Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1909-07-27
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Langue : français
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Description : 27 juillet 1909 27 juillet 1909
Description : 1909/07/27 (Numéro 206). 1909/07/27 (Numéro 206).
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/11/2007
10 centimes l«îSftraièi»o :'m^TVm-W&ytJ'&ttA,tt'*l'*El, le IWmëro 10 centtmeis
206 121* ANNÈfi
12Ï* ANNEE 206
JMJMAL r *̃̃̃. Mp p •' ̃̃
MARDI 27 JUILLET
1909 y-
MARDI f 27 JUILLET
1909
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
il, Rue des 'Pfêires-Saint-Germaiii-rAuxerrois, 17
PAItlS l" `
̃ ̃'$̃ ̃ ̃. ̃ ̃ • ̃ ̃̃̃'̃̃'
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dans tant, les Bureaux 'et'. Poslo
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t£S ABONNEMENTS PARTENT BIT Ie-- ET^fiïrie DE CHAQUE MOIS
LES ANNONCES SONTN REÇUES
t, S~ pla~ dc 1~our~
Gici MM Lagiaoge, Cerf ei Cl\ 8, Place de la Course
POLITIÛUES ïï LITTÉRAIRES
SOMMAIRE
LA Loi des Femmes ET SON application. Louis
Delzoas..
Ao Jouu le Joun. Les Flétris. Henry Bidon.
LES Espagnols AU Maroc.
LE Nouveau Ministère.
Nouvelles bu JOUR.
Lettres d'Extrême Orient. Robert de Calx.
VERS la Cité future. Ernest Seillière.
REVUE DES Livues.
L'Aïeul [6]: Paul Heuzé.
La Loi des Hmwm et son application
.Voici qui" ne manquera pas n'émouvoir, non
seulement leé apôtres du féminisme, si heu-
reux depuis deux ans d'avoir assuré aux tra-»
vâiltenseïf 4a ^litee>administrati on -de. leurs sa-
laires, mais tous les esprits soucieux de donner
à la femme mariée, surtout à l'ouvrière, plus de
droits et de garanties. Une Société savante, bien
connue "pour la contribution qu'elle ne cesse
d'apporter aux progrès de nos lois, la Société
de législation comparée, révèle dans son der-
nier bulletin que la loi du 13 juillet 1907, sur le
libre salaire do la femme mariée, cette pre-
mière grande loi. des femmes, n'est pas appli-
quée elle n'est pas appliquée, et la femme
ne peut ni acheter ni vendre des valeurs par la
résistance obstinée des établissements de cré-
dit, dos agents de change et même du Trésor. Il
suffira de rappeler les règles essentielles de
cette loi pour constater que, bien loin de pré-
voir une telle résistance, le Parlement et les
femmes mariées, sur la foi de sa parole, avaient
escompté des concours sans réserve et d'ail-
leurs sans péril.
L'esprit de cette loi est très net et ses termes,
sont formels. Depuis longtemps on faisait va-
loir que le Code civil imposait â la femme du
peuple une condition des plus fâcheuses. Il
disait, en effet, que, faute de contrat, les époux
seront mariés sous le régime de la communauté
légale; or,' chacun sait que, sous ce régime,
d'une; part, Àe patrimoine commun comprend
tous les gains et revenus de chaque époux; d'au-
tre part, le mari est sinon « seigneur et maître »
de cet avoir comme au temps des coutumes de
la vieille France, mais à peu prés libre d'en
disposer. Et on voit les conséquences dans un
ménage où la femme travaille comme le mari
et, comme lui, rapporte des salaires, le mari
avait le droit de mettre la main sur cet argent
pour le dépenser à sa fantaisie. Si l'on tient
compte de ce fait à peu près général que, dans
ces ménages, c'est chez la femme que se trou-
vent le plus souvent les qualités d'ordre, de
prévoyance et le goût de Tépargne, le pouvoir
dii. mari paraîtra non seulement exorbitant,
mais désastreux pour l'avenir; et on plaindra
la femme qui s'estépuisée à travailler pourvoir
•iissiper au fur et à mesure le produit de son
travail. De tels effets n'avaient pas été prévus
par le Code civil, qui ne connaissait l'activité
de la femme que sous la forme conservatrice et
dans les soins du ménage. Ils se sont décou-
verts, ils se sont développés avec l'indus-
trie et les usines, qui ont donné de plus en
plus aux femmes l'occasion de gagner de
ràî-gent; C'est bien parce qu'ils s&: maraifês-:
taieïttd'une-iuaaiôre içop:àrideaie:q'a'n&iBevt^
vênrent d'opinion s'est créé peu à peu pour
mettre les règles du Code en harmonie avec des
faits trop différents de ceux qu'il avait connus.
Par la loi du i3juiliettl!)07,-ori a voulu établir
en France quelque chose d'analogue à ce que le
nouveau Code allemand et le Code suisse appel-
lent les « biens réservés ». La femme aura des
biens réservés-.A quelle condition? A cette seule
condition qu'elle •« exerce personnellement une
profession distincte de celle de son mari ». Ces
biens se compsent des «produits de son travail
personnel et des économies en provenant».
Enfin, elle a sur eux non pas un droit de pro-
priété, qui eût été contraire au principe de la
communauté légale, mais un droit complet
-d'administration. Et la loi dit expressément
qu'elle peut les employer en acquisitions de va-
leurs mobilières ou immobilières, qu'elle peut
même, sans autorisation de son mari, les alié-
ner à titre onéreux. Quant aux tiers, il est dit
aussi nettement que leur responsabilité n'est
FEUILLETON DU JOURNAL DIS DÉBATS
du 99 juillet 1VO9
VËRf LA CITÉ FUTURE
Parmi les hommes d'expérience et do savoir
qui se plaisent à observer, dans un esprit de
sang-froid, l'évolution des doctrines sociales
contemporaines, M. Eugène d'Eichthal s'est
acquis une incontestable autorité. Les Pages
sociates (i), qu'il vient de donner au public,
seront d'autant plus favorablement accueillies
qu'il y prend soin d'apprécier brièvement les
travaux les plus marquants de ces dernières
années dans ce domaine. Précieuse fortune
dont nous nous empresserons de profiter afin de
fixer ou de confirmer tout au moins notre juge-
ment sur ces difficiles problèmes..
Ce qui frappo au premier abord dans les étu-
des théoriques d'origines variées et d'inspira-
ti,ons diverses qui sont analysées, discutées et
finement appréciées par M. d'Eichthal, c'est le
recul de cet esprit mystique ou messianique qui
fnt celui du romantisme et dont îa doctrine de
Marx, en dépit de ses prétentions réalistes, est
un des plus, aélièvés laonuaienls. Au contact
îles faits, parfois ''̃dès responsabilités couiinen-
çanWsy^lôs espérancoa folles ont dû faire si-
tëficè ou se tradulm àe fsqeù jïïns disbrétè et ét
p}ug Jtvxpoeriiemen|,enyeîoppée. )& mysticisme
social, Tespeir dans les miracles de la bonté ou
de la raïéoû naturelle du peuple se dissimule
mieux que par iç passé, au moins chez les écri-
vains qui s'adressent au public cultivé. Il se ré-
fugie, pour s'exprimer sans ambages, dans les
réunions électorales, les professions de foi
parJemeiïtaire.s on les colonnes de !a. presse dé-
niagogique. •̃ '̃̃̃̃ '̃̃' ••̃̃̃•̃'̃̃̃'̃" .-̃̃;•̃̃ '.̃•
Est-ce à dire que l'on puisse signaler la défi-
nitive retraite de ce mysticisme dangereux et
que nous trouvions désormais devant nous,
tl) Paris, Aiean. ^w
Reproduction interdite.
jamais engagée dès que la femme a prouvé, soit
par un acte de notoriété, soit, par tout autre
moyen, qu'elle exerce une profession distincte
de celle de son mari.
Telle est la loi. Voici .maintenant les faits.
Une femme se présente aux guichets d'un éta-
blissement de crédit, et veut donner l'ordre
d'acheter une obligation de chemin de fer. Que
lui répond-on ? Qu'il faut l'autorisation de son
mari. Mais elle a sa profession à elle elle in-
voque la loi de 1907. Il n'importe. Une contesta-
tion pourrait se produire l'établissement ne
veut aucun risque, et après tout il est bien
maître, lui commerçant et simple particu-
lier, de refuser une opération où il aper-
çoit un danger. Il en est le maître, c'est
vrai, et il n'y a rien à objecter. Mais, à
côté des banques privées, des intermédiaires
officiels, légaux s'offrent au public ce sont les
agents de change. Leur ministère^ est obliga-
toiro pour la nigociatian de toute valeur cotée
donc ils..ne -pourront, eux^ refuser l'opération,
l'achat d'une valeur cotée a la femme qui s'ap-
puie sjar,iia,U)i..de lôQZU.^ Q.ue.dise«n:t-4ls?, Jls
connaissent la loi de 1907, oui. Ils ont lu dans
l'article 1er que la femme devait justifier d'une
profession distincte. Ils exigent cette justifica-
tion. Mais ils vont plus loin, ils exigent que le
mari accepte, la justification et consente à l'a-
chat proposé. C'est-à-dire qu'après avoir appli-
qué la loi de 1907 en demandant les preuves
qu'elle comporte, ils la suppriment simplement
en prétendant faire'- intervenir le mari, là où
cette loi a ditTormellement qu'il n'intervien-
drait pas. Il y a mieux. Une femme, a acheté
un titre de rente sur l'Etat l'Etat a bien voulu
accepter^son argent. Mais, "plus tard, elle veut
vendre, et comme le titre est nominatif, elle
s'adress&au bureau des transferts. Que lui ré-
pond le bureau ? Qu'il faut l'autorisation mari-
tale. Mais la loi de 1007 écarte cette autorisa-
tion t II se peut qu'elle l'écarté le Trésor, lui,
ne saurait s'en passer.
Ainsi les prescriptions les plus claires sont
méconnues. La loi de 1907 a donné à la travail-
leuse le droit d'administrer le produit de son
travail et les économies en provenant; elle a
précisé que cette femme n'a pas besoin d'autori-
sation maritale ni pour acheter, ni pour vendre
des valeurs. Et les intermédiaires sont d'accord
pput' dire l'autorisation est indispensable. Il
en résulté que, sauf pour "un placement à là
Caisse d'épargne, la loi reste sans effet. Est-ce
admissible'? Il semble que non, et il suffira sans
doute d'avoir appelé l'attentïen sur cet étrange
conflit, pour qu'au ministère des finances on
prenne les mesures nécessaires, sauf à appor-
ter, si cela paraît indispensable, quelque modi-
fication dans cette loi de 1907, qui avait marqué
un si juste et si heureux progrès.
Louis Delzons
I*es grlncbus. Le Rappel ne se console pas de
voir le ministère échapper à ses amis. Il ne nous par-
donne pas notreirrâvérence à l'égard des « grands
hommes ignorés dont s'honore discrètement le parti
radical >. Il n'admet pas que ce parti soit à ce point
dénué de chefs capables de former un gouvernement.
Et il veut bien nous en faire connaître quelques-uns
triés sur le volet MM. Brisson, Bourgeois, Berteaux,
Caillaux, Combes, Delcassé, Monis, Sarrien, Vallé. On
ne se plaindra pas de manquer de choix. Il y a de
quoi constituer tout un ministère. Seulement, il n'y
a pas là beaucoup d'inédit. Le parti radical vit sur
son vieux stock. Il ne se rajeunit ni ne se recrute.
