Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1936-02-10
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Description : 10 février 1936 10 février 1936
Description : 1936/02/10 (Numéro 40). 1936/02/10 (Numéro 40).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2008
3O centimes le Naméro DANS T&UTE Lft^TRANCE "Le Numéro 3Q centimes
N» 40. 148e ANNEE
148e ANNEE. N° 40
LUNDI
10 FÉVRIER 1836
JOURNAL SES DEBATS
LUNDI °
10 FÉVRIER 1938
RÉQACTIOl ET 1DRIRI8TRATI0I
Î7. Rae des Prèlrès-Sl-Gerimiin rAuxerrois
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POLITIQUES ËV LITTERAIRES
-• SOMMAIRE ^j-
Propos électoraux. v<
Ceux qu'ilne faut pas oublier. ,tr
Au Jour le Jour. La commémoration d'Ho-
race en Sorbonne. Gaétan San voisin.
La Grande-Bretagne et le prob erre de la défense
impériale.– Gérard Boctelleào. « 7*
Le bilan des négociations de Paris. La You-
goslavie et la question d'Autriche. Al- (
BERT MOUSSET.
a' page
Roivei'es de l'Etranger. '°
Les Echos de partout. 't'–
3' page -t. [
te mandat législatif do six sns. r
Revue te la presse.
La Semait e dramatique. ANDRÉ BELLESSORT.
f page
Courrier des spectacles.
Le Bi.iet de Théâtre. [14]. O-Neves.
5* oage
Bevi'e firarc^re. E. P. ̃ •
If Sen Eire-finsncière. D.
Revue de la Bourse.. >,
PROPOS ELECTORAUX
les électeurs penseront peut-être,
le taoment venu, à interroge» les Can-
didats sur les problèmes qui comp-
tent maintien de la paix, maintien
du franc, nécessité de s'armer. Ce
n'est pas sur ces sujets que méditent
principalement les élus de la Cham-
bre. Toute l'attention est réservée
aux combinaisons de l'arrondisse-
ment.
Que feront les radicaux ? Ils
l'ont dit. Ils seront, ils sont déjà
affiliés au Front populaire. La
campagne contre M. Laval n'a pas eu
d'autre cause. M. Laval n'était pas
front populaire. M. Sarraut, flanqué
de M". Chautemps et de M. Boncour,
l'est. Les socialistes ont tout de suite
compris. Ils ont protesté pour la
forme contre la présence de minis-
tres non radicaux, sachant bien, au
fond du cœur, qu'elle était sans im-
portance. M. Blum, après avoir con-
sidéré les comparses, écrivait avec
une {rai&<^«-»Tamabilité « .Que la
réaction se débrouille avec ses traî-
tres. >> Lui, il se débrouillait tout de
suite avec ses serviteurs et employés.
Le cabinet Sarraut-Chautemps-Flan-
din-Boncour a reçu, dès le début, le
certificat des socialistes.
Tout a donc commencé facilement
à la Chambre. Le Cabinet de front
commun a eu la majorité grâce aux
voix socialistes et aux abstentions
communistes. M. Herriot pouvait être
content de son œuvre. M. Blum et
M. Péri la considéraient en protec-
teurs avec un affectueux mépris.
L'extrême-gauche acceptait tout. Elle
admettait la politique financière de
M. Régnier, qu'elle condamnait la
veille. Elle aimait le général Maurin
et M. de Chappedelaine. Elle souf-
frait que M. Zay, converti, proclamât
•son .respect du drapeau- Elle aurait
trouvé du génie à M. Guernut par
amour de l'Ethiopie.
Ce bonheur a peu duré. Un jour,
quelques candidats curieux se sont
demandé comment serait réglé le jeu
de l'arrondissement au second tour.
Jadis, c'était simple entre le radi-
cal et le révolutionnaire qui cou-
raient ensemble au premier tour, on
choisissait pour l'épreuve définitive
le candidat qui avait le plus de voix.
Mais que ferait-on, désormais, puis-
qu'on était trois ? Le Front révolu-
tionnaire étend sa protection au pre-
mier tour sur le socialiste, le commu-
niste et le radical. Qui choisira-t-il
ensuite ?
Tandis que les socialistes réfléchis-
saient sur le sujet, ils se sont aperçu
que les radicaux, qui ont plus d'un
tour dans leur sac, faisaient des
avances en secret aux communistes,
qui se montraient assez accueillants.
Ce petit accord particulier entre les
radicaux et les bolchevistes était, se-
lon les projets primitifs, plein d'agré-
ment. Pour faire plaisir à Moscou,
les radicaux devaient s'engager à
fond dans le pacte soviétique, et ou-
tre, l'alliance militaire, fournir un
peu d'argent sous forme d'un em-
prunt qui leur coûte si peu. Les com-
munistes, reconnaissants, devaient
fàciliter aux élections le succès des
radicaux aux dépens des socialistes.
Dans cette opération, les socialistes
risquaient de perdre une vingtaine
de sièges. On s'en Consolait rue de
Valois. On s'en consolait à Moscou.
Lès socialistes se sont aperçus de
cette aimable entreprise. Ils sont en
train de la faire payer à la fois aux»
radicaux et aux communistes. Pour
avertir les radicaux, ̃* se sont dé-
couvert un zèle nouveau pour la re-
présentation proportionnelle. Pour
avertir les commtiïùstes* îls: font des*1
p^jectïons au pacte soviétique^ à l'al-
liance militaire et aux commandes
d'armement. G'est ce qui se dit cou-
ramment. Et c'est ce qui explique les
flottements peu compréhensibles du
'débat sur la réforme électorale.
On remarquera que, dans toute
cette affaire, il n'est question que de
'réélection. Sur le programme, on ne
discute pas. Tout est à la révolution,
et le seul doute est de savoir si on
sera plus ou moins ouvertement ré-
volutionnaire. Telle est la philoso-
phie électorale voulue par M. Blum
et M. Péri, acceptée par M. Herriot,
subie par M. Sarraut. Est-ce que tous
les radicaux sont désormais asservis? 1
Ou reste-t-il encore des radicaux in-
dépendants qui ne veulent pas être
prisonniers du front révolutionnaire ?
Ceux qu'il ne faut pas oublier i
̃̃̃̃ • •' e
Au moment où l'on célèbre à Dakar avec c
piété 3e souvenir des i grahds .cçJKJiiqtèérs p
d'hommes et des admirables soldats qui sonl jj
morts sur la terre d'Afrique, on ne pe\ït
s'empêcher de rappeler certains noms que la
mémoire populaire n'a pas gardés comme elle r
l'aurait dû. Sur les piliers de la cathédrale i
sont inscrits, en effet, des noms également
glorieux. Mais il y en a de célèbres, il y en a t
d'oubliés. Parmi ces derniers, nous voudrions f
évoquer le souvenir du capitaine Louis f
Hugot, mort en 1897, à qui le Journal des e
Débats, à cette date, ainsi que notre regretté
amj A. Perrier, dans le bulletin de l'Afrique 1
française, rendirent un juste hommage.
La courte carrière de Louis Hugot (il »
mourut à trente-trois ans) s'écoula presque i
entièrement dans nos possessions du Soudan. 1
C'est lui qui prépara, par des combats ré-
pétés, la défaite définitive du grand conqué-
rant Samory, notre terrible adversaire. La 1
victoire éclatante qu'il remporta le 23 avril 1
Ï897 à Alansard eut un retentissement consi- t
dérable dans tout le Soudan et elle nous donna c
la maîtrise de territoires considérables, i
extrêmement riches, formant la boucle de la ]
Volta. •̃ <
Nommé résident de France, dans le Gou-
rounsi, il fut chargé' d'assurer notre occupa-
tion effective du pays. Mais l'effort incessant j
d'organisation politique et de direction mili-
tair«v; ait moment le:a^li^iidangeMàix.:jie Jiixi»-, -•?
"vërnaige, Ta vait épuisé; et le jeune officier 1
succombait bientôt au commencement d'une
carrière déjà admirable. Le général Gouraud, <
qui continua l'œuvre entreprise par le capi- ~1
taine Hugot et assura le triomphe de la poli-
tique du grand Archimbaud, a toujours parlé
avec reconnaissance de son prédécesseur.
