Titre : La Liberté
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1895-01-07
Contributeur : Muller, Charles (1823-1898). Directeur de publication
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Détroyat, Léonce (1829-1898). Directeur de publication
Contributeur : Berthoulat, Georges (1859-1930). Directeur de publication
Contributeur : Aymard, Camille (1881-1964). Directeur de publication
Contributeur : Ferry, Désiré (1886-1940). Directeur de publication
Contributeur : Doriot, Jacques (1898-1945). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328066631
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 janvier 1895 07 janvier 1895
Description : 1895/01/07 (A30,N11212). 1895/01/07 (A30,N11212).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47902049
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-189
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/10/2018
nie au Montenegro, il Y a des sources mar
tmifiques tant par leur puissance que par
leur pittoresque ; mais il faudrait pour les
explorer, de l'avis de M. Martel, des de-
penses assez considérables et de vraies
expéditions, car les indigènes ne sont pas
familiarisés avec ces sortes de recherches.
Plus complètement qu 'en France, dans
le Vaucluse, la Lozère ou le Jura, la con-
naissance du cours des rivières souter-
raines a été poursuivie par les Autiichiens
au grand avantage de la régularisation du
débit des sources.
Bien mieux qu'en France aussi les puits
naturels de l'Istrie et de la Carniole ont
été défendus contre le jet des animaux
morts, dont la décomposition au sein des
filtres naturels des eaux, peut produire la
contamination des sources et provoquer
de redoutables épidémies.
M Martel a appelé l'attention sur toutes
les questions relatives à l'hydrologie sou-
terraine et à la spéléologie, dont la con-
naissance approfondie importe tant a la
. mospérité, et même à la sécurité des po-
1 pulations.
Edmond Renoir.
CHRONIQUE FONCIERE
'' , . première semaine de l'année toute consacrée
" aux devoirs de nouvel An, a été, bien entendu,
n^e^urlesaffairestoMbte'e, ^ ne
G est à peine, ai au Palais 4 ...
prend pas de vacances officielles a cette époque -
quelques adjudications présentées notamment par
M" E. Jacob, Postel et Gieules, figuraient au rôle.
Cette semaine, les affaires vont reprendre leur
cours normal.
Dans notre Chronique précédente, en rendant
compte de la vente des terrains de Cornéliuz Herz,
nous avons fait remarquer que certains lots situés
boulevard Flandrin avaient été vendus a un prix
très modique.
Ainsi que nous l'avions fait pressentir, nous
apprenons que plusieurs surenchères se sont pro-
duites précisément sur ces mêmes lots.
N'nmt fin narrons lorsqu'ils reviendront de
nouveau aux enchères.
- A. G.
FAITS DIVERS
La température. — 7 janvier. — Une
vaste dépression persiste sur le centre et
l'ouest du continent ; elle s'étend de la Balti-
que à l'Algérie et jusque vers Madère.
Le baromètre descend rapidement sur nos
régions et les hauteurs deviennent voisines
de 745m/m en Provence et en Gascogne. Une
aire supérieure à 765m/m apparaît au large
des Iles-Britanniques.
Le vent est violent du nord en Irlande et a
la pointe de Bretagne, assez fort du nord-est
en Gascogne.
Des neiges tombent presque partout; en
France.
La température est encore en baisse et le
maximum de froid se trouve dans le sud-
ouest de la France. On notait, en effet, ce ma-
tin - 140 à Toulouse, tandis qu'on avait seu-
lement — 13o à Moscou, 50 à Stockholm et
3o à Uléaborg.
On a observé —12° au Ventoux et — 10o au
Puy-de-Dôme.
En France, le temps va rester froid et a la
neige.
A Paris, hier, température maximum :
— 30 0 ; minimum, — 7.
La moyenne a été de — 3o 2t inférieure de
50 4 à la normale.
Baromètre, à 7 heures ce matin : 750m/m 6.
Les affaires de chantage (suite). — On
sait que, à la suite de la disparition de M.
Portalis et de l'arrestation de M. Girard, di-
recteur et administrateur du XIXc Siècle,
M. Imbert, administrateur judiciaire au tri-
bunal civil de la Seine, avait été chargé de
l'administration du journal.
Le tribunal de commerce vient de IJronon-
cer la mise en faillite du XIXe Siècle et a dé-
signé M. Bernard comme syndic. M. Imbert
a remis ses pouvoirs, ce matin, à M. Bernard.
— Le parquet de la Seine instruit une nou-
velle affaire d'abus de confiance contre M.
Portalis.
M. B..., juge de paix dans le département
de la Vienne, avait, à plusieurs reprises, en-
voyé des sommes d'argent assez importantes
au rédacteur en chef du XIXe Siecle, avec
mission de lui acheter des obligations du
journal. A la suite de ses envois d'argent, M.
B... avait reçu un certain nombre de titres
cotés, d'après la revue financière du XIXe
Siècle, 450 et 460 francs. Après la disparition
de M. Portalis, le juge de paix voulut négo-
cier ses valeurs et s'aperçut qu'elles étaient
cotées 50 francs à la Bourse.
M. B... a alors déposé une plainte en abus
de confiance contre le rédacteur en chef du
XIXe Siècle. Le caissier principal du journal,
M. Rousseau, a été entendu au sujet de cette
affaire.
Accidents. — M. Caro, rentier, demeurant
rue Albert Joly, au Vésinet, passait ce ma-
tin vers 10 heures dans la rue du Quatre-
Septembre, lorsqu'une voiture de cercle, qui
marchait à une allure très rapide, le ren-
versa. *
M. Caro a été blessé assez grièvement à la
tête et au visage.
Un inspecteur du commissariat du quartier
Gaillon l'a reconduit à son domicile.
— Dans l'après-midi d'hier, une voiture de
la Compagnie FUrbaine, conduite, par le eo-
cher Louis Millet, a renversé rue des Saints-
Pères, devant le numéro 18, Mme veuve Ba-
gnol, âgée de soixante-douze ans, qui traver-
sait la rue, La pauvre femme a été transportée
dane un état fort grave à l'hôpital de la
Charité. Les médecins qui la soignent n'ont
pu encore se prononcer sur les conséquences
qu'aura cet accident pour la blessée.
Victime du froid. — Ce matin, vers neuf
heures, les gardiens de la paix de service rue
du Gaz ont trouvé affaissé sur le trottoir, et
sans connaissance, un individu âgé de trente-
cinq ans, dans les vêtements duquel il y
avait des papiers au nom de Joseph Réville,
cordonnier.
Le malheureux a été transporté à l'hôpital
de la Pitié où, grâce à des soins énergiques,
il est revenu à lui.
Les médecins ont constaté qu'il avait subi
un commencement de congestion occasionné
par le froid.
Une maniaque (suite). — Dans notre nu-
méro du 21 décembre dernier nous racon.
tions l'étrange histoire de cette femme habil-
lée en homme, qui s'était fait arrêter dans
l'escalier de la maison 10 bis, boulevard
Bonne-Nouvelle.
Conduite devant M. Vérillion, commissaire
de police, elle déclarait se nommer Georges
Vilhot et être un homme. Elle fut envoyée au
Dépôt où, malgré sa résistance, elle dut revê-
tir les habits de son saxe.
Malgré toutes les démarches, on n'avait pu
éclaircir le mystère qui entourait cette femme
lorsque hier soir, M. P..., riche industriel
du département de la Charente-inférieure, se
présenta chez M. Vél'illion pour réclamer sa
femme, disparue de.chez lui depuis le 17 dé-
cembre, et qu'il croyait reconnaître en la
mystérieuse prisonnière.
Ce matin, il a été conduit au Dépôt et mis
en présence de cette femme, qu'il a reconnue
en effet pour être la sienne, quoique celle-ci,
continuant à déclarer qu'elle était un homme,
ne voulût rien entendre.
M. P... a alors expliqué aux magistrats
que sa femme avait dèjà, il y a trois ans, été
internée dans une maison d'aliénés et qu'elle
avait quitté le domicile conjugal le 17 décem-
bre à la suite d'une discussion entre eux.
M. P... a emmené la pauvre femme qu'il
va faire interner.
Le truc d'un engagé volontaire. — On
sait que le service de l'intendance remet aux
engagés volontaires, en même temps que leur
1 îeuilie de route, une certaine somme repré-
sentant le prix du billet de chemin de fer
pour se rendre au corps d'affectation, plus
quelques menus frais, de route.
Un jeune homme, Paul V..., avait résolu
de profiter de la confiance de l'administra-
tion pour se créer des ressources : il avait
réussi à contracter deux engagements diffé-
rents, l'un pour les zouaves, l'autre pour les
tirailleurs algériens.
Chaque fois on lui avait remis l'argent né-
cessaire pour rejoindre. Il avait mangé cet
argent en joyeuse compagnie et s'était promis
de recommencer.
La semaine dernière il parvint à .contracter
un nouvel engagement pour l'armée coloniale,
alléché sans doute par les 200 francs de pri-
mes alloués à ceux qui s'engagent pour cinq
aeSj.
Malheureusement pour lui il a été reconnu,
au dernier moment, par un sergent détaché
depuis peu à Paris, et qui, il y a un mois,
avait eu l'occasion de remettre à Paul V...
une feuille de route pour les tirailleurs algé-
riens,-
1 Paul V... aura à répondre devant le conseil
de guerre de son insoumission, aggravée par
ses escroqueries au détriment de l'Etat.
. Il va recevoir certainement un engagement
aux compagnies de discipline.
Un étrangleur de douze ans. — Les
époux G..., dont le mari est contre-maître
dans une importante papeterie, occupent
avec leurs enfants Eugène et Héloïse, âges, le
premier de treize et la seconde de quatorze
î ans, un petit appartement rue de Gergovie.
Le petit Eugène a manifesté à divers re-
prises de fort mauvais instincts. Il est sour-
nois, paresseux et, lorsqu'on le corrige , il
menace même sa mère de se venger.
Il y a quelques jours, étant seul au logis
avec sa sœur, celle-ci surprit Eugène au mo-
ment où il dérobait dans une armoire une
pièce de cinq francs. La fillette lui adressa
de vifs reproches et lui déclara qu'elle ren-
drait compte à leur père de l'indélicatesse
'commise.
Le jeune drôle s'emporta alors et menaça
sa sœur de lui régler son compte si elle le
dénonçait.
Héloïse ne se laissa pas intimider par cette
menace et le soir elle raconta à ses parents
la_vilaine action de son frère, qui fut corrigé
sévèrement.
Eugène dissimula sa rancune, mais hier
après midi, vers deux heures, tandis que son
pere était à son travail et sa mère en courses
dans le quartier, il s'empara d'un cordon de
rideau auquel il fit un nœud coulant, puis
dissimulant son lacet derrière son dos, il s'ap-
procha de sa sœur occupée à broder devant
la fenêtre, et tout à coup, au moment où la
pauvre enfant riait avec lui sans méfiance, il
lui passa le nœud coulant autour du cou et,
tirant à lui, la renversa sur le parquet.
La victime se débattit du mieux qu'elle put,
'mais le jeune fratricide la traînait sur le par-
quet en tirant de toutes ses forces sur le
cordon..
Heureusement la mère arriva sur ces entre-
faites, et la fillette, évanouie, put être rappe-
lée à la vie par un médecin.
Le fratricide sera envoyé dans une maison
. de correction.
Un meurtre. — La rue Harvey, petite rue
située dans le treizième arrondissement, a été
hier le théâtre d'un drame.
Au no 9 de cette rue habitaient un nommé
Fulgence Boudon, peintre en voitures, âgé de
quarante-deux ans, une femme, nommée
Carré, âgée de trente-sept ans, avec qui il
vivait, et leurs deux fils, âgés de dix-sept et
de douze ans.
Hier, à 2 heures de l'après-midi, Boudon et
la femme Carré étaient encore à. table en train
de déjeuner lorsqu'une querelle s'éleva entre
, eux pour un motif des plus futiles.
Taut à coup, tandis que la femme faisait
un mouvement comme pour donner un coup
de pied, Boudon saisit un des couteaux qui
se trouvaient sur la table et la frappa vio-
lemment à la cuisse. L'artère fémorale fut
coupée.
