Titre : Paris-midi : seul journal quotidien paraissant à midi / dir. Maurice de Waleffe
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1943-04-06
Contributeur : De Waleffe, Maurice (1874-1946). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32832672n
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 06 avril 1943 06 avril 1943
Description : 1943/04/06 (A33,N5337). 1943/04/06 (A33,N5337).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47361861
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-229
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/02/2018
Paris-Midi
l DERNIÈRE
ÉDITION
33" ANNEE. — N° 5337 MARDI 6 AVRIL 1943 37. rue du Louvre. Paria
■ w 1*1.: rua 52-00
LE NUMÉRO : UN FRANC. - Abonnem: 1 mois. 24 fr.; 3 'màis, 70 fr.; 6 moîs.' 130 fr.: 1 an, 250 fr.(t.c.Paris* 3715-4S)
Vous lirez, jeudi prochain 8 avril,
dans « Paris-Midi, »
"le Témoin sans visage"
roman policier de Géo Duvic
En deuxième page : le « Savoir Vivre »
10 h. 30
De Lisbonne :
Le Comité national français de Londres vient j
d'annoncer que le général Eisenhower a demandé à 4
de Gaulle d'ajourner son voyage én Afrique du Nord. :j
L'ex-général et le Comité national regrettent ce J
délai qui leur est imposé et qui est de nature à leur J
causer de sérieux préjudices. De Gaulle et plusieurs 1
membres du Comité national étaient en effet prêts <
depuis, plusieurs jours à partir pour Alger. !
Eisenhower n'a fourni aucune précision sur la
durée de cet ajournement. Dans les mêmes milieux
émigrés, on déclare. en dernière heure que ce sont
des considérations d'ordre militaire qui ont amené
le général Eisenhower à prendre cette décision.
Les Anglo-Américains accumulent les crimes
JOURNÉE DE DEUIL DEMAIN A PARIS
L'attentat de dimanche
a fait plus de 250 morts
et 700 blessés graves
On a établi, dans la soirçe
d'hier, ce tragique bilan, bien pro-
visoire. Le bombardement anglo-
américain a fait 250 morts et
plus de 700 blessés graves.
Pendant la journée d'hier et
cette nuit, d'innombrables équipes
de sauveteurs ont retiré de nou-
veaux corps ensevelis sous les dé-
combres. De nombreux emmurés
vivants étaient retirés d'heure en
heure.
C'est ainsi qu'en fin d'après-
midi on a pu sortir d'une cave
Mme Caquinte et la petite Jac-
queline Peubreuil, huit ans, tou-
tes deux enterrées depuis trente-
huit heures.
Mais la petite Jeannine Condu-
chet, douze ans, et sa mère, en-
sevelies dans la cave tragique de
la rue des Quatre-Cheminées, sont
mortes avant que les sauveteurs
aient pu parvenir jusqu'à elles.
On les avait entendues agoniser
pendant vingt-quatre heures sans
qu'il soit possible d'aller jusqu'à
elles...
Obsèques nationales
demain, à 10 heures
Les obsèques nationales auront
lieu demain, à dix heures, simul-
tanément dans trois communes et
dans un arrondissement de Pa-
ris.
Demain, mercredi 7 avril, et
dans la nuit du 7 au 8 avrill, la
nation observera le deuil natio.
nal. Tous les établissements de
plaisir, tlieâlrcFR, cinémas, etc., se-
ront fermés. Les manifestations
en plein air, courses hippiques,
réunions sportive?, cynodromes,
sont interdites. Les restaurants
cafés, brasseries resteront ouverts,
m,aiS! sains orchestre et sans at.
tractions.
Dans la chapelle ardente d une cité de la banlieue parisienne, une
j-eune femme, qu'assiste une religieuse, vient reconnaître le corps de
son enfant, innocente victime des bombes américaines.
k (Photo Paris-Mid..)
DANS LE SILENCE, APRÈS LE CARNAGE
les sauveteurs s'acharnent sur les décombres
pour en arracher les victimes
Ma,lgré la cascade de pierres qui tombent dans les bennes des
camions, malgré le piétinement de la foule, le va-et-vient d'une huma-
nité rescapée, le flux et le reflux des promeneurs angoissés et les
appels dans les ruines poudreuses, on est saisi par le silence, le silence
fatidique, cruel, infernal, qui pèse sur ce quartier secoué. Un silence
qui brise les oreilles, ce silence de l'enfer éteint.
Le soleil perce les yeux. La poussière, la poussière blanche qui
dresse dans le vent des fantômes de revenants, saisit et cloisonne la
gorge.
On nous a conduits vers une rua.
Sans la poussière, sans l'armée paci-
fique de.3 sauveteurs qui veillent de-
puis vingt-trois heures, la rue ne
montrerait rien d'insolite pour qui ne
sait voir. Des maisons sont toujours
des maisons tant qu'elles tiennent
debout. Mais les gouttières pendent
comme des bras décharnés. Les fe-
nêtres, mille fenêtres, sont des yeux
crevés. Au milieu de la rue, un
chantier de démolition.
Des hommes travaillent. Des ca-
- mions stationnent un instant de-
vant l'énorme tas de pierres d'où
surgissent des flèches de charpen-
tes. Il faut cinq minutes pour
que la benne soit chargée. Un au-
tre camion avance de quelques mè-
tres. En haut de l'ampncelleiment
de ferrailles et de briques, un
homme, une sorte de brave homme,
paraît commander l'assaut contre
les ruines. On me dit que c'est le
maire d'une autre commune, Viry-
Châtillon, Il passait, hier, quand les
sirènes s'époumounaient. Comme les
autres, .il s'est jeté sous un porche.
Après la chute impitoyable des af-
freuses semences de mort, il s'est
mêlé aux équipes de sauvetage. Ils
sont cent, mille comme lui, que je
vois les uns après les autres titu-
ber de fatigue...
Ensevelis dans les caves
M. le maire, qui passait, est resté
sur la brèche d'un hôtel meublé de |
la rue. On ne connaît pas le plan
des caves de l'hôtel, mais on sait
que des gens appellent. D'abord, ce
fut une voix de jeune fille qui chan-
tait un cantique de la souffrance.