C'est un témoignage précieux qui ne peut
être plus honorable pour une mémoire digne ]
d'être entretenue. i
Bien d'autres souvenirs mériteraient d'être
rappelés. La fameuse mission. du comman-
dant Hourst est aujourd'hui oubliée par trop
d'esprits même instruits. Il serait juste de
remettre en mémoire tout ce qui fut dépensé
d'héroïsme, de patience, d'ingéniosité dans
cette entreprise étonnante. Le commandant
Hourst, en octobre 1893, avait obtenu du
ministère des colonies l'autorisation de redes-
cendre le Niger sur un chaland en aluminium
construit selon ses plans. La « mission hy-
drographique du Niger » parvint, après
d'extraordinaires exploits, au delà de Zinder,
jusqu'à Say. Mis en demeure par la popula-
tion de quitter cette ville, le commandant
Hourst, conformément à ses instructions,
s'installa dans une île du fleuve qu'il fortifia
et où il demeura cinq mois. La mission put
descendre, par la suite, jusqu'à l' embouchure
du Niger, tenant à affirmer que la navigation
était libre dans toute son étendue et que
l'Angleterre n'avait pas de droit particulier
sur le fleuve. Cette manifestation de courage
et d'intelligence est un des plus hauts faits
de notre histoire coloniale. Il est triste que
nous n'ayons pas davantage souci de ce qui
peut être un souvenir exemplaire -pour les
jeunes générations. ,• ̃̃"̃̃ ̃̃ •
la présidence de l' Entente balkanique r
Hier soir, au cours d'un banquet amical à £
l'ambassade de Turquie, qui a réuni tous les
ministres de l'Entente balkanique et de la. Pe- I
tite-Entente, M. Titulesco, ministre des affaires
étrangères de Roumanie, a transmis ses pou- t
voirs de président de l'Entente balkanique à r
M. Rustu Aras, ministre des affaires étran- c
gères de Turquie, suivant les règles établies j
par les statuts de l'Entente balkanique. 1
L'ATTENTAT DE DAVOS
Un service funèbre à la mémoire de M.
Wilhelm Gustloff a été célébré, hier soir, en
l'église allemande de Davos. De nombreuses
couronnes avaient été offertes par les asso-
ciations nationales-socialistes allemandes et
par le chancelier du Reich, son suppléant
Rudolf Hess et M. de Ribbentrop, ambassa-
deur extraordinaire du Reich.,
Seules, les personnes en possession d'une
carte étaient admises au service. Le baron
de Weizsacker, ministre d'Allemagne à Berne,
le préfet Bohle, représentant les organisa-
tions allemandes de l'étranger, la plupart des
consuls allemands en Suisse, etc. étaient pré-
sents à la cérémonie.
Le préfet Bohle a pris la, parole après le
sermon et parlé de l'actiité de Gustloff au
service du national-socialisme. Il a appelé
Gustloff « martyr de l'organisation nationale-
socialiste à l'étranger », dont l'œuvre, a-t-il
ajouté, plus que jamais doit être .poursuivie.
Chute d'un avion aux Indes. Un avion
qui faisait partie d'une escadrille en manœ-
vre, à 100 kilomètres de la ville de Cawo-
pore, s'est abattu hier matin. Le pilote. Al
fred C. Doublas, a été tué et son passaget
blessé.
LE,- a
1
La commémoration d'Horace en ?St)rbonns- 1
L'autre soir, en Sorbonne, plusieurs t
personnalités connues pour leur fidélité â
la culture" et à 'l'esprit classique ècri-/ 1
vains, membres de l'Institut étaient réu- (
nis auteur de l'ambassadeur d'Italie pour 1
fêter « le bi-millénaire d'Horace ». Les
plus attentifs biographes de celui qui fut 1
d'abord l'élève de Philostrate puis le com-
pagnon de camp de Brutus s'accordent v
à placer la date de sa naissance au 8 dé-
cembre 65 avant Jésus-Christ et la date
de sa mort au 27 novembre de l'an 8
avant l'ère chrétienne. Dans ces condi-
tions ceux qui, à propos de cette solen-
nité, ont parlé du bi-millénaire de la mort
du poète, ont erré il s'agissait de la
commémoration, tardive d'un peu plus
d'un mois, de sa naissance. Une discré-
tion quasi unanime a d'ailleurs entouré
la cérémonie de l'amphithéâtre Richelieu
et rien ne saurait mieux donner là mesure
du prix qu'attache désormais le grand
publie âa^ plus haàts-liéfiitâgès de ï'hu-
manisme^
Àû "reste, ce genre de tribut intellectuel
n'eut-il pas toujours le même sort, et la
flamme du génie éteinte aurait-elle sur-
vécue si, miraculeusement, quelque moine
traducteur, quelque original de la médi-
tation, quelque mainteneur de la pensée
formulée n'avaient, sous l'anonymat, con-
servé, préservé, enseigné et transmis les
leçons du vieil âge, et jusqu'à ces tra-
ditions orales où nous ne distinguons plus,
tour à tour, que 'la sérénité et le désen-
chantement des lointaines expériences de
l'univers ?
On ne lit plus Horace, on n'ose même
plus le citer par crainte d'être accusé de
recourir aux feuillets rosés du petit La-
rousse, on croit généralement ou pres-
que que tout est ignoré de sa vie. Les
scrupuleux savent encore, toutefois, que
la Grande Encyclopédie contient sur lui
quatre colonnes, et les hommes; nés entre
1880-1900 ne dédaignent pas toujours de
se reporter aux pages' de Gaston Boissier
lorsqu'elles leur rappellent une jeunesse e
;S_tiidi§u_se__récompensée par les. in.rî.6;. à'
tranchés dorées, à couverture roygej « aux
armes ». des distributions de prix, qui
avaient pour auteur l'ancien secrétaire;
perpétuel de l'Académie française.
II fut un temps où les pauvres d'Horace
étaient une nourriture mêlée aux aliments
moraux de la vie quotidienne. Une com-
paraison magnifique lui est due celle
qu'il fit de l'avenir, ou des événements
La Grande-Bretagne
et le problème de la défense impériale
.<̃ [DE NOTRE CORRESPONDANT]
Londres, le 7 février. Y a-t-il une poli-
tique extérieure commune à l'Empire britan-
nique? r:
Lorsqu'on pose cette question, les uns sou-
rient et répondent que le Canada est bien
peu soucieux de la sécurité de l'Australie et
que, si l'Egypte était attaquée demain, .^Afri-
que du Sud ne saurait apporter le moindre
appui. Un observateur plus attentif remar-
quera qu'à la Conférence navale, en face de
la France et de l'Italie, siègent les représen-
tants de l'Inde, qui n'a pas un bateau, et du
Canada, et que même l'Australie, qui ne pos-
sède pas deux vaisseaux de guerre, prend
régulièrement la parole. Cet exemple est
symbolique. 11 montre bien qu'en ;d'importan-
tes' • occasions l'Angleterre est toujours en-
tourée et soutenue par les membres de la
famille impériale. Ce sens de la communauté
impériale ne se manifeste pas seulement sut
un plan matériel et précis d'intérêts écono-
miques. Devant tout problème essentiel, ces
Etats, souvent jaloux les. uns des autres, qui
s'irritent parfois, se froissent soudainement,
font taire leur égoï&me national et s'unissent
pour une politique commune.
Le règne du roi George V a «té caracté-,
risé cependant par l'émancipation des -Domi-
nions. Est-ce que cette émancipation va s'ac-
centuer ? se demanda longtemps l'Angleterre.
Aujourd'hui nous assistons, au contraire, à
un regroupement des forces impériales.
L'union de l'Empire n'est plus seulement
symbolique. La crise mondiale, mais surtout
une crainte semblable de l'Allemagne et du
Japon, a rapproché les Dominions, qui
s'unissent dans une participation commune,
un programme de défense nationale.
J'ai souvent écrit, depuis quelques mois,
que le réarmement de l'Angleterre était le
fait politique ̃ le plus frappant de cette an-
née. Il peut avoir des conséquences politi-
ques très importantes. Malheureusement il
rie s'agissait, récemment encore, que de pro-
jets mai définis, d'une entreprise: timide.
« Ce programme est élastique ̃>>, disait M.
Baldwin, qui, avant la guerre: ;d'Abyssinie,
plaçait un dernier espoir, dans l'action de la
S. D. N. et de la Conférence navale. Mais
aujourd'hui nous assistons réellement à, la
renaissance d'une force impériale. Depuis
Noël, deux ou trois foïs par semaine le Co-
mité de défense impériale, auquel assistent
les représentants des Dominions, s'est réuni
à Downing Street, sous la présidence de
M. Baldwin.
Nous serons bientôt fixés sur le résultat
de leurs travaux. On peut déjà prévoir que
l'armée impériale, en comprenant jes réser-
ves territoriales, sera portée au chiffre de
Blimains, av^'lés variations q.urte:Tibre
offre dans sonvcoursl. Or, en 1757,'le grand
Frédéric, réduit par quatre puissances à
risque.! Une action décisive qui' devait le
dépouiller de son royaume s'il était vain-
cu l'anecdote est narrée par le baron
Walckenaër se trouvait à Leipzig au
moment où il allait livrer cette bataille
qui fut celle de Rosbach. « II fit faire une
leçon publique par le célèbre professeur
Gottsched sur les quatre dernières stro-
phes de cette ode d'Horace où est expri-
mée en si beaux vers le stoïcisme d'une
âme qui se place au-dessus des caprices
de la fortune. Frédéric assista à cette
leçon. Le lendemain il adressa à Voltaire
une épître en vers où se trouvaient repro-
duites les idées du poète latin. » Entre la
mort d'Horace et l'épisode que nous rap-
portons, mille sept cent soixante-cinq an-
nées s'étaient écoulées. Moins de deux siè-
cles nous séparent de l'hommage rendu
parole grand Frédéric au poète, et l'ombre
semble s'être épaissie sur lui pendant ce
délai comme elle ne l'avait point fait du-
rant l'immense espace précédent. Quel
homme d'Etat, de nos jours. même s'il était
..çurtput- -soucieux. 4'une démonstration,
spectaculaire, songerait, à la veille ̃d'utf.
