Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1936-02-11
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb39294634r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 200316 Nombre total de vues : 200316
Description : 11 février 1936 11 février 1936
Description : 1936/02/11 (Numéro 41). 1936/02/11 (Numéro 41).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Restauration - Monarchie de Juillet (1814-1848)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k508316r
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2008
30 centimes le r~ujoi~T'o DANS TOUTE LA FRANCE TL.e r~um~T'o 30 c~ntiTnL~s
N« 41.–148" ANNEE
M8" ANNEE. ? 41
MARD!
11 FÉVP!'=:R 19~6
RÉBMÏ)METMO))))STMÏ)!7. RM des PrëtrM-St-Cerm.xn t'iNierro!!
pinis-fr
~<-fM6 ieMpy.DÉBATS -T.T.-PAR):
re/GUTENBERG 03.00 03.01-03.02
MARD!
11 FÉVR!ER 1936
mïBEL'ABOtXE~HT
Stneit 6maH
fmctetMMiet.. 30 fr. 54 fr. lOOff.
RraH!)er(Mr!m<:Ms-
Mmntrtdait). 45fr. 85fr.160!r.
îtf!tttger(!m.resp9y!) 62&. t1Sfr. 215ff.
ON S'~ttMM CHÈOUES POSTAUX C" 382-PABM
iMOMMMMoontBïërës neM~.NFen
JMMAL DES BEBATS
D~ 11 Tt A t F C t~T 11 F T~F ? A tt! t<~
~~LiitMLRo M LniRKAin~O
LE! tMMCES Mai r~M' dirtctMeot~
SOMMAIRE
Leminis'ereettesëtECtiors.
JïcquBs Ba nwiHe. A. ALBERT-PETIT..
Ur point d'histoire. EDOUAKD KpAKOWSKi~ `~
6~ Jcur )<: Jcur. La jBe//e e< ~a Be/e.
JEAN REKOUARD.
Ls n! te ce )t. Hoffza à Paris. PjERRE DE
QCJRIELLE.
Les e fct cns espegnofes. f.a propogan~e
e/rc/oya/e e~ /e souuenfr des /o;tt)/M ~es
~S/U/ies. ADOLPHE DE FALGAIROLLE.
s' page
te Bi 'et de Théâtre. [)S}. O'NEVES.
3'page
tteuricns et sotennitêsf'u dimanche
RtyLE de recF!:rh!e –EnA/r;gHe/ranFa!'se.
G. GRANDIDIER.
ttubriS'pase
L'fc~s'i'e financière.– A.~EMs-!7nt's:~€H-
~a/ Ac/ e/ sf!nc~'ons. Socte~eGénep'a/e
dp ~f/~He. ~onM An~~ojoe. Bançue
dfs /?~/emenh f'n/er~atfonaua'. ~n/br-
ma<)ons.
Leni-i~re djes actions
Le cabinet Sarraut n'a d'autre
tache, si l'on en croit M. Boncour
qui a discouru hier sur ce sujet, que
de préparer les élections. C'est dire
à la fois trop peu et trop.
C'est trop peu parce que même si
les élections sont proches, le gouver-
nement a de sérieux devoirs. Les uns
sont financiers, les autres sont diplo-
matiques. On n'imagine pas un gou-
vernement se désintéressant, sous
des prétextes électoraux, du main-
tien du franc, des armements de
l'Allemagne, des négociations, en
cours et des moyens d'assurer la sé-
curité et la paix.
Il est vrai que le gouvernement,
en raison de sa composition même et
des conditions parlementaires où il
a été formé, est impuissant. Les
grands sujets lui sont défendus. Il
est né d'une intrigue qui était menée
par tous les adversaires du cabinet
Laval. Et il s'est hâté ensuite de pro-
clamer qu'il n'y avait rien de changé.
Il est par nature contradictoire. On
s'explique qu'il mette tous ses soins
à ne pas s'exprimer.
M. Boncour, tenu par la même né-
cessité, a dit le moins de choses pos-
sible. Il a annoncé aux électeurs de
Béziers qu'il ne fallait pas attendre
de grandes choses du cabinet Sar-
raut. Pas même un commencement
de réalisation des merveilles promi-
ses par les socialistes. On réformera
demain. Le <: plan )), le fameux plan
qui doit être une reconstruction poli-
tique, économique, civique, est pour
plus tard. La révolution, c'est le bon-
heur à terme.
Les révolutionnaires agissent donc
comme si les élections devaient leur
permettre la prise du pouvoir. Le
cabinet Sàrraut est destiné à assurer
<: dans des conditions favorables la
libre consultation du suffrage uni-
versel x-. Là, il nous semble que c'est
un peu trop. Libre consultation, c'est
naturel. ~Dans des conditions" favora-
bles ? L& formule est obscure. Est-ce
que, d'aventure, elle signifierait que
le cabinet Sarraut a pour mission
d'aider l'élection des candidats qui
faciliteront l'exécution du plan révo-
lutionnaire ?
N'insistons pas sur la libre consul-
tation. Cette liberté a pour limite
l'action des comités, les mots d'ordre
des loges, les interventions préfecto-
rales et tous les moyens dont dispose
le parti radical. Elle est donc toute
relative. Nous serions charmés d'ap-
prendre que M. Sarraut s'est appli-
qué à la rendre aussi grande que
possible, et que ses instructions aux
préfets sont animées d'un esprit que
le parti radical nous a rarement fait
connaître. Mais, enfin, nos illusions
sur ce sujet sont réduites.
Nous attendons au contraire avec
une certaine curiosité l'exposé géné-
ral que fera le président du Conseil
quand le moment sera venu. Théo-
riquement, un gouvernement doit
laisser les électeurs libres. Mais il
doit avoir une opinion sur les pro-
blèmes qui touchent la vie publique.
II la fait connaître. Il s'efforce de la
justifier.
Quelle est la politique de M. Sar-
raut ? Ou plus exactement quelle
politique peut avoir un gouverne-
ment où il y a des radicaux dont les
uns sont les alliés du socialisme, et
dont les autres font des combinaisons
électorales avec les communistes ?
M. Champetier de Ribes se déclare
prêt, avec un peu de hâte, à colla-
borer avec les radicaux. Nous avons
peine à croire qu'il s'engage à la
lég-ère, sans connaître les idées de
ses futurs amis. H sait leur secret.
C'est un privilège. Nous, n~us igno-
rons. Et nous posons des questions
précises. Les « plans sont à la
mode. Où est celui de M. Sarraut ?
est-ce celui de M. Boncour ? Celui
de M. Boncour est-il celui de M.
Chautemps ? Celui de M. Chau-
temps est-il ce]ui de M. Flandin ?
Et que conseille M. Guernut, au nom
des Droits de l'Homme ?
Un peu de lumière est souhaitable.
Puisque, après les élections, le front
révolutionnaire se propose de renou-
veler le monde, le gouvernement de-
vrait bien nous dire s'il est partisan
de ce renouvellement fêt en quoi il
consiste. Au cas contraire, il devrait
bien nous dire comment il conçoit
l'avenir et le travail de la prochaine
Chambre. La pire méthode serait le
silence officiel couvrant la prépara-
tion secrète de la révolution.
J~ctt y a trois mois qu'il prononçait son
discours de réception à l'Académie fran-
çaise (7 novembre). Tout le monde sentait
ce jour là qu'il faisait, sans affectation,
avec le sourire, un effort stoïque. Cette
volonté discrète de mourir debout, la plu-
me.à la main, dans la satisfaction toujours
nouvelle du bon travail quotidien, M. Jac-
ques Bainville en donnait l'impression nul-
lement théâtrale, car les gros effets n'é-
taient ni de son style ni de sa vie. Le suc-
cès de ses livres a toujours été de bon
aloi. S'il avait été dû à sa réputation et
à ses amitiés de polémiste, il aurait été
éphémère. Il a au contraire grandi d'année
en année, de volume en volume. Il a été
à la fois foudroyant et soutenu, ce qui
s'associe rarement.
Sans doute, les spécialistes ont fait leurs
réserves. Condenser l'histoire de France
en quelques centaines de pages sans tom-
ber dans le manuel ou le tract électoral,
c'est un tour de force. C'en est un autre
de faire lire au grand .public avec charme
et profit un pareil abrégé. Cet abrégé n'a
nen de sec ni. d'abstrait. M n'a nen-non
plus de grandiloquent ou de romancé. il
suppose évidemment un lecteur ayant déjà
quelque idée des choses i) n'est pas à
l'usage des illettrés, c'est même pourquoi
il se garde de la littérature. L'école du
journalisme habitue à dégager l'essentiel
d'une question, ce qui est la première con-
dition pour un ouvrage d'ensemble. Le cri-
ble peut être truqué, le maniement peut en
être tendancieux. M":s, toute histoire gé-
nérale oblige à c'.uisir, et tout choix est
un risque. M. Bainville a sur beaucoup
de ses confrères en histoire au moins cet
avantage qu'H ne cache pas ses préféren-
ces, de sorte que le lecteur sait de quel
côté il doit exercer le contrôle d'une sage
critique.
