Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1897-03-26
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 mars 1897 26 mars 1897
Description : 1897/03/26 (Numéro 7455). 1897/03/26 (Numéro 7455).
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/02/2008
~Um- sa. £>€tfiaiots
toitures, qui s'éloignent pu le boulevard Saint-
Micltel.
Pendant ce temps, les étudiants à cheval, grou-
pés sur la place de l'Obsnrv«U»re, es «ÉRgeot,
également vers le cours la Reine.
Les deux groupes se rejoigaent, fraternisent
Dans les omnibus, c'est un perpétuai va-et-
vient, un échange de voyageurs d impériale et
d'intérieur, des scènes de paatomtas un pré»
vues, des cris, une gaieté dit bon aloi, uni; exu-
bérance de vie et de jeunes si commanicativ*
que la foule ne peut s'empê«tar d'applaudir au
passage des étudiants.
Place de la Concorde
Dès neuf heures et demie, les curieux s'amas-
sent sur la place de la Concorde et les Champ*-
Klysées, aux abords des emplacements où doit se
former le eortèg*.
On circule du cours la Reine t'avenue Mari-
gny, du rond-point à la place de la Concorde à
travers le cordon dea gardiens de la paix, qm
n'ont pas pour consigne de maintenir les prome-
neurs hors de la chaussée avant que l'on pro-
cède à la formation du eunege. Et ion entend,
par-dessus les rires, les plaisanteries, les ru-
meurs de la cohue, les appels des marchands de
confetti qui poussent à la vente de leurs ron-
delles de papier.
Confetti à deux sons! Qui n'a pas ses con-
fetti ?
Les braves marcbands, à qui la Mi-Carême
procure coracne Me Jours gras des profits ines-
péré», rr»U«ntao setvtce de teur commerce une
voix ira 8!ail'aibli«e,mt au cours
de la journée, atteinte pen à peu par le fatal en.
rouement, à mesure que décroîtront les sacs de
confetti et tes pites de serpentins.
A mesure que l'heure avance, la foule devieat
plus compacte et reflue sur les promenoirs, tan-
dis que lea cavaliers de l'escorte de la Reine, les
grimpes de travestis, tesvoituresornées de feuil-
lagç, les gramta chars, dont la haute silhouette
se montre au loin, dominant tout ce qui les envi-
roone, (tèboucnrmt par les rues voisine», formant
sur la chaussée le ptns curieux pèie-roêle.
A midi et demi, tous les figurants à pied et la
plupart des char* qui dnivent prendre eang dans
Je eortÉçe sont prêts à partir et n'attendent plus
«lue lewgnal.
A ce moment, qui précède le départ de quel-
quBS minutes, le coup d'œil est véritablement
Tout l'espace compris entre le quai de la Con-
férf?i!ce et le côté droit des Champs-Elysées est
occupé par une fouto ûaa*me dont ta masse
isorabre sert de repoussoir aux costumes pitto-
resques des figuruats.
Le Départ
Il est une heure. Le signal du départ est
donne. Les gardiens de la poix Cont évacuer l'a-
venue Marigny, où le cortège s'engage.
En tête du cortège marche nn escadron de
gardes riîi)ubti(rj.ins".i cheval, suivis de près par
;̃ Touriste de Levallois.
,Jo d'un caractère original
si'rvunc iie-c-uru; a un char bizu're surmonté
d'un minaret. Ua personnage vêtu d'un costume
oriental se livre, sur ce chat', à toutes les pra-
tiques d'une dévotion fervente et Invoque, en se
prosternant, Atlaii et son prophète. On mulet
«h&rçé du Coran. complète l'ensemble.
Puis vient un groupe des chars des lavoirs,
montrant dans un fouillis de feuillages et de
Heurs de jeunes et jolies femmes délicieuse-
ment travesties. La plupart de ces chars sont
formes d'une série de gradins s'élevant jusqu'à à
l'arrière où se trouve le trône de la Reine, et en-
cadrés dans des décors de boiseries et de toiles
peintes.
Ainsi défilent aux sons de leurs joyeuses mu-
siriueg, les chars des lavoirs Désiré, Ornano. de
l'Anna, Moderne, Pixérécourt.Ce dernier, nuancé
de vert, de blanc ut de jaune pâle, figure un
portique soutenu par quatre colonnes cannelées.
Puis successivement la char du lavoir Guéiné-
née, une grande voiture américaine, très fleurie,
pavtusée, aécorée de festons dorés, traînée par
cinq chevaux, et contenant trente-cinq per-
nounes.
Le char du lavoir Wattignies, de très grandes
dimensions, dont. lts panneaux sont surmontés
de feuillages. Des draperies rouges tapissent le
char, où un orchestre a pris place.
1)'autres représentent des motifs agrestes, tel
le char du Progrès, un énorme rocher couronné
d'une tonnelle enguirlandée de rameaux sous
lesquels se tient la Heine du lavoir.
Le char du Puits artésien, un décor entourant
des degré)» disposés eu double amphithéâtre où,
d'une part, est assise la Heine, tandis que des
musiciens placés en face d'elle lui jouent une
aubade.
Mais une mnsiqn» se fait entendre et l'on ap-
plaudrt au passage du char de Sainte-ËUMbetti»
l'un des plus beaux du UoUlé.
Un cygne gigantasque, aux ailes éployées, sert
de proue à ua char figurant une large carène
l'portée sur un flot bleu teinté d'écume blanche-
us rames dorées plongent dans l'eau. Un dôme
surmonté d'une couronne royale se dresse au
sommet du char. Le trône est occupé par la tille
du propriétaire du lavoir, hllle Alice Thiauit. Ce
char, d'un Mpect très artistique, était primitive-
ment destiné 4 la Iteiue des reines.
Le Cortège de la, Reine
Mais nous ne sommes qu'au début de nos sur,
prises. Précéda Le faufares éclatante?, le cortège
la Reine des reinea débouchp dans l'avenue
Maxigny.
Un tambour-major à cheval marche en tête,
suivi de quatorze trompettes costumés en pou-
piers. El derriùre eux apparaït une musique
extrêmement orientale, composée de douze tam-
bours, dix-huit clairons, trente musiciens, tous
ornés du turban et revêtus de costumes dont les
tons jaune, rouge, bleu et blanc forment entre
eux. la plus pittureeque opposition.
Ce groupe levantin précède le char de la bonne
mère Marseille, une figure grotesque, haute de
plus de six mètres.
Puis un dédit! épileptique de masques, ta
descente de la CourtiUe, avec milord l'Arsouille,
de carnavalesque mémoire; dos pierrots, des
pierrettes, rtobert-Maeaire et Bertrand, etc.
Voici le landau du Comité, où a pris place le
Roi, revêtu d'un superbe costume Louis XIV.
Attelé à la Daumont. avec quatro chevaux et
de;"? "•'itlons, cette voiture beaucoup de
si-, tire les acclamatfons du public, qui
ic bravos au mument où apparaissent
le:; do Flobiusîon.une « ilnalcade
amusante, quatorze ftiiuiues à califuurchon sur
La foule applaudit.
On se paresse pour admirer la suite du cortège,
tous les regards se tournent vera te point dû
l'avenue où l'un s'attend à voir paraltre la triom-
phatrice du ce grand jour.
Le Char de la Souveraine
Elie est maintenant tout près, annoncée par
l'éclat des cuivres aux «onoritrs joyeuses.
Mais c'est le eh qui sa montre
d'abord. figurant :;n, frais et lé-
despe! et des fillettes déguisés en
maruuii aises.
Jo vois que nous sommes compatriotes,
me dit-il.
Je le pensais aussi.
Je suis Normand. de l'extrémité de
•>•̃ la Normandie, vers le Perche.
» -.le suis du centre. de la Nièvre.
Beau pays, pâturages superbes, bœufs
» magnifiques.
» J'ajoutai en souriant de cet enthou-
siasiuc
» Je suis du mauvais ce. du Niver-
nais.
» Morvandeau alors
» En ifïet.
Le quartier des forêts Autreaffaire.
:i Sauvages beautés, sites trùs pittùros-
ques
Vous les connaissez ?
Un mu. J'ai beaucoup voyage. Je
us dii'o que je ne fais guère
îr.i vous MÏC'i
coup plus loin.
Sevais-je indiscret?.
• Enchanté de rencontrer
un paya! &1 .;ara les ennuis du
» voyage. Huit 1 ;uurs entre ciel et
l'eau, cher monsieur.
me dc-mauda
C'est à vous cette channaato enfant ?
• Ma Silo.
Et vous remmenez si luin
» 11 le faut!
» Vous allez retrouver des parente
sans doute ?
Il ne nous en reste pas,
• Ah
Au ton dont je lui parlais, il comprit que
j'étais sous le coup d'un grand fawl et
d'un grand chagrin.
Quatre seig-aas» de la Cour, à cheval, Tjtitiw de
satin et de v«fHTs à franges dorées, n ot
la musique, composée de cent exécutant», quai
tfo(uÉ%i>rait«w bravos d«la fo»le enthousiaste.
C'eâà'HD mataiflque cairote Louis XV, de huit
mètres de tri tu, bleu et or, surmonta d'un dais
que supportent des thyrsaa et or: sur ses pa-
rois de Dosselages dore 3, Trois figure» dofemme
déploient l'arrière du char leurs ailes d'or, et
deux aatr-.s ftgur-'s semblables se -ir-ssent de
chaque du vciuin soua lequel le
trône de u Reine des reines.
La toute gracieuse Mlle Marie que
sa beauté destinait aux honneurs suprêmes, ap-
paralt, charmante dans son merveilleux costume,
toifetta de satin blanc, manteau royal en drap
d'or doublé d'hermine, portant la couronne et le
̃oeptre, et ayant devint eite. sur les gradins dis-
pasén au pied du trône, quatre demoiseUes d'hon-
neur aux manteaux nuancés diversement, dont
t'assemWae* «orme le» couieur» tle item et de
Des pages et des seigneurs occupes* la partie
inférieure du char, que traînent quatre chevaux.
Six pilleurs l'escortent, et trois seigneurs à ehe-
val se tiennent à chaque portière.
Ce char est d'un très bel effet, il soulève sur
tout le parcours tes plus vives aeebuzMtions,
auxquelles la Reine de* reine* répond par de
gracieux sourire* aOntséa à ia foule de se» su.
jets d'où jour.
On trataille ferme autour du carrosse et l'on
accable de confetti les douze sonneurs de trompe
qui sont trop voisins dn leur souveraine pour
ne pas ressentir les effets de l'enthousiasme
qu'elle excite.
Le Cortège des Étudiants
Mais les numéros curieux et boudons se sue-
cèdent, le publie ne ne lasse pas d admirer et
Voici la chevauchée des Universités de France.
Une jeune femme ouvre la marche, c'est l'Uni-
versité da Paris, elle porte les couleurs de la
Ville. Treize cavaliers, costumes en pages du sei-
zième siéele, l'escortent, représentant coacun une
Université de province.
Pins, une leçon de fugue est donnée à une
jeune dame en eostume de voyage par un muai-
cfeft exotique accompagné de tout un orchestre
de tziganes.
Le public sourit et les confetti pleuvent.
On a beaucoup remarqué l'appariuon d'un
nouveau et joü cooletti de uimen2ion tout à fait
Renseignements pris, il s'agit d une innovation
de la maison Lalevêe et Mazitre. Ce confetti, ap-
pelé le Colosse, est fabriqué 1'usine de la rue
des Annelets, t7, d'où sortent également le ser-
peatin arc-en-ciel et tant de joues créations pa-
ristennes.
Le défilé se poursuit avec ses drôleries fantas-
ques. M. Montmollet, grand ptqueur de la Cuur,
savance sur son destner. Sa Majesté Carnaval
conduit lui-même le char de l'Etat, rouge et or,
surmonté d'unetouronue royale.
Le Pot à colle se montre à cheval en avant
d'un char où uu crocodile verse dea larmes.
Toutes ces aliusions transparentes sont ac-
cueillies avec joie par le publie, dont les applau-
dissements saluent les folios imaginations des
esfiholiers.
Puis se succèdent le ehar de l'Ecole d'Alfort
Je char du Pôla Nord, orné de poteaux télégra-
phiques, d un ballon, d'un poêle mobile, de fonc-
tionnaires bien emmitouflés et d'ours blancs.
Vient ensuite sur un char bleu et or, en forme
de nef antique, la Favorite du Roi, une belle
Jeune femme en costume Empire, debout dans
la fumée des encensoirs que balancent à ses
pieds des professeurs de 1 Université.
Les bravos de la fouie ne cessent pas, la caval-
cade des Etudiants obtient partout un franc
succès de rire, et l'apparition des deux illustres
végétariens, Kif-Kif et sou bourricot, augmente
encore l'hilarité.
Les Derniers Chars
Derrière ces deux compagnons de voyage an-
paraft le dernier groupe des chars des lavoirs.