événement où il jouerait son destin, à faire
commenter un texte d'Horace, ou du
Dante, ou du chancelier Bacon ? Les
soins de la civilisation perdent, à ce chan-
gement, autant qu'une certaine forme
esthétique indispensable à l'harmonie hu-
maine. Mais M. Léo Larguier raconte,
dans ses Souvenirs, que Cézanne, retiré
à Aix-en-Provence, lui citait des vers en-
tiers d'Horace.
« Les anciens, qui ont tout dit. » Cette
remarque impose son évidence dès que l'on
entr'ouvre un ouvrage de l'antiquité, et
singulièrement ceux d'Horace. Pascal et
Baudelaire ont exprimé leur jugement sur
le lot de l'homme, dont la misère procède
avant tout de sa soif de mobilité. Cette
vérité est inclue aussi dans un passage
célèbre de l'Imitation. Mais qu'a dit Ho-
race s'adressant à son viUicus? «Il y a
de la folie à s'en prendre aux lieux qu'on
habite. Le mal est dans le cœur qui ne
peut se fuir lui-même. » 0 Boileau, quelle
réminiscence
'Horace était âgé de sept ans quand, en
l'àit Q^^&wRë, César* entreprit la con-
quête des ôaules. /Il avait dix-huit ans
quand il se liaavec Virgile, qui en avait
vingt-deux, peu après l'incendie de la bi-
bliothèque d'Alexandrie. Et ces souvenirs,
à la fois exacts et fabuleux, fortifiaient
l'autre soir l'hommage apporté au lyrique
philosophe dont Suétone a dit l'indépen-
dance.
̃ GAETAN SANVOISIN.
500.000 hommes, et qu'il sera décidé de re-
construire tous les navires surannés, de nou-
veaux croiseurs, sept destroyers, un certain
nombre de sous-marins, et de rééquiper les
services de l'armée, d'activer la construction
des avions de guerre, et surtout d'organiser
la coordination et la production de l'indus-
trié de guerre. Ce programme de cinq ans
ne sera pas révélé entièrement le mois pro-
chain, pas plus que le gouvernement ne se
prépare à demander un emprunt, car, jusqu'à
laîfin de l'année, l'Angleterre, liée par les
traités de Washington et de Londres, ne peut
construire de nouveaux croiseurs, éléments
imgèrtants dé ce programme. Ce plan de dé-
fense n'est pas seulement pour l'Angleterre,
mais pour l'ensemble de l'Empire; et s'il est
malaisé de définir la politique extérieure de
l'Empire britannique, nous sentons qu'il
existe aujourd'hui une politique de défensa
impériale précise. C'est un fait nouveau.
Malheureusement, ce regroupement des
forces militaires et navales est à peine entre-
pris. Il ne faudra pas moins de trois ans à
la Grande-Bretagne pour, le réaliser. On peut
tracer une courbe d'armements très précise,
qui montre qu'au cours. des deux prochaines
années l'Angleterre se trouver! dans un état
dé faiblesse très frappant, d'une part en rai-
son de l'évolution des armements de l'Alle-
magne, qui atteindront leur point culminant
à cette date, pendant qu'au contraire les nou-
veaux bâtiments que l'Angleterre aura' mis
en chantier et les nouveaux services qu'elle
aura créés ne seront pas encore en état, et
que, d'autre part, un certain nombre d'unités
navales anglaises seront tout à fait hors
d'usage à ce momënt-là.. Forte, unie, enri-
chie, l'Angleterre aimerait aujourd'hui pou-
voir suivre une politique de force et rede-
venir comme autrefois l'arbitre de l'Europe;
mais la* conscience de: sa faiblesse militaire
l'en empêche, et ses hésitations, sa lenteur,
sqs cachoteries, puis ces soudaines impul-
sjpnspotir ranimer le système collectif, sont
l'expression de cette faiblesse.
Aujourd'hui, l'attention n'est plus dirigée
sur j'-Italiè, ni même sur le bassin de la Mé-
diterranée. On n'attache guère d'importance
aufcï rapports des experts sur l'embargo du
pétrole. L'entretien Eden-von Neurath, qui
a été beaucoup plus négatif que ne l'a dit la
presse, notamment au sujet de la zone demi
litàrisée, a réveillé la crainte de l'Allemagne
qui aujourd'hui domine à nouveau la poli-
tique anglaise. Il ne serait pas exagéré de
dire; que certaines personnalités anglaises
sont persuadées que la date qu'a choisie
l'Allemagne pour dénoncer la zone démilita-
risée n'est peut-être pas très éloignée.
Inquiète de cette dénonciation éventuelle,
l'Angleterre reprend la tactique .de Sir John
Simon, celle des conversations discrètes, e!
elle envoie comme ambassadeur secret, au-
près "de Hitler, le marquis de Londonderry
GÉRARD BOUTELLEAU.
LE BILAN DBS NÉGOCIATIONS DE PÀIUS^
La Yougoslavie et la question d'Autriche
Les négociations qui se sont déroulées J
cette semaine à Paris ne semblent pas avoir t
débordé le cadre dans lequel nous pré- I
voyions, ici même il y a huit jours, qu'elles s
se cantonneraient. ̃
On peut parler surtout de « résultats psy-
chologiques ». Ils ne sont pas négligeables.
Les représentants les plus qualifiés des Etats
de l'Europe orientale et balkanique ont pris
contact avec le gouvernement français et
échangé, en même temps, entre eux des con-
versations extrêmement actives. Le roi
Carol de Roumanie a pu constater l'ambiance
de popularité et de prestige dont sa per-
sonne et son pays sont entourés ici. Le
grand Européen qu'est M. Titulesco a pu
voir, dans la conduite des pourparlers, une
pleine compréhension de la politique de paix
et d'accords à laquelle son nom restera atta-
ché. Et, de son côté, jamais la France n'aura
eu une notion plus vivante de la parfaite
unanimité du peuple roumain dans les ques-
tions extérieures.
I Le foi Boris dé Bulgarie ne s'est pas rnon-
Âré moins satisfait de l'accueil qu'il a reçu
chez nous. Il en a profité pour réaffirmer
l'attachement de son peuple à la paix, et il
a souligné une fois de plus que, si la Bul-
garie ne croyait pas le moment venu d'adhé-
rer à l'Entente balkanique, elle n'en enten-
dait pas moins poursuivre une politique de
bons rapports avec ses voisins et de collabo-
ration avec la Yougoslavie.
Le prince Paul de Yougoslavie est trop
connu des Parisiens pour qu'il lui ait été
nécessaire de reprendre contact avec eux.
Les liens qui unissent son pays au nôtre sont
si étroits qu'on ne les saurait resserrer da-
vantage. Sa fermeté de jugement et sa per-
suasive affabilité lui ont conquis, dans les
milieux politiques comme dans la société, la
réputation d'un ami à toute épreuve.
Pour en venir aux objets concrets de né-
gociations, on a beaucoup discuté de l'orga-
nisation de l'Europe danubienne. Il ne sem-
ble pas qu'on soit sorti du domaine des" prin-
cipes • et des généralités. Pouvait-il en être
autrement ?
A notre sens et sans nous rapporter
plus particulièrement aux tractations actuel-
les il existe dans cette question un élé-
ment de confusion. Beaucoup de gens consi-
dèrent comme plus où moins liés l'organisa-
tion, politique.. et:larifeatneiûseraent.-éc6nosiif
que du bassin du Danube. Or, d'une sembla-
ble conception il ne peut- rien 'sortir d'utile.
Pourquoi ? Parce que des accords politiques
(sécurité. assistance, etc.) ne peuvent être
envisagés aujourd'hui dans cette région
qu'ioiter pares, entre Etats danubiens de
même importance, à l'exclusion de toute
grande puissance voisine, dont la présence
suffirait à déséquilibrer le système. C'est
précisément sur ce point que se heurtent les
vues de la Petite-Entente et celles des Etats
signataires des accords de Rome (Autriche
_W s_ T ."o ..nmt nac nn-
Cc nuugne), r..a ptcuue~c .~c .~w ya~. ,·
tendre parler d'accords danubiens auxquels
l'Italie ou l'Allemagne seraient parties. Les
autres n'accepteraient ces accords qu'avec la
contre-assurance d'une grande puissance. La
divergence est fondamentale et, dans l'état
présent des choses, irréductible.