H éclaire le passé par le rappel du pré-
sent. Ce n'est pas un procédé de tout repos,
mais il n'y a pas en histoire de procédé
de tout repos, sauf peut-être celui de se
réfugier dans la citadelle de l'ennui. Quand
les Germains sont chassés de Gaule par
l'empereur Probus, et font le désert der-
rière eux, ils coupent même les arbres
fruitiers. Comme en 1918, remarque M.
Bàinvitle. Le dauphin est coiffé par
Ëtienne Marcel desonchaperon aux cou-
leurs de Paris, comme Louis XVI d'un
bonnet phrygien lors de l'invasion des
Tuileries. Ces rapprochements ne faus-
sent ni les faits ni les idées. Us ne sont
pas du ton de l'Académie des Inscriptions;
ils sont du ton de l'Académie française.
Boissier et Jullian ont fait partie des deux.
Ce qui est incontesté, ce qui restera,
c'est la qualité de la langue. M. Bainville
a un style alerte, direct, dépouillé d'ori-
peaux. De même que le fond du récit est
allégé de tout le poids mort, la phrase est
débarrassée de toutes les fausses élégan-
ces, encombrant résidu des banalités de
la veille ou du jour. M a pu parler de Na-
poléon sans le draper dans l'apogée de
la troisième République, sans dresser un
réquisitoire. Le plaisir de comprendre et
d'expliquer est pour beaucoup, peut être
pour tout, dans la vocation historique de
M. Bainville. Lui-même te confesse dans
une de ses préfaces, mais. comme il n'est
pas de ceux qui se croient des lumières
surhumaines, il reconnaît que ce n'est pas
facile de le faire.
I! disparait au faîte de la célébrité, sans
avoir connu ou 'laissé voir même les pre-
mières atteintes de l'âge, car sa silhouette
élégante et fine était restée celle de la
jeunesse. On aimait à espérer qu'il met-
trait longtemps encore au service du pays
les ressources de sa parfaite connaissance
des affaires extérieures. Il est un de ceux
qui ont le plus efficacement contribué à
l'éducation du grand public et même des
dirigeants responsables en cette matière,
où l'ignorance et l'incuriosité sont le plus
redoutables. Ce n'est pas une de ces banà~-
lités dont il savait si bien se garder que
de déplorer la perte que les lettres fran-
çaises et l'intérêt français subissent en ce
jour.
A. ALBERT-PETIT.
Un pp!nt d'histoire
Les légendes sont toujours dangereuses.
Elles entretiennent généralement de longs
malentendus historiques d'où la vérité ne
peut émerger que lentement et dont le diffé-
rend favorise tous les genres de discorde. Cnt
avertissement pour me donner le droit d'in-
tervenir avec document à l'appui dans un
point d'histoire contemporaine qui ne me
paraît pas d'importance négligeable.
Les voyages en Europe du :maréchal Tou-
khatchevsky appellent l'attention publique
sur son rôle dans l'organisation de l'armée
soviétique et donnent par conséquent une
immédiate actualité aux souvenirs de la
guerre russo-polonaise de 1025.
Un récent ouvrage, 7"OM~/toréchal fOM~ de M. Roman Gouf, conte lon-
guement la part du maréchal dans les ba-
tailles de Pologne. II ne mériterait que l'inté-
rêt si l'on n'y rencontrait à la page 188 une
affirmation si osée qu'elle vaut d'être inté-
gralement citée
L'attention du général Weygand s'était
concentrée sur le secteur nord du front, près
de Varsovie. Ce fut lui qui, dans ses
< notes X', dénonça le danger à Pilsudski.
« Le plan du. maréchal Pilsudski est basé sur
une opinion erronée en ce qui cottcerhé la
concentration des armées rouges. A rencon-
tre du maréchal, j'ai toutes raisons de sup-
poser- qu'un tort contingent de troupes rouges
est massé quelque part, plus au nord d):
Boùg occidental. Pour le moment, je ne puis
encore indiquer sa position avec précision
rapportait le général Weygand a l'état-major
généra! polonais, avec lequel ses relation
étaient plutôt « froides
« La rapidité foudroyante avec laquelle les
armées rouges ont rompu le front polonais a
démoralisé les armées, mais elle ne saurait
nous affoler, nous. Le plan du maréchal Pil-
rudski est pour moi plutôt un acte de déses-
poir que le résultat d'une délibération mûre-
ment réfléchie retrouve-t-on encore dans
les « notes )> échangées avec les généraux.
L'affirmation est donc formelle il exista
des « notes du général Weygand dont
l'auteur du livre aurait eu connaissance, et.
comme semble le prouver son texte, qu'il au-
rait complètement utilisées. Or, ayant moi-
même composé diverses études concernant
"histoire de la Pologne, j'eus la curiosité de
connaître à mon tour directement l'original
de « notes x- aussi précieuses. Ne pouvant
parvenir à le découvrir, je m'adressai fina-
lement à leur illustre rédacteur, ou du moins,
à celui que l'ouvrage cité présentait comme
te! le général Weygand. Voici la lettre que
sa particulière obligeance me nt obtenir dans
Iç déisd l&p!.us i&pide~t dont le texte ~n'esi
pas moins digne d'être cité
Pon'.f. 16 /OMMO- J936.
Afo;fte«,r,
Je :H't?H;/)~.Me de fC~OKe~ à ~0~ ~f~
(f/ttde )M'6}M6aT~M~ ~oCSHM'K~.
/c M'ct ~(M y:t ~'ffe Mttchcvsky, maréchal rouge, Mt6KS;c !70!M af-
/M'MtC OC pas être foM~Mr des MOfM qui MC
.Mii~ O~ti&ffCM, que XWM Ct~~ eM~fC <~Mt~-
~M~<~ t/OM~ votre EH~ M~ ~~0)~K~
d'fttHeM~~ à aMCMM tKM /M~~)Hf~t<~ Kt de
MM ~H
~OMS ~OMf~ MN~M~H~MteK~ faire de cette
JfMafa~'OM l'usage ~!tt fOM~ paraîtra &vérité C/OM~ ~OM~OMfJ &OKMC à connaître ~K
Ma~to'c d'histoire.
~~tM~M agréer, MOM~tCM~ ~fC~tOM
ma COM~d~rf!hOM ys /'hM (ft~Mt~K~.
Signé WEYGAND.
L'histoire peut-elle être écrite à l'aide de
« notes attribuées à un chef de la célé-
brité et de la valeur du général Weygand et
que leur prétendu auteur déclare ne point
connaître ? J'en fais juge l'opinion publique
française, II faut donc espérer que ce malen-
tendu historique sera promptement dissipé et
que nous aurons de cette guerre russo-polo-
naise une version expurgée des trop nom-
breuses légendes qui semblent, depuis quel-
ques années, s'y être accumulées à plaisir.
EDOUARD KRAKOWSKI.
~M /0~ LE /0~
La BeMe et ia Bête
Au bord d'une source, une de ces sources
azurées du Midi, et qui paraissent des par-
celtes de ciet oubliées sur la terre, ta vie se
rassemblait; les nuages, le vot des oiseaux
s'y reflétaient; les arbres y doublaient ieurs
tamures; une ferme s'amusait à suivre, image
renversée, les méandres de sa fumée, parm'
tes herbes aquatiques. C'était ta que les bêtes
venaient boire. Ette alimentait un rustique
tavoir où les lavandières chantaient en battant
leur linge, tandis que les buttes de savon em-
portaient sur leur nacre éphémère ta minus-
cule vision du paysage ensoleillé.
Au crépuscule, elle continuait à briUer, pen-
dant que s'amassaient les ombres. On eût dit
que la lumière du jour, concentrée sur sa
surface, s'en échappait pour éctairer la nuit.
Dans te silence rendu plus sensible par son
murmure, une secrète existence alors se devi-
nait sortant d'on ne sait où, grisâtre et Bas-
que, un crapaud, péniblement, peureusement
se traînait. Lui aussi se dirigeait vers la
source visible dans les ténèbres. Se sachant
difforme, il choisissait l'heure de solitude.
propice à sa disgrâce. Emprisonné dans sa
'aideur il s'en attait vers la clarté. Sous ta
frémissante toiture d'une feuitte au ras du sot,
i) songeait à la méchante fée qui l'avait rendu
si misérable, ne tui laissant, par oubli san<
doute, que la splendeur mélancolique et dorée
de ses yeux. Dans te <:a!me de la nuit dont
nne imperceptible brise agitait à peine les
parfums, il attendait je ne sais quel miracle
cui ferait de lui un prince Charmant, et tui
donnerait sa part de bonheur constamment
refusée jusqu'ici; il attendait surtout, confu-
sément, une présence, -pas une présence hu-
maine bien sûr, i! en connaissait trop les dan-
~rs, mais surnaturette, capahie de !e voir sous
~t~f6rmë qu'it souhaitait, indulgente, devinant
sa petite âme éplorée si désireuse, elle aussi,
d'aimer et d'être aimée. D'ou viendrait cette
mystérieuse inconnue? Il t'ignorait. Appara!-
trait-eite 'brusquement devant lui, ou enten-
drait- son pas léger se rapprocher peu à peu?
