Titre : Combat : organe du Mouvement de libération française
Auteur : Combat (France). Auteur du texte
Éditeur : Combat (Paris)
Éditeur : Centre de formation des journalistesCentre de formation des journalistes (Paris)
Date d'édition : 1945-05-23
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34501455d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 mai 1945 23 mai 1945
Description : 1945/05/23 (A5,N299). 1945/05/23 (A5,N299).
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Languedoc-Roussillon
Description : Collection numérique : Collections de Montpellier... Collection numérique : Collections de Montpellier Méditerranée Métropole
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4748800t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES-G-1470 (68)
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/03/2018
COMBAT
DERNIERE EDITION: :;
100, RUE REAUMUR
PARIS (2e)
GUT. 80-60 !
MERCREDI 1
23 mai 1945 !
1 5' année — N° 299 1
Le n° : 1 fr. 50 1
DE LA RESISTANCE A LA REVOLUTION
LA CRISE
BRITANNIQUE
LONDRES ATTEND
LA DÉCISION DE M. CHURCHILL
Londres, 22 mai. — A l'heure où nous écrivons, M. Chur-
chill n'a pas encore été remettre au Roi la démission de
son cabinet. La B.B.C. annonçait, ce matin, qu'il devait le
faire aujourd'hui même. Qti'attend-il ? Qu'essaie-t-il ?
Qu'espère-t-il ?
La politique anglaise est un jeu qui se joue assez secrè-
tement et tout en finesse. Aussi M. Churchill, après avoir
donné son brusque coup de boutoir, censerve-t il encore 1
bien des possibilités de ma-
nœuvre.
Avant de porter sa propre
démission au Roi, peut-être
attend-il que les cinq ministres
travaillistes, MM. Attlee, Bevin,
Alexander, Morrison et Dalton,
lui aient donné la leur. Mais
le parti tràvaill iste, 'out en re-
poussant l'ultimatum de M.
Churchill, l'a assuré de son
appui jusqu'à la fin de la
guerre contre le Japon. La
rupture n'est donc pas totale,
malgré la vivacité du ton em-
ployé par M. Attlee.
M. Churchll. après avoir reçu
la réponse défavorable du parU
travailliste, peut encore faire ma-
chine arrière ou tout aa moins
tenter de parvenir à un compro-
mis dont l'enjeu pourrait être la
date des élections. N"a-t-il pas
laissé entendre fort habilement que
ces élections devraient avoir lieu
le 5 ou le 11 juillet, ce qui est
beaucoup trop tôt aux dires des
travaillistes ? Il y a peut-être la
une monnaie d'échange.
Dans une nouvelle lettre à M.
Attlee, M. Churchill a écrit au-
jourd'hui « qu'il était. impossible
de prolonger la coalition gouverne-
mentale. « Il est bizarre, dit-il,
qu'après tant d'allégations injus-
tes, vous demandiez encore que
nous continuions à nous chamailler
ensemble jusqu'à l'automne ».
Les commentaires
de la presse
On voit donc que le choix des
décisions ne manque pas à M.
Churchill et Il a fait en sorte que
ce soit à lui de décider. Tout le
monde dionc, à Londres, attend.
Ce n'est pas sans se livrer à.
quelques commentaires. La plupart
de ceux qu'il faut retenir ont trait
aux conséquences qu',une crise
gou.yeru«niental« peut avoir sur la
politique internationale. On se
doute que la presse conserva trice
se montre sévère pour les travail-
Le' «Daily Telegraph » estime
que le Labour Party a pris une
grave responsabilité en mettant
fin au gouvernement qui a mené
le pays à la victoire sur l'Alle-
magne, après l'avoir sauvé en
1940. Il pense que des élections
d'automne, ainsi que le propose
M. Attlee, bloqueraient la politique
anglaise pendant cinq mois
COMBAT
N05 protestations et cel-
les qui se sont élevées
dans toute la France
contre la situation des
déportés politiques ont eu leur
effet. Nous savons maintenant
que nos amis américains rapa-
trient cinq mille déportés par
jour, que les internés de Dachau
ont été transférés dans des vil-
lags allemands du lac de Cons-
tance, où ils trouveront le
confort nécessaire. Grâce au
général de Gaulle, enfin nous
savons que les internés de
Dachau et d'Allach seront éva-
cués avant le 31 mai.
Nous ne sommes pas des in-
grats. et les familles françaises
de déportés sauront, malgré leurs
amertumes, reconnaitre l'effort
considérable qui vient d être fait
par les organismes alliés. Mais,
au risque de lasser la bonne vo-
lonté dont on nous donne les
preuves, nous ne voudrions pas
clore cette campagne sans rap-
peler qu'il existe d'autres camps
que Dachau et Allach. Il y a
Bargen-Belsen, il y a Soltau, Gar-
delegen. Erla, Sandbostel, Nord-
hausen, cent autres camps dont
nous ne savons rien à l'heure ac-
tueUe, mais qui doivent renfer-
mer encore des dizaines de mil-
liers de caryiarades.
Comment ne pas courir le ris-
que d'être importuns quand
nous savons les risques atroces
courus par tous ces hommes ?
Depuis quelques jours, des cen-
taines de photos s'accumulent
sur nos tables, qui tirent toute
leur horreur de leur monotonie.
Ces longues files d'e corps écra-
sés ou brûlés, ces êtres qui n'ont
pas attendu d'être morts pour
faire voir leur squelette, ces omo
bres qui hantent encore un en-
fer peuplé des souvenirs insup-
portables de la torture et du
meurtre, nous apprennent que
nos imaginations les plus terri-
bles étaient encore au-dessous de
la vérité. Ceux qui sont sortis de
là, par lia force de l'espoir et de
la volonté, ont aujourd'hui tous
les droits. Et pourtant ils n'en
réclament qu'un seul, qui est de
retrouver leur patrie et les visa-
ges qui leur sont chers.
Nous supplions donc qu on
fasse vite, plus vite encore, s'il
se peut. Que l'on comprenne que
nous ne pouvons pas nous en dé-
sintéresser. Nous ne pouvons re-
mettre leurs vies entre les mains
de personrte. Il n y aura pas de
paix dans les coeurs français jus-
qu'à ce qu'ils soient parmi nous.
