ANNÉE ? 171
20 centimes le î~umero DANS TOÙTE LA FRANCE Le r
Mo 171 137~ AMNÊË
DIMANCHE
21 JU!M 1925
MtXBEL'*M))t
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DIMANCHE
21 JU!N 1925
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M. Rae des PftitrtS-St-SermaiB-t'ANxerrott
PAR!S-ler
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LES t<)!0))CES :ent re~a! tiirKttmt)!Ï
e
JMJBML DES DEBATS
POLtïtMES Et L!ÏÏËRA!MS
SOMMAIR.E
Le ministère et la Chambre.
ta conspiration communiste. Des /FERNAND DE BR!NON.
Au Jour le Jour. Leptis Afo~na. JEAN
ALAZARD.
Le Pacte de sécurité et t'AUemagne.
AUGUSTE GAUVAtN.
Les événements du Maroc.
La vie chère. Le M/t. RiCHARD ELOcn.
&* page
Le voyage d'Amundsen.
A i'Etranger.
Au t~ar)ement. Sénat.–Chambre: Le
noMt~e !e7'pe//oHon Dort'o?; scrutin.
3' page
Les sociahstes et le Cartel.
L'oeuvre des Nouvelles Assombtées à
l'Hôtel de Ville. 0. P.
Pierre Goujon. JEAN DIETZ.
Causerie médicate. Les jDe~cM de Po-
mo/!e. D'' PAUL PAREZ.
4' page
Rénexibns d'un bib)iophite. BORMANS.
La Potre de Bordeaux.
tevue musicale. ADOLPHE JuLUEN.
5' page
Trop jeunes pour souft'rfr.–[2].–VERGiÈs.
p;A,
tp MiîiKt~PP pf ta fhQTT~pû
LC NiiiiiohOiC Cu id LiidiUiJio
Hier, à la Chambre, le gouvernement a
'obtenu contre les communistes les suffra-
ges de presque toute la Chambre. Une
lois de plus, M. Doriot voulait Interpeller
sur les affaires marocaines. Une fois de
plus, le gouvernement s'est refusé avec
énergie à laisser les communistes faireJeur
propagande à la tribune. Toute la Cham-
bre, y compris une grande partie des so-
cialistes, a voté pour lui.
C'est M. Briand, ministre des aSaires.
étrangères, qui avait, hier, Ja chargé de
parier au nom du gouvernement. II l'a fait
avec autorité et avec adresse. La passe
d'armes entre les commumstes et lui n'a
duré que quelques instants. Mais elle a
été brillante et décisive. M. Briand a re-
mis les choses à leur place en déclarant
que, si Abd-el-Krim avait la pensée d'en-
gager des négociations de paix, il trouve-
rait un autre intermédiaire que M. Doriot,
II a ajouté que ce n'est pas en continuant
une campagne terrible et criminelle et eq
éveillant chez les Riffains des espérances
folles qu'on hâte l'heure de la paix. Mais
est-ce bien de la paix qu'il s'agit pour les
communistes ? Leur dessein est surtout
d'entretenir l'agitation et de favoriser l'es-
prit révolutionnaire dans le monde entier,
même contre la France. Le gouvernement
est résolu, selon le mot de M. Briand, à
n'avoir ni complicité, ni complaisance. Ce
clair langage a reçu, hier, l'approbation vi-
goureuse de tous, et ce fut l'événement le
plus important de la journée.
L'autre événement, c'est que les socia-
listes ont voté en grand nombre pour le
ministère. Avant-hier, ils avaient voté con-
tre. On ne sait trop ce qu'ils feront de-
main. Que peu de temps sufnt pour chan-
ger toutes choses Le parti socialiste est
à la recherche d'une doctrine. Tantôt il
n'en a plus aucune, et ce n'e~: pas assez.
Tantôt il en a plusieurs, et c'est trop. En
trois jours de discussion, il s'est aperçu
qu'il y avait trois décisions possibles, qui
avaient chacune .leurs partisans. Il n'est
pas arrivé à choisir, malgré d'Innombrables
conciliabules. Il demande quarante-huit
heures de grâce pour trouver une opinion.
C'est un délai modeste. On doit se rap-
peler que M. Clemenceau lui a demandé,
il y a une vingtaine d'années, de faire con-
naître le plan de la société future, et que
les socialistes méditent toujours. Si on de-
vait attendre autant pour savoir comment
le parti va se conduire à l'égard du Car-
tel, les plus jeunes des socialistes auraient
le temps de devenir des patriarches avant
de connaître leur avenir politique. On peut
être assuré qu'ils ne laisseront pas beau-
coup de semaines s'écouler dans une in-
certitude si pénible. Le plan de la société
future ne leur paraît peut-être pas pressé.
Mais le plan des manœuvres parlementai-
res leur semble urgent.
En attendant donc qu'ils sachent ce
qu'ils sont, les socialistes ont prié, hier, les
radicaux d'éviter un grand débat. Un dé-
puté radical, M. Berthod, devait interro-
ger le gouvernement, et M. Painlevé de-
vait, à ce sujet, exposer sa politique ma-
rocaine. Le résultat de cette discussion est
certain ce sera un succès pour le gou-
vernement, et les radicaux saisiront cette
occasion de montrer qu'ils ont une poli-
tique nationale. Mais les socialistes ne sont
pas sûrs de pouvoir faire la même démons-
tration. Si la discussion était venue hier, `
le parti socialiste risquait de donner le
spectacle de son désarroi et' de ses divi-
sions. Il n'y tient pas. Depuis quelques
jours, il trouve qu'il a assez laissé voir
ses hésitations et ses faiblesses. Il ne gran-
dit pas. Il a trop montré qu'au moment
où il s'agit d'aiïaires sérieuses, que le
public suit avec attention, il ne pensait
égoïstement qu'à ses petites combinaisons.
Un grand débat l'aurait pris au dépourvu
il a donc prié les radicaux d'attendre; ils
ont consenti aimablement le gouverne-
ment' a fait de même. Les socialistes ne
pourront pas dire qu'on ne leur a pas
laissé le temps de la rénexion.
Mais les communistes, enfants terribles
'de l'extrême gauche, ne se sont pas sou-
des, eux, des embarras des socialistes. Us
leur ont joué un méchant tour. Les ra-
dicaux n'interpellaient pas, parce que les
socialistes n'étaient pas prêts. Qu'à cela
ne tienne Les communistes interpelle-
raient. Et il a bien fallu que les socialistes
aient un avis. On les a vus hésiter. Quel-
ques-uns se sont montrés irréductibles.
Mais la grande masse, tout à coup, a pré-
cipité dans les urnes des bulletins favo-
rables au gouvernement. Si bien que le
ministère, ayant à la fois les socialistes,
les radicaux, les républicains nationaux et
les modérés, a eu tout le monde pour lui.
Les socialistes vont pendant quelques
jours se 'donner beaucoup de mal pour
adopter une ligne de conduite. Bon nom-
bre ont la nostalgie de la révolution et in-
clinent à l'Intransigeance. Bon nombre ont
la nostalgie du pouvoir et inclinent vers
l'opportunisme. Tous ont d'obscurs des-
seins pour l'avenir, et même quelques-uns
nourrissent de mauvaises pensées contre
les projets financiers du. ministère. Ce gâ-
chis n'est pas fait pour servir l'union né-
cessaire à la confiance et au crédit public.
Il ne peut durer longtemps. Le Cabinet a
'fait !a preuve qu'en traitant les questions
en elles-mêmes et sans considération de
parti, il avait une majorité: est-il invrai-
semblable que les socialistes, déçus, se ra-
visent et hésitent au dernier moment à
retourner dans l'opposition ?
La conspiration communiste
DES ï~AITS
Des événements récents ont permis au
gouvernement de prendre conscience du péril
que fait courir à l'Etat la propagande du
parti communiste pour laquelle on avait mon-
tré une trop longue complaisance. La cam-
pagne menée dans la presse du parti et dans
ses meetings ann d'entraîner nos troupes du
Maroc à déserter le devoir, le vol d'une lettre
privée que M. Doriot, complice par recel, a
eu le cynisme de lire .à la tribune de la
Chambre, semblent avoir enfin attiré l'atten-
tion sur les effets que pourrait avoir une
politique de tolérance, de complaisances et
même de relations coupables. On annonce des
révélations, des précautions et des actes. Le
temps est venu, en effet, de combattre le mal
autrement, que par, les reactions, de l'afîole-
ment périodique que prennent soudain, pour
la joie des communistes, des bourgeois mal
informes ou surexcités par de fausses nou-
velles. Qu'on sache bien que la révolution à
jour fixe ne nous menace point. La France
n'est certainement pas un terrain favorable
pour les désastreuses expériences d'halluci-
nés, mais elle entend connaître les ennemis
qu'elle a chez elle. Elle veut que le gouver-
nement les réduise. Il ne s'agit pas, comme
l'écrit ce matin dans l'T~MMMMt~ M. Marcel
Cachin, de monter un complot politique. Il
s'agit de surveiller et d'abattre une entreprise
de désordre. Conduite de l'étranger, inspirée
par des gens aux imaginations déréglées, exé-
cutée par des aventuriers de tous pays, elle
prétend chambarder la société. La société doit
se défendre. C'est l'affaire du gouvernement.
Par des précisions incontestables, nous pen-
sons établir ici que le gouvernement possède
actuellement toutes les raisons et tous les
moyens d'agir.
Que l'agitation communiste soit conduite
de Russie, cela ne fait aucun doute. La
III" Internationale donne ses ordres à ses
agents à l'étranger comme elle les donne au
gouvernement de Moscou. Les textes ne man-
quent pas qui exigent que soit intensifiée la
propagande. Suzanne Depollier, dite Girault,
secrétaire du groupe parlementaire, reçoit
directement les instructions de Moscou et en
assure la transmission. Veut-on des exem-
ples? On a vu Moscou ordonner le dépota
d'une interpellation sur la participation d'une
mission militaire française aux fêtes de la
libération du Pérou et du Venezuela. On con-
naît des instructions invitant à utiliser pour
la propagande les masses italiennes qui se
trouvent dans les colonies françaises, notam-
ment au Maroc ~t en Tunisie. Allons aux
détails Moscou intervient même pour signa-
ler que la page internationale de l'HMKNM!~
lui semble insuffisante!
Le parti communiste français ne reçoit pas
seulement des ordres de l'étranger, il reçoit
des fonds. Aucun doute non plus sur des en-
vois de dollars expédiés au nom du Comftê
central américain, filiale de Moscou. Nous
savons, par exemple, la liste des versements
faits au fameux agent bolchevik Guilbeaux
en août, septembre et octobre 1924.. II est in-
téressant de noter que Suzanne Girault pos-
sédait cette liste.
Enfin, s'il fallait encore une preuve des j
interventions constantes de Moscou dans la
politique intérieure française, on la trouve-
rait facilement dans une lettre écrite par,
Sadoul le 6 décembre 1024 à la prison du*
Cherche-Midi. N'y disait-il pas qu'il était ren-
tré en France « à l'aide des moyens de trans-
port et à l'heure choisie par l'Internationale
communiste )) ? Avec quelque mélancolie, i!
ajoutait < Je ne vous demande pas de me
glorifier, mais de ne pas me laisser tomber,
comme l'a promis le camarade qui m'a porté
à Berlin votre ordre de rappel. ))
Conduit de l'étranger, que prépare chez
nous le.parti communiste français? C'est un
document de lui qui va répondre « L'In-
ternationale communiste doit se préparer à
l'action illégale, développer son activité avec
prudence pour ne pas provoquer de mesures
de répression qui pourraient le pousser à la
vie illégale. Ce n'est pas qu'on entende par la
lu! faire prendre une attitude passive ou
purement défensive, mais il ne faut pas
« crier sur ics toits ce qu'on va faire, pas
de bruit inutile dans les centuries proléta-
riennes pour ne pas effrayer la petite bour-
geoisie. Parler moins et organiser davan-
tage, te! est le contenu de cette prudence
que nous réclamons du parti français.
Telles sont donc les fins voyons les
moyens. Des intelligences partout et l'orga-
nisation d'un service de sûreté platement cal-
qué sur les polices des sociétés bourgeoises.
On possède là-dessus un schéma de l'organi-
sation générale d'une Sûreté communiste qui
est un bien curieux document. « La Sûreté,
y est-il dit, ne se soumet à personne et peut
se placer au-dessus de toutes les autorités
du pays. » C'est l'explication de la fameuse
Tchéka. « En général, poursuit cette ins-
truction qui a le style des manuels militai-
res, la Sûreté ne permet .pas .que. ses secrets
soient connus des agents ne participant pas à
son œuvre disciplinaire, et, dans de tels cas,
elle cherche à démoraliser les personnes ren-
seignées, elle sème le doute sur d'honnêtes
militants, et, si elle a affaire à un parti
faible, elle atteint son but et réhabilite ses
.agents <;n semant des soupçons envers d'au-
tres membres du. parti. Le double rôle de
gagent secret l'amène sans cesse à une dou-
Mc conspiration. )> Suivent des instructions
pour l'enrôlement et l'éducation des agents
secrets. Ils dq.ivent savoir filer, interroger,
dérober et ouvrir les lettres. On prévoit pour
ces fonctions des spécialistes chimistes, ty-
pographes, déchifïrëurs, armuriers, etc.
Cela explique bien des choses la décou-
verte récente chez Suzanne Girault de deux
documents du gouvernement militaire de
Paris édictant certaines précautions contre
les communistes, le vol de la lettre de
M. Vatin-Pérignon, d'autres faits encore.
Voilà l'étendue exacte du mal. Nous ne pré-
tendons pas qu'il y ait encore péril. Mais
nous affirmons qu'il est temps de voir et
d'agir.
FERNANB DE BRINON.
t~r~
AU J0t/~ Z.B JOUR
Leptis Magna
Le dernier numéro de la revue italienne
Ded~o, en publiant les impressions que
'M. Paribeni rapporte dé son voyage en
Libye, contribue à nous donner l'idée la
plus précise des fouilles que les Italiens
ont entreprises dans un domaine riche en
monuments antiques. On se souvient en-
core de l'heureuse découverte de l'admi-
rable « Venus )> de Cyrénaïque, devenue
un des plus beaux ornements du Musée
des Thermes. Or, les travaux que poursuit
inlassablement la mission archéologique
de Libye donnent depuis quelque temps
des résultats autrement importants que
par le passé. Voici, en effet, que surgissent
des villes entières d'un sol recouvert jus-
qu'à présent par les dunes Sabratha et
surtout Leptis Magna.
Leptis Magna vit naître, on le sait, l'em-
pereur Septime Sévère, et celui-ci, parvenu
à la puissance suprême, rêva de faire de
cette petite ville africaine une cité splen-
dide ce rêve de souverain mégalomane
se réalisa et des édifices magnifiques s'éle-
vèrent nombreux dans un 'pays- lointain.
C'est la ville créée par Septime Sévère
qui sort peu à peu du manteau de sable
qui l'a protégée pendant des siècles contre
tout vandalisme. Elle apparaît à nos yeux
dans un extraordinaire état de conserva-
tion qui fit l'admiration destarchéologues
européens que le gouvernement italien con-
via récemment à Tripoli.
M. Paribeni a été profondément impres-
sionné par l'ensemble grandiose de monu-
ments et de statues qui fait déjà de Leptis
Magna la plus belle ville antique de l'Afri-
que du Nord. Les Thermes sont d'une
ampleur imposante; « On y a découvert
plus de vingt statues, dont plusieurs sont
intactes, si parfaitement intactes que c'en
est presque irritant elles ont même con-
servé leur nez, ce qui est rare da.n.s les
bustes antiques. Certaines d'entre elles
sont de précieux morceaux de sculpture
en Afrique, il n'y a guère que Cyrène,
Alexandrie et deux ou trois villes de l'Al-
gérie et de la Tunisie qui nous aient donné
des œuvres d'art aussi intéressantes. ))
M. Paribeni cite, parmi celles qui l'ont
frappé, un « Mars x-~un « Marsyas )), un
« Mercure qui tient Bacchus enfant
assis sur sa cuisse, un beau torse d'athlète,
~t, enfin, un « Apollon Musagète dont
le corps est de pures proportions et de
courbe élégante.
Dans la visite de ces ruines si parfai-
tement conservées, les archéologues vont
d'étonnement en étonnement c'est encore
un cirque long d'environ 450 mètres, un;
théâtre, deux temples, de riches mauso-
lées, et les constructions du port, vastes
et solides, Septime Sévère avait vu très
grand, et on est aujourd'hui stupéfait de-
vant la masse imposante de cet édifice
qu'on appelle provisoirement Palais im-
périal et qui semble avoir été d'une rare
magnificence. s'étend sur 300 mètres de
long et 150 mètres de large; des pans de
murs se dressent jusqu'à 30 mètres de
hauteur. Les fouilles de demain permet-
tront d'analyser plus en détail ces remar-
quables vestiges. Mais, dès à présent, on
peut dire que c'est- vraiment une merveil-
leuse découverte que vient de faire la mis-
sion archéotogique d~Tripolitaine. !1 est
peu d'endroits, dit M. Pariben! avec or"
gueil, où la « romanità s'exprime avec
autant de grandeur il ne voit guère que
les ruines de Baalbeck qui puissent, par
)eur importance, être comparées à celles-ci.
Par cette résurrection se complète le cycle
des « villes d'or x. africaines, et, si les
projets.qui s'ébauchent et qui doivent fa-
ciliter les comunications entre le Sud tu-
nisien et la Tripolitaine finissent par pren-
dre corps, quelle magnifique promenade
archéologique sera celle que l'on pourra
faire bientôt, sans difficultés, depuis la
marocaine Vo)ubi)is jusqu'à la libyque
Leptis Magna
.JEAN ALAZARD.
Le Pacte de Sécurité
et FAHemagne
La méthode suivie par les Cabinets de
Paris et de Londres dans la négociation
avec l'Allemagne conduit au résultat prévu
depuis des mois l'Allemagne nous de-
mande des explications. L'Allemagne qui
~nous a proposa la conclusion d'un pacte
rhénan, et à qui, en conséquence, incom-
bait !e soin de nous présenter un projet
ferme, a réussi à renverser les rôles par
l'intermédiaire de M. de Margerie,
M. Stresemann vient de prier M. Briand
de lui donner des éclaircissements sur
plusieurs points de la note du 16 juin.
Nous voilà 'transformés en demandeurs.
Depu'is hier le Quai d'Orsay s'applique à
satisfaire la curiosité de M. Stresemann.
Il est appelé notamment à. préciser sa
pensée sur la section 4 relative aux traités
d'arbitrage. M. Stresemann a beau jeu sur
ce terrain-là. En effet, les alinéas 2 et 3 de
la section 4 constituent un casse-tête juri-
dique. Si, par aventure, ils venaient à être
insérés dans le pacte projeté, ils fourni-
raient la plus riche matière à contestations,
malentendus et querelles. Seule la corres-
pondance ChamberIain-Briand permet d'en
saisir le sens. Mais cette correspondance
ne fait pas foi vis-à-vis de l'Allemagne.
En tout cas, dans une affaire aussi grave,
Il est essentiel que les exécuteurs du futur
pacte ne soient pas obligés de recourir à ce
~que les juristes appellent « les travaux
préparatoires x< pour &x.er le véritable sens
de telle ou telle clause. Dans sa réponse
à la demande d'explications qui lui a été
transmise par M. de Margerie, M. Briand
pourrait ajouter qu'il appartient à M. Stre-
semann, auteur des suggestions du 9 fé-
vrier, de formuler lui-même l'article relatif
aux arbitrages. Nous verrions alors si le
texte proposé correspond ou non à notre
manière de voir.
Pour l'instant, la publication de notre.
Z.tM'~ M~M produit en Allemagne une im-
pression plutôt désagréable. On paraît sur-
tout déçu par l'affirmation réitérée dans
la note du 16 juin que le futur pacte et
les traités d'arbitrage devraient rentrer
dans le cadre de la Société des Nations, et
qu'à cet égard rien ne serait signé avec le
Reich qu'après son admission dans la So-
ciété. Par une de ces autosuggestions si
fréquentes chez nos voisins de l'Est, on
s'imagitait outre Rhin qu'on pourrait met-
tre subrepticement à l'écart la S.D.N. et
créer une sorte d'institution concurrente.
Tel était l'objet de la phrase tentaculaire
finale du mémorandum du 9 février: « On
devra examiner en outre s'il ne serait pas
à recommander de formuler le pacte dé
sécurité de telle manière qu'il préparerai
une convention mondiale comprenant tous
les Etats dans le genre du « Protocole
pour le règlement pacifique des diffé-
» rends internationaux établi par la
S.D.N., de sorte qu'il serait absorbé par
une telle convention mondiale ou incor-
poré à celle-ci dans le cas où cette con-
vention serait réalisée. » Il n~est nul be-
soin d'une nouvelle convention mondiale
le Pacte de la S.D.N. sutfit; il s'agit seu-
lement de préciser les conditions d'appli-
cation de quelques-uns de ses articles. Il
n'est pas davantage nécessaire de réunir
une conférence spéciale pour discuter ce
genre de questions la sixième Assemblée,
qui se réunira au commencement de sep-
tembre à Genève, est tout indiquée pour
cela. Elle aura la revision du Protocole à
son ordre du jour. Si les ministres alle-
mands désirent exposer leur point de vue,
qu'ils introduisent sans plus tarder leur
demande régulière d'admission; il sera fait
.droit à leur désir, et les délégués du Reich
auront toute liberté pour défendre leurs
idées.
j Mais cette perspective ne semble pas
séduire les journaux d'outre Rhin. Ils sont
déçus. Ils espéraient qu'après le rejet du
Protocole de Genève' par l'Angleterre la
;WI!heImstrasse pourrait disloquer à la fois
!a S.D.N. et les alliances actuelles. Le
.tK~ Tc~Mo~ avoue sans détour que
M. Stresemann se proposait de garantir
la Rhénanie contre une occupation fran-
çaise en n'importe quelle circonstance, et
de se réserver la faculté de remanier les
frontières de Pologne et de Tchécoslova-
quie par une procédure dite pacifique, mais
consistant en réalité dans une pression à
haute tension, qui aurait inévitablement
provoqué une explosion. Notre confrère
berlinois reconnaît également que la
Wilhelmstrasse comptait poser la ques-
tion du rattachement de l'Autriche au
Reich sans se conformer à la procédure
stipulée dans !e Coyenant. Elle préparait
!a nouyeiie < convention mondiale 'des-
tinée à/< absorber Je Covenant et le Pro-
toeo!e. Aussi ses interprètes commencent-
I!s à parler de la réunion d'une conférence
qui serait la préface de la dissolution de
!a S.D.N., ou, si Fon préfère, d'une nou-
ve])e édition de la S.D.N. sur le type ger-
manique. I! faut tout de suite percer cet
abcès.
abcès.. AUGUSTE GAUVAIN.
LES ÉVÉNEMENTS DU MAROC
j
Co/n/nu/7/~e officiel
Au Nord d'Ouezzan, un groupe mobile ma-
nœuvrant autour d'Oouled-Allal a dégagé les
postes avancés, après un vif engagement.
Un détachement opérant chez les Beni Mes-
gtulda a été violemment attaqué par les dissi-
dents vers Fellakine. H a pu atteindre son ob-
jectif après une action vigoureusement menée,
au cours de laquelle il a infligé des pertes sé-
vères à l'ennemi. Notre aviation lui a prêté pen-
dant toute la journée l'appui le plus efficace.
/?ef/?s le camp /yo//7
D'après une correspondance envoyée de Fez à
l'agence Havas, l'arrêt de l'offensive sur la ca-
pitale da Maghzen a ralenti l'enthousiasme des
dissidents. Ceux-ci ont'Mcnnéttu prétendant lés
meilleurs de leurs guerriers, maintenant morts
ou bien tramant de douars en douars de miséra-
bles blessures pansées avec un goudron douteux.
Ils savent que leurs pertes sont hors de pro-
portion avec celtes qu'ont subies les RiSains et
les réguliers, prudemment < réserves par les
chefs de harkas.
Les Djebalas, les Béni Zerouals, les Sless,
les Senhadjas palabrent et se consultent. Cette
guerre contre la France, qu'ils croyaient facile,
s'affirme comme redoutable et meurtrière. Un
courant favorable à la paix s'établit, une lassi-
tude se devine chez ces dissidents.
Les préparatifs espagnols ont suscité une vive
alarme dans le camp riffain.
Ces préoccupations sont sans doute à l'origine
des mouvements de harkas que signalaient les
bulletins de renseignements publiés ces derniers
jours. Sur l'ensemble de notre front, les effectifs
raSains ont sensiblement diminué. Des
mouvements vers le Nord ont été signalés, qui
ont sans doute une corrélation avec les prépara-
tifs espagnols contre Ajdir.
D'autres groupements rin'ains ont été envoyés
vers l'Ouest pour relever les Djebalas qui te-
naient les secteurs au Nord d'Ouezzan. Ces
derniers ont été dirigés sur le front espagnol.
Cet ensemble de faits montre les soucis ac-
tuels d'Abd el Krim le danger est sur Ajdir.
Il rassemble le meilleur de ses forces pour
défendre ses trésors et ses réserves.
Tout le monde est convaincu ici qu'une grande
part des ressources d'Abd el Krim sont déposées
en divers" points du RiS, et aussipays étrangers. Néanmoins, Ajdir est une place
d'armes considérable et un centre d'approvision-
nements important.
L'imagination musulmane a fait d'Ajdir une
sorte de palais des Mille et une nuits. Dépouillée
de la légende qui est née, cette place forte appa-
rait, d'après des renseignements recueillis auprès
de certains transfuges, comme une ingénieuse
organisation souterraine ce serait une succes-
sion de couloirs et de salles creusées très pro-
fondément dans le sol pour servir de resserre au
trésor de guerre, aux réserves de Me, d'armes et
de munitions, et de refuge au moment des atta-
ques d'avions. Ils auraient été construits par des
prisonniers espagnols, sous les directives de cer-
tains renégats.
~o mission /!a/e/Meo~o/e au ~croc
Dans la journée d'hier, la mission parlemen-
taire s'est rendue à Meknès, où elle a visité
l'Ecole militaire musulmane, dont les élèves ont
demandé à être envoyés au front; le parc d'avia-
tion, où elle a vu les escadrilles nouvellement
arrivées d'Algérie, et l'hopita). Les commissai-
res ont poursuivi leur voyage sur Fez, où un
dîner a été offert en leur honneur par le géné-
ral Daugan.
Condamnation de /no/?s allemands
Le juge de paix de Mogador a condamné les
capitaines des trois chalutiers allemands arrai-
sonnés dans les eaux françaises de la côte du
Maroc à ioo francs d'amende pour délit de
'pêche, ainsi que chaque membre de leurs équi-
pages à 200 francs d'amende et à trois mois de
prison, pour délit de séjour, avec application
générale de la loi de sursis.
Les trois chalutiers ont quitté aussitôt le port.
Hommage à nos i~ot/pes du ~&oc
La Ligue maritime et coloniale française vient
d'envoyer au maréchal Lyautey le télégramme
suivant
Au nom de ses 600.000 membres, la Ligue
maritime et coloniale francase adresse au maré-
chal Lyautey l'expression de sa sympathie émue
envers les héroïques soldats qui combattent en
ce moment au Maroc pour l'intégrité de notre
empire africain.
La conférence de Madrid
A l'issue de la séance plénière de ce matin de
la conférence franco-espagnole pour le Maroc,
le communiqué suivant a été publié
Sur la base des rapports des experts, la con-
férence a examiné la question de la surveillance
maritime. On est arrivé à un accord sur des
propositions concrètes susceptibles d'être sou-
mises aux gouvernements respectil's.
La conférence a examiné, en outre, la ques-
tion de la surveillance terrestre. Elle a nommé
une sous-commission qui, prenant pour base
l'échange de vues de caractère général, étudiera
les moyens d'organiser une surveillance effective
et concertée.
Les résultats des travaux de cette sous-com-
mission seront soumis a la séance plénière de la
conférence qui se réunira lundi, à II heures.
mon
m COMMtSStOK CES RÉpmTtOMS
La Commission des réparations s'est réunie
à i h. 30 en séance pléniere,' sous la prési-
dence de M., Louis Barthou.
Elle a procède à l'installation de M. Ralph
Snowden Hill comme délégué officieux des
Etats-Unis en remplacement de M; Logan;
el!e a pris acte des rapports relatifs à l'exé-
cution du plan des experts pendant la période
s'étendant du il octobre 1024 au 30 avril 1925,
qui lui ont été adressés par l'agent général
des paiements de réparations, par les com-
missaires aux chemins de fer allemands, à la
Banque d'Empire et aux revenus gagés, et
par les fidéicommissaires pour les obligations
industrielles et pour les chemins de fer.
Elle s'est séparée à 13 heures, après, avoir
examiné les diverses questions inscrites à son
ordre du jour,
HA VIE CHËRE
LJE VIN
La crise viticole est le thème actuel de'3
journaux du Midi, des congrès répétés
des viticulteurs, des commissions viticoles
du Parlement, de leurs démarches plus
que pressantes auprès des pouvoirs publics.
Qu'est-ce, en dénnitive, que ces trises
viticoles qui se déchaînent maintenant à
de si fréquents intervalles ? Comme la
crise du blé vient de l'insufnsance des ré-
coltes, le profane pourrait croire que celle
du vin résulte de vendanges parcimonieu-
ses, insuffisantes pour abreuver la soif de
la nation.
Mais il en est tout autrement; il s'agit,
ici, de crises de surproduction; la viticul'-
ture, poussée à produire par les grands $
bénéfices des dernières années, en arrive
maintenant à jeter sur le marché des quan-
tités excédant de beaucoup les besoins,
quantités dont l'écoulement est difficile et
ne peut se faire qu'à des prix ne laissant
plus les bénéfices de naguère.
On. se rend fàcHement compte de l'Im-
portance extraordinaire de cette surpro-
duction en comparant, par exemple,
d'après les statistiques officielles, les dé-
clarations annuelles des récoltes des an-
nées encore récentes antérieures à 1914 et
celles des dernières années.
Pour pallier les irrégularités des pro-
ductions annuelles, on a comparé la
moyenne des cinq années antérieures à
1914 avec celle des cinq années 1920 à
1924; on a trouvé ainsi
1910 à 1914 (moyenne~ 44.036.000 Y
1920 à 1924 g8.920.ooo
DtHerence. 14.884.000 ou 34%
Ce simple calcul donne la clé du mys-.
tère de ces crises viticoles. Bien que la.
guerre ait appris la consommation du vin
aux soldats du Nord, de l'Ouest, peut-on
admettre, surtout avec i.goo.ooo consom-
mateurs en moins, que la consommation
nationale puisse absorber un tel supplé-
ment de production, d'autant plus que
l'aide extérieure fait en grande partie dé-
faut maintenant, soit à cause de la ferme-
ture de pays au régime sec, soit par la
réduction de la capacité d'achat des au-
tres, etc. ?
Les mêmes comparaisons statistiques
expliquent, d'ailleurs, l'effervescence de
ces crises dans le Midi plus que dans les
autres régions; si on rapproche, en effet,
pour les deux mêmes périodes, les moyen-
nes des quantités déclarées, d'une part,
dans les quatre gros départements produc-
teurs le Gard, l'Hérault, l'Aude, les Py-
rénées-Orientales de l'autre, dans le reste
de la France, on a les résultats suivants
QUATRE RESTE DE
PÉRIODE DÉPARTEMENTS LA FRANCE
1
1910-14 .i 23.5g8.ooo 2o.478.ooo
1920-24 r. 26.089.000 32.830.000
DiKérence .i 2.531.000 12.352.000
II 6o
La pression de concurrence que subit le
Midi est donc devenue beaucoup plus forte
et les plaintes qu'elle suscite sont, sans
doute, destinées à devenir de plus en plus
vives.
Ainsi vient d'en juger le Comice agri-
cole de Béziers qui, résumant les réponses
des Sociétés viticoles sur la question de
/o /MMt~!OK des x~KoMM, a exprimé, en-
tre autres, l'accord unanime de tout le
monde viticole sur ce point <: que la c~MM~ y<'rs ~MC CfOt~C Û~C ~7K~ (l).
Sans doute, des crises viticoles se sont
produites autrefois, et on peut rappeler, en
particulier, celle de 1907, consécutive .à la
récolte de 1906, avec tous ses graves In-
cidents, les émeutes de Narbonne, l'échauf-
fourée du 17~ le proconsulat d'Albert;
mais, si de pareilles crises peuvent être
envisagées dès que la production déclarée
dépasse à peu près le niveau de 60 mil-
lions à 65 millions d'hectolitres, il est clair
que ces dépassements ne peuvent que de-
venir plus fréquents si la moyenne an-
nuelle se rapproche de cette limite.
L'examen des statistiques fait ressortir
encore que l'importance des récoltes an-
nueiïes présente des écarts bien moindres
dans les quatre départements méridionaux
que dans le reste du pays. Le tableau sui-
vant, dressé pour la période des cinq der-
nières années 1:920-1924, en donne le té-
moignage
Récoltes annuelles maxima pour les quatre
dépertements méridionaux, 28.488.000 hectares eti
1924; pour le reste de la France, 60.251.000 hec-
tares en 1922.
Récoltes annuelles minima pour les quatre
départements méridionaux, 23.981.000 hectares en
1921 pour le reste de ta France, 45.017.000 hec-
tares en 1921.
Ecarts entre les maxima et les minima pour
les quatre départements méridionaux, 4.507.000
hectares, ou 19 pour le reste de la France,
24.234.000 hectares, ou 54
Le marché général dépend donc surtout
des nuctuations des récoltes autres que
(:) A la conférence interministérieHe du H
juin dernier, M. le député Léon Castet. arguant
de la production entière, et non pas seulement
des quantités déclarées; est arrivé plus éncrK!-
auemcnt encore à' la même conclusion
« Avec une production de 80 millions d'hec-
tolitres l'an dernier, a-t-il dit, nous n'avons pas
atteint le maximum nous pourrons avoir de-
main une récolte de 90 millions, c'est-à-dire
20 millions de plus que nous ne pourrons con-
sommer. s<
20 centimes le î~umero DANS TOÙTE LA FRANCE Le r
Mo 171 137~ AMNÊË
DIMANCHE
21 JU!M 1925
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Depaftemt'etMMies 17!r. 33 fr. 64 fr.
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Les Abonnements partent dti 1'' et
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On s'~onm d.!M !oM les BHfMM f
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DIMANCHE
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LES t<)!0))CES :ent re~a! tiirKttmt)!Ï
e
JMJBML DES DEBATS
POLtïtMES Et L!ÏÏËRA!MS
SOMMAIR.E
Le ministère et la Chambre.
ta conspiration communiste. Des /
Au Jour le Jour. Leptis Afo~na. JEAN
ALAZARD.
Le Pacte de sécurité et t'AUemagne.
AUGUSTE GAUVAtN.
Les événements du Maroc.
La vie chère. Le M/t. RiCHARD ELOcn.
&* page
Le voyage d'Amundsen.
A i'Etranger.
Au t~ar)ement. Sénat.–Chambre: Le
noMt~e !e7'pe//oHon Dort'o?; scrutin.
3' page
Les sociahstes et le Cartel.
L'oeuvre des Nouvelles Assombtées à
l'Hôtel de Ville. 0. P.
Pierre Goujon. JEAN DIETZ.
Causerie médicate. Les jDe~cM de Po-
mo/!e. D'' PAUL PAREZ.
4' page
Rénexibns d'un bib)iophite. BORMANS.
La Potre de Bordeaux.
tevue musicale. ADOLPHE JuLUEN.
5' page
Trop jeunes pour souft'rfr.–[2].–VERGiÈs.
p;A,
tp MiîiKt~PP pf ta fhQTT~pû
LC NiiiiiohOiC Cu id LiidiUiJio
Hier, à la Chambre, le gouvernement a
'obtenu contre les communistes les suffra-
ges de presque toute la Chambre. Une
lois de plus, M. Doriot voulait Interpeller
sur les affaires marocaines. Une fois de
plus, le gouvernement s'est refusé avec
énergie à laisser les communistes faireJeur
propagande à la tribune. Toute la Cham-
bre, y compris une grande partie des so-
cialistes, a voté pour lui.
C'est M. Briand, ministre des aSaires.
étrangères, qui avait, hier, Ja chargé de
parier au nom du gouvernement. II l'a fait
avec autorité et avec adresse. La passe
d'armes entre les commumstes et lui n'a
duré que quelques instants. Mais elle a
été brillante et décisive. M. Briand a re-
mis les choses à leur place en déclarant
que, si Abd-el-Krim avait la pensée d'en-
gager des négociations de paix, il trouve-
rait un autre intermédiaire que M. Doriot,
II a ajouté que ce n'est pas en continuant
une campagne terrible et criminelle et eq
éveillant chez les Riffains des espérances
folles qu'on hâte l'heure de la paix. Mais
est-ce bien de la paix qu'il s'agit pour les
communistes ? Leur dessein est surtout
d'entretenir l'agitation et de favoriser l'es-
prit révolutionnaire dans le monde entier,
même contre la France. Le gouvernement
est résolu, selon le mot de M. Briand, à
n'avoir ni complicité, ni complaisance. Ce
clair langage a reçu, hier, l'approbation vi-
goureuse de tous, et ce fut l'événement le
plus important de la journée.
L'autre événement, c'est que les socia-
listes ont voté en grand nombre pour le
ministère. Avant-hier, ils avaient voté con-
tre. On ne sait trop ce qu'ils feront de-
main. Que peu de temps sufnt pour chan-
ger toutes choses Le parti socialiste est
à la recherche d'une doctrine. Tantôt il
n'en a plus aucune, et ce n'e~: pas assez.
Tantôt il en a plusieurs, et c'est trop. En
trois jours de discussion, il s'est aperçu
qu'il y avait trois décisions possibles, qui
avaient chacune .leurs partisans. Il n'est
pas arrivé à choisir, malgré d'Innombrables
conciliabules. Il demande quarante-huit
heures de grâce pour trouver une opinion.
C'est un délai modeste. On doit se rap-
peler que M. Clemenceau lui a demandé,
il y a une vingtaine d'années, de faire con-
naître le plan de la société future, et que
les socialistes méditent toujours. Si on de-
vait attendre autant pour savoir comment
le parti va se conduire à l'égard du Car-
tel, les plus jeunes des socialistes auraient
le temps de devenir des patriarches avant
de connaître leur avenir politique. On peut
être assuré qu'ils ne laisseront pas beau-
coup de semaines s'écouler dans une in-
certitude si pénible. Le plan de la société
future ne leur paraît peut-être pas pressé.
Mais le plan des manœuvres parlementai-
res leur semble urgent.
En attendant donc qu'ils sachent ce
qu'ils sont, les socialistes ont prié, hier, les
radicaux d'éviter un grand débat. Un dé-
puté radical, M. Berthod, devait interro-
ger le gouvernement, et M. Painlevé de-
vait, à ce sujet, exposer sa politique ma-
rocaine. Le résultat de cette discussion est
certain ce sera un succès pour le gou-
vernement, et les radicaux saisiront cette
occasion de montrer qu'ils ont une poli-
tique nationale. Mais les socialistes ne sont
pas sûrs de pouvoir faire la même démons-
tration. Si la discussion était venue hier, `
le parti socialiste risquait de donner le
spectacle de son désarroi et' de ses divi-
sions. Il n'y tient pas. Depuis quelques
jours, il trouve qu'il a assez laissé voir
ses hésitations et ses faiblesses. Il ne gran-
dit pas. Il a trop montré qu'au moment
où il s'agit d'aiïaires sérieuses, que le
public suit avec attention, il ne pensait
égoïstement qu'à ses petites combinaisons.
Un grand débat l'aurait pris au dépourvu
il a donc prié les radicaux d'attendre; ils
ont consenti aimablement le gouverne-
ment' a fait de même. Les socialistes ne
pourront pas dire qu'on ne leur a pas
laissé le temps de la rénexion.
Mais les communistes, enfants terribles
'de l'extrême gauche, ne se sont pas sou-
des, eux, des embarras des socialistes. Us
leur ont joué un méchant tour. Les ra-
dicaux n'interpellaient pas, parce que les
socialistes n'étaient pas prêts. Qu'à cela
ne tienne Les communistes interpelle-
raient. Et il a bien fallu que les socialistes
aient un avis. On les a vus hésiter. Quel-
ques-uns se sont montrés irréductibles.
Mais la grande masse, tout à coup, a pré-
cipité dans les urnes des bulletins favo-
rables au gouvernement. Si bien que le
ministère, ayant à la fois les socialistes,
les radicaux, les républicains nationaux et
les modérés, a eu tout le monde pour lui.
Les socialistes vont pendant quelques
jours se 'donner beaucoup de mal pour
adopter une ligne de conduite. Bon nom-
bre ont la nostalgie de la révolution et in-
clinent à l'Intransigeance. Bon nombre ont
la nostalgie du pouvoir et inclinent vers
l'opportunisme. Tous ont d'obscurs des-
seins pour l'avenir, et même quelques-uns
nourrissent de mauvaises pensées contre
les projets financiers du. ministère. Ce gâ-
chis n'est pas fait pour servir l'union né-
cessaire à la confiance et au crédit public.
Il ne peut durer longtemps. Le Cabinet a
'fait !a preuve qu'en traitant les questions
en elles-mêmes et sans considération de
parti, il avait une majorité: est-il invrai-
semblable que les socialistes, déçus, se ra-
visent et hésitent au dernier moment à
retourner dans l'opposition ?
La conspiration communiste
DES ï~AITS
Des événements récents ont permis au
gouvernement de prendre conscience du péril
que fait courir à l'Etat la propagande du
parti communiste pour laquelle on avait mon-
tré une trop longue complaisance. La cam-
pagne menée dans la presse du parti et dans
ses meetings ann d'entraîner nos troupes du
Maroc à déserter le devoir, le vol d'une lettre
privée que M. Doriot, complice par recel, a
eu le cynisme de lire .à la tribune de la
Chambre, semblent avoir enfin attiré l'atten-
tion sur les effets que pourrait avoir une
politique de tolérance, de complaisances et
même de relations coupables. On annonce des
révélations, des précautions et des actes. Le
temps est venu, en effet, de combattre le mal
autrement, que par, les reactions, de l'afîole-
ment périodique que prennent soudain, pour
la joie des communistes, des bourgeois mal
informes ou surexcités par de fausses nou-
velles. Qu'on sache bien que la révolution à
jour fixe ne nous menace point. La France
n'est certainement pas un terrain favorable
pour les désastreuses expériences d'halluci-
nés, mais elle entend connaître les ennemis
qu'elle a chez elle. Elle veut que le gouver-
nement les réduise. Il ne s'agit pas, comme
l'écrit ce matin dans l'T~MMMMt~ M. Marcel
Cachin, de monter un complot politique. Il
s'agit de surveiller et d'abattre une entreprise
de désordre. Conduite de l'étranger, inspirée
par des gens aux imaginations déréglées, exé-
cutée par des aventuriers de tous pays, elle
prétend chambarder la société. La société doit
se défendre. C'est l'affaire du gouvernement.
Par des précisions incontestables, nous pen-
sons établir ici que le gouvernement possède
actuellement toutes les raisons et tous les
moyens d'agir.
Que l'agitation communiste soit conduite
de Russie, cela ne fait aucun doute. La
III" Internationale donne ses ordres à ses
agents à l'étranger comme elle les donne au
gouvernement de Moscou. Les textes ne man-
quent pas qui exigent que soit intensifiée la
propagande. Suzanne Depollier, dite Girault,
secrétaire du groupe parlementaire, reçoit
directement les instructions de Moscou et en
assure la transmission. Veut-on des exem-
ples? On a vu Moscou ordonner le dépota
d'une interpellation sur la participation d'une
mission militaire française aux fêtes de la
libération du Pérou et du Venezuela. On con-
naît des instructions invitant à utiliser pour
la propagande les masses italiennes qui se
trouvent dans les colonies françaises, notam-
ment au Maroc ~t en Tunisie. Allons aux
détails Moscou intervient même pour signa-
ler que la page internationale de l'HMKNM!~
lui semble insuffisante!
Le parti communiste français ne reçoit pas
seulement des ordres de l'étranger, il reçoit
des fonds. Aucun doute non plus sur des en-
vois de dollars expédiés au nom du Comftê
central américain, filiale de Moscou. Nous
savons, par exemple, la liste des versements
faits au fameux agent bolchevik Guilbeaux
en août, septembre et octobre 1924.. II est in-
téressant de noter que Suzanne Girault pos-
sédait cette liste.
Enfin, s'il fallait encore une preuve des j
interventions constantes de Moscou dans la
politique intérieure française, on la trouve-
rait facilement dans une lettre écrite par,
Sadoul le 6 décembre 1024 à la prison du*
Cherche-Midi. N'y disait-il pas qu'il était ren-
tré en France « à l'aide des moyens de trans-
port et à l'heure choisie par l'Internationale
communiste )) ? Avec quelque mélancolie, i!
ajoutait < Je ne vous demande pas de me
glorifier, mais de ne pas me laisser tomber,
comme l'a promis le camarade qui m'a porté
à Berlin votre ordre de rappel. ))
Conduit de l'étranger, que prépare chez
nous le.parti communiste français? C'est un
document de lui qui va répondre « L'In-
ternationale communiste doit se préparer à
l'action illégale, développer son activité avec
prudence pour ne pas provoquer de mesures
de répression qui pourraient le pousser à la
vie illégale. Ce n'est pas qu'on entende par la
lu! faire prendre une attitude passive ou
purement défensive, mais il ne faut pas
« crier sur ics toits ce qu'on va faire, pas
de bruit inutile dans les centuries proléta-
riennes pour ne pas effrayer la petite bour-
geoisie. Parler moins et organiser davan-
tage, te! est le contenu de cette prudence
que nous réclamons du parti français.
Telles sont donc les fins voyons les
moyens. Des intelligences partout et l'orga-
nisation d'un service de sûreté platement cal-
qué sur les polices des sociétés bourgeoises.
On possède là-dessus un schéma de l'organi-
sation générale d'une Sûreté communiste qui
est un bien curieux document. « La Sûreté,
y est-il dit, ne se soumet à personne et peut
se placer au-dessus de toutes les autorités
du pays. » C'est l'explication de la fameuse
Tchéka. « En général, poursuit cette ins-
truction qui a le style des manuels militai-
res, la Sûreté ne permet .pas .que. ses secrets
soient connus des agents ne participant pas à
son œuvre disciplinaire, et, dans de tels cas,
elle cherche à démoraliser les personnes ren-
seignées, elle sème le doute sur d'honnêtes
militants, et, si elle a affaire à un parti
faible, elle atteint son but et réhabilite ses
.agents <;n semant des soupçons envers d'au-
tres membres du. parti. Le double rôle de
gagent secret l'amène sans cesse à une dou-
Mc conspiration. )> Suivent des instructions
pour l'enrôlement et l'éducation des agents
secrets. Ils dq.ivent savoir filer, interroger,
dérober et ouvrir les lettres. On prévoit pour
ces fonctions des spécialistes chimistes, ty-
pographes, déchifïrëurs, armuriers, etc.
Cela explique bien des choses la décou-
verte récente chez Suzanne Girault de deux
documents du gouvernement militaire de
Paris édictant certaines précautions contre
les communistes, le vol de la lettre de
M. Vatin-Pérignon, d'autres faits encore.
Voilà l'étendue exacte du mal. Nous ne pré-
tendons pas qu'il y ait encore péril. Mais
nous affirmons qu'il est temps de voir et
d'agir.
FERNANB DE BRINON.
t~r~
AU J0t/~ Z.B JOUR
Leptis Magna
Le dernier numéro de la revue italienne
Ded~o, en publiant les impressions que
'M. Paribeni rapporte dé son voyage en
Libye, contribue à nous donner l'idée la
plus précise des fouilles que les Italiens
ont entreprises dans un domaine riche en
monuments antiques. On se souvient en-
core de l'heureuse découverte de l'admi-
rable « Venus )> de Cyrénaïque, devenue
un des plus beaux ornements du Musée
des Thermes. Or, les travaux que poursuit
inlassablement la mission archéologique
de Libye donnent depuis quelque temps
des résultats autrement importants que
par le passé. Voici, en effet, que surgissent
des villes entières d'un sol recouvert jus-
qu'à présent par les dunes Sabratha et
surtout Leptis Magna.
Leptis Magna vit naître, on le sait, l'em-
pereur Septime Sévère, et celui-ci, parvenu
à la puissance suprême, rêva de faire de
cette petite ville africaine une cité splen-
dide ce rêve de souverain mégalomane
se réalisa et des édifices magnifiques s'éle-
vèrent nombreux dans un 'pays- lointain.
C'est la ville créée par Septime Sévère
qui sort peu à peu du manteau de sable
qui l'a protégée pendant des siècles contre
tout vandalisme. Elle apparaît à nos yeux
dans un extraordinaire état de conserva-
tion qui fit l'admiration destarchéologues
européens que le gouvernement italien con-
via récemment à Tripoli.
M. Paribeni a été profondément impres-
sionné par l'ensemble grandiose de monu-
ments et de statues qui fait déjà de Leptis
Magna la plus belle ville antique de l'Afri-
que du Nord. Les Thermes sont d'une
ampleur imposante; « On y a découvert
plus de vingt statues, dont plusieurs sont
intactes, si parfaitement intactes que c'en
est presque irritant elles ont même con-
servé leur nez, ce qui est rare da.n.s les
bustes antiques. Certaines d'entre elles
sont de précieux morceaux de sculpture
en Afrique, il n'y a guère que Cyrène,
Alexandrie et deux ou trois villes de l'Al-
gérie et de la Tunisie qui nous aient donné
des œuvres d'art aussi intéressantes. ))
M. Paribeni cite, parmi celles qui l'ont
frappé, un « Mars x-~un « Marsyas )), un
« Mercure qui tient Bacchus enfant
assis sur sa cuisse, un beau torse d'athlète,
~t, enfin, un « Apollon Musagète dont
le corps est de pures proportions et de
courbe élégante.
Dans la visite de ces ruines si parfai-
tement conservées, les archéologues vont
d'étonnement en étonnement c'est encore
un cirque long d'environ 450 mètres, un;
théâtre, deux temples, de riches mauso-
lées, et les constructions du port, vastes
et solides, Septime Sévère avait vu très
grand, et on est aujourd'hui stupéfait de-
vant la masse imposante de cet édifice
qu'on appelle provisoirement Palais im-
périal et qui semble avoir été d'une rare
magnificence. s'étend sur 300 mètres de
long et 150 mètres de large; des pans de
murs se dressent jusqu'à 30 mètres de
hauteur. Les fouilles de demain permet-
tront d'analyser plus en détail ces remar-
quables vestiges. Mais, dès à présent, on
peut dire que c'est- vraiment une merveil-
leuse découverte que vient de faire la mis-
sion archéotogique d~Tripolitaine. !1 est
peu d'endroits, dit M. Pariben! avec or"
gueil, où la « romanità s'exprime avec
autant de grandeur il ne voit guère que
les ruines de Baalbeck qui puissent, par
)eur importance, être comparées à celles-ci.
Par cette résurrection se complète le cycle
des « villes d'or x. africaines, et, si les
projets.qui s'ébauchent et qui doivent fa-
ciliter les comunications entre le Sud tu-
nisien et la Tripolitaine finissent par pren-
dre corps, quelle magnifique promenade
archéologique sera celle que l'on pourra
faire bientôt, sans difficultés, depuis la
marocaine Vo)ubi)is jusqu'à la libyque
Leptis Magna
.JEAN ALAZARD.
Le Pacte de Sécurité
et FAHemagne
La méthode suivie par les Cabinets de
Paris et de Londres dans la négociation
avec l'Allemagne conduit au résultat prévu
depuis des mois l'Allemagne nous de-
mande des explications. L'Allemagne qui
~nous a proposa la conclusion d'un pacte
rhénan, et à qui, en conséquence, incom-
bait !e soin de nous présenter un projet
ferme, a réussi à renverser les rôles par
l'intermédiaire de M. de Margerie,
M. Stresemann vient de prier M. Briand
de lui donner des éclaircissements sur
plusieurs points de la note du 16 juin.
Nous voilà 'transformés en demandeurs.
Depu'is hier le Quai d'Orsay s'applique à
satisfaire la curiosité de M. Stresemann.
Il est appelé notamment à. préciser sa
pensée sur la section 4 relative aux traités
d'arbitrage. M. Stresemann a beau jeu sur
ce terrain-là. En effet, les alinéas 2 et 3 de
la section 4 constituent un casse-tête juri-
dique. Si, par aventure, ils venaient à être
insérés dans le pacte projeté, ils fourni-
raient la plus riche matière à contestations,
malentendus et querelles. Seule la corres-
pondance ChamberIain-Briand permet d'en
saisir le sens. Mais cette correspondance
ne fait pas foi vis-à-vis de l'Allemagne.
En tout cas, dans une affaire aussi grave,
Il est essentiel que les exécuteurs du futur
pacte ne soient pas obligés de recourir à ce
~que les juristes appellent « les travaux
préparatoires x< pour &x.er le véritable sens
de telle ou telle clause. Dans sa réponse
à la demande d'explications qui lui a été
transmise par M. de Margerie, M. Briand
pourrait ajouter qu'il appartient à M. Stre-
semann, auteur des suggestions du 9 fé-
vrier, de formuler lui-même l'article relatif
aux arbitrages. Nous verrions alors si le
texte proposé correspond ou non à notre
manière de voir.
Pour l'instant, la publication de notre.
Z.tM'~ M~M produit en Allemagne une im-
pression plutôt désagréable. On paraît sur-
tout déçu par l'affirmation réitérée dans
la note du 16 juin que le futur pacte et
les traités d'arbitrage devraient rentrer
dans le cadre de la Société des Nations, et
qu'à cet égard rien ne serait signé avec le
Reich qu'après son admission dans la So-
ciété. Par une de ces autosuggestions si
fréquentes chez nos voisins de l'Est, on
s'imagitait outre Rhin qu'on pourrait met-
tre subrepticement à l'écart la S.D.N. et
créer une sorte d'institution concurrente.
Tel était l'objet de la phrase tentaculaire
finale du mémorandum du 9 février: « On
devra examiner en outre s'il ne serait pas
à recommander de formuler le pacte dé
sécurité de telle manière qu'il préparerai
une convention mondiale comprenant tous
les Etats dans le genre du « Protocole
pour le règlement pacifique des diffé-
» rends internationaux établi par la
S.D.N., de sorte qu'il serait absorbé par
une telle convention mondiale ou incor-
poré à celle-ci dans le cas où cette con-
vention serait réalisée. » Il n~est nul be-
soin d'une nouvelle convention mondiale
le Pacte de la S.D.N. sutfit; il s'agit seu-
lement de préciser les conditions d'appli-
cation de quelques-uns de ses articles. Il
n'est pas davantage nécessaire de réunir
une conférence spéciale pour discuter ce
genre de questions la sixième Assemblée,
qui se réunira au commencement de sep-
tembre à Genève, est tout indiquée pour
cela. Elle aura la revision du Protocole à
son ordre du jour. Si les ministres alle-
mands désirent exposer leur point de vue,
qu'ils introduisent sans plus tarder leur
demande régulière d'admission; il sera fait
.droit à leur désir, et les délégués du Reich
auront toute liberté pour défendre leurs
idées.
j Mais cette perspective ne semble pas
séduire les journaux d'outre Rhin. Ils sont
déçus. Ils espéraient qu'après le rejet du
Protocole de Genève' par l'Angleterre la
;WI!heImstrasse pourrait disloquer à la fois
!a S.D.N. et les alliances actuelles. Le
.tK~ Tc~Mo~ avoue sans détour que
M. Stresemann se proposait de garantir
la Rhénanie contre une occupation fran-
çaise en n'importe quelle circonstance, et
de se réserver la faculté de remanier les
frontières de Pologne et de Tchécoslova-
quie par une procédure dite pacifique, mais
consistant en réalité dans une pression à
haute tension, qui aurait inévitablement
provoqué une explosion. Notre confrère
berlinois reconnaît également que la
Wilhelmstrasse comptait poser la ques-
tion du rattachement de l'Autriche au
Reich sans se conformer à la procédure
stipulée dans !e Coyenant. Elle préparait
!a nouyeiie < convention mondiale 'des-
tinée à/< absorber Je Covenant et le Pro-
toeo!e. Aussi ses interprètes commencent-
I!s à parler de la réunion d'une conférence
qui serait la préface de la dissolution de
!a S.D.N., ou, si Fon préfère, d'une nou-
ve])e édition de la S.D.N. sur le type ger-
manique. I! faut tout de suite percer cet
abcès.
abcès.. AUGUSTE GAUVAIN.
LES ÉVÉNEMENTS DU MAROC
j
Co/n/nu/7/~e officiel
Au Nord d'Ouezzan, un groupe mobile ma-
nœuvrant autour d'Oouled-Allal a dégagé les
postes avancés, après un vif engagement.
Un détachement opérant chez les Beni Mes-
gtulda a été violemment attaqué par les dissi-
dents vers Fellakine. H a pu atteindre son ob-
jectif après une action vigoureusement menée,
au cours de laquelle il a infligé des pertes sé-
vères à l'ennemi. Notre aviation lui a prêté pen-
dant toute la journée l'appui le plus efficace.
/?ef/?s le camp /yo//7
D'après une correspondance envoyée de Fez à
l'agence Havas, l'arrêt de l'offensive sur la ca-
pitale da Maghzen a ralenti l'enthousiasme des
dissidents. Ceux-ci ont'Mcnnéttu prétendant lés
meilleurs de leurs guerriers, maintenant morts
ou bien tramant de douars en douars de miséra-
bles blessures pansées avec un goudron douteux.
Ils savent que leurs pertes sont hors de pro-
portion avec celtes qu'ont subies les RiSains et
les réguliers, prudemment < réserves par les
chefs de harkas.
Les Djebalas, les Béni Zerouals, les Sless,
les Senhadjas palabrent et se consultent. Cette
guerre contre la France, qu'ils croyaient facile,
s'affirme comme redoutable et meurtrière. Un
courant favorable à la paix s'établit, une lassi-
tude se devine chez ces dissidents.
Les préparatifs espagnols ont suscité une vive
alarme dans le camp riffain.
Ces préoccupations sont sans doute à l'origine
des mouvements de harkas que signalaient les
bulletins de renseignements publiés ces derniers
jours. Sur l'ensemble de notre front, les effectifs
raSains ont sensiblement diminué. Des
mouvements vers le Nord ont été signalés, qui
ont sans doute une corrélation avec les prépara-
tifs espagnols contre Ajdir.
D'autres groupements rin'ains ont été envoyés
vers l'Ouest pour relever les Djebalas qui te-
naient les secteurs au Nord d'Ouezzan. Ces
derniers ont été dirigés sur le front espagnol.
Cet ensemble de faits montre les soucis ac-
tuels d'Abd el Krim le danger est sur Ajdir.
Il rassemble le meilleur de ses forces pour
défendre ses trésors et ses réserves.
Tout le monde est convaincu ici qu'une grande
part des ressources d'Abd el Krim sont déposées
en divers" points du RiS, et aussi
d'armes considérable et un centre d'approvision-
nements important.
L'imagination musulmane a fait d'Ajdir une
sorte de palais des Mille et une nuits. Dépouillée
de la légende qui est née, cette place forte appa-
rait, d'après des renseignements recueillis auprès
de certains transfuges, comme une ingénieuse
organisation souterraine ce serait une succes-
sion de couloirs et de salles creusées très pro-
fondément dans le sol pour servir de resserre au
trésor de guerre, aux réserves de Me, d'armes et
de munitions, et de refuge au moment des atta-
ques d'avions. Ils auraient été construits par des
prisonniers espagnols, sous les directives de cer-
tains renégats.
~o mission /!a/e/Meo~o/e au ~croc
Dans la journée d'hier, la mission parlemen-
taire s'est rendue à Meknès, où elle a visité
l'Ecole militaire musulmane, dont les élèves ont
demandé à être envoyés au front; le parc d'avia-
tion, où elle a vu les escadrilles nouvellement
arrivées d'Algérie, et l'hopita). Les commissai-
res ont poursuivi leur voyage sur Fez, où un
dîner a été offert en leur honneur par le géné-
ral Daugan.
Condamnation de /no/?s allemands
Le juge de paix de Mogador a condamné les
capitaines des trois chalutiers allemands arrai-
sonnés dans les eaux françaises de la côte du
Maroc à ioo francs d'amende pour délit de
'pêche, ainsi que chaque membre de leurs équi-
pages à 200 francs d'amende et à trois mois de
prison, pour délit de séjour, avec application
générale de la loi de sursis.
Les trois chalutiers ont quitté aussitôt le port.
Hommage à nos i~ot/pes du ~&oc
La Ligue maritime et coloniale française vient
d'envoyer au maréchal Lyautey le télégramme
suivant
Au nom de ses 600.000 membres, la Ligue
maritime et coloniale francase adresse au maré-
chal Lyautey l'expression de sa sympathie émue
envers les héroïques soldats qui combattent en
ce moment au Maroc pour l'intégrité de notre
empire africain.
La conférence de Madrid
A l'issue de la séance plénière de ce matin de
la conférence franco-espagnole pour le Maroc,
le communiqué suivant a été publié
Sur la base des rapports des experts, la con-
férence a examiné la question de la surveillance
maritime. On est arrivé à un accord sur des
propositions concrètes susceptibles d'être sou-
mises aux gouvernements respectil's.
La conférence a examiné, en outre, la ques-
tion de la surveillance terrestre. Elle a nommé
une sous-commission qui, prenant pour base
l'échange de vues de caractère général, étudiera
les moyens d'organiser une surveillance effective
et concertée.
Les résultats des travaux de cette sous-com-
mission seront soumis a la séance plénière de la
conférence qui se réunira lundi, à II heures.
mon
m COMMtSStOK CES RÉpmTtOMS
La Commission des réparations s'est réunie
à i h. 30 en séance pléniere,' sous la prési-
dence de M., Louis Barthou.
Elle a procède à l'installation de M. Ralph
Snowden Hill comme délégué officieux des
Etats-Unis en remplacement de M; Logan;
el!e a pris acte des rapports relatifs à l'exé-
cution du plan des experts pendant la période
s'étendant du il octobre 1024 au 30 avril 1925,
qui lui ont été adressés par l'agent général
des paiements de réparations, par les com-
missaires aux chemins de fer allemands, à la
Banque d'Empire et aux revenus gagés, et
par les fidéicommissaires pour les obligations
industrielles et pour les chemins de fer.
Elle s'est séparée à 13 heures, après, avoir
examiné les diverses questions inscrites à son
ordre du jour,
HA VIE CHËRE
LJE VIN
La crise viticole est le thème actuel de'3
journaux du Midi, des congrès répétés
des viticulteurs, des commissions viticoles
du Parlement, de leurs démarches plus
que pressantes auprès des pouvoirs publics.
Qu'est-ce, en dénnitive, que ces trises
viticoles qui se déchaînent maintenant à
de si fréquents intervalles ? Comme la
crise du blé vient de l'insufnsance des ré-
coltes, le profane pourrait croire que celle
du vin résulte de vendanges parcimonieu-
ses, insuffisantes pour abreuver la soif de
la nation.
Mais il en est tout autrement; il s'agit,
ici, de crises de surproduction; la viticul'-
ture, poussée à produire par les grands $
bénéfices des dernières années, en arrive
maintenant à jeter sur le marché des quan-
tités excédant de beaucoup les besoins,
quantités dont l'écoulement est difficile et
ne peut se faire qu'à des prix ne laissant
plus les bénéfices de naguère.
On. se rend fàcHement compte de l'Im-
portance extraordinaire de cette surpro-
duction en comparant, par exemple,
d'après les statistiques officielles, les dé-
clarations annuelles des récoltes des an-
nées encore récentes antérieures à 1914 et
celles des dernières années.
Pour pallier les irrégularités des pro-
ductions annuelles, on a comparé la
moyenne des cinq années antérieures à
1914 avec celle des cinq années 1920 à
1924; on a trouvé ainsi
1910 à 1914 (moyenne~ 44.036.000 Y
1920 à 1924 g8.920.ooo
DtHerence. 14.884.000 ou 34%
Ce simple calcul donne la clé du mys-.
tère de ces crises viticoles. Bien que la.
guerre ait appris la consommation du vin
aux soldats du Nord, de l'Ouest, peut-on
admettre, surtout avec i.goo.ooo consom-
mateurs en moins, que la consommation
nationale puisse absorber un tel supplé-
ment de production, d'autant plus que
l'aide extérieure fait en grande partie dé-
faut maintenant, soit à cause de la ferme-
ture de pays au régime sec, soit par la
réduction de la capacité d'achat des au-
tres, etc. ?
Les mêmes comparaisons statistiques
expliquent, d'ailleurs, l'effervescence de
ces crises dans le Midi plus que dans les
autres régions; si on rapproche, en effet,
pour les deux mêmes périodes, les moyen-
nes des quantités déclarées, d'une part,
dans les quatre gros départements produc-
teurs le Gard, l'Hérault, l'Aude, les Py-
rénées-Orientales de l'autre, dans le reste
de la France, on a les résultats suivants
QUATRE RESTE DE
PÉRIODE DÉPARTEMENTS LA FRANCE
1
1910-14 .i 23.5g8.ooo 2o.478.ooo
1920-24 r. 26.089.000 32.830.000
DiKérence .i 2.531.000 12.352.000
II 6o
La pression de concurrence que subit le
Midi est donc devenue beaucoup plus forte
et les plaintes qu'elle suscite sont, sans
doute, destinées à devenir de plus en plus
vives.
Ainsi vient d'en juger le Comice agri-
cole de Béziers qui, résumant les réponses
des Sociétés viticoles sur la question de
/o /MMt~!OK des x~KoMM, a exprimé, en-
tre autres, l'accord unanime de tout le
monde viticole sur ce point <: que la c~MM~ y<'rs ~MC CfOt~C Û~C ~7K~ (l).
Sans doute, des crises viticoles se sont
produites autrefois, et on peut rappeler, en
particulier, celle de 1907, consécutive .à la
récolte de 1906, avec tous ses graves In-
cidents, les émeutes de Narbonne, l'échauf-
fourée du 17~ le proconsulat d'Albert;
mais, si de pareilles crises peuvent être
envisagées dès que la production déclarée
dépasse à peu près le niveau de 60 mil-
lions à 65 millions d'hectolitres, il est clair
que ces dépassements ne peuvent que de-
venir plus fréquents si la moyenne an-
nuelle se rapproche de cette limite.
L'examen des statistiques fait ressortir
encore que l'importance des récoltes an-
nueiïes présente des écarts bien moindres
dans les quatre départements méridionaux
que dans le reste du pays. Le tableau sui-
vant, dressé pour la période des cinq der-
nières années 1:920-1924, en donne le té-
moignage
Récoltes annuelles maxima pour les quatre
dépertements méridionaux, 28.488.000 hectares eti
1924; pour le reste de la France, 60.251.000 hec-
tares en 1922.
Récoltes annuelles minima pour les quatre
départements méridionaux, 23.981.000 hectares en
1921 pour le reste de ta France, 45.017.000 hec-
tares en 1921.
Ecarts entre les maxima et les minima pour
les quatre départements méridionaux, 4.507.000
hectares, ou 19 pour le reste de la France,
24.234.000 hectares, ou 54
Le marché général dépend donc surtout
des nuctuations des récoltes autres que
(:) A la conférence interministérieHe du H
juin dernier, M. le député Léon Castet. arguant
de la production entière, et non pas seulement
des quantités déclarées; est arrivé plus éncrK!-
auemcnt encore à' la même conclusion
« Avec une production de 80 millions d'hec-
tolitres l'an dernier, a-t-il dit, nous n'avons pas
atteint le maximum nous pourrons avoir de-
main une récolte de 90 millions, c'est-à-dire
20 millions de plus que nous ne pourrons con-
sommer. s<
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