Il savait seulement que, sans l'avoir jamais
vue, il la reconnaîtrait. Mais daignerait-eite se
montrer ?
Et voici que le ciel, le sommet des arbres
kntement blanchissaient, qu'une aube, en
pleine nuit se levait, que la ferme enveto'ppée.
embei!ie de brume lumineuse, surgissait ains'
qu'un château de féerie, qu'à chaque feuit'e
se suspendait une flammèche irisée, que le si)
se couvrait d'une irréette floraison, et qu'enfin
dans le rrrroir de ta source, éblouissante, sou-
riante, adorablement blonde, la lune rayonnai.
Alors dans cet épanouissement d'impatpabtes
htancheurs, sous les feuillages ruisselants
comme des écailles argentées, un chant bref
et timp'de s'élevait, gouttes de cristal mon-
tant, se perdant, s'évaporant avec la rosée a
travers l'espace. La pauvre bête reconnaissait
sa Be!!e et lui parlait.
f JEAN RENOUARD.
Le confia itato éthiopien
~Le bombardement de Dessié
On mande de Dessié à l'agence Reuter
A l'exception des soldats de la garde im-
périale, il n'y avait plus à Dessié aucun habi-
tant lorsque a commencé le bombardement la
population avait reçu l'ordre de gagner la
campagne, et, dans la crainte d'un bombar-
dement à gaz, les indigènes s'étaient, pour
la plupart, munis d'étoffes et de couvertures
mouillées qui devaient leur servir de masques
de fortune..
Le correspondant de l'agence Reuter à
Dessié fait du bombardement le récit -sui-
vant:
En compagnie d'un groupe où se trou-
vaient des journalistes. d'es attachés militaires et
des missionnaires, j'ai pu voir tout d'abord
les avions italiens survoler tranquillement
Dessié tout en lançant leurs bombes d'une
façon ininterrompue.
De tous côtés, nous entendions de violen-
tes détonations et nous voyions s'élever des
colonnes de fumée. Une bombe incendiaire
tomba au sommet d'une colline voisine et aus-
sitôt de longues flammes s'élevèrent.
Dans la vallée, il semblait que la ville en-
tière était en flammes. L'alarme avait été
donnée avant le raid sur la ville. Trois avions
étaient, en effet, apparus les premiers et
s'étaient contentés de survoler les collines
des environs, non sans lancer sur les villages
une grande quantité d'explosifs et de bombes
incendiaires.~ Un peu plus tard. quatre au-
tres appareils les rejoignaient et les sept
a~rMtus commençaient à bombarder Dessié.
:Leur travail terminé. les appareils qui
s'éloignaient .sont encore revenus bombarder
l'aérodrome où ,ils avaient sans doute aperçu
les deux appareils éthiopiens sur le terrain.
On ne signale .pas de victimes à Dessié
même. On attend .les nouvelles des villages
des. environs.
Les départs pour l'Afrique orientale
On télégraphie de Naptes
Le vapeur 4 Conte-Rosso est parti pour
l'Afrique orientale, ayant à bord 109 officier'
62 sous-officiers, 1.700 hommes et du maté-
riel.
Le <: Délia a également levé l'ancré ayant
à bord du matériel.
-«Bf–
Le programme de réarmement anglais
Même dans les milieux où la nécessité du ré-
armement britannique est le moins discutée ce
n'est pas sans une certaine appréhension que !'on
envisage l'étendfue des créditsment aura besoin pour l'exécution de ses pians.
H S'agit d'une demande formIdaMe. 'écrit le
7'Hces jours dangereux s'il est convaincu que i'ar~
gent avancé est bien utilisé, et non .pas employé
à de~ moyens de défense ayant une valeur dou-
teuse dans les conditions modernes.
.E~ !e 7'wtf.f ne d'issimute pas qu'à son-avis
l'aviation constitue le moins contestable de ces
moyens de d-éfense. Il déconseille, par contre,
d employer les crédits à une <: eu.ropéanisation »
d~ t'armée anglaise.
A moins que nos forces de campagne, ajoute-
t; .il, ne puissent arriver sur le théâtre de~ opéra-
tions dès les premières phases des hostilités
et est difficile de concevoir comment ce pour-
rait être 'le cas puisqu'il leur faut traverser la
mer, notre appui pourrait être donné avec
.plus de profit sous forme d*une contribution
prcportionnetlement pitts forte dans ]e domaine
aérien. Cela sera mieux apprécié M'étranger une
fois que les données du problème seront bien
saisies.
De même, dans le domaine naval, le 7'Mt~.t
recommande une grande prudence.
N oublions pas, dit-il, qu'il y a vingt ans. l'ai-
taque sous-marine sur nos routes commerciales
a failli nous conduire au désastre, maisré la
suprématie incontestée de notre Hotte de 'ba.taili~.
S: nous sommes disposés à l'oublier, d'autres
puissances ne le sont pas. Et ce serait folie que
de fermer les yeux sur le fait qu'elles comptent
sur l'aviation et sur des bâtiments de surface
rapides pour battre les records établis par tes
sous-marins dans l'attaque directe des services
maritimes. Le ~problème est extrêmement com-
plexe. A défaut de meilleur argument, on fi;~
tend souvent dire que. du moment que les autres
pays annoncent leur intention de construire (ie
grosses unités de'combat, nous n'avons qu'à en
faire autant. Q'est éluder la véritable question:
car nous pouvons simplement faire le jeu des
autres en leur permettant, moyennant un cer-
tam prix.-de nous inciter à consacrer une pro-
portion beaucoup trop élevée de nos diépei~es
à des fins qu'ils considèrent en leur for inté-
rieur comme absolument étrangères à la ques-
tion essentielle.
Rébellion d'un générai au Mexique. Des
dépêches venues de Puebla annoncent que le
général Juan Cardona, député, est recherché
pour t'assassinât du maire de Huanchinango;
s'insurgeant contre le gouvernement, il au-
rait saf;né la montagne à la tête de deux
cents rebelles. M. Cardona a été déchu de ses
prérogatives parlementaires et de son Krade.
Manifestation franco-belge. L'Associa-
tion pour la culture et l'extension de la lan-
f~ue française, fondée à Arion en !o:o. a fêté
hier son vin~t-cinquiême anniversaire, en
présence de M. Laroche, ambassadeur de
France, du Rouverneur de !a province et de
~nombreuses personnaiités.
Manifestatt'on dispersée en Syrie. A Tri-
poli-de-Syrie, des manifestants, au nombre
d'un millier, ont été facilement dispersés par
les troupes. Dans cette ville, ainsi qu'à Lat-
taquié et partiellement à AIep. les souks sont
ferm,és.
La vïsite de M. Hodza à Paris
M. Milan Hodza, président du Conseil
de Tchécoslovaquie, est arrivé, hier, à
Paris, pour participer à l'hommage au
Président Masaryk qui sera rendu, ce soir,
dans une réunion solennelle, à la Sorbonne,
où il doit prendre la parole. Cette visite
lui permet d'avoir avec les dirigeants de
la politique française des conversations
qui sont une prolongation naturelle de
celles qui ont eu lieu ces jours-ci qui por-
taient principalement sur l'indépendance
de l'Autriche et l'organisation danubienne.
Ce sont des questions auxquelles la Tché-
coslovaquie est particulièrement intéressée
et où elie a un rôle de premier plan. Les
conversations de Paris sur ce sujet se sont
trouvées en quelque sorte amorcées par
celles qui s'étaient tenues, à Prague, il y
a quelques semaines, lors de la récente
visite du chancelier Schuschnigg.
La situation présente de la Tchécoslo-
vaquie, la situation personnelle de M.
Hodza et sa compétence lui donnent une
autorité particulière pour traiter de telles
questions. Deux événements viennent .de
se produire dans la politique tchecoslova*
que. L'un est la d'émission du Président
Masaryk et les débuts de la présidence de
M. Benès, marqués à la fois par le carac-
tère de la continuité de la politique tracée
et fixée pour l'Etat tchécoslovaque, par
son Illustre et glorieux fondateur et par
les manifestations d'une nouvelle activité
dans tous les domaines où cette politique
doit s'exercer.
L'autre est l'arrivée au pouvoir, coïnci-
dant avec ces débuts de la présidence de
M. Benès, d'un homme tel que M. Hodzn,
la position et l'autorité qu'il a affirmées
depuis un peu plus de trois mois qu'il est
chef du gouvernement. Il le devenait à
la veille de la démission du Président Ma-
saryk et de l'élection de M. Benès à la
présidence de la République. On peut dire
que c'est pour une très grande part à son
attitude et à son rôle dans des conjonc-
tures délicates et difficiles qu'a été dû le
caractère triomphal et de magnifique union
nationale qu'a pris cette élection.