C'est encore une profusion de feuillages, de
travestis servant de cadre aux gracieuses de-
moiselles d'honneur et a leurs Haines. Un jour
unique de loisir et de gaieté n'est-il pas bien ga
gné par le travail d'une année tout entière ? Les
ïleines qui triotnphont aujourd'hui apprécient
vivement cette joie, n'ayant pas coutume de pro-
mener leur indolence dans les rues de Paris, et
toute leur existence de labeur proteste contre
les traditiona des rois fainéants.
Nous voyons détiler les chars des lavoirs du
Centre, une grande barque sur des flots verts
piles, avec des fleurs qui s'ouvrent laissant voir
des femmes dans leurs corolles les lavoirs ,:e
Saint-Joseph, de Saint-Louis, le char des Bateaux-
luvoirs du canal, le char de l'Avenir. Les ban-
nières flottent par-dessus les décors, les confetti
de tous côtés, les spirales sifflent en se dé-
routant dans toute l'étendue des voies parcourues.
il y a dans ce délilé un tout petit char rouge,
orné d'étoiles d'or, une voiture Louis Xlll pour
enfants, ou. un Roi de quatre ans a pris place à
côté d'une Reine plus jeune d'une année. La voi-
tare est trainée par un chien. Cela représente le
lavoir de la Procession. Dauze jeunes gens di-
versement déguisés lui sarvent d escorte.
Le char de la Tourelle passe avec ses parois
en boiseries peintes, ses gradins couverts de
masques, des tentures et des guirlandes tleuries
encadrant l'orchesire. Puis les chars de Sainte-
Kugénie.de Saint-Jean et de Sainte-Marie; celui-ci
entouré de treillis, avec une tenture de vetours
rouge, piques à lances dorées, chargé de feuil-
lages et de fleurs, a été décoré par Mme Tagot.
Des landaus et des tapissières viennent ensuite
préeédant le beau char des quatre marchés
tes Halles, le Temple, Saint-Germain et Lenoir.
C'est un char Louis XV à bords sculptés très
élégants de forme. Des hampes dorées suppor-
tent des guirlandes et un dôme s'arrondit à l'ar-
rière où trône dans l'éclat de son triomphe la
Heine des marchés, Mite Marie Gkaudin, entourée
de ses quatre demoiselles d honneur. Le char est
porté sur des nuages blancs et bleus.
Il termine dignement le cortège.
Les acclamations de la foule s'élèvent encore
après son passage, derrière l'escadron des gardes
républicains à cheval qui clôture le défilé.
A Travers Paris
Du conrs la Reine, la cavaloade carnavales-
que, provoquant par la diversité et la beauté de
ses costumes une grande admiration parmi la
foule, s'est rendue a l'Elysée par l'avenue Mari-
gny et le faubourg Samt-Honeré. Il convenait,
comme cela s'est fait le premier jour de la pro-
menade du Boeuf gras, que le palais présidentiel
fût la première étape du brillant défilé de ta Ml-
Carême.
A L'ELYSÉE
Les ab6rda de l'Elysée ont été évacués. La
foute ut maintenu à à distance du palais; à l'une
des fenêtres dosant sur la venue Marigny se
tient M. Pélix Faure-
Le Président da la République est en redin-
gote. A ses côtés, on aperçoit MM. le général
Tftmrnier, Le Gall, et i)ueiq,«es officiers de 6a
maison militaire.
» Alors c'est pour oublier?. reprit-il
» d'un ton sympathique.
» Pour oublier et aussi pour une autre
» Et comme discrètement il s'abstenait de
m'interrojjer, j'ajoutai
» i» »ais chercher à m'établir dans un
» autre pays. Où?. Je ne suis pas fixé.
» J'ai perdu une femme que j'aimais avec
passion et lc retour de la France m'est
'< derenu trop pénible. Si cependant je ne
» trouve rien, je devrai y rentrer. à nioa
» grand regret.
» Il réftéchit et, se iaurnant vers la mer,
» il y jeta le bout de son cigare et en alluma
» an autre. non sans m'avoir tendu sa pro-
» vision dans un étui d'une clégance ex-
» trêrae.
Je le rnmerciai. Je ne famé jamais.
» C'était un jeune homme de trente à
» trente-deux ans, mis avec soin, portant
» toute sa barbe, châtain foncé, aux traita
» distingués, brunis par les voyages dont il
» venait dé parler.
)' Le temps était brumeux, mais très
ait pas l'horizon.
iemps à autre apercevait-cm
», èans le breraillara le fantôme de quelque
bâtiment qui passait au large.
» Je comprenais très bien le travail qui
» s'opérait dans l'esprit de cet inconnu.
r> 11 se demandait dans quel but je prouvais
quitter la France avec une enfant si joune,
» lorsque si peu de nos compatriotes se dé-
>* cîdent à déserter le soi natal pour t'Saa-
planter sur un autre.
» H «e méfiait en art mot.
Cependant pee è peu il dut Se rassurer,
car après une pause il sa teuro» de nou-
» veau vers moi et me dit
Berge Mme Félix Faure fait alitement une
courte aoparition.
musique éiftHabiéc. Le» exéeuiaut», voulant tous
Offrir une arthade, jouent avec ua aeharneteent
vers s reprises, notamment au passage de*
Reiues^fp le 3alutotfort Gracieusement.
Les «embres d8 Comité des lavoirs de-.
dent deiVoitur? et pénètrent èl'Eiysée.
üs sont reçus sur le perron Ni. le capitaine
Buti^her, auquel ils l'emaUent deux superbes
corb«îtes de tleor» offert» par Miles LûSîser et
Caroline Schœnacker, soeurs da la Reine des
reines.
L'une de ces entoilas ast destinée à M. le
Président de la République, l'autre à Mlle Lucie
Faure.
Après avoir échangé quelques paroles cordiales
avec le capitaine Booehei-, les membres db Co-
mité se retirent.
Dans le Faubourg-Saint-Honoré", pas une fenê-
tre qui ne soit oecupée. Serpentins et confetti
pleuvent sur la tète des figurants. Les chars dis-
paraissent sous une cheveiure multicolore.
Maunenant. le cortège est correctement «̃^•eé
et les à-coups se font plus rares. On avance aesez
rapidement. Dame il convient de regagner la
demi-beure de retard au départ.
Hue Royale, la haie des badauds ne dépasse
pas les trottoirs, maia la foule est compacte.
L'animation est très grande.
Place de la Concorde, tout est envahi: les
lampadaires, les statues, les grilies du Ministère
de la Marine supportent des eentaines de curieux;
sur la terrasse dea Tuileries il y a du monde
partout.
Soudain, .un éclat de rire retentit: le petit
âne attelé à la voiture du tzigane et de son amie
refuse énergiqueroent d'avaneer, en dépit des
sollicitations de Ma conducteur qui, de guerre
la,se, doit abandonner la partie et s'en aller
à pied.
Un homme de bonne volonté prend l'animal
par la bride, mais il faut perdre tout espoir de
le ramener à de meilleurs sentiments.
Les étudiants le détètent et se mettent à sa
place dans les brancards.
De la rue de Rivoli à la place Vendôme, pas
d'autre incident qu'une distribution de vivres,
fort bien accueillie par les figurants qui dévo-
rent ces provisions que l'un arrose de Champa-
gne bu à même la bouteille.
Rue de la Paix, recrudescence de curieux.
Toutes les petites couturières du quartier se sont
donné rendez-vous à cet endroit et paraissent
s'amuser follement
LES GRANDS BOULEVARDS
Enfin, la somptueuse et joyeuse cavalcade
débouche sur tes grands boulevards. La place de
l'Opéra avait son animation des grands jours
de fête.
Quel spectacle que ces milliers et ces milliers
de curieux, masses partout, enthousiasmés par
l'arrivée des chars superbe?, extrêmement amu-
sés par les ébais des personnages cosmiques du
cortège, et semblant eux-mêmes des arlequins,
tant il avait ptu, à pleines poignée?, ne confetti
multicolores sur leurs vêtements!
C est toujours 14» sur ces grands boulevards,
on le sait, que l'entrain atteint suu paroxysme.
La joie déborde; les lazzi se croisent avec les
projectiles de papier et, au-dessus des trottoirs
serpentins, laneés des fenêtres et qui s'aeero-
chent aux branches des arbres, font des voûtes
aux mille couleurs dont le mélange rappelle cer-
tains vieux vitraux de palais florentins.
Les étudiants et les lavoirs doivent, ici, se
trouver payés de leurs peines ils triomphent,
et c'est Justice, car cette aanée les organisateurs
de la fête se sont réellement surpassés. Gloire
aux Reines et applaudissons longuement cette
jeunesse des Ecoles, si vibrante et si joyeuse I
A #0W£ SALIE DES DÉPÊCHES
Le cortège arrive vers deux heures à notre
£&!le des Dépêches. A ce moment la cohue est
énorme, mais la service d'ordre est admirable-
ment organisé.
M. Lépine, d'ailleurs, qui ne recule devant au-
cune fatigue pour assurer la bonne organisation
du délllé, précède le cortège et veille à tout.
Bientôt arrive le char de ta Reine des reines;
le Comité d'organisation presque au complet at-
tendait la gracieuse souveraine. C'est au bras de
M. Leroy, vice-président, qu'elle fait son entrée
au Petit Parisien. et pénètre, suivie de toute sa
cour,dans nos bureaux.
La iteine est reçue par un de nos collabora-
teurs qui lui souhaite la bienvenue au nom du
Petit Parisien et la complimente sur sa royauté.
La Reine a répondu fort gracieusement par quel-
ques paroles charmantes, re merci an notre journal
du concours qu'il ne manque pas d'apporter aux
organisateurs des fûtes de la Mi-Carême.
A ce moment, les bouchons sautent et les cou-
pes da l'excellent Champagne Potntnery et Greno
circulent. M. Leroy, au nom du Comité, porte
up toast au Petit Parisien. Notre collaborateur
répond en portant la santé de la Reine, très gen
tille dans sj. brillante tuilette, et des non mans
gracieuses demoiselles d'honneur qui l'accom-
pagnent.
M. Leroy nous dit combien M. Semichon, le
président du Comité d'organisation, regrettera
de n'avoir pu les accompagner comme il le fait
chaque année. Mais sa santé ne te lui permet pas
cette fois.
Pendant ce temps, un membre du Comité nous
montre le cadeau fait par M. Félix Faure à la
Heine des reines. C'est une très jolie broefw! en
brillants représentant des fleurs de lys entrela-
cées, avec cinq perles fines.
De superbes gerbes de Heurs sont offertes à la
Reine et aux demoiselles d'honneur, et le cor-
tège se reformant, la charmante souveraine re-
gagne son char, puis la aavalcade se remet en
route. Pendant ce temps, la foule n'a cessé de
s'entasser sur le boulevard, maintenue par une
compagnie de gardes municipaux, tandis que
M. Nadaud, officier de paix, se multiplie pour
assurer le bon ordre.
Pendant que le cortège défile, nous recevons
encore la visite de la reine et du roi du tavoir
de t'tndustrie, il. Coarbevoie, qui nous laissent
six francs pour les pauvres. Le lavoir de la Reuss
s'est égatement arrêté au Petit Parisien.
La reine du Marché du Temple s'est aussi ar-
rêtée devant notre Salle des Dtp^ches. Notre
collaborateur l'a félicitée et lui a fait compliment
sur la façon tout à fait charmante dont était
orné son landau. Elle avait, d'ailleurs, fort bon
air et paraissait toute radieuse, au milieu des
amas de ileurs dont elle était entourée. Son
landau était précédé par Montjarret; mais ce
Montjarret était une jolie jeune fille de quinze
ans, se tenant cheval avec autant de maestria
que le piqueur de l'Elysée.
Pendant les différentes visites que nous avons
reçues, plusieurs toasts ont été échangés, au
choc des coupes où pétillait le délicieux cham-
pagne Moatetoello. dans lequel on trempait quet-
ques biscuits Oîibet.
Tout te monde connaît les ctapeaiix Charles??
Leur prix modique et leur supérieure qualité
ont suffi à tes rendre populaires. Comme tefs
d'ailleurs, ils sont de toutes tas fêtes. Hier, ils
tiguraient daas le cortège avec d'immenses cha-
» il vous faut un motif bien puissant
pour vous décider à une sorte d'exil dans
un pays où voua aurez besoin d'une grand
» énergie pour réussir.
» Vous le connaissez ?
Beaucoup. C'est encore en France que
» la vie est plus agréable et plus facile, je
» puis vous le certifier. Rien ne vous force
« a la quitter?
» Rien, si ce n'est ma ferme volonté.
» Il n'y a plus guère qu'un moyen de
faire fortune. en Amérique.
» C'est de cultiver les héritières, lui
» dis-je, je le sais, ot de faire un brillant
» sourit.
