Titre : Paris-midi : seul journal quotidien paraissant à midi / dir. Maurice de Waleffe
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1926-02-28
Contributeur : De Waleffe, Maurice (1874-1946). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32832672n
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 28 février 1926 28 février 1926
Description : 1926/02/28 (A16,N334). 1926/02/28 (A16,N334).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4730086t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-229
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/12/2017
La décoration des Navires
Une remarquable conférence de M. Georges Philippar nous en retrace toute l'histoire
i 1: e vendredi
12 février, M.
Georges Philip-
p a r, président
des con s e i 1 s
d'administration
des Messageries
maritimes, a fait
à l'Académie de
marine une communication des plus
intéressantes sur la décoration des
mavires à travers les âges et les
installations prévues à bord pour
iles passagers aux différentes épo-
ques de l'histoire.
Il, nous a'urait été particulière-
rtnent agréable de pouvoir soumettre
à nos lecteurs l'intégralité de la do-
cumentation recueillie sur ces deux
tpoints par le président des Messa-
geries maritimes. Faute de place,
mous nous bornerons à en donner
ici l'essentiel. Ce qu'il nous agrée-
rait de pouvoir rendre, c'est l'éclat,
3a fraîcheur de cette conférence où,
grâce au tour, grâce à l'accent,
jgrâce à une connaissance approfon-
die du sujet traité, le pittoresque
l'emportait sur l'érudition sans ja-
a-nais cependant la faire oublier.
Après une courte distinction, mais
fort suggestive, entre le navire-
cygne (pour passagers) et le navire-
poisson (pour marchandises), l'un
■élégant, de forme longue, fait pour
■aller vite, l'autre large et trapu, qui
,se dépêche moins, mais dont les
flancs peuvent transporter d'un ri-
vage à l'autre de plus importantes
cargaisons, la première description
qu'il donne d'un navire, M. Georges
Philippar l'emprunte à la Bible :
coques de sapin, rames faites de
chêne, cèdre du Liban pour les
. mâts, voiles décorées avec finesse
de dessins brodés, enfin des bancs
d'ivoire pour les rameurs, voilà
comment se présentaient, d'après
Ezèchiel, les vaisseaux qui portè-
irent la fortune de Tyr.
Franchissons, s'il vous plaît, une
Série d'époques. Nous voici aux
dromons, navires byzantins, blindés
de laine pressée, de cuir, de feu-
tré, décorés à l'étrave et à l'étam-
bot. Le IXe siècle voit fleurir, dans
: un rare progrès, la gloire maritime
, de Byzance. Environ le X", elle
, cesse de briller et l'océan, semble
■ nous dire M. G. Philippar, paraî-
traît peut-être un peu terne si brus-
quement n'y surgissaient les flottes
.scandinaves. Mais les Vikings ont
de belles barques aux flancs écla-
tants, des voiles de soie couleur de
pourpre et des agrès rouges, et les
statues de métal clair qui brillent à
leur poupe réfléchissent les rayons
du soleil levant.
Les nefs normandes du Conqué-
rant sont copiées sur elles. Un peu
plus tard, à cette débauche de
splendides couleurs, les galères que
construit Richard Cœur-de-Lion joi-
gnent les écus des officiers pendus
à leurs coques. Cette coutume se
maintient jusqu'au XVIe siècle.
Et maintenant, sur ces navires si
bien décorés, comment voyageaient
les bonnes gens? Assez mal, nous
avoue le conférencier. Répartis en
trois classes dès le Moyen Age, les
plus' riches occupaient le château
d'arrière et les moins riches se con-
tentaient d'une place sur le pont.
Chacun, avec un large coffre à usa-
ge de malle qui, s'il mourait en
cours de route, devenait sa bière,
apportait sa literie et des provi-
; XVÎP sieèle , -■--"
La conception des anciens armateurs reparaît sur la stabilité des bâtiments
et sur leur vitesse. Elle recelait en outre l'amour des belles lignes et de
la magnificence de l'architecture navale.
'si'ons. Et, de chacun, l'on exigeait
qu'il eût une .lanterne.
Entre tes bancs où les rameurs
étaient installés, régnait un couloir:
« la coursie ». Par gros temps, les
malades s'y agglutinaient. Terrifiés
et priant sous l'assaut des vagues,
ils profitaient des éclaircies pour
manier les dés. Quant à l'odeur que
[ répandait ce couloir central, c'était
tout, sauf la rosé et la bergamote.
m, depuis i antiquité jusquau
XVIe siècle, nous avons vu se dé-
ployer des efforts de peuples (mais
des efforts particuliers, saps vrai
lien entre, eux, différents l'un de
l'autre au gré des pays) pour doter
les navires de magnificence, ce n'est
qu'au début de ce XVI9 siècle, sous
l'influence dù la Renaissance ita-
IX0 SIECLE «
Les nordiques Vikings avaient de belles barques, aux flancs éclatants,
des voiles de soie et des agrès rouges. 1 -
Henne, qu'un art naval proprement
dit commence à régner. Nous en
notons sur les galères les premiers
indices. Des galères, il s'étend aux
plus lourds vaisseaux. L'intendant
d'Infreviilie rapatrie Puget et le
commet à diriger leur architecture.
Lebrun, Girardon, les deux frères
Vanloo, La Rose, Torro, Raimbault
et d'autres sont choisis par Colbert
pour les décorer.
Nous voici parvenus au XIXP. siè-
cle. L'économie a remplacé la ma-
gnificence et, n'était, quelquefois,
une figure de proue, on pourrait
dire de la décoration extérieure
qu'elle n'existe plus. Les coques se
dénudent, s'assombrissent. Mais on
soigne la vitesse, le tonnage s'ac-
croît et, en même temps, commence
à naître chez l'armateur le souci du
confort pour le passager.
A différentes reprises, et ce ne fut
certes pas le moindre intérêt d'une
communication particulièrement re-
marquable, le président des Messa-
geries maritimes a précisé ses vues
sur la décoration des paquebots du
XX" siècle. Les formules adoptées
pour cette décoration sont parfois
le style moderne, dont on peut
craindre, peut-être, que certaines de
ses manifestations ne se démodent
rapidement, ou encore des styles
bien classés, et déjà un peu' an-
ciens. Une méthode propre à inspi-
rer heureusement les décorateurs
consiste également à leur donner
pour thème le style particulier aux
régions que tel ou tel bateau est
appelé à desservir.
A l'appui de cette thèse, et com-
me exemples parmi d'autres, M. G.
Philippar a cité discrètement deux
paquebots des Messageries mariti-
mes : le « Champollion », courrier
d'Egypte, décoré d'après le style
pharaonique égyptien, traité avec
des moyens essentiellement moder-
nes, et le « Théophile Gautier »,
courrier du Levant,
Pour conclure, le président des
Messageries njq$j|in$s ,j rappelé
que le paquebot - modern'e, fruit de
la collaboration du travail intellec-
tU0l et du' travail manuel, est issu
de la conception générale de l'ar-
mateur,
En terminant, M. G. Philippnr a
insisté sur cette idée : « Que oha-
que unité soit, dans l'ordre arti.s-
tique, intellectuel, comme dans l'or-
dre matériel, un spécimen aussi
achevé que possible de ce que
nous sommes dans le présent, et le
témoin aussi averti que possible de
ce que nous avons été dans le pas-
sé ,>.
XVIIIe SIECLE
L'élégance de la ligue de ce fin bateau de parade XVIIIo siècle peut rivaliser
avec celle des yachts les plus luxueux. De ravissants motifs sculptés ornent
l'extérieur et l'intérieur de cette admirable coque.
POUR LE TOURISME FRANÇAIS
Nous devons exploiter la France pittoresque
Le grand tourisme est une des
richesses _ nationales que nous de-
vons exploiter à l'égal de nos prin-
cipales ressources iiatilpellfs- :
La France qui possède les sites
les plus divers et les plus beaux,
un climat d'Vme douceur légendai-
re et de nombreuses voies de com-
munications est encore trop peu
connue des touristes étrangers et
même des voyageurs français.