Il en va tout autrement d'une éventuelle
entente économique. Ici, c'est le volume et
l'orientation des échanges qui doivent servir
de base à tout arrangement. Or, l'Allema-
gne et l'Italie tiennent, dans ces échanges,
une place dominante. Elles ne peuvent res-
ter en dehors d'une réorganisation.
Ainsi accord économique et accord politi-
que n'ont ni les mêmes contours ni le même
équilibre. En les conditionnant l'un par l'au-
tre on les voue au même échec. C'est ce qu'a
compris là Tchécoslovaquie, qui essaie en ce
moment de résoudre, sur des bases stricte-
ment commerciales, ses difficultés avec l'Au-
triche et la Hongrie. L'expérience mérite
d'être suivie de très près.
Mais le problème le plus important sou-
levé à Paris est évidemment celui des
moyens propres à renforcer l'indépendance
de l'Autriche. Ici non plus il ne paraît pas
qu'on soit allé au delà d'un échange de vues.
A tout le moins cet échange de vues à fait
ressortir la position adoptée parla Yougos-
lavie qui ne serait pas encline à souscrire de
nouveaux engagements si ce n'est aux cô-
tés de la France- et de l'Angleterre, et sur
le même pied qu'elles.
Ceci appelle une explication. Avant-hier,
le Journal des Débais a donné ici une défi-
nition du point de vue autrichien par M.
Katzer. Nous croyons utile d'exposer au-
jourd'hui le point de vue yougoslave, en
toute objectivité et sans commentaire per-
sonnel.
Et, auparavant, un rappel de faits dont
la valeur psychologique nous paraît capitale.
La diversion .éthiopienne, en éloignant
l'Italie de l'Europe pour un temps indéter-
trtiné, -?t fait disparaître la pesée qui, pen-
dant près de seize ans, s'est exercée sur la
frontière occidentale de la Yougoslavie. Les
Yougoslaves, inquiétés à maintes reprises par
leurs voisins d'outre-Adriatique, se sont sou-
dainement sentis, et pouf des causes exté-
rieures à leur initiative, dégagés d'une lourde
préoccupation.
En même temps, la rivalité entre l'Italie <
et l'Angleterre a amené cette dernière à
chercher dans le bassin de la Méditerranée
des points d'appui dé rechange. Ces points
d'appui, ce ne peut être, dji point de vue
stratégique, que la Grèce et la Turquie; du
point de vue politique que la Yougoslavie.,
Ainsi, renonçant à sa politique séculaire
d'indifférence ou d'hostilité à l'égard des
Slaves des Balkans, le gouvernement britan-
nique fait aujourd'hui à Belgrade une diplo-
j matie de présence.
I Si l'on ajoute que l'Allemagne entoure les
Yougoslaves de prévenances, intéressées cer-
tes, mais commercialement profitables au
pays, on comprendra que l'Etat serbo-croate
se trouve aujourd'hui dans une situation psy-
chologique et politique qui le place sur le
rang d'une grande puissance ou peu s'en
faut. D'une grande puissance elle avait déjà
la configuration géographique. Elle en a au-
jourd'hui la clientèle. A ne pas se mettre en
face de cette évolution on risque de s'égarer
sur les véritables mobiles de la politique
yougoslave.
La Yougoslavie entend donc garder plus
jalousement que jamais sa liberté de manœu-
vre. Elle sait ce que coûte une guerre et le
prix qu'elle y mettrait. Les cruelles leçons
de l'histoire et les impératifs géographiques
l'emportent, dans ses calculs, sur les cons-
tructions idéologiques. Pour elle, l'avenir de
la paix réside essentiellement dans la solida-
rité de la France et de la Grande-Bretagne,
d'une part, dans la collaboration diplomatie
que de ces deux pays avec la Petite-Entente
et l'Entente Balkanique d'autre part, sur là-
base d'engagements communs et "de 'respon-
sabilités égales..
Regardée de Belgrade, la question de l'in-
dépendance de l'Autriche est importante
pour le maintien de la paix européenne, mai»
non vitale pour les intérêts yougoslaves.
C'est ici que semblent s'être affrontées Ie9
vues échangées à Paris sur cette question.
La Yougoslavie ne sous-estime ni le dan-
ger du réarmement allemand, ni l'affaiblis-
sement que représenterait pour elle l'instal-
lation de l'Allemagne sur les Karawanken.
Mais, à tort ou à raison (encore une fois,
nous exposons, noua ne commentons point),
elle considère que l'Allemagne est, en temps
de crise, sur la frontière slovène. Indépen-
dante ou non, l'Autriche lui paraît hors
d'état d'arrêter les armées du Reich. C'est
un point de vue d'un réalisme tout militaire.
Ainsi, elle ne se montre pas autrement dé-
sireuse de suppléer, auprès de l'Autriche, à
une Italie momentanément absente. Le gou-
vernement de Vienne lui paraît peu quali-
fié pour invoquer la sécurité collective,
s'étant mis, avec la Hongrie et l'Albanie,
hors du concert des puissances qui ont voté
les sanctions. Dans un pacte d'assistance mu-
tuelle, les Yougoslaves voient bien ce qu'ils
donneront le concours d'une armée qui
passe pour une des meilleures d'Europe. Ils
discernent moins clairement ce qu'ils rëcé-
v.ront. Garantir l'indépendance de l'Autri-
che ? Avec les grandes puissances, oui. Sans
elles, non. Beaucoup d'hommes d'Etat autri-
chiens passent à Belgrade pour peu sûrs
ou déjà engagés ailleurs. Leurs attaches
n'inspirent pas confiance; leur situation in-
térieure même est d'une solidité contesta-
ble. Puis il y aurait tant de choses à dire
(ou à ne pas dire) sur le rôle de certaines
personnalités autrichiennes dans le drame
dont le procès d'Aix est l'épilogue.
On objectera que, si une solution interna.
tionale ne garantit pas l'indépendance de
l'Autriche, celle-ci se verra rejetée par la
force des choses dans les bras des Habs-
bourg. La Yougoslavie. ne croit pas au di-
lemme Anschluss ou Habsbourg. Elle estime
que les Habsbourg peuvent tout aussi bien
mener à V Anschluss que la situation actuelle.
Le régime de M. Hitler n'est pas éternel,
et après lui ou l'Allemagne sera libérale et
l'opposition en Autriche sera proallemande,
ou elle sera réactionnaire, et le régime s'ap-
puiera sur elle; répétition de l'avant-guerre.
Il est exclu, d'ailleurs, que les Habsbourg
restaurés puissent se contenter d'exercer leur
autorité sur la petite aire que représente
la République- alpestre. Ils retrouveront^ un
jour ou l'autre, la Hongrie sur 1& voie de
leur destinée historique. Et la Hongrie mili-
taire et féodale, c'est le circuit qui ramènera
l'Autriche dans la main de Berlin.
Ainsi raisonne-t-on à Belgrade. Au fond,
l'idée des Yougoslaves, c'est que le danger
d'une annexion de l'Autriche par le Reich
est plus menaçant pour les grandes puissan-
ces que pour eux. Pour la France, c'est l'Al-
lemagne accrue d'une dizaine de millions de
nouveaux sujets. Pour l'Angleterre, c'est une
inquétante avancée du germanisme, sous. sa.
forme là plus agressive, vers la Méditerra-
née..Pour l'Italie, le danger est plus mani-
feste encore. Aux grandes puissances donc
de prendre les décisions la Yougoslavie s'y
ralliera ensuite. Consciente de sa force mili-
taire, elle se refuse à s'engager seule dans
une affaire qui n'est pas dans le plan de sa
politique historique.
Maintenant, à ceux des Français auxquels
cette attitude apparaîtrait comme une dissi-
dence par rapport à notre politique générale,
un apaisement doit être donné. Il est de
poids. On ne saurait douter, à Paris, qu'en
cas de .conflit, la Yougoslavie sera, avec tou-
tes ses forces, à nos côtés contre tout ennemi
de la France, quel qu'il soit. De la part d'un
peuple dont la fidélité n'est pas moins pro-
verbiale que la vaillance, c'est une assurance
non écrite, révélatrice d'une communauté
d'intérêts plus puissante et plus profonde que
les ajustages de vues fondés sur une con-
joncture. At,a>a~ MOUSSET.
̃ Albert Mousset.
Grave épidémie au Brésil. On mande
de Belem (Para) qu'une mission médicale est
partie d'urgence pour Santarem, ou a çclate
une épidémie inconnue dont les symptômes
sont une fièvre très élevée accompagnee.de
vomissements. On signale de nombreuses
victimes..
Le rapatriement des prisonniers de guerre
au Paraguay. Le gouvernement a promul-
gué la loi pour le ^patriement des prison
niers, précédemment approuvée par le Par-
lement.
