Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1909-12-21
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Description : 21 décembre 1909 21 décembre 1909
Description : 1909/12/21 (Numéro 353). 1909/12/21 (Numéro 353).
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/11/2007
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:1Q c~~hnes le F~o~tè~o ~-A.PNS. ~IL. T TL.~ ISFeun~o 10 centinct~ --z
3M 121~ A M NÉE
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MARD! 21 DÉCEMBRE
1909
MARDt 21 DECEMBRE
1909
PRIX DE L'ABONNEMENT
TRMSM<~SS!XMOt9 UNJUt
France, Coloates et A)s~C8-
Lorgne. tO~- ~O~
Et~ ~(r. 32fr. e4ff.
ON S'ABONNE: Em ffo~'tce et à tKtfanset
dama tona tes Bureacx de E*
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doivent être adressées
i?, me des PfCtfes-Saint-Germsia-t'AQxerroïSt iV
Ce numéro est accompagné d'un Supplément
que nos abonnés recevront avec le journal et
qui devra être remis gratuitement à nos ache-
teurs au numéro.
SOMMAIRE
LA MÉDECINE FRANÇAISE EN ORIENT. I-'J?CO!8 de
M~dec:'MC de .Be~'oM<7t.. D' Marcel Labbé~
UNMArRE HEUREUX.
Au JouR LE JOUR. A~~Mtt.~MatreM'~F~
~VN~CM .M~e. Maurice Muret.
L'OBSTRUCTION PARLEMENTAIRE EN AUTRIGUB.
LA MORT BU ROI DES BELGES.
A L'ETRANGER.
LBTTRB~B~ TURQUIE. Georges Q~ulîa.
NOUVELLES DC JOUR.
L'EXPERIENCE SËNTmENtALE DE FRÉDÉRIC NiETZSatB.
'J'.Bonrdëau.
LrVRESD'ETRENNES.
JLES-RÉF&B~eo?tS'mBosiNE,[a:)-r:MmeEU&oa'
SUPPLÉMENT
ACADÉMIE DES SCIENCES.–SëN7!C
LA NEBEHNE FRANÇAISE EN ORIENT
L'ÉCOLE DE nnÈDEONE DE BEYROUTH
a e_
Dans la merveilleuse ville de Beyrouth, la
< perle de la Syrie existe une Ecolo de Méde-
eine française, fondée et dirigée par des Pères
jésuites et placée sous le contrôle de la France
et de la Turquie.
Le gouvernement français donne une subven-
tion à l'Ecole,y entretient des professeurs fran-
çais et y envoie des examinateurs. Chaque an-
née, trois professeurs français se joignent à
trois professeurs turcs venus de Constantinople
et aux professeurs de l'Ecole de Beyrouth pour
faire passer les examens et décerner des di-
plômes qui donnent aux nouveaux docteurs li-
cence d'exercerla médecine sur le territoire
ottoman et sur le territoire français. Pendant
les huit jours que dure la session d~examens,
c'est fête dans.ce paysjûù nous comptons beau-
coup de sympathies. Dos le premier jour, a lieu
la cérémonie de réception à l'Ecole, présidée
parle consul de France. On y-jDue l'hymne turc
et la Ma~ë~afse, on y acclame la France et,
t'an dernier, toutes les voix juvéniles crièrent
avec enthousiasme: « Vive la Turquie nou-
velle
C'est un sentiment profond et très reconfor-
tant que l'on éprouve en trouvant loin de son
pays,après dix jours de voyage, un accueil
aussi fraternel et en constatant la vivacité des
sympathies que notre patrie inspire et la puis-
sance de notre innuence morale. C'est que les
Pères jésuites sont des éducateurs en même
temps que des professeurs. Le premier senti-
ment qu'ils font germer dans le cœur de leurs
6)ëvës, c'est l'admiration et l'amour delà
France. Aussi, quand les jeunes Syriens, ins-
truits en français, avec des livres de médecine
français, par des professeurs français, ont ter-
miné leurs études et reçu leur diplôme, n'ont-
ils plus qu'un désir, celui de compléter leur
îastptMtioa par un voyage-en France et par'un
s~bacdaNsmo~DMvBrsitês.CItàque.anDjêë~OuS
envoyons débarquer plusieurs sur notra sol.
Etplus tard, quand leurs compatriotes ont be-
soin de se faire soigner en Europe, c'est à des
médecins français, dans des villes d'eaux fran-
çaises qu'ils les adressent au lieu de les diriger
vers l'Allemagne ou l'Autriche. Déjà plusieurs
centaines de jeunes docteurs, issus de Fécolo
de Beyrouth, sont allés répandre dans le Liban,
la Mésopotamie, la Palestine et l'Egypte, avec
l'autorité que donne le sacerdoce médical sur
des populations simples, le renom et l'amour
de notre pays.
J'ai voulu savoir si, à cette propagande active
FEUILLETON DU JOURNAL DES DEBATS
dn 9< décembre ttMMt
Ï/EXPËMENCE SENTIMENTALE
DE FRMMC NÏETZ8CHE
Nous avons, dans un précédent feuilleton (1),
exposé, avec M. Daniéï Salév~ pour guide, l'iTQ.-
auence de Richard Wagner sur la première
philosophie de Nietzsche. Nous revenons en-
core aujourd'hui, & ce penseur si agite et si
fécond, acquitter envers lui une dette de recon-
naissance. Dans sa confession dernière, Ecce
J?OMM (2), où il ne cesse d'exalter la France in-
tellectuelle et de rabaisser l'Allemagne, dont il
n'ouvre pas une seule gazette, < je ne lis, dit-il,
avec votre permission, que le JbM~'na~ des Dé-
~o~ Taine le premier avait été frappé de la
valeur de Nietzsche, de son originalité. A pro-
pos de la correspondance qu'ils échangèrent,
M. Seillière a fait à l'Académie des Sciences
Morales une lecture vivement goûtée (3). Il
est à peine besoin de rappeler les études
do M. Lichtonberger, de M. Faguet, de M.
Fouillée sur cette philosophie renversante du
grand briseur de préjugés et d'idoles. La
jRë!?MC de .M~op~~e de Mnous donne des chapitres de M. Andier sur
Nietzsche, le philosophede l'illusion, de M. René
Berthelot sur le pragmatisme de Nietzche, psy-
chologue de l'action, apôtre de la volonté. Dans
le MoM~6~eM< soc~~e d'oc~o&~e ~09, M. Gys-
trow découvre en Nietsxçhe, pourtant si hostile
à ce qu'il appelle 'c&tte gale du socialisme, le
théoricien inconscient du syndicalisme rôvolu-
tionnan~. Nietzsche avait prévu lui-même eës
fantaisies, ~e,commentatem's <: J~es hommes
posthumes, moi, par exemple, seront plus mal
compris que les contemporains, mais mieux
écoutés. Plus rigoureusement nous ne serons
jamais compris, de là notre autorité. »
Cette autorité est aujourd'hui nulle en Alle-
magne. Nietzsche a sa place marquée parmi les
grands écrivains. De même que ses archives
gœthéennes, Weimar possède ses archives
(i) Voir les M&o~ du 23 novembre.
(2) tra~eFrctMee..
(3) .Bt.B
pour ta France, lesPères jésuites ne joignaient
pas un prosélytisme religieux qui pourrait être
dangereux dans un pays où l'on voit vivre côte
à côte des maronites.dés catholiques, des ortho-
doxes et des musulmans. On a si souvent ac-
cusé les écoles congréganistes orientales de
chercher des conversions plutôt que de l'aire de
l'instruction A. Beyrouth, il n'en est rien les
Pères n'imposent les offices religieux qu'à leurs
élevés catholiques et laissent libres les. musul-
mans. Le samedi, seulement, tous les élèves
sont tenus d'assister à une conférence que leur
fait le chancelier de l'école sur la morale, la
déontologie, le rôle social et les devoirs du mé-
decin. A l'égard de la religion, les Pères jésuites
sont plus tolérants que les membres de la mis-
sion religieuse qui dirigent l'école de médecine
américaine de Beyrouth, et c'est là une des rai-
sons de leur succès. Sortis de l'école, les élèves
sontlihrës et hesubiasentaucuno pression reli-
gieuse. Les anciens élèves, maronites-, ortho-
doxes ou musuJihahs, que j'ai interroges sur ce
point, ont été un&nimes, à reconnaître l'esprit
de large tolérance qui règne à l'Ecole de méde-
cine française de Beyrouth ;etquand on 'a pu ap-
précier la haute intèlligenceet la liberté d'esprit
de son chancelier, le Père Cattin, on comprend
qu'il ne sauraiten être autrement.
L'école de médecine do Beyrouth représente
donc une d'os bases les" plus sûres de notre ~in-
fluence en Syrie. Les jeunes gens de Beyrouth,
de Damas, du Liban font leurs études à l'Uni-
versité Saint-Joseph qui, seule, donne l'instruc-
tion supérieure, et la Faculté de médecine fran-
çaise est une branche de l'Université Saint-
Joseph. D'ailleurs, à côté de l'Université des
Jésuites, d'autres congrégations françaises
donnent avec succès l'instruction primaire.
Ce n'est ;point par nos institutions commer-
ciales, c'est par nos établissements d'instruction
que le respect et l'amour de notre pays, que
l'habitude de notre langue s'étendent en Orient.
Nous avons par suite un intérêt national à
conserver, à développer et à fortifier notre
école de médecine de Beyrouth. Nos consuls
) généraux l'ont fort bien compris; tous ont mul-
tiplié leurs enbrts pour étendre les prérogatives
do l'école, et l'an dernier M. Fouques-Duparc
nous disait tous les résultats qu'il en attendait
à condition que le gbuverhemeut français vou-
lût bien continuer à la protéger.
s: Noo& ne ~ou-e~ms Tt~t~ ind~épentR au sor t
d'une école aussi utile; bous devons agir. Jus-
qu'ici la Faculté de médecine a subi un dévelop-
pement croissant l'année de sa fondation, en
1883, elle n'avait que onze élèves, aujourd'hui
elle en compte plus de deux cents, et chaque
année elle donne l'essor à une trentaine de
nouveaux docteurs en médecine et à une di-
zaine de pharmaciens.
L'accroissement du nombre des élevés a aug-
menté les besoins de l'école les laboratoires et
les salles de travail ont dû s'agrandir et s& mul-
tiplier, et les bâtiments de l'Université sont de-
venus insuf&sants. Aussi les Pères jésuites ont
ils acheté un terrain dans la ville de Beyrouth
et dressé les plans d'une nouvelle école de
médecine. Mais jusqu'ici, incertains de l'avenir,
et se sentant à la merci d'un vote de la Chambre
des députés qui pourrait bien, dans un esprit
de sectarisme anticlérical dont elle a parfois
donné~'exemple, los priver de leur subvention,
ils n'ont pas encore osé entreprendre les cons-
tructions nouvelles.
