministres ont le
droit de prendre l'argent de tous pour en
obliger ceux qui leur plaisent et pour vexer
ceux qui ne leur plaisent pas? Tirez-moi de
ce doute, je vous prie, car je voudrais voir
clair dans vos affaires publiques, et je n'y
comprends rien.
ULYSSES SMART,
· au Grand-Hotet.
Sage Ulysse, citoyen d'Ithaque dans l'E-
t~:de New-York, puisque vous logez si
près de la rue de la Paix, ou du moins de
ce qui en reste, rendez-vous chaque matin
sur la place Vendôme et faites quatorze
fois le tour de la grande borne de bronze,
en chantant ces deux vers immortels
Ah qu'on est fier d'être Français
Quand on regarde la colonne
Dès que vous aurez pénétré le sens pro-
fond de ce refrain mystérieux, vous saurez
pourquoi les Américains ne comprennent
rien au gouvernement français et pourquoi
les Français ne comprennent rien au gou-
vernement américain. Et, quand vous le
saurez, noble yankee, ayez la bonté de ne
pas nous le dire, car cela troublerait la
quiétude et le légitime orgueil du premier
peuple de l'univers.
Cinquième lettre
Monsieur,
Ayez la bonté d'insérer, dans le prochain
numéro de votre journal, et de répéter, de
huit jours en huit jours, tous les lundis, la
petite annonce suivante, extraite de la G'a;.?c«de (7o~M0
H. Z..B'. 1,000 10,000 .& Ade ~~c~.
Votre servante,
NETTCHEN.
Pardon, mademoiselle Annette, mais,
si je comprends vos hiéroglyphes alle-
mands, ils veulent'dire:
.Z~M'~ < 2~M'~ ~7~ et ~M?-~M~
~
Et vous voulez que nous mettions de
pareils messages dans notre vertueux jour-
nal, sous prétexte que les gazettes alleman-
des sont farcies de ces correspondances
d'amoureux? Mais, en vérité, ouïes demoi-
selles allemandes sont furieusement inno-
centes, ou les gazettes ne le sont guère et
font un joli métier. Enfin, voilà votre cher
Henri prévenu, mademoiselle, il recevra
vos dix mille baisers sous bande et timbrés,
mais, n'y revenez plus. En France, nous
ne sommes pas de force à supporter cette
sainte simplicité. C'est grand dommage,
pour les chevaliers de la publicité..L'a-
mour, quel beau sujet d'annonces! Pas de
morte-saison, et la certitude qu'iL y aura
toujours foule pour en acheter ou en ven-
dre, à Paris et même ailleurs.
Voici maintenant une lettre de province,
timbre effacé, grosse écriture
Monsieur,
A Villeneuve, au café du 7'nous avons fondé un cercle d'amateurs. On
fait de la littérature et des beaux-arts entre
Ma pauvre chère mère. continua-t-
il, n'aurait jamais pu me reconnaître, si
elle n'avait su émouvoir par sa douleur une
femme de la maison qui eut pitié d'elle,
Cette femme lui promit de toucher du
doigt le petit W aller Wilding, en fai-
sant sa ronde dans ladite. Ce fut ainsi
que je retrouvai ma pauvre chère mère,
après avoir été séparé d'elle depuis que
j'étais au monde. Et, je vous l'ai dit, j'avais
alors plus de onze ans.
Mme Goldstraw écoutait avec attention.
Sa main, qu'elle avait posée sur la table,
retomba inerte et froide sur ses genoux.
Elle regarda fixement son nouveau maître,
et son visage se couvrit d'une pâleur mor-
telle.
Qu'avez-vous, s'écria Wilding,
qu'est-ce que cette émotion veut dire ? De
grâce, savez-vous quelqu'autre chose du
passé ? Avez-vous été mêlée à quelque au-
tre incident qu'on ne m'a point fait connaî-
tre ? Je me souviens .que ma mère m'a
parlé d'une autre personne de la maison,
envers qui elle avait contracté une dette
éternelle de reconnaissance. Lorsqu'elle
s'était séparée de moi à ma naissance, une
gardienne avait eu l'humanité de lui ap-
prendre le nom qu'on m'avait donné. Cette
gardienne, c'était vous.
Que Dieu me pardonne répéta
Mme Goldstraw, c'était moi.
Que Dieu vous pardonne répéta
Wilding épouvanté.–Etqu'avez-vous donc
fait de mal en cette occasion ? Expliquez-
vous, Madame Goldstraw.
Je crois, dit la femme de charge,
que nous ferions mieux d'en revenir à mes
devoirs dans votre maison. Excusez-moi
si je vous rappelle au sujet de notre en-
tretien, Monsieur. Vous déjeûnez donc à
huit heures ? N'avez-vous pas l'habitude de
faire un lunch?.
Un lunch fit Wilding.
Cette terrible rougeur qui avait si fort ef-
frayé, la veille, M. Bintrey, l'homme, de loi,
reparut sur le visage du jeune négociant.
M. Wilding porta la main à sa tête. Visi-
une partie de bësigue ou un domino à quatre.
Nous voudrions une feuille sérieuse le titre
du drions volontiers un abonnement de trois
mois, mais à une petite condition; c'est que
chaque numéro du G'~M~OM contiendrait une
charade ou un logogriphe.
Si vous accueillez ma proposition, qui est
plus sérieuse qu'elle n'en a l'air, obligez-moi,
Monsieur, d'insérer dans le prochain numéro
la charade suivante que j'ai faite de concert
avec trois de mes amis qui sont aussi les vô-
tres.
Qui n'acheté pM mon entier,
Est mon second, et il mérite mon premier.
Les vers ne sont peut-être pas très-riches,
mais ils ne sont pas mal tournés. On rira bien
au .Pe~-C~OM~, avant de deviner que celui
qui n'achète pas le G*mérite des coups de ~<:M~. Il y aura de mau-'
vais chicaneurs, l'apothicaire et le greffier par
exemple, qui prétendront que l'orthographe
n'y est pas; mais qu'importe? L'esprit y est,
c'est'1'essentiel. X. Y. Z.
L'orthographe vaut l'esprit, l'esprit
vaut l'orthographe. Est-on'heureux de vi-
vre en province pour s'amuser à si bon
marché I
Lettre de Paris. Papier doré sur tranche,
écriture bâtarde, majuscules dessinées, un
autographe des anciens jours, une lettre
facile
Monsieur,
Il y a quarante ans, j'étais l'ami de tout ce
que la France comptait de littérateurs distin-
gués, M. Jouy, M. Dupaty, M. Briffault, le
célèbre auteur de A~'M~a, feuCreusé de Lesser
et le gros monsieur E tienne qui avait tant
d'esprit qu'il en donnait au C'OM.~de ce temps-là. J'ai donc quelque connais-
sance des lettres françaises, et je puis vous
donner des conseils qui ne serontpas inutiles
au succès de ce journal.
