Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1936-06-26
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Type : texte texte
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Description : 26 juin 1936 26 juin 1936
Description : 1936/06/26 (Numéro 176). 1936/06/26 (Numéro 176).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Restauration - Monarchie de Juillet (1814-1848)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2008
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&M!)9er(mttM~y!) 62tt. H5&. 215!r.
On s'atMM «an! &MM CHÈQUES POSTAUX C" 38:.PA!US
oaaMcnts non m~r~ ae~ontpM reniât
JMJBNAL BES DEBATS
ML)t!MtS tt Lnmmts
SOMMAIRE
tePouttoiroMutte.
Une source de gaieté. A. A.-P.
Crêtes agricetes. UNE ABONNÉE.
NOOARD.
Le mihtstre de la guerre anglais montre la né-
cessité de t'unionfranco-britannique,– PiERRE
BERNCS.
s'pa~a
fetite ~y et ses parents.–[34}. –WiLLAMSON.
3',4'ets'paees
«ëceptton de M. Georges Duhamel a l'Académie
française. DiscoH~ de MM. Georges Du-
/tafne~e<.He/)rt/jBo7'c~aa:r.
7'page e
t'Actuatit~ tinancière Le ~Nn de Banque
de France. Mpa';can Ea~~e e~ Canadian
~a~~e.– PëcAe~ronf).– Shell Transport.
Aa ~ançtie A~c/t[/)dQ)'se /au.c d'MCO~~c. /brma~'on.s.
Le Pouvoir occulte
Le cabinet Blum est-il libre ? On:
le voit~de temps en temps prendre
des allures tyranniques quand il
s'agit des banques, du crédit et de
paisibles citoyens qui croient encore
-qu'ils ont le droit d'être Da.tri.otes et
d'honorer le' drapeau. Mais on le
voit aussi s'effacer, se courber et
.s'évanouir dès que les agents de Mos-
Hier, les présidents des Chambres
'de commerce étaient allés s'entrete-
nir avec le président du Conseil pour
-attirer son attention sur les consé-
'quences de l'accord Matignon et sur
le trouble apporté à la production
française par la continuation des
grèves prolongées ou renaissantes au
sujet de cet accord. Ce sont des hom-
mes sérieux qui ont la charge d'in-
térêts importants, qui ont l'habitude.
de: parler avec précision et d'écouter
les paroles qui leur sont adressées.
Ils avaient cru comprendre que le
président du Conseil « avait le senti-
ment très net que l'apaisement se
poursuivrait et que, en tout cas, au-
cune réoccupation d'usine ne serait
a l'ayBnjir tolérée x-. Us avaient pensé
'de bonne ici que c'était Ya. une vo-
lonté gouvernementale qui comp-
tait et qu'ils pouvaient en faire état.
Et même, selon un usage répandu,
ils avaient rédigé un communiqué. A
quoi le gouvernement a répliqué par
un autre communiqué faisant toute
réserve sur les déclarations qui lui
étaient attribuées.
Il est possible que les présidents
de Chambres de commerce aient mal
saisi une pensée aussi subtile que
celle de M. Blum. Il est possible
Aussi que M. Blum ait cédé à la ten-
'tation d'être un instant ce qu'un chef
-de gouvernement devrait être et ce
que, en 1936, un chef de gouverne-
ment socialiste n'est pas et ne peut
pas être. M. Blum n'est que le pre-
mier ministre d'un Etat qui se défait.
Peut-être rêve-t-il, en effet, d'apaise-
ment. Peut-être même rêve-t-il d'em-
pêcher l'occupation illégale des usi-
nes. Mais ~st-ce que cela dépend de
lui ?
Dans les événements révolution-
ttaires de ces derniers temps, le gou-
vernement a joué le rôle d'un désor-
ganisateur, parce que sa présence
encourage les désordres. Mais il n'a
pas dirigé le mouvement. II n'a pas
soviétique et de la tentative de ré-
solution. II n'a pas donné le mot
d'ordre qui a ralenti le mouvement
il y a huit jours. Il n'a pas donné
le mot d'ordre de maintenir un peu
partout et en ordre dispersé, des
foyers de trouble.
Non, le véritable maître c'est le
pouvoir occulte de Moscou, qui a ses
'agents à Paris. Le gouvernement doit
les connaître. Il les laisse agir. Il les
subit. Il admet que tel ministre bol-
chevisé songe à lever le poing et à
féliciter les ouvriers en grève. Il
admet que tel autre ministre aspire
a. assister à un lâcher de deux mille
baMons rouges. Il admet que l'accord
~Matignon soit méconnu là où Mos-
cou veut qu'il le soit. Il admet que
des occupations d'usines se prolon-
gent sans autre raison que d'entre-
tenir l'agitation. Il est bien obligé.
Le Fro.nt populaire c'est l'asservisse-
ment des socialistes aux communis-
tes. Et le communisme c'est l'organi-
sation savante du désordre devant
aboutir à la révolution. Les projets
sociaux du cabinet Blum n'existent
que par'ce que Moscou les considère
comme ïnappïic~bles mais très favo-
rables à l'aggravation future de la
crise économique et de nouveaux
troubles.
On se demande ce que font dans
cette aventure les radicaux. N'au-
raient-ils pas encore compris ? L'en-
treprise moscovite est dirigée con-
tre l'Etat, contre le Parlement, con-
tre la Constitution et les institu-
tions, contre les régimes, contre la
société. M. Zay et M. Cot trouvent
peut-être ce bolchevisme excellent.
Mais qu'en pensent les radicaux de
M. Daladier, encore attachés à la dé-
fense nationale et les radicaux du
Sénat, encore attachés au Parle-
ment ?
Une source de gaieté
On ne voit que des gens tristes. Et
pourtant les causes de satisfaction surabon-
dent. Chaque matin, on apprend la nn d'une
grève sur laqueHe on gémissait la vei)]e. C'est
un grand bonheur, et chacun s'extasie sur
l'effort de conciliation qui vient d'aboutir
un résultat heureux pour tout le monde. On
pourrait presque croire que c'est pour cela
qu'on pavoise. « Mais, objectent les pessimis-
tes, à mesure qu'une grève s'arrête, une
autre commence. C'est ce qui nous empêche
de nous associer à la joie générate. Nous
pensons au lendemain, x.
Mais pas-dû -tout. C'est tout-le contt'a.tre.
SI vous pensez au Jendemam, votre Joe se-
rait double. Car enfin, toute grève qui com-
mence est destinée à finir. Elle sera donc,
à un moment donné, la cause d'un heureux
événement. Une nouvelle grève est une bonne
affaire à terme le sage s'en réjouit dès
aujourd'hui. li faut ne rien comprendre à la
comptabilité pour ne pas voir cette élémen-
taire vérité. Nous avons conscience de faire
acte de bons citoyens, soucieux de la paix
publique et de la concorde sociale, en signa-
lant une source d'optimisme pour ainsi dire
intarissable.
A.A.-P.
GRÈVES AGRICOLES
Nous recevons !a lettre suivante, qui ne
Justine que trop ce que nous avons tous les
jours l'occasion de dire.
A. (~MMe), 2~ /KM 1036.
La. presse et la rad'io, occupées à se féliciter
de l'apaisememt dams les usines, montrent une
grande discrétion au sujet des grèves agricoles
qui éclatent en' ce moment dans une de nos ptus
importantes régions de grande culture le dé-
partement de l'Aisne.
II y a une chose-qu'il faut qu'on sache, ce-
pendant c'est le véritable caratctère de ces
g'rèv'ea soi-disant professionneHes: c'est la cam-
pagne extraordinaliement intense organisée
pour transformer à tout prix des pourparlers
ix-cessaires entre les intéressés pour le rajus-
tement des salaires en un conflit entre ouvriers
et patrons. Dans ce village, où ont éclaté les
premières grèves du canton, quelques meneurs
ont fait non seulement une ard'ente propagande
p&ur faire adhérer tous les ouvriers agricoles
à la C. G. T.. mais ils ont littéralement assiégé,
<: empoisonné les nombreux récalcitrants, qui
d~aitiord ne voulaient pas en entendre parler.
On a dit aux ouvriers polonais, qui rempla-
cent Ici ceux qui ont déserté la terre, qu'ils
seraient renvoyés Immédiatement en Pologne
avec leurs familles s'ils ne se solidarisaient pas
avec leurs camarades français. Beaucoufp ont
adhéré sans savoir à quoi ils s'engageaient; on
ne leur laissait pas le temps de réfl'échir; ils
devaient donner leur nom tout die suite. En ef-
fet, si on ne se pressait pas, les choses pou-
vaient s'arranger à l'amiable; or, ce que vou-
laient les meneurs locaux et ceux qui les ma-
noeuvrent à distance, c'était la grève <: sur le
tas avec <: occupation comme dans les
usines.
Elle a été déclarée hier, sur un ordre venu
du dehors; les grandes portes des fermes sont
fermées, gardées par un .piquet de grève; les
Iccaux sont occupés. Ce nouveau jeu, la grève
révolutionnaire a gagné les campagnes.
'L- UM a&OMM.