Car c'est nous tous qui en avons
la charge et comment ne don-
nerions-nous pas raison au lec-
teur qui nous écrit : « Si un seul
d'enti pu être sauvé, la responsabilité
ne retomberait pas seulement
sur les autorités, mais sur la
France elle-même, et sur cha-
cun de nous, individurellement. »
LE CONSEIL
DES MINISTRES
décide de maintenir
prix et salaires
aux niveaux
récemment déterminés
Le Conseil des ministres s'est
réuni, hier, SOUs la présidence du
général de Gaulle.
M. Jeanneney, ministre d'Etat et
des Affaires étrangères par inté-
rim, a rendu compte au Conseil
de la situation internationale. Il a
fait connaître. d'autre part, les
incidents survenus récemment en
Syrie et au Liban à l'ocdftsion de
la relève de certaines unités fran-
çaises.
Les prix et les salaires
Le Conseil a examiné de nou-
veau, dans son enseritble, la situa-
tion des prix et des salaires telle
qu'elle résulte des arrététi récem-
ment mis en igu,m.
A la suite de cet examen, et
compte tenu de l'état actuel de la-
production, dont l'améliorai ion de-
meure encore très lente, et de l'ab-
solue nécessité d'éviter l'inflation,
le Gouvernement a décidé de s'en
tenir aux niveaux de* prix et des
salaires tels qu*iln ont clé retem-
ment déterminés.
Sur la proposition de NI. Pleven,
minIstre de l'Economie nationale et
des Ftna,,ceq, et de M. ' Paredl,
ministre du Travail, certains amé-
nagements ont été approuvés en ce
qui concerne la répartition des sa-
laires ..Par zones territoriales et le
calcul des maiima de salaires.
Sur la proposition du ministre
l'Economie nationale et des Finafl-
ces, le Gouvernement a adopté une
ordonnance relative aux iinl)orta-
tions de marchandises dépourvîtes
de tout earactère commercial et
aux provisions (le ménage accom-
pagnées.
Pour les rapatriés
lit. Frenay, ministre des Prison-
niers, a soumis à l'approbation du
Gouvernement un projet d'ordon-
nance instituant une aide médicale
temporaire en faveur des priSOi>-
niers et déportés.
Le Gouvernement a Approuvé un
décret fixant le régime des rému-
nérations applicables aux employés
auxiliaires de l'Etat.
AUTOUR DU CONSEIL
La remise en ordre des salaires
a été à l'ordre dU jour du Conseil
des ministres, qui a duré quatre
he ures.
Ce problème avait été longue-
ment examiné, dans la matinée,
par les secrétaires fé'déraux, réu-
nis au siège de la C.G.T.
M. Louis SaL]ant, secrétaire de
la C.G.T. et président du C.N.R.,
avait préconisé l'application du
programme de nationalisation.
De son côté, M. Bcnoit-Frachon
avait mis les secrétaires fédéraux
en garde contre certaines manœu-
vres provocatrices, qui tendent &
créer de l'agitation dans le pays
en suscitant des mouvements de
grèves.
A la suite de cette réunion, M.
Léon Jouhaux et les membres du
bureau confédéral avaient été re-
çus par MM. Pleven et Parodi. Au
cours d'un long entretien, les dé-
légués syndicalistes avaient expo-
sé et maintenu le point de vue de
la C.G.T. et insisté sur la néces-
sité de s'en tenir à J'avis expri-
mé par ia commission nationale des
salaires.
Pas de spectacles aujourd'hui
Les théâtres, les cinémas et les music-halls feront grève
aujourd'hui, de midi à minuit, et i ese m i ssi on s r a d. o p h o n i -
ques ne comprendront que des bulletins d informations».
Cette décision a été prise, hier,
par la Fédération nationale des
travailleurs du spectacle.
M. Marion, secrétaire général
de cette Fédération, a déclaré au
sujet de ce « mouvement de
protestation » :
« Le limogeage de M. Jean
Painlevé est la goutte qui a fait
déborder le vase.
« Nous protestons contre une
certaine forme de colonisation
du cinéma français par des fir-
mes étrangères. -En l'acceptant,
les pouvoirs publics risquent de
priver de leur travail de nom-
bi,eux travailleurs ».
La Fédération du spectacle ré-
clame, en outre, l'abolition de
certaines taxes vichyssoises qui
continuent à être imposées aux
théâtres, aux rnusic-hans et à la
musique.
« Certains établissements, note
M Marion, sont, de ce fait,
obligés de fermer leurs portes ».
Enfin, selon le secrétaire gé-
néral de la Fédération du spec-
tacle le Gouvernement a porté
un grave préjudice à l'industrie
théâtrale de province, en lui re-
fusant l'octroi d'un budget de
100 millions pour sa réorganisa-
tlOn.
i Les travailleurs syndiqués du
théâtre, du cinéma et de la ra-
dio sont convoqués aujourd'hui à
un meeting d'information, qui se
tiendra, à 17 heures, au Nor-
mandie. |
De nombreux
prisonniers de guerre
allemands
vont être libérés
par les Alliés
Etat-Major suprême des for-
ces expéditionnaires alliées, 22
mai. — Le commandement su-
prême allié a décidé de libé-
rer tous les prisonniers de
guerre allemands âgés de 50
ans ou plus, ainsi que certai-
nes catégories de prisonniers,
tels que les paysans, les mi-
neurs, les employés des servi-
ces de transports, etc., dont
les activités sont essentielles à
la production agricole et à la
remise en marche de certaines
industries.
Toutes les femmes seront
également libérées, à l'excep-
tion du personnel médical et
de certaines religieuses dont
les services peuvent être néces-
saires.
Les libérés rentreront en
possession de tous leurs droits
civils et ne seront soumis à
d'autres mesures de contrôle
militaire que celles qui frap-
pent tous les civils allemands.
Une commission interalliée
s'installe à Flensburg
auprès de Doenitz
Etat-major suprême des forces
expéditionnaires alliées, 22 mai. —
Le major général L. W. Rooks
vient d'ètre nommé représentant
du chef d'état-major du général
Eisenhower auprès de l'Ober-
Kommandantur Wehrmacht à
Flensburg. Il sera placé à la tête
d'un organisme dénommé « Com-
mission de contrôle du comman-
dement1 : suprême auprès de
ro.K.fBâ»
Cet organisme comprend des of-
ficiers anglais et américains des
forces terrestres, navales et
aériennes. Le haut commandement
russe enverra de son côté une
commission analogue à Flensburg
où elle travaillera en étroite
coopération avec la mission Rooks.
