Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1909-09-15
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Description : 15 septembre 1909 15 septembre 1909
Description : 1909/09/15 (Numéro 256). 1909/09/15 (Numéro 256).
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Restauration - Monarchie de Juillet (1814-1848)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/11/2007
EL, jài ÏFWiJaLim'CaBi "Le» l^tàôëfo 1Q CeisMïxie^
^256T -^Î2P HNNÉEÎ
."r. Sf~
ÉO-^fi^ffifes fôNflmêyo >~ ^Mires 'tout^
MERCREDI 15 SEPTEMBRE Y
1909
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
17, Bue des Prêlres-Saint-Germain-rAuxerrois, 17
PARIS 1"
MERCREDI! 5 SEPTEMBRE
1909
11 PRIX DE L'ABONNEMENT
TROIS MOIS SIX MOIS UN AS
Franr,e, Colonies et Alsace-
~~n~ 10'fr. ~fr. 40~.
ICfr. 32fr. 64fr.
ON S'ABONNE: En Province et V t'ElwuJge»
j»as t»os,teî Bnïeauvde P?slo
~ABCMN~TS PAn-n~ DU iG .B C~OŒHO~-
V LES ANNONCES SONÏ K1SV^=>
Ott MM. Lagrange, Cerf el
POLITIQUES ET LITTÉRAIRES
•ADRESSE TÉLÉGRAPHIQUE DÉBATS-PÀItïS' ;;5
_t l Administration 103,00
:*èLEPnom. j Réd^ction. r 103.01
5POT7TES LÈS LETTRES ET COMMUNICATIONS
doivent être adressées '̃'
49» rue des Prctres-Salnt-Gcfniain-I'Aaxcïroîs, 17
SOMMAIRE
IUdicaux ET Socialistes.
Ad Jour le Jodr. Plaisirs polaires. Paul
Ginisty.
Lettres romaines. M. P.
A l'Etranger. Les Mffaires du Maroc.
La découverte du pôle Nord.
Nouvelles DU Jour.
Les qnq générations DU romantismb allemand.
Ernest Seillière.
Une Idole en Exil. [44] Anstay.
Variétés. Un drame napoléonien de Thomas
Eardy. Maurice Lanoire.
RADIOABX EJJOCÎAUSTËS
îibus avons signale à mn heure la iiiotioa
adoptée par le Conseil fédéral du parti socia-
liste:*EMe< es-t- devenue, depuis quelques^ jours,
l'objet de commentaires copieux, et l'on peut
la comparer à ces textes submergés par les
gloses. Entre tous, les radicaux s'attachent à
son examen ils la tournent, la retournent, en
sollicitent le sens. Et ce qu'ils en tirent les dé-
sole. Ils y lisent, en effet, une déclaration
de guerre à leur adresse, en même temps
qu'à celle du .nouveau Cabinet. Car il y est
dit que tout gouvernement, en période capi-
taliste, « représente nécessairement l'intérêt
de la bourgeoisie » et doit, par cela même,
être combattu comme l'ennemi du prolétariat.
Plus loin, le ministère Briand est qualifié en-
core, à peu près en propres termes, de minis-
tère bourgeois. Le mot est relevé, ce matin,
«vec amertume, parr M. Dalrmier, qui exhale ses
pMates en une colonne de. la Lcmlernr, tandis
qaeM, Lâfferre confie ses tristesses aux Iécr-
teûrs du Rapiiel. « Boui'geois », lés radicaux, y
«Sœpris les- vadièauiXrS&ciaUstes^sentent.iue ee
vocable les désigneet les condamne tout comme
des modérés. Reconnaissons que c'est de quoi
lés peiner par le regret de beaucoup de dis-
cours et de beaucoup d'efforts démontrés inu-
tiles. ¥aineiùént, ils se sont le mieux possible
approprié l'attitude et le langage de^ï«u,pé-^«i=--
i' d~t le langage
siiis d'extrême gauche, ils restent classés
du côté du capital et, comme tels, répudiés.
GeJéade rétro ne les attriste pas seulement:
il les défconcerte. L'article de M. Lâfferre sur-
tout trahit un désappointement vif et marque,
si nous osons dire, de la décontenance. Mais
aussi combien fallacieuse fut, ces mois der-
niers, la politique des socialistes. Qu'on se
rappelle, écrit M. Lâfferre, « en quels termes
insinuants certains députés unifiés, et non des
moindres, nous invitaient à changer de minis-
tère, nous promettant que l'apaisement s'en-
suivrait comme par miracle ». M. Clemenceau
est renversé. A ce chef de gouvernement qui
avait apporté au pouvoir des habitudes invété-
rées d'homme de combat, succède un politique
Kouple, dont les premières paroles sont de
conciliation et dont les premiers actes confié 1
ment les discours. Les radicaux, bien qu'il ne
soit pas des leurs, l'acceptent, lui font con-
fiance. Or, qu'arrive-t-il? Le socialisme, dont
il est issu, lui signifie et, du même coup, à
tous les Cabinets radicaux possibles une hos-
tilité sans merci. Donc, la condition stipulée de
la détente a été remplie le gouverment honni
par les unifiés est tombé; sur la foi de leurs
promesses les r'atdicaùx* «rbieïrt • pouvoir lëut
tendre la mai^ et voilà cette maia repoussée.
M. Lâfferre avoue sa déconvenue cruelle
«C'est à désespérer de toute méthode d'apaise-
ment. » Non moins troublé dans sa logique, et
déçu, M. Dalimier jette sa langue aux chiens
̃c Comprenne qui pourra !» °
Le président du Comité directeur qui siège
rue de Valois ne se montre pas seulement
trompé dans son attente et ulcéré d'un manque
de foi; il déclare son inquiétude pour l'avenir.
Cet état d'esprit nous promet de beaux
gestes. » M. Dalimier a pareille appréhension
« Le parti socialiste va-t-il donc demeurer l'ad-
versaire de tous les gouvernements républi-
cains jusqu'au jour où, ayant à lui tout seul la
majorité au Sénat et à la Chambre, il pourra
gouverner à sa guise? > En d'autres termes,
va-t-il jouer sans relâche le rôle de brise-tout
jusqu'à ce que vienne le grand soir ? Ne devrait-
il pas, pour l'instant, faire trêve en faveur de ce
qu'il y a de changé. Car il y a quelque chose de
changé. M. Dalimier s'évertue à en faire la preu-
ve.Il essaye de prendre les socialistes par le rai-
PIUILIETON DU JOURNAL DES DÉBATS
du 15 septembre ltMM>
~USCt~m~TM~S
M ROMANTISME ÂLLEMAD
On reconnaît généralement dans Rousseau 1
'le principal initiateur du romantisme européen
et dans Werther, qui est de 1774, le premier
héros romantique. On n'ignore pas non plus
que le romantisme allemand s'épammit vers
1800, au temps de Chateaubriand ou de Senan-
cour, et le romantisme français proprement dit
vers 1830 seulement. Les hommes de 1860,
Flaubert, Baudelaire, d'Aurevilly, Tolstoï, ce
Rousseau de la Moscovie, Ibsen, avec son âpre
individualisme, le Zola de Thérèse Raguin, en
attendant celui de Fécondité ont frappé par
Jeur romantisme latent nos critiques les plus
nersnicàces. Enfin les moralistes
au delà de nos frontières, ceux qui conser-
vent une suffisante jeunesse d'impression pour
^profiter des; enseignements 4u présent et pour
discerner autour" d'eux les présages d'avenir,
noiiV montrent de purs romantiques dans lés
i&erpvètes de la géilëratioà Mtimîlë^ Met -Ôfl-"
wd» M- Maui-içe ,Mwet ,ne. présentait-il pas,
dans Une «aptivante étude (i), le Sanine de
MV Artzibachef comme le frère d'Obermann, dé
Benô, d'Antoriy, de Julien Sorel, de Bel-Ami.et
de des Esseintes ? De si évidentes parentés mo-y
jales semblent pouvoir s'expliquer par la pa-
renté du sang et par la filiation intellectuelle
qui relie les générations successives de l'une
à l'antre, les formes d'expression auraient
seules changé avec la mode du jour, le fond `
étant demeuré à peu près le même, et la ten-
dance spécifique du tempérament, qui est l'in-
Y rvi:?!_
(1) Revue de Raris, 15 août i'J09.
îttgprodwtton interdits. >-
sonnêment, même parles sentiments. Vont-ils, j
avecuneintransigeanceirréductible^renier-î-ef- j
fort qu'ils onttoujoursdonnépour les réformes»? j
Laisseront-ils les radicaux combattre seuls le
bon combat pour le progrès ? La révolution so-
ciale leur apparaît-elle, décidément, comme
l'unique moyen d'arriver à la justice sociale ? î
Les interrogations pressantes se succèdent,
dans la pensée de M. Dalimier, comme les
points d'interrogation dans sa prose, et il s'y
accuse beaucoup d'angoisse.
Il veut, malgré tout; ne pas désespérer. Les
socialistes craindront de déconcerter le pays,
comme ils déconcertent les dirigeants du radi-
calisme. Ils renonceront, à l'égard du nouveau
ministère, à une hostilité a priori. L'oubli se
fera sur d'aigres polémiques, et l'on peut en-
trevoir la possibilité d' « une coopération loyale
pour une œuvre loyale ». Un Congrès ne s'an-
nônce-t-il pas où cette question se posera?
M. Dalimier en appelle à ces prochaines
assises socialistes où s'imposera l'option
« entre .la politique. jus#rectionoelle de M.
Hersé, l'isolement de M. Jules Guesde et
la pblitique.de collaboration préconisée par les
amis de M. Jaurès ». Ces amis de M. Jaurès,
nous les connaissons. Quelques-uns d'entre eux
se montrent, ces temps-ci, particulièrement
actifs. Nous avons, à l'occasion, dit notre mot
sur la campagne menée par M. Varenne et M.
Breton, d'accord tous deux pour une entente
avec les, radicaux, différant seulement d'avis
sur le mode et le moment. Nul doute qu'ils ne
s'efforcent, au Congrès, de "faire .prévaloir une
politique d'alliance, toujours sûrs que la main
tendue de l'autre côté ne se retirera pas.
Car les radicaux r- ceux du moins de l'obé-
dience de la rue de Valois ne montrent ni
susceptibilité ni rancune. Leur humilité esta à
tou-lè épreuve et leur complaisance inlassabLe.
Jamais ne fut mieux pratiqué lé. précepte évan-
géliquè de l'oubli des injures. Et ce' serait ad-
mirable, si .ce n'était intéressé. Hier, dans sa
séance de clôturé, le Congrès radical du Ya.r
entendait son président affirmer pour le parti
l'ambition d'une hégémonie, réclamer pour lui
la « direction effective » de la politique. L'as-
semblée n'a pas manqué d'applaudir, sans
illusion peut-être sur la possibilité de cette
suprématie. Sur le 'texràïiL. parlementaire
plus encore que sur le terrain électoral, les
ràdicaùxse sentent5 faibles sans l'appui dès so-
cialistes. Ils ont conscience qu'ils rie peuvent
se passer de. cette canne bu dé cette beqtiiye..
De tendresse pour le collectivisme, ils n'en ont'.
guère, au fond « bourgeois » pour la plupart,
comme les qualifié le Conseil fédéral.. Mais l'é-
chéance de mai 1910 approche et prend à leurs
yeux un aspect menae.ant.Avee l'appoint des so-
cialistes,elle leur paraîtrait moins redoutable, et
que cet appoint se dérobe, c'est à quoi ils ne
peuvent se 'résigner.. M. Lâfferre laisse bien
voir que c'est là, pour lui, le' point sombre.