LES EVENEMENTS DE ROUMAN!E
A propos
de t'tnterview du Dr. Lupu
Nous avons reproduit ici, sans commentaire,
une interview du Dr Lupu, sur les incidents
auxquels a donné lieu la fâcheuse polémique
entre les journaux Dt'MtMM~t et ~M<
d'une part, i'7
Le directeur'de l'C/H~~K~ M. Stellan Po-
pesco, a adressé à notre confrère, M. Emile
Buré, tme protestation que publie l'Ofdf~ et
que nous considérons, en tout objectivité, comme
un devoir de reproduire
Tu connais mon âme, mes pensées, tu sais
combien j'aime la France et quel est mon tra-
vail pour l'amitié de nos peuples Je te prie
de répondre à tous les mensonges débités con-
tre moi, soit par des journalistes français qui
ignorent la situation en Roumanie, soit par
des Roumains de passage en France qui, par
leur action, veulent aider le communisme rou-
main, contre lequel je lutte de toutes mes forces.
SïELIAN POPESCO.
Sans entrer d)ans cette pénible controverse, fé-
Ucitons-nous de voir qu'en ce qui concerne son
attachement à la France, M. Stélian Popesco
entend ne laisser subsister aucune équivoque.
Le reste est une affaire de politique intérieure
dans laqueHe il ne nous appartient évidemment
pas de prendre position.
ALBERT MOUSSET.
Le retour de Max Scmeling en Allema-
gne. Un Kant de boxe en or sera offert
à Max Schmelins par le chef du sport at!e-
mand. à l'occasion du retour à Berlin du
champion de boxe. Max Sc~hmeiin~ est at-
tendu vendredi prochain à Franefort-sur'ie-
Mei'n. où i'I doit arriver avec le diri~eabie
<: Hinden'bnr~ ». 11 repartira aussitôt pour
BerJin en avion avec Mn'e SchineHng. a!ias
Anny Ondra. qui accueillera fon 'mari à '!a
descente du dirifcab!c.
La réglementation de l'humour en Alle-
magne. Les revues ou pièces bMrlesq'jes
dans JesqueHes ]e'; mc'ntfbres de l'armée a)!'c-
mande d'aujourd'hui ou d'autrefois sont dc-
peints sous des traits comiques sont inter-
dites sur les scènes a)!e.mandes. Il est e'~c-
ment interdit de se servir d'uniformer. de la
Reithswehr pour des représentations humo-
ristiques. La section nationale-socialiste pour
fart invoQue. K l'appui de cette ordonnance.
la nécessité de mettre l'armée et l'uniforme
aNcma.nd au-dessus de. toute plaisanterie.
yo~ LE/o~
Les mots
il en est des mots comme des hommes.
Nous nous imaginons volontiers les con-
naître parce que nous vivons au milieu
d'eux et que journellement nous tes cô-
toyons. En réalité, nous ne voyons que leur
visage conventionné) nous n'avons ni te
loisir, ni le goût de percer leur mystère
ils sont là nous les appelons, ils arri-
vent il nous suffit. D'où viennent-ils ?
Quelles transformations ont-ils subies au
cours des années ? Sont-ils vraiment ce
qu'ils nous paraissent ne portent-ils pas
un masque qu'i! serait bon, parfois, de
soulever? Peu nous. importe! 1,'habitude
d'habiter avec eux, de-les avoir toujours
à notre portée nous aveugle sur leurs ori-
gines diverses, nons empêche de discerner
leurs nuances et te timbre différent de leur
voix. Nous ne songeons pas davantage à
l'influence que. nous pouvons avoir sur
eux. Nous les avons classés, étiquetés
dans ces vitrines particulières qui sont tes
dictionnaires, et nous oublions 'qu'ils ont
une double vie la leur et-1& nôtre,-puis-
qu'ils nous servent d'intermédiaires, qu'iis
expriment nos passions et nos usages.
A les observer mieux pourtant, que de
découvertes nous ferions, que de révéla-
tions nous offrirait ce qui nous paraît un
simple assemblage de syllabes. Voici
d'abord les mots vedettes, ceux qui sur-
gissent brusquement on ne sait d'où, les
mots à,la mode qui s'imposent, que nous
retrouvons à chaque foyer, à chaque car-
refour, dans la rue, dans les salons, qui
se faufilent dans la foule et paradent sur
la scène. Ils brillent à la façon des mé-
téores et disparaissent comme eux. Sortie
de la nuit, i;s y retournent aussitôt. Voici
les provinciaux qui fleurent bon le terroir,
se sont modelés sur les coutumes locales,
gauches un peu, mais fiers et savoureux.
dont on sourit parfois, mais sans ironie,
qui ne sont pas modernes, certes, et pour-
tant ne vieillissent pas, etqui, transplantés
maintenant, grâce aux communications ra-
pides à la capitale, y voisinent gentiment
avec les autres, mais se reconnaissent à
leur accent les mots faubouriens, non pas
peuple, jnais popufaciers, djébrajHés et traî-
nant savate; les mots bourgeois, grands
et petits, modestes, situés entre leurs con-
frères du snobisme et ceux de l'argot.
effacés, souvent pusillanimes, mais épris
de bon sens et de clarté. Ce sont les plus
nombreux, les aides, les collaborateurs de
ce « français moyen s qui serait charmant
sans sa prétention au premier rang. Ils
vont, viennent, se reconnaissent, s'interpel-
lent, tous vêtus à peu près de même, in-
sensiblement, impitoyablement démocrati-
sés, regardant avec une secrète envie quel-
ques échappés d'une époque morte, figés
dans leur élégance, insouciants, suscep-
tibles, et qui, en marchant, font encore la
révérence. Et puis, enfin, voici ceux qu:
dans la foule des piétons, foule de plus
en plus anonyme et trépidante, ont con-
servé leurs ailes. On les compte aujour-
d'hui, on les traque, mais on les salue au
passage ils se rattachent au plus fabu-
leux passé leurs vêtements se sont modi-
fiés, mais non leur résonance; ils sont
immortels, et ce sont les mots qui expn-
mënt l'amour et la poésie.
JEAN RENOUARD.
Importante déclaration à la Chambre
de M. Van Zee!and
On mande de Bruxelles:
M. Van Zeeland, premier m!n!stre, a lu, nter
après-midi, devar.t !a Cijamtbre des représen-
tants, la déclaration ministérielle du nouveau
gouvernement.
C'est un vaste projet de réformes sociales,
économiques, politiques et parlementaires qu'il a
exposées devant les membres de l'assemblée.
Dès qu'il a commencé à parler, les frontistes
cnt manifesté violemment parce que M. Van
Zeeland parlait en français. Estimant que la
majorité est flamande, ils voulaient exiger un.
discours dans cette langue. M. Van, Zeeland
leur a réponde que la déclaration serait lue en
flamand au Sénat.
Le premier ministre put enfin parler et rap-
pela les réformes sociales qu'il veut réaliser
immédiatement minimum de salaires, congés
payés, augmentation des allocations familiales,
réduction d'e la. semaine de travail à quarante
heures pour les industries insalubres ou dange-
reuses.
Ces réformes seront traduites: en projets de
lois.
Les dispositions seront introduites dans ks
cahiers des ehar'ses. La décision de la commis-
sion paritaire deviendra obligatoire pour tous
les travaux publics.
Le droit de se syndiquer devra devenir effec-
tif. La réduction du nombre des chômeurs per-
mettra d'augmenter les allocations de chômage
et d'accorder d'autres avantages aux chômeurs.
L'âge de la scolarité va être prolongé. L'âge
de la pension vieiilt-sse sera avancé.. Les pen-
sionnés ne pourront plus accepter un emploi.
Le premier ministre indique alors d'autres
mesures à appliquer en faveur des classes
moyennes.
'Les rexistes réclament la paternité de ces
mesures, ce qui détermine des clameurs sur les
bâties socialistes.
M. Van Xeeland a annoncé ensuite une série
de projets généralisant les '-onventions collecti-
ves, rendant l'assurance chômage obligatoire.
améliorant les conditions ''l'existence des cho- j
meurs, avançant l'âge des pensions et régfemen- )
tant les cumuls.
M. Van Xfeland annonce aussi une réforme
fiscale, un contrôle de l'Etat sur les établisse- `
ments de crédit. Il examinera dans.un même
esprit la question des compagnies d'assurances.
~R reformera je statut de la société anonyme
Hnnsie sens d'une responsabilité accrue des
dirigeants. Puis, ij .passe a la réforme des ins-
titutions.
Il faut, dit-1!. rctaHIr l'équilibre entre tes
pouvoirs. Mms, !e gouvernement est résolu à
maintenir intangibles les libertés inscrites dans
la Constitution et à les défendre par tous les
moyens contre toutes les attaque. d'où qu'elles
viennent.
Pour fortifier l'exécutif et pour éviter une
des causes de l'instabilité gouverniementale, les
démissions du gouvernement ne seront possi-
bles qu'à certaines conditions, notamment le re-
jet d'ensemble du budget.
Un Consei! d'Etat sera créé et le gouver-
nement prendra son avis avant de déposer des
projets de loi. Une commission mixte recher-
chera s'il est opportun d'introduire l'institution
d'un référendum.
Comme organe de, liaison entre les organisa-
tions politiques et les intérêts économiques et
professionnels, les groupements comme les com-
missions paritaires. les chambres de commerce
et d'agriculture seront uti'isés.
Ces organisations auront un statut. Un Con-
seil économique émanant de ces organisations en
assurera ~a cohésion. II aura une double fonc-
tion droit d'avis et droit d'initiativ- sous
forme de projet à fournir à l'exécutif.
Enfin, le premier ministre annonce le dé~ôt
d'un projet rendant incompatibles les mandats
publics avec les charges privées, {par exemple
celles d'administrateurs de société.