,M. flrissûa. et M^BQurgeojs..ne figurent d'ailleurs
̃sur là liste que pour mémoire. L'un est nanti, i'au-
ivé ^n'aspire pas à "la "présidence dû Cansèïl. QMîît
àM^Sâsrîëa, le Rappel en le citant revient à une
des plus chères traditions de notre histoire contem-
poraine. Il était d'usage, depuis un temps immémo-
rial, de consulter M. Sarrien, en cas de crise mi-
nistérielle. On ne l'a pas fait cette fois, et cette in-
fraction au protocole est réparée. par le, Rappel. /îioi\s
ne pouvons. que lui en donner acte, mais le Rappelnc
doit pas ignorer que s'il était de règle pour le Prési-
dent delà République de faire appeler M. Sarrien, il
était également de règle pour M. Sarrien de ne pas
aboutir à former un ministère. Comme dit plaisam-
ment un de nos confrères; il y a réussi une fois, et
c'est depuis cet accident qu'on ne le mande plus
à l'Elysée. Ce' n'est pas- de cette omission que
souffre beaucoup le Rappel. M. Sarrien n'est là
que pour faire nombre. Les vrais amis, les fortes
têtes du parti radical tel que le conçoit le Rap-
pel, ce sont les autres, M. Berteaux, M. Combes, M.
Vallé. Franchement, on ne saurait reprocher au Pré-
sident de la République de n'avoir pas songé à eux.
Par quoi auraient-ils été désignés à son choix Les
idées, ou plutôt les pratiques, dont ils sont les repré-
sentants sont condamnées par le pays. Chaque fois
dans les partie d'avant-garde, des hommes dis-
posés à emprunter de l'expérience d'hier les
règles de leur action future î Non pas, il faut
l'avouer: aussi bien les suggestives discussions
de M. d'Eichthal n'auraient-elles plus leur rai-
son d'être en ce cas. Le mysticisme social, ce
pénétrant critique le retrouve au contraire
partout devant lui, sous des formes plus insi-
dieuses que par le passé, et il s'efforce à le
chasser de cette seconde ligne de défense pour
assurer le progrès rationnel de la démocratie,
mieux éclairée sur ses intérêts à longue
échéance.
Ecoutons d'abord avec lui le langage des
théoriciens les plus mesurés du mouvement
démocratique. La démocratie posséderait, à les
en croire, une vertu « intrinsèque » elle sup-
pose et favorise chez tous les citoyens, nous
dit-on, le plus complet développement de la
personnalité humaine. Cela est exact en par-tie
et pourtant déjà sujet à caution. Il y a là, ob-
jecte aussitôt notre guide' attentif, une double
affirmation dont la première est indiscutable et
renferme même un périlleux éloge. Oui, comme
le disait déjà Montesquieu, le ressort du gou-
vernement démocratique est la « vertu » et. son
fonctionnement suppose la perfection morale
du citoyen. Mais la démocratie favwHse-t-eUê
nécessairement une perfection si désirable en
effet? Ceci n'est plus vrai que sous certaines
conditions, car une prudente évolution vers
ratitanaiïrie inaivW«eHe;j ^^tmerjsoignéuse^etlôjtite
édûcàtidJQ du citoyen pkpYëteiHïôë mesuré de
la responsabilité économique d'abord et poli-
tique ensuite Sont seules capables de préparer
l'ordre et le progrès dans les républiques de
demain. Au contraire, supposer de prime
abord le prolétaire parfaitement sage et clair-
voyant sur sqs intérêts à longue échéance
comme le mysticisme social (enté sur l'intérêt
personnel et électoral) conseille à certains po-
îitieiens de lé faire et 4e l'exprimer dans la loi,
ce n'est plus nullement favoriser, c'est dévoyer
bien plutôt par mue licence prématurée le déve-
loppement delà vertu civique.
Mais voici u:ie doctrine plus soigneusement
élaborée qilo ia démocratie sans épithète c'est
le solidarisme, inspiration généreuse en son
que le combisme a voulu affronter la bataille à ciel
ouvert, M. Clemenceau en a triomphé à une majorité
I écrasante. Du moment que le radicalisme n'a rien de
plus neuf ni de plus sympathique à offrir, on com-
prend qu'il faille s'adresser ailleurs. M. Pelletan.
dans un curieux article de la Déjpéehe, en fait l'aveu.
« Soyons de bonne foi, dit-il, il serait peut-être dif-
ficile de faire autrement aujourd'hui. » Et il étudje.
mélancoliquement les moyens qui restent an' radica-
lisme « de reconquérir ce qu'il peut encore reconqué-
rir de son ancien crédit ». Libre à lui de faire cet ef-
fort, mais cet effort même suppose une crise du parti
radical, la crise que M. Jaurès résumait hier en un
mot lapidaire « Pauvreté en hommes provenant de-
la pauvreté des idées. » Aux yeux du public, le mini-
stère Briand a au moins l'intérêt de comporter un
peu d'imprévu. La France s'ennuie, disait-on à la fin
du règne de Louis-Philippe. Elle ne s'amuse pas da-
vantage depuis une dizaine d'années c'est pourquoi
elle accueille avec un optimisme préconçu tout ce qui
peut lui laisser espérer au moins un peu de« détente ».
-««S^
̃ E.,n quinine aux coloaics. La quinine est l'un
des moyens les plus efficaces pour lutter contre le pa-
ludisme aussi èst-ellé dans" -l'oauvre dn colonisation
entreprise par les Européens dans les pays tropicaux
un facteur de premier ordre. Et -cependant il se
trouve des gens qui déconseillent son emploi. Si cette
croisade d'un nouveau genre s'affirmait, les ravages
du paludisme croîtraient bientôt. Pour éviter une
pareille conséquence qui serait un recul, la Société de
pathologie exotique a, dans une récente séance, dis-
cuté un rapport sur les mesures à prendre pour déve-
lopper dans les colonies françaises l'usagëde la qui-
nine contre le paludisme. Ce rapport était du à MM.
Kermorgant et Laveran dont on sait les beaux tra-
vaux et la grande autorité en ce qui concerne les
maladies coloniales et en particulier' le paludisme.
Or, il comportait comme conclusion le vœu suivant ,=
« La Société de pathologie exotique, considérant que.
l'emploi préventif de la quinine est une des mesurés
les plus efficaces que l'on puisse prendre dans la lutte
contre lé paludisme et qu'il importe, par conséquent,
de mettre à la disposition des habitants de nos colo-
nies palustres de la quinine de bonne qualité et au
plus bas prix possible, gratuitement môme pour les
indigents, émet le vœu que les gouverneurs de toutes
nos colonies soient autorisés, comme l'ont été les
gouverneurs généraux de Madagascar et de l'Indo-
Chine, à prendre, par voie d'arrêté, les dispositions
nécessaires pour que les sels de quinine soient mis à
la disposition de tous, au plus bas prix possible. *Çe
vœu, adopté à l'unanimité par la Société, a été trans-
mis au ministre des colonies. Il s'agit d'imiter no»
tamment en Afrique occidentale ce^qui a été fait
déjà, surtout à.Madagascar, ou une organisation pour `
procurer cfc iaquJnfne de bonne qualité fonctionné
depuis les premiers mois de 1906. Nous avoue mis
l'hygiène au premier rang de nos préoccupations co-
loniales tant à l'égard de l'indigène que de l'Euro-
péen,colon ou fonctionnaire. Ce serait manquer à ces
préoccupations que de ne pas exaucer le vœu de la So-
ciété de pathologie exotique.
AU JOUR LE JOUR
LES FLÉTRIS
Cet homme doux, ascétique et pâle, hocha la
tête et replia son journal agité par le vent. Il
regarda avec mélancolie frémir l'eau vivante
dans la margelle ronde. Au centre de cSlte
nappe d'eau, des enfants de bronze, potelés et
musclés, comme on représente les amours, lut-
taient avec la vigueur de jeunes dieux. L'homme
doux considéra leur groupetumultueux et immo-
bile, et il soupira « Encore une fautede fran-
çais 1
» Les citoyens réunis hier au Tivoli V.àux
Hall ont flétri les procédés de la justice. Qui me
dira ce qu'est la flétrissure d'un procédé et com-
ïnent'ondblt 'se représenter celui-ci après une
pareille -opérati on-.? 41-s oat-tensuiteilétri ub ju-ga*-
ment. Ah 1 qu'un jugement flétri doit être làidi
racorni et jaunissant! Ce galimatias n'a aucuq
sens intelligible. Ces gens qui ne savent pas ce
qu'il veulent dire, le disent avec emphase. O_.
politique!
*̃ » Ils flétrissent! On flétrit à gauche, on flétrit-
à droite. Et les flétris flétrissent à leur tour; dé
sorte qu'il ne reste personne qui ne soit marqué..
Quand cette petite cérémonie est accomplie, et
que tout le monde, porte- sa lettre sur l'épaule,
nul n'a plus rien à' reprocher' à aucun, et
chacun s'en va content, en sifflant son petit air,
qui Y Internationale, qui la Marseillaise, qui Vive
Henri IV. Tous ces flétris se portent bien. L'in-
firmité est si commune qu'elle ne se remarque
plus. On n'incommode plus des voisins qui vous
ressemblent la politique est un diner où tout
le monde a mangé de l'ail.
»Je regrette qu'on abuse de ces grands mots.
Autrefois dans de pareilles circonstances, on se
contentait de blâmer. C'était assez. Mais chaque
principe et qui sous l'égide d'un puissant pa-
tronage, a fait depuis quelques années une
brillante fortune. Certes, la solidarité qui unit
entre eux les membres du corps social n'est
pas niable mais vouloir en tarifer, par loi de
finances la mesure raisonnable et remettre la",
rédaction de ces tarifs entre les mains de ceux
qui doivent bénéficier sans délai de leur propre
décision, c'est faire encore une fois acte de pur
mysticisme social c'est témoigner à la nature
humaine une confiance dont elle est loin d'être
digne au siècle présent, si tant est qu'elle doive
jamais le devenir un jour! Attendre des moins
favorisés de la lutte économique, dit M. d'Eich-
thal, la modération, l'équité et même la patience
dans la façon dont ils établiront eux-mêmes
leur créance de solidarité obligatoire, c'est
iroj}, c'est beaucoup trop demander à leur'
vertu civique c'est vouloir que dans la cité les^
uns soient toujours menacés au nom d'un droit
méconnu, les autres jamais satisfaits parles:
sentiments de fraternité qui leurs sont témoi-
gnés en espèces sonnantes, et il n'y a rien, là de
rassurant pour la paix sociale.
Si des doctrines sociales relativement modé-
rées se révèlent aussi suspectes à l'examen,
nous n'étonnerons personne^en avançant que le
socialisme proprement dit 's'est moins encore
écarté des illusions du mysticisme social, ,au
cours des dix dernières années. Voyez le socia-
lisme français avec ses orateurs pu publicistes
pour qui le mot.-e'Pro.léîàriaï » reste une- sorte
Jtiê vocable sacré, qu'on ne peatgrondûcef eu
.écrire sans un frémissement de lyrisme, comme
celui du tout puissant allié .métaphysique qui
promet la victoire prochaine, avec ses profits
immédiats. Les fils spirituels de Marx persis-
tent à voir^ou à dire le prolétaire seul produc-
teur dans l'industrie du temps présent. L'un des
plus éloquents exprimait récemment en ces ter-
mes son brûlant acte de foi «Nous n'avons
rien a apprendre à la classe ouvrière, mais tout
à apprendre d'elle nous- avons à interpréter *r
ises expériences, à utiliser ses indications, et à
nous servir des principes nouveaux qu'elle a-
apportés dans le monde !»