Hier matin on crut approcher. Les
civières étaient prêtes, les portes
d'une ambulance s'ouvraient. La i
voix paraissait toute proche. Mais j
non. Il n'y avait derrière la cloi- j
son que les pioches renversaient i
qu'un boyau vide, bouché par les j
éboulis. Où sont les cave8 ? La j
jeune fille n'appelle plus. Son père ]
e,t sa mère ont été ensevelie près
d'eHe. Elle-même est morte étouffée.
Le maire écoute l'inquiétante dé-
position d'une petite viei,lle qui sort I
en clopinant d'autres ruines. !
— Ils ne sont pas trois sous la
maison... Ils sont dix ou douze.
Tous les locataires de l'hôtel:
Dans le même moment un ouvrier i
vient près d'eux. Il passe sa main
blanchie Dar la poussière sur son
visage grimaçant de sueur de midi.
— M'sie.u le maire, la jeune fille, ]
elle appelle encore. j
Les sauveteurs au travail
Des jeunes, des vieux, des fem-
mes, des bles;,és aident à remuer les
pierres. Les agents écartent les bras
pour empêcher les curieux de pas-
ser. Et la maison est une pauvre
v e lie maison eitondrée an miMeu
d'un immense quartier dévasté...
C'est partout comme cela. Le soleil
illumine impitoyablement le mal-
heur, la, chaleur fait monter des i
odeurs sauvages. Il n'y a que le
timbre grêle de. l'ambulance pour
donner le P' de- ouHMés. Sto.ns-
nom. des défigurés, des lacérés, des
écrasés, qui dorment sous la ville
saignante. ,
LA LIGNE DROITE
" Dans vos mains "
Une phrase particulièrement forte et
nette concluait le récent message du
chef de l'Etat, une phrase qui, pleine-
ment comprise et appliquée, pourrait
beaucoup changer l'avenir français et
arré, er une progressive et lamentable
décadence : « Le saluf de la France,
affirmait le Maréchal, ne lui viendra
pas du dehors. Il est dans nos mains.
dans vos mains. »
Trop de Français, abusés ou pas-
sionnés, attendent, en effet, leur salut
d 'autrui. Ils semblent croire qu'il suf-
fit de se laisser bercer par les chimères
que leur dispense la propagande étran-
gère ou dissidente pour se montrer bons
citoyens. C'est ainsi qu'ils en arrivent
à cette absurdité de tenir pour respon-
sables des conséquences de la défaite
non ceux qui en ont été les causes,
mais ceux qui, comme le Maréchal lui-
même et les membres de son gouverne-
ment, se sont efforcés, jour après iour,
illassablement. difficilement, ard-em-
ment, d'atténuer nos maux.
C'est ainsi également qu'oublieux des
leçons de la plus immédiafe histoire
certains louent le réqime d'hier qu'ils
confondent fallacieusement avec la pros-
périté et la paix, alors que c'est ce ré-
qui a déclenché la guerre et pré-
cipité la défaite.
Ferme, lucide, mesuré, ardent, pater-
nel, le message du chef de l'Etat trace
à tous, aux heures graves que nous vi.
vons, la voie du devoir national. Par
delà les haines et les éqoïsmes, les
rancunes et les chimères, il appelle les
Français à cette grande Sagesse du tra-
vail faiseur d'unité qui, seul, peut pré-
parer un avenir mo.ns sombre que lp
présent.
Par sa fidélité à la terre, sa dignité,
sa patience, ^ son labeur, le chef de
l'Etat se révèle, une fois de plus, pour
tous, non seulement le plus sûr des gui-
des, le plus nécessaire des fédérateurs,
mais encore le plus pathétique et le
Plus haut des exemples.
Jean-Pierre MAXENCE.
Les Anglo-Américains accumulent les crimes
Le dernier
massacre
" rentable "
de nos
" libérateurs "
« Le bombardement des maisons est
plus rentable que celui des usines. »
HARRIS.
maréchal anglais de l'air.
La dernière agression des avia-
teurs anglo-américains sur Paris
et sa banlieue a révélé de façon
particulière la froide cruauté de
nos « libérateurs ».
Ce serait une macabre .plaisan-
terie que, d'essayer d'expliquer -ce
nouveau crime par une raison mi-
litaire quelconque. Lorsque ces
parfaits assassins auraient démoli
| une 0/,(, deux entreprises d'arme-
j ment — ce qui n'est pas le cas
\ — ils n'auraient pas abrégé la
guerre d'un jour ni porté à l'Al-
lemagne un coup tant soit peu
grave.
Un résultat, par contre, était ac-
quis d'ava),tce : bombarder, par une
des premières bel es journées do-
minicales de l'année, un quartier
parisien où la densité des prome-
neurs était certaine, c'était vou-
loir tuer des innocents pair cen-
taines. C'est bien exactement ce
qui s'est produit.
Nous rappelions récemment que
le nommé Sinclair, ministre anglais
de l'Air, ' faisait état du million
d'êtres humains qui sè trouvaient
privés de foye s du fait de l'action
de la R.A.F. Avec un rire de hyè-
ne. ce misérable, qui a préconisé
non plus les coups « au but » mais
le bombardement de « zo'ne,s entiè-1
res », aura pu à loisir augmenter l,a
liste de ses victimes. Une fois de
plus, comme dit son subordonné le
maréchal Harris, l'opération a été
« rentable ».
Il y a un? dizaine de jours, il
nous fut donné d'entendre un prê-
che fait en langue anglaise à Ra-
dEo-Londres,
Le « révérend laïque », sur le ton
le- plus - eentoe'nei-e1..1S¿nlEmt"'pul'Hain, :
indiquait aux Français « la seule
voie » (the only way) qu'ils devaient
cho:sir. « le front de l'âme » (the
front of soul) q.u'i'l leur fallait cons-
ttt.uer en « vieux chrétiens » qu'ils
sont.
Jean RIONDÉ.
Les Anglo-Américains accumulent les crimes
Une chapelle ardente...
Devant la porte de la mairie, de banlieue drapée de crêpe, de jeu-
nes volontaires montent la garde.
A gauche, autour d'une table, un secrétaire de mairie, assisté d'in-
firmiè,r es, compulse des papiers, note. des renseignements.
. — Vous dites ? Une dame, quarante-deux ans, brune, manteau
beige, souliers de daim... Quelques minutes, voulez-vous ?