Croyez-moi, Monsieur, relevez le temple du
goût, renversé par des vandales, et sur ses
autels rétablis, placez le flambeau de la vé-
rité Soyez vifs, mordants, légers, indiscrets
même, mais avec grâce et mesure Que votre
dard soit piquant, mais qu'il ne soit jamais em-
poisonné Respectez l'honneur des hommes
et la pudeur des femmes. Songez que ce sexe
charmant ne pardonne jamais à qui l'ou-
trage n'oubliez pas que, dans notre belle
France, la femme a toujours régné par le
droit de la beauté, et que c'est elle seule, qui
en tout temps a fait la fortune des hommes,
des livres et des journaux.
Semez l'esprit a pleines mains, que chacun
de vos mots étincelle; mais rappelez-vous que
le sel gaulois n'est que le sel attique,sous un
autre nom. Rien de moins français que la
grossièreté et la lourdeur. La devise de l'é-
crivain est celle du sage.
Glissez, mortels; n'appuyez pas.
~MC~Jc des ~MM, ~M
it-
Merci de vos conseils, cher Monsieur,
mais il est plus aisé de les donner que de
les suivre. Quand on aurait à volonté de
l'esprit, du plus fin et du plus délicat, est-il
sûr qu'on plairait au public d'aujourd'hui?
A des buveurs d'absinthe, le bordeaux est
plat, le pomard est amer. A des gens qui
lisent les journaux pour oublier la Bourse
et les affaires, il faut le gros rire de Jo-
crisse ou les romans à sensation. C'est à
coups de poing qu'on les chatouille; si on
leur parle à demi-mot, ils baillent; si on
leur sourit, ils s'endorment. Les Muses
sont obligées de se déguiser en poissardes,
pour se faire écouter des Athéniens de M.
Haussmann. Est-ce la faute des lecteurs? 9
Est-ce la faute des auteurs ? Qui le sait ? 2
Peut-être vaudrait-il la peine d'essayer
s'il n'est pas possible d'amuser honnête-
ment les honnêtes gens. Pour plaire au
public, peut-être n'est-il pas absolument
nécessaire de le traiter comme un sot, un
fat ou un libertin. Nous essaierons.
Terminons ici le dépouillement de notre
correspondance. Si cet essai amuse nos
lecteurs, on pourra le continuer. S'il les
blement il cherchait à remettre un'peu
d'ordre dans ses pensées avant que de re-
prendre la parole.
Vous me cachez quelque chose,
dit-il brusquement à Mme Goldstraw.
–Je vous en prie, Monsieur~ faites-moi
la grâce de me dire si vous prenez un
lunch? repartit la femme de charge.
Je ne vous ferai point cette grâce,
je ne reviendrai pas à notre sujet, Ma-"
dame Goldstraw, entendez-vous, je n'y re-
viendrai pas avant que vous ne m'ayez dit
pourquoi vous regrettez si peu d'avoir fait
du bien à ma mère en cette circonstance
terrible,–s'écria Wilding hors de lui.–Ma
mère m'a parlé de vous avec un sentiment
de gratitude inépuisable jusqu'à la fin de
sa vie, et sacliez bien que c'est me rendre
un mauvais service que de vous taire et de
ne point me répondre. Vous m'agitez, vous
m'inquiétez, vous allez être la cause que
mes étourdissements vont revenir.
11 porta encore la main à son front et de
rouge qu'il était son visage devint violet.
Il est dur pour moi, monsieur, au
moment où j'entre à votre service, il'est
bien dur de vous dire une chose qui pourra
me coûter la perte de vos bonnes grâces et
devotre bienveillance,–répliqualentement t
Mme Goldstraw. Je vous prie seulement
de remarquer, quoi qu'il advienne, que je
ne suis pas libre de ne pas vous obéir.
C'est vous qui me forcez à parler quand
j'aurais été heureuse de me taire, et je ne
rompis le silence que parce qu'il vous alar-
me. Sachez donc que lorsque j'appris à la
pauvre dame dont le portrait est là le nom
sous lequel son enfant ~vait été baptisé, je
manquai à tous mes devoirs. Mon impru-
dence a eu des suites fatales. Mais je vous
diraipourtant la vérité.Quelques mois après
que j'eus fait connaître à cette dame le
nom de son enfant, une autre dame étran-
gère se présenta dans la maison, désirant
d'adopter un de nos petits garçons. Elle
en avait apporté l'autorisation préalable
et régulière elle examina un grand nom-
bre d'.enfants sans se décider en faveur
ennuie, ce sera la preuve que tout le monde
a moins d'esprit que Voltaire'. Par malheur
Voltaire est mort, et au moment où il re-
venait à la mode, M. Havin s'est chargé de
le couler en bronze et de l'enterrer une se-
conde fois. Mais qui sait si Voltaire n'a pas
laissé quelque petits neveux? En cher-'
chant, on en trouvera peut-être. Viennent
donc à nous les gens d'esprit viennent
tous ceux qui ont horreur du commun, du
trivial et du grossier leur place est au
Gaulois. Mais viennent aussi, pour nous
lire, les honnêtes gens. qui entendent la
plaisanterie, et les honnêtes femmes qui ne
sont pas bégueules. Et puissions-nous chan-
ter en chœur le refrain du poète
En avant Gautois et Franc:.
X. NADIË II.
P. S.– Le pseudonyme de notre collaborateur
a été réclame par une personne qui déclare en
avoir pris possession depuis plusieurs années.
Nous ignorions l'existence de M. Nadié, et nos
lecteurs ne sont probab lement pas beaucoup plus `
avancés que nous. Cependant, nous nous incli-
nons devant cette revendication.
Dans tous les cas, il est probable que personne
n'aurait songé à confondre les deux pseudonymes
en présence.
L. ESTOR.
CE OU) SE PASSE
M. Emile de Girardin est, en ce moment,
au château du Val, a quelques lieues de Pa-
ris. A cette distance, il n'en est pas moins
très-entouré par diverses sommités gouver-
nementales.– On lui fait espérer le ministère
de la guerre, dans une combinaison nou-
velle. très-nouvelle même! 1 j,
On commence & parler très-sérieusement,
dans les régions officielles, de la transforma-
tiondu Havre en préfecture: On formerait a
un petit departement avec l'arrondissement.