Le socialisme allemand, avec son noya$
dogmatique si obstinément fermé à l'exà-f
parti haussant la voix, il est sorti de la bouche
ronde des orateurs des mots de plus en plus
gros. Infâme est le moindre qu'on emploie
aujourd'hui. C'est de l'imprévoyance: nous gas-
pillons les ressources du vocabulaire. Que res-
tera-t-il à nos enfants quand à leur tour ils vou-
dront renchérir sur. nous ? Nous ne leur lais-
serons pas une injure fraîche, mais des trognons
fatigués; et dés épluéhures qui auront vingt fois
servi. Ils auront le droit de maudire notre pro-
digalité nous sommes- de mauvais administra-
teurs. S'ils n'ont plus de mots, à quelle mimi-
que leur faudra-t-il recourir pour se faire enten-
dre ? C'est la fin de la politique. »
Ayant ainsi parlé, l'homme doux et pâle se'
leva. L'été inclément lui envoyait quelques
gouttes.de pluie, et il parti en composant de
tristes pensées. Henry Bidou.
"?p'
V, Ecce Honip » Ce; livre.' es.t le dernier" ouvra ge
•̃̃̃̃'•̃•̃̃^ 'dff J^pœi&£i-^tâfaeîïc£ ;eh\
'octobre 1888, après^fâ:' formidable: ;:p|rio*d'é de j
production d'où! sortirent le Cas Wagner, le-
Crépuscule des. Idoles, les Dithyrambes à Dyoni-
$os et Y Antéchrist, fut achevé en moins de trois
semaines. Peu de temps après, la raison de
l'écrivain sombrait dans la folie. Rien, dans le
Volume, ne pouvait faire pressentir cette pro-
chaine décadence c'est au contraire l'un des
plus beaux livres de Nietzsche et l'un des plus
curieux. Lîauteur s'analyse et 6e commente. lui-
même dans ces quatre chapitres « Pourquoi je
suis si sage. Pourquoi je suis si malin.
Pourquoi j'écris de si bons livrés. Pourquoi
je suis' une fatalité^ » Jamais il n'a proclamé plus
haut sa haine de. l'Allemagne et son amour de
la civilisation française. Les Allemands, dit-il,
depuis Fichte, Schopenhauer, Hegel jusqu'à
Kant et Leibnitz, ne sont que des faux mon-
nàyeurs inconscients et des « faiseurs dévoiles ».
Ils n'ont pas traversé,! comme les Français, un
dix-septième siècle de sévère examen de soi-
même. Lki La Rochefoucauld, un Descartes sont
cent fois supérieurs en loyauté aux premiers
d'entre eux.: Les Allemands n'ont jamais eu de
psychologues or, la psychologie est la mesure
de la propreté. d'une race. Wagner et quelques
artistes sont. les «culs vrais Allemands près de
qui: Nietzsche aitpu vivre. Les autres personnes
de-'hâùïë feàitùte''qu;ds.&ï6Ber6ïitf«èsv:feii-Mië-'
magriê étaient dïorigine française, telle « Mme Co-
sima Wagner, la voix la plus autorisée en ma-
tière de goût qu'il ait jamais entendue». Et il
chante son admiration pour Pascal, Montaigne,
Molière, Racine, son enthousiasme pour Méri-
mée et Stendhal il dit son estime pour Bourget,
Loti, Gyp, Meilhac, Anatole France, Lemaître
ctMaupassant. Nietzsche avait prévu quèl'Ecce
Homo serait peu goûté en Allemagne. Un tirage
de 1,000 exemplaires lui paraissait suffisant,
tandis qu'il comptait en France sur 40,000 lec-
teurs, peut-être 80,000. UEcce Homo n'a été pu-
blié en Allemagne que vingt ans après la mort
de l'auteur, dans une édition de luxe, à tirage
restreint et déjà épuisé. M.Henri Albert, l'érudit
traducteur des œuvres complètes de Nietzsche,
en publie aujourd'hui l'édition française. Il ré-
pond ainsi au vœu de l'écrivain qui, -méconnu
dans sa patrie, «,1e pays plat de l'Europe », de-
mandait la consécration de son génie «au
monde civilisé ».
-/y' !•-••̃̃ ̃
Le mystérieux On sait que l'archiduc Salvator,
archiduc* connu aussi, sous Je, nom, de
-'V.v .••̃̃ Jean Orth* disparutril y-a queK
-gués anhées; d'après une opinion généralement
admise, il aurait péri dans le naufrage de la
Santa-Marghenla. Voici que le Chicago Eve-
ning Journal propose une nouvelle version.
Cette feuille assure que l'archiduc perdu vit
encore à Painesville (Ohio) sous la veste d'un
ouvrier, et elle s'occupe de lui faciliter le voyage
de Vienne pour lui permettre d'aller sefaire re-
connaître par sa famille et ses compatriotes. Le.
directeur d l'une revue allemande qui se publie à
Cleveland, Die Neûe Heimat, a voulu approcher
le prétendu Jean Orth. Il constate d'abord
que beaucoup de personnes, venues à Pai-
nesville tout exprès pour le voir l'ont re-
connu sans hésitation; entre autres un sieur
Klein, qui tient une brasserie hongroise à
Gleveland et qui, en .1889, avait vu l'ar-
chiduc en Hongrie, où ce Klein était alors
garçon de "café. Le directeur raconte en-
suite que, le' samedi 19 juin, à deux heures de
Faprès-midi, on lui montra dans un café de
men objectif des faits, n'a pas dépouillé i
davantage ses tenaces illusions mystiques. i
Un de ses théoriciens les plus écoutés, M. c
K-àutsky^ évoquant te, lendemain; de -ta révolu- <
iion sociale,: en sàïlenû un type d'humanité en- i
tièremen.t nouveau, dépassant tous ceux que la t
civilisation a produits jusqu'à ce jour, un sur- e
^omrae si l'on veut, mais qui sera la règle et
non l'exception Sur quoi M. d'Eichthal de faire c
observer fort justement qu'on nous entraîne ici j {
dans le domaine nuageux de la poésie et du e
mysticisme, bien loin du sol résistant des réa- r
lités sociales. Ne serait-il pas en efiet plus pru- i:
dent de créer ces surhommes problématiques l
avant de renoncer, pour la production des r
richesses, au mobile éprouvé de l'intérêt per-
sonnel ? ï
Enfin, voici la plus récente formule de l'im- 1
périalisme prolétarien, le syndicalisme, dont p
l'inspiration semble fort rationnelle à première d
vue. Mais déjà le mysticisme social s'est avisé t
de grossir indéfiniment, jusqu'à en faire la base r
unique des perfections morales de la cité fu- g
ture, une vérité particulière et restreinte, à r
savoir ce fait d'expérience que l'application à 1
une même tâche crée entre les travailleurs r
d'un même métier un lien de solidarité particu- £
lièrement étroit. Le mouvement syndicaliste, r
dit excellemment M. d'Eichthal, est en train de «
se bâtir une façade philosophique de grande q
allure, avec la prétention de loger derrière c
cette façade toute l'activité do l'Etat devenu f
dans l'avenir une Gôn'fédération agrandie Or, l'idée du parfait aceo.-d social r
résultant de la communauté professionnelle t
est en partie fallacieuse, car l'identité d'intérêt t
n'existe guère, dans la corporation et surtout s
dans la classe ouvrière en général, que contre
un autre groupement qu'il s'agit de dépouiller c
de ses avantages actuels. A l'intérieur du l
groupe corporatif, les participants, restent au t
contraire à l'état de concurrence vis-à-vis les ï
uns des autres et les jalousies ou compétitions j 1
entre gens du même bord sont même les plus t
âpres de toutes, comme l'état-major du syndi- 1
calisme français vient de nous en donner la r
preuve car le ressort de la nature humaine (
reste partout et toujours la volonté depuis- t
Painesville deux hommes, dont l'un, entière-
ment rasé, avait une figure énergique, cordiale
et de type irlandais, tandis que l'autre, d'appa-
rence apathique, était vieux, petit, courbé, tout
blanc de barbe et de cheveux. Celui-ci n'était
autre que le prétendu Jean Orth. L'Irlandais
était son bienfaiteur, William Flavin, inspec-
teur dans une grande usine de construction,
William Flavin- a fait, il y a cinq ans, la con-
naissance de l'archiduc; depuis ce temps, il l'a
nourri et lui a gardé son secret jusqu'au mo-
'ment où la presse s'est occupée de lui. «J'ai
vécu huit jours, écrit le journaliste allemand,
en compagnie de l'archiduc, qui se fait appeler
Jean Salvator, ou plus simplement M. John. Il
est un peu sourd et le devient davantage quand
on lui pose certaines questions. Il a, de plus, la
mauvaise habitude de parler très bas, cequi fait
qu'on a peine à le comprendre. Il a l'accent
viennois, mais il ne donne pas l'impression d'une;
'personne- cultivée', il-êcrit yti allemand horrible,
iûriblë; îîde^fautes iâ'oTtitogTâpiiiï^iî; parlé inslj
~ig~ai~; eti' t-éc~it :,en'cc>re, ptüs ~nï~l:y = ~ôilà''
qui n'éçlairçjrâ pas encore le mystêrç de Jeâni
OrthY v' ̃"̃̃;̃ ̃ '"̃̃ '̃"> •'̃ ̃ ̃'
LES ESPAGNOLS AU'-HAROC
Les nouvelles de Melilla deviennent de plus
eh plus graves. Les positions occupées par les
troupes espagnoles en avant de cette place sont
sérieusement menacées par les Riffains. Elles
ont été attaquées le 23 et le 24 juillet avec une
fougue extraordinaire. On estime a 16,000 envi-
ron le nombre des assaillants. Cela suppose
qu'aux tribus de la côte et de la région de Me-
lilla sont venues se joindre celles de l'intérieur.
Il y aurait donc un mouvement général con-
certé contre les Espagnols, et ce mouvement
tendrait plutôt à s'accentuer. Le gouvernement
espagnol avait donc été bien renseigné le mois
dernier quand il a demandé au Conseil d'Etat un
crédit extraordinaire de trois millions pour
faire face aux nécessités de la situation. Il avait
eu raison de préparer la mobilisation de plu-
sieurs brigades. Malheureusement, ces crédits
e,t ces préparatifs, qu'une partie de la presse
madrilène critiquait .avec aigpeiiroomme hi-
dont dispose /actuellement le général" Marinai
peuvent défendre Melilla et ses abords contre
les hordes riffaines ils sont trop peu pour per-
mettre une action décisive, c'est-à-dire offen-
sive, contre elles.
Les pertes subies par les Espagnols au cours
des combats de la semaine dernière sont très
importantes. On n'en connaît pas, du moins on
n'en publie pas le chiffre exact. En un seul jour
il y a eu plus de trois cents morts et blessés;
Parmi les morts se trouvent plusieurs colonels
et lieutenants-colonels, entre autres le lieute-
nant-colonel Ibanêz Martin dont le nom était
bien connu dans tout le monde militaire euro-
péen. Un grand nombre d'autres qfficiers ont
été tués. Rien ne montre mieux fa fureur de
t'attaque et la gravité du danger auquel certains
postes espagnols ont été exposés. Le besoin de
renforts a été si pressant que le général Mari-
nas a donné l'ordre de mettre immédiatement
en ligne, aussitôt après leur débarquement, les
troupes venant de Barcelone. Il n'est pas dou-
teux que d'au très renforts doivent être envoyer
du continent à très bref délai. Le gouverne-
menteapagnoLen reconnaît la nécessité; Le mi-
nistre d'Etat et le ministre 4& la guerre avisent
en ce moment aux mesures indisperisables. Ils
ont l'intention, paraît-il, Renvoyer à Meîiïla en- ii-
core 20,000 hommes, ce qui porterait à 40,000 le
chiffre des troupes mises à la disposition du
général Marinas.
