Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-09-24
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Langue : français
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Description : 24 septembre 1928 24 septembre 1928
Description : 1928/09/24 (Numéro 266). 1928/09/24 (Numéro 266).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/12/2007
JOURNAL. DES DEBATS DU LUNDI 24 SEPTEMBRE 1928
J*~ î~ MTi~irM~tf~ 'ON~ ~a~s
~Mt~u~a~on
L'Inauguration du monument élevé à 1~ rné-
nioire de Maurice'Barras, sur la colline .de Sio,n-
Vdudémont, a eu lieu. cet après-midi, sous la
présidence Je M. Raymond Poindre.
Au lendemain de ta mort de Barrés, M, le ma'
téchal Lyautey et le prince de Beauvau cens*
îituèrent un comité ann de rendre un homa~tge
durable au grand écrivain que !a. Frasce venait
de-perdre. Le monument, dû à M. AchiUe Du-
ehënë, érige au sommet <)e la~ eailine de Sien,
sera visible de loin. Un faisceau de'coloaneites
sert de base à nn petit tempie que surmonte
Mac croix.. Sur les faces, des phrases de Mau-
f~e.BaMès. sont gradées
-e L'horizon qui cerne cette plaine, .c'est'cciui
qui cerne toute vie. 'donne'une place- d'hon-
ineur a notre soif d'infini, en même. temps qu'il
cous rappeite nos limites. (Co~M:t !M~:rc<)
;Honneur a ceux qui demeurent, dans la
tondue, les gardiens et les régulateurs de la
cite x' (~r.t<; Au pays de la Moselle. je me connais
comme un Reste du terroir, comme un instant
de son éternité. comme l'un des secrets que
notre, .i-ace, n chaque saison, laisse émerKer en
Seur, et, si j'éprouve assez d'amour, c'est moi
([ui deviendrai son cccur. (7~f~ ~!H!faMM.)
A 2 h. so,.M. Poincaré a été reçu devant le
tnonument par te maréchal Lyautey, entouré
du comité. De nombreuses délégations d'Alsace
Des discours ont été prononces par MM. Paul
Bourget, de l'Académie française; Chartes Mou-
reu, de l'Académie des sciences Désire Fteury,
vice-président de )a Ligue des patriotes Mgr
Lagier, directeur des Œuvres d'Orient; MM.
Oberkirch, sous-secrétaire d'Etat au ministère
du travail, députe du Bas-Rhin; Paul Vautrin,
imaire de Metz, et par M. Raymond Poincaré,
président du Conseil.
~.est~scou/'s.
DISCOURS DE M. PAUL BOURGET
M. Paul Bourget, parlant au nom de l'Aca-
démie française, a montre comment l'Idée même
qui a présidé à la création de l'illustre Compa-
gnie faire de la pensée un service n~tio-
~1. est celle qui a inspiré toute l'œuvre
de Barrés. II a dit en'terminant
Maurice Barres était né Lorrain.ei. il s'est voulu
toujours plus Lorrain pour être toujours plus
Français. De quel accent, quand u entreprend
de raconter, dans !a CoHi): tM!p«'< l'aventure
des frères Baillard, il nous dit qu'eHe vient tout
naturellement se pfacer < dans la série de la
ceste lorraine 11 emprunte le vieux mot
a la C/fa~o): d.' ~c/aMf/. « est écrit MM~ / . Avec quelle ferveur il
tes loue, ces pauvres Baittard, de s'être «' donne
pour -tâche de relever la Lorraine mystique
C'était son rêve, à. lui aussi. Certes. U voyait,
dans sa province, avec la lucidité de son réa-
lisme politique, ce qu'elle est d'abord: un de
nos bastions de l'Est, la marche militaire qm
nous garde, avec notre Alsace, notre frontière
'naturelle et vitatc: celle du Rhin. Mais il a
l'intime sentiment que le pays de Jeanne d'Arc
porte en lui des puissances spirituelles. je
a-eprends le terme et il a sans cesse tenté de
les dégaser. Jamais ce souci ne s'est manifesté
1)!us ardemment que dans ce livre sur les Bail-
tard, où se rencontrent peut-être ses pa~es les
plus pathétiques et, pour parler comme !ui. ses
4: cadences les plus émouvantes. Chateau-
briand n'en a pas trouvé, j'allais dire modulé,
de plus belles, et Barrés explique simplement
tjU'eMes sont « sorties d'une méditation au .pied
de la colline sainte s-, cette colline même où
tious avens, nous, ses amis, associés à son hé-
iroïquc fHs et à son admirabie épouse, vouiu
que se dressât ce monument, voisin du cime-
tière de Charmes où il repose. Elle va devenir.
cette colline, un iicu de pélerinaKe pour tous
ceux qui gardent au ceeur la religion des Let-
tres et le sentiment de la Kt'andeur française.
Quel autre hommage eut désiré ce)ui qui écri-
'va'kt dans une de ces-paRes d'une-sincérité-su-
prême que l'on peut appeler testamentaires, cette
phrase gravée aujourd'hui sur te soubassement
de cette lanterne des morts: <: Honneur à ceux
qui' demeurent dans la tombe les gardions et les
Mguia.tëurs de la cité!
J\L Paul Bour~et ayant été empêché par sa
isanté de se rendre à Sion-Vaudémont, ce dis-
cours a été lu par M. Henry Bordeaux.
DISCOURS DE M. CHARLES MOUREU
M. Charles Mourcu, délégué de l'Académie
des sciences et dé la Confédération des sociétés
scientiËques, s'est exprimé ainsi
La Science apporte son hommage à Maurice
Barres. Beaucoup s'étonneront de la place qui
tui est fane oans cette cérémonie, car us sout
toujours nombreux ceux qui, ne connaissant de
Barrés que ses œuvres proprement hticratres,
me soupçonnent pas ce que lurent ses préoccu-
pations seientitiques..Et pourtant, s'ii est niani-
leste~ qu'il a jeté sur les lettres trancaises le ptus
vif éciat. c'est au~i un iatt inuentabte qu'en
défendant avec sa grande autorité, dans tes
dernières années de sa vie, la haute culture,
compromise par le cataclysme mondiat, il a
rendu à son pays un service dont la portse est
considérable.
Après avoir rappeié les services rendus par
Bsrrès à la science. M. Moureu conclut ainsi
Quelle perte, pour la cause, que la mort pré-
tnaturée (te Barrés! Pianant at'-dessus des par-
tis, ce grand Français lui avait gagné tous les
partis. Ce qui faisait la beauté et la force de
son système, c'était une admirable unité. '<; Nous
M'aurons vraiment de grands résultats agricoles,
industriels, commerciaux, disait-H, que si nous
procédons à une refonte de ia Haute Culture. :)
.o: Je défends, dit-il un jour à ta tribune, l'église
de vittage au même titre que le Collège de
France. Analysant ies causes profondes de la
victoire, <: c'est le cœur, écrivait-ii, qui donna
au cerveau le temps d'inventer tes moyens de
vaincre ?. << Chaleur morale .f, « fabrication
de la pensée x', et tant d'autres, tapiuaires et
compréhensives, sont expressions courantes dans
ses discours et ses écrus sur cette question vi-
tale de la Haute InteH~ence.
D'importants résultat* certes, sont acquis.
L'éian est donné, et tout ce grand mouvement
*auque) nous assistons en faveur de la recherche
scientifique est' de bon augure. Mais, pour l'en-
tretenir, l'intensifier encore, où trouver un nou-
veau Barrés? Du moins nous en'oreons-nous
de la continuer en continuant sa croisade, avec
le ferme espoir que le souvenir de ia foi ar-
dente avec laquelle ce prihce des lettres se fit
l'avocat de 'la science pour l'avenir de la patrie
nous aidera à convaincre la foule encore nom-
breuse des indifférents. Et, plus tard, quand la
France, devenue prospère et forte, au travail
dans la tranquillité, d'une paix sûre du lende-
main, rayonnera de toute sa pensée rajeunie
et toujours humaine. l'histoire dira qu'un des
artisans les plus ctairvoyants de sa résurrectior.
et de sa grandeur, après la terribtc épreuve
fut un digne fils de la terre de Jeanne d'Arc,
Maurice Barrés, grand écrivain protecteur des
sciences.
DISCOURS DE M. DESIRE FERRY
Au nom de ta Ligue des patriotes, M. Désiré
Ferry, député, a prononcé un discours dont nous
détachons les passages suivants
.Depuis longtemps. Barrés s'était piacé au-
dessus des partis. Dans cette fonction, où.i! il
s.c tenait avec persévérance, il s'e!îor(;alt de
comprendre et d'harmoniser les conceptions tes
plus diverses et souvent les p]us opposées à
ses propres tendances. It fut. comme il !e pro-
clamait lui-même, un puissant intercesseur de
l'esprit national auprès du Parlement. I! avait
})révu. de très toin. le grand contMt de tQt4.
Sa pensée précédait les événements, il était
avant tout un poète, et marchait d&ns i'avenir.
Son honneur est d'avoir, aux côtés de Dérou-
}.Ède, maintenu chez nous la sainte obsession
sait trahir notre espérance, et d'avoir ea deux.
ïivrcs, qui connurent un immense sucée. popu-
laire, montré sans réplique la fidélité des Al-
saciens et des Lorrains a la mère patrie.
A sa suite, nourrie de ses idées.' enflammée
par son exempte, une étite de jeunes écrivains
~'était formci: en France, en .BetRique, CH
Luxembourg et jusqu'en Suisse, pour la dé-
i:'n!e de ia pensée française contre les inflltra-
tiens germaniques. C'étaient des hotnmes -qui
ne se résignaient'pas au maintien des mauvaises
fr.oa.tières. Oat le~.vit.se grouper dans la
c-'f .Mo~f~c tondee et'dirigée, per
Georges Duerocq. tendre et enthousiaste poète,
qui, lui aussi, tombsit, foudroyé par !a mort,
H y a tout juste un an.
~Au cours .des longues années de guerre. Bar-
res s'imposa une mission. Chaque jour, avec
mesure'et .'une inspiration toujours renouvelée,
rapportait le réconfort a.ux Français de l'ar-
.nere et semait l'espérance à pleines mains dans
les rangs des armées de ta République. li.oxer-
'çait ce ministère de ht parole qui fut un fac-
teur moral de. la victoire.
H annonçait que la Li~ue des patriotes, qu'H
présidait depuis 1014. devenait une <: tigue cte
visitance pour le maintien de la paix
<: L'idée maîtresse de la LI~uë. disait-)!, avait
été la réinté};ratipn de l'Alsace et de la Lor-
raine dans l'unité nationale. Après la victoire,
nous devons travailler pour que la Kucrre ne se
renouvelle pas. Nous ne montrons pas le poing
a nas. adversaires vaincus, nous leur montrons
!e traité. H est a remarquer que nous ne pous
sons pas a une politique qui procède de l'idée
de revanche, mais à l'idée de pacification. »
M. Désiré Ferry a termine ainsi
Nous gardons de Barrès t'ima~e magninque
de sa dernière époque, où. après tant de re-
cherches et de longues expériences, il était de-
venu !e champion des grandes causes de la
patrie, )e plus bel exemplaire de l'intelligence
irançatse.
Il continuera d'agir par ses écrits toujours vi-
vants qui enseigneront a jamais Je cutte de
l'énergie nationale.
DISCOURS DE Mgr LAGIER
Mgr Lagier, directeur général de l' « Œuvre
d'Orient >, a prononce les paroles suivantes
Il alla en Egypte, en Syrie, en Cilicie, en
Anatolie, à Constantinople. i! entra che~ les
Jésuites, les Frères des écoles chrétiennes, tes.
Sœurs de saint Vincent de Pau), les Soeurs de
Sion, les Sœurs de saint Joseph, les Assomp-
tipnnisles, les Capucins. Sur ces terres étran-
gères, partout, partout, et grâce à l'enseigne-
ment des religieux, il entendit retentir les syl-
labes de la langue française.
L'illustre voyageur constata avec orgueil que
la langue française était te plus puissant des
missionnaires "de notre pays, Jadis, !a langue
grecque étudiée, paTiée,- res'pectée, partout ap-
prise, fut le canal de t'Evansitc: aujourd'hui
le français, en ce même Orient d'Homère et
de Grégoire de Naziancc, est le canal choisi
pour leurs pensées chez tous les Orientaux.
Après cette vaste inspection en Orient, Mau-
rice Barres, se fit l'avocat de ces quatre-vingts
congrégations: Ses plaidoiries orales furent in-
cessantes, sa plaidoirie écrite tient en deux vo-
lumes précieux qui portent ce nom ~/Mt' cy:-
fytM<~ f:!M' ~*ay~ (dans ses écrits, il ~e cessa de répéter <: La
puissance merveilleuse de tous ces religieux
que j'ai rencontrés provient du fait que voici:
i!s traitent les enfants comme s'ils les tenaient
pour des fils de rois et j'ai reconnu qu'ils les
regardaient avec les yeux de l'Eglise. C'est ainsi
que nos missionnaires nous recrutent, mémo
sans y penser, une clientèle magnifique et ma-
gninquement profitable aux intérêts matériels
et moraux de notre nation. 2.
Prenons-y bien garde, depuis 1903, le recru-
tement de ces religieux se fait mal il faut
prendre des mesures urgentes pour que cette
armée de croisade pacifique ne diminue point,
sinon c'est notre patrimoine et c'est la France
qui diminueraient. Le péri! est émouvant.
Le bet écrivain, apres la guerre, put procla-
mer cette vérité: la France va être officielle-
ment présente en Syrie par son mandat. Ce
seul événement lui conserve, à l'extrémité de
la Méditerranée, sa primauté de tous les temps.
Sur cet amphithéâtre de montagnes et dans
ces vallées, aux yeux des nations, elle démon-
trera son savoir-faire supérieur. Déjà !a haute
démonstration est commencée, déjà nous avons
réalisé le modèle des tutelles mandataires. Toute
tnsufnsance que nous accuserions en* Asif Mi-
neure nous' aft'aiblirait dans l'Afrique du Nord.
Ecartons le danger. Envoyons des religieux en
Asie, favorisons leur recrutement.
