Titre : Paris-midi : seul journal quotidien paraissant à midi / dir. Maurice de Waleffe
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1916-02-10
Contributeur : De Waleffe, Maurice (1874-1946). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32832672n
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 10 février 1916 10 février 1916
Description : 1916/02/10 (A6,N1796). 1916/02/10 (A6,N1796).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4721241z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-229
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/12/2017
LE LIVRE DONT ON PARLE (1)
LES GRANDS COUPABLES
'La question Nietzsche, la. question
(ft-Vagner ne comportent Point de solu-
'"'lion philosophiqueElles concrétisent
■ l'antinomie de Vindividu et de la collec-
tivité ; cette antinomie attend encore un
' philosophe de taille à la redire
Mais il est permis de juger Nietzsche
d'un certain point de vue, et du point de
: vue catholique, chevaleresque, latin, re-
publicain, humanitaire, français, M.
Louis Bertrand condamne Nietzsche
' avec autorité.
r . Q
1 Nietzche est un Allemand, et même
lun Sur-Allemand, — un Prussien. Il a
' eu le tort de confesser ses instincts, cte
dire tout haut ce qu'il convoitait, ce qu il
espérait, de mettre à nu l'âme prussien-
in&, à une époque où elle avait encore la
pudeur d'elle-même. On lui a fait payer
ce cynisme par la conspiration du silen-
-ce. Peut-être aussi ses compatriotes n'é-
taient-ils pas mûrs pour le comprendre :
Ton sièCIn0 eta.it, dit-on, trop jeune pour te lire:
. Le ooi-re doit te plaire, Bt Uàs hommes sont nés.
Mais il savait bien, lui, qu'il était pro-
fondément allemand : « ce livre si alle-
mand », écrivait-il, à propos de Humain
trop humain. Sans cesse, il fut hanté par
le souci de l'avenir de son pays, et, lors-
. qu'il pubflia ses premières brochures,
son ami Overbeck, qui les signalait à
l'historien Treischke, pouvait les lui re-
commander en c-as termes : « Je suis sûr
ICfutj tu discerneras, dans ces considéra-
tions de Nietzsche, le plus profond, le
(plus sérieux, le plus instinctif dévoue-
ment à la grandeur allemande. »
Enfin, trait significatif, qui achève la
physionomie de l'Allemagne moderne
(et peut-être de tous les temps),Nietzsche
avait le sens de la dissimulation : il re-
commandait la tromperie comme une
... excellente a,rm(jfde guerre et d'avant-
guerre. Autant que le public réfractaire
à l'écrivain novateur, la proie désignée
du peuple conquérant veut être abusée
par de faux semblants. Avec sa dure et
toujours -un peu grossière ironie à la
prussienne, l'auteur de Zarathoustra a
écrit quelque part : « Il est sage pour un
peuple de laisser croire qu'il est pro
fond, qu'il est gauche, qu'il est bon en-
■ tant, qu'il e.st honnête, qu'il est malha-
bile ; il se pourrait qu'il y eût à cela plus
que de la sagesse, — de la profondeur.
Et enfin, il faut bien faire honneur à son
nom (quand on est Allemand) : on ne
s'appelle pas impunément des Teusche
votli, — le peuple qui trompe. »
A quel point Nietzsche nous a trom-
pés et bernés, nous autres bonnes gens
de France (à peu près comme Frédéric II
trompa et berna Voltaire), c'est une cho-
se stupéfiante, et que, pour ma part, je
ne suis'pas encore tout à fait parvenu à
m'expliquer.
Je jure qu'avant ces derniers temps,
j'ignorais complètement son œuvre, ou
je ne la connaissais que par. de vagues
ouï-dire. Voilà douze ans, j'essayai de
lire Zarathoustra. Dès la première page,
je refermai le livre, arrêté par les brous-
saBles de cette mauvaise prose alle-
mande. L'indigeste volume a dormi jus-
qu'à présent sur les rayons de ma bi-
bliothèque. Mais, dès que je l'eus ou-
. vert, avec la volonté d'en avoir le cœur
'net, la conviction s'imposa à mon esprit
•que l'ignoble guerre allemande d'au-
joued'hui, dans son inspiration et ses
tendances, est sortie de ce livre et de
ses pareils. S'il vivait encore, Nietzsche
pourrait dire en toute vérité : « C'est ma
guerre. » — Comment nos gens n'en
ont-ils rien soupçonné, voilà qui me pas-
se. Je ne connais pas de plus bel exem-.