Ses récriminations douloureuses contre les so-
cialistes se concluent presque par ces mots
«Ils ne signeront sur le terrain électoral au-
cune entente vraiment profitable au «bloc de
gauche ».£etta p^evisioa noire nous semble, la-
vraié. D'aïliance, les socialistes n'eu voudront
pas; jaloux qu'ils sont d'user de leur liberté selon
les circonstances et les circonscriptions prati-
ciens d'opportunisme, acceptant ici les voix ra-
dicales, ailleurs les voix réactionnaires. Ne l'a-
t-on pas vu dans maintes élections partielles ?
Pour persévérer dans l'illusion où s'obstinent
•encoi'e aootbfe 4e radicaux, il faut presque de
jla.candeiiiv
Carie de grèwe. Les socialistes ont une ma-
nière à eux d'entendre la liberté du travail. Quelques
incidents fâcheux qui seront produits hier dans cer-
tains chantiers ont rappela comment les grévistes
respectent le droit de leurs camarades à ne pas faire
grève.. Mais voici, dit-on, qui.sera mieux si l'on en
croit le bruit qui court et auquel VHumanitè fait allu-
sion, les ouvriers du bâtiment qui ont participé à la
grève se proposent d'avoir une carte constatant leur
caractère de grévistes. Et c'est à propos de ce projet
que MRùmahïiè blâmant naturellement les ouvriers
qui ont continué de travailler écrit qu'ils voient déjà
ce qu'il en coûte de « déserter la cause des travail-
leurs au moment de la lutte », et qu' ils en feront
certainement une fois de plus l'expérience lorsqu'on
leur réclamera la carte de grève >. L'invention, si
elle est réelle, est en effet admirable. Exiger à l'entrée
d'un chantier où l'on travaille la preuve qu'on a
jadis cessé de travailler serait une belle nouveauté, et
l'on devine, comme l'indique l'Humanité, quelle vie
facile auraient sur les chantiers les ouvriers qui à
cause de leurs charges de famille ou d'une décision
personnelle n'ont pas participé au mouvement gré-
viste. Il ne resterait plus, après cela, qu'un pas à
dividualisme impatient, appuyé sur des convic- 1
tions mystiques trop souvent sans prudence, se
serait plutôt accentuée avec l'évolution déjà
plus que séculaire de cette illustre famille. Une
pareille tentative d'interprétation peut être ad-
mise dans la science morale, au moins comme
une de ces hypothèses explicatives que les
sciences exactes acceptent elles-mêmes au
cours de leur développement, quitte à les écar-
ter après que d'autres plus pénétrantes auront
été proposées.
Or, nous rencontrons une confirmation de
ces vues et une occasion de les éclairer par un
exemple dans l'excellente Histoire de la litté-
rature allemande (2) dont nous gratifie l'infati-
gable'; activité savante de M. A. Chuquet. Il est
superflu de rappeler quelle est sur ce point
l'autorité de l'éminént professeur au Collège
dé France, en qui le brillant historien de notre
épopée nationale n'a jamais réduit au silence
l'èrudit et pénétrant germaniste. Nous mettrons
à profit pour appuyer notre thèse les derniers
chapitres de son livre.
Le dix-huitième siècle allemand débute par
tin mouvemeni intetléctueï, fort justifié; et. fort
sage, celui d& YA.it fkiaerung: que domine le
grand nom de Leibniz et qui correspond à l'œu-
vre française dés Montesquieu, dès Voltaire et
des: premiers i éncjrClopé/disteS. "Mais bientôt
Klopstocï^ un ^mystique; teinté Vdè: bizarrerie,
Instauré en AliôBiagne iè eûltô de la sensibilité
et prépare en même .tempg le teutoTiisme rp-
'niàriti^ûé. Sa grande ̃'Ipopée^vangéligUe fait
couler des torrents de larmes ses drames sur
Arminiùs, le vaifiqiieurdes légions romaines,
exaltent la jeunesse s alleinaria'e. Déjà ses héros
ont lajoué en feû, le regard iehargô d'éclairs et
levé vers le ciel leur cœur palpite une divine
ivresse les transporte ils s'éveillent la nuit en
versant des larmes, hantés par des rêves de
gloire et brûlant de servir la patrie.
Klopstock a peut-être subi déjà l'influence dé
Rousseau elle sera bien plus visible encore
dans la jeune phalange qui se lève à sa voix et
1 -P >' i, 4.'
jl2Ji.Golia.JSK». ̃ ̃ 'r- ̃̃ ̃
franchir pour que l'omnipotence syndicale; fût
complète: on finirait par inscrire dans les con-
trats collectifs que les patrons ne pourront pren-;
dre que les ouvriers ayant une carte de grève: La
grande masse des ouvriers a heureusement plus de
bon sens, et de respect de la liberté d'autrui que les;-
• meneurs qui voudraient faire régner sur le monde,
du travail une sorte de tyrannie. Le droit de faire-,
grève est certain il est inscrit dans les lois, et il
n'est pas lettre morte, à en juger par .l'application
qu'on en fait! Mais le droit de ne pas faire grève
existe aussi il est aussi certain il est aussi respec-
table. Le droit d'un seul ouvrier à travailler, disait.
l'auteur de la loi de Ï884 sur les Syndicats, est égal à
celui qu'ont tous les autres de faire grève.
–«ag»^
Un discours de SB. Carno». M. Carnot, réélu
président du Conseil de la Charente, a prononcé un
discours politique dont les journaux de ce matin nous
apportent le résumé, anais non le texte. On y voit que
M. Adolphe Carnot « a poussé une charge à fond do
train contre les collectivistes s>. Il a, nous dit-on, atta-
̃ que leurs théories, déclaré qu'il n'y avait plus de
différences de classes entre les eitoyons.Trânçais; il a"
représenté les collectivistes comme des fanatiques
dont les comités sont des petites chapelles abritant
des ambitieux et des arrivistes. Voilà une éloquence
énergique. M. Adolphe Carnot a toujours été autïcol-
iectiviste.et nous ne nous étonnons pas de le voir fidèle
à ses convictions. On ne nous dit pas s'il a persuadé le
Conseil général delà Charente.et nous souhaitons qu'il
l'ait fait. Mais sa tâche ne saurait s'arrêter là M.
Adolphe Carnot qui préside en Charente le Conseil
général, préside à Paris l'Alliance démocratique, vasto
association politique et électorale qui va des radicaux
lesplusmodérésaux socialistes dits indépendants. C'est
dans cette assemblée-là que nous voudrions voir
M. Carnot faire campagne; c'est elle qui a besoin
d'être convaincue. Certes elle se dit anticollectiviste,
mais on la voit donner la main aux radicaux-socia-
listes amis des socialistes et de proche en proche
l'Alliance Carnot a pour extrême-gauche les amis des
collectivistes qu'elle déteste. C'est une situation
fausse dent elle ne sortira que par un grand courage
électoral. L'expérience prouve qu'elle n'en a pas tou-
jours autant qu'il faudrait. On l'a vue indulgente à
la candidature de M. Lôvy-Ullmann, socialiste de la
veille qui se présentait dans le Pas-de-Calais. Mais
ïft Adolphe Carnot a- assez d'autorité pour faire pré-
valoir ses vues, s'il le veut, et à mesure que les élec-
tions approchent, nous souhaitons que les manifesta-
tions de l'Alliance aient de plus en plus de clarté.
AU JOUR LE JOUR
PLAISIRS POLAIRES <
En attendant la publication complète et défi-
nitive des journaux de route des explorateurs
concurrents du pôle Nord, on peut évoluer les 1
réëits; d'anciennes expéditions arctiques. Evi-
demment, quand on regarde la carte actuelle de v
ces régions, -si longtemps tout à fait mystérieu-
ses, on est tenté de trouver que ces grands voya-
geurs n'avaient pas été bien loin. Qu'était, au
regard des « records » actuels, ce prix de cent
vingt-einq mille francs offert par le Parlement
britannique aux pionniers des glaces qui coupe-
raient le 170e méridien à l'est de Greenwich par
une latitude plus élevée que le 74*- parallèle Ce
n'était pas, cependant, un faible effort pour l'é-
poqûe, avec les moyens dont on disposait, et
on pouvait estimer, en v8ai, qu'il n'avait pu être
réalisé qu'au prix de toute la patience et de toute
l'énergie. humaines. Il s'agit ici delà mémora-
ble expédition du capitaine Edouard Pàrry; qui
le premier, hiverna dans les solitudes boréales,
avec les deux navires dont il avait le comman-
dement supérieur, VHécla et le Griper. Ces re-
doutables hivernages, défis aux forces déchaî-
•nées d'une nature implacable, ont été fréquent!
~Iépiris;-m~isc~étàtt~ a~r~ra une situation morale
^inédite. Certes, les marins volontaires qui ac- .4
:compagnaient Parry étaient des hommes déci-
dés et entraînés à affronter tous les dangers;
mais, dans ce sinistre désert, dans l'obscurité
presque perpétuelle, un terrible ennui, au moins,
à défaut 4e l'effroi, devait gagner les âmes les
mieux trempées. Quand les vaisseaux se trou-
vèrent, pour de longs mois, enserrés dans une
prison de glace, au delà de l'île Melville, quand
eût commencé cette captivité à laquelle il n'y
avait aucun moyen de se soustraire, Parry re-
marqua, en effet, qu'une invincible tristesse pen-
sait sur ses équipages. Les courages n'étaient
pas abattus, il n'y avait pas de défaillances dans
l'accomplissement d'un sévère devoir, mais dans
cet isolement, devant ce farouche décor, c'était i
un état général de mélancolie, auquel il avait, <
lui-même, peiné à résister. Alors, ce vétéran de |
l'exploration qu'était, jeune encore, le capitaine.- 1
(avant d'aborder les parages du pôle, il avait- 1
connu la brûlante Afrique) s'avisa de créer des
distractions, et la première à laquelle il pensa-
fut l'institution d'un théâtre.
inaugure le mouvement baptisé par nos voi-
sins du nom de Sturm und Drang, l'orage etla;
poussée des passions, Les Stuermer forment?
au-delà du Rhin la première génération roman-
tique et le mot de « génie » revient si souvent
sous leur plume qu'on appelle aussi « période
des génies » cette heure de la littérature alle-
mande. Le génie, écrit M. Chuquet, n'avait été
jusque-là qu'un homme très supérieur à ses
semblables par l'ensemble des facultés de l'es-
prit, et la raison entrait pour une part dans sa
définition. Ce sera désormais un homme extra-
ordinaire qui ne croit qu'en lui-même et dé-
daigne autrui les règles lui sont pernicieuses
et l'enthousiasme lui suffit: il se contents
d'avoir l'inspiration d'en haut et les Dieux dans
lecteur. On sait qu'une alliance divine est la
prétention des mystiques de toute observance^
Lés maîtres de ces novateurs sont des écri-
vains anglais, Young, Richardson, Sterne^
bientôt le pseùdo Ossian, surtout Shakespeare.