Voilà, en-hommes et en argent, de gros sacri-
fices. Il faut espérer qu'ils suffiront.(Mais.quand
les abords de Melilla seront nettoyés, quand les
Riffains seront refoulés dans leurs montagnes,
quand le prestige des armes espagnoles sera
assuré, la question ne sera pas résolue. L'Es-
pagne ne devra-t-elle pas^se prémunir contre lé
retour d'incursions? Ne voudra-t-elle pas se
dédommager de ses pertes ? Elle en aura cer-
tainement le droit. Sans doute le sultan doit
être le premier exaspéré des attaques des Rif-
fains et l'on ne peut lui imputer la responsabilité
directe de ces actes hostiles. Mais s'il est dans
l'impossibilité de faire respecter son autorité et
d'empêcher les tribus habitant les régions dontil
revendique la souveraineté de prendre l'attitude
sance Si ces compétitions sont pour un mo- q
ment réduites au silence dans le Syndicat, c'est r
qu'on.les abaisse devant un Jntéçéiplus évident, d
c'est qu'on s'efforce, par Funion collective; d'ar- ti
rachèr à un autre groupe ou à des individuali- p
tés moins solidement unies un butin qui devra r
se partager entre les membres de l'Association e
victorieuse. Voir dans ces entreprises, jus- ls
qu'à un certain point légitimes d'ailleurs un^e
garantie certaine d'accord social futur, c'est p
s'illusionner à plaisir, c'est vouloir revenir aux s<
rivalités des corporations florentines ou fia- l'
mandes et nous voilà bien loin du « faisceau d
harmonique» et de l'action pacificatrice qu'on d
nous promettait d
Au surplus, les guides les plus fougueux du q
mouvement commencent è s'en apercevoir, q
Hier, le chef de cette organisation qu'on nous n
présente comme l'Etat de l'avenir proclamait si
dans une circonstance solennelle que le prolé- n
tariat est encore insuffisamment éduqué pour si
remplacer sans transition la société « bour- s
géoise ». Cette sincérité coûta sa place au témô- ti
rairfi qui dut céder la main à des concurrents l<
plus soigneux de flatterie mysticisme conque- d
rant chez leurs clients ordinaires, mais son lan- e
gage courageux si semblable à celui d'un ômi-
nent syndicaliste américain, M. Gompers, n'en c:
est pas moins symptômatique. Enfin cet aveu n
que vient de signer un des plus loyaux théori- r
ciens du mouvement ne l'est pas moins « II ne g
fautpas se le dissimuler, éeritM.Bei'th; ce gui à q
été jusqu'icidans le sociaîfsmefaible jusqu'à- là
nullité, c'est la morale « Çexpéri mentale et ra- lt
tionnelle». Le socialisme a-^t-il jamais eu d'au- H
tre philosophie qu'une philosophie de la jouis- li
sance «immédiate ?» ~a p
L'avertissement aux mystiques sociaux que h
comporte un livre comme celui dont nous par- ci
lo.ns ne doit pas néanmoins conduire à écarter a
tout mysticisme, c'est-à-dire tout idéal, des; c<
hautes régions de Va me, Le mys ticismev sup- ri
posant la foi dans une alliance divine, est un di
trop précieux tonique de l'action pour être im- à
punément réduit au silence dans le cœur hu- à<
main. Il s'agit seulement de l'épurer par l'édu- Si
cation, d'en répudier les formes grossières, fé- ti
tichistes, et étroitement individuelles, celles
de belligérants vis-à-vis d'une puissance amie,
il existe un état de guerre de fait dont il doit
subir les conséquences. L'Acte d'Algésiras sup-
pose l'état de paix entre le Maroc et les puis-
sances signataires. Si le Maroc ou une partie
du Maroc fait la guerre à l'une de ces puis-
sances, celle-ci reprend tous les droits des bel-
ligérants. L'intégrité territoriale du Maroc est
un principe auquel chacun doit se tenir scrupu-
leusement. Toutefois, son application est subor-
donnée au fait que l'Etat marocain remplira les
devoirs corrélatifs des garanties stipulées dans
l'Acte d'Algésiras. Il est évident qu'en ce mo-
ment il est dans l'impossibilité de les remplir.
La situation à Melilla
Un télégramme officiel de Melilla, communiqué ce
matin à Madrid, annonce que tout a été tranquille
hier, jusqu'à neuf heures du soir. 1
iv D'autre pari; ,lçs dernières dépêches privées^do
Mellila parvenues h Saint-Sébastien disent rq*ue lès
Bjf&Ùng se, f Eépgj«ttt;àriîne inouvejte, aWaq£èi$i*éc
.làide.de apiihreux contingents venus de l'intérieur,
mais que le général Marina^- qui vient, d'être promu
lieutenant-général et commandant en chef des trou-
pes de Melilla a pris ses dispositions pour parer à
toute éventualité.
Des dépêches de Malaga confirment que des troupes,
du matériel et des vivres ont été embarqués samedi
sur les vapeurs Léori-XIII, Menorquin et Han-Fran-
cisco.
A MADRID- '̃"
Le gouvernement Espagnol déclare dénué de tout
fondement le bruit, d'après lequel il aurait l'intention
de suspendre les garanties constitutionnelles à Madrid
et dans quelques provinces/ Le ministre de l'intérieur
a simplement envoyé aux gouverneurs de province
une circulaire les invitant à saisir les numéros des
journaux publiant des nouvelles sur la guerre, sur
le départ et l'embarquement des troupes. La même v
mesure a été prise pour les journaux de Madrid, sauf v
en ce qui concerne les nouvelles officielles. Enfin, la
censure la plus rigoureuse est exercée au point de
départ des télégrammes. Le ministre a interdit égale-
ment les « manchettes » des journaux.
D'après une dépêche particulière de Madrid au
Matin, le général Linarès, ministre de là guerre,
aurait fait à quelques journalistes les déclarations
suivantes
II est nécessaire que nous nous inspirions tous du plus
pur patriotisme. Le moment arrivera de* "fixer lés rés-/
ponsabilités, et j'attends tranquillement ce moment, car'
je erpie avoir rempli mon devoir. Il n'y a pa$jjpour>rins*
tanj njgtiere, a,discussion,.ei loui le monde,' doit-jatetarte
gouvernement & saiïvéy l'Ii9.n.néur.natiphal.Xa matais»"
tiott s'est faite râpidéinerit et ïës contingents "de Melilla
8'élôveront bientôt à 24,000 hommes.
Cet effectif n'est pas encore suffisant, caries positions
en notre pouvoir s'étendent sur douze kilomètres, et il
faut soutenir et relever fréquemment les garnisons des
forts. Il faut aussi escorter les convois de vivres et de
munitions, veiller au maintien des communications avec
la place et avoir des forces suffisantes pour combattre.
Je crois que rien ne sera plus efficace, pour obtenir les
résultats que nous désirons, que l'envoi rapide de ren-
forts aussi suis-je résolu à expédier û Melilla immédia-
tement les éléments nécessaires pour qu'il n'y ait plus
de doute sur une issue satisfaisante de la campagne. La
division du général Orozco et la brigade du camp de Gi-
braltar partiront immédiatement.
Aveo cette augmentation de forces, 40,0 hommes se-
ront réunis à Melilla. Je continuerai a organiser d'autres ':̃̃
brigades pour le cas où leur envoi serait nécessaire, car
le gouvernement ne marchandera pas un seul soldat au
général Marina. Ce général, qui jouit de la confiance du ̃̃
gouvernement ot du pays restera a la tête de l'armée de
Melilla.
HHmunsmevuuwm.w.wHVwwan,m~W eevwwww.mwvww,m~yp
A L'ÉTRANGER
~wvttsvmmrvmnrov~wwvawwawzvW
Alsace-Lorraine «
I* GHAFE-AU SÉDITIEUX •'
Un -élève de l'Ecole d'art industriel de Strasbourg
se trouvant en excursion à Molsheim avait pris place
sur un banc près de la gare, lorsqu'il fut apostrophé
par un gendarme qui lui fit décliner ses noms et qua-
lités et lui dressa contravention. Le jeune homme
avait commis le crime de sortir coiffé d'un chapeau
de paille garni d'un ruban tricolore, rouge, blanc et
bleu.- Or, il avait aGhetê son couvre-chef chez un cha-
pelier de Strasbourg qui les vend par centaines. Il
avait pu circuler dans les rues et prendre le train
pour Molsheim sans attirer l'attention des pouvoirs
publics.
Comme le jeune homme s'étonnait des rigueurs de
la loi, le gendarme lui répliqua sévèrement • Vous
savez bien que l'Alsace-Lorraine est une Terre d'em-
pire et que par conséquent (sic) le port des couleurs
françaises y est interdit. » Et, ayant ainsi parlé, le
gendarme confisqua le ruban séditieux et notre jeune
artiste dut s'en retourner à Strasbourg avec son cha-
peau ainsi dégradé.
Le Journal d'Alsace-Lorraine conseille aux autori-
tés de créer un musée spécial des objets séditieux,
où l'on exposerait, dûment classés, étiquetés et nu-
méroté les objets qui ont provoqué le déplaisir de la
que favorise dans l'homme de tous les temps
l'inexpérience sociale et l'insuffisante hygiène,
morale. Depuis un siècle et depii, jle roman-
tisme, ^ul :appî}ya; parfois, un idéal vraiman*
progressif, a trop souvent propagé et nourri en
revanche des illusions mystiques antisociales,
comme le spectacle de notre temps en fournit
la preuve évidente.
L'auteur des Pages sociales montre pour sa
part la constante préoccupation de conserver à
ses contemporains le bienfait de l'idéal de
l'idéal esthétique à la condition que la beauté
désirable soit envisagée comme une expression
de l'ordre et non pas comme un fruit spontané
de la pure nature de l'idéal religieux surtout
qui, appuyé sur la morale chrétienne, fruit de
quinze siècles d'expérience psychologique, se
montre, chez les peuples forts du temps pré-
sent, le seul antidote efficace du romantisme
moral. M. d'Eichthal a écrit dé fort belles pages
sur la plasticité du symbole chrétien; dans la
sublime figure du Christ, dit-il, tant de généra-
tions ont su incarner jusqu'ici leurs aspirations
les plus hautes que celles de demain lui deman-
deront avec profit un appui nouveau pour leur
effort vers le mieux.
Restons, avant tout, fidèles aux deux prin-
cipes de toute morale viable méfiance de la
nature humaine sans culture et foi dans l'expé-
riencè sociale comme source unique du pro-
grès rationnel. La création des richesses implir
que une lutte, dit M. d'Eiclithal, et ne pei|t être
•fê,co,ade qu'âtia-coodition de rester unelutte
le mérite de l'économie politique, issue de
Hobbesi ̃– '̃ cet admirable psychologue ïhipféSia*s
liste, c'est d'avoir reconnu cette vérité et de
prêcher, en conséquence, la loyauté dans la
lutte économique, sans lui retirer toutefois le
caractère d'une compétition vive, plus propre
à surexciter l'être humain qu'à le contenter. L'é-
conomie, qui reste analyse constante de la réa-
rite et ne pose que des règles provisoires, est
donc la véritable science sociale par opposition
à la métaphysique ou mystique sociale qui vit
dans lïllusion de l'extase et récrée le monde à
sa guise pour le conformer aux exigences hâ-
tives des cerveaux ignorants.