Dans une enquête très intéressan-
te, notre confrère Le Grand Tou-
risme donne la parole à quelques-
unes de nos personnalités politi-
ques que cette question attire par-
ticulièrement.
M. Fernand David qui vient
d'être maintenu dans ses fonctions
COMBAT NAVAL FLEURI
Des jolies femmes, des jeunes hommes,, des fleurs, du soleil, de l'eau. N'est-ce
pas la vision d'un paradis terrestre qu'offre cette photo des fêtes de
la Côte d'Azur ?
de président du Conseil d'adminis-
tration de l'Office national du tou-
risme s'y exprime ainsi :
Comme une maîtresse de maison
dispose et orne sa maison pour re-
cevoir des hôtes de choix, il impor-
tait que la France s'organisât pour
fêter ses visiteurs.
En bien des endroits, dans la
montagne, sur les plages, à portée
des sites riants, des syndicats
d'hommes d'initiative et de bonne
volonté s'étaient créée. Ils ne je-
taient donné d'autre but, que de
rendre leur coin de France ave-
nant et hospitalier.
Voici du tourisme encore et du
meilleur, car il faut une âme de
touriste pour savoir accueillir
l'hôte de passage à bras ouverts,
sans que la main compte recevoir.
Tous ces Syndicats d' 1 n£i£atÚ:e
— il y en a 600 —r se sont fédères
par région. Ces'Mié'Mtions'ont été
réunies et. voici, sous la direction
brillante de M. Audigier, cette
Union reconnue d'utilité publique
qui veut donner à la France les
moyens d'être la maîtresse de mai-
son gracieuse, avenante et avisée,
dont nous ,venons d'évoquer
l'image.
Enfin, le tourisme ne pouvait
s'isoler d'autres facteurs économi-
ques auxquels il assure d'impor-
tants revenus ,et qui se doivent de
tenir compte de ses besoins et de
ses désirs : chemins de fer, com-
pagnies de navigation, voies 1er-
rées d'intérêt local, transports. au-
tomobiles et d'autres encore.
Il a donc englobé leurs conseils
dans les siens, leur associant la
Chambre Nationale de l'Hôtellerie,
présidée par M. Barrier, institu-
tion soucieuse de technique moder-
ne, mais dépositaire aussi de deux
trésors dont elle doit être la gar-
dienne : la cuisine et les traditions
de l'hospitalité française.
L'Etat s'est toujours abstenu
d'intervenir dans le fonctionne-
ment de ces rouages délicats. Il se
contenterait du rôle facile de voir
affluer dans ses caisses sa part des
hénéfiec-s, s'il n'avait trouvé qu'il
avait mieux à faire et c'était d'as-
surer au tourisme le concours de la
nation tout entière. Il a confié
cette tâche à Y Office National clît
Tourisme.
Enfin, les groupes du tourisme
de la Chambre et du Sénat défen-
dent les intérêts du tourisme de-
vant les assemblées parlementai-
res.
Telle est la part des pouvoirs prt-
bl$s. |Pé|iaM' «I}®:
n0118 frotivons qu'il appartient aux
bons Français de couronner cette
œuvre en s'affiliant aux associa-
tions de tourisme.
Le Carnaval
sur la Côte d'Azur
Il convient de rappeler que les fêtes
se ^succéderont' sans interruption jus-
qu'à Pâques, que la h'pisième bataille
de !lent' aura lieu le -jeudi" 11 m/n?,
que la b£\tnHlt., dr;::-, fleurs pnftînt iQ:6,
ne l çmfclipns % pa?, sera .sensationnelle-
le f.vrH :prochain. ' Proclamons lo'
grand ■succès obtenu par AL ' Henri
Delgouîte, dont l'esprit ingénieux se
complaît dans les recherches de
l'inédit et dans les trouvailles du
beau, en réalisant « le Gala des
Opérettes •„> et annonçons la vente de
charité du Savoy au profit de l'œuvre
îles Sœurs gardes-malados qui, eo:;;,i:e.
les années prudentes, sera un impor-
tant cvcnp:ne)tt mondnin.
Un bal sensationnel
à Nice
Ce fut celui du - féÚif'1', nu Jh-
:k,jje-Hôte1. Que d'élégance parages chatoyants que portaient avec
tant de joyeuse crfmerie le" ;m;).'.a-
teitrs do la redoute. C'c.;:t avec de te'h -
Klh':-!f-iKni:-; que Al. A)('tti mainiin:
réputation du luxueux établis^-: ,;
qu'il dirige.
L'ECOLE HOTELIÈRE DE NICE
L'Ecole Hôtelière de "h Promenade
des Anglais est manifestement insuf-
fisnntc. tout au moins comme diinen- *
sions.
La Chambre Syndicale des Hôteliers
de Nice s'occupp, avec tout i'intque l'on 'devine, de cette situation si
préjudiciable à tous. " ,
Or, l'Ecole de 1:1 Promenade des
Anglais ne peut pas être agrandie sur
place. Il existe des servitudes passives
qui en empêchent absolument l'exten-
sion..
Dans '.ce3 eonditionc;, la Chambra !
Syndicale - 8,'CSt pr^oscjipeé de trouver
ailleurs des locaux ou un terrain pro-
piee sur lequel elle pourrait eonstruirq
une Ecole nouvelle.
Le Conseil d'Administration du Svn> -
client n a fait, jusqu'ici, qu'effleurexT
cette question délicate entre toutes J
mais nous croyons savoir qu'une solu-t-
ti011 satisfaisante sera trouvée et adop«
tée dans peu do temps.
j!W-L^Pf fLEUÇS^jNlGBÎ ;
-Sous lé ciel '@blëtr d'où '-* de end mi2
lumière joyeuse, les véhicules défilent
parés dans les rues pleines de gaieté
de Nice la jolie.
LES LIVRES
Feuilles de Saints
et
Morceaux choisis
par M. Paul Claudel
(2 vol. N. R. F.)
En: même temps que Feuilles de
'Sa-ints, son dernier volume de poésies,
M. Claiideti ayant publié un recueil de
,::'('S Morceaux choisis, essayons de ca-
'ra:c'tcris-er en quelques mots l'œuvre de
il'auteur.
La, dénomination de « poète elire-
» conviendrait ma'l à Claudel ;
vïût pourrait prêter à une équivoque,
si une double équivoque même. En
,<.ff,et, ou bien l'on pourrait croire que
• '"'audi-l est. 'UIl chrétien non catholique
ou bien que, dans son eathoEeisme,
le sentiment: chrétien qui domine.
•Or il est plus juste de dire que Clau-
v'i^l est un poète catholique ; il fi'est,
- a effet, au, sens exclusif, rigoureux
->ia mot. Ce qui préside à son cefnvre,
v>st le principe d'autorité, c'est la
souveraineté de l'Eglise, riniaiUi'biilité
.pa:pa!l-p, .c'est Rome.
( De ià, chez 'le poète, cette-mise ù.
(L'index: constante du mécréant ou du
(dissident, ces condamnations solennel-
iles et ces .disciplines et, par suite,
leette absence quasi effrayante des sen-
timents de là tolérance et du pardon.
Ce qui frappe tout d'a'bor.c1 daïis
fl'oenvre de Claudel, tant lyrique que
idramatkjue, c'est sa profonde unité.
