Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1916-01-04
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Description : 04 janvier 1916 04 janvier 1916
Description : 1916/01/04 (Numéro 4). 1916/01/04 (Numéro 4).
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Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Restauration - Monarchie de Juillet (1814-1848)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/11/2007
M° 4 128° ~KNÈE
128~ $MNÈE- ~4
~~H ~i~ ~R r: D$~ TOUT~ ~A FRAMSp I~uMi<~o 10 Gênâmes
JMMAL DES BtBATS
DM ïTt~ïIPQ PT MTT~ AÏB~Q
fULLii~~o isi ~i i~nAU~tj
M&RD!4JAMViER 1916
MMD! 4 JANVIER 19!8
RÉDACTION ET ADMINISTRATïON
!7, Rae des Prétres-Saint-Germaia-l'AuxerroU
PARtS–t"
ADRESSE TËLËGBAPHteUE DÉBATS-PARIS
~t-ÉPHONB, 3 Li:aes CUTENBERG e!,ee 0~,0!– M, ~es ~~o~ees so/?~ /'ee~UX BUREAUX DU JOUBNAt.
PRIX DE L'ABONNEMENT
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Cm s*abdam: Mns !ps Bmreanx Me Peste<
iM j)benMmM:s p~Mt fff <" e! t/a ~C d!oe~Ne nee~
SOMMAIRE
La Confédération de l'Europe centrale.
–A. G.
L'Adhésion au pacte, de, Londres et la
Neutralité belge.
Encore la question de l'Aviation.
Croquis de Paris 7"ommaso So~M;. Z.
La situation militaire.
La Guerre européenne.
Dans les Balkans.
La Conscription en Grande-Bretagne.
La Mission médicale française ~n Serbie.
-D~X.
Rosamonde. [16]. E. et An. CASTLE.
La Confédération
de FEurope centrale
L'effort ~principal des pangermanistes
porte actuellement sur la préparation de
l'absorption de l'Autriche-Hongrie dans
l'empire allemand sous forme de conclu-
sion d'une union douanière entre les deux
Etats. Le livre publié en octobre dernier
par le propagandiste pangermaniste Fré-
déric Naumann, pasteur et député, sous le
titre Af/e/ TTu/'opn, est le bréviaire de
la nouvelle doctrine. Comme les événe-
ments militaires ne permettent plus de
donner suite au grand projet de l'empire
d'Europe, sous le sceptre des Hohenxol-
lern, les sectateurs de la 7~K/' se rabat-
tent sur la combinaison de l'union écono-
mique avec la monarchie dualiste alliée,
combinaison destinée à englober plus
tard une série de petits Etats voi-
sins. 11 n'est pas douteux que dans l'es-
pèce ~M. Naumann 'soit le fourrier de
M. de Bethmann-Hollweg. Comme nous
l'avons expliqué ici ("De'&e~s du 12 décem-
bre), les Cabjnets de Vienne et de Berlin
sont déjà d'accord en principe, en ce sens
du moins que l'adhésion à l'union écono-
mique avec l'Allemagne a été la condition
de la création d'une Pologne prétendue
indépendante sous la souveraineté des
Habsbourg. La propagande actuelle a
pouf .but de créer un puissant courant
d'opinion en ce sens. Eue porte rapide-
ment ses fruits.
A la un du mois de décembre, 855 pro-
fesseurs allemands des écoles supérieures
d'Autriche ont signé une déclaration ou
ils recommandent dans les termes les
plus pressants « une union économique
intime et durable de l'Autriche-Hongrie
avec l'empire allemand, et un rapproche-
ment aussi étroit que possible des deux
Etats de façon qu'ils se présentent vis-à-
vis de l'étranger comme une unité com-
pacte )). Cette déclaration est accom-
pagnée d'une lettre du comité promoteur
contenant le passage suivant « La nou-
velle organisation devra s'appuyer sur les
forces qui furent en mesure de préser-
ver notre patrie de la ruine et parmi
lesquelles figure comme élément décisif
irremplaçable la coopération intime et
consciente de l'Autriche-Hongrie avec
l'empire allemand: Afin de garantir ce
qui a été obtenu, H est nécessaire de
maintenir et de développer cette coopé-
ration intime, et cela en maintenant, si
c'es~ posst'&/e, l'indépendance des Etats
intéressés. » Ce « si c'est possible mon-
tre assez que les 855 professeurs sont
d'ores et déjà disposés au sacrifice de
l'indépendance de l'Autriche Hongrie.
Certes, tout le monde dans'la monar-
chie ne partage pas leur avis. La vieille
société viennoise, l'aristocratie, les
grands propriétaires qu'on peut encore
qualifier de féodaux, beaucoup d'indus-
triels qui ont besoin de la protection
douanière en raison du prix du charbon et
du fer sont d'un avis contraire. Mais, à
part ces derniers, ces divers éléments ne
possèdent plus d'influence réelle. Ils sont
débordés. Seuls quelques archiducs et
leurs hommes de confiance sont capables
d'opposer une digue au courant venu d'Al-
lemagne. Ils sentent, en en'et, que le suc-
cès de la combinaison entraînerait la ruine
de la maison de Habsbourg.
Une députation des 855 professeurs a
remis. leur déclaration et leur lettre au
président du Conseil autrichien, ainsi
qu'aux ministres de l'instruction publique,
du commerce et des affaires étrangères.
La presse otticieuse de Vienne tient à ce 'e
sujet .un langage embarrassé. On devine
chez elle des objections. Toutefois, elle
exprime l'opinion .que l'entrée de l'Au-
triche-Hongrie dans ce qu'elle appelle
le commerce mondial constitue le meil-
leur moyetï* de panser les plaies de la
guerre. En tout cas, il ne faut s'at-
tendre aucune résistance sérieuse
de la part des journaux viennois. Ils sont
presque entièrement acquis à la cause ger-
manique et ils connaissent la volonté de
Guillaume II. S'ils en doutaient, ils se-
raient tirés d'incertitude par une interview
que le duc Ernest Gunther de Schleswig-
Holstein, frère de l'impératrice d'Alle-
magne, vient d'accorder à un journal de
Budapest. Le beau-frère de Guillaume H
y célèbre les « avantages gigantes-
ques a de la future Europe centrale. Il
parle non seulement d'union économique,
mais aussi d'union politique des deux
Etats. I! parie aussi de la Bulgarie et de la
Turquie. « Ces pays, dit-il, possèdent beau-
coup de matières premières qui nous sont
uti)es. Le programme politique est
étroitemcnt lié avec le programme de po-
litique commerciale. Nous devons tirer
de la guerre la leçon qu'il nous faut subor-
donner la question des nationalités aux
nécessites politiques. )'
Ces derniers mots sont a retenir. Dans
l'Europe centra)e telle que !a prévoient
ses initiateurs, les nationalités non ger-
maniques seraient écrasées. Le rattache-
ment de la ('alicie au nouvel Etat polonais
permettrait auxAUemands de Cisleithanie
(te ressaisir la prépondérance en Autriche
et d'opprimer méthodiquement les Tchè-
ques et lesJougo-SIaves.' La Pologne elle-
même serait soumise par tranches à une
germanisation intensive dès que les cir-
constancesie permettraient.On reprendrait t
de l'Etbe à la Save et de iaVistuIe au Bas-
Danube, t'CBUvrc de dénationalisation que
Marie-Thérèse et ses successeurs n'ont pas
su accomplir. Comme pour les opérations
militaires d'aujourd'hui, on substituerait
les méthodes prussiennes aux: méthode~
autrichiennes. Sc~ement, on se demande
ce qui resterait ensuite d'autrichien en
Autriche.
A. G.
L'AdhestM au pacte de Londres
et!aneuMtehe)ge
Des journaux ont reproduit des déclara-
tions faites à un petit quotidien flamand
par le député Van den Perro en réponse à
une note publiée par le Jbii/'no/cfex De'&a~
et émanant, nous le confirmons, d'une per-
sonne dont la situation et les relations
constituaient une garantie certaine pour
son exactitude Cette note avait trait à
l'adhésion prochaine de la Belgique a la
Convention de Londres. Notre correspon-
dant nous é.crit à propos de cette interview.
n La Belgique s'est strictement tenue,
déclare M.Vanden Perre, des les premières
heures du danger, dans les limites du droit
international. Même l'ennemi devra un
jour en convenir. Or, d'après ce môme droit
international, la Belgique est encore tou-
jours un Etat neutre,,car un pays neutre
qui se défend, dit le droit international.
reste toujours un pays neutre. Maintenant
si la Belgique adhère au pacte de Londres,
par le fait même elle déclare quelle sort
des limites du droit, qu'elle renie sa neu-
tralité. En d'autres termes, cela donnerait
le droit a l'Allemagne de traiter la Belgi-
que en ennemie et d'agir aussi en consé-
quence à son égard lors de la discussion
des conditions de paix."