» Mais, ajouta-t-U, pour y parvenir, il
» faut un titre.
» Et je n'en ai pas. Je ne tiens
» pas à la rut Je désire seulement
» m'oesuper, me distraire en travaillant,
» vivre en un mot.
» Vous disposiez d'un capital ?
» Pas énorme.
Il Combien environ
» Une centaino de mille francs.
» Il parut frappé de ce chiffre et me de-
Il Vous avez été élevé à la campagne ?
» J'y ai vécu pendant vingt ans.
» Vous aimez la culture, l'elevaga ?..
» Je voudrai» n'avoir jamais fait autre
» chose.
» Vous avez de l'énergie ?
A pen près autant qu'un homme da
trente ans peut en avoir.
» L entretien en resta IL
» Le brouillard s'épaissit tout à coup et
» se transforma en une pluie fine et yùaè-
» trante.
le crois que voua feriez bien de ren-
sont situés 18, hnjiriiii rue
Vivienne.
Vers quatre heures un quart, la 8o4atTfyrlquet dansante le Carillon Bel!e*81fiis. dont ie *f?«e
est boulevard de la Valette, a'wt uéucaée dt-'îa
Cavalcade de la ^e-Orème et- venue exécuter
plusieurs morceaux de son r4j>«toire datant mis
les membres étaient fort geattaeiu coabmés
été très applaudi*.
PLAQf B£ LA /tÉPUBUQUE
A travers la âsHè de la fbole, la rage des con-
fetti et des serpentins, les acclamations bruyan-
tes, la «avaleaoe *le déroule et sait hw grands-
boulevards jusqu'à ia place de la République.
Là,l«6 soldats de la caserne du Coateau-d'Eau,
qui se pressent à chaque fenêtre, font une ova-
tion aux chars des iavoirs. C'est qui, parmi
eux, applaudira le plus fart le» joliœ Reines d'un
jour.
Des curieux sont perehés sur la' statue de la
République, qui, sei-moe, ayant dea serpentins
enroules autour de son bras levé, semble une
grande et bonne idole présidant à la joie popu-
La cavalcade suit maintenant le boulevard Vol-
:aire, également très anime, et arrive place de la
Nation.
PLACE OE LA HAtUM
11 est environ quatre heures lorsque la tête du
cortège fait sou apparition Sur cette place.
pacte, offre un cadre on ne peut mieux propiea à
en bou ordre, sainte par lea vivats enthousiastes
des spectateurs.
Le serviee d'ordre, bien compris, a ménagé un
large passage libre où s'engage le défilé, qui con-
tourne la v&sque sitnée au milieu de la pistée.
A t entrée de la rue au Fau&ourg-Saint-Aatoine,
le signal de la halte est donné par une sonnerie
de trompettes.
Quelqûes minutes de repos sont évidemment
nécessairae, car la plupart des cavaliers mettent
pied à terre, ttçurruiU, figurantes, dames des la-
vorra sauteut a bas des chars et des landaus.
Chacun éprouve le besoin de se dégourdir les
jambes, même les piétons, qui, malgré le long
trajet qu'ils ont parcooru, exécutent nnlie gam-
baaes, a la grande joie de la fouie.
La bataille de confetti, interrompue un instant
par l'arrivée de la cavateade, r-r,f>read dd pius
belle;, masques et curieux luttent d'entrain* Des
nuées de rondelle» de papier s'élèyent pour re-
tomber en une pluie multicolore.
Cependant beaucoup de gens du cortège, al-
térés à juste titre, se dirigeant vers les cafés; mais
il i! n'est guère facile de s'y faih servir, car le pu-
blie lu a envahis dès longtemps.
Enfin, avec de la bonne volonté, on parvient à
se rafraîchir; mais les cavaliers sont trop galants
pour oublier les dames, auxquelles ils foat ap-
porter des rafraîchissements.
Le char de la Ueiuc ciets reines est très entouré,
on veut voir de près la souveraine du jour qui
distribue ses sujets, avec une grâce char-
mante. saluts et sourres.
Les deux statues de rois érigées aux sommets
des colonnes de l'ancienne barrière du Trône, à
l'entrée du cours de Viaceunes, ont l'air de con-
iempler d'un air jaloux et maussade leur gra-
cieuse concurrente, lis semblent avoir conscience
de l'oubli dans lequel les laisse la foule.
Le repos est ilni. Tout le monde a repris sa
place en un clin J'œil, et le cortège s'ébranle de
nouveau.
AU FAUB0UR6 SAMUAHTOIME
Dans cette rue populeuse, pleine de travailleurs
modestes, on n'est pas blase sur les amusements
qu'offrent tes fêtes publiques.
Là, on n'est pas riche, bien que travaillant
ferme tout le long du jour; aussi est-ou fran-
chement enchante de pou»*oir jouir d'un spec-
tacle qui ne coûte que !a peine ik' regarrler.
Les fenêtres sont noires de monde. 00 s'y en-
ms»u iincraieiueui. f armi tes spectateurs entii-
roanchés, ou aperçoit de ci de ià des bustes d'ou-
vriers, les mnnehes retroussées. Ces braves gens,
qui travaillent même en ce jour da fête, ont
abandonné un instant l'ouvrage pour admirer !a
cavalcade.
11 en est de même dane la rue. L'encombre-
ment des trottuirs ottre un pêle-mêle de toiieUea
et de costumes J'atulier.
Les chars soulèvent de véritable. enthousias-
mes. Les blanchisseuses de Robinson, montées
sur des ânes, affublées de costumes grotesques,
provoquent des éclats de rires et des applaudis-
sements unanimes.
Voici maintenant les étudiants, qui à l'origina-
lité de leurs conceptions carnavalesques mêlent
l»ur verve cndiabléc.
Les Arabes, les cavaliers esquimaux, les fonc-
tionnaires fantaisistes qui défilent en affectant
un sérieux des plus comiques, soulèvent des
tenip&tes de bravos.
Les applaudissements ne sont pas ménagés
non plus aux amazones et aux aimables figuran-
tes qui trônent sur les chars.
Les eunuques obtiennent également un succès
de fou rtre.
Les chars du Biberon Robert, qui Élève et
nourrit le moade. et de la Source du Cria let,
la meilleure dtr bassin de Vichy, précédés de
joyeuses fanfares, attirent toui les regards par
Içur brillante ornementation.
Le cortège vient d'atteindre l'hôpital Trous-
seau, où. comme l'an dernier, l'administration
Je l'établissement a eu la sollicitude d'installer
derrière la grille des gradins où les petits mala-
des susceptibles de supporter le grand air ont
pris place sons ta garde des surveillantes.
Le spectacle qu'offrent ces figures pâlottes est
gracieux et touchant à la fois.
Garçonnets et flltettes ont été peignés avec
soin et enveloppés dans de chauds vutetneats. La
joie brille dans les yeux, dont quelques-uns en-
core agrandis par la lièvre paseee. de ces jeunes
martyrs que la souffrance a prématurément ter-
rassés. Leurs petites matas s'agitent et applau-
dissent à la vue du déifié1, tandis que des rires
fusent, argentins et naits, de toutes ces poitrines
d'enfants.
De même que sur la place delaNaiïon, la foule
est immense place de la Bastille. Des curfeux
ont pris place sur les tramways-sud qui station-
nent le long du paraoet do canal, sur la toiture
des refuges et jusque sur la gâterie de la colonne,
d'où le coup d'œi! doit, d'ailleurs, être fort beau.
L'enthousiasme ne le cdde en rien aux autres
points du parcours.
Il est cinq heures lorsque la «avalcade s'en-
gage dans la rue Saint-Antoine. Uneplus tard, elle arrive à l'Hôte! Ville.
A L'HOTEL DE VILLE
L'aspect de rittinienee indescriptible.
Bile est envahie par uue foule turbulente et g*ie
qui s'entasse partent, sur '-•'̃- :> r< ^-pleine, les
trottoirs, la chaussée; les t !̃• la paix et
les ïîîilrtairçs on!-de la pein*! Il va maintenir. Le«
estrsdes réservées construites dwwmt l'Hôtel <-l
V)i!e sont bondit dp monde, tandis riui» les cu-
rieux, dont -csJir«
que l'heure venue
Victoria, la rus ne ivivu:i, te «j'iii ut. ueHVr«S(
etc., etc.
Partout les tréteaux, échelles et chariots dftût
» trer, dit-il, surtout 1\ cause dc cette enfant, r
Moi, je vais achever mon cigare et vrws
» suivre, Vous trwtvercz an salon nne r
̃ brense compasrnfe et vous entendr»
musique v 'ment enragre> r
» se mettent au piano.
Deux jours plus tard, mon compagnon
»et moi nous étions les meilleurs amis du
» monde. Je connaissais son nom.
imis qui,
est ailé en Amérique pour essayer de réta-
» blir ses affaires.
» Il ne me cacha pas que c'ëtait ce à son
» argent que son ami avait pu entrepreraîre
» dans le Far-Wsst l'élevage des boeufs et
surtout des chevaux qtfi toi donnait de
!» bonnes e^pératices, mais que sa vie était
d'une excessive dureté et qu'U fallait, pour
» s'y Tésondre, ztne extraordinaire force de
» volonté.
v Enûn, camine derniôre conMencc, il
» m'apprit qu'il se trouvait en avance d'une
somme de cant mille francs, mais que,
n'étant pas très riche l"aî-îQ » sédant que des terres dont le revenu était
» tout juste suliiaaat pour lui permettre de
» tenir honorablement son rang, il n'avait
» consenti il cc prêt qne par affection pour ntt
caoiaxadc d'eufancu qu il estimait à l'égal
» d'un frère et qu'il serait très contraria de
» pe«ire cettç somme qui creuserait un pre-
» cîpice dans sa petite fortune.
avait dû -e et de coeur chez ce
compairii. tgo d'apparence froide
et rêseFTéo, et je nx liai assez avec lui
pour répondit.' & sa couûauce par uw con-
ûaace égale.
tee tenanc^r- logeât les plaew S >in? ronvenae
de 2 francs seat «UsirtB; et <•' que
les retardataùBB» essaie»! de lut
un mur huinirâ leur narre h
Là, pour ua instant, la baUiile de confetti et
de serpentins subit una trêve forcée, le» combattu
tains ayant l«« bras eolife au corps, teUemeat
les spectateurs «ont serré»!
Laaesvaliers ,i<> l'escorta apparaissent, puis lot
cnsr#^J» les il en mupes défilent. sur ht
pijîe ajktfeur' a e;v resam» devant les tribune-.
aux .ipplaadisaemeiua d» innombrables spect*.
Taudis je tous les autre passent, les chars
uw*ux Heines s'ah-Ctent successivement de-
vant la tribune centrale. Escortées de teurs de-
moiselles d*nonneur, les deux triomphatrices de
la journée pénètrent dans i'Ilotcl de Ville au
bras de MM. Semiciion, président du Comité des
Lavoirs, se Conseil mu-
nicipal, qui les conduisent dans la salle des Pré-
vôts, où ils leur souhaitent la bienvenue.
Un vide «oMita «a i'toaaeur do* gr&eieusea
souveraines une coupe de Champagne.
Ensuite, après leur avoir offert de superbes
bouquets, les membres du Conseil municipal
reconduisent ces dames à leurs chars respectifs,
tandis qae la cavalcade défila au milieu des ap-
pliiKiissement» de ta foule pour et disloquer un
peu plus loin.
LE BETOiM DES ETI/Û/AMTS
A mesure qu'ils ont défilé devant les tribune»,
les chars fraechisseat le paat d'Aréole et gagnent
de là le Parvis Notre-Dame, où a lieu la dlstoca-
tion. Chaque groucede lavoir regagne son quar-
tier napaetif ça donnant ma. antres rendez-vous
pour le bal qui aura lieu dans ta soirée. lA¡¡ mar-
ches en font autant, tandis que les étudiants re-
gagnent te boulevard Saint-Michel. L'Ordre u'a
pas prècteétnent déserté le eortè*«, mais l'en-
taousMsme et la fajrtajsie oui aucint leur plua
haut degré.
Aussi, l'entrée au quartier Latin est-elle triom-
phale. Tous ceux qui n'ont pas pris part à la ca-
valcade l'accuatitent en cnant&nt des refrains du
Boul'Mich'; les membres de la cavalcade y ré-
pondent, les musiques jouent, les cavaliers ara-
bas exécutent une fantasia écnevelée qui obtient
le plus légitime sucée?.
Les terrasses des cafés sont bondées de jeunes
gens et de jeunes femmes qui fout pleuvoir sur
las hpros de la journée des averses de confetti et
des kilomètres de serpentins.
11 est environ six heures et demie lorsque le
«̃oruiae arrive à la rue SoufUot qu'il rameute
jaaju la pîace du Panthéon.