pie de la dépravation intellectuelle qui,
naguère encore, sévissait chez nous. Nos
mandarins de (lettres étaient si incapa-
bles de comprendre qu'on pût parler
pour outre chose que pour le plaisir,
que cette abominable prédiction de
'Nietzsche, si terriblement réaliste et po-
sitive, a été prise par eux pour de la sim-
ple virtuosité idéologique. Pas un seul
instant, ils n'ont songé à se demander si
elle ne pourrait point avoir une réper-
cussion, immédiate ou lointaine, dans i'a
pratique.
Ainsi, voilà une doctrine qui n'a d''o-
riginalité que parce qu'elle subordonne
brutale ment la pensée à l'action, la spé-
culation à la vie, une doctrine q.ui est
avant tout une philosophie de la vie, in-
cessante uniquement si elle passe dans
/'•" —■■
(1) Fayard, éditeur.
les faits, si elle est vé'cue. Et personne
ne s'est inquiété de savoir c-e qu'elle
était devenue dans la réalité ; ni si elle
a tenté, iji même si elle capable de s-e
. réaliser. Ce n'était là, croyait-on, que
du paradoxe, de la mousse un peu épais-
se d'Ln'tedIec.tualité. Et puis enfin, com-
me on avait coutume de dire, dans nos
milieux littéraires, après une brillante
discussion : cela n'avait pas d'importan-
ce ! Pour nous, il y a. -qu-atre mois (il
me semble qu'il y a quatre siècles), —
grâce justement à l'influence pernicieu-
se et toujours persistante du vieil idéa-
lisme all'ema.nd, — il existait un .abîme
entre penser et agir. Quelle fâcheuse
tournurl8 d'esprit ! Par elle s'explique
que nos esthètes et nos critiques n'aient
vu dans l'œuvre de Nietzsche que de la
littérature, les rêveries d'un neuras'thé-
nique solitaire. Ces phrases, bourrées,
comme des orbus, pa.r les pires explosifs
de la pensée allemande, ils les ont ma-
niées avec l'inconscience et la sérénité
d'un garçon de muséum époussetant les
ca.rto.ns de ses herbiers.
Mais cette confrontation des théories
nietzschéennes avec la réalité, était
peut-être impossible chez nous. Nous en
sommes toujours à « l'homme classi-
que » de Taine, à cette entité psycholo-
gique, sur laquelle nos Jacobins ont dis-
couru et légiféré. Un Jeune-Turc, pour
nous, ne peut être révolutionnaire qu'à
la façon de nos radicaux-socialistes. !
Nous ne concevons point que la liberté .
de notre .oa;térchisrne républicain ne soit
et ne puisse être qu'une liberté fran-
çaise : nous sommes persuadés qu'elle
vaut pour l'univers et que l,e reste du
monde nous l'envie. Des milliers de
Français ont traversé l'Allemagne, ils
n'en ont rapporté que des étonnements,
des admirations de badauds hypnotisés
par des façades, et incapables de devi-
ner ce qui sie passe de'rrière.. Les plus
coupables sont ceux qu-i nous ont pré-
senté de l'Allemand moderne une image
j généreuse autant que conventionnelle.
Leurs livres n'ont pas résisté au pre-
mier choc des réalités. Comme le disait
Maurice Barrés des romans de Zola, ils
ont beau dater d'hier, ils sont déjà en
puanteur.
Ce qui nous excuse peut-être, c'&3t
que les Allemands, qui s'infiltrent par-
tout, qui vivaient chez nous, qui avaient
envahi jusqu'à nos villages et jusqu'à
nos fermes, qui ont la science la mieux
informée, la plus documentée, et le pre-
mier service d'espionnage du monde en-
tier, nous ignoraient presque autant que
nous les ignorions, avant la rencontre
du champ de bataille. Maintenant, ils
nous connaissent, et avantageusement,
je crois. Si cher que leur connaissance
nous ait coûté, nous ne pouvons pas en
dire autant d'eux.
Louis Bertrand
IL Y A UN AN
10 février 1915
Un taube est abattu, son pilote eJt tué.
