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Nous avons un guide bien plus sûr c'est la
leçon d'une longue et terrible expérience. Tout
le monde ne convient-il pas aujourd'hui que la
plus grande faute que commit une assemblée
célèbre, il est vrai, mais qui n'a pas moins été
involontairement, j'aime à le croire, la cause pre-
mière de nos malheurs, fut d'affaiblir le pouvoir
royal, ou plutôt de substituer à notre antique
gouvernement une royauté fantastique et sans
force que le moindre souffle des factions devait
renverser.
Quels ont été aussi les tnstes résultats de cette
erreur? La plupart d'entre nous les ont vus;
plusieurs en ont été les victimes; une législature
qui succède a la Constituante, mine d'abord,
puis détruit de fond en comble, à l'époque à ja-
mais mémorable du 10 août, le fre!e édifice que
ses prédécesseurs avaient élevé. Une autre as-
semblée, formée sous les plus sinistres auspices,
et au milieu des vociférations de la démagogie,
commet le crime que la France n'a peut-être
pas encore achevé d'expier, et fonde, sous le nom
de Hepublique, la plus dure et lapius odieuse des
tyrannies. C'est cette assemblée foi!e, et furieuse
à la fois, qui porte le. délire jusqu'à donner, par
décret, un brevet d'existence au souverain arbi-
tre de la terre et des cieux, et qui, par un autre
décret, non moins ridicule, déclare ennemi du
genre humain un ministre célèbre qui a sauvé
son pays.
On pourrait me demander, et je m'attends à la
question, quel est donc le but de toutes ces ré-
flexions pn'itminaires? Leur but, Messieurs,est
d'arriver à cette conséquence dont, en commen-
çant, j'ai fait un principe, qu'il nous convient,
qu'il convient à la France, pour qu'elle puisse
respirer à l'abri des lois, et jouir d'une véritable
et sage liberté, d'avoir un roi revêtu d'un pouvoir
tel que ce soit, si j'ose m'exprimer ainsi, un jeu
pour lui de comprimer et d'enchaîner les factions
qui tenteraient de troubler l'Etat. C'est la, Mes-
sieurs, mais c'est uniquement là qu'est notre
salut; car, en vain, nous chercherions à nous
)e dissimuler, une'classe nombreuse en France a
encore, quoi qu'on en dise, une forte tendance
vers ia démocratie: et cette tendance, suite de
nos écarts révolutionnaires, j'ajouterai même des
principes d'éducation que notre jeunesse a reçus
a certaines époques, ne peut être contre-balancée
que par la force morale de l'opinion, que les
Chambres parviendraient à former en l'éclairant,
mais plus encore dans ses premiers moments, par
la force puissante d'un pouvoir coactff, qui ne peut
et ne doit résider que dans les mains du monar-
que.
Où trouver maintenant cette double force?
C'est un problème politique qu'il n'est point dif-
ficile de résoudre nous la trouverons dans le
respect religieux que nous professons pour la
Charte, ou, ce qui revient au même, dans l'exécu-
tion stricte et littérale de cette Charte, dont les
Français sont avec raison jaloux, et que déjà ils
regardent comme le patMtum de leurs libertés
et de leurs droits.
Prenons garde ici, Messieurs, de vouloir, sous
prétexte de pt'rtectiouner l'acte d'une concession
royale, scruter trop curieusement les motifs qui
ont déterminé ses diverses dispositions ou recou-
rir à des interprétations subtiles. Tous les articles
de la Charte sont clairs, précis, et si bien coor-
donnés entre eux, que l'esprit le moins exercé les
conçoit a l'insUnt. Chaque infraction serait donc
bientôt aperçue et relevée, et ce n'est point le
cas, assurément, lorsqu'on raisonne sur un acte
aussi solennel, et qu'il s'agit de l'exécuter, de rap-
peler cette maxime, que la lettre tue et l'esprit
vivifie. La maxime est vraie quand il s'agit, sur-
tout au for intérieur,d'apprécier le plus ou le
moins de culpabilité d'une action mauvaise ou
repréhensible en apparence; mais, dans le cas
particulier, elle serait fausse et funeste. On doit
dire, au contraire, que la lettre seule donne ici
l'existence et la vie au corps politique, et que si,
par l'esprit delà Charte,on entend son interpré-
tation, chacun pouvant la faire au gré de ses pas-
sions, de ses préventions, du plus ou moins
d'étendue de son intelligence, peut-être même de
ses intérêts particuliers et de ses vues secrètes,
il n'y a pas de raison pour que les assemblées qui
doivent nous succéder l'interprètent comme nous,
et qu'alors nous nous exposions an danger de
voir à chaque instant le système de notre monar-
chie attaqué et bouleverse et la royauté elle-
même ébranlée jusque dans ses fondements,
crjmte que l'expérience du passé ne justifie que
trop. Un effet, l'une des principales causes de
notre Révolution ne serait-elle pas que les fran-
çais, oubliant que leurs mœurs, leurs habitudes,
leurs antiques usages maintenus et respectes par
leurs rois, seulement devenus susceptibles de
quelques réformes, auxquelles le prince se prê-
tait toujours, et que Louis XY1, de samte et dou-
loureuse mémoire, consacra dans sa seance royale,
se persuadèrent tout à coup que ces mœurs, que
ces habitudes, ces usages, ne formaient pas une
véritable constitution et qu'ils avaient eu le mal-
heur d'exister pendant quatorze siècles sans lois
fondamentales. Alors on voulut tout innover, et
sous le prétexte de réformer nos institutions, on
les renversa. Ah! Messieurs, combien plus heu-
reux ont été nos pères, qui, moins savants si on
le vent, mais certainement plus sages que nous,
ont coulé des jours tranquilles sans discuter des
principes, des formes et de l'essence des gouver-
nements, et ne se sont aperçus qu'ils avaient un
souverain que par ses bienfaits.