Construction dé trains extra-rapides en
Italie Des trains électriques ou à moteur
à explosion pouvant atteindre une vitesse de
160 kilomètres à l'heore sont actuellement en
construction à Turin.
N» 40. 148e ANNEE
148e ANNEE. N° 40
LUNDI
10 FÉVRIER 1836
JOURNAL SES DEBATS
LUNDI °
10 FÉVRIER 1938
RÉQACTIOl ET 1DRIRI8TRATI0I
Î7. Rae des Prèlrès-Sl-Gerimiin rAuxerrois
PiïIS-i"
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POLITIQUES ËV LITTERAIRES
-• SOMMAIRE ^j-
Propos électoraux. v<
Ceux qu'ilne faut pas oublier. ,tr
Au Jour le Jour. La commémoration d'Ho-
race en Sorbonne. Gaétan San voisin.
La Grande-Bretagne et le prob erre de la défense
impériale.– Gérard Boctelleào. « 7*
Le bilan des négociations de Paris. La You-
goslavie et la question d'Autriche. Al- (
BERT MOUSSET.
a' page
Roivei'es de l'Etranger. '°
Les Echos de partout. 't'–
3' page -t. [
te mandat législatif do six sns. r
Revue te la presse.
La Semait e dramatique. ANDRÉ BELLESSORT.
f page
Courrier des spectacles.
Le Bi.iet de Théâtre. [14]. O-Neves.
5* oage
Bevi'e firarc^re. E. P. ̃ •
If Sen Eire-finsncière. D.
Revue de la Bourse.. >,
PROPOS ELECTORAUX
les électeurs penseront peut-être,
le taoment venu, à interroge» les Can-
didats sur les problèmes qui comp-
tent maintien de la paix, maintien
du franc, nécessité de s'armer. Ce
n'est pas sur ces sujets que méditent
principalement les élus de la Cham-
bre. Toute l'attention est réservée
aux combinaisons de l'arrondisse-
ment.
Que feront les radicaux ? Ils
l'ont dit. Ils seront, ils sont déjà
affiliés au Front populaire. La
campagne contre M. Laval n'a pas eu
d'autre cause. M. Laval n'était pas
front populaire. M. Sarraut, flanqué
de M". Chautemps et de M. Boncour,
l'est. Les socialistes ont tout de suite
compris. Ils ont protesté pour la
forme contre la présence de minis-
tres non radicaux, sachant bien, au
fond du cœur, qu'elle était sans im-
portance. M. Blum, après avoir con-
sidéré les comparses, écrivait avec
une {rai&<^«-»Tamabilité « .Que la
réaction se débrouille avec ses traî-
tres. >> Lui, il se débrouillait tout de
suite avec ses serviteurs et employés.
Le cabinet Sarraut-Chautemps-Flan-
din-Boncour a reçu, dès le début, le
certificat des socialistes.
Tout a donc commencé facilement
à la Chambre. Le Cabinet de front
commun a eu la majorité grâce aux
voix socialistes et aux abstentions
communistes. M. Herriot pouvait être
content de son œuvre. M. Blum et
M. Péri la considéraient en protec-
teurs avec un affectueux mépris.
L'extrême-gauche acceptait tout. Elle
admettait la politique financière de
M. Régnier, qu'elle condamnait la
veille. Elle aimait le général Maurin
et M. de Chappedelaine. Elle souf-
frait que M. Zay, converti, proclamât
•son .respect du drapeau- Elle aurait
trouvé du génie à M. Guernut par
amour de l'Ethiopie.
Ce bonheur a peu duré. Un jour,
quelques candidats curieux se sont
demandé comment serait réglé le jeu
de l'arrondissement au second tour.
Jadis, c'était simple entre le radi-
cal et le révolutionnaire qui cou-
raient ensemble au premier tour, on
choisissait pour l'épreuve définitive
le candidat qui avait le plus de voix.
Mais que ferait-on, désormais, puis-
qu'on était trois ? Le Front révolu-
tionnaire étend sa protection au pre-
mier tour sur le socialiste, le commu-
niste et le radical. Qui choisira-t-il
ensuite ?
Tandis que les socialistes réfléchis-
saient sur le sujet, ils se sont aperçu
que les radicaux, qui ont plus d'un
tour dans leur sac, faisaient des
avances en secret aux communistes,
qui se montraient assez accueillants.
Ce petit accord particulier entre les
radicaux et les bolchevistes était, se-
lon les projets primitifs, plein d'agré-
ment. Pour faire plaisir à Moscou,
les radicaux devaient s'engager à
fond dans le pacte soviétique, et ou-
tre, l'alliance militaire, fournir un
peu d'argent sous forme d'un em-
prunt qui leur coûte si peu. Les com-
munistes, reconnaissants, devaient
fàciliter aux élections le succès des
radicaux aux dépens des socialistes.
Dans cette opération, les socialistes
risquaient de perdre une vingtaine
de sièges. On s'en Consolait rue de
Valois. On s'en consolait à Moscou.
Lès socialistes se sont aperçus de
cette aimable entreprise. Ils sont en
train de la faire payer à la fois aux»
radicaux et aux communistes. Pour
avertir les radicaux, ̃* se sont dé-
couvert un zèle nouveau pour la re-
présentation proportionnelle. Pour
avertir les commtiïùstes* îls: font des*1
p^jectïons au pacte soviétique^ à l'al-
liance militaire et aux commandes
d'armement. G'est ce qui se dit cou-
ramment. Et c'est ce qui explique les
flottements peu compréhensibles du
'débat sur la réforme électorale.
On remarquera que, dans toute
cette affaire, il n'est question que de
'réélection. Sur le programme, on ne
discute pas. Tout est à la révolution,
et le seul doute est de savoir si on
sera plus ou moins ouvertement ré-
volutionnaire. Telle est la philoso-
phie électorale voulue par M. Blum
et M. Péri, acceptée par M. Herriot,
subie par M. Sarraut. Est-ce que tous
les radicaux sont désormais asservis? 1
Ou reste-t-il encore des radicaux in-
dépendants qui ne veulent pas être
prisonniers du front révolutionnaire ?
Ceux qu'il ne faut pas oublier i
̃̃̃̃ • •' e
Au moment où l'on célèbre à Dakar avec c
piété 3e souvenir des i grahds .cçJKJiiqtèérs p
d'hommes et des admirables soldats qui sonl jj
morts sur la terre d'Afrique, on ne pe\ït
s'empêcher de rappeler certains noms que la
mémoire populaire n'a pas gardés comme elle r
l'aurait dû. Sur les piliers de la cathédrale i
sont inscrits, en effet, des noms également
glorieux. Mais il y en a de célèbres, il y en a t
d'oubliés. Parmi ces derniers, nous voudrions f
évoquer le souvenir du capitaine Louis f
Hugot, mort en 1897, à qui le Journal des e
Débats, à cette date, ainsi que notre regretté
amj A. Perrier, dans le bulletin de l'Afrique 1
française, rendirent un juste hommage.
La courte carrière de Louis Hugot (il »
mourut à trente-trois ans) s'écoula presque i
entièrement dans nos possessions du Soudan. 1
C'est lui qui prépara, par des combats ré-
pétés, la défaite définitive du grand conqué-
rant Samory, notre terrible adversaire. La 1
victoire éclatante qu'il remporta le 23 avril 1
Ï897 à Alansard eut un retentissement consi- t
dérable dans tout le Soudan et elle nous donna c
la maîtrise de territoires considérables, i
extrêmement riches, formant la boucle de la ]
Volta. •̃ <
Nommé résident de France, dans le Gou-
rounsi, il fut chargé' d'assurer notre occupa-
tion effective du pays. Mais l'effort incessant j
d'organisation politique et de direction mili-
tair«v; ait moment le:a^li^iidangeMàix.:jie Jiixi»-, -•?
"vërnaige, Ta vait épuisé; et le jeune officier 1
succombait bientôt au commencement d'une
carrière déjà admirable. Le général Gouraud, <
qui continua l'œuvre entreprise par le capi- ~1
taine Hugot et assura le triomphe de la poli-
tique du grand Archimbaud, a toujours parlé
avec reconnaissance de son prédécesseur.