Depuis l'élection de M. Benès à la pré-
sidence de la République, le 18 décembre,
il exerce~ avec les fonctions de président
du'Conseil,'celles de ministre des affaires
étrangères, remplies pendant plus de seize
ans sans interruption par le nouveau chef
de l'Etat. Il a déclaré, à plusieurs reprises,
qu'il ne pouvait les conserver, qu'il s'agis-
sait d'une gestion provisoire imposée par
les circonstances. Mais si la désignation
du successeur définitif de M. Benès doit
être faite prochainement, on peut être
assuré que M. Hodza continuera de sui-
vre de près, comme chef du gouvernement.
beaucoup plus que ne faisaient ses prédé-
cesseurs, les questions de la politique
étrangère, pour lesquelles il a toujours eu
un goût très vif, auxquelles il est en me-
sure d'apporter des connaissances et une
compétence incontestables particulièrement
pour celles qui se posent en ce moment et
qui seront le sujet principal des conversa-
tions qu'il aura à Paris.
Nous avons indiqué, ici, peu après son
avènement comme président du Conseil,
les traits de la brillante personnalité de
M. Hodza. Sa carrière, si remarquable
qu'elle ait été, a toujours paru à ceux qui
le connaissent comme pouvant prendre un
essor plus grand encore que celui qu'elle
a eu jusqu'ici. Les circonstances qui le
portent au premier plan de la scène poli-
tique dans un moment où ses rares quali-
tés d'intelligence, de souplesse, de téna-
cité, trouvent un beau champ devant elles,
la manière dont il les a manifestées depuis
qu'il est à la tête du gouvernement de la
République, ne sont pas pour démentir
leurs prévisions. Ce Slovaque a une phy-
sionomie originale et exceptionnelle dans
le personnel de la politique tchécoslovaque.
II est en train d'y conquérir une situation
et une autorité dont on est en droit d'au-
gurer d'heureux résultats pour l'avenir de
son pays.
Il a, sur tous les problèmes qui se
posent, à l'heure actuelle, devant ce pays,
des idées fermes et nettes, où la largeur
de vues s'apparente avec la précision, où
l'imagination, qui les suggère, s'appuie sur
le sens aigu et l'observation des réalités.
On n'avait pas vu depuis longtemps un
chef de gouvernement arriver au pouvoir
avec un programme d'action aussi serré
et complet. Par son passé et les relations
qu'il a depuis longtemps dans les pays de
l'Europe centrale et orientale, M. Hodza
semblait préparé mieux que personne à
comprendre et à aborder toutes les ques-
tions d'ordre politique et économique qui
commandent aujourd'hui le problème de
l'indépendance de l'Autriche et celui de
la réalisation d'une organisation danu-
bienne.
Dans ses entretiens de Paris, M. Milan
Hodza mettra à profit et communiquera
les résultats de ceux qui ont eu lieu, à
Prague, lors de la visite du chancelier
Schuschnigg. Ces résultats, comme ceux
des conversations de Paris ont actuelle-
ment une portée psychologique qui peut
avoir une grande importance. C'est dans
l'ordre économique, en tendant à rappro-
cher, sur ce terrain, le groupement de la
Petite Entente de celui qui s'appuie sur
les protocoles de Rome de mars 1934.
qu'on s'est placé, à Prague, pour aborde:*
la question de l'Autriche et celle de !'or~
ganisation danubienne. M. Hodza a conçu
un projet qui créerait, à Vienne, un ins-
titut de centralisation des excédents agri-
coles des pays de l'Europe centrale et
orientale.
A-t-il tort de croire que cela est plus
important pour l'Autriche aujourd'hui que
les aspirations à une restauration des
Habsbourg, sur laquelle on s'est explique
nettement à Prague, comme on !'a fait
depuis à Londres et à Paris ? M. Mi!an
Hodza, qui se sera entretenu non seule-
ment avec des hommes politiques français,
mais avec ceux des pays de l'Europe cen-
trale et orientale qui sont encore nos hôtes
parmi lesquels est M. Titulesco doit
faire prochainement une visite à Vienne
pour rendre celle à Prague du chancelier
Schuschnigg. Est-il téméraire d'espérer,
qu'elle puisse faire avancer les questions
abordées et débattues à Paris ?
PIERRE DE QuiRIELLE.
-r.r-_
LES ~LECTYOA~ B.S'P~GA~OLRS'
!.apro~a~n!!ee!ectora!e
et !e souventf des trcubtes ëes Astuces
Notre correspondant nous mande
L'intense propagande électorale qui surexcite
les esprits en Espagne, occupe des centaines et
des centaines d'employés. Les droites n'ayant
pas réussi à faire adopter l'institution du car-
net électoral, véritable carte d'identité avec pho-
tographie et signalement de chaque électeur et
de chaque électrice, se sont rabattues sur un
fichier organisé pour chaque zone électorale. Les
bureaux, très nombreux, seront composés de
gens qui se Hattent de connaître à peu près in-
dividuellement les votants. De leur côté, les
gauches ont établi le recensement de leurs par-
tisans et ont envoyé des milliers de lettres pour
les toucher directement. Ils rappellent aux ou-
vriers leur devoir social et leur obligation de
parti. En outre, ils ont ouvert des souscriptions
et imposent en quelque sorte une contribution
sur la journée, ou la semaine, perçue par l'ou-
vrier ou l'employé. A côté de cette organisation
interne, une pu'blicité a été organisée par les
deux camps avec un sens de la propagande et
de la réclame qui feraient honneur à une bonne
maison commerciale. Les droites n'ont pas hé-
sité à payer des placards de publicité dans un
quotidien connu pour ses sympathies gauche-
républicaines. Enfin, les affiches remplacent la
propagande par radio, interdite par le gouverne-
ment.- Mais au lieu des habituelles déclarations
imprimées ou des attaques en phrases éloquen-
tes contre le parti adverse, ce ne sont que des
images violemment coloriées, agressives, mena-
çantes, et il faut le reconnaître, fort élcquen- j
tes. Le « caractère spectaculaire de ces ima-
ges parlantes a pour objectif l'attendrissement <
des masses, et en particulier des etectrices, pat
le rappel du nombre d'orphelins qu'a faits la
guerre sociale des Asturies, en octobre 1034.
Dans les provinces de l'est, c'est la gauche qui j
a pris cette initiative et, entre deux affiches d'un
grand film ou d'un Dr'jduit pharmaceutique, on<
voit deux pauvres enfants sans mère supplier
les électeurs et surtout les électrices de voter
pour les gauches, victimes de la répression'
bourgeoise. Dans d'autres régions, les droites
ayant été plus promptes, les troncs des arbres
sur les routes approchant des villages sont
gainées d'affiches montrant les malheureux
petits sans-père qui invitent les électrices à vo-
ter pour le parti de l'ordre afin d'éviter le retour
de pareilles tragédies. Les meetings ont pour
thème, à droite aussi bien qu'à gauche, les mas-
sacres des Asturies et des auditeurs qui ont
voulu suivre consciencieusement la campagne
électorale avouent avoir été tour à tour égale-
ment émus par les arguments opposés et par
l'interprétation contraire du même fait la ré-
volte des Asturies. Iront-ils appuyer le parti
des répub.icains-centre par égale répugnance
pour la révolution et la -répression militaire-?
On peut dire que les Asturies, plus que la ques-
tion agricole~ ou la question religieuse, oriente-
ront' les élections. On prévolt déjà un succès
pour les gauches en certaines parties de la Ca-
talogne, de l'Andalousie, de l'Aragon et à Oviedo,
naturellement. Au contraire, le régionalisme
basque qui est de droite en sa majorité, et celui
de la Galice, où M. Pûrtela. l'actuel président
du Conseil, a de si fortes positions, seront oppo-
sés aux progrès de l'extréme-gauehe.
Enfin, les préoccupations internationales, si
vives ailleurs en Europe, viennent de faire leur
entrée dans la campagne électorale. Mais les
élections demeurent un problème purement na-
tional et social daM les campagnes. Le fait it
que le président du Conseil appuie, en dernière
heure, les droites, est interprété chez les ru-
raux castillans comme une possibilité, un jour,
de plébiscite. Cependant, M. Gi' Robles a avoué
ses sympathies pour un programme centre-répu-
'bHcain.
ADOLPHE DE FALGAIROU.E.
Les listes en présence
Depuis hier, aucune candidature nouveHe
ne pourra être présentée pour le premier tour
des élections qui aura lieu dimanche prochain,
16 février. Les commissions provinciales du re~
censément électoral vont proclamer les candi-
datures valables. On sait que, pour êtreclarées candidat les personnes qui se présen-
tent doivent avoir été déjà député ou bien être
patronnées par deux anciens sénateurs ou deux
anciens députés ou par trois anciens membres
M la députation provinciale, ou, enfin, par dix
conseillers municipaux élus par é!ections popu-
laires.
A Madrid-capitale, trois listes sont en pré-
sence celle du Front populaire et celle du Front
antirévolutionnaire, qui sont toutes deux com-
plètes et comprennent 13 noms, et la liste fas-
ciste, qui comprend 4 noms, dont celui du chef
du parti de la <: Phalapge espagnole s-, M.
Primo de Rivera, fi}s
Deux grandes manifestations
électorales
L'Action populaire a tenu à Madrid le grand
meeting électoral qu'elle avait annoncé. Dix de
ses orateurs ont pris la parole, chacun' dans
une salle de théâtre ou de cinéma.