La femme tomba inondée de sang. Quel-
ques instants après, elle expirait,
Quand les voisins, attirés par le bruit, pé-
nétrèrent dans la maison, ils trouvèrent Bou-
don en train d'éponger le sang répandu sur le
sol. 7
Des agents, immédiatement prévenus, ont
conduit le meurtrier au commissariat de M.
Siadoux.
Les deux fils étaient partis le matin pour
aller souhaiter la bonne année à leurs grands-
parents qui habitent Charenton.
Le feu. — Un commencement d'incendie a
éclaté cette nuit, vers une heure, dans l'ap-
partement de M. Emile Chalmandrier, sellier,
rue des Saints-Pères, 33 ter. Le feu, qui avait
pris dans la cheminée et s'était communiqué
aux boiseries, a été éteint par les pompiers
du marché Saint-Honoré. Les dégâts, peu im-
portants, sont couverts par une assurance.
Un fait des plus regrettables vient de' se
passer au Val-de-Grâce. Un officier supérieur
était mort le 1er janvier à cet hôpital-mili-
taire; la famille, par suite de retard dans la
transmission de la nouvelle ne fut prévenue
que dans la soirée, et lorsque, le 2 janvier,
elle se présenta au Val-de-Grâce, l'autopsie
de l'officier était faite, sa famille ne s'y étant
pas opposée. Des mesures sont prises pour
que cfe pareils faits ne se reproduisent pas et
dorénavant nous espérons qu'on laissera aux
familles le temps d'être informées et de donner
les autorisations d'autopsie nécessaires.
INFORMATIONS PARISIEN NES
LES ANCIENS militaires. — L'assemblée générale
annuelle du comité central des anciens militaires
biessés et réformés, a eu lieu hier.
Le président, M. Mayer, a rappelé le but. que
poursuit la Société : l'abrogation de la loi de 1857,
qui fixe à la demi-pension l'indemnité de réforme,
alors que toutes les autres pensions ont été aug-
lÍfentécs par la loi de juillet 1881. Or, il existe au
budget de la guerre un chapitre spécial pour la
gratification de réforme. Elle peut donc être assi-
milée aux pensions et ne constitue pas un: simple
secours,
Cette gratification, en moyenne, n'est pas de 60
centimes par jour, somme absolument insuffisante
pour faire vivre un homme estropié et souvent dans
l'incapacité absolue de travailler. il serait donc
équitable qu'elle fût augmentée. "
M. Crémieu, député, s'est engagé à déposer, sur
le bureau de la Chambre, un amendement à la loi
de 1881. Sur cette assurance, l'assemblée s'est sépa-
rée après avoir voté un ordre du jour de confiance
envers les membres du comité central. La prochaine
réunion aura lieu le premier dimanche d'avriL
Les employés de commerce. — Cette Société de
secours mutuels a tenu hier son assemblée géné-
rale, au cours de- laquelle il a été décidé qu'un
pressant appel serait adressé à tous les intéressés
pour recueillir des adhésions et faire valoir auprés
des pouvoirs publics les revendications de la corpo-
ration.
LES Mb'TUiXiSTas. — Les présidents des sociétés
de secours mutuels- se sont réunis en assemblée
plénière, à la mairie du 4* arrondissement.
Après une assez longue discussion, qui a porté
surtout sur la répartition des fonds inscrits au bud-
get de 1895 pour la bonification des pensions de
retraite -et sur le transfert de l'intérieur au com-
merce du service des institutions de prévoyance,
l'ordre du jour suivant a été adopté.
Les sociétés de secours mutuels de la province et
de Paris, réunies en assemblée plénière :
Considérant que le crédit de 1,500,000 fr. Inscrit
au budget par le gouvernement pour majorer les
pensions liquidées par les sociétés de secours mu-
tuels approuvées, n'est qu'une juste compensation
de la perte qu'elles ont subie, par suite de la ré-
duction du taux de l'intérêt, demandont que le
chiffre qui a été ramené â 200,000 fr. par la com-
mission du budget soit maintenu et que les Sociétés
autorisées soient appelées à participer au crédit de
2 millions, affecté aux pensions liquidées sur livrets
individuels.. ,, , .
Considérant que le transfert projeté du bureau
; des institutions de prévoyance au ministère du
commerce serait nuisible au bon fonctionnement
de l'institution mutualiste, l'assemblée, s es refe-
I rant aux raisons données dans la notice adressée
I aux membres de la commission d'assistance et de
1 prévoyance sociale , demande énergiquement le
1 maintien de-ce service administratif au ministère '
de l'intérieur.
LES tigres boyaux du Muséum. — On vient do
commencer au Jardin des Plantes la construction ■
d'un parc nouveau destiné aux quatre tigres royaux
offerts par M. Huyn de Verneville et que l'on voit
en ce moment dans la volière des vautours.
La nouvelle construction, dont l'aménagement
toûtera 5,000 francs, sera édifiée sur les plans de
M. Milne-Edwards. Elle contiendra des massifs de
plantes exotiques et une cascade surmontée d'un
lourd rochér.
Par suite de cette disposition, le spectacle des
fauves présentés comme en liberté dans une cage
qui n'aura pas moins de trente mètres de longueur
sur vingt de large, sera plus attrayant encore.
Exactement, le palais des tigres s'élèvera entre
la grande volière et la rotonde, sur un emplace-
ment où se trouvaient les dindons donnés par les
gardes-chasse de la forêt de Marly. Afin de per-
mettre la construction du nouveau parc, les din-
dons ont été momentanément placés dans le parc
du buffle entre la rotonde des herbivores et le pa-
lais des singes.
DÉPARTEMENTS ET ÉTRANGER
LE MAUVAIS TEMPS
Toulouse, 7 janvier.
Le mauvais temps continue et aux chutes
de neige succèdent maintenant de fortes ge-
lées.
On connaît les désastres survenus dans l'A-
riège, à Orlu, à Ax et à Aulas où l'avant-der-
nière nuit une autre avalanche a emporté
neuf granges remplies de bestiaux et tué un
cultivateur. Le hameau de Centrau est dé-
truit.
Dans la vallée de Luchon, les dégâts sont
nombreux ; les toitures des constructions
rurales sont partout en danger. A Juzet de
Luchon, onze écuries se sont effondrées l'au-
tre nuit.
Au hameau de Lagouade, près de Saint-
Beat, la tourmente de neige a détruit de fond
en comble quatre maisons, vingt-cinq gran-
ges et fait deux victimes. Les secours ont dû
être organisés pendant la nuit au milieu du
plus grand péril.
Le hameau de Labach,qui compte une qua-
rantaine d'habitants et qui se trouvait en
grand danger, a pu être évacué hier, après
deux heures de travaux et d'efforts surhu-
mains accomplis par la gendarmerie et les
pompiers de la contrée pour tracer une voie
de salut dans la neige qui, à certains endroits,
a plus de deux mètres d'épaisseur. Les an-
ciens de ces pays n'ont pas souvenir d'une
température et d'une calamité pareilles.
Perpignan, 6 janvier.
Un véritable tourbillon de neige s'est abattu
sur le département. Les communications sont
interrompues sur de nombreux points ; les
courriers sont arrêtés. De pressants télégram-
mes de Bourg-Madame réclament de l'admi-
nistration l'envoi de chasse-neige pour dé-
blayer la route et rétablir la circulation de-
venue impossible.
Ce matin, M. Bonhours, préfet, et M. Rol-
land, député, se rendaient à Caramany pour
inaugurer un nouveau pont entre les com-
munes de Latour-de-France et Planezes. Les
voitures ont été saisies par des tourbillons
de neige. Les chevaux n ont pu avancer par
suite de l'accumulation de la neige qui at-
teignait plus d'un mètre en certains endroits.
Force a été de rétrograder à Latour-de-France
avec beaucoup de peine.
Civita-Vecchia, 6 janvier.
Un fort vent de l'Ouest a endommagé les
travaux du nouveau port. La muraille de la
nouvelle jetée a été detruite sur une longueur
de 200 mètres.
La municipalité de Fontainebleau vient de
prendre l'initiative d'un concours national de
manœuvres de pompes à incendie et d'ambu-
lances, ainsi que de secours aux blessés, qui
aura lieu le dimanche 30 juin prochain.
Le comité d'exécution s'est réuni hier soir
et a définitivement constitué son bureau.
M. Péclet, maire, a été proclamé président,
et MM. Weber, premier adjoint, et Naudin,
conseiller municipal, vicc-présidedts.
Un comité d'honneur comprenant des nota-
bilités du département et de la ville a été éga-
lement formé.
*
* * .
~ L' Indépendance belge, de Bruxelles, vient
de publier une lettre de M. Léon Chômé, pré-
sident du comité de défense des frères De-
graeve. Dans cette lettre, M. Chômé, en ré-
ponse aux allégations prêtées à MM. Thessé
et Paquier, fonctionnaires coloniaux fran-
çais, par un journal parisien, déclare que ces
messieurs se trouvaient à plus de cent lieues
des îles Carolines où se faisait la première,
instruction. •
La preuve de l'innocence des frères De-
graeve, ajoute M. Chômé, est dans les docu-
ments authentiques officiels, reçus de -MaT-
seille, déclarant que Mirey n'avait accusé les
frères Rorique-que par vengeance.
On mande d'Anvers :
Un individu, se disant agent d'une Compagnie
de navigation anglaise, avait loué, il y a quelques
jours, dans la ville, un appartement en ville. Cet
individu avait provoqué la visite, chez lui, d'un en-
caisseur de la maison Bueldo frères, changeurs.
L'encaisseur était porteur de 8,000 francs. L'indi-
vidu, s'étant emparé des 8,000 francs, voulut fuir
et menaça l'encaisseur d'un revolver.
Ce dernier parvint à s'échapper et alla chercher
la police. A l'arrivée de celle-ci, le voleur se logea
une balle dans la tête. 11 est mourant. On ignore
son identité.
De nouvelles et légères secousses de trem-
blement de terre ont été ressenties hier à
Reggio de Calabre.
Un incendie d'une violence inouïe s'est dé-
claré hier à Toronto (Canada).
Plusieurs rues ont été entièrement détrui-
tes. Les bureaux du journal le Globe ont été
réduits en cendres.
Deux pompiers ont perdu la vie dans les
flammes.
Les pertes etteignent cinq millions dè- dol-
lars.
Nécrologie
M. Rathier, député de l'Yonne, secrétaire de
la Chambre des députés, membre du conseil
général de l'Yonne, est mort subitement hier,
en son appartement de l'avenue de Tourville,
27, à l'âge de trente-cinq ans.
Les obsèques auront lieu demain mardi, à
dix heures. On se réunira à la maison mor-
tuaire. Après la cérémonie,le corps sera trans-
porté à Chablis (Yonne).
Un conseiller à la cour d'appel de Paris,
M. Louis-Ernest Jacquemain, est mort hier à
l'âge de soixante-sept ans.
M. Jacquemain était chevalier de la Légion
d'honneur.
Obsèques mercredi, à dix heures, en I église
Saint-Severio.
On annonce la mort de M. Sourd, percep-
teur et receveur municipal à Nevers, qui pen-
dant longtemps fit partie de l'administration
du journal la République française sous la
direction de Gambetta.
TRIBUNAUX
Les empoisonnements d'Anvers
. Cette affaire, dont les débats commencent
aujourd'hui, produit en Belgique une énorme
sensation, et semble devoir prendre place
parmi les causes célèbres les plus retentis-
santes; le nombre des crimes commis, les
circonstances mystérieuses dont ils sont en-
tourés et la personnalité de l'accusée, tout
concourt à surexciter la curiosité publique.
L'accusée est une femme du monde, bien
apparentée, fille d'un général; elle aurait em-
poisonné trois membres de sa famille: une
sœur, un frère et un oncle; elle aurait com-
mis ces crimes pour toucher des primes d'as-
Burances et recueillir un riche héritage, afin
ie pouvoir continuer un train de vie, qui pa-
raissait luxueux, mais qui n'était échafaudé
que sur des expédients misérables.
L'opinion, d abord très montée contre Mme
Joniaux, lui est moins défavorable depuis
quelque temps, l'instruction n'ayant pas pu
constituer des preuves assez évidentes de sa
culpabilité; il va y avoir bientôt un an que
cette instruction a été ouverte.