Les renseignements volent de main en main, de bouche en bou-
che. ,
— Nous avons une quarantaine
de cadavre,s non identifiés...
A droite, à gauche, deux intermi-
nables rangées de cercueils de tou-
tes tailles sont alignés et numéro-
tés.
47. Non identifié, homme, cinquan-
te ans, chauve, moustaches grises,
tricot marron à fermeture éclair.
49. Enfant, ne pas ouvrir.
70. Débris et une main d'homme.
117. Jeune homme brun, chemise
payée, non identifié.
118. Petite fille chapeautée, non
identifiée.
137. Ne pa.s ouvrir.
138. Ne pas ouvrir.
Dans les travées, c'est la lente et
émouvante procession des parents
qui viennent une dernière fois em-
brasser leurs morts.
Voici une femme en deuil, les
yerux rougis de larmes. Deux pan-
sements aux jambes et le bras ban-
dé. Elle défaille brusquement de-
vant le cercueil qui contient les
restes ensanglantés de celui qui fut
son mari.
Là, c'est un ouvrier en cotte I
A RENNES, LE DERNIER RAID
a fait plus de 300 tués
Sept nouveaux cadavres, retirés
des décombres, ont été amenés hier
au dépôt mortuaire du centre d'ac-
cueil. Une trentaine de disiparus res-
tent encore sous les ruines
Le nombre des victimes dépassera
donc de beaucoup le chiffre de 300.
bléue. Depuis hier sa femme a dis-
paru. Accompagmé d'une infirm.è-
re, un à un il relève le.s suaires de
papier.
— Non, non, ce n'est pas elle...
Et il continue ses sanglantes re-
cherches.
Ici, c'est une petite fille. Derrière
ses pleurs on perçoit ces pauvres,
mots : -
— Maman, maman. Où es-tu, ma.
man ?
Dans les bières les visages cris-
pés, englués de sang sous une pâ-
leur cireuse, semblent crier leur
horreur à travers leurs lèvres gla-
cées.
Les visages des ca,da,vrt>.s non en-
core identifiés sont tous découverts.
Sur l'emplacement de leur poitrine
une brève fiche de renseignements
et, dans une petite enveloppe uni-
forme, sont enfermés leurs papleis
ou leurs pauvres bijoux.
D-es alliances, des bagues de, qua-
tre sous, un clip, un débris de 6ae
à main, un reste de oportefeuille...
Cent vingt-huit bières 1 gisent à
même le sol.
Dans la deuxième travée, sur la
droite, sont allongés deux petits
corps affreusement mutilés, l'un à
la tête et l'autre aux pieds. Ce sont
deux gosses, deux frères.
Le plus grand a gardé ses yeux
bleus immensément ouverts. L'au-
tre, un garçonnet blond, la bouche
effroyablement béante, semble ap-
peler à son secours son grand frère j
allongé à ses propres pieds, le cou
entièrement sectionné. L
(Photo D.N.P.)
.i .IM.,1 — .y; MMiMlWIWBlÉ. \
Les sapeurs-pompiers et la défense passive recherchant lu victimes dans les ruines.
(Photo D.N.P.)
A ANVERS
180 ENFANTS
ENSEVELIS
VIVANTS
sous leur école écrasée
par les bombes américaines
BERLIN, 6 Avril.
Au cours du bombardement effectué hier après-midi sur la ville
d'Anvers par des avions américains, une école située dans un Quartier
populeux a été atteint et s'est
seg
ruines 180 enfants qui s'étaient
réfugiè3 dans la cave. Jusqu'ici,
malgré les efforts des pompiers et
des soldats allemands qui collabo-
rent aux opérations de sauvetage,
aucun de ces malheureux enfants
n'a pu être retiré vivant.
fcDans d'autres quartiers de la
ville les bombardiers américains
ont détruit ou incendié de nom-
breux bâtiments. Plusieurs centai-
nes de cadavres gise-nt encore sous
les décombres.
Les équipages américains
avaient été bénis
par l'archevêque
de New-York
LONDRES, 6 Avril.
Les membres des équipages des
appareils américains qui ont bom-
bardé Anvers, lundi après-midi,
ont pris le départ, bénis par Mgr
Spellmann, archevêque de New-
York.
Dans la nuit de dimanche à lun-
dt avant le début de l'opération,
Mgr Spellmann, accompagné par le
général de brigade Longfellow, a
visité plusieurs aérodromes, don-
nant sa bénédiction aux membres
catholiques de la-. huitième flotte
aérienne américaine.
PITIÉ POUR LA MUSIQUE !
Comment le secrétaire d Etat
A LA JEUNESSE
entend l'enseignement du chant
Dès l'armistice et l'institution des Chantiers 'de jeunesse, les diri-
geants se préoccupèrent du rôle que le chant choral devait tenir dans l'édu-
cation. Pour former à l'ordre et l'harmcnie, à toutes les formes d'ordre et
d'harmonie, des adolescents de quatorze à vingt ans, la musique devenait un -
élément nécessaire. Aussi bien l'exemple des peuples voisins attestait-il
cette nécessité de façon péremptoire.
Maineureusement, on s'avisa rapi-
dement que tout demeurait à créer
dans ce domaine. Et pour cause :
l'enseignement du 'chant n'avait ja-
mais occupé qu'une place assez né-
laires ; à l'armée, nous avons tous
la mémoire des refrains, assez
agréablement gaillards — soyons jus-
tes — qui, brailles le long des routes
égayaient les manœuvres, non sans
une méconnaissance absolue des
lois du juste ton et de l'ensemble.
Tout cela n'était guère sérieux.
Il fut donc décidé de créer un
corps de moniteurs, recruté parmi
, des professionnels de la musique ;
i ces jeunes gens, à en juger d'après
, ceux que nous connaissons, étaient
aptes à tous points de vue, par leur
formation morale et leur culture, à
1 la mission qu'on leur destinait. Mais
je laisse la parole à l'un d'eux ;
. , Nous étions grassement rému-
nérés : 21 fr. 50 pour une heure de
leçon, sans frais de déplacement...
gi'jmgorte : nous nous sommes toile
^irt-fib»ë'~trcirr^W"'atUetir "ê"t -
les résultats ne se firent _pa"! at-
tendre : ils promettaient d'être
excellents, là du moins où nos ini-
tiatives n'étaient pas systématique-
ment sabotées par des chefs encore
imprégnés de l'esprit d'avant la.
guerre ou de la mystique patronage-
culotte de peau. Un exemple :
j avais réussi, dans un chantier voi-
de la capitale, à former près da
400 garçons au chant choral;- à leur
inculquer le goût de la vraie mélo-
die et du répertoire si merveilleuse-
ment riche de notre folklore. C'était
une joie que de les enseigner... Et
puis...