C'est un témoignage précieux qui ne peut
être plus honorable pour une mémoire digne ]
d'être entretenue. i
Bien d'autres souvenirs mériteraient d'être
rappelés. La fameuse mission. du comman-
dant Hourst est aujourd'hui oubliée par trop
d'esprits même instruits. Il serait juste de
remettre en mémoire tout ce qui fut dépensé
d'héroïsme, de patience, d'ingéniosité dans
cette entreprise étonnante. Le commandant
Hourst, en octobre 1893, avait obtenu du
ministère des colonies l'autorisation de redes-
cendre le Niger sur un chaland en aluminium
construit selon ses plans. La « mission hy-
drographique du Niger » parvint, après
d'extraordinaires exploits, au delà de Zinder,
jusqu'à Say. Mis en demeure par la popula-
tion de quitter cette ville, le commandant
Hourst, conformément à ses instructions,
s'installa dans une île du fleuve qu'il fortifia
et où il demeura cinq mois. La mission put
descendre, par la suite, jusqu'à l' embouchure
du Niger, tenant à affirmer que la navigation
était libre dans toute son étendue et que
l'Angleterre n'avait pas de droit particulier
sur le fleuve. Cette manifestation de courage
et d'intelligence est un des plus hauts faits
de notre histoire coloniale. Il est triste que
nous n'ayons pas davantage souci de ce qui
peut être un souvenir exemplaire -pour les
jeunes générations. ,• ̃̃"̃̃ ̃̃ •
la présidence de l' Entente balkanique r
Hier soir, au cours d'un banquet amical à £
l'ambassade de Turquie, qui a réuni tous les
ministres de l'Entente balkanique et de la. Pe- I
tite-Entente, M. Titulesco, ministre des affaires
étrangères de Roumanie, a transmis ses pou- t
voirs de président de l'Entente balkanique à r
M. Rustu Aras, ministre des affaires étran- c
gères de Turquie, suivant les règles établies j
par les statuts de l'Entente balkanique. 1
L'ATTENTAT DE DAVOS
Un service funèbre à la mémoire de M.
Wilhelm Gustloff a été célébré, hier soir, en
l'église allemande de Davos. De nombreuses
couronnes avaient été offertes par les asso-
ciations nationales-socialistes allemandes et
par le chancelier du Reich, son suppléant
Rudolf Hess et M. de Ribbentrop, ambassa-
deur extraordinaire du Reich.,
Seules, les personnes en possession d'une
carte étaient admises au service. Le baron
de Weizsacker, ministre d'Allemagne à Berne,
le préfet Bohle, représentant les organisa-
tions allemandes de l'étranger, la plupart des
consuls allemands en Suisse, etc. étaient pré-
sents à la cérémonie.
Le préfet Bohle a pris la, parole après le
sermon et parlé de l'actiité de Gustloff au
service du national-socialisme. Il a appelé
Gustloff « martyr de l'organisation nationale-
socialiste à l'étranger », dont l'œuvre, a-t-il
ajouté, plus que jamais doit être .poursuivie.
Chute d'un avion aux Indes. Un avion
qui faisait partie d'une escadrille en manœ-
vre, à 100 kilomètres de la ville de Cawo-
pore, s'est abattu hier matin. Le pilote. Al
fred C. Doublas, a été tué et son passaget
blessé.
LE,- a
1
La commémoration d'Horace en ?St)rbonns- 1
L'autre soir, en Sorbonne, plusieurs t
personnalités connues pour leur fidélité â
la culture" et à 'l'esprit classique ècri-/ 1
vains, membres de l'Institut étaient réu- (
nis auteur de l'ambassadeur d'Italie pour 1
fêter « le bi-millénaire d'Horace ». Les
plus attentifs biographes de celui qui fut 1
d'abord l'élève de Philostrate puis le com-
pagnon de camp de Brutus s'accordent v
à placer la date de sa naissance au 8 dé-
cembre 65 avant Jésus-Christ et la date
de sa mort au 27 novembre de l'an 8
avant l'ère chrétienne. Dans ces condi-
tions ceux qui, à propos de cette solen-
nité, ont parlé du bi-millénaire de la mort
du poète, ont erré il s'agissait de la
commémoration, tardive d'un peu plus
d'un mois, de sa naissance. Une discré-
tion quasi unanime a d'ailleurs entouré
la cérémonie de l'amphithéâtre Richelieu
et rien ne saurait mieux donner là mesure
du prix qu'attache désormais le grand
publie âa^ plus haàts-liéfiitâgès de ï'hu-
manisme^
Àû "reste, ce genre de tribut intellectuel
n'eut-il pas toujours le même sort, et la
flamme du génie éteinte aurait-elle sur-
vécue si, miraculeusement, quelque moine
traducteur, quelque original de la médi-
tation, quelque mainteneur de la pensée
formulée n'avaient, sous l'anonymat, con-
servé, préservé, enseigné et transmis les
leçons du vieil âge, et jusqu'à ces tra-
ditions orales où nous ne distinguons plus,
tour à tour, que 'la sérénité et le désen-
chantement des lointaines expériences de
l'univers ?
On ne lit plus Horace, on n'ose même
plus le citer par crainte d'être accusé de
recourir aux feuillets rosés du petit La-
rousse, on croit généralement ou pres-
que que tout est ignoré de sa vie. Les
scrupuleux savent encore, toutefois, que
la Grande Encyclopédie contient sur lui
quatre colonnes, et les hommes; nés entre
1880-1900 ne dédaignent pas toujours de
se reporter aux pages' de Gaston Boissier
lorsqu'elles leur rappellent une jeunesse e
;S_tiidi§u_se__récompensée par les. in.rî.6;. à'
tranchés dorées, à couverture roygej « aux
armes ». des distributions de prix, qui
avaient pour auteur l'ancien secrétaire;
perpétuel de l'Académie française.
II fut un temps où les pauvres d'Horace
étaient une nourriture mêlée aux aliments
moraux de la vie quotidienne. Une com-
paraison magnifique lui est due celle
qu'il fit de l'avenir, ou des événements
La Grande-Bretagne
et le problème de la défense impériale
.<̃ [DE NOTRE CORRESPONDANT]
Londres, le 7 février. Y a-t-il une poli-
tique extérieure commune à l'Empire britan-
nique? r:
Lorsqu'on pose cette question, les uns sou-
rient et répondent que le Canada est bien
peu soucieux de la sécurité de l'Australie et
que, si l'Egypte était attaquée demain, .^Afri-
que du Sud ne saurait apporter le moindre
appui. Un observateur plus attentif remar-
quera qu'à la Conférence navale, en face de
la France et de l'Italie, siègent les représen-
tants de l'Inde, qui n'a pas un bateau, et du
Canada, et que même l'Australie, qui ne pos-
sède pas deux vaisseaux de guerre, prend
régulièrement la parole. Cet exemple est
symbolique. 11 montre bien qu'en ;d'importan-
tes' • occasions l'Angleterre est toujours en-
tourée et soutenue par les membres de la
famille impériale. Ce sens de la communauté
impériale ne se manifeste pas seulement sut
un plan matériel et précis d'intérêts écono-
miques. Devant tout problème essentiel, ces
Etats, souvent jaloux les. uns des autres, qui
s'irritent parfois, se froissent soudainement,
font taire leur égoï&me national et s'unissent
pour une politique commune.
Le règne du roi George V a «té caracté-,
risé cependant par l'émancipation des -Domi-
nions. Est-ce que cette émancipation va s'ac-
centuer ? se demanda longtemps l'Angleterre.
Aujourd'hui nous assistons, au contraire, à
un regroupement des forces impériales.
L'union de l'Empire n'est plus seulement
symbolique. La crise mondiale, mais surtout
une crainte semblable de l'Allemagne et du
Japon, a rapproché les Dominions, qui
s'unissent dans une participation commune,
un programme de défense nationale.
J'ai souvent écrit, depuis quelques mois,
que le réarmement de l'Angleterre était le
fait politique ̃ le plus frappant de cette an-
née. Il peut avoir des conséquences politi-
ques très importantes. Malheureusement il
rie s'agissait, récemment encore, que de pro-
jets mai définis, d'une entreprise: timide.
« Ce programme est élastique ̃>>, disait M.
Baldwin, qui, avant la guerre: ;d'Abyssinie,
plaçait un dernier espoir, dans l'action de la
S. D. N. et de la Conférence navale. Mais
aujourd'hui nous assistons réellement à, la
renaissance d'une force impériale. Depuis
Noël, deux ou trois foïs par semaine le Co-
mité de défense impériale, auquel assistent
les représentants des Dominions, s'est réuni
à Downing Street, sous la présidence de
M. Baldwin.
Nous serons bientôt fixés sur le résultat
de leurs travaux. On peut déjà prévoir que
l'armée impériale, en comprenant jes réser-
ves territoriales, sera portée au chiffre de
Blimains, av^'lés variations q.urte:Tibre
offre dans sonvcoursl. Or, en 1757,'le grand
Frédéric, réduit par quatre puissances à
risque.! Une action décisive qui' devait le
dépouiller de son royaume s'il était vain-
cu l'anecdote est narrée par le baron
Walckenaër se trouvait à Leipzig au
moment où il allait livrer cette bataille
qui fut celle de Rosbach. « II fit faire une
leçon publique par le célèbre professeur
Gottsched sur les quatre dernières stro-
phes de cette ode d'Horace où est expri-
mée en si beaux vers le stoïcisme d'une
âme qui se place au-dessus des caprices
de la fortune. Frédéric assista à cette
leçon. Le lendemain il adressa à Voltaire
une épître en vers où se trouvaient repro-
duites les idées du poète latin. » Entre la
mort d'Horace et l'épisode que nous rap-
portons, mille sept cent soixante-cinq an-
nées s'étaient écoulées. Moins de deux siè-
cles nous séparent de l'hommage rendu
parole grand Frédéric au poète, et l'ombre
semble s'être épaissie sur lui pendant ce
délai comme elle ne l'avait point fait du-
rant l'immense espace précédent. Quel
homme d'Etat, de nos jours. même s'il était
..çurtput- -soucieux. 4'une démonstration,
spectaculaire, songerait, à la veille ̃d'utf.