En France, ils écoutent Diderot, Mercier, mais
bien davantage Rousseau qu'ils estiment à
l'égal de Shakespeare; Leriz l'appelle :1e divin
Klinger le proclame son guide et le guide de la
jeunesse; Heinse prétend le savoir .par cœur
Herder ne parle de Y Emile et de YH&oïse
qu'avec admiration Werther est un autre
Saint-Preux et Schiller écrit que Jean-Jacques
fut trop noble powi?çe.nTÛ3iide dévoue après; ssr
mort, causée par les indignes persécutions qu'il
a subies, le nouveau Messie est remonté vers,
les anges ses frères, qui attendaient sa venue. 0
Rousseau, c'est donc le cri de guerçé des
Stuermer comme l'amant de Julie,, ils'reèher-
cheht les lieux déserts, les èniïrÔïts sauvages
des Dois où rien n'annonce la servitude. La pas-
torale renaît on souhaité de revenir à l'âge
d'or, de goûter les plaisirs purs de l'homme
des cKamps Herder place la poésie des sâa-
vâges plus haut que celle 'des âges classi-
ques on s'insurge contre la loi et contre la
société on fronde le pouvoir, on voue les ty-
rans à la mort. On oppose Werther, à Alaei-ti
l'homme sensible, l'homme dont l'âme s'émet
et s'épanebe à rixomni^ froid, aai JQ> O.ue fu
p
On n'avait, assurément, jamais joué la comé- J
die si loin Ces représentations arctiques méri-
teraient quelque souvenir dans les annales des
théâtres d'amateurs. Gardons, pour ces annales,
le nom du lieutenant Belchey, à qui fut dévolue
la direction de la scène, installée sur YHécla,
sous une charpente, revêtue d'une épaisse cou-
verture de bourre de laine. On eut vite, parmi. les
matelots, des décorateurs, des costumiers, des
machinistes et des acteurs tout prêts, mais le
«directeur » fut un peu embarrassé au début
pour la composition des spectacles. On n'avait
guère songé, au moment du départ, à emporter
une bibliothèque dramatique. Le lieutenant
B"élchey reconstitua d'abord, de mémoire, tant
bien que mal, quelques pantomimes de Noël, ce
qui donna, le temps aux auteurs dramatiques de
bonne, volonté de concevoir de plaisants scena-
rios.qft'agrérnen.tait de musique un marin ayant
eu la précaution d'emporter, -son violon., Ce
mâëstrb' fut, pendant la, « saison »,. èxtraordjnâi-
r5Éiîi^flt»'ec^}4p^ jusç^'aïf jour Où & eûtI£;inaW
heur ;de tomber detm utië crevasse avec soh in-
strument on fe retira de l'abîme, mais son' vio-
lon y' resta, perte irréparable l'orchestre fût
des, lors réduit à un fifre, à une cornemuse et à
ujo tambour,, mais que ne fait pas du tambour
un. virtuose! îly.a,sur les ressources insoupçon-
nées de la caisse, une page brillante de Jean
Rjchepin..Le capitaine Parry entra lui-même
en lice.et ce'fiut unegrandé première, encore que,
malgré' toutes les précautions prises, il y eut
vingt-huit degrés au-dessous, de zéro dans l'en-
ceinte même du théâtre. Ce qu'il avait écrit,
c'était une manière de revue, le Passage auNo'rd-
Ôuest, où n'avait retracé pittoresquemênt quel-
ques-uns des épisodes du voyage. Il y eut un
grand succès pour un des interprètes, chargé
du rôle, parlant et dansant, d'un ours blanc
soucieux de l'exactitude de son costume, il
avait tué, quelques jours, auparavant, l'animal
dont ̃'il avait revêtu la fourrure. On applaudit
furieusement, au point d'en oublier, le froid, au
moment du tableau final cette apothéose re-
présentait le retour, et un artiste de la troupe
avait peint, sur une toile.à voile bien tendue, les
quais de ond'rés cependant que .des figurants
incarnaient les autorités britanniques, en grand
uniforme venant .recevoir, avec des démonstra-
tions djenthpusjg'sme, les hardis explorateurs.
M?iis,.raôffi£i::dan§v lesj.régip.Qs polaires^ les < e,f-
fets d, se, déplaçant. et les différents publics n'ont
pas toujours les mêmes impressions. On remar-
qua, à la seconde représentation, à laquelle as-
sistait une partie de l'équipage du Griper, que
l'approximative imagedesquaisde Londres avait
semblé plus pénible que divertissante. Londres
n'était-ce pas à ce moment l'inaccessible, la
patrie dont on était séparé par des distances
prodigieuses, pour longtemps infranchissables?
On laissa la scène, mais on supprima le décor
trop exact pour le remplacer par un autre, tout
imaginaire. Ainsi, même là-bas, y, avait-il pour
un directeur, des nuances délicates à saisir pour
arriveras succès complet, bien '.que toutes les
places fussent naturellement gratuites.
Ces représentations, au-delà des limites du
monde civilisé, étaient d'ailleurs justiciables de
la critique dramatique, qui s'exerçait avec d'au-
tant plus de soin que les loisirs ne manquaient
pas au feuilletonniste. C'est que, en même
temps que la création du théâtre, Parry, dans sa
lutte contre l'ennui, avait. décidé la fondation
d'un jourqaly^ui prit le titre de la Chronique
et typer, journal d'une organisation forcément
,.un peu primitive. La rédaction en chef en avait
é^cQofié^à l'officier; chargé, des. observations,
astr.pnomiq'ues, le lieutenant Sabine. Cet astro-
nome, qùapd il. cessait d'observer le ciel, avait
de la bonne 'humeur la Chronique devait. être
gaie, en effet.Èile parut régulièrement, le lundi.
du V novembre au 3o mars. Il y avait une boîte
déposée devant la porte de la cabine de la ré-
daction elle fut bientôt pleine d'articles, dé-
posés par des collaborateurs improvisés, et ce
ne fut pas îa copie qui manqua, encore-que, pour
écrire, il fallût faire dégeler l'encre à la flamme
d une lampe.
Evidemment après quatre-vingt-dix ans, les
plaisanteries de la Chronique d'hiver ne sem-
blent pas toutes ̃extrêmement spirituelles. Ainsi,
une fantaisiste annonce avait-elle demandé
« une veuve d'excellente réputation », pour ser-
vir d'habilleuse « aux dames de la. troupe du
Théâtre-Royal ». Sur ce thème, les facétieuses
propositions abondèrent « Avant de me char-
her de la toilette des actrices de votre théâtre,
répondait, un des correspondants, je désire sa-
voir si l'on me fournira l'aide de quelques
vigoureux matelots pour lacer leurs corsets. »
ion sens ce contraste fait le fond des œuvres
de Goethe et de ;Schillerf à ;le«rs #buts •; Pn Ré-
fère aux lumièrey de là raison les révélations
du sentiment: 'de toutes parts fleurissent les
« belles âmes », et plus que jamais les larmes
sont à la jnode. Lenz, le plus fougueux de ces
« génies » est une sorte de Baudelaire, un ori-
ginal qui finira par la folie, tantôt timide et
tantôt superbe, « doux comme un enfant et mé-
chant comme un singe». Au total, il n'est
pas un des traits essentiels du romantisme qui
inanque à ce mouvement de 1770.
Gœthe et Schiller s'assagissent bientôt et, en
compagnie de Lessing et de Kaht, qui, plus
mûrs, avaient mieux résisté à l'épidémie ré-
gnante, ils deviennent les classiques de la litté-
rature allemande, sans jamais se dégager
pleinement de leurs origines romantiques au
surplus. Mais la génération qui les suit re-
tourne au triple mysticisme esthétique, social
et teutonique qui avait séduit ses aînés. Celle-là
représente le Romantisme allemand proprement
dit son théoricien sera Frédéric Schlegel, l'au-
teur du roman audacieux de Lucinde, et M. Chu-
quet interprète ce mouvement comme.un nou-
veau Sturm und Drang qui maudit une seconde
fois les conventions sociales et le despo-
tisme de la raison, qui renie Schiller trop
modéré désormais et persiste pourtant à admirer
le Gœthe de Witixelm Meister par une incon-
séquence qu'explique le «éjour de Schlegel à
Weimar etles encouragements qu'il y a reçus.
Dans les rangs dé ces nouveaux venus, Kleist
continue le culte de Rousseau mais déjà à demi
dégrisés du mysticisme social par le spectacle
de la Révolution française, ils esthétisent et
teutonisent surtout à l'envi, font leur prophète
de Jacob Boehme, le cordonnier de Gœrlitz,
félicitent Durer de n'avoir pas toi l'Italie, ma-
gnifient les siècles de foi religieuse intacte et
de Mélitè monarchique iûébranlêe. Le moyen
âge et le catholicisme deviennent leurs pôles
d'attraction la suprématie de l'Eglise et la
royauté absolue forment leur idéal politique et
6e sont ces derniers traits seulement, archéo-
logie, fêodalisrue, teutonjsme et catholicisme
~y~:
Un a chroniqueur énumérait les diverses sur.
prises d'une journée arctique « sortir le matin
pour prendre l'air et tomber dans une crevasse,
se mettre en marche avec un morceau de
pain dans la poche, et,, quand l'appétit se fait
sentir, le trouver tellement durci par la gelée
qu'il vous brise les dents. Mettre en joue un
ours, essayer de faire feu, et éprouver le mé-
compte d'un .raté pour cause d'humidité de l'a-
morce. » Mais il y avait quelque mérite à
avoir de la gaîté, ou même à feindre d'en avoir,
en de telles circonstances, pendant cette pre-
mière épreuve, singulièrement redoutable, d'un
hivernage, parmi des périls encore inconnus,
sous un climat hostile, au milieu d'horizons tra-
giques, et alors que les plus résolus ne pou-
vaient pas ;ne pas avoir; au fond du cœur,
l'anxiété de l'avenir. Paul Ginistyv
̃̃̃; ;ri- ;̃̃ i ;#f^.r;. -;•,̃ ̃ '••
''̃• Le' ̃ ̃' La Reviie scientifique signale un
i toicr:dtc auoitde, vi;eil ,on'vrage d.'asari~nomie é~w
[̃'̃ -̃ '̃ 3îé 'plr>'Mv J1. Masdart,et. dans
lequel l'ingénieur Haye étudie là ^g^lbmique et
le tracé des cadrans solaires les plus variés. Ce
livre fut édité à Paris en 171-6. Naïvetés mises à
part, le. traité mérite un examen scientifique très
attentif: avec de nombreuses et belles planches,
c'est un exposé fort élégant de la question des
cadrans solaires, et de leurs tracés, notamment
sur plusieurs plans formant polyèdre et l'ou-
vrage 'mérite une place très honorable dans la
littérature astronomique au début du dix-hui-
tième siècle. On y lit entre autres récits l'his-
toire suivante « A cette occasion, je rapporte-
rai icy une affaire qui se passa en Allemagne
dans le huitième siècle, qui ne montre que trop
combien les esprits, même les savans, étaient
éloignés de croire qu'il y eut des antipodes.
Vers l'an 745, Virgilius, éyêque de Salzbourg,
dit qu'il y' avait des antipodes, il, s'en était
même expliqué dans le monde; mais cette
nouveauté parut si étrange et si dange-
reuse, que Boniface, évêque de.Jtfayence, se dé-
clara ouvertement contre Virgîlms, qui fut ac-
cusé d'hérésie sur ce point devant le pape Za-:
charie. L'histoire de Bavière dit que le roi de
Bohême fut saisi de ce différend en première
instance que. les parties se pourvurent ensuite
,par appel â Rome et qu'enfin Virgilius fut con-
idanuié -comme nérétiqufiiparee q u=il. croyait aux
^antipodes. L'on n'est plus dans ce temps d'igno-
rance l'expérience, qui est un des meilleurs
fondements de la géographie, a fait connaître
aux hommes, depuis plus de deux cents ans, que
la terre est ronde et qu'on en fait le tour facile-
ment par mer en moins de trois ans. D
LETTRES ROM Al NES
Les catholiques allemands et le Vatican
,• ̃ .̃• ;il(i) (i) ;̃ ..•̃
Rome, le 10 septembre 1909.