En Argonne, autour de Bagatelle, une bri-
gade allemande tente vainement de s'empa-
rer de l'ouvrage Marie-Thérèse.
Des aviateurs anglais et français survo-
lent Aix-la-Chapelle et Dusseldorf, où ils
détruisent un arsenal contenant un matériel
de guerre considérable.
1 Un zeppelin se perd corps et biens dans la
mer du Nord, au large du Danemark.
Dans la mer du Nord, au large de la lIol-
lande, le vapeur anglais Laerteg est ca-
nonné et gravement endommagé par le sous-
marin allemand U-2.
LA JOURNÉE
A TROIS HEURES. — Ala Chambre : séance
publique.
A TROIS HEURES UN QUART. — A la So-
Ci6tB de géographie {boulevard Saint-Germain,
184), M. Louis Dimier Bossuet humaniste,
son jugement de l'antiquité païenne, l'éduccb
tion du Dauphin.
A QUATRE HEURES. — Au Sénat : séance
publique ; à l'Ecole française d'ambulancières
et,. dunfirmières, (rue Saint-André-des-Arts, 49),
M. Cépede : Microbes, infections, sérums, vac-
cins.
A QUATRE HEURES UN QUART. — A l'Ecole
des hautes études sociales, M. Henri Lorin :
La question d'Orient.
A QUATRE HEURES ET DEMIE. — Au col-
lège libre des sciences sociales, M. A. Pil!et : La
guerre et la propriété pnuëe, la guerre mari-
time..
A CINQ HEURES. — Au .coDi'lervàtoire des
arts et m6t.iers, M. Auguste Deschamps : Le
régime légal des brevets d'invention et la con-
sommation durant la guerre ; à l'Ecole fran-
COlse û".ambuJaneières et d'infirmières, M. Pas-
calés : Pathologie interne, maladies généra-
les.
A CINQ HEURES ET DEMIE. — Au Collège
libre des sciences sociales, M. J. Charles-Brun :
L'Art et la guerre.
NOS ÉCHOS
Les deux Pères
Quand M. Denys Cochin rentra de
Grèce, il estima nécessité Oratoire de
renseigner minutieusement le conseil des
ministres sur les détails de son voyage.
Il eut, lors, à conter son entrevue avec
la Reine Sagesse.
Celle-ci, impériale, l'interrogea sur sa
famille, et, le baron Cochin ayant parlé
de l'une de ses filles qui était au couvent,
la reine lui demanda comment un minis-
tre de la République pouvait avoir une
frlle religieuse.
« Elle avait l'air de me le reprocher ! »
dit bonnement M. Denys Cochro à ses
collègues.
— Comment, s'écrie M. Combes indi-
gné : est-ce que ce n'est pas le droit de
tout le monde ?
Une pendaison au Bardo
le dis tout nous fait, d'après Le Cour-
rier de Tunisie, ce récit • dramatique
d'une exécution capitale qui eut lieu à
Tunis le 28 janvier dernier :
A 9 h. i/2 l'alerte est donnée ; la voiture
qui conduit S. A. le bey est signalée, la
haie est aussitôt formée de l'escalier dea
Lions jusqu'à, la salle des Glaces.
S. A. Mohamed en N&oer descend de sa
voiture de gala, suivi cIle ses ministres Si
Taieb DjeJlouli et Si Dinguizli. Les prin-
ces de la famille beylicale mettent à leur
tour pied à terre et s'engagent, à la suite
du pacha bey de Tunis, dans les corridors
et les patios de l'aile du palais où eont
encore salles de fêtes, cours de justice <<';
| appartements. Les honneurs militaires sont
rendus au passage.
; Le bey va, sur un sofa de velours rouge,
prendre d'abord quelques instants de re-
pos, puis il reçoit les hommages des prin-
ces, des ministres et des autorités indi-
gènes. Le directeur du protocole a veillé
11 ce que rien ne clochât et la, cérémenie
se déroule avec sa pompe habituelle.
Le souverain, qui. a tenu à compulser le
dossier du ba.ndit qu'il a devant lui, y a
lu que Mohamed Salah a trahi son ser-
ment de fidélité à la France, et qu'ensuite
il est devenu un brigand redouté.