Mme Joniaux, qui est la fille du général Ablav,
avait épousé en premières noces un bibliophile, ftï.
Frédéric Faber, dont elle eut une fille mariée à un
négociant d'Anvers. De son second mariage avec
M. Joniaux, ingénieur en chef des ponts et chaus-
sées de la province d'Anvers, sont nés quatre en-
fants, dont trois vivent encore.
M. Joniaux était, de son côté, apparenté à des
hommes politiques belges. Aussi, la haute société
d'Anvers était-elle en relations avec l'ingénieur en
chef des ponts et chaussées, dont la femme don-
nait de grandes fêtes très suivies, malgré un état
de fortune que l'on disait modeste,
Au commencement de 189'2Ja sœur de Mme Jo-
niaux mourait, quelque temps après avoir contracté
une assurance sur la vie au profit des enfants de
Mme Joniaux; en mars 1892, l'oncle maternel du
mari mourait presque subitement au domicile de
M. Joniaux; un peu plus tard M. Alfred Ablay
mourait dans des conditions analogues. Il était as-
suré pour 100,000 francs à la Compagnie Gresham,.
au profit également des enfants de Mme Joniaux.
Le directeur de la Compagnie avertit des ru-
meurs qui circulaient le procureur du roi. Les ca-
davres furent exhumés.
Les médecins émirent simplement des doutes, sur
la cause prétendue des décès, puis des chimistes
furent chargés d'analyser les viscères des cadavres.
M. et Mme Joniaux furent convoqués chez
le juge d'instruction pour donner des rensei-
gnements sur les ressources à l'aide des-
quelles le ménage menait une vie de luxe
peu en rapport avec ces ressources. Mme Jo-
niaux fut arrêtée séance tenante.
Au mois de septembre, la chambre des mises en
accusation envoya Mme Joniaux devant la cour
d'assises, sous l'inculpation des trois empoisonne-
ments.
L'enquête a été menée simultanément à Anvers, à
Gand, à Bruxelles, à Louvain et à Paris où M. Al-
fred Ablay habitait; il était employé comme comp-
table dans une grande Compagnie. Les résultats en
ont été un peu incertains.
Le rapport des chimistes, d'accord avec celui des
médecins légistes, conclut à l'empoisonnement d'A-
blay par la morphine ; il ne se prononce pas sur
les deux autres décès. On avait trouvé, paraît-il,
dans les viscères d'Alfred Ablay huit milligrammes
de morphine.
Cette quantité est loin d'indiquer, avec certitude,
un empoisonnement : d'autant plus que selon cer-
tains temoins, M. Ablay aurait été morphinomane,
d'autres disent même qu'il avait des, idées de sui-
cide.
Mme Joniaux a contre elle de s'être fait délivrer
de la morphine en poudre par plusieurs -pharma-
ciens, à l'aide d'u'ne seule ordonnance d'un docteur
qui soignait son mari pour un affaissement du sys-
tème nerveux ; elle avait, à cette intention, fait plu-
sieurs copies de cette ordonnance.
MM. Bruylants, chimiste à Louvain, et Druyts,
chimiste à Anvers, se sont livrés à des examens
minutieux qui ont duré .plus de trois mois; on dit
que M. Bruylants aurait poussé le scrupule de
conscience jusqu'à goûter un morceau de foie d'un
cadavre, pour se rendre compte de la présence de
la morphine, qui se reconnaît facilement, à son
amertume spéciale.
Voici comment, à l'instruction, Mme Jo-
niaux a expliqué les circonstances relevées
contre elle au sujet des assurances. j
Ma mère, dit-elle, femme du lieutenant-général
Ablay, fit appeler, avant de mourir, ma sœur Emi-
lie, qui habite en ce moment rue du Marteau, à
Bruxelles. Elle lui confia un secret : elle avait une
dette de 80,000 francs qu'elle suppliait ses enfants
de payer.
• Emilie nous mit au courant. Nous cherchâmes les
moyens d'exécuter le dernier vœu de maman. Emi-
lie habitait avec notre sœur Léonie, celle qui est
morte chez nous.
Emilie avait une situation qui lui rapportait en-
viron 1,500 fr. Je faisais à mes deux sœurs, depuis
1875, une pension mensuelle de 200 fr. Mon frère,
très riche, occupant un grade assez élevé dans l'ar-
mée, accordait la même somme.
Nous cherchâmes donc comment nous pourrions
payer la dette de maman. Nos sœurs Emilie et Léonie
s'offrirent — le parquet a entre les mains un acte
prouvant ce détail — de renoncer momentanément
à la pension mensuelle de 200 fr. que je leur ser-
vais; avec cette somme, je payerais une assurance
sur la vie de notre sœur Leonie.
Cette assurance servirait à désintéresser les
créanciers de maman.
Mes soeurs et moi résolûmes de fixer l'assurance
à 70,000 fr. Moyennant cette somme, ma fille — au
profit de qui l'assurance serait placée — pourrait,
après avoir payé les créanciers de maman, conti-
nuer la rente de ses tantes dans le cas où je vien-
drais à mourir.
A la mort de ma sœur Léonie, nous touchâmes
la prime d'assurance. Ma sœur Emilie reçut 40,000
francs, et paya les créanciers de maman et quel-
ques notes personnelles, qui se trouvent actuelle-
ment au parquet. Les 30,000 autres francs servi-
rent à mettre en ménage ma fille, qui a épousé uu
brave et digne garçon., M. M....
En ce qui concerne la mort de M. Jacques Van
den Kerchovc-, les époux Joniaux se sont ^ bornés,
sans entrer dans les- questions d'intérêt, à _ relater
les circonstances du décès. Ils ont affirmé qu'au
repas où ils avaient convié M. Van den Kerchove
assistaient Mme Joniaux mère et un neveu de M.
Joniaux. Le repas, qui dura de 1 à 6 h., fut très
gai. Une voiture était commandée pour 7 h. pour
conduire M." Van den Kerchove au train qui devait
le ramener à Gand. Vers 6 h. toutefois M. Van den
Kerchove, pris de somnolence, alla s'étendre au
premier étage sur une chaise longue, dans le cabi-
net do toilette de Mme Joniaux. Au moment où
celle-ci et son mari allaient prendre de ses nouvel-
les, il s'affaissa, après avoir dit qu'il se sentait
mal. On courut querir un médecin, le docteur M...,
qui conclut à une attaque d'apoplexie. Un second
médecin, le docteur D..., appelé en consultation,
se prononça de -même sur le cas de M. Van den
Kerchove qui mourut le lendemain à midi, après
que M. et Mme Joniaux et ses enfants eussent
passé la nuit à lui appliquer des sangsues. Il avait
rendu le dernier soupir sans avoir repris connais-
sance et après avoir vomi une grande quantité de
sang.
Enfin, pour ce qui est de M. Alfred d'Ablay, les
époux Joniaux ont affirmé, comme pour Mlle Léo-
nie Ablay, qu'ils ne devaient pas bénéficier de sa
mort, car le montant de l'assurance, bien qu'attri-
bué nominalement à sa sœur, Mme Joniaux, était
destiné à rembourser des créanciers qui avaient
traqué, pourchassé M. Alfred Ablay depuis long-
temps.
Tels sont les principaux éléments du procès
qui commence aujourd'hui devant la cour
d'assises d'Anvers, présidée par M. le conseil-
ler Holvoët.
L'accusée est une femme de taille moyenne,
d'un embonpoint assez prononcé, le front
large, l'œil vif et même un peu dur ; l'ensem-
ble de la physionomie est sympathique.
Mme Joniaux sera défenduepar MM. Charles
Graux, ancien ministre, et Paul Hendrickx.
Le premier est un des plus grands maîtres du
barreau de Bruxelles ; c'est lui qui, en 1866,
plaida avec Me Lachaud dans la cèlèbre af-
faire du colonel Risk-Allah, accusé de meur-
tre sur la personne de son pupille, Readly, et
qui fut acquitté.
Me Paul Hendrickx a une situation des plus
importantes au barreau d'Anvers, il plaide
principalement pour les grandes Sociétés et
s'est fait une spécialité des affaires maritimes.
L'accusation sera soutenue par M. l'avocat
général Jean Servais.
VARIÉTÉS
Philosophes allemands
Frédéric Nietzsche est, à l'heure actuelle, le phi-
losophe qui dispose de la plus grande autorité et
de la plus singulière influence auprès des jeunes
générations. Depuis plusieurs années, les revues du
quartier Latin, celles qui ont la primeur des ta-
lents, abondantes en nouveautés et en recherches
ingénieuses, ont publié des fragments des œuvres
de Nietzsche et notamment de Ainsi parla Zara-
thustra. Il est encore la nourriture d un cercle res-
treint, d'autant plus fervent; mais pourtant la « no-
toriété » commence à naître pour lui, et voici que
dans la Revue de Paris, L. Bernardini, l'auteur
d'intéressantes études sur Ibsen, Bjœrnson, Strind-
berg et les autres littérateurs scandinaves, pré-
sente Nietzsche à un plus large public.
Frédéric Nietzche est né à Lutzen en 1844. Il des-
cend d'une noble famille polonaise qui vint se fixer
en Allemagne en 1715. Sa biographie tient en peu
de lignes. 1! s'adonne à la philologie, étudie à Bonn
et à Leipzig et professe de 1868 à 1878 à l'Université
de Bâle. Dépuis 1889, il achève de vivre sans s'en
apercevoir, le cerveau perdu. Dans son œuvre con-
sidérable, citons seulement : Un livre pour les
esprits libres, Aurore, Pensées sur les préjugés
moraux, La gaie Science, Ainsi paria Zarathus-
tra, Par delà le bien et le mal, Introduction à
une philosophie de Vavenir, le Crépuscule des (
faux dieux, le Cas Wagner. t
Comme on a pu le faire pour Schopenhaaèr à
l'occasion ^ de l'influence sensible que notre dix-hui- C
ième siècle et notamment Voltaire ont exercée sur "
œt esprit, L. Bernardini cherche des parents àr,
Nietzsche dans nos moralistes du dix-septième siè-
:le et les libres penseurs de l'âge précédent. On
pourrait aussi à son sujet évoquer Carlyle et sa
ierrible humeur et, plus que l'ironie de Heine qu'il '
ie faut cependant pas négliger, l'àpreté méprisante
ît sarcastique d'un Bismarck, qui est vraiment le y
iéros agissant de Nietzsche. Mais laissons là ces
indications qui demanderaient, en outre d'une con-
naissance approfondie de l'œuvre de Nietzsche, de '
trop longs développements.
L'article de L. Bernardini donnera d'ailleurs sur '
la pensée et le tour d'esprit de Nietzsche des aper-
(us exacts et suffisants pour en faire connaître l'in-
térêt et faire comprendre le genre d'influence qu'il
s'est acquis. Nous nous bornons à donner l'extrait :
suivant du chapitre intitulé Les Deux Morales : 1
Jetant un regard « sur les diverses morales, !
délicates ou grossières, qui ont gouverné jus- i
qu'à présent et gouvernent encore la terre »,
Nietzsche y discerne deux types fondamen-
taux : la morale des maîtres et la morale des
esclaves. Dans toute civilisation supérieure
et d'origine mixte, le rapprochement des deux 1
morales a produit des essais de conciliation :
plus souvent leur pêle-mêle et leur réciproque
malentendu; parfois leur pénible co-existence,
même dans un seul individu, dans l'intérieur
d'une âme. « La distinction et l'opposition de
ces deux morales n'en reste pas moins un fait
acquis, d'importance décisive et capitale. »
Nous traduisons ici, en la resserrant un peu,
la théorie qu'a donnée Nietzche de ces deux
morales, théorie qu'il importe de bien com-
prendre si de garder soigneusement en mé-
moire, si l'on veut entrer dans l'intelligence
de son œuvre.
«La fixation des valeurs morales vient, ou
d'une caste dominante, ou bien des esclaves
de cette caste. Dans le premier cas, quand
c'est la classe dominante qui fixe la concep-
tion du « bien », ce sont les traits élevés et
fiers de l'âme qui déterminent la distinction
et la classification. L'homme supérieur sépare
de lui les êtres que caractérise le contraire de
ces traits élevés et fiers : il les méprise. Qu'on
remarque que dans cette première espèce de
morale l'opposition de « bon » et de « mau-
vais » signifie « excellent » et « méprisable ».