Dans une précédente lettre, j'ai exposû comment la
vieille controverse touchant le caractère du Centre
emprunte aux circonstances politiques actuelles une
importance toute particulière. On avait déjà vu le
parti qui représente les catholiques au Parlement al-
lemand conclure avec d'autres partis des alliances qui
ne reposaient pas sur une communauté do principes
religieux c'est la coalition du Centre et de la social-
démocratie qui,- en 1907, contraignit le prince de Bû-
low à dissoudre le Reichstag. Mais il s'agit aujour-
d'hui de quelque chose d'assez différent l'union mo-
mentanée du Centre avec le parti conservateur, union
de circonstance et de combat, s'établirait gur une base
plus solide et plus Constante et aurait pour but et
pour justification la défense de certains intérêts com-
muns l'idée chrétienne, le Chri0iah,e, Welfàtis-*
chauung, qui n'avait certes point présidé à la forma-
tion du nouveau bloc {Schwàrs-blauer Block), en de-
viendrait après coup la raison d'être. On verrait alors
se répéter en Allemagne le singulier phénomène que
naguère M. Kuyper nous a donné l'occasion d'obser-
ver aux Pays-Bas la lutte parlementaire et politique
officiellement engagée entre deux partis, l'un: chré-
tien; l'autre antichrétien; le ministre néerlandais
disait antipàganiste et pagàniste. Cette division; aux
Pays-Bas, 'était très artificielle et amena dé déplora-
bles résultats. On peut se demander ce qu'elle serait
en Allemagne, à supposer qu'elle pût y être opérée et
maintenue pour quelque temps.
Mais il ne-s'agit encore, à l'heure qu'il est, que de
velléités et de manoeuvres préparatoires ni d'une
part ni de l'autre les intentions ne sont franchement
découvertes. On ne peut qu'observer les faits qui les
révèlent, et le fait capital, c'est la nouvelle attitude
du Centre, ce sont les protestations que cette attitude
provoque au sein même du parti. Les catholiques qui,
comme MM.Bitter et Roeren, estiment que le Centre
doit rester confessionnel, ne prennent pas au sérieux
(1) Voir le Journal des Débats du 9 septembre.
.qu'évoquait hier .encore dans l'esprit de tout
Allemand ejîîtifé 1-épi th.è te: de «romantique ».
Le romantisme français qui, par Mme de
Staël, est issu en partie de son précurseur
allemand vient en revanche réagir au delà du
Rhin après sa victoire de 1830, et le mysticisme
social réveillé y prend de nouveau le pas sur le
teutonisme dans les âmes de la troisième géné-
ration romantique. C'est le mouvement de la
jeune Allemagne dont nous avons étudié ré-
cemment les tendances en traçant l'histoire des
époux Stieglitz. Henri Heine, qui a- fréquenté
les survivants du romantisme berlinois, les
continue tout en se moquant d'eux, dit M. Chu-
quet il use de leurs procédés en réagissant
contre la nuance féodale et romaine de leur
mysticisme. Comme leurs aînés, les hommes
de la jeune Allemagne se rallient au Gœthe ju-
vénile de Berlichingen et de Werther. Saint-
Simon, le père du socialisme romantique avec
Fourier, et George Sand sont leurs inspirateurs
les plus écoutés.
Après les désillusions de 1848, l'Allemagne
inaugure une nouvelle période morale en prê-
tant l'oreille aux leçons, longtemps dédaignées,
de Schopenhauer, qui devient le philosophe de
la quatrième génération romantique. Le jeune
Nietzsche et ses amis sont tout surpris de re-
connaître dans la doctrine de ce maître vénéré
de leur adolescence une sorte de « cristallisa-
tion •̃>•̃ des doctrines du romantisme allemand
qu'il a su débarrasser pourtant de ses « impu-
retés cléricales ». Nietzsche sera donc lui aussi
un pur romantique pendant la première et la
dernière période de sa vie, mais il parviendra
très tard à la notoriété et, avant lui le plus in-
fluent des guides de la jeunesse, c'est Richard
Wagner. M. Henri Lichtenberger vient de nous
rappeler dans un livre excellent (3) l'évolution
morale si caractéristique du musicien de Bay-
rëuth, traversant en 1848 sa crise de mysticisme
social, reflétée par le poème de la Tétralogie.
pour aboutir après le succès à ce mysticisme
esthétique entraînant, dont son étude sut Beetho-
(3) Wagner, Alciuî, 1909.
l'idée d'une coalition chrétienne formée par les ca-
tholiques et par les protestants unis contre les libé-
raux, en vue de prévenir un nouveau Kitlturhampf;
ce n'est là, à leur avis, qu'un prétexte; la vraie rai-
son, c'est, de la part du Centre, une raison d'intérêt.
Tant que dura en Allemagne la lutte confession-
nelle, il fut très facile aux chefs du Centre d'acqué-
rir et de conserver des forces électorales considé-
rables. La difficulté commença lorsqu'ils changèrent
d'objectif et que, n'ayant plus à combattre pour
des intérêts religieux, ils s'efforcèrent à la con-
quête du pouvoir. Alors, comme le grand adversaire
électoral, c'était la social-démocratie, le Centre, sans
cesser d'être un parti religieux, devint, en outre, un
parti populaire et social, une Wolhspartei. Et il par-
vint ainsi, en peu d'années, au but que ses ̃ chefs
s'étaient proposé": le gouvernement dut compter avec
lui et accepter sa collaboration. Mais le jour vint où
le Centre, se sentant de plus en plus fort, eut des exi-
gences insupportables, et où le gouvernement son-
gea à se débarrasser d'un allié trop autoritaire. Le
parti catholique, sans attendre qu'on le rcongédiâj;
changea encore une fois de tactique M. Erzberger
mena çoiitre: le,, gouvernement la fctmeasè campagne
des- scandales coloniaux, provoqua, de lâ^pàrt de
M. Deraburg, une déclaration de guerre qui, en je-
tant le Centre dans l'opposition, devait mettre le
gouvernement en minorité. Ce fut la dissolution de
1907. Les nouvelles élections ne diminuèrent point
les forces du parti catholique, mais elles permirent
au chancelier de les tenir en échec par la formation du
Bloc conservateur-libéral. Tous les efforts du Centre
tendirent alors à disloquer la nouvelle majorité, qui
lui avait enlevé le pouvoir. La question financière
mit le désaccord entre libéraux et conservateurs le
Centre s'unit aux conservateurs pour repousser le
projet du gouvernement, que soutenaient lés libé-
raux, et faire voter un contre-projet. Le prince de
Bûlow se retira, vaincu par le Centre qu'il avait voulu
mettre à la porte. Et les deux partis vainqueurs son-
gent aujourd'hui à profiter de leur victoire, à orga-
niser la nouvelle conquête du pouvoir d'où l'attitude
actuelle du parti catholique et sa velléité d'étendre
son programme et d'élargir ses rangs. Or, dans tout
cela, observent Mil. Bitter et Roéren, où est l'intérêt
religieux, que deviennent les principes et la raison,
d'être du parti ? Le Centre a perdu de vue son
caractère confessionnel, il a renoacé au rôle qu'il
s'était autrefois lui-même assigné, il lutte pour le
pouvoir, comme un parti politique quelconque, avec
cette différence que, pour conserver plus sûrement
ses avantagea électoraux, il prend soin- de donner à ̃̃
son action politique un faux air de revendication ou
de défense religieuse. Les catholiques de Cologne ont
commencé: longtemps exclus du Conseil ;Kiuniçipal,
41s n'y.^ontenfiae.»tréf qu'en vertu d'un programme
plus tolérant et grâce à leur union avee les protes-
tants. Aujourd'hui ils sont en majorité dans le Con-
seil, et ils s'empressent de recommander, d'imposer
même aux autres catholiques d'Allemagne une tacti-
que qui leur a si bien réussi. Et pourtant, si le Centre
répudie son caractère de parti strictement catholique,
.quel autre principe d'unité et de cohésion peut-il
invoquer? Ce qui fait sa force et sa souplesse, c'est
justement l'absence de tout Credo politique, l'indô-'
pendance vis-à-vis des principes qui dirigent et en-
chaînent communément l'action des partis. Cette
indépendance, le Centre vient encore d'en user fort
largement il s'était plusieurs fois déclaré contraire
auprincipè des impôts indirects, et il a voté d'un
seul coup 350 millions de taxes de consommation il
avait naguère soutenu l'impôt sur l'héritage, et ce
sont ses efforts qui, le 24 juin, l'ont fait rejeter par
une majorité de moins de dix voix. De telles contra-
dictions peuventse justifier, si l'on invoque le carac-
tère confessionnel et non politique d'un parti qui fit
jadis une opposition terrible à la loi du septennat
sans être le moins du monde antimilitariste elles
deviennent inexcusables, aux yeux des électeurs, si
on les porte au compte d'un parti politique ordinaire.
Engagé dans la voie où l'ont poussé quelques chefs
ambitieux, le Centre cesse d'être la représentation
parlementaire des catholiques allemands: il devient,
pour ceux qui le dirigent, un moyen d'imposer leur
volontô aUpâ Jë,grâce à là discipline' éprouvée dè&ôlge-
teurs catholiques et au concours du clergé. Aujourd'hui
encore, si ces chefs préconisent l'union avec les con-
servateurs protestants, ce n'est pas qu'ils aient re-
connu cette union nécessaire à la défense de l'idée
chrétienne, mais simplement qu'ils y voient la condi-
tion, indispensable de leur rentrée au pouvoir. •
Ainsi raisonnent, avec MM. Bitter et Roaren, les
partisans du confessionalismë ils sont en tout petit
nombre, et ne peuvent; espérer de faire beaucoup
d'adeptes. Leurs adversaires, en même temps qu'ils
revendiquent pour le Centre le caractère de parti po-
litique et le droit de choisir librement des alliés où
bon lui semble sans autre loi que celle de l'opportu-
nité, dénoncent hautement le danger d'une coalition
antireligieuse, formée par tous les éléments libéraux,
et contre laquelle tous les éléments chrétiens doivent
unir leurs forces. Rien n'est plus significatif, à ce
propos, que les correspondances que la Civilta Cat-
toliea se fait envoyer d'Allemagne elles sont d'ail-
leurs, m'assure-t-on, d'origine parlementaire. Dans
l'une des dernières (2), on représente la lutte comme
ouvertement déclarée dans l'empire allemand « entre
le christianisme et l'athéisme ». « La France, écrit la
correspondant de la Civilta, est le modèle delà future
(i) Civilta Catlolica du 7 août 1909, p. 375 et suîv.'
ven est .l'évangile et finir avec ParsLfal dans un
vague mysticisme, chrétien. ̃ ̃̃,
La cinquième génération romantique, enfin,
celle que nos voisins appellent le groupe nêo-
romantique ou quelquefois la plus jeune Allé-*
magne, s'annonce vers 1885, dit M. Chuquet,
comme un nouveau Slurm und Brang. Lès.
frères Hart qui tourneront bientôt au mysti-
cisme social le plus attendri, préparent ce
mouvement par une campagne critique retentis-
sante. MM. Holz, Sclaf, Hauptmann, Dehmel,
Vedekind, Hofmausthal, sont aujourd'hui ses
représentants les plus en vue et l'une de ses
ailes sacrifie au mysticisme germaniste sous la
bannière du comte de Gobineau et de M. Hous*
ton Stewart Chamberlain.
Ajoutons qu'en Allemagne aussi bien qu'ail-
leurs, l'opinion commence à juger que c'est là
un peu trop de romantisme en vérité. M. Lich-
tenberger termine la pénétrante étude que nous
venons de citer en rappelant qu'au delà du Rhin
des voix nombreuses s'élèvent depuis quelques
années pour faire la critique du néo-roman-
tisme, pour signaler ses exagérations, dévoiler
ses faiblesses et dénoncer ses dangers. Nos
voisins commencent à redouter, dit-il, l'in-
fluence de c es natures extrêmes et désharmo-
niques qui appuient leur âpre ambition de puis-
sance sur une inquiétante exaltation mystique.
C'est qu'avec le temps seulement les doctrines
morales écrivent leur»- résultats dans les faits
les enfants de ceux qui ont planté l'arbre, J.p
jugent au goût dé ses fruits. Sans le déraciner,
ils peuvent alors l'émonder du moins, ou encore
greffer dans sa substance féconde les rejetons
d'une autre souche, dont le mérite leur soit
connu par une expérience ancienne.