En outre, les professeurs ne sont pas en
nombre suffisant. L'école possède cinq pro-
'feâséurs". pour ènsè~nër la cHni~~ntM~
cale, la clinique chirurgicale, la thérapeu-
tique, avec rhygiène' et la médecine légale,
l'obstétrique et la gynécologie, l'anatomie et
la physiologie; un professeur de pharmacie et
trois Pères jésuites chargés de la chimie, de la
physique, de l'histoire naturelle et de lajbacté-
notogie. Qu&ls que soient l'activité et le dévoue-
ment qu'ils déploient, ils ne peuvent matérielle-
ment suture à l'enseignement de plus de deux
cents élèves. Le. plus surmené est le professeur
d'anatomie. On ne peut 'demander & un seul
maître d'assurer à la fois l'enseignement théo-
rique et pratique de l'anatomie et de la physio-
nietzschéennes. Il a enrichie coloré, assoupli,
accélère la langue allemande. Il a nombre d'ad-
mirateurs, mais il ne compte guère de disci-
ples. Après avoir exercé quelques ravages
parmi la jeunesse universitaire vers 1890, son
immoralisme est aujourd'hui considéré comme
inoS'ensif; et c'est une couronne funéraire que
M. Ludwig Stein (4), jadis si zélé avec tant
d'autres à le combattre, apporte sur la tombe
du Surhomme. Nietzsche, le dernier des roman-
tiques, dot le dix-neuvième siècle il est vaincu
par toutes les tendances du vingtième, le siècle
des foules laborieuses devenues bientôt souve-
raines, de l'homme médiocre et normal. L'au-
tocratie russe, en qui Nietzsche, tout pensionné
qu'il était par la Suisse démocratique, saluait le
modèle des gouvernements, entre elle-même,
avec sa Douma, dans la décadence parlemen-
taire
Et pourtant M. Ludwig Stein voudrait retenir
de la philosophie aristocratique de Nietzsche le
sentiment du respect, do la distance, devantles
puissances intellectuelles. Il n'est rien de plus
dangereux pour la civilisation que la fureur
égalitaire et niveleuse. Mais, hélas! le peuple
ne pardonne plus qu'aux chevaux la supério-
rité de race. La noblesse chevaline, fondée sur
l'atavisme et corrigée par la sélection est la
seule qui survive au naufrage des, patriciats
humains, constate avec humeur M. d'Avenel.
Le Surcheval nous tient lieu de Surhomme.
A propos du Surhomme (5), de l'humain élevé
à la dignité de demi-dieu, il est à remarquer
que Nietzsche n'a pas pris la peine d~ tirer de
ses côtes la ~Mr/'e~~e. Il a cherché ses modè-
les d'aristocrates et se& précurseurs dans la
renaissance italienne, et parmi:nos grands sei-
gneurs d'anci&n régime, en négligeant les fem-
mes de haute culture et d'âme grande et forte
qui-ont contribué & donner aces époques leur
cachet d'énergie: et de noblesse. Ses apUdris-
mes témoignent au contraire d'une aversion
parfois brutale' pour. les- femmes supérieures.
Il se rapproche de la conception orientale.
La femmé.est faite pour le délassement
du guerrier, ou pour lui procurer de beaux
enfants. Il est bon de;prendré le fouet quand
on la visite. La monogamie est une dégéné-
(4) Voir ttans te \6!ume t)e M. L. Stein intitule ~e
SeMi} f~e ~'e.fi~e/MC, 8ajcMf!a~/t~oMpAM eoH~tMjuo~M. Chazaud des Granges, l'intéressant chapitre consacré
a Nietzsche. Giard et Bnëre, 1909.
(5) Le mot Surhomme t'e!'c~MeK4'c~ appartient & Gœthe,
JMeMo?tdë6ig)ie i'utre humain en généra). Mais UoemMe
bien que Nietzsche entende t'Uet'et'mcK~cTt au sens mas-
culiu.
logie. Il est donc indispensable de dédouNer'
cette chaire e~ de créer un professeur nouveau
pour la physiologie. Le même besoin s6 fait sen-
tir pour l'enseignement de l'ophtalmologie, un
des plus importants dans ces pays orientaux où
les anections des yeux sont si communes et si
graves. Jusqu'icil'étude de l'ophtalmologie n'est
faite que~ans une policlinique à l'hôpital; il y
a lieu de développer ce service et de créer une
chaire spéciale d'ophtalmologie.
Ce sont là les réformes les plus urgentes. Les s
missions médicales qui se succèdent chaque
année à Beyrouth les ont réclamées jusqu'ici
sans rien obtenir. Il est temps que l'indinu-
rence du gouvernement cesse à l'égard do
l'école de Beyrouth, car élis traversera bientôt
mie crise dangereuse. S'il lui estinterditdc se dé-
velopper, de se modernise)', elle périclitera, sa
bonne réputation tombera eMes élèves l'aban–
douneront. Enfaced'eHe se dresse une concur-
rence sérieuse l'école de médecine fondée par
une mission américaine. Cette écoJe est insta}'
iée largement sur une connue qui. domine touto t
la ville de Beyrouth et ta mer les bâtiments 1
.sont.modernes et Luxueux~ ,h!S laboratoires
bien organisés de beaux hôpitaux sont en train
de se construire a côté de l'Université. Tout y
respire la richesse, et l'on sait quel degré les
Orientaux sont impressionnés par le luxe et !a
façade. Jusqu'ici l'école française se défend;
elle a meilleure réputation auprès des étu-
diants, grâce à la qualité des professeurs que:
le gouvernement français lui envoie. Mais cet
avantage pourrait bien disparaître dans l'avenir
si l'école américaine veut s'adjoindre quelques
professeurs de choix. Ave&Ia décadence de'
notre Faculté de médecine, le prestige d& la
France diminuerait en Syrie.
Voilà pourquoi, je le répète, il est d'un inté-
rêt national, que le gouvernement accorde à la
Faculté de médecine de Beyrouth les garanties s
et les avantages que les missions médicales
françaises réclament chaque année pour elle.
D" MARCEL LABBË.
4/11
UN MAIRE HEUHEUX i
C'est celui de Grisy, en Seine-et-Marne. Que tes
conjectures ne s'égarent pas sur les causes de sa joie.
Pour être profonde, elle se motive simplement, et
une paycholcgie.rudimentairasuf~t à la deniur.. Joie
de sectaire triomphant. La journée d'Mer.fut, en ef-
fet, pour le citoyen Triboulet, une journée de vic-
toire, et l'on peut dire qu'il a couche :.ur le chatNp de
bataille. Après des eSbrts passionnés et persévérants,
il a obtenu que l'église de Grisy fût desaf&ctée, et
que le mobilier en fut vendu à l'encan. Ce qui fut
fait, hier dimanche, à l'heure des vêpres.
Mais ce n'est là qu'un dénouement, une co '.clusion
.d'une lutte dramatique, avec alternatives et péripé-
ties, et cette histoire vaut qu'on la raconte. Ce maire
« avancé t qui, par une ironie, s'appelie du même
nom que le familier connu d'un roi, colore d'un jaco-
binisme ardent sa libre pensée. Cet esprit an'ranchi
se plait à molester les autres. Il y travaille délibéré-
ment et avec suite. Jadis la municipalité de Grisy
avait eu avec i'evêche de bons !:apports. La com-
mune ayant besoin de l'emplacement du pres-
bytère pour le transformer on esplanade, une
convention intervint, d'après laquelle le presbytère
fut démoli, une autre habitation ëtant promise au
curé. On avait compte sans l'avènement de M. Tri-
boulet, qui, aussitôt installe a la mairie, déchira le
traite, refusa le logement, et à lui seul, devançant
les temps, rompit sans façon le Concordat. C'était, eh
eSet.'soos le régime concordatail'e. Un ndèt& assura
au curé un abri. Mais voici une invention piquante
dujRaJLC&.nQuveau venu. L'argent qu'il n'avait pas
~vouUt trouver pour faire honneur a la signature do
sou prédécesseur, il crut spirituel de, l'employer un~
peu plus tard a construire un clocher laïque, beffroi
qui fut inauguré à la mode jacobine par un vin
d'honneur, et dont la cloche se met en branle pour
les mariages et les enterrements civils, s'il y en a.
Ces choses, disions-nous, se passaient avant la loi
de séparation. La séparation, devait fournir à M. Trt-
houlet une carrière nouvelle.. L'église de Grisy est
vieille. Quand s'inaugura le nouveau régime, elle était
surlepointdedevMnr!nhabitablo,faute de réparations.
En i907, une chapelle en bois fut construite, pour les
;be~oins de la paroisse, dans le jardin;.de la maison
offerte au cure. Le catéchisme, pourtant, continuait
de s'enseigner dans l'église, pour empêcher la pre-
scription par non usage, qui devait permettre do la
rescence. Mais il faut se garer de l'amour-
passion, de l'éternelle Dalila < Plutôt, tomber
entre les mains d'un assassin que dans le rêve
d'une femme ardente. Les plus antipathiques
sont justement celles qui visent à l'élite, à l'hé-
roïsme. Le ferme génie de Mme de Staël,'le
caractère cornélien de Mme Roland lui font un
effet comique. Il définira George Sand (nous en
demandons pardon au lecteur) la vache écri-
vassière aux mamelles gonnées d'encre, dévo-
sentiments généreux. II juge la femme sa-
vante selon l'esprit du bonhomme Chrysale, et
soupçonne chez elle quelque tare physiologi-
que. La femme émancipée « viole la loi de
l'éternel féminin
Dans sa confession dernière, Ecce jSoMM,
où l'on voit poindre la folie des grandeurs, il
croit bien connaître les femmes < Qui sait? 1-
peut-être suis-je le premier psychologue de
l'éternel féminin Pour nous le prouver, il
écrit: :< Quel dangereux petit faune, qui sait
ramper et ronger Et si agréable avec cela. La
femme est inSniment plus méchante que
l'homme, elle est plus maligne. Chez la femme,
la bonté est déjà une forme de la <~<~irc.s-
ccMce. Toutes celles que l'on appelle de belles
âmes SoùSrent au fond d'elles-mêmes d'un in-
convénient physiologique. Je ne dis pas tout,
autrement je deviendrais médicynique
Il est naturellement l'enpemi-né du mouve-
ment égalitaire et démocratique pour l'émanci-
pation des femmes < La lutte pour les droits
égaux est déjà un symptôme de maladie, tous
les médecins le savent. La seule faço.n de gué-
rir une femme, de faire son salut, c'est la ma-
ternité (Nietzsche exprime la chose plus crû-
ment). Pas d'égalité, pas d'entente possible
entre les hommes et les femmes: < L'unique
dé:6nition de l'amour digne d'un philosophe eat
îâ suivante L'amour vit de'ïa guerre, il cacha
au fond la haine mortelle des sexes. mancipation de la femme, c'est le nom ~ue
prend la haine instinctive de la femme mah-
quée, c'est-à-dire incapable d'enfantement, ~o.n-
tre la femme d'une bonne venue. lui s~evâut
elle-même, sous le nom de <: femme en soi de
< femme supérieure de < femme idéaliste
ces femmes tendent à abaisser le niveau général
de la femme iln'yapasde plus sûr moyen pour
cela que l'éducation des lycées, les culottes et
les droits politiques de la bête électorale, On
souscrit à ces boutades de Nietzsche contre les
femmes qui agacent. Mais il ne fait pas plus de
cas des femmes de modestie et de vertu. Un ar-
ticle de son code de morale à l'envers préconise
1 (MsaH'ecte' Mais ta municipalité, refusant l'entretien
le plus urgent, se fournit à elle-même un argument
pour obtenir cette desaSëetation. Telle est la victoire
de M. Triboulet.
H en a pu jouir l'après-midi d'hier, présidant
les enchères où se sont vendus candélabres, chasu-
1 bles, manipules, étales. Ajoutons les images de
sainteté, statues de plâtre et christs de bois. Fai-
sait-il a Grisy le mGrno temps qu'à Paris? Si quelque
vêtement sacerdotal, aube ou dalmatiqae, acheté à
vil prix par un gars du pays, a traîne dans la boue,
les vœux de M. le maire furent sans doute accomplis.