» Et puis, en décembre dernier,
chacun de nous reçut une lettre, par
laquelle le secrétariat de la Jeunesse
nous invitait à un stage au château
de Lantenay, en Côte-d'Or, afin d'y
devenir, nous aussi, chefs de chan-
tier. Nou-s n'en demandions pa«
tant. Je passe sur l'emploi de notre
temps durant ces huit journées
d études : abatage des arbres, mar-
ches de 35 kilomètres, l'estomac
creux le plus souvent. Puis, au re-
tour. silence. Un silence qui a duré
jusqu'à ces jours-ci.
» Des camarades, inquiets, se ren-
dirent au secrétariat. On leur y ap-
prit que leur emploi de moniteur
était supprimé, considéré désor-
mais comme inutiile. Quelques-uns
d'entre eux furent « repêchés » er.
qualité de chefs de chantier, en çr-
fet, mais avec défense d'enseigner le
chant. Cette dernière tâche étant
confiée R. des professeurs de... gym-
.na.s.tique, dont le crémier soin fut
replonger avec délices leurs élèv.i
dans l'esthétique militaire d'avant
1914. Ma belle chorale fut désormais
conviée à exécuter cette œuvre im-
mortelle :
Les voyez-vous,
Les dragons, les hussards, la garde...
» Il n'y manquait plus que le re-
frain classique :
C'est Lamirand, rand, rand, etc.
» Inutile d'ajouter que l'ensemble
est déjà. démoli, les voix fraîches
« cassées », le goût. inculqué A.
grand'peine, irrémédiablement faus-
sé. C'est tout. C'est triste... »
René PERNOUD.
Dans le Kouhan, les bolcheviks
malgré leurs attaques répétées
n'ont obtenu aucun résultat
(Photo Fama.)
Dans une rue de Kharkov, après
le nettoyage des maisons occu-
pées par les bolcheviks, des sol-
dats allemands ont découvert un
piano. L'un d'eux plaque quel-
ques accords et bientôt une chan-
son gaie s'élève dans la rue...
BERI.IN, 6 Avril.
Les observateurs ont pu constater que. dan8 l'ensemble du secteur du
Kouban inférieur, l'ennemi procède à d'importantes concentrations d'ar-
tullerie. Son aviation redouble également d'activité. Un feu de barrag'8
f-*pr^C 'eS attaques dirigées jusqu'à présent vers le côté est de la
tête de pont. L.es Soviets ont mr.s -(>,nc-:Hgne des forces représentant plu-
sieurs divisions fortement appuyées par des chars. Jusqu'à présent ils
n ont obtenu aucun succès.
S'il se confirmait que le haut commandement .soviétique veuille
mettre a profit le calme relatif qui règne sur les autres secteurs du
front pour frapper un grand coup
contre la base allemande située sur
le front ouest de la région du Cau-
il faut s'attendre Ii ce que
bientôt la flotte' également en act'on en mer Naire,
"ar l'ennemi tentera une attaque
combinée par terre et nar mer.
MÉRIDIEN DE PARIS Le droit de dire "Je" par FERNAND DIVOIRE
PARMI I es droits que lui contè.
rsnt les devoirs qu'il a assumés
dans un moment tragique où
'f n'y avait plus que fuite et déliques.
cence, le maréchal Pétain a le droit
de dire Je.
■ Lorsque, dans son message, il em-
ploie ces deux petites lettres, cela né
_veut pas dire Moi, Philippe Pétain,
cela veut dire : Moi, le chef de l'Etat,
moi, I homme investi régulièrement, par
I assemblée alors en exercice, du droit
de parler au nom de la France. Ce Je
n est pas une marque d'orgueil mais
plutôt la marque de l'esprit de sacri.
fice d 'un homme qui a accepté de
s'identifier avec la défaite, avec aussi
tout I avenir de renaissance morale au-
quel il n'a cessé de croire.
Le Je du maréchal Pétain, c'est un
peu une couronne d'épines.
[ C'est à la I umiere de cette pensée
que j'ai rellu ces phrases :
« Aux principes que j'ai édictés;
vous n avez pas ménagé votre assenti-
ment. Vos lettres par milliers, les plain-
tes même qui montaient vers moi... Md
volonté de donner à la France le ré-
gime d'autorité que conseillent la rai-
son des plus sages et le bon sens du
grand nombre... J'ai voulu aussi don-
ner aux travailleurs des campagnes leur
organisatio'n... Il me faut mieux que
l'obéissance de la jeunesse, il tne faut
sa conviction ardente... Ma pensée re
vous quittera pas... »
Oui, voilà un Je d'au delà du Je.
Et je ne comprends pas les écrivains
ou les acteurs qui, après cela, osent
encore dire Je.
LA NUIT PROCHAINE
camouflez vos lumières
de 20 h. 56 à 6 h. 49
M. ALEXANDRE MILLERAND
EST MORT CE MATIN
L'état de santé de lU. Alexandre
Millerand avait nécessité, après con-
ImItation de son médecin habituel
le docteur Veslot et du docteur Bar-
ragué, une opération chirurgicale
qui a eu lieu hier en fin d'après-
midi.
Malgré cette intervention, l'ancien
président de la République est dé-
cédé ce* matin.
M. Alexandre Millerand était né
à Paris en 1859. D'abord avocat,
il entra de bonne heure dans la po-
litique et s'inscrivit au parti so-
cialiste. Elu député de Palis en
1885, il fit ses débuts dans qes con-
seils du gouvernement comme mi-'
nistre du Commerce dans le cabi-
net Waldeck-Rousseau'. En 1920,
après la démission de M. Descha-
nel, il fut élu président de la Ré-
publique mais dut se retirer en juin
1914.
Il était membre de l'Académie
rte s sciences morales et politiques
depuis 1918.
