Une funèbre méprise
COMMENT UNE PAUVRE PAYSANNE
CRUT ENTERRER SON FRÈRE
QUI N'ÉTAIT PAS MORT
Morlaix. 11 Janvier. (De notre
correspondant particulier)
Nous avons relate dimanche, la do-
couverte à Pleyber-Christ, du cadavre
d un homme étendu sur la route et
qui avait succombé a une congestion
dans la nuit au mercredi 6 au jeuc,
7 janvier.
Les gendarmes de Pleyber-Christ.
accompagnes de Mo Vivier, maire et
du docteur Pr;it, te rendirent sur les
lieux pour procéder aux constatations
légales. Or. cet homme n'était pas
connu dans le p; ys et il ne portait
aucune indication sur lui, aucun pa-
pier, qui put révéler son identité.
Cependant, parmi les témoins, quel-
qu'un suggéra « C'est peut-être
Toumpic, le toucheur de bestiaux qui
dort la nuit au bord de la route. »
Toumpic, de son vrai nom Marie
Leroux, est un familier des foires de
la région où il exerce le métier de
tourneur de bestiaux. Pour seule fa-
mille, il a une soeur. la femme Corre.
née Marie-Louise Leroux, qui habite
actuellement à Pen-ar-Pont, en Ploué-
nan, à la limite du bourg de Pensé.
La gendarmerie de Saint-Pol-de-
Léon avertit aussitôt Mme Corre qui
se rendit à Pleyber-Christ et recon-
nut son frère dans le mort qu'on lui
présenta.
Les obsèques et l'inhumation eurent
lieu vendredi à Pleyber-Christ et Mme
Corre s'en revint à pied chez elle, où
elle se coucha aussitôt, brisée de fa-
tigti
Toumpic à la foire le Morlaiz
Et, voilà que samedi, jour de foire
à Morlaix, un groupe de marchands
de bestiaux s'entretenaient, dans un
débit de la mort subite de Toumpic,
lorsque soudain ils virent surgir de-
vant eux le mort dont üs faisaient
déjà l'oraison funèbre.
Un gros rire sonore de Toumpic,
bien vivant, répondit à ce qui lui sem-
blait être une mr.uvaise plaisanterie.
Mais alors, qui était le mort qu'on
venait d'enterrer à Pleyber-Christ, et
qu'on avait enregistré à l'état civil,
sous le nom de Jean-Marie Leroux,
45 ans, originaire de Mespaul ?
Une disparition Plounéour-Menes
Pendant ce temps, on signalait à
Plounéour-Menez. la disparition d'un
cultivateur nommé Alain Floch, 49
ans, demeurant à Goas-Melven, en
Plounéour-Menez. Les gendarmes de
Pleyber-Christ eurent alors des doutes
sur la véracité de l'identification faite
par la femme Corre.
Une enquête établit que Toumpic
étai' au service de M. Sparfel, à Les-
neven.
Celui-ci déclara en effet que le tou-
rheur de bestiaux était à son service
ce jour-là à la foire de Morlaix.
Puisque Jean-Marie Leroux était
vivant, c'était peut-être Alain Floch
qui avait été inhumé dans le cimetière
de Pleyber-Christ. On avisa la famille
Floch et il fut décidé de procéder à
l'exhumation du corps Elle eut lieu
samedi après-midi en présence de M.
Dilasser, adjoint au maire, de la soeur
et des beaux-frères d'Alain Floch qui
reconnurent tous formellement le
cadavre de leur parent, dont le? vête-
ments mêmes ne laissèrent aucun
doute.
Il fut aussitôt dressé procès-verbal
de la nouvelle identification du mort
et une dpmandp de transport du corps
à Plounéour-Menez fut formulée par
la famille Ploch
Ce que nous dit la sœur de Toumpic,
Hier matin nous nous sommes rendu
à Ponzé. pour interviewer Mme Corre.
Nons nous adressons tout d'abord à
M. Pageaud. brigadier de gendarmerie
qui nous offre aimablement de nous
conduire à la demeure de la sœur de
Toumpic Nous cognons à la porte.
Nous appelons Personne ne repond
Sur le bord de la route broutent les
chèvres de celle-ci nous cherchons..
Elle ne doit pas être bien loin
Dans ce petit hameau notre arrivée
est un événement Devant la maison
un attroupement se forme déjà et des
voisines bien renseignées nous assu-
rent que la femme Corre est chez elle
mais Qu'elle n'ose pas ouvrir sa porte.
car elle a peur Ce matin en effet un
mauvais plaisant. exploitant la naï-
veté de cette femme. est venue lui
dire « Puisque tu as dit que c'était
ton frère tu vas maintenant aller en
prison
Et notre arrivée l'automobile, le
brigadier de gendarmerie font croire
à cette pauvre femme qu'on vient
pour l'arréter
Aussi c'est a grand'pelne qu'elle
accepte de nous recevoir dans son
pauvre logis Nous lui parlons en bre-
ton et cela la met peu à peu en
confiance.
Elle nous dit alors comment. appelée
à Pleyber-Crist. elle s'est mise à pied
avec un morceau de pain dans sa
poche Mise en présence du cadavre
identifie elle a Immédiatement été
frappée par un détail de la main
a Mon trère. nous dit-elle. etant en-
fant. avait eu le petit doigt de la
main gauche brûle Et la position de
la main du mort de Plevbfr-Christ
était telle que le petit doigi était
complètement replie et semblait avoir
été coupe C'pst ce qui me permit d'af-
firmer que c'était bien là mon frère
Cependan. l'aval» des doutes quant
au visage il me semblait aussi que
mnn frère était plus gros mais le np
l'avais pas vu depuis trois ans aussi
je ne m'étonnai5 pas de ce change-
ment »
Nous quittons Mme Corre oui n'en
pas encore revenue de cette Deniblp
aventure
Quant a Toumpic il ptratt qu'il a
trfs bien pris la chose et a fêté hier
a Leaneven sa résurrectien.
M. Gipoux parle à Nantes
de la crise économique
et exprime sa confiance
dans le relèvement national
Nantes, 11 janvier.- Pendant le dé-
jeuner qui a suivi aujourd'hui l'inau-
guration du nouveau siège social de
l'Association Industrielle, Commercia-
le et Agricole de l'Ouest à Nantes, M.
Gignoux, sous-secrétaire d'Etat à
l'Economie nationale, a prononcé un
discours qui a été vivement applaudi.
M. Gignoux a félicité l'Association
de son bel effort aux points de vue
économique et social qui peut être
donné en exemple, puis, parlant de la
crise, il a dit que notre pays n'est pas
à l'origine de cette crise. S'il en su-
bi les conséquences, il n'en porte pas
la responsabilité
On n'a pas observé chez nous ces
redoutables phénomènes de gonfle-
ment de crédit qui ont précipité le
monde entier dans le désordre et le
marasme. Nous n'avons pas, comme
aux Etats-Unis suscité une production
pléthorique par des facilités excessi-
ves de consommation. Nous ne nous
sommes pas ruinés comme l'Allema-
gne pour vivre ensuite de crédits exté-
rieurs et, quand ceux-ci se sont refu-
sés pour de longues périodes, nous
n'avons pas préparé une nouvelle fail-
lite en Investissant dans un cycle de
production à lointains développements
des crédits à court terme exposés
à n'être point renouvelés et candidats
de ce fait à la congélation. Enfin, n'é-
tant point d'abord des marchands
d'argent, nous ne nous sommes pas
engagés comme l'Angleterre dans ces
opérations Imprudentes que conduisait
autrui. Par dessus tout, nous n'avons
rien fait dans le monde pour tuer le
crédit, c'est-à-dire la confiance.
c Ce contre quoi ne peuvent rien ni
les gouvernements, ni le temps qui est
leur maître, c'est l'absence de volonté
de guérir, c'est le déclin de la morale
internationale comme de la morale
privée, c'est l'instabilité des esprits et
de la politique. »
Ce qai se passe en Allemagne
Examinant ce qui se passe en Alle-
magne, M. Gignoux déclare
< Qui empêche l'Allemagne d'obte-
nir des délais et le simple renouvel-
lement des crédits en cours sinon que
toute sécurité pour le prêteur est
morte dans ce pays du fait qu'un par-
ti de violence menace à chaque ins-
tant le pouvoir et que celui-ci ne se
croit pas en mesure de répondre que
par une égale ardeur dans la négation
des plus solennels engagements con-
tractuels.
« Le cas, messieurs, n'est point uni-
que. Vous tous qui exportez, le savez.
nous vivons sous le régime des mora-
toires de fait entre pays, sous le signe
de la transaction continue avec les rè-
gles du droit et parfois de la conscien-
ce professionnelle.
L'exemple de la France
te Depuis quelques mois le marché
français s'est vu envahir et a pu être
défendu ,ar des mesures, sinon par-
faites peut-être au regard de l'ortho-
doxie, mais d'une nécessité indispen-
sable au regard des faits. Pourquoi ?
Parce que la France par sa force et
son épargne a maintenu son pouvoir
d'achat et parce qu'elle est demeurée
un des rares pays où s'est conservée
l'habitude de payer ce qu'on achète
et ce qu'on doit, en sorte que cette
garantie finale autorise tous les sa-
crifices de prix puisque du moins nos
vendeurs sont assurés d'une bonne
fin. »
Le ministre continue en disant que
chacun de nous ne doit avoir en ce
moment qu't'n but exalter dans sa
sphère l'activité nationale. C'est ce
que fait le Gouvememert.
Un appel
à l'énergie et à la confiance
M. Gignoux termine ainsi
c Je vous demande d'être plus que
Jamais des propagandistes d'énergie
et de sang froid. Laisserons-nous les
chances manifestes de la nation à la
merci des exploiteurs du désespoir ou
des professionnels du pessimisme ?
Vous ne le pensez-pas, vous en qui je
salue les artisans permanents du re-
lèvement national, vous qui. engagés
en pleine bataille contre les forces
de destruction ne songez, la manifes-
tation d'aujourd'hui en témoigne.
qu'à construire. Collaborateur occa-
sionnel de votre effort silencieux et
persévérant, je vous félicite et je vous
remercie. Je forme le vœu que votre
belle confiance dans les destinées de
votre province et de votre Patrie sont
contagieuses et fécondes. Au delà des
heures mauvaises, au delà des sacri-
fices d'une génération qui œuvre du-
rement dans la paix après avoir sauvé
son pays par une victoire dont le sou-
venir nous l'oit être une leçon, non
d'orgueil, mais d'énergie, je vous de-
mande, messieurs, de saluer avec mol
l'aube prochaine où se relèvera au-
dessus du rillon courageusement tra-
vaille la jeune espérance française.
IL FRAPPE SON CAMARADE
D'UN COUP DE COUTEAU
LAVAL, 11 Janvier (De notre Ré-
daction)
La gendarmerie de Meslay-du-Maine
a conduit à Laval le nommé Mary
Henri, fromager. à Meslay-du-Malne,
qui s'est rendu coupable de coups et
blrssures sur la personne de snn cama-
rade Etien Frânçois employé égale-
mrnt il la mhme frormgerle que Mary.
Les deux hommes qui étaient lvree
dans la tournep de dimanrhe se prl-
rent de quprflle et au comble de l'Pxas-
ppration. Marv frappa bratalpment
Etien avec un couteau ferme qu'il
te' fit a la main
L'inculpe avant un domicile il a Pte
lai=se en liberté provisoire' mais 11
devra répondre dr ses actes Il une pro-
chaîne audience correctionnelle.
LE NAUFRAGE
DE L'ARGUENON »
La mort terrible
du patron
et de son mousse
St-Nazaire, 12 janvier. (De notre
rédaction). L'Ouest-Eclair a relaté
hier les péripéties du naufrage de
l'Arguenon, du port de Saint-Malo,
qui s'est perdu à 80 milles au large
de Cherbourg.
Le paçu-bot Macoris, venant du Ha-
vre, a recueilli le seul rescapé du
malheureux bateau et l'a débarqué à
Saint-Nazaire. Il s'agit du matelot
Vaugeois.
Voici le récit qu'il a fait du nau-
frage
Le récit du matelot Vaageois
« Le dundee était parti de Saint-
Malo samedi matin avec un charge-
ment d'ardoises pour l'Angleterre. Sur-
pris par une violente tempête, il se
remplit d'eau. L'équipage était com-
posé de trois hommes le patron Yves
Leboucher inscrit à Paimpol; le mous-
se Etienne Lecam, 16 ans, et moi-mê-
Nous allions couler quand survint
le paquebot Macoris. Nous flmes des
signes de détresse qui furent aperçus
du navire. Celui-ci réussit à appro-
cher bord à bord et à jeter une élin-
gue. Je réussis à escalader l'échelle du
bord qui avait été jetée. J'étais suivi
du mousse et du patron. Mais le mous-
se affolé, perdit pied soudain et tom-
ba sur le patron.
c Tous les deux furent entralnés à
la mer; le mousse coula à pic. le pa-
tron nagea pendant quelques minutes
mais fut écrasé entre les coques des
deux bateaux ».
L'assassin de Denise Malot,
la fillette cherbourgeoise,
doit courir encore
CHERBOURG, 11 janvier. (De notre
réduction.) Dès hier matin, les en-
voyés de la police mobile de Rouen
arrivaient à Montebourg, à la de-
mande du Parquet de Cherbourg, pour
y reprendre l'enquête sur l'odieux as-
sr.;sinat de Denise Malot et surtout
pour vérifier le bien ou le mal fondé
des accusations portées par la femme
Aurélie Le Pastourel, veuve Travers,
contre le sieur D.
Une fieffée menteuse
Au moment où nous écrivons ces
lignes, nous ne connaissons pas les ré-
sultats obtenus par les distingués et
très actifs délégués de la mobile, mais
nous pouvons bien dire que dans les
milieux judiciaires et policiers, on pa-
rait n'attacher qu'une très médiocre
importance aux déclarations d'Aurélie.
Celle-ci est, de l'avis de tous ceux qui
ont eu à s'occuper d'elle, une menteuse
incorrigible, douée de l'imagination la
plus malfaisante, et dont il est recom-
mandé de ne pas croire une parole
sans s'être livré à de nombreuses véri-
fications.
Pour tout dire, et avant même
d'avoir eu le temps matériel de pour-
suivre l'enquête sur les faits révélés
par la dénonciatrice, nous avons eu
hier matin le sentiment très net que
le sieur D. était innocent du crime
abominable mis à sa charge par Au-
rélie et que celle-ci avait une fois de
plus inventé une histoire pendable.
C'est qu'Aurélie Le Pastourel, con-
damnée notamment à Valognes en
1924 pour vol à six mois de prison et
vingt ans d'interdiction de séjour, à
Rennes en 1924 à treize mois de prison
et vingt ans d'interdiction de séjour,
à Saint-Lô en 1926 à six mois de pri-
son et cinq ans d'interdiction, à Cou-
tances en 1926 à huit mois et vingt ans
d'interdiction, à Cherbourg en 1928 à
un an et un jour de prison, pour ne
parler que des peines les plus impor-
tantes, c'est, disons-nous, qu'Aurélie
est loin d'en être à son coup d'essai.
Elle a fait ses preuves un peu partout
et il est bien peu de particuliers, de
policiers et magistrats auxquels elle
n'ait essayé, avec plus ou moins de
succès, de jouer quelque comédie.
D. est remis en liberté
M. le commissaire Camp et M. l'ins-
pecteur Fratoni, de la police mobile
de Rouen, les deux mêmes qui, voilà
un an, firent autour de l'affaire Malot
une enquête si approfondie, ont pour-
suivi hier leurs investigations et sont
venus rendre compte à M. le Procu-
reur de la République de Cherbourg
et à M. le juge d'instruction, de leurs
opérations. En fin de journée, les ma-
gistrats ont décidé de faire relâcher
D. qui était toujours gardé à vue à
Montebourg, mais de l'inviter à se te-
nir à la disposition de la justice. Au-
rélie Lepastourel va être conduite ce
matin à la prison de Valognes et
écrouée.
Aujourd'hui et jours suivants, MM
Camp et Fratoni vont continuer leurs
opérations et vérifier sur place toutes
les déclarations contradictoires d'Au-
rélie et de D. dans une affaire d'u-
ne telle importance et d'une si gran-
de gravité, il convient de ne laisser
aucun fait dans l'ombre. On peut
compter sur les enquêteurs pour ne
rien négliger.
LES PETITS CODES DALLOZ 1032
sont p rus Code civil code de pro-
I cedure civile et commerciale code de
i comtnerce code pénal chaque vol tu
I irix dr 27 francs franco Code
criminelle code forestier
chaque vol 22 fr tranco Code
I Code du travail en 2 vol tranco
47.50 Contre mandat on ^heque
̃ nost.91 n' 118 adresse Il nom >iblio-
1 Chèque.
LA GRANDE PITIÉ
DES GOEMONNIERS
DE BRETAGNE
L'Aberwhach, 11 janvier (de notre
envoyé spécial)
L'aimable obligeance d'un vieux
brestois. M. Le Treste, ma permis, ce
matin, de me rendre dans cette région
de Landéda où la presque totalité des
habitants vit de l'industrie du goémon.
J'ai trouvé quelquun qui peut se
faire le porte-parole de tous M. René
Nicolas. Il travaillait comme chauffeur
à l'usine de la Compagnie Française de
l'Iode et de l'Algine. Lorsque l'usine
ferma ses portes. M. Nicolas prit du
service à la Compagnie Bretonne, fer-
mée maintenant elle aussi. « J'ai subi
les effets de la crise. me dit M. Nico-
las. Je suis jeune marié, j'ai deux en-
fants, et pour moi la situation est bien
dure. Heureusement que la Compagnie
Bretonne va bientôt rouvrir ses por-
tas.
UNE INTERVIEW
DU MAIRE DE LANDEDA
Je souhaite bonne chance à M. Ni-
colas, et j'ai la fortune heureuse de
voir le maire de Landeda, M. Kéraudy
Quand il a vu un journaliste, il a
eu un sursaut d'étonnement et a assu-
ré son binocle.
« J'ai lu L'Ouest-Eclair, m'a-t-il dit.
Votre journal défend les intérêts des
goémonniers, et vous avez rudement
raison. En tant que maire de Lan-
déda, j'ai vu l'année dernière des cho-
ses très tristes. A la suite de la décon-
fiture de l'usine de la Societé de l'Iode
et de l'Algine, il y a eu beaucoup de
victimes. Les goémonniers n'ont pas
été payés l'an dernier. C'est la misère
noire pour eux, et pour les commer-
çants aussi. »
Il me cite le cas d'un épicier-débi-
tant de boissons En 1929, ce dernier
a pris son commerce. L'installation de
la nouvelle usine lui a rapporté un peu
d'argent. Mais la crise est venue et,
en 1931, il n'a pas touché un sou puis-
que tous ses clients prenaient la mar-
chandise à crédit
Les communes, ajoute M. le Maire
de Landéda, ne peuvent rien faire.
Nous n'avons pas de fonds de chôma-
ge, seulement quelques fonds d'assis-
tance pour les vieillards, les infirmes,
les incurables. Je remercie, au nom de
mes administrés, L'Ouest-Eclair de la
vigoureuse campagne qu'il mène pour
les malheureux goémonniors si dure-
ment éprouvés.
M. J.
UN PAN DE MUR
S'ECROULE ENSEVELISSANT
DEUX OUVRIERS
Un tué, on blessé
CHATEAU-GONTiER, 11 janvier. (De
notre correspondant). Dans la soi-
rée d'hier lundi vers 17 heures un
épouvantable accident, causant la
mort d'un ouvrier, en blessant un au-
tre très grièvement, s'est produit à
Chàteau-Gontier, rue de la Harelle
dans les circonstances suivantes
Dans cette rue, M. Le:chat, 36 ans.
menuisier, procédait en compagnie de
son ouvrier, M. Minoret, aux travau:;
de démolition d'un vieil immeuble et
monté sur une fenêtre du premier éta-
ge, faisait tomber des débris. Tout à
coup le pan du mur donnant sur la
rue s'écroula, entraînant dans sa chu-
te la fenêtre et la poutre qui se trou-
vait au-dessus des deux hommes.
Les infortunés ouvriers furent en-
gloutis dans les décombres.
Au bruit causé par cet éboulement
on s'empressa de porter secours aux
victimes. Au bout d'une demi-heure on
réussit à les sauver.
M. Lelchat était dans un état très
grave. Il fut transporté d'abord à son
domicile, puis à l'hôpital, où il décéda
quelques instants plus tard.
Quant à M. Minoret. il fut conduit
aus.n à l'hôpital, où les docteurs Bes-
nard, Cosme et le chirurgien O:livieri
lui prodiguèrent leurs soins. Ils cons-
tatèrent qu'il portait une fracture aux
deux jambes et aux cuisses. un enfon-
cement de l'orbite et une grave bles-
sure dans la région lombaire. Son état
est très grave.
M. Lelchat était père de trois en-
fants Minoret avait deux enfants.
Cet accident a provoqué une grande
émotion dans notre paisible ville de
Château-Gantier,
ÇA ET LA
Dans le Finistère
Ploudalmezeau, 12 janvier. (De
notre correspondant). Une automo-
bile conduite par M. Gourmelen. vi-
caire à Plouguerneau, a tamponné
mortellement, vers 16 h. 30. près du
bourg de Plourin-Ploudalmézeau, M.
Le Hénaff Jean -Marie, âgé dc 73 ans.
Les circonstances de l'accident ne
sont pas encore établies.
L'Ouest-F-clair Publie cnaque jour des
1 ANNONCE.3 CLASSEES paratâsaai
sans ses 12 éditions.
AUX ASSISES DU CALVADOS
La femme Gobert,
inculpée d'incendie volontaire, est acquittée
Le 31 mai dernier, un dimanche, un
incendie éclatait dans le magasin de
M. Marco Cavaliéro, « Au Bon Marché »
rue Saint-Pierre et causait des dégâts
estimés à environ 400.000 francs.
Dans l'après-midi, vers 15 heures,
Mme Lamotte, épicière, dont le maga-
sin est contigu à celui des époux Mar-
co Cavaliéro, était occupée à des tra-
vaux de comptabilité. Sa fenêtre était
ouverte et le calme complet régnait.
Soudain son attention fut attirée par
des crépitements et des bruits de verres
brisés, provenant d'un petit bâtiment,
séparant son arrière magasin de celui
de M. Lerallu, marchand de fromages,
et dépendant des magasins de M.
Marco Cavaliéro.
Dans cette arrière boutique étaient
entassées des réserves de nouveauté
et de mercerie. Se rendant compte que
le feu venait de se déclarer, Mme La-
motte voulut avertir les propriétaires,
mais peine perdue. M. Marco Cavaliéro
était parti à la fin de la matinée re-
joindre sa famille, qui passait la jour-
née au bord de la mer, dans une villa
à Luc-sur-Mer.
Elle avisa alors les pompiers qui arri-
vèrent aussitôt et commencèrent à
combattre l'incendie, qui rapidement
gagnait d'intensité. Quatre lances fu-
rent mises en batterie pour attaquer
le sinistre à la fois par la rue de Bras
et par la rue Saint-Pierre. Des tonnes
d'eau furent bientôt déversées sur le
foyer d'incendie, et sur les maisons
voisines, vieilles constructions qu'il fal-
lait protéger, pour éviter que le feu ne
se propageât à tout un il6t.
Après une heure d'eSorts, les pom-
piers étaient maitres du sinistre, mais
les dégâts occasionnés étaient impor-
tants.
L'enquête ouverte par le commis-
saire de police permit tout d'abord
d'établir que le compteur à gaz ainsi
que le compteur électrique étaient
bien fermés.
Mme Lamotte, entendue comme té-
moin affirma que, environ vingt minu-
tes avant qu'elle ne s'aperçoive du
commencement d'incendie elle avait
nettement perçu le bruit particulier de
la porte fermant l'arrière magasin de
M. Marco Cavaliéro. Elle affirma éga-
lement qu'alors qu'elle venait de télé-
phoner aux pompiers et qu'elle sortait
pour se rendre compte exactement de
ce qui se passait elle aperçut dans la
cour intérieure de l'immeuble l'an-
cienne femme de ménage des époux
Marco Cavaliéro, la femme Qobert.
née Delnfenêtre Charlotte. 42 ans. née
à La Maillerdy-sur-Seine, le 26 novem-
bre 1889. et demeurant il Caen. 19. rue
du Puits-Picard. Celle-ci avait la fi-
gure roirge et paraissant enfiévrée
La femme Gobert fut ?lors entendue
sur ce point et. pour expliquer sa pro-
venance elle déclara qu'el'e venait
I acheter des biscuits chez Mme La-
1 motte et qu'elle avait une visite il
faire Elle savait cependnnt parfaite-
ment bien que le mngafin de Mme
Lpm-ttf Prt frriTiP If dimanche
Par ailleurs, dès le lendemain du
sinistre, à 6 h. 40 la femme Gobert
fut encore vue à l'entrée du couloir de
la rue Saint-Pierre, alors que rien ne
justifiait sa présence à cet endroit, à
une heure aussi matinale.
Bien que niant être l'auteur de l'in-
cendie, la femme Gobert fut conser-
vée tout d'abord à la disposition de la
justice et finalement fut écrouce, car
s'il ne put être établi qu'elle était bien
coupable d'Incendie volontaire, elle dut
avouer de nombreux vols commis par
elle au préjudice de M. Marco Cava-
liéro, alors qu'elle était à son service
comme femme de ménage.
C'est en juillet 1928 qu'elle entra au
service des époux Cavaliéro et y resta
pendant trois ans, leur inspirant la
plus entière confiance, bien que les vo-
lant le plus possible. Pour mieux réus-
sir ces vols elle avait, par mesure de
prévoyance dérobé deux clefs lui per-
mettant de pénétrer dans la maison
en l'absence de ses patrons.
Les ools de la femme de ménage
C'est par hasard que M. Marco Ca-
valiéro, s'aperçut que sa femme de mé-
nage le volait. Dans le courant de dé-
cembre 1930, pour un motif que nous
ne connaissons pas, M. Marco ouvrit
le sac a main de la femme Gobert et
constata qu'il contenait un certain
nombre de bons de l'Union Economi-
que d'une valeur de 600 francs et une
somme de 1.700 francs en billets de
banque. Parmi ces billets, M. Marco
en reconnut un de 500 francs portant
une tache d'encre qu'il avait remarqué
lorsqu'une cliente lui avait remis en
paiement. Ce billet lui appartenait
donc. Interrogée, la femme Gobert pre-
tendit avoir ramassé les bons de
l'Union Economique près de la caisse
et confessa ses torts de ne pas les
avoir restitués. Quant aux 1.700 fr. elle
prétendit qu'ils lui appartenaient. Elle
déclara que son fils lui avait remis
500 francs pour acheter une Dague et
que son gendre, Suard, lui avait donné
400 francs pour payer une motocy-
clette le reste, d'après elle était à
elle personnellement.
Joseph Gobert a bien remie 500 fr. à
sa mère pour acheter une bague, mais
c'est dans le courant d'octobre ou de
novembre et la bague a été achetée et
payée. Quand à Suard, d déclara
n'avoir jamais remis une somme de
400 francs à sa belle-mère. mais seule-
ment 100 ou 200 pour payer sa moto
Il est difficile de croire que le t>ur-
plus provenait d'économies, la femme
Gobert étant toujours à court d'ar-
gent dans tous les cas le billet de
500 francs taché provenait oien de la
caisse de M. Cavaliéro qui cor.gedia
sa femme de ménage en avril 1931
Le 29 mai suivant. Geneviève Oo-
bert, fille de ia femme Gobert qui
avait été embauchée comme vendeuse
vailler, mais chez un de ses premiers
tour renvoyée pour vol.
Au lendemain de l'incendie, qui se
dér'ara deux jours après le renvoi de
la fille Gobert, une perquisition tilt
faite au domicile de la femme Gobert
qui. nous l'avons dit. fut soupçonnée
immédiatement. Au cours de cette per-
quisition, il fut découvert une quan-
tité dobjets, de lingerie et autres pro-
venant des magasins « Au 'Bon Mar-
ché ». Il en fut également découvert
atr domicile de sa fille, la femme
Suard.
La femme Gobert a prétendu que les
objets découverts chez elle lui avait
été donnés par les époux Cavaliéro.
mais elle reconnaît que ceux trouves
chez sa fille avaient été dérobés par
elle et elle n'en conteste pas la valeur,
soit 1 359 francs.
Au cours de la perquisition on devait
retrouver les deux clefs dont nous
avons précédemment parlé, la tin:me
Gobert à ce sujet déclare qu'elles lul
avaient été confiées par ses patrons
Charlcttc DELAFENtTBE,
femme Gobert
afin de lui permettre d'entrer chez
eux sans les déranger et qu'elle a ou-
blié de les rendre lors de son renvoi.
Les renseignements recueillis sur ls
femme Gobert ne sont pas fameux.
C'est en 1224 qu'elle vint à Caen
avec son mari qui y était nommé doua-
nier. Le ménage n'était pas uni. La
femme de conduite légère dépensait
sans compter. Le mari, sérieux et très
bien note par ses chefs voulut s'occu-
per lui-même de diriger son ménage
et, sans se séparer complètement de sa
femme il lui assigna une chambre sé-
parée où elle devait vivre seule. La
femme Gobert se décida donc à tra-
vailler, mais chez un de ces premiers
patrons elle commit des vols et fut
condamnée le 17 juillet 1928 par le
Tribunal correctionnel de Caen à huit
Jours de prison. C'est à sa sortie de
prison qu'elle entra chez les époux Ca-
taliéro.
Les renseignements obtenus peuvent
se résumer ainsi dévoyée, volage, ran-
cunière, dissimulée, moralité t.réa
basse. Déjà en 1918, alors qu'elle habi-
tait à la Mailleraye elle avait été soup-
çonnée de vol chez un M. Dalahays.
Elle fut également oupçonnee d avoir
mis le feu chez a-lr.ci pour cacher
son vol. Elle avait égaltment des clefs
ouvrant la maison Delahays.
L'audience
Après lecture de l'acte d'accusation
par M. Rivaud, greffier, et l'appel des
témoins, M. Choisy procède à l'interro-
gatoire de l'accusée.
Le président rappelle l'enrance ae i»
femme Gobert, dont les parents
étaient très bien considérés mais qui
eurent peut-être le tort de se montrer
trop faibles à son endroit. En 1906,
Charlotte Delafenêtre épousa Sébas-
tien Gobert. de 8 ans plus âgé qu'elle.
De cette union sont nés quatre en-
fants. En 1924, elle quitte la Maille-
raye, ou elle laisse de très mauvais
souvenirs. Ainsi que nous l'avons dit
plus haut, elle fut même accusée de
vol et d'incendie volontaire. M. Choiy
souligne qu'à son arrivée à Caen la
femme Gobert reprit ses mauvaises
habitudes de dépenses et de débauche,
à tel point que son mari dut lui reti-
rer toute direction du ménage et lui
assigner une pièce où elle devait de-
meurer, lui interdisant l'entrée de»
autres pièces du logement.
c Eit-ce vrai ?
Oh Monsieur le Président, il ne
regardait même pas ses enfants. Alors
il pouvait tout faire.
Ne pouvant rester avec cette situa-
tion diminuée, la femme Gobert es-
saya de travailler, et commit alors
différents larcins chez ses divers pa-
trons. C'est à sa sortie de prison
où elle venait de purger une peuie uc
8 jours pour un vol, qu'elle prétend ne
pas avoir commis que la femme
Gobert entra au service de M. Cava-
liéro.
M. Cavaliéro ne tarda pas à consta-
ter des manquants dans sa caisse.
L'accusée. Ce n'est pas possible
la caiîse était toujours fermée à clef.
Le Président ajoute c Cela n'était
pas fait pour vous arrêter, comme
nous allons le voir tout à l'heure.»
M. Cavaltéro, ne soupçonnant pu
la femme Gobert, ne pouvait s'expli-
quer ces disparitions successives de
sommes d'un minimum de 100 francs,
lorsqu'au début de décembre survint
l'incident du sac à main que nous
avons relaté.
La femme Gobert proteste à nou-
veau contre l'affirmation faite par M.
Cavaüéro que le billet de 500 francs
lui appartenait d'après elle, ce billet
était bien à elle.
c Et les Bons de l'Union Economi-
que. vous reconnaissez les avoir vo-
lés ?
Non, pas volés, mais trouvés au
pied de la caisse. Je ne pouvais les
prendre dans le tiroir-caisse dont je
n'avais jamais la clé.
Aviez-vous l'intention de les
garder ?
Non, Monsieur le Président. Je
voulais les restituer.
M. Choisy donne alors connaissance
d'une reconnaissance de dette signée
par la femme Gobert. dans laquelle
elle reconnait avoir conservé par de-
vers elle un cert n nombre de Bons
de l'Union économique ne lui appar-
tenant pas. A la suite de cette lecture,
une controverse s'engage au sujet des
billets de banque trouvés dans le sac
de sa femme de ménage par M. C»va-
COMMENT UNE PAUVRE PAYSANNE
CRUT ENTERRER SON FRÈRE
QUI N'ÉTAIT PAS MORT
Morlaix. 11 Janvier. (De notre
correspondant particulier)
Nous avons relate dimanche, la do-
couverte à Pleyber-Christ, du cadavre
d un homme étendu sur la route et
qui avait succombé a une congestion
dans la nuit au mercredi 6 au jeuc,
7 janvier.
Les gendarmes de Pleyber-Christ.
accompagnes de Mo Vivier, maire et
du docteur Pr;it, te rendirent sur les
lieux pour procéder aux constatations
légales. Or. cet homme n'était pas
connu dans le p; ys et il ne portait
aucune indication sur lui, aucun pa-
pier, qui put révéler son identité.
Cependant, parmi les témoins, quel-
qu'un suggéra « C'est peut-être
Toumpic, le toucheur de bestiaux qui
dort la nuit au bord de la route. »
Toumpic, de son vrai nom Marie
Leroux, est un familier des foires de
la région où il exerce le métier de
tourneur de bestiaux. Pour seule fa-
mille, il a une soeur. la femme Corre.
née Marie-Louise Leroux, qui habite
actuellement à Pen-ar-Pont, en Ploué-
nan, à la limite du bourg de Pensé.
La gendarmerie de Saint-Pol-de-
Léon avertit aussitôt Mme Corre qui
se rendit à Pleyber-Christ et recon-
nut son frère dans le mort qu'on lui
présenta.
Les obsèques et l'inhumation eurent
lieu vendredi à Pleyber-Christ et Mme
Corre s'en revint à pied chez elle, où
elle se coucha aussitôt, brisée de fa-
tigti
Toumpic à la foire le Morlaiz
Et, voilà que samedi, jour de foire
à Morlaix, un groupe de marchands
de bestiaux s'entretenaient, dans un
débit de la mort subite de Toumpic,
lorsque soudain ils virent surgir de-
vant eux le mort dont üs faisaient
déjà l'oraison funèbre.
Un gros rire sonore de Toumpic,
bien vivant, répondit à ce qui lui sem-
blait être une mr.uvaise plaisanterie.
Mais alors, qui était le mort qu'on
venait d'enterrer à Pleyber-Christ, et
qu'on avait enregistré à l'état civil,
sous le nom de Jean-Marie Leroux,
45 ans, originaire de Mespaul ?
Une disparition Plounéour-Menes
Pendant ce temps, on signalait à
Plounéour-Menez. la disparition d'un
cultivateur nommé Alain Floch, 49
ans, demeurant à Goas-Melven, en
Plounéour-Menez. Les gendarmes de
Pleyber-Christ eurent alors des doutes
sur la véracité de l'identification faite
par la femme Corre.
Une enquête établit que Toumpic
étai' au service de M. Sparfel, à Les-
neven.
Celui-ci déclara en effet que le tou-
rheur de bestiaux était à son service
ce jour-là à la foire de Morlaix.
Puisque Jean-Marie Leroux était
vivant, c'était peut-être Alain Floch
qui avait été inhumé dans le cimetière
de Pleyber-Christ. On avisa la famille
Floch et il fut décidé de procéder à
l'exhumation du corps Elle eut lieu
samedi après-midi en présence de M.
Dilasser, adjoint au maire, de la soeur
et des beaux-frères d'Alain Floch qui
reconnurent tous formellement le
cadavre de leur parent, dont le? vête-
ments mêmes ne laissèrent aucun
doute.
Il fut aussitôt dressé procès-verbal
de la nouvelle identification du mort
et une dpmandp de transport du corps
à Plounéour-Menez fut formulée par
la famille Ploch
Ce que nous dit la sœur de Toumpic,
Hier matin nous nous sommes rendu
à Ponzé. pour interviewer Mme Corre.
Nons nous adressons tout d'abord à
M. Pageaud. brigadier de gendarmerie
qui nous offre aimablement de nous
conduire à la demeure de la sœur de
Toumpic Nous cognons à la porte.
Nous appelons Personne ne repond
Sur le bord de la route broutent les
chèvres de celle-ci nous cherchons..
Elle ne doit pas être bien loin
Dans ce petit hameau notre arrivée
est un événement Devant la maison
un attroupement se forme déjà et des
voisines bien renseignées nous assu-
rent que la femme Corre est chez elle
mais Qu'elle n'ose pas ouvrir sa porte.
car elle a peur Ce matin en effet un
mauvais plaisant. exploitant la naï-
veté de cette femme. est venue lui
dire « Puisque tu as dit que c'était
ton frère tu vas maintenant aller en
prison
Et notre arrivée l'automobile, le
brigadier de gendarmerie font croire
à cette pauvre femme qu'on vient
pour l'arréter
Aussi c'est a grand'pelne qu'elle
accepte de nous recevoir dans son
pauvre logis Nous lui parlons en bre-
ton et cela la met peu à peu en
confiance.
Elle nous dit alors comment. appelée
à Pleyber-Crist. elle s'est mise à pied
avec un morceau de pain dans sa
poche Mise en présence du cadavre
identifie elle a Immédiatement été
frappée par un détail de la main
a Mon trère. nous dit-elle. etant en-
fant. avait eu le petit doigt de la
main gauche brûle Et la position de
la main du mort de Plevbfr-Christ
était telle que le petit doigi était
complètement replie et semblait avoir
été coupe C'pst ce qui me permit d'af-
firmer que c'était bien là mon frère
Cependan. l'aval» des doutes quant
au visage il me semblait aussi que
mnn frère était plus gros mais le np
l'avais pas vu depuis trois ans aussi
je ne m'étonnai5 pas de ce change-
ment »
Nous quittons Mme Corre oui n'en
pas encore revenue de cette Deniblp
aventure
Quant a Toumpic il ptratt qu'il a
trfs bien pris la chose et a fêté hier
a Leaneven sa résurrectien.
M. Gipoux parle à Nantes
de la crise économique
et exprime sa confiance
dans le relèvement national
Nantes, 11 janvier.- Pendant le dé-
jeuner qui a suivi aujourd'hui l'inau-
guration du nouveau siège social de
l'Association Industrielle, Commercia-
le et Agricole de l'Ouest à Nantes, M.
Gignoux, sous-secrétaire d'Etat à
l'Economie nationale, a prononcé un
discours qui a été vivement applaudi.
M. Gignoux a félicité l'Association
de son bel effort aux points de vue
économique et social qui peut être
donné en exemple, puis, parlant de la
crise, il a dit que notre pays n'est pas
à l'origine de cette crise. S'il en su-
bi les conséquences, il n'en porte pas
la responsabilité
On n'a pas observé chez nous ces
redoutables phénomènes de gonfle-
ment de crédit qui ont précipité le
monde entier dans le désordre et le
marasme. Nous n'avons pas, comme
aux Etats-Unis suscité une production
pléthorique par des facilités excessi-
ves de consommation. Nous ne nous
sommes pas ruinés comme l'Allema-
gne pour vivre ensuite de crédits exté-
rieurs et, quand ceux-ci se sont refu-
sés pour de longues périodes, nous
n'avons pas préparé une nouvelle fail-
lite en Investissant dans un cycle de
production à lointains développements
des crédits à court terme exposés
à n'être point renouvelés et candidats
de ce fait à la congélation. Enfin, n'é-
tant point d'abord des marchands
d'argent, nous ne nous sommes pas
engagés comme l'Angleterre dans ces
opérations Imprudentes que conduisait
autrui. Par dessus tout, nous n'avons
rien fait dans le monde pour tuer le
crédit, c'est-à-dire la confiance.
c Ce contre quoi ne peuvent rien ni
les gouvernements, ni le temps qui est
leur maître, c'est l'absence de volonté
de guérir, c'est le déclin de la morale
internationale comme de la morale
privée, c'est l'instabilité des esprits et
de la politique. »
Ce qai se passe en Allemagne
Examinant ce qui se passe en Alle-
magne, M. Gignoux déclare
< Qui empêche l'Allemagne d'obte-
nir des délais et le simple renouvel-
lement des crédits en cours sinon que
toute sécurité pour le prêteur est
morte dans ce pays du fait qu'un par-
ti de violence menace à chaque ins-
tant le pouvoir et que celui-ci ne se
croit pas en mesure de répondre que
par une égale ardeur dans la négation
des plus solennels engagements con-
tractuels.
« Le cas, messieurs, n'est point uni-
que. Vous tous qui exportez, le savez.
nous vivons sous le régime des mora-
toires de fait entre pays, sous le signe
de la transaction continue avec les rè-
gles du droit et parfois de la conscien-
ce professionnelle.
L'exemple de la France
te Depuis quelques mois le marché
français s'est vu envahir et a pu être
défendu ,ar des mesures, sinon par-
faites peut-être au regard de l'ortho-
doxie, mais d'une nécessité indispen-
sable au regard des faits. Pourquoi ?
Parce que la France par sa force et
son épargne a maintenu son pouvoir
d'achat et parce qu'elle est demeurée
un des rares pays où s'est conservée
l'habitude de payer ce qu'on achète
et ce qu'on doit, en sorte que cette
garantie finale autorise tous les sa-
crifices de prix puisque du moins nos
vendeurs sont assurés d'une bonne
fin. »
Le ministre continue en disant que
chacun de nous ne doit avoir en ce
moment qu't'n but exalter dans sa
sphère l'activité nationale. C'est ce
que fait le Gouvememert.
Un appel
à l'énergie et à la confiance
M. Gignoux termine ainsi
c Je vous demande d'être plus que
Jamais des propagandistes d'énergie
et de sang froid. Laisserons-nous les
chances manifestes de la nation à la
merci des exploiteurs du désespoir ou
des professionnels du pessimisme ?
Vous ne le pensez-pas, vous en qui je
salue les artisans permanents du re-
lèvement national, vous qui. engagés
en pleine bataille contre les forces
de destruction ne songez, la manifes-
tation d'aujourd'hui en témoigne.
qu'à construire. Collaborateur occa-
sionnel de votre effort silencieux et
persévérant, je vous félicite et je vous
remercie. Je forme le vœu que votre
belle confiance dans les destinées de
votre province et de votre Patrie sont
contagieuses et fécondes. Au delà des
heures mauvaises, au delà des sacri-
fices d'une génération qui œuvre du-
rement dans la paix après avoir sauvé
son pays par une victoire dont le sou-
venir nous l'oit être une leçon, non
d'orgueil, mais d'énergie, je vous de-
mande, messieurs, de saluer avec mol
l'aube prochaine où se relèvera au-
dessus du rillon courageusement tra-
vaille la jeune espérance française.
IL FRAPPE SON CAMARADE
D'UN COUP DE COUTEAU
LAVAL, 11 Janvier (De notre Ré-
daction)
La gendarmerie de Meslay-du-Maine
a conduit à Laval le nommé Mary
Henri, fromager. à Meslay-du-Malne,
qui s'est rendu coupable de coups et
blrssures sur la personne de snn cama-
rade Etien Frânçois employé égale-
mrnt il la mhme frormgerle que Mary.
Les deux hommes qui étaient lvree
dans la tournep de dimanrhe se prl-
rent de quprflle et au comble de l'Pxas-
ppration. Marv frappa bratalpment
Etien avec un couteau ferme qu'il
te' fit a la main
L'inculpe avant un domicile il a Pte
lai=se en liberté provisoire' mais 11
devra répondre dr ses actes Il une pro-
chaîne audience correctionnelle.
LE NAUFRAGE
DE L'ARGUENON »
La mort terrible
du patron
et de son mousse
St-Nazaire, 12 janvier. (De notre
rédaction). L'Ouest-Eclair a relaté
hier les péripéties du naufrage de
l'Arguenon, du port de Saint-Malo,
qui s'est perdu à 80 milles au large
de Cherbourg.
Le paçu-bot Macoris, venant du Ha-
vre, a recueilli le seul rescapé du
malheureux bateau et l'a débarqué à
Saint-Nazaire. Il s'agit du matelot
Vaugeois.
Voici le récit qu'il a fait du nau-
frage
Le récit du matelot Vaageois
« Le dundee était parti de Saint-
Malo samedi matin avec un charge-
ment d'ardoises pour l'Angleterre. Sur-
pris par une violente tempête, il se
remplit d'eau. L'équipage était com-
posé de trois hommes le patron Yves
Leboucher inscrit à Paimpol; le mous-
se Etienne Lecam, 16 ans, et moi-mê-
Nous allions couler quand survint
le paquebot Macoris. Nous flmes des
signes de détresse qui furent aperçus
du navire. Celui-ci réussit à appro-
cher bord à bord et à jeter une élin-
gue. Je réussis à escalader l'échelle du
bord qui avait été jetée. J'étais suivi
du mousse et du patron. Mais le mous-
se affolé, perdit pied soudain et tom-
ba sur le patron.
c Tous les deux furent entralnés à
la mer; le mousse coula à pic. le pa-
tron nagea pendant quelques minutes
mais fut écrasé entre les coques des
deux bateaux ».
L'assassin de Denise Malot,
la fillette cherbourgeoise,
doit courir encore
CHERBOURG, 11 janvier. (De notre
réduction.) Dès hier matin, les en-
voyés de la police mobile de Rouen
arrivaient à Montebourg, à la de-
mande du Parquet de Cherbourg, pour
y reprendre l'enquête sur l'odieux as-
sr.;sinat de Denise Malot et surtout
pour vérifier le bien ou le mal fondé
des accusations portées par la femme
Aurélie Le Pastourel, veuve Travers,
contre le sieur D.
Une fieffée menteuse
Au moment où nous écrivons ces
lignes, nous ne connaissons pas les ré-
sultats obtenus par les distingués et
très actifs délégués de la mobile, mais
nous pouvons bien dire que dans les
milieux judiciaires et policiers, on pa-
rait n'attacher qu'une très médiocre
importance aux déclarations d'Aurélie.
Celle-ci est, de l'avis de tous ceux qui
ont eu à s'occuper d'elle, une menteuse
incorrigible, douée de l'imagination la
plus malfaisante, et dont il est recom-
mandé de ne pas croire une parole
sans s'être livré à de nombreuses véri-
fications.
Pour tout dire, et avant même
d'avoir eu le temps matériel de pour-
suivre l'enquête sur les faits révélés
par la dénonciatrice, nous avons eu
hier matin le sentiment très net que
le sieur D. était innocent du crime
abominable mis à sa charge par Au-
rélie et que celle-ci avait une fois de
plus inventé une histoire pendable.
C'est qu'Aurélie Le Pastourel, con-
damnée notamment à Valognes en
1924 pour vol à six mois de prison et
vingt ans d'interdiction de séjour, à
Rennes en 1924 à treize mois de prison
et vingt ans d'interdiction de séjour,
à Saint-Lô en 1926 à six mois de pri-
son et cinq ans d'interdiction, à Cou-
tances en 1926 à huit mois et vingt ans
d'interdiction, à Cherbourg en 1928 à
un an et un jour de prison, pour ne
parler que des peines les plus impor-
tantes, c'est, disons-nous, qu'Aurélie
est loin d'en être à son coup d'essai.
Elle a fait ses preuves un peu partout
et il est bien peu de particuliers, de
policiers et magistrats auxquels elle
n'ait essayé, avec plus ou moins de
succès, de jouer quelque comédie.
D. est remis en liberté
M. le commissaire Camp et M. l'ins-
pecteur Fratoni, de la police mobile
de Rouen, les deux mêmes qui, voilà
un an, firent autour de l'affaire Malot
une enquête si approfondie, ont pour-
suivi hier leurs investigations et sont
venus rendre compte à M. le Procu-
reur de la République de Cherbourg
et à M. le juge d'instruction, de leurs
opérations. En fin de journée, les ma-
gistrats ont décidé de faire relâcher
D. qui était toujours gardé à vue à
Montebourg, mais de l'inviter à se te-
nir à la disposition de la justice. Au-
rélie Lepastourel va être conduite ce
matin à la prison de Valognes et
écrouée.
Aujourd'hui et jours suivants, MM
Camp et Fratoni vont continuer leurs
opérations et vérifier sur place toutes
les déclarations contradictoires d'Au-
rélie et de D. dans une affaire d'u-
ne telle importance et d'une si gran-
de gravité, il convient de ne laisser
aucun fait dans l'ombre. On peut
compter sur les enquêteurs pour ne
rien négliger.
LES PETITS CODES DALLOZ 1032
sont p rus Code civil code de pro-
I cedure civile et commerciale code de
i comtnerce code pénal chaque vol tu
I irix dr 27 francs franco Code
criminelle code forestier
chaque vol 22 fr tranco Code
I Code du travail en 2 vol tranco
47.50 Contre mandat on ^heque
̃ nost.91 n' 118 adresse Il nom >iblio-
1 Chèque.
LA GRANDE PITIÉ
DES GOEMONNIERS
DE BRETAGNE
L'Aberwhach, 11 janvier (de notre
envoyé spécial)
L'aimable obligeance d'un vieux
brestois. M. Le Treste, ma permis, ce
matin, de me rendre dans cette région
de Landéda où la presque totalité des
habitants vit de l'industrie du goémon.
J'ai trouvé quelquun qui peut se
faire le porte-parole de tous M. René
Nicolas. Il travaillait comme chauffeur
à l'usine de la Compagnie Française de
l'Iode et de l'Algine. Lorsque l'usine
ferma ses portes. M. Nicolas prit du
service à la Compagnie Bretonne, fer-
mée maintenant elle aussi. « J'ai subi
les effets de la crise. me dit M. Nico-
las. Je suis jeune marié, j'ai deux en-
fants, et pour moi la situation est bien
dure. Heureusement que la Compagnie
Bretonne va bientôt rouvrir ses por-
tas.
UNE INTERVIEW
DU MAIRE DE LANDEDA
Je souhaite bonne chance à M. Ni-
colas, et j'ai la fortune heureuse de
voir le maire de Landeda, M. Kéraudy
Quand il a vu un journaliste, il a
eu un sursaut d'étonnement et a assu-
ré son binocle.
« J'ai lu L'Ouest-Eclair, m'a-t-il dit.
Votre journal défend les intérêts des
goémonniers, et vous avez rudement
raison. En tant que maire de Lan-
déda, j'ai vu l'année dernière des cho-
ses très tristes. A la suite de la décon-
fiture de l'usine de la Societé de l'Iode
et de l'Algine, il y a eu beaucoup de
victimes. Les goémonniers n'ont pas
été payés l'an dernier. C'est la misère
noire pour eux, et pour les commer-
çants aussi. »
Il me cite le cas d'un épicier-débi-
tant de boissons En 1929, ce dernier
a pris son commerce. L'installation de
la nouvelle usine lui a rapporté un peu
d'argent. Mais la crise est venue et,
en 1931, il n'a pas touché un sou puis-
que tous ses clients prenaient la mar-
chandise à crédit
Les communes, ajoute M. le Maire
de Landéda, ne peuvent rien faire.
Nous n'avons pas de fonds de chôma-
ge, seulement quelques fonds d'assis-
tance pour les vieillards, les infirmes,
les incurables. Je remercie, au nom de
mes administrés, L'Ouest-Eclair de la
vigoureuse campagne qu'il mène pour
les malheureux goémonniors si dure-
ment éprouvés.
M. J.
UN PAN DE MUR
S'ECROULE ENSEVELISSANT
DEUX OUVRIERS
Un tué, on blessé
CHATEAU-GONTiER, 11 janvier. (De
notre correspondant). Dans la soi-
rée d'hier lundi vers 17 heures un
épouvantable accident, causant la
mort d'un ouvrier, en blessant un au-
tre très grièvement, s'est produit à
Chàteau-Gontier, rue de la Harelle
dans les circonstances suivantes
Dans cette rue, M. Le:chat, 36 ans.
menuisier, procédait en compagnie de
son ouvrier, M. Minoret, aux travau:;
de démolition d'un vieil immeuble et
monté sur une fenêtre du premier éta-
ge, faisait tomber des débris. Tout à
coup le pan du mur donnant sur la
rue s'écroula, entraînant dans sa chu-
te la fenêtre et la poutre qui se trou-
vait au-dessus des deux hommes.
Les infortunés ouvriers furent en-
gloutis dans les décombres.
Au bruit causé par cet éboulement
on s'empressa de porter secours aux
victimes. Au bout d'une demi-heure on
réussit à les sauver.
M. Lelchat était dans un état très
grave. Il fut transporté d'abord à son
domicile, puis à l'hôpital, où il décéda
quelques instants plus tard.
Quant à M. Minoret. il fut conduit
aus.n à l'hôpital, où les docteurs Bes-
nard, Cosme et le chirurgien O:livieri
lui prodiguèrent leurs soins. Ils cons-
tatèrent qu'il portait une fracture aux
deux jambes et aux cuisses. un enfon-
cement de l'orbite et une grave bles-
sure dans la région lombaire. Son état
est très grave.
M. Lelchat était père de trois en-
fants Minoret avait deux enfants.
Cet accident a provoqué une grande
émotion dans notre paisible ville de
Château-Gantier,
ÇA ET LA
Dans le Finistère
Ploudalmezeau, 12 janvier. (De
notre correspondant). Une automo-
bile conduite par M. Gourmelen. vi-
caire à Plouguerneau, a tamponné
mortellement, vers 16 h. 30. près du
bourg de Plourin-Ploudalmézeau, M.
Le Hénaff Jean -Marie, âgé dc 73 ans.
Les circonstances de l'accident ne
sont pas encore établies.
L'Ouest-F-clair Publie cnaque jour des
1 ANNONCE.3 CLASSEES paratâsaai
sans ses 12 éditions.
AUX ASSISES DU CALVADOS
La femme Gobert,
inculpée d'incendie volontaire, est acquittée
Le 31 mai dernier, un dimanche, un
incendie éclatait dans le magasin de
M. Marco Cavaliéro, « Au Bon Marché »
rue Saint-Pierre et causait des dégâts
estimés à environ 400.000 francs.
Dans l'après-midi, vers 15 heures,
Mme Lamotte, épicière, dont le maga-
sin est contigu à celui des époux Mar-
co Cavaliéro, était occupée à des tra-
vaux de comptabilité. Sa fenêtre était
ouverte et le calme complet régnait.
Soudain son attention fut attirée par
des crépitements et des bruits de verres
brisés, provenant d'un petit bâtiment,
séparant son arrière magasin de celui
de M. Lerallu, marchand de fromages,
et dépendant des magasins de M.
Marco Cavaliéro.
Dans cette arrière boutique étaient
entassées des réserves de nouveauté
et de mercerie. Se rendant compte que
le feu venait de se déclarer, Mme La-
motte voulut avertir les propriétaires,
mais peine perdue. M. Marco Cavaliéro
était parti à la fin de la matinée re-
joindre sa famille, qui passait la jour-
née au bord de la mer, dans une villa
à Luc-sur-Mer.
Elle avisa alors les pompiers qui arri-
vèrent aussitôt et commencèrent à
combattre l'incendie, qui rapidement
gagnait d'intensité. Quatre lances fu-
rent mises en batterie pour attaquer
le sinistre à la fois par la rue de Bras
et par la rue Saint-Pierre. Des tonnes
d'eau furent bientôt déversées sur le
foyer d'incendie, et sur les maisons
voisines, vieilles constructions qu'il fal-
lait protéger, pour éviter que le feu ne
se propageât à tout un il6t.
Après une heure d'eSorts, les pom-
piers étaient maitres du sinistre, mais
les dégâts occasionnés étaient impor-
tants.
L'enquête ouverte par le commis-
saire de police permit tout d'abord
d'établir que le compteur à gaz ainsi
que le compteur électrique étaient
bien fermés.
Mme Lamotte, entendue comme té-
moin affirma que, environ vingt minu-
tes avant qu'elle ne s'aperçoive du
commencement d'incendie elle avait
nettement perçu le bruit particulier de
la porte fermant l'arrière magasin de
M. Marco Cavaliéro. Elle affirma éga-
lement qu'alors qu'elle venait de télé-
phoner aux pompiers et qu'elle sortait
pour se rendre compte exactement de
ce qui se passait elle aperçut dans la
cour intérieure de l'immeuble l'an-
cienne femme de ménage des époux
Marco Cavaliéro, la femme Qobert.
née Delnfenêtre Charlotte. 42 ans. née
à La Maillerdy-sur-Seine, le 26 novem-
bre 1889. et demeurant il Caen. 19. rue
du Puits-Picard. Celle-ci avait la fi-
gure roirge et paraissant enfiévrée
La femme Gobert fut ?lors entendue
sur ce point et. pour expliquer sa pro-
venance elle déclara qu'el'e venait
I acheter des biscuits chez Mme La-
1 motte et qu'elle avait une visite il
faire Elle savait cependnnt parfaite-
ment bien que le mngafin de Mme
Lpm-ttf Prt frriTiP If dimanche
Par ailleurs, dès le lendemain du
sinistre, à 6 h. 40 la femme Gobert
fut encore vue à l'entrée du couloir de
la rue Saint-Pierre, alors que rien ne
justifiait sa présence à cet endroit, à
une heure aussi matinale.
Bien que niant être l'auteur de l'in-
cendie, la femme Gobert fut conser-
vée tout d'abord à la disposition de la
justice et finalement fut écrouce, car
s'il ne put être établi qu'elle était bien
coupable d'Incendie volontaire, elle dut
avouer de nombreux vols commis par
elle au préjudice de M. Marco Cava-
liéro, alors qu'elle était à son service
comme femme de ménage.
C'est en juillet 1928 qu'elle entra au
service des époux Cavaliéro et y resta
pendant trois ans, leur inspirant la
plus entière confiance, bien que les vo-
lant le plus possible. Pour mieux réus-
sir ces vols elle avait, par mesure de
prévoyance dérobé deux clefs lui per-
mettant de pénétrer dans la maison
en l'absence de ses patrons.
Les ools de la femme de ménage
C'est par hasard que M. Marco Ca-
valiéro, s'aperçut que sa femme de mé-
nage le volait. Dans le courant de dé-
cembre 1930, pour un motif que nous
ne connaissons pas, M. Marco ouvrit
le sac a main de la femme Gobert et
constata qu'il contenait un certain
nombre de bons de l'Union Economi-
que d'une valeur de 600 francs et une
somme de 1.700 francs en billets de
banque. Parmi ces billets, M. Marco
en reconnut un de 500 francs portant
une tache d'encre qu'il avait remarqué
lorsqu'une cliente lui avait remis en
paiement. Ce billet lui appartenait
donc. Interrogée, la femme Gobert pre-
tendit avoir ramassé les bons de
l'Union Economique près de la caisse
et confessa ses torts de ne pas les
avoir restitués. Quant aux 1.700 fr. elle
prétendit qu'ils lui appartenaient. Elle
déclara que son fils lui avait remis
500 francs pour acheter une Dague et
que son gendre, Suard, lui avait donné
400 francs pour payer une motocy-
clette le reste, d'après elle était à
elle personnellement.
Joseph Gobert a bien remie 500 fr. à
sa mère pour acheter une bague, mais
c'est dans le courant d'octobre ou de
novembre et la bague a été achetée et
payée. Quand à Suard, d déclara
n'avoir jamais remis une somme de
400 francs à sa belle-mère. mais seule-
ment 100 ou 200 pour payer sa moto
Il est difficile de croire que le t>ur-
plus provenait d'économies, la femme
Gobert étant toujours à court d'ar-
gent dans tous les cas le billet de
500 francs taché provenait oien de la
caisse de M. Cavaliéro qui cor.gedia
sa femme de ménage en avril 1931
Le 29 mai suivant. Geneviève Oo-
bert, fille de ia femme Gobert qui
avait été embauchée comme vendeuse
vailler, mais chez un de ses premiers
tour renvoyée pour vol.
Au lendemain de l'incendie, qui se
dér'ara deux jours après le renvoi de
la fille Gobert, une perquisition tilt
faite au domicile de la femme Gobert
qui. nous l'avons dit. fut soupçonnée
immédiatement. Au cours de cette per-
quisition, il fut découvert une quan-
tité dobjets, de lingerie et autres pro-
venant des magasins « Au 'Bon Mar-
ché ». Il en fut également découvert
atr domicile de sa fille, la femme
Suard.
La femme Gobert a prétendu que les
objets découverts chez elle lui avait
été donnés par les époux Cavaliéro.
mais elle reconnaît que ceux trouves
chez sa fille avaient été dérobés par
elle et elle n'en conteste pas la valeur,
soit 1 359 francs.
Au cours de la perquisition on devait
retrouver les deux clefs dont nous
avons précédemment parlé, la tin:me
Gobert à ce sujet déclare qu'elles lul
avaient été confiées par ses patrons
Charlcttc DELAFENtTBE,
femme Gobert
afin de lui permettre d'entrer chez
eux sans les déranger et qu'elle a ou-
blié de les rendre lors de son renvoi.
Les renseignements recueillis sur ls
femme Gobert ne sont pas fameux.
C'est en 1224 qu'elle vint à Caen
avec son mari qui y était nommé doua-
nier. Le ménage n'était pas uni. La
femme de conduite légère dépensait
sans compter. Le mari, sérieux et très
bien note par ses chefs voulut s'occu-
per lui-même de diriger son ménage
et, sans se séparer complètement de sa
femme il lui assigna une chambre sé-
parée où elle devait vivre seule. La
femme Gobert se décida donc à tra-
vailler, mais chez un de ces premiers
patrons elle commit des vols et fut
condamnée le 17 juillet 1928 par le
Tribunal correctionnel de Caen à huit
Jours de prison. C'est à sa sortie de
prison qu'elle entra chez les époux Ca-
taliéro.
Les renseignements obtenus peuvent
se résumer ainsi dévoyée, volage, ran-
cunière, dissimulée, moralité t.réa
basse. Déjà en 1918, alors qu'elle habi-
tait à la Mailleraye elle avait été soup-
çonnée de vol chez un M. Dalahays.
Elle fut également oupçonnee d avoir
mis le feu chez a-lr.ci pour cacher
son vol. Elle avait égaltment des clefs
ouvrant la maison Delahays.
L'audience
Après lecture de l'acte d'accusation
par M. Rivaud, greffier, et l'appel des
témoins, M. Choisy procède à l'interro-
gatoire de l'accusée.
Le président rappelle l'enrance ae i»
femme Gobert, dont les parents
étaient très bien considérés mais qui
eurent peut-être le tort de se montrer
trop faibles à son endroit. En 1906,
Charlotte Delafenêtre épousa Sébas-
tien Gobert. de 8 ans plus âgé qu'elle.
De cette union sont nés quatre en-
fants. En 1924, elle quitte la Maille-
raye, ou elle laisse de très mauvais
souvenirs. Ainsi que nous l'avons dit
plus haut, elle fut même accusée de
vol et d'incendie volontaire. M. Choiy
souligne qu'à son arrivée à Caen la
femme Gobert reprit ses mauvaises
habitudes de dépenses et de débauche,
à tel point que son mari dut lui reti-
rer toute direction du ménage et lui
assigner une pièce où elle devait de-
meurer, lui interdisant l'entrée de»
autres pièces du logement.
c Eit-ce vrai ?
Oh Monsieur le Président, il ne
regardait même pas ses enfants. Alors
il pouvait tout faire.
Ne pouvant rester avec cette situa-
tion diminuée, la femme Gobert es-
saya de travailler, et commit alors
différents larcins chez ses divers pa-
trons. C'est à sa sortie de prison
où elle venait de purger une peuie uc
8 jours pour un vol, qu'elle prétend ne
pas avoir commis que la femme
Gobert entra au service de M. Cava-
liéro.
M. Cavaliéro ne tarda pas à consta-
ter des manquants dans sa caisse.
L'accusée. Ce n'est pas possible
la caiîse était toujours fermée à clef.
Le Président ajoute c Cela n'était
pas fait pour vous arrêter, comme
nous allons le voir tout à l'heure.»
M. Cavaltéro, ne soupçonnant pu
la femme Gobert, ne pouvait s'expli-
quer ces disparitions successives de
sommes d'un minimum de 100 francs,
lorsqu'au début de décembre survint
l'incident du sac à main que nous
avons relaté.
La femme Gobert proteste à nou-
veau contre l'affirmation faite par M.
Cavaüéro que le billet de 500 francs
lui appartenait d'après elle, ce billet
était bien à elle.
c Et les Bons de l'Union Economi-
que. vous reconnaissez les avoir vo-
lés ?
Non, pas volés, mais trouvés au
pied de la caisse. Je ne pouvais les
prendre dans le tiroir-caisse dont je
n'avais jamais la clé.
Aviez-vous l'intention de les
garder ?
Non, Monsieur le Président. Je
voulais les restituer.
M. Choisy donne alors connaissance
d'une reconnaissance de dette signée
par la femme Gobert. dans laquelle
elle reconnait avoir conservé par de-
vers elle un cert n nombre de Bons
de l'Union économique ne lui appar-
tenant pas. A la suite de cette lecture,
une controverse s'engage au sujet des
billets de banque trouvés dans le sac
de sa femme de ménage par M. C»va-
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