M. Gli RoMes, chef du -parti, a pris la pa-
role au Cinéma monumental, et son discours a
été transmis aux ncmf autres salles par télé-
phone et haut-'par!eurs.
L'annonce qu'un accord électoral était inter-
venu entre M. Porter Valladares, .président du
N« 41.–148" ANNEE
M8" ANNEE. ? 41
MARD!
11 FÉVP!'=:R 19~6
RÉBMÏ)METMO))))STMÏ)!7. RM des PrëtrM-St-Cerm.xn t'iNierro!!
pinis-fr
~<-fM6 ieMpy.DÉBATS -T.T.-PAR):
re/GUTENBERG 03.00 03.01-03.02
MARD!
11 FÉVR!ER 1936
mïBEL'ABOtXE~HT
Stneit 6maH
fmctetMMiet.. 30 fr. 54 fr. lOOff.
RraH!)er(Mr!m<:Ms-
Mmntrtdait). 45fr. 85fr.160!r.
îtf!tttger(!m.resp9y!) 62&. t1Sfr. 215ff.
ON S'~ttMM
iMOMMMMoontBïërës neM~.NFen
JMMAL DES BEBATS
D~ 11 Tt A t F C t~T 11 F T~F ? A tt! t<~
~~LiitMLRo M LniRKAin~O
LE! tMMCES Mai r~M' dirtctMeot~
SOMMAIRE
Leminis'ereettesëtECtiors.
JïcquBs Ba nwiHe. A. ALBERT-PETIT..
Ur point d'histoire. EDOUAKD KpAKOWSKi~ `~
6~ Jcur )<: Jcur. La jBe//e e< ~a Be/e.
JEAN REKOUARD.
Ls n! te ce )t. Hoffza à Paris. PjERRE DE
QCJRIELLE.
Les e fct cns espegnofes. f.a propogan~e
e/rc/oya/e e~ /e souuenfr des /o;tt)/M ~es
~S/U/ies. ADOLPHE DE FALGAIROLLE.
s' page
te Bi 'et de Théâtre. [)S}. O'NEVES.
3'page
tteuricns et sotennitêsf'u dimanche
RtyLE de recF!:rh!e –EnA/r;gHe/ranFa!'se.
G. GRANDIDIER.
ttubriS'pase
L'fc~s'i'e financière.– A.~EMs-!7nt's:~€H-
~a/ Ac/ e/ sf!nc~'ons. Socte~eGénep'a/e
dp ~f/~He. ~onM An~~ojoe. Bançue
dfs /?~/emenh f'n/er~atfonaua'. ~n/br-
ma<)ons.
Leni-i~re djes actions
Le cabinet Sarraut n'a d'autre
tache, si l'on en croit M. Boncour
qui a discouru hier sur ce sujet, que
de préparer les élections. C'est dire
à la fois trop peu et trop.
C'est trop peu parce que même si
les élections sont proches, le gouver-
nement a de sérieux devoirs. Les uns
sont financiers, les autres sont diplo-
matiques. On n'imagine pas un gou-
vernement se désintéressant, sous
des prétextes électoraux, du main-
tien du franc, des armements de
l'Allemagne, des négociations, en
cours et des moyens d'assurer la sé-
curité et la paix.
Il est vrai que le gouvernement,
en raison de sa composition même et
des conditions parlementaires où il
a été formé, est impuissant. Les
grands sujets lui sont défendus. Il
est né d'une intrigue qui était menée
par tous les adversaires du cabinet
Laval. Et il s'est hâté ensuite de pro-
clamer qu'il n'y avait rien de changé.
Il est par nature contradictoire. On
s'explique qu'il mette tous ses soins
à ne pas s'exprimer.
M. Boncour, tenu par la même né-
cessité, a dit le moins de choses pos-
sible. Il a annoncé aux électeurs de
Béziers qu'il ne fallait pas attendre
de grandes choses du cabinet Sar-
raut. Pas même un commencement
de réalisation des merveilles promi-
ses par les socialistes. On réformera
demain. Le <: plan )), le fameux plan
qui doit être une reconstruction poli-
tique, économique, civique, est pour
plus tard. La révolution, c'est le bon-
heur à terme.
Les révolutionnaires agissent donc
comme si les élections devaient leur
permettre la prise du pouvoir. Le
cabinet Sàrraut est destiné à assurer
<: dans des conditions favorables la
libre consultation du suffrage uni-
versel x-. Là, il nous semble que c'est
un peu trop. Libre consultation, c'est
naturel. ~Dans des conditions" favora-
bles ? L& formule est obscure. Est-ce
que, d'aventure, elle signifierait que
le cabinet Sarraut a pour mission
d'aider l'élection des candidats qui
faciliteront l'exécution du plan révo-
lutionnaire ?
N'insistons pas sur la libre consul-
tation. Cette liberté a pour limite
l'action des comités, les mots d'ordre
des loges, les interventions préfecto-
rales et tous les moyens dont dispose
le parti radical. Elle est donc toute
relative. Nous serions charmés d'ap-
prendre que M. Sarraut s'est appli-
qué à la rendre aussi grande que
possible, et que ses instructions aux
préfets sont animées d'un esprit que
le parti radical nous a rarement fait
connaître. Mais, enfin, nos illusions
sur ce sujet sont réduites.
Nous attendons au contraire avec
une certaine curiosité l'exposé géné-
ral que fera le président du Conseil
quand le moment sera venu. Théo-
riquement, un gouvernement doit
laisser les électeurs libres. Mais il
doit avoir une opinion sur les pro-
blèmes qui touchent la vie publique.
II la fait connaître. Il s'efforce de la
justifier.
Quelle est la politique de M. Sar-
raut ? Ou plus exactement quelle
politique peut avoir un gouverne-
ment où il y a des radicaux dont les
uns sont les alliés du socialisme, et
dont les autres font des combinaisons
électorales avec les communistes ?
M. Champetier de Ribes se déclare
prêt, avec un peu de hâte, à colla-
borer avec les radicaux. Nous avons
peine à croire qu'il s'engage à la
lég-ère, sans connaître les idées de
ses futurs amis. H sait leur secret.
C'est un privilège. Nous, n~us igno-
rons. Et nous posons des questions
précises. Les « plans sont à la
mode. Où est celui de M. Sarraut ?
est-ce celui de M. Boncour ? Celui
de M. Boncour est-il celui de M.
Chautemps ? Celui de M. Chau-
temps est-il ce]ui de M. Flandin ?
Et que conseille M. Guernut, au nom
des Droits de l'Homme ?
Un peu de lumière est souhaitable.
Puisque, après les élections, le front
révolutionnaire se propose de renou-
veler le monde, le gouvernement de-
vrait bien nous dire s'il est partisan
de ce renouvellement fêt en quoi il
consiste. Au cas contraire, il devrait
bien nous dire comment il conçoit
l'avenir et le travail de la prochaine
Chambre. La pire méthode serait le
silence officiel couvrant la prépara-
tion secrète de la révolution.
J~c
discours de réception à l'Académie fran-
çaise (7 novembre). Tout le monde sentait
ce jour là qu'il faisait, sans affectation,
avec le sourire, un effort stoïque. Cette
volonté discrète de mourir debout, la plu-
me.à la main, dans la satisfaction toujours
nouvelle du bon travail quotidien, M. Jac-
ques Bainville en donnait l'impression nul-
lement théâtrale, car les gros effets n'é-
taient ni de son style ni de sa vie. Le suc-
cès de ses livres a toujours été de bon
aloi. S'il avait été dû à sa réputation et
à ses amitiés de polémiste, il aurait été
éphémère. Il a au contraire grandi d'année
en année, de volume en volume. Il a été
à la fois foudroyant et soutenu, ce qui
s'associe rarement.
Sans doute, les spécialistes ont fait leurs
réserves. Condenser l'histoire de France
en quelques centaines de pages sans tom-
ber dans le manuel ou le tract électoral,
c'est un tour de force. C'en est un autre
de faire lire au grand .public avec charme
et profit un pareil abrégé. Cet abrégé n'a
nen de sec ni. d'abstrait. M n'a nen-non
plus de grandiloquent ou de romancé. il
suppose évidemment un lecteur ayant déjà
quelque idée des choses i) n'est pas à
l'usage des illettrés, c'est même pourquoi
il se garde de la littérature. L'école du
journalisme habitue à dégager l'essentiel
d'une question, ce qui est la première con-
dition pour un ouvrage d'ensemble. Le cri-
ble peut être truqué, le maniement peut en
être tendancieux. M":s, toute histoire gé-
nérale oblige à c'.uisir, et tout choix est
un risque. M. Bainville a sur beaucoup
de ses confrères en histoire au moins cet
avantage qu'H ne cache pas ses préféren-
ces, de sorte que le lecteur sait de quel
côté il doit exercer le contrôle d'une sage
critique.
H éclaire le passé par le rappel du pré-
sent. Ce n'est pas un procédé de tout repos,
mais il n'y a pas en histoire de procédé
de tout repos, sauf peut-être celui de se
réfugier dans la citadelle de l'ennui. Quand
les Germains sont chassés de Gaule par
l'empereur Probus, et font le désert der-
rière eux, ils coupent même les arbres
fruitiers. Comme en 1918, remarque M.