Oh dit que dos vases d'autel allèrent au cabaret. Ce
haut goût dans la profanation révolte. 1ns esprits,
pour peu qu'ils aient garde quelque chose de cette li-
bcrte que ia municipalité de Grisy.a tout à fait perdue:
Nous n'avons pas encore dit; toute l'œuvre de
M. Triboutei~ ut nous nous reprocherions de le frus-
.trerdans la moindre mesure. Il y avait au cimetière
de Grisy deux croix l'une à la porte d'entrée, au-
dessus du linteau, l'autre dans l'intérieur, au car-
~refot'r centraL'Sous prétexte qu'elle gênait les
.chat's funèbres,–da)ts u:n village où les cercueils
sont tous aortes à bras, cpHe.do l~,porie..fut enle-.
~.f;A'l'au~cë~M.'TMbbcI'at repr6cha~ d'empeci~
e~olutions;des mêmes charsiëHl là~t a'ba'ttre. Abat-~
t'ue,. jetée dans un fosse, dans 1& pêlB-]ï)êIe 'des Serbes
arrach6es, elle irrita encore son regard et il décida sa
'destruction. Mais sa fureur iconoclaste~dut attendre
et B'ë~aspërer. Aubout de deux a:ns seulement, il
'trouva un- bji'as pour, lo servir. Est-ce tout? Pas en-
ooro. Il fallàiHejtraitntial d'un ridicule épais. Grisy
i a pour patron saint Medard et la fête du vil-
lage se célébrait le jour où le calendrier porte
ce. nom: s'il es~ un saint peu .provocant, et.auf
f poar les ~parapluies, c'est bien celui-là. II n'a
pas ëte roi de France, comme cet autre, assez respecte
pourtant, m('.me dans les manuels; il n'a .fonde, que
nous sachions, .congrégation ni couvent. Il est fait,
dirait-on, pour d6sarmer l'aBticlëricaiis'me le plus
leroee. M. Triboulet n'a c&pondant pu to!6reT que le
village lui rendit cette manière d'hommage quicon-
sistait à danser.et à tirer quelques pétards le 8 juin.
Et la fête de la;commune dût changer sa date.
Nous entendions à ce sujet, évoquer M. Harnais.
C'était faire tort au héros de Flaubert.
M.Homais n'eut pas la pens~ede d6baptiser sa com-
muuq du'nom clérical d'YoaviHe-1'Abbaye. Quant .à la
qojBsthm du presbytÈre, il se f&t piquô de tolérance,
et pe~t-être eût-il trouve élégant d'pifrir son toit à
M)b6 Bourilist'en. Mais le progrès des lumières a a
donne à'l'antMtericalismë quelque chose déplus for-
cené. Nous livrons l'exemple de Grisy aux medita-
ti~na du pouvoir pour qu'il connaisse .comment, dans
.certaines campagnes, on entend la liberté des cultes
.6tIepIu.sclHmentairorcsB.ect .des consciences.
j~U ~Q~TJH LE JOUR
NATHAN LE MAIRE N'EST PAS NATHAN LE SAGE
Une coalition de radicaux et de socialistes
ayantdëlégueà ta .mairie de Rome un grand
homme selon son cœur, M. Ernest Nathan, une
ère de difficultés municipales et politiques a
commence aussitôt dans la Ville Eternelle. Pas-
sons sous sitence les fautes politiques dont le
syndic de Rome s'est rendu coupable. Cela n'est
pointde notre ressort. Mais il faut qu'en dehors
d'Italie des voix étrangères s'élèvent pouf prp-
tester, au nom de principes qui n'ont rien de
politique, contre les mutilations que le syndic
Nathan et ses amis s'apprêtent à faire, subir à la
Ville Eternelle, passagèrement soumise à leur
caprice. Voici, dans toute sa brutalité, la trans-
formation qu'ils se. proposent d'accomplir. Le
Capitole comprend, comme on sait, trois palais.
Distincts par la volonté deMichel-Ange ils sont,
dans certaines occasions solennelles, provisoire-
ment reliés entre eux. Mais sitôt les bannières
amenées et les lampions éteints, ils recouvrent
i.~ûr disposition pnniitive.-Ges tco'is palats,.te
syndtc Nathan et ses amis o~nt-décidé/'ôe, les
'sëuder à jamais. Déjà le plan de cette restaura-,
tien est arrêté, le principe voté, l'exécution re-
mise à un entrepreneur judicieusement choisi.
Rome, plus encore quePai'is,asounertdes
vandales. Elle a laissé commettre, sans se révol-
ter, des abominations dont l'empreinte-ne s'ef-
facera pas. Cette fois, cependant, les vandales
avaient trop présumé d& l'Indifférence de leurs
victimes. Dans un généreux élan, la Rome intel-
lectuelle, la Rome artistique, la Rome qui a le
sens et le respect de son passé, la Rome, en un
mot, que M. Nathan ne connaît pas, s'es.t insur-
gée. Elle a commencé par faire entendre de vi-
une'entière liberté de mœurs, une liberté de'
faunes et de nymphes en harmonie avec sa
doctrine, constant appel à l'instinct contre la
raison, & Hercule et à Dionysos contre Socrate
et contre Jésus:<: Je préférerais, dit-il, être
considéré comme un satyre plutôt que comme
un sainte.
~uand on lit. après cela la biographie de
Nietzsche, ses paradoxes font plutôt l'effet
d'tfne revanche et d'un contraste. Il se natte de
connaître les femmes. Ses intuitions n'ont rien
de proche, d'immédiat~-Bans son -Ecce .a~O, il
parle de Iui-mêp!e comme de quelqu'un qui,
après saquarante'-quatrièmo année, ~)eut dire
qu'il~ ne s'est jamais soucié «d'honneurs, de
femmes et d'at-gent Et pourtant « les femmes
~l'aiment.toutea~. ASnde remédier & son hu-
meur, Wagner lui avait fait donner le conseil
« soit d'en voler une, soit d'en épouser une
Aox fêtes d'inauguration de Bayreuth, lorsqu'il
était déjà waghérien libéré, il partit soudain,
Men qu'une charmante Parisienne eût tenté de
le consoler. Il fuyait, mais non vers les saules.
Nietzsche témoignait aux jeunes femmes beau-
coup de réserve il avait conscience du danger
qu'on court auprès d'elles. A l'égard des per-
sonnes âgées, ses égards étaient plus empres-
ses. Il s'était lié d'une étroite amitié avec
MHe de Meysenbug, familière du cercle de Ri-
chard Wagner. Fille d'un ministre de petite
cour allemande, Mlle de Meysenbug, en dépit
de sa naissance et de son éducation, avait été
entraînée dans les tourbillons du siècle. Socia-
liste en 1848, elle suivait les proscrits à Lon-
dres, fréquentait Louis Blanc, Mazzini, Herzen
dont elle adopta les enfants. Puis elle était
devenue wagnérienne. C'était, nous dit M.
DmieÏ Halévy, une femme de grand cœur
ses .M~MO~s (!'tsellé, et lui 6rent oublier Thorreut' qu'il
professait pout'~Tidéaitisme féminin. ~ÏUé de
Meysenbug jouait preade Nietzsche le même
rôle que sa sœur Lisbeth, à laquelle il était
tendrement attache. Installée avec lui &
SofTente, elle organisait la vie commune avec
quelques amis d'élection. Nietzsche s'était lié
avec un docteur d'Uni versitô, Paul Rée, dont
Wagner, antisémite, l'avait conseillé de se dé-
Ber.Rée était un espritméphistophéliquo, auteur
d'un ess~i sur La Rochefoucauld. Guéri de son
enthousiasme wagnérien, Nietzsche préludait
aux idéea de sa philosophie destructive, à .coups
de~ marteau. MHed& Meysenbug en était ef-
frayée: bien que détachée du christianisme,
elle restait eagûncôe dans le préjugé moral,
hmMMtairo,
goureuses, mais courtoises protestations. Un
autre que M. Nathan eût compris peut-être sur
quelle pente dangereuse il s'engageait. I! eût fait
machine arrière et le conflit se fût apaise.
Mais le maire radical-socialiste de Rome est dé-
voré de cette fureur dictatoriale si commune
chez les enfants chéris de la démagogie. Son
plan lui a paru plus beau de le voir blâmé par
tous les gens de goût :< Les artistes hurlent:
t~M~ re~-o ~/aMa./ s'est-il écrie. D'une façon ou
d'une autre, Satan ira'de l'avant! n
Et Satan s'apprête à faire comme i) a dit. Et
la guerre municipale est aujourd'hui engagée
~y'~ MM~'o~ /7~M. Une réunion plénière de
tous les artistes et amis des arts tenue à Rome
vendredi dernier montre les troupes enrôlées
sous le drapeau du Bon Sens et .du Goût pleines
de vigueur et pleines de: confiance. Elles sont
commandées par des chefs Ulustres le prince
.Alphonse Dona, MM..David Galandrâ, Adol-,
phe.. Venturi,Victor: Pica, 'le génial sculp-
teur.Bi-stoi.fiy ~De~IMre.é~tiëre" ~!tës"~ont1
reçu .d&s;i.ém9ignages:id'apprôbàttôn et' des
~dhés~Gns.passionnées. Parmi l€s plus si-~
gnincàtives, citons celle de M. Cavenaghi,
fë restaurateur du. Cenaco/o de Léonard. Ita-
liens du.'Nord e): du Midi, .tous les Italiens
qui comptent s'accordent a;<. flétrir B comme on
dit aujpurd'.hui, la mégalomanie malfaisante de
M: le syndic Ern.est Nathan et à déplorer le sa-
crilège où il s'apprête, avec l'aide de ses amis
du R/oc. Jusqu'au présent d'ailleurs, les édiles
radicaux-socialistes tiennent bon. Le vent qui
souffle sur lé C{~Mp:~og//o, sur ce C~o~/ïb
qui renferme aujourd'hui la Maison de Ville,
doit être encore sàturé,depuis les jours anciens,
dé cet esprit de folie dont Jupiter frappait ceux
qu'il veut perdre.
Puisse la protestation indignée de toute une
ville–'et quelle-ville!avoir raison de ses
maîtres indignes et puisse la municipalité ro-
maine s'apercevoir tantôt que la Roche tar-
péienheestpresdesonCapitoIe!
.MAURICE MURET.
O~t
La ~pM/~Me Autour de /OjRïpM~~Ke de
et /e~ c~t7Mla Nation, on a posé une
douzaine de crocodiles en bronze qui, rangés en
cercle: dans le bassin, crachent de l'eau la .6-
gurë'dé n'ofre gouvernement.. Lë-C~t ~e. ~M
-a~an'tmarn'festé'â'ce s'ujët une certaine surprise,
M. Chautard vient de lui adresser une lettre ex-
plicative, car il présidait la commission munici-
pale qui fut chargée, à la mort du sculpteur,
d'étudier les dispositions à prendre pour ache-
ver le monument. Dalou lui-même.avait eu,
parait-il, l'idée de ces caïmans; il en avait établi
des maquettes que M. Gardet a seulement mises.
en état d'être jetées en bronze. Op ne saurait
donc reprocher à ce dernier artiste d'avoir al-
téré l'œuvre de son confrère. Reste à savoir si
les crocodiles font bien. Ce n'est pas l'avis du
C/<~e.PM. Chautard qui est persuadé que Dalou se se-
rait ravisé s'il avait pu juger de l'effet de ses
caïmans. Mais que faire? quand un artiste
meurt avant d'avoir achevé son œuvre, nu!
n'a le droit de la modifier, même sous le
prétexte de la rendre plus parfaite, et, plus
que personne, une assemblée politique., étran-
gère aux questions d'art, doit s'abstenir de toute
intervention. II y a beaucoup adiré là-dessus.