Le rôle de la mission Rooks est
de faire exécuter les décisions du
commandement suprême par le
haut commandement allemand et
d'utiliser :'O.K. W. pour contrô-
ler et administrer les forces alle-
mandes de la zone occupée. La
mission a. également la garde des
archives de l'O.K.W. (A.F.P.)
AU GRAND HOTEL DE ROME
les leaders italiens
discutent du sort de la monarchie
De notre envoyé spécial Paul BODIN
Rome, mai. — Mussolini est mort, et on l'a inhumé de telle
sorte qu'aucun détail ne révèle désormais où est sa sépulture.
En agissant ainsi, les partisans de l'Italie du Nord marquaient
leur volonté de faire disparaître à jamais tout souvenir du
fascisme. Car, telle est la question : il s'agit d'affranchir le
peuple italien d'un régime qui a duré trop longtemps pour
n'avoir pas laissé d'empreinte profonde dans toutes les classes
de la société.
Mais du même coup se trouve
mise en question l'existence même
de la monarchie. Car, pour les
communistes, les wcialistes, les
républicains, de nombreux libéraux
et même certains démocrates chré-
tiens, la monarchie, qui s'est ac-
commodée du fascisme pendant
plus de vingt ans, constitue elle
aussi une survivance du régime
qui a mené l'Italie à sa perte.
Au Grand Hôtel
La plupart des partis italiens
réclament donc un régime nouveau.
Mais ils sont loin d'être d'accord
sur la structure de Ce ré.-Ime.
Des discussions ont lieu au
Grand Hôte] de Rome entre les
menabres du cabinet Bonomi, les
représentants des différents partis
italiens, le Comité de Libération
de la Haute Italie et le Comité de
Libération qui siège dans la capi-
tale. Il s'agit de préparer une
Assemblée Constituante et, pour
cela, de former auparavant le gou-
vernement qui aura la responsa-
bilité des élections. L'effervescence
qui règne dans les couloirs et Jes
chambres du Grand Hôtel trahit
la division des partis sur la ques-
tion essentielle ; république ou
monarchie.
L'argument des tenants de la
monarchie (parti démocrate du tra-
vahl, parti démocratique italien,
concentration démocratique libé-
rale, et même parti démocrate
chrétien) est que le peuPle italien
, n'est pas mûr pour le régime ré-
publicain. Mais l'importance cxois-
sante, surtout dans le nord du
' pays, des paru., eommunif/te et
socialiste permet à la gauche de
soutenir le contraire.
Au surplus, la crise italienne
bien qu'elle offre des ressemblan-
ves avec les crises grecque et
belge, s'ouvre dans des conditions
particulières qui en aggravent la
complexité :
1° La position équiVOque de
l'Italie durant la guerre : nation
ennemie jusqu'en 1943, nation co-
belligérante ensuite, est loin d'être
partout oubliée ;
2° L'action menée par les par-
tisans de l'Italie du nord pour la
libération de leur territoire donne
au Comité de Libération de la
Haute Italie, qui a dirigé la lutte,
une incontestable importance ;
30 L'action occulte du Vatican
pèse sur toute la politique ita-
lienne.
Il reste qu'un facteur est com-
mun aux crises italienne, belge et
grecque : c'est le rôle qu'y joue
la commission de contrôle al-liée, j
et plus précisément le droit de re-
gard de l'Angleterre sur les af-
faires de Rome, de Bruxelles ou
d'Athènes.
Pour ou contrè
la monarchie
bles Les Anglais se montrent favora-
au maintien de la Dlonarcbie,
tandis que les Américains et les
Rosses restent POur le moment
dans l'expectative. L Italie, en
tant que zone d'influence poli-
tique, semble en effet avoir été
réservée h
te choix de M. Bonomi , commit.
premier ministre constitue un
compromis entre les partis con-
servateurs et les partis de gauche,
entre les virtualités républicaines
et la volonté de l'Angleterre de
protéger la maison de Savoie.
Ainsi, l'existence du gouvernement-
Bonomi se trouve-t-elle liée ao
destin de la dyitastie, dont l'héri-
tier, le prince Umberto, n'est pas
précisément populaire.
Au cours des discussions du
Grand Hôtel, la question d'une
régence civile, en attendant les
éleettons, a été posée. Mals elle
est restée sans réponse. Cepen-
dant des coups de théâtre ne sont
pas Impossibles, et l'on ne serait
pas surpris que le prince Umberto
démissionnât de sa charge de lieu-
tenant général du Royauxne.
C'EST LA JUSTICE
QUI SAUVERA
L'ALGERIE
DE LA HAINE
par Albert CAMUS
Un tableau politique de l'Algérie d'aujourd'hui ne serait pas
complet, si l'on n'y donnait la parole aux démocrates français
qui vivent au contact journalier des graves problèmes que nous
avons évoqués. Disons-le immédiatement, les éléments démo-
crates sont en minorité.
Il ne faut pas oublier que la
politique de Vichy a trouvé en
Algérie ses plus chauds parti-
sans et qu'elle y a laissé des
traces. A l'exception d' « Alger
Républicain » (et, dans une
moindre mesure, d' « Oran Ré-
publicain »), tous les quotidiens
algériens ont collaboré. Ils en
ont gardé quelque chose, et l'on
s'erf aperçoit à leur lecture.
Mais, ils ont été maintenus,
sanr, doute à l'insu de M. Teit-
gen.
Si ces journaux ont beaucoup
de lecteurs, c'est que la démo-
cratie n\a pas bonne presse en
Afrique du Nord. Ses lecteurs,
du reste, se recrutent souvent
parmi les grands fonctionnai-
res du Gouvernement Général.
C'est ce qu'on appelle une
situation politique clarifiée.
Notre dernière
chance
Il y a cependant les dém,,cr,-,
tes. Le parti radical, le parti so-
cialiste et le parti commu,itiste, à
cet égard, sont unanimes J'a, lu
en plusieurs endroits, que le parti
communiste faisait en Algérie de
l'agitation. Je suis obligé de dIre
que c'e.:;t tout à fait contraire à
la vérité.