Pour ce qui est de la politique étrangère,
M\ Van Zeeland se borne à dire qu'il s-uivra
ta. ligne d~ conduite traditionnelle.
j ',AptM: la. lecture de cette déela.rHtion du gou-
vernement, M. Delattre, ministre c~t travail, dé-
pose trois projets de loi sur la semaine de qua-
rante heures, les congés payés et l'augmenf~t~n*
des salaires.
!i ~E1lr-
A la Conférence des Détroits
On tëlés'raphie de Montreux
Trois jours ont suffi a !a Conférence des
Détroits pour que les positions des princi-
jpales'puissance; intéressées soient clairement
définies.
La Turquie, puissance demanderesse, est. a
ce point résolue à remilltariser les Détroits
qu'elle consacre à cette fin aucune clause
de son projet.
Le projet turc donne l'Impression nette que,
po.ur Ankara comme pour Moscou, ainsi que
pour la Roumanie. le but recherché est de
faire de la mer Noire une mer fermée ou à
tpett près aux puissances non riveraines.
Le moyen d'arriver à cette fin prendre en
considération la situation spéciale de la mer
Noire, en verrouiller l'entrée, mais en faci-
liter la sortie pour les navires des Etats rive-
rains.
En regard de la position des trois puissan-
ces riveraines de la mer Noire, il faut placer
celle de l'Angleterre, à laquelle l'idée d'une
fermeture trop absolue des Détroits, et sur-
tout celle d'un régime spécial en faveur de la
flotte ru'sse, ne disent rien de bon.
~'L'Ita.He qui posscde une flotte marchande,
qui tient la tête du commerce dans les Dé-
troits et qui est soucieuse, d'autre part, de
l'équilrbre ttes forces navales en Méditerra-
née, si eMe vient à Montreux bientôt, risque
de mettre à mal un certain nombre des résul-
tats obtenus en son absence.
Angleterre et Italie, ainsi curieusement rap-
prochées, sans entente préalable, trouvent un
concours dans le Japon, qui parle peu, mais
qui parle net. Une double volonté l'anime
n'avoir pas à renouer, à propos d'une conven-
tion des Détroits, des liens avec une S. D. N.
dont il a démissionné; empêcher que la Rus-
sie soviétique ne jouisse dans les Détroits
d'un régime de passage privilégié.
Enfin, la France, compréhensive et conci-
liante pouf ses amis de la mer Noire et du
Bosphore, cherche à ne pas contrarier !eu~
revendications dans ce 'qu'elles ont de légi-
ti)mje c'est que, même en tomp'~ de guerre,
la liberté de passage des Détrois demeure as-
surée aux ftottes qui combattront pour une
cause commune, soit en vertu d'un accord ré-
gional, soit en conformité d'une décision de
Genève.
La prochaine session de !a S. D. N.
Le voyage de M. Eden
'C'est par la voie des airs que M. Edc'n se
rend aujourd'hui à Paris, où il verra M. Léon
Blùm et M. Yvc.n Delbos avant de se rendre
a Genève pour la réunion du C. nso) de ]a
S. D. N.
'Le négus d'Ethiopie quitte Londres
pour Genève
mais ne pourra s'installer en Suisse
On annonce que le né.gus, accompagné
d'une partie de sa suite, quitte Londres pour
Genève aujourd trui, à 14 heures.
Au sujet des bruits qui ont couru re !ati-
vement à son installation déf~.tive en Suisse,
on annonce, à Berne, de source officielle
Le Conseil fédéral a prié le négus de
renonce à s'installer en Suisse tant que
le conflit italo-éthiopien ~'aura pas été dé-
finitivement liquidé car il ne peut accorder sans
Inconvénient une hospitalité durab'ie :tU chef
d'un Etat qui continue à se considérer comme
en guerre contre un de -.es vomns.
Le Co.nseil fédéral ne mett-.a pas obstacle.
en revanche, à la présence de l'empereur
Hailé Sélaisaié. s'il estime devoir y défendre
sa cause pendant la prochaine session du
Conseil et l'Assemblée de la Société des Na-
tions.
L'attitude de l'Italie
L'Italie prend acte des votes des députés
français et anglais sur la question de la le'
vée des sanctions, mais elle ne se départ
pas de son catn.'e et de sa réserve. Elle tien-
dra compte des enseignements qu'elle a tirés
des récents événements, pour régler sa ligne
de conduite à l'égard de la collaboration eu'
rapéen'ne.
Tel est, en substance, le sens de l'édito-
rial que M. Virginio Gayda consacre, dam le
« Giornale d'Ita~ia », aux séances de la Cham-
bre des Communes et du Palais-Bourbon.
La nation Italienne, écrit-il, attend que le
panorama de ia situation européenne se dé-
route tout. fntie] à ses veux pour décider de
la nouvelle orientation à suivre lors de la re-
prise de !a coi!aboration européenne.
L'Italie fournira encore d'utiles orientation-;
a cett" collaboration a laquelle la porte a été
laissée toujours ouverte, même pendant les
mois agi'és de la guerre, par une clarifia-;
tion de plusieurs points fondamentaux Qui
sera faite en temps voulu devant l'opinion
mondiale.
L'Italie a tiré d'utiles renseignements de 'a
crise provoqué; par l'application des sanc-
tions. Forte de cette expérience, e])e revien-
dra, après la levée des sanctions, à une coHa-
boratic.n européenne sur de nouvelles bases
c'jmmerctales et politiques. La levée des sanc-
tions peut ouvrir de nouvelles voies, mais pas
immédiatement,
` Le ministre de Ïa guerre anglais
montre !a nécessité de l'union franco=britanniqtïe
II y a des discours qui sont des actes.
C'est le cas pour celui que le ministre de
la guerre britannique a prononcé hier soir
au banquet de l'Association France-
Grande-Bretagne. M, Dutt-Cooper pro-
clamé avec énergie et aussi par moment
avec un agréable humour de grandes vé-
rités qu'on ne saurait jamais faire trop
entendre des deux côtes de la Manche.
H a su parler de la France dans des
termes qui nous touchent profondément,
de la France éternelle qui n'est, pas ceHe
du: drapeau rouge et. du poing levé. 11 a
montré que la France et l'Angleterre ont
toutes espèces de raisons sentimentales de
s'entendre. Cela dit, il a fait voir avec
beaucoup de force que ce ne sont pas ces
motifs-là qui doivent être considérés au-
jourd'hui comme les plus déterminants.
Une grande réalité domine tout « L'ami-
tié anglo-française n'est pas une question
de sentiment, ni une question de choix
elle est une nécessité urgente, une question
de vie ou de mort pour nos deux pays.
A supposer que nous ne désirions pas être
"a'nns,' il nous faudrait l'être. Comme vous
le savez, M. Baldwin a dit que là frontière
de la Grande-Bretagne est sur le Rhin.
Votre frontière est donc notre frontière.
Soyons bien assurés d~une chose: c'est que,
à une époque aussi dangereuse que la
nôtre, nous ne pouvons mieux aider !a
cause de la paix mondiale qu'en donnant
au monde entier la preuve continuelle de
la solidité de notre amitié et de l'union de
la France et de la Grande-Bretagne. »
De telles paroles ont un effet tonique.
Dans la belle allocution qu'il a prononcée
avant de donner la parole au ministre an-
glais, le marquis de Vogüé a dit avec rai-
son que notre confiance dans la volonté
d'entente franco~-anglaise « est d'autant
plus grande qu'aux postes de commande-
ment nous voyons des hommes comme
M. Duff-Cooper, instruit des problèmes de
l'heure, imbus des traditions nationales.
l'esprit ouvert aux appels de l'avenir ».
On connaît en effet l'action continue pour-
suivie par M. Duff-Cooper pour ouvrir les
yeux de ses compatriotes, ses campagnes
contre les pacifistes aveugles, son effort
pour doter son pays de l'instrument mi!I-
taire dont il a besoin. Ce sont des hommes
de cette trempe qui, s'ils sont écoutés,
épargneront à l'Europe là guerre. Dans un
passage de son discours, notre hôte a très
bien montré que ceux qui se ngureraient
sauver la paix par une orientation politi-
que proallemande se tromperaient du tout
au tout. Le danger allemand est égal pour
la Grande-Bretagne et la France; des ren-
seignements que le Mon:!K~ Post donne
ce matin sur le réarmement du Reich et
qu'on trouvera plus loin en soulignent la
gravité. Dans ses écrits et par ses actes,
le chancelier Hitler a révélé que le main-
tien d'une étroite entente franco-anglaise
est ce qui peut le mieux l'empêcher de se
lancer dans une grande aventure. Tout ce
qui ferait croire à une dislocation de cette
'entente le pousserait à la guerre.
M. Dun' Cooper a insisté aussi en ter-
minant sur le lien que constitue entre la
France et l'Angleterre leur commun atta-
chement à la vieille civilisation occiden-
tale et leur horreur des tyrannies de toutes
espèces. Cet aspect des choses ne doit pas
être perdu de vue. Il faut que nous sa-
chions que tout ce qui favorisera chez
nous le bolchevisme éloignera de la France
ses véritables amis et sera en définitive au
profit du hitlérisme. C'est encore là une
de ces vérités trop souvent méconnues. Il
est bon que des membres du gouverne-
ment, qui assistaient au banquet, aient
entendu cet éloge de la liberté. M. Ca-
mille Chautemps, 'qui a pris la parole le
dernier, a déclaré que « les attitudes pa-
cifiques ne sont sans péril que pour les
nations fortes, capables d'assurer, s'il en
était besoin, l'Inviolal~Dité de leur sol et de
remplir efficacement leurs obligations in-
ternationales ». C'est fort juste. Mais le
gouvernement auquel appartient M. Chau-
temps fait-il précisément ce qu'il faut
pour que la France soit forte, moralement
et matériellement ? On a le droit de poser
cette question, alors que nous assistons à
des événements qui ne peuvent qu'affaiblir
la France et réduire sa liberté à l'intérieur
et à l'extérieur. C'est la question la plus
importante de toutes.