Ernest Seiluérb
206 121* ANNÈfi
12Ï* ANNEE 206
JMJMAL r *̃̃̃. Mp p •' ̃̃
MARDI 27 JUILLET
1909 y-
MARDI f 27 JUILLET
1909
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
il, Rue des 'Pfêires-Saint-Germaiii-rAuxerrois, 17
PAItlS l" `
̃ ̃'$̃ ̃ ̃. ̃ ̃ • ̃ ̃̃̃'̃̃'
•' Adresse téihégeaphique DÉBATS-PARIS
*êlkphont- (Administration 103,00
.g~sdaction,.r,.ra.#(lô-03:
•COUTES LES LETTRE? ET COMMUNICATIONS
doivent être adressées `
̃tT, rna «îes Prètres-Saint-Geruiain-l'Auxereoïs, IV-
-–̃••• ̃ ♦̃
PRIX DE L'ABONNEMENT
^"V* TROIS MOIS SIX MOIS IJÎi AS
France, Colonies et Alsace- ato>s a:~
Lorraine 10 fr. 80 fr. 40 fr.
Etranger 16 fr. 32fr. 64.tr..
ON S'ABONNE: F.n S»roiî:iee et à l'Etranger
dans tant, les Bureaux 'et'. Poslo
.dUÍlS.tOm¡ *<~$
t£S ABONNEMENTS PARTENT BIT Ie-- ET^fiïrie DE CHAQUE MOIS
LES ANNONCES SONTN REÇUES
t, S~ pla~ dc 1~our~
Gici MM Lagiaoge, Cerf ei Cl\ 8, Place de la Course
POLITIÛUES ïï LITTÉRAIRES
SOMMAIRE
LA Loi des Femmes ET SON application. Louis
Delzoas..
Ao Jouu le Joun. Les Flétris. Henry Bidon.
LES Espagnols AU Maroc.
LE Nouveau Ministère.
Nouvelles bu JOUR.
Lettres d'Extrême Orient. Robert de Calx.
VERS la Cité future. Ernest Seillière.
REVUE DES Livues.
L'Aïeul [6]: Paul Heuzé.
La Loi des Hmwm et son application
.Voici qui" ne manquera pas n'émouvoir, non
seulement leé apôtres du féminisme, si heu-
reux depuis deux ans d'avoir assuré aux tra-»
vâiltenseïf 4a ^litee>administrati on -de. leurs sa-
laires, mais tous les esprits soucieux de donner
à la femme mariée, surtout à l'ouvrière, plus de
droits et de garanties. Une Société savante, bien
connue "pour la contribution qu'elle ne cesse
d'apporter aux progrès de nos lois, la Société
de législation comparée, révèle dans son der-
nier bulletin que la loi du 13 juillet 1907, sur le
libre salaire do la femme mariée, cette pre-
mière grande loi. des femmes, n'est pas appli-
quée elle n'est pas appliquée, et la femme
ne peut ni acheter ni vendre des valeurs par la
résistance obstinée des établissements de cré-
dit, dos agents de change et même du Trésor. Il
suffira de rappeler les règles essentielles de
cette loi pour constater que, bien loin de pré-
voir une telle résistance, le Parlement et les
femmes mariées, sur la foi de sa parole, avaient
escompté des concours sans réserve et d'ail-
leurs sans péril.
L'esprit de cette loi est très net et ses termes,
sont formels. Depuis longtemps on faisait va-
loir que le Code civil imposait â la femme du
peuple une condition des plus fâcheuses. Il
disait, en effet, que, faute de contrat, les époux
seront mariés sous le régime de la communauté
légale; or,' chacun sait que, sous ce régime,
d'une; part, Àe patrimoine commun comprend
tous les gains et revenus de chaque époux; d'au-
tre part, le mari est sinon « seigneur et maître »
de cet avoir comme au temps des coutumes de
la vieille France, mais à peu prés libre d'en
disposer. Et on voit les conséquences dans un
ménage où la femme travaille comme le mari
et, comme lui, rapporte des salaires, le mari
avait le droit de mettre la main sur cet argent
pour le dépenser à sa fantaisie. Si l'on tient
compte de ce fait à peu près général que, dans
ces ménages, c'est chez la femme que se trou-
vent le plus souvent les qualités d'ordre, de
prévoyance et le goût de Tépargne, le pouvoir
dii. mari paraîtra non seulement exorbitant,
mais désastreux pour l'avenir; et on plaindra
la femme qui s'estépuisée à travailler pourvoir
•iissiper au fur et à mesure le produit de son
travail. De tels effets n'avaient pas été prévus
par le Code civil, qui ne connaissait l'activité
de la femme que sous la forme conservatrice et
dans les soins du ménage. Ils se sont décou-
verts, ils se sont développés avec l'indus-
trie et les usines, qui ont donné de plus en
plus aux femmes l'occasion de gagner de
ràî-gent; C'est bien parce qu'ils s&: maraifês-:
taieïttd'une-iuaaiôre içop:àrideaie:q'a'n&iBevt^
vênrent d'opinion s'est créé peu à peu pour
mettre les règles du Code en harmonie avec des
faits trop différents de ceux qu'il avait connus.
Par la loi du i3juiliettl!)07,-ori a voulu établir
en France quelque chose d'analogue à ce que le
nouveau Code allemand et le Code suisse appel-
lent les « biens réservés ». La femme aura des
biens réservés-.A quelle condition? A cette seule
condition qu'elle •« exerce personnellement une
profession distincte de celle de son mari ». Ces
biens se compsent des «produits de son travail
personnel et des économies en provenant».
Enfin, elle a sur eux non pas un droit de pro-
priété, qui eût été contraire au principe de la
communauté légale, mais un droit complet
-d'administration. Et la loi dit expressément
qu'elle peut les employer en acquisitions de va-
leurs mobilières ou immobilières, qu'elle peut
même, sans autorisation de son mari, les alié-
ner à titre onéreux. Quant aux tiers, il est dit
aussi nettement que leur responsabilité n'est
FEUILLETON DU JOURNAL DIS DÉBATS
du 99 juillet 1VO9
VËRf LA CITÉ FUTURE
Parmi les hommes d'expérience et do savoir
qui se plaisent à observer, dans un esprit de
sang-froid, l'évolution des doctrines sociales
contemporaines, M. Eugène d'Eichthal s'est
acquis une incontestable autorité. Les Pages
sociates (i), qu'il vient de donner au public,
seront d'autant plus favorablement accueillies
qu'il y prend soin d'apprécier brièvement les
travaux les plus marquants de ces dernières
années dans ce domaine. Précieuse fortune
dont nous nous empresserons de profiter afin de
fixer ou de confirmer tout au moins notre juge-
ment sur ces difficiles problèmes..
Ce qui frappo au premier abord dans les étu-
des théoriques d'origines variées et d'inspira-
ti,ons diverses qui sont analysées, discutées et
finement appréciées par M. d'Eichthal, c'est le
recul de cet esprit mystique ou messianique qui
fnt celui du romantisme et dont îa doctrine de
Marx, en dépit de ses prétentions réalistes, est
un des plus, aélièvés laonuaienls. Au contact
îles faits, parfois ''̃dès responsabilités couiinen-
çanWsy^lôs espérancoa folles ont dû faire si-
tëficè ou se tradulm àe fsqeù jïïns disbrétè et ét
p}ug Jtvxpoeriiemen|,enyeîoppée. )& mysticisme
social, Tespeir dans les miracles de la bonté ou
de la raïéoû naturelle du peuple se dissimule
mieux que par iç passé, au moins chez les écri-
vains qui s'adressent au public cultivé. Il se ré-
fugie, pour s'exprimer sans ambages, dans les
réunions électorales, les professions de foi
parJemeiïtaire.s on les colonnes de !a. presse dé-
niagogique. •̃ '̃̃̃̃ '̃̃' ••̃̃̃•̃'̃̃̃'̃" .-̃̃;•̃̃ '.̃•
Est-ce à dire que l'on puisse signaler la défi-
nitive retraite de ce mysticisme dangereux et
que nous trouvions désormais devant nous,
tl) Paris, Aiean. ^w
Reproduction interdite.
jamais engagée dès que la femme a prouvé, soit
par un acte de notoriété, soit, par tout autre
moyen, qu'elle exerce une profession distincte
de celle de son mari.
Telle est la loi. Voici .maintenant les faits.
Une femme se présente aux guichets d'un éta-
blissement de crédit, et veut donner l'ordre
d'acheter une obligation de chemin de fer. Que
lui répond-on ? Qu'il faut l'autorisation de son
mari. Mais elle a sa profession à elle elle in-
voque la loi de 1907. Il n'importe. Une contesta-
tion pourrait se produire l'établissement ne
veut aucun risque, et après tout il est bien
maître, lui commerçant et simple particu-
lier, de refuser une opération où il aper-
çoit un danger. Il en est le maître, c'est
vrai, et il n'y a rien à objecter. Mais, à
côté des banques privées, des intermédiaires
officiels, légaux s'offrent au public ce sont les
agents de change. Leur ministère^ est obliga-
toiro pour la nigociatian de toute valeur cotée
donc ils..ne -pourront, eux^ refuser l'opération,
l'achat d'une valeur cotée a la femme qui s'ap-
puie sjar,iia,U)i..de lôQZU.^ Q.ue.dise«n:t-4ls?, Jls
connaissent la loi de 1907, oui. Ils ont lu dans
l'article 1er que la femme devait justifier d'une
profession distincte. Ils exigent cette justifica-
tion. Mais ils vont plus loin, ils exigent que le
mari accepte, la justification et consente à l'a-
chat proposé. C'est-à-dire qu'après avoir appli-
qué la loi de 1907 en demandant les preuves
qu'elle comporte, ils la suppriment simplement
en prétendant faire'- intervenir le mari, là où
cette loi a ditTormellement qu'il n'intervien-
drait pas. Il y a mieux. Une femme, a acheté
un titre de rente sur l'Etat l'Etat a bien voulu
accepter^son argent. Mais, "plus tard, elle veut
vendre, et comme le titre est nominatif, elle
s'adress&au bureau des transferts. Que lui ré-
pond le bureau ? Qu'il faut l'autorisation mari-
tale. Mais la loi de 1007 écarte cette autorisa-
tion t II se peut qu'elle l'écarté le Trésor, lui,
ne saurait s'en passer.
Ainsi les prescriptions les plus claires sont
méconnues. La loi de 1907 a donné à la travail-
leuse le droit d'administrer le produit de son
travail et les économies en provenant; elle a
précisé que cette femme n'a pas besoin d'autori-
sation maritale ni pour acheter, ni pour vendre
des valeurs. Et les intermédiaires sont d'accord
pput' dire l'autorisation est indispensable. Il
en résulté que, sauf pour "un placement à là
Caisse d'épargne, la loi reste sans effet. Est-ce
admissible'? Il semble que non, et il suffira sans
doute d'avoir appelé l'attentïen sur cet étrange
conflit, pour qu'au ministère des finances on
prenne les mesures nécessaires, sauf à appor-
ter, si cela paraît indispensable, quelque modi-
fication dans cette loi de 1907, qui avait marqué
un si juste et si heureux progrès.
Louis Delzons
I*es grlncbus. Le Rappel ne se console pas de
voir le ministère échapper à ses amis. Il ne nous par-
donne pas notreirrâvérence à l'égard des « grands
hommes ignorés dont s'honore discrètement le parti
radical >. Il n'admet pas que ce parti soit à ce point
dénué de chefs capables de former un gouvernement.
Et il veut bien nous en faire connaître quelques-uns
triés sur le volet MM. Brisson, Bourgeois, Berteaux,
Caillaux, Combes, Delcassé, Monis, Sarrien, Vallé. On
ne se plaindra pas de manquer de choix. Il y a de
quoi constituer tout un ministère. Seulement, il n'y
a pas là beaucoup d'inédit. Le parti radical vit sur
son vieux stock. Il ne se rajeunit ni ne se recrute.