Bàinvitle. Le dauphin est coiffé par
Ëtienne Marcel desonchaperon aux cou-
leurs de Paris, comme Louis XVI d'un
bonnet phrygien lors de l'invasion des
Tuileries. Ces rapprochements ne faus-
sent ni les faits ni les idées. Us ne sont
pas du ton de l'Académie des Inscriptions;
ils sont du ton de l'Académie française.
Boissier et Jullian ont fait partie des deux.
Ce qui est incontesté, ce qui restera,
c'est la qualité de la langue. M. Bainville
a un style alerte, direct, dépouillé d'ori-
peaux. De même que le fond du récit est
allégé de tout le poids mort, la phrase est
débarrassée de toutes les fausses élégan-
ces, encombrant résidu des banalités de
la veille ou du jour. M a pu parler de Na-
poléon sans le draper dans l'apogée de
la troisième République, sans dresser un
réquisitoire. Le plaisir de comprendre et
d'expliquer est pour beaucoup, peut être
pour tout, dans la vocation historique de
M. Bainville. Lui-même te confesse dans
une de ses préfaces, mais. comme il n'est
pas de ceux qui se croient des lumières
surhumaines, il reconnaît que ce n'est pas
facile de le faire.
I! disparait au faîte de la célébrité, sans
avoir connu ou 'laissé voir même les pre-
mières atteintes de l'âge, car sa silhouette
élégante et fine était restée celle de la
jeunesse. On aimait à espérer qu'il met-
trait longtemps encore au service du pays
les ressources de sa parfaite connaissance
des affaires extérieures. Il est un de ceux
qui ont le plus efficacement contribué à
l'éducation du grand public et même des
dirigeants responsables en cette matière,
où l'ignorance et l'incuriosité sont le plus
redoutables. Ce n'est pas une de ces banà~-
lités dont il savait si bien se garder que
de déplorer la perte que les lettres fran-
çaises et l'intérêt français subissent en ce
jour.
A. ALBERT-PETIT.
Un pp!nt d'histoire
Les légendes sont toujours dangereuses.
Elles entretiennent généralement de longs
malentendus historiques d'où la vérité ne
peut émerger que lentement et dont le diffé-
rend favorise tous les genres de discorde. Cnt
avertissement pour me donner le droit d'in-
tervenir avec document à l'appui dans un
point d'histoire contemporaine qui ne me
paraît pas d'importance négligeable.
Les voyages en Europe du :maréchal Tou-
khatchevsky appellent l'attention publique
sur son rôle dans l'organisation de l'armée
soviétique et donnent par conséquent une
immédiate actualité aux souvenirs de la
guerre russo-polonaise de 1025.
Un récent ouvrage, 7"OM~/to
guement la part du maréchal dans les ba-
tailles de Pologne. II ne mériterait que l'inté-
rêt si l'on n'y rencontrait à la page 188 une
affirmation si osée qu'elle vaut d'être inté-
gralement citée
L'attention du général Weygand s'était
concentrée sur le secteur nord du front, près
de Varsovie. Ce fut lui qui, dans ses
< notes X', dénonça le danger à Pilsudski.
« Le plan du. maréchal Pilsudski est basé sur
une opinion erronée en ce qui cottcerhé la
concentration des armées rouges. A rencon-
tre du maréchal, j'ai toutes raisons de sup-
poser- qu'un tort contingent de troupes rouges
est massé quelque part, plus au nord d):
Boùg occidental. Pour le moment, je ne puis
encore indiquer sa position avec précision
rapportait le général Weygand a l'état-major
généra! polonais, avec lequel ses relation
étaient plutôt « froides
« La rapidité foudroyante avec laquelle les
armées rouges ont rompu le front polonais a
démoralisé les armées, mais elle ne saurait
nous affoler, nous. Le plan du maréchal Pil-
rudski est pour moi plutôt un acte de déses-
poir que le résultat d'une délibération mûre-
ment réfléchie retrouve-t-on encore dans
les « notes )> échangées avec les généraux.
L'affirmation est donc formelle il exista
des « notes du général Weygand dont
l'auteur du livre aurait eu connaissance, et.
comme semble le prouver son texte, qu'il au-
rait complètement utilisées. Or, ayant moi-
même composé diverses études concernant
"histoire de la Pologne, j'eus la curiosité de
connaître à mon tour directement l'original
de « notes x- aussi précieuses. Ne pouvant
parvenir à le découvrir, je m'adressai fina-
lement à leur illustre rédacteur, ou du moins,
à celui que l'ouvrage cité présentait comme
te! le général Weygand. Voici la lettre que
sa particulière obligeance me nt obtenir dans
Iç déisd l&p!.us i&pide~t dont le texte ~n'esi
pas moins digne d'être cité
Pon'.f. 16 /OMMO- J936.
Afo;fte«,r,
Je :H't?H;/)~.Me de fC~OKe~ à ~0~ ~f~
(f/ttde )M'6}M6aT~M~ ~o
/c M'ct ~(M y:t ~'ffe Mt
/M'MtC OC pas être foM~Mr des MOfM qui MC
.Mii~ O~ti&ffCM, que XWM Ct~~ eM~fC <~Mt~-
~M~<~ t/OM~ votre EH~ M~ ~~0)~K~
d'fttHeM~~ à aMCMM tKM /M~~)Hf~t<~ Kt de
MM ~H
~OMS ~OMf~ MN~M~H~MteK~ faire de cette
JfMafa~'OM l'usage ~!tt fOM~ paraîtra &vérité C/OM~ ~OM~OMfJ &OKMC à connaître ~K
Ma~to'c d'histoire.
~~tM~M agréer, MOM~tCM~ ~fC~tOM
ma COM~d~rf!hOM ys /'hM (ft~Mt~K~.
Signé WEYGAND.
L'histoire peut-elle être écrite à l'aide de
« notes attribuées à un chef de la célé-
brité et de la valeur du général Weygand et
que leur prétendu auteur déclare ne point
connaître ? J'en fais juge l'opinion publique
française, II faut donc espérer que ce malen-
tendu historique sera promptement dissipé et
que nous aurons de cette guerre russo-polo-
naise une version expurgée des trop nom-
breuses légendes qui semblent, depuis quel-
ques années, s'y être accumulées à plaisir.
EDOUARD KRAKOWSKI.
~M /0~ LE /0~
La BeMe et ia Bête
Au bord d'une source, une de ces sources
azurées du Midi, et qui paraissent des par-
celtes de ciet oubliées sur la terre, ta vie se
rassemblait; les nuages, le vot des oiseaux
s'y reflétaient; les arbres y doublaient ieurs
tamures; une ferme s'amusait à suivre, image
renversée, les méandres de sa fumée, parm'
tes herbes aquatiques. C'était ta que les bêtes
venaient boire. Ette alimentait un rustique
tavoir où les lavandières chantaient en battant
leur linge, tandis que les buttes de savon em-
portaient sur leur nacre éphémère ta minus-
cule vision du paysage ensoleillé.
Au crépuscule, elle continuait à briUer, pen-
dant que s'amassaient les ombres. On eût dit
que la lumière du jour, concentrée sur sa
surface, s'en échappait pour éctairer la nuit.
Dans te silence rendu plus sensible par son
murmure, une secrète existence alors se devi-
nait sortant d'on ne sait où, grisâtre et Bas-
que, un crapaud, péniblement, peureusement
se traînait. Lui aussi se dirigeait vers la
source visible dans les ténèbres. Se sachant
difforme, il choisissait l'heure de solitude.
propice à sa disgrâce. Emprisonné dans sa
'aideur il s'en attait vers la clarté. Sous ta
frémissante toiture d'une feuitte au ras du sot,
i) songeait à la méchante fée qui l'avait rendu
si misérable, ne tui laissant, par oubli san<
doute, que la splendeur mélancolique et dorée
de ses yeux. Dans te <:a!me de la nuit dont
nne imperceptible brise agitait à peine les
parfums, il attendait je ne sais quel miracle
cui ferait de lui un prince Charmant, et tui
donnerait sa part de bonheur constamment
refusée jusqu'ici; il attendait surtout, confu-
sément, une présence, -pas une présence hu-
maine bien sûr, i! en connaissait trop les dan-
~rs, mais surnaturette, capahie de !e voir sous
~t~f6rmë qu'it souhaitait, indulgente, devinant
sa petite âme éplorée si désireuse, elle aussi,
d'aimer et d'être aimée. D'ou viendrait cette
mystérieuse inconnue? Il t'ignorait. Appara!-
trait-eite 'brusquement devant lui, ou enten-
drait- son pas léger se rapprocher peu à peu?
Il savait seulement que, sans l'avoir jamais
vue, il la reconnaîtrait. Mais daignerait-eite se
montrer ?
Et voici que le ciel, le sommet des arbres
kntement blanchissaient, qu'une aube, en
pleine nuit se levait, que la ferme enveto'ppée.
embei!ie de brume lumineuse, surgissait ains'
qu'un château de féerie, qu'à chaque feuit'e
se suspendait une flammèche irisée, que le si)
se couvrait d'une irréette floraison, et qu'enfin
dans le rrrroir de ta source, éblouissante, sou-
riante, adorablement blonde, la lune rayonnai.