Le prince de Joinville, le duc d'Aumale et
le duc de Chartres, arrivés jeudi dernier à
Bruxelles, se sont rendus le soir au théâtrs
des Galeries-Saint-Jlubert.
Le lendemain, après s'être longuement
promenëspar la ville, ils ont assisté a la pré-
mière représentation de F~wf. de j~, qui a
eu le plus grand succès.
Les princes sont partis samedi pour Spa,
qu'ils doivent quitter sous peu pour effectuer
un voyage en Allemagne, projeté depuis
longtemps.
!<
Un détail rétrospectif:
La lettre adressée par MM. Pereire à M.
Pouyer-Quertier et publiée par le C~M~M-
de ces Messieurs devait prononcer à la Cham-
bre. L'influence de leurs amis a eu pour ré-
sultat de les empêcher de parler.
Avant-hier a eu lieu en Angleterre une
grande revue de vingt-mille hommes, au.
camp d'Aldershof. La reine Victoria, accom-
pagnée du prince et de la princesse de Hesse,
du prince et de la princesse Christian, de 1&
princesse Louise, sont venus de Windsor
pour passer les troupes en revue. Le prince
de Galles, le duc de Cambridge et le prince
de Teck, venus de Londres, y assistaient
également.
Les grandes manœuvres qui ont été mer-
veilleusement exécutées, avaient attiré une
affluence énorme.
Adda-Menken est dans nos murs. Jus-
qu'alors cette jeune et timide (?) personne
n'avait cherché à se faii'e qu'une célébrité mi-
mique et plastique. Le cheval des Pirates de
tS*<ïo
d'aucun puis, ayant vu par hasard un
de nos plus jeunes babies.un petit gar-
çon aussi. confié à mes soins. Je vous
en prie, tâchez de demeurer maître de
vous, monsieur. Il n'est pas nécessaire de
prendre plus de détours, en vérité. L'en-
fant que la dame étrangère emmena avec
elle était celui de la dame dont voiëi le por-
trait.
Wilding se leva en sursaut,
Impossible s'écria-t-il, que me
racontez-vous là? Quelle histoire absur-
de ?. Regardez ce portrait; ne vous l'ai-je
pas déjà dit? C'est le portrait de ma mère!
Quand cette malheureuse dame, dont
vous me montrez l'image, vint, au bout de
quelques années, vous retirer de l'hospice,
reprit Mme Goldstraw d'une voix ferme,
elle fut victime.et vous aussi, mon-
sieur. d'une terrible méprise.
Wilding retomba lourdement sur son
fauteuil.
Il me semble que la chambre tourne
autour de moi! fit-il. Ma tête!
ma tête!
La femme de charge, tout éperdue, cou-
rut à la fenêtre qu'elle ouvrit, puis à la.
porte pour appeler du secours mais un
torrent de pleurs, s'échappant à grand
bruit des yeux de Wilding, vint heureuse-
ment le soulager. D'un signe, il pria Mme
Goldstraw de ne point le quitter. Elle at-
tendit donc la fin de cette explosion de
larmes. Wilding revint à lui, leva la tête,
et considéra sa femme de charge d'un air
soupçonneux et irrité, avec toute la dé-
raison d'un homme faible 1
Méprise méprise s'écria-t-il, ré-
pétant le dernier mot qu'il avait dit.- Mé-
prise continua-t-il d'un ton farouche.
Et si vous me trompiez vous-même ) 1
Malheureusement,–dit-elle, –je ne
puis avoir commis une erreur. Je vous di-
rai pourquoi dès que vous serez en état de
m'entendre.
Tout de suite! tout de suite!
reprit Wilding. Ne perdons pas un mo-
ment.
H. DE PENE EDMOND TARBE `
'LE NUMÉRO "15 CENTIMES
AB
t!t An, 54 fr. Six mois, ~7 fr. Trois mois, ') 3 fr. 80
ANNONCES. ~J"~T"
MM.Ch.)La~)f&nge,CerfetC'6,PjLACEDEl.ABQCK~
a lt
~) LITTERAIRE ET POLITIQUE
Dïrectecrs-Géranta
H. DE PÊNE–EDMOND TARBË
LE NUMERO 20 CENTIMES
ABOMMEME~TS (Département)
Cn An, 64 fr. Six mois, 3~! fr. Trois mcisj 16 &.
ANNONCES
MM. Ch. ~agrange, Cerf et C-, 6, PLACE DE LA BOUR~
AdBtimistrattom: a?, fne de EUchetten.
1 1"- année. MARDI 7 Juillet 1868. N"3. j
à 1- ~j t
Rédaction i3 rue de !a Cramge-BateUére y
De~ctrcon~Mces ~epe~an~ de no-
tre t~o~e MOM~ /brce?!< reme~re a c~'
?Kam ~'ay~'c~ de ~f. Ne/M'~ de /'èKe
LE GAULOIS A GUERNESEY
V)S)TE À VtCTOR HUGO
Î'A t~TN A~~ ÎP~TR~S
M ~ii& MA LRiiiiM
1
Créer un journal n'est guères plus diffi-
cile que d'ouvrir un théâtre ou de fonder
un empire. C'est toujours le même pro-
blême conquérir l'opinion, et demander
au public séduit sa faveur, ses bravos et
son argent; beaucoup de bravos et encore
plus d'argent. De ces trois entreprises, la
plus aisée, sans contredit, c'est la dernière
on a peu de concurrents, et on a pour soi
tous ceux qui veulent faire fortune ou at-
traperune décoration sans la mériter: c'est
l'immense majorité dans notre beau pays.
Pour faire réussir un journal~u un théâtre,
il faut bien un autre génie. La concurrence
est effrénée, les ténors sont hors de prix,
les .P~WM~P~M se cotent sur la place
presque aussi haut que les Elleviou, et
n'en a pas qui veut. Quant au public, c'est
un vieillard routinier et blasé, qui ne com-
mence à s'attacher aux ingénues que lors-
qu'elles perdent leurs cheveux, et aux
journaux quë'iorsqu'iisperdentleurs dents.
Qui peut, d'ailleurs, calculer les fantaisies
de ce despote plus capricieux que le Sultan
des Mille et ??6 ~V?< Hier, rien ne lui
plaisait; aujourd'hui, il lui faut du scan-
dale demain, il est capable d'aimer l'esprit;
après-demain, que lui faudra-t-il?
N'y a-t-il donc aucun moyen d'amuser à
coup sûr ce maître difficile ? Peut-être.
Nous sommes dans le siècle des inven-
tions, et qui sait s'il n'est pas réservé au
6~~0M de faire cette précieuse découverte ?