Alors S. A. le bey, d'une voix énergi-
que, proclame :
— Un homme comme toi qui n'oeus ni fi-
délité ni repentir ne vaut même pas dix
francs. Qu'on l'emmène !
C'ec/t l'arrêt de mort, dicté en grande
partie par un sentiment de loyalisme qui
vaut d être enregistré.
Et l'on emmène l'indigène que l'on re-
vêt d'une simple chemise et d'un saroual ;
on lui recouvre la tête d'un voile et on le
conduit aussitôt au gibet.
Rectification
Le Liseur, ayant dit hier dans sa re-
vue des journaux que le journal du Peu-
Pie remplaçait les Hommes du Jour, a
reçu la lettre suivante :
Mon cher confrère,
Vous avez eu l'amabilité d'annoncer Le
Journal du Peuple. Je vous en remercie
bien sincèrement.
Je vous serais tout de même très obligé
de faire cette petite rectification : Le
Journal du peuple ne remplace pas Les
Hommes du Jour. Les Hommes du Jour
n'attendent qu'un peu de bonne volonté
du gouvernement pour reprendre leur
place au soleil. Cela n'empêchera pas Le
Journal 'du Peuple de faire comme le
nègre, de continuer .hebdomadairement,
tout en ne renonçant pas à devenir quo-
tidien.
Encore une fois merci, mon cher con-
frère, et veuillez trouver, ici, l'assurance
de mes meilleurs sentiments confraternels.
HENRI Fabre.
La politesse de nos cheminots
Que de fois, avant la guerre, n'enten-
dait-on pas les Français se plaindre des
manières inciviles affichées par certains
fonctionnaires, dans leurs rapports .avec
le public ! Aussi, est-ce avec une vérita-
ble satisfaction d'amour-propre national
que nous avons lu, dans la Railway age
gazette, organe .américain, tout un article
consacré à l'éloge de la politesse dont
fait preuve 'e personnel de nos chemins
de fer.. L'auteur, M. Hiatt, en fournit te
tr^it :
Voici ce qui m'est arrivé une nuit que je
voyageais d'Orléans à Paris. Je devais
descendre une certaine station, tout à
côté dé Paris mais non terminus dé la li-
gne. Un employé du chemin de fer se
trouva monter dans le corr>paif':iment que
j'occupais. Il avait évidemment travaillé
toute ,la journée, et se rendait à un autre
endroit de la. ligne Po lU' continuer son
! travail le jour suivant. Le repos sur un
coussin pendant le voyage était probable-
ment le'seul qu'il pouvait espérer pren-
dre. Avant qu'il, s endormîifc, je lui de-
mandai le nom exact de la station où je
devais descendre. liî. me le dit, et s'endor-
mit. Je remarquai cependant que, de temps
en temps, il se réveillait pour regarder sa,
montre. Finalement, comme le train com-
mençait à ralentir près de Paris, il se leva,
regarda par la fenêtre, attendit quelques
minutes et me dit : « C'est là que vous
devez descendre ». Je le remerciai et tout
ce que je vis de lui c'est qu'il' allait s'é-
tendre pour dormir pour de bon. Il s'é-
tait volontairement privé d'une bonne
part d'un repos nécessaire pour être sûr
que je descendrais bien où je devais des-
cendre. Ccit incident n'aurait rien d'ex-
traordinaire, s'il ne se reproduisait à cha-
que instant.
Et, en effet, M. Hiatt cite d'autres
exemples de la grande courtoisie qui rè-
gne le long de nos voies ferrées.
Braves cheminots français, qui ne se
contentent pas d'être polis comme des
rois, c'est-à-dire exacts, mais qui, par sur-
croît, sont serviables... comme les plus
simples mortels !
Le « Vêtement du prisonnier »
L'Œuvre du « Vêtement du prisonnier
de guerre », 63, avenue des Champs-Eiy-
sées, organisé, pour le 14 février pro-
chain, à la galerie Georges Bernheim,
40, rue de la Boétie, une exposition de
peinture.