Sur les bords de la Neva, le fusil d'un bolchevik tué a iid olontâ
dans le sol. Une pancarte a été clouée sur la crosse avac ces mots 1
« Attention 1 Vue sur les lignes ennemies. Baisser. !a tête. »
f Pn¡;;f.r¡ À. B.C.)
l DERNIÈRE
ÉDITION
33" ANNEE. — N° 5337 MARDI 6 AVRIL 1943 37. rue du Louvre. Paria
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LE NUMÉRO : UN FRANC. - Abonnem: 1 mois. 24 fr.; 3 'màis, 70 fr.; 6 moîs.' 130 fr.: 1 an, 250 fr.(t.c.Paris* 3715-4S)
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dans « Paris-Midi, »
"le Témoin sans visage"
roman policier de Géo Duvic
En deuxième page : le « Savoir Vivre »
10 h. 30
De Lisbonne :
Le Comité national français de Londres vient j
d'annoncer que le général Eisenhower a demandé à 4
de Gaulle d'ajourner son voyage én Afrique du Nord. :j
L'ex-général et le Comité national regrettent ce J
délai qui leur est imposé et qui est de nature à leur J
causer de sérieux préjudices. De Gaulle et plusieurs 1
membres du Comité national étaient en effet prêts <
depuis, plusieurs jours à partir pour Alger. !
Eisenhower n'a fourni aucune précision sur la
durée de cet ajournement. Dans les mêmes milieux
émigrés, on déclare. en dernière heure que ce sont
des considérations d'ordre militaire qui ont amené
le général Eisenhower à prendre cette décision.
Les Anglo-Américains accumulent les crimes
JOURNÉE DE DEUIL DEMAIN A PARIS
L'attentat de dimanche
a fait plus de 250 morts
et 700 blessés graves
On a établi, dans la soirçe
d'hier, ce tragique bilan, bien pro-
visoire. Le bombardement anglo-
américain a fait 250 morts et
plus de 700 blessés graves.
Pendant la journée d'hier et
cette nuit, d'innombrables équipes
de sauveteurs ont retiré de nou-
veaux corps ensevelis sous les dé-
combres. De nombreux emmurés
vivants étaient retirés d'heure en
heure.
C'est ainsi qu'en fin d'après-
midi on a pu sortir d'une cave
Mme Caquinte et la petite Jac-
queline Peubreuil, huit ans, tou-
tes deux enterrées depuis trente-
huit heures.
Mais la petite Jeannine Condu-
chet, douze ans, et sa mère, en-
sevelies dans la cave tragique de
la rue des Quatre-Cheminées, sont
mortes avant que les sauveteurs
aient pu parvenir jusqu'à elles.
On les avait entendues agoniser
pendant vingt-quatre heures sans
qu'il soit possible d'aller jusqu'à
elles...
Obsèques nationales
demain, à 10 heures
Les obsèques nationales auront
lieu demain, à dix heures, simul-
tanément dans trois communes et
dans un arrondissement de Pa-
ris.
Demain, mercredi 7 avril, et
dans la nuit du 7 au 8 avrill, la
nation observera le deuil natio.
nal. Tous les établissements de
plaisir, tlieâlrcFR, cinémas, etc., se-
ront fermés. Les manifestations
en plein air, courses hippiques,
réunions sportive?, cynodromes,
sont interdites. Les restaurants
cafés, brasseries resteront ouverts,
m,aiS! sains orchestre et sans at.
tractions.
Dans la chapelle ardente d une cité de la banlieue parisienne, une
j-eune femme, qu'assiste une religieuse, vient reconnaître le corps de
son enfant, innocente victime des bombes américaines.
k (Photo Paris-Mid..)
DANS LE SILENCE, APRÈS LE CARNAGE
les sauveteurs s'acharnent sur les décombres
pour en arracher les victimes
Ma,lgré la cascade de pierres qui tombent dans les bennes des
camions, malgré le piétinement de la foule, le va-et-vient d'une huma-
nité rescapée, le flux et le reflux des promeneurs angoissés et les
appels dans les ruines poudreuses, on est saisi par le silence, le silence
fatidique, cruel, infernal, qui pèse sur ce quartier secoué. Un silence
qui brise les oreilles, ce silence de l'enfer éteint.
Le soleil perce les yeux. La poussière, la poussière blanche qui
dresse dans le vent des fantômes de revenants, saisit et cloisonne la
gorge.
On nous a conduits vers une rua.
Sans la poussière, sans l'armée paci-
fique de.3 sauveteurs qui veillent de-
puis vingt-trois heures, la rue ne
montrerait rien d'insolite pour qui ne
sait voir. Des maisons sont toujours
des maisons tant qu'elles tiennent
debout. Mais les gouttières pendent
comme des bras décharnés. Les fe-
nêtres, mille fenêtres, sont des yeux
crevés. Au milieu de la rue, un
chantier de démolition.
Des hommes travaillent. Des ca-
- mions stationnent un instant de-
vant l'énorme tas de pierres d'où
surgissent des flèches de charpen-
tes. Il faut cinq minutes pour
que la benne soit chargée. Un au-
tre camion avance de quelques mè-
tres. En haut de l'ampncelleiment
de ferrailles et de briques, un
homme, une sorte de brave homme,
paraît commander l'assaut contre
les ruines. On me dit que c'est le
maire d'une autre commune, Viry-
Châtillon, Il passait, hier, quand les
sirènes s'époumounaient. Comme les
autres, .il s'est jeté sous un porche.
Après la chute impitoyable des af-
freuses semences de mort, il s'est
mêlé aux équipes de sauvetage. Ils
sont cent, mille comme lui, que je
vois les uns après les autres titu-
ber de fatigue...
Ensevelis dans les caves
M. le maire, qui passait, est resté
sur la brèche d'un hôtel meublé de |
la rue. On ne connaît pas le plan
des caves de l'hôtel, mais on sait
que des gens appellent. D'abord, ce
fut une voix de jeune fille qui chan-
tait un cantique de la souffrance.
Hier matin on crut approcher. Les
civières étaient prêtes, les portes
d'une ambulance s'ouvraient. La i
voix paraissait toute proche. Mais j
non. Il n'y avait derrière la cloi- j
son que les pioches renversaient i
qu'un boyau vide, bouché par les j
éboulis. Où sont les cave8 ? La j
jeune fille n'appelle plus. Son père ]
e,t sa mère ont été ensevelie près
d'eHe. Elle-même est morte étouffée.