•Cette œuvre a. comme un 'pivot centrai!;.
ilequel est. le sentiment de la certi-
ifatde, l'assurance snperbe, impertur-
ibSble de détenir la Vérité. V o¡là le
moyen d'où rayonnent les jantes de
aa- roue, le point fixe autour duquel
(tourne tout le système. La. poésie de
€(au CiaHc-.ci a. pour corollaires tantôt une
'explosion ,de fureur à l'adresse de l'oD-
fposant et du !p.erv.ers une fois chasses du rtempie,
line plénitude triomphante dans Fado-
3 a tion. On peut, (ln effet, envisager
Dieu sous deux aspects : comme un
Ih1jini dans lequel on se perd, ou
•comme un absolu sur lequel on -vap-
Oltlie. Il éclate que c'est dans Ifl, préfé-
rence donnée au second attribut que
'Claudel a trouvé sa. satisfaction et son
uipaisement. Le poète n'est pas un
ICToyant à 4a. (mode romantique, j'en-
tends de ceux qu'a rejeics vers la re-
fligfion 1© spectacle de l'apparen'te in-
'cohérence terrestre, de la « farce sinis-
n-ré », et_ qui en appellent des injus-
tices d'ici-bas à queque tribunal
suprême. Ce n'est pas non plus un
nny.stique, dont l'œil tomBé vers le
dafans parvient, au cours d'excrcic'es
fproùonges, à distinguer au fond de soi
lujie divine présence. Xon, la dévotion
n'oublie point que C3 monde
lait, partie de la Création, que la Créa-
frion est un ordre, dans lequel lui-
tmeme est compris, « comme un chif-
ïre prisonnier de la somme ;>, et c'est
(devant cet ordre qu'il fléchit le genou;
(boète, il en célèbre !1e£ là p>;t
r • -
1 sa vocation et là son sacerdoce. L'hu-
manité et ce « petit canton » de la
création qui s'appelle la. Terre, Clau-
de!, de par sa situation tete consul,
puis {FaJlllbas..;;a,Jeur, les a vus sous
toutes les latitudes ; et ce n'est pas
une des moindres richesses de son
œuvre que cette connaissance réelle
Idu monde.
La valeur littéraire de l'œuvre de
Claudel réside dans la puissance de
son imagination. Lorsque celle-ci ne
.triomphe pas, comme il arrive dans
certains poèmes plus abstraits, l'ou-
vrage) est faible, 'd'une faiblesse bru-
tale. L'auteur n'est plus qu'un doctri-
naire violent, non point que Claudel
manque de profondeur, mais juste-
ment ..sa profondeur tient à une heu-
reuse fusion de l'image et de la pen-
sée. La pensée seule, chez lui, n'est
tout de même pas assez forte pour
que dans le domaine de la spéculation
pure, elle s'élève jusqu'à cette origina-
lité grosse de conséquences qui est
comme la beauté des idées. Le senti-
ment, non plus, isolé, ne suffirait
point à nous émouvoir, car il se limite
presque exclusivement à l'orgueil ; ou
bien, il est non point débile assuré-
ment mais gauche et comme engoncé
dans un lourd manteau.
L'image claudélienne est de vaste
envergure, mais la longueur de sçs
ailes n'est pas toute sa vertu ; une au-
tre de ses qualités c'est son poids, sa
densité, cette épaisseur de corps par-
ticulière aux oiseaux de la grande
espèce.
TI est d'usage de dire que Claudel
écrit en « versets ». C'est une erreur.
Dans les versets il est généralement
d'usage que l'alinéa coïncide avec la
terminaison, du ::,('118, chaque verset
étant comme un chaînon de la. chaîne
logique. Or, ici, l'alinéa semble une
décision brusque, il a jo ne sais quoi
d'inattendu et de tronqué, on dirait
une cassure, une faille qui laisse Il;
sens en suspens ou introduit dans son
déroulement un temps musical.
Claudel assure qu'il, écrit Cl1r ver?.
Co vers étrange, qui est le sien, n'au-
rait d'autres lois que celles de son
propre soufïl-e : le rythme serait créé
par 1e mouvement de la respiration
chez l'auteur..Chaque fin de vers coïn-
ciderait avec une expiration. Le vers
court^ tiendrait it, quelque halètement
de l'émotion, à quelque imperceptible
faux pas du -ccour. Le vers le plus
long- correspondrait au maximum de
la dilatation pulmonaire chez le POèt0.
Mais, si le poète écrit pour d'autres
que pour lui, va-t-il oblis.er le lecteur
'ou le récitant zt reproduire, à copier
les variations du souille initial d'où le
poème, paraît-il, est sorti ? L'auteur,
lui-même, s'il veut se relire, est-il sûr,
maintenant que l'émotion créatrice est,
éteinte-en lui, de retrouver la modula-
tion primitive ? Tout bonnement il en
viendra à lire ses « vers » comme de
la prose rythmée. C'est qu'en réalité
ils ne sont pas autre chose. Mais cette
prose rythmée est d'une poésie souvent
magnifique
François Porché.
LE COIN DU BIBLIOPHILE
Le Vagabond Ensorcelé
(1)
^ Quand le Vagabond a terminé le ré-
cit de ses aventures, il se taît et aucun
auditeur n'interrompt son silence et
son rêve. Il faut lire ce roman vif, co-
loré, chargé .d'âme 'du £'rand peintre
de ln, vie russe qu'est Leskof, ce Les-
kof sur lequel AI. Pierre d'e Kovalesw-
sky vient précisément d'écrire une étu-
de documentaire et pénétrante.
Le parfait éditeur qu'est Af. J.
Schiffrin a publié Le Vagabond dans
-ln, « Collection des classiques russes »
que j'ai déjà signalée aux bibliophiles
de Paris-Jlidi, et où ont paru 'des ro-
mans de Pouchkine, de Tolstoï, de Go-
gol. de Tourguénev et de Dostoïevsky.
Comme les volumes précédents, Le
Vagabond est édité avec le soin scru-
puleux, le goût, la, technique accom-
plie du livre qui ont placé AI. Schiffrin
au premier rang des éditeurs d'art d'a-
près-guerre. Comme Ed Pelletan et le
maître Pichon, M. Schiffrin entend
d'a'bord un livre comme une œuvro ty-
pographique ; il sait composer une pa-
ge et l'orner d'une façon appropriée
et dans la mesure qui convient.
Cet émouvant et pittoresque Vaga-
bond ensorcelé est tiré, ainsi que tous
les volumes de la collection (qui en
comprend huit) à 2.700^ exemplaires,
dont 200 sur Hollande Van Gelder et
2.500 sur vélin 'du Marais. :
Eaux-Fortes de Galanis
pair Akrivie (1)
Galinis s'est révélé, il y a cinq mils,
avec de délicieuses illustrations pour
les Nuits d'Octobre, de Nerval : eaux-
fortes retouchées au grain de. résine,
où la fantaisie poétique et légère de
Fœu\TC' ' est transposée avec adresse et
rajeunie avec ii.,,t rare bonheur. Puis
ce furent des vignettes allégoriques
pour la Gageure de Brébœuf, d'un art
très p'ersonneL et très fin. et d'une dé-
licatesse extrême dt-,;,s les tailles. Une
sobriété vigoureuse caractérise, au
contraire,, les douze figures composées
pour le Bouclier du Zodiaque, de Sua-
rès. et je ne crois pas qu'il y ait, dans
la collection « Une œuvre, un por-
' trait », aucun portrait qui puisse être
mis en comparaison avec celui que,
dans La Bohème, ct, mon cœur" Galants
a -établi de Garco.
Pour AJcrivio Vrangopoulo, la nou-
velle grecque de Gobineau, dont l'édi-
teur Schiffcr a fait ce livre d'art re-
marquahle, Galanis a composé une sé-
rie d'eaux-fortes en noir qui pour-
raient^ bien être son chef-d'œuvre.
Jeux étonnants des blancs et des noirs,
volutes, virtuosité d'un aquafortiste
dont l'art rapide et robuste n'affirme
pas et qui évoque le décor ciaxéen et
marin du conte.
Maurice Rat.
(1) Leskof, Le Vagabond ensorcelé,,'
1 vol. tte la Co!!. Les Auteurs classiques
Russes (Schiffrin). — cf. Kova.Ieswsk:,
Leskof, 1 vol. (Presses Universitaires
de France).
(1) . Gobineau. A.k1'iric. eaux-fortes (le
Hnlnm.» . 1 vol. iTY). (l'srt Sehii'mrU
LA PRESSE HUMORISTIQUE
La mode nouvelle
Il faut nous y préparer la
femme. dis ce printemps, t'a chan-
f/ci\ de silhouette. M. Pierre de
Trévières, dans le Cri de Paris,
nous ^ révèle, en homme toujours
bien informé des choses de la mo-
de, tout le secret de cette transfor-
malion ravissanle.
Chaque saison, nos grands cou-
turiers, délaissant les plaisirs fa-
ciles et les joies éphémères, se plon-
gent dans cette volupté amère et
salutaire : trouver pour la Femme
une nouvelle silhouette...
^ Songez que tout, déjà, fut tenté,
réalise, le parapluie, la sonnette,
le chandelier, le parachute, la cèpe
bordelaise. '
Mais le passé, comme dit Carl
Sandberg, est un baquet de cen-
dres. Il faut innover sans répit' ni
repos.
Voici donc l'inédite effigie, il la-
quelle nous devrons adapter nos
regards, nos ferveurs, nos étrein-
tes.
Tête excessivement réduite et
petite (où logeront-Elles leur es- '
prit ?) ; épaules très moulées, bus- |
te amplifié par une courte cape.
« La place de la taille n'offre
plus aucun intérêt, pas même son
existence s-, affirme un magazine
célèbre... Nouvelle amplitude des
hanches. Jupe courte. Attitude éri-
gée sur des souliers aux talons
Louis XXII pour le moins.
Schématiquement, cela donne
deux as de cœur enfilés, empilés...
I Le losange rituel coupé par son mi-
lieu, le triangle inférieur renver-
s6... Et e,*est charmant {naturelle-
ment) .
L'évasement inférieur s'assure
'pal' mille artifices variables sui-
vant les latitudes et les fortunes.
La sainte de M. Chéron
- Ni M. Gaétan Bcrnoville, ni AIme
Luciev Delarue-Mardrusqui ont
écrit, chacun èi sa ?7w,niDre, l'ha-
giog l'aphic ^ d'une. sainte mocletnc,
n'ont fait état de ses rapports -(7-ve":
l un de ses plus illustres compa-
triotes, M. Chéron.
Notre confrère Aux Ecoutes
vient de combler cette lacune ca
un petit récit que le scrupuleux
Gaétan Bernoville ne ' manquera
pas, seins doute, de mettre ai(, moins
en appendice clans la prochaine
édition de son ouvrage.
Chéron aime raconter ses.
débuts pénibles dans la vie. Avant
que d'être avocat à Lisieux, il y
fut élève potard. Il excellait dans
la fabrication des onguents.
A cette époque déjà lointaine,
venait chez lui une petite fille à
qui il apprenait l'accordéon. Cha-
que jour, la petite fille venait lui
demander de lui apprendre à
chanter. Et M. Chéron battait la
mesure :
•— Qu'est-elle devenue 1 deman-
dlÜt-on à la Fée barbue.
—■ Elle est morte, il y a. long-
temps...
— Mariée ?
—Non. religieuse ! C'était Sœur
Thérèse de l'Enfant-Jésus.
L'humour de lord Curzon
Le premier anniversaire lie sa
?nod, dit Le Carnet de la Semaine,
ramène l'attention sur lord CllT-
zon. -Let publication posthume de
ses vers il(z consacrer peut-être sa
réputation d'homme de lel'f1'cs. Dès
Oxford, il négligeait les sports pour
la littérature. Aussi se plaisait-il à
rappeler le plaisant dialogue qu'il
eut un jour avec l'illustre savant
P.- TV. Bushel, it qui on venait de
le présenter :
— Et quel est votre amusement
favori ? Le canotage ?
Non, professeur, je ne rame
pas.
— Le cricket, alors ?
— Non plus, je n'ai jamais tenu
une bat.
— Le tennis ? La chasse ? Le
football ?
S'entendant toujours répondre
non, Bushel finit par s'exclamer :
_—' Mais alors, grands dieux, que
faites-vous, mon jeune ami ?•
— Ma foi, répliqua le jeune Cur-
zon, en souriant, je lis. Que pensez-
; vous par exemple du Traité de
musique de Théon de Smyrne ?
— Première fois que j'en en-
tends parler, confesse le professeur.
— Aimez-vous l'œuvre d'Alci-
nous .. »
— Ma foi, je vous avouerai...
— Plotin, alors, doit être votre
auteur de chevet ?
— C'est-à-dire...
_— Mais alors, gra.nds dieux, que
faites-vous, mon jeune ami, de vo-
tre temps ? conclut victorieuse-
ment le futur homme d'Etat.
Chars de Mi-Carême
La Mi-Carême sera joyeuse, an.
nonce Le Merle Blanc. Uîb défilé
somptueux parcourra les boule-
vards, an milieu de l'allégresse gé-
nérale. D'abord, la Heine. 'Et pÜ,zs;:;'
les chars :
Le char fiscal, monté par c1e
gracieuses jeunes femmes figurant
les Impôts, et. jetant à la foule des
sommations avec ou sans fra.is. A
l'arrière, un petit guichet pour
permettre aux contribuables qui le
désirent de passer à la caisse.
Ensuite, le char de la Gloire,
sorte d'escalier allégorique, aux
marches portant les dates de 1870
à 1922, et montrant l'ascension de
la France. En bas, une Marianne
vaincue, en haut, une Marianne
victorieuse ; en avant, le pain à
quatre sous la livre, derrière, le
pain à deux francs le kilo...
Le bœuf gras - suit. Comme il
symbolise l'Abondance, la Com-
mission a préféré remplacer le
Meuf vivant par un bœuf en car-
:on pâte. D'abord, pour que le
symbole soit plus gros. Ce bœuf
3st assez 2Taud pour aue tons les
bouchers de la Villétté soient jïiis
dedans. ^ ;
Après lui, le char -des, Plaisirs do
Paris. C'est le plus gai du cortège
et. pourtant Dieu sait Hl, lés au-
tres le sont ! —■ avec (','OÉl (la
Grâce), Rigadin (le Cinéma); Cé..
cile Sorel (Ja Beauté), Emilienne
(l'Amour), les femmes nues de
Vol terra. (le Théâtre Contempo-
rain) et le personnel de la maison
de Borniol (le Dancing): -
Il précède un char très curieux,
fait d'une pyramide d'armes et do
munitions, sur laquelle tous les al-
liés sont grimpés. D'un côté, ce
char est le char du Désarmement
et il a pour devise• : ' 1YOUS les
Jouions aux pieds ! » ; de l'autre,
c'est le char de la RCL'(lilche, et il.
a pour devise : « Il n'y a qu'à S,-,
baisser pour en prendre ! » De
sorte que le public, au passage du
cortège, n'aura, selon ses opinions,
qu'à se placer sur le trottoir de
gauche ou sur celui de droite, I)otii!
être satisfait...
Propos
| Ils sont du Canard Enchaîné,
| dont lrt çjiahip,, m'embarrasse- Úas
plus l'esprit que la langue. Ils ne
manqucnt pas
En somme, si les députés se vo-
tent les quar,,iiite-detix, mille, c 'est
peut-être pour payer plus d'im-
pôts %
En tout cas, après les prochai-
nes élections, il est un impôt que
beaucoup d'entre eux n'auront pas
à payer :
C'est l'impôt sur les revenus.
Quel ài'tiii avait osé parler dit
rétabli.ment de la gabelle. -
Quelle horreur ! >
N'est-il pas plus simple de met",
tre un impôt sur le sel, comme le
propose la commission, des Finan-
ces du Sénat % " .•/
M. La.ncel est libéré -,parce qu'il
avait 100.000 francs.
Le prince Murât est libéré parce!
qu'il en avait :10.000.
Si après ça on se plaint encore
de !.-I Justice s.
LE RECENSEMENT
— Vous rives seule ?
— y ou» le voyez bien 7f
IMPRUDENTE MENACE
— Si tu continues, je te mettrai
pain sec.
— Penses-tu ! Il est trop cher.., .
Une remarquable conférence de M. Georges Philippar nous en retrace toute l'histoire
i 1: e vendredi
12 février, M.
Georges Philip-
p a r, président
des con s e i 1 s
d'administration
des Messageries
maritimes, a fait
à l'Académie de
marine une communication des plus
intéressantes sur la décoration des
mavires à travers les âges et les
installations prévues à bord pour
iles passagers aux différentes épo-
ques de l'histoire.
Il, nous a'urait été particulière-
rtnent agréable de pouvoir soumettre
à nos lecteurs l'intégralité de la do-
cumentation recueillie sur ces deux
tpoints par le président des Messa-
geries maritimes. Faute de place,
mous nous bornerons à en donner
ici l'essentiel. Ce qu'il nous agrée-
rait de pouvoir rendre, c'est l'éclat,
3a fraîcheur de cette conférence où,
grâce au tour, grâce à l'accent,
jgrâce à une connaissance approfon-
die du sujet traité, le pittoresque
l'emportait sur l'érudition sans ja-
a-nais cependant la faire oublier.
Après une courte distinction, mais
fort suggestive, entre le navire-
cygne (pour passagers) et le navire-
poisson (pour marchandises), l'un
■élégant, de forme longue, fait pour
■aller vite, l'autre large et trapu, qui
,se dépêche moins, mais dont les
flancs peuvent transporter d'un ri-
vage à l'autre de plus importantes
cargaisons, la première description
qu'il donne d'un navire, M. Georges
Philippar l'emprunte à la Bible :
coques de sapin, rames faites de
chêne, cèdre du Liban pour les
. mâts, voiles décorées avec finesse
de dessins brodés, enfin des bancs
d'ivoire pour les rameurs, voilà
comment se présentaient, d'après
Ezèchiel, les vaisseaux qui portè-
irent la fortune de Tyr.
Franchissons, s'il vous plaît, une
Série d'époques. Nous voici aux
dromons, navires byzantins, blindés
de laine pressée, de cuir, de feu-
tré, décorés à l'étrave et à l'étam-
bot. Le IXe siècle voit fleurir, dans
: un rare progrès, la gloire maritime
, de Byzance. Environ le X", elle
, cesse de briller et l'océan, semble
■ nous dire M. G. Philippar, paraî-
traît peut-être un peu terne si brus-
quement n'y surgissaient les flottes
.scandinaves. Mais les Vikings ont
de belles barques aux flancs écla-
tants, des voiles de soie couleur de
pourpre et des agrès rouges, et les
statues de métal clair qui brillent à
leur poupe réfléchissent les rayons
du soleil levant.
Les nefs normandes du Conqué-
rant sont copiées sur elles. Un peu
plus tard, à cette débauche de
splendides couleurs, les galères que
construit Richard Cœur-de-Lion joi-
gnent les écus des officiers pendus
à leurs coques. Cette coutume se
maintient jusqu'au XVIe siècle.
Et maintenant, sur ces navires si
bien décorés, comment voyageaient
les bonnes gens? Assez mal, nous
avoue le conférencier. Répartis en
trois classes dès le Moyen Age, les
plus' riches occupaient le château
d'arrière et les moins riches se con-
tentaient d'une place sur le pont.
Chacun, avec un large coffre à usa-
ge de malle qui, s'il mourait en
cours de route, devenait sa bière,
apportait sa literie et des provi-
; XVÎP sieèle , -■--"
La conception des anciens armateurs reparaît sur la stabilité des bâtiments
et sur leur vitesse. Elle recelait en outre l'amour des belles lignes et de
la magnificence de l'architecture navale.
'si'ons. Et, de chacun, l'on exigeait
qu'il eût une .lanterne.
Entre tes bancs où les rameurs
étaient installés, régnait un couloir:
« la coursie ». Par gros temps, les
malades s'y agglutinaient. Terrifiés
et priant sous l'assaut des vagues,
ils profitaient des éclaircies pour
manier les dés. Quant à l'odeur que
[ répandait ce couloir central, c'était
tout, sauf la rosé et la bergamote.
m, depuis i antiquité jusquau
XVIe siècle, nous avons vu se dé-
ployer des efforts de peuples (mais
des efforts particuliers, saps vrai
lien entre, eux, différents l'un de
l'autre au gré des pays) pour doter
les navires de magnificence, ce n'est
qu'au début de ce XVI9 siècle, sous
l'influence dù la Renaissance ita-
IX0 SIECLE «
Les nordiques Vikings avaient de belles barques, aux flancs éclatants,
des voiles de soie et des agrès rouges. 1 -
Henne, qu'un art naval proprement
dit commence à régner. Nous en
notons sur les galères les premiers
indices. Des galères, il s'étend aux
plus lourds vaisseaux. L'intendant
d'Infreviilie rapatrie Puget et le
commet à diriger leur architecture.
Lebrun, Girardon, les deux frères
Vanloo, La Rose, Torro, Raimbault
et d'autres sont choisis par Colbert
pour les décorer.
Nous voici parvenus au XIXP. siè-
cle. L'économie a remplacé la ma-
gnificence et, n'était, quelquefois,
une figure de proue, on pourrait
dire de la décoration extérieure
qu'elle n'existe plus. Les coques se
dénudent, s'assombrissent. Mais on
soigne la vitesse, le tonnage s'ac-
croît et, en même temps, commence
à naître chez l'armateur le souci du
confort pour le passager.
A différentes reprises, et ce ne fut
certes pas le moindre intérêt d'une
communication particulièrement re-
marquable, le président des Messa-
geries maritimes a précisé ses vues
sur la décoration des paquebots du
XX" siècle. Les formules adoptées
pour cette décoration sont parfois
le style moderne, dont on peut
craindre, peut-être, que certaines de
ses manifestations ne se démodent
rapidement, ou encore des styles
bien classés, et déjà un peu' an-
ciens. Une méthode propre à inspi-
rer heureusement les décorateurs
consiste également à leur donner
pour thème le style particulier aux
régions que tel ou tel bateau est
appelé à desservir.
A l'appui de cette thèse, et com-
me exemples parmi d'autres, M. G.
Philippar a cité discrètement deux
paquebots des Messageries mariti-
mes : le « Champollion », courrier
d'Egypte, décoré d'après le style
pharaonique égyptien, traité avec
des moyens essentiellement moder-
nes, et le « Théophile Gautier »,
courrier du Levant,
Pour conclure, le président des
Messageries njq$j|in$s ,j rappelé
que le paquebot - modern'e, fruit de
la collaboration du travail intellec-
tU0l et du' travail manuel, est issu
de la conception générale de l'ar-
mateur,
En terminant, M. G. Philippnr a
insisté sur cette idée : « Que oha-
que unité soit, dans l'ordre arti.s-
tique, intellectuel, comme dans l'or-
dre matériel, un spécimen aussi
achevé que possible de ce que
nous sommes dans le présent, et le
témoin aussi averti que possible de
ce que nous avons été dans le pas-
sé ,>.
XVIIIe SIECLE
L'élégance de la ligue de ce fin bateau de parade XVIIIo siècle peut rivaliser
avec celle des yachts les plus luxueux. De ravissants motifs sculptés ornent
l'extérieur et l'intérieur de cette admirable coque.
POUR LE TOURISME FRANÇAIS
Nous devons exploiter la France pittoresque
Le grand tourisme est une des
richesses _ nationales que nous de-
vons exploiter à l'égal de nos prin-
cipales ressources iiatilpellfs- :
La France qui possède les sites
les plus divers et les plus beaux,
un climat d'Vme douceur légendai-
re et de nombreuses voies de com-
munications est encore trop peu
connue des touristes étrangers et
même des voyageurs français.
Dans une enquête très intéressan-
te, notre confrère Le Grand Tou-
risme donne la parole à quelques-
unes de nos personnalités politi-
ques que cette question attire par-
ticulièrement.
M. Fernand David qui vient
d'être maintenu dans ses fonctions
COMBAT NAVAL FLEURI
Des jolies femmes, des jeunes hommes,, des fleurs, du soleil, de l'eau. N'est-ce
pas la vision d'un paradis terrestre qu'offre cette photo des fêtes de
la Côte d'Azur ?
de président du Conseil d'adminis-
tration de l'Office national du tou-
risme s'y exprime ainsi :
Comme une maîtresse de maison
dispose et orne sa maison pour re-
cevoir des hôtes de choix, il impor-
tait que la France s'organisât pour
fêter ses visiteurs.
En bien des endroits, dans la
montagne, sur les plages, à portée
des sites riants, des syndicats
d'hommes d'initiative et de bonne
volonté s'étaient créée. Ils ne je-
taient donné d'autre but, que de
rendre leur coin de France ave-
nant et hospitalier.
Voici du tourisme encore et du
meilleur, car il faut une âme de
touriste pour savoir accueillir
l'hôte de passage à bras ouverts,
sans que la main compte recevoir.
Tous ces Syndicats d' 1 n£i£atÚ:e
— il y en a 600 —r se sont fédères
par région. Ces'Mié'Mtions'ont été
réunies et. voici, sous la direction
brillante de M. Audigier, cette
Union reconnue d'utilité publique
qui veut donner à la France les
moyens d'être la maîtresse de mai-
son gracieuse, avenante et avisée,
dont nous ,venons d'évoquer
l'image.
Enfin, le tourisme ne pouvait
s'isoler d'autres facteurs économi-
ques auxquels il assure d'impor-
tants revenus ,et qui se doivent de
tenir compte de ses besoins et de
ses désirs : chemins de fer, com-
pagnies de navigation, voies 1er-
rées d'intérêt local, transports. au-
tomobiles et d'autres encore.
Il a donc englobé leurs conseils
dans les siens, leur associant la
Chambre Nationale de l'Hôtellerie,
présidée par M. Barrier, institu-
tion soucieuse de technique moder-
ne, mais dépositaire aussi de deux
trésors dont elle doit être la gar-
dienne : la cuisine et les traditions
de l'hospitalité française.
L'Etat s'est toujours abstenu
d'intervenir dans le fonctionne-
ment de ces rouages délicats. Il se
contenterait du rôle facile de voir
affluer dans ses caisses sa part des
hénéfiec-s, s'il n'avait trouvé qu'il
avait mieux à faire et c'était d'as-
surer au tourisme le concours de la
nation tout entière. Il a confié
cette tâche à Y Office National clît
Tourisme.
Enfin, les groupes du tourisme
de la Chambre et du Sénat défen-
dent les intérêts du tourisme de-
vant les assemblées parlementai-
res.
Telle est la part des pouvoirs prt-
bl$s. |Pé|iaM' «I}®:
n0118 frotivons qu'il appartient aux
bons Français de couronner cette
œuvre en s'affiliant aux associa-
tions de tourisme.
Le Carnaval
sur la Côte d'Azur
Il convient de rappeler que les fêtes
se ^succéderont' sans interruption jus-
qu'à Pâques, que la h'pisième bataille
de !lent' aura lieu le -jeudi" 11 m/n?,
que la b£\tnHlt., dr;::-, fleurs pnftînt iQ:6,
ne l çmfclipns % pa?, sera .sensationnelle-
le f.vrH :prochain. ' Proclamons lo'
grand ■succès obtenu par AL ' Henri
Delgouîte, dont l'esprit ingénieux se
complaît dans les recherches de
l'inédit et dans les trouvailles du
beau, en réalisant « le Gala des
Opérettes •„> et annonçons la vente de
charité du Savoy au profit de l'œuvre
îles Sœurs gardes-malados qui, eo:;;,i:e.
les années prudentes, sera un impor-
tant cvcnp:ne)tt mondnin.
Un bal sensationnel
à Nice
Ce fut celui du - féÚif'1', nu Jh-
:k,jje-Hôte1. Que d'élégance
tant de joyeuse crfmerie le" ;m;).'.a-
teitrs do la redoute. C'c.;:t avec de te'h -
Klh':-!f-iKni:-; que Al. A)('tti mainiin:
réputation du luxueux établis^-: ,;
qu'il dirige.
L'ECOLE HOTELIÈRE DE NICE
L'Ecole Hôtelière de "h Promenade
des Anglais est manifestement insuf-
fisnntc. tout au moins comme diinen- *
sions.
La Chambre Syndicale des Hôteliers
de Nice s'occupp, avec tout i'int
préjudiciable à tous. " ,
Or, l'Ecole de 1:1 Promenade des
Anglais ne peut pas être agrandie sur
place. Il existe des servitudes passives
qui en empêchent absolument l'exten-
sion..
Dans '.ce3 eonditionc;, la Chambra !
Syndicale - 8,'CSt pr^oscjipeé de trouver
ailleurs des locaux ou un terrain pro-
piee sur lequel elle pourrait eonstruirq
une Ecole nouvelle.
Le Conseil d'Administration du Svn> -
client n a fait, jusqu'ici, qu'effleurexT
cette question délicate entre toutes J
mais nous croyons savoir qu'une solu-t-
ti011 satisfaisante sera trouvée et adop«
tée dans peu do temps.
j!W-L^Pf fLEUÇS^jNlGBÎ ;
-Sous lé ciel '@blëtr d'où '-* de end mi2
lumière joyeuse, les véhicules défilent
parés dans les rues pleines de gaieté
de Nice la jolie.
LES LIVRES
Feuilles de Saints
et
Morceaux choisis
par M. Paul Claudel
(2 vol. N. R. F.)
En: même temps que Feuilles de
'Sa-ints, son dernier volume de poésies,
M. Claiideti ayant publié un recueil de
,::'('S Morceaux choisis, essayons de ca-
'ra:c'tcris-er en quelques mots l'œuvre de
il'auteur.
La, dénomination de « poète elire-
» conviendrait ma'l à Claudel ;
vïût pourrait prêter à une équivoque,
si une double équivoque même. En
,<.ff,et, ou bien l'on pourrait croire que
• '"'audi-l est. 'UIl chrétien non catholique
ou bien que, dans son eathoEeisme,
le sentiment: chrétien qui domine.
•Or il est plus juste de dire que Clau-
v'i^l est un poète catholique ; il fi'est,
- a effet, au, sens exclusif, rigoureux
->ia mot. Ce qui préside à son cefnvre,
v>st le principe d'autorité, c'est la
souveraineté de l'Eglise, riniaiUi'biilité
.pa:pa!l-p, .c'est Rome.
( De ià, chez 'le poète, cette-mise ù.
(L'index: constante du mécréant ou du
(dissident, ces condamnations solennel-
iles et ces .disciplines et, par suite,
leette absence quasi effrayante des sen-
timents de là tolérance et du pardon.
Ce qui frappe tout d'a'bor.c1 daïis
fl'oenvre de Claudel, tant lyrique que
idramatkjue, c'est sa profonde unité.
•Cette œuvre a. comme un 'pivot centrai!;.
ilequel est. le sentiment de la certi-
ifatde, l'assurance snperbe, impertur-
ibSble de détenir la Vérité. V o¡là le
moyen d'où rayonnent les jantes de
aa- roue, le point fixe autour duquel
(tourne tout le système. La. poésie de
€(au
'explosion ,de fureur à l'adresse de l'oD-
fposant et du !p.erv.ers une fois chasses du rtempie,
line plénitude triomphante dans Fado-
3 a tion. On peut, (ln effet, envisager
Dieu sous deux aspects : comme un
Ih1jini dans lequel on se perd, ou
•comme un absolu sur lequel on -vap-
Oltlie. Il éclate que c'est dans Ifl, préfé-
rence donnée au second attribut que
'Claudel a trouvé sa. satisfaction et son
uipaisement. Le poète n'est pas un
ICToyant à 4a. (mode romantique, j'en-
tends de ceux qu'a rejeics vers la re-
fligfion 1© spectacle de l'apparen'te in-
'cohérence terrestre, de la « farce sinis-
n-ré », et_ qui en appellent des injus-
tices d'ici-bas à queque tribunal
suprême. Ce n'est pas non plus un
nny.stique, dont l'œil tomBé vers le
dafans parvient, au cours d'excrcic'es
fproùonges, à distinguer au fond de soi
lujie divine présence. Xon, la dévotion
lait, partie de la Création, que la Créa-
frion est un ordre, dans lequel lui-
tmeme est compris, « comme un chif-
ïre prisonnier de la somme ;>, et c'est
(devant cet ordre qu'il fléchit le genou;
(boète, il en célèbre !1e£ là p>;t
r • -
1 sa vocation et là son sacerdoce. L'hu-
manité et ce « petit canton » de la
création qui s'appelle la. Terre, Clau-
de!, de par sa situation tete consul,
puis {FaJlllbas..;;a,Jeur, les a vus sous
toutes les latitudes ; et ce n'est pas
une des moindres richesses de son
œuvre que cette connaissance réelle
Idu monde.
La valeur littéraire de l'œuvre de
Claudel réside dans la puissance de
son imagination. Lorsque celle-ci ne
.triomphe pas, comme il arrive dans
certains poèmes plus abstraits, l'ou-
vrage) est faible, 'd'une faiblesse bru-
tale. L'auteur n'est plus qu'un doctri-
naire violent, non point que Claudel
manque de profondeur, mais juste-
ment ..sa profondeur tient à une heu-
reuse fusion de l'image et de la pen-
sée. La pensée seule, chez lui, n'est
tout de même pas assez forte pour
que dans le domaine de la spéculation
pure, elle s'élève jusqu'à cette origina-
lité grosse de conséquences qui est
comme la beauté des idées. Le senti-
ment, non plus, isolé, ne suffirait
point à nous émouvoir, car il se limite
presque exclusivement à l'orgueil ; ou
bien, il est non point débile assuré-
ment mais gauche et comme engoncé
dans un lourd manteau.
L'image claudélienne est de vaste
envergure, mais la longueur de sçs
ailes n'est pas toute sa vertu ; une au-
tre de ses qualités c'est son poids, sa
densité, cette épaisseur de corps par-
ticulière aux oiseaux de la grande
espèce.
TI est d'usage de dire que Claudel
écrit en « versets ». C'est une erreur.
Dans les versets il est généralement
d'usage que l'alinéa coïncide avec la
terminaison, du ::,('118, chaque verset
étant comme un chaînon de la. chaîne
logique. Or, ici, l'alinéa semble une
décision brusque, il a jo ne sais quoi
d'inattendu et de tronqué, on dirait
une cassure, une faille qui laisse Il;
sens en suspens ou introduit dans son
déroulement un temps musical.
Claudel assure qu'il, écrit Cl1r ver?.
Co vers étrange, qui est le sien, n'au-
rait d'autres lois que celles de son
propre soufïl-e : le rythme serait créé
par 1e mouvement de la respiration
chez l'auteur..Chaque fin de vers coïn-
ciderait avec une expiration. Le vers
court^ tiendrait it, quelque halètement
de l'émotion, à quelque imperceptible
faux pas du -ccour. Le vers le plus
long- correspondrait au maximum de
la dilatation pulmonaire chez le POèt0.
Mais, si le poète écrit pour d'autres
que pour lui, va-t-il oblis.er le lecteur
'ou le récitant zt reproduire, à copier
les variations du souille initial d'où le
poème, paraît-il, est sorti ? L'auteur,
lui-même, s'il veut se relire, est-il sûr,
maintenant que l'émotion créatrice est,
éteinte-en lui, de retrouver la modula-
tion primitive ? Tout bonnement il en
viendra à lire ses « vers » comme de
la prose rythmée. C'est qu'en réalité
ils ne sont pas autre chose. Mais cette
prose rythmée est d'une poésie souvent
magnifique
François Porché.
LE COIN DU BIBLIOPHILE
Le Vagabond Ensorcelé
(1)
^ Quand le Vagabond a terminé le ré-
cit de ses aventures, il se taît et aucun
auditeur n'interrompt son silence et
son rêve. Il faut lire ce roman vif, co-
loré, chargé .d'âme 'du £'rand peintre
de ln, vie russe qu'est Leskof, ce Les-
kof sur lequel AI. Pierre d'e Kovalesw-
sky vient précisément d'écrire une étu-
de documentaire et pénétrante.
Le parfait éditeur qu'est Af. J.
Schiffrin a publié Le Vagabond dans
-ln, « Collection des classiques russes »
que j'ai déjà signalée aux bibliophiles
de Paris-Jlidi, et où ont paru 'des ro-
mans de Pouchkine, de Tolstoï, de Go-
gol. de Tourguénev et de Dostoïevsky.
Comme les volumes précédents, Le
Vagabond est édité avec le soin scru-
puleux, le goût, la, technique accom-
plie du livre qui ont placé AI. Schiffrin
au premier rang des éditeurs d'art d'a-
près-guerre. Comme Ed Pelletan et le
maître Pichon, M. Schiffrin entend
d'a'bord un livre comme une œuvro ty-
pographique ; il sait composer une pa-
ge et l'orner d'une façon appropriée
et dans la mesure qui convient.
Cet émouvant et pittoresque Vaga-
bond ensorcelé est tiré, ainsi que tous
les volumes de la collection (qui en
comprend huit) à 2.700^ exemplaires,
dont 200 sur Hollande Van Gelder et
2.500 sur vélin 'du Marais. :
Eaux-Fortes de Galanis
pair Akrivie (1)
Galinis s'est révélé, il y a cinq mils,
avec de délicieuses illustrations pour
les Nuits d'Octobre, de Nerval : eaux-
fortes retouchées au grain de. résine,
où la fantaisie poétique et légère de
Fœu\TC' ' est transposée avec adresse et
rajeunie avec ii.,,t rare bonheur. Puis
ce furent des vignettes allégoriques
pour la Gageure de Brébœuf, d'un art
très p'ersonneL et très fin. et d'une dé-
licatesse extrême dt-,;,s les tailles. Une
sobriété vigoureuse caractérise, au
contraire,, les douze figures composées
pour le Bouclier du Zodiaque, de Sua-
rès. et je ne crois pas qu'il y ait, dans
la collection « Une œuvre, un por-
' trait », aucun portrait qui puisse être
mis en comparaison avec celui que,
dans La Bohème, ct, mon cœur" Galants
a -établi de Garco.
Pour AJcrivio Vrangopoulo, la nou-
velle grecque de Gobineau, dont l'édi-
teur Schiffcr a fait ce livre d'art re-
marquahle, Galanis a composé une sé-
rie d'eaux-fortes en noir qui pour-
raient^ bien être son chef-d'œuvre.
Jeux étonnants des blancs et des noirs,
volutes, virtuosité d'un aquafortiste
dont l'art rapide et robuste n'affirme
pas et qui évoque le décor ciaxéen et
marin du conte.
Maurice Rat.
(1) Leskof, Le Vagabond ensorcelé,,'
1 vol. tte la Co!!. Les Auteurs classiques
Russes (Schiffrin). — cf. Kova.Ieswsk:,
Leskof, 1 vol. (Presses Universitaires
de France).
(1) . Gobineau. A.k1'iric. eaux-fortes (le
Hnlnm.» . 1 vol. iTY). (l'srt Sehii'mrU
LA PRESSE HUMORISTIQUE
La mode nouvelle
Il faut nous y préparer la
femme. dis ce printemps, t'a chan-
f/ci\ de silhouette. M. Pierre de
Trévières, dans le Cri de Paris,
nous ^ révèle, en homme toujours
bien informé des choses de la mo-
de, tout le secret de cette transfor-
malion ravissanle.
Chaque saison, nos grands cou-
turiers, délaissant les plaisirs fa-
ciles et les joies éphémères, se plon-
gent dans cette volupté amère et
salutaire : trouver pour la Femme
une nouvelle silhouette...
^ Songez que tout, déjà, fut tenté,
réalise, le parapluie, la sonnette,
le chandelier, le parachute, la cèpe
bordelaise. '
Mais le passé, comme dit Carl
Sandberg, est un baquet de cen-
dres. Il faut innover sans répit' ni
repos.
Voici donc l'inédite effigie, il la-
quelle nous devrons adapter nos
regards, nos ferveurs, nos étrein-
tes.
Tête excessivement réduite et
petite (où logeront-Elles leur es- '
prit ?) ; épaules très moulées, bus- |
te amplifié par une courte cape.
« La place de la taille n'offre
plus aucun intérêt, pas même son
existence s-, affirme un magazine
célèbre... Nouvelle amplitude des
hanches. Jupe courte. Attitude éri-
gée sur des souliers aux talons
Louis XXII pour le moins.
Schématiquement, cela donne
deux as de cœur enfilés, empilés...
I Le losange rituel coupé par son mi-
lieu, le triangle inférieur renver-
s6... Et e,*est charmant {naturelle-
ment) .
L'évasement inférieur s'assure
'pal' mille artifices variables sui-
vant les latitudes et les fortunes.
La sainte de M. Chéron
- Ni M. Gaétan Bcrnoville, ni AIme
Luciev Delarue-Mardrusqui ont
écrit, chacun èi sa ?7w,niDre, l'ha-
giog l'aphic ^ d'une. sainte mocletnc,
n'ont fait état de ses rapports -(7-ve":
l un de ses plus illustres compa-
triotes, M. Chéron.
Notre confrère Aux Ecoutes
vient de combler cette lacune ca
un petit récit que le scrupuleux
Gaétan Bernoville ne ' manquera
pas, seins doute, de mettre ai(, moins
en appendice clans la prochaine
édition de son ouvrage.
Chéron aime raconter ses.
débuts pénibles dans la vie. Avant
que d'être avocat à Lisieux, il y
fut élève potard. Il excellait dans
la fabrication des onguents.
A cette époque déjà lointaine,
venait chez lui une petite fille à
qui il apprenait l'accordéon. Cha-
que jour, la petite fille venait lui
demander de lui apprendre à
chanter. Et M. Chéron battait la
mesure :
•— Qu'est-elle devenue 1 deman-
dlÜt-on à la Fée barbue.
—■ Elle est morte, il y a. long-
temps...
— Mariée ?
—Non. religieuse ! C'était Sœur
Thérèse de l'Enfant-Jésus.
L'humour de lord Curzon
Le premier anniversaire lie sa
?nod, dit Le Carnet de la Semaine,
ramène l'attention sur lord CllT-
zon. -Let publication posthume de
ses vers il(z consacrer peut-être sa
réputation d'homme de lel'f1'cs. Dès
Oxford, il négligeait les sports pour
la littérature. Aussi se plaisait-il à
rappeler le plaisant dialogue qu'il
eut un jour avec l'illustre savant
P.- TV. Bushel, it qui on venait de
le présenter :
— Et quel est votre amusement
favori ? Le canotage ?
Non, professeur, je ne rame
pas.
— Le cricket, alors ?
— Non plus, je n'ai jamais tenu
une bat.
— Le tennis ? La chasse ? Le
football ?
S'entendant toujours répondre
non, Bushel finit par s'exclamer :
_—' Mais alors, grands dieux, que
faites-vous, mon jeune ami ?•
— Ma foi, répliqua le jeune Cur-
zon, en souriant, je lis. Que pensez-
; vous par exemple du Traité de
musique de Théon de Smyrne ?
— Première fois que j'en en-
tends parler, confesse le professeur.
— Aimez-vous l'œuvre d'Alci-
nous .. »
— Ma foi, je vous avouerai...
— Plotin, alors, doit être votre
auteur de chevet ?
— C'est-à-dire...
_— Mais alors, gra.nds dieux, que
faites-vous, mon jeune ami, de vo-
tre temps ? conclut victorieuse-
ment le futur homme d'Etat.
Chars de Mi-Carême
La Mi-Carême sera joyeuse, an.
nonce Le Merle Blanc. Uîb défilé
somptueux parcourra les boule-
vards, an milieu de l'allégresse gé-
nérale. D'abord, la Heine. 'Et pÜ,zs;:;'
les chars :
Le char fiscal, monté par c1e
gracieuses jeunes femmes figurant
les Impôts, et. jetant à la foule des
sommations avec ou sans fra.is. A
l'arrière, un petit guichet pour
permettre aux contribuables qui le
désirent de passer à la caisse.
Ensuite, le char de la Gloire,
sorte d'escalier allégorique, aux
marches portant les dates de 1870
à 1922, et montrant l'ascension de
la France. En bas, une Marianne
vaincue, en haut, une Marianne
victorieuse ; en avant, le pain à
quatre sous la livre, derrière, le
pain à deux francs le kilo...
Le bœuf gras - suit. Comme il
symbolise l'Abondance, la Com-
mission a préféré remplacer le
Meuf vivant par un bœuf en car-
:on pâte. D'abord, pour que le
symbole soit plus gros. Ce bœuf
3st assez 2Taud pour aue tons les
bouchers de la Villétté soient jïiis
dedans. ^ ;
Après lui, le char -des, Plaisirs do
Paris. C'est le plus gai du cortège
et. pourtant Dieu sait Hl, lés au-
tres le sont ! —■ avec (','OÉl (la
Grâce), Rigadin (le Cinéma); Cé..
cile Sorel (Ja Beauté), Emilienne
(l'Amour), les femmes nues de
Vol terra. (le Théâtre Contempo-
rain) et le personnel de la maison
de Borniol (le Dancing): -
Il précède un char très curieux,
fait d'une pyramide d'armes et do
munitions, sur laquelle tous les al-
liés sont grimpés. D'un côté, ce
char est le char du Désarmement
et il a pour devise• : ' 1YOUS les
Jouions aux pieds ! » ; de l'autre,
c'est le char de la RCL'(lilche, et il.
a pour devise : « Il n'y a qu'à S,-,
baisser pour en prendre ! » De
sorte que le public, au passage du
cortège, n'aura, selon ses opinions,
qu'à se placer sur le trottoir de
gauche ou sur celui de droite, I)otii!
être satisfait...
Propos
| Ils sont du Canard Enchaîné,
| dont lrt çjiahip,, m'embarrasse- Úas
plus l'esprit que la langue. Ils ne
manqucnt pas
En somme, si les députés se vo-
tent les quar,,iiite-detix, mille, c 'est
peut-être pour payer plus d'im-
pôts %
En tout cas, après les prochai-
nes élections, il est un impôt que
beaucoup d'entre eux n'auront pas
à payer :
C'est l'impôt sur les revenus.
Quel ài'tiii avait osé parler dit
rétabli.ment de la gabelle. -
Quelle horreur ! >
N'est-il pas plus simple de met",
tre un impôt sur le sel, comme le
propose la commission, des Finan-
ces du Sénat % " .•/
M. La.ncel est libéré -,parce qu'il
avait 100.000 francs.
Le prince Murât est libéré parce!
qu'il en avait :10.000.
Si après ça on se plaint encore
de !.-I Justice s.
LE RECENSEMENT
— Vous rives seule ?
— y ou» le voyez bien 7f
IMPRUDENTE MENACE
— Si tu continues, je te mettrai
pain sec.
— Penses-tu ! Il est trop cher.., .
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