LA FU DE CARSA VAL Y
La foule qui envahit la rue, la place et les
aburds du monument est compacte au point qu'il
est impossible d'avancer ou de reculer.
La service d'ordre, commandé par MM. Itieu,
oflleier de paix, et Bérthelot, commissaire de
police, est impuissant à maintenir les curieux en
dehors du cordon d'agents étab: x. riiet. Da
formidables poussées ont lieu, -,s de la
paix sont débordés. C'est tout es du-
diants peuvent ménager une MiMe suffisante
pour incinérer S..M. Carnaval V.
Eufin, le groiç-sque monarque déchu est jaté
à bgs de aon siège, puis place debout en équi-
libre au milieu de la plspe. Les bourreaux du
cortège y mettent le feu à l'aide d'aJlumettes.
La paille dont le mannequin est bourru répanil
d'abord une épaisse fumée. puis les (larames
apparaissent, s'élèvent et l'enveloppent du toute*
parts.
Carnaval oscille d'un air grotesque durant un
instant, puis il s'abat tout d'une pièce au milieu
des garbes d'étincelles. Sa chute est saluée par
des cris de joie.
En un ctin d'oeil, il ne reste plus du gai roi de
la jeunesse ou un tas de cendre.
Telle est ta destinée de la plupart des sauve.
raine dont la gloire éphémère fi'envole en fumée,
à la grande jute de ceux qui furent leurs fidèles
surets.
La Soirée
L'auto-da-fé de Carnaval est peine terminé
que les étudiants se dispersent de tous cotés
chacun a hâte d'aller prendre un repas solide
car la joorne« a été pénible et le programme esl
loin d'être épuisé.
Les restaurants et les cafis.s du Quartier sont
pris d'assaut; on se dispute le moindre coin de
faMe, on s'entasee; c'est un indescriptible tohn-
boau. Les confetti voltigent dana l'air, semés
par des mains innombrables, teintant de nuances
hétéroclites les mets servis, sinflltrant dans les
verres on en mange et on en boit à satiété. La
péeha fiât une occupation qui divertit grande-
ment les consommateurs.
Les figurants de la cavalcade sont tellement
dissêminés dans le Quartier qu'il est difficile,
l'heure venu de la retruta aux flambeaux, de
rassembler les groupes.
D'aillears, le mot d'ordre a 6té mal compris par
les intéressés, et tandis qu'une centaine d'étu-
diants se rendent, vers neuf heures, à la plaoa
du Paathéon. les autres descendent place Saint-
Michel où Uoivoat venir les cûercuur plusieurs
Les membres du Comité procèdent néanmoins
i l'organisation de la retraite aux flambeaux.
Les étudiants présents pénètrent dans la mai-
rie du Panthéon, où des lanternes véaitidanes
leur sont remises.
Précédée d'une liçn« de gardiens de la paix,
fous les ordres de MM. Doray et Uieu, officiers
de paix, la colonne péniblement formée se met
en marche à la lueur des feux de Bengale.
Rue Soufflât, on constate un oubli les musi-
ciens, n'ayant pas été avertis, ne sont pas venue.
Les étudiants entonnent alors les refrains popu-
laires au Quartier, mais le résultat de cette ten-
tative n'est guère brillant, non pont que l'en-
train fasse défaut, mais on a déjï tellement
chantd, crié, que les voix sont aphones.
Enfin, on croise un groupe de gymnastes mu-
nis de clairons et de tambours on tes invite à
se joindre au cortège et à grossir les rangs pou
serras, ce qu'ils s'empressent de faire.
Désormais, on est au complet. An milieu d'une
foule énorme, un descend le boulevard Saint-
Michel. L'aifluence est même si grande que les
organisateurs renoncent à un monôme projeté
sur la place de la Sorbonne, et l'on continue la
marche en ligae directe jusqu'à la ptace Saint-
An d ré-des-Ar ta.
La arrivant là, on retrouve les camarades casés
dans cinq tapissières. En un clin d'œil, tout le
monde est en voiture.
Cccb*r 1 au Nouveau-Cirque 1 clament les
étudiants avec un ensemble parfait.
A ce cri, les vébicules partent au galop par le
pont Saint Miche) et la rue de Rivoli jusqu'à la
place da Théâtre-Français.
Malgré le déuart des étudiants, l'animatioa ne
sVst 'point ralentie au quartier Latin. Jusqu
une de la nuit, un a batailll
fe =es des cafés.
était d'ailleurs remarquable-
•̃•: m la soleil n'apaav&uiu favoriser
;a pluie, au moins, Il: pas ni.lv
SUR LES 6RANDS BOUIEVAROS
V .«iï i, .ïJ.on qui séuit un peu «ilméaà l'heure
iKi ̃ rooris plts vive que jamais vers
huit Le :rs et uenrie.
» Je lui expliquai la vraie cause de ma
» îOsulutioa, l'état de mes finances, et je lui
dis que si son ami consentait à s'associer
ivec moi, je l'aiderais de toutes mes forces
et serais heureux de partager tes chances
de «en existence aventureuse.
Lorsque nous débarquâmes à New- York,
u naus uttoiis liés par une commune symrKt-
̃• th:r>. Ji 'n avait appris que son ami, tout
en cédant a de fâcheux entrainements du
» cœur, avait toujours fait preuve de la plus
» grand* probité et ne s'était ruiné que par
» suite de'son mépris pour l'argent dont il
» ignorait la valeur et pour «aruafaire aux
» exhifence» d'oae de ces femmes d'âge
mûr qot«*iM«nt de l'inexpérience de jeu-
nés! fous pour les dépouiller de Lien s qu'un
>« fâcheux hasard a mis trop tôt entre leurs
mahïs. Bref il m'avait inspiré une yérita-
ble amitié pour ce jeune homme qui s'ap-
pelle le baron Paynel et appartient à une
» famille dont il est le soûl représentant.
Nous ne passâmes que trente-six heures
» à New-York et nous primes le surlende-
» main de notre arrivée le train pour Chi-
i> Je ne f* raconterai pas notre voyage h
travers d'immenses et magitifiqaes pw-
nes et des montagnes où en quefipie» iiw-
tants on trouve une incroyable variété de
» sites riants et terribles, sauvages on par-
faitemerrt civilisé*.
A partir de Chicago, nous rimes encore
» huit heures de chemin de fer à tonte vi-
» tesso. Puig Il nous falîîrt mourir à d'au-
» très moyens de transport.
Une sorte d'omnibus énorme. att»15 de
six chevaux, qui furent changés tontea les
heures nous conduisît en une fottrnée dans
» une ville dont tes monuments restent
i l'état de projet et dont les vues ne sont
n semble qu'un wsst folie a soulûé sur
Paris. Les grands latftvarda oarent l'aspecf!
d une mer d'êtres hiJBMrias.
^teamawiues, asseSnuts dan. ta journée, sont
folies agitent
leui* parotte d'une shud tandis que de lautr»
eiieâtteaabardent de «oafBtii tes autres prame-
ueura. Des pierrots <$, dm pierrettes furment da
atmtaata wlionner.t (rune nota
clair* te moMtome dû «M tu mes de ville.
wancoup dHo^KnwtÇBit afîublés de faux-ne*
>OJaaissabltts. Aus#i pruliteal-
,sr«to»qpe pour se perme-Ure
umK!» Borttia ae r&ttim qui, d'a.itetire, s..nc
garment accueillies par ceux auxquels elles jh-
dressent, et qui y répondent de t$u<- ̃•;
Personne ne songe à se fâcher de
guiiu utile, et la» rarei> grincheux Les lampadaires i'le<ïta*u*88 J«tt< •̃̃– -?tta
foule en délire leur brtrtanfeeïartfc eN
de liW
lumière produisent un effet ravissant.
Les serpantiûs dâ%elon-
ixiat au-dessus de la foule, des éoittU* tnitèw-
l'uiores.
A minuit, r»aim«uon n'aceute pas •ne*«« sab
dA deux heures du mata,4ftnombr-v r i,ae«
Ixiiailieut encore, :,ut:
tés
au eaîi, pareoareiH eneore h ,̃>>̃.
trottoirs, puis ils
l'aris s'endort enllD, après uu« j.iis; :;uc ivty-
gante, ma» it»ienwrrt et bien remplie.
Le pavé offre un èpsi* tapis de iviiùYilr-s «ia
papMU', iur luquel iej voitar«a *Uar -it
saus bruit, comme sibler le sommeil pruvoijué par les jnmu u,iits ds
ia journée.
US ACCMMTS
On n'a, fort beareusement à déplorer, en »:•«»
iIms ïu'i'i.ifiii*
il '̃
La premier s'est produit lors de la formation
du cortège sur l'avotiu? il'>«
Le CtVtivai ij'i: ;̃.> .vyi
l'escorte de la lu. us Jaiw
gauche par roue d'un char, s'emiulle <'i maù-
'lue ,le qui n'en i>iua
u).iî;rc de sa nau&iore.
Fort heureustmeut, un i •̃i,
M. Henri J. voit if daiv la
bride du enevai -t
étuiiiant (i« I t,i
L étuolioï! 1"
peine ca.111: ,a.
pée de coût
Son tlis, aide par Ils j**ruiec- ,;s-
portu la ,nainde au poste du i
Palais Je l'Induslriv, où un ̃• ̃ ^mj
les premiers t'OU!
MalheiiiviiNfnvnt. l'Installalion des snours
ieiq»e pou 4 di'»ux,i-. <.est
en vain une voituiu i\\tm-
i> •• ̃̃ Mme
lliabaut, qui lv.
Au Cuncnurs ma
.t .«i. t;; iitl.
du réquisitionner un Hacre ou l'on <
lado, qui, espérous-lc, uaura pas lu ir
de celte ucgligiîuce.
EN VENTE PARTOUT
LE
Sipplêieiî Littéraire Illustré é Pelil Parisien
5 centimes le numéro
On trouvera dans ce numéro <<. ft«
gravure représentant
LES REINES DES REINES
M»' fi«CH«*KEn et M"* <;AUDIW
Les Reines dex Lavoirs et des iarebcs
Voir tlims le wrme numéro l<' portrait
l'explorateur Nansen, qui va arriver n ,i h,
ainsi que deux dessin* représentant h1 h-.un,
ruitire qui a fait le voyage dra PMc-Xord, et
mm Campement de l'explorateur dans les mert
de glace.
Une autre yraotue reprétrute
Le Duel r*in4-Tlioiiaerruox
D'AI'titS UNE PHOTOGRAPHIE ISSTa
Le SUPPIËMBHT LITTÉHAIRS ILLVS7Mi dit
Prrrr P»ris»n g veget de _le, suuaroet
gravures a actualité) est mzs en vnniu uiaa ltt«
,jeudi$ au prix a* 6 centimes le numaro.
Dépêciies de l'Étranger
LA SAHIB Dg USIARK
B«i-
On a fait courir ici dans la jou; -iruit*
alarmant!» sur la santé du priaoe fie h •
Des informations prises i. M BVfti ̃ ̃ .>.
que le prince de Bismark set hvîiki, s
(juelques jours a la suite d'un I
ruent. Son état de santé ne dont:-
a aucune intuer pu prendre ses repas comme à
LI P&1BCKBEHK! XXH DS KEUSS-GfU
Le prince Henri XXfl de Rmis* mrhm
ainpp] a refusé de participer aux ̃̃i-.nte-
naire de Gmli»nrr'" •" 1" r>»-'n--
irréconcilia!'
Un bourg'
bord le drapeau prusateo, tes gaudarme^ le lireot
enlever.
Le prince a même interdit les pnCreï pour
Guillaume
LIS ÉUXI10SS ITALIENNES
CSE BACARE.K
tracées que sur ta papier. Mat"
» maisons existent.
Et quel !o« maiser»!
» La voiture s'ârrttaqnd on poorrait r ivcc \if»
aflomptte et qui n as coiirfl-
dérable.
Le bois entre ptmr tes trois quarts dans
r sa constructirm et son appamnee donno
» une pauvre idce de l'architecte qui l'a Odi-
fié.
̃• En rev.trich' lri ;̃• • ̃̃ ̃
sait devant s;> >̃•• ̃̃ ̃̃ '̃:<̃
» dont tu ne pe»1
» On vovait toi. ̃̃ r dans
le pays des ranehmsa «t en eamiteys, des
cité* natwaat*» etdea prises daponstsiioa
du plus hardi et dBfpnn»ierocc«pa»t.
Cependant on «siffln ordre règne dan*
>• ff dc^ordm et on davmc quelques autorit»»
>• * ce tumulte.
• D^nx jeunes gens nous attendaient.
n (/nanti je <â> nota», c'etrt une façon da
» parier. Ils Tenaient a«-» «wnpafrnon.
A ce je ne sais quoi qui nous dustiafro»
» en qntàqm endroit qn'on non»
jie roraanmis 'tout de «uits deux Franc-û» et
» le me dis que le plus jeune des ut t
du vi«omt« de BroviBe.