Le maire écoute l'inquiétante dé-
position d'une petite viei,lle qui sort I
en clopinant d'autres ruines. !
— Ils ne sont pas trois sous la
maison... Ils sont dix ou douze.
Tous les locataires de l'hôtel:
Dans le même moment un ouvrier i
vient près d'eux. Il passe sa main
blanchie Dar la poussière sur son
visage grimaçant de sueur de midi.
— M'sie.u le maire, la jeune fille, ]
elle appelle encore. j
Les sauveteurs au travail
Des jeunes, des vieux, des fem-
mes, des bles;,és aident à remuer les
pierres. Les agents écartent les bras
pour empêcher les curieux de pas-
ser. Et la maison est une pauvre
v e lie maison eitondrée an miMeu
d'un immense quartier dévasté...
C'est partout comme cela. Le soleil
illumine impitoyablement le mal-
heur, la, chaleur fait monter des i
odeurs sauvages. Il n'y a que le
timbre grêle de. l'ambulance pour
donner le P' de- ouHMés. Sto.ns-
nom. des défigurés, des lacérés, des
écrasés, qui dorment sous la ville
saignante. ,
LA LIGNE DROITE
" Dans vos mains "
Une phrase particulièrement forte et
nette concluait le récent message du
chef de l'Etat, une phrase qui, pleine-
ment comprise et appliquée, pourrait
beaucoup changer l'avenir français et
arré, er une progressive et lamentable
décadence : « Le saluf de la France,
affirmait le Maréchal, ne lui viendra
pas du dehors. Il est dans nos mains.
dans vos mains. »
Trop de Français, abusés ou pas-
sionnés, attendent, en effet, leur salut
d 'autrui. Ils semblent croire qu'il suf-
fit de se laisser bercer par les chimères
que leur dispense la propagande étran-
gère ou dissidente pour se montrer bons
citoyens. C'est ainsi qu'ils en arrivent
à cette absurdité de tenir pour respon-
sables des conséquences de la défaite
non ceux qui en ont été les causes,
mais ceux qui, comme le Maréchal lui-
même et les membres de son gouverne-
ment, se sont efforcés, jour après iour,
illassablement. difficilement, ard-em-
ment, d'atténuer nos maux.
C'est ainsi également qu'oublieux des
leçons de la plus immédiafe histoire
certains louent le réqime d'hier qu'ils
confondent fallacieusement avec la pros-
périté et la paix, alors que c'est ce ré-
qui a déclenché la guerre et pré-
cipité la défaite.
Ferme, lucide, mesuré, ardent, pater-
nel, le message du chef de l'Etat trace
à tous, aux heures graves que nous vi.
vons, la voie du devoir national. Par
delà les haines et les éqoïsmes, les
rancunes et les chimères, il appelle les
Français à cette grande Sagesse du tra-
vail faiseur d'unité qui, seul, peut pré-
parer un avenir mo.ns sombre que lp
présent.
Par sa fidélité à la terre, sa dignité,
sa patience, ^ son labeur, le chef de
l'Etat se révèle, une fois de plus, pour
tous, non seulement le plus sûr des gui-
des, le plus nécessaire des fédérateurs,
mais encore le plus pathétique et le
Plus haut des exemples.
Jean-Pierre MAXENCE.
Les Anglo-Américains accumulent les crimes
Le dernier
massacre
" rentable "
de nos
" libérateurs "
« Le bombardement des maisons est
plus rentable que celui des usines. »
HARRIS.
maréchal anglais de l'air.
La dernière agression des avia-
teurs anglo-américains sur Paris
et sa banlieue a révélé de façon
particulière la froide cruauté de
nos « libérateurs ».
Ce serait une macabre .plaisan-
terie que, d'essayer d'expliquer -ce
nouveau crime par une raison mi-
litaire quelconque. Lorsque ces
parfaits assassins auraient démoli
| une 0/,(, deux entreprises d'arme-
j ment — ce qui n'est pas le cas
\ — ils n'auraient pas abrégé la
guerre d'un jour ni porté à l'Al-
lemagne un coup tant soit peu
grave.
Un résultat, par contre, était ac-
quis d'ava),tce : bombarder, par une
des premières bel es journées do-
minicales de l'année, un quartier
parisien où la densité des prome-
neurs était certaine, c'était vou-
loir tuer des innocents pair cen-
taines. C'est bien exactement ce
qui s'est produit.
Nous rappelions récemment que
le nommé Sinclair, ministre anglais
de l'Air, ' faisait état du million
d'êtres humains qui sè trouvaient
privés de foye s du fait de l'action
de la R.A.F. Avec un rire de hyè-
ne. ce misérable, qui a préconisé
non plus les coups « au but » mais
le bombardement de « zo'ne,s entiè-1
res », aura pu à loisir augmenter l,a
liste de ses victimes. Une fois de
plus, comme dit son subordonné le
maréchal Harris, l'opération a été
« rentable ».
Il y a un? dizaine de jours, il
nous fut donné d'entendre un prê-
che fait en langue anglaise à Ra-
dEo-Londres,
Le « révérend laïque », sur le ton
le- plus - eentoe'nei-e1..1S¿nlEmt"'pul'Hain, :
indiquait aux Français « la seule
voie » (the only way) qu'ils devaient
cho:sir. « le front de l'âme » (the
front of soul) q.u'i'l leur fallait cons-
ttt.uer en « vieux chrétiens » qu'ils
sont.
Jean RIONDÉ.
Les Anglo-Américains accumulent les crimes
Une chapelle ardente...
Devant la porte de la mairie, de banlieue drapée de crêpe, de jeu-
nes volontaires montent la garde.
A gauche, autour d'une table, un secrétaire de mairie, assisté d'in-
firmiè,r es, compulse des papiers, note. des renseignements.
. — Vous dites ? Une dame, quarante-deux ans, brune, manteau
beige, souliers de daim... Quelques minutes, voulez-vous ?
Les renseignements volent de main en main, de bouche en bou-
che. ,
— Nous avons une quarantaine
de cadavre,s non identifiés...
A droite, à gauche, deux intermi-
nables rangées de cercueils de tou-
tes tailles sont alignés et numéro-
tés.