Le: parti communiste. opposé
aux , « Amis du Manifeste », a
suscité la création d'un mouve-
rnent, ouvert aux Arabes, et qui
.,'appelle les « Amis de la Démo-
cratie ». Le point de vue défendu
par ce mouvement a pratiquement
l'apprcvbation des radicaux et des
socialistes. Tous soutiennent l'or-
do-inance du 7 mars 1944, considé-
rée comme une étape vers l'égalité
des droits civiques. Ils demandent
son extension et dénoncent les
abus sociaux dont souffre l'Algé-
rie.
Je crois qu'on peut résumer leur
programme en trois points : ])
extension de l'ord(>nnance du
7 mars, à tous les Arabes posses-
seurs du certificat d'études et à
toue ceux qui ont combattu pour
la France ; 2) suppression du ré-
gime- des communes mixtes et élar-
gissement des droits municipaux
indigènes ; 3) politique sociale
d'égalité.
Ce programme, qui est raisonna-
ble et humain, constitue, de l'avis
général, la dernière char)ce que la
France garde de sauver son ave-
nir en Afrique du Nord.
Des hommes
nouveaux
Mais une politique nouvelle de
mande de nouvelles méthodes et
des hommes nouveaux. Il serait
vain, par exem-ple, d'étendre les
droits civiques à. tous les certifiés
d'études si l'on ne fait rien pour
acçroitre !e nombre de ces certi-
fiés.
A l'heure actuelle, et j'après les
chiffres de ]'admini6trarion. un
million dl-enfants musulmans 6ORt
sans école. Cette. incroyable ea-
rence ne peut être rachetée que
par la construction de nouvelles
écoles et la formatIOn aeeélér^e
d'instïtuteu,s. De même, on ne
saurait admettre que les tomctIOn-
naire2 prennent sur eux de modi-
fier ies ordonnances et d'en eatio-
tér l'appliCatiOn.. comme cela se
voit aujourd'hui en Kabylie, si
j'en crois les instructions préfecto-
rales que j'ai eues sous les ye*ix.
Il faut donc des hmnmes. nou-
veaux. Et, à l'heure où tant de
jeunes Français cherchent une voie
et une raison de vivre, on » trou-
vera peut-être quelques millierS
d'entre eux pour comprendre
qu'une terre les attend, où ils
pourront à la fois servir J'bom-
me et leur pays.
Un gouvernement
autonome en Styrie
Salzbourg, 22 mai. — On ap-
prend qu'lin nouveau gouverne-
ment autonome — et provisoire —
a été formé pour la province au-
trichienne de Styrie, occupée par
l'Armée rouge.
Ce gouvernement, dont le siège
sera. à Graz, capitale de la pro-
vince, comprend des communistes
et des socialistes chrétiens. Ses
rapports avec le gouvernement
Renner, qui siège à Vienne, res-
tent à déterminer.
Montgomery à Paris
Le maréchal Montgomery ar-
rivera à Paris, demain dans la
soirée.
Plusieurs manifestations en
son honneur sont prévues pour
vendredi. A h. 30, dans la
Cour d'honneur des InvaUdes.
une prise d'arnies aura lieu au
cours de laquelle le général de
Gaulle remettra au maréchal
Montgomery les insignes de
grand'eroix de la Légion d'hon-
neur. „ ,
Après un déjeuner offert par
le général de Gaulle à l'fsôtel
de la Présidence, le maréchal
se rendra à l'Arc-de-Triomphe
pour déposer une palme sur le
tombeau du Soldat Inconnu.
De l'Etoile, il descendra J'a-
venue des Champs-Elysées, jus-
qu'à l'annexe du Grand-Patois,
où aura lieu l'Inauguration de
l'Exposition de l'Armée britan-
niaue.
MONTGOMERY
commandant des forces
britanniques d'occupation
Londres, 22 mai. — Le ma-
réchal sir Bernard Montgome-
ry a été nommé commandant
en chef des forces britanni-
ques d'occupation en Allemagne
et membre du conseil, de con-
trôle aJlié en Allemagne. Le
principal représentant du ma"
réchal Montgomery pour les
questions de contrôle sera le
général sir Ronald Weeks.
Chautemps rentrerait
en France
Madrid, 22 mai. — divers amis
de Chautemps ont quitté Madrid
pour Saint-Sébalitien, où ils atten-
dent le passage de l'ancien
saire de Pétain aux Etats-Unis,
qui serait en route pour
France.
M. Alexis Léger, ancien see.êt„
taire général des Affaires étran»
gères, accompagnerait Chautemps.
PÉTAIN MAINTIENT
qu'il a ignoré la Cagoule
M. Béteille a fait subir un nouvel interrogatoire à Pétain, au
sujet Ii lui a l'affaire demandé du des C,S.A. renseignements R. sur^ Eugène Deloncle, le
docteur Martin, Méténier et Gabriel Jeantet.
— Je ne connais pas ces gens-
là a répondu Pétain.
Et comme M. Béteille lui objec-
tait qu'il les avait employés a
Vichy il a déclaré qu'il l'ignorait
et' qu'il fallait interroger son mi-
nistre de l'Intérieur.
Au surplus, a-t-il ajouté,
l'ignore tout de ce que vous appe-
lez la « cagoule 21. L'accusation
qui m'est imputée est satanique.
Un chef d'Etat ne peut tout de
même pas savoir tout ce qui se
passe autour de lui, pas plus qu'un
chef d'armée ne peut être au cou-
ra,,t des corvées de quartier.
M Béteille a rappelé à l'In-
culpé qu'en 1938, au cours d'un
conseil des Ministres, Marx Dor-
moy et M. Pierre Cot avaient de-
mandé que des pO'urt!lIM'eB fussent
engagées contre lUi, a cause ae
ses attaches avec les milieux fas.
cistes. M. Daladier s'était opposé
à ces poursuites en promettant
d'intervenir auprès de Pétain pour
faire appel à son patriotisme.
Au rappel de ces incidents, Pé-
tain a répondu avec une ce-rtain-e
ironie
— Si ce que vous dites est vraJ"
comment pourriez-vous admettre
que le conseil des Ministres m ait
ensuite nommé ambassadeur de
France à àla(Irid ?