Le romantisme ne périra pas, étant aussi
vieux que l'humanité qui toujours eut besoin de
convictions mystiques pour appuyer son effort
vers le mieux mais le mysticisme roman tique
qui fut celui de notre âge se fera moins étroit
et moins grossier qu'on ne l'a vu chez ses. re-
présentants les- plus écoutés.
i s~ Ernest Seillière
^256T -^Î2P HNNÉEÎ
."r. Sf~
ÉO-^fi^ffifes fôNflmêyo >~ ^Mires 'tout^
MERCREDI 15 SEPTEMBRE Y
1909
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
17, Bue des Prêlres-Saint-Germain-rAuxerrois, 17
PARIS 1"
MERCREDI! 5 SEPTEMBRE
1909
11 PRIX DE L'ABONNEMENT
TROIS MOIS SIX MOIS UN AS
Franr,e, Colonies et Alsace-
~~n~ 10'fr. ~fr. 40~.
ICfr. 32fr. 64fr.
ON S'ABONNE: En Province et V t'ElwuJge»
j»as t»os,teî Bnïeauvde P?slo
~ABCMN~TS PAn-n~ DU iG .B C~OŒHO~-
V LES ANNONCES SONÏ K1SV^=>
Ott MM. Lagrange, Cerf el
POLITIQUES ET LITTÉRAIRES
•ADRESSE TÉLÉGRAPHIQUE DÉBATS-PÀItïS' ;;5
_t l Administration 103,00
:*èLEPnom. j Réd^ction. r 103.01
5POT7TES LÈS LETTRES ET COMMUNICATIONS
doivent être adressées '̃'
49» rue des Prctres-Salnt-Gcfniain-I'Aaxcïroîs, 17
SOMMAIRE
IUdicaux ET Socialistes.
Ad Jour le Jodr. Plaisirs polaires. Paul
Ginisty.
Lettres romaines. M. P.
A l'Etranger. Les Mffaires du Maroc.
La découverte du pôle Nord.
Nouvelles DU Jour.
Les qnq générations DU romantismb allemand.
Ernest Seillière.
Une Idole en Exil. [44] Anstay.
Variétés. Un drame napoléonien de Thomas
Eardy. Maurice Lanoire.
RADIOABX EJJOCÎAUSTËS
îibus avons signale à mn heure la iiiotioa
adoptée par le Conseil fédéral du parti socia-
liste:*EMe< es-t- devenue, depuis quelques^ jours,
l'objet de commentaires copieux, et l'on peut
la comparer à ces textes submergés par les
gloses. Entre tous, les radicaux s'attachent à
son examen ils la tournent, la retournent, en
sollicitent le sens. Et ce qu'ils en tirent les dé-
sole. Ils y lisent, en effet, une déclaration
de guerre à leur adresse, en même temps
qu'à celle du .nouveau Cabinet. Car il y est
dit que tout gouvernement, en période capi-
taliste, « représente nécessairement l'intérêt
de la bourgeoisie » et doit, par cela même,
être combattu comme l'ennemi du prolétariat.
Plus loin, le ministère Briand est qualifié en-
core, à peu près en propres termes, de minis-
tère bourgeois. Le mot est relevé, ce matin,
«vec amertume, parr M. Dalrmier, qui exhale ses
pMates en une colonne de. la Lcmlernr, tandis
qaeM, Lâfferre confie ses tristesses aux Iécr-
teûrs du Rapiiel. « Boui'geois », lés radicaux, y
«Sœpris les- vadièauiXrS&ciaUstes^sentent.iue ee
vocable les désigneet les condamne tout comme
des modérés. Reconnaissons que c'est de quoi
lés peiner par le regret de beaucoup de dis-
cours et de beaucoup d'efforts démontrés inu-
tiles. ¥aineiùént, ils se sont le mieux possible
approprié l'attitude et le langage de^ï«u,pé-^«i=--
i' d~t le langage
siiis d'extrême gauche, ils restent classés
du côté du capital et, comme tels, répudiés.
GeJéade rétro ne les attriste pas seulement:
il les défconcerte. L'article de M. Lâfferre sur-
tout trahit un désappointement vif et marque,
si nous osons dire, de la décontenance. Mais
aussi combien fallacieuse fut, ces mois der-
niers, la politique des socialistes. Qu'on se
rappelle, écrit M. Lâfferre, « en quels termes
insinuants certains députés unifiés, et non des
moindres, nous invitaient à changer de minis-
tère, nous promettant que l'apaisement s'en-
suivrait comme par miracle ». M. Clemenceau
est renversé. A ce chef de gouvernement qui
avait apporté au pouvoir des habitudes invété-
rées d'homme de combat, succède un politique
Kouple, dont les premières paroles sont de
conciliation et dont les premiers actes confié 1
ment les discours. Les radicaux, bien qu'il ne
soit pas des leurs, l'acceptent, lui font con-
fiance. Or, qu'arrive-t-il? Le socialisme, dont
il est issu, lui signifie et, du même coup, à
tous les Cabinets radicaux possibles une hos-
tilité sans merci. Donc, la condition stipulée de
la détente a été remplie le gouverment honni
par les unifiés est tombé; sur la foi de leurs
promesses les r'atdicaùx* «rbieïrt • pouvoir lëut
tendre la mai^ et voilà cette maia repoussée.
M. Lâfferre avoue sa déconvenue cruelle
«C'est à désespérer de toute méthode d'apaise-
ment. » Non moins troublé dans sa logique, et
déçu, M. Dalimier jette sa langue aux chiens
̃c Comprenne qui pourra !» °
Le président du Comité directeur qui siège
rue de Valois ne se montre pas seulement
trompé dans son attente et ulcéré d'un manque
de foi; il déclare son inquiétude pour l'avenir.
Cet état d'esprit nous promet de beaux
gestes. » M. Dalimier a pareille appréhension
« Le parti socialiste va-t-il donc demeurer l'ad-
versaire de tous les gouvernements républi-
cains jusqu'au jour où, ayant à lui tout seul la
majorité au Sénat et à la Chambre, il pourra
gouverner à sa guise? > En d'autres termes,
va-t-il jouer sans relâche le rôle de brise-tout
jusqu'à ce que vienne le grand soir ? Ne devrait-
il pas, pour l'instant, faire trêve en faveur de ce
qu'il y a de changé. Car il y a quelque chose de
changé. M. Dalimier s'évertue à en faire la preu-
ve.Il essaye de prendre les socialistes par le rai-
PIUILIETON DU JOURNAL DES DÉBATS
du 15 septembre ltMM>
~USCt~m~TM~S
M ROMANTISME ÂLLEMAD
On reconnaît généralement dans Rousseau 1
'le principal initiateur du romantisme européen
et dans Werther, qui est de 1774, le premier
héros romantique. On n'ignore pas non plus
que le romantisme allemand s'épammit vers
1800, au temps de Chateaubriand ou de Senan-
cour, et le romantisme français proprement dit
vers 1830 seulement. Les hommes de 1860,
Flaubert, Baudelaire, d'Aurevilly, Tolstoï, ce
Rousseau de la Moscovie, Ibsen, avec son âpre
individualisme, le Zola de Thérèse Raguin, en
attendant celui de Fécondité ont frappé par
Jeur romantisme latent nos critiques les plus
nersnicàces. Enfin les moralistes
au delà de nos frontières, ceux qui conser-
vent une suffisante jeunesse d'impression pour
^profiter des; enseignements 4u présent et pour
discerner autour" d'eux les présages d'avenir,
noiiV montrent de purs romantiques dans lés
i&erpvètes de la géilëratioà Mtimîlë^ Met -Ôfl-"
wd» M- Maui-içe ,Mwet ,ne. présentait-il pas,
dans Une «aptivante étude (i), le Sanine de
MV Artzibachef comme le frère d'Obermann, dé
Benô, d'Antoriy, de Julien Sorel, de Bel-Ami.et
de des Esseintes ? De si évidentes parentés mo-y
jales semblent pouvoir s'expliquer par la pa-
renté du sang et par la filiation intellectuelle
qui relie les générations successives de l'une
à l'antre, les formes d'expression auraient
seules changé avec la mode du jour, le fond `
étant demeuré à peu près le même, et la ten-
dance spécifique du tempérament, qui est l'in-
Y rvi:?!_
(1) Revue de Raris, 15 août i'J09.
îttgprodwtton interdits. >-
sonnêment, même parles sentiments. Vont-ils, j
avecuneintransigeanceirréductible^renier-î-ef- j
fort qu'ils onttoujoursdonnépour les réformes»? j
Laisseront-ils les radicaux combattre seuls le
bon combat pour le progrès ? La révolution so-
ciale leur apparaît-elle, décidément, comme
l'unique moyen d'arriver à la justice sociale ? î
Les interrogations pressantes se succèdent,
dans la pensée de M. Dalimier, comme les
points d'interrogation dans sa prose, et il s'y
accuse beaucoup d'angoisse.
Il veut, malgré tout; ne pas désespérer. Les
socialistes craindront de déconcerter le pays,
comme ils déconcertent les dirigeants du radi-
calisme. Ils renonceront, à l'égard du nouveau
ministère, à une hostilité a priori. L'oubli se
fera sur d'aigres polémiques, et l'on peut en-
trevoir la possibilité d' « une coopération loyale
pour une œuvre loyale ». Un Congrès ne s'an-
nônce-t-il pas où cette question se posera?
M. Dalimier en appelle à ces prochaines
assises socialistes où s'imposera l'option
« entre .la politique. jus#rectionoelle de M.
Hersé, l'isolement de M. Jules Guesde et
la pblitique.de collaboration préconisée par les
amis de M. Jaurès ». Ces amis de M. Jaurès,
nous les connaissons. Quelques-uns d'entre eux
se montrent, ces temps-ci, particulièrement
actifs. Nous avons, à l'occasion, dit notre mot
sur la campagne menée par M. Varenne et M.
Breton, d'accord tous deux pour une entente
avec les, radicaux, différant seulement d'avis
sur le mode et le moment. Nul doute qu'ils ne
s'efforcent, au Congrès, de "faire .prévaloir une
politique d'alliance, toujours sûrs que la main
tendue de l'autre côté ne se retirera pas.
Car les radicaux r- ceux du moins de l'obé-
dience de la rue de Valois ne montrent ni
susceptibilité ni rancune. Leur humilité esta à
tou-lè épreuve et leur complaisance inlassabLe.
Jamais ne fut mieux pratiqué lé. précepte évan-
géliquè de l'oubli des injures. Et ce' serait ad-
mirable, si .ce n'était intéressé. Hier, dans sa
séance de clôturé, le Congrès radical du Ya.r
entendait son président affirmer pour le parti
l'ambition d'une hégémonie, réclamer pour lui
la « direction effective » de la politique. L'as-
semblée n'a pas manqué d'applaudir, sans
illusion peut-être sur la possibilité de cette
suprématie. Sur le 'texràïiL. parlementaire
plus encore que sur le terrain électoral, les
ràdicaùxse sentent5 faibles sans l'appui dès so-
cialistes. Ils ont conscience qu'ils rie peuvent
se passer de. cette canne bu dé cette beqtiiye..
De tendresse pour le collectivisme, ils n'en ont'.
guère, au fond « bourgeois » pour la plupart,
comme les qualifié le Conseil fédéral.. Mais l'é-
chéance de mai 1910 approche et prend à leurs
yeux un aspect menae.ant.Avee l'appoint des so-
cialistes,elle leur paraîtrait moins redoutable, et
que cet appoint se dérobe, c'est à quoi ils ne
peuvent se 'résigner.. M. Lâfferre laisse bien
voir que c'est là, pour lui, le' point sombre.
Ses récriminations douloureuses contre les so-
cialistes se concluent presque par ces mots
«Ils ne signeront sur le terrain électoral au-
cune entente vraiment profitable au «bloc de
gauche ».£etta p^evisioa noire nous semble, la-
vraié. D'aïliance, les socialistes n'eu voudront
pas; jaloux qu'ils sont d'user de leur liberté selon
les circonstances et les circonscriptions prati-
ciens d'opportunisme, acceptant ici les voix ra-
dicales, ailleurs les voix réactionnaires. Ne l'a-
t-on pas vu dans maintes élections partielles ?