]) dépend de nous, Messieurs, de ramener ces
temps de notre nge d'or. et de plus prospères
encore; mais c'est comme je l'ai annonce et que
je le soutiens, en investissant le gouvernement
d'une grande force et, dans mon avis. je le dé-
clare ouvertement, ce but nous condti à lui
donner sur les élections une influence qui, sans
en gêner la liberté, soit telle cependant qu'elle
éclaire et dirige, jusqu'à un certain point, les
opérations des colfëges.
C'est donc d'après ces principes, mais toujours
en m'attachant à la Charte et en n'admettant qu'en
partie les légères modifications que le Roi a con-
sacrées par son ordounance du 13 joillet, que je
vais examiner le double projet de toi sur les
élections.
En suivant cette marche, j'ai la conviction que
je m'écarterai peu de ce que l'on appelle t'optotOt
~t~h'~Mc, car cette opinion est coup sur, je le
répète, pour l'exécution pleine et entière de la
Charte et à cet égard l'un de nos honorables
collègues a distingué avec grande raison entre
une opinion apparente et factice, à laquelle un
enthousiasme passager ou le crédit de quelques
hommes, peut, tant qu'ils ne snnt pas contredits,
donner une existence éphémère, et la véritable
opinion publique qui, sévère et quelquefois silen-
cieuse, marche toujours et finit par renverser les
obstacles qu'on lui oppose. C'est cette opinion
que nous devons chercher à connaître pour la
suivre, si elle est juste, et la redresser ou même
lutter contre elle si elle est erronée; mais ne
Nous avons un guide bien plus sûr c'est la
leçon d'une longue et terrible expérience. Tout
le monde ne convient-il pas aujourd'hui que la
plus grande faute que commit une assemblée
célèbre, il est vrai, mais qui n'a pas moins été
involontairement, j'aime à le croire, la cause pre-
mière de nos malheurs, fut d'affaiblir le pouvoir
royal, ou plutôt de substituer à notre antique
gouvernement une royauté fantastique et sans
force que le moindre souffle des factions devait
renverser.
Quels ont été aussi les tnstes résultats de cette
erreur? La plupart d'entre nous les ont vus;
plusieurs en ont été les victimes; une législature
qui succède a la Constituante, mine d'abord,
puis détruit de fond en comble, à l'époque à ja-
mais mémorable du 10 août, le fre!e édifice que
ses prédécesseurs avaient élevé. Une autre as-
semblée, formée sous les plus sinistres auspices,
et au milieu des vociférations de la démagogie,
commet le crime que la France n'a peut-être
pas encore achevé d'expier, et fonde, sous le nom
de Hepublique, la plus dure et lapius odieuse des
tyrannies. C'est cette assemblée foi!e, et furieuse
à la fois, qui porte le. délire jusqu'à donner, par
décret, un brevet d'existence au souverain arbi-
tre de la terre et des cieux, et qui, par un autre
décret, non moins ridicule, déclare ennemi du
genre humain un ministre célèbre qui a sauvé
son pays.
On pourrait me demander, et je m'attends à la
question, quel est donc le but de toutes ces ré-
flexions pn'itminaires? Leur but, Messieurs,est
d'arriver à cette conséquence dont, en commen-
çant, j'ai fait un principe, qu'il nous convient,
qu'il convient à la France, pour qu'elle puisse
respirer à l'abri des lois, et jouir d'une véritable
et sage liberté, d'avoir un roi revêtu d'un pouvoir
tel que ce soit, si j'ose m'exprimer ainsi, un jeu
pour lui de comprimer et d'enchaîner les factions
qui tenteraient de troubler l'Etat. C'est la, Mes-
sieurs, mais c'est uniquement là qu'est notre
salut; car, en vain, nous chercherions à nous
)e dissimuler, une'classe nombreuse en France a
encore, quoi qu'on en dise, une forte tendance
vers ia démocratie: et cette tendance, suite de
nos écarts révolutionnaires, j'ajouterai même des
principes d'éducation que notre jeunesse a reçus
a certaines époques, ne peut être contre-balancée
que par la force morale de l'opinion, que les
Chambres parviendraient à former en l'éclairant,
mais plus encore dans ses premiers moments, par
la force puissante d'un pouvoir coactff, qui ne peut
et ne doit résider que dans les mains du monar-
que.