Est méprisé le lâche, le timide, le mesquin,
celui qui pense à l'étroite utilité; aussi, le
méfiant, l'homme au regard incertain, celui
qui s'abaisse, la race de chiens humains qui
se laisse maltraiter, le flatteur mendiant,
avant tout le menteur : — c'est une croyance
fondamentale de tout aristocrate que le com-
mun peuple est menteur. « Nous les vérita-
bles », ainsi se nomment les nobles de l'an-
cienne Grèce. Cela vient de ce que partout les
valeurs morales ont été fixées d'abord sur des
hommes et plus tard seulement et d'une ma-
nière détournée sur des actions. L'homme
supérieur se sent lui-même comme étant celui
qui déterminé la valeur ; il n'a nul besoin de
se faire estimer bon, il juge : ce qui m'est
nuisible, est nuisible en soi. »
Une pareille morale est la glorification du
moi.. A 1" premier plan le sentiment d'une
plénitude et d'une puissance qui veulent
déborder, le bonheur d'une haute tension,
la conscience 'd'une richesse qui peut don-
ner et renoncer. L'homme supérieur aide le
malheureux, mais non pas ou presque pas
par pitié ; plutôt par une impulsion qu'en-
gendre la surabondance de la puissance.
L'homme supérieur honore en soi le puis-
sant, il honore aussi celui qui a puissance sur
lui-même, qui sait parler et se taire, qui
use avec joie de séverité et de dureté envers
lui-même. H a de la vénération pour toute sé-
vérité et pour toute dureté. « Un cœur dur
m'a mis Odin dans la poitrine », dit une
vieille saga Scandinave... Les supérieurs et
les braves qui parlent ainsi, sont aussi éloi-
gnés que possible de la morale qui voit dans
la pitié et dans le désintéressement le signe
de l'homme moral. La croyance en soi, l'or-
gueil de soi-même, une aversion et une ironie
foncières devant le « renoncement », appar-
tiennent d'une manière aussi fixe à cette mo- ;
raie -supérieure qu'un dédain facile pour la j
compassion et les « cœurs pitoyables ».
Les puissants sont ceux qui savent hono-
rer. La vénération pour les vieillards, le res-
pect des ancêtres, ainsi qu'un préjugé dèfa-
vorable aux jennas générations, sont des traits
caractéristiques de leur morale. Au contraire,
l'homme des « idées modernes >1 qui croit
presque- instinctivement au « progrès » et à
l' « avenir » trahit naïvement par là l'origine
inférieure de ses idées. La capacité d'une lon-
gue reconnaissance et d'une longue ven-
geance, --vis-à-vis des égaux seulement, — le
raffinement dans l'amitié et dans les repré-
sailles sont également des vertus typique de
la morale supérieure..&■
Il en est tout autrement pour le second type
de la morale 1 la morale des esclaves. Sup-
posé que les faibles, les opprimés, les souf-
frants, les non-libres, ceux qui doutent et
sont fatigués d'eux-mêmes, se mettent à mo-
raliser, quelle sera la tendance de leurs juge-
ments moraux? Probablement se fera jour
un doute pessimiste sur la destinée de l'hom-
me, peut-être une condamnation de l'homme
lui-même en même temps que de sa desti-
née. Le regard des esclaves est défavorable
aux vertus des puissants; il a du scepticisme
et de la défiance, une subtilité de défiance I
contre tout ce qu'il voit honoré là comme
« bon ». Ils voudraient se persuader que le
bonheur même y est faux. . Au contraire, les
qualités qu'ils prisent sont celles qui servent
à faciliter l'existence aux souffrants : la pi-
tié, la main prête à secourir, le cœur compa-
tissant, la patience, l'application, la soumis-
sion, la prévenance, — car ce sont là les qua-
lités utiles et presque les seuls moyens d allé-
ger la pesanteur de la vie.
La morale des esclaves est dans son es-
sence la morale de l'utilité. Là est le trou-
peau d'où sortira la célèbre opposition du
« bien » et du « mal ». Dans le mal, la puis-
sance et le danger se rendent sensibles, ainsi
qu'un certain caractère terrible qui écarte le
mépris. Ainsi, dans la morale des esclaves,
c'est le « mal » qui éveille la crainte ; dans
la morale des maîtres, c'est le « bon » qui
inspire et veut inspirer la crainte, tandis que
le « mauvais » est méprisé. Le contraste at-
teint son point culminant quand, par une
conséquence .de la morale des esclaves, un
souffle de dépréciation atteint le « bon »
même de cette morale. Car le « bon » doit
être l'homme :inotl'ensi{, il est donc facile à
tromper, un peu bête peut-être ; c'est un bon-
homme. Partout où la morale des esclaves a
pris le dessus, la langue montre une tendance
à rapprocher l'un de l'autre le sens des mots
« bon » et « bête ». Une dernière différence :
la passion de la liberté, la recherche instine- ;
tive du bonheur et les nuances du sentiment
de la liberté appartiennent aussi nécessaire-
ment à la morale et à la moralité des escla-
ves , que l'art et l'enthousiasme dans la véné-
ration et dans le sacrifice sont les symptô-
mes réguliers d'une manière aristocratique i
de sentir et de penser...
Cette « inorale des esclaves », pour Nietz- :
sche, est la même que la morale démocratique !
ou chrétienne; morale qu'il flétrit dédaigneu- !
sement du nom de « morale de troupeau ». 1
On voit que les deux traits qu 'il considère j
comme ses caractéristiques propres (aous j
avons souligné les passages) sont le pessi-
misme et l'utilitarisme, celui-ci renétant ras- j
pect démocratique et l'autre la face chré-
tienne de cette morale ; tous deux symptômes
de la vie descendante, dégénérescente, de la.
vie qui se nie elle-même. Au contraire, la
« morale des maîtres P, morale aristocratique
ou héroïque, personnifie la vie ascendante,
triompba&te, avec les qualités qui dévelop-
peat, intensifient, affirment la vie. Peut-,ètre
ne serait-il pas fortspualaise de démêler dans
ces vues ingénieuses et frappantes l'artifice
un peu subtil à l'aide duquel Nietzsche réua-
I ait à rend» le christianisme responsable de
deux phénomènes qui semblent plutôt résul'
ter de son obscurcissement présent. MIU,S
nous nous bornons ici à exposer, sans les dis.
cuter, les idées de Nietzsche.
THÉATRES
Ce soir lundi, à la Bodinière, répétition
erale de Paris s'tord, revue de MM. SergH»
t Arnold, jouée par Mmes L. Balthv.Géla*
ert et M. Fordyce.
Rideau à dix heures.
La première représentation aura lieu
redi.
Matinées : Jeudi 10 et samedi 12 janvier.
trois heures.
• *
**
Il y a huit jours, le correspondant du Me-
à Bruxelles annonçait que M. Flon, le
hef d orchestre du théâtre de la Monnaie.
tait engagé à l'Opéra-Comique pour la saison
Irochaine. Le Figaro confirme cette nouvelle
e matin, en ajoutant que cet engagement est
enu secret, on ne sait trop pourquoi.
« M. J. Danbé conservera, dit-il, sa situa.
ion de premier chef d'orchestre. »
^ C'est donc que M. Flon entre à l'Qpera...
Jomique, en qualité de second chef d'orches-
re. Mais ces fonctions sont remplies, depuis '
me vingtaine d'années, par M. Vaillard, qui
seconde M. Danbé avec un zèle et un talent
•econnus par tous.
C'est donc que M. Flon entre à l'Opéra-Co-
nique comme troisième chef d'orchestre, en
-emplacement de M. Emile Bourgeois, qui a.
quitte ce théâtre à la fin de la dernière saison.
Mais pourquoi tout ce mystère ?
*
M. Mangin, chef d'orchestre à l'Opéra, qui,
dent d'être décoré, méritait certainement
:etta disvurc>tion depuis longtemps. Ses ser- <
vices dans les théâtres subventionnés et dans ;
es établissements d'enseignement musical
latent de longtemps, puisqu'il était accompa- :
?nateur et second chef d'orchestre à l'ancien :
.Théâtre-Lyrique de M. Carvalho.
Lorsque Pasdeloup prit la direction (le oe
théâtre, Deloffre, le chef d'orchestre, fut en- !
gagé à l'Opéra-Comique, et M. Mangin fut
appelé à le remplacer.
Aprés la guerre, le Théâtre-Lyrique ayant ,'
disparu, M. Mangin accepta d'aller diriger le
Conservatoire de Lyon. Il remplit ces délica-
tes fonctions pendant quatre ans, à la satis*
faction générale ; mais il avait la nostalgie do
Paris, où il revint en qualité de professeur do
solfège au Conservatoire,
En même temps, M. Mangin était nommé
chef du chant à l'Opéra. On se souvient en -
quelle circonstance M. Mangin fut appelé à
diriger l'orchestre, un soir que M. Viardot,
subitement indisposé, perdit un peu la tête-,
pendant une représentation de la Valkyrie.
On ne peut qu'applaudir à la distinction
dont cet excellent artiste vient d'être l'objet,
*
**
On a répété en scène, aujourd'hui, à la CO-
médie-Française, Vieux Camarades et les
Petites marques.
Au foyer des artistes, on reprendra les ré-
pétitions du Pardon, qui avaient été intere
rompues il y a plusieurs mois.
*
**
On se remue beaucoup, en se moment, pour
les nominations de sociétaires, qui doivent
avoir lieu prochainement.
Trois actrices sont sur les rangs : Mlles
Fayolle, Brandès et Renée du Mmil. Cetta
dernière est très recommandée par un prince
exilé, qui a obtenu des promesses formelles-
de certains sociétaires ; mais l'aimable comé-
dienne a contre elle le farouche Sarcey, très
influent à la Comédie.
Mlle Brandès aurait dans son jeu deux cri-
tiques non moins influents.
Quant à Mlle Fayolle, elle a pour elle ses
longues années de service à la Comédie, où
elle semble tout indiquée pour remplacer
Mme Granger, qui doit prendre sa retraite
dans un temps peu éloigne.
Pour les sociétaires hommes, la nomina-
tion de M. Leitner paraît à peu près certain»-
★
**
A la représentation organisée au bénéfice
des frères Lyonnet, Mme Réjane jouera pro-
bablement un monologue inèdit de M. F. Du-
quesnel, intitulé le Roman d'une fleuriste.
**
M. Germain, l'excellent comique au théâtre
des Nouveautés, vient de renouveler pour six
années son engagement avec M. Henri Mi-
cheau à de brillantes conditions.
*
**
A la Porte-Saint-Martin, les répétitions du
Collier de la Reine étant assez avancées,
Sabre au clair n'aura plus qu'un nombre res-
treint de représentations.
*
**
A Bruxelles, Mlle Aimée Eymard a débuté
hier soir à l'Empire-Palace, où elle est enga-
gée pour une sèrie de représentations.
Un public très élégant assistait à cette pre-
mière. Mlle Aimée Eymard a remporté dans
son répertoire un succès éclatant et a été
l'ebj et de nombreux rappels.
PETITES NOUVELLES
Ollenderff publie aujourd'hui, en une délicieuse
plaquette oraée d'un charmant portrait de Réjanel
par LusieN. Métivet : le Roman d'une fleurisied
par F.-H. Duquesuel. C'est une nouvelle et originale
forme du monologue, un petit roman parlé, écrit
exprès Réjane et qui fera fureur dans tous
les sateas.
Uae superbe poésie de Grenet-Dancourt, inti-
tulée : A Guillaume II, et dite par l'auteur avec
un grand succès, vient de paraître également chez
l'éditeur .Çllendorff.
A l'eceasion de la fête des Rois, le Nouveau Cir-
que de la rue Saint-Honoré donnera, mercredi pro-
chain, comme tous les ans, une matinée extraordi-
naire.
Au cowrs de la représentation, les clowns distri-
bueroat aux enfants une galette monstre qui Sera
portée sur la piste par trente petits marmitons.