Pour persévérer dans l'illusion où s'obstinent
•encoi'e aootbfe 4e radicaux, il faut presque de
jla.candeiiiv
Carie de grèwe. Les socialistes ont une ma-
nière à eux d'entendre la liberté du travail. Quelques
incidents fâcheux qui seront produits hier dans cer-
tains chantiers ont rappela comment les grévistes
respectent le droit de leurs camarades à ne pas faire
grève.. Mais voici, dit-on, qui.sera mieux si l'on en
croit le bruit qui court et auquel VHumanitè fait allu-
sion, les ouvriers du bâtiment qui ont participé à la
grève se proposent d'avoir une carte constatant leur
caractère de grévistes. Et c'est à propos de ce projet
que MRùmahïiè blâmant naturellement les ouvriers
qui ont continué de travailler écrit qu'ils voient déjà
ce qu'il en coûte de « déserter la cause des travail-
leurs au moment de la lutte », et qu' ils en feront
certainement une fois de plus l'expérience lorsqu'on
leur réclamera la carte de grève >. L'invention, si
elle est réelle, est en effet admirable. Exiger à l'entrée
d'un chantier où l'on travaille la preuve qu'on a
jadis cessé de travailler serait une belle nouveauté, et
l'on devine, comme l'indique l'Humanité, quelle vie
facile auraient sur les chantiers les ouvriers qui à
cause de leurs charges de famille ou d'une décision
personnelle n'ont pas participé au mouvement gré-
viste. Il ne resterait plus, après cela, qu'un pas à
dividualisme impatient, appuyé sur des convic- 1
tions mystiques trop souvent sans prudence, se
serait plutôt accentuée avec l'évolution déjà
plus que séculaire de cette illustre famille. Une
pareille tentative d'interprétation peut être ad-
mise dans la science morale, au moins comme
une de ces hypothèses explicatives que les
sciences exactes acceptent elles-mêmes au
cours de leur développement, quitte à les écar-
ter après que d'autres plus pénétrantes auront
été proposées.
Or, nous rencontrons une confirmation de
ces vues et une occasion de les éclairer par un
exemple dans l'excellente Histoire de la litté-
rature allemande (2) dont nous gratifie l'infati-
gable'; activité savante de M. A. Chuquet. Il est
superflu de rappeler quelle est sur ce point
l'autorité de l'éminént professeur au Collège
dé France, en qui le brillant historien de notre
épopée nationale n'a jamais réduit au silence
l'èrudit et pénétrant germaniste. Nous mettrons
à profit pour appuyer notre thèse les derniers
chapitres de son livre.
Le dix-huitième siècle allemand débute par
tin mouvemeni intetléctueï, fort justifié; et. fort
sage, celui d& YA.it fkiaerung: que domine le
grand nom de Leibniz et qui correspond à l'œu-
vre française dés Montesquieu, dès Voltaire et
des: premiers i éncjrClopé/disteS. "Mais bientôt
Klopstocï^ un ^mystique; teinté Vdè: bizarrerie,
Instauré en AliôBiagne iè eûltô de la sensibilité
et prépare en même .tempg le teutoTiisme rp-
'niàriti^ûé. Sa grande ̃'Ipopée^vangéligUe fait
couler des torrents de larmes ses drames sur
Arminiùs, le vaifiqiieurdes légions romaines,
exaltent la jeunesse s alleinaria'e. Déjà ses héros
ont lajoué en feû, le regard iehargô d'éclairs et
levé vers le ciel leur cœur palpite une divine
ivresse les transporte ils s'éveillent la nuit en
versant des larmes, hantés par des rêves de
gloire et brûlant de servir la patrie.
Klopstock a peut-être subi déjà l'influence dé
Rousseau elle sera bien plus visible encore
dans la jeune phalange qui se lève à sa voix et
1 -P >' i, 4.'
jl2Ji.Golia.JSK». ̃ ̃ 'r- ̃̃ ̃
franchir pour que l'omnipotence syndicale; fût
complète: on finirait par inscrire dans les con-
trats collectifs que les patrons ne pourront pren-;
dre que les ouvriers ayant une carte de grève: La
grande masse des ouvriers a heureusement plus de
bon sens, et de respect de la liberté d'autrui que les;-
• meneurs qui voudraient faire régner sur le monde,
du travail une sorte de tyrannie. Le droit de faire-,
grève est certain il est inscrit dans les lois, et il
n'est pas lettre morte, à en juger par .l'application
qu'on en fait! Mais le droit de ne pas faire grève
existe aussi il est aussi certain il est aussi respec-
table. Le droit d'un seul ouvrier à travailler, disait.
l'auteur de la loi de Ï884 sur les Syndicats, est égal à
celui qu'ont tous les autres de faire grève.
–«ag»^
Un discours de SB. Carno». M. Carnot, réélu
président du Conseil de la Charente, a prononcé un
discours politique dont les journaux de ce matin nous
apportent le résumé, anais non le texte. On y voit que
M. Adolphe Carnot « a poussé une charge à fond do
train contre les collectivistes s>. Il a, nous dit-on, atta-
̃ que leurs théories, déclaré qu'il n'y avait plus de
différences de classes entre les eitoyons.Trânçais; il a"
représenté les collectivistes comme des fanatiques
dont les comités sont des petites chapelles abritant
des ambitieux et des arrivistes. Voilà une éloquence
énergique. M. Adolphe Carnot a toujours été autïcol-
iectiviste.et nous ne nous étonnons pas de le voir fidèle
à ses convictions. On ne nous dit pas s'il a persuadé le
Conseil général delà Charente.et nous souhaitons qu'il
l'ait fait. Mais sa tâche ne saurait s'arrêter là M.
Adolphe Carnot qui préside en Charente le Conseil
général, préside à Paris l'Alliance démocratique, vasto
association politique et électorale qui va des radicaux
lesplusmodérésaux socialistes dits indépendants. C'est
dans cette assemblée-là que nous voudrions voir
M. Carnot faire campagne; c'est elle qui a besoin
d'être convaincue. Certes elle se dit anticollectiviste,
mais on la voit donner la main aux radicaux-socia-
listes amis des socialistes et de proche en proche
l'Alliance Carnot a pour extrême-gauche les amis des
collectivistes qu'elle déteste. C'est une situation
fausse dent elle ne sortira que par un grand courage
électoral. L'expérience prouve qu'elle n'en a pas tou-
jours autant qu'il faudrait. On l'a vue indulgente à
la candidature de M. Lôvy-Ullmann, socialiste de la
veille qui se présentait dans le Pas-de-Calais. Mais
ïft Adolphe Carnot a- assez d'autorité pour faire pré-
valoir ses vues, s'il le veut, et à mesure que les élec-
tions approchent, nous souhaitons que les manifesta-
tions de l'Alliance aient de plus en plus de clarté.
AU JOUR LE JOUR
PLAISIRS POLAIRES <
En attendant la publication complète et défi-
nitive des journaux de route des explorateurs
concurrents du pôle Nord, on peut évoluer les 1
réëits; d'anciennes expéditions arctiques. Evi-
demment, quand on regarde la carte actuelle de v
ces régions, -si longtemps tout à fait mystérieu-
ses, on est tenté de trouver que ces grands voya-
geurs n'avaient pas été bien loin. Qu'était, au
regard des « records » actuels, ce prix de cent
vingt-einq mille francs offert par le Parlement
britannique aux pionniers des glaces qui coupe-
raient le 170e méridien à l'est de Greenwich par
une latitude plus élevée que le 74*- parallèle Ce
n'était pas, cependant, un faible effort pour l'é-
poqûe, avec les moyens dont on disposait, et
on pouvait estimer, en v8ai, qu'il n'avait pu être
réalisé qu'au prix de toute la patience et de toute
l'énergie. humaines. Il s'agit ici delà mémora-
ble expédition du capitaine Edouard Pàrry; qui
le premier, hiverna dans les solitudes boréales,
avec les deux navires dont il avait le comman-
dement supérieur, VHécla et le Griper. Ces re-
doutables hivernages, défis aux forces déchaî-
•nées d'une nature implacable, ont été fréquent!
~Iépiris;-m~isc~étàtt~ a~r~ra une situation morale
^inédite. Certes, les marins volontaires qui ac- .4
:compagnaient Parry étaient des hommes déci-
dés et entraînés à affronter tous les dangers;
mais, dans ce sinistre désert, dans l'obscurité
presque perpétuelle, un terrible ennui, au moins,
à défaut 4e l'effroi, devait gagner les âmes les
mieux trempées. Quand les vaisseaux se trou-
vèrent, pour de longs mois, enserrés dans une
prison de glace, au delà de l'île Melville, quand
eût commencé cette captivité à laquelle il n'y
avait aucun moyen de se soustraire, Parry re-
marqua, en effet, qu'une invincible tristesse pen-
sait sur ses équipages. Les courages n'étaient
pas abattus, il n'y avait pas de défaillances dans
l'accomplissement d'un sévère devoir, mais dans
cet isolement, devant ce farouche décor, c'était i
un état général de mélancolie, auquel il avait, <
lui-même, peiné à résister. Alors, ce vétéran de |
l'exploration qu'était, jeune encore, le capitaine.- 1
(avant d'aborder les parages du pôle, il avait- 1
connu la brûlante Afrique) s'avisa de créer des
distractions, et la première à laquelle il pensa-
fut l'institution d'un théâtre.
inaugure le mouvement baptisé par nos voi-
sins du nom de Sturm und Drang, l'orage etla;
poussée des passions, Les Stuermer forment?
au-delà du Rhin la première génération roman-
tique et le mot de « génie » revient si souvent
sous leur plume qu'on appelle aussi « période
des génies » cette heure de la littérature alle-
mande. Le génie, écrit M. Chuquet, n'avait été
jusque-là qu'un homme très supérieur à ses
semblables par l'ensemble des facultés de l'es-
prit, et la raison entrait pour une part dans sa
définition. Ce sera désormais un homme extra-
ordinaire qui ne croit qu'en lui-même et dé-
daigne autrui les règles lui sont pernicieuses
et l'enthousiasme lui suffit: il se contents
d'avoir l'inspiration d'en haut et les Dieux dans
lecteur. On sait qu'une alliance divine est la
prétention des mystiques de toute observance^
Lés maîtres de ces novateurs sont des écri-
vains anglais, Young, Richardson, Sterne^
bientôt le pseùdo Ossian, surtout Shakespeare.
