Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1894-06-27
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 juin 1894 27 juin 1894
Description : 1894/06/27 (Numéro 6452). 1894/06/27 (Numéro 6452).
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/04/2011
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Le numéro t S centimes
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S'adresser chez MM. L. AUDBOURG et Cie JO, Place de la Bourse, PARU
et la "Salle des Dépêches* du Pttit Parisien, »o, bouler. Montmartre.
Dernière Edition
Dans quelques mois, M. Ornol allait
toucher au t-rme do sa ['résidence. Le poi-
frniriJ d'un assassin l'a etn:*ché d'arriver
su f ioiit de son mandat. Il es' mort au champ
d hoi.neur, a t-on dit avec raisun. Est-il vrai
qu'il ont décidé de ne pas soHicite- lerenou-
ve knv ni de ses pouvoirs? La nouvelle a
été formellement affirmée. Ce t;u on peut
dirr, alors, c'est qu'en quittant l'Elysée, M.
Carnol, redevenu simple citoyen, aurait
partout rencontré la sympath e profonde. le
respet sine r.; aveu lesquels son éiect on
avaii éta saluée pas un msia-il il n'a, du-
rant ces sept années, cessé d'être l'homme
incorrupt.ble qu'au lendemain de scanda es
•(.oubliés, oa chargeait de représenter de-
var les autres mitons la France républ)-
On n'a point, certainement, perdu le sou-
venir des incidents qui marqu< rent. la.jour-
n du 4 décembre 1887. NI. -Iules Grév)
tva t donné si démission le '2 décembre. Le
Congrus, p 'tir l'élertion df1 sen succes-
leur, lut convoqué à Versailles le surlende-
main.
Quelle animation dans P.iris.en attendant
le nom du nouveau Président de la Rrpu-
lJliqu"! Dans une réunion préparatoire, te-
nue par les groupes réuublirains de la
Chambra et du Sénat, la lutte, pendant
d ux tours de scrut'n, s'était circonscrit
entre MM. Jules Ferry et de Freyuinet.
M. Carnot ne venait avt o (>i voix. Au troisièmc loiir, M. Jules
Ferry obtenait voix, et M. Carnot, dé-
Ï lassant M. de Freyeinet, en recueillait 162.
En!in, au quatrième tour, le candidat arrt-
vtint en téte de liste Atait M. Carnot, avec
voix.
Comment le nom ne m. uarnoi avau-u
été mis en avant? A la suite d'un incident
qui s'était produit à la Chambre. M. Rou-
vier, p es dent du Cons il des Ministres,
avait r appelé que M. Carnnt, étant Ministre
des Finan -es, s'éta t avec éne gie opposé à
demande que lui faisait M. Wilson de
rembourser, au détriment du Trésor, des
droits de timbre et d'enregistrement, en l'a-
veirde banqu es dont le gendre du Prési-
dent de la République était rami. D'unani-
mes applaudissements accueillirent ces pa-
'Oles. Alors. M. Rouvier ajouta
Le Président de la République lui-
même, quand il demande à un Minstre
d accomplir un acte, est à l'égard de ce
Ministre responsable dans la situation d'un
solliciteur, éminent à coup sur, mais
d'un solliciteur qui n'a pas d'ordres à don-
ner, qui pe it émett.reun conseil seulement,
et le Ministre n'agit que sous sa propre
responsabilité c'est ainsi que M. Carnot a
agi dans la plénitude de son droit, et je ne
saia pas de plus lort argument pour ma
thèse que cet acte que vous venez de souli-
gnerpar vos applaudissements. »
Aussitôt, la Chambre entière, emportée
par un de ces grandis courants qUi €Btrtf-
T.SVil parfois les réunions d'hommes, se
tourna vers M. Carnot, prouvant ainsi que,
dans notre pays, la meilleure politique est
'tell.' de l'honnèteté, et que si, parfois, elle
vient à échouer, elle a tôt ou tard sa re-
v«nohe.
P§le a son banc, la baissée, M. Carnot
reçut, avec une modestie émue, le juste
ho nmaqe qui lui était adressé.
On s'était souvenu de cet incident, au
moment de la réunion du Congrès, et l'ac-
cord des républicains se fit naturellement
sur le nom d'un homme qui avait su main-
tenir intacts le- principes d'honneur, malgré
toutes les pressions exercées sur lui.
C'est deux heures cinq minutes, dans
la sa'le autrefois occupée à Versai les par la
Chambre des députés, que le Congri s ou-
vrit s.i séance. A quatre heures et d me, le
Pr sident, qui était M. Le Royer, proclama
le résultat du scrutin M. Carnot arrivait
en tète avec 303 voix, M. Ju'es Ferry en
avait obtenu 212 et le général Saussier 148;
les autres voix s'étaient réparties entre
de Freyeinet, le gênerai Appert,
l'e ri Brisson et Floquet.
Après la proclamation du scrutin, M. Jules
Ferry se leva pour aller serrer la main de
ii. Carnot; puis, il s'éloigna, après avoir
aaaonoé so:i désistement.
Le deuxième tour de scrutin eut lieu
,Ne 4. Feuilleton du Petit Parisien.
GHAND ROjMAN INÉDIT
TEEMIÈRE PARTIS
III (suite)
Le Réveil
Durant une minute, ils demeurèrent frap-
pés «le stupeur, glacés, incapables de faire le
moiiidre mouvement. Ils avaient déjà la vi-
sion du mnri outragé qui se venge.
Mais comment se peut-il'! interrogea
Pouteroche d'uue voix étranglée. Serait-ce uu
guet-apens?
Je ne le crois pas. Ce serait indigne de
mous tous.Je crois simplement à cette chose
banale, qu'il aura manqué son train. Mais
la situation n'en existe pas moins.Vous allez
fuir.
Je ne vous quitte à aucun prix, Hélène
Vous allez fuir, vous dis-je Car j'en-
tends bien vous sauver, sauver notre bon-
beur I. Mais par où, grand Dieu?.
Ou frappait de nouveau à la porte
Alors, madame va deseandre
M. le marquis a donc besoin de moi!
La concierge, que sa commission embar-
nasait prodigieusement, répondit:
Oui, oud, madame la marquise. M. le
marquis demande Madame, parce que.
parce que. comme N. le marquis a manqué
ton train, il a pris un fiacre pour revenir.
-Eh bien t
La concierge nésitait encore. Persuadée,
Ainsi que tous les gens de la maison, que
Mme la marquise aimait profondémant M. le
aussitôt; clos à six heures, il donna les ré- 1 f
suilals s iivaats M. Carnot, 616 voix le 1
général Saussier, 1S8. «
M Carnot était nommé Président de la
République. 1
Il :-e pa-sa. alors une se-ne tout intime,
de, plus touchantes. Au moment où cn 1
allait proclamer le rosultit du scrutin, M. ]
Carnot 9*était retiré dans un des salons du
Palais de Versaitles, près de la gnlerie des
Bustes; il était profondément ému à la
pensée de la haute fonction dont il était
subitement investi. Soudain, il se sentit
pressé dans une violente étreinte, embrassé
comme un en'atit c'était son père, le doyen
d'Age du Sénat, vieillard de quatre-vingt-
cinq ans, qui était accouru, qui était entré
sans se l'aire annoncer, avait serré son fils
dans ses bras elle couvrait de baisers.
Quelle joie pour moi, cher en ant
s'écria entin le vieillard.
Et, tous deux, le père et le fils, se regar-
dant longuement, les yeux inondés de
pleurs.
On sait que jusqu'à son élection comme
Président de la République, M Carnot
avait toujours fart précéder son nom Gu pré-
nom de « Sadi ». Ce prénom pouvait paraî-
tre singulier si l'on n'en connaissait pas l'ori-
gine. Il lui avait été donné en souvenir de
son grand-on, le, qui, à un certain moment,
avait consacré ses loisirs à traduire le Poème
des Rosés, du poète peivan Saidi. Le len-
demain de sa nomination, le Journal officiel
annonçait que désormais le nouveau Prés:-
dent signerait simplen.ent Carnot
Ce nom en disait long à lui tout seul;
c'était celui d- l'homme illustre qui, après
dix-sept mois de campagnes àjamais mémo-
rables contre les puissances coalisees, pou-
vait, en rentrant au sain de l'Assemblée
nationale, e 30 vendémiaire an III, résu-
mer en ce tableau l'œuvre qu'il avait ac-
complie comme directeur du mouvement
des armées 27 victo res, dont 8 en ba-
tailles ranges 80,000 ennemis tués
prisonniers 116 places Tories ou
villes importantes occupées 230 forts ou
redoutes enlevés; 3,800 bouches à feu,
10,000 fusils, 1,000 milliers de poudre et
i90 drapeaux tombés en notre pouvoir.
Nobl -isse oblige, dit-on. Les traditions
de famille nussi. Sous les auspices du sou-
venir de son grand aïeul, c'est la fidélisé à
la patrie et à la République, c'est une p; o-
bité rigide, c'est l'honnêteté démocratique
que M. Carnot avait apportées avec lui en
entrant à l'Elysée elles n'en sortiront plus.
Peu d'heures après son élection, il était
allé rendre visite à son prédécesseur, M.
Jules fiiv.vy Si j'avai» eu à nommer
mon successeur, lui dit celui-ci, mon choix
se serait, s;,ns aucune hésitation, porté sur
VOUa
Cest pour la troisième lois aepuis le
transfert du Parlement à Paris, en 1879,
que les Chambres vont se réunir en Con-
grès à Versailles, afin d'élire le Président
de la République.