Nous sommes le peuple le plus spirituel
de la terre C~CM% sait c~ comme dit la
chanson. Ce que chacun sait aussi, à force
de l'avoir répété, c'est qu'il y a quelqu'un
en France qui a plus d'esprit que Voltaire,
et ce quelqu'.un, c'est tout le monde
Monseigneur tout le monde, le véritable
souverain dans un pays de suffrage uni-
versel.
Cet axiome qu'on cite à tout propos,
sans le comprendre, a été pour nous une
révélation, l'œuf de Christophe Colomb
Puisque ~o~ WMM~ a' tant d'esprit,
pourquoi ne pas le charger de faire le jour-
nal qui doit plaire à. ~OMi!' le ?/M~e ? Un
pauvre diable d'écrivain obligé d'amuser
îe public à heure fixe, est quelquefois mal
disposé, triste, ennuyé, sans idées; il en
est tout autrement du seigneur tout le
monde. Il est toujours content de lui-
même, il ne fait ni ne dit jamais de sottises,
et enfin il est plus infaillible que le pape.
Quand tout le monde "a tort, tout le
monde a raison, dit un proverbe français.
Et les proverbes sont la sagesse des na-
tions, tout le jnonde le dit.
.Voilà notre découverte; elle est tout sim-
plement merveilleuse et fait pâlir 1'
d'Archimède, quoique nous ne courrions
pas en chemise ou sans chemise, pour l'an-
noncer dans la rue. Seulement nous pré-
venons les jaloux que nous sommes en
instance pour obtenir un brevet d'inven-
tion, et que nous poursuivrons sans pitié
les contrefacteurs.
Et le moyen d'exécution, dira-t-on ?
C'est làque triomphe l'admirable simplicité
de notre machine. Elle marche toute seule,
FenîMeten du €A!!M!S da 7 juillet 18S8.– ]!° 3
UABIME
PAR
CHARLES DICKENS (1)
PREMIER ACTE,
(suite)
Elle s'interrompit elle-même et laissa sa
phrase inachevée. Ses yeux se détour-
naient de son maître et se dirigeaient vers
la cheminée et vers ce portrait de femme.
Si Wilding n'eût pas tenu désormais pour
certain que Mme Goldstraw était une per-
sonne expérimentée et sérieuse, il eût pu
croire que ses pensées s'égaraient un peu
depuis le commencement de cet entre-
tien.
Je déjeûne à huit heures,–dit-il;
j'ai une vertu et un vice jamais je ne me
fatigue de lard grillé et je suis extrême-
ment difficile quant à la fraîcheur des
œufs.
Le regard de Mme Goldstraw se reporta
enfin vers lui, mais à défaut de son regard,
l'esprit de la femme de charge était encore
partagé entre son maître et le portrait.
Je prends du thé,–continua Wilding,
et peut-être suis-je un peu nerveux et
enclin à l'impatience lorsque je le prends
trop longtemps après qu'il a été fait. Si
mon thé.
Ce fut à son tour de s'arrêter tout net et
de ne point achever sa phrase. S'il n'avait
(1) Toute reproduction interdite.
elle fait d'elle-même la rédaction, et sup-
prime les rédacteurs, j'entends par là ceux
qu'on paie. Il suffit de dépouiller chaque
matin la correspondance et de publier les
lettres qui sont de nature à instruire ou à
égayer le lecteur. H y en a de spirituelles,
d'aimables d'extravagantes, de scanda-
leuses, de bêtes, c'est dire qu'il y en a
pour tous les goûts. Choisir n'est même
pas nécessaire, il n'y a point de niaiserie
si solennelle, ni de paradoxe si bizarre qui
n'ait chance d'aller à son adresse, et de
trouver un admirateur. Bien fou qui veut
être plus sage que tout le monde, et qui
prétend lui choisir les morceaux
Ce qu'il y a de plus beau dans cette trou-
vaille sans pareille, c'est que, depuis cent
ans, rien n'était plus aisé que de la faire,
et que personne ne l'a faite. Il y a une
heure pour les grandes découvertes, et
c'est le génie qui la sonne. Depuis six mille
ans et plus, les pom-aies tombaient des ar-
bres sans étonner'personne; Newton parut,
et dans cet accident de tous les jours il dé-
couvrit le système du monde. Chaque ma-
tin les directeurs de journaux, grands ou
petits, jettent au panier les lettres qui fon-
dent sur eux de tous les points de l'horizon;
mais voici le 6'oM qui paraît, et sous sa
main, ce papier dédaigné se change en or.
Pour le dire en passant, et sans nous van-
ter, c'est une invention un peu plus admi-
rable que celle de nos grands nnanciers, qui
ont pris l'or de tout le monde et l'ont changé
en papier, sinon pour eux, au moins pour
leurs excellents actionnaires.
Déjà, sur la seule annonce de notre jour-
nal, il pleut des lettres dans la boite du
6*
le monde est plaisant quand tout le monde
se mêle de faire de l'esprit.
A .Z)M'<'C~' <~M GAULOIS.
Ma petite vieille,
Tu ne me connais pas; mais je te connais.
Il y a sur l'asphalte de Paris cent ou deux
cents hommes d-'esprit, ou autres, que je tu-
toie ~t dont'jene saispas les noms, tu dois être
de ceux-là. Aussi je veux te rendre un ser-
vice d'ami, je t'apporte ma collaboration.
« II te faut une chronique. Un journal sans
chronique, c'est une jolie femme qui n'a pas
de dents. (Tudieu! le mot est piquant, je le
garde pour mon premier article.) Or, la chro-
nique, c'est mon fait. Depuis dix ans, je four-
nis de scandales et de bons mots la province
et l'étranger; il me tarde de paraître sur une
scène plus digne de moi.
« Je sais tout ce qui intéresse le vrai Paris,
le Paris des théâtres, des courses et du lans-
quenet. Il n'est pas un cercle, pas une écurie,
pas un'boudoir où je n'entre à toute heure. Il
n'est pas une bête qui ait paru sur le ~M'y, et,
ce qui est plus difficile, pas une cocotte dont
je n'aie la généalogie. Je connais leur âge,
leurs jockeys, leurs amants;jje sais quand elles
changent de nom ou de propriétaire, je note
jour par jour la hnesse de leurs jambes ou la,
couleur de leurs cheveux. En deux mots,
j'entends tout, je vois tout, je dis tout' Je suis
un adorable indiscret.