La dernière phrase est stupéfiante. L'Al-
lemagne n'a pas traité jusqu'ici la Belgique
en ennemie, et nous devrions la ménager
pour qu'elle nous ménage Une telle ab-
surdité -si ces déclarations sont exactes–-
et un tel manque de dignité démontrent a
pft'o/'t que M. \an den Perre n'a aucune-
ment qualité pour parler au nom du gou-
vernement ou d'une fraction quelconque
du peuple belge. L'Allemagne, au surplus,
a dès le premier jour avant les batailles
et les massacres précisé sa position vis-
à-vis de la Belgique. '< Si la Belgique, disait-
elle dans l'ultimatum du 2 août 1914, si la
Belgique se comporte d'une façon hostile
contre les troupes allemandes et particu-
lièrement fait des difficultés à leur marche
en avant. ~~cmag~e .st;<;o&e'c <~ co/
trop tard, vraiment, pour se proclamer neu-
tre vis-à-vis d elle 1
L'article 10 de la Convention de la Haye
–te pays neutre qui se défend reste tou-
jours un pays neutre constituerait, s'il
ne concernait que les rapports du neutre
attaqué et de celui qui J'écrase, une véri-
table inanité juridique, et il est puéril de
soutenir que la Belgique, qui se défend de-
puis quinze mois contre l'Allemagne et qui
prendra sa revanche sur elle, n'est pas en-
core belligérante Certes, on ne peut ac-
cueillir l'étrange théorie du colonel améri-
cain Harvey, objectivement exposée par le
JotM'tM~ dM De6o/s dans soti numéro du
13 décembre, d'après laquelle la Belgique,
en disant non à l'ultimatum allemand, au-
rait elle-m'ëme brisé sa neutralité celle-ci
continue à porter ses effets dans ce sens
que les garants de la Belgique ne peuvent
l'abandonner, et que les signataires de l'ar-
ticle 10 conservent 1 obligation morale d'ai-
der de toute leur force à la rétablir dans
ses droits. Mais il est aussi absurde de par-
ler aujourd'hui do notre neutralité vis-à-vis
de l'Allemagne que de conclure à l'existence
d'un carreau de vitre que le voisin aurait
brisé à coups. de poing.
Chose étrange, les seuls à parler de la
neutralité de la Belgique–en dehors du
député d'Anvers sont aujourd'hui les
Allemands. H faut lire les articles de la
GVo~e~/i grand intérêt à voir restaurer après la
guerre cette neutralité imposée qu'ils ont
eux-mêmes odieusement violée etqut'a été
la cause inhérente de notre faiblesse mili-
taire, de nos divisions intérieures, de nos
illusions et deiïos malheurs. Ils savent que
seul ce <~ soporifique international M pour-
rait nous faire oublier la grande leçon de
cette guerre et nous mettrait de nouveau à
leur merci. 1
L'adhésion de la Belgique à ia Conven-
tion de Londres ne changerait en rien no-
tre situation actuelle en droit internatio-
nal. Elle transformerait simplement en une
promesse solennelle notre résolution de
lutter jusqu'au bout et nous permettrait de
faire entendre plus efficacement notre voix
dans les conseils des Alliés quand il s'agira
de préciser/selon les nécessités d'existence
de chacun, les conditions de la paix com-
mune. C'est évident d'aUteurs que la forma-
lité d'une adhésion an pacte de Londres
n'est pas indispensable pour que la Belgi-
que ait la certitude certitude qu'on no
peut manquer de !ui donner d'être con-
sultée et écoutée des les premières conver-
sations entre alités. Mais une teHe mani-
festation de souveraineté– nous n'avons
qu'en faire M dit !e député Van den Porre
–serait très heureusement accueillie par
tous tes Beiges conscients de leur devoir et
de leur droit..
Encore la question de MaHon
Nous avons déjà commenté hier tes con-
clusions adoptées par la commission de
l'armée en ce qui concerne la question de
l'aviation militaire. Mais voici que l'affaire
se corse; des protestations surgissent de la
part des députes qui se trouvaient absents
le jour où furent prises des décisions défi-
nitives et l'on commence assex légitime-
ment à se demander quelle est la valeur
des communications faites à la presse sur
un programme dont, l'élaboration semble
avon- étéconduite dans des conditions d'où
]o bonne voton~é n'excluait pas un certain
désordre.
M. Girod, député du Doubs, et qui com-
manda l'escadrille d'aéroplanes destinée à
la défense du camp retranché de Paris M.
Henry Pâté, député de la Seine, et qui fut
rapporteur de la loi de trois ans, réclament
tous deux contre la manière dont furent t
menés les travaux de la commission; ils
adressent môme, à ce propos, a son prési-
dent des lettres dont la lecture n'est certes
pas indifférente, et qui nécessiteront quel-
ques explications supplémentaires.
De ces lettres, en effet, il semble résulter
que les convocations àla dernière séance–
essentielle entre toutes furent brusque-
ment expédiées, le jeudi soir 30 décembre,
à six heures et demie, par télégramme, pour
le lendemain vendredi a trois heures or,
une telle hâte, qui ne se Justine par aucune
raison appréciable, présentait l'inconvénient
grave d'exclure inévitablement delà réunion
ceux des commissaires qui n'avaient pas
prévu cet appel inopiné. Ce fut le cas de
MM. Girod et Henry Pâté, qui, a la date du
vendredi 31, ne pouvaient disposer de leur
temps ils se plaignent aujourd'hui de cette
absence involontaire c'est, leur droit.
Us paraissent d'ailleurs n'avoir pas été
les seuls qui fussent réduits à cette extré-
mité et contraints a l'abstention car ta
commission, qui compte théoriquement
43 membres, n en renfermait plus réelle-
ment, ce jour-là, que 12 et encore ce chif-
fre de 12 présents descendit-i), nous dit-on,
à 7 au moment du vote. C'est peu, torsqu il
s'agit d'un scrutin intéressant au premier
chef la défense nationale, et qui pèsera en-
suite d'un poids sérieux sur les délibéra-
tions de la Chambre tout entière.
Enfin toujours si nous en croyons
MM. Girod et Pâté le programme
d'aviation pour l')16, adopté « à l'unani-
mité" des sept réputés présents., n'aurait
fait l'objet d'aucune consultation antérieure
ni du ministre dé la guerre, ni du sous-se-
crétaire d'Etat, ni d'aucun des services com-
pétents du grand quartier généra). Il aurait
donc exactement toute l'autorité qui s'atta-
che à l'opinion de sept de nos législateurs.
Et nous ne nions pas que ce ne soit,là
quelque chose; il faudrtUt seulementsavoir
si c est asscx.
On dirait, en somme, à première vue, que
cette grosse affaire a été enlevée avec un
entrain qui, en principe, ne serait pas blâ-
mable et qui ferait luémë honneur à l'éter-
nelle jeunesse du général Pédoya, 'prési-
dent de la commission; si cette prompti-
tude ne risquait de s'exercer au détriment
de la besogne accomplie..On ne règle pas le
problème de l'aviation en deux temps et
trois mouvements, comme s'il s agissait do
bâcler un vague proje.t quelconque d'intérêt
local. 11 importe que l'excellente intention de
faire vite n'aboutisse pas à l'incohérence et
au gâchis; car on nous vante volontiers, en
termes d'ailleurs mystérieux, l'énorme tra-
vail qu'abattent sans cesse les commissions
parlementaires; et nous ne contestons as-
surément ni leur capacité ni leur zèle.
Pourtant, à en juger par l'exemple que
nous donne aujourd'hui la commission do
l'armée, peut-être aurait-il été préférable
que celle-ci travai~ât moins et qu'elle tra-
vaillât mieux.
CROQUIS DE PARIS I
Tommaso Salvini
Une dépêche annonce la mort de Tom-
maso Sa! vini, décédé, à Florence à l'âge de
quatre-vingt-sept ans. Ce. doyen de la scène
italienne n'est pas un inconnu pour tous
les Parisiens ceux qui en sont à leur troi-
sième ou quatrième jeunesse se souvien-
nent de l'avoir acclamé à la .salle Ventà-
dour, dans les années qui suivirent la
guerre de t8yo. Une troupe florentine était
venue donner quelques représentations
des chefs-d'œuvre de ShaJkespeare. Les
managers d'alors regardaient à la dé-
pense et se cont'entaient des décors
qu'ils avaient sous.la main. Quand le ri-
deau se leva, les habitués du lieu saluèrent
comme une vieille connaissance le paysage
de Walter Scott avec lae, bois de chênes
et chapelle publique, devant lequel ils
avaient l'habitude d'écouter, dans LKt;/e,
les'roulades de l'air delà fontaine. Il figu-
rait, ce soir-là, la terrasse d'Elseneur. Sur
un signe du spectre, la forêt de bananiers,
familière aux dilettantes de l'7'Mc,
succéda au paysage d'Ecosse; elle repré-
sentait le coin écarté des remparts où le
jeune Hamlet suit l'ombre du vieux roi.
Ce fut avec cette mise en scène de for-
tune'et'qui prétait à rire que Salvini débuta
devant les Parisiens. Ceux qui l'ont en-
tendu parlent néanmoins de lui, a quarante
ans de distance, comme d'un des plus su-
blimes interprètes du prince de Danemark
qu'il leur ait été donné d'applaudir. Us le
peignent immobile pendant le discours du
spectre, écoutant les plaintes de son père
avec une émotion qui ne se manites-
tait que par quelques soupirs et tom-
bant écrasé de douleur après le récit
du crime. Ils le revoient, pendant la scène
des comédiens, la tête appuyée sur les ge-
noux d'Ophélie, feignant de suivre sur le
manuscrit~Ie texte de la pièce, mais guet-
tant au travers des pages les remords de
CIaudius,.puis rampant peu à peu pour
s'approcher de .lui et, au moment où le
meurtrier se lève prêt à s'enfuir, bondis-
sant tout à coup et jetant les feuillets avec
un cri de triomphe sauvage. Ils vantent la
sobriété, la mesure de son jeu et la puis-
sance d'en'ets d'autant plus expressifs qu'ils
étaient plus ménagés et plus rares.
Comme la plupart des artistes italiens,
Salvini avait débuté fort jeune sur les
penches. Dès l'âge de quatorze ans, il
était entré dans la troupe de Modena ou il
avait eu pour camarade d'apprentissage
son contemporain et son futur rival, le
tragédien Rossi. Il appartint au Théâtre
royal de Naples, parcourut l'Italie dans la
troupe ambulante d'Adélaïde Ristori, puis.
se retira, en plein sucçès, pendant plus
d'une année pour reprendre ses étu-
des et se préparer à l'interprétation
des tragédies classiques. Fils d'un profes-
seur de Livourne, il avait reçu dès l'en-
fance une éducation plus littéraire qu'il
n'était alors d'usage chez les comédiens.
Il excella dans les ouvrages d'Alneri, de
SHvio Pellico, dans les traductions de
Corneille, de Crébillon et de Voltaire, non
moins que dans/w/c/OMeo, <")/c//o.
~Salvini avait voyagé en France, en Es-
pagne, en Angleterre, en Allemagne, en
Russie, dans l'Amérique du Sud. Il a laissé
un volume de -S'OMt'CH~-s, a;?c'c~o~ et !'M-
/)r6's~HS, édite a Milan en 1805- –Z.
LÂStTnATIM_M!L!TÂ!RE
C'est, un. curieux spectacle que celui des
fu'orts de la presse allemande pour colorer
les événements..
Le 25 décembre, la Ca.:e/~c/c F;'anc/b/
publiait un long article, quatre lourdes
colonnes, intitulé jPo/i/tf~e s/a/ey/e.
Les deux premières établissaient pesam-
ment et assez inutilement la doctrine
b~eu connue de Clausewitx, que la guerre
n'est autre chose que !a continuation de
la' politique pair d'autres moyens. Vous
voyox tout de suite le parti qu'on peut
tirer de cette maxime, pour peu qu'on
s'applique à retirer comme il faut. L'Al-
lemagne n'a remporté aucun succès mili-
taire décisif. En France, elle a deux mil-
lions d'hommes immobiles depuis un an;
on Russie, elfe a si peu réussi à mettre
l'~dvfrsaire hors de combat qu'elle se
trouve de nouveau à la défensive; en
Serbie même, elle a pu occuper le pays,
mais non assurer la sécurité de sonilanc
droit. Attention, dit alors la presse au
lecteur, prenez garde que la guerre est
une politique et que toutes nos opérations
étaient destinées à des fins politiques et
que, dans ce sens, elles sont excellentes.
On glisse légèrement sur la campagne do
France, dontlebutétaitde'diviserles adver-
saIresavautquel'AngIeterre aiteu le temps
de s'armer; on avoue que ce dessein n'a
pas été réalisé.Quant à la bataille de l'Ys«b,
on dit simplement que les deux partis
sont restés sur leurs positions, en omet-
tant de dire qu'on voulait percer sur Ca-
lais. On passe alors à la grande idée qui
va servir à masquer tous les insuccès,
l'idée du pont entre l'Occident et l'Orient.
La presse allemande reprend à chaque
instant cette idée, et soutient les senti-
ments de gloire du public par ce mirage
c'est le pont qu'on voit à la fin de
/'0/' f/trR/ et qui brille dans des nuées.
O'u fait remonter l'idée de l'expédition.
aux premières menaces des Alliés contre
les Dardanelles, et on prétend que l'esprit
de prudence et d'économie empêcha seul
de la faire alors et qu'on se résolut donc
à faire la campagne de Galicie. On oublie
de dire que la délivrance de la Galicie et
de la Hongrie était une nécessité redou-
table et urgente. La phalange Mackensen
poursuit donc sa marche à travers la Po-
logne. On arrête la campagne quand la
ligne stratégique la plus courte à l'est de
Vilna est atteinte Voilà l'interprétation
ingénieuse par laquelle on dissimule
rechec 'des tentatives sur la transversale
Vilna-Rovno. Et on arrive ainsi à l'expé-
di'tiou de Serbie. le chef-d'œuvre de l'ac-
cord entre la politique et fart militaire.
La vérité est qu'un immense battage
est organisé au delà du Rhin pour stimu-
lei'i'opinion allemande. On fait briller de-
vant oite le mirage de l'Orient. On pré-
sente comme un des grands événements
de l'histoire l'ouverture des relations di-
rectes entre Berlin' et Constantinôpie.
Dans son numéro du 1'" janvier, laGa~e/~e
ek Fy'a/tc/b. représente par une image
l'Europe centrale prolongée jusqu'à Bag-
dad. Le 28, c'était un long article sur
les pétroles de Mésopotamie et leur ex-
ploitation par les Allemands après la
guerre. On dirait qu'il s'agit depuis deux
ans non pas du destin de l'univers, mais
d'une expédition coloniale allemande.
On ne soutient cette tactique que par
des impostures éhontées. On raconte que
les Bulgares ont battu les Français a
Demir-Kapou et les ont ainsi obligés à la
retraite. Ilestdifncile de mentir plus au-
dacieusement. La vérité est que la re-
traite française une fois décidée sans au-
cune pression de l'adversaire, et pourdes
raisons stratégiques évidentes, a été
masquée par une démonstration offensive
des Français au delà du Vardar, et qu'elle
a commencé à l'abri de cette dé-.
monstration.–On invente des victoi-
res des Senoussi sur les Anglais, et
les Senoussi sont déjà dissipés. On montre
les Anglais chassés de Mésopotamie, et la
vérité est que le XII" et le XIII~corps turcs,
c'est-à-dire les deux corps de Bagdad et
de Mossoui (et non les troupes imaginai-
res qu'on fait mouvoir sur des itinéraires j
fantastiques) ont tout .juste réussi à re-
plierl'uniqus division Townshend jusqu'à
Kut-eI-Amara, mais sans pouvoir forcer
cette position. Le 2~ et le 25 décembre, i
les Turcs ont été repoussés dans de vifs
combats.
Pendant ce temps, le général bulgare
Ghékof, qui n'a pas les mêmes raisons de
faire jouer ces mirages, déclare à un ré-
dacteur de I'~4: Es/, le 28 décembre, qu'il
est prématuré de parler d'une expédition
sur le canal de Suex: qu'il serait dange-
reux d'envoyer des soldats bulgares sur Je
front français, car on ferait croire à la j
faiblesse des Allemands; mais que )a
tache essentielle est de prendre Salo-
nique, les'mouvements des forces bul-
gares se trouvant paralysés tant que
les Alliés sont en Macédoiue grecque.
Evidemment ce Bulgarea des raisons par-
ticulières de parler ainsi. Mais militaire-
ment il a raison.
~t,
.< LA A
MIME mptMM
LëÈ Communiqués
~o/c; /<'7e.B/e com~t~tf~u:? o/y:c~ya;i~e;9~6~37!eHye~
En Belgique, uuc action de notre artil- j
lerie de campagne et de nos canons de
tranchées sur les organisations ennemies
de la région des dunes a causé des dégâts
importants deux incendies ont été allu-
mes, deux dépots de munitions ont sauté.
Eh'Argonne, un tir de nos batteries a
dispersé une troupe allemande en mouvc- j
men! sur la route d'Avocourt à Matan-
court.
Sur les' Hauts-de-Meuse/au bois des
Chevaliers, une vive canonnade effectuée
sur les tranchées ennemies a provoqué
l'en'ondrement de plusieurs blockhaus.
Dans l'après-midi, Nancy a reçu deux
obus. La pièce ennemie a été prise sous
notre feu immédiatement..
Dans la région de l'Hartmannswiller-
kopf, violent bombardement ennemi à la
suite duquel nos troupes." sur un front de
deux cents mètres, so sont reportées sur
la rive Ouest du ravin au sud de Reh-
felsen.
L'ennemi n'a tenté aucune attaque d'in-
fanteric..
Communiqué belge
ruen de particulier en dehors des luttes
3'artiHerie habituencs.
Communiqué britannique
Z;o/!dy'M,/c~aHt'M/ L'ennemi a fait
éclater une mine devant les tranchées do
Cuinchy, sans essayer d'occuper le cratère.
Nous avons fait éclater trois mines près
de la Boisselle.
Nous avons dirigé sur les tranc!iéesalle-
mandes, à l'est d'Ypres et au nord de Fro-
meites, un bomtfardement auquel rennemi
a répondu vigoureusement.
Sur tes autres points, tir ordinaire d'ar-
tillerie.
Communiqué russe
Front occidental
fe/ro~'od, /<; 2 jde Riga, dans la région de !a route de Bat-
don, on signale une fusillade et une ça-
nonnade animées avec la participation d'une
automobile blindée allemande. Dans la par-
tie sud de !a région de Jacobstadt et près )
de la ferme de Podounay, la fusillade et la
canonnade sont également vives. ]
Dans la région du chemin de fer de Pone-
viege, les Allemands ont jeté dans nos
tranchées des grenades à main et des fusées <
dégageant des fumées corrosives. 1
Au nord du bourg de Tchartorisk, l'en- ]
nemi a attaqué à deux reprises nos fortifi- s
cations, mais, après avoir subi de grosses i
pertes, il a été rejeté dans ses tranchées
nous avons fa:t prisonniers 1 ofucier~et70 <
soldats.
Sur le front de !a Strypa, l'ennemi, sous
la poussée de nos troupes, s'est retiré sur r
de nouvenes positions l'ortiuécs.
Un combat particulièrement acharné's'est
engagé dans la région au nord-est de Czer-
nûvitx où nous avons occupé plusieurs hau-
teurs en faisant prisonniers 15 officiers et l
855 soldats; nous avons pris trois mitrail- 1
leuses et un lance-bombes.
ff'oy~ du Ca;;ftaquë à l'improviste un détachement kurde j
composé de quelques centaines d'hommes j 1
qu'elle a sabrés, puis elle a occupé la ville
dcKop.
E/: .Pf~e. Rien autre.a s!gnater que
l'occ~patioT), par nos troupes, du viiïage de
Zëre, dans ta direction de Hamadan.
Communiqué itaïien
/}ome,/e~janvier, l'adversaire a prononcé de petites
attaques, facilement déjouées, près de Mpri
(vatLagarina), sur le col de Lana eties
pentes du Rombon (PIezzo).
Dans la zone du Carso, une action de rios
hardis détachements a permis la capture de
quelques prisonniers; on a pris aussi des
armes et des munitions.
Des avions ennemis ont lancé, le 1" jan-
vier, des bombes, sans aucun dommage,
sur Maroc (va! Lagarina) et sur Strigno et
Borgo(valSugana).
Le torpillage du « Persia a
Le ~'fy~:a a éLé torpillé sans avertisse-
ment. C'est miracle qu'il y ait eu des per-
sonnes sauvées. Bien que te paquebot ait
coûté en quelques minutes, quatre embar-
cations furentmises à l'eau avec une tel)e
promptitude que cent soixante passagers
ôntété.sa,uvés.
On annonce ofiicieHement de Londres,~
la date du 2janvier,quecent cinquante-huit
survivants sont arrivés a Alexandrie. Oa
croit qu'H y a parmi eux soixante passagers,
dont dix sept femmes.
Un fait très important est n noter :]e
cousu! américain d'Alexandrie confirme qne
M. Mac Neety, le consul américain d'Aden,
porLé disparu iiior, a été noyé dans te tor-
pillage du .?<< M. Mac Nee]y avait été
aporru dans l'eau âpres la disparition du
navire.
'?
DANS LES BALKANS
L'arrestation des consuls ennemis
à Salonique
Une dépôche Havas de Salonique dit que
les consuls d'Allemagne, d'Autriche et dé
Turquie MM. Walter, de Kwmtkowsky et
j~iamil Salim Bey resteront a bord du cui-
rasse /c jusqu'à ce que les pourparlers
diplomatiques engages avec la Grèce sur
cette question soient termines. D'autre
part, le Sfco/o prétend que la Gréée, dans
sa protestation aux AUiës, a demande ia li-
bér.ai.ion.desconsulsennemis.
Va~ei, d après notre confrère M. Hichard,
du .f mentaires sur l'arrestation des consuls et
sur l'incursion d'avions allemands qui en
fut la préface.
SaVo~~c. /f: f/e/'ani~c. (Retardée dans
la transmission.) –Depuis trois jours les
avions allemands montraientune grande ac-
tivité en faisant des reconnaissances sur les
fronts français et anglais.
On sait maintenant q~)e le raid fut accom-
pli par quatre aviatiks et par deux albatros
qui partirent, les premiers de Guevgueli,
les seconds de Kavadar, manœuvrant les
utts et les autres sur les terrains d'aviation
que l'armée f'cancaise organisa au temps où
elteoccupaitcHsdeuxviltës.
Q.uatre bombes tombèrent près des esca-
drons do cavalerie grecque commandes
personnellement par le prince André. Deux
autres bombes tombèrent près de la viHa
AHatiui, où habita jadis le sultan Abdul
Hamid.
En présence de cet acte caractérisé de
guerre accompli avec préméditation, Ie'g'6-
néral Sarrail, en plein accord avec le.géné-
ral Mahon, décida de répondre par un a~tre
acte de belligérance, en faisant arrête).' sans
attendre davantage les consuls ennemis.
L'opération, décidée a une heure de
l'aprës-nudi, fut entièrement exécutée & cinq
heures et demie. Des gendarmes armés,
escortés de détachements de troupes franco-
anglaises, se rendirent dans les quatre con-
sufats et capturèrent les consuls, leurs fa-
milles et leur personnel.
Le consul d'Allemagne, M. Walter, es-
saya do l'intimidation, mais, se rendant
compte que tout était inutile, il se résigna.
Le consul d'Autriche Uvra lui-même sea
clefs; le consul de Bulgarie était absent. On
arrêta le secrétaire'général du ministère
des affaires étrangères de Bulgarie, M. Abra-
mof. En tout, cinquante et une personnes
furent appréhendées tous les papiers, do-
cuments, archives saisis, emballés etmis
sous scétiés, furent transportés à l'état-
major général où les prisonniers furent tous
amenés.
L'opération avait été si rapidement déci-
dée et conduite que, lorsque le bruit, s'en
répandit à Salonique, elle était terminée.
Les prisonniers, conduits a l'état-major,
furent interrogés et, leuridentitë constatée,
furent transférés au port et do là sur le cui-
rasséf'a/y'fc.
A sept heures du soir, le consul de Bul-
garie, M. Netkof, fut arrêté, amené à l'état".
major avec Mme Netkof. et son secrétaire,
et, après un interrogatoire, tous trois fu-
rent embarqués sur.le cuirassé avec les au-
tresprisonniers.
Tout se passa sans le moindre trouble ni
la moindre violence, avec calme et cour-
toisie.
Tous les journaux gouvernementaux
d'Athènes attaquent la décision prise par
les'Alliés contre les consuls, décision que,
par contre~ les journaux venjzelistes, et
surtout le -Messager d'~Menes et le Po~M,
approuvent sans réserve.
Un communiqué Havas d'Athènes cou-.
firme officiellement que le gouvernement
hellëniqu.e a adressé un protestation au gou-
vernement de Berlin au sujet de l'attaque
de Salonique parles avions allemands.
La santé du roi Constantin
Les professeurs Krause et Eiseisberg ont
signé le bulletin suivant de santé du roi de
Grèce-
Nous avons trouvé Sa Majesté en .excel-
lent état de santé. Les poumons et le cœur
fonctionnent bien. L'excrétion de la plaie
résumant de l'acienne opération continue,
mais elle est nécessaire à la guérisoh com-
plète. Les poumons ne peuvent nullement
influencer la santé de Sa Majesté m'empjë-
chër ses occupations.
128~ $MNÈE- ~4
~~H ~i~ ~R r: D$~ TOUT~ ~A FRAMSp I~uMi<~o 10 Gênâmes
JMMAL DES BtBATS
DM ïTt~ïIPQ PT MTT~ AÏB~Q
fULLii~~o isi ~i i~nAU~tj
M&RD!4JAMViER 1916
MMD! 4 JANVIER 19!8
RÉDACTION ET ADMINISTRATïON
!7, Rae des Prétres-Saint-Germaia-l'AuxerroU
PARtS–t"
ADRESSE TËLËGBAPHteUE DÉBATS-PARIS
~t-ÉPHONB, 3 Li:aes CUTENBERG e!,ee 0~,0!– M,
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Cm s*ab
iM j)benMmM:s p~Mt fff <" e! t/a ~C d!oe~Ne nee~
SOMMAIRE
La Confédération de l'Europe centrale.
–A. G.
L'Adhésion au pacte, de, Londres et la
Neutralité belge.
Encore la question de l'Aviation.
Croquis de Paris 7"ommaso So~M;. Z.
La situation militaire.
La Guerre européenne.
Dans les Balkans.
La Conscription en Grande-Bretagne.
La Mission médicale française ~n Serbie.
-D~X.
Rosamonde. [16]. E. et An. CASTLE.
La Confédération
de FEurope centrale
L'effort ~principal des pangermanistes
porte actuellement sur la préparation de
l'absorption de l'Autriche-Hongrie dans
l'empire allemand sous forme de conclu-
sion d'une union douanière entre les deux
Etats. Le livre publié en octobre dernier
par le propagandiste pangermaniste Fré-
déric Naumann, pasteur et député, sous le
titre Af/e/ TTu/'opn, est le bréviaire de
la nouvelle doctrine. Comme les événe-
ments militaires ne permettent plus de
donner suite au grand projet de l'empire
d'Europe, sous le sceptre des Hohenxol-
lern, les sectateurs de la 7~K/' se rabat-
tent sur la combinaison de l'union écono-
mique avec la monarchie dualiste alliée,
combinaison destinée à englober plus
tard une série de petits Etats voi-
sins. 11 n'est pas douteux que dans l'es-
pèce ~M. Naumann 'soit le fourrier de
M. de Bethmann-Hollweg. Comme nous
l'avons expliqué ici ("De'&e~s du 12 décem-
bre), les Cabjnets de Vienne et de Berlin
sont déjà d'accord en principe, en ce sens
du moins que l'adhésion à l'union écono-
mique avec l'Allemagne a été la condition
de la création d'une Pologne prétendue
indépendante sous la souveraineté des
Habsbourg. La propagande actuelle a
pouf .but de créer un puissant courant
d'opinion en ce sens. Eue porte rapide-
ment ses fruits.
A la un du mois de décembre, 855 pro-
fesseurs allemands des écoles supérieures
d'Autriche ont signé une déclaration ou
ils recommandent dans les termes les
plus pressants « une union économique
intime et durable de l'Autriche-Hongrie
avec l'empire allemand, et un rapproche-
ment aussi étroit que possible des deux
Etats de façon qu'ils se présentent vis-à-
vis de l'étranger comme une unité com-
pacte )). Cette déclaration est accom-
pagnée d'une lettre du comité promoteur
contenant le passage suivant « La nou-
velle organisation devra s'appuyer sur les
forces qui furent en mesure de préser-
ver notre patrie de la ruine et parmi
lesquelles figure comme élément décisif
irremplaçable la coopération intime et
consciente de l'Autriche-Hongrie avec
l'empire allemand: Afin de garantir ce
qui a été obtenu, H est nécessaire de
maintenir et de développer cette coopé-
ration intime, et cela en maintenant, si
c'es~ posst'&/e, l'indépendance des Etats
intéressés. » Ce « si c'est possible mon-
tre assez que les 855 professeurs sont
d'ores et déjà disposés au sacrifice de
l'indépendance de l'Autriche Hongrie.
Certes, tout le monde dans'la monar-
chie ne partage pas leur avis. La vieille
société viennoise, l'aristocratie, les
grands propriétaires qu'on peut encore
qualifier de féodaux, beaucoup d'indus-
triels qui ont besoin de la protection
douanière en raison du prix du charbon et
du fer sont d'un avis contraire. Mais, à
part ces derniers, ces divers éléments ne
possèdent plus d'influence réelle. Ils sont
débordés. Seuls quelques archiducs et
leurs hommes de confiance sont capables
d'opposer une digue au courant venu d'Al-
lemagne. Ils sentent, en en'et, que le suc-
cès de la combinaison entraînerait la ruine
de la maison de Habsbourg.
Une députation des 855 professeurs a
remis. leur déclaration et leur lettre au
président du Conseil autrichien, ainsi
qu'aux ministres de l'instruction publique,
du commerce et des affaires étrangères.
La presse otticieuse de Vienne tient à ce 'e
sujet .un langage embarrassé. On devine
chez elle des objections. Toutefois, elle
exprime l'opinion .que l'entrée de l'Au-
triche-Hongrie dans ce qu'elle appelle
le commerce mondial constitue le meil-
leur moyetï* de panser les plaies de la
guerre. En tout cas, il ne faut s'at-
tendre aucune résistance sérieuse
de la part des journaux viennois. Ils sont
presque entièrement acquis à la cause ger-
manique et ils connaissent la volonté de
Guillaume II. S'ils en doutaient, ils se-
raient tirés d'incertitude par une interview
que le duc Ernest Gunther de Schleswig-
Holstein, frère de l'impératrice d'Alle-
magne, vient d'accorder à un journal de
Budapest. Le beau-frère de Guillaume H
y célèbre les « avantages gigantes-
ques a de la future Europe centrale. Il
parle non seulement d'union économique,
mais aussi d'union politique des deux
Etats. I! parie aussi de la Bulgarie et de la
Turquie. « Ces pays, dit-il, possèdent beau-
coup de matières premières qui nous sont
uti)es. Le programme politique est
étroitemcnt lié avec le programme de po-
litique commerciale. Nous devons tirer
de la guerre la leçon qu'il nous faut subor-
donner la question des nationalités aux
nécessites politiques. )'
Ces derniers mots sont a retenir. Dans
l'Europe centra)e telle que !a prévoient
ses initiateurs, les nationalités non ger-
maniques seraient écrasées. Le rattache-
ment de la ('alicie au nouvel Etat polonais
permettrait auxAUemands de Cisleithanie
(te ressaisir la prépondérance en Autriche
et d'opprimer méthodiquement les Tchè-
ques et lesJougo-SIaves.' La Pologne elle-
même serait soumise par tranches à une
germanisation intensive dès que les cir-
constancesie permettraient.On reprendrait t
de l'Etbe à la Save et de iaVistuIe au Bas-
Danube, t'CBUvrc de dénationalisation que
Marie-Thérèse et ses successeurs n'ont pas
su accomplir. Comme pour les opérations
militaires d'aujourd'hui, on substituerait
les méthodes prussiennes aux: méthode~
autrichiennes. Sc~ement, on se demande
ce qui resterait ensuite d'autrichien en
Autriche.
A. G.
L'AdhestM au pacte de Londres
et!aneuMtehe)ge
Des journaux ont reproduit des déclara-
tions faites à un petit quotidien flamand
par le député Van den Perro en réponse à
une note publiée par le Jbii/'no/cfex De'&a~
et émanant, nous le confirmons, d'une per-
sonne dont la situation et les relations
constituaient une garantie certaine pour
son exactitude Cette note avait trait à
l'adhésion prochaine de la Belgique a la
Convention de Londres. Notre correspon-
dant nous é.crit à propos de cette interview.
n La Belgique s'est strictement tenue,
déclare M.Vanden Perre, des les premières
heures du danger, dans les limites du droit
international. Même l'ennemi devra un
jour en convenir. Or, d'après ce môme droit
international, la Belgique est encore tou-
jours un Etat neutre,,car un pays neutre
qui se défend, dit le droit international.
reste toujours un pays neutre. Maintenant
si la Belgique adhère au pacte de Londres,
par le fait même elle déclare quelle sort
des limites du droit, qu'elle renie sa neu-
tralité. En d'autres termes, cela donnerait
le droit a l'Allemagne de traiter la Belgi-
que en ennemie et d'agir aussi en consé-
quence à son égard lors de la discussion
des conditions de paix."
La dernière phrase est stupéfiante. L'Al-
lemagne n'a pas traité jusqu'ici la Belgique
en ennemie, et nous devrions la ménager
pour qu'elle nous ménage Une telle ab-
surdité -si ces déclarations sont exactes–-
et un tel manque de dignité démontrent a
pft'o/'t que M. \an den Perre n'a aucune-
ment qualité pour parler au nom du gou-
vernement ou d'une fraction quelconque
du peuple belge. L'Allemagne, au surplus,
a dès le premier jour avant les batailles
et les massacres précisé sa position vis-
à-vis de la Belgique. '< Si la Belgique, disait-
elle dans l'ultimatum du 2 août 1914, si la
Belgique se comporte d'une façon hostile
contre les troupes allemandes et particu-
lièrement fait des difficultés à leur marche
en avant. ~~cmag~e .st;<;o&e'c <~ co/
trop tard, vraiment, pour se proclamer neu-
tre vis-à-vis d elle 1
L'article 10 de la Convention de la Haye
–te pays neutre qui se défend reste tou-
jours un pays neutre constituerait, s'il
ne concernait que les rapports du neutre
attaqué et de celui qui J'écrase, une véri-
table inanité juridique, et il est puéril de
soutenir que la Belgique, qui se défend de-
puis quinze mois contre l'Allemagne et qui
prendra sa revanche sur elle, n'est pas en-
core belligérante Certes, on ne peut ac-
cueillir l'étrange théorie du colonel améri-
cain Harvey, objectivement exposée par le
JotM'tM~ dM De6o/s dans soti numéro du
13 décembre, d'après laquelle la Belgique,
en disant non à l'ultimatum allemand, au-
rait elle-m'ëme brisé sa neutralité celle-ci
continue à porter ses effets dans ce sens
que les garants de la Belgique ne peuvent
l'abandonner, et que les signataires de l'ar-
ticle 10 conservent 1 obligation morale d'ai-
der de toute leur force à la rétablir dans
ses droits. Mais il est aussi absurde de par-
ler aujourd'hui do notre neutralité vis-à-vis
de l'Allemagne que de conclure à l'existence
d'un carreau de vitre que le voisin aurait
brisé à coups. de poing.
Chose étrange, les seuls à parler de la
neutralité de la Belgique–en dehors du
député d'Anvers sont aujourd'hui les
Allemands. H faut lire les articles de la
G
guerre cette neutralité imposée qu'ils ont
eux-mêmes odieusement violée etqut'a été
la cause inhérente de notre faiblesse mili-
taire, de nos divisions intérieures, de nos
illusions et deiïos malheurs. Ils savent que
seul ce <~ soporifique international M pour-
rait nous faire oublier la grande leçon de
cette guerre et nous mettrait de nouveau à
leur merci. 1
L'adhésion de la Belgique à ia Conven-
tion de Londres ne changerait en rien no-
tre situation actuelle en droit internatio-
nal. Elle transformerait simplement en une
promesse solennelle notre résolution de
lutter jusqu'au bout et nous permettrait de
faire entendre plus efficacement notre voix
dans les conseils des Alliés quand il s'agira
de préciser/selon les nécessités d'existence
de chacun, les conditions de la paix com-
mune. C'est évident d'aUteurs que la forma-
lité d'une adhésion an pacte de Londres
n'est pas indispensable pour que la Belgi-
que ait la certitude certitude qu'on no
peut manquer de !ui donner d'être con-
sultée et écoutée des les premières conver-
sations entre alités. Mais une teHe mani-
festation de souveraineté– nous n'avons
qu'en faire M dit !e député Van den Porre
–serait très heureusement accueillie par
tous tes Beiges conscients de leur devoir et
de leur droit..
Encore la question de MaHon
Nous avons déjà commenté hier tes con-
clusions adoptées par la commission de
l'armée en ce qui concerne la question de
l'aviation militaire. Mais voici que l'affaire
se corse; des protestations surgissent de la
part des députes qui se trouvaient absents
le jour où furent prises des décisions défi-
nitives et l'on commence assex légitime-
ment à se demander quelle est la valeur
des communications faites à la presse sur
un programme dont, l'élaboration semble
avon- étéconduite dans des conditions d'où
]o bonne voton~é n'excluait pas un certain
désordre.
M. Girod, député du Doubs, et qui com-
manda l'escadrille d'aéroplanes destinée à
la défense du camp retranché de Paris M.
Henry Pâté, député de la Seine, et qui fut
rapporteur de la loi de trois ans, réclament
tous deux contre la manière dont furent t
menés les travaux de la commission; ils
adressent môme, à ce propos, a son prési-
dent des lettres dont la lecture n'est certes
pas indifférente, et qui nécessiteront quel-
ques explications supplémentaires.
De ces lettres, en effet, il semble résulter
que les convocations àla dernière séance–
essentielle entre toutes furent brusque-
ment expédiées, le jeudi soir 30 décembre,
à six heures et demie, par télégramme, pour
le lendemain vendredi a trois heures or,
une telle hâte, qui ne se Justine par aucune
raison appréciable, présentait l'inconvénient
grave d'exclure inévitablement delà réunion
ceux des commissaires qui n'avaient pas
prévu cet appel inopiné. Ce fut le cas de
MM. Girod et Henry Pâté, qui, a la date du
vendredi 31, ne pouvaient disposer de leur
temps ils se plaignent aujourd'hui de cette
absence involontaire c'est, leur droit.
Us paraissent d'ailleurs n'avoir pas été
les seuls qui fussent réduits à cette extré-
mité et contraints a l'abstention car ta
commission, qui compte théoriquement
43 membres, n en renfermait plus réelle-
ment, ce jour-là, que 12 et encore ce chif-
fre de 12 présents descendit-i), nous dit-on,
à 7 au moment du vote. C'est peu, torsqu il
s'agit d'un scrutin intéressant au premier
chef la défense nationale, et qui pèsera en-
suite d'un poids sérieux sur les délibéra-
tions de la Chambre tout entière.
Enfin toujours si nous en croyons
MM. Girod et Pâté le programme
d'aviation pour l')16, adopté « à l'unani-
mité" des sept réputés présents., n'aurait
fait l'objet d'aucune consultation antérieure
ni du ministre dé la guerre, ni du sous-se-
crétaire d'Etat, ni d'aucun des services com-
pétents du grand quartier généra). Il aurait
donc exactement toute l'autorité qui s'atta-
che à l'opinion de sept de nos législateurs.
Et nous ne nions pas que ce ne soit,là
quelque chose; il faudrtUt seulementsavoir
si c est asscx.
On dirait, en somme, à première vue, que
cette grosse affaire a été enlevée avec un
entrain qui, en principe, ne serait pas blâ-
mable et qui ferait luémë honneur à l'éter-
nelle jeunesse du général Pédoya, 'prési-
dent de la commission; si cette prompti-
tude ne risquait de s'exercer au détriment
de la besogne accomplie..On ne règle pas le
problème de l'aviation en deux temps et
trois mouvements, comme s'il s agissait do
bâcler un vague proje.t quelconque d'intérêt
local. 11 importe que l'excellente intention de
faire vite n'aboutisse pas à l'incohérence et
au gâchis; car on nous vante volontiers, en
termes d'ailleurs mystérieux, l'énorme tra-
vail qu'abattent sans cesse les commissions
parlementaires; et nous ne contestons as-
surément ni leur capacité ni leur zèle.
Pourtant, à en juger par l'exemple que
nous donne aujourd'hui la commission do
l'armée, peut-être aurait-il été préférable
que celle-ci travai~ât moins et qu'elle tra-
vaillât mieux.
CROQUIS DE PARIS I
Tommaso Salvini
Une dépêche annonce la mort de Tom-
maso Sa! vini, décédé, à Florence à l'âge de
quatre-vingt-sept ans. Ce. doyen de la scène
italienne n'est pas un inconnu pour tous
les Parisiens ceux qui en sont à leur troi-
sième ou quatrième jeunesse se souvien-
nent de l'avoir acclamé à la .salle Ventà-
dour, dans les années qui suivirent la
guerre de t8yo. Une troupe florentine était
venue donner quelques représentations
des chefs-d'œuvre de ShaJkespeare. Les
managers d'alors regardaient à la dé-
pense et se cont'entaient des décors
qu'ils avaient sous.la main. Quand le ri-
deau se leva, les habitués du lieu saluèrent
comme une vieille connaissance le paysage
de Walter Scott avec lae, bois de chênes
et chapelle publique, devant lequel ils
avaient l'habitude d'écouter, dans LKt;/e,
les'roulades de l'air delà fontaine. Il figu-
rait, ce soir-là, la terrasse d'Elseneur. Sur
un signe du spectre, la forêt de bananiers,
familière aux dilettantes de l'7'Mc,
succéda au paysage d'Ecosse; elle repré-
sentait le coin écarté des remparts où le
jeune Hamlet suit l'ombre du vieux roi.
Ce fut avec cette mise en scène de for-
tune'et'qui prétait à rire que Salvini débuta
devant les Parisiens. Ceux qui l'ont en-
tendu parlent néanmoins de lui, a quarante
ans de distance, comme d'un des plus su-
blimes interprètes du prince de Danemark
qu'il leur ait été donné d'applaudir. Us le
peignent immobile pendant le discours du
spectre, écoutant les plaintes de son père
avec une émotion qui ne se manites-
tait que par quelques soupirs et tom-
bant écrasé de douleur après le récit
du crime. Ils le revoient, pendant la scène
des comédiens, la tête appuyée sur les ge-
noux d'Ophélie, feignant de suivre sur le
manuscrit~Ie texte de la pièce, mais guet-
tant au travers des pages les remords de
CIaudius,.puis rampant peu à peu pour
s'approcher de .lui et, au moment où le
meurtrier se lève prêt à s'enfuir, bondis-
sant tout à coup et jetant les feuillets avec
un cri de triomphe sauvage. Ils vantent la
sobriété, la mesure de son jeu et la puis-
sance d'en'ets d'autant plus expressifs qu'ils
étaient plus ménagés et plus rares.
Comme la plupart des artistes italiens,
Salvini avait débuté fort jeune sur les
penches. Dès l'âge de quatorze ans, il
était entré dans la troupe de Modena ou il
avait eu pour camarade d'apprentissage
son contemporain et son futur rival, le
tragédien Rossi. Il appartint au Théâtre
royal de Naples, parcourut l'Italie dans la
troupe ambulante d'Adélaïde Ristori, puis.
se retira, en plein sucçès, pendant plus
d'une année pour reprendre ses étu-
des et se préparer à l'interprétation
des tragédies classiques. Fils d'un profes-
seur de Livourne, il avait reçu dès l'en-
fance une éducation plus littéraire qu'il
n'était alors d'usage chez les comédiens.
Il excella dans les ouvrages d'Alneri, de
SHvio Pellico, dans les traductions de
Corneille, de Crébillon et de Voltaire, non
moins que dans/w/c/OMeo, <")/c//o.
~Salvini avait voyagé en France, en Es-
pagne, en Angleterre, en Allemagne, en
Russie, dans l'Amérique du Sud. Il a laissé
un volume de -S'OMt'CH~-s, a;?c'c~o~ et !'M-
/)r6's~HS, édite a Milan en 1805- –Z.
LÂStTnATIM_M!L!TÂ!RE
C'est, un. curieux spectacle que celui des
fu'orts de la presse allemande pour colorer
les événements..
Le 25 décembre, la Ca.:e/~c/c F;'anc/b/
publiait un long article, quatre lourdes
colonnes, intitulé jPo/i/tf~e s/a/ey/e.
Les deux premières établissaient pesam-
ment et assez inutilement la doctrine
b~eu connue de Clausewitx, que la guerre
n'est autre chose que !a continuation de
la' politique pair d'autres moyens. Vous
voyox tout de suite le parti qu'on peut
tirer de cette maxime, pour peu qu'on
s'applique à retirer comme il faut. L'Al-
lemagne n'a remporté aucun succès mili-
taire décisif. En France, elle a deux mil-
lions d'hommes immobiles depuis un an;
on Russie, elfe a si peu réussi à mettre
l'~dvfrsaire hors de combat qu'elle se
trouve de nouveau à la défensive; en
Serbie même, elle a pu occuper le pays,
mais non assurer la sécurité de sonilanc
droit. Attention, dit alors la presse au
lecteur, prenez garde que la guerre est
une politique et que toutes nos opérations
étaient destinées à des fins politiques et
que, dans ce sens, elles sont excellentes.
On glisse légèrement sur la campagne do
France, dontlebutétaitde'diviserles adver-
saIresavautquel'AngIeterre aiteu le temps
de s'armer; on avoue que ce dessein n'a
pas été réalisé.Quant à la bataille de l'Ys«b,
on dit simplement que les deux partis
sont restés sur leurs positions, en omet-
tant de dire qu'on voulait percer sur Ca-
lais. On passe alors à la grande idée qui
va servir à masquer tous les insuccès,
l'idée du pont entre l'Occident et l'Orient.
La presse allemande reprend à chaque
instant cette idée, et soutient les senti-
ments de gloire du public par ce mirage
c'est le pont qu'on voit à la fin de
/'0/' f/trR/ et qui brille dans des nuées.
O'u fait remonter l'idée de l'expédition.
aux premières menaces des Alliés contre
les Dardanelles, et on prétend que l'esprit
de prudence et d'économie empêcha seul
de la faire alors et qu'on se résolut donc
à faire la campagne de Galicie. On oublie
de dire que la délivrance de la Galicie et
de la Hongrie était une nécessité redou-
table et urgente. La phalange Mackensen
poursuit donc sa marche à travers la Po-
logne. On arrête la campagne quand la
ligne stratégique la plus courte à l'est de
Vilna est atteinte Voilà l'interprétation
ingénieuse par laquelle on dissimule
rechec 'des tentatives sur la transversale
Vilna-Rovno. Et on arrive ainsi à l'expé-
di'tiou de Serbie. le chef-d'œuvre de l'ac-
cord entre la politique et fart militaire.
La vérité est qu'un immense battage
est organisé au delà du Rhin pour stimu-
lei'i'opinion allemande. On fait briller de-
vant oite le mirage de l'Orient. On pré-
sente comme un des grands événements
de l'histoire l'ouverture des relations di-
rectes entre Berlin' et Constantinôpie.
Dans son numéro du 1'" janvier, laGa~e/~e
ek Fy'a/tc/b. représente par une image
l'Europe centrale prolongée jusqu'à Bag-
dad. Le 28, c'était un long article sur
les pétroles de Mésopotamie et leur ex-
ploitation par les Allemands après la
guerre. On dirait qu'il s'agit depuis deux
ans non pas du destin de l'univers, mais
d'une expédition coloniale allemande.
On ne soutient cette tactique que par
des impostures éhontées. On raconte que
les Bulgares ont battu les Français a
Demir-Kapou et les ont ainsi obligés à la
retraite. Ilestdifncile de mentir plus au-
dacieusement. La vérité est que la re-
traite française une fois décidée sans au-
cune pression de l'adversaire, et pourdes
raisons stratégiques évidentes, a été
masquée par une démonstration offensive
des Français au delà du Vardar, et qu'elle
a commencé à l'abri de cette dé-.
monstration.–On invente des victoi-
res des Senoussi sur les Anglais, et
les Senoussi sont déjà dissipés. On montre
les Anglais chassés de Mésopotamie, et la
vérité est que le XII" et le XIII~corps turcs,
c'est-à-dire les deux corps de Bagdad et
de Mossoui (et non les troupes imaginai-
res qu'on fait mouvoir sur des itinéraires j
fantastiques) ont tout .juste réussi à re-
plierl'uniqus division Townshend jusqu'à
Kut-eI-Amara, mais sans pouvoir forcer
cette position. Le 2~ et le 25 décembre, i
les Turcs ont été repoussés dans de vifs
combats.
Pendant ce temps, le général bulgare
Ghékof, qui n'a pas les mêmes raisons de
faire jouer ces mirages, déclare à un ré-
dacteur de I'~4: Es/, le 28 décembre, qu'il
est prématuré de parler d'une expédition
sur le canal de Suex: qu'il serait dange-
reux d'envoyer des soldats bulgares sur Je
front français, car on ferait croire à la j
faiblesse des Allemands; mais que )a
tache essentielle est de prendre Salo-
nique, les'mouvements des forces bul-
gares se trouvant paralysés tant que
les Alliés sont en Macédoiue grecque.
Evidemment ce Bulgarea des raisons par-
ticulières de parler ainsi. Mais militaire-
ment il a raison.
~t,
.< LA A
MIME mptMM
LëÈ Communiqués
~o/c; /<'7e.B/e com~t~tf~u:? o/y:c
En Belgique, uuc action de notre artil- j
lerie de campagne et de nos canons de
tranchées sur les organisations ennemies
de la région des dunes a causé des dégâts
importants deux incendies ont été allu-
mes, deux dépots de munitions ont sauté.
Eh'Argonne, un tir de nos batteries a
dispersé une troupe allemande en mouvc- j
men! sur la route d'Avocourt à Matan-
court.
Sur les' Hauts-de-Meuse/au bois des
Chevaliers, une vive canonnade effectuée
sur les tranchées ennemies a provoqué
l'en'ondrement de plusieurs blockhaus.
Dans l'après-midi, Nancy a reçu deux
obus. La pièce ennemie a été prise sous
notre feu immédiatement..
Dans la région de l'Hartmannswiller-
kopf, violent bombardement ennemi à la
suite duquel nos troupes." sur un front de
deux cents mètres, so sont reportées sur
la rive Ouest du ravin au sud de Reh-
felsen.
L'ennemi n'a tenté aucune attaque d'in-
fanteric..
Communiqué belge
ruen de particulier en dehors des luttes
3'artiHerie habituencs.
Communiqué britannique
Z;o/!dy'M,/c~aHt'M/ L'ennemi a fait
éclater une mine devant les tranchées do
Cuinchy, sans essayer d'occuper le cratère.
Nous avons fait éclater trois mines près
de la Boisselle.
Nous avons dirigé sur les tranc!iéesalle-
mandes, à l'est d'Ypres et au nord de Fro-
meites, un bomtfardement auquel rennemi
a répondu vigoureusement.
Sur tes autres points, tir ordinaire d'ar-
tillerie.
Communiqué russe
Front occidental
fe/ro~'od, /<; 2 j
don, on signale une fusillade et une ça-
nonnade animées avec la participation d'une
automobile blindée allemande. Dans la par-
tie sud de !a région de Jacobstadt et près )
de la ferme de Podounay, la fusillade et la
canonnade sont également vives. ]
Dans la région du chemin de fer de Pone-
viege, les Allemands ont jeté dans nos
tranchées des grenades à main et des fusées <
dégageant des fumées corrosives. 1
Au nord du bourg de Tchartorisk, l'en- ]
nemi a attaqué à deux reprises nos fortifi- s
cations, mais, après avoir subi de grosses i
pertes, il a été rejeté dans ses tranchées
nous avons fa:t prisonniers 1 ofucier~et70 <
soldats.
Sur le front de !a Strypa, l'ennemi, sous
la poussée de nos troupes, s'est retiré sur r
de nouvenes positions l'ortiuécs.
Un combat particulièrement acharné's'est
engagé dans la région au nord-est de Czer-
nûvitx où nous avons occupé plusieurs hau-
teurs en faisant prisonniers 15 officiers et l
855 soldats; nous avons pris trois mitrail- 1
leuses et un lance-bombes.
ff'oy~ du Ca;;f
composé de quelques centaines d'hommes j 1
qu'elle a sabrés, puis elle a occupé la ville
dcKop.
E/: .Pf~e. Rien autre.a s!gnater que
l'occ~patioT), par nos troupes, du viiïage de
Zëre, dans ta direction de Hamadan.
Communiqué itaïien
/}ome,/e~
attaques, facilement déjouées, près de Mpri
(vatLagarina), sur le col de Lana eties
pentes du Rombon (PIezzo).
Dans la zone du Carso, une action de rios
hardis détachements a permis la capture de
quelques prisonniers; on a pris aussi des
armes et des munitions.
Des avions ennemis ont lancé, le 1" jan-
vier, des bombes, sans aucun dommage,
sur Maroc (va! Lagarina) et sur Strigno et
Borgo(valSugana).
Le torpillage du « Persia a
Le ~'fy~:a a éLé torpillé sans avertisse-
ment. C'est miracle qu'il y ait eu des per-
sonnes sauvées. Bien que te paquebot ait
coûté en quelques minutes, quatre embar-
cations furentmises à l'eau avec une tel)e
promptitude que cent soixante passagers
ôntété.sa,uvés.
On annonce ofiicieHement de Londres,~
la date du 2janvier,quecent cinquante-huit
survivants sont arrivés a Alexandrie. Oa
croit qu'H y a parmi eux soixante passagers,
dont dix sept femmes.
Un fait très important est n noter :]e
cousu! américain d'Alexandrie confirme qne
M. Mac Neety, le consul américain d'Aden,
porLé disparu iiior, a été noyé dans te tor-
pillage du .?<< M. Mac Nee]y avait été
aporru dans l'eau âpres la disparition du
navire.
'?
DANS LES BALKANS
L'arrestation des consuls ennemis
à Salonique
Une dépôche Havas de Salonique dit que
les consuls d'Allemagne, d'Autriche et dé
Turquie MM. Walter, de Kwmtkowsky et
j~iamil Salim Bey resteront a bord du cui-
rasse /c jusqu'à ce que les pourparlers
diplomatiques engages avec la Grèce sur
cette question soient termines. D'autre
part, le Sfco/o prétend que la Gréée, dans
sa protestation aux AUiës, a demande ia li-
bér.ai.ion.desconsulsennemis.
Va~ei, d après notre confrère M. Hichard,
du .f
sur l'incursion d'avions allemands qui en
fut la préface.
SaVo~~c. /f: f/e/'ani~c. (Retardée dans
la transmission.) –Depuis trois jours les
avions allemands montraientune grande ac-
tivité en faisant des reconnaissances sur les
fronts français et anglais.
On sait maintenant q~)e le raid fut accom-
pli par quatre aviatiks et par deux albatros
qui partirent, les premiers de Guevgueli,
les seconds de Kavadar, manœuvrant les
utts et les autres sur les terrains d'aviation
que l'armée f'cancaise organisa au temps où
elteoccupaitcHsdeuxviltës.
Q.uatre bombes tombèrent près des esca-
drons do cavalerie grecque commandes
personnellement par le prince André. Deux
autres bombes tombèrent près de la viHa
AHatiui, où habita jadis le sultan Abdul
Hamid.
En présence de cet acte caractérisé de
guerre accompli avec préméditation, Ie'g'6-
néral Sarrail, en plein accord avec le.géné-
ral Mahon, décida de répondre par un a~tre
acte de belligérance, en faisant arrête).' sans
attendre davantage les consuls ennemis.
L'opération, décidée a une heure de
l'aprës-nudi, fut entièrement exécutée & cinq
heures et demie. Des gendarmes armés,
escortés de détachements de troupes franco-
anglaises, se rendirent dans les quatre con-
sufats et capturèrent les consuls, leurs fa-
milles et leur personnel.
Le consul d'Allemagne, M. Walter, es-
saya do l'intimidation, mais, se rendant
compte que tout était inutile, il se résigna.
Le consul d'Autriche Uvra lui-même sea
clefs; le consul de Bulgarie était absent. On
arrêta le secrétaire'général du ministère
des affaires étrangères de Bulgarie, M. Abra-
mof. En tout, cinquante et une personnes
furent appréhendées tous les papiers, do-
cuments, archives saisis, emballés etmis
sous scétiés, furent transportés à l'état-
major général où les prisonniers furent tous
amenés.
L'opération avait été si rapidement déci-
dée et conduite que, lorsque le bruit, s'en
répandit à Salonique, elle était terminée.
Les prisonniers, conduits a l'état-major,
furent interrogés et, leuridentitë constatée,
furent transférés au port et do là sur le cui-
rasséf'a/y'fc.
A sept heures du soir, le consul de Bul-
garie, M. Netkof, fut arrêté, amené à l'état".
major avec Mme Netkof. et son secrétaire,
et, après un interrogatoire, tous trois fu-
rent embarqués sur.le cuirassé avec les au-
tresprisonniers.
Tout se passa sans le moindre trouble ni
la moindre violence, avec calme et cour-
toisie.
Tous les journaux gouvernementaux
d'Athènes attaquent la décision prise par
les'Alliés contre les consuls, décision que,
par contre~ les journaux venjzelistes, et
surtout le -Messager d'~Menes et le Po~M,
approuvent sans réserve.
Un communiqué Havas d'Athènes cou-.
firme officiellement que le gouvernement
hellëniqu.e a adressé un protestation au gou-
vernement de Berlin au sujet de l'attaque
de Salonique parles avions allemands.
La santé du roi Constantin
Les professeurs Krause et Eiseisberg ont
signé le bulletin suivant de santé du roi de
Grèce-
Nous avons trouvé Sa Majesté en .excel-
lent état de santé. Les poumons et le cœur
fonctionnent bien. L'excrétion de la plaie
résumant de l'acienne opération continue,
mais elle est nécessaire à la guérisoh com-
plète. Les poumons ne peuvent nullement
influencer la santé de Sa Majesté m'empjë-
chër ses occupations.
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