Ici, une fois de plus, on voit apparaître
toute la puissante majesté du régime répu-
biicain. Qu ii arrive tranguiUemect au terme
de son mandai ou qu'il expire sous ie poi-
gnard d'un ban lit, le Président de la Répu-
blique est remplacé sans que les destinées
de la nation en soient troublées. La trans-
mission des pouvoirs se fait avec calme, et
rien ne se trouve modifié dans la vie d'un
grand peuple. Le chef de l'Etat n'incarne
pas la nation il ne fait que la représenter,
et pour un temps donné.
Aujourd'hui, comme on sait, deux Répu-
bliques existent seulement en Europe la
République française etla République suisse.
Toutes deux admettent l'institution prési-
dentielle, mais le mode d'é!eclion du Prési-
dent, la durée et l'étendue des pouvoirs qui
lui sont confiés sont, dans ces deux démo-
craties, absolument diffésents. Bien entendu,
je ne m'étendrai pi s sur les conditions dans
lesquelles s'exerce en France la Présidence
de la Répubtique personne n'ignore le
fonctionnement de notre Constitution. En
Suisse, les fonctions présidentielles, en rai-
son du sysV me de con édération, sont plus
limitées que chez nous; le pouvoir exécutif
est exercé par le Conseil fédéral composé
de sept membres élus pour trois ans par
l'Assemblée fédérale, laquelle se compose
de deux Chambres ou Conseils le Conseil
fédéral et le Conseil des Etats c'est parmi
les membres du Conseil fédéral que l'As-
semblée fédérale élit le Président de ce
Conseil, qui devient le Président de la Con-
marquis, elle ne pouvait lui annoncer bruta-
lement qu'on avait rapporté son mari évanoui,
comme mort. Elle fimtpar trouver ce moyen
de préparer les voies
C'est que. le fiacre a versé à la porte.
Mais mon mari n'est pas blessé?
Oh! non, madame la marquise. Peut-être
bien qu'il se découvrira une contusion dans
un moment; mais c'est à cause du cocher
qu'a chaviré de son siège. Et M. le marquis
désirerait que Madame.
Bien. bien. Je vais descendre tout
de suite. Allez en prévenir M. le marquis.
Fonteroche prononça, encore glacé
J'admire votre présence d'esprit.
Ah cher aimé de quoi ne serais-je pas
capable pour nous défendre?. Ce n'est donc
qu un incident vulgaire, mais d'où pouvait
résulter notre perte. Nous avons bien trois
ou quatre minutes devant nous.
Elle se leva résolument, fit de la demi-
lumière et, en quelques secondes, eut réparé
le désordre de sa toilette.
Foirteroche était plus long, ses mains
tremblaient.
La marquise était allée se placer devant la
porte de sa chambre donnant sur le palier.
-Je n'entends encore rien, dit-elle.
Croyez-vous que d'Amende puisae pas-
ser par ici t
Cela est craindre quoiqu'on puisse
arriver à son appartement par le petit esca-
lier, il a l'habitude de traverser ma chambre
pour se rendre chez lui. Du reste, il va falloir
que je laisse cette porte grande ouverte afin
de détruire d'avance tout soupçon. Je vais des-
cendre, m occuper de ce cocher jouer mon
rôle de dame charitable. Vous, mon ami.
Hélène, ne pourrais-je demeurer dans
quelque cachette, être prêt à vous porter se-
cours ai auelauB danser tous menaçait?.
fédération suisse et auquel, par le même
mode d'élection, on adjoint un vice-prési-
dent.
Tous deux sont nommés pour un an seu-
lement et ne peuvent être réélus l'année
suivante. Dans ces conditions, on comprend
que le Président ne puisse peser d'un grand
poids sur les destinée» de son paps. C'est,
comme on l'a dit, la Présidence réduite à sa
plus simple expression.
La France, pays de centralisation, a dû
donner plus de grandeur, plus de dëvelop-
pement aux fonctions présidentielles.
A l'heure qu'il est, d'ailleurs, la Répu-
blique est si bien enracinée dans le sol na-
tional que l'on n'a plus à redouter de voir
un homme abuser du mandat qu'on lui
confierait. La foule tentative du Seize-Mai
est là pour le prouver. Notre République
offrira le spectacle de la grande démocratie
américaine, où la plupart des Présidents,
le lenps de leurs pouvoirs écoulés, s'éloi-
gnent de la vie publique et goûtent dans le
loisir d'une existence retirée un repos bien
ga né.
On affirme que c'était le rêve qu avait
fait M. Caillot, le bras d'un assassin est
venu le briserl
JEAN FROLLO
L'Élection Présideetielle
C'est aujourd'hui, à une heure, qua le Sénat
et la Chambre se réunissent en Congrès, à
Versailles, sous la présidence de M. Challe-
mel-Lacour, pour élire le successeur de
M. Carnot à la Présidence de la République.
Les diverses fractions du Parlement, qui
s'étaient déjà concertées lundi sur les me-
sures à prendre en vue de cette réunion, ont
repris hier matin leurs conciliabules.
UNE NOTE DE M. CHARLES DUPUY
Le fait essentiel de la matinée d'hier est la
publication d'une note communiquée aux
journaux par les agences, et par laquelle Si
Charles Dupuy pose sa candidature
Plusieurs membres du Parlement ont demandé
à M. Charles Dupuy s'il était candidat à la Pré-
sidence de la République.
M. Ch. Dupuy leur a répondu qu'il avait été
trop souvent question, depuis plusieurs mois, de
sa candidature éventuelle pour qu'il ne la posât
point aujourd'hui. Il a ajouté qu'il s'y sentait
encouragé par cette considération que, a l'heure
présente, il y a plus de dévouement que d'am-
bition k briguer un honueur gros de responsabi-
lités.
Interrogé sur la multiplicité des candidatures,
M. Ch. Dupuy a d-iclaré que c'était l'honneur de
la République de provoquer cette courtoise ému-
lation de serviteurs animés d'un égal dévoue-
ment à la France et à la démocratie.
LES DROITES
Réunies dans la matinée d'hier, les Droites
n'ont voulu désigner, séance tenante, aucun
candidat; elles ont chargé trois sénateurs, MM.
Buffet, Chesnelong et de Kerdrel, et trois dé-
putés, de Maillé, Cazenove de Pradine et
Delafosse, de se concerter pour le choix d'une
candidature au sujet de laquelle le secret le
plus absolu devra être gardé et qui sera pré-
senté à l'approhation des Droites dans une
réunion plénière qui sera tenue ce matin à
Versailles.
Hier, on assurait que les Droites avaient
d'abord songé à voter au Congrès pour l'ami-
ral Gervais, qui n'aurait pas d'ailleurs été
consulté, pas plus que ne l'avait été le général
Saussier au Congres de 1887. Toutefois, les
Droites ont exprimé l'avis dans leur réunion
d'hier qu'il valait mieux émettre un vote
utile en choisissant parmi les candidatures
officiellement posées celle qui répondrait le
mieux aux tendances politiques du parti con-
servateur.
LES GROUPES RÉPUBLICAINS
Voici le résultat de la réunion des trois
groupes républicains du Sénat (Gauche ré-
publicaine, Union républicaine et Centre gau-
che) qui a eu lieu hier à trois heures.
Votants 179
144 voix
2
2
BULLETINS 3
Sur la motion de M. Cordelet, les trois grou-
pes du Sénat ont voté la motion suivante
Les sénateurs présents, ayant manifesté leur
opinion par la \oie du scrutin, déclarent qu'ils
jugent inutile d'assister à une réunion plénière.
En présence de cette décision, la Gauche dé-
mocratique s'est seule rendue à la réunion
plénière que les députés républicains ont tenu*
Qui nous prouve que cette femme n pas
menti? Si c'était bien un guet-apens
La marquise haussa les épaules
Patrice n'est pas capable de ces choses-
là Le voyez-vous, raisonnablement, choi-
sissant sa concierge pour confidente ?
C'est vrai. Je n'ai donc qu'à vous obéir.
Que dois-je faire?
Elle réfléchit quelques secondes puis, pre-
nant Fonteroche par la main, elle l'entraina
dans la pièce qui était commuue à sa fille et
à elle.
Nous ne pouvons pas songer au grand
escalier, pas plus qu'au petit. Nous ignorons
de quel côté et à quel moment mon mari
rentrera chez lui. Demeurez donc ici. 11 ne
viendra pas dans mon cabinet de toilette.
Dès que 1 hôtel sc sera rendormi, je vous déli-
vrerai, et vous repartirez par votre chemin
accoutumé.
Que vous êtes calme et brave!
Elle eut la force de sourire et dit, un peu
dédaigneuse
En nous accuse d'être des races finies
mais nous nous retrouvons tout de même à
l'heure du danger! A bientôt, mon ami.
Elle lui donna ses lèvres, puis sortit du ca-
binet de toilette, en referma la porte; et, vrai-
ment courageuse, maîtresse d'elle-même, elle
quitta sa chambre.
Mais elle n'était pas aux premières marches
de l'escalier que la concierge apparaissait de
nouveau; et, à son visage bouleversé, elle de-
vinait que l'accident était plus grave, en réa-
lité, qu on ne le lui avait avoué tout d'abord.
D'une voix soudainement angoissée, elle
interrogea
Est--ce que monsieur"
Ah madame madame On a cru, tout
d'abord, que ce n'était rien, et voilà qu'on t
vient de. de lui découvrir. Ca dwt-ètra >um
Il cinq heures et demie dans la Bibliothèque
du Sénat.