DISCOURS DE M. POINCARE
Le président du Conseil a prononcé !e dis-
cours suivant
Mesdames, Messieurs,
Si je n'avais écouté que mes préférences per-
sonnelles et si je n'avais craint d'exposer l'inau-
guration de ce pieux monument aux rigueurs
d une saison tardive, j'aurais prié notre illustre
compatriote. M. le marécha! Lyautey, et le
comité qui a pris l'heureuse initiative de cette
cérémonie d'en reporter la date à ce jour des
morts que Maurice Barrès appelait la cime de
l'année. J~'aurais également insisté pour qu'on
m'autorisât à supprimer le discours qu'on me
demandait et à le remplacer par une lecture,
que j'aurais volontiers faite mot-même, de quel-
ques pages empruntées à l'incomparable médita-
tion sur le 2 novembre en Lorraine. C'eût été
la. je crois, le plus bel hommage qui pût être
rendu par un Lorrain et un ami au penseur, au
poète, au Français dont nous célébrons aujour-
d'hui l'impérissable mémoire. Nous avons, du
mcins. voulu mettre ici nos pas (~ans ses pas et
ncras grouper au pied de cette lanterne des morts
pour revoir, en souvenir de lui, ce paysage qu'il
a tant aimé. Il y a quatre ans, c'était a Metz
que nous étions réunis pour poser une plaque
sur la maison où lui était apparue avant ta
guerre la ligure douloureuse et résignée de Co-
lette Baudoche. Fuis, c'était à Sainte-Odile que
son nom était sravé par ta reconnaissance alsa-
cienne, à Sainte-Odile. où il n'avait pas seule-
ment goûté, comme Hippolyte Taine, lices de la solitude, de l'espace et de la solen-
nité ;,<, mais ou il avait reconnu dans le voisi-
nage des remparts et des tombes un de ses ca-
dres naturels et proclamé que le meilleur génie
devient artificiel et stérile s'il se dérobe à la
discipline de sa terre et de ses morts. Il était
juste et nécessaire que, pour achever notre pèle-
rinage, nous vinssions nous recueillir sur cette
colline inspirée de Sion-Vaudémont, qui était
pour lui un des lieux où souffte l'esprit et qui
représentait à ses yeux .un lambeau laissé sur
notre sol par la plus vieille Lorraine. Sa pensée
française avait, disait-il, trois refuges: le Puv-
de-Dôme, dieu du pays où il avait pris son nom
de famil'e; Sainte-Odile. où il entendait un sou-
pir de ~outaRcment de l'Alsace Sion-Vaudé-
mont, où il se plaisait à recevoir le message des
ombres silencieuses qui personninaient, devant
son imagination exaltée, l'histoire mouvementée
les longues vicissitudes de la résistance latine
à la pensée germanique. Maintenant, c'est son
ombre elle-même qui, tout illuminée de gloire,
vient errer sur cette faible éminence, sur cette
montagne en demi-lune, à la fois charmante et
grave, qu'il a tant de fois parcourue et à la-
Queilc il a demandé, pour l'enfance de Philippe,
des enseignements prestigieux. Oui, soyons as-
surés que dans « les nuits peu sentimentales
nui tombent de notre <: ciel lorrain Maurice
Barre;; recommence parfois, sur ta falaise que
spirituatisait déjà de son vivant te mince clocher
de Sion et qut* ce monument couronnera désor-
mais d'un nouveau symbolisme, la promenade
rêveuse où il cherchait, pour nous en même
temps que pour Phitippc. des images, <: des ima-
ges, entendez-moi bien, qui dcchaincnt en nous
de la musique s*. <; Partez, joyeuses; ô routes
romanesques, mon fils et moi nous demeure-
rons. Dans soi' midi, peut-être voudra-t-il quê-
ter ailleurs son plaisir. C'est à moi de disposer
devant les regards sérieux de son aurore les
fruits éternels du pays, pour qu'il n'y ait de
beau jardin, scion son goût, qu'un jardin d~.
Lorraine t'n septembre. ?
Nous voici donc assemblés, a notre tour. en
septembre, dans ce jardin de Lorraine, qu'il a
chanté et divinisé; et nous n'y voyons plus seu-
lement passer les fantômes des chevaliers qui
partaient pour ta Terre Sainte, des dames de
Lotraine, sœurs, nitcs et femmes de croisés, qui
venaient prier ici pendant que les hommes d'ar-
mes, là-bas, combattaient t'inndète, de cette
princesse Philippe de Gueidre, à qui Notre-
Dame de Sion dénonçait l'ambition de ses enne-
rtt! nous n'y entendons plus seulement t'éclat
de rire de Bassompierre ou les propos extrava-
Kants de Charles IV; nous y voyons et nous y
entendons Maurice Barres lui-même, dont l'élé-
Kante silhouette, ba! de mystère, ressuscite
devant nous par la grâce de chefs-d'œuvre im-
mortels et dont les phrases mélodieuses i.'échap-
pent .dee profondeurs de ]a tombe pour revenir
.caresser nos oreilles,
Toutefois. ne ma sachant que trop indigne
d'effleurer les cordes de la lyre qu'il a laissée
su.r es sommet, je ne me suis pas propQsé de
~reprendre, en ce jour, un hymne à no? ancêtres.
~J'aisjmplemen!: cherché à pénétrer de.KCuveau.
dans rame très noNe et an peu distante d~
notre ami .pour y retrouver quelques-uns de ses
sentiments lesplus intunes. 'Ce p'est B35 en Lor*
raiae, c'est à Paris qu.e j'ai. fait, après sa ving~.
Hème année, la connaissance de Barrés, au._ mo-
ment où, sur notre génération étonnée, il jetait
en souriant ses taches d'encre; U préludait ainsi
à ces exercices d'humour dont un des hommes
qui ont le mieux anahsc son oeuvre, M.' l'abbé
Brémond, a 'relevé la .trs.ce dans presque teas
ses livres. Peu de temps après, nous nous scm-
mes rencontrés à la Chambre des députes p~
nous représentions dans des camps, différents
notre commune petite patrie, mais ou jamais la
politique n'eut ni'l'impertinence ni l'audace de
s'essayer n nous séparer. En relisant ces jours'!
derniers la lon~te et familière correspondance!,
que nous avons échangée,, j'ai. noté quelques
traits qui peuvent m'aider à reconstituer de
chers souvenirs. Bien que mon enfance se fût
accoutumée aux rives de l'Orn.un plutôt qu'à !a
valiée de la,Moselle et bien que sur les eaux
claires de ma rivière barrisienne l'esprit de la
plupart de mes concitoyens fut alors emporté
vers Paris plutôt que vers Nancy, les premiers
ouvrages suite, emparés de mon coeur. Moi aussi, j'avais
grandi. sous l'ccil des barbares, partagé entre
les séductions du romantisme et les disciplines
classiques, entre les mirages de la métaphysique'
et )cs sévérités impérieuses de mes traditions
locales. Moi aussi, je m'étais juré de devenir
un homme libre et je m'étais dit que, pour en-
trer dans quelques parties obscures de ma cons-
cience, une bonne méthode était de rechercher
comment les vieux laboureurs dont je descends
avaient posé leurs propres assises Moi aussi,
t'avais trouvé, dans ma terre nata)c, une sou-
veraine implacable, qui tantôt me barrait l'hori-
zon, tantôt, au contraire, me fortinait, m'encou-
rageait et me stimulait. Chaque page nouvelle
de Barrès augmentait donc mon admiration pour
un compatriote qui exprimait si heureusement
ce que je sentais et savais à peine traduire.
Lorsqu'il m'entraîna dans Le /or~tM ~c Bcrc-
nice, lorsque parut, en première édition, D«
.freconnaissant encore a Barres de revenir d'Ai-
guës-Mortes, d'Espagne et d'Italie avec une ima-
gination enrichie, une sensibilité aiguisée, une
prose plus musicale et plus colorée. Mais, a
l'apparition des volumes qui composent )e beau
roman de l'énergie nationale, je crois bien que
la pojitique, brusquement alertée; me voile quel-
ques-unes des beautés des .D~faefM ou de M~-
pel att .ft~/of. Non pas que je fusse assez sot
pour refuser'a Napoléon les fonctions posthu-,
mes de professeur d'énergie, mais je ne parla-
geais pas les illusions de Barrès sur le héros'
moderne qu'il avait choisi. Et puis, pourquoi'
ne pas le dire? Le miroir lorrain de Barrés,
même dans un ~«MMc /<' et aussi dans l'Ap-
~c/ OK ~oMat, répétait quelquefois des apures
que je navals rencontrées ni à Bar-le-Duc ni
dans mes villages mensiens. Celle de Saint-
Phtin, par exemple, m'était tout à fait incon-
nue. Je ne pouvais m'empêcher de le confesser
à Barrés et, le 14 avril 1900. il me répondait
finement < Je ne défendrais pas Saint-Phiin,
vous le savez bien. Il est un de mes moyens
pour exprimer toutes les pensées qui s'associent
naturellement dans un Lorrain aux paysages de
son pays. I) est au point de vue d'un féodal
en Alsace, c'est un peu de cette façon que se
place Zorn de Bulach pour .se rallier à l'état
de choses et accepter la situation faite par le
traité de Francfort. Cependant, le jeune Saint-
Phlin est désintéressé et par la fort aimable.
Ma thèse, au demeurant, n'est dans aucun de
mes personnages elle est dans leur ensemble.
Je vous demande pardon de céder a votre com-
plaisance et de vous parler de moi-même et
des miens. Sa thèse, puisque thèse il y avait,
je la cherchais donc dans 1 ensemble, et plutôt
chez Sturci que chez Saint-Phiin. Déjà il me
semblait la voir se dégager assez clairement.
C'était, à peu de choses prés, celle que, devant
)e platane du square des Invalides. Taine avait
exposée à Roemerspacher <: Cette masse puis-
sante de verdure obéit à une raison secrète, à
la plus « sublime philosophie qui est l'accep-
tation des nécessités de la vie )>. C'est celle
qu'après avoir demandé aux intercesseurs de son
choix de lui enseigner des émotions supplemen-.
taires, après les avoir suivis avec enthousiasme,
après: avoir nnalement reconnu en eux dc,s étran,
gers, il parvient a composer dans la soirée
d'Haroué, au terme des six journées qu'il a pas-
sées à regtrder naître, grandir et mourir la
Lorraine: <; C'est du haut de Sion, pèlerinage
jadis fameux, aujourd'hui attristé de médiocrité
que, moins distraits par je détail, nous prenons
une possession complète de la grandeur et de
la décadence lorraine. Mais non Il ne faut
pas que je m'abandonne. Je calomnie ma race
Si elle n'a pas utilisé tous les dons qui lui étaient
dispensés, il en est un qu'elle a développé jus-
qu'au type. Elle a augmenté l'humanité d'un
idéal asse~ neuf. De René 11 à Drouot, en pas-
sant par Jeanne, une des formes; du désinté-
ressement, le devoir militaire a paru sous son
plus bel aspect. Et s'il se décourage, s'il se
croit emprisonné dans des limites trop étroites,
s'il se débat pour secouer les chaînes qui l'at-
tachent à sa terre et à ses morts, la Lorraine
lui répond <: II est un instinct en moi qui a
abouti. Tandis que tu me parcourais, tu l'as
reconnu c'est le sentiment du devoir, que les
circonstances m'ont fait témoigner sous la forme
de bravoure militaire. »
Ce sentiment du devoir. Maurice Barres va
l'éprouver lui-même, de plus en plus vivement,
à mesure qu'il demandera plus de sève a ses
racines et qu'il sentira mieux que la conscience
lorraine, englobée dans la française, l'a enri-
chie en s'y fondant. Un an après la publication
de I'~i! o)f soldat, un grand malheur l'attei-
gnit qui resserra encore, s'il est possible, les
hens qui l'attachaient à sa petite ville natate.
Au mois de juillet :ooi. il était appelé auprès
de sa mère. tombée malade à Charmes-sur-Mo-
selle. Le hasard voulut que je fisse avec lui, sut
la ligne de l'Est,-une partie de ce triste voyage;
et je le vis si douloureusement inquiet que je
m'épuisai sans grand succès à lui chercher des.
raisons de ne pas désespérer. Lorsqu'il arriva.
sa mère était morte. <: Mon cher ami, m'écri-
vait-il le 2 août. votre sympathie m'a'eté assez
précieuse dans un moment où je.pouvais encore
être abusé sur mes prévisions pour que je veu!]!e
vous tenir au courant de mon malheurs. Et
il m'exptiquait qu'il n'avait pas trouvé, a Nancy,
l'automobile qu'il avait commandée, qu~il avait
passé quatre heures mortelles à attendre en gare
le premier train et que. dans l'intervalle, sa pau-
vre mère était morte sans lui. <: Je souhaite,
ajoutsit-i). que ce matheur soit pour vous
retardé et adouci Dix et douze ahf après,
lorsqu'à mon tour je perdis mon père et ma
mère. Maurice Barrès n'avait pas oublié la part
que j'avais prise, en cette nuit fiévreuse.'à sa
douleur filiale et il me la rappela dans deux
lettres que je conserve parmi les plus beaux
témoignages d'affection que j'aie reçus. <: Au
moins avez-vous eu la douceur de donner à vos
parents le plaisir et la fierté de chacune des
heures de votre développement. Chacun de nous
serait bien mesquin de se réjouir un peu lon-
guement de ce qu'il peut avoir~de succès, car
chacun de nous connaît ses insuffisances, mais
vous avez eu le bonheur et vous garderez le
souvenir apaisant d'avoir rempli de satisfaction
vos parents, et cela c'est un plaisir profond
pour un homme de cinquante ans comme pou:
un enfant de six ans. s- Comme des phrases de
cette douceur et de cette simplicité nous fom
mieux comprendre que dans son resoect pour
ses morts. Barrés n'enveloppe pas seulement
la volonté de les continuer, mais une tendresse-
infinie pour ceux qu'i) a perdus!
Sa mère morte a Charmes, sans qu"i! ait pu
l'embrasser, c'est une tristesse dont it ne cher,-
cht: pas a se consoler, mais c'est aussi une'
exhortation à la persévérance et au travail
et voici que. deux ans après, dans «le a no-
vembre, en Lorraines, sa doctrine de l'acccp- >-
tatton va s'élever et s'élargir. Ce sera, dira-t-i!
lui-même, se défait pour se ressaisir dans la farniiir, dans
!a race, dans la nation, dans des mitliers d'au-'
nées que n'annule pas le tombeau Peut-être
même poussera-t-il un peu J~-in l'abdication de
soi. lorsqu'il ajoutera:~ Nous ne sommes pas
les maîtres des pensées qui naissent en nous.