47. Non identifié, homme, cinquan-
te ans, chauve, moustaches grises,
tricot marron à fermeture éclair.
49. Enfant, ne pas ouvrir.
70. Débris et une main d'homme.
117. Jeune homme brun, chemise
payée, non identifié.
118. Petite fille chapeautée, non
identifiée.
137. Ne pa.s ouvrir.
138. Ne pas ouvrir.
Dans les travées, c'est la lente et
émouvante procession des parents
qui viennent une dernière fois em-
brasser leurs morts.
Voici une femme en deuil, les
yerux rougis de larmes. Deux pan-
sements aux jambes et le bras ban-
dé. Elle défaille brusquement de-
vant le cercueil qui contient les
restes ensanglantés de celui qui fut
son mari.
Là, c'est un ouvrier en cotte I
A RENNES, LE DERNIER RAID
a fait plus de 300 tués
Sept nouveaux cadavres, retirés
des décombres, ont été amenés hier
au dépôt mortuaire du centre d'ac-
cueil. Une trentaine de disiparus res-
tent encore sous les ruines
Le nombre des victimes dépassera
donc de beaucoup le chiffre de 300.
bléue. Depuis hier sa femme a dis-
paru. Accompagmé d'une infirm.è-
re, un à un il relève le.s suaires de
papier.
— Non, non, ce n'est pas elle...
Et il continue ses sanglantes re-
cherches.
Ici, c'est une petite fille. Derrière
ses pleurs on perçoit ces pauvres,
mots : -
— Maman, maman. Où es-tu, ma.
man ?
Dans les bières les visages cris-
pés, englués de sang sous une pâ-
leur cireuse, semblent crier leur
horreur à travers leurs lèvres gla-
cées.
Les visages des ca,da,vrt>.s non en-
core identifiés sont tous découverts.
Sur l'emplacement de leur poitrine
une brève fiche de renseignements
et, dans une petite enveloppe uni-
forme, sont enfermés leurs papleis
ou leurs pauvres bijoux.
D-es alliances, des bagues de, qua-
tre sous, un clip, un débris de 6ae
à main, un reste de oportefeuille...
Cent vingt-huit bières 1 gisent à
même le sol.
Dans la deuxième travée, sur la
droite, sont allongés deux petits
corps affreusement mutilés, l'un à
la tête et l'autre aux pieds. Ce sont
deux gosses, deux frères.
Le plus grand a gardé ses yeux
bleus immensément ouverts. L'au-
tre, un garçonnet blond, la bouche
effroyablement béante, semble ap-
peler à son secours son grand frère j
allongé à ses propres pieds, le cou
entièrement sectionné. L
(Photo D.N.P.)
.i .IM.,1 — .y; MMiMlWIWBlÉ. \
Les sapeurs-pompiers et la défense passive recherchant lu victimes dans les ruines.
(Photo D.N.P.)
A ANVERS
180 ENFANTS
ENSEVELIS
VIVANTS
sous leur école écrasée
par les bombes américaines
BERLIN, 6 Avril.
Au cours du bombardement effectué hier après-midi sur la ville
d'Anvers par des avions américains, une école située dans un Quartier
populeux a été atteint et s'est
seg
ruines 180 enfants qui s'étaient
réfugiè3 dans la cave. Jusqu'ici,
malgré les efforts des pompiers et
des soldats allemands qui collabo-
rent aux opérations de sauvetage,
aucun de ces malheureux enfants
n'a pu être retiré vivant.
fcDans d'autres quartiers de la
ville les bombardiers américains
ont détruit ou incendié de nom-
breux bâtiments. Plusieurs centai-
nes de cadavres gise-nt encore sous
les décombres.
Les équipages américains
avaient été bénis
par l'archevêque
de New-York
LONDRES, 6 Avril.
Les membres des équipages des
appareils américains qui ont bom-
bardé Anvers, lundi après-midi,
ont pris le départ, bénis par Mgr
Spellmann, archevêque de New-
York.
Dans la nuit de dimanche à lun-
dt avant le début de l'opération,
Mgr Spellmann, accompagné par le
général de brigade Longfellow, a
visité plusieurs aérodromes, don-
nant sa bénédiction aux membres
catholiques de la-. huitième flotte
aérienne américaine.
PITIÉ POUR LA MUSIQUE !
Comment le secrétaire d Etat
A LA JEUNESSE
entend l'enseignement du chant
Dès l'armistice et l'institution des Chantiers 'de jeunesse, les diri-
geants se préoccupèrent du rôle que le chant choral devait tenir dans l'édu-
cation. Pour former à l'ordre et l'harmcnie, à toutes les formes d'ordre et
d'harmonie, des adolescents de quatorze à vingt ans, la musique devenait un -
élément nécessaire. Aussi bien l'exemple des peuples voisins attestait-il
cette nécessité de façon péremptoire.
Maineureusement, on s'avisa rapi-
dement que tout demeurait à créer
dans ce domaine. Et pour cause :
l'enseignement du 'chant n'avait ja-
mais occupé qu'une place assez né-
laires ; à l'armée, nous avons tous
la mémoire des refrains, assez
agréablement gaillards — soyons jus-
tes — qui, brailles le long des routes
égayaient les manœuvres, non sans
une méconnaissance absolue des
lois du juste ton et de l'ensemble.
Tout cela n'était guère sérieux.
Il fut donc décidé de créer un
corps de moniteurs, recruté parmi
, des professionnels de la musique ;
i ces jeunes gens, à en juger d'après
, ceux que nous connaissons, étaient
aptes à tous points de vue, par leur
formation morale et leur culture, à
1 la mission qu'on leur destinait. Mais
je laisse la parole à l'un d'eux ;
. , Nous étions grassement rému-
nérés : 21 fr. 50 pour une heure de
leçon, sans frais de déplacement...
gi'jmgorte : nous nous sommes toile
^irt-fib»ë'~trcirr^W"'atUetir "ê"t -
les résultats ne se firent _pa"! at-
tendre : ils promettaient d'être
excellents, là du moins où nos ini-
tiatives n'étaient pas systématique-
ment sabotées par des chefs encore
imprégnés de l'esprit d'avant la.
guerre ou de la mystique patronage-
culotte de peau. Un exemple :
j avais réussi, dans un chantier voi-
de la capitale, à former près da
400 garçons au chant choral;- à leur
inculquer le goût de la vraie mélo-
die et du répertoire si merveilleuse-
ment riche de notre folklore. C'était
une joie que de les enseigner... Et
puis...