événement où il jouerait son destin, à faire
commenter un texte d'Horace, ou du
Dante, ou du chancelier Bacon ? Les
soins de la civilisation perdent, à ce chan-
gement, autant qu'une certaine forme
esthétique indispensable à l'harmonie hu-
maine. Mais M. Léo Larguier raconte,
dans ses Souvenirs, que Cézanne, retiré
à Aix-en-Provence, lui citait des vers en-
tiers d'Horace.
« Les anciens, qui ont tout dit. » Cette
remarque impose son évidence dès que l'on
entr'ouvre un ouvrage de l'antiquité, et
singulièrement ceux d'Horace. Pascal et
Baudelaire ont exprimé leur jugement sur
le lot de l'homme, dont la misère procède
avant tout de sa soif de mobilité. Cette
vérité est inclue aussi dans un passage
célèbre de l'Imitation. Mais qu'a dit Ho-
race s'adressant à son viUicus? «Il y a
de la folie à s'en prendre aux lieux qu'on
habite. Le mal est dans le cœur qui ne
peut se fuir lui-même. » 0 Boileau, quelle
réminiscence
'Horace était âgé de sept ans quand, en
l'àit Q^^&wRë, César* entreprit la con-
quête des ôaules. /Il avait dix-huit ans
quand il se liaavec Virgile, qui en avait
vingt-deux, peu après l'incendie de la bi-
bliothèque d'Alexandrie. Et ces souvenirs,
à la fois exacts et fabuleux, fortifiaient
l'autre soir l'hommage apporté au lyrique
philosophe dont Suétone a dit l'indépen-
dance.
̃ GAETAN SANVOISIN.
500.000 hommes, et qu'il sera décidé de re-
construire tous les navires surannés, de nou-
veaux croiseurs, sept destroyers, un certain
nombre de sous-marins, et de rééquiper les
services de l'armée, d'activer la construction
des avions de guerre, et surtout d'organiser
la coordination et la production de l'indus-
trié de guerre. Ce programme de cinq ans
ne sera pas révélé entièrement le mois pro-
chain, pas plus que le gouvernement ne se
prépare à demander un emprunt, car, jusqu'à
laîfin de l'année, l'Angleterre, liée par les
traités de Washington et de Londres, ne peut
construire de nouveaux croiseurs, éléments
imgèrtants dé ce programme. Ce plan de dé-
fense n'est pas seulement pour l'Angleterre,
mais pour l'ensemble de l'Empire; et s'il est
malaisé de définir la politique extérieure de
l'Empire britannique, nous sentons qu'il
existe aujourd'hui une politique de défensa
impériale précise. C'est un fait nouveau.
Malheureusement, ce regroupement des
forces militaires et navales est à peine entre-
pris. Il ne faudra pas moins de trois ans à
la Grande-Bretagne pour, le réaliser. On peut
tracer une courbe d'armements très précise,
qui montre qu'au cours. des deux prochaines
années l'Angleterre se trouver! dans un état
dé faiblesse très frappant, d'une part en rai-
son de l'évolution des armements de l'Alle-
magne, qui atteindront leur point culminant
à cette date, pendant qu'au contraire les nou-
veaux bâtiments que l'Angleterre aura' mis
en chantier et les nouveaux services qu'elle
aura créés ne seront pas encore en état, et
que, d'autre part, un certain nombre d'unités
navales anglaises seront tout à fait hors
d'usage à ce momënt-là.. Forte, unie, enri-
chie, l'Angleterre aimerait aujourd'hui pou-
voir suivre une politique de force et rede-
venir comme autrefois l'arbitre de l'Europe;
mais la* conscience de: sa faiblesse militaire
l'en empêche, et ses hésitations, sa lenteur,
sqs cachoteries, puis ces soudaines impul-
sjpnspotir ranimer le système collectif, sont
l'expression de cette faiblesse.
Aujourd'hui, l'attention n'est plus dirigée
sur j'-Italiè, ni même sur le bassin de la Mé-
diterranée. On n'attache guère d'importance
aufcï rapports des experts sur l'embargo du
pétrole. L'entretien Eden-von Neurath, qui
a été beaucoup plus négatif que ne l'a dit la
presse, notamment au sujet de la zone demi
litàrisée, a réveillé la crainte de l'Allemagne
qui aujourd'hui domine à nouveau la poli-
tique anglaise. Il ne serait pas exagéré de
dire; que certaines personnalités anglaises
sont persuadées que la date qu'a choisie
l'Allemagne pour dénoncer la zone démilita-
risée n'est peut-être pas très éloignée.
Inquiète de cette dénonciation éventuelle,
l'Angleterre reprend la tactique .de Sir John
Simon, celle des conversations discrètes, e!
elle envoie comme ambassadeur secret, au-
près "de Hitler, le marquis de Londonderry
GÉRARD BOUTELLEAU.
LE BILAN DBS NÉGOCIATIONS DE PÀIUS^
La Yougoslavie et la question d'Autriche
Les négociations qui se sont déroulées J
cette semaine à Paris ne semblent pas avoir t
débordé le cadre dans lequel nous pré- I
voyions, ici même il y a huit jours, qu'elles s
se cantonneraient. ̃
On peut parler surtout de « résultats psy-
chologiques ». Ils ne sont pas négligeables.
Les représentants les plus qualifiés des Etats
de l'Europe orientale et balkanique ont pris
contact avec le gouvernement français et
échangé, en même temps, entre eux des con-
versations extrêmement actives. Le roi
Carol de Roumanie a pu constater l'ambiance
de popularité et de prestige dont sa per-
sonne et son pays sont entourés ici. Le
grand Européen qu'est M. Titulesco a pu
voir, dans la conduite des pourparlers, une
pleine compréhension de la politique de paix
et d'accords à laquelle son nom restera atta-
ché. Et, de son côté, jamais la France n'aura
eu une notion plus vivante de la parfaite
unanimité du peuple roumain dans les ques-
tions extérieures.
I Le foi Boris dé Bulgarie ne s'est pas rnon-
Âré moins satisfait de l'accueil qu'il a reçu
chez nous. Il en a profité pour réaffirmer
l'attachement de son peuple à la paix, et il
a souligné une fois de plus que, si la Bul-
garie ne croyait pas le moment venu d'adhé-
rer à l'Entente balkanique, elle n'en enten-
dait pas moins poursuivre une politique de
bons rapports avec ses voisins et de collabo-
ration avec la Yougoslavie.
Le prince Paul de Yougoslavie est trop
connu des Parisiens pour qu'il lui ait été
nécessaire de reprendre contact avec eux.
Les liens qui unissent son pays au nôtre sont
si étroits qu'on ne les saurait resserrer da-
vantage. Sa fermeté de jugement et sa per-
suasive affabilité lui ont conquis, dans les
milieux politiques comme dans la société, la
réputation d'un ami à toute épreuve.
Pour en venir aux objets concrets de né-
gociations, on a beaucoup discuté de l'orga-
nisation de l'Europe danubienne. Il ne sem-
ble pas qu'on soit sorti du domaine des" prin-
cipes • et des généralités. Pouvait-il en être
autrement ?
A notre sens et sans nous rapporter
plus particulièrement aux tractations actuel-
les il existe dans cette question un élé-
ment de confusion. Beaucoup de gens consi-
dèrent comme plus où moins liés l'organisa-
tion, politique.. et:larifeatneiûseraent.-éc6nosiif
que du bassin du Danube. Or, d'une sembla-
ble conception il ne peut- rien 'sortir d'utile.
Pourquoi ? Parce que des accords politiques
(sécurité. assistance, etc.) ne peuvent être
envisagés aujourd'hui dans cette région
qu'ioiter pares, entre Etats danubiens de
même importance, à l'exclusion de toute
grande puissance voisine, dont la présence
suffirait à déséquilibrer le système. C'est
précisément sur ce point que se heurtent les
vues de la Petite-Entente et celles des Etats
signataires des accords de Rome (Autriche
_W s_ T ."o ..nmt nac nn-
Cc nuugne), r..a ptcuue~c .~c .~w ya~. ,·
tendre parler d'accords danubiens auxquels
l'Italie ou l'Allemagne seraient parties. Les
autres n'accepteraient ces accords qu'avec la
contre-assurance d'une grande puissance. La
divergence est fondamentale et, dans l'état
présent des choses, irréductible.