D'abord, et quoi qu'en pensent les édiles
parisiens, un Conseil municipal n'est pas une
assemblée politique, mais .un -corps chargé
'~adn~mstrer .les intérêts de la vilte, tes Htté-
réts artistiques aussi bten que les autres. De.
plus, s'il est interdit de modifier l'œuvre d'un
maître défunt, IL est toujours permis de la lais-
ser incomplète; le nombre est grand des chefs-
d'œuvre inachevés qui' restent tout de même
des chefs-d'œuvre. Les crocodiles de la place de
la. Nation semblaient d'autant moins nécessai-
res que depuis prés de vingt ans la jR~DM~~MC
s'en passait et qu'ils n'avaient pas l'air de lui
manquer. Aussi bien,'que font là ces sauriens
Auxtemps de la Haute-Cour, on parlait des
a caïmans du Sénat mais Dalou avait l'âme
.trop constitutionnelle pour qù'on le soupçonne
Soucieuse de marier Nietzsche (6), elle crut
avoir découvert la femme qui lui convenait.
C'était en 1882, Nietzsche avait alors trente-huit
ans. Mlle Lou Salome, jeune Russe de vingt ans
& peine, admirable d'ardeur intellectuelle, &
défaut de beauté régulière possédait la séduc-
tion. M. Halôvy la rapproche de Marie Basçh-
kirscheS' « de ces demoiselles excitées natives
de Kief, de Philadelphie ou de Bucarest qu'on
voit surgir ainsi à Paris, Florence ou Rome, et
qut vienn~ht;avec tttie i~patience~ barbare,-
s'initier & la culture occidentale. Celle-là était
de qua)it6 rare. La présentation eut pour ca-
dre l'église Saint-Pierre de Rome. Nietzsche
tombait aussitôt sous le charme < C'est une
âme, disait-il, qui, d'un souffle, s'est créé un
petit corps. Cependant il ne semblait pas dé-
sirer la conquérir.
Rée connaissait Mlle Salomé de plus longue
date, et il en était pareillement épris. Nietzsche
disait à son ami « C'est une femme admirable,
épousez-la. a–Non, répondait celui-ci; je suis
pessimiste, l'idée de propager la vie humaine
m'est odieuse. Vous-même, épousez-la, c'est la
femme qu'il vous faut. Me marier ? Jamais
ripostait Nietzsche; il faudrait que je m'éta-
blisse menteur quelque part. Cependant il se
décidait à faire sa demande, mais par message
et ambassade. Ce n'est pas qu'il recherchât <. le
pitoyable plaisir qu'on éprouve à deux A
rencontre de ses théories, il dédaignait < tout
lien de chair Le souci des enfants n'existait
pas pour lui. Il avait mis dans son programme
de les faire élever par ses amis. Il voulait seu-
lement, en épousant MMe Salomé, obvier aux
bavardages.EHe écartalaproposition, alléguant
ce motif qu~une tristesse de cœur la laissait
sans force pour concevoir un nouvel amom*.
Hs~ s'en tinrent donc & l'amitié, une amitié
très orageuse. MUe Satomé avait dédié à son
philosophe deux poésies en aHemand,un-7t~e
la ~OM~My et un 7!~Mte a ~'anM~ que Nietzs-
che mit en musique (chœur mixte avec or-
chestre) et qui se terminait par ces vers « S'il
ne te reste plus de bonheur &' me donner,
eh bien! 1 tu as encore de la peine. La peine
fut pour le Surhomme l'aventure tourna vite
au tragique. II se souciait moins de voir la
jeune Russe partager ses sentiments que de lui
imposer ses idées et do. la soumettre à l'escla-
vage intellectuelle plus absolu. Au bout de
quelques mois, il finit par soupçonner, à tort
ou à raison, que son ami Rée et la balle
se moquaient de lui. Il y eut 'éclat < Des créa-
(ti) Nous suivons ici, en t'abrégeant, te récit do M. Da-
niel Hai
d'avoir voulu donner à cette métaphore irrévé-
rencieuse l'éternité du bronze. A-t-il prétendu
nous montrer dans ces crocodiles outrageux
les perndes ennemis de nos institutions? Si tel
fut son dessein, le symbole n'est pas clair. Le
sculpteur eût mieux fait de mettre des gre-
nouilles, comme dans le bassin de Latone;
tout le monde eût reconnu les grenouilles qui
demandent un roi.
Z.~co//ec/!OH M; George Salting, le célèbre
Sa~/?: collectionneur, est mort la sc-
maine dernière à Londres dans
le modeste appartement, composé de deux
chambres, qu'il occupait depuis de longues
années au dernier étage du Thatched House
Club. On annonce officiellement qu'il laisse à
l'Angleterre toutes ses collections. C'est le don
artistique le plus plus somptueux qu'elle aura
reeuëillï.'aepui-s qa*éHe'a''héri-té de la 'colfection
-Wallace. Né eh-Australie, d'un père .danois,, en
J.83Q, puis'élévé?eh Angleterre, 7 George''ëaltiag
était déjà d'un âge mûr quand il commença à
emplQyerIês"i~venus":dë la grosse fortune que
lui avait laissée .son père à acheter des objets
d'art. Porcelaines de Chine, faïences d'Europe
et d'Orient, miniatures, meubles, œuvres de la
Renaissance, tableaux hollandais,' flamands, ita-
liens, allemands, anglais, il y a de tout dans ses
collections. Ce que valent css deux ou trois
cents tableaux, ces innombrables céramiques,
meubles précieux, on ne saurait le dire. On es-
time à cinq millions déjà les objets prêtés par
M. Salting au musée de South Kensington, où
ils sonten dépôt depuis plus de dix ans. Il faut
y ajouter la valeur des peintures qu'il avait dé-
posées à la Galerie nationale, celle des tableaux
préférés qu'il gardait auprès de lui et qui cou-
vraient les murs de ses deux chambres, enfin
celle des miniatures que, dans sa vieillesse, il
collectionnait avec amour et dont il avait réuni
d'admirables spécimens, de tous les genres et
de tous-les temps. On s'était toujours demandé,
dans les milieux artistiques, ce que deviendrait
la collection Salting. On est maintenant fixé.
Les objets qui en font partie et qui se trouvent
dans les musées nationaux y' resteront les autres
iront bientôt les rejoindre. H ne reste qu'à féli-
citer et envier l'Angleterre qui, en si-peu de
temps, a vu ses trésors artistiques s'enrichir des
jdeux collections Wallace et Salting.
L'MrMet!OH ~smMiah BH Mr:3he
Dimanche matin, & une heure~ un quart, la
séance de la Chambre des députés autrichienne,
qu.i durait depuis quatre-vingt-six heures sans
interruption, a pu enfin être levée. L'atmo-
sphère, dans la salle des séances, était devenue
irrespirable on ne s'y voyait plus, et il régnait
une odeur comparable à celle d'un vagon de
troisième classe où les voyageurs au complet
auraient passé la nuit portes et fenêtres closes.
Il était vraiment temps d'aérer cet immense
dortoir. Contrairement à toute attente, ce sont
les obstructionnistes eux-mêmes, les membres
de l'Union slave, qui ont pris l'initiative d'une
solution. Les députés Krek, Kramarz, UdrzaI
et Sustersitch ont déposé une motion d'urgence
tendante à modifier la loi du 12 mai 1873 fixant
le règlement de la Chambre des députés de
manière à permettre au président de prendre
toutes les mesures utiles pour maintenir l'or-*
dre. A cet effet, le président devait être auto-
-ri8ëi&t!en;v.ay~r ea Bu de séance la -comani-
-BtMa~i&B~es !Boti&ïMd'tn'geRce,& faire procéder
aux votes simplement pas assis et levés, et a
exclure de la Chambre pendant trois séances
les députés qui porteraient gravement atteinte
à la dignité de l'Assemblée ou troubleraient
l'ordre. Cette quasi-dictature du président de-
vait durer jusqu'au 31 décembre 191&.I1 était
sous-entendu que da;ns l'intervalle il serait pro-
cédé à un remaniement général du règlement.
Cette motion~ pour laquelle ses auteurs de-
mandaient la discussion. immédiate, surprit et
déconcerta les partis allemands. En eUe-même~
elle paraissait raisonnable, puisque son ado~
tion devait mettre 6n à l'interminable séance
tures de votre sorte, écrivait Nietzsche à Mlle
Salomé, ne sont supportables que quand elles
ont un but ~eu~. Que vous êtes pauvre en con-
naissance, en courtoisie, en vénération, en dé-
licatesse. Je ne parle pas de choses plus
hautes. On a de lui un brouillon de lettre à
Paul Rée où il se dit comblé de dégoût pour un
individu do sa sorte, insidieux, menteur et
fourbe, qui a pu se dire, pendant des années,
son ami. Comme si l'on pouvait se fier a un
ami.vquelqu~IsQit; lorsqu'une femme est delà
partie.
.Vers 1888, Paul Rée et Mlle Salomé vivaient
& Berlin fraternellement, à ce qu'ils disaient.
Rée aida Mlle Lou à composer un livre < très
intelligent et.trôs noble sur Nietzsche, qui lui
avait donné l'auréole.
Sous le ciel alcyonien de Nice, le philosophe
errant éprouva quelques nouvelles velléitésma-
trimoniales, encouragées par sa sœur Lisbeth
ravie de l'ancienne rupture avec l'étrangère.
«Mais ne rendrais-jo pas, disait-il, une jeune
fille malheureuse par mes idées, et n'en souu'ri-
rais-je pas moi-même?~ »
Une femme mystérieuse et voilée traverse on
1887 la vie-de Nietzsche: ils se rendent en-
semble aMonte-CarIo.JL.es mœurs sont libres
dans les pensions méditerranéennes, remarque
M.Daniel Halévy. Très circonspect, Nietxsche
ne prêtait guère à la médisance;
Sa dernière aventure de cœur pourrait ûgu-
rer parmi les contes fantastiques d'Honmann.
Peu avant de sombrer dans la folie, il se remé-
morait avec attendrissement les jours bienheu-
reux passés dans l'île enchantée de Triebschen
auprès de Wagner, sous l'inspiration de ses
chefs-d'œuvre, avant l'apothéose de Bayrcuth.
Choyé jadis & titre d'enthousiaste, de prosélyte
génial, il s'imaginait maintenant qu'il avait
aimé Mme Cosima Wagner, qu'elle aurait" re-
pondu & sa passion s~H'1'avait connue quelques
années plus tôt. Cette Ella de Lixst et de la
comtesse d'Agout, créature admirable, dôuéa
par deux races, l'aurait sauvé, pensait-il,.
comme elle avait sauvé Wagner par elle il au-
rait connu gloire, amour, amitié. Dément, il
lui écrivait: «Ariane, je t'aime. II s'incarnait
en Bacchus, devenu l'époux d'Ariane abandon-
née par l'ingrat Thésée.
Dans ses jours de maladie, Ki&tzsehe rêvait
pour son Surhomme la santé de la < bête
blonde il préférait le satyre ausaint.Pauvre,
sans patrie, sans foyer, solitaire, méconnu, il
vécut en ascète ou demi ascète ce qui prouve
une fois déplus que notre idéal c'est notre la-
cune. J. BOURDEAU.