Dès les premiers moments, la réunion est
devenue très bruyante, très houleuse; les
Interpellations de député à député se croi-
sent les uns demandent qu'on vote sans dis-
cussion) les autres réclamenttes débats.
Des paroles on en vient aux coups.
Un députa qui veut cacher les urnes est
malmené par un de ses collègues. Plusieurs
députés s en vont. M. Goblet est de ceux-là.
Il dit J'en ai assez
Devant ces incidents tumultueux, M. de
Verninae, président de la réunion plénière
organisée par la gauche démocratique du
Sénat, lève la séance au milieu d'une agita-
tion extraordinaire.
LEt IMPRESSIONS DE LA JOURNÉE
U n'est pas sans intérêt de se rendre compte
des forces dont disposera aujourd'hui au
Congrès chacune des fractions politiques du
Parlement.
En défalquant du total des membres de la
Chambre et du Sénat, une quinzaine de séna-
teurs ou de députés qui, pour des causes di-
verses, n'assisteront pas au Congrès, on peut
prévoir que l'Assemblée nationale ne com-
prendra pas moins de 8t>0 votants.
La Droite qui, dans le précédent Congrès,
comprenait plus de 200 membres, comprend
aujourd'hui moins de membres. De leur
côté, les socialistes disposent d'une cinquan-
taine de voix. D'où il résulte que les diverses
fractions républicaines du Parlement dispo-
seront au Congrès de 700 voix environ.
Il est impossible de prévoir quel sera fina-
lement le candidat de la Droite, et, d'autre
part, on ignore si les socialistes qui, au pre-
mier tour de scrutin, voteront pour M. Henri
Brisson avec les groupes avancés du Parle-
ment, voteront finalement pour le candidat
sur lequel pourra se faire au dernier moment
l'union du parti républicain.
Dans ces conditions, on ne peut se hasarder
à faire des pronostics qu'en tenant compte
des indications données par les groupes radi-
caux et les groupes gouvernementaux.
Les groupes radicaux sont décidés à voter,
au premier tour, pour M. Henri Brisson.
Le nombre de voix obtenu par ce dernier
dictera la conduite de ces groupes pour le
deuxième tour.
Dans les groupes républicains modérés,
l'union est actuellement faite sur le nom de
M. Casimir-Perier.
Il est incontestable qu'au premier tour, M.
Casimir-Perier obtiendra le plus grand nom-
bre de suffrages.
En additionnant les votes exprimés hier et
lundi, soit à la Chambre, soit au Sénat, en fa-
veur de M. Casimir-Perier, on constate que
380 voix au moins sont actuellement acquises
au Président de la Chambre.
Ce chiffre, si important qu'il soit, ne consti-
tue pas pour le premier tour la majorité ab-
solue du Congrès. La question se pose donc
de savoir si, dans le cas où la candidature de
M. Casimir-Perier ne triompherait pas au
premier tour, l'Union du parti républicain se
ferait au second tour sur le nom de M. Ch.
Dupuy. Les adversaires de cette candidature
prétendent qu'il faut prévoir, au second
tour, une manifestation pour une candida-
ture neutre, divers noms sont mis en
avant M. Loubet, M. Magnin, M. Méline, ou
celle d'un autre membre du Parlement dont
le nom n'a pas encore été prononcé, ou même
celle d'un ancien député, M. Waldeck-Rous-
seau.
En résumé, il est impossible de prévoir
l'issuedu scrutin d'aujourd'hui. Les manifes-
tations des groupes pas plus que la presse
n'ont d'action sur le corps électoral. Aussi
est-il impossible, comme au Congrès de
de prévoir quel sera l'élu de l'Assemblée na-
tionale.
A VERSAILLES
Une activité fiévreuse règne au Palais de
Versailles pour préparer la salle du Congrès.
Ce n'est pas, comme l'annoncent plusieurs
journaux du matin, dans l'ancienne salle du
théâtre du Palais que se tiendra le Congrès,
mais dans le nouveau local aménagé en face
de l'hôpital militaire, rue Gamuetta.
Les drapeaux arborés à l'occasion des fêtes
de Hoche sur les édifices publics sont tous en
berne et entourés de crêpe.
LA SALLE DU CONGRÈS
Sous la direction du délégué de la Questure
de la Chambre, M. Courtade, on a procédé,
dans l'après-midi d'hier, à un nettoyage com-
plet.
Dans la soirée, la salle était prête et les
881 sièges cramoisis n'attendaient plus que
les membres du Congrès.
Toutes les places sont marquées. Au jour
le jour des vacances et des élections, les
changements ont été faits, et nous pouvons
même ajouter ce détail que les noms de tous
les sénateurs et députés, même de ceux élus
récemment, sont soigneusement placés sur
les armoires des vestiaires.
Donc, le fonctionnement matériel est as-
suré. Chaque sénateur et député connaît a ce
moment la place qa'H doit occuper et il n'y a
blessure, puisqu il y a du. du sang. Il«.. il
en a perdu. Mais faut pas que ça vous
trouble, madame la marquise.
Achevez donc!
II en a perdu connaissance, madame
La marquise écarta brusquement la brave
femme, qui essayait de lui barrer le passage
en lui donnant encore des explications, et
elle bondit plutôt qu'elle ne descendit jus-
qu'au rez-de-chaussée, où Patrice d'Auseraie,
toujours livide, sans mouvement, était étendu
sur une banquette.
Elle s'arrêta à une petite distance de cette
banquette et faillit tomber à la renverse. Le
concierge, le gardien de la paix la soutinrent,
puis voulurent l'écarter
Vous n'êtes peut-être pas assez forte,
madame.
Mais déjà elle se redressait, honteuse de sa
faiblesse. C'était à eile de diriger les soins.
Et, malgré le souvenir de l'amour si pas-
sionné de Maurice de Fonteroche, elle com-
mença par déposer un baiser sur le front
glacé de son mari.
Où est la blessure? demanda-t-elle assez
fermement.
Au côté gauche, madame, dit le sergent
de ville; c'est du moins de la que- coule le
sang.
Et. ce cocher?
Madame, dit la concierge, c'est moi qui
ai inventé ça pour préparer madame la mar-
quise. Le cocher n'a rien.
Mais. sait-on. quelque chose? flt Hé-
lène avec un regard anxieux vers l'agent de
police.
Rien, ou si peu de chose, madame! ré-
pondit celui-ci. En tout cas.
U prit la lanterne des mains du concierge
et en dirige* la lueur sur le cité fauche du
marquis..
plus qu'à assurer ce matin de très bonne
heure le transport du personnel.
LEi APPARTEMENTS DU PRÉSIDENT
Les bureaux le trouvent prêts également
prêts aussi les salons des deux présidents et
les appartements particuliers du président
de la Chambre. Les premiers occupent le pre-
mier étage, les seconds le second étage du
palais, à l'extrémité de l'aile droite sur la cour
de Monsieur.
En temps ordinaire aucune de ees pièces,
aucun de ces appartements n'est meublé. U a
fallu des prodiges pour disposer en quelques
heures dans les salles, après les avoir tires
des magasins où on les tient empilés, les mil-
liers de sièges, de divans, de tables-bureaux,
de tapis qui ornent présent les bureaux des
questeurs et ceux des différentes Commis-
sions, ainsi que les salons de réception.
LE BUREAU TÉLÉGRAPHIQUE
La direction générale des postes et télégra-
phes a pris toutes les mesures nécessaire»
pour assurer le service télégraphique demain
au Congrès qui se tiendra à Versailles. M.
Vunschendorf, directeur ingénieur de la ré-
gion de Paris, et M. Manin, ingénieur des
télégraphes, sont chargés de la direction des
services. Pour faciliter la rapidité de l'expé-
dition des dépêches, dès hier soir, la direc-
tion du matériel de l'administration des postes
a envoyé à Versailles des appareils rapides
Hugues et Bordot.
De plus, dans la crainte que les employée
chargés de la transmission ne soient débor-
dés, l'administration a organisé des équipes
de véloclpédistes avec relai à Ville-d'Avray,
qui, eu cas de presse, auront mission de por-
ter les télégrammes à Paris, soit au poste
central, soit au bureau de la Bourse.
LES MESURES D'ORDRE
C'est le lieutenant Castex, chef «les garçons
du bureau du Sénat, qui prendra la direction
de tout le personnel réuni des deux Cham-
bres.
M. Challemel-Lacour, président du Sénat,
en vertu de son droit de réquisition de toutes
forces militaires, a écrit au général comman-
dant la place do Versailles pour lui demander
d'assurer l'ordre du Congrès.
Le général Saussier, gouverneur militaire
de Paris, a été également avisé par le prési-
dent du Sénat de vouloir bien assurer 1 ordre
dans Paris et sauvegarder les délibérations
du Congrès.
Le service de garde au Palats du Congrès
sera fait par un détachement de quarante
hommes fourni par le 5' régiment du génie
et commandé par un lieutenant, deux sous-
officiers et quatre caporaux.
Le 22e régiment d artillerie fournira deux
plantons un maréchal des logis secrétaire et
un canonnier.
Le service d'honneur sera fait par un pi-
quet fourni par le 1" régiment du génie, et
ainsi composé un capitaine, un lieutenant,
quatre sous-officiers, six caporaux, deux tam-
bours et quatre-vingt-dix hommes.
Toutes les troupes de la garnison seront
consignées demain et tenues prêtes à mar-
cher, le cas échéant.
Le 1044 régiment d'infanterie, qui exécute
maintenant ses tirs au camp de Satory, sera
tenu en réserve.
Une escouade du régiment de sapeurs-
pompiers de Paris, sous le commandement
d'un lieutenant, est arrivée hier soir pour
assurer le service d'incendie.