Le Masearille, directeur : Emile Dernay ; rédac-
teur en chef ; André Lénéka, nous informa. que
depuis le lN' janvier 1895, ses bureaux sont trans-
férés 27. TU p. Cambon.
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VIENT DE PARAITRE
LE TOME V Prose des Œuvres complètes de
FRANÇOIS COPPEE
burin
Ut Œ",I'H lompllte. de FRANÇOIS cOPPÉE 'orme,,' .
Utustris Pâf François flameng. A- Dawant eS
PRES des 11 vol. livrés de sotte : 88
FRANCS par MOIS
tmifiques tant par leur puissance que par
leur pittoresque ; mais il faudrait pour les
explorer, de l'avis de M. Martel, des de-
penses assez considérables et de vraies
expéditions, car les indigènes ne sont pas
familiarisés avec ces sortes de recherches.
Plus complètement qu 'en France, dans
le Vaucluse, la Lozère ou le Jura, la con-
naissance du cours des rivières souter-
raines a été poursuivie par les Autiichiens
au grand avantage de la régularisation du
débit des sources.
Bien mieux qu'en France aussi les puits
naturels de l'Istrie et de la Carniole ont
été défendus contre le jet des animaux
morts, dont la décomposition au sein des
filtres naturels des eaux, peut produire la
contamination des sources et provoquer
de redoutables épidémies.
M Martel a appelé l'attention sur toutes
les questions relatives à l'hydrologie sou-
terraine et à la spéléologie, dont la con-
naissance approfondie importe tant a la
. mospérité, et même à la sécurité des po-
1 pulations.
Edmond Renoir.
CHRONIQUE FONCIERE
'' , . première semaine de l'année toute consacrée
" aux devoirs de nouvel An, a été, bien entendu,
n^e^urlesaffairestoMbte'e, ^ ne
G est à peine, ai au Palais 4 ...
prend pas de vacances officielles a cette époque -
quelques adjudications présentées notamment par
M" E. Jacob, Postel et Gieules, figuraient au rôle.
Cette semaine, les affaires vont reprendre leur
cours normal.
Dans notre Chronique précédente, en rendant
compte de la vente des terrains de Cornéliuz Herz,
nous avons fait remarquer que certains lots situés
boulevard Flandrin avaient été vendus a un prix
très modique.
Ainsi que nous l'avions fait pressentir, nous
apprenons que plusieurs surenchères se sont pro-
duites précisément sur ces mêmes lots.
N'nmt fin narrons lorsqu'ils reviendront de
nouveau aux enchères.
- A. G.
FAITS DIVERS
La température. — 7 janvier. — Une
vaste dépression persiste sur le centre et
l'ouest du continent ; elle s'étend de la Balti-
que à l'Algérie et jusque vers Madère.
Le baromètre descend rapidement sur nos
régions et les hauteurs deviennent voisines
de 745m/m en Provence et en Gascogne. Une
aire supérieure à 765m/m apparaît au large
des Iles-Britanniques.
Le vent est violent du nord en Irlande et a
la pointe de Bretagne, assez fort du nord-est
en Gascogne.
Des neiges tombent presque partout; en
France.
La température est encore en baisse et le
maximum de froid se trouve dans le sud-
ouest de la France. On notait, en effet, ce ma-
tin - 140 à Toulouse, tandis qu'on avait seu-
lement — 13o à Moscou, 50 à Stockholm et
3o à Uléaborg.
On a observé —12° au Ventoux et — 10o au
Puy-de-Dôme.
En France, le temps va rester froid et a la
neige.
A Paris, hier, température maximum :
— 30 0 ; minimum, — 7.
La moyenne a été de — 3o 2t inférieure de
50 4 à la normale.
Baromètre, à 7 heures ce matin : 750m/m 6.
Les affaires de chantage (suite). — On
sait que, à la suite de la disparition de M.
Portalis et de l'arrestation de M. Girard, di-
recteur et administrateur du XIXc Siècle,
M. Imbert, administrateur judiciaire au tri-
bunal civil de la Seine, avait été chargé de
l'administration du journal.
Le tribunal de commerce vient de IJronon-
cer la mise en faillite du XIXe Siècle et a dé-
signé M. Bernard comme syndic. M. Imbert
a remis ses pouvoirs, ce matin, à M. Bernard.
— Le parquet de la Seine instruit une nou-
velle affaire d'abus de confiance contre M.
Portalis.
M. B..., juge de paix dans le département
de la Vienne, avait, à plusieurs reprises, en-
voyé des sommes d'argent assez importantes
au rédacteur en chef du XIXe Siecle, avec
mission de lui acheter des obligations du
journal. A la suite de ses envois d'argent, M.
B... avait reçu un certain nombre de titres
cotés, d'après la revue financière du XIXe
Siècle, 450 et 460 francs. Après la disparition
de M. Portalis, le juge de paix voulut négo-
cier ses valeurs et s'aperçut qu'elles étaient
cotées 50 francs à la Bourse.
M. B... a alors déposé une plainte en abus
de confiance contre le rédacteur en chef du
XIXe Siècle. Le caissier principal du journal,
M. Rousseau, a été entendu au sujet de cette
affaire.
Accidents. — M. Caro, rentier, demeurant
rue Albert Joly, au Vésinet, passait ce ma-
tin vers 10 heures dans la rue du Quatre-
Septembre, lorsqu'une voiture de cercle, qui
marchait à une allure très rapide, le ren-
versa. *
M. Caro a été blessé assez grièvement à la
tête et au visage.
Un inspecteur du commissariat du quartier
Gaillon l'a reconduit à son domicile.
— Dans l'après-midi d'hier, une voiture de
la Compagnie FUrbaine, conduite, par le eo-
cher Louis Millet, a renversé rue des Saints-
Pères, devant le numéro 18, Mme veuve Ba-
gnol, âgée de soixante-douze ans, qui traver-
sait la rue, La pauvre femme a été transportée
dane un état fort grave à l'hôpital de la
Charité. Les médecins qui la soignent n'ont
pu encore se prononcer sur les conséquences
qu'aura cet accident pour la blessée.
Victime du froid. — Ce matin, vers neuf
heures, les gardiens de la paix de service rue
du Gaz ont trouvé affaissé sur le trottoir, et
sans connaissance, un individu âgé de trente-
cinq ans, dans les vêtements duquel il y
avait des papiers au nom de Joseph Réville,
cordonnier.
Le malheureux a été transporté à l'hôpital
de la Pitié où, grâce à des soins énergiques,
il est revenu à lui.
Les médecins ont constaté qu'il avait subi
un commencement de congestion occasionné
par le froid.
Une maniaque (suite). — Dans notre nu-
méro du 21 décembre dernier nous racon.
tions l'étrange histoire de cette femme habil-
lée en homme, qui s'était fait arrêter dans
l'escalier de la maison 10 bis, boulevard
Bonne-Nouvelle.
Conduite devant M. Vérillion, commissaire
de police, elle déclarait se nommer Georges
Vilhot et être un homme. Elle fut envoyée au
Dépôt où, malgré sa résistance, elle dut revê-
tir les habits de son saxe.
Malgré toutes les démarches, on n'avait pu
éclaircir le mystère qui entourait cette femme
lorsque hier soir, M. P..., riche industriel
du département de la Charente-inférieure, se
présenta chez M. Vél'illion pour réclamer sa
femme, disparue de.chez lui depuis le 17 dé-
cembre, et qu'il croyait reconnaître en la
mystérieuse prisonnière.
Ce matin, il a été conduit au Dépôt et mis
en présence de cette femme, qu'il a reconnue
en effet pour être la sienne, quoique celle-ci,
continuant à déclarer qu'elle était un homme,
ne voulût rien entendre.
M. P... a alors expliqué aux magistrats
que sa femme avait dèjà, il y a trois ans, été
internée dans une maison d'aliénés et qu'elle
avait quitté le domicile conjugal le 17 décem-
bre à la suite d'une discussion entre eux.
M. P... a emmené la pauvre femme qu'il
va faire interner.
Le truc d'un engagé volontaire. — On
sait que le service de l'intendance remet aux
engagés volontaires, en même temps que leur
1 îeuilie de route, une certaine somme repré-
sentant le prix du billet de chemin de fer
pour se rendre au corps d'affectation, plus
quelques menus frais, de route.
Un jeune homme, Paul V..., avait résolu
de profiter de la confiance de l'administra-
tion pour se créer des ressources : il avait
réussi à contracter deux engagements diffé-
rents, l'un pour les zouaves, l'autre pour les
tirailleurs algériens.
Chaque fois on lui avait remis l'argent né-
cessaire pour rejoindre. Il avait mangé cet
argent en joyeuse compagnie et s'était promis
de recommencer.
La semaine dernière il parvint à .contracter
un nouvel engagement pour l'armée coloniale,
alléché sans doute par les 200 francs de pri-
mes alloués à ceux qui s'engagent pour cinq
aeSj.
Malheureusement pour lui il a été reconnu,
au dernier moment, par un sergent détaché
depuis peu à Paris, et qui, il y a un mois,
avait eu l'occasion de remettre à Paul V...
une feuille de route pour les tirailleurs algé-
riens,-
1 Paul V... aura à répondre devant le conseil
de guerre de son insoumission, aggravée par
ses escroqueries au détriment de l'Etat.
. Il va recevoir certainement un engagement
aux compagnies de discipline.
Un étrangleur de douze ans. — Les
époux G..., dont le mari est contre-maître
dans une importante papeterie, occupent
avec leurs enfants Eugène et Héloïse, âges, le
premier de treize et la seconde de quatorze
î ans, un petit appartement rue de Gergovie.
Le petit Eugène a manifesté à divers re-
prises de fort mauvais instincts. Il est sour-
nois, paresseux et, lorsqu'on le corrige , il
menace même sa mère de se venger.
Il y a quelques jours, étant seul au logis
avec sa sœur, celle-ci surprit Eugène au mo-
ment où il dérobait dans une armoire une
pièce de cinq francs. La fillette lui adressa
de vifs reproches et lui déclara qu'elle ren-
drait compte à leur père de l'indélicatesse
'commise.
Le jeune drôle s'emporta alors et menaça
sa sœur de lui régler son compte si elle le
dénonçait.
Héloïse ne se laissa pas intimider par cette
menace et le soir elle raconta à ses parents
la_vilaine action de son frère, qui fut corrigé
sévèrement.
Eugène dissimula sa rancune, mais hier
après midi, vers deux heures, tandis que son
pere était à son travail et sa mère en courses
dans le quartier, il s'empara d'un cordon de
rideau auquel il fit un nœud coulant, puis
dissimulant son lacet derrière son dos, il s'ap-
procha de sa sœur occupée à broder devant
la fenêtre, et tout à coup, au moment où la
pauvre enfant riait avec lui sans méfiance, il
lui passa le nœud coulant autour du cou et,
tirant à lui, la renversa sur le parquet.
La victime se débattit du mieux qu'elle put,
'mais le jeune fratricide la traînait sur le par-
quet en tirant de toutes ses forces sur le
cordon..
Heureusement la mère arriva sur ces entre-
faites, et la fillette, évanouie, put être rappe-
lée à la vie par un médecin.
Le fratricide sera envoyé dans une maison
. de correction.
Un meurtre. — La rue Harvey, petite rue
située dans le treizième arrondissement, a été
hier le théâtre d'un drame.
Au no 9 de cette rue habitaient un nommé
Fulgence Boudon, peintre en voitures, âgé de
quarante-deux ans, une femme, nommée
Carré, âgée de trente-sept ans, avec qui il
vivait, et leurs deux fils, âgés de dix-sept et
de douze ans.
Hier, à 2 heures de l'après-midi, Boudon et
la femme Carré étaient encore à. table en train
de déjeuner lorsqu'une querelle s'éleva entre
, eux pour un motif des plus futiles.
Taut à coup, tandis que la femme faisait
un mouvement comme pour donner un coup
de pied, Boudon saisit un des couteaux qui
se trouvaient sur la table et la frappa vio-
lemment à la cuisse. L'artère fémorale fut
coupée.
La femme tomba inondée de sang. Quel-
ques instants après, elle expirait,
Quand les voisins, attirés par le bruit, pé-
nétrèrent dans la maison, ils trouvèrent Bou-
don en train d'éponger le sang répandu sur le
sol. 7
Des agents, immédiatement prévenus, ont
conduit le meurtrier au commissariat de M.