Il en va tout autrement d'une éventuelle
entente économique. Ici, c'est le volume et
l'orientation des échanges qui doivent servir
de base à tout arrangement. Or, l'Allema-
gne et l'Italie tiennent, dans ces échanges,
une place dominante. Elles ne peuvent res-
ter en dehors d'une réorganisation.
Ainsi accord économique et accord politi-
que n'ont ni les mêmes contours ni le même
équilibre. En les conditionnant l'un par l'au-
tre on les voue au même échec. C'est ce qu'a
compris là Tchécoslovaquie, qui essaie en ce
moment de résoudre, sur des bases stricte-
ment commerciales, ses difficultés avec l'Au-
triche et la Hongrie. L'expérience mérite
d'être suivie de très près.
Mais le problème le plus important sou-
levé à Paris est évidemment celui des
moyens propres à renforcer l'indépendance
de l'Autriche. Ici non plus il ne paraît pas
qu'on soit allé au delà d'un échange de vues.
A tout le moins cet échange de vues à fait
ressortir la position adoptée parla Yougos-
lavie qui ne serait pas encline à souscrire de
nouveaux engagements si ce n'est aux cô-
tés de la France- et de l'Angleterre, et sur
le même pied qu'elles.
Ceci appelle une explication. Avant-hier,
le Journal des Débais a donné ici une défi-
nition du point de vue autrichien par M.
Katzer. Nous croyons utile d'exposer au-
jourd'hui le point de vue yougoslave, en
toute objectivité et sans commentaire per-
sonnel.
Et, auparavant, un rappel de faits dont
la valeur psychologique nous paraît capitale.
La diversion .éthiopienne, en éloignant
l'Italie de l'Europe pour un temps indéter-
trtiné, -?t fait disparaître la pesée qui, pen-
dant près de seize ans, s'est exercée sur la
frontière occidentale de la Yougoslavie. Les
Yougoslaves, inquiétés à maintes reprises par
leurs voisins d'outre-Adriatique, se sont sou-
dainement sentis, et pouf des causes exté-
rieures à leur initiative, dégagés d'une lourde
préoccupation.
En même temps, la rivalité entre l'Italie <
et l'Angleterre a amené cette dernière à
chercher dans le bassin de la Méditerranée
des points d'appui dé rechange. Ces points
d'appui, ce ne peut être, dji point de vue
stratégique, que la Grèce et la Turquie; du
point de vue politique que la Yougoslavie.,
Ainsi, renonçant à sa politique séculaire
d'indifférence ou d'hostilité à l'égard des
Slaves des Balkans, le gouvernement britan-
nique fait aujourd'hui à Belgrade une diplo-
j matie de présence.
I Si l'on ajoute que l'Allemagne entoure les
Yougoslaves de prévenances, intéressées cer-
tes, mais commercialement profitables au
pays, on comprendra que l'Etat serbo-croate
se trouve aujourd'hui dans une situation psy-
chologique et politique qui le place sur le
rang d'une grande puissance ou peu s'en
faut. D'une grande puissance elle avait déjà
la configuration géographique. Elle en a au-
jourd'hui la clientèle. A ne pas se mettre en
face de cette évolution on risque de s'égarer
sur les véritables mobiles de la politique
yougoslave.
La Yougoslavie entend donc garder plus
jalousement que jamais sa liberté de manœu-
vre. Elle sait ce que coûte une guerre et le
prix qu'elle y mettrait. Les cruelles leçons
de l'histoire et les impératifs géographiques
l'emportent, dans ses calculs, sur les cons-
tructions idéologiques. Pour elle, l'avenir de
la paix réside essentiellement dans la solida-
rité de la France et de la Grande-Bretagne,
d'une part, dans la collaboration diplomatie
que de ces deux pays avec la Petite-Entente
et l'Entente Balkanique d'autre part, sur là-
base d'engagements communs et "de 'respon-
sabilités égales..
Regardée de Belgrade, la question de l'in-
dépendance de l'Autriche est importante
pour le maintien de la paix européenne, mai»
non vitale pour les intérêts yougoslaves.
C'est ici que semblent s'être affrontées Ie9
vues échangées à Paris sur cette question.
La Yougoslavie ne sous-estime ni le dan-
ger du réarmement allemand, ni l'affaiblis-
sement que représenterait pour elle l'instal-
lation de l'Allemagne sur les Karawanken.
Mais, à tort ou à raison (encore une fois,
nous exposons, noua ne commentons point),
elle considère que l'Allemagne est, en temps
de crise, sur la frontière slovène. Indépen-
dante ou non, l'Autriche lui paraît hors
d'état d'arrêter les armées du Reich. C'est
un point de vue d'un réalisme tout militaire.
Ainsi, elle ne se montre pas autrement dé-
sireuse de suppléer, auprès de l'Autriche, à
une Italie momentanément absente. Le gou-
vernement de Vienne lui paraît peu quali-
fié pour invoquer la sécurité collective,
s'étant mis, avec la Hongrie et l'Albanie,
hors du concert des puissances qui ont voté
les sanctions. Dans un pacte d'assistance mu-
tuelle, les Yougoslaves voient bien ce qu'ils
donneront le concours d'une armée qui
passe pour une des meilleures d'Europe. Ils
discernent moins clairement ce qu'ils rëcé-
v.ront. Garantir l'indépendance de l'Autri-
che ? Avec les grandes puissances, oui. Sans
elles, non. Beaucoup d'hommes d'Etat autri-
chiens passent à Belgrade pour peu sûrs
ou déjà engagés ailleurs. Leurs attaches
n'inspirent pas confiance; leur situation in-
térieure même est d'une solidité contesta-
ble. Puis il y aurait tant de choses à dire
(ou à ne pas dire) sur le rôle de certaines
personnalités autrichiennes dans le drame
dont le procès d'Aix est l'épilogue.
On objectera que, si une solution interna.
tionale ne garantit pas l'indépendance de
l'Autriche, celle-ci se verra rejetée par la
force des choses dans les bras des Habs-
bourg. La Yougoslavie. ne croit pas au di-
lemme Anschluss ou Habsbourg. Elle estime
que les Habsbourg peuvent tout aussi bien
mener à V Anschluss que la situation actuelle.
Le régime de M. Hitler n'est pas éternel,
et après lui ou l'Allemagne sera libérale et
l'opposition en Autriche sera proallemande,
ou elle sera réactionnaire, et le régime s'ap-
puiera sur elle; répétition de l'avant-guerre.
Il est exclu, d'ailleurs, que les Habsbourg
restaurés puissent se contenter d'exercer leur
autorité sur la petite aire que représente
la République- alpestre. Ils retrouveront^ un
jour ou l'autre, la Hongrie sur 1& voie de
leur destinée historique. Et la Hongrie mili-
taire et féodale, c'est le circuit qui ramènera
l'Autriche dans la main de Berlin.
Ainsi raisonne-t-on à Belgrade. Au fond,
l'idée des Yougoslaves, c'est que le danger
d'une annexion de l'Autriche par le Reich
est plus menaçant pour les grandes puissan-
ces que pour eux. Pour la France, c'est l'Al-
lemagne accrue d'une dizaine de millions de
nouveaux sujets. Pour l'Angleterre, c'est une
inquétante avancée du germanisme, sous. sa.
forme là plus agressive, vers la Méditerra-
née..Pour l'Italie, le danger est plus mani-
feste encore. Aux grandes puissances donc
de prendre les décisions la Yougoslavie s'y
ralliera ensuite. Consciente de sa force mili-
taire, elle se refuse à s'engager seule dans
une affaire qui n'est pas dans le plan de sa
politique historique.
Maintenant, à ceux des Français auxquels
cette attitude apparaîtrait comme une dissi-
dence par rapport à notre politique générale,
un apaisement doit être donné. Il est de
poids. On ne saurait douter, à Paris, qu'en
cas de .conflit, la Yougoslavie sera, avec tou-
tes ses forces, à nos côtés contre tout ennemi
de la France, quel qu'il soit. De la part d'un
peuple dont la fidélité n'est pas moins pro-
verbiale que la vaillance, c'est une assurance
non écrite, révélatrice d'une communauté
d'intérêts plus puissante et plus profonde que
les ajustages de vues fondés sur une con-
joncture. At,a>a~ MOUSSET.
̃ Albert Mousset.
Grave épidémie au Brésil. On mande
de Belem (Para) qu'une mission médicale est
partie d'urgence pour Santarem, ou a çclate
une épidémie inconnue dont les symptômes
sont une fièvre très élevée accompagnee.de
vomissements. On signale de nombreuses
victimes..
Le rapatriement des prisonniers de guerre
au Paraguay. Le gouvernement a promul-
gué la loi pour le ^patriement des prison
niers, précédemment approuvée par le Par-
lement.
Construction dé trains extra-rapides en
Italie Des trains électriques ou à moteur
à explosion pouvant atteindre une vitesse de
160 kilomètres à l'heore sont actuellement en
construction à Turin.
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