Cette manifestation d'art et de bien-
faisance réunit des œuvres de nos plus
célèbres peintres : MM. Bail, Besnard,
Caro-Delvaille, Chabas, Dagnan-Bouve-
ret, Dauchez, Maurice Denis, Abel Fai-
vre, Frieseke, Gervex, Guillaumin, Le-
bourg, Lévy-Dhurmer, Le Sidaner, René
Ménard, Monet, Roll, Lucien Simon,
Vuilliard, Willette, etc., etc., ont envoyé
des tableaux dont la vente, selon leur
généreux désir, viendra accroître les res-
sources du « Vêtement du prisonnier de
guerre v>.
Une innovation intéressante attirera
l'attention du public : sept groupes de
vingt petits tableaux dus au talent de
nos meilleurs artistes formeront de véri-
tables collections complètes de peinture
moderne que les amateurs se disputeront.
Le public passionné d'art et de cha-
rité ne manquera pas de s'y prendre afin
de venir en aide lui aussi à l'Œuvre du
« Vêtement du prisonnier de guerre »
grâce à laquelle plus de 250.000 pa-
quets individuels et plus de 100 wagons
d'envois collectifs sont déjà partis pour
atténuer en Allemagne la misère des pri-
sonniers français et belges, civils et mili- 1
taires.
Dans la presse espagnole
La boutade de M. Araquistain, cor-
respondant du Liberal de Madrid, sur
la possibilité de compter avec les doigts
d'une seule main les journaux de la ca-
pitale qui ne sont pas à la solde de l'é-'
tranger, continue à soulever grand émoi.
Le directeur de l' A B C a convoqué à
une réunion de protestation ses collè-
gues de La presse madrilène. Cette con-
férence, d'ailleurs platonique, a abouti à
une résolution priant M. Araquistain de
préciser ses allégations. {
Il est bon d'ajouter que le directeur
d'un des plus grand journaux de la pé-
ninsule, l'ImParcial, a refusé de s'asso- j
cier à la protestation. Il a déclaré non
sans malice que même si M. Araquistain
avait dénoncé toute la presse espagnole
comme vendue à une exception près, il
n'en serait point ému et considérerait son
journal comme étant précisément cette
exception.
La revue Espaiïa publie la réplique de
M. Araquistain à la mise en demeure des
directeurs de journaux. Le correspon-
dant du Libéral se déclare prêt à citer
les noms, mais à des conditions.
La première, c'est que tous les jour-
naux s'engagent, si leur nom est pronon-
cé, à mettre à sa disposition leurs listes
d'abonnements, leurs livres de caisse et
tous .autres documents.
La seconde, que la Banque allemande
transatlantique de Madrid permette,
pour chaque accusation formulée d'une
façon concrète, la consultation de ses
pièces comptables.
L'affaire en est là.
Le Planton
Ce qui se passe
Pas de commissaires
aux armées
Oiz sait que les socialistes ont récem-
ment pris la double initiative de l'envoi
de commissaires aux armées et de la
constitulion d'un organisme interpcirle-
mentaire en vue d'une action commune
des groupes de la Chambre et du Sénat
Ces deux propositions, fort discutées,
ont été soumises hier à l'examen de la
réunion des délégués des groupes de la
Chambre. A la demande des délégués so-
cialistes elles-ont été mises aux voix sé-
: parement, sous lel forme de motions
ainsi libellées :
10 La délégation des groupes décide
; de demander à la Chambre la nomina-
; tion d'une commission spéciale chargée
\ d'enquêter dans la zone des armées- comme
[ dans la zone de Vintérieur, sur toutes les
\ questions intéressant là défense natio-
| nale.' Cette commission n'aura naturelli-
ment aucun droit dans le plan ou la cçn-
j duite des opérations militaires ;
2° La délégatirm des groupes décide
de provoquer une réimion commun ; avec
la délégation des groupes du Sénat
Dans cette réunion serait examinée la
question de savoir s'il y aurait lieu de
constituer d'ime façon permanente scit
la réunion commune de la délégation des
groupes du Sénat et de la Chambre, soit
tout autre organisme destiné à coordon-
ner l'action des deux Chambres, en vue
de la défense "aatiotwle,
La première de ces propositions a été
repoussée par 9 voix contre 2, la seconde
par 8 voix contre 3.
Ayant de se séparer, les délégués ont
décidé, en vue d'assurer la permanence
de leur action, de se réunir dorénavant
tous les quinze joitys.
b
La nouveau directeur de l'aéronautique.