Notre raison, cette reine enchanMe, nous oblige
à placer nos pas sur les pas de nps prédéces-
seurs. & Mais ne nous arrêtons pas trcp a ces
excès d'humiliation et retenons piutôt cette con-
clusion générale <: Ayant longuement creusé
l'idée du moi. avec la seule méthode des poètes
et des mystiques, par l'observation intérieure,
je descendis parmi des sables sans résistance
jusqu'à trouver au fond, et comme support, la
collectivité.~ »
Presque au même moment que < ~wcW f<
Do~on ~Mrx.Ht s- paraissent, sous le titre des j
~Mtth'M f~oMffM'yM, tes notes ~ur l'acquisition,
p.M un petit ~Lorrain, des. sentiments qui. dan- )
nent un prix à ta vie; et ce que Barres ensei~e.t £
surtout, non seu!emen.t a son 61s, mais à tous
les jeunes .français, c'est ]a nécessite de rnain-
Tenir et de développer )& tradition que 1s France
a. construite. de veiller à une sa~e ectmotnie de
T!o5 iorces <~f d'orgarnser notre éaergic. Mais
combien ~!us encore que cette précieuse tecon,
n'oa$ admirons l'art du maître qui la'donne! Ja-
mais son style n'a été plus harttioaieux. jamais.
ses images n'~nt été plus neavea' et plus va-
riées, ~niais ta draperie des mots n'a recouvert
une sensibilité plus délicate.
Le chantas-connanee dans la vie, par quoi
s'achevaient les ~m: P?'OKfa~< nous en re-
trouverons désormais fécho dans tout ce
qu'écrira Barres. Quand l'Alsacien Ehrmann en-
tre au service de l'Atlemaxfe. son acceptation
touche au stoïcisme, et Cependant il prend cons-
cience de remplir la même bespcne que celte
des téHionnaires de Rome. sur te Rhin et d'Odite
a Ja.Hohenbui'K; H se ccnsidere comme une
garde, avancée de la latinité, comme un défen-
seur de nos bastions de t'Est. Quand, vaincu
par tes magies de Venise ou déconcerté par
Athènes et Sparte, Barres refuse de voir dans
Pattas. ta raison universette et, tout en procla-
mant les Grecs ses maîtres, les prie de lui lais-
ser te trésor de ses propres sentiments, avec
quel ptaisir et quelle sérénité vieut-it a son rcpo~
soir de Charmes, étudie:' et tirer ce qui lui
est cc.nvenabte dans son butin de Grèce! < Pour
mon usa~c, s'éctie-t- les mirabettiers lorrains
valent les arbres de Minerve. Celle-ci eUe-même
me l'a dit. 1) regrette, sur l'Acropole, la voix
de nos cloches lorraines, et il va jusqu'à trou-
ver qu'un rossignol dans nos bois chante mieux
()ue Philomèle sur les oliviers de fAttique. Pré-
férence contre laquelle, je l'avoue, proteste ma
mémoire, car le plus beau chant de rossignol,
c'est un soir, dans un jardin d'Athènes; que
Mme Poincaré et moi, nous avons passe, il y a
près d'un quart de siècle, une heure f écouter.
Mais plus le temps s'écoulait, plus Barrés
avait le regard nxé sur tes traits éternels de la
France. On eût dit qu'it pressentait les éprcu-
) vos dont elle était menacée. Il voulait qu'ette
fut pacifique, mais forte, pour affronter te dan-
Ker. I) me souvient que, )e 14 octobre ]9t3,
avant d'aller à Maittàne rendre visite a Mis-
tral, je m'étais arrête dans ia ville d'Arles.
dont la population m'avait conduit aux arènes,
et qu'une jeune Mireille provençale, après
m'avoir adressé un compliment, m'avait prie
che. J'avais demandé à Maurice Barres de vou-
loir bien m'envoyer, siené de sa main. a l'in-
tention de cette Artésienne, un exemplaire de
l'histoire de la jeune Messine. Dès le 24 oc-
tobre, it m'écrivait de Charmes, en m'adressant
le livre, une lettre où son amitié prenait mr ac-
cent d'extrême bienveillance et ou so:i patrio-
tisme ctairvcyant ne se défendait pas de quel-
que appréhension. Neuf mois plus tard. jetir
pour jour, l'Autriche, appuyée parJ'AUemasne.
si~ninait son ultimatum a la Serbie.
Dès que la ~t'crre éclate, Maurice Barres
s'engage volontairement parmi les soldats de
l'idée française. Dans des articles quotidiens,
il célèbre l'union sacrée, famé de la France,
l'amitié des tranchées, nos diverses f amitiés
intellectuelles; i! s'élève contre le pessimisme;
il insiste sur les raisons d'espérer ,et de lutter
sans défaillance. Dans ce rôle d'animateur, rien
n'échappe à son attention. S'il découvre dans
!e service sanitaire des erreurs ou des lacunes
qui peuvent attiédir le courage des btcssés, it
s'empresse de me prévenir. S'ii s'aperçoit de
maladresses et d'injustices commises dans les
camps de concentration aux dépens d'Alsaciens
trop légèrement considérés comme suspects, i!
donne aussitôt à fjEf/tC de Ponj une chronique
intitulée <: pour Ehrmann et pour Colette
et il en appelle à l'intervention de Mme Poin-
caré. Il fait plus. Il vient voir celle dont il
sollicite le concours et le lendemain il lui envole
la note détaillée qu'ette lui a demandée. Avec
un sens très fin des choses alsaciennes, it
ajoute: « Je vous remercie, madame, de la
bienveillance que vous voulez montrer à ces
pauvres fittcs. Je crois que nous nous faisons
du tort en laissant s'accréditer en Alsace et
en Lorraine le bruit de notre dureté adminis-
trative à leur éRard. Cette dureté a ses excuses,
ses raisons; je sais combien on peut redouter
l'espionnage. Mais il ya bien de l'excès à tom-
ber sur ces malheureuses quand tout le reste
s'échappe. Et si on tes nourrit et les chauKe, ce
sera sans inconvénient militaire et tort poli-
tique~ ~Jc~demeure,, madame, .a~. vos ordres ..et,
vous prie d'agréer }f:s hommaKes et le dévoue-'
ment de votre respectueux serviteur. Grâce
à cette démarche de Barrès, une commission
composée de bons Français d'Alsace fut char-
gée d'aller visiter tes camps de concentration:
ette corrigea Quetques fautes et provoqua des
mesures réparatrices; mais le mal signalé par
Barrés n'en avait pas moins été assez Krave
pour laisser des traces durables dans certaines
communes de l'Alsace et, fan dernier, lorsque
j'ai fait voter par les Chambres un crédit des
tiné à indemniser les victimes de ces relégations
précipitées, j'ai simplement répondu à la voix
du Krand mort que nous honorons aujourd'hui
Comme il avait tout fait pendant la guerre
pour préparer la victoire. Maurice Barrès a tout
fait. après la guerre, pour assurer la restaura-
tion et le ravonnement du "ays. De :0!0 a 1023.
il se dévoue à tout ce qui peut grandir ta France.
la science, les laboratoires, l'action morate, fin-
fluence de la tangue au dehors, nos missions
en Orient. Dans cette période, sa correspon-
dance avec moi redouble de confiance, de cha-
teur et d'intimité. Une des dernières lettres qu'il
m'ait adressées de Charmes, le 14 août !023. me
laisse une fierté que je ne songe pas à dissi-
muler parce qu'eUe me commande la persévé
~nce et l'obstination <: Mon cher ami, m'écri-
.va)t-it. bien souvent, je voudrais vous euvoycr
mon applaudissement respectueux. Oui, c'est du
respect que tout digne Français clairvoyant doit
éprouver pour tes services que vous rendez. Au-
jourd'hui. lisant ces fragments de votre leçon
aux enfants de Sampigny. je viens vous. de-
mander que vous disiez à un secrétaire de
m envoyer, si fécote ta publie !'); c.Mo, un
exemplaire de cette 'page si touchante pour 'des
Lorrains. Que votre santé vous demeure Mêle.
je vous exprime mon dévouement profond. »
"Ainsi, dans les dernières semaines de sa vie,
a!ors qu'il préparait ce recueil, te A/i'~n' f;i
~M /MWt, qu'i! se proposait de dédier à
Gabnete d'Annunzio. Maurice Barrès avait une
Kracieuse ncnsée pour tes enfants de Samp~nv
petits frères terrains des enfants de Charmes,
et it embrassait d'un même regard attendri ta
vallée de la MoscDe et la vattéc de ta Meuse.
Trois semaines plus tard, te 9 septembre icr~
nous étions ensemble à Champenoux, devant le
monument de Gâtelet, pour remettre la croix
de guerre a cette commune si éprouvée, et pou'
commémorer ta Krande bataille qui. en septem-
bre 1914, avait sauvé Nancy. Nous son~on'
tous deux à tout te ~anx qui avait été répandu,
dans le mois qui! aimait, sur nos chers jar-
dins de Lorraine et, pendant que je prononçai
un discours, je voyais des larmes coûter sur
son visage pâtissant. Ah! Messieurs, ces larmes!
Mon ccntrèrc et ami Henry Bordeaux sait corn
bien effes mont alors bouieversé. Il m'a semMt
9~ ,de la victoire du Grand Couronné, t'es
prit de Barres, franchissant les siècles, était si
tencieusement remonté à eeite.que René H aval. 1-
remportée, le 5 janvier 1477, sur Chartes te Té
meraire et qu'it s'était ainsi représenté, comme
en un tableau funèbre, tout ce que, dans ce
long espace de temps, ia mission traditionnette
de la Lorraine neus avait imposé, à nos aïeux
et a nous, de ~tourments, de souffrances et de
deuils.
Mai pourquoi a-t-I[ fattu qu'après tant de
morts nous eussions à pleurer ta sienne? Pour-
quoi a-t-it falluprématurément, en pteitie activité patriotique, en
p!em épanouissement de son génie littéraire et
alors que su journée était toin d'être achevée?
Au mois de mai toi7, avant de me faire rcmet~
trc <: Les diverses famittes spiritucttes de Fran-
ce x.. ii avait écrit sur ta page de ~arde <: A
Raymond Poincaré, j'ofïre ce livre d'union sa-
crée, ce recueit de textes dédiés à la victoire, où
chaque Français, de quelque idée qu'il se ré-
.ctame. trouvera sa foi .et ses espérances jusii-
hees devant ta patrie, x- Ce i.ge esprit de con-
corde nationale n'avait pas cessé de l'animer et
dans cet hiver de 192~, dont il ne vit pas ta un,
il sentait et i! pensait comme au sombre prin-
temps de toi?.
It n'était pas de ceux qui conçoivent l'union t
française dans la domination d'un parti et dans
l'exclusion brutate des Idées d'autrui.
1) savait, au surplus, qu'il avait encore le de-
yoir d'écrire, de parte.- et d'aa'r. <: Que ne puis-
tctravaitier.vinst-quatre heures par jour!
soupirait-t! dans les dernières pages qu'H a !ais-'
secs. Je voudrais Men ccrire ~nati-c beaux }!
vres: deax sur Byrou et sur Cœthc. un sur Pas-
cal en Auvcrsac. un autre. cnHn. sur Ctaude
REVUE DE LA PRESSE
La questtoa dtt desarmement
Le comte Bernstoïfr, après aveirparu's'y
rame! s'est refusé à voter le te~te delà pro~
position Paul-Boneouf, cependant amende
pour donner satisfaction au délégué allemand.
M. Jules Sauerwein ~crit au Matin
Comment sortira-t-oa de ce gâchis? Il sem.
ble que ce soit M. Loudon lui-même qui puisse
ouvrir 'une porte de sauvetage. Il doit, sem-
'ble-t-i!, amener le Conseil à_ se prononcer, mais
comme le Conseil ne saurait parler qu'an nom
des membres de la conférence, qui sont en
même temps membres de la S. D. N., M. Lou-
don ne peut faire autrement que de consulter
ensuite les TEtats-Unis qui ne. sont pas membres
et qui n'ont pas à tenir compte des injonc-
tions, des vosux ou des suggestions de Genève.
Ayant ainsi l'avis des uns et des autres.. et
sans se laisser intimider par aucune pression
de l'AttemaRne ou du Conseil, il doit décider
si. en conscience, la commission peut se tenir
avec Quelques chances de succès. Ce qu'on at-
tend de tui. au tonne de cette enquête logique,
c'est un oui ou un non bien clair.
Si les Etats-Unis ne viennent pas :t la réu-
nion. l'Angleterre s'en abstiendra également, et
j'avoue ne pas comprendre la thèse de ceux
qui estiment que. dans ces conditions. !e débat
doit avoir tiéu quand même. et le fiasco devenir
évident, le tout pour donner à t'AttemaRne une
satisfaction a taquette cite .n'a pas de droit en
ce moment et dont, du reste, ctte ne se con.
tentera nullement.
M. Albert Jullicn (Petit ParisMn) dit
L'Attemasne donne aiusi l'impression d'avoir
mise sur un échec qu'elte voudrait aussi reten-
tissant que possible. Le décor modeste de la
commission préparatoire ne lui suffit pas, scm-
btc-t-ii. c'est dans le cadre imposant d'une con-
férence universelle a kquette tous les Etats
du monde seraient conviés et où clie serait
sûre d'être publiquement appuyée par ses satet-
iites soviétiques, hongrois et autrichiens qu'elle
voudrait faire constater !c Sasco de ce désarme-
ment Keneral prévu par le traité de Versaittes
et dont le sien ne devait être que le prélude.
Ne serait-elle pas alors en excellente posture
cour protester en utilisant tout son arsenal de
propagande contre un manquement aux enla-
cements solennels pris envers cUc car ses vain-
queurs et pour demander, en conséquence, l'an-
nulation des clauses qui la privent de sou indé-
pendance mititaire? Qu'ils le veuillent ou non.
teHc est l'impression qui se désaxe de !a tac-
.tique des détenues allemands et que tcur porte-
narotc à t'Assemblée que ce soit le comte
~Bernstorft .pu M..von.Schubert aura beau-
coup de peine à dissiper.