Et Pé1ain d'ajouter qu 'en ce qui
concerne M. Cot, il l'avait « eia.
gilé 5 pour son action d&na l'aero*»
nautique. ■
M Pierre Cot sera entendu jeudi
et Pétain interrogé de nouveau 19
lendemain.
DERNIERE EDITION: :;
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GUT. 80-60 !
MERCREDI 1
23 mai 1945 !
1 5' année — N° 299 1
Le n° : 1 fr. 50 1
DE LA RESISTANCE A LA REVOLUTION
LA CRISE
BRITANNIQUE
LONDRES ATTEND
LA DÉCISION DE M. CHURCHILL
Londres, 22 mai. — A l'heure où nous écrivons, M. Chur-
chill n'a pas encore été remettre au Roi la démission de
son cabinet. La B.B.C. annonçait, ce matin, qu'il devait le
faire aujourd'hui même. Qti'attend-il ? Qu'essaie-t-il ?
Qu'espère-t-il ?
La politique anglaise est un jeu qui se joue assez secrè-
tement et tout en finesse. Aussi M. Churchill, après avoir
donné son brusque coup de boutoir, censerve-t il encore 1
bien des possibilités de ma-
nœuvre.
Avant de porter sa propre
démission au Roi, peut-être
attend-il que les cinq ministres
travaillistes, MM. Attlee, Bevin,
Alexander, Morrison et Dalton,
lui aient donné la leur. Mais
le parti tràvaill iste, 'out en re-
poussant l'ultimatum de M.
Churchill, l'a assuré de son
appui jusqu'à la fin de la
guerre contre le Japon. La
rupture n'est donc pas totale,
malgré la vivacité du ton em-
ployé par M. Attlee.
M. Churchll. après avoir reçu
la réponse défavorable du parU
travailliste, peut encore faire ma-
chine arrière ou tout aa moins
tenter de parvenir à un compro-
mis dont l'enjeu pourrait être la
date des élections. N"a-t-il pas
laissé entendre fort habilement que
ces élections devraient avoir lieu
le 5 ou le 11 juillet, ce qui est
beaucoup trop tôt aux dires des
travaillistes ? Il y a peut-être la
une monnaie d'échange.
Dans une nouvelle lettre à M.
Attlee, M. Churchill a écrit au-
jourd'hui « qu'il était. impossible
de prolonger la coalition gouverne-
mentale. « Il est bizarre, dit-il,
qu'après tant d'allégations injus-
tes, vous demandiez encore que
nous continuions à nous chamailler
ensemble jusqu'à l'automne ».
Les commentaires
de la presse
On voit donc que le choix des
décisions ne manque pas à M.
Churchill et Il a fait en sorte que
ce soit à lui de décider. Tout le
monde dionc, à Londres, attend.
Ce n'est pas sans se livrer à.
quelques commentaires. La plupart
de ceux qu'il faut retenir ont trait
aux conséquences qu',une crise
gou.yeru«niental« peut avoir sur la
politique internationale. On se
doute que la presse conserva trice
se montre sévère pour les travail-
Le' «Daily Telegraph » estime
que le Labour Party a pris une
grave responsabilité en mettant
fin au gouvernement qui a mené
le pays à la victoire sur l'Alle-
magne, après l'avoir sauvé en
1940. Il pense que des élections
d'automne, ainsi que le propose
M. Attlee, bloqueraient la politique
anglaise pendant cinq mois
COMBAT
N05 protestations et cel-
les qui se sont élevées
dans toute la France
contre la situation des
déportés politiques ont eu leur
effet. Nous savons maintenant
que nos amis américains rapa-
trient cinq mille déportés par
jour, que les internés de Dachau
ont été transférés dans des vil-
lags allemands du lac de Cons-
tance, où ils trouveront le
confort nécessaire. Grâce au
général de Gaulle, enfin nous
savons que les internés de
Dachau et d'Allach seront éva-
cués avant le 31 mai.
Nous ne sommes pas des in-
grats. et les familles françaises
de déportés sauront, malgré leurs
amertumes, reconnaitre l'effort
considérable qui vient d être fait
par les organismes alliés. Mais,
au risque de lasser la bonne vo-
lonté dont on nous donne les
preuves, nous ne voudrions pas
clore cette campagne sans rap-
peler qu'il existe d'autres camps
que Dachau et Allach. Il y a
Bargen-Belsen, il y a Soltau, Gar-
delegen. Erla, Sandbostel, Nord-
hausen, cent autres camps dont
nous ne savons rien à l'heure ac-
tueUe, mais qui doivent renfer-
mer encore des dizaines de mil-
liers de caryiarades.
Comment ne pas courir le ris-
que d'être importuns quand
nous savons les risques atroces
courus par tous ces hommes ?
Depuis quelques jours, des cen-
taines de photos s'accumulent
sur nos tables, qui tirent toute
leur horreur de leur monotonie.
Ces longues files d'e corps écra-
sés ou brûlés, ces êtres qui n'ont
pas attendu d'être morts pour
faire voir leur squelette, ces omo
bres qui hantent encore un en-
fer peuplé des souvenirs insup-
portables de la torture et du
meurtre, nous apprennent que
nos imaginations les plus terri-
bles étaient encore au-dessous de
la vérité. Ceux qui sont sortis de
là, par lia force de l'espoir et de
la volonté, ont aujourd'hui tous
les droits. Et pourtant ils n'en
réclament qu'un seul, qui est de
retrouver leur patrie et les visa-
ges qui leur sont chers.
Nous supplions donc qu on
fasse vite, plus vite encore, s'il
se peut. Que l'on comprenne que
nous ne pouvons pas nous en dé-
sintéresser. Nous ne pouvons re-
mettre leurs vies entre les mains
de personrte. Il n y aura pas de
paix dans les coeurs français jus-
qu'à ce qu'ils soient parmi nous.
Car c'est nous tous qui en avons
la charge et comment ne don-
nerions-nous pas raison au lec-
teur qui nous écrit : « Si un seul
d'enti
ne retomberait pas seulement
sur les autorités, mais sur la
France elle-même, et sur cha-
cun de nous, individurellement. »
LE CONSEIL
DES MINISTRES
décide de maintenir
prix et salaires
aux niveaux
récemment déterminés
Le Conseil des ministres s'est
réuni, hier, SOUs la présidence du
général de Gaulle.