« Ajoute à cela que j'ai une science pro-
fonde du dix-huitième siècle, avec ses élégan-
ces raffinées et ses charmantes infamies. J'ai
vécuavecRichelieu, avec laGuimard.laDu Thé,
et autres drôlesses monarchiques; je suis ta-
lon rouge et marquis je lance au besoin l'a-
necdote gaillarde,de façon à réveiller même
les gens qui ont bien dtnë. Essaie de mon
talent, ma vieille, et tu verras ce qu'on ven-
dra de G*
<' Du reste avec moi rien à craindre pour le
journal; je suis au mieux avec toutes les puis-
sances. Monarchique, catholique et polisson,
je ne blesse personne qui tienne à quelque
chose et ceux que je scandalise sont les pre-
miers à fermer les yeux. Dans notre belle
France, il y a un dieu pour les mauvais su- 1
jets, pfus encore que pour les ivrognes, et, si
j'en crois ma tante la dévote qui a beaucoup (
d'expérience, je suis un grand mauvais sujet.
Aussi me sera-il beaucoup pardonné dans i
ce monde en attendant l'autre. 1
« Adieu, ma vieille, répond-moi au plus vite.
A Gaulois il faut de l'esprit gaulois, et pour 1
la gaudriole je n'ai pas mon pa,rel.
GALAOR. c
pas été engagé dans la discussion d'un
sujet aussi intéressant que. celui-là,
Mme Goldstraw, en vérité, aurait pu
croire que ses pensées; à lui aussi, com-
mençaient à s'égarer.
Si votre thé attend, monsieur?.
reprit-elle,–renouant poliment le fil perdu
de ce bizarre entretien.
Si mon thé?. répéta machinale-
ment M. Wilding.–II s'éloignait déplus en
plus de son déjeûner ses yeux se fixaient
avec une curiosité croissante sur le visage
de sa femme de charge. Si mon thé L..
Mon Dieu, Madame Goldstraw, quels sont
donc ces allures et ce son de voix que j'ai
connus et que vous me rappelez. Ce souve-
nir me frappe aujourd'hui plus fortement
encore que la première fois que je vous
ai.vue. Quel peut-il être? 7
–Quel peut-il être?–répéta Mme Golds-
traw.
Ces derniers mots, elle les avait dits de
l'air d'une personne qui songeait, en les
prononçant, à toute autre chose. Wilding,
qui ne cessait point de l'examiner, remar-
qua que ses yeux erraient sans cesse du
côté de la cheminée. Il les vit se fixer sur
le portrait de sa mère. En même temps
les sourcils de Mme Goldstraw se contrac-
tèrent légèrement comme si elle faisait à
cet instant un effort de mémoire dont elle
avait à peine conscience.
Feue ma pauvre chère mère, lui
dit-il, quand elle avait vingt-cinq ans.
Mme Goldstraw le remercia d'un geste,
pour la peine qu'il venait de 'prendre en
lui nommant l'original de cette peinture,
Son visage aussitôt se rasséréna. Elle
ajouta poliment que ce portrait était celui
d'une bien jolie dame.
Wilding ne lui répondit pas. Il était déjà
retombé dans cette perplexité qui le tour-
mentait depuis une heure et dont il ne pou-
vait plus se défendre. Encore une fois il
tenta de rassembler sa mémoire. Où donc
avait-il vu cet air de figure, où donc avait-
il entendu ce son de voix que Mme Golds-
traw lui rappelait si exactement?
Gardez vos honnêtes propositions,
M. Galaor. Restez le Dangeau des cocottes,
et l'historiographe de la vie parisienne. Le
6'
assez usé, ni assez. blasé pour prendre
goût à vos gentillesses. Repassez dans cin-
quante ans, on verra.
!?
Voici une seconde lettre signée MM'~M-
~M~ de ~M~~ë ~M' Le style ne man-
que pas d'une certaine énergie.
Citoyen,
Ton titre est beau,
bravo!
Mais si tu veux plaire à la.jeunesse des
Ecoles, à la France de l'avenir, il faut autre
chose que des mots. Nous en avons assez des
avocats de toutes les couleurs.
Quelle est ta profession de foi! Réponds car-
rément. Songe que l'humanité nouvelle en a
fini avec les vieilles erreurs. Nous ne voulons
plus ni de Dieu, ni d'âme, ni de gouverne-
ment. Avec ses coquelicots et son être su-
prême, Robespierre nous fait rire; c'est un
"capucin. Nous sommes Biderotistes, Holba-
chistes, Hëbertistes qu'es-tu?
Citoyen, nous sommes journalistes.
Troisième lettre celle-là, est écrite
d'une main tremblante, sur beau papier
avec des pattes de mouche.
A la bonne heure. Voilà un corres-
pondant qui n'a pas oublié la vieille poli-
tesse française.
Honoré Monsieur,
A un excellent journal comme le vôtre il
faut un ë~M~M'. Aujourd'hui il n'est pas de
feuille qui se respecte, qui n'ait son terrible
Savoyard ou son invincible Marseillais. Je
m'offre à remplir ce rôle délicat, et je me crois
quelques dispositions à le jouer avec succès;
je suis Auvergnat; d'un coup de poing je
tuerais un bœuf, et j'ai la mâchoire encore
plus forte que le bras. Je possède à fond le
C~~C~MMg JMZ.M< OU ~0;~ ~6 ~M~M~'
,?
dans les mains qui vous voudrez: je l'empoi-
gnerai de la bonne façon et je le tomberai.
Fut-il blanc comme neige, je le roulerai si
bien dans la boue que je le rendrai aussi sale
et aussi noir que moi au grand amusement
du public. J'appellerai Musset, navet Hugo,
poireau; Lamartine, aubergine, ~et j'aurai
pour moi tous les imbéciles. Vous savez que
l'Ecriture a dit .y~~o~MM mMM~'M.? <~ ~t/f-
M~!M; tirez-en la conclusion dans l'intérêt
de vbtre journal.
N'étant pas assez riche pour me permettre
le luxe d'une conviction politique, je ne se-
rai pas gênant. J'abimerai qui vous voudrez,
et je ne demande pas plus de cinquante francs
par article. La modestie de mes prétentions
vous prouvera tout au moins combien j'ai
l'âme généreuse. Ce n'est pas par intérêt,
c'est par plaisir que j'abats ceux qui s'élèvent,
et que je les rappelle à la sainte loi de l'é-
galité.
Honoré monsieur, veuillez être assez bon
pour me favoriser d'une réponse.
Poste restante, sous les lettres, J. F.
Passez votre chemin, J.-F. quand vous
vousappelliezBasile,onvousadëjàdonné.
une volée déçois vert. x
Quatrième lettre. Caractères minces et
délies, tracés d'une main hardie.