,M. flrissûa. et M^BQurgeojs..ne figurent d'ailleurs
̃sur là liste que pour mémoire. L'un est nanti, i'au-
ivé ^n'aspire pas à "la "présidence dû Cansèïl. QMîît
àM^Sâsrîëa, le Rappel en le citant revient à une
des plus chères traditions de notre histoire contem-
poraine. Il était d'usage, depuis un temps immémo-
rial, de consulter M. Sarrien, en cas de crise mi-
nistérielle. On ne l'a pas fait cette fois, et cette in-
fraction au protocole est réparée. par le, Rappel. /îioi\s
ne pouvons. que lui en donner acte, mais le Rappelnc
doit pas ignorer que s'il était de règle pour le Prési-
dent delà République de faire appeler M. Sarrien, il
était également de règle pour M. Sarrien de ne pas
aboutir à former un ministère. Comme dit plaisam-
ment un de nos confrères; il y a réussi une fois, et
c'est depuis cet accident qu'on ne le mande plus
à l'Elysée. Ce' n'est pas- de cette omission que
souffre beaucoup le Rappel. M. Sarrien n'est là
que pour faire nombre. Les vrais amis, les fortes
têtes du parti radical tel que le conçoit le Rap-
pel, ce sont les autres, M. Berteaux, M. Combes, M.
Vallé. Franchement, on ne saurait reprocher au Pré-
sident de la République de n'avoir pas songé à eux.
Par quoi auraient-ils été désignés à son choix Les
idées, ou plutôt les pratiques, dont ils sont les repré-
sentants sont condamnées par le pays. Chaque fois
dans les partie d'avant-garde, des hommes dis-
posés à emprunter de l'expérience d'hier les
règles de leur action future î Non pas, il faut
l'avouer: aussi bien les suggestives discussions
de M. d'Eichthal n'auraient-elles plus leur rai-
son d'être en ce cas. Le mysticisme social, ce
pénétrant critique le retrouve au contraire
partout devant lui, sous des formes plus insi-
dieuses que par le passé, et il s'efforce à le
chasser de cette seconde ligne de défense pour
assurer le progrès rationnel de la démocratie,
mieux éclairée sur ses intérêts à longue
échéance.
Ecoutons d'abord avec lui le langage des
théoriciens les plus mesurés du mouvement
démocratique. La démocratie posséderait, à les
en croire, une vertu « intrinsèque » elle sup-
pose et favorise chez tous les citoyens, nous
dit-on, le plus complet développement de la
personnalité humaine. Cela est exact en par-tie
et pourtant déjà sujet à caution. Il y a là, ob-
jecte aussitôt notre guide' attentif, une double
affirmation dont la première est indiscutable et
renferme même un périlleux éloge. Oui, comme
le disait déjà Montesquieu, le ressort du gou-
vernement démocratique est la « vertu » et. son
fonctionnement suppose la perfection morale
du citoyen. Mais la démocratie favwHse-t-eUê
nécessairement une perfection si désirable en
effet? Ceci n'est plus vrai que sous certaines
conditions, car une prudente évolution vers
ratitanaiïrie inaivW«eHe;j ^^tmerjsoignéuse^etlôjtite
édûcàtidJQ du citoyen pkpYëteiHïôë mesuré de
la responsabilité économique d'abord et poli-
tique ensuite Sont seules capables de préparer
l'ordre et le progrès dans les républiques de
demain. Au contraire, supposer de prime
abord le prolétaire parfaitement sage et clair-
voyant sur sqs intérêts à longue échéance
comme le mysticisme social (enté sur l'intérêt
personnel et électoral) conseille à certains po-
îitieiens de lé faire et 4e l'exprimer dans la loi,
ce n'est plus nullement favoriser, c'est dévoyer
bien plutôt par mue licence prématurée le déve-
loppement delà vertu civique.
Mais voici u:ie doctrine plus soigneusement
élaborée qilo ia démocratie sans épithète c'est
le solidarisme, inspiration généreuse en son
que le combisme a voulu affronter la bataille à ciel
ouvert, M. Clemenceau en a triomphé à une majorité
I écrasante. Du moment que le radicalisme n'a rien de
plus neuf ni de plus sympathique à offrir, on com-
prend qu'il faille s'adresser ailleurs. M. Pelletan.
dans un curieux article de la Déjpéehe, en fait l'aveu.
« Soyons de bonne foi, dit-il, il serait peut-être dif-
ficile de faire autrement aujourd'hui. » Et il étudje.
mélancoliquement les moyens qui restent an' radica-
lisme « de reconquérir ce qu'il peut encore reconqué-
rir de son ancien crédit ». Libre à lui de faire cet ef-
fort, mais cet effort même suppose une crise du parti
radical, la crise que M. Jaurès résumait hier en un
mot lapidaire « Pauvreté en hommes provenant de-
la pauvreté des idées. » Aux yeux du public, le mini-
stère Briand a au moins l'intérêt de comporter un
peu d'imprévu. La France s'ennuie, disait-on à la fin
du règne de Louis-Philippe. Elle ne s'amuse pas da-
vantage depuis une dizaine d'années c'est pourquoi
elle accueille avec un optimisme préconçu tout ce qui
peut lui laisser espérer au moins un peu de« détente ».
-««S^
̃ E.,n quinine aux coloaics. La quinine est l'un
des moyens les plus efficaces pour lutter contre le pa-
ludisme aussi èst-ellé dans" -l'oauvre dn colonisation
entreprise par les Européens dans les pays tropicaux
un facteur de premier ordre. Et -cependant il se
trouve des gens qui déconseillent son emploi. Si cette
croisade d'un nouveau genre s'affirmait, les ravages
du paludisme croîtraient bientôt. Pour éviter une
pareille conséquence qui serait un recul, la Société de
pathologie exotique a, dans une récente séance, dis-
cuté un rapport sur les mesures à prendre pour déve-
lopper dans les colonies françaises l'usagëde la qui-
nine contre le paludisme. Ce rapport était du à MM.
Kermorgant et Laveran dont on sait les beaux tra-
vaux et la grande autorité en ce qui concerne les
maladies coloniales et en particulier' le paludisme.
Or, il comportait comme conclusion le vœu suivant ,=
« La Société de pathologie exotique, considérant que.
l'emploi préventif de la quinine est une des mesurés
les plus efficaces que l'on puisse prendre dans la lutte
contre lé paludisme et qu'il importe, par conséquent,
de mettre à la disposition des habitants de nos colo-
nies palustres de la quinine de bonne qualité et au
plus bas prix possible, gratuitement môme pour les
indigents, émet le vœu que les gouverneurs de toutes
nos colonies soient autorisés, comme l'ont été les
gouverneurs généraux de Madagascar et de l'Indo-
Chine, à prendre, par voie d'arrêté, les dispositions
nécessaires pour que les sels de quinine soient mis à
la disposition de tous, au plus bas prix possible. *Çe
vœu, adopté à l'unanimité par la Société, a été trans-
mis au ministre des colonies. Il s'agit d'imiter no»
tamment en Afrique occidentale ce^qui a été fait
déjà, surtout à.Madagascar, ou une organisation pour `
procurer cfc iaquJnfne de bonne qualité fonctionné
depuis les premiers mois de 1906. Nous avoue mis
l'hygiène au premier rang de nos préoccupations co-
loniales tant à l'égard de l'indigène que de l'Euro-
péen,colon ou fonctionnaire. Ce serait manquer à ces
préoccupations que de ne pas exaucer le vœu de la So-
ciété de pathologie exotique.
AU JOUR LE JOUR
LES FLÉTRIS
Cet homme doux, ascétique et pâle, hocha la
tête et replia son journal agité par le vent. Il
regarda avec mélancolie frémir l'eau vivante
dans la margelle ronde. Au centre de cSlte
nappe d'eau, des enfants de bronze, potelés et
musclés, comme on représente les amours, lut-
taient avec la vigueur de jeunes dieux. L'homme
doux considéra leur groupetumultueux et immo-
bile, et il soupira « Encore une fautede fran-
çais 1
» Les citoyens réunis hier au Tivoli V.àux
Hall ont flétri les procédés de la justice. Qui me
dira ce qu'est la flétrissure d'un procédé et com-
ïnent'ondblt 'se représenter celui-ci après une
pareille -opérati on-.? 41-s oat-tensuiteilétri ub ju-ga*-
ment. Ah 1 qu'un jugement flétri doit être làidi
racorni et jaunissant! Ce galimatias n'a aucuq
sens intelligible. Ces gens qui ne savent pas ce
qu'il veulent dire, le disent avec emphase. O_.
politique!
*̃ » Ils flétrissent! On flétrit à gauche, on flétrit-
à droite. Et les flétris flétrissent à leur tour; dé
sorte qu'il ne reste personne qui ne soit marqué..
Quand cette petite cérémonie est accomplie, et
que tout le monde, porte- sa lettre sur l'épaule,
nul n'a plus rien à' reprocher' à aucun, et
chacun s'en va content, en sifflant son petit air,
qui Y Internationale, qui la Marseillaise, qui Vive
Henri IV. Tous ces flétris se portent bien. L'in-
firmité est si commune qu'elle ne se remarque
plus. On n'incommode plus des voisins qui vous
ressemblent la politique est un diner où tout
le monde a mangé de l'ail.
»Je regrette qu'on abuse de ces grands mots.
Autrefois dans de pareilles circonstances, on se
contentait de blâmer. C'était assez. Mais chaque
principe et qui sous l'égide d'un puissant pa-
tronage, a fait depuis quelques années une
brillante fortune. Certes, la solidarité qui unit
entre eux les membres du corps social n'est
pas niable mais vouloir en tarifer, par loi de
finances la mesure raisonnable et remettre la",
rédaction de ces tarifs entre les mains de ceux
qui doivent bénéficier sans délai de leur propre
décision, c'est faire encore une fois acte de pur
mysticisme social c'est témoigner à la nature
humaine une confiance dont elle est loin d'être
digne au siècle présent, si tant est qu'elle doive
jamais le devenir un jour! Attendre des moins
favorisés de la lutte économique, dit M. d'Eich-
thal, la modération, l'équité et même la patience
dans la façon dont ils établiront eux-mêmes
leur créance de solidarité obligatoire, c'est
iroj}, c'est beaucoup trop demander à leur'
vertu civique c'est vouloir que dans la cité les^
uns soient toujours menacés au nom d'un droit
méconnu, les autres jamais satisfaits parles:
sentiments de fraternité qui leurs sont témoi-
gnés en espèces sonnantes, et il n'y a rien, là de
rassurant pour la paix sociale.
Si des doctrines sociales relativement modé-
rées se révèlent aussi suspectes à l'examen,
nous n'étonnerons personne^en avançant que le
socialisme proprement dit 's'est moins encore
écarté des illusions du mysticisme social, ,au
cours des dix dernières années. Voyez le socia-
lisme français avec ses orateurs pu publicistes
pour qui le mot.-e'Pro.léîàriaï » reste une- sorte
Jtiê vocable sacré, qu'on ne peatgrondûcef eu
.écrire sans un frémissement de lyrisme, comme
celui du tout puissant allié .métaphysique qui
promet la victoire prochaine, avec ses profits
immédiats. Les fils spirituels de Marx persis-
tent à voir^ou à dire le prolétaire seul produc-
teur dans l'industrie du temps présent. L'un des
plus éloquents exprimait récemment en ces ter-
mes son brûlant acte de foi «Nous n'avons
rien a apprendre à la classe ouvrière, mais tout
à apprendre d'elle nous- avons à interpréter *r
ises expériences, à utiliser ses indications, et à
nous servir des principes nouveaux qu'elle a-
apportés dans le monde !»