La Volonté (éditorial) se demande si les
Etats-Unis ne vont pas « de nouveau brouiller
les cartes en faisant échouer l'accord franco-
britannique
Tout ceci n'est Ruer~ encourageant. Mieux
vaudrait reconnaître franchement qu'on s'est
envase sur une mauvaise voie ou que, plus
exactement, on a mis ta charrue, avant tes
bceufs. Nous l'avons dit maintes fos et nous
te répétons, te désarmement est en lui-même un
probtêmc insotubte. La sécurité doit oM~atoi~
renient précéder te désarmement et la sécurité
ne sera obtenue que par t'aoptication de t'arbi-
trai'e obtisatoire et sans exceptions. Sinon, tes
peuples ne désarmeront pas. à moins que ce
ne soit ~our réarmer à ta première menace de
connit.
La publication du « New-York American »
De Pcrtinax (Echo de Paris)
Assurément, les Etats-Unis sont libres de
repousser une formule qui. il faut le reconnaî-
tre. heurte de front les idées qu'ils émirent
à la Conférence des trois puissances navates
(iuin-juiUct t027), quant a la limitation des
croiseurs. Mais ils ont mauvaise ~race à nous
contester le droit de défendre nos intérêts ma-
ritimes, dans, l'affaire du désarmement, par des
échanKes de vues particuliers avec t'AnRte-
terre, méthode qu'eux-mêmes pratiquèrent, à
notre ~rand dam, en novembre-décembre 1931.
quand ils nous mirent en présence d'une for-
mule relative aux cuirassés de première li~ne.
à taquette ils no.us interdirent, par. la suite, de
changer un iota. Et Ha ajouteraient <:ncoro -à.
leur mauvaise ;:râee si, exploitant l'ignorance
de leur public, ils représentaient ta circulaire
du 3 août comme un acte de la diplomatie ta
plus secrète et la plus condamnable. Le docu-
ment livré aujourd'hui aux journaux est connu
du gouvernement américain depuis le premier
jour. Tout le contenu en a été publié. Sans
hypocrisie, nul ne peut crier au scandale.
De M. S. de Givet (Avenir)
Si t'o:! se dit que le ~'fW-Fo~A ~wwco)t
est le chef de file des journaux de M. Hearst,
journaux qui ont toujours besogné au profit
de t'AttemaRne. on comprend tout de suite que
la publication a pour but de brouiller les car-
tes, de dresser l'Amérique contre la France et
l'Angleterre et de Rêner les relations amicales
que ces deux pays ont entre eux tout cela
nour te plus Krand bénéfice du Reich.
Mais ce qui est particulièrement troublant
et inquiétant, c'est que l'on est obti~é de se
temander si la publication du document n'a nts
été favorisée par un parti politique américain
pour ses besoins étectoranx, au moment où
s'ouvre la campas'ne présidentiette.
S'i) en était vraiment ainsi, cela indiquerait
que l'un des groupements concurrents recher-
che l'appui dss électeurs d'origine Kermani-
que et est tout prêt à appuyer t'Attemagne en
toute circonstance et par tous les moyens afin
d'acquérir et de garder cette ctientéte électo-
rale qu'it vise.
De M. Pierre Bertrand (Quotidien)
La publication de ta note du Quai d'Orsay
relative au compromis navat franco-britanni-
que ne peut, en effet, être considérée que
comme une attaque sournoise, et d'ailleurs com-
Q~~<~r~-tf\ru''urLrur<~)tim
Gcttée en Champagne. J'y dirais tout. Ce se-
raient mes mémoires. >
Un autre jour, parlant des trois sommets de
sa pensée française, la colline où nous som-
mes, Satnte-Odtte et le Puy-de-Dôme, il expri-
mait un vœu complémentairedirais-je pas les beaux dialogues que font ces
trots divinités, qtfand le Massif Central français
contrôle et redresse la pensée de nos hardis
bastions de t'est ? Un autre jour encore, il
nous prévenait qu'il refuserait ta mort, aussi
longtemps qu'il n'aurait pas rendu visite aux
cttes retues de l'Orient. Ce voyage aux pays
du Levant, il l'a commence sur une charmante
station dans un jardin sur l'Orcnte. Mais ima-
Kinez qu'iti'ait continué; imaginez qu'i) ait
)u composer un livre sur Gœthe, dont il était
un admirateur sagace et qu'il regardait comme
t un des grands conciliateurs de la pensée latine
et de ta pensée germanique; imaginez qu'il ait
eu le temps d'élever un monument à Pascal et
Je nous vanter, dans les relations organique'.
le notre Lorraine avec l'ossature centrale d~
.a France, une des forces permanentes de l'unitf'
st de l'indivisibilité nationale de quels chefs-
l'œuvre nouveaux n'aurions-nous pas hérité
Ne nous attardons pas cependant, Messieurs, à
les regrets superflus. Lui-même, Barres, nous
aurait déconseillé d'y céder. S'il est vrai, comme
il l'a dit et comme nous t'avons ~ravé sur ce
piédestal, que l'horizon qui cerne cette place
tonne une place d'honneur à notre soif d'infini
en même temps qu'il nous rappelle nos limites
si! est vrai que nos Krands morts « demeurent
dans ta tombe, tes gardions et les régulateurs
de tapette Jes survivants n'ont le droit, ni de
se décourascr, ni de s'endormir avant l'heure.
Connaissons nos limites, ne nous faisons pas
l'ntusion de tes dépasser, mais, si petit que soit
notre cadre, travaillons-y pour l'infini. Nous
aussi, uous sommes des instants de l'éternité.
Les instants passent, l'éternité reste.
Un d!ncr a. réuni hier soir, a Nancy, au-
tour de M. Henry Simond, président de la
Fédération nationale de la presse française.
vice-président du comité national du monu
ment Maurice Barrès, et de M. Marcel
Knecht, secrétaire général du comité, MM
Magrc, préfet de Meurthe-et-Moselle, Dev'
maire de Nancy; Vautrin, maire de Metz;
Michel, sénateur; Désire Ferry et de War-
t-en, députés; Norman Arnoux, chargé d'af-
faires des Etats-Unis, et de nombreuses per-
sonnalités du monde littéraire de Nancy et
dn Paris. Des toasts ont célébré la mémoire
du grand écrivain lorrain.
platement -injt.tstifiée, aux'très: lot-Mx- eMorts
de~ehaneeU.er~s de Londres et de Pans pour
arriver à une entente.. L& vérité profonde cN
que .1 Amérique a désarmai 1~ prétention de
Nommer les mars. et que tout ce qui tend à
restreindre cette prétention-lui est insuppotta-
.Me.
Mais h vérité ~e nous oblio.e-t-elle pas à
r.econns.Hre aussi que la -France et -l'Angle-'
terre ont une part de responsabilité dans ce
désagréable incident. Alors que le texte au
compromis ne prêtait à aucune interprét~tton
déplaisante. ni à aucune suspicion, la lettre
confidentielle du Quai d'Orsay sera certaine-
ment exploitée en Amérique, en raison de 1 aveu
qu eue fait de l'avantage pour l'An~ieterrc-
d utiliser. sans aucune limitation, ses 'petits
croHeurs..
Le ministère de l'aH-
De M. Claude Martial (CEu'vre) a propo~
du compromis cherché pour donner satisfac-
tion aux ministres de la guerre et de ta tna-
rine
M. Laurent Eynac ne <)t pas céder. II.
estime que, puisqu'un ministère de l'ait' a été
créé, il appartient aux antres administrations
qui ont actuellement. en aunexe. des services
aeronautiques. de renoncer a ces derniers. M.
Laurent Eynac s'appuie sur l'exemple des avia-
tions étrangères. –-anglaise, italienne et russe.
par exempte. dont l'autonomie est absolue:
Il a raison. Mais s'il ne réussit pas à imposer
ce point de vue, mieux vaut qu'il s'en aille.
Comment réussirait-il, après avoir accepté le
compromis envisagé, la réforme et l'épuration
de ses services techniques de réception où sont
installés, a côté d'Ingénieurs civits, des experts
m~naircs dont certains, nu) ne t'ignore, pas
même ia douzième direction sont appointés
par des fabriques d'avions? Comment pourrait-
il refuser des types d'~parcits dont les servi-
ces de la guerre lui réclameraient l'achat,
cela s'est produit et qu'il estimerait danse*
reux~
M. Laurent Eynac peut, en. vérité, accepter
toutes les responsabilités, s'il a tous les pou-
voirs.
Les socialistes et te budget
D' <: Intérim de la Journée industrielle
M. Vincent Aurio) et ses amis témoignent
à !a commission des finances et, vraisemblable-
ment. témoigneront en séance publique de )a.
ptus douloureuse anxiété en ce qui concerne
.par exempte. ia ratification des accords, le
~phn Dawes, les émissions d'emprunts, le rôle
des établissements de crédit, les rapports de
la commission' des économies, les crédits des-
tines à la guerre. a ]a marine, à l'aéronautique,
qu.th; jugent exagérés. etc.
De tettes préoccupations s'ont-eltes respecta-
bles ? Evidemment oui, à première vue. Quand
on réfléchit, peut-on sincérc-ment croire.'pour-
tant, que la campagne nctuenement menée con-
tre !e budget par )es brillants leaders de l'ex-
trême gauche socialisa a vraiment pour objec-
tif ta conservation, l'accroissement de nos ri-
chesse publiques et, par conséquent, l'aIIéKe-
mcnt de toutes les charges qui pèsent sur !es
forces de production? En douterait-on un Ins-
tant, qu'un simpte rapnc) de fait suffirait à
fixer le jugement: le budget de la France ne
sera pas voté par les cent membres que compte
la S.F.LO. au Palais-Bourbon, qm'ttes que puis-
sent être tes modifications apportées audit
budget. (
Majorité repuNkaine
M. Adrien Marquct, député-maire de Bof-
deaux, répond à l'enquête de La Volonté
Les gauches reprendront le pouvoir quaad
elles auront à leur disposition, sur te plan na-
tional, une idée-force qui agira sur les masses
populaires. Quand tes gauches seront capables
d'avon' nne autorité suffisante pour inspirer au
pavs ia confiance sans laquelle il n'est pas de
gouvernement possible en démocratie, et nuand,
Pour résoudre un grand problème passionnant
1 opimon publique, elles auront des solutions.
positives bien à ettes. l'avenir et un avenir pro-
chain leur appartiendra.
La France n'est pas réactionnaire, maïs sï
de nouveau les fauches arrivent au pouvoir II
conviendra qu'e!!es réussissent. Deux échecs en
peu de temps marqueraient pour elles un recul
dont il est difficile de mesurer l'étendue, mais
dont il est possible de prévoir )es conscouett-
ces.
Vie chère et alimentation carnée
Conclusion d'un article de D!oscoridc (Le
Journal) « La viande est-elle indispensable
a notre alimentation ?
Il faut considérer l'usage alimentaire de !&
viande au point de vue de ses effets toniques.
incontestabtes plus- que du point de vue nutri-
tif théorique avec évaluation en calories. On
peut vivre sans viande, mais on n'est plus le
même individu, on a moins d'énergie.
C'est donc au citadin, que ne vient pas récon-
forter un air pur autant que l'homme des
champs, que la viande est le plus nécessaire
et surtout dans les milieux déprimés "ar la mi-
sère. le manque d'air et de mmiere. le taudis.
et la mauvaise hyciénc. Or. ce sont Justement
ceux qui en ont le plus besoin que les prix:
actuels pbliKcnt à s'en priver. A ceux-là. !e
besoin d'un tonique nuotidien apparaît jmnéneu-
sement. S'))s ne l'obtiennent pas de la viande.
~i!s le demandent à d'autres produits, au café.
et. hélas, à l'alcool 1
'C'est donc, derrière le problème économ!qae.
une question d'hygiène générale, et même une
question sociale, qui se pose à propos de l'ex-
cessive cherté de la viande.
Maurice Barrés
M. Henry Bordeaux (Echo de Paris), dans
un bel article sur Barrés, donne plusieurs
extraits de pensées, notes et souvenirs que
'fauteur de la Colline inspirée avait rassem-
blés en vue de ses Mémoires Citons ces
deux extraits
Je n'ai jamais eu 'besoin d'autres idées que
celles ou j'ai baigné de naissance. Grâce à elles,
j'ai toujours su parfaitement quelle était la.
vérité. Mon nationalisme n'a été que leur
expression, leur clameur et leur frissonnement.
Quant vint l'affaire Dreyfus, mon père était
mort. Je crois que tout ce que j'ai dit à cette
heure était de chez nous.
De mon expérience propre, qu'est-ce que j'ai
dégage, en outrer J'ai compris que lorsqu'on
se trouvait en présence d'un esprit supérieur,
fallait chercher le point de contact que l'ont
'mouvait prendre avec lui. Ne prenons pas aisé-
ment notre parti de n'être pas d'accord avec le;
a:enie.
!'ai cherché a me compléter avec ce qui ne me
faisait pas horreur; à m'harmoniser, plus large
et plus haut.
J'ai développé en moi le bon sens, qui est
*:res puissant dans ma famille et je suis con-
tent de savoir la portée qu'il faut lui donn"r.
)escartes pensait (d'après Boutroux) qu'H DoM
vient de Dieu. qu'il ne peut pas nous tromper,
'~arce que Dieu ne saurait nous tromper.
Le bon sens, je l'ai employé à retenir le bon.
La propagande soviétique par ta presse
De La Nation
L'organisation bolcheviste de presse pcfte !<-
nom ~d'Edition d'Etat, qui comprend le scctcsr
te rédaction, le secteur d'édition et le secteur
commercial.
Le secteur de rédaction a mobilisé trois cents:
savants ou tittérateurs pour publier la P<'f:'h"
Ë~f-y~o/tf j'oMf~M~. en quatre volumes pour
tes ouvriers, et l'.EKcvf~co'ic o'fo~ pour les.
paysans.
L'Edition d'Etat a naturellement le mono-
pole des livres classiques. « oour faire, des.
entants, des champions de l'idéal communiste >.
Certains livres sont tirés à 400.000 exem-taires.
Au total. l'Edition d'Etat distribue chaque an*
née J? millions de livres- scolaires.
L'organisme soviétique a vendu roo.oao col-
lections des œuvres complètes de Lenine en
26 volumes de 850 pages chacun.