» Je te l'ai dit. Je no me trompais pus.
n O jeune homfae est baron, noblesse du
» premier Empire.
de la cour de Row
Il s'anpeSfe Ixmi
• Le compag >i.i:i*. de
a confianef un i a con-
» senti à tenter la » w » ».i.
{A mimrt») Quaus iiieji.ti.-
toitures, qui s'éloignent pu le boulevard Saint-
Micltel.
Pendant ce temps, les étudiants à cheval, grou-
pés sur la place de l'Obsnrv«U»re, es «ÉRgeot,
également vers le cours la Reine.
Les deux groupes se rejoigaent, fraternisent
Dans les omnibus, c'est un perpétuai va-et-
vient, un échange de voyageurs d impériale et
d'intérieur, des scènes de paatomtas un pré»
vues, des cris, une gaieté dit bon aloi, uni; exu-
bérance de vie et de jeunes si commanicativ*
que la foule ne peut s'empê«tar d'applaudir au
passage des étudiants.
Place de la Concorde
Dès neuf heures et demie, les curieux s'amas-
sent sur la place de la Concorde et les Champ*-
Klysées, aux abords des emplacements où doit se
former le eortèg*.
On circule du cours la Reine t'avenue Mari-
gny, du rond-point à la place de la Concorde à
travers le cordon dea gardiens de la paix, qm
n'ont pas pour consigne de maintenir les prome-
neurs hors de la chaussée avant que l'on pro-
cède à la formation du eunege. Et ion entend,
par-dessus les rires, les plaisanteries, les ru-
meurs de la cohue, les appels des marchands de
confetti qui poussent à la vente de leurs ron-
delles de papier.
Confetti à deux sons! Qui n'a pas ses con-
fetti ?
Les braves marcbands, à qui la Mi-Carême
procure coracne Me Jours gras des profits ines-
péré», rr»U«ntao setvtce de teur commerce une
voix ira 8!ail'aibli«e,mt au cours
de la journée, atteinte pen à peu par le fatal en.
rouement, à mesure que décroîtront les sacs de
confetti et tes pites de serpentins.
A mesure que l'heure avance, la foule devieat
plus compacte et reflue sur les promenoirs, tan-
dis que lea cavaliers de l'escorte de la Reine, les
grimpes de travestis, tesvoituresornées de feuil-
lagç, les gramta chars, dont la haute silhouette
se montre au loin, dominant tout ce qui les envi-
roone, (tèboucnrmt par les rues voisine», formant
sur la chaussée le ptns curieux pèie-roêle.
A midi et demi, tous les figurants à pied et la
plupart des char* qui dnivent prendre eang dans
Je eortÉçe sont prêts à partir et n'attendent plus
«lue lewgnal.
A ce moment, qui précède le départ de quel-
quBS minutes, le coup d'œil est véritablement
Tout l'espace compris entre le quai de la Con-
férf?i!ce et le côté droit des Champs-Elysées est
occupé par une fouto ûaa*me dont ta masse
isorabre sert de repoussoir aux costumes pitto-
resques des figuruats.
Le Départ
Il est une heure. Le signal du départ est
donne. Les gardiens de la poix Cont évacuer l'a-
venue Marigny, où le cortège s'engage.
En tête du cortège marche nn escadron de
gardes riîi)ubti(rj.ins".i cheval, suivis de près par
;̃ Touriste de Levallois.
,Jo d'un caractère original
si'rvunc iie-c-uru; a un char bizu're surmonté
d'un minaret. Ua personnage vêtu d'un costume
oriental se livre, sur ce chat', à toutes les pra-
tiques d'une dévotion fervente et Invoque, en se
prosternant, Atlaii et son prophète. On mulet
«h&rçé du Coran. complète l'ensemble.
Puis vient un groupe des chars des lavoirs,
montrant dans un fouillis de feuillages et de
Heurs de jeunes et jolies femmes délicieuse-
ment travesties. La plupart de ces chars sont
formes d'une série de gradins s'élevant jusqu'à à
l'arrière où se trouve le trône de la Reine, et en-
cadrés dans des décors de boiseries et de toiles
peintes.
Ainsi défilent aux sons de leurs joyeuses mu-
siriueg, les chars des lavoirs Désiré, Ornano. de
l'Anna, Moderne, Pixérécourt.Ce dernier, nuancé
de vert, de blanc ut de jaune pâle, figure un
portique soutenu par quatre colonnes cannelées.
Puis successivement la char du lavoir Guéiné-
née, une grande voiture américaine, très fleurie,
pavtusée, aécorée de festons dorés, traînée par
cinq chevaux, et contenant trente-cinq per-
nounes.
Le char du lavoir Wattignies, de très grandes
dimensions, dont. lts panneaux sont surmontés
de feuillages. Des draperies rouges tapissent le
char, où un orchestre a pris place.
1)'autres représentent des motifs agrestes, tel
le char du Progrès, un énorme rocher couronné
d'une tonnelle enguirlandée de rameaux sous
lesquels se tient la Heine du lavoir.
Le char du Puits artésien, un décor entourant
des degré)» disposés eu double amphithéâtre où,
d'une part, est assise la Heine, tandis que des
musiciens placés en face d'elle lui jouent une
aubade.
Mais une mnsiqn» se fait entendre et l'on ap-
plaudrt au passage du char de Sainte-ËUMbetti»
l'un des plus beaux du UoUlé.
Un cygne gigantasque, aux ailes éployées, sert
de proue à ua char figurant une large carène
l'portée sur un flot bleu teinté d'écume blanche-
us rames dorées plongent dans l'eau. Un dôme
surmonté d'une couronne royale se dresse au
sommet du char. Le trône est occupé par la tille
du propriétaire du lavoir, hllle Alice Thiauit. Ce
char, d'un Mpect très artistique, était primitive-
ment destiné 4 la Iteiue des reines.
Le Cortège de la, Reine
Mais nous ne sommes qu'au début de nos sur,
prises. Précéda Le faufares éclatante?, le cortège
la Reine des reinea débouchp dans l'avenue
Maxigny.
Un tambour-major à cheval marche en tête,
suivi de quatorze trompettes costumés en pou-
piers. El derriùre eux apparaït une musique
extrêmement orientale, composée de douze tam-
bours, dix-huit clairons, trente musiciens, tous
ornés du turban et revêtus de costumes dont les
tons jaune, rouge, bleu et blanc forment entre
eux. la plus pittureeque opposition.
Ce groupe levantin précède le char de la bonne
mère Marseille, une figure grotesque, haute de
plus de six mètres.
Puis un dédit! épileptique de masques, ta
descente de la CourtiUe, avec milord l'Arsouille,
de carnavalesque mémoire; dos pierrots, des
pierrettes, rtobert-Maeaire et Bertrand, etc.
Voici le landau du Comité, où a pris place le
Roi, revêtu d'un superbe costume Louis XIV.
Attelé à la Daumont. avec quatro chevaux et
de;"? "•'itlons, cette voiture beaucoup de
si-, tire les acclamatfons du public, qui
ic bravos au mument où apparaissent
le:; do Flobiusîon.une « ilnalcade
amusante, quatorze ftiiuiues à califuurchon sur
La foule applaudit.
On se paresse pour admirer la suite du cortège,
tous les regards se tournent vera te point dû
l'avenue où l'un s'attend à voir paraltre la triom-
phatrice du ce grand jour.
Le Char de la Souveraine
Elie est maintenant tout près, annoncée par
l'éclat des cuivres aux «onoritrs joyeuses.
Mais c'est le eh qui sa montre
d'abord. figurant :;n, frais et lé-
despe! et des fillettes déguisés en
maruuii aises.
Jo vois que nous sommes compatriotes,
me dit-il.
Je le pensais aussi.
Je suis Normand. de l'extrémité de
•>•̃ la Normandie, vers le Perche.
» -.le suis du centre. de la Nièvre.
Beau pays, pâturages superbes, bœufs
» magnifiques.
» J'ajoutai en souriant de cet enthou-
siasiuc
» Je suis du mauvais ce. du Niver-
nais.
» Morvandeau alors
» En ifïet.
Le quartier des forêts Autreaffaire.
:i Sauvages beautés, sites trùs pittùros-
ques
Vous les connaissez ?
Un mu. J'ai beaucoup voyage. Je
us dii'o que je ne fais guère
îr.i vous MÏC'i
coup plus loin.
Sevais-je indiscret?.
• Enchanté de rencontrer
un paya! &1 .;ara les ennuis du
» voyage. Huit 1 ;uurs entre ciel et
l'eau, cher monsieur.
me dc-mauda
C'est à vous cette channaato enfant ?
• Ma Silo.
Et vous remmenez si luin
» 11 le faut!
» Vous allez retrouver des parente
sans doute ?
Il ne nous en reste pas,
• Ah
Au ton dont je lui parlais, il comprit que
j'étais sous le coup d'un grand fawl et
d'un grand chagrin.
Quatre seig-aas» de la Cour, à cheval, Tjtitiw de
satin et de v«fHTs à franges dorées, n ot
la musique, composée de cent exécutant», quai
tfo(uÉ%i>rait«w bravos d«la fo»le enthousiaste.
C'eâà'HD mataiflque cairote Louis XV, de huit
mètres de tri tu, bleu et or, surmonta d'un dais
que supportent des thyrsaa et or: sur ses pa-
rois de Dosselages dore 3, Trois figure» dofemme
déploient l'arrière du char leurs ailes d'or, et
deux aatr-.s ftgur-'s semblables se -ir-ssent de
chaque du vciuin soua lequel le
trône de u Reine des reines.
La toute gracieuse Mlle Marie que
sa beauté destinait aux honneurs suprêmes, ap-
paralt, charmante dans son merveilleux costume,
toifetta de satin blanc, manteau royal en drap
d'or doublé d'hermine, portant la couronne et le
̃oeptre, et ayant devint eite. sur les gradins dis-
pasén au pied du trône, quatre demoiseUes d'hon-
neur aux manteaux nuancés diversement, dont
t'assemWae* «orme le» couieur» tle item et de
Des pages et des seigneurs occupes* la partie
inférieure du char, que traînent quatre chevaux.
Six pilleurs l'escortent, et trois seigneurs à ehe-
val se tiennent à chaque portière.
Ce char est d'un très bel effet, il soulève sur
tout le parcours tes plus vives aeebuzMtions,
auxquelles la Reine de* reine* répond par de
gracieux sourire* aOntséa à ia foule de se» su.
jets d'où jour.
On trataille ferme autour du carrosse et l'on
accable de confetti les douze sonneurs de trompe
qui sont trop voisins dn leur souveraine pour
ne pas ressentir les effets de l'enthousiasme
qu'elle excite.
Le Cortège des Étudiants
Mais les numéros curieux et boudons se sue-
cèdent, le publie ne ne lasse pas d admirer et
Voici la chevauchée des Universités de France.
Une jeune femme ouvre la marche, c'est l'Uni-
versité da Paris, elle porte les couleurs de la
Ville. Treize cavaliers, costumes en pages du sei-
zième siéele, l'escortent, représentant coacun une
Université de province.
Pins, une leçon de fugue est donnée à une
jeune dame en eostume de voyage par un muai-
cfeft exotique accompagné de tout un orchestre
de tziganes.
Le public sourit et les confetti pleuvent.
On a beaucoup remarqué l'appariuon d'un
nouveau et joü cooletti de uimen2ion tout à fait
Renseignements pris, il s'agit d une innovation
de la maison Lalevêe et Mazitre. Ce confetti, ap-
pelé le Colosse, est fabriqué 1'usine de la rue
des Annelets, t7, d'où sortent également le ser-
peatin arc-en-ciel et tant de joues créations pa-
ristennes.
Le défilé se poursuit avec ses drôleries fantas-
ques. M. Montmollet, grand ptqueur de la Cuur,
savance sur son destner. Sa Majesté Carnaval
conduit lui-même le char de l'Etat, rouge et or,
surmonté d'unetouronue royale.
Le Pot à colle se montre à cheval en avant
d'un char où uu crocodile verse dea larmes.
Toutes ces aliusions transparentes sont ac-
cueillies avec joie par le publie, dont les applau-
dissements saluent les folios imaginations des
esfiholiers.
Puis se succèdent le ehar de l'Ecole d'Alfort
Je char du Pôla Nord, orné de poteaux télégra-
phiques, d un ballon, d'un poêle mobile, de fonc-
tionnaires bien emmitouflés et d'ours blancs.
Vient ensuite sur un char bleu et or, en forme
de nef antique, la Favorite du Roi, une belle
Jeune femme en costume Empire, debout dans
la fumée des encensoirs que balancent à ses
pieds des professeurs de 1 Université.