Où trouver maintenant cette double force?
C'est un problème politique qu'il n'est point dif-
ficile de résoudre nous la trouverons dans le
respect religieux que nous professons pour la
Charte, ou, ce qui revient au même, dans l'exécu-
tion stricte et littérale de cette Charte, dont les
Français sont avec raison jaloux, et que déjà ils
regardent comme le patMtum de leurs libertés
et de leurs droits.
Prenons garde ici, Messieurs, de vouloir, sous
prétexte de pt'rtectiouner l'acte d'une concession
royale, scruter trop curieusement les motifs qui
ont déterminé ses diverses dispositions ou recou-
rir à des interprétations subtiles. Tous les articles
de la Charte sont clairs, précis, et si bien coor-
donnés entre eux, que l'esprit le moins exercé les
conçoit a l'insUnt. Chaque infraction serait donc
bientôt aperçue et relevée, et ce n'est point le
cas, assurément, lorsqu'on raisonne sur un acte
aussi solennel, et qu'il s'agit de l'exécuter, de rap-
peler cette maxime, que la lettre tue et l'esprit
vivifie. La maxime est vraie quand il s'agit, sur-
tout au for intérieur,d'apprécier le plus ou le
moins de culpabilité d'une action mauvaise ou
repréhensible en apparence; mais, dans le cas
particulier, elle serait fausse et funeste. On doit
dire, au contraire, que la lettre seule donne ici
l'existence et la vie au corps politique, et que si,
par l'esprit delà Charte,on entend son interpré-
tation, chacun pouvant la faire au gré de ses pas-
sions, de ses préventions, du plus ou moins
d'étendue de son intelligence, peut-être même de
ses intérêts particuliers et de ses vues secrètes,
il n'y a pas de raison pour que les assemblées qui
doivent nous succéder l'interprètent comme nous,
et qu'alors nous nous exposions an danger de
voir à chaque instant le système de notre monar-
chie attaqué et bouleverse et la royauté elle-
même ébranlée jusque dans ses fondements,
crjmte que l'expérience du passé ne justifie que
trop. Un effet, l'une des principales causes de
notre Révolution ne serait-elle pas que les fran-
çais, oubliant que leurs mœurs, leurs habitudes,
leurs antiques usages maintenus et respectes par
leurs rois, seulement devenus susceptibles de
quelques réformes, auxquelles le prince se prê-
tait toujours, et que Louis XY1, de samte et dou-
loureuse mémoire, consacra dans sa seance royale,
se persuadèrent tout à coup que ces mœurs, que
ces habitudes, ces usages, ne formaient pas une
véritable constitution et qu'ils avaient eu le mal-
heur d'exister pendant quatorze siècles sans lois
fondamentales. Alors on voulut tout innover, et
sous le prétexte de réformer nos institutions, on
les renversa. Ah! Messieurs, combien plus heu-
reux ont été nos pères, qui, moins savants si on
le vent, mais certainement plus sages que nous,
ont coulé des jours tranquilles sans discuter des
principes, des formes et de l'essence des gouver-
nements, et ne se sont aperçus qu'ils avaient un
souverain que par ses bienfaits.
]) dépend de nous, Messieurs, de ramener ces
temps de notre nge d'or. et de plus prospères
encore; mais c'est comme je l'ai annonce et que
je le soutiens, en investissant le gouvernement
d'une grande force et, dans mon avis. je le dé-
clare ouvertement, ce but nous condti à lui
donner sur les élections une influence qui, sans
en gêner la liberté, soit telle cependant qu'elle
éclaire et dirige, jusqu'à un certain point, les
opérations des colfëges.
C'est donc d'après ces principes, mais toujours
en m'attachant à la Charte et en n'admettant qu'en
partie les légères modifications que le Roi a con-
sacrées par son ordounance du 13 joillet, que je
vais examiner le double projet de toi sur les
élections.
En suivant cette marche, j'ai la conviction que
je m'écarterai peu de ce que l'on appelle t'optotOt
~t~h'~Mc, car cette opinion est coup sur, je le
répète, pour l'exécution pleine et entière de la
Charte et à cet égard l'un de nos honorables
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une opinion apparente et factice, à laquelle un
enthousiasme passager ou le crédit de quelques
hommes, peut, tant qu'ils ne snnt pas contredits,
donner une existence éphémère, et la véritable
opinion publique qui, sévère et quelquefois silen-
cieuse, marche toujours et finit par renverser les
obstacles qu'on lui oppose. C'est cette opinion
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