En France, ils écoutent Diderot, Mercier, mais
bien davantage Rousseau qu'ils estiment à
l'égal de Shakespeare; Leriz l'appelle :1e divin
Klinger le proclame son guide et le guide de la
jeunesse; Heinse prétend le savoir .par cœur
Herder ne parle de Y Emile et de YH&oïse
qu'avec admiration Werther est un autre
Saint-Preux et Schiller écrit que Jean-Jacques
fut trop noble powi?çe.nTÛ3iide dévoue après; ssr
mort, causée par les indignes persécutions qu'il
a subies, le nouveau Messie est remonté vers,
les anges ses frères, qui attendaient sa venue. 0
Rousseau, c'est donc le cri de guerçé des
Stuermer comme l'amant de Julie,, ils'reèher-
cheht les lieux déserts, les èniïrÔïts sauvages
des Dois où rien n'annonce la servitude. La pas-
torale renaît on souhaité de revenir à l'âge
d'or, de goûter les plaisirs purs de l'homme
des cKamps Herder place la poésie des sâa-
vâges plus haut que celle 'des âges classi-
ques on s'insurge contre la loi et contre la
société on fronde le pouvoir, on voue les ty-
rans à la mort. On oppose Werther, à Alaei-ti
l'homme sensible, l'homme dont l'âme s'émet
et s'épanebe à rixomni^ froid, aai JQ> O.ue fu
p
On n'avait, assurément, jamais joué la comé- J
die si loin Ces représentations arctiques méri-
teraient quelque souvenir dans les annales des
théâtres d'amateurs. Gardons, pour ces annales,
le nom du lieutenant Belchey, à qui fut dévolue
la direction de la scène, installée sur YHécla,
sous une charpente, revêtue d'une épaisse cou-
verture de bourre de laine. On eut vite, parmi. les
matelots, des décorateurs, des costumiers, des
machinistes et des acteurs tout prêts, mais le
«directeur » fut un peu embarrassé au début
pour la composition des spectacles. On n'avait
guère songé, au moment du départ, à emporter
une bibliothèque dramatique. Le lieutenant
B"élchey reconstitua d'abord, de mémoire, tant
bien que mal, quelques pantomimes de Noël, ce
qui donna, le temps aux auteurs dramatiques de
bonne, volonté de concevoir de plaisants scena-
rios.qft'agrérnen.tait de musique un marin ayant
eu la précaution d'emporter, -son violon., Ce
mâëstrb' fut, pendant la, « saison »,. èxtraordjnâi-
r5Éiîi^flt»'ec^}4p^ jusç^'aïf jour Où & eûtI£;inaW
heur ;de tomber detm utië crevasse avec soh in-
strument on fe retira de l'abîme, mais son' vio-
lon y' resta, perte irréparable l'orchestre fût
des, lors réduit à un fifre, à une cornemuse et à
ujo tambour,, mais que ne fait pas du tambour
un. virtuose! îly.a,sur les ressources insoupçon-
nées de la caisse, une page brillante de Jean
Rjchepin..Le capitaine Parry entra lui-même
en lice.et ce'fiut unegrandé première, encore que,
malgré' toutes les précautions prises, il y eut
vingt-huit degrés au-dessous, de zéro dans l'en-
ceinte même du théâtre. Ce qu'il avait écrit,
c'était une manière de revue, le Passage auNo'rd-
Ôuest, où n'avait retracé pittoresquemênt quel-
ques-uns des épisodes du voyage. Il y eut un
grand succès pour un des interprètes, chargé
du rôle, parlant et dansant, d'un ours blanc
soucieux de l'exactitude de son costume, il
avait tué, quelques jours, auparavant, l'animal
dont ̃'il avait revêtu la fourrure. On applaudit
furieusement, au point d'en oublier, le froid, au
moment du tableau final cette apothéose re-
présentait le retour, et un artiste de la troupe
avait peint, sur une toile.à voile bien tendue, les
quais de ond'rés cependant que .des figurants
incarnaient les autorités britanniques, en grand
uniforme venant .recevoir, avec des démonstra-
tions djenthpusjg'sme, les hardis explorateurs.
M?iis,.raôffi£i::dan§v lesj.régip.Qs polaires^ les < e,f-
fets d, se, déplaçant. et les différents publics n'ont
pas toujours les mêmes impressions. On remar-
qua, à la seconde représentation, à laquelle as-
sistait une partie de l'équipage du Griper, que
l'approximative imagedesquaisde Londres avait
semblé plus pénible que divertissante. Londres
n'était-ce pas à ce moment l'inaccessible, la
patrie dont on était séparé par des distances
prodigieuses, pour longtemps infranchissables?
On laissa la scène, mais on supprima le décor
trop exact pour le remplacer par un autre, tout
imaginaire. Ainsi, même là-bas, y, avait-il pour
un directeur, des nuances délicates à saisir pour
arriveras succès complet, bien '.que toutes les
places fussent naturellement gratuites.
Ces représentations, au-delà des limites du
monde civilisé, étaient d'ailleurs justiciables de
la critique dramatique, qui s'exerçait avec d'au-
tant plus de soin que les loisirs ne manquaient
pas au feuilletonniste. C'est que, en même
temps que la création du théâtre, Parry, dans sa
lutte contre l'ennui, avait. décidé la fondation
d'un jourqaly^ui prit le titre de la Chronique
et typer, journal d'une organisation forcément
,.un peu primitive. La rédaction en chef en avait
é^cQofié^à l'officier; chargé, des. observations,
astr.pnomiq'ues, le lieutenant Sabine. Cet astro-
nome, qùapd il. cessait d'observer le ciel, avait
de la bonne 'humeur la Chronique devait. être
gaie, en effet.Èile parut régulièrement, le lundi.
du V novembre au 3o mars. Il y avait une boîte
déposée devant la porte de la cabine de la ré-
daction elle fut bientôt pleine d'articles, dé-
posés par des collaborateurs improvisés, et ce
ne fut pas îa copie qui manqua, encore-que, pour
écrire, il fallût faire dégeler l'encre à la flamme
d une lampe.
Evidemment après quatre-vingt-dix ans, les
plaisanteries de la Chronique d'hiver ne sem-
blent pas toutes ̃extrêmement spirituelles. Ainsi,
une fantaisiste annonce avait-elle demandé
« une veuve d'excellente réputation », pour ser-
vir d'habilleuse « aux dames de la. troupe du
Théâtre-Royal ». Sur ce thème, les facétieuses
propositions abondèrent « Avant de me char-
her de la toilette des actrices de votre théâtre,
répondait, un des correspondants, je désire sa-
voir si l'on me fournira l'aide de quelques
vigoureux matelots pour lacer leurs corsets. »
ion sens ce contraste fait le fond des œuvres
de Goethe et de ;Schillerf à ;le«rs #buts •; Pn Ré-
fère aux lumièrey de là raison les révélations
du sentiment: 'de toutes parts fleurissent les
« belles âmes », et plus que jamais les larmes
sont à la jnode. Lenz, le plus fougueux de ces
« génies » est une sorte de Baudelaire, un ori-
ginal qui finira par la folie, tantôt timide et
tantôt superbe, « doux comme un enfant et mé-
chant comme un singe». Au total, il n'est
pas un des traits essentiels du romantisme qui
inanque à ce mouvement de 1770.
Gœthe et Schiller s'assagissent bientôt et, en
compagnie de Lessing et de Kaht, qui, plus
mûrs, avaient mieux résisté à l'épidémie ré-
gnante, ils deviennent les classiques de la litté-
rature allemande, sans jamais se dégager
pleinement de leurs origines romantiques au
surplus. Mais la génération qui les suit re-
tourne au triple mysticisme esthétique, social
et teutonique qui avait séduit ses aînés. Celle-là
représente le Romantisme allemand proprement
dit son théoricien sera Frédéric Schlegel, l'au-
teur du roman audacieux de Lucinde, et M. Chu-
quet interprète ce mouvement comme.un nou-
veau Sturm und Drang qui maudit une seconde
fois les conventions sociales et le despo-
tisme de la raison, qui renie Schiller trop
modéré désormais et persiste pourtant à admirer
le Gœthe de Witixelm Meister par une incon-
séquence qu'explique le «éjour de Schlegel à
Weimar etles encouragements qu'il y a reçus.
Dans les rangs dé ces nouveaux venus, Kleist
continue le culte de Rousseau mais déjà à demi
dégrisés du mysticisme social par le spectacle
de la Révolution française, ils esthétisent et
teutonisent surtout à l'envi, font leur prophète
de Jacob Boehme, le cordonnier de Gœrlitz,
félicitent Durer de n'avoir pas toi l'Italie, ma-
gnifient les siècles de foi religieuse intacte et
de Mélitè monarchique iûébranlêe. Le moyen
âge et le catholicisme deviennent leurs pôles
d'attraction la suprématie de l'Eglise et la
royauté absolue forment leur idéal politique et
6e sont ces derniers traits seulement, archéo-
logie, fêodalisrue, teutonjsme et catholicisme
~y~:
Un a chroniqueur énumérait les diverses sur.
prises d'une journée arctique « sortir le matin
pour prendre l'air et tomber dans une crevasse,
se mettre en marche avec un morceau de
pain dans la poche, et,, quand l'appétit se fait
sentir, le trouver tellement durci par la gelée
qu'il vous brise les dents. Mettre en joue un
ours, essayer de faire feu, et éprouver le mé-
compte d'un .raté pour cause d'humidité de l'a-
morce. » Mais il y avait quelque mérite à
avoir de la gaîté, ou même à feindre d'en avoir,
en de telles circonstances, pendant cette pre-
mière épreuve, singulièrement redoutable, d'un
hivernage, parmi des périls encore inconnus,
sous un climat hostile, au milieu d'horizons tra-
giques, et alors que les plus résolus ne pou-
vaient pas ;ne pas avoir; au fond du cœur,
l'anxiété de l'avenir. Paul Ginistyv
̃̃̃; ;ri- ;̃̃ i ;#f^.r;. -;•,̃ ̃ '••
''̃• Le' ̃ ̃' La Reviie scientifique signale un
i toicr:dtc auoitde, vi;eil ,on'vrage d.'asari~nomie é~w
[̃'̃ -̃ '̃ 3îé 'plr>'Mv J1. Masdart,et. dans
lequel l'ingénieur Haye étudie là ^g^lbmique et
le tracé des cadrans solaires les plus variés. Ce
livre fut édité à Paris en 171-6. Naïvetés mises à
part, le. traité mérite un examen scientifique très
attentif: avec de nombreuses et belles planches,
c'est un exposé fort élégant de la question des
cadrans solaires, et de leurs tracés, notamment
sur plusieurs plans formant polyèdre et l'ou-
vrage 'mérite une place très honorable dans la
littérature astronomique au début du dix-hui-
tième siècle. On y lit entre autres récits l'his-
toire suivante « A cette occasion, je rapporte-
rai icy une affaire qui se passa en Allemagne
dans le huitième siècle, qui ne montre que trop
combien les esprits, même les savans, étaient
éloignés de croire qu'il y eut des antipodes.
Vers l'an 745, Virgilius, éyêque de Salzbourg,
dit qu'il y' avait des antipodes, il, s'en était
même expliqué dans le monde; mais cette
nouveauté parut si étrange et si dange-
reuse, que Boniface, évêque de.Jtfayence, se dé-
clara ouvertement contre Virgîlms, qui fut ac-
cusé d'hérésie sur ce point devant le pape Za-:
charie. L'histoire de Bavière dit que le roi de
Bohême fut saisi de ce différend en première
instance que. les parties se pourvurent ensuite
,par appel â Rome et qu'enfin Virgilius fut con-
idanuié -comme nérétiqufiiparee q u=il. croyait aux
^antipodes. L'on n'est plus dans ce temps d'igno-
rance l'expérience, qui est un des meilleurs
fondements de la géographie, a fait connaître
aux hommes, depuis plus de deux cents ans, que
la terre est ronde et qu'on en fait le tour facile-
ment par mer en moins de trois ans. D
LETTRES ROM Al NES
Les catholiques allemands et le Vatican
,• ̃ .̃• ;il(i) (i) ;̃ ..•̃
Rome, le 10 septembre 1909.
Dans une précédente lettre, j'ai exposû comment la
vieille controverse touchant le caractère du Centre
emprunte aux circonstances politiques actuelles une
importance toute particulière. On avait déjà vu le
parti qui représente les catholiques au Parlement al-
lemand conclure avec d'autres partis des alliances qui
ne reposaient pas sur une communauté do principes
religieux c'est la coalition du Centre et de la social-
démocratie qui,- en 1907, contraignit le prince de Bû-
low à dissoudre le Reichstag. Mais il s'agit aujour-
d'hui de quelque chose d'assez différent l'union mo-
mentanée du Centre avec le parti conservateur, union
de circonstance et de combat, s'établirait gur une base
plus solide et plus Constante et aurait pour but et
pour justification la défense de certains intérêts com-
muns l'idée chrétienne, le Chri0iah,e, Welfàtis-*
chauung, qui n'avait certes point présidé à la forma-
tion du nouveau bloc {Schwàrs-blauer Block), en de-
viendrait après coup la raison d'être. On verrait alors
se répéter en Allemagne le singulier phénomène que
naguère M. Kuyper nous a donné l'occasion d'obser-
ver aux Pays-Bas la lutte parlementaire et politique
officiellement engagée entre deux partis, l'un: chré-
tien; l'autre antichrétien; le ministre néerlandais
disait antipàganiste et pagàniste. Cette division; aux
Pays-Bas, 'était très artificielle et amena dé déplora-
bles résultats. On peut se demander ce qu'elle serait
en Allemagne, à supposer qu'elle pût y être opérée et
maintenue pour quelque temps.