Siadoux.
Les deux fils étaient partis le matin pour
aller souhaiter la bonne année à leurs grands-
parents qui habitent Charenton.
Le feu. — Un commencement d'incendie a
éclaté cette nuit, vers une heure, dans l'ap-
partement de M. Emile Chalmandrier, sellier,
rue des Saints-Pères, 33 ter. Le feu, qui avait
pris dans la cheminée et s'était communiqué
aux boiseries, a été éteint par les pompiers
du marché Saint-Honoré. Les dégâts, peu im-
portants, sont couverts par une assurance.
Un fait des plus regrettables vient de' se
passer au Val-de-Grâce. Un officier supérieur
était mort le 1er janvier à cet hôpital-mili-
taire; la famille, par suite de retard dans la
transmission de la nouvelle ne fut prévenue
que dans la soirée, et lorsque, le 2 janvier,
elle se présenta au Val-de-Grâce, l'autopsie
de l'officier était faite, sa famille ne s'y étant
pas opposée. Des mesures sont prises pour
que cfe pareils faits ne se reproduisent pas et
dorénavant nous espérons qu'on laissera aux
familles le temps d'être informées et de donner
les autorisations d'autopsie nécessaires.
INFORMATIONS PARISIEN NES
LES ANCIENS militaires. — L'assemblée générale
annuelle du comité central des anciens militaires
biessés et réformés, a eu lieu hier.
Le président, M. Mayer, a rappelé le but. que
poursuit la Société : l'abrogation de la loi de 1857,
qui fixe à la demi-pension l'indemnité de réforme,
alors que toutes les autres pensions ont été aug-
lÍfentécs par la loi de juillet 1881. Or, il existe au
budget de la guerre un chapitre spécial pour la
gratification de réforme. Elle peut donc être assi-
milée aux pensions et ne constitue pas un: simple
secours,
Cette gratification, en moyenne, n'est pas de 60
centimes par jour, somme absolument insuffisante
pour faire vivre un homme estropié et souvent dans
l'incapacité absolue de travailler. il serait donc
équitable qu'elle fût augmentée. "
M. Crémieu, député, s'est engagé à déposer, sur
le bureau de la Chambre, un amendement à la loi
de 1881. Sur cette assurance, l'assemblée s'est sépa-
rée après avoir voté un ordre du jour de confiance
envers les membres du comité central. La prochaine
réunion aura lieu le premier dimanche d'avriL
Les employés de commerce. — Cette Société de
secours mutuels a tenu hier son assemblée géné-
rale, au cours de- laquelle il a été décidé qu'un
pressant appel serait adressé à tous les intéressés
pour recueillir des adhésions et faire valoir auprés
des pouvoirs publics les revendications de la corpo-
ration.
LES Mb'TUiXiSTas. — Les présidents des sociétés
de secours mutuels- se sont réunis en assemblée
plénière, à la mairie du 4* arrondissement.
Après une assez longue discussion, qui a porté
surtout sur la répartition des fonds inscrits au bud-
get de 1895 pour la bonification des pensions de
retraite -et sur le transfert de l'intérieur au com-
merce du service des institutions de prévoyance,
l'ordre du jour suivant a été adopté.
Les sociétés de secours mutuels de la province et
de Paris, réunies en assemblée plénière :
Considérant que le crédit de 1,500,000 fr. Inscrit
au budget par le gouvernement pour majorer les
pensions liquidées par les sociétés de secours mu-
tuels approuvées, n'est qu'une juste compensation
de la perte qu'elles ont subie, par suite de la ré-
duction du taux de l'intérêt, demandont que le
chiffre qui a été ramené â 200,000 fr. par la com-
mission du budget soit maintenu et que les Sociétés
autorisées soient appelées à participer au crédit de
2 millions, affecté aux pensions liquidées sur livrets
individuels.. ,, , .
Considérant que le transfert projeté du bureau
; des institutions de prévoyance au ministère du
commerce serait nuisible au bon fonctionnement
de l'institution mutualiste, l'assemblée, s es refe-
I rant aux raisons données dans la notice adressée
I aux membres de la commission d'assistance et de
1 prévoyance sociale , demande énergiquement le
1 maintien de-ce service administratif au ministère '
de l'intérieur.
LES tigres boyaux du Muséum. — On vient do
commencer au Jardin des Plantes la construction ■
d'un parc nouveau destiné aux quatre tigres royaux
offerts par M. Huyn de Verneville et que l'on voit
en ce moment dans la volière des vautours.
La nouvelle construction, dont l'aménagement
toûtera 5,000 francs, sera édifiée sur les plans de
M. Milne-Edwards. Elle contiendra des massifs de
plantes exotiques et une cascade surmontée d'un
lourd rochér.
Par suite de cette disposition, le spectacle des
fauves présentés comme en liberté dans une cage
qui n'aura pas moins de trente mètres de longueur
sur vingt de large, sera plus attrayant encore.
Exactement, le palais des tigres s'élèvera entre
la grande volière et la rotonde, sur un emplace-
ment où se trouvaient les dindons donnés par les
gardes-chasse de la forêt de Marly. Afin de per-
mettre la construction du nouveau parc, les din-
dons ont été momentanément placés dans le parc
du buffle entre la rotonde des herbivores et le pa-
lais des singes.
DÉPARTEMENTS ET ÉTRANGER
LE MAUVAIS TEMPS
Toulouse, 7 janvier.
Le mauvais temps continue et aux chutes
de neige succèdent maintenant de fortes ge-
lées.
On connaît les désastres survenus dans l'A-
riège, à Orlu, à Ax et à Aulas où l'avant-der-
nière nuit une autre avalanche a emporté
neuf granges remplies de bestiaux et tué un
cultivateur. Le hameau de Centrau est dé-
truit.
Dans la vallée de Luchon, les dégâts sont
nombreux ; les toitures des constructions
rurales sont partout en danger. A Juzet de
Luchon, onze écuries se sont effondrées l'au-
tre nuit.
Au hameau de Lagouade, près de Saint-
Beat, la tourmente de neige a détruit de fond
en comble quatre maisons, vingt-cinq gran-
ges et fait deux victimes. Les secours ont dû
être organisés pendant la nuit au milieu du
plus grand péril.
Le hameau de Labach,qui compte une qua-
rantaine d'habitants et qui se trouvait en
grand danger, a pu être évacué hier, après
deux heures de travaux et d'efforts surhu-
mains accomplis par la gendarmerie et les
pompiers de la contrée pour tracer une voie
de salut dans la neige qui, à certains endroits,
a plus de deux mètres d'épaisseur. Les an-
ciens de ces pays n'ont pas souvenir d'une
température et d'une calamité pareilles.
Perpignan, 6 janvier.
Un véritable tourbillon de neige s'est abattu
sur le département. Les communications sont
interrompues sur de nombreux points ; les
courriers sont arrêtés. De pressants télégram-
mes de Bourg-Madame réclament de l'admi-
nistration l'envoi de chasse-neige pour dé-
blayer la route et rétablir la circulation de-
venue impossible.
Ce matin, M. Bonhours, préfet, et M. Rol-
land, député, se rendaient à Caramany pour
inaugurer un nouveau pont entre les com-
munes de Latour-de-France et Planezes. Les
voitures ont été saisies par des tourbillons
de neige. Les chevaux n ont pu avancer par
suite de l'accumulation de la neige qui at-
teignait plus d'un mètre en certains endroits.
Force a été de rétrograder à Latour-de-France
avec beaucoup de peine.
Civita-Vecchia, 6 janvier.
Un fort vent de l'Ouest a endommagé les
travaux du nouveau port. La muraille de la
nouvelle jetée a été detruite sur une longueur
de 200 mètres.
La municipalité de Fontainebleau vient de
prendre l'initiative d'un concours national de
manœuvres de pompes à incendie et d'ambu-
lances, ainsi que de secours aux blessés, qui
aura lieu le dimanche 30 juin prochain.
Le comité d'exécution s'est réuni hier soir
et a définitivement constitué son bureau.
M. Péclet, maire, a été proclamé président,
et MM. Weber, premier adjoint, et Naudin,
conseiller municipal, vicc-présidedts.
Un comité d'honneur comprenant des nota-
bilités du département et de la ville a été éga-
lement formé.
*
* * .
~ L' Indépendance belge, de Bruxelles, vient
de publier une lettre de M. Léon Chômé, pré-
sident du comité de défense des frères De-
graeve. Dans cette lettre, M. Chômé, en ré-
ponse aux allégations prêtées à MM. Thessé
et Paquier, fonctionnaires coloniaux fran-
çais, par un journal parisien, déclare que ces
messieurs se trouvaient à plus de cent lieues
des îles Carolines où se faisait la première,
instruction. •
La preuve de l'innocence des frères De-
graeve, ajoute M. Chômé, est dans les docu-
ments authentiques officiels, reçus de -MaT-
seille, déclarant que Mirey n'avait accusé les
frères Rorique-que par vengeance.
On mande d'Anvers :
Un individu, se disant agent d'une Compagnie
de navigation anglaise, avait loué, il y a quelques
jours, dans la ville, un appartement en ville. Cet
individu avait provoqué la visite, chez lui, d'un en-
caisseur de la maison Bueldo frères, changeurs.
L'encaisseur était porteur de 8,000 francs. L'indi-
vidu, s'étant emparé des 8,000 francs, voulut fuir
et menaça l'encaisseur d'un revolver.
Ce dernier parvint à s'échapper et alla chercher
la police. A l'arrivée de celle-ci, le voleur se logea
une balle dans la tête. 11 est mourant. On ignore
son identité.
De nouvelles et légères secousses de trem-
blement de terre ont été ressenties hier à
Reggio de Calabre.
Un incendie d'une violence inouïe s'est dé-
claré hier à Toronto (Canada).
Plusieurs rues ont été entièrement détrui-
tes. Les bureaux du journal le Globe ont été
réduits en cendres.
Deux pompiers ont perdu la vie dans les
flammes.
Les pertes etteignent cinq millions dè- dol-
lars.
Nécrologie
M. Rathier, député de l'Yonne, secrétaire de
la Chambre des députés, membre du conseil
général de l'Yonne, est mort subitement hier,
en son appartement de l'avenue de Tourville,
27, à l'âge de trente-cinq ans.
Les obsèques auront lieu demain mardi, à
dix heures. On se réunira à la maison mor-
tuaire. Après la cérémonie,le corps sera trans-
porté à Chablis (Yonne).
Un conseiller à la cour d'appel de Paris,
M. Louis-Ernest Jacquemain, est mort hier à
l'âge de soixante-sept ans.
M. Jacquemain était chevalier de la Légion
d'honneur.
Obsèques mercredi, à dix heures, en I église
Saint-Severio.
On annonce la mort de M. Sourd, percep-
teur et receveur municipal à Nevers, qui pen-
dant longtemps fit partie de l'administration
du journal la République française sous la
direction de Gambetta.
TRIBUNAUX
Les empoisonnements d'Anvers
. Cette affaire, dont les débats commencent
aujourd'hui, produit en Belgique une énorme
sensation, et semble devoir prendre place
parmi les causes célèbres les plus retentis-
santes; le nombre des crimes commis, les
circonstances mystérieuses dont ils sont en-
tourés et la personnalité de l'accusée, tout
concourt à surexciter la curiosité publique.
L'accusée est une femme du monde, bien
apparentée, fille d'un général; elle aurait em-
poisonné trois membres de sa famille: une
sœur, un frère et un oncle; elle aurait com-
mis ces crimes pour toucher des primes d'as-
Burances et recueillir un riche héritage, afin
ie pouvoir continuer un train de vie, qui pa-
raissait luxueux, mais qui n'était échafaudé
que sur des expédients misérables.
L'opinion, d abord très montée contre Mme
Joniaux, lui est moins défavorable depuis
quelque temps, l'instruction n'ayant pas pu
constituer des preuves assez évidentes de sa
culpabilité; il va y avoir bientôt un an que
cette instruction a été ouverte.
Mme Joniaux, qui est la fille du général Ablav,
avait épousé en premières noces un bibliophile, ftï.