PlEREE BERNUS.
L'Association France-Grande-Bretagne a don-
né, hier soir, son banquet annue), sous la pré-
sidence du marquis de Vogué, président de
l'Association, en l'honneur de M. Duff Cooper,
ministre de )a guerre de S. M. britannique, et'
de Lady Diana Cooper.
L?. réunion a eu )Ieu dans les salons de
l'Union interalliée. Le gouvernement de la Ré-
publique était représenté par M. Cami)]e Chau-
temps, ancien président du Consei), ministre
d'état. L'ambassadeur d'Ang)eterre et i.ady
Oerk avalent bien vou)u accepter de se rendre
à i'invitation de l'Association. M. Casnier-Du-
parc, ministre de ta Marine; M. Spinasse, mi-
nistre de j'économie nationa)e; MM. Viénot et
Je Tessan, sous-secrétaires d'Etat, .prenaient
également' part au dîner. Lord Derby, ancie')
ambassadeur d'~ng'eter-e a Paris et président
de !'Associa.tion-s(eur. honorait !a reunion de sa
présence.
Toutes !es tab!es étaient groupées par prési-
dences marquis de Vogué. Sir George Oerk.
Jeit ministres français, Lord Derby, M. Tirard.
t de l'Institut, MM. Crozier, de Margerie, ambas-
sadeurs de France, le général Gouraud, M.
G. Ris]cr, de l'Institut. M. Dautry. la baronne
de La Grange, prince de Beauvau-Craon, MM.
Jacques Bardoux, Pierre Laroze, René Mayer,
George Edgar Bonnet. Feugère, Bahon, André
Maurois, Ernest Mercier, etc. présidaient cha-
cun une table.
Le nombre des convives dépassait 300, chif-
fre que la manifestation annuelle de l'Associa-
tion France-Grande-Bretagne n'avait encore ja-
mais atteint.
Discours du marquis de Vogue
Le marquis de Vogue, qui prit le premier la
parole, a. dit notamment
On a beaucoup disserte sur cette antithèse
irréductible de deux peuples qui ne peuvent pas
se comprendre et qui ne peuvent pas ne pas
s'entendre. C'est un fait qu'ils ne parlent pas
le même tangage et que. leurs pensées ne suivent
pas les mêmes chemins. Mais il y. a dans le
domaine des affections humaines un langage
qui ne s'exprime pas par des mots, et il y a
des chemins qui, sans se confondre, conduisent
aux même.) buts. La nécessité domine les con-
tingences et quand sonne l'heure des grands';
résolutions, on se comprend et l'on se retrouve
pour faire ensemble les gestes qui s'imposent.;
Les amitiés les plus solides ne sont pas celles
qui résultent de~ combinaisons les plus subtiles;,
mais celles qui se fondent sur les' dispb.sitiooa'
de la nature et sur l'àfnnité des cCeùrS. Or, ce
qui frappe les yeux, c'est la surface des choses
et l'extérieur des âmes. Et de quelques difM-
rences apparentes, que certaines gens relèvent
avec complaisance, entre les Anglais et les Fran-
çais, il ne faut pas conclure à des divergences
fondamentales. Ce qui demeure, ce qui s'impose
à l'esprit, avec une éclatante certitude, à travers
toutes les dissemblances, c'est qu'il y a des
analogies essentielles dans le caractère des deux
races, dans l'idée qu'elles se font de l'honneur,
de la justice, du respect de la parole donnée,
de la dignité humaine, dans leur amour pas-
sionné de la paix: et qu'en nu temps où
liberté de parler, d'écrire et même de penser,
la liberté de vivre, en un mot, disparait peut à
peu de la Constitution des Etats, l'Angleterre et
la France, dans leurs masses .profondes, lui
gardent leur foi quelques incidents de la.vie
politique n'en sauraient faire douter.
Discours de M. Duff Cooper
Voici les passages essentiels du discours pro-
noncé par le ministre britannique de la guerre
Dès mon enfance, !a France et toutes les
choses françaises se sont parées à mes yeux
d'une poétique magie. Les événements de ce
siècle ont prouvé que tous les récits héroïques
que nous ont transmis les chroniqueurs du passe
n'ont pas été des inventions de poètes, 'mais
purement et simplement les tableaux véritables
des faits dont i!s avaient été les témoins. De
nos jours, nos propres yeux mit vu assez d'ex-
ploits et de hauts faits pour savoir eue le
cœur de la France bat aujourd'hui aussi héroï-
quement qu'à n'importe quelle période de sa
longue et glorieuse histoire.
Il est naturel que l'histoire de France ait un
attrait irrésistible pour les enfants de toutes les
nations. Quel autre pays possède des annales
contenant des récits aussi féeriques que celui
de la bergère qui commanda de grandes armée';
et chassa l'ennemi de sa terre natale, et celui
du pauvre lieutenant d'artillerie qui, en quelques
années, devint Mn grand empereur devant qui
tous les rois de la terre durent s'incliner, tous,
sauf un seul ?
M. Duff Cooper, âpres avoir parlé de tout'e
la poésie du passé et avoir constaté que tous
les torts réciproques sont oubliés, dit que ce
sont les réalités qui nous importent aujour-
d'hui.
L'une de ces réalités, que mes compatriotes,
j'en ai peur,~ perdent quelquefois de vue est que
notre amitié l'amitié anglo-française n'est
pas une question de sentiment, ni même une
question de choix; elle est une nécessité urgente,
une question de vie ou de mort pour nos deux
pays.
Aujourd'hui encore il existe de nombreux
Anglais qui sont si Ignorants des faits, ou si
aveuglés par leurs préjugés, qu'ils croient sin-
cèrement que la Grande-Bretagne est entrée en
guerre par pure bonté de cœur, uniquement pour
aider ses amis, les Français, parce qu'ils étaient
des êtres si exquis. Telle n'est pas la vérité,
Nous nous sommes engagés dans cette guerre
parce que nos intérêts vitaux étaient en Jeu,
parce que nos vies étaient en danger; et, je le dé-
clare, nous avons eu le bonheur de lutter pour
notre vie, non pas sur notre propre territoire,
mais sur les plaines de la France et des Flan-
dres.
C'est t'ne sorte d'ignorance qui amène de
temps à autre certains Anglais à proposer une
réorientation de notre politique étrangère et le
choix d'autres amis. Ils ne comprennent pas
qu'une nation n'est pas libre de choisir à son,
gré ses collaborations. Elles lui sont Imposées
par les faits.
A supposer que nous ne désirions pas être
amis, 'il nous faudrait l'être. Comme vous le
savez, M. Baldwiu. notre premier ministre, a dit
que la frontière de la Grande-Bretagne est sur
le Rhin. Votre frontière est donc notre fron-
tière.
Mais il est une chose encore plus sérieuse
que la frontière commune qui nous protège
ce sont les idéals communs que nous parta-
geons. Comme je l'ai déjà dit, si nous ne dési-
rions pas être amis, nous aurions Intérêt à l'être;
et j'ajouterai maintenant que, si la nécessite
n'était pas là, la volonté y serait
Nos deux nations ont contribué plus que to'tt
le reste du monde à enrichir la littérature, .'e*
beaux-arts et la pensée de l'Europe moderne.
Mais. si différents que paraissent ces rapports
pendant les trois derniers siècles, ils ont cepen-
dant, à mon avis, une base philosophique~ com-
mune, et ont toujours fait progresser l'esprit
humain vers un but commun. Ils sont basés sur
la croyance en la valeur de l'individu, et ils se
sont toujours efforcés d'an'irmer le droit da
l'individu à la liberté et de penser et de s'expri-
mer en toute sincérité.
Mais aujourd'hui, tout ce a quoi nous avons
cru, est tourné en ridicule. L'Individu, nous dit<
on, ne compte plus c'est seulement la race
qui importe. r-
Que dis-je ? On prêche en ce moment en Eu-
rope que la liberté est un faux idéal, et que
l'obéissance à la volonté est !a plus haute forme
de l'activité humaine. De telles idées .n'ont rien
de nouveau, elles sont aussi vieilles que la
tyrannie, et sont complètement étrangères a~ 'a
civilisation du monde occidental. Enfin 1 on
prêche que la guerre elle-même est désirable.
Mesdames. Messieurs, de telles idées sont a
nos yeux détestables au plus haut point. Nous
croyons qu'elles sont grosses de dangers terri-
bles. et que, si nous leur permettons de triom-
pher elles seront une calamité pour le monde.
Ft voilà pourquoi j'affirme qi.ie non seule-
ment nos frontières, mais que nos idea.s mêmes
sont dans un danger mortel. C'est donc sur les
deux crandes démocraties du monde occiden-
tal nue*repose. maintenant la responsabilité terri-
ble de sauver non seulement nos propres per-
sonnes mais la civilisation que ~nous, avons créée
au prix de tant d'enforts. Les intérêts que nous
avons en commun, les principes auxquels nous
croyons ensemble, doivent nous unir étroitement
et nous donner la force d'accomplir la tacha
oui peut nous être imposée. Mais. en plus de
ces idéals et de ces intérêts, il existe un autre
lien qui doit nous unir à jamais, et c est le so~
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&M!)9er(mttM~y!) 62tt. H5&. 215!r.