~MNÈ~ ~L
:1Q c~~hnes le F~o~tè~o ~-A.PNS. ~IL. T TL.~ ISFeun~o 10 centinct~ --z
3M 121~ A M NÉE
.m~
MARD! 21 DÉCEMBRE
1909
MARDt 21 DECEMBRE
1909
PRIX DE L'ABONNEMENT
TRMSM<~SS!XMOt9 UNJUt
France, Coloates et A)s~C8-
Lorgne. tO~- ~O~
Et~ ~(r. 32fr. e4ff.
ON S'ABONNE: Em ffo~'tce et à tKtfanset
dama tona tes Bureacx de E*
LES- AeOM1.ES ANNONCES SOKT REÇUES
Gtez MM. ~grange. Cerf et (?'. 8. Ptace de ~Bourse
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
t7. Rue ()cs'Prëtres-S!unt-Germain-Âuxcrrcis.
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..Tp1CTB~Ë8~ETT~S~Ti'CÔMMÙ~tCATIO
doivent être adressées
i?, me des PfCtfes-Saint-Germsia-t'AQxerroïSt iV
Ce numéro est accompagné d'un Supplément
que nos abonnés recevront avec le journal et
qui devra être remis gratuitement à nos ache-
teurs au numéro.
SOMMAIRE
LA MÉDECINE FRANÇAISE EN ORIENT. I-'J?CO!8 de
M~dec:'MC de .Be~'oM<7t.. D' Marcel Labbé~
UNMArRE HEUREUX.
Au JouR LE JOUR. A~~Mtt.~MatreM'~F~
~VN~CM .M~e. Maurice Muret.
L'OBSTRUCTION PARLEMENTAIRE EN AUTRIGUB.
LA MORT BU ROI DES BELGES.
A L'ETRANGER.
LBTTRB~B~ TURQUIE. Georges Q~ulîa.
NOUVELLES DC JOUR.
L'EXPERIENCE SËNTmENtALE DE FRÉDÉRIC NiETZSatB.
'J'.Bonrdëau.
LrVRESD'ETRENNES.
JLES-RÉF&B~eo?tS'mBosiNE,[a:)-r:MmeEU&oa'
SUPPLÉMENT
ACADÉMIE DES SCIENCES.–SëN7!C
LA NEBEHNE FRANÇAISE EN ORIENT
L'ÉCOLE DE nnÈDEONE DE BEYROUTH
a e_
Dans la merveilleuse ville de Beyrouth, la
< perle de la Syrie existe une Ecolo de Méde-
eine française, fondée et dirigée par des Pères
jésuites et placée sous le contrôle de la France
et de la Turquie.
Le gouvernement français donne une subven-
tion à l'Ecole,y entretient des professeurs fran-
çais et y envoie des examinateurs. Chaque an-
née, trois professeurs français se joignent à
trois professeurs turcs venus de Constantinople
et aux professeurs de l'Ecole de Beyrouth pour
faire passer les examens et décerner des di-
plômes qui donnent aux nouveaux docteurs li-
cence d'exercerla médecine sur le territoire
ottoman et sur le territoire français. Pendant
les huit jours que dure la session d~examens,
c'est fête dans.ce paysjûù nous comptons beau-
coup de sympathies. Dos le premier jour, a lieu
la cérémonie de réception à l'Ecole, présidée
parle consul de France. On y-jDue l'hymne turc
et la Ma~ë~afse, on y acclame la France et,
t'an dernier, toutes les voix juvéniles crièrent
avec enthousiasme: « Vive la Turquie nou-
velle
C'est un sentiment profond et très reconfor-
tant que l'on éprouve en trouvant loin de son
pays,après dix jours de voyage, un accueil
aussi fraternel et en constatant la vivacité des
sympathies que notre patrie inspire et la puis-
sance de notre innuence morale. C'est que les
Pères jésuites sont des éducateurs en même
temps que des professeurs. Le premier senti-
ment qu'ils font germer dans le cœur de leurs
6)ëvës, c'est l'admiration et l'amour delà
France. Aussi, quand les jeunes Syriens, ins-
truits en français, avec des livres de médecine
français, par des professeurs français, ont ter-
miné leurs études et reçu leur diplôme, n'ont-
ils plus qu'un désir, celui de compléter leur
îastptMtioa par un voyage-en France et par'un
s~bacdaNsmo~DMvBrsitês.CItàque.anDjêë~OuS
envoyons débarquer plusieurs sur notra sol.
Etplus tard, quand leurs compatriotes ont be-
soin de se faire soigner en Europe, c'est à des
médecins français, dans des villes d'eaux fran-
çaises qu'ils les adressent au lieu de les diriger
vers l'Allemagne ou l'Autriche. Déjà plusieurs
centaines de jeunes docteurs, issus de Fécolo
de Beyrouth, sont allés répandre dans le Liban,
la Mésopotamie, la Palestine et l'Egypte, avec
l'autorité que donne le sacerdoce médical sur
des populations simples, le renom et l'amour
de notre pays.
J'ai voulu savoir si, à cette propagande active
FEUILLETON DU JOURNAL DES DEBATS
dn 9< décembre ttMMt
Ï/EXPËMENCE SENTIMENTALE
DE FRMMC NÏETZ8CHE
Nous avons, dans un précédent feuilleton (1),
exposé, avec M. Daniéï Salév~ pour guide, l'iTQ.-
auence de Richard Wagner sur la première
philosophie de Nietzsche. Nous revenons en-
core aujourd'hui, & ce penseur si agite et si
fécond, acquitter envers lui une dette de recon-
naissance. Dans sa confession dernière, Ecce
J?OMM (2), où il ne cesse d'exalter la France in-
tellectuelle et de rabaisser l'Allemagne, dont il
n'ouvre pas une seule gazette, < je ne lis, dit-il,
avec votre permission, que le JbM~'na~ des Dé-
~o~ Taine le premier avait été frappé de la
valeur de Nietzsche, de son originalité. A pro-
pos de la correspondance qu'ils échangèrent,
M. Seillière a fait à l'Académie des Sciences
Morales une lecture vivement goûtée (3). Il
est à peine besoin de rappeler les études
do M. Lichtonberger, de M. Faguet, de M.
Fouillée sur cette philosophie renversante du
grand briseur de préjugés et d'idoles. La
jRë!?MC de .M~op~~e de M
Nietzsche, le philosophede l'illusion, de M. René
Berthelot sur le pragmatisme de Nietzche, psy-
chologue de l'action, apôtre de la volonté. Dans
le MoM~6~eM< soc~~e d'oc~o&~e ~09, M. Gys-
trow découvre en Nietsxçhe, pourtant si hostile
à ce qu'il appelle 'c&tte gale du socialisme, le
théoricien inconscient du syndicalisme rôvolu-
tionnan~. Nietzsche avait prévu lui-même eës
fantaisies, ~e,commentatem's <: J~es hommes
posthumes, moi, par exemple, seront plus mal
compris que les contemporains, mais mieux
écoutés. Plus rigoureusement nous ne serons
jamais compris, de là notre autorité. »
Cette autorité est aujourd'hui nulle en Alle-
magne. Nietzsche a sa place marquée parmi les
grands écrivains. De même que ses archives
gœthéennes, Weimar possède ses archives
(i) Voir les M&o~ du 23 novembre.
(2) tra
(3) .Bt.B
pour ta France, lesPères jésuites ne joignaient
pas un prosélytisme religieux qui pourrait être
dangereux dans un pays où l'on voit vivre côte
à côte des maronites.dés catholiques, des ortho-
doxes et des musulmans. On a si souvent ac-
cusé les écoles congréganistes orientales de
chercher des conversions plutôt que de l'aire de
l'instruction A. Beyrouth, il n'en est rien les
Pères n'imposent les offices religieux qu'à leurs
élevés catholiques et laissent libres les. musul-
mans. Le samedi, seulement, tous les élèves
sont tenus d'assister à une conférence que leur
fait le chancelier de l'école sur la morale, la
déontologie, le rôle social et les devoirs du mé-
decin. A l'égard de la religion, les Pères jésuites
sont plus tolérants que les membres de la mis-
sion religieuse qui dirigent l'école de médecine
américaine de Beyrouth, et c'est là une des rai-
sons de leur succès. Sortis de l'école, les élèves
sontlihrës et hesubiasentaucuno pression reli-
gieuse. Les anciens élèves, maronites-, ortho-
doxes ou musuJihahs, que j'ai interroges sur ce
point, ont été un&nimes, à reconnaître l'esprit
de large tolérance qui règne à l'Ecole de méde-
cine française de Beyrouth ;etquand on 'a pu ap-
précier la haute intèlligenceet la liberté d'esprit
de son chancelier, le Père Cattin, on comprend
qu'il ne sauraiten être autrement.
L'école de médecine do Beyrouth représente
donc une d'os bases les" plus sûres de notre ~in-
fluence en Syrie. Les jeunes gens de Beyrouth,
de Damas, du Liban font leurs études à l'Uni-
versité Saint-Joseph qui, seule, donne l'instruc-
tion supérieure, et la Faculté de médecine fran-
çaise est une branche de l'Université Saint-
Joseph. D'ailleurs, à côté de l'Université des
Jésuites, d'autres congrégations françaises
donnent avec succès l'instruction primaire.
Ce n'est ;point par nos institutions commer-
ciales, c'est par nos établissements d'instruction
que le respect et l'amour de notre pays, que
l'habitude de notre langue s'étendent en Orient.
Nous avons par suite un intérêt national à
conserver, à développer et à fortifier notre
école de médecine de Beyrouth. Nos consuls
) généraux l'ont fort bien compris; tous ont mul-
tiplié leurs enbrts pour étendre les prérogatives
do l'école, et l'an dernier M. Fouques-Duparc
nous disait tous les résultats qu'il en attendait
à condition que le gbuverhemeut français vou-
lût bien continuer à la protéger.
s: Noo& ne ~ou-e~ms Tt~t~ ind~épentR au sor t
d'une école aussi utile; bous devons agir. Jus-
qu'ici la Faculté de médecine a subi un dévelop-
pement croissant l'année de sa fondation, en
1883, elle n'avait que onze élèves, aujourd'hui
elle en compte plus de deux cents, et chaque
année elle donne l'essor à une trentaine de
nouveaux docteurs en médecine et à une di-
zaine de pharmaciens.
L'accroissement du nombre des élevés a aug-
menté les besoins de l'école les laboratoires et
les salles de travail ont dû s'agrandir et s& mul-
tiplier, et les bâtiments de l'Université sont de-
venus insuf&sants. Aussi les Pères jésuites ont
ils acheté un terrain dans la ville de Beyrouth
et dressé les plans d'une nouvelle école de
médecine. Mais jusqu'ici, incertains de l'avenir,
et se sentant à la merci d'un vote de la Chambre
des députés qui pourrait bien, dans un esprit
de sectarisme anticlérical dont elle a parfois
donné~'exemple, los priver de leur subvention,
ils n'ont pas encore osé entreprendre les cons-
tructions nouvelles.