— Par décret, en date du. 9 février 1916,
rendu SUT la pro'positikm du ministre de la
Guerre,, le colonel d'artillerie Régnier
(Henri-Jacques), ditrecteur de l'école de py-
rotechnie (militaire, est nommé directeur
de l'aœ.onautia,ue L militaire aiu minstère de
la Guerre.
Le comité interparlementaire franco-bri-
tannique. — La section française du comité
interpairtementadre franco-anglais a tenu
hier sa première 'rôuDi'on.
Le^ bureau définitif a été ainsi constitué :
Président : M. Clemenceau, résident de
la commission des affaires extérieures du
Sénat ; vice-présidents : MM. Pichon, Geor-
ges Leygiues et Franklin-Bouillon ; trésû-
rier : M. Marcel Caehin.
Le c.om;. té la pris toutes les dispositions
nécessaires en vue de la réception des délé-
gués anglais à Paris qui aura dieu du 21 au
24 février.
Le vendredi 25, -aura lieu à Bordeaux une
grande reuniien où les délégués anglais, ac-
compagnés de membres du comité français,
exposeront qiUf&Hei a été l'oeuvre de l'Angle-
terre depuis le début de, la guerre.
Les bénéfices industriels; des fournisseurs
de la guerre. — La eonmiissictn de l'armée
a entendu hier M. Voilki, -rapporteur, sur
la propÛJs,iti.on de M. Mistral tendant à la
limitation des bénéfices industriels . des
fournisseurs de la guerre. Elle a adopté le
nouveau texte présenté par M. Voilin.
. La répression du commerce des stupé-
fiants. — Là commission de l'hygiène pu-
blique a entendfu. hier M. Ogier, directeur
du contrôle au ministère de l'Int.é'r'ieutr, sur
la proposition de loti, 'adoptée par le Sénat,
concernant l'impicrta.tion, le commerce, la
détention et l'us:élge des 'su.bstan.ces véné-
reuses, notamment l'opium, la morphine et
la COcÀaïne.
! Les permissions agricoles. — Le ministre
! de la Guerre vient de prescrire qu'il serait
I fait état, soit pour l'attribution des permis-
| sions agricoles, soit pour la formation
f d'équipes, « de tous les militaires, mobilisa-
I bles ou non, qui ne sont pas sous les ordres
du général en chef, à la seule exception de
; la classe 1917 ».
La convention de Londres sur la naviga-
; tien. — La commission de la marine mar-
chande a chargé son président, M. Guer-
: nier, de faire un rapport sur le projet de
loi portant ratification de la .convention de
Londres pour la sauvegarde de la vie hu-
maine en mer.
L'interception des messages de T. S. F.
-. A l'occasion de l'examen du projet sur
la T. S. F., la commission des postes et
télégraphes a entendu, hier, M. Perrev-Mai-
sonneuve, auteur d'un ouvrage sur la T.
S. F., qui lui q" été présenté par 1\1. Faisant
Mort de M. Roblin. — M. Hoblin, «eputé,
qui était souffrant depuis plusieurs mois,
est mort hier. Il représentait à la Chambre
la 2° circonscription de Nevers.
Le contrôle parlementaire. — Les mem-
bres de la commission sénatoriale de l'ar-
mée ont visité hier -F école d'aviation de
Chartres pour se rendre compte des tra-
vaux accomplis. ' ' *
_ Le Comité du syndicat de la Presse pa-
risienne. — Le syndicat de la Presse pa-
risienne a tenu, hier, son assemblée géné-
rale annuelle.
Après la lecture et l'appro'bation des rap-
ports du secrétaire général et d'u trésorier^
l'assemblée a procédé au renouvellement
du (flliaJPt sortant, de son comité :
MM. Arthur Meyer e,', Henry Simo-nd ont
été réélus ; NI. Léon 'Bailby (Intransi-
geant), a été élu pour quatre ans.