Alors dans cet épanouissement d'impatpabtes
htancheurs, sous les feuillages ruisselants
comme des écailles argentées, un chant bref
et timp'de s'élevait, gouttes de cristal mon-
tant, se perdant, s'évaporant avec la rosée a
travers l'espace. La pauvre bête reconnaissait
sa Be!!e et lui parlait.
f JEAN RENOUARD.
Le confia itato éthiopien
~Le bombardement de Dessié
On mande de Dessié à l'agence Reuter
A l'exception des soldats de la garde im-
périale, il n'y avait plus à Dessié aucun habi-
tant lorsque a commencé le bombardement la
population avait reçu l'ordre de gagner la
campagne, et, dans la crainte d'un bombar-
dement à gaz, les indigènes s'étaient, pour
la plupart, munis d'étoffes et de couvertures
mouillées qui devaient leur servir de masques
de fortune..
Le correspondant de l'agence Reuter à
Dessié fait du bombardement le récit -sui-
vant:
En compagnie d'un groupe où se trou-
vaient des journalistes. d'es attachés militaires et
des missionnaires, j'ai pu voir tout d'abord
les avions italiens survoler tranquillement
Dessié tout en lançant leurs bombes d'une
façon ininterrompue.
De tous côtés, nous entendions de violen-
tes détonations et nous voyions s'élever des
colonnes de fumée. Une bombe incendiaire
tomba au sommet d'une colline voisine et aus-
sitôt de longues flammes s'élevèrent.
Dans la vallée, il semblait que la ville en-
tière était en flammes. L'alarme avait été
donnée avant le raid sur la ville. Trois avions
étaient, en effet, apparus les premiers et
s'étaient contentés de survoler les collines
des environs, non sans lancer sur les villages
une grande quantité d'explosifs et de bombes
incendiaires.~ Un peu plus tard. quatre au-
tres appareils les rejoignaient et les sept
a~rMtus commençaient à bombarder Dessié.
:Leur travail terminé. les appareils qui
s'éloignaient .sont encore revenus bombarder
l'aérodrome où ,ils avaient sans doute aperçu
les deux appareils éthiopiens sur le terrain.
On ne signale .pas de victimes à Dessié
même. On attend .les nouvelles des villages
des. environs.
Les départs pour l'Afrique orientale
On télégraphie de Naptes
Le vapeur 4 Conte-Rosso est parti pour
l'Afrique orientale, ayant à bord 109 officier'
62 sous-officiers, 1.700 hommes et du maté-
riel.
Le <: Délia a également levé l'ancré ayant
à bord du matériel.
-«Bf–
Le programme de réarmement anglais
Même dans les milieux où la nécessité du ré-
armement britannique est le moins discutée ce
n'est pas sans une certaine appréhension que !'on
envisage l'étendfue des crédits
H S'agit d'une demande formIdaMe. 'écrit le
7'H
gent avancé est bien utilisé, et non .pas employé
à de~ moyens de défense ayant une valeur dou-
teuse dans les conditions modernes.
.E~ !e 7'wtf.f ne d'issimute pas qu'à son-avis
l'aviation constitue le moins contestable de ces
moyens de d-éfense. Il déconseille, par contre,
d employer les crédits à une <: eu.ropéanisation »
d~ t'armée anglaise.
A moins que nos forces de campagne, ajoute-
t; .il, ne puissent arriver sur le théâtre de~ opéra-
tions dès les premières phases des hostilités
et est difficile de concevoir comment ce pour-
rait être 'le cas puisqu'il leur faut traverser la
mer, notre appui pourrait être donné avec
.plus de profit sous forme d*une contribution
prcportionnetlement pitts forte dans ]e domaine
aérien. Cela sera mieux apprécié M'étranger une
fois que les données du problème seront bien
saisies.
De même, dans le domaine naval, le 7'Mt~.t
recommande une grande prudence.
N oublions pas, dit-il, qu'il y a vingt ans. l'ai-
taque sous-marine sur nos routes commerciales
a failli nous conduire au désastre, maisré la
suprématie incontestée de notre Hotte de 'ba.taili~.
S: nous sommes disposés à l'oublier, d'autres
puissances ne le sont pas. Et ce serait folie que
de fermer les yeux sur le fait qu'elles comptent
sur l'aviation et sur des bâtiments de surface
rapides pour battre les records établis par tes
sous-marins dans l'attaque directe des services
maritimes. Le ~problème est extrêmement com-
plexe. A défaut de meilleur argument, on fi;~
tend souvent dire que. du moment que les autres
pays annoncent leur intention de construire (ie
grosses unités de'combat, nous n'avons qu'à en
faire autant. Q'est éluder la véritable question:
car nous pouvons simplement faire le jeu des
autres en leur permettant, moyennant un cer-
tam prix.-de nous inciter à consacrer une pro-
portion beaucoup trop élevée de nos diépei~es
à des fins qu'ils considèrent en leur for inté-
rieur comme absolument étrangères à la ques-
tion essentielle.
Rébellion d'un générai au Mexique. Des
dépêches venues de Puebla annoncent que le
général Juan Cardona, député, est recherché
pour t'assassinât du maire de Huanchinango;
s'insurgeant contre le gouvernement, il au-
rait saf;né la montagne à la tête de deux
cents rebelles. M. Cardona a été déchu de ses
prérogatives parlementaires et de son Krade.
Manifestation franco-belge. L'Associa-
tion pour la culture et l'extension de la lan-
f~ue française, fondée à Arion en !o:o. a fêté
hier son vin~t-cinquiême anniversaire, en
présence de M. Laroche, ambassadeur de
France, du Rouverneur de !a province et de
~nombreuses personnaiités.
Manifestatt'on dispersée en Syrie. A Tri-
poli-de-Syrie, des manifestants, au nombre
d'un millier, ont été facilement dispersés par
les troupes. Dans cette ville, ainsi qu'à Lat-
taquié et partiellement à AIep. les souks sont
ferm,és.
La vïsite de M. Hodza à Paris
M. Milan Hodza, président du Conseil
de Tchécoslovaquie, est arrivé, hier, à
Paris, pour participer à l'hommage au
Président Masaryk qui sera rendu, ce soir,
dans une réunion solennelle, à la Sorbonne,
où il doit prendre la parole. Cette visite
lui permet d'avoir avec les dirigeants de
la politique française des conversations
qui sont une prolongation naturelle de
celles qui ont eu lieu ces jours-ci qui por-
taient principalement sur l'indépendance
de l'Autriche et l'organisation danubienne.
Ce sont des questions auxquelles la Tché-
coslovaquie est particulièrement intéressée
et où elie a un rôle de premier plan. Les
conversations de Paris sur ce sujet se sont
trouvées en quelque sorte amorcées par
celles qui s'étaient tenues, à Prague, il y
a quelques semaines, lors de la récente
visite du chancelier Schuschnigg.
La situation présente de la Tchécoslo-
vaquie, la situation personnelle de M.
Hodza et sa compétence lui donnent une
autorité particulière pour traiter de telles
questions. Deux événements viennent .de
se produire dans la politique tchecoslova*
que. L'un est la d'émission du Président
Masaryk et les débuts de la présidence de
M. Benès, marqués à la fois par le carac-
tère de la continuité de la politique tracée
et fixée pour l'Etat tchécoslovaque, par
son Illustre et glorieux fondateur et par
les manifestations d'une nouvelle activité
dans tous les domaines où cette politique
doit s'exercer.
L'autre est l'arrivée au pouvoir, coïnci-
dant avec ces débuts de la présidence de
M. Benès, d'un homme tel que M. Hodzn,
la position et l'autorité qu'il a affirmées
depuis un peu plus de trois mois qu'il est
chef du gouvernement. Il le devenait à
la veille de la démission du Président Ma-
saryk et de l'élection de M. Benès à la
présidence de la République. On peut dire
que c'est pour une très grande part à son
attitude et à son rôle dans des conjonc-
tures délicates et difficiles qu'a été dû le
caractère triomphal et de magnifique union
nationale qu'a pris cette élection.
Depuis l'élection de M. Benès à la pré-
sidence de la République, le 18 décembre,
il exerce~ avec les fonctions de président
du'Conseil,'celles de ministre des affaires
étrangères, remplies pendant plus de seize
ans sans interruption par le nouveau chef
de l'Etat. Il a déclaré, à plusieurs reprises,
qu'il ne pouvait les conserver, qu'il s'agis-
sait d'une gestion provisoire imposée par
les circonstances. Mais si la désignation
du successeur définitif de M. Benès doit
être faite prochainement, on peut être
assuré que M. Hodza continuera de sui-
vre de près, comme chef du gouvernement.
beaucoup plus que ne faisaient ses prédé-
cesseurs, les questions de la politique
étrangère, pour lesquelles il a toujours eu
un goût très vif, auxquelles il est en me-
sure d'apporter des connaissances et une
compétence incontestables particulièrement
pour celles qui se posent en ce moment et
qui seront le sujet principal des conversa-
tions qu'il aura à Paris.