En outre, les professeurs ne sont pas en
nombre suffisant. L'école possède cinq pro-
'feâséurs". pour ènsè~nër la cHni~~ntM~
cale, la clinique chirurgicale, la thérapeu-
tique, avec rhygiène' et la médecine légale,
l'obstétrique et la gynécologie, l'anatomie et
la physiologie; un professeur de pharmacie et
trois Pères jésuites chargés de la chimie, de la
physique, de l'histoire naturelle et de lajbacté-
notogie. Qu&ls que soient l'activité et le dévoue-
ment qu'ils déploient, ils ne peuvent matérielle-
ment suture à l'enseignement de plus de deux
cents élèves. Le. plus surmené est le professeur
d'anatomie. On ne peut 'demander & un seul
maître d'assurer à la fois l'enseignement théo-
rique et pratique de l'anatomie et de la physio-
nietzschéennes. Il a enrichie coloré, assoupli,
accélère la langue allemande. Il a nombre d'ad-
mirateurs, mais il ne compte guère de disci-
ples. Après avoir exercé quelques ravages
parmi la jeunesse universitaire vers 1890, son
immoralisme est aujourd'hui considéré comme
inoS'ensif; et c'est une couronne funéraire que
M. Ludwig Stein (4), jadis si zélé avec tant
d'autres à le combattre, apporte sur la tombe
du Surhomme. Nietzsche, le dernier des roman-
tiques, dot le dix-neuvième siècle il est vaincu
par toutes les tendances du vingtième, le siècle
des foules laborieuses devenues bientôt souve-
raines, de l'homme médiocre et normal. L'au-
tocratie russe, en qui Nietzsche, tout pensionné
qu'il était par la Suisse démocratique, saluait le
modèle des gouvernements, entre elle-même,
avec sa Douma, dans la décadence parlemen-
taire
Et pourtant M. Ludwig Stein voudrait retenir
de la philosophie aristocratique de Nietzsche le
sentiment du respect, do la distance, devantles
puissances intellectuelles. Il n'est rien de plus
dangereux pour la civilisation que la fureur
égalitaire et niveleuse. Mais, hélas! le peuple
ne pardonne plus qu'aux chevaux la supério-
rité de race. La noblesse chevaline, fondée sur
l'atavisme et corrigée par la sélection est la
seule qui survive au naufrage des, patriciats
humains, constate avec humeur M. d'Avenel.
Le Surcheval nous tient lieu de Surhomme.
A propos du Surhomme (5), de l'humain élevé
à la dignité de demi-dieu, il est à remarquer
que Nietzsche n'a pas pris la peine d~ tirer de
ses côtes la ~Mr/'e~~e. Il a cherché ses modè-
les d'aristocrates et se& précurseurs dans la
renaissance italienne, et parmi:nos grands sei-
gneurs d'anci&n régime, en négligeant les fem-
mes de haute culture et d'âme grande et forte
qui-ont contribué & donner aces époques leur
cachet d'énergie: et de noblesse. Ses apUdris-
mes témoignent au contraire d'une aversion
parfois brutale' pour. les- femmes supérieures.
Il se rapproche de la conception orientale.
La femmé.est faite pour le délassement
du guerrier, ou pour lui procurer de beaux
enfants. Il est bon de;prendré le fouet quand
on la visite. La monogamie est une dégéné-
(4) Voir ttans te \6!ume t)e M. L. Stein intitule ~e
SeMi} f~e ~'e.fi~e/MC, 8ajcMf
a Nietzsche. Giard et Bnëre, 1909.
(5) Le mot Surhomme t'e!'c~MeK4'c~ appartient & Gœthe,
JMeMo?tdë6ig)ie i'utre humain en généra). Mais UoemMe
bien que Nietzsche entende t'Uet'et'mcK~cTt au sens mas-
culiu.
logie. Il est donc indispensable de dédouNer'
cette chaire e~ de créer un professeur nouveau
pour la physiologie. Le même besoin s6 fait sen-
tir pour l'enseignement de l'ophtalmologie, un
des plus importants dans ces pays orientaux où
les anections des yeux sont si communes et si
graves. Jusqu'icil'étude de l'ophtalmologie n'est
faite que~ans une policlinique à l'hôpital; il y
a lieu de développer ce service et de créer une
chaire spéciale d'ophtalmologie.
Ce sont là les réformes les plus urgentes. Les s
missions médicales qui se succèdent chaque
année à Beyrouth les ont réclamées jusqu'ici
sans rien obtenir. Il est temps que l'indinu-
rence du gouvernement cesse à l'égard do
l'école de Beyrouth, car élis traversera bientôt
mie crise dangereuse. S'il lui estinterditdc se dé-
velopper, de se modernise)', elle périclitera, sa
bonne réputation tombera eMes élèves l'aban–
douneront. Enfaced'eHe se dresse une concur-
rence sérieuse l'école de médecine fondée par
une mission américaine. Cette écoJe est insta}'
iée largement sur une connue qui. domine touto t
la ville de Beyrouth et ta mer les bâtiments 1
.sont.modernes et Luxueux~ ,h!S laboratoires
bien organisés de beaux hôpitaux sont en train
de se construire a côté de l'Université. Tout y
respire la richesse, et l'on sait quel degré les
Orientaux sont impressionnés par le luxe et !a
façade. Jusqu'ici l'école française se défend;
elle a meilleure réputation auprès des étu-
diants, grâce à la qualité des professeurs que:
le gouvernement français lui envoie. Mais cet
avantage pourrait bien disparaître dans l'avenir
si l'école américaine veut s'adjoindre quelques
professeurs de choix. Ave&Ia décadence de'
notre Faculté de médecine, le prestige d& la
France diminuerait en Syrie.
Voilà pourquoi, je le répète, il est d'un inté-
rêt national, que le gouvernement accorde à la
Faculté de médecine de Beyrouth les garanties s
et les avantages que les missions médicales
françaises réclament chaque année pour elle.
D" MARCEL LABBË.
4/11
UN MAIRE HEUHEUX i
C'est celui de Grisy, en Seine-et-Marne. Que tes
conjectures ne s'égarent pas sur les causes de sa joie.
Pour être profonde, elle se motive simplement, et
une paycholcgie.rudimentairasuf~t à la deniur.. Joie
de sectaire triomphant. La journée d'Mer.fut, en ef-
fet, pour le citoyen Triboulet, une journée de vic-
toire, et l'on peut dire qu'il a couche :.ur le chatNp de
bataille. Après des eSbrts passionnés et persévérants,
il a obtenu que l'église de Grisy fût desaf&ctée, et
que le mobilier en fut vendu à l'encan. Ce qui fut
fait, hier dimanche, à l'heure des vêpres.
Mais ce n'est là qu'un dénouement, une co '.clusion
.d'une lutte dramatique, avec alternatives et péripé-
ties, et cette histoire vaut qu'on la raconte. Ce maire
« avancé t qui, par une ironie, s'appelie du même
nom que le familier connu d'un roi, colore d'un jaco-
binisme ardent sa libre pensée. Cet esprit an'ranchi
se plait à molester les autres. Il y travaille délibéré-
ment et avec suite. Jadis la municipalité de Grisy
avait eu avec i'evêche de bons !:apports. La com-
mune ayant besoin de l'emplacement du pres-
bytère pour le transformer on esplanade, une
convention intervint, d'après laquelle le presbytère
fut démoli, une autre habitation ëtant promise au
curé. On avait compte sans l'avènement de M. Tri-
boulet, qui, aussitôt installe a la mairie, déchira le
traite, refusa le logement, et à lui seul, devançant
les temps, rompit sans façon le Concordat. C'était, eh
eSet.'soos le régime concordatail'e. Un ndèt& assura
au curé un abri. Mais voici une invention piquante
dujRaJLC&.nQuveau venu. L'argent qu'il n'avait pas
~vouUt trouver pour faire honneur a la signature do
sou prédécesseur, il crut spirituel de, l'employer un~
peu plus tard a construire un clocher laïque, beffroi
qui fut inauguré à la mode jacobine par un vin
d'honneur, et dont la cloche se met en branle pour
les mariages et les enterrements civils, s'il y en a.
Ces choses, disions-nous, se passaient avant la loi
de séparation. La séparation, devait fournir à M. Trt-
houlet une carrière nouvelle.. L'église de Grisy est
vieille. Quand s'inaugura le nouveau régime, elle était
surlepointdedevMnr!nhabitablo,faute de réparations.
En i907, une chapelle en bois fut construite, pour les
;be~oins de la paroisse, dans le jardin;.de la maison
offerte au cure. Le catéchisme, pourtant, continuait
de s'enseigner dans l'église, pour empêcher la pre-
scription par non usage, qui devait permettre do la
rescence. Mais il faut se garer de l'amour-
passion, de l'éternelle Dalila < Plutôt, tomber
entre les mains d'un assassin que dans le rêve
d'une femme ardente. Les plus antipathiques
sont justement celles qui visent à l'élite, à l'hé-
roïsme. Le ferme génie de Mme de Staël,'le
caractère cornélien de Mme Roland lui font un
effet comique. Il définira George Sand (nous en
demandons pardon au lecteur) la vache écri-
vassière aux mamelles gonnées d'encre, dévo-
sentiments généreux. II juge la femme sa-
vante selon l'esprit du bonhomme Chrysale, et
soupçonne chez elle quelque tare physiologi-
que. La femme émancipée « viole la loi de
l'éternel féminin
Dans sa confession dernière, Ecce jSoMM,
où l'on voit poindre la folie des grandeurs, il
croit bien connaître les femmes < Qui sait? 1-
peut-être suis-je le premier psychologue de
l'éternel féminin Pour nous le prouver, il
écrit: :< Quel dangereux petit faune, qui sait
ramper et ronger Et si agréable avec cela. La
femme est inSniment plus méchante que
l'homme, elle est plus maligne. Chez la femme,
la bonté est déjà une forme de la <~<~irc.s-
ccMce. Toutes celles que l'on appelle de belles
âmes SoùSrent au fond d'elles-mêmes d'un in-
convénient physiologique. Je ne dis pas tout,
autrement je deviendrais médicynique
Il est naturellement l'enpemi-né du mouve-
ment égalitaire et démocratique pour l'émanci-
pation des femmes < La lutte pour les droits
égaux est déjà un symptôme de maladie, tous
les médecins le savent. La seule faço.n de gué-
rir une femme, de faire son salut, c'est la ma-
ternité (Nietzsche exprime la chose plus crû-
ment). Pas d'égalité, pas d'entente possible
entre les hommes et les femmes: < L'unique
dé:6nition de l'amour digne d'un philosophe eat
îâ suivante L'amour vit de'ïa guerre, il cacha
au fond la haine mortelle des sexes. mancipation de la femme, c'est le nom ~ue
prend la haine instinctive de la femme mah-
quée, c'est-à-dire incapable d'enfantement, ~o.n-
tre la femme d'une bonne venue. lui s~evâut
elle-même, sous le nom de <: femme en soi de
< femme supérieure de < femme idéaliste
ces femmes tendent à abaisser le niveau général
de la femme iln'yapasde plus sûr moyen pour
cela que l'éducation des lycées, les culottes et
les droits politiques de la bête électorale, On
souscrit à ces boutades de Nietzsche contre les
femmes qui agacent. Mais il ne fait pas plus de
cas des femmes de modestie et de vertu. Un ar-
ticle de son code de morale à l'envers préconise
1 (MsaH'ecte' Mais ta municipalité, refusant l'entretien
le plus urgent, se fournit à elle-même un argument
pour obtenir cette desaSëetation. Telle est la victoire
de M. Triboulet.
H en a pu jouir l'après-midi d'hier, présidant
les enchères où se sont vendus candélabres, chasu-
1 bles, manipules, étales. Ajoutons les images de
sainteté, statues de plâtre et christs de bois. Fai-
sait-il a Grisy le mGrno temps qu'à Paris? Si quelque
vêtement sacerdotal, aube ou dalmatiqae, acheté à
vil prix par un gars du pays, a traîne dans la boue,
les vœux de M. le maire furent sans doute accomplis.