M. Jeanneney, ministre d'Etat et
des Affaires étrangères par inté-
rim, a rendu compte au Conseil
de la situation internationale. Il a
fait connaître. d'autre part, les
incidents survenus récemment en
Syrie et au Liban à l'ocdftsion de
la relève de certaines unités fran-
çaises.
Les prix et les salaires
Le Conseil a examiné de nou-
veau, dans son enseritble, la situa-
tion des prix et des salaires telle
qu'elle résulte des arrététi récem-
ment mis en igu,m.
A la suite de cet examen, et
compte tenu de l'état actuel de la-
production, dont l'améliorai ion de-
meure encore très lente, et de l'ab-
solue nécessité d'éviter l'inflation,
le Gouvernement a décidé de s'en
tenir aux niveaux de* prix et des
salaires tels qu*iln ont clé retem-
ment déterminés.
Sur la proposition de NI. Pleven,
minIstre de l'Economie nationale et
des Ftna,,ceq, et de M. ' Paredl,
ministre du Travail, certains amé-
nagements ont été approuvés en ce
qui concerne la répartition des sa-
laires ..Par zones territoriales et le
calcul des maiima de salaires.
Sur la proposition du ministre
l'Economie nationale et des Finafl-
ces, le Gouvernement a adopté une
ordonnance relative aux iinl)orta-
tions de marchandises dépourvîtes
de tout earactère commercial et
aux provisions (le ménage accom-
pagnées.
Pour les rapatriés
lit. Frenay, ministre des Prison-
niers, a soumis à l'approbation du
Gouvernement un projet d'ordon-
nance instituant une aide médicale
temporaire en faveur des priSOi>-
niers et déportés.
Le Gouvernement a Approuvé un
décret fixant le régime des rému-
nérations applicables aux employés
auxiliaires de l'Etat.
AUTOUR DU CONSEIL
La remise en ordre des salaires
a été à l'ordre dU jour du Conseil
des ministres, qui a duré quatre
he ures.
Ce problème avait été longue-
ment examiné, dans la matinée,
par les secrétaires fé'déraux, réu-
nis au siège de la C.G.T.
M. Louis SaL]ant, secrétaire de
la C.G.T. et président du C.N.R.,
avait préconisé l'application du
programme de nationalisation.
De son côté, M. Bcnoit-Frachon
avait mis les secrétaires fédéraux
en garde contre certaines manœu-
vres provocatrices, qui tendent &
créer de l'agitation dans le pays
en suscitant des mouvements de
grèves.
A la suite de cette réunion, M.
Léon Jouhaux et les membres du
bureau confédéral avaient été re-
çus par MM. Pleven et Parodi. Au
cours d'un long entretien, les dé-
légués syndicalistes avaient expo-
sé et maintenu le point de vue de
la C.G.T. et insisté sur la néces-
sité de s'en tenir à J'avis expri-
mé par ia commission nationale des
salaires.
Pas de spectacles aujourd'hui
Les théâtres, les cinémas et les music-halls feront grève
aujourd'hui, de midi à minuit, et i ese m i ssi on s r a d. o p h o n i -
ques ne comprendront que des bulletins d informations».
Cette décision a été prise, hier,
par la Fédération nationale des
travailleurs du spectacle.
M. Marion, secrétaire général
de cette Fédération, a déclaré au
sujet de ce « mouvement de
protestation » :
« Le limogeage de M. Jean
Painlevé est la goutte qui a fait
déborder le vase.
« Nous protestons contre une
certaine forme de colonisation
du cinéma français par des fir-
mes étrangères. -En l'acceptant,
les pouvoirs publics risquent de
priver de leur travail de nom-
bi,eux travailleurs ».
La Fédération du spectacle ré-
clame, en outre, l'abolition de
certaines taxes vichyssoises qui
continuent à être imposées aux
théâtres, aux rnusic-hans et à la
musique.
« Certains établissements, note
M Marion, sont, de ce fait,
obligés de fermer leurs portes ».
Enfin, selon le secrétaire gé-
néral de la Fédération du spec-
tacle le Gouvernement a porté
un grave préjudice à l'industrie
théâtrale de province, en lui re-
fusant l'octroi d'un budget de
100 millions pour sa réorganisa-
tlOn.
i Les travailleurs syndiqués du
théâtre, du cinéma et de la ra-
dio sont convoqués aujourd'hui à
un meeting d'information, qui se
tiendra, à 17 heures, au Nor-
mandie. |
De nombreux
prisonniers de guerre
allemands
vont être libérés
par les Alliés
Etat-Major suprême des for-
ces expéditionnaires alliées, 22
mai. — Le commandement su-
prême allié a décidé de libé-
rer tous les prisonniers de
guerre allemands âgés de 50
ans ou plus, ainsi que certai-
nes catégories de prisonniers,
tels que les paysans, les mi-
neurs, les employés des servi-
ces de transports, etc., dont
les activités sont essentielles à
la production agricole et à la
remise en marche de certaines
industries.
Toutes les femmes seront
également libérées, à l'excep-
tion du personnel médical et
de certaines religieuses dont
les services peuvent être néces-
saires.
Les libérés rentreront en
possession de tous leurs droits
civils et ne seront soumis à
d'autres mesures de contrôle
militaire que celles qui frap-
pent tous les civils allemands.
Une commission interalliée
s'installe à Flensburg
auprès de Doenitz
Etat-major suprême des forces
expéditionnaires alliées, 22 mai. —
Le major général L. W. Rooks
vient d'ètre nommé représentant
du chef d'état-major du général
Eisenhower auprès de l'Ober-
Kommandantur Wehrmacht à
Flensburg. Il sera placé à la tête
d'un organisme dénommé « Com-
mission de contrôle du comman-
dement1 : suprême auprès de
ro.K.fBâ»
Cet organisme comprend des of-
ficiers anglais et américains des
forces terrestres, navales et
aériennes. Le haut commandement
russe enverra de son côté une
commission analogue à Flensburg
où elle travaillera en étroite
coopération avec la mission Rooks.