Les bravos de la fouie ne cessent pas, la caval-
cade des Etudiants obtient partout un franc
succès de rire, et l'apparition des deux illustres
végétariens, Kif-Kif et sou bourricot, augmente
encore l'hilarité.
Les Derniers Chars
Derrière ces deux compagnons de voyage an-
paraft le dernier groupe des chars des lavoirs.
C'est encore une profusion de feuillages, de
travestis servant de cadre aux gracieuses de-
moiselles d'honneur et a leurs Haines. Un jour
unique de loisir et de gaieté n'est-il pas bien ga
gné par le travail d'une année tout entière ? Les
ïleines qui triotnphont aujourd'hui apprécient
vivement cette joie, n'ayant pas coutume de pro-
mener leur indolence dans les rues de Paris, et
toute leur existence de labeur proteste contre
les traditiona des rois fainéants.
Nous voyons détiler les chars des lavoirs du
Centre, une grande barque sur des flots verts
piles, avec des fleurs qui s'ouvrent laissant voir
des femmes dans leurs corolles les lavoirs ,:e
Saint-Joseph, de Saint-Louis, le char des Bateaux-
luvoirs du canal, le char de l'Avenir. Les ban-
nières flottent par-dessus les décors, les confetti
de tous côtés, les spirales sifflent en se dé-
routant dans toute l'étendue des voies parcourues.
il y a dans ce délilé un tout petit char rouge,
orné d'étoiles d'or, une voiture Louis Xlll pour
enfants, ou. un Roi de quatre ans a pris place à
côté d'une Reine plus jeune d'une année. La voi-
tare est trainée par un chien. Cela représente le
lavoir de la Procession. Dauze jeunes gens di-
versement déguisés lui sarvent d escorte.
Le char de la Tourelle passe avec ses parois
en boiseries peintes, ses gradins couverts de
masques, des tentures et des guirlandes tleuries
encadrant l'orchesire. Puis les chars de Sainte-
Kugénie.de Saint-Jean et de Sainte-Marie; celui-ci
entouré de treillis, avec une tenture de vetours
rouge, piques à lances dorées, chargé de feuil-
lages et de fleurs, a été décoré par Mme Tagot.
Des landaus et des tapissières viennent ensuite
préeédant le beau char des quatre marchés
tes Halles, le Temple, Saint-Germain et Lenoir.
C'est un char Louis XV à bords sculptés très
élégants de forme. Des hampes dorées suppor-
tent des guirlandes et un dôme s'arrondit à l'ar-
rière où trône dans l'éclat de son triomphe la
Heine des marchés, Mite Marie Gkaudin, entourée
de ses quatre demoiselles d honneur. Le char est
porté sur des nuages blancs et bleus.
Il termine dignement le cortège.
Les acclamations de la foule s'élèvent encore
après son passage, derrière l'escadron des gardes
républicains à cheval qui clôture le défilé.
A Travers Paris
Du conrs la Reine, la cavaloade carnavales-
que, provoquant par la diversité et la beauté de
ses costumes une grande admiration parmi la
foule, s'est rendue a l'Elysée par l'avenue Mari-
gny et le faubourg Samt-Honeré. Il convenait,
comme cela s'est fait le premier jour de la pro-
menade du Boeuf gras, que le palais présidentiel
fût la première étape du brillant défilé de ta Ml-
Carême.
A L'ELYSÉE
Les ab6rda de l'Elysée ont été évacués. La
foute ut maintenu à à distance du palais; à l'une
des fenêtres dosant sur la venue Marigny se
tient M. Pélix Faure-
Le Président da la République est en redin-
gote. A ses côtés, on aperçoit MM. le général
Tftmrnier, Le Gall, et i)ueiq,«es officiers de 6a
maison militaire.
» Alors c'est pour oublier?. reprit-il
» d'un ton sympathique.
» Pour oublier et aussi pour une autre
» Et comme discrètement il s'abstenait de
m'interrojjer, j'ajoutai
» i» »ais chercher à m'établir dans un
» autre pays. Où?. Je ne suis pas fixé.
» J'ai perdu une femme que j'aimais avec
passion et lc retour de la France m'est
'< derenu trop pénible. Si cependant je ne
» trouve rien, je devrai y rentrer. à nioa
» grand regret.
» Il réftéchit et, se iaurnant vers la mer,
» il y jeta le bout de son cigare et en alluma
» an autre. non sans m'avoir tendu sa pro-
» vision dans un étui d'une clégance ex-
» trêrae.
Je le rnmerciai. Je ne famé jamais.
» C'était un jeune homme de trente à
» trente-deux ans, mis avec soin, portant
» toute sa barbe, châtain foncé, aux traita
» distingués, brunis par les voyages dont il
» venait dé parler.
)' Le temps était brumeux, mais très
ait pas l'horizon.
iemps à autre apercevait-cm
», èans le breraillara le fantôme de quelque
bâtiment qui passait au large.
» Je comprenais très bien le travail qui
» s'opérait dans l'esprit de cet inconnu.
r> 11 se demandait dans quel but je prouvais
quitter la France avec une enfant si joune,
» lorsque si peu de nos compatriotes se dé-
>* cîdent à déserter le soi natal pour t'Saa-
planter sur un autre.
» H «e méfiait en art mot.
Cependant pee è peu il dut Se rassurer,
car après une pause il sa teuro» de nou-
» veau vers moi et me dit
Berge Mme Félix Faure fait alitement une
courte aoparition.
musique éiftHabiéc. Le» exéeuiaut», voulant tous
Offrir une arthade, jouent avec ua aeharneteent
vers s reprises, notamment au passage de*
Reiues^fp le 3alutotfort Gracieusement.
Les «embres d8 Comité des lavoirs de-.
dent deiVoitur? et pénètrent èl'Eiysée.
üs sont reçus sur le perron Ni. le capitaine
Buti^her, auquel ils l'emaUent deux superbes
corb«îtes de tleor» offert» par Miles LûSîser et
Caroline Schœnacker, soeurs da la Reine des
reines.
L'une de ces entoilas ast destinée à M. le
Président de la République, l'autre à Mlle Lucie
Faure.
Après avoir échangé quelques paroles cordiales
avec le capitaine Booehei-, les membres db Co-
mité se retirent.
Dans le Faubourg-Saint-Honoré", pas une fenê-
tre qui ne soit oecupée. Serpentins et confetti
pleuvent sur la tète des figurants. Les chars dis-
paraissent sous une cheveiure multicolore.
Maunenant. le cortège est correctement «̃^•eé
et les à-coups se font plus rares. On avance aesez
rapidement. Dame il convient de regagner la
demi-beure de retard au départ.
Hue Royale, la haie des badauds ne dépasse
pas les trottoirs, maia la foule est compacte.
L'animation est très grande.
Place de la Concorde, tout est envahi: les
lampadaires, les statues, les grilies du Ministère
de la Marine supportent des eentaines de curieux;
sur la terrasse dea Tuileries il y a du monde
partout.
Soudain, .un éclat de rire retentit: le petit
âne attelé à la voiture du tzigane et de son amie
refuse énergiqueroent d'avaneer, en dépit des
sollicitations de Ma conducteur qui, de guerre
la,se, doit abandonner la partie et s'en aller
à pied.
Un homme de bonne volonté prend l'animal
par la bride, mais il faut perdre tout espoir de
le ramener à de meilleurs sentiments.
Les étudiants le détètent et se mettent à sa
place dans les brancards.
De la rue de Rivoli à la place Vendôme, pas
d'autre incident qu'une distribution de vivres,
fort bien accueillie par les figurants qui dévo-
rent ces provisions que l'un arrose de Champa-
gne bu à même la bouteille.
Rue de la Paix, recrudescence de curieux.
Toutes les petites couturières du quartier se sont
donné rendez-vous à cet endroit et paraissent
s'amuser follement
LES GRANDS BOULEVARDS
Enfin, la somptueuse et joyeuse cavalcade
débouche sur tes grands boulevards. La place de
l'Opéra avait son animation des grands jours
de fête.
Quel spectacle que ces milliers et ces milliers
de curieux, masses partout, enthousiasmés par
l'arrivée des chars superbe?, extrêmement amu-
sés par les ébais des personnages cosmiques du
cortège, et semblant eux-mêmes des arlequins,
tant il avait ptu, à pleines poignée?, ne confetti
multicolores sur leurs vêtements!
C est toujours 14» sur ces grands boulevards,
on le sait, que l'entrain atteint suu paroxysme.
La joie déborde; les lazzi se croisent avec les
projectiles de papier et, au-dessus des trottoirs
serpentins, laneés des fenêtres et qui s'aeero-
chent aux branches des arbres, font des voûtes
aux mille couleurs dont le mélange rappelle cer-
tains vieux vitraux de palais florentins.
Les étudiants et les lavoirs doivent, ici, se
trouver payés de leurs peines ils triomphent,
et c'est Justice, car cette aanée les organisateurs
de la fête se sont réellement surpassés. Gloire
aux Reines et applaudissons longuement cette
jeunesse des Ecoles, si vibrante et si joyeuse I
A #0W£ SALIE DES DÉPÊCHES
Le cortège arrive vers deux heures à notre
£&!le des Dépêches. A ce moment la cohue est
énorme, mais la service d'ordre est admirable-
ment organisé.
M. Lépine, d'ailleurs, qui ne recule devant au-
cune fatigue pour assurer la bonne organisation
du délllé, précède le cortège et veille à tout.
Bientôt arrive le char de ta Reine des reines;
le Comité d'organisation presque au complet at-
tendait la gracieuse souveraine. C'est au bras de
M. Leroy, vice-président, qu'elle fait son entrée
au Petit Parisien. et pénètre, suivie de toute sa
cour,dans nos bureaux.
La iteine est reçue par un de nos collabora-
teurs qui lui souhaite la bienvenue au nom du
Petit Parisien et la complimente sur sa royauté.
La Reine a répondu fort gracieusement par quel-
ques paroles charmantes, re merci an notre journal
du concours qu'il ne manque pas d'apporter aux
organisateurs des fûtes de la Mi-Carême.
A ce moment, les bouchons sautent et les cou-
pes da l'excellent Champagne Potntnery et Greno
circulent. M. Leroy, au nom du Comité, porte
up toast au Petit Parisien. Notre collaborateur
répond en portant la santé de la Reine, très gen
tille dans sj. brillante tuilette, et des non mans
gracieuses demoiselles d'honneur qui l'accom-
pagnent.
M. Leroy nous dit combien M. Semichon, le
président du Comité d'organisation, regrettera
de n'avoir pu les accompagner comme il le fait
chaque année. Mais sa santé ne te lui permet pas
cette fois.
Pendant ce temps, un membre du Comité nous
montre le cadeau fait par M. Félix Faure à la
Heine des reines. C'est une très jolie broefw! en
brillants représentant des fleurs de lys entrela-
cées, avec cinq perles fines.
De superbes gerbes de Heurs sont offertes à la
Reine et aux demoiselles d'honneur, et le cor-
tège se reformant, la charmante souveraine re-
gagne son char, puis la aavalcade se remet en
route. Pendant ce temps, la foule n'a cessé de
s'entasser sur le boulevard, maintenue par une
compagnie de gardes municipaux, tandis que
M. Nadaud, officier de paix, se multiplie pour
assurer le bon ordre.
Pendant que le cortège défile, nous recevons
encore la visite de la reine et du roi du tavoir
de t'tndustrie, il. Coarbevoie, qui nous laissent
six francs pour les pauvres. Le lavoir de la Reuss
s'est égatement arrêté au Petit Parisien.
La reine du Marché du Temple s'est aussi ar-
rêtée devant notre Salle des Dtp^ches. Notre
collaborateur l'a félicitée et lui a fait compliment
sur la façon tout à fait charmante dont était
orné son landau. Elle avait, d'ailleurs, fort bon
air et paraissait toute radieuse, au milieu des
amas de ileurs dont elle était entourée. Son
landau était précédé par Montjarret; mais ce
Montjarret était une jolie jeune fille de quinze
ans, se tenant cheval avec autant de maestria
que le piqueur de l'Elysée.
Pendant les différentes visites que nous avons
reçues, plusieurs toasts ont été échangés, au
choc des coupes où pétillait le délicieux cham-
pagne Moatetoello. dans lequel on trempait quet-
ques biscuits Oîibet.
Tout te monde connaît les ctapeaiix Charles??
Leur prix modique et leur supérieure qualité
ont suffi à tes rendre populaires. Comme tefs
d'ailleurs, ils sont de toutes tas fêtes. Hier, ils
tiguraient daas le cortège avec d'immenses cha-
» il vous faut un motif bien puissant
pour vous décider à une sorte d'exil dans
un pays où voua aurez besoin d'une grand
» énergie pour réussir.
» Vous le connaissez ?
Beaucoup. C'est encore en France que
» la vie est plus agréable et plus facile, je
» puis vous le certifier. Rien ne vous force
« a la quitter?