C'est par centaines de mitle qu'ont été dis-
tribués te ~t~i/M~ romwKw~t' fif Karl M?r'c
te CoM?);Kn.?~ /tt.~oi-f,r)ff de Boukhp.nnf.. le Co&;f. (f<
.Mt'HC~CfOKO?!i!<7Mf .dp Bodanov. l'.E!!C"~ot-fM;'t-.
/Mt!);
L'Edition d'Etat public et distribue d~ 'oc-
vraies tendancieux étrangers, not&mmcnt .Lf-
C ministre des finances du Reich. Z~ ~M.tywt;
J*~ î~ MTi~irM~tf~ 'ON~ ~a~s
L'Inauguration du monument élevé à 1~ rné-
nioire de Maurice'Barras, sur la colline .de Sio,n-
Vdudémont, a eu lieu. cet après-midi, sous la
présidence Je M. Raymond Poindre.
Au lendemain de ta mort de Barrés, M, le ma'
téchal Lyautey et le prince de Beauvau cens*
îituèrent un comité ann de rendre un homa~tge
durable au grand écrivain que !a. Frasce venait
de-perdre. Le monument, dû à M. AchiUe Du-
ehënë, érige au sommet <)e la~ eailine de Sien,
sera visible de loin. Un faisceau de'coloaneites
sert de base à nn petit tempie que surmonte
Mac croix.. Sur les faces, des phrases de Mau-
f~e.BaMès. sont gradées
-e L'horizon qui cerne cette plaine, .c'est'cciui
qui cerne toute vie. 'donne'une place- d'hon-
ineur a notre soif d'infini, en même. temps qu'il
cous rappeite nos limites. (Co~M:t !M~:rc<)
;Honneur a ceux qui demeurent, dans la
tondue, les gardiens et les régulateurs de la
cite x' (~r.t
comme un Reste du terroir, comme un instant
de son éternité. comme l'un des secrets que
notre, .i-ace, n chaque saison, laisse émerKer en
Seur, et, si j'éprouve assez d'amour, c'est moi
([ui deviendrai son cccur. (7~f~ ~!H!faMM.)
A 2 h. so,.M. Poincaré a été reçu devant le
tnonument par te maréchal Lyautey, entouré
du comité. De nombreuses délégations d'Alsace
Des discours ont été prononces par MM. Paul
Bourget, de l'Académie française; Chartes Mou-
reu, de l'Académie des sciences Désire Fteury,
vice-président de )a Ligue des patriotes Mgr
Lagier, directeur des Œuvres d'Orient; MM.
Oberkirch, sous-secrétaire d'Etat au ministère
du travail, députe du Bas-Rhin; Paul Vautrin,
imaire de Metz, et par M. Raymond Poincaré,
président du Conseil.
~.est~scou/'s.
DISCOURS DE M. PAUL BOURGET
M. Paul Bourget, parlant au nom de l'Aca-
démie française, a montre comment l'Idée même
qui a présidé à la création de l'illustre Compa-
gnie faire de la pensée un service n~tio-
~1. est celle qui a inspiré toute l'œuvre
de Barrés. II a dit en'terminant
Maurice Barres était né Lorrain.ei. il s'est voulu
toujours plus Lorrain pour être toujours plus
Français. De quel accent, quand u entreprend
de raconter, dans !a CoHi): tM!p«'< l'aventure
des frères Baillard, il nous dit qu'eHe vient tout
naturellement se pfacer < dans la série de la
ceste lorraine 11 emprunte le vieux mot
a la C/fa~o): d.' ~c/aMf/. « est écrit MM~ /
tes loue, ces pauvres Baittard, de s'être «' donne
pour -tâche de relever la Lorraine mystique
C'était son rêve, à. lui aussi. Certes. U voyait,
dans sa province, avec la lucidité de son réa-
lisme politique, ce qu'elle est d'abord: un de
nos bastions de l'Est, la marche militaire qm
nous garde, avec notre Alsace, notre frontière
'naturelle et vitatc: celle du Rhin. Mais il a
l'intime sentiment que le pays de Jeanne d'Arc
porte en lui des puissances spirituelles. je
a-eprends le terme et il a sans cesse tenté de
les dégaser. Jamais ce souci ne s'est manifesté
1)!us ardemment que dans ce livre sur les Bail-
tard, où se rencontrent peut-être ses pa~es les
plus pathétiques et, pour parler comme !ui. ses
4: cadences les plus émouvantes. Chateau-
briand n'en a pas trouvé, j'allais dire modulé,
de plus belles, et Barrés explique simplement
tjU'eMes sont « sorties d'une méditation au .pied
de la colline sainte s-, cette colline même où
tious avens, nous, ses amis, associés à son hé-
iroïquc fHs et à son admirabie épouse, vouiu
que se dressât ce monument, voisin du cime-
tière de Charmes où il repose. Elle va devenir.
cette colline, un iicu de pélerinaKe pour tous
ceux qui gardent au ceeur la religion des Let-
tres et le sentiment de la Kt'andeur française.
Quel autre hommage eut désiré ce)ui qui écri-
'va'kt dans une de ces-paRes d'une-sincérité-su-
prême que l'on peut appeler testamentaires, cette
phrase gravée aujourd'hui sur te soubassement
de cette lanterne des morts: <: Honneur à ceux
qui' demeurent dans la tombe les gardions et les
Mguia.tëurs de la cité!
J\L Paul Bour~et ayant été empêché par sa
isanté de se rendre à Sion-Vaudémont, ce dis-
cours a été lu par M. Henry Bordeaux.
DISCOURS DE M. CHARLES MOUREU
M. Charles Mourcu, délégué de l'Académie
des sciences et dé la Confédération des sociétés
scientiËques, s'est exprimé ainsi
La Science apporte son hommage à Maurice
Barres. Beaucoup s'étonneront de la place qui
tui est fane oans cette cérémonie, car us sout
toujours nombreux ceux qui, ne connaissant de
Barrés que ses œuvres proprement hticratres,
me soupçonnent pas ce que lurent ses préoccu-
pations seientitiques..Et pourtant, s'ii est niani-
leste~ qu'il a jeté sur les lettres trancaises le ptus
vif éciat. c'est au~i un iatt inuentabte qu'en
défendant avec sa grande autorité, dans tes
dernières années de sa vie, la haute culture,
compromise par le cataclysme mondiat, il a
rendu à son pays un service dont la portse est
considérable.
Après avoir rappeié les services rendus par
Bsrrès à la science. M. Moureu conclut ainsi
Quelle perte, pour la cause, que la mort pré-
tnaturée (te Barrés! Pianant at'-dessus des par-
tis, ce grand Français lui avait gagné tous les
partis. Ce qui faisait la beauté et la force de
son système, c'était une admirable unité. '<; Nous
M'aurons vraiment de grands résultats agricoles,
industriels, commerciaux, disait-H, que si nous
procédons à une refonte de ia Haute Culture. :)
.o: Je défends, dit-il un jour à ta tribune, l'église
de vittage au même titre que le Collège de
France. Analysant ies causes profondes de la
victoire, <: c'est le cœur, écrivait-ii, qui donna
au cerveau le temps d'inventer tes moyens de
vaincre ?. << Chaleur morale .f, « fabrication
de la pensée x', et tant d'autres, tapiuaires et
compréhensives, sont expressions courantes dans
ses discours et ses écrus sur cette question vi-
tale de la Haute InteH~ence.
D'importants résultat* certes, sont acquis.
L'éian est donné, et tout ce grand mouvement
*auque) nous assistons en faveur de la recherche
scientifique est' de bon augure. Mais, pour l'en-
tretenir, l'intensifier encore, où trouver un nou-
veau Barrés? Du moins nous en'oreons-nous
de la continuer en continuant sa croisade, avec
le ferme espoir que le souvenir de ia foi ar-
dente avec laquelle ce prihce des lettres se fit
l'avocat de 'la science pour l'avenir de la patrie
nous aidera à convaincre la foule encore nom-
breuse des indifférents. Et, plus tard, quand la
France, devenue prospère et forte, au travail
dans la tranquillité, d'une paix sûre du lende-
main, rayonnera de toute sa pensée rajeunie
et toujours humaine. l'histoire dira qu'un des
artisans les plus ctairvoyants de sa résurrectior.
et de sa grandeur, après la terribtc épreuve
fut un digne fils de la terre de Jeanne d'Arc,
Maurice Barrés, grand écrivain protecteur des
sciences.
DISCOURS DE M. DESIRE FERRY
Au nom de ta Ligue des patriotes, M. Désiré
Ferry, député, a prononcé un discours dont nous
détachons les passages suivants
.Depuis longtemps. Barrés s'était piacé au-
dessus des partis. Dans cette fonction, où.i! il
s.c tenait avec persévérance, il s'e!îor(;alt de
comprendre et d'harmoniser les conceptions tes
plus diverses et souvent les p]us opposées à
ses propres tendances. It fut. comme il !e pro-
clamait lui-même, un puissant intercesseur de
l'esprit national auprès du Parlement. I! avait
})révu. de très toin. le grand contMt de tQt4.
Sa pensée précédait les événements, il était
avant tout un poète, et marchait d&ns i'avenir.
Son honneur est d'avoir, aux côtés de Dérou-
}.Ède, maintenu chez nous la sainte obsession
sait trahir notre espérance, et d'avoir ea deux.
ïivrcs, qui connurent un immense sucée. popu-
laire, montré sans réplique la fidélité des Al-
saciens et des Lorrains a la mère patrie.
A sa suite, nourrie de ses idées.' enflammée
par son exempte, une étite de jeunes écrivains
~'était formci: en France, en .BetRique, CH
Luxembourg et jusqu'en Suisse, pour la dé-
i:'n!e de ia pensée française contre les inflltra-
tiens germaniques. C'étaient des hotnmes -qui
ne se résignaient'pas au maintien des mauvaises
fr.oa.tières. Oat le~.vit.se grouper dans la
c-'f .Mo~f~c tondee et'dirigée, per
Georges Duerocq. tendre et enthousiaste poète,
qui, lui aussi, tombsit, foudroyé par !a mort,
H y a tout juste un an.
~Au cours .des longues années de guerre. Bar-
res s'imposa une mission. Chaque jour, avec
mesure'et .'une inspiration toujours renouvelée,
rapportait le réconfort a.ux Français de l'ar-
.nere et semait l'espérance à pleines mains dans
les rangs des armées de ta République. li.oxer-
'çait ce ministère de ht parole qui fut un fac-
teur moral de. la victoire.
H annonçait que la Li~ue des patriotes, qu'H
présidait depuis 1014. devenait une <: tigue cte
visitance pour le maintien de la paix
<: L'idée maîtresse de la LI~uë. disait-)!, avait
été la réinté};ratipn de l'Alsace et de la Lor-
raine dans l'unité nationale. Après la victoire,
nous devons travailler pour que la Kucrre ne se
renouvelle pas. Nous ne montrons pas le poing
a nas. adversaires vaincus, nous leur montrons
!e traité. H est a remarquer que nous ne pous
sons pas a une politique qui procède de l'idée
de revanche, mais à l'idée de pacification. »
M. Désiré Ferry a termine ainsi
Nous gardons de Barrès t'ima~e magninque
de sa dernière époque, où. après tant de re-
cherches et de longues expériences, il était de-
venu !e champion des grandes causes de la
patrie, )e plus bel exemplaire de l'intelligence
irançatse.
Il continuera d'agir par ses écrits toujours vi-
vants qui enseigneront a jamais Je cutte de
l'énergie nationale.
DISCOURS DE Mgr LAGIER
Mgr Lagier, directeur général de l' « Œuvre
d'Orient >, a prononce les paroles suivantes
Il alla en Egypte, en Syrie, en Cilicie, en
Anatolie, à Constantinople. i! entra che~ les
Jésuites, les Frères des écoles chrétiennes, tes.
Sœurs de saint Vincent de Pau), les Soeurs de
Sion, les Sœurs de saint Joseph, les Assomp-
tipnnisles, les Capucins. Sur ces terres étran-
gères, partout, partout, et grâce à l'enseigne-
ment des religieux, il entendit retentir les syl-
labes de la langue française.
L'illustre voyageur constata avec orgueil que
la langue française était te plus puissant des
missionnaires "de notre pays, Jadis, !a langue
grecque étudiée, paTiée,- res'pectée, partout ap-
prise, fut le canal de t'Evansitc: aujourd'hui
le français, en ce même Orient d'Homère et
de Grégoire de Naziancc, est le canal choisi
pour leurs pensées chez tous les Orientaux.
Après cette vaste inspection en Orient, Mau-
rice Barres, se fit l'avocat de ces quatre-vingts
congrégations: Ses plaidoiries orales furent in-
cessantes, sa plaidoirie écrite tient en deux vo-
lumes précieux qui portent ce nom ~/Mt' cy:-
fytM<~ f:!M' ~*ay~ (dans ses écrits, il ~e cessa de répéter <: La
puissance merveilleuse de tous ces religieux
que j'ai rencontrés provient du fait que voici:
i!s traitent les enfants comme s'ils les tenaient
pour des fils de rois et j'ai reconnu qu'ils les
regardaient avec les yeux de l'Eglise. C'est ainsi
que nos missionnaires nous recrutent, mémo
sans y penser, une clientèle magnifique et ma-
gninquement profitable aux intérêts matériels
et moraux de notre nation. 2.
Prenons-y bien garde, depuis 1903, le recru-
tement de ces religieux se fait mal il faut
prendre des mesures urgentes pour que cette
armée de croisade pacifique ne diminue point,
sinon c'est notre patrimoine et c'est la France
qui diminueraient. Le péri! est émouvant.
Le bet écrivain, apres la guerre, put procla-
mer cette vérité: la France va être officielle-
ment présente en Syrie par son mandat. Ce
seul événement lui conserve, à l'extrémité de
la Méditerranée, sa primauté de tous les temps.
Sur cet amphithéâtre de montagnes et dans
ces vallées, aux yeux des nations, elle démon-
trera son savoir-faire supérieur. Déjà !a haute
démonstration est commencée, déjà nous avons
réalisé le modèle des tutelles mandataires. Toute
tnsufnsance que nous accuserions en* Asif Mi-
neure nous' aft'aiblirait dans l'Afrique du Nord.
Ecartons le danger. Envoyons des religieux en
Asie, favorisons leur recrutement.