Le socialisme allemand, avec son noya$
dogmatique si obstinément fermé à l'exà-f
parti haussant la voix, il est sorti de la bouche
ronde des orateurs des mots de plus en plus
gros. Infâme est le moindre qu'on emploie
aujourd'hui. C'est de l'imprévoyance: nous gas-
pillons les ressources du vocabulaire. Que res-
tera-t-il à nos enfants quand à leur tour ils vou-
dront renchérir sur. nous ? Nous ne leur lais-
serons pas une injure fraîche, mais des trognons
fatigués; et dés épluéhures qui auront vingt fois
servi. Ils auront le droit de maudire notre pro-
digalité nous sommes- de mauvais administra-
teurs. S'ils n'ont plus de mots, à quelle mimi-
que leur faudra-t-il recourir pour se faire enten-
dre ? C'est la fin de la politique. »
Ayant ainsi parlé, l'homme doux et pâle se'
leva. L'été inclément lui envoyait quelques
gouttes.de pluie, et il parti en composant de
tristes pensées. Henry Bidou.
"?p'
V, Ecce Honip » Ce; livre.' es.t le dernier" ouvra ge
•̃̃̃̃'•̃•̃̃^ 'dff J^pœi&£i-^tâfaeîïc£ ;eh\
'octobre 1888, après^fâ:' formidable: ;:p|rio*d'é de j
production d'où! sortirent le Cas Wagner, le-
Crépuscule des. Idoles, les Dithyrambes à Dyoni-
$os et Y Antéchrist, fut achevé en moins de trois
semaines. Peu de temps après, la raison de
l'écrivain sombrait dans la folie. Rien, dans le
Volume, ne pouvait faire pressentir cette pro-
chaine décadence c'est au contraire l'un des
plus beaux livres de Nietzsche et l'un des plus
curieux. Lîauteur s'analyse et 6e commente. lui-
même dans ces quatre chapitres « Pourquoi je
suis si sage. Pourquoi je suis si malin.
Pourquoi j'écris de si bons livrés. Pourquoi
je suis' une fatalité^ » Jamais il n'a proclamé plus
haut sa haine de. l'Allemagne et son amour de
la civilisation française. Les Allemands, dit-il,
depuis Fichte, Schopenhauer, Hegel jusqu'à
Kant et Leibnitz, ne sont que des faux mon-
nàyeurs inconscients et des « faiseurs dévoiles ».
Ils n'ont pas traversé,! comme les Français, un
dix-septième siècle de sévère examen de soi-
même. Lki La Rochefoucauld, un Descartes sont
cent fois supérieurs en loyauté aux premiers
d'entre eux.: Les Allemands n'ont jamais eu de
psychologues or, la psychologie est la mesure
de la propreté. d'une race. Wagner et quelques
artistes sont. les «culs vrais Allemands près de
qui: Nietzsche aitpu vivre. Les autres personnes
de-'hâùïë feàitùte''qu;ds.&ï6Ber6ïitf«èsv:feii-Mië-'
magriê étaient dïorigine française, telle « Mme Co-
sima Wagner, la voix la plus autorisée en ma-
tière de goût qu'il ait jamais entendue». Et il
chante son admiration pour Pascal, Montaigne,
Molière, Racine, son enthousiasme pour Méri-
mée et Stendhal il dit son estime pour Bourget,
Loti, Gyp, Meilhac, Anatole France, Lemaître
ctMaupassant. Nietzsche avait prévu quèl'Ecce
Homo serait peu goûté en Allemagne. Un tirage
de 1,000 exemplaires lui paraissait suffisant,
tandis qu'il comptait en France sur 40,000 lec-
teurs, peut-être 80,000. UEcce Homo n'a été pu-
blié en Allemagne que vingt ans après la mort
de l'auteur, dans une édition de luxe, à tirage
restreint et déjà épuisé. M.Henri Albert, l'érudit
traducteur des œuvres complètes de Nietzsche,
en publie aujourd'hui l'édition française. Il ré-
pond ainsi au vœu de l'écrivain qui, -méconnu
dans sa patrie, «,1e pays plat de l'Europe », de-
mandait la consécration de son génie «au
monde civilisé ».
-/y' !•-••̃̃ ̃
Le mystérieux On sait que l'archiduc Salvator,
archiduc* connu aussi, sous Je, nom, de
-'V.v .••̃̃ Jean Orth* disparutril y-a queK
-gués anhées; d'après une opinion généralement
admise, il aurait péri dans le naufrage de la
Santa-Marghenla. Voici que le Chicago Eve-
ning Journal propose une nouvelle version.
Cette feuille assure que l'archiduc perdu vit
encore à Painesville (Ohio) sous la veste d'un
ouvrier, et elle s'occupe de lui faciliter le voyage
de Vienne pour lui permettre d'aller sefaire re-
connaître par sa famille et ses compatriotes. Le.
directeur d l'une revue allemande qui se publie à
Cleveland, Die Neûe Heimat, a voulu approcher
le prétendu Jean Orth. Il constate d'abord
que beaucoup de personnes, venues à Pai-
nesville tout exprès pour le voir l'ont re-
connu sans hésitation; entre autres un sieur
Klein, qui tient une brasserie hongroise à
Gleveland et qui, en .1889, avait vu l'ar-
chiduc en Hongrie, où ce Klein était alors
garçon de "café. Le directeur raconte en-
suite que, le' samedi 19 juin, à deux heures de
Faprès-midi, on lui montra dans un café de
men objectif des faits, n'a pas dépouillé i
davantage ses tenaces illusions mystiques. i
Un de ses théoriciens les plus écoutés, M. c
K-àutsky^ évoquant te, lendemain; de -ta révolu- <
iion sociale,: en sàïlenû un type d'humanité en- i
tièremen.t nouveau, dépassant tous ceux que la t
civilisation a produits jusqu'à ce jour, un sur- e
^omrae si l'on veut, mais qui sera la règle et
non l'exception Sur quoi M. d'Eichthal de faire c
observer fort justement qu'on nous entraîne ici j {
dans le domaine nuageux de la poésie et du e
mysticisme, bien loin du sol résistant des réa- r
lités sociales. Ne serait-il pas en efiet plus pru- i:
dent de créer ces surhommes problématiques l
avant de renoncer, pour la production des r
richesses, au mobile éprouvé de l'intérêt per-
sonnel ? ï
Enfin, voici la plus récente formule de l'im- 1
périalisme prolétarien, le syndicalisme, dont p
l'inspiration semble fort rationnelle à première d
vue. Mais déjà le mysticisme social s'est avisé t
de grossir indéfiniment, jusqu'à en faire la base r
unique des perfections morales de la cité fu- g
ture, une vérité particulière et restreinte, à r
savoir ce fait d'expérience que l'application à 1
une même tâche crée entre les travailleurs r
d'un même métier un lien de solidarité particu- £
lièrement étroit. Le mouvement syndicaliste, r
dit excellemment M. d'Eichthal, est en train de «
se bâtir une façade philosophique de grande q
allure, avec la prétention de loger derrière c
cette façade toute l'activité do l'Etat devenu f
dans l'avenir une Gôn'fédération
résultant de la communauté professionnelle t
est en partie fallacieuse, car l'identité d'intérêt t
n'existe guère, dans la corporation et surtout s
dans la classe ouvrière en général, que contre
un autre groupement qu'il s'agit de dépouiller c
de ses avantages actuels. A l'intérieur du l
groupe corporatif, les participants, restent au t
contraire à l'état de concurrence vis-à-vis les ï
uns des autres et les jalousies ou compétitions j 1
entre gens du même bord sont même les plus t
âpres de toutes, comme l'état-major du syndi- 1
calisme français vient de nous en donner la r
preuve car le ressort de la nature humaine (
reste partout et toujours la volonté depuis- t
Painesville deux hommes, dont l'un, entière-
ment rasé, avait une figure énergique, cordiale
et de type irlandais, tandis que l'autre, d'appa-
rence apathique, était vieux, petit, courbé, tout
blanc de barbe et de cheveux. Celui-ci n'était
autre que le prétendu Jean Orth. L'Irlandais
était son bienfaiteur, William Flavin, inspec-
teur dans une grande usine de construction,
William Flavin- a fait, il y a cinq ans, la con-
naissance de l'archiduc; depuis ce temps, il l'a
nourri et lui a gardé son secret jusqu'au mo-
'ment où la presse s'est occupée de lui. «J'ai
vécu huit jours, écrit le journaliste allemand,
en compagnie de l'archiduc, qui se fait appeler
Jean Salvator, ou plus simplement M. John. Il
est un peu sourd et le devient davantage quand
on lui pose certaines questions. Il a, de plus, la
mauvaise habitude de parler très bas, cequi fait
qu'on a peine à le comprendre. Il a l'accent
viennois, mais il ne donne pas l'impression d'une;
'personne- cultivée', il-êcrit yti allemand horrible,
iûriblë; îîde^fautes iâ'oTtitogTâpiiiï^iî; parlé inslj
~ig~ai~; eti' t-éc~it :,en'cc>re, ptüs ~nï~l:y = ~ôilà''
qui n'éçlairçjrâ pas encore le mystêrç de Jeâni
OrthY v' ̃"̃̃;̃ ̃ '"̃̃ '̃"> •'̃ ̃ ̃'
LES ESPAGNOLS AU'-HAROC
Les nouvelles de Melilla deviennent de plus
eh plus graves. Les positions occupées par les
troupes espagnoles en avant de cette place sont
sérieusement menacées par les Riffains. Elles
ont été attaquées le 23 et le 24 juillet avec une
fougue extraordinaire. On estime a 16,000 envi-
ron le nombre des assaillants. Cela suppose
qu'aux tribus de la côte et de la région de Me-
lilla sont venues se joindre celles de l'intérieur.
Il y aurait donc un mouvement général con-
certé contre les Espagnols, et ce mouvement
tendrait plutôt à s'accentuer. Le gouvernement
espagnol avait donc été bien renseigné le mois
dernier quand il a demandé au Conseil d'Etat un
crédit extraordinaire de trois millions pour
faire face aux nécessités de la situation. Il avait
eu raison de préparer la mobilisation de plu-
sieurs brigades. Malheureusement, ces crédits
e,t ces préparatifs, qu'une partie de la presse
madrilène critiquait .avec aigpeiiroomme hi-
dont dispose /actuellement le général" Marinai
peuvent défendre Melilla et ses abords contre
les hordes riffaines ils sont trop peu pour per-
mettre une action décisive, c'est-à-dire offen-
sive, contre elles.
Les pertes subies par les Espagnols au cours
des combats de la semaine dernière sont très
importantes. On n'en connaît pas, du moins on
n'en publie pas le chiffre exact. En un seul jour
il y a eu plus de trois cents morts et blessés;
Parmi les morts se trouvent plusieurs colonels
et lieutenants-colonels, entre autres le lieute-
nant-colonel Ibanêz Martin dont le nom était
bien connu dans tout le monde militaire euro-
péen. Un grand nombre d'autres qfficiers ont
été tués. Rien ne montre mieux fa fureur de
t'attaque et la gravité du danger auquel certains
postes espagnols ont été exposés. Le besoin de
renforts a été si pressant que le général Mari-
nas a donné l'ordre de mettre immédiatement
en ligne, aussitôt après leur débarquement, les
troupes venant de Barcelone. Il n'est pas dou-
teux que d'au très renforts doivent être envoyer
du continent à très bref délai. Le gouverne-
menteapagnoLen reconnaît la nécessité; Le mi-
nistre d'Etat et le ministre 4& la guerre avisent
en ce moment aux mesures indisperisables. Ils
ont l'intention, paraît-il, Renvoyer à Meîiïla en- ii-
core 20,000 hommes, ce qui porterait à 40,000 le
chiffre des troupes mises à la disposition du
général Marinas.