Monsieur le Gaulois,
Je suis américain, citoyen d'Ithaque dans
l'Etat de New-York. Venu à Paris pour la
grande exhibition, je me suis trouvé si bien
dans votre ville que je ne sais plus quand j'en
sortirai. J'admire la propreté de vos rues,
l'excellence de votre police, la beauté de vos
promenadef'Votre peuple est aimable et poli,
les hommes sont affables pour les étrangers,
les femmes sont mises comme de jolies pou-
pées, et elles ont une façon de parler, de rire,
de cligner les yeux qui me plait beaucoup
–Pardonnez-moi, dit-il, si je vous
fais une nouvelle question, qui n'a trait ni à
mon déjeuner ni à moi-même. Puis-je vous
demander si vous n'avez jamais occupé
d'autre position que celle de femme de
charge ?
Si vraiment,–répliqua-t-elle,–j'ai
débuté dans la vie d'une tout autre ma-
nière. J'ai été gardienne à l'hospice des
Enfants Trouvés.
J'y suis s'écria Wilding en repous-
sant violemment son fauteuil et en se le-
vant. Par le ciel ce sont les façons de
ces excellentes femmes que les vôtres me
rappellent si bien
Mme Goldstraw le regarda d'un air stu-
péfait et pâlit. Elle se contint pourtant,
baissa les yeux et se tut.
Qu'y a-t-il? demanda Wilding.
Quelle est votre pensée ?
Monsieur, balbutia la femme de
charge,– dois-je conclure, de ce que vous
venez de dire, que vous ayez été aux
Enfants Trouvés ?
Certainement s'écria-t-il. Je ne
rougis pas de l'avouer.
Vous avez été aux Enfants?. Sous le
nom que vous portez aujourd'hui ? `?
Sous le nom de Walter Wilding.
Et la dame?.
Mme Goldstraw s'arrêta court, regardant
encore le portrait. Ce regarni exprimait
maintenant, à ne point s'y méprendre, un
vif sentiment d'alarme.
Vous voulez parler de ma mère,
dit Wilding.
Votre mère,– répéta-t-elle d'un air
contraint, votre mère vous a retiré de
l'Hospice. Quel âge aviez-vous alors,
monsieur ?
Onze ans et demi. Madame Goldstraw.
Oh! c'est une aventure romanesque.
Il raconta l'histoire de la dame voilée
qui lui avait parlé à l'Hospice, pendant le
dîner des Enfants et tout ce qui avait suivi
cette rencontre. Il nt ~e récit de ce ton
communicatif, avec cet air de simplicité
qu'il employait en toutes choses.
je me crois toujours à la comédie. En deux
mots tout me paraît charmant à Paris: il n'y
a qu'une seule chose que je ne comprends
pas, et que je. vous prie de m'expliquer, c'est
ce que vous appelez votre administration.' »-
J'assistais l'autre jour à une séance du
Corps législatif. On y discutait sur le troi-
.sième réseau des chemins de fer. Chaque dé-
puté tirait un projet de sa poche, et tendait
des mains suppliantes au ministre, qui en-
courageait les uns et repoussait les autres, du
ton dont on fait l'aumône aux mendiants.
Dites-moi, Monsieur G'awJo~, est-ce que
les chemins de fer se font en France avec l'ar-
gent du Mexique? Si les français paient la'
dépense, est-ce qu'ils ne sontpas assez grands
pour faire eux-mêmes leurs chemins de fer en
s'associant*? Est-ce que les ministres ont le
droit de prendre l'argent de tous pour en
obliger ceux qui leur plaisent et pour vexer
ceux qui ne leur plaisent pas? Tirez-moi de
ce doute, je vous prie, car je voudrais voir
clair dans vos affaires publiques, et je n'y
comprends rien.
ULYSSES SMART,
· au Grand-Hotet.
Sage Ulysse, citoyen d'Ithaque dans l'E-
t~:de New-York, puisque vous logez si
près de la rue de la Paix, ou du moins de
ce qui en reste, rendez-vous chaque matin
sur la place Vendôme et faites quatorze
fois le tour de la grande borne de bronze,
en chantant ces deux vers immortels
Ah qu'on est fier d'être Français
Quand on regarde la colonne
Dès que vous aurez pénétré le sens pro-
fond de ce refrain mystérieux, vous saurez
pourquoi les Américains ne comprennent
rien au gouvernement français et pourquoi
les Français ne comprennent rien au gou-
vernement américain. Et, quand vous le
saurez, noble yankee, ayez la bonté de ne
pas nous le dire, car cela troublerait la
quiétude et le légitime orgueil du premier
peuple de l'univers.
Cinquième lettre
Monsieur,
Ayez la bonté d'insérer, dans le prochain
numéro de votre journal, et de répéter, de
huit jours en huit jours, tous les lundis, la
petite annonce suivante, extraite de la G'a;.?c«de (7o~M0
H. Z..B'. 1,000 10,000 .& Ade ~~c~.
Votre servante,
NETTCHEN.
Pardon, mademoiselle Annette, mais,
si je comprends vos hiéroglyphes alle-
mands, ils veulent'dire:
.Z~M'~ < 2~M'~ ~7~ et ~M?-~M~
~
Et vous voulez que nous mettions de
pareils messages dans notre vertueux jour-
nal, sous prétexte que les gazettes alleman-
des sont farcies de ces correspondances
d'amoureux? Mais, en vérité, ouïes demoi-
selles allemandes sont furieusement inno-
centes, ou les gazettes ne le sont guère et
font un joli métier. Enfin, voilà votre cher
Henri prévenu, mademoiselle, il recevra
vos dix mille baisers sous bande et timbrés,
mais, n'y revenez plus. En France, nous
ne sommes pas de force à supporter cette
sainte simplicité. C'est grand dommage,
pour les chevaliers de la publicité..L'a-
mour, quel beau sujet d'annonces! Pas de
morte-saison, et la certitude qu'iL y aura
toujours foule pour en acheter ou en ven-
dre, à Paris et même ailleurs.
Voici maintenant une lettre de province,
timbre effacé, grosse écriture
Monsieur,
A Villeneuve, au café du 7'
fait de la littérature et des beaux-arts entre
Ma pauvre chère mère. continua-t-
il, n'aurait jamais pu me reconnaître, si
elle n'avait su émouvoir par sa douleur une
femme de la maison qui eut pitié d'elle,
Cette femme lui promit de toucher du
doigt le petit W aller Wilding, en fai-
sant sa ronde dans ladite. Ce fut ainsi
que je retrouvai ma pauvre chère mère,
après avoir été séparé d'elle depuis que
j'étais au monde. Et, je vous l'ai dit, j'avais
alors plus de onze ans.
Mme Goldstraw écoutait avec attention.
Sa main, qu'elle avait posée sur la table,
retomba inerte et froide sur ses genoux.