Frédéric Faber, dont elle eut une fille mariée à un
négociant d'Anvers. De son second mariage avec
M. Joniaux, ingénieur en chef des ponts et chaus-
sées de la province d'Anvers, sont nés quatre en-
fants, dont trois vivent encore.
M. Joniaux était, de son côté, apparenté à des
hommes politiques belges. Aussi, la haute société
d'Anvers était-elle en relations avec l'ingénieur en
chef des ponts et chaussées, dont la femme don-
nait de grandes fêtes très suivies, malgré un état
de fortune que l'on disait modeste,
Au commencement de 189'2Ja sœur de Mme Jo-
niaux mourait, quelque temps après avoir contracté
une assurance sur la vie au profit des enfants de
Mme Joniaux; en mars 1892, l'oncle maternel du
mari mourait presque subitement au domicile de
M. Joniaux; un peu plus tard M. Alfred Ablay
mourait dans des conditions analogues. Il était as-
suré pour 100,000 francs à la Compagnie Gresham,.
au profit également des enfants de Mme Joniaux.
Le directeur de la Compagnie avertit des ru-
meurs qui circulaient le procureur du roi. Les ca-
davres furent exhumés.
Les médecins émirent simplement des doutes, sur
la cause prétendue des décès, puis des chimistes
furent chargés d'analyser les viscères des cadavres.
M. et Mme Joniaux furent convoqués chez
le juge d'instruction pour donner des rensei-
gnements sur les ressources à l'aide des-
quelles le ménage menait une vie de luxe
peu en rapport avec ces ressources. Mme Jo-
niaux fut arrêtée séance tenante.
Au mois de septembre, la chambre des mises en
accusation envoya Mme Joniaux devant la cour
d'assises, sous l'inculpation des trois empoisonne-
ments.
L'enquête a été menée simultanément à Anvers, à
Gand, à Bruxelles, à Louvain et à Paris où M. Al-
fred Ablay habitait; il était employé comme comp-
table dans une grande Compagnie. Les résultats en
ont été un peu incertains.
Le rapport des chimistes, d'accord avec celui des
médecins légistes, conclut à l'empoisonnement d'A-
blay par la morphine ; il ne se prononce pas sur
les deux autres décès. On avait trouvé, paraît-il,
dans les viscères d'Alfred Ablay huit milligrammes
de morphine.
Cette quantité est loin d'indiquer, avec certitude,
un empoisonnement : d'autant plus que selon cer-
tains temoins, M. Ablay aurait été morphinomane,
d'autres disent même qu'il avait des, idées de sui-
cide.
Mme Joniaux a contre elle de s'être fait délivrer
de la morphine en poudre par plusieurs -pharma-
ciens, à l'aide d'u'ne seule ordonnance d'un docteur
qui soignait son mari pour un affaissement du sys-
tème nerveux ; elle avait, à cette intention, fait plu-
sieurs copies de cette ordonnance.
MM. Bruylants, chimiste à Louvain, et Druyts,
chimiste à Anvers, se sont livrés à des examens
minutieux qui ont duré .plus de trois mois; on dit
que M. Bruylants aurait poussé le scrupule de
conscience jusqu'à goûter un morceau de foie d'un
cadavre, pour se rendre compte de la présence de
la morphine, qui se reconnaît facilement, à son
amertume spéciale.
Voici comment, à l'instruction, Mme Jo-
niaux a expliqué les circonstances relevées
contre elle au sujet des assurances. j
Ma mère, dit-elle, femme du lieutenant-général
Ablay, fit appeler, avant de mourir, ma sœur Emi-
lie, qui habite en ce moment rue du Marteau, à
Bruxelles. Elle lui confia un secret : elle avait une
dette de 80,000 francs qu'elle suppliait ses enfants
de payer.
• Emilie nous mit au courant. Nous cherchâmes les
moyens d'exécuter le dernier vœu de maman. Emi-
lie habitait avec notre sœur Léonie, celle qui est
morte chez nous.
Emilie avait une situation qui lui rapportait en-
viron 1,500 fr. Je faisais à mes deux sœurs, depuis
1875, une pension mensuelle de 200 fr. Mon frère,
très riche, occupant un grade assez élevé dans l'ar-
mée, accordait la même somme.
Nous cherchâmes donc comment nous pourrions
payer la dette de maman. Nos sœurs Emilie et Léonie
s'offrirent — le parquet a entre les mains un acte
prouvant ce détail — de renoncer momentanément
à la pension mensuelle de 200 fr. que je leur ser-
vais; avec cette somme, je payerais une assurance
sur la vie de notre sœur Leonie.
Cette assurance servirait à désintéresser les
créanciers de maman.
Mes soeurs et moi résolûmes de fixer l'assurance
à 70,000 fr. Moyennant cette somme, ma fille — au
profit de qui l'assurance serait placée — pourrait,
après avoir payé les créanciers de maman, conti-
nuer la rente de ses tantes dans le cas où je vien-
drais à mourir.
A la mort de ma sœur Léonie, nous touchâmes
la prime d'assurance. Ma sœur Emilie reçut 40,000
francs, et paya les créanciers de maman et quel-
ques notes personnelles, qui se trouvent actuelle-
ment au parquet. Les 30,000 autres francs servi-
rent à mettre en ménage ma fille, qui a épousé uu
brave et digne garçon., M. M....
En ce qui concerne la mort de M. Jacques Van
den Kerchovc-, les époux Joniaux se sont ^ bornés,
sans entrer dans les- questions d'intérêt, à _ relater
les circonstances du décès. Ils ont affirmé qu'au
repas où ils avaient convié M. Van den Kerchove
assistaient Mme Joniaux mère et un neveu de M.
Joniaux. Le repas, qui dura de 1 à 6 h., fut très
gai. Une voiture était commandée pour 7 h. pour
conduire M." Van den Kerchove au train qui devait
le ramener à Gand. Vers 6 h. toutefois M. Van den
Kerchove, pris de somnolence, alla s'étendre au
premier étage sur une chaise longue, dans le cabi-
net do toilette de Mme Joniaux. Au moment où
celle-ci et son mari allaient prendre de ses nouvel-
les, il s'affaissa, après avoir dit qu'il se sentait
mal. On courut querir un médecin, le docteur M...,
qui conclut à une attaque d'apoplexie. Un second
médecin, le docteur D..., appelé en consultation,
se prononça de -même sur le cas de M. Van den
Kerchove qui mourut le lendemain à midi, après
que M. et Mme Joniaux et ses enfants eussent
passé la nuit à lui appliquer des sangsues. Il avait
rendu le dernier soupir sans avoir repris connais-
sance et après avoir vomi une grande quantité de
sang.
Enfin, pour ce qui est de M. Alfred d'Ablay, les
époux Joniaux ont affirmé, comme pour Mlle Léo-
nie Ablay, qu'ils ne devaient pas bénéficier de sa
mort, car le montant de l'assurance, bien qu'attri-
bué nominalement à sa sœur, Mme Joniaux, était
destiné à rembourser des créanciers qui avaient
traqué, pourchassé M. Alfred Ablay depuis long-
temps.
Tels sont les principaux éléments du procès
qui commence aujourd'hui devant la cour
d'assises d'Anvers, présidée par M. le conseil-
ler Holvoët.
L'accusée est une femme de taille moyenne,
d'un embonpoint assez prononcé, le front
large, l'œil vif et même un peu dur ; l'ensem-
ble de la physionomie est sympathique.
Mme Joniaux sera défenduepar MM. Charles
Graux, ancien ministre, et Paul Hendrickx.
Le premier est un des plus grands maîtres du
barreau de Bruxelles ; c'est lui qui, en 1866,
plaida avec Me Lachaud dans la cèlèbre af-
faire du colonel Risk-Allah, accusé de meur-
tre sur la personne de son pupille, Readly, et
qui fut acquitté.
Me Paul Hendrickx a une situation des plus
importantes au barreau d'Anvers, il plaide
principalement pour les grandes Sociétés et
s'est fait une spécialité des affaires maritimes.
L'accusation sera soutenue par M. l'avocat
général Jean Servais.
VARIÉTÉS
Philosophes allemands
Frédéric Nietzsche est, à l'heure actuelle, le phi-
losophe qui dispose de la plus grande autorité et
de la plus singulière influence auprès des jeunes
générations. Depuis plusieurs années, les revues du
quartier Latin, celles qui ont la primeur des ta-
lents, abondantes en nouveautés et en recherches
ingénieuses, ont publié des fragments des œuvres
de Nietzsche et notamment de Ainsi parla Zara-
thustra. Il est encore la nourriture d un cercle res-
treint, d'autant plus fervent; mais pourtant la « no-
toriété » commence à naître pour lui, et voici que
dans la Revue de Paris, L. Bernardini, l'auteur
d'intéressantes études sur Ibsen, Bjœrnson, Strind-
berg et les autres littérateurs scandinaves, pré-
sente Nietzsche à un plus large public.
Frédéric Nietzche est né à Lutzen en 1844. Il des-
cend d'une noble famille polonaise qui vint se fixer
en Allemagne en 1715. Sa biographie tient en peu
de lignes. 1! s'adonne à la philologie, étudie à Bonn
et à Leipzig et professe de 1868 à 1878 à l'Université
de Bâle. Dépuis 1889, il achève de vivre sans s'en
apercevoir, le cerveau perdu. Dans son œuvre con-
sidérable, citons seulement : Un livre pour les
esprits libres, Aurore, Pensées sur les préjugés
moraux, La gaie Science, Ainsi paria Zarathus-
tra, Par delà le bien et le mal, Introduction à
une philosophie de Vavenir, le Crépuscule des (
faux dieux, le Cas Wagner. t
Comme on a pu le faire pour Schopenhaaèr à
l'occasion ^ de l'influence sensible que notre dix-hui- C
ième siècle et notamment Voltaire ont exercée sur "
œt esprit, L. Bernardini cherche des parents àr,
Nietzsche dans nos moralistes du dix-septième siè-
:le et les libres penseurs de l'âge précédent. On
pourrait aussi à son sujet évoquer Carlyle et sa
ierrible humeur et, plus que l'ironie de Heine qu'il '
ie faut cependant pas négliger, l'àpreté méprisante
ît sarcastique d'un Bismarck, qui est vraiment le y
iéros agissant de Nietzsche. Mais laissons là ces
indications qui demanderaient, en outre d'une con-
naissance approfondie de l'œuvre de Nietzsche, de '
trop longs développements.
L'article de L. Bernardini donnera d'ailleurs sur '
la pensée et le tour d'esprit de Nietzsche des aper-
(us exacts et suffisants pour en faire connaître l'in-
térêt et faire comprendre le genre d'influence qu'il
s'est acquis. Nous nous bornons à donner l'extrait :
suivant du chapitre intitulé Les Deux Morales : 1
Jetant un regard « sur les diverses morales, !
délicates ou grossières, qui ont gouverné jus- i
qu'à présent et gouvernent encore la terre »,
Nietzsche y discerne deux types fondamen-
taux : la morale des maîtres et la morale des
esclaves. Dans toute civilisation supérieure
et d'origine mixte, le rapprochement des deux 1
morales a produit des essais de conciliation :
plus souvent leur pêle-mêle et leur réciproque
malentendu; parfois leur pénible co-existence,
même dans un seul individu, dans l'intérieur
d'une âme. « La distinction et l'opposition de
ces deux morales n'en reste pas moins un fait
acquis, d'importance décisive et capitale. »
Nous traduisons ici, en la resserrant un peu,
la théorie qu'a donnée Nietzche de ces deux
morales, théorie qu'il importe de bien com-
prendre si de garder soigneusement en mé-
moire, si l'on veut entrer dans l'intelligence
de son œuvre.
«La fixation des valeurs morales vient, ou
d'une caste dominante, ou bien des esclaves
de cette caste. Dans le premier cas, quand
c'est la classe dominante qui fixe la concep-
tion du « bien », ce sont les traits élevés et
fiers de l'âme qui déterminent la distinction
et la classification. L'homme supérieur sépare
de lui les êtres que caractérise le contraire de
ces traits élevés et fiers : il les méprise. Qu'on
remarque que dans cette première espèce de
morale l'opposition de « bon » et de « mau-
vais » signifie « excellent » et « méprisable ».