Oh dit que dos vases d'autel allèrent au cabaret. Ce
haut goût dans la profanation révolte. 1ns esprits,
pour peu qu'ils aient garde quelque chose de cette li-
bcrte que ia municipalité de Grisy.a tout à fait perdue:
Nous n'avons pas encore dit; toute l'œuvre de
M. Triboutei~ ut nous nous reprocherions de le frus-
.trerdans la moindre mesure. Il y avait au cimetière
de Grisy deux croix l'une à la porte d'entrée, au-
dessus du linteau, l'autre dans l'intérieur, au car-
~refot'r centraL'Sous prétexte qu'elle gênait les
.chat's funèbres,–da)ts u:n village où les cercueils
sont tous aortes à bras, cpHe.do l~,porie..fut enle-.
~.f;A'l'au~cë~M.'TMbbcI'at repr6cha~ d'empeci~
e~olutions;des mêmes charsiëHl là~t a'ba'ttre. Abat-~
t'ue,. jetée dans un fosse, dans 1& pêlB-]ï)êIe 'des Serbes
arrach6es, elle irrita encore son regard et il décida sa
'destruction. Mais sa fureur iconoclaste~dut attendre
et B'ë~aspërer. Aubout de deux a:ns seulement, il
'trouva un- bji'as pour, lo servir. Est-ce tout? Pas en-
ooro. Il fallàiHejtraitntial d'un ridicule épais. Grisy
i a pour patron saint Medard et la fête du vil-
lage se célébrait le jour où le calendrier porte
ce. nom: s'il es~ un saint peu .provocant, et.auf
f poar les ~parapluies, c'est bien celui-là. II n'a
pas ëte roi de France, comme cet autre, assez respecte
pourtant, m('.me dans les manuels; il n'a .fonde, que
nous sachions, .congrégation ni couvent. Il est fait,
dirait-on, pour d6sarmer l'aBticlëricaiis'me le plus
leroee. M. Triboulet n'a c&pondant pu to!6reT que le
village lui rendit cette manière d'hommage quicon-
sistait à danser.et à tirer quelques pétards le 8 juin.
Et la fête de la;commune dût changer sa date.
Nous entendions à ce sujet, évoquer M. Harnais.
C'était faire tort au héros de Flaubert.
M.Homais n'eut pas la pens~ede d6baptiser sa com-
muuq du'nom clérical d'YoaviHe-1'Abbaye. Quant .à la
qojBsthm du presbytÈre, il se f&t piquô de tolérance,
et pe~t-être eût-il trouve élégant d'pifrir son toit à
M)b6 Bourilist'en. Mais le progrès des lumières a a
donne à'l'antMtericalismë quelque chose déplus for-
cené. Nous livrons l'exemple de Grisy aux medita-
ti~na du pouvoir pour qu'il connaisse .comment, dans
.certaines campagnes, on entend la liberté des cultes
.6tIepIu.sclHmentairorcsB.ect .des consciences.
j~U ~Q~TJH LE JOUR
NATHAN LE MAIRE N'EST PAS NATHAN LE SAGE
Une coalition de radicaux et de socialistes
ayantdëlégueà ta .mairie de Rome un grand
homme selon son cœur, M. Ernest Nathan, une
ère de difficultés municipales et politiques a
commence aussitôt dans la Ville Eternelle. Pas-
sons sous sitence les fautes politiques dont le
syndic de Rome s'est rendu coupable. Cela n'est
pointde notre ressort. Mais il faut qu'en dehors
d'Italie des voix étrangères s'élèvent pouf prp-
tester, au nom de principes qui n'ont rien de
politique, contre les mutilations que le syndic
Nathan et ses amis s'apprêtent à faire, subir à la
Ville Eternelle, passagèrement soumise à leur
caprice. Voici, dans toute sa brutalité, la trans-
formation qu'ils se. proposent d'accomplir. Le
Capitole comprend, comme on sait, trois palais.
Distincts par la volonté deMichel-Ange ils sont,
dans certaines occasions solennelles, provisoire-
ment reliés entre eux. Mais sitôt les bannières
amenées et les lampions éteints, ils recouvrent
i.~ûr disposition pnniitive.-Ges tco'is palats,.te
syndtc Nathan et ses amis o~nt-décidé/'ôe, les
'sëuder à jamais. Déjà le plan de cette restaura-,
tien est arrêté, le principe voté, l'exécution re-
mise à un entrepreneur judicieusement choisi.
Rome, plus encore quePai'is,asounertdes
vandales. Elle a laissé commettre, sans se révol-
ter, des abominations dont l'empreinte-ne s'ef-
facera pas. Cette fois, cependant, les vandales
avaient trop présumé d& l'Indifférence de leurs
victimes. Dans un généreux élan, la Rome intel-
lectuelle, la Rome artistique, la Rome qui a le
sens et le respect de son passé, la Rome, en un
mot, que M. Nathan ne connaît pas, s'es.t insur-
gée. Elle a commencé par faire entendre de vi-
une'entière liberté de mœurs, une liberté de'
faunes et de nymphes en harmonie avec sa
doctrine, constant appel à l'instinct contre la
raison, & Hercule et à Dionysos contre Socrate
et contre Jésus:<: Je préférerais, dit-il, être
considéré comme un satyre plutôt que comme
un sainte.
~uand on lit. après cela la biographie de
Nietzsche, ses paradoxes font plutôt l'effet
d'tfne revanche et d'un contraste. Il se natte de
connaître les femmes. Ses intuitions n'ont rien
de proche, d'immédiat~-Bans son -Ecce .a~O, il
parle de Iui-mêp!e comme de quelqu'un qui,
après saquarante'-quatrièmo année, ~)eut dire
qu'il~ ne s'est jamais soucié «d'honneurs, de
femmes et d'at-gent Et pourtant « les femmes
~l'aiment.toutea~. ASnde remédier & son hu-
meur, Wagner lui avait fait donner le conseil
« soit d'en voler une, soit d'en épouser une
Aox fêtes d'inauguration de Bayreuth, lorsqu'il
était déjà waghérien libéré, il partit soudain,
Men qu'une charmante Parisienne eût tenté de
le consoler. Il fuyait, mais non vers les saules.
Nietzsche témoignait aux jeunes femmes beau-
coup de réserve il avait conscience du danger
qu'on court auprès d'elles. A l'égard des per-
sonnes âgées, ses égards étaient plus empres-
ses. Il s'était lié d'une étroite amitié avec
MHe de Meysenbug, familière du cercle de Ri-
chard Wagner. Fille d'un ministre de petite
cour allemande, Mlle de Meysenbug, en dépit
de sa naissance et de son éducation, avait été
entraînée dans les tourbillons du siècle. Socia-
liste en 1848, elle suivait les proscrits à Lon-
dres, fréquentait Louis Blanc, Mazzini, Herzen
dont elle adopta les enfants. Puis elle était
devenue wagnérienne. C'était, nous dit M.
DmieÏ Halévy, une femme de grand cœur
ses .M~MO~s (!'t
professait pout'~Tidéaitisme féminin. ~ÏUé de
Meysenbug jouait preade Nietzsche le même
rôle que sa sœur Lisbeth, à laquelle il était
tendrement attache. Installée avec lui &
SofTente, elle organisait la vie commune avec
quelques amis d'élection. Nietzsche s'était lié
avec un docteur d'Uni versitô, Paul Rée, dont
Wagner, antisémite, l'avait conseillé de se dé-
Ber.Rée était un espritméphistophéliquo, auteur
d'un ess~i sur La Rochefoucauld. Guéri de son
enthousiasme wagnérien, Nietzsche préludait
aux idéea de sa philosophie destructive, à .coups
de~ marteau. MHed& Meysenbug en était ef-
frayée: bien que détachée du christianisme,
elle restait eagûncôe dans le préjugé moral,
hmMMtairo,
goureuses, mais courtoises protestations. Un
autre que M. Nathan eût compris peut-être sur
quelle pente dangereuse il s'engageait. I! eût fait
machine arrière et le conflit se fût apaise.
Mais le maire radical-socialiste de Rome est dé-
voré de cette fureur dictatoriale si commune
chez les enfants chéris de la démagogie. Son
plan lui a paru plus beau de le voir blâmé par
tous les gens de goût :< Les artistes hurlent:
t~M~ re~-o ~/aMa./ s'est-il écrie. D'une façon ou
d'une autre, Satan ira'de l'avant! n
Et Satan s'apprête à faire comme i) a dit. Et
la guerre municipale est aujourd'hui engagée
~y'~ MM~'o~ /7~M. Une réunion plénière de
tous les artistes et amis des arts tenue à Rome
vendredi dernier montre les troupes enrôlées
sous le drapeau du Bon Sens et .du Goût pleines
de vigueur et pleines de: confiance. Elles sont
commandées par des chefs Ulustres le prince
.Alphonse Dona, MM..David Galandrâ, Adol-,
phe.. Venturi,Victor: Pica, 'le génial sculp-
teur.Bi-stoi.fiy ~De~IMre.é~tiëre" ~!tës"~ont1
reçu .d&s;i.ém9ignages:id'apprôbàttôn et' des
~dhés~Gns.passionnées. Parmi l€s plus si-~
gnincàtives, citons celle de M. Cavenaghi,
fë restaurateur du. Cenaco/o de Léonard. Ita-
liens du.'Nord e): du Midi, .tous les Italiens
qui comptent s'accordent a;<. flétrir B comme on
dit aujpurd'.hui, la mégalomanie malfaisante de
M: le syndic Ern.est Nathan et à déplorer le sa-
crilège où il s'apprête, avec l'aide de ses amis
du R/oc. Jusqu'au présent d'ailleurs, les édiles
radicaux-socialistes tiennent bon. Le vent qui
souffle sur lé C{~Mp:~og//o, sur ce C~o~/ïb
qui renferme aujourd'hui la Maison de Ville,
doit être encore sàturé,depuis les jours anciens,
dé cet esprit de folie dont Jupiter frappait ceux
qu'il veut perdre.
Puisse la protestation indignée de toute une
ville–'et quelle-ville!avoir raison de ses
maîtres indignes et puisse la municipalité ro-
maine s'apercevoir tantôt que la Roche tar-
péienheestpresdesonCapitoIe!
.MAURICE MURET.
O~t
La ~pM/~Me Autour de /OjRïpM~~Ke de
et /e~ c~t7Mla Nation, on a posé une
douzaine de crocodiles en bronze qui, rangés en
cercle: dans le bassin, crachent de l'eau la .6-
gurë'dé n'ofre gouvernement.. Lë-C~t ~e. ~M
-a~an'tmarn'festé'â'ce s'ujët une certaine surprise,
M. Chautard vient de lui adresser une lettre ex-
plicative, car il présidait la commission munici-
pale qui fut chargée, à la mort du sculpteur,
d'étudier les dispositions à prendre pour ache-
ver le monument. Dalou lui-même.avait eu,
parait-il, l'idée de ces caïmans; il en avait établi
des maquettes que M. Gardet a seulement mises.
en état d'être jetées en bronze. Op ne saurait
donc reprocher à ce dernier artiste d'avoir al-
téré l'œuvre de son confrère. Reste à savoir si
les crocodiles font bien. Ce n'est pas l'avis du
C/<~e.PM. Chautard qui est persuadé que Dalou se se-
rait ravisé s'il avait pu juger de l'effet de ses
caïmans. Mais que faire? quand un artiste
meurt avant d'avoir achevé son œuvre, nu!
n'a le droit de la modifier, même sous le
prétexte de la rendre plus parfaite, et, plus
que personne, une assemblée politique., étran-
gère aux questions d'art, doit s'abstenir de toute
intervention. II y a beaucoup adiré là-dessus.