Deux trains spéciaux ont été organisées en
vue du Congrès, dans lesquels prendront place
les membres du Parlement; l'un partira de
la gare Montparnasse à Il h. 55 du matin
et l'autre partira de la gare Saint-Lazare à
midi 10.
Ces deux trains ramèneront, le soir, de
Versailles à Paris, les sénateurs et les dé-
putés.
L'ASSASSINAT
DE
M. CARNOT
Un Télégramme du Tsar
Voici le texte du télégramme adressé de
Borki par le Tsar a %laie t'arnot:
Madame Carnol, Paris
Profondément émus par la nouvelle de l'at-
tentat, l'tmpératrice et moi nous vous expri-
mons nos regrets les plus profonds et nous
vous assurons de notre sympathie et de la
vive part que noue prenons au malheur qui
vous frappe et qui met en deuil toute la
France.
Alexandre.
D'autre part, M. de Glers. chancelier de
l'empire de Russie, a adressé le télégramme
suivant à M. de Mohrenb.«im, ambassadeur de
Russie à Paris
Veuillez être, auprès du gouvernement français
ainsi qu'auprès de Mme Carnot l'interprète de
Les vêtements sont légèrement brdiés
autour du trou.
Un. coup de feu, alors?
Ça me parait évident, madame.
Dieu!
Elle se cacha un instant le visage dans les
mains, effroyablement bouleversée. Tandis
qu'elle était aux bras de son amant, on tuait,
ou du moins on essayait de tuer son mari.
Mais où ?. Où cela est-il arrivé ?
Madame, le cocher qui t'a rapporté et
qui, du reste, est à peu près gris, prétend ue
pas se souvenir de l'endroit où Il l'a rencontré.
Cet homme est-il encore là t
Mon camarade le tient.
Allez me le chercher, je veux l'interro-
ger tout de suite.
On amena Bonenfant, qui, tout tremblant,
la voix étranglée, répéta son explication le
brouillard, l'impossibilité de voir à quinze
pas, son chemin perdu, l'homme accroché au
réverbère et qu'il avait d'abord pris pour on
ivrogne comme lui.
Mais était-il blessé à ce moment?
Faut le croire, puisqu'il ne se tenait pas
debout, madame.
Vous auriez dû vous en apercevoir tout
de suite
Non, puisque je l'ai seulement poussé
par derrière. Ce n'est qu'en arrivant ici, lors-
que j'ai constaté qu il ne descendait pas et
que Je l'ai pria sous les bras, que j'ai senti le
sang.
D'ailleure, dit un des agents, devinant
que la marquise songeait, si improbable que
cela pût paraître, à un suicide, nous n'avons
trouvé aucune arme dans la voiture. M. le
marquis était déjà frappé quand il y est.
OU. ou qu'on l'y a monté.
Cette hypothèse étant désagréable à Bonen
i*ûl, il protesta en Imio&nt du pied
nos sincères condoléances et dt la vive syrv.p*
thie avec laquelle nous nous associons au de ai
qui vient de frapper la France.
L'Empereur étant en route pour Borski, JS
viens de transmettre par télégraphe la triste ne*-
vellt à Sa Majesté.
Dépêche du Roi de Grèce
Le Roi de Grèce a adressé a Mme Cun4t Ift
dépéche auivanto AtlùMa.
Uatlame Carnot, Paris
Veuillez, madame, croiro à ma profonda do*
leur. Que Dieu vam soutienne et rous donne le
courage de supporter cette terrible épreuve.
La Heine se joint à moi pour vous exprimer,
ainsi qu'à vos lits, la part que. nous prenon»
dans votre irréparable malheur et si douloureux
perte. CBOK3BÎ.
Sympathies Italiennes
L'ambassadeur d'Italie a R«ii«ssé le télé.
gramme suivant à Mme Carnot, à Lvou
Au moment où l'Italie entière, «on roi et sot
gouvernement partaient mire deuil et maudis-
sent aver1 moi le scélérat qui a fiappé votre vé-
nèré et illustre mari, pern)*'tt»x-nioi, inade vous exprimer la profonde «luuleur que ma
fait «prouver la perte du graud citoyo» qui fuf
l'ami de mon pays et à qui j'avais von# mon ad-
miration, ma reconnaissance et nia re?pectueuM
affection.
Connaissant mes sentiments pour votre per-
sonne, pour votre famille et p'»ir votre jxyt.
Votre Kxoellence voudra accueillir avec bonté,
j'ose l'espérer, le Wmoigna>;e de ma plus viv«
et pina cordiale condoléance et de mon éteint!
Signé Messmakn.
L'ambassadeur d'ftalie n'» cessé du recevoir
pendant toute la journée des télégramme»
d ltalie exprimant l indignation et la douleur
causée iiar l'assassinat du Président de !a
République. l'iusleuis syndics (mairesl, en-
tre autres ceux de Portouianrizio, de San-
Retno, de Mantoue. d'Oneglia, du Caltauismia
se sont rendus chaleureusement les inter-
prèles des sentiments de ieurs administrés.
Les chefs des principaux consulats italiens
de France ont témoigné du sentiment de lenrs
colonies. Le syndic de la Bourse de Home a
annoncé à l'amhassadeur que la Bourse res-
tait fermée eu signe de deuil et de protesta-
tion.
La Date des Funérailles
Le service du Protocole a informé le PréM
dent du Conseil que les obsèques de M. le Pré-
aident de la République ont été fixées au di-
manche i'r juillet.
Dès hier nous avions indiqué cette date.
Par application de l'article 310 du décret de
sur le service des places, MM. les Minis-
tres de la Guerre et de la Marine ont prescrit
à MM. les officiers des armées de terre et ùd
mer un deuil de trente jours à dater du 2S
juin.
Ce deuil sera également porté pendant la
mime durée par MM. les fonctionnaires e*
agents de tous les services publics lors-
qu'ils seront dans l'exercice de leurs fonc-
tions.
La Commission chargée de régler, peur les
obsèques du Président de la République, la
cérémonie religieuse, la construction du tata,
falque à Notre-Dame, l'ordre du cortège, les
honneurs militaires, etc., est composée de
le colonel Chamoin, représentant la
tantille. De Bourqueney, directeur du Proto-
cole, ministre plénipotentiaire. Comte, direc-
teur des bâtiments civils. Roujon, directeur
des Beaux-Arts. Huet, directeur des travaux
de la Ville. Le général chef d'état-major.
Lauras, directeur des Pompes funèbres.
Williamson, directeur du Mobilier national.
Ghampoudry, président du Conseil municipal.
Ambroise Thomas et Saint-Saëns. Guillaume
et Garnier, architectes. Mollard, chef-adjoint
du Protocole. Lacroix, attaché au cabinet du
Ministre de l'Intérieur.
La Chambre sera convoquée probablement
jeudi ou vendredi, afin quelle puisse voter le
projet de loi ayant pour but d'autoriser de»
funérailles nationales.
On prêtait hier au Cabinet l'intention df.
déposer, en même temps, un second proj'
de loi portant que les restes de M. Carnot se
ront ensevelis au Panthéon, où furent trans f**
portés, en 18S9, ceux de Lazare Carnot.
L'Arrivée du Corps à Paris
Voici des détails complémentaires sur l'ar-
rivée du corps de M. Carnot à Paris.
L'une des portes d'arrivée de la gare de
Lyon est tendue de draperies noires lamée.
d'argent sur lesquelles se détache un écus-
son i l'Initiale du Président.
Des faisceaux de drapeaux voilés de crêpes
l'entourent.
La salle d'attente est décorée de la mémo
manière.
Au milieu et un peu à droite se trouve placé
un brancard recouvert d'une draperie noire
étoilée et frangée d'argent, destiné à recevoir
le cercueil et à le transporter dans le fourgon.
La porte d'entrée donnant sur le quai de la
gare est également teuduededraperiesnoires.
Dans le salon de M. Regnoul, chef de gare,
se trouvent MM. Pecquet,chef-adjoint de l'ex-
Puisque je vous ai expliqué, Dieu de
Dieu!
Taisez-vous donc quand on ne vous In-
terroge pas! fit brusquement l'agent qui le
tenait.
La marquise dévisagea quelques secondes
le cocher puis, aussi douce que ferme
Cet homme a une honne ligure 11 doit
dire la vérité. En attendant qu'on découvre
l'exacte explication de ce guet-apens, vous
allez tous m'aider. L'escalier est large à vous
quatre, vous pourrez monter cette banquette
en la conservant bien horizontale. Est-ou
allé prévenir notre médecin
Pas encore, madame la marquise.
Vous irez tout de suite apri;s, dit-elle au
concierge vous profiterez de cette voiture
qui est notre porte, tout attelée. Votre che-
val marche bien ?
Ah t madame s'écria Bonenfant. pour
faire plaisir à une patronne comme vous, j'hé-
siterais pas à le crever.
Déjà les quatre hommes soulevaient la ban,
quette et gravissaient l'escalier.
La marquise prenait tes devants. Et le mar
quis d'Auseraie fut transporté dans sa cham-
bre, au milieu d'un silence glacial.
Partez, maintenant ordonna Hélène au
concierge.
Madame, lui fit remarquer l'agent quai
s'était chargé du cocher, je ne puie pas lâchei
cet homme jusqu'à nouvel ordre.
Eh bien, allez avec eux.
Les trois hommes descendirent. Il ne restait
plus là que la concierge et le second gardien
de la paix.