DISCOURS DE M. POINCARE
Le président du Conseil a prononcé !e dis-
cours suivant
Mesdames, Messieurs,
Si je n'avais écouté que mes préférences per-
sonnelles et si je n'avais craint d'exposer l'inau-
guration de ce pieux monument aux rigueurs
d une saison tardive, j'aurais prié notre illustre
compatriote. M. le marécha! Lyautey, et le
comité qui a pris l'heureuse initiative de cette
cérémonie d'en reporter la date à ce jour des
morts que Maurice Barrès appelait la cime de
l'année. J~'aurais également insisté pour qu'on
m'autorisât à supprimer le discours qu'on me
demandait et à le remplacer par une lecture,
que j'aurais volontiers faite mot-même, de quel-
ques pages empruntées à l'incomparable médita-
tion sur le 2 novembre en Lorraine. C'eût été
la. je crois, le plus bel hommage qui pût être
rendu par un Lorrain et un ami au penseur, au
poète, au Français dont nous célébrons aujour-
d'hui l'impérissable mémoire. Nous avons, du
mcins. voulu mettre ici nos pas (~ans ses pas et
ncras grouper au pied de cette lanterne des morts
pour revoir, en souvenir de lui, ce paysage qu'il
a tant aimé. Il y a quatre ans, c'était a Metz
que nous étions réunis pour poser une plaque
sur la maison où lui était apparue avant ta
guerre la ligure douloureuse et résignée de Co-
lette Baudoche. Fuis, c'était à Sainte-Odile que
son nom était sravé par ta reconnaissance alsa-
cienne, à Sainte-Odile. où il n'avait pas seule-
ment goûté, comme Hippolyte Taine,
nité ;,<, mais ou il avait reconnu dans le voisi-
nage des remparts et des tombes un de ses ca-
dres naturels et proclamé que le meilleur génie
devient artificiel et stérile s'il se dérobe à la
discipline de sa terre et de ses morts. Il était
juste et nécessaire que, pour achever notre pèle-
rinage, nous vinssions nous recueillir sur cette
colline inspirée de Sion-Vaudémont, qui était
pour lui un des lieux où souffte l'esprit et qui
représentait à ses yeux .un lambeau laissé sur
notre sol par la plus vieille Lorraine. Sa pensée
française avait, disait-il, trois refuges: le Puv-
de-Dôme, dieu du pays où il avait pris son nom
de famil'e; Sainte-Odile. où il entendait un sou-
pir de ~outaRcment de l'Alsace Sion-Vaudé-
mont, où il se plaisait à recevoir le message des
ombres silencieuses qui personninaient, devant
son imagination exaltée, l'histoire mouvementée
les longues vicissitudes de la résistance latine
à la pensée germanique. Maintenant, c'est son
ombre elle-même qui, tout illuminée de gloire,
vient errer sur cette faible éminence, sur cette
montagne en demi-lune, à la fois charmante et
grave, qu'il a tant de fois parcourue et à la-
Queilc il a demandé, pour l'enfance de Philippe,
des enseignements prestigieux. Oui, soyons as-
surés que dans « les nuits peu sentimentales
nui tombent de notre <: ciel lorrain Maurice
Barre;; recommence parfois, sur ta falaise que
spirituatisait déjà de son vivant te mince clocher
de Sion et qut* ce monument couronnera désor-
mais d'un nouveau symbolisme, la promenade
rêveuse où il cherchait, pour nous en même
temps que pour Phitippc. des images, <: des ima-
ges, entendez-moi bien, qui dcchaincnt en nous
de la musique s*. <; Partez, joyeuses; ô routes
romanesques, mon fils et moi nous demeure-
rons. Dans soi' midi, peut-être voudra-t-il quê-
ter ailleurs son plaisir. C'est à moi de disposer
devant les regards sérieux de son aurore les
fruits éternels du pays, pour qu'il n'y ait de
beau jardin, scion son goût, qu'un jardin d~.
Lorraine t'n septembre. ?
Nous voici donc assemblés, a notre tour. en
septembre, dans ce jardin de Lorraine, qu'il a
chanté et divinisé; et nous n'y voyons plus seu-
lement passer les fantômes des chevaliers qui
partaient pour ta Terre Sainte, des dames de
Lotraine, sœurs, nitcs et femmes de croisés, qui
venaient prier ici pendant que les hommes d'ar-
mes, là-bas, combattaient t'inndète, de cette
princesse Philippe de Gueidre, à qui Notre-
Dame de Sion dénonçait l'ambition de ses enne-
rtt! nous n'y entendons plus seulement t'éclat
de rire de Bassompierre ou les propos extrava-
Kants de Charles IV; nous y voyons et nous y
entendons Maurice Barres lui-même, dont l'élé-
Kante silhouette, ba! de mystère, ressuscite
devant nous par la grâce de chefs-d'œuvre im-
mortels et dont les phrases mélodieuses i.'échap-
pent .dee profondeurs de ]a tombe pour revenir
.caresser nos oreilles,
Toutefois. ne ma sachant que trop indigne
d'effleurer les cordes de la lyre qu'il a laissée
su.r es sommet, je ne me suis pas propQsé de
~reprendre, en ce jour, un hymne à no? ancêtres.
~J'aisjmplemen!: cherché à pénétrer de.KCuveau.
dans rame très noNe et an peu distante d~
notre ami .pour y retrouver quelques-uns de ses
sentiments lesplus intunes. 'Ce p'est B35 en Lor*
raiae, c'est à Paris qu.e j'ai. fait, après sa ving~.
Hème année, la connaissance de Barrés, au._ mo-
ment où, sur notre génération étonnée, il jetait
en souriant ses taches d'encre; U préludait ainsi
à ces exercices d'humour dont un des hommes
qui ont le mieux anahsc son oeuvre, M.' l'abbé
Brémond, a 'relevé la .trs.ce dans presque teas
ses livres. Peu de temps après, nous nous scm-
mes rencontrés à la Chambre des députes p~
nous représentions dans des camps, différents
notre commune petite patrie, mais ou jamais la
politique n'eut ni'l'impertinence ni l'audace de
s'essayer n nous séparer. En relisant ces jours'!
derniers la lon~te et familière correspondance!,
que nous avons échangée,, j'ai. noté quelques
traits qui peuvent m'aider à reconstituer de
chers souvenirs. Bien que mon enfance se fût
accoutumée aux rives de l'Orn.un plutôt qu'à !a
valiée de la,Moselle et bien que sur les eaux
claires de ma rivière barrisienne l'esprit de la
plupart de mes concitoyens fut alors emporté
vers Paris plutôt que vers Nancy, les premiers
ouvrages suite, emparés de mon coeur. Moi aussi, j'avais
grandi. sous l'ccil des barbares, partagé entre
les séductions du romantisme et les disciplines
classiques, entre les mirages de la métaphysique'
et )cs sévérités impérieuses de mes traditions
locales. Moi aussi, je m'étais juré de devenir
un homme libre et je m'étais dit que, pour en-
trer dans quelques parties obscures de ma cons-
cience, une bonne méthode était de rechercher
comment les vieux laboureurs dont je descends
avaient posé leurs propres assises Moi aussi,
t'avais trouvé, dans ma terre nata)c, une sou-
veraine implacable, qui tantôt me barrait l'hori-
zon, tantôt, au contraire, me fortinait, m'encou-
rageait et me stimulait. Chaque page nouvelle
de Barrès augmentait donc mon admiration pour
un compatriote qui exprimait si heureusement
ce que je sentais et savais à peine traduire.
Lorsqu'il m'entraîna dans Le /or~tM ~c Bcrc-
nice, lorsque parut, en première édition, D«
.f
guës-Mortes, d'Espagne et d'Italie avec une ima-
gination enrichie, une sensibilité aiguisée, une
prose plus musicale et plus colorée. Mais, a
l'apparition des volumes qui composent )e beau
roman de l'énergie nationale, je crois bien que
la pojitique, brusquement alertée; me voile quel-
ques-unes des beautés des .D~faefM ou de M~-
pel att .ft~/of. Non pas que je fusse assez sot
pour refuser'a Napoléon les fonctions posthu-,
mes de professeur d'énergie, mais je ne parla-
geais pas les illusions de Barrès sur le héros'
moderne qu'il avait choisi. Et puis, pourquoi'
ne pas le dire? Le miroir lorrain de Barrés,
même dans un ~«MMc /<' et aussi dans l'Ap-
~c/ OK ~oMat, répétait quelquefois des apures
que je navals rencontrées ni à Bar-le-Duc ni
dans mes villages mensiens. Celle de Saint-
Phtin, par exemple, m'était tout à fait incon-
nue. Je ne pouvais m'empêcher de le confesser
à Barrés et, le 14 avril 1900. il me répondait
finement < Je ne défendrais pas Saint-Phiin,
vous le savez bien. Il est un de mes moyens
pour exprimer toutes les pensées qui s'associent
naturellement dans un Lorrain aux paysages de
son pays. I) est au point de vue d'un féodal
en Alsace, c'est un peu de cette façon que se
place Zorn de Bulach pour .se rallier à l'état
de choses et accepter la situation faite par le
traité de Francfort. Cependant, le jeune Saint-
Phlin est désintéressé et par la fort aimable.
Ma thèse, au demeurant, n'est dans aucun de
mes personnages elle est dans leur ensemble.
Je vous demande pardon de céder a votre com-
plaisance et de vous parler de moi-même et
des miens. Sa thèse, puisque thèse il y avait,
je la cherchais donc dans 1 ensemble, et plutôt
chez Sturci que chez Saint-Phiin. Déjà il me
semblait la voir se dégager assez clairement.
C'était, à peu de choses prés, celle que, devant
)e platane du square des Invalides. Taine avait
exposée à Roemerspacher <: Cette masse puis-
sante de verdure obéit à une raison secrète, à
la plus « sublime philosophie qui est l'accep-
tation des nécessités de la vie )>. C'est celle
qu'après avoir demandé aux intercesseurs de son
choix de lui enseigner des émotions supplemen-.
taires, après les avoir suivis avec enthousiasme,
après: avoir nnalement reconnu en eux dc,s étran,
gers, il parvient a composer dans la soirée
d'Haroué, au terme des six journées qu'il a pas-
sées à regtrder naître, grandir et mourir la
Lorraine: <; C'est du haut de Sion, pèlerinage
jadis fameux, aujourd'hui attristé de médiocrité
que, moins distraits par je détail, nous prenons
une possession complète de la grandeur et de
la décadence lorraine. Mais non Il ne faut
pas que je m'abandonne. Je calomnie ma race
Si elle n'a pas utilisé tous les dons qui lui étaient
dispensés, il en est un qu'elle a développé jus-
qu'au type. Elle a augmenté l'humanité d'un
idéal asse~ neuf. De René 11 à Drouot, en pas-
sant par Jeanne, une des formes; du désinté-
ressement, le devoir militaire a paru sous son
plus bel aspect. Et s'il se décourage, s'il se
croit emprisonné dans des limites trop étroites,
s'il se débat pour secouer les chaînes qui l'at-
tachent à sa terre et à ses morts, la Lorraine
lui répond <: II est un instinct en moi qui a
abouti. Tandis que tu me parcourais, tu l'as
reconnu c'est le sentiment du devoir, que les
circonstances m'ont fait témoigner sous la forme
de bravoure militaire. »
Ce sentiment du devoir. Maurice Barres va
l'éprouver lui-même, de plus en plus vivement,
à mesure qu'il demandera plus de sève a ses
racines et qu'il sentira mieux que la conscience
lorraine, englobée dans la française, l'a enri-
chie en s'y fondant. Un an après la publication
de I'~i! o)f soldat, un grand malheur l'attei-
gnit qui resserra encore, s'il est possible, les
hens qui l'attachaient à sa petite ville natate.
Au mois de juillet :ooi. il était appelé auprès
de sa mère. tombée malade à Charmes-sur-Mo-
selle. Le hasard voulut que je fisse avec lui, sut
la ligne de l'Est,-une partie de ce triste voyage;
et je le vis si douloureusement inquiet que je
m'épuisai sans grand succès à lui chercher des.
raisons de ne pas désespérer. Lorsqu'il arriva.
sa mère était morte. <: Mon cher ami, m'écri-
vait-il le 2 août. votre sympathie m'a'eté assez
précieuse dans un moment où je.pouvais encore
être abusé sur mes prévisions pour que je veu!]!e
vous tenir au courant de mon malheurs. Et
il m'exptiquait qu'il n'avait pas trouvé, a Nancy,
l'automobile qu'il avait commandée, qu~il avait
passé quatre heures mortelles à attendre en gare
le premier train et que. dans l'intervalle, sa pau-
vre mère était morte sans lui. <: Je souhaite,
ajoutsit-i). que ce matheur soit pour vous
retardé et adouci Dix et douze ahf après,
lorsqu'à mon tour je perdis mon père et ma
mère. Maurice Barrès n'avait pas oublié la part
que j'avais prise, en cette nuit fiévreuse.'à sa
douleur filiale et il me la rappela dans deux
lettres que je conserve parmi les plus beaux
témoignages d'affection que j'aie reçus. <: Au
moins avez-vous eu la douceur de donner à vos
parents le plaisir et la fierté de chacune des
heures de votre développement. Chacun de nous
serait bien mesquin de se réjouir un peu lon-
guement de ce qu'il peut avoir~de succès, car
chacun de nous connaît ses insuffisances, mais
vous avez eu le bonheur et vous garderez le
souvenir apaisant d'avoir rempli de satisfaction
vos parents, et cela c'est un plaisir profond
pour un homme de cinquante ans comme pou:
un enfant de six ans. s- Comme des phrases de
cette douceur et de cette simplicité nous fom
mieux comprendre que dans son resoect pour
ses morts. Barrés n'enveloppe pas seulement
la volonté de les continuer, mais une tendresse-
infinie pour ceux qu'i) a perdus!
Sa mère morte a Charmes, sans qu"i! ait pu
l'embrasser, c'est une tristesse dont it ne cher,-
cht: pas a se consoler, mais c'est aussi une'
exhortation à la persévérance et au travail
et voici que. deux ans après, dans «le a no-
vembre, en Lorraines, sa doctrine de l'acccp- >-
tatton va s'élever et s'élargir. Ce sera, dira-t-i!
lui-même,
!a race, dans la nation, dans des mitliers d'au-'
nées que n'annule pas le tombeau Peut-être
même poussera-t-il un peu J~-in l'abdication de
soi. lorsqu'il ajoutera:~ Nous ne sommes pas
les maîtres des pensées qui naissent en nous.
Notre raison, cette reine enchanMe, nous oblige
à placer nos pas sur les pas de nps prédéces-
seurs. & Mais ne nous arrêtons pas trcp a ces
excès d'humiliation et retenons piutôt cette con-
clusion générale <: Ayant longuement creusé
l'idée du moi. avec la seule méthode des poètes
et des mystiques, par l'observation intérieure,
je descendis parmi des sables sans résistance
jusqu'à trouver au fond, et comme support, la
collectivité.~ »
Presque au même moment que < ~wcW f<
Do~on ~Mrx.Ht s- paraissent, sous le titre des j
~Mtth'M f~oMffM'yM, tes notes ~ur l'acquisition,
p.M un petit ~Lorrain, des. sentiments qui. dan- )
nent un prix à ta vie; et ce que Barres ensei~e.t £
surtout, non seu!emen.t a son 61s, mais à tous
les jeunes .français, c'est ]a nécessite de rnain-
Tenir et de développer )& tradition que 1s France
a. construite. de veiller à une sa~e ectmotnie de
T!o5 iorces <~f d'orgarnser notre éaergic. Mais
combien ~!us encore que cette précieuse tecon,
n'oa$ admirons l'art du maître qui la'donne! Ja-
mais son style n'a été plus harttioaieux. jamais.
ses images n'~nt été plus neavea' et plus va-
riées, ~niais ta draperie des mots n'a recouvert
une sensibilité plus délicate.
Le chantas-connanee dans la vie, par quoi
s'achevaient les ~m: P?'OKfa~< nous en re-
trouverons désormais fécho dans tout ce
qu'écrira Barres. Quand l'Alsacien Ehrmann en-
tre au service de l'Atlemaxfe. son acceptation
touche au stoïcisme, et Cependant il prend cons-
cience de remplir la même bespcne que celte
des téHionnaires de Rome. sur te Rhin et d'Odite
a Ja.Hohenbui'K; H se ccnsidere comme une
garde, avancée de la latinité, comme un défen-
seur de nos bastions de t'Est. Quand, vaincu
par tes magies de Venise ou déconcerté par
Athènes et Sparte, Barres refuse de voir dans
Pattas. ta raison universette et, tout en procla-
mant les Grecs ses maîtres, les prie de lui lais-
ser te trésor de ses propres sentiments, avec
quel ptaisir et quelle sérénité vieut-it a son rcpo~
soir de Charmes, étudie:' et tirer ce qui lui
est cc.nvenabte dans son butin de Grèce! < Pour
mon usa~c, s'éctie-t- les mirabettiers lorrains
valent les arbres de Minerve. Celle-ci eUe-même
me l'a dit. 1) regrette, sur l'Acropole, la voix
de nos cloches lorraines, et il va jusqu'à trou-
ver qu'un rossignol dans nos bois chante mieux
()ue Philomèle sur les oliviers de fAttique. Pré-
férence contre laquelle, je l'avoue, proteste ma
mémoire, car le plus beau chant de rossignol,
c'est un soir, dans un jardin d'Athènes; que
Mme Poincaré et moi, nous avons passe, il y a
près d'un quart de siècle, une heure f écouter.
Mais plus le temps s'écoulait, plus Barrés
avait le regard nxé sur tes traits éternels de la
France. On eût dit qu'it pressentait les éprcu-
) vos dont elle était menacée. Il voulait qu'ette
fut pacifique, mais forte, pour affronter te dan-
Ker. I) me souvient que, )e 14 octobre ]9t3,
avant d'aller à Maittàne rendre visite a Mis-
tral, je m'étais arrête dans ia ville d'Arles.
dont la population m'avait conduit aux arènes,
et qu'une jeune Mireille provençale, après
m'avoir adressé un compliment, m'avait prie
loir bien m'envoyer, siené de sa main. a l'in-
tention de cette Artésienne, un exemplaire de
l'histoire de la jeune Messine. Dès le 24 oc-
tobre, it m'écrivait de Charmes, en m'adressant
le livre, une lettre où son amitié prenait mr ac-
cent d'extrême bienveillance et ou so:i patrio-
tisme ctairvcyant ne se défendait pas de quel-
que appréhension. Neuf mois plus tard. jetir
pour jour, l'Autriche, appuyée parJ'AUemasne.
si~ninait son ultimatum a la Serbie.
Dès que la ~t'crre éclate, Maurice Barres
s'engage volontairement parmi les soldats de
l'idée française. Dans des articles quotidiens,
il célèbre l'union sacrée, famé de la France,
l'amitié des tranchées, nos diverses f amitiés
intellectuelles; i! s'élève contre le pessimisme;
il insiste sur les raisons d'espérer ,et de lutter
sans défaillance. Dans ce rôle d'animateur, rien
n'échappe à son attention. S'il découvre dans
!e service sanitaire des erreurs ou des lacunes
qui peuvent attiédir le courage des btcssés, it
s'empresse de me prévenir. S'ii s'aperçoit de
maladresses et d'injustices commises dans les
camps de concentration aux dépens d'Alsaciens
trop légèrement considérés comme suspects, i!
donne aussitôt à fjEf/tC de Ponj une chronique
intitulée <: pour Ehrmann et pour Colette
et il en appelle à l'intervention de Mme Poin-
caré. Il fait plus. Il vient voir celle dont il
sollicite le concours et le lendemain il lui envole
la note détaillée qu'ette lui a demandée. Avec
un sens très fin des choses alsaciennes, it
ajoute: « Je vous remercie, madame, de la
bienveillance que vous voulez montrer à ces
pauvres fittcs. Je crois que nous nous faisons
du tort en laissant s'accréditer en Alsace et
en Lorraine le bruit de notre dureté adminis-
trative à leur éRard. Cette dureté a ses excuses,
ses raisons; je sais combien on peut redouter
l'espionnage. Mais il ya bien de l'excès à tom-
ber sur ces malheureuses quand tout le reste
s'échappe. Et si on tes nourrit et les chauKe, ce
sera sans inconvénient militaire et tort poli-
tique~ ~Jc~demeure,, madame, .a~. vos ordres ..et,
vous prie d'agréer }f:s hommaKes et le dévoue-'
ment de votre respectueux serviteur. Grâce
à cette démarche de Barrès, une commission
composée de bons Français d'Alsace fut char-
gée d'aller visiter tes camps de concentration:
ette corrigea Quetques fautes et provoqua des
mesures réparatrices; mais le mal signalé par
Barrés n'en avait pas moins été assez Krave
pour laisser des traces durables dans certaines
communes de l'Alsace et, fan dernier, lorsque
j'ai fait voter par les Chambres un crédit des
tiné à indemniser les victimes de ces relégations
précipitées, j'ai simplement répondu à la voix
du Krand mort que nous honorons aujourd'hui
Comme il avait tout fait pendant la guerre
pour préparer la victoire. Maurice Barrès a tout
fait. après la guerre, pour assurer la restaura-
tion et le ravonnement du "ays. De :0!0 a 1023.
il se dévoue à tout ce qui peut grandir ta France.
la science, les laboratoires, l'action morate, fin-
fluence de la tangue au dehors, nos missions
en Orient. Dans cette période, sa correspon-
dance avec moi redouble de confiance, de cha-
teur et d'intimité. Une des dernières lettres qu'il
m'ait adressées de Charmes, le 14 août !023. me
laisse une fierté que je ne songe pas à dissi-
muler parce qu'eUe me commande la persévé
~nce et l'obstination <: Mon cher ami, m'écri-
.va)t-it. bien souvent, je voudrais vous euvoycr
mon applaudissement respectueux. Oui, c'est du
respect que tout digne Français clairvoyant doit
éprouver pour tes services que vous rendez. Au-
jourd'hui. lisant ces fragments de votre leçon
aux enfants de Sampigny. je viens vous. de-
mander que vous disiez à un secrétaire de
m envoyer, si fécote ta publie !'); c.Mo, un
exemplaire de cette 'page si touchante pour 'des
Lorrains. Que votre santé vous demeure Mêle.
je vous exprime mon dévouement profond. »
"Ainsi, dans les dernières semaines de sa vie,
a!ors qu'il préparait ce recueil, te A/i'~n' f;i
~M /MWt, qu'i! se proposait de dédier à
Gabnete d'Annunzio. Maurice Barrès avait une
Kracieuse ncnsée pour tes enfants de Samp~nv
petits frères terrains des enfants de Charmes,
et it embrassait d'un même regard attendri ta
vallée de la MoscDe et la vattéc de ta Meuse.
Trois semaines plus tard, te 9 septembre icr~
nous étions ensemble à Champenoux, devant le
monument de Gâtelet, pour remettre la croix
de guerre a cette commune si éprouvée, et pou'
commémorer ta Krande bataille qui. en septem-
bre 1914, avait sauvé Nancy. Nous son~on'
tous deux à tout te ~anx qui avait été répandu,
dans le mois qui! aimait, sur nos chers jar-
dins de Lorraine et, pendant que je prononçai
un discours, je voyais des larmes coûter sur
son visage pâtissant. Ah! Messieurs, ces larmes!
Mon ccntrèrc et ami Henry Bordeaux sait corn
bien effes mont alors bouieversé. Il m'a semMt
9~ ,de la victoire du Grand Couronné, t'es
prit de Barres, franchissant les siècles, était si
tencieusement remonté à eeite.que René H aval. 1-
remportée, le 5 janvier 1477, sur Chartes te Té
meraire et qu'it s'était ainsi représenté, comme
en un tableau funèbre, tout ce que, dans ce
long espace de temps, ia mission traditionnette
de la Lorraine neus avait imposé, à nos aïeux
et a nous, de ~tourments, de souffrances et de
deuils.
Mai pourquoi a-t-I[ fattu qu'après tant de
morts nous eussions à pleurer ta sienne? Pour-
quoi a-t-it fallu
p!em épanouissement de son génie littéraire et
alors que su journée était toin d'être achevée?
Au mois de mai toi7, avant de me faire rcmet~
trc <: Les diverses famittes spiritucttes de Fran-
ce x.. ii avait écrit sur ta page de ~arde <: A
Raymond Poincaré, j'ofïre ce livre d'union sa-
crée, ce recueit de textes dédiés à la victoire, où
chaque Français, de quelque idée qu'il se ré-
.ctame. trouvera sa foi .et ses espérances jusii-
hees devant ta patrie, x- Ce i.ge esprit de con-
corde nationale n'avait pas cessé de l'animer et
dans cet hiver de 192~, dont il ne vit pas ta un,
il sentait et i! pensait comme au sombre prin-
temps de toi?.
It n'était pas de ceux qui conçoivent l'union t
française dans la domination d'un parti et dans
l'exclusion brutate des Idées d'autrui.
1) savait, au surplus, qu'il avait encore le de-
yoir d'écrire, de parte.- et d'aa'r. <: Que ne puis-
tctravaitier.vinst-quatre heures par jour!
soupirait-t! dans les dernières pages qu'H a !ais-'
secs. Je voudrais Men ccrire ~nati-c beaux }!
vres: deax sur Byrou et sur Cœthc. un sur Pas-
cal en Auvcrsac. un autre. cnHn. sur Ctaude
REVUE DE LA PRESSE
La questtoa dtt desarmement
Le comte Bernstoïfr, après aveirparu's'y
rame! s'est refusé à voter le te~te delà pro~
position Paul-Boneouf, cependant amende
pour donner satisfaction au délégué allemand.
M. Jules Sauerwein ~crit au Matin
Comment sortira-t-oa de ce gâchis? Il sem.
ble que ce soit M. Loudon lui-même qui puisse
ouvrir 'une porte de sauvetage. Il doit, sem-
'ble-t-i!, amener le Conseil à_ se prononcer, mais
comme le Conseil ne saurait parler qu'an nom
des membres de la conférence, qui sont en
même temps membres de la S. D. N., M. Lou-
don ne peut faire autrement que de consulter
ensuite les TEtats-Unis qui ne. sont pas membres
et qui n'ont pas à tenir compte des injonc-
tions, des vosux ou des suggestions de Genève.
Ayant ainsi l'avis des uns et des autres.. et
sans se laisser intimider par aucune pression
de l'AttemaRne ou du Conseil, il doit décider
si. en conscience, la commission peut se tenir
avec Quelques chances de succès. Ce qu'on at-
tend de tui. au tonne de cette enquête logique,
c'est un oui ou un non bien clair.
Si les Etats-Unis ne viennent pas :t la réu-
nion. l'Angleterre s'en abstiendra également, et
j'avoue ne pas comprendre la thèse de ceux
qui estiment que. dans ces conditions. !e débat
doit avoir tiéu quand même. et le fiasco devenir
évident, le tout pour donner à t'AttemaRne une
satisfaction a taquette cite .n'a pas de droit en
ce moment et dont, du reste, ctte ne se con.
tentera nullement.
M. Albert Jullicn (Petit ParisMn) dit
L'Attemasne donne aiusi l'impression d'avoir
mise sur un échec qu'elte voudrait aussi reten-
tissant que possible. Le décor modeste de la
commission préparatoire ne lui suffit pas, scm-
btc-t-ii. c'est dans le cadre imposant d'une con-
férence universelle a kquette tous les Etats
du monde seraient conviés et où clie serait
sûre d'être publiquement appuyée par ses satet-
iites soviétiques, hongrois et autrichiens qu'elle
voudrait faire constater !c Sasco de ce désarme-
ment Keneral prévu par le traité de Versaittes
et dont le sien ne devait être que le prélude.
Ne serait-elle pas alors en excellente posture
cour protester en utilisant tout son arsenal de
propagande contre un manquement aux enla-
cements solennels pris envers cUc car ses vain-
queurs et pour demander, en conséquence, l'an-
nulation des clauses qui la privent de sou indé-
pendance mititaire? Qu'ils le veuillent ou non.
teHc est l'impression qui se désaxe de !a tac-
.tique des détenues allemands et que tcur porte-
narotc à t'Assemblée que ce soit le comte
~Bernstorft .pu M..von.Schubert aura beau-
coup de peine à dissiper.
La Volonté (éditorial) se demande si les
Etats-Unis ne vont pas « de nouveau brouiller
les cartes en faisant échouer l'accord franco-
britannique
Tout ceci n'est Ruer~ encourageant. Mieux
vaudrait reconnaître franchement qu'on s'est
envase sur une mauvaise voie ou que, plus
exactement, on a mis ta charrue, avant tes
bceufs. Nous l'avons dit maintes fos et nous
te répétons, te désarmement est en lui-même un
probtêmc insotubte. La sécurité doit oM~atoi~
renient précéder te désarmement et la sécurité
ne sera obtenue que par t'aoptication de t'arbi-
trai'e obtisatoire et sans exceptions. Sinon, tes
peuples ne désarmeront pas. à moins que ce
ne soit ~our réarmer à ta première menace de
connit.
La publication du « New-York American »
De Pcrtinax (Echo de Paris)
Assurément, les Etats-Unis sont libres de
repousser une formule qui. il faut le reconnaî-
tre. heurte de front les idées qu'ils émirent
à la Conférence des trois puissances navates
(iuin-juiUct t027), quant a la limitation des
croiseurs. Mais ils ont mauvaise ~race à nous
contester le droit de défendre nos intérêts ma-
ritimes, dans, l'affaire du désarmement, par des
échanKes de vues particuliers avec t'AnRte-
terre, méthode qu'eux-mêmes pratiquèrent, à
notre ~rand dam, en novembre-décembre 1931.
quand ils nous mirent en présence d'une for-
mule relative aux cuirassés de première li~ne.
à taquette ils no.us interdirent, par. la suite, de
changer un iota. Et Ha ajouteraient <:ncoro -à.
leur mauvaise ;:râee si, exploitant l'ignorance
de leur public, ils représentaient ta circulaire
du 3 août comme un acte de la diplomatie ta
plus secrète et la plus condamnable. Le docu-
ment livré aujourd'hui aux journaux est connu
du gouvernement américain depuis le premier
jour. Tout le contenu en a été publié. Sans
hypocrisie, nul ne peut crier au scandale.
De M. S. de Givet (Avenir)
Si t'o:! se dit que le ~'fW-Fo~A ~wwco)t
est le chef de file des journaux de M. Hearst,
journaux qui ont toujours besogné au profit
de t'AttemaRne. on comprend tout de suite que
la publication a pour but de brouiller les car-
tes, de dresser l'Amérique contre la France et
l'Angleterre et de Rêner les relations amicales
que ces deux pays ont entre eux tout cela
nour te plus Krand bénéfice du Reich.
Mais ce qui est particulièrement troublant
et inquiétant, c'est que l'on est obti~é de se
temander si la publication du document n'a nts
été favorisée par un parti politique américain
pour ses besoins étectoranx, au moment où
s'ouvre la campas'ne présidentiette.
S'i) en était vraiment ainsi, cela indiquerait
que l'un des groupements concurrents recher-
che l'appui dss électeurs d'origine Kermani-
que et est tout prêt à appuyer t'Attemagne en
toute circonstance et par tous les moyens afin
d'acquérir et de garder cette ctientéte électo-
rale qu'it vise.
De M. Pierre Bertrand (Quotidien)
La publication de ta note du Quai d'Orsay
relative au compromis navat franco-britanni-
que ne peut, en effet, être considérée que
comme une attaque sournoise, et d'ailleurs com-
Q~~<~r~-tf\ru''urLrur<~)tim
Gcttée en Champagne. J'y dirais tout. Ce se-
raient mes mémoires. >
Un autre jour, parlant des trois sommets de
sa pensée française, la colline où nous som-
mes, Satnte-Odtte et le Puy-de-Dôme, il expri-
mait un vœu complémentaire
trots divinités, qtfand le Massif Central français
contrôle et redresse la pensée de nos hardis
bastions de t'est ? Un autre jour encore, il
nous prévenait qu'il refuserait ta mort, aussi
longtemps qu'il n'aurait pas rendu visite aux
cttes retues de l'Orient. Ce voyage aux pays
du Levant, il l'a commence sur une charmante
station dans un jardin sur l'Orcnte. Mais ima-
Kinez qu'iti'ait continué; imaginez qu'i) ait
)u composer un livre sur Gœthe, dont il était
un admirateur sagace et qu'il regardait comme
t un des grands conciliateurs de la pensée latine
et de ta pensée germanique; imaginez qu'il ait
eu le temps d'élever un monument à Pascal et
Je nous vanter, dans les relations organique'.
le notre Lorraine avec l'ossature centrale d~
.a France, une des forces permanentes de l'unitf'
st de l'indivisibilité nationale de quels chefs-
l'œuvre nouveaux n'aurions-nous pas hérité
Ne nous attardons pas cependant, Messieurs, à
les regrets superflus. Lui-même, Barres, nous
aurait déconseillé d'y céder. S'il est vrai, comme
il l'a dit et comme nous t'avons ~ravé sur ce
piédestal, que l'horizon qui cerne cette place
tonne une place d'honneur à notre soif d'infini
en même temps qu'il nous rappelle nos limites
si! est vrai que nos Krands morts « demeurent
dans ta tombe, tes gardions et les régulateurs
de tapette Jes survivants n'ont le droit, ni de
se décourascr, ni de s'endormir avant l'heure.
Connaissons nos limites, ne nous faisons pas
l'ntusion de tes dépasser, mais, si petit que soit
notre cadre, travaillons-y pour l'infini. Nous
aussi, uous sommes des instants de l'éternité.
Les instants passent, l'éternité reste.
Un d!ncr a. réuni hier soir, a Nancy, au-
tour de M. Henry Simond, président de la
Fédération nationale de la presse française.
vice-président du comité national du monu
ment Maurice Barrès, et de M. Marcel
Knecht, secrétaire général du comité, MM
Magrc, préfet de Meurthe-et-Moselle, Dev'
maire de Nancy; Vautrin, maire de Metz;
Michel, sénateur; Désire Ferry et de War-
t-en, députés; Norman Arnoux, chargé d'af-
faires des Etats-Unis, et de nombreuses per-
sonnalités du monde littéraire de Nancy et
dn Paris. Des toasts ont célébré la mémoire
du grand écrivain lorrain.
platement -injt.tstifiée, aux'très: lot-Mx- eMorts
de~ehaneeU.er~s de Londres et de Pans pour
arriver à une entente.. L& vérité profonde cN
que .1 Amérique a désarmai 1~ prétention de
Nommer les mars. et que tout ce qui tend à
restreindre cette prétention-lui est insuppotta-
.Me.
Mais h vérité ~e nous oblio.e-t-elle pas à
r.econns.Hre aussi que la -France et -l'Angle-'
terre ont une part de responsabilité dans ce
désagréable incident. Alors que le texte au
compromis ne prêtait à aucune interprét~tton
déplaisante. ni à aucune suspicion, la lettre
confidentielle du Quai d'Orsay sera certaine-
ment exploitée en Amérique, en raison de 1 aveu
qu eue fait de l'avantage pour l'An~ieterrc-
d utiliser. sans aucune limitation, ses 'petits
croHeurs..
Le ministère de l'aH-
De M. Claude Martial (CEu'vre) a propo~
du compromis cherché pour donner satisfac-
tion aux ministres de la guerre et de ta tna-
rine
M. Laurent Eynac ne <)t pas céder. II.
estime que, puisqu'un ministère de l'ait' a été
créé, il appartient aux antres administrations
qui ont actuellement. en aunexe. des services
aeronautiques. de renoncer a ces derniers. M.
Laurent Eynac s'appuie sur l'exemple des avia-
tions étrangères. –-anglaise, italienne et russe.
par exempte. dont l'autonomie est absolue:
Il a raison. Mais s'il ne réussit pas à imposer
ce point de vue, mieux vaut qu'il s'en aille.
Comment réussirait-il, après avoir accepté le
compromis envisagé, la réforme et l'épuration
de ses services techniques de réception où sont
installés, a côté d'Ingénieurs civits, des experts
m~naircs dont certains, nu) ne t'ignore, pas
même ia douzième direction sont appointés
par des fabriques d'avions? Comment pourrait-
il refuser des types d'~parcits dont les servi-
ces de la guerre lui réclameraient l'achat,
cela s'est produit et qu'il estimerait danse*
reux~
M. Laurent Eynac peut, en. vérité, accepter
toutes les responsabilités, s'il a tous les pou-
voirs.
Les socialistes et te budget
D' <: Intérim de la Journée industrielle
M. Vincent Aurio) et ses amis témoignent
à !a commission des finances et, vraisemblable-
ment. témoigneront en séance publique de )a.
ptus douloureuse anxiété en ce qui concerne
.par exempte. ia ratification des accords, le
~phn Dawes, les émissions d'emprunts, le rôle
des établissements de crédit, les rapports de
la commission' des économies, les crédits des-
tines à la guerre. a ]a marine, à l'aéronautique,
qu.th; jugent exagérés. etc.
De tettes préoccupations s'ont-eltes respecta-
bles ? Evidemment oui, à première vue. Quand
on réfléchit, peut-on sincérc-ment croire.'pour-
tant, que la campagne nctuenement menée con-
tre !e budget par )es brillants leaders de l'ex-
trême gauche socialisa a vraiment pour objec-
tif ta conservation, l'accroissement de nos ri-
chesse publiques et, par conséquent, l'aIIéKe-
mcnt de toutes les charges qui pèsent sur !es
forces de production? En douterait-on un Ins-
tant, qu'un simpte rapnc) de fait suffirait à
fixer le jugement: le budget de la France ne
sera pas voté par les cent membres que compte
la S.F.LO. au Palais-Bourbon, qm'ttes que puis-
sent être tes modifications apportées audit
budget. (
Majorité repuNkaine
M. Adrien Marquct, député-maire de Bof-
deaux, répond à l'enquête de La Volonté
Les gauches reprendront le pouvoir quaad
elles auront à leur disposition, sur te plan na-
tional, une idée-force qui agira sur les masses
populaires. Quand tes gauches seront capables
d'avon' nne autorité suffisante pour inspirer au
pavs ia confiance sans laquelle il n'est pas de
gouvernement possible en démocratie, et nuand,
Pour résoudre un grand problème passionnant
1 opimon publique, elles auront des solutions.
positives bien à ettes. l'avenir et un avenir pro-
chain leur appartiendra.
La France n'est pas réactionnaire, maïs sï
de nouveau les fauches arrivent au pouvoir II
conviendra qu'e!!es réussissent. Deux échecs en
peu de temps marqueraient pour elles un recul
dont il est difficile de mesurer l'étendue, mais
dont il est possible de prévoir )es conscouett-
ces.
Vie chère et alimentation carnée
Conclusion d'un article de D!oscoridc (Le
Journal) « La viande est-elle indispensable
a notre alimentation ?
Il faut considérer l'usage alimentaire de !&
viande au point de vue de ses effets toniques.
incontestabtes plus- que du point de vue nutri-
tif théorique avec évaluation en calories. On
peut vivre sans viande, mais on n'est plus le
même individu, on a moins d'énergie.
C'est donc au citadin, que ne vient pas récon-
forter un air pur autant que l'homme des
champs, que la viande est le plus nécessaire
et surtout dans les milieux déprimés "ar la mi-
sère. le manque d'air et de mmiere. le taudis.
et la mauvaise hyciénc. Or. ce sont Justement
ceux qui en ont le plus besoin que les prix:
actuels pbliKcnt à s'en priver. A ceux-là. !e
besoin d'un tonique nuotidien apparaît jmnéneu-
sement. S'))s ne l'obtiennent pas de la viande.
~i!s le demandent à d'autres produits, au café.
et. hélas, à l'alcool 1
'C'est donc, derrière le problème économ!qae.
une question d'hygiène générale, et même une
question sociale, qui se pose à propos de l'ex-
cessive cherté de la viande.
Maurice Barrés
M. Henry Bordeaux (Echo de Paris), dans
un bel article sur Barrés, donne plusieurs
extraits de pensées, notes et souvenirs que
'fauteur de la Colline inspirée avait rassem-
blés en vue de ses Mémoires Citons ces
deux extraits
Je n'ai jamais eu 'besoin d'autres idées que
celles ou j'ai baigné de naissance. Grâce à elles,
j'ai toujours su parfaitement quelle était la.
vérité. Mon nationalisme n'a été que leur
expression, leur clameur et leur frissonnement.
Quant vint l'affaire Dreyfus, mon père était
mort. Je crois que tout ce que j'ai dit à cette
heure était de chez nous.
De mon expérience propre, qu'est-ce que j'ai
dégage, en outrer J'ai compris que lorsqu'on
se trouvait en présence d'un esprit supérieur,
fallait chercher le point de contact que l'ont
'mouvait prendre avec lui. Ne prenons pas aisé-
ment notre parti de n'être pas d'accord avec le;
a:enie.
!'ai cherché a me compléter avec ce qui ne me
faisait pas horreur; à m'harmoniser, plus large
et plus haut.
J'ai développé en moi le bon sens, qui est
*:res puissant dans ma famille et je suis con-
tent de savoir la portée qu'il faut lui donn"r.
)escartes pensait (d'après Boutroux) qu'H DoM
vient de Dieu. qu'il ne peut pas nous tromper,
'~arce que Dieu ne saurait nous tromper.
Le bon sens, je l'ai employé à retenir le bon.
La propagande soviétique par ta presse
De La Nation
L'organisation bolcheviste de presse pcfte !<-
nom ~d'Edition d'Etat, qui comprend le scctcsr
te rédaction, le secteur d'édition et le secteur
commercial.
Le secteur de rédaction a mobilisé trois cents:
savants ou tittérateurs pour publier la P<'f:'h"
Ë~f-y~o/tf j'oMf~M~. en quatre volumes pour
tes ouvriers, et l'.EKcvf~co'ic o'fo~ pour les.
paysans.
L'Edition d'Etat a naturellement le mono-
pole des livres classiques. « oour faire, des.
entants, des champions de l'idéal communiste >.
Certains livres sont tirés à 400.000 exem-taires.
Au total. l'Edition d'Etat distribue chaque an*
née J? millions de livres- scolaires.
L'organisme soviétique a vendu roo.oao col-
lections des œuvres complètes de Lenine en
26 volumes de 850 pages chacun.
C'est par centaines de mitle qu'ont été dis-
tribués te ~t~i/M~ romwKw~t' fif Karl M?r'c
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L'Edition d'Etat public et distribue d~ 'oc-
vraies tendancieux étrangers, not&mmcnt .Lf-
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