Mais il ne-s'agit encore, à l'heure qu'il est, que de
velléités et de manoeuvres préparatoires ni d'une
part ni de l'autre les intentions ne sont franchement
découvertes. On ne peut qu'observer les faits qui les
révèlent, et le fait capital, c'est la nouvelle attitude
du Centre, ce sont les protestations que cette attitude
provoque au sein même du parti. Les catholiques qui,
comme MM.Bitter et Roeren, estiment que le Centre
doit rester confessionnel, ne prennent pas au sérieux
(1) Voir le Journal des Débats du 9 septembre.
.qu'évoquait hier .encore dans l'esprit de tout
Allemand ejîîtifé 1-épi th.è te: de «romantique ».
Le romantisme français qui, par Mme de
Staël, est issu en partie de son précurseur
allemand vient en revanche réagir au delà du
Rhin après sa victoire de 1830, et le mysticisme
social réveillé y prend de nouveau le pas sur le
teutonisme dans les âmes de la troisième géné-
ration romantique. C'est le mouvement de la
jeune Allemagne dont nous avons étudié ré-
cemment les tendances en traçant l'histoire des
époux Stieglitz. Henri Heine, qui a- fréquenté
les survivants du romantisme berlinois, les
continue tout en se moquant d'eux, dit M. Chu-
quet il use de leurs procédés en réagissant
contre la nuance féodale et romaine de leur
mysticisme. Comme leurs aînés, les hommes
de la jeune Allemagne se rallient au Gœthe ju-
vénile de Berlichingen et de Werther. Saint-
Simon, le père du socialisme romantique avec
Fourier, et George Sand sont leurs inspirateurs
les plus écoutés.
Après les désillusions de 1848, l'Allemagne
inaugure une nouvelle période morale en prê-
tant l'oreille aux leçons, longtemps dédaignées,
de Schopenhauer, qui devient le philosophe de
la quatrième génération romantique. Le jeune
Nietzsche et ses amis sont tout surpris de re-
connaître dans la doctrine de ce maître vénéré
de leur adolescence une sorte de « cristallisa-
tion •̃>•̃ des doctrines du romantisme allemand
qu'il a su débarrasser pourtant de ses « impu-
retés cléricales ». Nietzsche sera donc lui aussi
un pur romantique pendant la première et la
dernière période de sa vie, mais il parviendra
très tard à la notoriété et, avant lui le plus in-
fluent des guides de la jeunesse, c'est Richard
Wagner. M. Henri Lichtenberger vient de nous
rappeler dans un livre excellent (3) l'évolution
morale si caractéristique du musicien de Bay-
rëuth, traversant en 1848 sa crise de mysticisme
social, reflétée par le poème de la Tétralogie.
pour aboutir après le succès à ce mysticisme
esthétique entraînant, dont son étude sut Beetho-
(3) Wagner, Alciuî, 1909.
l'idée d'une coalition chrétienne formée par les ca-
tholiques et par les protestants unis contre les libé-
raux, en vue de prévenir un nouveau Kitlturhampf;
ce n'est là, à leur avis, qu'un prétexte; la vraie rai-
son, c'est, de la part du Centre, une raison d'intérêt.
Tant que dura en Allemagne la lutte confession-
nelle, il fut très facile aux chefs du Centre d'acqué-
rir et de conserver des forces électorales considé-
rables. La difficulté commença lorsqu'ils changèrent
d'objectif et que, n'ayant plus à combattre pour
des intérêts religieux, ils s'efforcèrent à la con-
quête du pouvoir. Alors, comme le grand adversaire
électoral, c'était la social-démocratie, le Centre, sans
cesser d'être un parti religieux, devint, en outre, un
parti populaire et social, une Wolhspartei. Et il par-
vint ainsi, en peu d'années, au but que ses ̃ chefs
s'étaient proposé": le gouvernement dut compter avec
lui et accepter sa collaboration. Mais le jour vint où
le Centre, se sentant de plus en plus fort, eut des exi-
gences insupportables, et où le gouvernement son-
gea à se débarrasser d'un allié trop autoritaire. Le
parti catholique, sans attendre qu'on le rcongédiâj;
changea encore une fois de tactique M. Erzberger
mena çoiitre: le,, gouvernement la fctmeasè campagne
des- scandales coloniaux, provoqua, de lâ^pàrt de
M. Deraburg, une déclaration de guerre qui, en je-
tant le Centre dans l'opposition, devait mettre le
gouvernement en minorité. Ce fut la dissolution de
1907. Les nouvelles élections ne diminuèrent point
les forces du parti catholique, mais elles permirent
au chancelier de les tenir en échec par la formation du
Bloc conservateur-libéral. Tous les efforts du Centre
tendirent alors à disloquer la nouvelle majorité, qui
lui avait enlevé le pouvoir. La question financière
mit le désaccord entre libéraux et conservateurs le
Centre s'unit aux conservateurs pour repousser le
projet du gouvernement, que soutenaient lés libé-
raux, et faire voter un contre-projet. Le prince de
Bûlow se retira, vaincu par le Centre qu'il avait voulu
mettre à la porte. Et les deux partis vainqueurs son-
gent aujourd'hui à profiter de leur victoire, à orga-
niser la nouvelle conquête du pouvoir d'où l'attitude
actuelle du parti catholique et sa velléité d'étendre
son programme et d'élargir ses rangs. Or, dans tout
cela, observent Mil. Bitter et Roéren, où est l'intérêt
religieux, que deviennent les principes et la raison,
d'être du parti ? Le Centre a perdu de vue son
caractère confessionnel, il a renoacé au rôle qu'il
s'était autrefois lui-même assigné, il lutte pour le
pouvoir, comme un parti politique quelconque, avec
cette différence que, pour conserver plus sûrement
ses avantagea électoraux, il prend soin- de donner à ̃̃
son action politique un faux air de revendication ou
de défense religieuse. Les catholiques de Cologne ont
commencé: longtemps exclus du Conseil ;Kiuniçipal,
41s n'y.^ontenfiae.»tréf qu'en vertu d'un programme
plus tolérant et grâce à leur union avee les protes-
tants. Aujourd'hui ils sont en majorité dans le Con-
seil, et ils s'empressent de recommander, d'imposer
même aux autres catholiques d'Allemagne une tacti-
que qui leur a si bien réussi. Et pourtant, si le Centre
répudie son caractère de parti strictement catholique,
.quel autre principe d'unité et de cohésion peut-il
invoquer? Ce qui fait sa force et sa souplesse, c'est
justement l'absence de tout Credo politique, l'indô-'
pendance vis-à-vis des principes qui dirigent et en-
chaînent communément l'action des partis. Cette
indépendance, le Centre vient encore d'en user fort
largement il s'était plusieurs fois déclaré contraire
auprincipè des impôts indirects, et il a voté d'un
seul coup 350 millions de taxes de consommation il
avait naguère soutenu l'impôt sur l'héritage, et ce
sont ses efforts qui, le 24 juin, l'ont fait rejeter par
une majorité de moins de dix voix. De telles contra-
dictions peuventse justifier, si l'on invoque le carac-
tère confessionnel et non politique d'un parti qui fit
jadis une opposition terrible à la loi du septennat
sans être le moins du monde antimilitariste elles
deviennent inexcusables, aux yeux des électeurs, si
on les porte au compte d'un parti politique ordinaire.
Engagé dans la voie où l'ont poussé quelques chefs
ambitieux, le Centre cesse d'être la représentation
parlementaire des catholiques allemands: il devient,
pour ceux qui le dirigent, un moyen d'imposer leur
volontô aUpâ Jë,grâce à là discipline' éprouvée dè&ôlge-
teurs catholiques et au concours du clergé. Aujourd'hui
encore, si ces chefs préconisent l'union avec les con-
servateurs protestants, ce n'est pas qu'ils aient re-
connu cette union nécessaire à la défense de l'idée
chrétienne, mais simplement qu'ils y voient la condi-
tion, indispensable de leur rentrée au pouvoir. •
Ainsi raisonnent, avec MM. Bitter et Roaren, les
partisans du confessionalismë ils sont en tout petit
nombre, et ne peuvent; espérer de faire beaucoup
d'adeptes. Leurs adversaires, en même temps qu'ils
revendiquent pour le Centre le caractère de parti po-
litique et le droit de choisir librement des alliés où
bon lui semble sans autre loi que celle de l'opportu-
nité, dénoncent hautement le danger d'une coalition
antireligieuse, formée par tous les éléments libéraux,
et contre laquelle tous les éléments chrétiens doivent
unir leurs forces. Rien n'est plus significatif, à ce
propos, que les correspondances que la Civilta Cat-
toliea se fait envoyer d'Allemagne elles sont d'ail-
leurs, m'assure-t-on, d'origine parlementaire. Dans
l'une des dernières (2), on représente la lutte comme
ouvertement déclarée dans l'empire allemand « entre
le christianisme et l'athéisme ». « La France, écrit la
correspondant de la Civilta, est le modèle delà future
(i) Civilta Catlolica du 7 août 1909, p. 375 et suîv.'
ven est .l'évangile et finir avec ParsLfal dans un
vague mysticisme, chrétien. ̃ ̃̃,
La cinquième génération romantique, enfin,
celle que nos voisins appellent le groupe nêo-
romantique ou quelquefois la plus jeune Allé-*
magne, s'annonce vers 1885, dit M. Chuquet,
comme un nouveau Slurm und Brang. Lès.
frères Hart qui tourneront bientôt au mysti-
cisme social le plus attendri, préparent ce
mouvement par une campagne critique retentis-
sante. MM. Holz, Sclaf, Hauptmann, Dehmel,
Vedekind, Hofmausthal, sont aujourd'hui ses
représentants les plus en vue et l'une de ses
ailes sacrifie au mysticisme germaniste sous la
bannière du comte de Gobineau et de M. Hous*
ton Stewart Chamberlain.
Ajoutons qu'en Allemagne aussi bien qu'ail-
leurs, l'opinion commence à juger que c'est là
un peu trop de romantisme en vérité. M. Lich-
tenberger termine la pénétrante étude que nous
venons de citer en rappelant qu'au delà du Rhin
des voix nombreuses s'élèvent depuis quelques
années pour faire la critique du néo-roman-
tisme, pour signaler ses exagérations, dévoiler
ses faiblesses et dénoncer ses dangers. Nos
voisins commencent à redouter, dit-il, l'in-
fluence de c es natures extrêmes et désharmo-
niques qui appuient leur âpre ambition de puis-
sance sur une inquiétante exaltation mystique.
C'est qu'avec le temps seulement les doctrines
morales écrivent leur»- résultats dans les faits
les enfants de ceux qui ont planté l'arbre, J.p
jugent au goût dé ses fruits. Sans le déraciner,
ils peuvent alors l'émonder du moins, ou encore
greffer dans sa substance féconde les rejetons
d'une autre souche, dont le mérite leur soit
connu par une expérience ancienne.
Le romantisme ne périra pas, étant aussi
vieux que l'humanité qui toujours eut besoin de
convictions mystiques pour appuyer son effort
vers le mieux mais le mysticisme roman tique
qui fut celui de notre âge se fera moins étroit
et moins grossier qu'on ne l'a vu chez ses. re-
présentants les- plus écoutés.
i s~ Ernest Seillière
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