D'abord, et quoi qu'en pensent les édiles
parisiens, un Conseil municipal n'est pas une
assemblée politique, mais .un -corps chargé
'~adn~mstrer .les intérêts de la vilte, tes Htté-
réts artistiques aussi bten que les autres. De.
plus, s'il est interdit de modifier l'œuvre d'un
maître défunt, IL est toujours permis de la lais-
ser incomplète; le nombre est grand des chefs-
d'œuvre inachevés qui' restent tout de même
des chefs-d'œuvre. Les crocodiles de la place de
la. Nation semblaient d'autant moins nécessai-
res que depuis prés de vingt ans la jR~DM~~MC
s'en passait et qu'ils n'avaient pas l'air de lui
manquer. Aussi bien,'que font là ces sauriens
Auxtemps de la Haute-Cour, on parlait des
a caïmans du Sénat mais Dalou avait l'âme
.trop constitutionnelle pour qù'on le soupçonne
Soucieuse de marier Nietzsche (6), elle crut
avoir découvert la femme qui lui convenait.
C'était en 1882, Nietzsche avait alors trente-huit
ans. Mlle Lou Salome, jeune Russe de vingt ans
& peine, admirable d'ardeur intellectuelle, &
défaut de beauté régulière possédait la séduc-
tion. M. Halôvy la rapproche de Marie Basçh-
kirscheS' « de ces demoiselles excitées natives
de Kief, de Philadelphie ou de Bucarest qu'on
voit surgir ainsi à Paris, Florence ou Rome, et
qut vienn~ht;avec tttie i~patience~ barbare,-
s'initier & la culture occidentale. Celle-là était
de qua)it6 rare. La présentation eut pour ca-
dre l'église Saint-Pierre de Rome. Nietzsche
tombait aussitôt sous le charme < C'est une
âme, disait-il, qui, d'un souffle, s'est créé un
petit corps. Cependant il ne semblait pas dé-
sirer la conquérir.
Rée connaissait Mlle Salomé de plus longue
date, et il en était pareillement épris. Nietzsche
disait à son ami « C'est une femme admirable,
épousez-la. a–Non, répondait celui-ci; je suis
pessimiste, l'idée de propager la vie humaine
m'est odieuse. Vous-même, épousez-la, c'est la
femme qu'il vous faut. Me marier ? Jamais
ripostait Nietzsche; il faudrait que je m'éta-
blisse menteur quelque part. Cependant il se
décidait à faire sa demande, mais par message
et ambassade. Ce n'est pas qu'il recherchât <. le
pitoyable plaisir qu'on éprouve à deux A
rencontre de ses théories, il dédaignait < tout
lien de chair Le souci des enfants n'existait
pas pour lui. Il avait mis dans son programme
de les faire élever par ses amis. Il voulait seu-
lement, en épousant MMe Salomé, obvier aux
bavardages.EHe écartalaproposition, alléguant
ce motif qu~une tristesse de cœur la laissait
sans force pour concevoir un nouvel amom*.
Hs~ s'en tinrent donc & l'amitié, une amitié
très orageuse. MUe Satomé avait dédié à son
philosophe deux poésies en aHemand,un-7t~e
la ~OM~My et un 7!~Mte a ~'anM~ que Nietzs-
che mit en musique (chœur mixte avec or-
chestre) et qui se terminait par ces vers « S'il
ne te reste plus de bonheur &' me donner,
eh bien! 1 tu as encore de la peine. La peine
fut pour le Surhomme l'aventure tourna vite
au tragique. II se souciait moins de voir la
jeune Russe partager ses sentiments que de lui
imposer ses idées et do. la soumettre à l'escla-
vage intellectuelle plus absolu. Au bout de
quelques mois, il finit par soupçonner, à tort
ou à raison, que son ami Rée et la balle
se moquaient de lui. Il y eut 'éclat < Des créa-
(ti) Nous suivons ici, en t'abrégeant, te récit do M. Da-
niel Hai
d'avoir voulu donner à cette métaphore irrévé-
rencieuse l'éternité du bronze. A-t-il prétendu
nous montrer dans ces crocodiles outrageux
les perndes ennemis de nos institutions? Si tel
fut son dessein, le symbole n'est pas clair. Le
sculpteur eût mieux fait de mettre des gre-
nouilles, comme dans le bassin de Latone;
tout le monde eût reconnu les grenouilles qui
demandent un roi.
Z.~co//ec/!OH M; George Salting, le célèbre
Sa~/?: collectionneur, est mort la sc-
maine dernière à Londres dans
le modeste appartement, composé de deux
chambres, qu'il occupait depuis de longues
années au dernier étage du Thatched House
Club. On annonce officiellement qu'il laisse à
l'Angleterre toutes ses collections. C'est le don
artistique le plus plus somptueux qu'elle aura
reeuëillï.'aepui-s qa*éHe'a''héri-té de la 'colfection
-Wallace. Né eh-Australie, d'un père .danois,, en
J.83Q, puis'élévé?eh Angleterre, 7 George''ëaltiag
était déjà d'un âge mûr quand il commença à
emplQyerIês"i~venus":dë la grosse fortune que
lui avait laissée .son père à acheter des objets
d'art. Porcelaines de Chine, faïences d'Europe
et d'Orient, miniatures, meubles, œuvres de la
Renaissance, tableaux hollandais,' flamands, ita-
liens, allemands, anglais, il y a de tout dans ses
collections. Ce que valent css deux ou trois
cents tableaux, ces innombrables céramiques,
meubles précieux, on ne saurait le dire. On es-
time à cinq millions déjà les objets prêtés par
M. Salting au musée de South Kensington, où
ils sonten dépôt depuis plus de dix ans. Il faut
y ajouter la valeur des peintures qu'il avait dé-
posées à la Galerie nationale, celle des tableaux
préférés qu'il gardait auprès de lui et qui cou-
vraient les murs de ses deux chambres, enfin
celle des miniatures que, dans sa vieillesse, il
collectionnait avec amour et dont il avait réuni
d'admirables spécimens, de tous les genres et
de tous-les temps. On s'était toujours demandé,
dans les milieux artistiques, ce que deviendrait
la collection Salting. On est maintenant fixé.
Les objets qui en font partie et qui se trouvent
dans les musées nationaux y' resteront les autres
iront bientôt les rejoindre. H ne reste qu'à féli-
citer et envier l'Angleterre qui, en si-peu de
temps, a vu ses trésors artistiques s'enrichir des
jdeux collections Wallace et Salting.
L'MrMet!OH ~smMiah BH Mr:3he
Dimanche matin, & une heure~ un quart, la
séance de la Chambre des députés autrichienne,
qu.i durait depuis quatre-vingt-six heures sans
interruption, a pu enfin être levée. L'atmo-
sphère, dans la salle des séances, était devenue
irrespirable on ne s'y voyait plus, et il régnait
une odeur comparable à celle d'un vagon de
troisième classe où les voyageurs au complet
auraient passé la nuit portes et fenêtres closes.
Il était vraiment temps d'aérer cet immense
dortoir. Contrairement à toute attente, ce sont
les obstructionnistes eux-mêmes, les membres
de l'Union slave, qui ont pris l'initiative d'une
solution. Les députés Krek, Kramarz, UdrzaI
et Sustersitch ont déposé une motion d'urgence
tendante à modifier la loi du 12 mai 1873 fixant
le règlement de la Chambre des députés de
manière à permettre au président de prendre
toutes les mesures utiles pour maintenir l'or-*
dre. A cet effet, le président devait être auto-
-ri8ëi&t!en;v.ay~r ea Bu de séance la -comani-
-BtMa~i&B~es !Boti&ïMd'tn'geRce,& faire procéder
aux votes simplement pas assis et levés, et a
exclure de la Chambre pendant trois séances
les députés qui porteraient gravement atteinte
à la dignité de l'Assemblée ou troubleraient
l'ordre. Cette quasi-dictature du président de-
vait durer jusqu'au 31 décembre 191&.I1 était
sous-entendu que da;ns l'intervalle il serait pro-
cédé à un remaniement général du règlement.
Cette motion~ pour laquelle ses auteurs de-
mandaient la discussion. immédiate, surprit et
déconcerta les partis allemands. En eUe-même~
elle paraissait raisonnable, puisque son ado~
tion devait mettre 6n à l'interminable séance
tures de votre sorte, écrivait Nietzsche à Mlle
Salomé, ne sont supportables que quand elles
ont un but ~eu~. Que vous êtes pauvre en con-
naissance, en courtoisie, en vénération, en dé-
licatesse. Je ne parle pas de choses plus
hautes. On a de lui un brouillon de lettre à
Paul Rée où il se dit comblé de dégoût pour un
individu do sa sorte, insidieux, menteur et
fourbe, qui a pu se dire, pendant des années,
son ami. Comme si l'on pouvait se fier a un
ami.vquelqu~IsQit; lorsqu'une femme est delà
partie.
.Vers 1888, Paul Rée et Mlle Salomé vivaient
& Berlin fraternellement, à ce qu'ils disaient.
Rée aida Mlle Lou à composer un livre < très
intelligent et.trôs noble sur Nietzsche, qui lui
avait donné l'auréole.
Sous le ciel alcyonien de Nice, le philosophe
errant éprouva quelques nouvelles velléitésma-
trimoniales, encouragées par sa sœur Lisbeth
ravie de l'ancienne rupture avec l'étrangère.
«Mais ne rendrais-jo pas, disait-il, une jeune
fille malheureuse par mes idées, et n'en souu'ri-
rais-je pas moi-même?~ »
Une femme mystérieuse et voilée traverse on
1887 la vie-de Nietzsche: ils se rendent en-
semble aMonte-CarIo.JL.es mœurs sont libres
dans les pensions méditerranéennes, remarque
M.Daniel Halévy. Très circonspect, Nietxsche
ne prêtait guère à la médisance;
Sa dernière aventure de cœur pourrait ûgu-
rer parmi les contes fantastiques d'Honmann.
Peu avant de sombrer dans la folie, il se remé-
morait avec attendrissement les jours bienheu-
reux passés dans l'île enchantée de Triebschen
auprès de Wagner, sous l'inspiration de ses
chefs-d'œuvre, avant l'apothéose de Bayrcuth.
Choyé jadis & titre d'enthousiaste, de prosélyte
génial, il s'imaginait maintenant qu'il avait
aimé Mme Cosima Wagner, qu'elle aurait" re-
pondu & sa passion s~H'1'avait connue quelques
années plus tôt. Cette Ella de Lixst et de la
comtesse d'Agout, créature admirable, dôuéa
par deux races, l'aurait sauvé, pensait-il,.
comme elle avait sauvé Wagner par elle il au-
rait connu gloire, amour, amitié. Dément, il
lui écrivait: «Ariane, je t'aime. II s'incarnait
en Bacchus, devenu l'époux d'Ariane abandon-
née par l'ingrat Thésée.
Dans ses jours de maladie, Ki&tzsehe rêvait
pour son Surhomme la santé de la < bête
blonde il préférait le satyre ausaint.Pauvre,
sans patrie, sans foyer, solitaire, méconnu, il
vécut en ascète ou demi ascète ce qui prouve
une fois déplus que notre idéal c'est notre la-
cune. J. BOURDEAU.
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