Est méprisé le lâche, le timide, le mesquin,
celui qui pense à l'étroite utilité; aussi, le
méfiant, l'homme au regard incertain, celui
qui s'abaisse, la race de chiens humains qui
se laisse maltraiter, le flatteur mendiant,
avant tout le menteur : — c'est une croyance
fondamentale de tout aristocrate que le com-
mun peuple est menteur. « Nous les vérita-
bles », ainsi se nomment les nobles de l'an-
cienne Grèce. Cela vient de ce que partout les
valeurs morales ont été fixées d'abord sur des
hommes et plus tard seulement et d'une ma-
nière détournée sur des actions. L'homme
supérieur se sent lui-même comme étant celui
qui déterminé la valeur ; il n'a nul besoin de
se faire estimer bon, il juge : ce qui m'est
nuisible, est nuisible en soi. »
Une pareille morale est la glorification du
moi.. A 1" premier plan le sentiment d'une
plénitude et d'une puissance qui veulent
déborder, le bonheur d'une haute tension,
la conscience 'd'une richesse qui peut don-
ner et renoncer. L'homme supérieur aide le
malheureux, mais non pas ou presque pas
par pitié ; plutôt par une impulsion qu'en-
gendre la surabondance de la puissance.
L'homme supérieur honore en soi le puis-
sant, il honore aussi celui qui a puissance sur
lui-même, qui sait parler et se taire, qui
use avec joie de séverité et de dureté envers
lui-même. H a de la vénération pour toute sé-
vérité et pour toute dureté. « Un cœur dur
m'a mis Odin dans la poitrine », dit une
vieille saga Scandinave... Les supérieurs et
les braves qui parlent ainsi, sont aussi éloi-
gnés que possible de la morale qui voit dans
la pitié et dans le désintéressement le signe
de l'homme moral. La croyance en soi, l'or-
gueil de soi-même, une aversion et une ironie
foncières devant le « renoncement », appar-
tiennent d'une manière aussi fixe à cette mo- ;
raie -supérieure qu'un dédain facile pour la j
compassion et les « cœurs pitoyables ».
Les puissants sont ceux qui savent hono-
rer. La vénération pour les vieillards, le res-
pect des ancêtres, ainsi qu'un préjugé dèfa-
vorable aux jennas générations, sont des traits
caractéristiques de leur morale. Au contraire,
l'homme des « idées modernes >1 qui croit
presque- instinctivement au « progrès » et à
l' « avenir » trahit naïvement par là l'origine
inférieure de ses idées. La capacité d'une lon-
gue reconnaissance et d'une longue ven-
geance, --vis-à-vis des égaux seulement, — le
raffinement dans l'amitié et dans les repré-
sailles sont également des vertus typique de
la morale supérieure..&■
Il en est tout autrement pour le second type
de la morale 1 la morale des esclaves. Sup-
posé que les faibles, les opprimés, les souf-
frants, les non-libres, ceux qui doutent et
sont fatigués d'eux-mêmes, se mettent à mo-
raliser, quelle sera la tendance de leurs juge-
ments moraux? Probablement se fera jour
un doute pessimiste sur la destinée de l'hom-
me, peut-être une condamnation de l'homme
lui-même en même temps que de sa desti-
née. Le regard des esclaves est défavorable
aux vertus des puissants; il a du scepticisme
et de la défiance, une subtilité de défiance I
contre tout ce qu'il voit honoré là comme
« bon ». Ils voudraient se persuader que le
bonheur même y est faux. . Au contraire, les
qualités qu'ils prisent sont celles qui servent
à faciliter l'existence aux souffrants : la pi-
tié, la main prête à secourir, le cœur compa-
tissant, la patience, l'application, la soumis-
sion, la prévenance, — car ce sont là les qua-
lités utiles et presque les seuls moyens d allé-
ger la pesanteur de la vie.
La morale des esclaves est dans son es-
sence la morale de l'utilité. Là est le trou-
peau d'où sortira la célèbre opposition du
« bien » et du « mal ». Dans le mal, la puis-
sance et le danger se rendent sensibles, ainsi
qu'un certain caractère terrible qui écarte le
mépris. Ainsi, dans la morale des esclaves,
c'est le « mal » qui éveille la crainte ; dans
la morale des maîtres, c'est le « bon » qui
inspire et veut inspirer la crainte, tandis que
le « mauvais » est méprisé. Le contraste at-
teint son point culminant quand, par une
conséquence .de la morale des esclaves, un
souffle de dépréciation atteint le « bon »
même de cette morale. Car le « bon » doit
être l'homme :inotl'ensi{, il est donc facile à
tromper, un peu bête peut-être ; c'est un bon-
homme. Partout où la morale des esclaves a
pris le dessus, la langue montre une tendance
à rapprocher l'un de l'autre le sens des mots
« bon » et « bête ». Une dernière différence :
la passion de la liberté, la recherche instine- ;
tive du bonheur et les nuances du sentiment
de la liberté appartiennent aussi nécessaire-
ment à la morale et à la moralité des escla-
ves , que l'art et l'enthousiasme dans la véné-
ration et dans le sacrifice sont les symptô-
mes réguliers d'une manière aristocratique i
de sentir et de penser...
Cette « inorale des esclaves », pour Nietz- :
sche, est la même que la morale démocratique !
ou chrétienne; morale qu'il flétrit dédaigneu- !
sement du nom de « morale de troupeau ». 1
On voit que les deux traits qu 'il considère j
comme ses caractéristiques propres (aous j
avons souligné les passages) sont le pessi-
misme et l'utilitarisme, celui-ci renétant ras- j
pect démocratique et l'autre la face chré-
tienne de cette morale ; tous deux symptômes
de la vie descendante, dégénérescente, de la.
vie qui se nie elle-même. Au contraire, la
« morale des maîtres P, morale aristocratique
ou héroïque, personnifie la vie ascendante,
triompba&te, avec les qualités qui dévelop-
peat, intensifient, affirment la vie. Peut-,ètre
ne serait-il pas fortspualaise de démêler dans
ces vues ingénieuses et frappantes l'artifice
un peu subtil à l'aide duquel Nietzsche réua-
I ait à rend» le christianisme responsable de
deux phénomènes qui semblent plutôt résul'
ter de son obscurcissement présent. MIU,S
nous nous bornons ici à exposer, sans les dis.
cuter, les idées de Nietzsche.
THÉATRES
Ce soir lundi, à la Bodinière, répétition
erale de Paris s'tord, revue de MM. SergH»
t Arnold, jouée par Mmes L. Balthv.Géla*
ert et M. Fordyce.
Rideau à dix heures.
La première représentation aura lieu
redi.
Matinées : Jeudi 10 et samedi 12 janvier.
trois heures.
• *
**
Il y a huit jours, le correspondant du Me-
à Bruxelles annonçait que M. Flon, le
hef d orchestre du théâtre de la Monnaie.
tait engagé à l'Opéra-Comique pour la saison
Irochaine. Le Figaro confirme cette nouvelle
e matin, en ajoutant que cet engagement est
enu secret, on ne sait trop pourquoi.
« M. J. Danbé conservera, dit-il, sa situa.
ion de premier chef d'orchestre. »
^ C'est donc que M. Flon entre à l'Qpera...
Jomique, en qualité de second chef d'orches-
re. Mais ces fonctions sont remplies, depuis '
me vingtaine d'années, par M. Vaillard, qui
seconde M. Danbé avec un zèle et un talent
•econnus par tous.
C'est donc que M. Flon entre à l'Opéra-Co-
nique comme troisième chef d'orchestre, en
-emplacement de M. Emile Bourgeois, qui a.
quitte ce théâtre à la fin de la dernière saison.
Mais pourquoi tout ce mystère ?
*
M. Mangin, chef d'orchestre à l'Opéra, qui,
dent d'être décoré, méritait certainement
:etta disvurc>tion depuis longtemps. Ses ser- <
vices dans les théâtres subventionnés et dans ;
es établissements d'enseignement musical
latent de longtemps, puisqu'il était accompa- :
?nateur et second chef d'orchestre à l'ancien :
.Théâtre-Lyrique de M. Carvalho.
Lorsque Pasdeloup prit la direction (le oe
théâtre, Deloffre, le chef d'orchestre, fut en- !
gagé à l'Opéra-Comique, et M. Mangin fut
appelé à le remplacer.
Aprés la guerre, le Théâtre-Lyrique ayant ,'
disparu, M. Mangin accepta d'aller diriger le
Conservatoire de Lyon. Il remplit ces délica-
tes fonctions pendant quatre ans, à la satis*
faction générale ; mais il avait la nostalgie do
Paris, où il revint en qualité de professeur do
solfège au Conservatoire,
En même temps, M. Mangin était nommé
chef du chant à l'Opéra. On se souvient en -
quelle circonstance M. Mangin fut appelé à
diriger l'orchestre, un soir que M. Viardot,
subitement indisposé, perdit un peu la tête-,
pendant une représentation de la Valkyrie.
On ne peut qu'applaudir à la distinction
dont cet excellent artiste vient d'être l'objet,
*
**
On a répété en scène, aujourd'hui, à la CO-
médie-Française, Vieux Camarades et les
Petites marques.
Au foyer des artistes, on reprendra les ré-
pétitions du Pardon, qui avaient été intere
rompues il y a plusieurs mois.
*
**
On se remue beaucoup, en se moment, pour
les nominations de sociétaires, qui doivent
avoir lieu prochainement.
Trois actrices sont sur les rangs : Mlles
Fayolle, Brandès et Renée du Mmil. Cetta
dernière est très recommandée par un prince
exilé, qui a obtenu des promesses formelles-
de certains sociétaires ; mais l'aimable comé-
dienne a contre elle le farouche Sarcey, très
influent à la Comédie.
Mlle Brandès aurait dans son jeu deux cri-
tiques non moins influents.
Quant à Mlle Fayolle, elle a pour elle ses
longues années de service à la Comédie, où
elle semble tout indiquée pour remplacer
Mme Granger, qui doit prendre sa retraite
dans un temps peu éloigne.
Pour les sociétaires hommes, la nomina-
tion de M. Leitner paraît à peu près certain»-
★
**
A la représentation organisée au bénéfice
des frères Lyonnet, Mme Réjane jouera pro-
bablement un monologue inèdit de M. F. Du-
quesnel, intitulé le Roman d'une fleuriste.
**
M. Germain, l'excellent comique au théâtre
des Nouveautés, vient de renouveler pour six
années son engagement avec M. Henri Mi-
cheau à de brillantes conditions.
*
**
A la Porte-Saint-Martin, les répétitions du
Collier de la Reine étant assez avancées,
Sabre au clair n'aura plus qu'un nombre res-
treint de représentations.
*
**
A Bruxelles, Mlle Aimée Eymard a débuté
hier soir à l'Empire-Palace, où elle est enga-
gée pour une sèrie de représentations.
Un public très élégant assistait à cette pre-
mière. Mlle Aimée Eymard a remporté dans
son répertoire un succès éclatant et a été
l'ebj et de nombreux rappels.
PETITES NOUVELLES
Ollenderff publie aujourd'hui, en une délicieuse
plaquette oraée d'un charmant portrait de Réjanel
par LusieN. Métivet : le Roman d'une fleurisied
par F.-H. Duquesuel. C'est une nouvelle et originale
forme du monologue, un petit roman parlé, écrit
exprès Réjane et qui fera fureur dans tous
les sateas.
Uae superbe poésie de Grenet-Dancourt, inti-
tulée : A Guillaume II, et dite par l'auteur avec
un grand succès, vient de paraître également chez
l'éditeur .Çllendorff.
A l'eceasion de la fête des Rois, le Nouveau Cir-
que de la rue Saint-Honoré donnera, mercredi pro-
chain, comme tous les ans, une matinée extraordi-
naire.
Au cowrs de la représentation, les clowns distri-
bueroat aux enfants une galette monstre qui Sera
portée sur la piste par trente petits marmitons.
Le Masearille, directeur : Emile Dernay ; rédac-
teur en chef ; André Lénéka, nous informa. que
depuis le lN' janvier 1895, ses bureaux sont trans-
férés 27. TU p. Cambon.
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