Nous avons indiqué, ici, peu après son
avènement comme président du Conseil,
les traits de la brillante personnalité de
M. Hodza. Sa carrière, si remarquable
qu'elle ait été, a toujours paru à ceux qui
le connaissent comme pouvant prendre un
essor plus grand encore que celui qu'elle
a eu jusqu'ici. Les circonstances qui le
portent au premier plan de la scène poli-
tique dans un moment où ses rares quali-
tés d'intelligence, de souplesse, de téna-
cité, trouvent un beau champ devant elles,
la manière dont il les a manifestées depuis
qu'il est à la tête du gouvernement de la
République, ne sont pas pour démentir
leurs prévisions. Ce Slovaque a une phy-
sionomie originale et exceptionnelle dans
le personnel de la politique tchécoslovaque.
II est en train d'y conquérir une situation
et une autorité dont on est en droit d'au-
gurer d'heureux résultats pour l'avenir de
son pays.
Il a, sur tous les problèmes qui se
posent, à l'heure actuelle, devant ce pays,
des idées fermes et nettes, où la largeur
de vues s'apparente avec la précision, où
l'imagination, qui les suggère, s'appuie sur
le sens aigu et l'observation des réalités.
On n'avait pas vu depuis longtemps un
chef de gouvernement arriver au pouvoir
avec un programme d'action aussi serré
et complet. Par son passé et les relations
qu'il a depuis longtemps dans les pays de
l'Europe centrale et orientale, M. Hodza
semblait préparé mieux que personne à
comprendre et à aborder toutes les ques-
tions d'ordre politique et économique qui
commandent aujourd'hui le problème de
l'indépendance de l'Autriche et celui de
la réalisation d'une organisation danu-
bienne.
Dans ses entretiens de Paris, M. Milan
Hodza mettra à profit et communiquera
les résultats de ceux qui ont eu lieu, à
Prague, lors de la visite du chancelier
Schuschnigg. Ces résultats, comme ceux
des conversations de Paris ont actuelle-
ment une portée psychologique qui peut
avoir une grande importance. C'est dans
l'ordre économique, en tendant à rappro-
cher, sur ce terrain, le groupement de la
Petite Entente de celui qui s'appuie sur
les protocoles de Rome de mars 1934.
qu'on s'est placé, à Prague, pour aborde:*
la question de l'Autriche et celle de !'or~
ganisation danubienne. M. Hodza a conçu
un projet qui créerait, à Vienne, un ins-
titut de centralisation des excédents agri-
coles des pays de l'Europe centrale et
orientale.
A-t-il tort de croire que cela est plus
important pour l'Autriche aujourd'hui que
les aspirations à une restauration des
Habsbourg, sur laquelle on s'est explique
nettement à Prague, comme on !'a fait
depuis à Londres et à Paris ? M. Mi!an
Hodza, qui se sera entretenu non seule-
ment avec des hommes politiques français,
mais avec ceux des pays de l'Europe cen-
trale et orientale qui sont encore nos hôtes
parmi lesquels est M. Titulesco doit
faire prochainement une visite à Vienne
pour rendre celle à Prague du chancelier
Schuschnigg. Est-il téméraire d'espérer,
qu'elle puisse faire avancer les questions
abordées et débattues à Paris ?
PIERRE DE QuiRIELLE.
-r.r-_
LES ~LECTYOA~ B.S'P~GA~OLRS'
!.apro~a~n!!ee!ectora!e
et !e souventf des trcubtes ëes Astuces
Notre correspondant nous mande
L'intense propagande électorale qui surexcite
les esprits en Espagne, occupe des centaines et
des centaines d'employés. Les droites n'ayant
pas réussi à faire adopter l'institution du car-
net électoral, véritable carte d'identité avec pho-
tographie et signalement de chaque électeur et
de chaque électrice, se sont rabattues sur un
fichier organisé pour chaque zone électorale. Les
bureaux, très nombreux, seront composés de
gens qui se Hattent de connaître à peu près in-
dividuellement les votants. De leur côté, les
gauches ont établi le recensement de leurs par-
tisans et ont envoyé des milliers de lettres pour
les toucher directement. Ils rappellent aux ou-
vriers leur devoir social et leur obligation de
parti. En outre, ils ont ouvert des souscriptions
et imposent en quelque sorte une contribution
sur la journée, ou la semaine, perçue par l'ou-
vrier ou l'employé. A côté de cette organisation
interne, une pu'blicité a été organisée par les
deux camps avec un sens de la propagande et
de la réclame qui feraient honneur à une bonne
maison commerciale. Les droites n'ont pas hé-
sité à payer des placards de publicité dans un
quotidien connu pour ses sympathies gauche-
républicaines. Enfin, les affiches remplacent la
propagande par radio, interdite par le gouverne-
ment.- Mais au lieu des habituelles déclarations
imprimées ou des attaques en phrases éloquen-
tes contre le parti adverse, ce ne sont que des
images violemment coloriées, agressives, mena-
çantes, et il faut le reconnaître, fort élcquen- j
tes. Le « caractère spectaculaire de ces ima-
ges parlantes a pour objectif l'attendrissement <
des masses, et en particulier des etectrices, pat
le rappel du nombre d'orphelins qu'a faits la
guerre sociale des Asturies, en octobre 1034.
Dans les provinces de l'est, c'est la gauche qui j
a pris cette initiative et, entre deux affiches d'un
grand film ou d'un Dr'jduit pharmaceutique, on<
voit deux pauvres enfants sans mère supplier
les électeurs et surtout les électrices de voter
pour les gauches, victimes de la répression'
bourgeoise. Dans d'autres régions, les droites
ayant été plus promptes, les troncs des arbres
sur les routes approchant des villages sont
gainées d'affiches montrant les malheureux
petits sans-père qui invitent les électrices à vo-
ter pour le parti de l'ordre afin d'éviter le retour
de pareilles tragédies. Les meetings ont pour
thème, à droite aussi bien qu'à gauche, les mas-
sacres des Asturies et des auditeurs qui ont
voulu suivre consciencieusement la campagne
électorale avouent avoir été tour à tour égale-
ment émus par les arguments opposés et par
l'interprétation contraire du même fait la ré-
volte des Asturies. Iront-ils appuyer le parti
des répub.icains-centre par égale répugnance
pour la révolution et la -répression militaire-?
On peut dire que les Asturies, plus que la ques-
tion agricole~ ou la question religieuse, oriente-
ront' les élections. On prévolt déjà un succès
pour les gauches en certaines parties de la Ca-
talogne, de l'Andalousie, de l'Aragon et à Oviedo,
naturellement. Au contraire, le régionalisme
basque qui est de droite en sa majorité, et celui
de la Galice, où M. Pûrtela. l'actuel président
du Conseil, a de si fortes positions, seront oppo-
sés aux progrès de l'extréme-gauehe.
Enfin, les préoccupations internationales, si
vives ailleurs en Europe, viennent de faire leur
entrée dans la campagne électorale. Mais les
élections demeurent un problème purement na-
tional et social daM les campagnes. Le fait it
que le président du Conseil appuie, en dernière
heure, les droites, est interprété chez les ru-
raux castillans comme une possibilité, un jour,
de plébiscite. Cependant, M. Gi' Robles a avoué
ses sympathies pour un programme centre-répu-
'bHcain.
ADOLPHE DE FALGAIROU.E.
Les listes en présence
Depuis hier, aucune candidature nouveHe
ne pourra être présentée pour le premier tour
des élections qui aura lieu dimanche prochain,
16 février. Les commissions provinciales du re~
censément électoral vont proclamer les candi-
datures valables. On sait que, pour être
tent doivent avoir été déjà député ou bien être
patronnées par deux anciens sénateurs ou deux
anciens députés ou par trois anciens membres
M la députation provinciale, ou, enfin, par dix
conseillers municipaux élus par é!ections popu-
laires.
A Madrid-capitale, trois listes sont en pré-
sence celle du Front populaire et celle du Front
antirévolutionnaire, qui sont toutes deux com-
plètes et comprennent 13 noms, et la liste fas-
ciste, qui comprend 4 noms, dont celui du chef
du parti de la <: Phalapge espagnole s-, M.
Primo de Rivera, fi}s
Deux grandes manifestations
électorales
L'Action populaire a tenu à Madrid le grand
meeting électoral qu'elle avait annoncé. Dix de
ses orateurs ont pris la parole, chacun' dans
une salle de théâtre ou de cinéma.
M. Gli RoMes, chef du -parti, a pris la pa-
role au Cinéma monumental, et son discours a
été transmis aux ncmf autres salles par télé-
phone et haut-'par!eurs.
L'annonce qu'un accord électoral était inter-
venu entre M. Porter Valladares, .président du
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 80.52%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 80.52%.
- Collections numériques similaires Collections de l’École nationale des ponts et chaussées Collections de l’École nationale des ponts et chaussées /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPC000"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k508316r/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k508316r/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k508316r/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k508316r/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k508316r
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k508316r
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k508316r/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest