Titre : Paris-midi : seul journal quotidien paraissant à midi / dir. Maurice de Waleffe
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1919-06-06
Contributeur : De Waleffe, Maurice (1874-1946). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32832672n
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 06 juin 1919 06 juin 1919
Description : 1919/06/06 (A9,N2300). 1919/06/06 (A9,N2300).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4733250t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-229
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/12/2017
LA VIE INTELLECTUELLE
A la Nouvelle Revue Française
C'est avec plaisir qu'on a vu reparaî
tre la Nouvelle Revue Française. Commi
Ile rappelle le nouveau directeur, M. Jo
,seph Rivière, elle ,a été fondée en 1901
par un groupe de sept écrivains : Andr(
Gide, Michel Arnauld, Jacques Copeau
Henri Ghéon, André Huyters et Jear
Schlumberger. A cette pléiade originelle
,se sont adjointes les étoiles de grandeurs
inégales et de genres divers.
Evidemment, M. André Gide exerçait
iii-ne influence sur plusieurs de ses col-
laborateurs, mais non pas sans doute sur
.M. Paul Claudel ou sur Charles Péguy,
par exemple. Lui-même, M. Gide est
quelque peu incertain et flottant. Et des
dieux très différents sontpubliés concurremment dans' la mai-
son : ainsi Jules Renard et Charles-Louis
Philippe voisinent sur les sommaires et
catalogues à côté de l'auteur de VAnnon-
ce faite à Marie.
En somme, il n'y avait pas beaucoup
d'unité dans cette Nouvelle Revue Fran-
çaise, mais c'est précisément ce qui en
faisait le charme. Il y avait seulement
une certaine tenue de rigueur : toute
:rrùse littéraire négligée était sérieuse-
:ment re'fusée au contrôle. POUT le sur-
plus, chacun tirait de son côté.
Espérons que cet heureux et fécond
(libéralisme persistera, malgré les décla-
rations de M. Jacques Rivière, qui, dans
sa 'leçon de réouverture annonce un es-
prit doctrinaire un peu inquiétant. 1l
paraît que les principaux collaborateurs
de la Revue ont maintenant des opi-
nions fermes sur tous sujets, et même
des opinions politiques.
En-effet, il a couru de mauvais bruits
là cet égard. Heureusement, M. Jacques
.Rivière nous rassure un peu en avouant
que si ses compagnons ont tous des opi-
nions, ils n'ont pas encore tous les mê-
mes.
D'un article paru dans ce numéro du
1er juin 1919, et intitulé Réflexions sur
l'Allemagne, il ressort que M. André
Gide, qui passait dernièrement pour ral-
lié à la cause du trône et de l'autel, n'a
décidément pas la vocation de l'ortho-
doxie. Il se permet d'attaquer un certain
M. B..., c'est-à-dire M. Boutroux, qui a
été proclamé tabou et dont on ne peut
plus discuter la moindre affirmation
nouvelle, même en s'appuyant pour cela
sur ses conclusions anciennes, sans être
aussitôt taxé de bochophilie ou de philo-
bochie, à votre choix.
J'ai maintes fois essayé de démontrer
ique certaines théories émises depuis cinq
ans par T'éminent philosophe et par
ceux qui le suivent étaient non moins
Contraires à l'intérêt français qu'à la vé- «
jrité des faits et des textes. On compren-
dra donc que je n'aie pas lu sans une
réelle satisfaction ces lignes de M. An-
dré Gide : « Rien ne peut lui faire plus
de plaisir, à l'Allemagne, qu'une thèse
tomme celle de M. B..., qui déjà décou-
vre dans le Faust 11nvitation à la guerre
actuelle. Ce qu'il y a de rassurant pour
nous dans cette thèse, c'est qu'elle est
absurde. Ce qui peut. au contraire, dé-
soler la jeune Allemagne pensante, c'est
,de sentir que cette guerre monstrueuse,
:Gœthe ne l'aurait pas approuvée, non
plus qu'aucun des écrivains d'hier qu'elle
admire. »
Et M. André Gide insiste sur cette [n-
justice et cette faute de mettre dans le
même sac tous ces Allemands, que l'on
déclare vouloir diviser. Je l'ai dit moi-
même souvent : s'il était vrai que Goe-
the. Kant. Hegel, Schopenl^iuer, W:J..,..
igner, Nietzsche, fussent d'accord ave-c
Bernhardi et Bethmann-Hollweg, ce se-
rait désastreux pour nous, attendu que
les neutres et tout le monde pensant en
conclueraient qu'abrités sous de tels pa-
tronages ces pangermanistes ne devaient
pas avoir entièrement tort.
Par bonheur, ce n'est pas vrai. Les
grands penseurs allemands ne couvrent
pas ces meneurs de guerre mais des
condamnent à fond. C'est pourquoi M.
André Gide s'écrie : « Quoi! nous avions
un Goethe en gage, et vous le leur ren-
de? ! Quoi Nietzsche s'engage dans notre
j légion étrangère et c'est sur lui que vous
tirez ! Quoi ! vous escamotez les textes
où Wagner marque son admiration pour
la France : vous trouvez plus avantageux
de prouver qu'il nous insultait ! ... » Et
M. André Gide ajoute encore : « Gœthe
et Nietzsche (et à de moindres degrés
plusieurs autres) sont nos otages. Je tiens
que la dépréciation des otages est une
des plus grandes maladresses à quoi ex-
celle notre pays. »
Non, pas tout notre pays, mais cer-
tains hommes de parti, et d'autres, qui
flattent les partis, par ambition de popu-
larité. Il y avait un intérêt français, en
même temps qu'un intérêt de vérité, à
montrer que Gœthe, Kant, Nietzsche ont
admiré et aimé la France, détesté l'es-
prit prussien et pangermaniste. Mais il
y avait un intérêt de parti à démolir
Gœthe, Kant et Nietzsche, qui sont en
horreur, non sans raison, à tous les clé-
ricaux et cléricalisants.
Ces dernières remarques ne sont pas
de M. André Gide, et peut-être n'y sous-
crirait-il pas, car il garde volontiers des
ménagements et semble redouter les po-
lémiques. Il n'en a eu que plus de mé-
rite à écrire les lignes décisives que j'ai
citées. Maladresses ou manœuvres, les
opérations tendant à présenter Kant,
Gœthe, et Nietzsche comme des Boches i
et des maîtres du bochisme étaient des
absurdités : sur ce point, qui est l'essen-
tiel, M. André Gide s'avoue publique-
ment d'accord avec les défenseurs de la
liberté intellectuelle, de l'esprit critique
et du patriotisme clairvoyant. Cela est à
son honneur..
Mais pourquoi M. Albert Thibaudet,
dans des « Réflexions sur la littérature »
insérées au même numéro, parle-t-il, à
propos de M. Paul Bourget d'articles de
K dénigrement systématique » ? Qui est-
se qui dénigre systématiquement M.
Paul Bourget ? Ce n'est certes pas moi.
J'ai toujours affirmé, au contraire, la
plus haute estime pour ses Essais de
psychologie contemporaine, avant l'ex-
purgation. Tout en considérant, avec
Brunetière, son ami, que la critique lui
offrait un meilleur emploi de ses rares
facultés et qu'il a peut-être eu tort de
vouloir être romancier, j'ai' reconnu les
attraits de quelques-uns de ses romans
ît contes.
Ce n'est pas ma faute si les derniers
;ont gâtés par des soucis de propagande
ît d'apologétique. Au lieu de jeter [e
soupçon sur l'impartialité des camara- '
ies, M. Albert Thibaudet eût mieux fait
le démontrer que le Justicier,dont il fait
m pompeux éloge, n'est pas d'une im-
noralité profonde, digne des casuistes,
;t qui eût révolté Pascal. C'est une ques-
ion que M. Thibaudet n'aborde même
)as, pourtant, en ce qui concerne le Jus-
icier, c'est toute la question.
On n'a peut-être pas le droit d'accuser
le malveillance préconçue tel ou tel con-
rère qui a énoncé des arguments précis,
.lors qu'on n'essaye même pas de les
éfuter et qu'on ne les signale même pas
, ses lecteurs.
Paul bouday.
JUSTICE ET POLICE
L'AFFAIRE RUEF
Il paraîtrait que l'entrevue entre le roi
d'Espagne et le jeune Ruef fut plus simple
qu'on ne le. conta. Ruef, actuellement en
liberté provisoire, a affirmé au magistrat
instructeur que la Marseillaise ne fut pas
jouée, et ce détail, soutient-il, est dû à
l'imagination trop 4konde de ses accusa-
Teurs. De l'avis de Ruet, le souverain se
montra « très simple et très gentil ».
— Il ne prononça pas, soutient l'ingé-
nieux fondé de pouvoirs de M. Mayen, la
phrase qu'on a dite : Un roi ne fait pas
d'affaires. La preuve en est qu'il souscrivit
100 millions au pro-jet que je lui exposais,
et qui transformait l'Espagne en grenier du
monde (sic). Les ministres furent immédia-
tement mandés en auto et approuvèrent
mon exposé.
Donc, il n'y eut pas de Miaorseifflaise, com-
me on l'a écrit, mais en revanche il y eut
ce qui n'a pas été dit, un engagement royal
de cent millions. L'Espagne demanda seu-
lement que dans ce plan chimérique 400.000
tonnes de pommes de terre lui fussent ré.
servées !
C'est, parait-il, à tort qu'on a dit que
Ruef était Grec. On pouvait, il est vrai,
aisément s'y tromper. Donc Ruef est Fra.?z-
çais. Moi, je veux bien, mais il eût mérité
d'dire Grec au sens péjoratif du mot.
Monsieur Dupin.
Armée et Marine
PERTE DES CARNETS DE PECULE
Un militaire, dont M carnet de pécule a
été perdu, doit en faire la déclaration dès que
possible à son commandant d'unité qui éta-
blit un rapport. Le remplacement de ce carnet
a lieu ensuite dans les conditions prévues
par l'article 15 h de l'instruction du 15 juillet
1918 (Journal Officiel du 17, Page 6.173), sur les
hautes payes de guerre et indemnités de com-
bat.
EN VUE DE LA DEMOBILISATION
Les militaires des classes 1911 'et plus an-
ciennes appartenant à l'A. 0.. aux troupes
françaises au Levant, à une formation de l'A-
frique du Nord,"du Maroc, de Mourmanie, de
Sibérie, aux garnisons des colonies ou à ,une
mission à l'étranger qui se trouveraient en
France, en permission ou en convalescence,
et qui y ont leur résidence, ne rejoindront p.lus;
désormais, leur formation.
A Vissue de leur permission, ils seront
envoyés, par les soins des régions, sur les
dépôts mobilisateurs auxquels ils doivent être
rattachés. lis y seront placés en subsistance
et employés aux services du territoire jusqu'au
moment de la démobilisation de leur échelon.
COURRIER DU POILU DE FRANCE
Nous demandons à tous les patrons (ju di-
recteurs d'usine ayant des places vacantes
de nous le faire savoir. Nous leur enverrons
nos camarades démobilisés sans emploi.
Actuellement nous disposons des emplois
suivants
Pour Paris :6 cimentiers, boiseurs, 3 ferrail-
leurs, 3 charpentiers : 17 tr. 50. — 1 tourneur
robinettier 16 fr. — 3 chaudronniers petites
mains : 14 fr. 50. — 1 tôlier petite main :
14 fr. 50. — 1 aide frappeur : 10 fr. — 4 voya-
geurs pour renseignements commerciaux sur
la métallurgie. — 1 fondeur en coquille pour
métal dur. — 2 menuisiers. — 2 hommes pour
courses (6 fr. pour 4 heures).
En Province :
1 mécanicien pour atelier petite mécanique
(Côte-d'Or). — 2 reporteurs lithographes et 1
compositeur typographe (lUe-et- Vilame). — 1
Bourrelier (Eure). — 1 receveur maison pho-
tographie (Seine-et-Oise). -
F. Frank-puaux.
Communiqué
du PALAIS DE LA NOUVEAUTÉ
(Grands Magasins DUFAYEL)
C'est par erreur qu'il a été dit que les Grands
Magasins Dufayel « PALAIS DE LA NOU-
VEAUTÉ » n'avaient pas adhéré aux conven-
tions .acceptées par les autres maisons. Les
Grands Magasins Dufayel, PALAIS DE LA
NOUVEAUTE, avaient sspontan^ment, avant
toute causerie, accordé la plupart des condi-
tions de travail, c'est dire qu'ils ont adonis
bien volontiers les conventions nouvelles des
grands magasins de Paris, heureux de tout
ce qu'il est possible d'ajouter au bien-être
du personnel.
La Vie Économique
Etatisme et Economie Nationale
Jean d'Orsay, dans le Matin d'hier, si-
gnale quelques-uns des méfaits du régime
d'incompétence et d'irresponsabilité sous
lequel nous vivons.
Il en rend responsable Vétatisme qui
« par ses entraves, nées de règlements dis-
cutables en temps de guerre, mais criminels
en temps de paix, risque de faire de nous
sut le marché économique du monde une
petite puissance. »
Toutefois, il fait lui-même les réserves
nécessaires en refusant de confondre cet
étatisme malfaisant parce qu'incompétent
et irresponsable avec le régime qu'il appelle
de ses vœux en ces termes prudents, si pru-
dents rru'il3 en deviennent un peu obscurs .
« Mats qu'on ne s'y trompe pas. La dis.
parition de l'étatisme devrait faire place
à un vaste régime de liberté, où cependant
le capital verserait au budget de l'Etat un
largue tribut, sous forme d'impôts ; où le
travailleur prendrait part aux bénéfices du
patron, où le contrôle de l'Etat, dans cer-
tains cas, devrait s'exercer, même sous for-
me de régie. Nous entendons ici sauvegar-
der la cc part de la nation n.
Il semble bien que cc la part de la na-
tion », pour être sauvegardée véritablement,
au milieu des après conflits d'intérêts in-
dividuels, demande à être défendue autre-
ment que par le tribut des impôts et même,
« dans certains cas, par la. régie ». Il faut
qu'on le regrette ou qu'on le désire que le
contrôle et la collaboration de VEtat dans
l'œuvre économique nationale soient plus
profonds, plus cohérents qu'([fUjourd'hui.
Jean d'Orsay signale la place que nous
pourrions prendre en Roumanie ou en Rus-
sie et regrette que nous n'ayions pas de
consul à Mourmansk.
Mais les Anglais n'ont pas seulement un
consul à Mourmansk, ils voienne problè.
me plus largement.
Aujourd'hui, on nous apprend que le dé,
partement du commerce extérieur du
Royamne-Uni prévoit des accords en coo-
pération avec le bureau. des risques de
guerre, en vue de prendre à un taux rai.
sonnable l'assurance de tous risques de
guerre ou de navigation, qui ne pourraient
être couverts par la voie ordinaire pour les
marchandises passant de Grande-Bretagne
en Russie et vice-versa.
Un des buts principaux d,e ce projet d'as-
surance est de permettre aux banques d'ac-
corder des avances ordinaires aux commer•
çants, à la v fois sur des chargements du
Royœiime-Uni vers la Russie et sur des,
marchandises disponibles pour l'exporta-
tion se trouvant en Russie.
Voilà comment le gouvernement anglais
comprend son rôle dans la défense de « la
part de la nation J).
Un autre exemple illustrera notre concep-
lion du rôle de l'Etat. Hier matin, tandis
que M. Vilgr,ain expliquait à la tribune
pourquoi nous manquons de stocks de su..
ere. M. Mamger, président de la comnlis.
sion de la répartition des sucres, l'inter-
rompit :
u Dites âOflU; toute la vérité. Cela vaudra
mieux pour le pays. Dites que trois bateaux
de sucre ont dû être détournés vers un pays
allié parce que le ravitaillement n'avait
pas les moyens de les payer. »
Nous croyons qu'il est inadmissible que
l'Etat soit incapable de trouver le crédit né-
cessaire ^our faire venir en France le sucre
qui nous est nécessaire. Le crédit de la,
France est plus, solide encore qu'on ne
pense !... Alors quoi ? incompétence el ir-
responsabilité de- fonctionnaires ! Il fau,t
que le régime d'économie nationale soit
organisé sérieusement.
Etienne Antonelli
Contre la vie chère
uorame complément à la création du bu-
reau commercial d'achats divers, M. Am-
broise Rendu, a proposé au Conseil mUIlici-
pail d'adjoindre à cet organisme un office éco-
nomique qui aurait pour mission d'assurer
La. liberté des transactions et d'éviter les in-
termédiaires 4ont les bénéfices, sans qu'ils
aient à-courir le moindre risque, s'élèvent
parfois, d!aj>rès les chiffres fournis par la
Socl'été des agriculteurs de France, à 320 %.
L'aide à la Roumanie
La reconstitution économique de la Rouma.-
nie se poursuit énergiquement.
On envisage pour l'automne prochain des
exportations de pétrie et de bois. Grâce au
charbon fourni par ft'Angleten-e, les trans-
ports par voie ferrée et par voie fluviale ont
pu être rétablis.
' Les Etats-Unis, comme aussi le Canada, se
sont déclarés prêts à consentir un grand em-
prunt à la Roumanie, afin de lui permettre
de subvenir à ses charges financières.
Nous ne pouvons que no'us féliciter de cette
reprise d'activité économique dans un pays
qui tient à nous par tant de liens d'amitié.
Nous nous étonnerons cependant d'apprendre
que la France a cédé à la Roumanie 500 lo-
comotives et 3.000 wagons sur le matériel rou-
lant qui lui a été remis par l'Allemagne.
Tandis que nos compagnies se plaignent
du défaut de matériel qui entretient la crise
des transports, tandis que le ministre répond
à M. Albert Thomas que nos compagnies,
doivent faire exécuter d'urgence leurs répa-
rations dans des ateliers suisses, nous cé-
dons du matériel à des alliés ! On ne peut
s'empêcher de songer au vieux dicton de nos
pères : « Charité bien ordonnée commence
par soi-même ! »
Capital et travail
MM. C. Haye et Vandecrane viennent de
pubMer une très intéressante brochure sous le
titre L'Alliance du Capital et du Travail.
Les orateurs estiment que l'application loyale
de la loi du 26 avril 1917, accompagnée de
compléments qu'ils préconisent, devait être de
nature à su:bStittuer aux luttes de classes un
régime fécond de coopération, dans lequel les
patrons devenus par une compréhension
supérieure de leurs propres intérêts, les tu-
teurs des ouvriers, prépareraient eux-mêmes
l'accession du prolétariat! à une organisa-
tion meilleure.
C'est une œirwre consciencieuse, qui mérite
d'être lue et méditée.
La Vie financière
Bulletin
Bourse du 5 juin ®
Les grèves se déroulant très pacifique-
ment et leur caractère strictement corpora-
tif se confirmant, l'inquiétude du premier
moment a fait place à une sérénité un peu.
indifférente. Le volume des affaires est res-
treint. On veut attendre la reprise après les
trois jours de fermeture de la Pentecôte.
Nc-s rentes sont en reprise. Le 5 0/0 liait
à 88-10 contre 87.95 et le 4 0/0 1918 gagne
50 centimes à 72.
3 % ..... » 6215
5 % 8810
4 % 1918 72 »
Bqne de Paris. 1.321 »
Cte Alg'énenn.. 1.455 »
Cdit Foncier ... « t)
Cdit Lyonnais, 1.300 »
Est — 785 »
Lyon 785 t
Nord 1.155 »
TraIlSaltlantJia... 360 »
Messageries .. 343 »
Métropolitain. 415 JI
Omnibus ..... 450 >
Penarroya ....1.170 »
Câbles ...' » »
Chaîrg. Réun.. 1.320 »
Suer. d'Egypte 459 »
Ja;pon 1910.... 88 25
Russe 3891 38 25
Russe 1906 61 »
Turc 4 % tJnM. 75 55
Petites Informations
— La commission de législation fiscale
de la Chambre a approuvé la création (l'un,
comité consultatif des finances que le «vi-
nistre devrait obligatoirement consulter mrr
les projets d'impôts nouveaux et sur les 1?-
sures destinées à assurer un meilleur ronde»
ment des impôts existants.
— La Banque nationale de crédit a tenu,
hier son assemblée générale ordinaire an-
nuelle à la salle des Agriculteur*.
Les bénéfices ont atteint 10.014.075 {r. 69.
Le dividende a été fixé â 15 tran,::;.
— Hier s'esl ouverte dans tous les établis-
sements de crédit, à la caisse municipale et
dans les vingt mairies d'arrondi 3 -tt en 1 de
Paris, à la Chambre syndicale de? aptnts de
change. la souscription publique à l'em-
prunt municipal de 1.500 millions.
Marche du Change
Londres — 29 95 à 30 ort
New York '646 » à 649 »-
Espagne 128 » 3/4 à 130 » 3/4
Italie 78 Y, 1/2 à 80 » 1/2 -
Suasse 122 » 1/2 à 124 » 1/2 1
Suède 163 » à 167 »
Norvège ........... » » à » »
prit, peut-il se flatter raisonnablement de con-
vertir à son opinion les députés qui ont voté
'ile projet Dessoye ? Nous n'avons pas eu, au
'scrutin sur l'ensemble, quelques voix d'écart,
mais une majorité de plus d'une centaine dE
voix. Da.ns ces conditions, comment espérei
que la Chambre se déjugera ? En ne mainte-
nant pas avec intransigeance ses décisions an-
térieures. elle se déconsidérerait aux yeux
de l'Oipmion.
Quels sont les -reproches du Sénat ?
La commission sénatoriale reproche au
,-texbe adopté par la Chambre de n'établir ni le
'système majoritaire ni la proportionnelle.
Sans doute, le projet Dessoye est, comme nous
' l'avons dit. une transition et une transaction.
Il S3 tient cependant. Il est raisonnable et
-il est équitable. Il respecte la loi des majorités.
La liste qui recueille le plus grand nombre de
voix est élue. Il empêche les marchandages
suspects, les coalitions entre les partis extrê-
mes. et il assure la représentation des mino-
'TÎJtés. Ce sont là des principes que nous ne
saurions abandonner.
Si le Sénat se bornait à des amendements de
détail, l'entente avec la Chambre serait
. possible. Mais sa commission lui propose la
substitution d'un projet foncièrement diffé-
Tent du ? nôtre. eit aui nous paraît très dange-
reux : c'est le rétablissement pur et simple du
^scrutin de liste.
QUe. les pères conscrits fassent attention.
;Ils ne peuvent avoir oublia :
... quel péril fit courir à la République ce
anode de scrutin, en des temps qui étaient
moins troublés. Voudront-ils nous jeter dans
1 uuO nouvelle aventure ? Envisasent-ils de
gaîte de cœur de faire perdre aux républi-
cains, dans les départements de l'Ouest, par
exemple, les positions qu'ils ont si pénible-
ment conduises en ces dernières années ? La
représentation des minorités est un acte de
justice a l'égard de nos adversaires. C'est une
mesura de prudence pour les républioa.ins
ens-inemes.
LA REPUBLIQUIE RHENANE
Le gouvernement aue,m.and accuse notre
etat-major d avoir contribué à la procla-
mation de JI8, République rhénane : Alfred
; Ca)pus (Figaro) apprécie cette insolente
protestation :
La terreur de VOir se décomnoçcr rEmpu-e
y éda,!e. Car si l'unité allemande est. Tia
merci (il! quelques conversations avec les of-
ficier 1'rI2!1cais. comme scmhip J'insinuer la
commission de l'allnisticjJ., elle est devenue
en effet, assez fragile, et l'on comorcn.d alors
i'inquiétude de MM. Ebert et. Scheidemann.
Quant au reproche naïf adressé à nos géné-
raux de vouloir favoriser la rupture de l'uni-
té allemande, leur honneur serait de le mé-
riter'.
La presse prussienne n'a cessé d'écrire pen-
dant la. guerre : " Divisons la France en
Bourgogne, en Bretagne, en Gascogne. en
Franche-Comté. Brisons, enfin, l'unité fran-
çaise. L'Allemagne ne sera sûre de ia paix
qu'à cette oonJchtion-là ! " Cette idée était res-
tée aussi, après 1870, une des préoccupations
de Bismarek et il y est revenu souvent.
Mais on ne détruit pas si facilement une
unité, scellée par le ciment des siècles :
Des victoires militaires, si grandes qu'elles
soient, ne suffisent pas à une pareile besogne.
Elle ne peut être accomplie que par les peu-
piles et les races mêmes agissant spontané-
ment. Les armées allemandes eussent-elles oc-
cupé cinquante ans la Champagne, elfes n'au-
raient point capté les instincts français. Cette
opération n'a pas réussi en Alsace ni en Lor-
raine, qui avaient été pourtant incorporées à
l'Empire à la suite d'une guerre victorieuse.
Si donc lia République rhénane ne voulut
pas fortement se constituer et vivre, ce n'est
pas le vœu d'un Foch ou d'un Mangin, ni le
vœu de la France entière, qui créeraient cette
organisation politique. La cause, la cause,
comme dit Haxniet, le sentiment d'où sortira
ta. République rhénane, ce sera la haine de
ta tyrannie prussienne qui a couvert le monde
de ruines ; ce sera l'élan d'un peuple vers
l mdefpendance, la réapparition d'un rameau
de l'a vieille Allemagne dont Bismarck n'avait
pu épuiser toute la sève.
LA SITUATION DIPLOMATIQUE
Voyons un peu, avec M. Jean Méneval
(Excelsior), où en sont les affaires de la
paix :
Hier, réunion importante des " Quatre lis
ont poursuivi l'examen des contre-propositions
allemandes, et, en premier lieu, les contre-pro-
positions relatives aux réparations. On se sou.
vient des étapes de la question : on chercha
d abord à chiffrer les dommages ; devant la
difficulté d arriver à des estimations exactes
on décida de les " définir en fixant, toutefois'
un " bon. de provision L'Allemagne, on le sait
a protesté contre cette méthode d'évaluation
elle ..ne refuse pn.s de payer, mais demande à
être au moins fixée sur le montant des enga-
gements quelle aura à contracter.
Ce po hl L de vue a arrêté l'attention, du comité
des " Quatre Si tous les dommages ne peu-
vent pas être chiffrés, certains — les pensions,
par exemple — soûl susceptibles de l'êrte. Il est
possibLe, par conséquent, d'arriver à calculer
Je chiffre demandé par i'Allemagne avec plus
ou moins d'approximation. Ce travail va. être
étudié et entrepris.
L'impression générale paraît excellente :
Toutefois, la date de la remise de La réponse
aux contre-propositions allemandes se trouve
reculée. Les commissions chargées d'étudier res-
pootivament les di-fférenae chapitres de ces oon-
f,re-propositions devront remettre leurs rapports
lundi prochain ils seront examinés mardi et
mercredi par les " Quatre ". pour servir de base
à leur réponse, qui, probablement, recevra jeudi
sa. forme définitive, et sera remise vendredi à la
délégation allemande. Trois ou cinq jours, au
maximum seront donnés au oomte Rrockdorff-
Ramt.za.u pour aller délibérer avec son gouver-
nement
Passant ensuite au traité autrichien, les " Qua.
tre " ont entendu MM. Paderewski. Benes, Veni-
zelos et Vesnitch, qui ont demandé la suppres-
sion de la clause de la limitation des arme-
ments, au moms pour le momenJt, en ce qui
concerne leurs nations respectives. Satisfaction
leur sera donnée.
Enfin, les Tuirce sont appelés :
Nous confirmerons, enf-in, ce que nous annon-
cions hier la Turquie est invitée à envoyer
une mission à Paris, ayant à sa tête le grand-
vizir Ferid pacha Mais c'est une mission d' " ex-
perts " et non de plénipotentiaires. Il ne s'agit
point encore du traité à intervenir avec l'empire
c'hbom.an
MANCHETTES :
Le Petit Bleu emprunte sa manchette
à notre leader d'hier.
-
" Les grévistes sentent que l'heure choisie
pour la grève répond bea'ucouip trop à cer-
tains espoirs de l'ennemi. Et cela les trouble.
En chaque travailleur, le patriote s'inquiète,
car bon sang ne peut mentir. "
Albert MILHAUD.
HIER SOIR :
DJIBOUTI
TI paraît que les Italiens seraient con-
tents si nous leur cédions Djibouti, notre
port de relâche sur la route de Madagas-
car et de l'Extrême-Orient. Cela ne semble
pas possible au Temps pour la raison que
cette cession dépajng'erait l'intérêt colonial
français dans la mesure où il arrangerait
celui des Italiens :
Le prix que nous attachons à l'amitié ita-
lienne nous impose une parfaite franchise.
Jamais l'opinion française n'admettrait crue
3a France abandonnât Djibouti, ni le chemin
de fer qui va de ce port à Addis-Abbaba. Dji-
bouti est la seule escale que nous possédions
sur la route de Madagascar et de d'Extrême-
Orient. C'est de plus, grâoe au chemin de
fer, un port en plein développement qui. par-
ti de rien à la fin du siècle dernier, faisait à
la veile de la guerre un commerce de plus
de 80 millions de francs. DjIbout" abandm-
né, ce serait une cassure irrémédiable dans
là grande route française qui encercle le glo-
be et que notre mission sera demain d'orga-
niser.
Au surplus, les Italiens ies plus avertis se
rendent compte eux-mêmes qu'ils nous de-
1 mandent là un sacrifice hors de proportion
avec nos engagements. M. Camille Fidel, à
qui l'on doit de fortes études sur le problème
colonial italien, a cité à cet égard le témoi-
gnage de M. Antonio Annoni, vice-président
' de la Société italienne d'exploration géogra-
phique et commerciale. Il relate encore l'a-
veu d'un éminent spécialiste des questions
africaines, M. Enrico Cerulli. Dans la Tri-
buna, coloniale du 15 février 1919, M. Cerulli
montre que qe monopole commercial dont
jouit actuellement Djibouti tombera le jour
où l'Italie aura construit ses deux chemins
de fer de pénétration en Abyssinie, partant
l'un de la mer Rouge, l'autre de la Somalie
italienne.
LES GREVES
Il faut en parler encore, puisqu'elles du-
rent toujours. Les Débats font un peu de
moirale. Avouons qu'elle n'est pas inoppor-
tUTliQ :
Certains indices permatteni de croire que la
majorité des ouvriers, môme Darmi ceux qui
sont en grève, commence à s'apercevoir de l'ex-
traordinaire inopportunité, pour ne pas dire
plus, d'une agitation révolutionnaire à l'heure
où l'Allemand guetté de Versailles tous les
symptômes d'affaiblissement national chez les
AlJiés. Le publie est parient, il subit avec une
philosophie résignée toutes les incommodités
aue la fantaisie de tel ou tel coros de métier
se Dlaît fi. lui infliger. Les Syndicats abusent
de leur pouvoir pour opprimer leurs sujets, com-
me le faisaient les mauvais despotes. Le monde
est habitué à être brimé par quiconque détient,
si peu aue ce soit, le moyen de faire un peu
enrager son prochain. On s'est plaint bien sou-
vent de la malignité du bureaucrate qui oblige
à faire queue, devant son guichet fermé, les ad-
ministres soumis à son bon plaisir. C'est la '
même satisfaction que s'offrent les employés du
métro ou des tramways. Elle n'est ï!as d'un or-
dre très relevé, raison de plus pour qu'elle fiat,
te le tyranneau qui sommeille chez beaucoup
de braves gens dans la vie ordinaire.
Geôles Berthoula.t (Liberté) prêche le
resp.ect de La loi :
Cependant, la condition nécessaire de tout
inieux, social n'est-ce jpas avant tout l'Ordre
dont le gouvernement doit être le gardien vigir
lant pour prévenir, afin de n'avoir pas à ré
primer. étant entendu que l'Ordre a pour fon,
dément cette règle qui devrait être absolue
sorts la République encore plus que sous toute
autre forme de gouvernement : le respect de
la loi.
Dans l'Intransigeant, M. Léon Bailby
orie sas à la vie chère, et chacun répétera
volontiers son haro 1
C'est par en bas qu'il faut aviser. C'est à
la vie chère qu'il faut s'en prendre; Si le gou-
vernement, qui était prie par d'autres soucis,
veut bieif s'aviser enfin que celui-ci eSt essen-
tiel, nous n'aurons plus à redouter des alertes .
camme celle que nousjraversons.
Mais le voudra-t-il ? Quand on pense qu'un
communiqué officieux, sur lequel on est rerve-
nu depuis, a pu nous faire envisager une
hausse prochaine du pain, on se demande si,
ceux qui nous mènent savent bien la val e m.'
exacte de ce mot : manger.
Et voici le salut à l'aube, rouge/de Paul
Faure (Le Pop,ulairei :
EUes veulent des salaires en rapport avec Id
coût, cle l'existence, elles exigent l'application;
des lois sociales, elles réclament l'amnistie,'
elles n'entendent plus tolérer la guerre ver-:
saillaise aux révolutions ouvrières. Elles mar-
chent vers l'aube nouvelle, l'aube rouge qui
illumine les horizons. 'j
Pour démontrer qu'elles sont form i.d:ab.!'e&.:
selon l'expression de Mirabeau, elles n'on^
eu qu'à demeur.er immobiles un instant : elîos
ont arrêté toute la vie publique.
Tandis que les bourgeois qui, au ceint der
vue du travail, restent immobiles tou I .• l'année
sans qu'on s'en ape'rçoive, démontrent pax là;
leur parfaite inutilité.
Quelle édifiante leçon de socialisme s-& dé-
gage des événements actuels I |
On le verra par la suite.
" Le Liseuit -I
LES DESSINS DES ECOLIERS
Une exposition comportant des dessins d.
Ecoles publiques américaines et des Ecr.i?-.
primaires parisiennes s'ouvrira à la I.igiv ■
Française de l'Enseignement, 3 rue Reca-,
mier (VIIe) le samedi 7 juin, à 2 heures el:,
demie, sous la présidence de M. Lai fèrro.'
ministre de l'Instruction .puhliglle, - fit jie.s
Beaux-Arts,
A la Nouvelle Revue Française
C'est avec plaisir qu'on a vu reparaî
tre la Nouvelle Revue Française. Commi
Ile rappelle le nouveau directeur, M. Jo
,seph Rivière, elle ,a été fondée en 1901
par un groupe de sept écrivains : Andr(
Gide, Michel Arnauld, Jacques Copeau
Henri Ghéon, André Huyters et Jear
Schlumberger. A cette pléiade originelle
,se sont adjointes les étoiles de grandeurs
inégales et de genres divers.
Evidemment, M. André Gide exerçait
iii-ne influence sur plusieurs de ses col-
laborateurs, mais non pas sans doute sur
.M. Paul Claudel ou sur Charles Péguy,
par exemple. Lui-même, M. Gide est
quelque peu incertain et flottant. Et des
dieux très différents sont
son : ainsi Jules Renard et Charles-Louis
Philippe voisinent sur les sommaires et
catalogues à côté de l'auteur de VAnnon-
ce faite à Marie.
En somme, il n'y avait pas beaucoup
d'unité dans cette Nouvelle Revue Fran-
çaise, mais c'est précisément ce qui en
faisait le charme. Il y avait seulement
une certaine tenue de rigueur : toute
:rrùse littéraire négligée était sérieuse-
:ment re'fusée au contrôle. POUT le sur-
plus, chacun tirait de son côté.
Espérons que cet heureux et fécond
(libéralisme persistera, malgré les décla-
rations de M. Jacques Rivière, qui, dans
sa 'leçon de réouverture annonce un es-
prit doctrinaire un peu inquiétant. 1l
paraît que les principaux collaborateurs
de la Revue ont maintenant des opi-
nions fermes sur tous sujets, et même
des opinions politiques.
En-effet, il a couru de mauvais bruits
là cet égard. Heureusement, M. Jacques
.Rivière nous rassure un peu en avouant
que si ses compagnons ont tous des opi-
nions, ils n'ont pas encore tous les mê-
mes.
D'un article paru dans ce numéro du
1er juin 1919, et intitulé Réflexions sur
l'Allemagne, il ressort que M. André
Gide, qui passait dernièrement pour ral-
lié à la cause du trône et de l'autel, n'a
décidément pas la vocation de l'ortho-
doxie. Il se permet d'attaquer un certain
M. B..., c'est-à-dire M. Boutroux, qui a
été proclamé tabou et dont on ne peut
plus discuter la moindre affirmation
nouvelle, même en s'appuyant pour cela
sur ses conclusions anciennes, sans être
aussitôt taxé de bochophilie ou de philo-
bochie, à votre choix.
J'ai maintes fois essayé de démontrer
ique certaines théories émises depuis cinq
ans par T'éminent philosophe et par
ceux qui le suivent étaient non moins
Contraires à l'intérêt français qu'à la vé- «
jrité des faits et des textes. On compren-
dra donc que je n'aie pas lu sans une
réelle satisfaction ces lignes de M. An-
dré Gide : « Rien ne peut lui faire plus
de plaisir, à l'Allemagne, qu'une thèse
tomme celle de M. B..., qui déjà décou-
vre dans le Faust 11nvitation à la guerre
actuelle. Ce qu'il y a de rassurant pour
nous dans cette thèse, c'est qu'elle est
absurde. Ce qui peut. au contraire, dé-
soler la jeune Allemagne pensante, c'est
,de sentir que cette guerre monstrueuse,
:Gœthe ne l'aurait pas approuvée, non
plus qu'aucun des écrivains d'hier qu'elle
admire. »
Et M. André Gide insiste sur cette [n-
justice et cette faute de mettre dans le
même sac tous ces Allemands, que l'on
déclare vouloir diviser. Je l'ai dit moi-
même souvent : s'il était vrai que Goe-
the. Kant. Hegel, Schopenl^iuer, W:J..,..
igner, Nietzsche, fussent d'accord ave-c
Bernhardi et Bethmann-Hollweg, ce se-
rait désastreux pour nous, attendu que
les neutres et tout le monde pensant en
conclueraient qu'abrités sous de tels pa-
tronages ces pangermanistes ne devaient
pas avoir entièrement tort.
Par bonheur, ce n'est pas vrai. Les
grands penseurs allemands ne couvrent
pas ces meneurs de guerre mais des
condamnent à fond. C'est pourquoi M.
André Gide s'écrie : « Quoi! nous avions
un Goethe en gage, et vous le leur ren-
de? ! Quoi Nietzsche s'engage dans notre
j légion étrangère et c'est sur lui que vous
tirez ! Quoi ! vous escamotez les textes
où Wagner marque son admiration pour
la France : vous trouvez plus avantageux
de prouver qu'il nous insultait ! ... » Et
M. André Gide ajoute encore : « Gœthe
et Nietzsche (et à de moindres degrés
plusieurs autres) sont nos otages. Je tiens
que la dépréciation des otages est une
des plus grandes maladresses à quoi ex-
celle notre pays. »
Non, pas tout notre pays, mais cer-
tains hommes de parti, et d'autres, qui
flattent les partis, par ambition de popu-
larité. Il y avait un intérêt français, en
même temps qu'un intérêt de vérité, à
montrer que Gœthe, Kant, Nietzsche ont
admiré et aimé la France, détesté l'es-
prit prussien et pangermaniste. Mais il
y avait un intérêt de parti à démolir
Gœthe, Kant et Nietzsche, qui sont en
horreur, non sans raison, à tous les clé-
ricaux et cléricalisants.
Ces dernières remarques ne sont pas
de M. André Gide, et peut-être n'y sous-
crirait-il pas, car il garde volontiers des
ménagements et semble redouter les po-
lémiques. Il n'en a eu que plus de mé-
rite à écrire les lignes décisives que j'ai
citées. Maladresses ou manœuvres, les
opérations tendant à présenter Kant,
Gœthe, et Nietzsche comme des Boches i
et des maîtres du bochisme étaient des
absurdités : sur ce point, qui est l'essen-
tiel, M. André Gide s'avoue publique-
ment d'accord avec les défenseurs de la
liberté intellectuelle, de l'esprit critique
et du patriotisme clairvoyant. Cela est à
son honneur..
Mais pourquoi M. Albert Thibaudet,
dans des « Réflexions sur la littérature »
insérées au même numéro, parle-t-il, à
propos de M. Paul Bourget d'articles de
K dénigrement systématique » ? Qui est-
se qui dénigre systématiquement M.
Paul Bourget ? Ce n'est certes pas moi.
J'ai toujours affirmé, au contraire, la
plus haute estime pour ses Essais de
psychologie contemporaine, avant l'ex-
purgation. Tout en considérant, avec
Brunetière, son ami, que la critique lui
offrait un meilleur emploi de ses rares
facultés et qu'il a peut-être eu tort de
vouloir être romancier, j'ai' reconnu les
attraits de quelques-uns de ses romans
ît contes.
Ce n'est pas ma faute si les derniers
;ont gâtés par des soucis de propagande
ît d'apologétique. Au lieu de jeter [e
soupçon sur l'impartialité des camara- '
ies, M. Albert Thibaudet eût mieux fait
le démontrer que le Justicier,dont il fait
m pompeux éloge, n'est pas d'une im-
noralité profonde, digne des casuistes,
;t qui eût révolté Pascal. C'est une ques-
ion que M. Thibaudet n'aborde même
)as, pourtant, en ce qui concerne le Jus-
icier, c'est toute la question.
On n'a peut-être pas le droit d'accuser
le malveillance préconçue tel ou tel con-
rère qui a énoncé des arguments précis,
.lors qu'on n'essaye même pas de les
éfuter et qu'on ne les signale même pas
, ses lecteurs.
Paul bouday.
JUSTICE ET POLICE
L'AFFAIRE RUEF
Il paraîtrait que l'entrevue entre le roi
d'Espagne et le jeune Ruef fut plus simple
qu'on ne le. conta. Ruef, actuellement en
liberté provisoire, a affirmé au magistrat
instructeur que la Marseillaise ne fut pas
jouée, et ce détail, soutient-il, est dû à
l'imagination trop 4konde de ses accusa-
Teurs. De l'avis de Ruet, le souverain se
montra « très simple et très gentil ».
— Il ne prononça pas, soutient l'ingé-
nieux fondé de pouvoirs de M. Mayen, la
phrase qu'on a dite : Un roi ne fait pas
d'affaires. La preuve en est qu'il souscrivit
100 millions au pro-jet que je lui exposais,
et qui transformait l'Espagne en grenier du
monde (sic). Les ministres furent immédia-
tement mandés en auto et approuvèrent
mon exposé.
Donc, il n'y eut pas de Miaorseifflaise, com-
me on l'a écrit, mais en revanche il y eut
ce qui n'a pas été dit, un engagement royal
de cent millions. L'Espagne demanda seu-
lement que dans ce plan chimérique 400.000
tonnes de pommes de terre lui fussent ré.
servées !
C'est, parait-il, à tort qu'on a dit que
Ruef était Grec. On pouvait, il est vrai,
aisément s'y tromper. Donc Ruef est Fra.?z-
çais. Moi, je veux bien, mais il eût mérité
d'dire Grec au sens péjoratif du mot.
Monsieur Dupin.
Armée et Marine
PERTE DES CARNETS DE PECULE
Un militaire, dont M carnet de pécule a
été perdu, doit en faire la déclaration dès que
possible à son commandant d'unité qui éta-
blit un rapport. Le remplacement de ce carnet
a lieu ensuite dans les conditions prévues
par l'article 15 h de l'instruction du 15 juillet
1918 (Journal Officiel du 17, Page 6.173), sur les
hautes payes de guerre et indemnités de com-
bat.
EN VUE DE LA DEMOBILISATION
Les militaires des classes 1911 'et plus an-
ciennes appartenant à l'A. 0.. aux troupes
françaises au Levant, à une formation de l'A-
frique du Nord,"du Maroc, de Mourmanie, de
Sibérie, aux garnisons des colonies ou à ,une
mission à l'étranger qui se trouveraient en
France, en permission ou en convalescence,
et qui y ont leur résidence, ne rejoindront p.lus;
désormais, leur formation.
A Vissue de leur permission, ils seront
envoyés, par les soins des régions, sur les
dépôts mobilisateurs auxquels ils doivent être
rattachés. lis y seront placés en subsistance
et employés aux services du territoire jusqu'au
moment de la démobilisation de leur échelon.
COURRIER DU POILU DE FRANCE
Nous demandons à tous les patrons (ju di-
recteurs d'usine ayant des places vacantes
de nous le faire savoir. Nous leur enverrons
nos camarades démobilisés sans emploi.
Actuellement nous disposons des emplois
suivants
Pour Paris :6 cimentiers, boiseurs, 3 ferrail-
leurs, 3 charpentiers : 17 tr. 50. — 1 tourneur
robinettier 16 fr. — 3 chaudronniers petites
mains : 14 fr. 50. — 1 tôlier petite main :
14 fr. 50. — 1 aide frappeur : 10 fr. — 4 voya-
geurs pour renseignements commerciaux sur
la métallurgie. — 1 fondeur en coquille pour
métal dur. — 2 menuisiers. — 2 hommes pour
courses (6 fr. pour 4 heures).
En Province :
1 mécanicien pour atelier petite mécanique
(Côte-d'Or). — 2 reporteurs lithographes et 1
compositeur typographe (lUe-et- Vilame). — 1
Bourrelier (Eure). — 1 receveur maison pho-
tographie (Seine-et-Oise). -
F. Frank-puaux.
Communiqué
du PALAIS DE LA NOUVEAUTÉ
(Grands Magasins DUFAYEL)
C'est par erreur qu'il a été dit que les Grands
Magasins Dufayel « PALAIS DE LA NOU-
VEAUTÉ » n'avaient pas adhéré aux conven-
tions .acceptées par les autres maisons. Les
Grands Magasins Dufayel, PALAIS DE LA
NOUVEAUTE, avaient sspontan^ment, avant
toute causerie, accordé la plupart des condi-
tions de travail, c'est dire qu'ils ont adonis
bien volontiers les conventions nouvelles des
grands magasins de Paris, heureux de tout
ce qu'il est possible d'ajouter au bien-être
du personnel.
La Vie Économique
Etatisme et Economie Nationale
Jean d'Orsay, dans le Matin d'hier, si-
gnale quelques-uns des méfaits du régime
d'incompétence et d'irresponsabilité sous
lequel nous vivons.
Il en rend responsable Vétatisme qui
« par ses entraves, nées de règlements dis-
cutables en temps de guerre, mais criminels
en temps de paix, risque de faire de nous
sut le marché économique du monde une
petite puissance. »
Toutefois, il fait lui-même les réserves
nécessaires en refusant de confondre cet
étatisme malfaisant parce qu'incompétent
et irresponsable avec le régime qu'il appelle
de ses vœux en ces termes prudents, si pru-
dents rru'il3 en deviennent un peu obscurs .
« Mats qu'on ne s'y trompe pas. La dis.
parition de l'étatisme devrait faire place
à un vaste régime de liberté, où cependant
le capital verserait au budget de l'Etat un
largue tribut, sous forme d'impôts ; où le
travailleur prendrait part aux bénéfices du
patron, où le contrôle de l'Etat, dans cer-
tains cas, devrait s'exercer, même sous for-
me de régie. Nous entendons ici sauvegar-
der la cc part de la nation n.
Il semble bien que cc la part de la na-
tion », pour être sauvegardée véritablement,
au milieu des après conflits d'intérêts in-
dividuels, demande à être défendue autre-
ment que par le tribut des impôts et même,
« dans certains cas, par la. régie ». Il faut
qu'on le regrette ou qu'on le désire que le
contrôle et la collaboration de VEtat dans
l'œuvre économique nationale soient plus
profonds, plus cohérents qu'([fUjourd'hui.
Jean d'Orsay signale la place que nous
pourrions prendre en Roumanie ou en Rus-
sie et regrette que nous n'ayions pas de
consul à Mourmansk.
Mais les Anglais n'ont pas seulement un
consul à Mourmansk, ils voienne problè.
me plus largement.
Aujourd'hui, on nous apprend que le dé,
partement du commerce extérieur du
Royamne-Uni prévoit des accords en coo-
pération avec le bureau. des risques de
guerre, en vue de prendre à un taux rai.
sonnable l'assurance de tous risques de
guerre ou de navigation, qui ne pourraient
être couverts par la voie ordinaire pour les
marchandises passant de Grande-Bretagne
en Russie et vice-versa.
Un des buts principaux d,e ce projet d'as-
surance est de permettre aux banques d'ac-
corder des avances ordinaires aux commer•
çants, à la v fois sur des chargements du
Royœiime-Uni vers la Russie et sur des,
marchandises disponibles pour l'exporta-
tion se trouvant en Russie.
Voilà comment le gouvernement anglais
comprend son rôle dans la défense de « la
part de la nation J).
Un autre exemple illustrera notre concep-
lion du rôle de l'Etat. Hier matin, tandis
que M. Vilgr,ain expliquait à la tribune
pourquoi nous manquons de stocks de su..
ere. M. Mamger, président de la comnlis.
sion de la répartition des sucres, l'inter-
rompit :
u Dites âOflU; toute la vérité. Cela vaudra
mieux pour le pays. Dites que trois bateaux
de sucre ont dû être détournés vers un pays
allié parce que le ravitaillement n'avait
pas les moyens de les payer. »
Nous croyons qu'il est inadmissible que
l'Etat soit incapable de trouver le crédit né-
cessaire ^our faire venir en France le sucre
qui nous est nécessaire. Le crédit de la,
France est plus, solide encore qu'on ne
pense !... Alors quoi ? incompétence el ir-
responsabilité de- fonctionnaires ! Il fau,t
que le régime d'économie nationale soit
organisé sérieusement.
Etienne Antonelli
Contre la vie chère
uorame complément à la création du bu-
reau commercial d'achats divers, M. Am-
broise Rendu, a proposé au Conseil mUIlici-
pail d'adjoindre à cet organisme un office éco-
nomique qui aurait pour mission d'assurer
La. liberté des transactions et d'éviter les in-
termédiaires 4ont les bénéfices, sans qu'ils
aient à-courir le moindre risque, s'élèvent
parfois, d!aj>rès les chiffres fournis par la
Socl'été des agriculteurs de France, à 320 %.
L'aide à la Roumanie
La reconstitution économique de la Rouma.-
nie se poursuit énergiquement.
On envisage pour l'automne prochain des
exportations de pétrie et de bois. Grâce au
charbon fourni par ft'Angleten-e, les trans-
ports par voie ferrée et par voie fluviale ont
pu être rétablis.
' Les Etats-Unis, comme aussi le Canada, se
sont déclarés prêts à consentir un grand em-
prunt à la Roumanie, afin de lui permettre
de subvenir à ses charges financières.
Nous ne pouvons que no'us féliciter de cette
reprise d'activité économique dans un pays
qui tient à nous par tant de liens d'amitié.
Nous nous étonnerons cependant d'apprendre
que la France a cédé à la Roumanie 500 lo-
comotives et 3.000 wagons sur le matériel rou-
lant qui lui a été remis par l'Allemagne.
Tandis que nos compagnies se plaignent
du défaut de matériel qui entretient la crise
des transports, tandis que le ministre répond
à M. Albert Thomas que nos compagnies,
doivent faire exécuter d'urgence leurs répa-
rations dans des ateliers suisses, nous cé-
dons du matériel à des alliés ! On ne peut
s'empêcher de songer au vieux dicton de nos
pères : « Charité bien ordonnée commence
par soi-même ! »
Capital et travail
MM. C. Haye et Vandecrane viennent de
pubMer une très intéressante brochure sous le
titre L'Alliance du Capital et du Travail.
Les orateurs estiment que l'application loyale
de la loi du 26 avril 1917, accompagnée de
compléments qu'ils préconisent, devait être de
nature à su:bStittuer aux luttes de classes un
régime fécond de coopération, dans lequel les
patrons devenus par une compréhension
supérieure de leurs propres intérêts, les tu-
teurs des ouvriers, prépareraient eux-mêmes
l'accession du prolétariat! à une organisa-
tion meilleure.
C'est une œirwre consciencieuse, qui mérite
d'être lue et méditée.
La Vie financière
Bulletin
Bourse du 5 juin ®
Les grèves se déroulant très pacifique-
ment et leur caractère strictement corpora-
tif se confirmant, l'inquiétude du premier
moment a fait place à une sérénité un peu.
indifférente. Le volume des affaires est res-
treint. On veut attendre la reprise après les
trois jours de fermeture de la Pentecôte.
Nc-s rentes sont en reprise. Le 5 0/0 liait
à 88-10 contre 87.95 et le 4 0/0 1918 gagne
50 centimes à 72.
3 % ..... » 6215
5 % 8810
4 % 1918 72 »
Bqne de Paris. 1.321 »
Cte Alg'énenn.. 1.455 »
Cdit Foncier ... « t)
Cdit Lyonnais, 1.300 »
Est — 785 »
Lyon 785 t
Nord 1.155 »
TraIlSaltlantJia... 360 »
Messageries .. 343 »
Métropolitain. 415 JI
Omnibus ..... 450 >
Penarroya ....1.170 »
Câbles ...' » »
Chaîrg. Réun.. 1.320 »
Suer. d'Egypte 459 »
Ja;pon 1910.... 88 25
Russe 3891 38 25
Russe 1906 61 »
Turc 4 % tJnM. 75 55
Petites Informations
— La commission de législation fiscale
de la Chambre a approuvé la création (l'un,
comité consultatif des finances que le «vi-
nistre devrait obligatoirement consulter mrr
les projets d'impôts nouveaux et sur les 1?-
sures destinées à assurer un meilleur ronde»
ment des impôts existants.
— La Banque nationale de crédit a tenu,
hier son assemblée générale ordinaire an-
nuelle à la salle des Agriculteur*.
Les bénéfices ont atteint 10.014.075 {r. 69.
Le dividende a été fixé â 15 tran,::;.
— Hier s'esl ouverte dans tous les établis-
sements de crédit, à la caisse municipale et
dans les vingt mairies d'arrondi 3 -tt en 1 de
Paris, à la Chambre syndicale de? aptnts de
change. la souscription publique à l'em-
prunt municipal de 1.500 millions.
Marche du Change
Londres — 29 95 à 30 ort
New York '646 » à 649 »-
Espagne 128 » 3/4 à 130 » 3/4
Italie 78 Y, 1/2 à 80 » 1/2 -
Suasse 122 » 1/2 à 124 » 1/2 1
Suède 163 » à 167 »
Norvège ........... » » à » »
prit, peut-il se flatter raisonnablement de con-
vertir à son opinion les députés qui ont voté
'ile projet Dessoye ? Nous n'avons pas eu, au
'scrutin sur l'ensemble, quelques voix d'écart,
mais une majorité de plus d'une centaine dE
voix. Da.ns ces conditions, comment espérei
que la Chambre se déjugera ? En ne mainte-
nant pas avec intransigeance ses décisions an-
térieures. elle se déconsidérerait aux yeux
de l'Oipmion.
Quels sont les -reproches du Sénat ?
La commission sénatoriale reproche au
,-texbe adopté par la Chambre de n'établir ni le
'système majoritaire ni la proportionnelle.
Sans doute, le projet Dessoye est, comme nous
' l'avons dit. une transition et une transaction.
Il S3 tient cependant. Il est raisonnable et
-il est équitable. Il respecte la loi des majorités.
La liste qui recueille le plus grand nombre de
voix est élue. Il empêche les marchandages
suspects, les coalitions entre les partis extrê-
mes. et il assure la représentation des mino-
'TÎJtés. Ce sont là des principes que nous ne
saurions abandonner.
Si le Sénat se bornait à des amendements de
détail, l'entente avec la Chambre serait
. possible. Mais sa commission lui propose la
substitution d'un projet foncièrement diffé-
Tent du ? nôtre. eit aui nous paraît très dange-
reux : c'est le rétablissement pur et simple du
^scrutin de liste.
QUe. les pères conscrits fassent attention.
;Ils ne peuvent avoir oublia :
... quel péril fit courir à la République ce
anode de scrutin, en des temps qui étaient
moins troublés. Voudront-ils nous jeter dans
1 uuO nouvelle aventure ? Envisasent-ils de
gaîte de cœur de faire perdre aux républi-
cains, dans les départements de l'Ouest, par
exemple, les positions qu'ils ont si pénible-
ment conduises en ces dernières années ? La
représentation des minorités est un acte de
justice a l'égard de nos adversaires. C'est une
mesura de prudence pour les républioa.ins
ens-inemes.
LA REPUBLIQUIE RHENANE
Le gouvernement aue,m.and accuse notre
etat-major d avoir contribué à la procla-
mation de JI8, République rhénane : Alfred
; Ca)pus (Figaro) apprécie cette insolente
protestation :
La terreur de VOir se décomnoçcr rEmpu-e
y éda,!e. Car si l'unité allemande est. Tia
merci (il! quelques conversations avec les of-
ficier 1'rI2!1cais. comme scmhip J'insinuer la
commission de l'allnisticjJ., elle est devenue
en effet, assez fragile, et l'on comorcn.d alors
i'inquiétude de MM. Ebert et. Scheidemann.
Quant au reproche naïf adressé à nos géné-
raux de vouloir favoriser la rupture de l'uni-
té allemande, leur honneur serait de le mé-
riter'.
La presse prussienne n'a cessé d'écrire pen-
dant la. guerre : " Divisons la France en
Bourgogne, en Bretagne, en Gascogne. en
Franche-Comté. Brisons, enfin, l'unité fran-
çaise. L'Allemagne ne sera sûre de ia paix
qu'à cette oonJchtion-là ! " Cette idée était res-
tée aussi, après 1870, une des préoccupations
de Bismarek et il y est revenu souvent.
Mais on ne détruit pas si facilement une
unité, scellée par le ciment des siècles :
Des victoires militaires, si grandes qu'elles
soient, ne suffisent pas à une pareile besogne.
Elle ne peut être accomplie que par les peu-
piles et les races mêmes agissant spontané-
ment. Les armées allemandes eussent-elles oc-
cupé cinquante ans la Champagne, elfes n'au-
raient point capté les instincts français. Cette
opération n'a pas réussi en Alsace ni en Lor-
raine, qui avaient été pourtant incorporées à
l'Empire à la suite d'une guerre victorieuse.
Si donc lia République rhénane ne voulut
pas fortement se constituer et vivre, ce n'est
pas le vœu d'un Foch ou d'un Mangin, ni le
vœu de la France entière, qui créeraient cette
organisation politique. La cause, la cause,
comme dit Haxniet, le sentiment d'où sortira
ta. République rhénane, ce sera la haine de
ta tyrannie prussienne qui a couvert le monde
de ruines ; ce sera l'élan d'un peuple vers
l mdefpendance, la réapparition d'un rameau
de l'a vieille Allemagne dont Bismarck n'avait
pu épuiser toute la sève.
LA SITUATION DIPLOMATIQUE
Voyons un peu, avec M. Jean Méneval
(Excelsior), où en sont les affaires de la
paix :
Hier, réunion importante des " Quatre lis
ont poursuivi l'examen des contre-propositions
allemandes, et, en premier lieu, les contre-pro-
positions relatives aux réparations. On se sou.
vient des étapes de la question : on chercha
d abord à chiffrer les dommages ; devant la
difficulté d arriver à des estimations exactes
on décida de les " définir en fixant, toutefois'
un " bon. de provision L'Allemagne, on le sait
a protesté contre cette méthode d'évaluation
elle ..ne refuse pn.s de payer, mais demande à
être au moins fixée sur le montant des enga-
gements quelle aura à contracter.
Ce po hl L de vue a arrêté l'attention, du comité
des " Quatre Si tous les dommages ne peu-
vent pas être chiffrés, certains — les pensions,
par exemple — soûl susceptibles de l'êrte. Il est
possibLe, par conséquent, d'arriver à calculer
Je chiffre demandé par i'Allemagne avec plus
ou moins d'approximation. Ce travail va. être
étudié et entrepris.
L'impression générale paraît excellente :
Toutefois, la date de la remise de La réponse
aux contre-propositions allemandes se trouve
reculée. Les commissions chargées d'étudier res-
pootivament les di-fférenae chapitres de ces oon-
f,re-propositions devront remettre leurs rapports
lundi prochain ils seront examinés mardi et
mercredi par les " Quatre ". pour servir de base
à leur réponse, qui, probablement, recevra jeudi
sa. forme définitive, et sera remise vendredi à la
délégation allemande. Trois ou cinq jours, au
maximum seront donnés au oomte Rrockdorff-
Ramt.za.u pour aller délibérer avec son gouver-
nement
Passant ensuite au traité autrichien, les " Qua.
tre " ont entendu MM. Paderewski. Benes, Veni-
zelos et Vesnitch, qui ont demandé la suppres-
sion de la clause de la limitation des arme-
ments, au moms pour le momenJt, en ce qui
concerne leurs nations respectives. Satisfaction
leur sera donnée.
Enfin, les Tuirce sont appelés :
Nous confirmerons, enf-in, ce que nous annon-
cions hier la Turquie est invitée à envoyer
une mission à Paris, ayant à sa tête le grand-
vizir Ferid pacha Mais c'est une mission d' " ex-
perts " et non de plénipotentiaires. Il ne s'agit
point encore du traité à intervenir avec l'empire
c'hbom.an
MANCHETTES :
Le Petit Bleu emprunte sa manchette
à notre leader d'hier.
-
" Les grévistes sentent que l'heure choisie
pour la grève répond bea'ucouip trop à cer-
tains espoirs de l'ennemi. Et cela les trouble.
En chaque travailleur, le patriote s'inquiète,
car bon sang ne peut mentir. "
Albert MILHAUD.
HIER SOIR :
DJIBOUTI
TI paraît que les Italiens seraient con-
tents si nous leur cédions Djibouti, notre
port de relâche sur la route de Madagas-
car et de l'Extrême-Orient. Cela ne semble
pas possible au Temps pour la raison que
cette cession dépajng'erait l'intérêt colonial
français dans la mesure où il arrangerait
celui des Italiens :
Le prix que nous attachons à l'amitié ita-
lienne nous impose une parfaite franchise.
Jamais l'opinion française n'admettrait crue
3a France abandonnât Djibouti, ni le chemin
de fer qui va de ce port à Addis-Abbaba. Dji-
bouti est la seule escale que nous possédions
sur la route de Madagascar et de d'Extrême-
Orient. C'est de plus, grâoe au chemin de
fer, un port en plein développement qui. par-
ti de rien à la fin du siècle dernier, faisait à
la veile de la guerre un commerce de plus
de 80 millions de francs. DjIbout" abandm-
né, ce serait une cassure irrémédiable dans
là grande route française qui encercle le glo-
be et que notre mission sera demain d'orga-
niser.
Au surplus, les Italiens ies plus avertis se
rendent compte eux-mêmes qu'ils nous de-
1 mandent là un sacrifice hors de proportion
avec nos engagements. M. Camille Fidel, à
qui l'on doit de fortes études sur le problème
colonial italien, a cité à cet égard le témoi-
gnage de M. Antonio Annoni, vice-président
' de la Société italienne d'exploration géogra-
phique et commerciale. Il relate encore l'a-
veu d'un éminent spécialiste des questions
africaines, M. Enrico Cerulli. Dans la Tri-
buna, coloniale du 15 février 1919, M. Cerulli
montre que qe monopole commercial dont
jouit actuellement Djibouti tombera le jour
où l'Italie aura construit ses deux chemins
de fer de pénétration en Abyssinie, partant
l'un de la mer Rouge, l'autre de la Somalie
italienne.
LES GREVES
Il faut en parler encore, puisqu'elles du-
rent toujours. Les Débats font un peu de
moirale. Avouons qu'elle n'est pas inoppor-
tUTliQ :
Certains indices permatteni de croire que la
majorité des ouvriers, môme Darmi ceux qui
sont en grève, commence à s'apercevoir de l'ex-
traordinaire inopportunité, pour ne pas dire
plus, d'une agitation révolutionnaire à l'heure
où l'Allemand guetté de Versailles tous les
symptômes d'affaiblissement national chez les
AlJiés. Le publie est parient, il subit avec une
philosophie résignée toutes les incommodités
aue la fantaisie de tel ou tel coros de métier
se Dlaît fi. lui infliger. Les Syndicats abusent
de leur pouvoir pour opprimer leurs sujets, com-
me le faisaient les mauvais despotes. Le monde
est habitué à être brimé par quiconque détient,
si peu aue ce soit, le moyen de faire un peu
enrager son prochain. On s'est plaint bien sou-
vent de la malignité du bureaucrate qui oblige
à faire queue, devant son guichet fermé, les ad-
ministres soumis à son bon plaisir. C'est la '
même satisfaction que s'offrent les employés du
métro ou des tramways. Elle n'est ï!as d'un or-
dre très relevé, raison de plus pour qu'elle fiat,
te le tyranneau qui sommeille chez beaucoup
de braves gens dans la vie ordinaire.
Geôles Berthoula.t (Liberté) prêche le
resp.ect de La loi :
Cependant, la condition nécessaire de tout
inieux, social n'est-ce jpas avant tout l'Ordre
dont le gouvernement doit être le gardien vigir
lant pour prévenir, afin de n'avoir pas à ré
primer. étant entendu que l'Ordre a pour fon,
dément cette règle qui devrait être absolue
sorts la République encore plus que sous toute
autre forme de gouvernement : le respect de
la loi.
Dans l'Intransigeant, M. Léon Bailby
orie sas à la vie chère, et chacun répétera
volontiers son haro 1
C'est par en bas qu'il faut aviser. C'est à
la vie chère qu'il faut s'en prendre; Si le gou-
vernement, qui était prie par d'autres soucis,
veut bieif s'aviser enfin que celui-ci eSt essen-
tiel, nous n'aurons plus à redouter des alertes .
camme celle que nousjraversons.
Mais le voudra-t-il ? Quand on pense qu'un
communiqué officieux, sur lequel on est rerve-
nu depuis, a pu nous faire envisager une
hausse prochaine du pain, on se demande si,
ceux qui nous mènent savent bien la val e m.'
exacte de ce mot : manger.
Et voici le salut à l'aube, rouge/de Paul
Faure (Le Pop,ulairei :
EUes veulent des salaires en rapport avec Id
coût, cle l'existence, elles exigent l'application;
des lois sociales, elles réclament l'amnistie,'
elles n'entendent plus tolérer la guerre ver-:
saillaise aux révolutions ouvrières. Elles mar-
chent vers l'aube nouvelle, l'aube rouge qui
illumine les horizons. 'j
Pour démontrer qu'elles sont form i.d:ab.!'e&.:
selon l'expression de Mirabeau, elles n'on^
eu qu'à demeur.er immobiles un instant : elîos
ont arrêté toute la vie publique.
Tandis que les bourgeois qui, au ceint der
vue du travail, restent immobiles tou I .• l'année
sans qu'on s'en ape'rçoive, démontrent pax là;
leur parfaite inutilité.
Quelle édifiante leçon de socialisme s-& dé-
gage des événements actuels I |
On le verra par la suite.
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