D'un geste, la marquis/! leur nt signe de nt
pas quitter la chambre du blessé. Entre cette
chambre et la sienne, il y avait un petit salo*
Le numéro t S centimes
MERCREDI SI «JiW 18M
ABONNEMENTS
PARIS et DÉPARTEMENTS Trois mois, S fr. Six mois, » tt. Un an. t 8 fr.
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S'adresser chez MM. L. AUDBOURG et Cie JO, Place de la Bourse, PARU
et la "Salle des Dépêches* du Pttit Parisien, »o, bouler. Montmartre.
Dernière Edition
Dans quelques mois, M. Ornol allait
toucher au t-rme do sa ['résidence. Le poi-
frniriJ d'un assassin l'a etn:*ché d'arriver
su f ioiit de son mandat. Il es' mort au champ
d hoi.neur, a t-on dit avec raisun. Est-il vrai
qu'il ont décidé de ne pas soHicite- lerenou-
ve knv ni de ses pouvoirs? La nouvelle a
été formellement affirmée. Ce t;u on peut
dirr, alors, c'est qu'en quittant l'Elysée, M.
Carnol, redevenu simple citoyen, aurait
partout rencontré la sympath e profonde. le
respet sine r.; aveu lesquels son éiect on
avaii éta saluée pas un msia-il il n'a, du-
rant ces sept années, cessé d'être l'homme
incorrupt.ble qu'au lendemain de scanda es
•(.oubliés, oa chargeait de représenter de-
var les autres mitons la France républ)-
On n'a point, certainement, perdu le sou-
venir des incidents qui marqu< rent. la.jour-
n du 4 décembre 1887. NI. -Iules Grév)
tva t donné si démission le '2 décembre. Le
Congrus, p 'tir l'élertion df1 sen succes-
leur, lut convoqué à Versailles le surlende-
main.
Quelle animation dans P.iris.en attendant
le nom du nouveau Président de la Rrpu-
lJliqu"! Dans une réunion préparatoire, te-
nue par les groupes réuublirains de la
Chambra et du Sénat, la lutte, pendant
d ux tours de scrut'n, s'était circonscrit
entre MM. Jules Ferry et de Freyuinet.
M. Carnot ne venait
Ferry obtenait voix, et M. Carnot, dé-
Ï lassant M. de Freyeinet, en recueillait 162.
En!in, au quatrième tour, le candidat arrt-
vtint en téte de liste Atait M. Carnot, avec
voix.
Comment le nom ne m. uarnoi avau-u
été mis en avant? A la suite d'un incident
qui s'était produit à la Chambre. M. Rou-
vier, p es dent du Cons il des Ministres,
avait r appelé que M. Carnnt, étant Ministre
des Finan -es, s'éta t avec éne gie opposé à
demande que lui faisait M. Wilson de
rembourser, au détriment du Trésor, des
droits de timbre et d'enregistrement, en l'a-
veirde banqu es dont le gendre du Prési-
dent de la République était rami. D'unani-
mes applaudissements accueillirent ces pa-
'Oles. Alors. M. Rouvier ajouta
Le Président de la République lui-
même, quand il demande à un Minstre
d accomplir un acte, est à l'égard de ce
Ministre responsable dans la situation d'un
solliciteur, éminent à coup sur, mais
d'un solliciteur qui n'a pas d'ordres à don-
ner, qui pe it émett.reun conseil seulement,
et le Ministre n'agit que sous sa propre
responsabilité c'est ainsi que M. Carnot a
agi dans la plénitude de son droit, et je ne
saia pas de plus lort argument pour ma
thèse que cet acte que vous venez de souli-
gnerpar vos applaudissements. »
Aussitôt, la Chambre entière, emportée
par un de ces grandis courants qUi €Btrtf-
T.SVil parfois les réunions d'hommes, se
tourna vers M. Carnot, prouvant ainsi que,
dans notre pays, la meilleure politique est
'tell.' de l'honnèteté, et que si, parfois, elle
vient à échouer, elle a tôt ou tard sa re-
v«nohe.
P§le a son banc, la baissée, M. Carnot
reçut, avec une modestie émue, le juste
ho nmaqe qui lui était adressé.
On s'était souvenu de cet incident, au
moment de la réunion du Congrès, et l'ac-
cord des républicains se fit naturellement
sur le nom d'un homme qui avait su main-
tenir intacts le- principes d'honneur, malgré
toutes les pressions exercées sur lui.
C'est deux heures cinq minutes, dans
la sa'le autrefois occupée à Versai les par la
Chambre des députés, que le Congri s ou-
vrit s.i séance. A quatre heures et d me, le
Pr sident, qui était M. Le Royer, proclama
le résultat du scrutin M. Carnot arrivait
en tète avec 303 voix, M. Ju'es Ferry en
avait obtenu 212 et le général Saussier 148;
les autres voix s'étaient réparties entre
de Freyeinet, le gênerai Appert,
l'e ri Brisson et Floquet.
Après la proclamation du scrutin, M. Jules
Ferry se leva pour aller serrer la main de
ii. Carnot; puis, il s'éloigna, après avoir
aaaonoé so:i désistement.
Le deuxième tour de scrutin eut lieu
,Ne 4. Feuilleton du Petit Parisien.
GHAND ROjMAN INÉDIT
TEEMIÈRE PARTIS
III (suite)
Le Réveil
Durant une minute, ils demeurèrent frap-
pés «le stupeur, glacés, incapables de faire le
moiiidre mouvement. Ils avaient déjà la vi-
sion du mnri outragé qui se venge.
Mais comment se peut-il'! interrogea
Pouteroche d'uue voix étranglée. Serait-ce uu
guet-apens?
Je ne le crois pas. Ce serait indigne de
mous tous.Je crois simplement à cette chose
banale, qu'il aura manqué son train. Mais
la situation n'en existe pas moins.Vous allez
fuir.
Je ne vous quitte à aucun prix, Hélène
Vous allez fuir, vous dis-je Car j'en-
tends bien vous sauver, sauver notre bon-
beur I. Mais par où, grand Dieu?.
Ou frappait de nouveau à la porte
Alors, madame va deseandre
M. le marquis a donc besoin de moi!
La concierge, que sa commission embar-
nasait prodigieusement, répondit:
Oui, oud, madame la marquise. M. le
marquis demande Madame, parce que.
parce que. comme N. le marquis a manqué
ton train, il a pris un fiacre pour revenir.
-Eh bien t
La concierge nésitait encore. Persuadée,
Ainsi que tous les gens de la maison, que
Mme la marquise aimait profondémant M. le
aussitôt; clos à six heures, il donna les ré- 1 f
suilals s iivaats M. Carnot, 616 voix le 1
général Saussier, 1S8. «
M Carnot était nommé Président de la
République. 1
Il :-e pa-sa. alors une se-ne tout intime,
de, plus touchantes. Au moment où cn 1
allait proclamer le rosultit du scrutin, M. ]
Carnot 9*était retiré dans un des salons du
Palais de Versaitles, près de la gnlerie des
Bustes; il était profondément ému à la
pensée de la haute fonction dont il était
subitement investi. Soudain, il se sentit
pressé dans une violente étreinte, embrassé
comme un en'atit c'était son père, le doyen
d'Age du Sénat, vieillard de quatre-vingt-
cinq ans, qui était accouru, qui était entré
sans se l'aire annoncer, avait serré son fils
dans ses bras elle couvrait de baisers.
Quelle joie pour moi, cher en ant
s'écria entin le vieillard.
Et, tous deux, le père et le fils, se regar-
dant longuement, les yeux inondés de
pleurs.
On sait que jusqu'à son élection comme
Président de la République, M Carnot
avait toujours fart précéder son nom Gu pré-
nom de « Sadi ». Ce prénom pouvait paraî-
tre singulier si l'on n'en connaissait pas l'ori-
gine. Il lui avait été donné en souvenir de
son grand-on, le, qui, à un certain moment,
avait consacré ses loisirs à traduire le Poème
des Rosés, du poète peivan Saidi. Le len-
demain de sa nomination, le Journal officiel
annonçait que désormais le nouveau Prés:-
dent signerait simplen.ent Carnot
Ce nom en disait long à lui tout seul;
c'était celui d- l'homme illustre qui, après
dix-sept mois de campagnes àjamais mémo-
rables contre les puissances coalisees, pou-
vait, en rentrant au sain de l'Assemblée
nationale, e 30 vendémiaire an III, résu-
mer en ce tableau l'œuvre qu'il avait ac-
complie comme directeur du mouvement
des armées 27 victo res, dont 8 en ba-
tailles ranges 80,000 ennemis tués
prisonniers 116 places Tories ou
villes importantes occupées 230 forts ou
redoutes enlevés; 3,800 bouches à feu,
10,000 fusils, 1,000 milliers de poudre et
i90 drapeaux tombés en notre pouvoir.
Nobl -isse oblige, dit-on. Les traditions
de famille nussi. Sous les auspices du sou-
venir de son grand aïeul, c'est la fidélisé à
la patrie et à la République, c'est une p; o-
bité rigide, c'est l'honnêteté démocratique
que M. Carnot avait apportées avec lui en
entrant à l'Elysée elles n'en sortiront plus.
Peu d'heures après son élection, il était
allé rendre visite à son prédécesseur, M.
Jules fiiv.vy Si j'avai» eu à nommer
mon successeur, lui dit celui-ci, mon choix
se serait, s;,ns aucune hésitation, porté sur
VOUa
Cest pour la troisième lois aepuis le
transfert du Parlement à Paris, en 1879,
que les Chambres vont se réunir en Con-
grès à Versailles, afin d'élire le Président
de la République.