Le rôle de la mission Rooks est
de faire exécuter les décisions du
commandement suprême par le
haut commandement allemand et
d'utiliser :'O.K. W. pour contrô-
ler et administrer les forces alle-
mandes de la zone occupée. La
mission a. également la garde des
archives de l'O.K.W. (A.F.P.)
AU GRAND HOTEL DE ROME
les leaders italiens
discutent du sort de la monarchie
De notre envoyé spécial Paul BODIN
Rome, mai. — Mussolini est mort, et on l'a inhumé de telle
sorte qu'aucun détail ne révèle désormais où est sa sépulture.
En agissant ainsi, les partisans de l'Italie du Nord marquaient
leur volonté de faire disparaître à jamais tout souvenir du
fascisme. Car, telle est la question : il s'agit d'affranchir le
peuple italien d'un régime qui a duré trop longtemps pour
n'avoir pas laissé d'empreinte profonde dans toutes les classes
de la société.
Mais du même coup se trouve
mise en question l'existence même
de la monarchie. Car, pour les
communistes, les wcialistes, les
républicains, de nombreux libéraux
et même certains démocrates chré-
tiens, la monarchie, qui s'est ac-
commodée du fascisme pendant
plus de vingt ans, constitue elle
aussi une survivance du régime
qui a mené l'Italie à sa perte.
Au Grand Hôtel
La plupart des partis italiens
réclament donc un régime nouveau.
Mais ils sont loin d'être d'accord
sur la structure de Ce ré.-Ime.
Des discussions ont lieu au
Grand Hôte] de Rome entre les
menabres du cabinet Bonomi, les
représentants des différents partis
italiens, le Comité de Libération
de la Haute Italie et le Comité de
Libération qui siège dans la capi-
tale. Il s'agit de préparer une
Assemblée Constituante et, pour
cela, de former auparavant le gou-
vernement qui aura la responsa-
bilité des élections. L'effervescence
qui règne dans les couloirs et Jes
chambres du Grand Hôtel trahit
la division des partis sur la ques-
tion essentielle ; république ou
monarchie.
L'argument des tenants de la
monarchie (parti démocrate du tra-
vahl, parti démocratique italien,
concentration démocratique libé-
rale, et même parti démocrate
chrétien) est que le peuPle italien
, n'est pas mûr pour le régime ré-
publicain. Mais l'importance cxois-
sante, surtout dans le nord du
' pays, des paru., eommunif/te et
socialiste permet à la gauche de
soutenir le contraire.
Au surplus, la crise italienne
bien qu'elle offre des ressemblan-
ves avec les crises grecque et
belge, s'ouvre dans des conditions
particulières qui en aggravent la
complexité :
1° La position équiVOque de
l'Italie durant la guerre : nation
ennemie jusqu'en 1943, nation co-
belligérante ensuite, est loin d'être
partout oubliée ;
2° L'action menée par les par-
tisans de l'Italie du nord pour la
libération de leur territoire donne
au Comité de Libération de la
Haute Italie, qui a dirigé la lutte,
une incontestable importance ;
30 L'action occulte du Vatican
pèse sur toute la politique ita-
lienne.
Il reste qu'un facteur est com-
mun aux crises italienne, belge et
grecque : c'est le rôle qu'y joue
la commission de contrôle al-liée, j
et plus précisément le droit de re-
gard de l'Angleterre sur les af-
faires de Rome, de Bruxelles ou
d'Athènes.
Pour ou contrè
la monarchie
bles Les Anglais se montrent favora-
au maintien de la Dlonarcbie,
tandis que les Américains et les
Rosses restent POur le moment
dans l'expectative. L Italie, en
tant que zone d'influence poli-
tique, semble en effet avoir été
réservée h
te choix de M. Bonomi , commit.
premier ministre constitue un
compromis entre les partis con-
servateurs et les partis de gauche,
entre les virtualités républicaines
et la volonté de l'Angleterre de
protéger la maison de Savoie.
Ainsi, l'existence du gouvernement-
Bonomi se trouve-t-elle liée ao
destin de la dyitastie, dont l'héri-
tier, le prince Umberto, n'est pas
précisément populaire.
Au cours des discussions du
Grand Hôtel, la question d'une
régence civile, en attendant les
éleettons, a été posée. Mals elle
est restée sans réponse. Cepen-
dant des coups de théâtre ne sont
pas Impossibles, et l'on ne serait
pas surpris que le prince Umberto
démissionnât de sa charge de lieu-
tenant général du Royauxne.
C'EST LA JUSTICE
QUI SAUVERA
L'ALGERIE
DE LA HAINE
par Albert CAMUS
Un tableau politique de l'Algérie d'aujourd'hui ne serait pas
complet, si l'on n'y donnait la parole aux démocrates français
qui vivent au contact journalier des graves problèmes que nous
avons évoqués. Disons-le immédiatement, les éléments démo-
crates sont en minorité.
Il ne faut pas oublier que la
politique de Vichy a trouvé en
Algérie ses plus chauds parti-
sans et qu'elle y a laissé des
traces. A l'exception d' « Alger
Républicain » (et, dans une
moindre mesure, d' « Oran Ré-
publicain »), tous les quotidiens
algériens ont collaboré. Ils en
ont gardé quelque chose, et l'on
s'erf aperçoit à leur lecture.
Mais, ils ont été maintenus,
sanr, doute à l'insu de M. Teit-
gen.
Si ces journaux ont beaucoup
de lecteurs, c'est que la démo-
cratie n\a pas bonne presse en
Afrique du Nord. Ses lecteurs,
du reste, se recrutent souvent
parmi les grands fonctionnai-
res du Gouvernement Général.
C'est ce qu'on appelle une
situation politique clarifiée.
Notre dernière
chance
Il y a cependant les dém,,cr,-,
tes. Le parti radical, le parti so-
cialiste et le parti commu,itiste, à
cet égard, sont unanimes J'a, lu
en plusieurs endroits, que le parti
communiste faisait en Algérie de
l'agitation. Je suis obligé de dIre
que c'e.:;t tout à fait contraire à
la vérité.