Elle regarda fixement son nouveau maître,
et son visage se couvrit d'une pâleur mor-
telle.
Qu'avez-vous, s'écria Wilding,
qu'est-ce que cette émotion veut dire ? De
grâce, savez-vous quelqu'autre chose du
passé ? Avez-vous été mêlée à quelque au-
tre incident qu'on ne m'a point fait connaî-
tre ? Je me souviens .que ma mère m'a
parlé d'une autre personne de la maison,
envers qui elle avait contracté une dette
éternelle de reconnaissance. Lorsqu'elle
s'était séparée de moi à ma naissance, une
gardienne avait eu l'humanité de lui ap-
prendre le nom qu'on m'avait donné. Cette
gardienne, c'était vous.
Que Dieu me pardonne répéta
Mme Goldstraw, c'était moi.
Que Dieu vous pardonne répéta
Wilding épouvanté.–Etqu'avez-vous donc
fait de mal en cette occasion ? Expliquez-
vous, Madame Goldstraw.
Je crois, dit la femme de charge,
que nous ferions mieux d'en revenir à mes
devoirs dans votre maison. Excusez-moi
si je vous rappelle au sujet de notre en-
tretien, Monsieur. Vous déjeûnez donc à
huit heures ? N'avez-vous pas l'habitude de
faire un lunch?.
Un lunch fit Wilding.
Cette terrible rougeur qui avait si fort ef-
frayé, la veille, M. Bintrey, l'homme, de loi,
reparut sur le visage du jeune négociant.
M. Wilding porta la main à sa tête. Visi-
une partie de bësigue ou un domino à quatre.
Nous voudrions une feuille sérieuse le titre
du drions volontiers un abonnement de trois
mois, mais à une petite condition; c'est que
chaque numéro du G'~M~OM contiendrait une
charade ou un logogriphe.
Si vous accueillez ma proposition, qui est
plus sérieuse qu'elle n'en a l'air, obligez-moi,
Monsieur, d'insérer dans le prochain numéro
la charade suivante que j'ai faite de concert
avec trois de mes amis qui sont aussi les vô-
tres.
Qui n'acheté pM mon entier,
Est mon second, et il mérite mon premier.
Les vers ne sont peut-être pas très-riches,
mais ils ne sont pas mal tournés. On rira bien
au .Pe~-C~OM~, avant de deviner que celui
qui n'achète pas le G*
vais chicaneurs, l'apothicaire et le greffier par
exemple, qui prétendront que l'orthographe
n'y est pas; mais qu'importe? L'esprit y est,
c'est'1'essentiel. X. Y. Z.
L'orthographe vaut l'esprit, l'esprit
vaut l'orthographe. Est-on'heureux de vi-
vre en province pour s'amuser à si bon
marché I
Lettre de Paris. Papier doré sur tranche,
écriture bâtarde, majuscules dessinées, un
autographe des anciens jours, une lettre
facile
Monsieur,
Il y a quarante ans, j'étais l'ami de tout ce
que la France comptait de littérateurs distin-
gués, M. Jouy, M. Dupaty, M. Briffault, le
célèbre auteur de A~'M~a, feuCreusé de Lesser
et le gros monsieur E tienne qui avait tant
d'esprit qu'il en donnait au C'OM.~
sance des lettres françaises, et je puis vous
donner des conseils qui ne serontpas inutiles
au succès de ce journal.
Croyez-moi, Monsieur, relevez le temple du
goût, renversé par des vandales, et sur ses
autels rétablis, placez le flambeau de la vé-
rité Soyez vifs, mordants, légers, indiscrets
même, mais avec grâce et mesure Que votre
dard soit piquant, mais qu'il ne soit jamais em-
poisonné Respectez l'honneur des hommes
et la pudeur des femmes. Songez que ce sexe
charmant ne pardonne jamais à qui l'ou-
trage n'oubliez pas que, dans notre belle
France, la femme a toujours régné par le
droit de la beauté, et que c'est elle seule, qui
en tout temps a fait la fortune des hommes,
des livres et des journaux.
Semez l'esprit a pleines mains, que chacun
de vos mots étincelle; mais rappelez-vous que
le sel gaulois n'est que le sel attique,sous un
autre nom. Rien de moins français que la
grossièreté et la lourdeur. La devise de l'é-
crivain est celle du sage.
Glissez, mortels; n'appuyez pas.
~MC~Jc des ~MM, ~M
it-
Merci de vos conseils, cher Monsieur,
mais il est plus aisé de les donner que de
les suivre. Quand on aurait à volonté de
l'esprit, du plus fin et du plus délicat, est-il
sûr qu'on plairait au public d'aujourd'hui?
A des buveurs d'absinthe, le bordeaux est
plat, le pomard est amer. A des gens qui
lisent les journaux pour oublier la Bourse
et les affaires, il faut le gros rire de Jo-
crisse ou les romans à sensation. C'est à
coups de poing qu'on les chatouille; si on
leur parle à demi-mot, ils baillent; si on
leur sourit, ils s'endorment. Les Muses
sont obligées de se déguiser en poissardes,
pour se faire écouter des Athéniens de M.
Haussmann. Est-ce la faute des lecteurs? 9
Est-ce la faute des auteurs ? Qui le sait ? 2
Peut-être vaudrait-il la peine d'essayer
s'il n'est pas possible d'amuser honnête-
ment les honnêtes gens. Pour plaire au
public, peut-être n'est-il pas absolument
nécessaire de le traiter comme un sot, un
fat ou un libertin. Nous essaierons.
Terminons ici le dépouillement de notre
correspondance. Si cet essai amuse nos
lecteurs, on pourra le continuer. S'il les
blement il cherchait à remettre un'peu
d'ordre dans ses pensées avant que de re-
prendre la parole.
Vous me cachez quelque chose,
dit-il brusquement à Mme Goldstraw.
–Je vous en prie, Monsieur~ faites-moi
la grâce de me dire si vous prenez un
lunch? repartit la femme de charge.
Je ne vous ferai point cette grâce,
je ne reviendrai pas à notre sujet, Ma-"
dame Goldstraw, entendez-vous, je n'y re-
viendrai pas avant que vous ne m'ayez dit
pourquoi vous regrettez si peu d'avoir fait
du bien à ma mère en cette circonstance
terrible,–s'écria Wilding hors de lui.–Ma
mère m'a parlé de vous avec un sentiment
de gratitude inépuisable jusqu'à la fin de
sa vie, et sacliez bien que c'est me rendre
un mauvais service que de vous taire et de
ne point me répondre. Vous m'agitez, vous
m'inquiétez, vous allez être la cause que
mes étourdissements vont revenir.