Ici, une fois de plus, on voit apparaître
toute la puissante majesté du régime répu-
biicain. Qu ii arrive tranguiUemect au terme
de son mandai ou qu'il expire sous ie poi-
gnard d'un ban lit, le Président de la Répu-
blique est remplacé sans que les destinées
de la nation en soient troublées. La trans-
mission des pouvoirs se fait avec calme, et
rien ne se trouve modifié dans la vie d'un
grand peuple. Le chef de l'Etat n'incarne
pas la nation il ne fait que la représenter,
et pour un temps donné.
Aujourd'hui, comme on sait, deux Répu-
bliques existent seulement en Europe la
République française etla République suisse.
Toutes deux admettent l'institution prési-
dentielle, mais le mode d'é!eclion du Prési-
dent, la durée et l'étendue des pouvoirs qui
lui sont confiés sont, dans ces deux démo-
craties, absolument diffésents. Bien entendu,
je ne m'étendrai pi s sur les conditions dans
lesquelles s'exerce en France la Présidence
de la Répubtique personne n'ignore le
fonctionnement de notre Constitution. En
Suisse, les fonctions présidentielles, en rai-
son du sysV me de con édération, sont plus
limitées que chez nous; le pouvoir exécutif
est exercé par le Conseil fédéral composé
de sept membres élus pour trois ans par
l'Assemblée fédérale, laquelle se compose
de deux Chambres ou Conseils le Conseil
fédéral et le Conseil des Etats c'est parmi
les membres du Conseil fédéral que l'As-
semblée fédérale élit le Président de ce
Conseil, qui devient le Président de la Con-
marquis, elle ne pouvait lui annoncer bruta-
lement qu'on avait rapporté son mari évanoui,
comme mort. Elle fimtpar trouver ce moyen
de préparer les voies
C'est que. le fiacre a versé à la porte.
Mais mon mari n'est pas blessé?
Oh! non, madame la marquise. Peut-être
bien qu'il se découvrira une contusion dans
un moment; mais c'est à cause du cocher
qu'a chaviré de son siège. Et M. le marquis
désirerait que Madame.
Bien. bien. Je vais descendre tout
de suite. Allez en prévenir M. le marquis.
Fonteroche prononça, encore glacé
J'admire votre présence d'esprit.
Ah cher aimé de quoi ne serais-je pas
capable pour nous défendre?. Ce n'est donc
qu un incident vulgaire, mais d'où pouvait
résulter notre perte. Nous avons bien trois
ou quatre minutes devant nous.
Elle se leva résolument, fit de la demi-
lumière et, en quelques secondes, eut réparé
le désordre de sa toilette.
Foirteroche était plus long, ses mains
tremblaient.
La marquise était allée se placer devant la
porte de sa chambre donnant sur le palier.
-Je n'entends encore rien, dit-elle.
Croyez-vous que d'Amende puisae pas-
ser par ici t
Cela est craindre quoiqu'on puisse
arriver à son appartement par le petit esca-
lier, il a l'habitude de traverser ma chambre
pour se rendre chez lui. Du reste, il va falloir
que je laisse cette porte grande ouverte afin
de détruire d'avance tout soupçon. Je vais des-
cendre, m occuper de ce cocher jouer mon
rôle de dame charitable. Vous, mon ami.
Hélène, ne pourrais-je demeurer dans
quelque cachette, être prêt à vous porter se-
cours ai auelauB danser tous menaçait?.
fédération suisse et auquel, par le même
mode d'élection, on adjoint un vice-prési-
dent.
Tous deux sont nommés pour un an seu-
lement et ne peuvent être réélus l'année
suivante. Dans ces conditions, on comprend
que le Président ne puisse peser d'un grand
poids sur les destinée» de son paps. C'est,
comme on l'a dit, la Présidence réduite à sa
plus simple expression.
La France, pays de centralisation, a dû
donner plus de grandeur, plus de dëvelop-
pement aux fonctions présidentielles.
A l'heure qu'il est, d'ailleurs, la Répu-
blique est si bien enracinée dans le sol na-
tional que l'on n'a plus à redouter de voir
un homme abuser du mandat qu'on lui
confierait. La foule tentative du Seize-Mai
est là pour le prouver. Notre République
offrira le spectacle de la grande démocratie
américaine, où la plupart des Présidents,
le lenps de leurs pouvoirs écoulés, s'éloi-
gnent de la vie publique et goûtent dans le
loisir d'une existence retirée un repos bien
ga né.
On affirme que c'était le rêve qu avait
fait M. Caillot, le bras d'un assassin est
venu le briserl
JEAN FROLLO
L'Élection Présideetielle
C'est aujourd'hui, à une heure, qua le Sénat
et la Chambre se réunissent en Congrès, à
Versailles, sous la présidence de M. Challe-
mel-Lacour, pour élire le successeur de
M. Carnot à la Présidence de la République.
Les diverses fractions du Parlement, qui
s'étaient déjà concertées lundi sur les me-
sures à prendre en vue de cette réunion, ont
repris hier matin leurs conciliabules.
UNE NOTE DE M. CHARLES DUPUY
Le fait essentiel de la matinée d'hier est la
publication d'une note communiquée aux
journaux par les agences, et par laquelle Si
Charles Dupuy pose sa candidature
Plusieurs membres du Parlement ont demandé
à M. Charles Dupuy s'il était candidat à la Pré-
sidence de la République.
M. Ch. Dupuy leur a répondu qu'il avait été
trop souvent question, depuis plusieurs mois, de
sa candidature éventuelle pour qu'il ne la posât
point aujourd'hui. Il a ajouté qu'il s'y sentait
encouragé par cette considération que, a l'heure
présente, il y a plus de dévouement que d'am-
bition k briguer un honueur gros de responsabi-
lités.
Interrogé sur la multiplicité des candidatures,
M. Ch. Dupuy a d-iclaré que c'était l'honneur de
la République de provoquer cette courtoise ému-
lation de serviteurs animés d'un égal dévoue-
ment à la France et à la démocratie.
LES DROITES
Réunies dans la matinée d'hier, les Droites
n'ont voulu désigner, séance tenante, aucun
candidat; elles ont chargé trois sénateurs, MM.
Buffet, Chesnelong et de Kerdrel, et trois dé-
putés, de Maillé, Cazenove de Pradine et
Delafosse, de se concerter pour le choix d'une
candidature au sujet de laquelle le secret le
plus absolu devra être gardé et qui sera pré-
senté à l'approhation des Droites dans une
réunion plénière qui sera tenue ce matin à
Versailles.
Hier, on assurait que les Droites avaient
d'abord songé à voter au Congrès pour l'ami-
ral Gervais, qui n'aurait pas d'ailleurs été
consulté, pas plus que ne l'avait été le général
Saussier au Congres de 1887. Toutefois, les
Droites ont exprimé l'avis dans leur réunion
d'hier qu'il valait mieux émettre un vote
utile en choisissant parmi les candidatures
officiellement posées celle qui répondrait le
mieux aux tendances politiques du parti con-
servateur.
LES GROUPES RÉPUBLICAINS
Voici le résultat de la réunion des trois
groupes républicains du Sénat (Gauche ré-
publicaine, Union républicaine et Centre gau-
che) qui a eu lieu hier à trois heures.
Votants 179
144 voix
2
2
BULLETINS 3
Sur la motion de M. Cordelet, les trois grou-
pes du Sénat ont voté la motion suivante
Les sénateurs présents, ayant manifesté leur
opinion par la \oie du scrutin, déclarent qu'ils
jugent inutile d'assister à une réunion plénière.
En présence de cette décision, la Gauche dé-
mocratique s'est seule rendue à la réunion
plénière que les députés républicains ont tenu*
Qui nous prouve que cette femme n pas
menti? Si c'était bien un guet-apens
La marquise haussa les épaules
Patrice n'est pas capable de ces choses-
là Le voyez-vous, raisonnablement, choi-
sissant sa concierge pour confidente ?
C'est vrai. Je n'ai donc qu'à vous obéir.
Que dois-je faire?
Elle réfléchit quelques secondes puis, pre-
nant Fonteroche par la main, elle l'entraina
dans la pièce qui était commuue à sa fille et
à elle.
Nous ne pouvons pas songer au grand
escalier, pas plus qu'au petit. Nous ignorons
de quel côté et à quel moment mon mari
rentrera chez lui. Demeurez donc ici. 11 ne
viendra pas dans mon cabinet de toilette.
Dès que 1 hôtel sc sera rendormi, je vous déli-
vrerai, et vous repartirez par votre chemin
accoutumé.
Que vous êtes calme et brave!
Elle eut la force de sourire et dit, un peu
dédaigneuse
En nous accuse d'être des races finies
mais nous nous retrouvons tout de même à
l'heure du danger! A bientôt, mon ami.
Elle lui donna ses lèvres, puis sortit du ca-
binet de toilette, en referma la porte; et, vrai-
ment courageuse, maîtresse d'elle-même, elle
quitta sa chambre.
Mais elle n'était pas aux premières marches
de l'escalier que la concierge apparaissait de
nouveau; et, à son visage bouleversé, elle de-
vinait que l'accident était plus grave, en réa-
lité, qu on ne le lui avait avoué tout d'abord.
D'une voix soudainement angoissée, elle
interrogea
Est--ce que monsieur"
Ah madame madame On a cru, tout
d'abord, que ce n'était rien, et voilà qu'on t
vient de. de lui découvrir. Ca dwt-ètra >um
Il cinq heures et demie dans la Bibliothèque
du Sénat.