» Et puis, en décembre dernier,
chacun de nous reçut une lettre, par
laquelle le secrétariat de la Jeunesse
nous invitait à un stage au château
de Lantenay, en Côte-d'Or, afin d'y
devenir, nous aussi, chefs de chan-
tier. Nou-s n'en demandions pa«
tant. Je passe sur l'emploi de notre
temps durant ces huit journées
d études : abatage des arbres, mar-
ches de 35 kilomètres, l'estomac
creux le plus souvent. Puis, au re-
tour. silence. Un silence qui a duré
jusqu'à ces jours-ci.
» Des camarades, inquiets, se ren-
dirent au secrétariat. On leur y ap-
prit que leur emploi de moniteur
était supprimé, considéré désor-
mais comme inutiile. Quelques-uns
d'entre eux furent « repêchés » er.
qualité de chefs de chantier, en çr-
fet, mais avec défense d'enseigner le
chant. Cette dernière tâche étant
confiée R. des professeurs de... gym-
.na.s.tique, dont le crémier soin fut
replonger avec délices leurs élèv.i
dans l'esthétique militaire d'avant
1914. Ma belle chorale fut désormais
conviée à exécuter cette œuvre im-
mortelle :
Les voyez-vous,
Les dragons, les hussards, la garde...
» Il n'y manquait plus que le re-
frain classique :
C'est Lamirand, rand, rand, etc.
» Inutile d'ajouter que l'ensemble
est déjà. démoli, les voix fraîches
« cassées », le goût. inculqué A.
grand'peine, irrémédiablement faus-
sé. C'est tout. C'est triste... »
René PERNOUD.
Dans le Kouhan, les bolcheviks
malgré leurs attaques répétées
n'ont obtenu aucun résultat
(Photo Fama.)
Dans une rue de Kharkov, après
le nettoyage des maisons occu-
pées par les bolcheviks, des sol-
dats allemands ont découvert un
piano. L'un d'eux plaque quel-
ques accords et bientôt une chan-
son gaie s'élève dans la rue...
BERI.IN, 6 Avril.
Les observateurs ont pu constater que. dan8 l'ensemble du secteur du
Kouban inférieur, l'ennemi procède à d'importantes concentrations d'ar-
tullerie. Son aviation redouble également d'activité. Un feu de barrag'8
f-*pr^C 'eS attaques dirigées jusqu'à présent vers le côté est de la
tête de pont. L.es Soviets ont mr.s -(>,nc-:Hgne des forces représentant plu-
sieurs divisions fortement appuyées par des chars. Jusqu'à présent ils
n ont obtenu aucun succès.
S'il se confirmait que le haut commandement .soviétique veuille
mettre a profit le calme relatif qui règne sur les autres secteurs du
front pour frapper un grand coup
contre la base allemande située sur
le front ouest de la région du Cau-
il faut s'attendre Ii ce que
bientôt la flotte'
"ar l'ennemi tentera une attaque
combinée par terre et nar mer.
MÉRIDIEN DE PARIS Le droit de dire "Je" par FERNAND DIVOIRE
PARMI I es droits que lui contè.
rsnt les devoirs qu'il a assumés
dans un moment tragique où
'f n'y avait plus que fuite et déliques.
cence, le maréchal Pétain a le droit
de dire Je.
■ Lorsque, dans son message, il em-
ploie ces deux petites lettres, cela né
_veut pas dire Moi, Philippe Pétain,
cela veut dire : Moi, le chef de l'Etat,
moi, I homme investi régulièrement, par
I assemblée alors en exercice, du droit
de parler au nom de la France. Ce Je
n est pas une marque d'orgueil mais
plutôt la marque de l'esprit de sacri.
fice d 'un homme qui a accepté de
s'identifier avec la défaite, avec aussi
tout I avenir de renaissance morale au-
quel il n'a cessé de croire.
Le Je du maréchal Pétain, c'est un
peu une couronne d'épines.
[ C'est à la I umiere de cette pensée
que j'ai rellu ces phrases :
« Aux principes que j'ai édictés;
vous n avez pas ménagé votre assenti-
ment. Vos lettres par milliers, les plain-
tes même qui montaient vers moi... Md
volonté de donner à la France le ré-
gime d'autorité que conseillent la rai-
son des plus sages et le bon sens du
grand nombre... J'ai voulu aussi don-
ner aux travailleurs des campagnes leur
organisatio'n... Il me faut mieux que
l'obéissance de la jeunesse, il tne faut
sa conviction ardente... Ma pensée re
vous quittera pas... »
Oui, voilà un Je d'au delà du Je.
Et je ne comprends pas les écrivains
ou les acteurs qui, après cela, osent
encore dire Je.
LA NUIT PROCHAINE
camouflez vos lumières
de 20 h. 56 à 6 h. 49
M. ALEXANDRE MILLERAND
EST MORT CE MATIN
L'état de santé de lU. Alexandre
Millerand avait nécessité, après con-
ImItation de son médecin habituel
le docteur Veslot et du docteur Bar-
ragué, une opération chirurgicale
qui a eu lieu hier en fin d'après-
midi.
Malgré cette intervention, l'ancien
président de la République est dé-
cédé ce* matin.
M. Alexandre Millerand était né
à Paris en 1859. D'abord avocat,
il entra de bonne heure dans la po-
litique et s'inscrivit au parti so-
cialiste. Elu député de Palis en
1885, il fit ses débuts dans qes con-
seils du gouvernement comme mi-'
nistre du Commerce dans le cabi-
net Waldeck-Rousseau'. En 1920,
après la démission de M. Descha-
nel, il fut élu président de la Ré-
publique mais dut se retirer en juin
1914.
Il était membre de l'Académie
rte s sciences morales et politiques
depuis 1918.
Sur les bords de la Neva, le fusil d'un bolchevik tué a iid olontâ
dans le sol. Une pancarte a été clouée sur la crosse avac ces mots 1
« Attention 1 Vue sur les lignes ennemies. Baisser. !a tête. »
f Pn¡;;f.r¡ À. B.C.)
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