11 porta encore la main à son front et de
rouge qu'il était son visage devint violet.
Il est dur pour moi, monsieur, au
moment où j'entre à votre service, il'est
bien dur de vous dire une chose qui pourra
me coûter la perte de vos bonnes grâces et
devotre bienveillance,–répliqualentement t
Mme Goldstraw. Je vous prie seulement
de remarquer, quoi qu'il advienne, que je
ne suis pas libre de ne pas vous obéir.
C'est vous qui me forcez à parler quand
j'aurais été heureuse de me taire, et je ne
rompis le silence que parce qu'il vous alar-
me. Sachez donc que lorsque j'appris à la
pauvre dame dont le portrait est là le nom
sous lequel son enfant ~vait été baptisé, je
manquai à tous mes devoirs. Mon impru-
dence a eu des suites fatales. Mais je vous
diraipourtant la vérité.Quelques mois après
que j'eus fait connaître à cette dame le
nom de son enfant, une autre dame étran-
gère se présenta dans la maison, désirant
d'adopter un de nos petits garçons. Elle
en avait apporté l'autorisation préalable
et régulière elle examina un grand nom-
bre d'.enfants sans se décider en faveur
ennuie, ce sera la preuve que tout le monde
a moins d'esprit que Voltaire'. Par malheur
Voltaire est mort, et au moment où il re-
venait à la mode, M. Havin s'est chargé de
le couler en bronze et de l'enterrer une se-
conde fois. Mais qui sait si Voltaire n'a pas
laissé quelque petits neveux? En cher-'
chant, on en trouvera peut-être. Viennent
donc à nous les gens d'esprit viennent
tous ceux qui ont horreur du commun, du
trivial et du grossier leur place est au
Gaulois. Mais viennent aussi, pour nous
lire, les honnêtes gens. qui entendent la
plaisanterie, et les honnêtes femmes qui ne
sont pas bégueules. Et puissions-nous chan-
ter en chœur le refrain du poète
En avant Gautois et Franc:.
X. NADIË II.
P. S.– Le pseudonyme de notre collaborateur
a été réclame par une personne qui déclare en
avoir pris possession depuis plusieurs années.
Nous ignorions l'existence de M. Nadié, et nos
lecteurs ne sont probab lement pas beaucoup plus `
avancés que nous. Cependant, nous nous incli-
nons devant cette revendication.
Dans tous les cas, il est probable que personne
n'aurait songé à confondre les deux pseudonymes
en présence.
L. ESTOR.
CE OU) SE PASSE
M. Emile de Girardin est, en ce moment,
au château du Val, a quelques lieues de Pa-
ris. A cette distance, il n'en est pas moins
très-entouré par diverses sommités gouver-
nementales.– On lui fait espérer le ministère
de la guerre, dans une combinaison nou-
velle. très-nouvelle même! 1 j,
On commence & parler très-sérieusement,
dans les régions officielles, de la transforma-
tiondu Havre en préfecture: On formerait a
un petit departement avec l'arrondissement.
Le prince de Joinville, le duc d'Aumale et
le duc de Chartres, arrivés jeudi dernier à
Bruxelles, se sont rendus le soir au théâtrs
des Galeries-Saint-Jlubert.
Le lendemain, après s'être longuement
promenëspar la ville, ils ont assisté a la pré-
mière représentation de F~wf. de j~, qui a
eu le plus grand succès.
Les princes sont partis samedi pour Spa,
qu'ils doivent quitter sous peu pour effectuer
un voyage en Allemagne, projeté depuis
longtemps.
!<
Un détail rétrospectif:
La lettre adressée par MM. Pereire à M.
Pouyer-Quertier et publiée par le C~M~M-
bre. L'influence de leurs amis a eu pour ré-
sultat de les empêcher de parler.
Avant-hier a eu lieu en Angleterre une
grande revue de vingt-mille hommes, au.
camp d'Aldershof. La reine Victoria, accom-
pagnée du prince et de la princesse de Hesse,
du prince et de la princesse Christian, de 1&
princesse Louise, sont venus de Windsor
pour passer les troupes en revue. Le prince
de Galles, le duc de Cambridge et le prince
de Teck, venus de Londres, y assistaient
également.
Les grandes manœuvres qui ont été mer-
veilleusement exécutées, avaient attiré une
affluence énorme.
Adda-Menken est dans nos murs. Jus-
qu'alors cette jeune et timide (?) personne
n'avait cherché à se faii'e qu'une célébrité mi-
mique et plastique. Le cheval des Pirates de
tS*<ïo
d'aucun puis, ayant vu par hasard un
de nos plus jeunes babies.un petit gar-
çon aussi. confié à mes soins. Je vous
en prie, tâchez de demeurer maître de
vous, monsieur. Il n'est pas nécessaire de
prendre plus de détours, en vérité. L'en-
fant que la dame étrangère emmena avec
elle était celui de la dame dont voiëi le por-
trait.
Wilding se leva en sursaut,
Impossible s'écria-t-il, que me
racontez-vous là? Quelle histoire absur-
de ?. Regardez ce portrait; ne vous l'ai-je
pas déjà dit? C'est le portrait de ma mère!
Quand cette malheureuse dame, dont
vous me montrez l'image, vint, au bout de
quelques années, vous retirer de l'hospice,
reprit Mme Goldstraw d'une voix ferme,
elle fut victime.et vous aussi, mon-
sieur. d'une terrible méprise.
Wilding retomba lourdement sur son
fauteuil.
Il me semble que la chambre tourne
autour de moi! fit-il. Ma tête!
ma tête!
La femme de charge, tout éperdue, cou-
rut à la fenêtre qu'elle ouvrit, puis à la.
porte pour appeler du secours mais un
torrent de pleurs, s'échappant à grand
bruit des yeux de Wilding, vint heureuse-
ment le soulager. D'un signe, il pria Mme
Goldstraw de ne point le quitter. Elle at-
tendit donc la fin de cette explosion de
larmes. Wilding revint à lui, leva la tête,
et considéra sa femme de charge d'un air
soupçonneux et irrité, avec toute la dé-
raison d'un homme faible 1
Méprise méprise s'écria-t-il, ré-
pétant le dernier mot qu'il avait dit.- Mé-
prise continua-t-il d'un ton farouche.
Et si vous me trompiez vous-même ) 1
Malheureusement,–dit-elle, –je ne
puis avoir commis une erreur. Je vous di-
rai pourquoi dès que vous serez en état de
m'entendre.
Tout de suite! tout de suite!
reprit Wilding. Ne perdons pas un mo-
ment.
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