On s'atMM «an! &MM
oaaMcnts non m~r~ ae~ontpM reniât
JMJBNAL BES DEBATS
ML)t!MtS tt Lnmmts
SOMMAIRE
tePouttoiroMutte.
Une source de gaieté. A. A.-P.
Crêtes agricetes. UNE ABONNÉE.
NOOARD.
Le mihtstre de la guerre anglais montre la né-
cessité de t'unionfranco-britannique,– PiERRE
BERNCS.
s'pa~a
fetite ~y et ses parents.–[34}. –WiLLAMSON.
3',4'ets'paees
«ëceptton de M. Georges Duhamel a l'Académie
française. DiscoH~ de MM. Georges Du-
/tafne~e<.He/)rt/jBo7'c~aa:r.
7'page e
t'Actuatit~ tinancière Le ~Nn de Banque
de France. Mpa';can Ea~~e e~ Canadian
~a~~e.– PëcAe~ronf).– Shell Transport.
Aa ~ançtie A~c/t[/)dQ)'se /au.c d'MCO~~c. /brma~'on.s.
Le Pouvoir occulte
Le cabinet Blum est-il libre ? On:
le voit~de temps en temps prendre
des allures tyranniques quand il
s'agit des banques, du crédit et de
paisibles citoyens qui croient encore
-qu'ils ont le droit d'être Da.tri.otes et
d'honorer le' drapeau. Mais on le
voit aussi s'effacer, se courber et
.s'évanouir dès que les agents de Mos-
Hier, les présidents des Chambres
'de commerce étaient allés s'entrete-
nir avec le président du Conseil pour
-attirer son attention sur les consé-
'quences de l'accord Matignon et sur
le trouble apporté à la production
française par la continuation des
grèves prolongées ou renaissantes au
sujet de cet accord. Ce sont des hom-
mes sérieux qui ont la charge d'in-
térêts importants, qui ont l'habitude.
de: parler avec précision et d'écouter
les paroles qui leur sont adressées.
Ils avaient cru comprendre que le
président du Conseil « avait le senti-
ment très net que l'apaisement se
poursuivrait et que, en tout cas, au-
cune réoccupation d'usine ne serait
a l'ayBnjir tolérée x-. Us avaient pensé
'de bonne ici que c'était Ya. une vo-
lonté gouvernementale qui comp-
tait et qu'ils pouvaient en faire état.
Et même, selon un usage répandu,
ils avaient rédigé un communiqué. A
quoi le gouvernement a répliqué par
un autre communiqué faisant toute
réserve sur les déclarations qui lui
étaient attribuées.
Il est possible que les présidents
de Chambres de commerce aient mal
saisi une pensée aussi subtile que
celle de M. Blum. Il est possible
Aussi que M. Blum ait cédé à la ten-
'tation d'être un instant ce qu'un chef
-de gouvernement devrait être et ce
que, en 1936, un chef de gouverne-
ment socialiste n'est pas et ne peut
pas être. M. Blum n'est que le pre-
mier ministre d'un Etat qui se défait.
Peut-être rêve-t-il, en effet, d'apaise-
ment. Peut-être même rêve-t-il d'em-
pêcher l'occupation illégale des usi-
nes. Mais ~st-ce que cela dépend de
lui ?
Dans les événements révolution-
ttaires de ces derniers temps, le gou-
vernement a joué le rôle d'un désor-
ganisateur, parce que sa présence
encourage les désordres. Mais il n'a
pas dirigé le mouvement. II n'a pas
soviétique et de la tentative de ré-
solution. II n'a pas donné le mot
d'ordre qui a ralenti le mouvement
il y a huit jours. Il n'a pas donné
le mot d'ordre de maintenir un peu
partout et en ordre dispersé, des
foyers de trouble.
Non, le véritable maître c'est le
pouvoir occulte de Moscou, qui a ses
'agents à Paris. Le gouvernement doit
les connaître. Il les laisse agir. Il les
subit. Il admet que tel ministre bol-
chevisé songe à lever le poing et à
féliciter les ouvriers en grève. Il
admet que tel autre ministre aspire
a. assister à un lâcher de deux mille
baMons rouges. Il admet que l'accord
~Matignon soit méconnu là où Mos-
cou veut qu'il le soit. Il admet que
des occupations d'usines se prolon-
gent sans autre raison que d'entre-
tenir l'agitation. Il est bien obligé.
Le Fro.nt populaire c'est l'asservisse-
ment des socialistes aux communis-
tes. Et le communisme c'est l'organi-
sation savante du désordre devant
aboutir à la révolution. Les projets
sociaux du cabinet Blum n'existent
que par'ce que Moscou les considère
comme ïnappïic~bles mais très favo-
rables à l'aggravation future de la
crise économique et de nouveaux
troubles.
On se demande ce que font dans
cette aventure les radicaux. N'au-
raient-ils pas encore compris ? L'en-
treprise moscovite est dirigée con-
tre l'Etat, contre le Parlement, con-
tre la Constitution et les institu-
tions, contre les régimes, contre la
société. M. Zay et M. Cot trouvent
peut-être ce bolchevisme excellent.
Mais qu'en pensent les radicaux de
M. Daladier, encore attachés à la dé-
fense nationale et les radicaux du
Sénat, encore attachés au Parle-
ment ?
Une source de gaieté
On ne voit que des gens tristes. Et
pourtant les causes de satisfaction surabon-
dent. Chaque matin, on apprend la nn d'une
grève sur laqueHe on gémissait la vei)]e. C'est
un grand bonheur, et chacun s'extasie sur
l'effort de conciliation qui vient d'aboutir
un résultat heureux pour tout le monde. On
pourrait presque croire que c'est pour cela
qu'on pavoise. « Mais, objectent les pessimis-
tes, à mesure qu'une grève s'arrête, une
autre commence. C'est ce qui nous empêche
de nous associer à la joie générate. Nous
pensons au lendemain, x.
Mais pas-dû -tout. C'est tout-le contt'a.tre.
SI vous pensez au Jendemam, votre Joe se-
rait double. Car enfin, toute grève qui com-
mence est destinée à finir. Elle sera donc,
à un moment donné, la cause d'un heureux
événement. Une nouvelle grève est une bonne
affaire à terme le sage s'en réjouit dès
aujourd'hui. li faut ne rien comprendre à la
comptabilité pour ne pas voir cette élémen-
taire vérité. Nous avons conscience de faire
acte de bons citoyens, soucieux de la paix
publique et de la concorde sociale, en signa-
lant une source d'optimisme pour ainsi dire
intarissable.
A.A.-P.
GRÈVES AGRICOLES
Nous recevons !a lettre suivante, qui ne
Justine que trop ce que nous avons tous les
jours l'occasion de dire.
A. (~MMe), 2~ /KM 1036.
La. presse et la rad'io, occupées à se féliciter
de l'apaisememt dams les usines, montrent une
grande discrétion au sujet des grèves agricoles
qui éclatent en' ce moment dans une de nos ptus
importantes régions de grande culture le dé-
partement de l'Aisne.
II y a une chose-qu'il faut qu'on sache, ce-
pendant c'est le véritable caratctère de ces
g'rèv'ea soi-disant professionneHes: c'est la cam-
pagne extraordinaliement intense organisée
pour transformer à tout prix des pourparlers
ix-cessaires entre les intéressés pour le rajus-
tement des salaires en un conflit entre ouvriers
et patrons. Dans ce village, où ont éclaté les
premières grèves du canton, quelques meneurs
ont fait non seulement une ard'ente propagande
p&ur faire adhérer tous les ouvriers agricoles
à la C. G. T.. mais ils ont littéralement assiégé,
<: empoisonné les nombreux récalcitrants, qui
d~aitiord ne voulaient pas en entendre parler.
On a dit aux ouvriers polonais, qui rempla-
cent Ici ceux qui ont déserté la terre, qu'ils
seraient renvoyés Immédiatement en Pologne
avec leurs familles s'ils ne se solidarisaient pas
avec leurs camarades français. Beaucoufp ont
adhéré sans savoir à quoi ils s'engageaient; on
ne leur laissait pas le temps de réfl'échir; ils
devaient donner leur nom tout die suite. En ef-
fet, si on ne se pressait pas, les choses pou-
vaient s'arranger à l'amiable; or, ce que vou-
laient les meneurs locaux et ceux qui les ma-
noeuvrent à distance, c'était la grève <: sur le
tas avec <: occupation comme dans les
usines.
Elle a été déclarée hier, sur un ordre venu
du dehors; les grandes portes des fermes sont
fermées, gardées par un .piquet de grève; les
Iccaux sont occupés. Ce nouveau jeu, la grève
révolutionnaire a gagné les campagnes.
'L- UM a&OMM.
LES EVENEMENTS DE ROUMAN!E
A propos
de t'tnterview du Dr. Lupu
Nous avons reproduit ici, sans commentaire,
une interview du Dr Lupu, sur les incidents
auxquels a donné lieu la fâcheuse polémique
entre les journaux Dt'MtMM~t et ~M<
d'une part, i'7
Le directeur'de l'C/H~~K~ M. Stellan Po-
pesco, a adressé à notre confrère, M. Emile
Buré, tme protestation que publie l'Ofdf~ et
que nous considérons, en tout objectivité, comme
un devoir de reproduire
Tu connais mon âme, mes pensées, tu sais
combien j'aime la France et quel est mon tra-
vail pour l'amitié de nos peuples Je te prie
de répondre à tous les mensonges débités con-
tre moi, soit par des journalistes français qui
ignorent la situation en Roumanie, soit par
des Roumains de passage en France qui, par
leur action, veulent aider le communisme rou-
main, contre lequel je lutte de toutes mes forces.