Le: parti communiste. opposé
aux , « Amis du Manifeste », a
suscité la création d'un mouve-
rnent, ouvert aux Arabes, et qui
.,'appelle les « Amis de la Démo-
cratie ». Le point de vue défendu
par ce mouvement a pratiquement
l'apprcvbation des radicaux et des
socialistes. Tous soutiennent l'or-
do-inance du 7 mars 1944, considé-
rée comme une étape vers l'égalité
des droits civiques. Ils demandent
son extension et dénoncent les
abus sociaux dont souffre l'Algé-
rie.
Je crois qu'on peut résumer leur
programme en trois points : ])
extension de l'ord(>nnance du
7 mars, à tous les Arabes posses-
seurs du certificat d'études et à
toue ceux qui ont combattu pour
la France ; 2) suppression du ré-
gime- des communes mixtes et élar-
gissement des droits municipaux
indigènes ; 3) politique sociale
d'égalité.
Ce programme, qui est raisonna-
ble et humain, constitue, de l'avis
général, la dernière char)ce que la
France garde de sauver son ave-
nir en Afrique du Nord.
Des hommes
nouveaux
Mais une politique nouvelle de
mande de nouvelles méthodes et
des hommes nouveaux. Il serait
vain, par exem-ple, d'étendre les
droits civiques à. tous les certifiés
d'études si l'on ne fait rien pour
acçroitre !e nombre de ces certi-
fiés.
A l'heure actuelle, et j'après les
chiffres de ]'admini6trarion. un
million dl-enfants musulmans 6ORt
sans école. Cette. incroyable ea-
rence ne peut être rachetée que
par la construction de nouvelles
écoles et la formatIOn aeeélér^e
d'instïtuteu,s. De même, on ne
saurait admettre que les tomctIOn-
naire2 prennent sur eux de modi-
fier ies ordonnances et d'en eatio-
tér l'appliCatiOn.. comme cela se
voit aujourd'hui en Kabylie, si
j'en crois les instructions préfecto-
rales que j'ai eues sous les ye*ix.
Il faut donc des hmnmes. nou-
veaux. Et, à l'heure où tant de
jeunes Français cherchent une voie
et une raison de vivre, on » trou-
vera peut-être quelques millierS
d'entre eux pour comprendre
qu'une terre les attend, où ils
pourront à la fois servir J'bom-
me et leur pays.
Un gouvernement
autonome en Styrie
Salzbourg, 22 mai. — On ap-
prend qu'lin nouveau gouverne-
ment autonome — et provisoire —
a été formé pour la province au-
trichienne de Styrie, occupée par
l'Armée rouge.
Ce gouvernement, dont le siège
sera. à Graz, capitale de la pro-
vince, comprend des communistes
et des socialistes chrétiens. Ses
rapports avec le gouvernement
Renner, qui siège à Vienne, res-
tent à déterminer.
Montgomery à Paris
Le maréchal Montgomery ar-
rivera à Paris, demain dans la
soirée.
Plusieurs manifestations en
son honneur sont prévues pour
vendredi. A h. 30, dans la
Cour d'honneur des InvaUdes.
une prise d'arnies aura lieu au
cours de laquelle le général de
Gaulle remettra au maréchal
Montgomery les insignes de
grand'eroix de la Légion d'hon-
neur. „ ,
Après un déjeuner offert par
le général de Gaulle à l'fsôtel
de la Présidence, le maréchal
se rendra à l'Arc-de-Triomphe
pour déposer une palme sur le
tombeau du Soldat Inconnu.
De l'Etoile, il descendra J'a-
venue des Champs-Elysées, jus-
qu'à l'annexe du Grand-Patois,
où aura lieu l'Inauguration de
l'Exposition de l'Armée britan-
niaue.
MONTGOMERY
commandant des forces
britanniques d'occupation
Londres, 22 mai. — Le ma-
réchal sir Bernard Montgome-
ry a été nommé commandant
en chef des forces britanni-
ques d'occupation en Allemagne
et membre du conseil, de con-
trôle aJlié en Allemagne. Le
principal représentant du ma"
réchal Montgomery pour les
questions de contrôle sera le
général sir Ronald Weeks.
Chautemps rentrerait
en France
Madrid, 22 mai. — divers amis
de Chautemps ont quitté Madrid
pour Saint-Sébalitien, où ils atten-
dent le passage de l'ancien
saire de Pétain aux Etats-Unis,
qui serait en route pour
France.
M. Alexis Léger, ancien see.êt„
taire général des Affaires étran»
gères, accompagnerait Chautemps.
PÉTAIN MAINTIENT
qu'il a ignoré la Cagoule
M. Béteille a fait subir un nouvel interrogatoire à Pétain, au
sujet Ii lui a l'affaire demandé du des C,S.A. renseignements R. sur^ Eugène Deloncle, le
docteur Martin, Méténier et Gabriel Jeantet.
— Je ne connais pas ces gens-
là a répondu Pétain.
Et comme M. Béteille lui objec-
tait qu'il les avait employés a
Vichy il a déclaré qu'il l'ignorait
et' qu'il fallait interroger son mi-
nistre de l'Intérieur.
Au surplus, a-t-il ajouté,
l'ignore tout de ce que vous appe-
lez la « cagoule 21. L'accusation
qui m'est imputée est satanique.
Un chef d'Etat ne peut tout de
même pas savoir tout ce qui se
passe autour de lui, pas plus qu'un
chef d'armée ne peut être au cou-
ra,,t des corvées de quartier.
M Béteille a rappelé à l'In-
culpé qu'en 1938, au cours d'un
conseil des Ministres, Marx Dor-
moy et M. Pierre Cot avaient de-
mandé que des pO'urt!lIM'eB fussent
engagées contre lUi, a cause ae
ses attaches avec les milieux fas.
cistes. M. Daladier s'était opposé
à ces poursuites en promettant
d'intervenir auprès de Pétain pour
faire appel à son patriotisme.
Au rappel de ces incidents, Pé-
tain a répondu avec une ce-rtain-e
ironie
— Si ce que vous dites est vraJ"
comment pourriez-vous admettre
que le conseil des Ministres m ait
ensuite nommé ambassadeur de
France à àla(Irid ?
Et Pé1ain d'ajouter qu 'en ce qui
concerne M. Cot, il l'avait « eia.
gilé 5 pour son action d&na l'aero*»
nautique. ■
M Pierre Cot sera entendu jeudi
et Pétain interrogé de nouveau 19
lendemain.
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