» Rien, si ce n'est ma ferme volonté.
» Il n'y a plus guère qu'un moyen de
faire fortune. en Amérique.
» C'est de cultiver les héritières, lui
» dis-je, je le sais, ot de faire un brillant
» sourit.
» Mais, ajouta-t-U, pour y parvenir, il
» faut un titre.
» Et je n'en ai pas. Je ne tiens
» pas à la rut Je désire seulement
» m'oesuper, me distraire en travaillant,
» vivre en un mot.
» Vous disposiez d'un capital ?
» Pas énorme.
Il Combien environ
» Une centaino de mille francs.
» Il parut frappé de ce chiffre et me de-
Il Vous avez été élevé à la campagne ?
» J'y ai vécu pendant vingt ans.
» Vous aimez la culture, l'elevaga ?..
» Je voudrai» n'avoir jamais fait autre
» chose.
» Vous avez de l'énergie ?
A pen près autant qu'un homme da
trente ans peut en avoir.
» L entretien en resta IL
» Le brouillard s'épaissit tout à coup et
» se transforma en une pluie fine et yùaè-
» trante.
le crois que voua feriez bien de ren-
sont situés 18, hnjiriiii rue
Vivienne.
Vers quatre heures un quart, la 8o4atTfyrlquet dansante le Carillon Bel!e*81fiis. dont ie *f?«e
est boulevard de la Valette, a'wt uéucaée dt-'îa
Cavalcade de la ^e-Orème et- venue exécuter
plusieurs morceaux de son r4j>«toire datant mis
les membres étaient fort geattaeiu coabmés
été très applaudi*.
PLAQf B£ LA /tÉPUBUQUE
A travers la âsHè de la fbole, la rage des con-
fetti et des serpentins, les acclamations bruyan-
tes, la «avaleaoe *le déroule et sait hw grands-
boulevards jusqu'à ia place de la République.
Là,l«6 soldats de la caserne du Coateau-d'Eau,
qui se pressent à chaque fenêtre, font une ova-
tion aux chars des iavoirs. C'est qui, parmi
eux, applaudira le plus fart le» joliœ Reines d'un
jour.
Des curieux sont perehés sur la' statue de la
République, qui, sei-moe, ayant dea serpentins
enroules autour de son bras levé, semble une
grande et bonne idole présidant à la joie popu-
La cavalcade suit maintenant le boulevard Vol-
:aire, également très anime, et arrive place de la
Nation.
PLACE OE LA HAtUM
11 est environ quatre heures lorsque la tête du
cortège fait sou apparition Sur cette place.
pacte, offre un cadre on ne peut mieux propiea à
en bou ordre, sainte par lea vivats enthousiastes
des spectateurs.
Le serviee d'ordre, bien compris, a ménagé un
large passage libre où s'engage le défilé, qui con-
tourne la v&sque sitnée au milieu de la pistée.
A t entrée de la rue au Fau&ourg-Saint-Aatoine,
le signal de la halte est donné par une sonnerie
de trompettes.
Quelqûes minutes de repos sont évidemment
nécessairae, car la plupart des cavaliers mettent
pied à terre, ttçurruiU, figurantes, dames des la-
vorra sauteut a bas des chars et des landaus.
Chacun éprouve le besoin de se dégourdir les
jambes, même les piétons, qui, malgré le long
trajet qu'ils ont parcooru, exécutent nnlie gam-
baaes, a la grande joie de la fouie.
La bataille de confetti, interrompue un instant
par l'arrivée de la cavateade, r-r,f>read dd pius
belle;, masques et curieux luttent d'entrain* Des
nuées de rondelle» de papier s'élèyent pour re-
tomber en une pluie multicolore.
Cependant beaucoup de gens du cortège, al-
térés à juste titre, se dirigeant vers les cafés; mais
il i! n'est guère facile de s'y faih servir, car le pu-
blie lu a envahis dès longtemps.
Enfin, avec de la bonne volonté, on parvient à
se rafraîchir; mais les cavaliers sont trop galants
pour oublier les dames, auxquelles ils foat ap-
porter des rafraîchissements.
Le char de la Ueiuc ciets reines est très entouré,
on veut voir de près la souveraine du jour qui
distribue ses sujets, avec une grâce char-
mante. saluts et sourres.
Les deux statues de rois érigées aux sommets
des colonnes de l'ancienne barrière du Trône, à
l'entrée du cours de Viaceunes, ont l'air de con-
iempler d'un air jaloux et maussade leur gra-
cieuse concurrente, lis semblent avoir conscience
de l'oubli dans lequel les laisse la foule.
Le repos est ilni. Tout le monde a repris sa
place en un clin J'œil, et le cortège s'ébranle de
nouveau.
AU FAUB0UR6 SAMUAHTOIME
Dans cette rue populeuse, pleine de travailleurs
modestes, on n'est pas blase sur les amusements
qu'offrent tes fêtes publiques.
Là, on n'est pas riche, bien que travaillant
ferme tout le long du jour; aussi est-ou fran-
chement enchante de pou»*oir jouir d'un spec-
tacle qui ne coûte que !a peine ik' regarrler.
Les fenêtres sont noires de monde. 00 s'y en-
ms»u iincraieiueui. f armi tes spectateurs entii-
roanchés, ou aperçoit de ci de ià des bustes d'ou-
vriers, les mnnehes retroussées. Ces braves gens,
qui travaillent même en ce jour da fête, ont
abandonné un instant l'ouvrage pour admirer !a
cavalcade.
11 en est de même dane la rue. L'encombre-
ment des trottuirs ottre un pêle-mêle de toiieUea
et de costumes J'atulier.
Les chars soulèvent de véritable. enthousias-
mes. Les blanchisseuses de Robinson, montées
sur des ânes, affublées de costumes grotesques,
provoquent des éclats de rires et des applaudis-
sements unanimes.
Voici maintenant les étudiants, qui à l'origina-
lité de leurs conceptions carnavalesques mêlent
l»ur verve cndiabléc.
Les Arabes, les cavaliers esquimaux, les fonc-
tionnaires fantaisistes qui défilent en affectant
un sérieux des plus comiques, soulèvent des
tenip&tes de bravos.
Les applaudissements ne sont pas ménagés
non plus aux amazones et aux aimables figuran-
tes qui trônent sur les chars.
Les eunuques obtiennent également un succès
de fou rtre.
Les chars du Biberon Robert, qui Élève et
nourrit le moade. et de la Source du Cria let,
la meilleure dtr bassin de Vichy, précédés de
joyeuses fanfares, attirent toui les regards par
Içur brillante ornementation.
Le cortège vient d'atteindre l'hôpital Trous-
seau, où. comme l'an dernier, l'administration
Je l'établissement a eu la sollicitude d'installer
derrière la grille des gradins où les petits mala-
des susceptibles de supporter le grand air ont
pris place sons ta garde des surveillantes.
Le spectacle qu'offrent ces figures pâlottes est
gracieux et touchant à la fois.
Garçonnets et flltettes ont été peignés avec
soin et enveloppés dans de chauds vutetneats. La
joie brille dans les yeux, dont quelques-uns en-
core agrandis par la lièvre paseee. de ces jeunes
martyrs que la souffrance a prématurément ter-
rassés. Leurs petites matas s'agitent et applau-
dissent à la vue du déifié1, tandis que des rires
fusent, argentins et naits, de toutes ces poitrines
d'enfants.
De même que sur la place delaNaiïon, la foule
est immense place de la Bastille. Des curfeux
ont pris place sur les tramways-sud qui station-
nent le long du paraoet do canal, sur la toiture
des refuges et jusque sur la gâterie de la colonne,
d'où le coup d'œi! doit, d'ailleurs, être fort beau.
L'enthousiasme ne le cdde en rien aux autres
points du parcours.
Il est cinq heures lorsque la «avalcade s'en-
gage dans la rue Saint-Antoine. Une
A L'HOTEL DE VILLE
L'aspect de rittinienee indescriptible.
Bile est envahie par uue foule turbulente et g*ie
qui s'entasse partent, sur '-•'̃- :> r< ^-pleine, les
trottoirs, la chaussée; les t !̃• la paix et
les ïîîilrtairçs on!-de la pein*! Il va maintenir. Le«
estrsdes réservées construites dwwmt l'Hôtel <-l
V)i!e sont bondit dp monde, tandis riui» les cu-
rieux, dont -csJir«
que l'heure venue
Victoria, la rus ne ivivu:i, te «j'iii ut. ueHVr«S(
etc., etc.
Partout les tréteaux, échelles et chariots dftût
» trer, dit-il, surtout 1\ cause dc cette enfant, r
Moi, je vais achever mon cigare et vrws
» suivre, Vous trwtvercz an salon nne r
̃ brense compasrnfe et vous entendr»
musique v 'ment enragre> r
» se mettent au piano.
Deux jours plus tard, mon compagnon
»et moi nous étions les meilleurs amis du
» monde. Je connaissais son nom.
imis qui,
est ailé en Amérique pour essayer de réta-
» blir ses affaires.
» Il ne me cacha pas que c'ëtait ce à son
» argent que son ami avait pu entrepreraîre
» dans le Far-Wsst l'élevage des boeufs et
surtout des chevaux qtfi toi donnait de
!» bonnes e^pératices, mais que sa vie était
d'une excessive dureté et qu'U fallait, pour
» s'y Tésondre, ztne extraordinaire force de
» volonté.
v Enûn, camine derniôre conMencc, il
» m'apprit qu'il se trouvait en avance d'une
somme de cant mille francs, mais que,
n'étant pas très riche l"aî-îQ
» tout juste suliiaaat pour lui permettre de
» tenir honorablement son rang, il n'avait
» consenti il cc prêt qne par affection pour ntt
caoiaxadc d'eufancu qu il estimait à l'égal
» d'un frère et qu'il serait très contraria de
» pe«ire cettç somme qui creuserait un pre-
» cîpice dans sa petite fortune.
avait dû -e et de coeur chez ce
compairii. tgo d'apparence froide
et rêseFTéo, et je nx liai assez avec lui
pour répondit.' & sa couûauce par uw con-
ûaace égale.
tee tenanc^r- logeât les plaew S >in? ronvenae
de 2 francs seat «UsirtB; et <•' que
les retardataùBB» essaie»! de lut
un mur huinirâ leur narre h
Là, pour ua instant, la baUiile de confetti et
de serpentins subit una trêve forcée, le» combattu
tains ayant l«« bras eolife au corps, teUemeat
les spectateurs «ont serré»!
Laaesvaliers ,i<> l'escorta apparaissent, puis lot
cnsr#^J» les il en mupes défilent. sur ht
pijîe ajktfeur' a e;v resam» devant les tribune-.
aux .ipplaadisaemeiua d» innombrables spect*.
Taudis je tous les autre passent, les chars
uw*ux Heines s'ah-Ctent successivement de-
vant la tribune centrale. Escortées de teurs de-
moiselles d*nonneur, les deux triomphatrices de
la journée pénètrent dans i'Ilotcl de Ville au
bras de MM. Semiciion, président du Comité des
Lavoirs, se Conseil mu-
nicipal, qui les conduisent dans la salle des Pré-
vôts, où ils leur souhaitent la bienvenue.
Un vide «oMita «a i'toaaeur do* gr&eieusea
souveraines une coupe de Champagne.
Ensuite, après leur avoir offert de superbes
bouquets, les membres du Conseil municipal
reconduisent ces dames à leurs chars respectifs,
tandis qae la cavalcade défila au milieu des ap-
pliiKiissement» de ta foule pour et disloquer un
peu plus loin.
LE BETOiM DES ETI/Û/AMTS
A mesure qu'ils ont défilé devant les tribune»,
les chars fraechisseat le paat d'Aréole et gagnent
de là le Parvis Notre-Dame, où a lieu la dlstoca-
tion. Chaque groucede lavoir regagne son quar-
tier napaetif ça donnant ma. antres rendez-vous
pour le bal qui aura lieu dans ta soirée. lA¡¡ mar-
ches en font autant, tandis que les étudiants re-
gagnent te boulevard Saint-Michel. L'Ordre u'a
pas prècteétnent déserté le eortè*«, mais l'en-
taousMsme et la fajrtajsie oui aucint leur plua
haut degré.
Aussi, l'entrée au quartier Latin est-elle triom-
phale. Tous ceux qui n'ont pas pris part à la ca-
valcade l'accuatitent en cnant&nt des refrains du
Boul'Mich'; les membres de la cavalcade y ré-
pondent, les musiques jouent, les cavaliers ara-
bas exécutent une fantasia écnevelée qui obtient
le plus légitime sucée?.
Les terrasses des cafés sont bondées de jeunes
gens et de jeunes femmes qui fout pleuvoir sur
las hpros de la journée des averses de confetti et
des kilomètres de serpentins.