SïELIAN POPESCO.
Sans entrer d)ans cette pénible controverse, fé-
Ucitons-nous de voir qu'en ce qui concerne son
attachement à la France, M. Stélian Popesco
entend ne laisser subsister aucune équivoque.
Le reste est une affaire de politique intérieure
dans laqueHe il ne nous appartient évidemment
pas de prendre position.
ALBERT MOUSSET.
Le retour de Max Scmeling en Allema-
gne. Un Kant de boxe en or sera offert
à Max Schmelins par le chef du sport at!e-
mand. à l'occasion du retour à Berlin du
champion de boxe. Max Sc~hmeiin~ est at-
tendu vendredi prochain à Franefort-sur'ie-
Mei'n. où i'I doit arriver avec le diri~eabie
<: Hinden'bnr~ ». 11 repartira aussitôt pour
BerJin en avion avec Mn'e SchineHng. a!ias
Anny Ondra. qui accueillera fon 'mari à '!a
descente du dirifcab!c.
La réglementation de l'humour en Alle-
magne. Les revues ou pièces bMrlesq'jes
dans JesqueHes ]e'; mc'ntfbres de l'armée a)!'c-
mande d'aujourd'hui ou d'autrefois sont dc-
peints sous des traits comiques sont inter-
dites sur les scènes a)!e.mandes. Il est e'~c-
ment interdit de se servir d'uniformer. de la
Reithswehr pour des représentations humo-
ristiques. La section nationale-socialiste pour
fart invoQue. K l'appui de cette ordonnance.
la nécessité de mettre l'armée et l'uniforme
aNcma.nd au-dessus de. toute plaisanterie.
yo~ LE/o~
Les mots
il en est des mots comme des hommes.
Nous nous imaginons volontiers les con-
naître parce que nous vivons au milieu
d'eux et que journellement nous tes cô-
toyons. En réalité, nous ne voyons que leur
visage conventionné) nous n'avons ni te
loisir, ni le goût de percer leur mystère
ils sont là nous les appelons, ils arri-
vent il nous suffit. D'où viennent-ils ?
Quelles transformations ont-ils subies au
cours des années ? Sont-ils vraiment ce
qu'ils nous paraissent ne portent-ils pas
un masque qu'i! serait bon, parfois, de
soulever? Peu nous. importe! 1,'habitude
d'habiter avec eux, de-les avoir toujours
à notre portée nous aveugle sur leurs ori-
gines diverses, nons empêche de discerner
leurs nuances et te timbre différent de leur
voix. Nous ne songeons pas davantage à
l'influence que. nous pouvons avoir sur
eux. Nous les avons classés, étiquetés
dans ces vitrines particulières qui sont tes
dictionnaires, et nous oublions 'qu'ils ont
une double vie la leur et-1& nôtre,-puis-
qu'ils nous servent d'intermédiaires, qu'iis
expriment nos passions et nos usages.
A les observer mieux pourtant, que de
découvertes nous ferions, que de révéla-
tions nous offrirait ce qui nous paraît un
simple assemblage de syllabes. Voici
d'abord les mots vedettes, ceux qui sur-
gissent brusquement on ne sait d'où, les
mots à,la mode qui s'imposent, que nous
retrouvons à chaque foyer, à chaque car-
refour, dans la rue, dans les salons, qui
se faufilent dans la foule et paradent sur
la scène. Ils brillent à la façon des mé-
téores et disparaissent comme eux. Sortie
de la nuit, i;s y retournent aussitôt. Voici
les provinciaux qui fleurent bon le terroir,
se sont modelés sur les coutumes locales,
gauches un peu, mais fiers et savoureux.
dont on sourit parfois, mais sans ironie,
qui ne sont pas modernes, certes, et pour-
tant ne vieillissent pas, etqui, transplantés
maintenant, grâce aux communications ra-
pides à la capitale, y voisinent gentiment
avec les autres, mais se reconnaissent à
leur accent les mots faubouriens, non pas
peuple, jnais popufaciers, djébrajHés et traî-
nant savate; les mots bourgeois, grands
et petits, modestes, situés entre leurs con-
frères du snobisme et ceux de l'argot.
effacés, souvent pusillanimes, mais épris
de bon sens et de clarté. Ce sont les plus
nombreux, les aides, les collaborateurs de
ce « français moyen s qui serait charmant
sans sa prétention au premier rang. Ils
vont, viennent, se reconnaissent, s'interpel-
lent, tous vêtus à peu près de même, in-
sensiblement, impitoyablement démocrati-
sés, regardant avec une secrète envie quel-
ques échappés d'une époque morte, figés
dans leur élégance, insouciants, suscep-
tibles, et qui, en marchant, font encore la
révérence. Et puis, enfin, voici ceux qu:
dans la foule des piétons, foule de plus
en plus anonyme et trépidante, ont con-
servé leurs ailes. On les compte aujour-
d'hui, on les traque, mais on les salue au
passage ils se rattachent au plus fabu-
leux passé leurs vêtements se sont modi-
fiés, mais non leur résonance; ils sont
immortels, et ce sont les mots qui expn-
mënt l'amour et la poésie.
JEAN RENOUARD.
Importante déclaration à la Chambre
de M. Van Zee!and
On mande de Bruxelles:
M. Van Zeeland, premier m!n!stre, a lu, nter
après-midi, devar.t !a Cijamtbre des représen-
tants, la déclaration ministérielle du nouveau
gouvernement.
C'est un vaste projet de réformes sociales,
économiques, politiques et parlementaires qu'il a
exposées devant les membres de l'assemblée.
Dès qu'il a commencé à parler, les frontistes
cnt manifesté violemment parce que M. Van
Zeeland parlait en français. Estimant que la
majorité est flamande, ils voulaient exiger un.
discours dans cette langue. M. Van, Zeeland
leur a réponde que la déclaration serait lue en
flamand au Sénat.
Le premier ministre put enfin parler et rap-
pela les réformes sociales qu'il veut réaliser
immédiatement minimum de salaires, congés
payés, augmentation des allocations familiales,
réduction d'e la. semaine de travail à quarante
heures pour les industries insalubres ou dange-
reuses.
Ces réformes seront traduites: en projets de
lois.
Les dispositions seront introduites dans ks
cahiers des ehar'ses. La décision de la commis-
sion paritaire deviendra obligatoire pour tous
les travaux publics.
Le droit de se syndiquer devra devenir effec-
tif. La réduction du nombre des chômeurs per-
mettra d'augmenter les allocations de chômage
et d'accorder d'autres avantages aux chômeurs.
L'âge de la scolarité va être prolongé. L'âge
de la pension vieiilt-sse sera avancé.. Les pen-
sionnés ne pourront plus accepter un emploi.
Le premier ministre indique alors d'autres
mesures à appliquer en faveur des classes
moyennes.
'Les rexistes réclament la paternité de ces
mesures, ce qui détermine des clameurs sur les
bâties socialistes.
M. Van Xeeland a annoncé ensuite une série
de projets généralisant les '-onventions collecti-
ves, rendant l'assurance chômage obligatoire.
améliorant les conditions ''l'existence des cho- j
meurs, avançant l'âge des pensions et régfemen- )
tant les cumuls.
M. Van Xfeland annonce aussi une réforme
fiscale, un contrôle de l'Etat sur les établisse- `
ments de crédit. Il examinera dans.un même
esprit la question des compagnies d'assurances.
~R reformera je statut de la société anonyme
Hnnsie sens d'une responsabilité accrue des
dirigeants. Puis, ij .passe a la réforme des ins-
titutions.
Il faut, dit-1!. rctaHIr l'équilibre entre tes
pouvoirs. Mms, !e gouvernement est résolu à
maintenir intangibles les libertés inscrites dans
la Constitution et à les défendre par tous les
moyens contre toutes les attaque. d'où qu'elles
viennent.
Pour fortifier l'exécutif et pour éviter une
des causes de l'instabilité gouverniementale, les
démissions du gouvernement ne seront possi-
bles qu'à certaines conditions, notamment le re-
jet d'ensemble du budget.
Un Consei! d'Etat sera créé et le gouver-
nement prendra son avis avant de déposer des
projets de loi. Une commission mixte recher-
chera s'il est opportun d'introduire l'institution
d'un référendum.
Comme organe de, liaison entre les organisa-
tions politiques et les intérêts économiques et
professionnels, les groupements comme les com-
missions paritaires. les chambres de commerce
et d'agriculture seront uti'isés.
Ces organisations auront un statut. Un Con-
seil économique émanant de ces organisations en
assurera ~a cohésion. II aura une double fonc-
tion droit d'avis et droit d'initiativ- sous
forme de projet à fournir à l'exécutif.
Enfin, le premier ministre annonce le dé~ôt
d'un projet rendant incompatibles les mandats
publics avec les charges privées, {par exemple
celles d'administrateurs de société.
Pour ce qui est de la politique étrangère,
M\ Van Zeeland se borne à dire qu'il s-uivra
ta. ligne d~ conduite traditionnelle.
j ',AptM: la. lecture de cette déela.rHtion du gou-
vernement, M. Delattre, ministre c~t travail, dé-
pose trois projets de loi sur la semaine de qua-
rante heures, les congés payés et l'augmenf~t~n*
des salaires.
!i ~E1lr-
A la Conférence des Détroits
On tëlés'raphie de Montreux
Trois jours ont suffi a !a Conférence des
Détroits pour que les positions des princi-
jpales'puissance; intéressées soient clairement
définies.
La Turquie, puissance demanderesse, est. a
ce point résolue à remilltariser les Détroits
qu'elle consacre à cette fin aucune clause
de son projet.
Le projet turc donne l'Impression nette que,
po.ur Ankara comme pour Moscou, ainsi que
pour la Roumanie. le but recherché est de
faire de la mer Noire une mer fermée ou à
tpett près aux puissances non riveraines.
Le moyen d'arriver à cette fin prendre en
considération la situation spéciale de la mer
Noire, en verrouiller l'entrée, mais en faci-
liter la sortie pour les navires des Etats rive-
rains.
En regard de la position des trois puissan-
ces riveraines de la mer Noire, il faut placer
celle de l'Angleterre, à laquelle l'idée d'une
fermeture trop absolue des Détroits, et sur-
tout celle d'un régime spécial en faveur de la
flotte ru'sse, ne disent rien de bon.
~'L'Ita.He qui posscde une flotte marchande,
qui tient la tête du commerce dans les Dé-
troits et qui est soucieuse, d'autre part, de
l'équilrbre ttes forces navales en Méditerra-
née, si eMe vient à Montreux bientôt, risque
de mettre à mal un certain nombre des résul-
tats obtenus en son absence.
Angleterre et Italie, ainsi curieusement rap-
prochées, sans entente préalable, trouvent un
concours dans le Japon, qui parle peu, mais
qui parle net. Une double volonté l'anime
n'avoir pas à renouer, à propos d'une conven-
tion des Détroits, des liens avec une S. D. N.
dont il a démissionné; empêcher que la Rus-
sie soviétique ne jouisse dans les Détroits
d'un régime de passage privilégié.
Enfin, la France, compréhensive et conci-
liante pouf ses amis de la mer Noire et du
Bosphore, cherche à ne pas contrarier !eu~
revendications dans ce 'qu'elles ont de légi-
ti)mje c'est que, même en tomp'~ de guerre,
la liberté de passage des Détrois demeure as-
surée aux ftottes qui combattront pour une
cause commune, soit en vertu d'un accord ré-
gional, soit en conformité d'une décision de
Genève.
La prochaine session de !a S. D. N.
Le voyage de M. Eden
'C'est par la voie des airs que M. Edc'n se
rend aujourd'hui à Paris, où il verra M. Léon
Blùm et M. Yvc.n Delbos avant de se rendre
a Genève pour la réunion du C. nso) de ]a
S. D. N.
'Le négus d'Ethiopie quitte Londres
pour Genève
mais ne pourra s'installer en Suisse
On annonce que le né.gus, accompagné
d'une partie de sa suite, quitte Londres pour
Genève aujourd trui, à 14 heures.
Au sujet des bruits qui ont couru re !ati-
vement à son installation déf~.tive en Suisse,
on annonce, à Berne, de source officielle
Le Conseil fédéral a prié le négus de
renonce à s'installer en Suisse tant que
le conflit italo-éthiopien ~'aura pas été dé-
finitivement liquidé car il ne peut accorder sans
Inconvénient une hospitalité durab'ie :tU chef
d'un Etat qui continue à se considérer comme
en guerre contre un de -.es vomns.
Le Co.nseil fédéral ne mett-.a pas obstacle.
en revanche, à la présence de l'empereur
Hailé Sélaisaié. s'il estime devoir y défendre
sa cause pendant la prochaine session du
Conseil et l'Assemblée de la Société des Na-
tions.
L'attitude de l'Italie
L'Italie prend acte des votes des députés
français et anglais sur la question de la le'
vée des sanctions, mais elle ne se départ
pas de son catn.'e et de sa réserve. Elle tien-
dra compte des enseignements qu'elle a tirés
des récents événements, pour régler sa ligne
de conduite à l'égard de la collaboration eu'
rapéen'ne.
Tel est, en substance, le sens de l'édito-
rial que M. Virginio Gayda consacre, dam le
« Giornale d'Ita~ia », aux séances de la Cham-
bre des Communes et du Palais-Bourbon.
La nation Italienne, écrit-il, attend que le
panorama de ia situation européenne se dé-
route tout. fntie] à ses veux pour décider de
la nouvelle orientation à suivre lors de la re-
prise de !a coi!aboration européenne.
L'Italie fournira encore d'utiles orientation-;
a cett" collaboration a laquelle la porte a été
laissée toujours ouverte, même pendant les
mois agi'és de la guerre, par une clarifia-;
tion de plusieurs points fondamentaux Qui
sera faite en temps voulu devant l'opinion
mondiale.
L'Italie a tiré d'utiles renseignements de 'a
crise provoqué; par l'application des sanc-
tions. Forte de cette expérience, e])e revien-
dra, après la levée des sanctions, à une coHa-
boratic.n européenne sur de nouvelles bases
c'jmmerctales et politiques. La levée des sanc-
tions peut ouvrir de nouvelles voies, mais pas
immédiatement,
` Le ministre de Ïa guerre anglais
montre !a nécessité de l'union franco=britanniqtïe
II y a des discours qui sont des actes.
C'est le cas pour celui que le ministre de
la guerre britannique a prononcé hier soir
au banquet de l'Association France-
Grande-Bretagne. M, Dutt-Cooper pro-
clamé avec énergie et aussi par moment
avec un agréable humour de grandes vé-
rités qu'on ne saurait jamais faire trop
entendre des deux côtes de la Manche.
H a su parler de la France dans des
termes qui nous touchent profondément,
de la France éternelle qui n'est, pas ceHe
du: drapeau rouge et. du poing levé. 11 a
montré que la France et l'Angleterre ont
toutes espèces de raisons sentimentales de
s'entendre. Cela dit, il a fait voir avec
beaucoup de force que ce ne sont pas ces
motifs-là qui doivent être considérés au-
jourd'hui comme les plus déterminants.
Une grande réalité domine tout « L'ami-
tié anglo-française n'est pas une question
de sentiment, ni une question de choix
elle est une nécessité urgente, une question
de vie ou de mort pour nos deux pays.
A supposer que nous ne désirions pas être
"a'nns,' il nous faudrait l'être. Comme vous
le savez, M. Baldwin a dit que là frontière
de la Grande-Bretagne est sur le Rhin.
Votre frontière est donc notre frontière.
Soyons bien assurés d~une chose: c'est que,
à une époque aussi dangereuse que la
nôtre, nous ne pouvons mieux aider !a
cause de la paix mondiale qu'en donnant
au monde entier la preuve continuelle de
la solidité de notre amitié et de l'union de
la France et de la Grande-Bretagne. »
De telles paroles ont un effet tonique.
Dans la belle allocution qu'il a prononcée
avant de donner la parole au ministre an-
glais, le marquis de Vogüé a dit avec rai-
son que notre confiance dans la volonté
d'entente franco~-anglaise « est d'autant
plus grande qu'aux postes de commande-
ment nous voyons des hommes comme
M. Duff-Cooper, instruit des problèmes de
l'heure, imbus des traditions nationales.
l'esprit ouvert aux appels de l'avenir ».
On connaît en effet l'action continue pour-
suivie par M. Duff-Cooper pour ouvrir les
yeux de ses compatriotes, ses campagnes
contre les pacifistes aveugles, son effort
pour doter son pays de l'instrument mi!I-
taire dont il a besoin. Ce sont des hommes
de cette trempe qui, s'ils sont écoutés,
épargneront à l'Europe là guerre. Dans un
passage de son discours, notre hôte a très
bien montré que ceux qui se ngureraient
sauver la paix par une orientation politi-
que proallemande se tromperaient du tout
au tout. Le danger allemand est égal pour
la Grande-Bretagne et la France; des ren-
seignements que le Mon:!K~ Post donne
ce matin sur le réarmement du Reich et
qu'on trouvera plus loin en soulignent la
gravité. Dans ses écrits et par ses actes,
le chancelier Hitler a révélé que le main-
tien d'une étroite entente franco-anglaise
est ce qui peut le mieux l'empêcher de se
lancer dans une grande aventure. Tout ce
qui ferait croire à une dislocation de cette
'entente le pousserait à la guerre.
M. Dun' Cooper a insisté aussi en ter-
minant sur le lien que constitue entre la
France et l'Angleterre leur commun atta-
chement à la vieille civilisation occiden-
tale et leur horreur des tyrannies de toutes
espèces. Cet aspect des choses ne doit pas
être perdu de vue. Il faut que nous sa-
chions que tout ce qui favorisera chez
nous le bolchevisme éloignera de la France
ses véritables amis et sera en définitive au
profit du hitlérisme. C'est encore là une
de ces vérités trop souvent méconnues. Il
est bon que des membres du gouverne-
ment, qui assistaient au banquet, aient
entendu cet éloge de la liberté. M. Ca-
mille Chautemps, 'qui a pris la parole le
dernier, a déclaré que « les attitudes pa-
cifiques ne sont sans péril que pour les
nations fortes, capables d'assurer, s'il en
était besoin, l'Inviolal~Dité de leur sol et de
remplir efficacement leurs obligations in-
ternationales ». C'est fort juste. Mais le
gouvernement auquel appartient M. Chau-
temps fait-il précisément ce qu'il faut
pour que la France soit forte, moralement
et matériellement ? On a le droit de poser
cette question, alors que nous assistons à
des événements qui ne peuvent qu'affaiblir
la France et réduire sa liberté à l'intérieur
et à l'extérieur. C'est la question la plus
importante de toutes.