Voilà, en-hommes et en argent, de gros sacri-
fices. Il faut espérer qu'ils suffiront.(Mais.quand
les abords de Melilla seront nettoyés, quand les
Riffains seront refoulés dans leurs montagnes,
quand le prestige des armes espagnoles sera
assuré, la question ne sera pas résolue. L'Es-
pagne ne devra-t-elle pas^se prémunir contre lé
retour d'incursions? Ne voudra-t-elle pas se
dédommager de ses pertes ? Elle en aura cer-
tainement le droit. Sans doute le sultan doit
être le premier exaspéré des attaques des Rif-
fains et l'on ne peut lui imputer la responsabilité
directe de ces actes hostiles. Mais s'il est dans
l'impossibilité de faire respecter son autorité et
d'empêcher les tribus habitant les régions dontil
revendique la souveraineté de prendre l'attitude
sance Si ces compétitions sont pour un mo- q
ment réduites au silence dans le Syndicat, c'est r
qu'on.les abaisse devant un Jntéçéiplus évident, d
c'est qu'on s'efforce, par Funion collective; d'ar- ti
rachèr à un autre groupe ou à des individuali- p
tés moins solidement unies un butin qui devra r
se partager entre les membres de l'Association e
victorieuse. Voir dans ces entreprises, jus- ls
qu'à un certain point légitimes d'ailleurs un^e
garantie certaine d'accord social futur, c'est p
s'illusionner à plaisir, c'est vouloir revenir aux s<
rivalités des corporations florentines ou fia- l'
mandes et nous voilà bien loin du « faisceau d
harmonique» et de l'action pacificatrice qu'on d
nous promettait d
Au surplus, les guides les plus fougueux du q
mouvement commencent è s'en apercevoir, q
Hier, le chef de cette organisation qu'on nous n
présente comme l'Etat de l'avenir proclamait si
dans une circonstance solennelle que le prolé- n
tariat est encore insuffisamment éduqué pour si
remplacer sans transition la société « bour- s
géoise ». Cette sincérité coûta sa place au témô- ti
rairfi qui dut céder la main à des concurrents l<
plus soigneux de flatterie mysticisme conque- d
rant chez leurs clients ordinaires, mais son lan- e
gage courageux si semblable à celui d'un ômi-
nent syndicaliste américain, M. Gompers, n'en c:
est pas moins symptômatique. Enfin cet aveu n
que vient de signer un des plus loyaux théori- r
ciens du mouvement ne l'est pas moins « II ne g
fautpas se le dissimuler, éeritM.Bei'th; ce gui à q
été jusqu'icidans le sociaîfsmefaible jusqu'à- là
nullité, c'est la morale « Çexpéri mentale et ra- lt
tionnelle». Le socialisme a-^t-il jamais eu d'au- H
tre philosophie qu'une philosophie de la jouis- li
sance «immédiate ?» ~a p
L'avertissement aux mystiques sociaux que h
comporte un livre comme celui dont nous par- ci
lo.ns ne doit pas néanmoins conduire à écarter a
tout mysticisme, c'est-à-dire tout idéal, des; c<
hautes régions de Va me, Le mys ticismev sup- ri
posant la foi dans une alliance divine, est un di
trop précieux tonique de l'action pour être im- à
punément réduit au silence dans le cœur hu- à<
main. Il s'agit seulement de l'épurer par l'édu- Si
cation, d'en répudier les formes grossières, fé- ti
tichistes, et étroitement individuelles, celles
de belligérants vis-à-vis d'une puissance amie,
il existe un état de guerre de fait dont il doit
subir les conséquences. L'Acte d'Algésiras sup-
pose l'état de paix entre le Maroc et les puis-
sances signataires. Si le Maroc ou une partie
du Maroc fait la guerre à l'une de ces puis-
sances, celle-ci reprend tous les droits des bel-
ligérants. L'intégrité territoriale du Maroc est
un principe auquel chacun doit se tenir scrupu-
leusement. Toutefois, son application est subor-
donnée au fait que l'Etat marocain remplira les
devoirs corrélatifs des garanties stipulées dans
l'Acte d'Algésiras. Il est évident qu'en ce mo-
ment il est dans l'impossibilité de les remplir.
La situation à Melilla
Un télégramme officiel de Melilla, communiqué ce
matin à Madrid, annonce que tout a été tranquille
hier, jusqu'à neuf heures du soir. 1
iv D'autre pari; ,lçs dernières dépêches privées^do
Mellila parvenues h Saint-Sébastien disent rq*ue lès
Bjf&Ùng se, f Eépgj«ttt;àriîne inouvejte, aWaq£èi$i*éc
.làide.de apiihreux contingents venus de l'intérieur,
mais que le général Marina^- qui vient, d'être promu
lieutenant-général et commandant en chef des trou-
pes de Melilla a pris ses dispositions pour parer à
toute éventualité.
Des dépêches de Malaga confirment que des troupes,
du matériel et des vivres ont été embarqués samedi
sur les vapeurs Léori-XIII, Menorquin et Han-Fran-
cisco.
A MADRID- '̃"
Le gouvernement Espagnol déclare dénué de tout
fondement le bruit, d'après lequel il aurait l'intention
de suspendre les garanties constitutionnelles à Madrid
et dans quelques provinces/ Le ministre de l'intérieur
a simplement envoyé aux gouverneurs de province
une circulaire les invitant à saisir les numéros des
journaux publiant des nouvelles sur la guerre, sur
le départ et l'embarquement des troupes. La même v
mesure a été prise pour les journaux de Madrid, sauf v
en ce qui concerne les nouvelles officielles. Enfin, la
censure la plus rigoureuse est exercée au point de
départ des télégrammes. Le ministre a interdit égale-
ment les « manchettes » des journaux.
D'après une dépêche particulière de Madrid au
Matin, le général Linarès, ministre de là guerre,
aurait fait à quelques journalistes les déclarations
suivantes
II est nécessaire que nous nous inspirions tous du plus
pur patriotisme. Le moment arrivera de* "fixer lés rés-/
ponsabilités, et j'attends tranquillement ce moment, car'
je erpie avoir rempli mon devoir. Il n'y a pa$jjpour>rins*
tanj njgtiere, a,discussion,.ei loui le monde,' doit-jatetarte
gouvernement & saiïvéy l'Ii9.n.néur.natiphal.Xa matais»"
tiott s'est faite râpidéinerit et ïës contingents "de Melilla
8'élôveront bientôt à 24,000 hommes.
Cet effectif n'est pas encore suffisant, caries positions
en notre pouvoir s'étendent sur douze kilomètres, et il
faut soutenir et relever fréquemment les garnisons des
forts. Il faut aussi escorter les convois de vivres et de
munitions, veiller au maintien des communications avec
la place et avoir des forces suffisantes pour combattre.
Je crois que rien ne sera plus efficace, pour obtenir les
résultats que nous désirons, que l'envoi rapide de ren-
forts aussi suis-je résolu à expédier û Melilla immédia-
tement les éléments nécessaires pour qu'il n'y ait plus
de doute sur une issue satisfaisante de la campagne. La
division du général Orozco et la brigade du camp de Gi-
braltar partiront immédiatement.
Aveo cette augmentation de forces, 40,0
ront réunis à Melilla. Je continuerai a organiser d'autres ':̃̃
brigades pour le cas où leur envoi serait nécessaire, car
le gouvernement ne marchandera pas un seul soldat au
général Marina. Ce général, qui jouit de la confiance du ̃̃
gouvernement ot du pays restera a la tête de l'armée de
Melilla.
HHmunsmevuuwm.w.wHVwwan,m~W eevwwww.mwvww,m~yp
A L'ÉTRANGER
~wvttsvmmrvmnrov~wwvawwawzvW
Alsace-Lorraine «
I* GHAFE-AU SÉDITIEUX •'
Un -élève de l'Ecole d'art industriel de Strasbourg
se trouvant en excursion à Molsheim avait pris place
sur un banc près de la gare, lorsqu'il fut apostrophé
par un gendarme qui lui fit décliner ses noms et qua-
lités et lui dressa contravention. Le jeune homme
avait commis le crime de sortir coiffé d'un chapeau
de paille garni d'un ruban tricolore, rouge, blanc et
bleu.- Or, il avait aGhetê son couvre-chef chez un cha-
pelier de Strasbourg qui les vend par centaines. Il
avait pu circuler dans les rues et prendre le train
pour Molsheim sans attirer l'attention des pouvoirs
publics.
Comme le jeune homme s'étonnait des rigueurs de
la loi, le gendarme lui répliqua sévèrement • Vous
savez bien que l'Alsace-Lorraine est une Terre d'em-
pire et que par conséquent (sic) le port des couleurs
françaises y est interdit. » Et, ayant ainsi parlé, le
gendarme confisqua le ruban séditieux et notre jeune
artiste dut s'en retourner à Strasbourg avec son cha-
peau ainsi dégradé.
Le Journal d'Alsace-Lorraine conseille aux autori-
tés de créer un musée spécial des objets séditieux,
où l'on exposerait, dûment classés, étiquetés et nu-
méroté les objets qui ont provoqué le déplaisir de la
que favorise dans l'homme de tous les temps
l'inexpérience sociale et l'insuffisante hygiène,
morale. Depuis un siècle et depii, jle roman-
tisme, ^ul :appî}ya; parfois, un idéal vraiman*
progressif, a trop souvent propagé et nourri en
revanche des illusions mystiques antisociales,
comme le spectacle de notre temps en fournit
la preuve évidente.
L'auteur des Pages sociales montre pour sa
part la constante préoccupation de conserver à
ses contemporains le bienfait de l'idéal de
l'idéal esthétique à la condition que la beauté
désirable soit envisagée comme une expression
de l'ordre et non pas comme un fruit spontané
de la pure nature de l'idéal religieux surtout
qui, appuyé sur la morale chrétienne, fruit de
quinze siècles d'expérience psychologique, se
montre, chez les peuples forts du temps pré-
sent, le seul antidote efficace du romantisme
moral. M. d'Eichthal a écrit dé fort belles pages
sur la plasticité du symbole chrétien; dans la
sublime figure du Christ, dit-il, tant de généra-
tions ont su incarner jusqu'ici leurs aspirations
les plus hautes que celles de demain lui deman-
deront avec profit un appui nouveau pour leur
effort vers le mieux.
Restons, avant tout, fidèles aux deux prin-
cipes de toute morale viable méfiance de la
nature humaine sans culture et foi dans l'expé-
riencè sociale comme source unique du pro-
grès rationnel. La création des richesses implir
que une lutte, dit M. d'Eiclithal, et ne pei|t être
•fê,co,ade qu'âtia-coodition de rester unelutte
le mérite de l'économie politique, issue de
Hobbesi ̃– '̃ cet admirable psychologue ïhipféSia*s
liste, c'est d'avoir reconnu cette vérité et de
prêcher, en conséquence, la loyauté dans la
lutte économique, sans lui retirer toutefois le
caractère d'une compétition vive, plus propre
à surexciter l'être humain qu'à le contenter. L'é-
conomie, qui reste analyse constante de la réa-
rite et ne pose que des règles provisoires, est
donc la véritable science sociale par opposition
à la métaphysique ou mystique sociale qui vit
dans lïllusion de l'extase et récrée le monde à
sa guise pour le conformer aux exigences hâ-
tives des cerveaux ignorants.
Ernest Seiluérb
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