Dès les premiers moments, la réunion est
devenue très bruyante, très houleuse; les
Interpellations de député à député se croi-
sent les uns demandent qu'on vote sans dis-
cussion) les autres réclamenttes débats.
Des paroles on en vient aux coups.
Un députa qui veut cacher les urnes est
malmené par un de ses collègues. Plusieurs
députés s en vont. M. Goblet est de ceux-là.
Il dit J'en ai assez
Devant ces incidents tumultueux, M. de
Verninae, président de la réunion plénière
organisée par la gauche démocratique du
Sénat, lève la séance au milieu d'une agita-
tion extraordinaire.
LEt IMPRESSIONS DE LA JOURNÉE
U n'est pas sans intérêt de se rendre compte
des forces dont disposera aujourd'hui au
Congrès chacune des fractions politiques du
Parlement.
En défalquant du total des membres de la
Chambre et du Sénat, une quinzaine de séna-
teurs ou de députés qui, pour des causes di-
verses, n'assisteront pas au Congrès, on peut
prévoir que l'Assemblée nationale ne com-
prendra pas moins de 8t>0 votants.
La Droite qui, dans le précédent Congrès,
comprenait plus de 200 membres, comprend
aujourd'hui moins de membres. De leur
côté, les socialistes disposent d'une cinquan-
taine de voix. D'où il résulte que les diverses
fractions républicaines du Parlement dispo-
seront au Congrès de 700 voix environ.
Il est impossible de prévoir quel sera fina-
lement le candidat de la Droite, et, d'autre
part, on ignore si les socialistes qui, au pre-
mier tour de scrutin, voteront pour M. Henri
Brisson avec les groupes avancés du Parle-
ment, voteront finalement pour le candidat
sur lequel pourra se faire au dernier moment
l'union du parti républicain.
Dans ces conditions, on ne peut se hasarder
à faire des pronostics qu'en tenant compte
des indications données par les groupes radi-
caux et les groupes gouvernementaux.
Les groupes radicaux sont décidés à voter,
au premier tour, pour M. Henri Brisson.
Le nombre de voix obtenu par ce dernier
dictera la conduite de ces groupes pour le
deuxième tour.
Dans les groupes républicains modérés,
l'union est actuellement faite sur le nom de
M. Casimir-Perier.
Il est incontestable qu'au premier tour, M.
Casimir-Perier obtiendra le plus grand nom-
bre de suffrages.
En additionnant les votes exprimés hier et
lundi, soit à la Chambre, soit au Sénat, en fa-
veur de M. Casimir-Perier, on constate que
380 voix au moins sont actuellement acquises
au Président de la Chambre.
Ce chiffre, si important qu'il soit, ne consti-
tue pas pour le premier tour la majorité ab-
solue du Congrès. La question se pose donc
de savoir si, dans le cas où la candidature de
M. Casimir-Perier ne triompherait pas au
premier tour, l'Union du parti républicain se
ferait au second tour sur le nom de M. Ch.
Dupuy. Les adversaires de cette candidature
prétendent qu'il faut prévoir, au second
tour, une manifestation pour une candida-
ture neutre, divers noms sont mis en
avant M. Loubet, M. Magnin, M. Méline, ou
celle d'un autre membre du Parlement dont
le nom n'a pas encore été prononcé, ou même
celle d'un ancien député, M. Waldeck-Rous-
seau.
En résumé, il est impossible de prévoir
l'issuedu scrutin d'aujourd'hui. Les manifes-
tations des groupes pas plus que la presse
n'ont d'action sur le corps électoral. Aussi
est-il impossible, comme au Congrès de
de prévoir quel sera l'élu de l'Assemblée na-
tionale.
A VERSAILLES
Une activité fiévreuse règne au Palais de
Versailles pour préparer la salle du Congrès.
Ce n'est pas, comme l'annoncent plusieurs
journaux du matin, dans l'ancienne salle du
théâtre du Palais que se tiendra le Congrès,
mais dans le nouveau local aménagé en face
de l'hôpital militaire, rue Gamuetta.
Les drapeaux arborés à l'occasion des fêtes
de Hoche sur les édifices publics sont tous en
berne et entourés de crêpe.
LA SALLE DU CONGRÈS
Sous la direction du délégué de la Questure
de la Chambre, M. Courtade, on a procédé,
dans l'après-midi d'hier, à un nettoyage com-
plet.
Dans la soirée, la salle était prête et les
881 sièges cramoisis n'attendaient plus que
les membres du Congrès.
Toutes les places sont marquées. Au jour
le jour des vacances et des élections, les
changements ont été faits, et nous pouvons
même ajouter ce détail que les noms de tous
les sénateurs et députés, même de ceux élus
récemment, sont soigneusement placés sur
les armoires des vestiaires.
Donc, le fonctionnement matériel est as-
suré. Chaque sénateur et député connaît a ce
moment la place qa'H doit occuper et il n'y a
blessure, puisqu il y a du. du sang. Il«.. il
en a perdu. Mais faut pas que ça vous
trouble, madame la marquise.
Achevez donc!
II en a perdu connaissance, madame
La marquise écarta brusquement la brave
femme, qui essayait de lui barrer le passage
en lui donnant encore des explications, et
elle bondit plutôt qu'elle ne descendit jus-
qu'au rez-de-chaussée, où Patrice d'Auseraie,
toujours livide, sans mouvement, était étendu
sur une banquette.
Elle s'arrêta à une petite distance de cette
banquette et faillit tomber à la renverse. Le
concierge, le gardien de la paix la soutinrent,
puis voulurent l'écarter
Vous n'êtes peut-être pas assez forte,
madame.
Mais déjà elle se redressait, honteuse de sa
faiblesse. C'était à eile de diriger les soins.
Et, malgré le souvenir de l'amour si pas-
sionné de Maurice de Fonteroche, elle com-
mença par déposer un baiser sur le front
glacé de son mari.
Où est la blessure? demanda-t-elle assez
fermement.
Au côté gauche, madame, dit le sergent
de ville; c'est du moins de la que- coule le
sang.
Et. ce cocher?
Madame, dit la concierge, c'est moi qui
ai inventé ça pour préparer madame la mar-
quise. Le cocher n'a rien.
Mais. sait-on. quelque chose? flt Hé-
lène avec un regard anxieux vers l'agent de
police.
Rien, ou si peu de chose, madame! ré-
pondit celui-ci. En tout cas.
U prit la lanterne des mains du concierge
et en dirige* la lueur sur le cité fauche du
marquis..
plus qu'à assurer ce matin de très bonne
heure le transport du personnel.
LEi APPARTEMENTS DU PRÉSIDENT
Les bureaux le trouvent prêts également
prêts aussi les salons des deux présidents et
les appartements particuliers du président
de la Chambre. Les premiers occupent le pre-
mier étage, les seconds le second étage du
palais, à l'extrémité de l'aile droite sur la cour
de Monsieur.
En temps ordinaire aucune de ees pièces,
aucun de ces appartements n'est meublé. U a
fallu des prodiges pour disposer en quelques
heures dans les salles, après les avoir tires
des magasins où on les tient empilés, les mil-
liers de sièges, de divans, de tables-bureaux,
de tapis qui ornent présent les bureaux des
questeurs et ceux des différentes Commis-
sions, ainsi que les salons de réception.
LE BUREAU TÉLÉGRAPHIQUE
La direction générale des postes et télégra-
phes a pris toutes les mesures nécessaire»
pour assurer le service télégraphique demain
au Congrès qui se tiendra à Versailles. M.
Vunschendorf, directeur ingénieur de la ré-
gion de Paris, et M. Manin, ingénieur des
télégraphes, sont chargés de la direction des
services. Pour faciliter la rapidité de l'expé-
dition des dépêches, dès hier soir, la direc-
tion du matériel de l'administration des postes
a envoyé à Versailles des appareils rapides
Hugues et Bordot.
De plus, dans la crainte que les employée
chargés de la transmission ne soient débor-
dés, l'administration a organisé des équipes
de véloclpédistes avec relai à Ville-d'Avray,
qui, eu cas de presse, auront mission de por-
ter les télégrammes à Paris, soit au poste
central, soit au bureau de la Bourse.
LES MESURES D'ORDRE
C'est le lieutenant Castex, chef «les garçons
du bureau du Sénat, qui prendra la direction
de tout le personnel réuni des deux Cham-
bres.
M. Challemel-Lacour, président du Sénat,
en vertu de son droit de réquisition de toutes
forces militaires, a écrit au général comman-
dant la place do Versailles pour lui demander
d'assurer l'ordre du Congrès.
Le général Saussier, gouverneur militaire
de Paris, a été également avisé par le prési-
dent du Sénat de vouloir bien assurer 1 ordre
dans Paris et sauvegarder les délibérations
du Congrès.
Le service de garde au Palats du Congrès
sera fait par un détachement de quarante
hommes fourni par le 5' régiment du génie
et commandé par un lieutenant, deux sous-
officiers et quatre caporaux.
Le 22e régiment d artillerie fournira deux
plantons un maréchal des logis secrétaire et
un canonnier.
Le service d'honneur sera fait par un pi-
quet fourni par le 1" régiment du génie, et
ainsi composé un capitaine, un lieutenant,
quatre sous-officiers, six caporaux, deux tam-
bours et quatre-vingt-dix hommes.
Toutes les troupes de la garnison seront
consignées demain et tenues prêtes à mar-
cher, le cas échéant.
Le 1044 régiment d'infanterie, qui exécute
maintenant ses tirs au camp de Satory, sera
tenu en réserve.
Une escouade du régiment de sapeurs-
pompiers de Paris, sous le commandement
d'un lieutenant, est arrivée hier soir pour
assurer le service d'incendie.
Deux trains spéciaux ont été organisées en
vue du Congrès, dans lesquels prendront place
les membres du Parlement; l'un partira de
la gare Montparnasse à Il h. 55 du matin
et l'autre partira de la gare Saint-Lazare à
midi 10.
Ces deux trains ramèneront, le soir, de
Versailles à Paris, les sénateurs et les dé-
putés.
L'ASSASSINAT
DE
M. CARNOT
Un Télégramme du Tsar
Voici le texte du télégramme adressé de
Borki par le Tsar a %laie t'arnot:
Madame Carnol, Paris
Profondément émus par la nouvelle de l'at-
tentat, l'tmpératrice et moi nous vous expri-
mons nos regrets les plus profonds et nous
vous assurons de notre sympathie et de la
vive part que noue prenons au malheur qui
vous frappe et qui met en deuil toute la
France.
Alexandre.
D'autre part, M. de Glers. chancelier de
l'empire de Russie, a adressé le télégramme
suivant à M. de Mohrenb.«im, ambassadeur de
Russie à Paris
Veuillez être, auprès du gouvernement français
ainsi qu'auprès de Mme Carnot l'interprète de
Les vêtements sont légèrement brdiés
autour du trou.
Un. coup de feu, alors?
Ça me parait évident, madame.
Dieu!
Elle se cacha un instant le visage dans les
mains, effroyablement bouleversée. Tandis
qu'elle était aux bras de son amant, on tuait,
ou du moins on essayait de tuer son mari.
Mais où ?. Où cela est-il arrivé ?
Madame, le cocher qui t'a rapporté et
qui, du reste, est à peu près gris, prétend ue
pas se souvenir de l'endroit où Il l'a rencontré.
Cet homme est-il encore là t
Mon camarade le tient.
Allez me le chercher, je veux l'interro-
ger tout de suite.
On amena Bonenfant, qui, tout tremblant,
la voix étranglée, répéta son explication le
brouillard, l'impossibilité de voir à quinze
pas, son chemin perdu, l'homme accroché au
réverbère et qu'il avait d'abord pris pour on
ivrogne comme lui.
Mais était-il blessé à ce moment?
Faut le croire, puisqu'il ne se tenait pas
debout, madame.
Vous auriez dû vous en apercevoir tout
de suite
Non, puisque je l'ai seulement poussé
par derrière. Ce n'est qu'en arrivant ici, lors-
que j'ai constaté qu il ne descendait pas et
que Je l'ai pria sous les bras, que j'ai senti le
sang.
D'ailleure, dit un des agents, devinant
que la marquise songeait, si improbable que
cela pût paraître, à un suicide, nous n'avons
trouvé aucune arme dans la voiture. M. le
marquis était déjà frappé quand il y est.
OU. ou qu'on l'y a monté.
Cette hypothèse étant désagréable à Bonen
i*ûl, il protesta en Imio&nt du pied
nos sincères condoléances et dt la vive syrv.p*
thie avec laquelle nous nous associons au de ai
qui vient de frapper la France.
L'Empereur étant en route pour Borski, JS
viens de transmettre par télégraphe la triste ne*-
vellt à Sa Majesté.
Dépêche du Roi de Grèce
Le Roi de Grèce a adressé a Mme Cun4t Ift
dépéche auivanto AtlùMa.
Uatlame Carnot, Paris
Veuillez, madame, croiro à ma profonda do*
leur. Que Dieu vam soutienne et rous donne le
courage de supporter cette terrible épreuve.
La Heine se joint à moi pour vous exprimer,
ainsi qu'à vos lits, la part que. nous prenon»
dans votre irréparable malheur et si douloureux
perte. CBOK3BÎ.
Sympathies Italiennes
L'ambassadeur d'Italie a R«ii«ssé le télé.
gramme suivant à Mme Carnot, à Lvou
Au moment où l'Italie entière, «on roi et sot
gouvernement partaient mire deuil et maudis-
sent aver1 moi le scélérat qui a fiappé votre vé-
nèré et illustre mari, pern)*'tt»x-nioi, ina
fait «prouver la perte du graud citoyo» qui fuf
l'ami de mon pays et à qui j'avais von# mon ad-
miration, ma reconnaissance et nia re?pectueuM
affection.
Connaissant mes sentiments pour votre per-
sonne, pour votre famille et p'»ir votre jxyt.
Votre Kxoellence voudra accueillir avec bonté,
j'ose l'espérer, le Wmoigna>;e de ma plus viv«
et pina cordiale condoléance et de mon éteint!
Signé Messmakn.
L'ambassadeur d'ftalie n'» cessé du recevoir
pendant toute la journée des télégramme»
d ltalie exprimant l indignation et la douleur
causée iiar l'assassinat du Président de !a
République. l'iusleuis syndics (mairesl, en-
tre autres ceux de Portouianrizio, de San-
Retno, de Mantoue. d'Oneglia, du Caltauismia
se sont rendus chaleureusement les inter-
prèles des sentiments de ieurs administrés.
Les chefs des principaux consulats italiens
de France ont témoigné du sentiment de lenrs
colonies. Le syndic de la Bourse de Home a
annoncé à l'amhassadeur que la Bourse res-
tait fermée eu signe de deuil et de protesta-
tion.
La Date des Funérailles
Le service du Protocole a informé le PréM
dent du Conseil que les obsèques de M. le Pré-
aident de la République ont été fixées au di-
manche i'r juillet.
Dès hier nous avions indiqué cette date.
Par application de l'article 310 du décret de
sur le service des places, MM. les Minis-
tres de la Guerre et de la Marine ont prescrit
à MM. les officiers des armées de terre et ùd
mer un deuil de trente jours à dater du 2S
juin.
Ce deuil sera également porté pendant la
mime durée par MM. les fonctionnaires e*
agents de tous les services publics lors-
qu'ils seront dans l'exercice de leurs fonc-
tions.
La Commission chargée de régler, peur les
obsèques du Président de la République, la
cérémonie religieuse, la construction du tata,
falque à Notre-Dame, l'ordre du cortège, les
honneurs militaires, etc., est composée de
le colonel Chamoin, représentant la
tantille. De Bourqueney, directeur du Proto-
cole, ministre plénipotentiaire. Comte, direc-
teur des bâtiments civils. Roujon, directeur
des Beaux-Arts. Huet, directeur des travaux
de la Ville. Le général chef d'état-major.
Lauras, directeur des Pompes funèbres.
Williamson, directeur du Mobilier national.
Ghampoudry, président du Conseil municipal.
Ambroise Thomas et Saint-Saëns. Guillaume
et Garnier, architectes. Mollard, chef-adjoint
du Protocole. Lacroix, attaché au cabinet du
Ministre de l'Intérieur.
La Chambre sera convoquée probablement
jeudi ou vendredi, afin quelle puisse voter le
projet de loi ayant pour but d'autoriser de»
funérailles nationales.
On prêtait hier au Cabinet l'intention df.
déposer, en même temps, un second proj'
de loi portant que les restes de M. Carnot se
ront ensevelis au Panthéon, où furent trans f**
portés, en 18S9, ceux de Lazare Carnot.
L'Arrivée du Corps à Paris
Voici des détails complémentaires sur l'ar-
rivée du corps de M. Carnot à Paris.
L'une des portes d'arrivée de la gare de
Lyon est tendue de draperies noires lamée.
d'argent sur lesquelles se détache un écus-
son i l'Initiale du Président.
Des faisceaux de drapeaux voilés de crêpes
l'entourent.
La salle d'attente est décorée de la mémo
manière.
Au milieu et un peu à droite se trouve placé
un brancard recouvert d'une draperie noire
étoilée et frangée d'argent, destiné à recevoir
le cercueil et à le transporter dans le fourgon.
La porte d'entrée donnant sur le quai de la
gare est également teuduededraperiesnoires.
Dans le salon de M. Regnoul, chef de gare,
se trouvent MM. Pecquet,chef-adjoint de l'ex-
Puisque je vous ai expliqué, Dieu de
Dieu!
Taisez-vous donc quand on ne vous In-
terroge pas! fit brusquement l'agent qui le
tenait.
La marquise dévisagea quelques secondes
le cocher puis, aussi douce que ferme
Cet homme a une honne ligure 11 doit
dire la vérité. En attendant qu'on découvre
l'exacte explication de ce guet-apens, vous
allez tous m'aider. L'escalier est large à vous
quatre, vous pourrez monter cette banquette
en la conservant bien horizontale. Est-ou
allé prévenir notre médecin
Pas encore, madame la marquise.
Vous irez tout de suite apri;s, dit-elle au
concierge vous profiterez de cette voiture
qui est notre porte, tout attelée. Votre che-
val marche bien ?
Ah t madame s'écria Bonenfant. pour
faire plaisir à une patronne comme vous, j'hé-
siterais pas à le crever.
Déjà les quatre hommes soulevaient la ban,
quette et gravissaient l'escalier.
La marquise prenait tes devants. Et le mar
quis d'Auseraie fut transporté dans sa cham-
bre, au milieu d'un silence glacial.
Partez, maintenant ordonna Hélène au
concierge.
Madame, lui fit remarquer l'agent quai
s'était chargé du cocher, je ne puie pas lâchei
cet homme jusqu'à nouvel ordre.
Eh bien, allez avec eux.
Les trois hommes descendirent. Il ne restait
plus là que la concierge et le second gardien
de la paix.
D'un geste, la marquis/! leur nt signe de nt
pas quitter la chambre du blessé. Entre cette
chambre et la sienne, il y avait un petit salo*
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