PlEREE BERNUS.
L'Association France-Grande-Bretagne a don-
né, hier soir, son banquet annue), sous la pré-
sidence du marquis de Vogué, président de
l'Association, en l'honneur de M. Duff Cooper,
ministre de )a guerre de S. M. britannique, et'
de Lady Diana Cooper.
L?. réunion a eu )Ieu dans les salons de
l'Union interalliée. Le gouvernement de la Ré-
publique était représenté par M. Cami)]e Chau-
temps, ancien président du Consei), ministre
d'état. L'ambassadeur d'Ang)eterre et i.ady
Oerk avalent bien vou)u accepter de se rendre
à i'invitation de l'Association. M. Casnier-Du-
parc, ministre de ta Marine; M. Spinasse, mi-
nistre de j'économie nationa)e; MM. Viénot et
Je Tessan, sous-secrétaires d'Etat, .prenaient
également' part au dîner. Lord Derby, ancie')
ambassadeur d'~ng'eter-e a Paris et président
de !'Associa.tion-s(eur. honorait !a reunion de sa
présence.
Toutes !es tab!es étaient groupées par prési-
dences marquis de Vogué. Sir George Oerk.
Jeit ministres français, Lord Derby, M. Tirard.
t de l'Institut, MM. Crozier, de Margerie, ambas-
sadeurs de France, le général Gouraud, M.
G. Ris]cr, de l'Institut. M. Dautry. la baronne
de La Grange, prince de Beauvau-Craon, MM.
Jacques Bardoux, Pierre Laroze, René Mayer,
George Edgar Bonnet. Feugère, Bahon, André
Maurois, Ernest Mercier, etc. présidaient cha-
cun une table.
Le nombre des convives dépassait 300, chif-
fre que la manifestation annuelle de l'Associa-
tion France-Grande-Bretagne n'avait encore ja-
mais atteint.
Discours du marquis de Vogue
Le marquis de Vogue, qui prit le premier la
parole, a. dit notamment
On a beaucoup disserte sur cette antithèse
irréductible de deux peuples qui ne peuvent pas
se comprendre et qui ne peuvent pas ne pas
s'entendre. C'est un fait qu'ils ne parlent pas
le même tangage et que. leurs pensées ne suivent
pas les mêmes chemins. Mais il y. a dans le
domaine des affections humaines un langage
qui ne s'exprime pas par des mots, et il y a
des chemins qui, sans se confondre, conduisent
aux même.) buts. La nécessité domine les con-
tingences et quand sonne l'heure des grands';
résolutions, on se comprend et l'on se retrouve
pour faire ensemble les gestes qui s'imposent.;
Les amitiés les plus solides ne sont pas celles
qui résultent de~ combinaisons les plus subtiles;,
mais celles qui se fondent sur les' dispb.sitiooa'
de la nature et sur l'àfnnité des cCeùrS. Or, ce
qui frappe les yeux, c'est la surface des choses
et l'extérieur des âmes. Et de quelques difM-
rences apparentes, que certaines gens relèvent
avec complaisance, entre les Anglais et les Fran-
çais, il ne faut pas conclure à des divergences
fondamentales. Ce qui demeure, ce qui s'impose
à l'esprit, avec une éclatante certitude, à travers
toutes les dissemblances, c'est qu'il y a des
analogies essentielles dans le caractère des deux
races, dans l'idée qu'elles se font de l'honneur,
de la justice, du respect de la parole donnée,
de la dignité humaine, dans leur amour pas-
sionné de la paix: et qu'en nu temps où
liberté de parler, d'écrire et même de penser,
la liberté de vivre, en un mot, disparait peut à
peu de la Constitution des Etats, l'Angleterre et
la France, dans leurs masses .profondes, lui
gardent leur foi quelques incidents de la.vie
politique n'en sauraient faire douter.
Discours de M. Duff Cooper
Voici les passages essentiels du discours pro-
noncé par le ministre britannique de la guerre
Dès mon enfance, !a France et toutes les
choses françaises se sont parées à mes yeux
d'une poétique magie. Les événements de ce
siècle ont prouvé que tous les récits héroïques
que nous ont transmis les chroniqueurs du passe
n'ont pas été des inventions de poètes, 'mais
purement et simplement les tableaux véritables
des faits dont i!s avaient été les témoins. De
nos jours, nos propres yeux mit vu assez d'ex-
ploits et de hauts faits pour savoir eue le
cœur de la France bat aujourd'hui aussi héroï-
quement qu'à n'importe quelle période de sa
longue et glorieuse histoire.
Il est naturel que l'histoire de France ait un
attrait irrésistible pour les enfants de toutes les
nations. Quel autre pays possède des annales
contenant des récits aussi féeriques que celui
de la bergère qui commanda de grandes armée';
et chassa l'ennemi de sa terre natale, et celui
du pauvre lieutenant d'artillerie qui, en quelques
années, devint Mn grand empereur devant qui
tous les rois de la terre durent s'incliner, tous,
sauf un seul ?
M. Duff Cooper, âpres avoir parlé de tout'e
la poésie du passé et avoir constaté que tous
les torts réciproques sont oubliés, dit que ce
sont les réalités qui nous importent aujour-
d'hui.
L'une de ces réalités, que mes compatriotes,
j'en ai peur,~ perdent quelquefois de vue est que
notre amitié l'amitié anglo-française n'est
pas une question de sentiment, ni même une
question de choix; elle est une nécessité urgente,
une question de vie ou de mort pour nos deux
pays.
Aujourd'hui encore il existe de nombreux
Anglais qui sont si Ignorants des faits, ou si
aveuglés par leurs préjugés, qu'ils croient sin-
cèrement que la Grande-Bretagne est entrée en
guerre par pure bonté de cœur, uniquement pour
aider ses amis, les Français, parce qu'ils étaient
des êtres si exquis. Telle n'est pas la vérité,
Nous nous sommes engagés dans cette guerre
parce que nos intérêts vitaux étaient en Jeu,
parce que nos vies étaient en danger; et, je le dé-
clare, nous avons eu le bonheur de lutter pour
notre vie, non pas sur notre propre territoire,
mais sur les plaines de la France et des Flan-
dres.
C'est t'ne sorte d'ignorance qui amène de
temps à autre certains Anglais à proposer une
réorientation de notre politique étrangère et le
choix d'autres amis. Ils ne comprennent pas
qu'une nation n'est pas libre de choisir à son,
gré ses collaborations. Elles lui sont Imposées
par les faits.
A supposer que nous ne désirions pas être
amis, 'il nous faudrait l'être. Comme vous le
savez, M. Baldwiu. notre premier ministre, a dit
que la frontière de la Grande-Bretagne est sur
le Rhin. Votre frontière est donc notre fron-
tière.
Mais il est une chose encore plus sérieuse
que la frontière commune qui nous protège
ce sont les idéals communs que nous parta-
geons. Comme je l'ai déjà dit, si nous ne dési-
rions pas être amis, nous aurions Intérêt à l'être;
et j'ajouterai maintenant que, si la nécessite
n'était pas là, la volonté y serait
Nos deux nations ont contribué plus que to'tt
le reste du monde à enrichir la littérature, .'e*
beaux-arts et la pensée de l'Europe moderne.
Mais. si différents que paraissent ces rapports
pendant les trois derniers siècles, ils ont cepen-
dant, à mon avis, une base philosophique~ com-
mune, et ont toujours fait progresser l'esprit
humain vers un but commun. Ils sont basés sur
la croyance en la valeur de l'individu, et ils se
sont toujours efforcés d'an'irmer le droit da
l'individu à la liberté et de penser et de s'expri-
mer en toute sincérité.
Mais aujourd'hui, tout ce a quoi nous avons
cru, est tourné en ridicule. L'Individu, nous dit<
on, ne compte plus c'est seulement la race
qui importe. r-
Que dis-je ? On prêche en ce moment en Eu-
rope que la liberté est un faux idéal, et que
l'obéissance à la volonté est !a plus haute forme
de l'activité humaine. De telles idées .n'ont rien
de nouveau, elles sont aussi vieilles que la
tyrannie, et sont complètement étrangères a~ 'a
civilisation du monde occidental. Enfin 1 on
prêche que la guerre elle-même est désirable.
Mesdames. Messieurs, de telles idées sont a
nos yeux détestables au plus haut point. Nous
croyons qu'elles sont grosses de dangers terri-
bles. et que, si nous leur permettons de triom-
pher elles seront une calamité pour le monde.
Ft voilà pourquoi j'affirme qi.ie non seule-
ment nos frontières, mais que nos idea.s mêmes
sont dans un danger mortel. C'est donc sur les
deux crandes démocraties du monde occiden-
tal nue*repose. maintenant la responsabilité terri-
ble de sauver non seulement nos propres per-
sonnes mais la civilisation que ~nous, avons créée
au prix de tant d'enforts. Les intérêts que nous
avons en commun, les principes auxquels nous
croyons ensemble, doivent nous unir étroitement
et nous donner la force d'accomplir la tacha
oui peut nous être imposée. Mais. en plus de
ces idéals et de ces intérêts, il existe un autre
lien qui doit nous unir à jamais, et c est le so~
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