11 est environ six heures et demie lorsque le
«̃oruiae arrive à la rue SoufUot qu'il rameute
jaaju la pîace du Panthéon.
LA FU DE CARSA VAL Y
La foule qui envahit la rue, la place et les
aburds du monument est compacte au point qu'il
est impossible d'avancer ou de reculer.
La service d'ordre, commandé par MM. Itieu,
oflleier de paix, et Bérthelot, commissaire de
police, est impuissant à maintenir les curieux en
dehors du cordon d'agents étab: x. riiet. Da
formidables poussées ont lieu, -,s de la
paix sont débordés. C'est tout es du-
diants peuvent ménager une MiMe suffisante
pour incinérer S..M. Carnaval V.
Eufin, le groiç-sque monarque déchu est jaté
à bgs de aon siège, puis place debout en équi-
libre au milieu de la plspe. Les bourreaux du
cortège y mettent le feu à l'aide d'aJlumettes.
La paille dont le mannequin est bourru répanil
d'abord une épaisse fumée. puis les (larames
apparaissent, s'élèvent et l'enveloppent du toute*
parts.
Carnaval oscille d'un air grotesque durant un
instant, puis il s'abat tout d'une pièce au milieu
des garbes d'étincelles. Sa chute est saluée par
des cris de joie.
En un ctin d'oeil, il ne reste plus du gai roi de
la jeunesse ou un tas de cendre.
Telle est ta destinée de la plupart des sauve.
raine dont la gloire éphémère fi'envole en fumée,
à la grande jute de ceux qui furent leurs fidèles
surets.
La Soirée
L'auto-da-fé de Carnaval est peine terminé
que les étudiants se dispersent de tous cotés
chacun a hâte d'aller prendre un repas solide
car la joorne« a été pénible et le programme esl
loin d'être épuisé.
Les restaurants et les cafis.s du Quartier sont
pris d'assaut; on se dispute le moindre coin de
faMe, on s'entasee; c'est un indescriptible tohn-
boau. Les confetti voltigent dana l'air, semés
par des mains innombrables, teintant de nuances
hétéroclites les mets servis, sinflltrant dans les
verres on en mange et on en boit à satiété. La
péeha fiât une occupation qui divertit grande-
ment les consommateurs.
Les figurants de la cavalcade sont tellement
dissêminés dans le Quartier qu'il est difficile,
l'heure venu de la retruta aux flambeaux, de
rassembler les groupes.
D'aillears, le mot d'ordre a 6té mal compris par
les intéressés, et tandis qu'une centaine d'étu-
diants se rendent, vers neuf heures, à la plaoa
du Paathéon. les autres descendent place Saint-
Michel où Uoivoat venir les cûercuur plusieurs
Les membres du Comité procèdent néanmoins
i l'organisation de la retraite aux flambeaux.
Les étudiants présents pénètrent dans la mai-
rie du Panthéon, où des lanternes véaitidanes
leur sont remises.
Précédée d'une liçn« de gardiens de la paix,
fous les ordres de MM. Doray et Uieu, officiers
de paix, la colonne péniblement formée se met
en marche à la lueur des feux de Bengale.
Rue Soufflât, on constate un oubli les musi-
ciens, n'ayant pas été avertis, ne sont pas venue.
Les étudiants entonnent alors les refrains popu-
laires au Quartier, mais le résultat de cette ten-
tative n'est guère brillant, non pont que l'en-
train fasse défaut, mais on a déjï tellement
chantd, crié, que les voix sont aphones.
Enfin, on croise un groupe de gymnastes mu-
nis de clairons et de tambours on tes invite à
se joindre au cortège et à grossir les rangs pou
serras, ce qu'ils s'empressent de faire.
Désormais, on est au complet. An milieu d'une
foule énorme, un descend le boulevard Saint-
Michel. L'aifluence est même si grande que les
organisateurs renoncent à un monôme projeté
sur la place de la Sorbonne, et l'on continue la
marche en ligae directe jusqu'à la ptace Saint-
An d ré-des-Ar ta.
La arrivant là, on retrouve les camarades casés
dans cinq tapissières. En un clin d'œil, tout le
monde est en voiture.
Cccb*r 1 au Nouveau-Cirque 1 clament les
étudiants avec un ensemble parfait.
A ce cri, les vébicules partent au galop par le
pont Saint Miche) et la rue de Rivoli jusqu'à la
place da Théâtre-Français.
Malgré le déuart des étudiants, l'animatioa ne
sVst 'point ralentie au quartier Latin. Jusqu
une de la nuit, un a batailll
fe =es des cafés.
était d'ailleurs remarquable-
•̃•: m la soleil n'apaav&uiu favoriser
;a pluie, au moins, Il: pas ni.lv
SUR LES 6RANDS BOUIEVAROS
V .«iï i, .ïJ.on qui séuit un peu «ilméaà l'heure
iKi ̃ rooris plts vive que jamais vers
huit Le :rs et uenrie.
» Je lui expliquai la vraie cause de ma
» îOsulutioa, l'état de mes finances, et je lui
dis que si son ami consentait à s'associer
ivec moi, je l'aiderais de toutes mes forces
et serais heureux de partager tes chances
de «en existence aventureuse.
Lorsque nous débarquâmes à New- York,
u naus uttoiis liés par une commune symrKt-
̃• th:r>. Ji 'n avait appris que son ami, tout
en cédant a de fâcheux entrainements du
» cœur, avait toujours fait preuve de la plus
» grand* probité et ne s'était ruiné que par
» suite de'son mépris pour l'argent dont il
» ignorait la valeur et pour «aruafaire aux
» exhifence» d'oae de ces femmes d'âge
mûr qot«*iM«nt de l'inexpérience de jeu-
nés! fous pour les dépouiller de Lien s qu'un
>« fâcheux hasard a mis trop tôt entre leurs
mahïs. Bref il m'avait inspiré une yérita-
ble amitié pour ce jeune homme qui s'ap-
pelle le baron Paynel et appartient à une
» famille dont il est le soûl représentant.
Nous ne passâmes que trente-six heures
» à New-York et nous primes le surlende-
» main de notre arrivée le train pour Chi-
i> Je ne f* raconterai pas notre voyage h
travers d'immenses et magitifiqaes pw-
nes et des montagnes où en quefipie» iiw-
tants on trouve une incroyable variété de
» sites riants et terribles, sauvages on par-
faitemerrt civilisé*.
A partir de Chicago, nous rimes encore
» huit heures de chemin de fer à tonte vi-
» tesso. Puig Il nous falîîrt mourir à d'au-
» très moyens de transport.
Une sorte d'omnibus énorme. att»15 de
six chevaux, qui furent changés tontea les
heures nous conduisît en une fottrnée dans
» une ville dont tes monuments restent
i l'état de projet et dont les vues ne sont
n semble qu'un wsst folie a soulûé sur
Paris. Les grands latftvarda oarent l'aspecf!
d une mer d'êtres hiJBMrias.
^teamawiues, asseSnuts dan. ta journée, sont
folies agitent
leui* parotte d'une shud tandis que de lautr»
eiieâtteaabardent de «oafBtii tes autres prame-
ueura. Des pierrots <$, dm pierrettes furment da
atmtaata wlionner.t (rune nota
clair* te moMtome dû «M tu mes de ville.
wancoup dHo^KnwtÇBit afîublés de faux-ne*
>OJaaissabltts. Aus#i pruliteal-
,sr«to»qpe pour se perme-Ure
umK!» Borttia ae r&ttim qui, d'a.itetire, s..nc
garment accueillies par ceux auxquels elles jh-
dressent, et qui y répondent de t$u<- ̃•;
Personne ne songe à se fâcher de
guiiu utile, et la» rarei> grincheux Les lampadaires i'le<ïta*u*88 J«tt< •̃̃– -?tta
foule en délire leur brtrtanfeeïartfc eN
de liW
lumière produisent un effet ravissant.
Les serpantiûs dâ%elon-
ixiat au-dessus de la foule, des éoittU* tnitèw-
l'uiores.
A minuit, r»aim«uon n'aceute pas •ne*«« sab
d
Ixiiailieut encore, :,ut:
tés
au eaîi, pareoareiH eneore h ,̃>>̃.
trottoirs, puis ils
l'aris s'endort enllD, après uu« j.iis; :;uc ivty-
gante, ma» it»ienwrrt et bien remplie.
Le pavé offre un èpsi* tapis de iviiùYilr-s «ia
papMU', iur luquel iej voitar«a *Uar -it
saus bruit, comme si
ia journée.
US ACCMMTS
On n'a, fort beareusement à déplorer, en »:•«»
iIms ïu'i'i.ifiii*
il '̃
La premier s'est produit lors de la formation
du cortège sur l'avotiu? il'>«
Le CtVtivai ij'i: ;̃.> .vyi
l'escorte de la lu. us Jaiw
gauche par roue d'un char, s'emiulle <'i maù-
'lue ,le qui n'en i>iua
u).iî;rc de sa nau&iore.
Fort heureustmeut, un i •̃i,
M. Henri J. voit if daiv la
bride du enevai -t
étuiiiant (i« I t,i
L étuolioï! 1"
peine ca.111: ,a.
pée de coût
Son tlis, aide par Ils j**ruiec- ,;s-
portu la ,nainde au poste du i
Palais Je l'Induslriv, où un ̃• ̃ ^mj
les premiers t'OU!
MalheiiiviiNfnvnt. l'Installalion des snours
ieiq»e pou 4 di'»ux,i-. <.est
en vain une voituiu i\\tm-
i> •• ̃̃ Mme
lliabaut, qui lv.
Au Cuncnurs ma
.t .«i. t;; iitl.
du réquisitionner un Hacre ou l'on <
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de celte ucgligiîuce.
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LE
Sipplêieiî Littéraire Illustré é Pelil Parisien
5 centimes le numéro
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gravure représentant
LES REINES DES REINES
M»' fi«CH«*KEn et M"* <;AUDIW
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Voir tlims le wrme numéro l<' portrait
l'explorateur Nansen, qui va arriver n ,i h,
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mm Campement de l'explorateur dans les mert
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Le Duel r*in4-Tlioiiaerruox
D'AI'titS UNE PHOTOGRAPHIE ISSTa
Le SUPPIËMBHT LITTÉHAIRS ILLVS7Mi dit
Prrrr P»ris»n g veget de _le, suuaroet
gravures a actualité) est mzs en vnniu uiaa ltt«
,jeudi$ au prix a* 6 centimes le numaro.
Dépêciies de l'Étranger
LA SAHIB Dg USIARK
B«i-
On a fait courir ici dans la jou; -iruit*
alarmant!» sur la santé du priaoe fie h •
Des informations prises i. M BVfti ̃ ̃ .>.
que le prince de Bismark set hvîiki, s
(juelques jours a la suite d'un I
ruent. Son état de santé ne dont:-
a aucune in
LI P&1BCKBEHK! XXH DS KEUSS-GfU
Le prince Henri XXfl de Rmis* mrhm
ainpp] a refusé de participer aux ̃̃i-.nte-
naire de Gmli»nrr'" •" 1" r>»-'n--
irréconcilia!'
Un bourg'
bord le drapeau prusateo, tes gaudarme^ le lireot
enlever.
Le prince a même interdit les pnCreï pour
Guillaume
LIS ÉUXI10SS ITALIENNES
CSE BACARE.K
tracées que sur ta papier. Mat"
» maisons existent.
Et quel !o« maiser»!
» La voiture s'ârrtta
aflomptte et qui n as coiirfl-
dérable.
Le bois entre ptmr tes trois quarts dans
r sa constructirm et son appamnee donno
» une pauvre idce de l'architecte qui l'a Odi-
fié.
̃• En rev.trich' lri ;̃• • ̃̃ ̃
sait devant s;> >̃•• ̃̃ ̃̃ '̃:<̃
» dont tu ne pe»1
» On vovait toi. ̃̃ r dans
le pays des ranehmsa «t en eamiteys, des
cité* natwaat*» etdea prises daponstsiioa
du plus hardi et dBfpnn»ierocc«pa»t.
Cependant on «siffln ordre règne dan*
>• ff dc^ordm et on davmc quelques autorit»»
>• *
• D^nx jeunes gens nous attendaient.
n (/nanti je <â> nota», c'etrt une façon da
» parier. Ils Tenaient a«-
A ce je ne sais quoi qui nous dustiafro»
» en qntàqm endroit qn'on non»
jie roraanmis 'tout de «uits deux Franc-û» et
» le me dis que le plus jeune des ut t
du vi«omt« de BroviBe.
» Je te l'ai dit. Je no me trompais pus.
n O jeune homfae est baron, noblesse du
» premier Empire.
de la cour de Row
Il s'anpeSfe Ixmi
• Le compag >i.i:i*. de
a confianef un i a con-
» senti à tenter la » w » ».i.
{A mimrt») Quaus iiieji.ti.-
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