Le comité du syndicat de la Presse reste
donc composé comme il suit :
Président : M. Jean Dupuy (Petit pari-
sien) ; vice-p.ré&ident : M: de NaJèche
(,Journal des Débats) ; secrétaire : M. Ber-
thouilat (Liberté) ; trésorier : M. Arthur
M{JY.£ir- (Gaulois) ; membres : MM. Léon
BalÏi1by (Intransigeant) ; Henry BoéInmgcr
(Action},. Adolphe Bris s or. (Annales Poli-
tiques et LU t et-aires) ; Paul de Cassagnac
(Autorité); Mauncei Dejea-n (Petite Rép-u-
blique) ; Ernest Judiet. (Eclaîr) ; Stephen
Pichon (Petit Journal) ; Georges Prestat
(Figaro) ; Jules Roche (flépublique Fran-
çaise) ; Henry Simondi (Echo de Paris) ; se-
crétaitie gén-éira'I : G. Lanvière..
A la mémoire des soldats et marins morts
pour la France. — L'Association des dames
françaises ^ a fait célébrer, hier ma-un, en
l'église Saint-Roch un service solennel pour
le repos de l'âme des soldats et -h-i-arins
morts pour la France.
La cérémonie était présidée par 1t8 cardi-
nal Amette. Le président de la République
était représenté par l-e colonel Vallière.
Mme Raymond Poincaré était aux premiers
ra'n.gs de l'assistance.
Le ministre d? la Guerre s'était fait re-
présenter, ainsi que le ministre de la Ma-
rine et le gouverneur militaire de Paris.
Dans la gueule du loup. — Le nègre Tho-
mas Mateus, messager interprète au mi-
nistère des Finances belge à Sainte-
Adresse, chargé d'aller toucher un mandat
de 50 f-rancs... partit pour Paris sur la mo-
tocyclette qui lui avait été confiée. C'était,
a-t-il expliqué depuis, parce qu'ayant perdu
les 50 francs, il n'osait revenir trouver ses
chefs.
Donc, à Paris, étant sans ressources, il
voulut faire argent de sa motocyclette, et
s'adressa pour la vendre... au représentant
qui l'avait vendue au gouvernement belge.
Thomas Mateus comparaissait" hier de-
vant la 10e chambre correctionnelle ; il a.
été condamné à six mois de prison.
Deux condamnations ne l'avaient pas cor-
rigé. — Déjà condamné à deux reprises
pour port illégal d'uniforme, le jeune Ro-
bert Méret comparaissait pour la troisième
fois devant le conseil -de guerre, sous la
môme inculpation : vêtu d'une capote
d'aviateur, sur laquelle s'étalaient la croix
de Ip, Légion d'honneur e-;. la croix de
guerre, il avait, en payant d'audace, pris
le commandement du peloton de service,
lors d'une remise de décorations à l'hôpital
dse Quinze-Vimgis. Mais à l'issue de la pe-
tite cérémonie, le récit d'exploits fantas-
tiques qu'il s'attribuait, l'avait trahi.
Cette fois-ci, Ro'bert Méret a été condamné
à dix-huit mois de prison. <
D'où venait cette bombe ? — La nuit der-
nière, à minuit, une violente explosion a
retentit à Troyes, rue Urbain, 4, dans une
petite chambre du troisième ér-age, habitée
par Faraand Bauer, 25 ans,, bonnetier. Le
jeune homme, qui a le visage brûlé et porte
•uns grave blessure à la main gauche," s.e
trouve dans un état sérieux.
Fornand B-auor déclare avoir été l'objet
; d'un attentat ; une bombe à renversement,
'cachée dans son lit, a explosé au moment
où il se couchait. L'enquête en cours pro-
met. d'être intéressante.
Nos prisonniers de guerre en Suisse. —
. Onze luffedeiis français prisonniers de guerre
malades et 27 soldats gravement atteints
^ 'sont arrivés hier à Interlaken où ils on-t été
f hospitalisés confortablement dans les hôtels
Bernerhof, du Gotard et de Bellevue. -
POIGNEE DE NOUVELLES
■vv\. Près de Toisl, uri camion automobile at
tamponné une auto, dans laquelle se trouvait
M. Doudoux, officier d'administration principal
du génie, qui, le cr&j"he fracturé, est mort deux
heures plus tard.
wv Un Parisien, M G.odefroy, a été tamponné
et écrasé par l'express de Viorzon, en face de
Lamolte- B0uvTon.
V\I\J M. Lucien Rosc-, cafetier à Champigneulles*
est fcbmbé sous le camion qu'il cendui-sait. Ecrasé
par une roue, il a succombé peu après.
Les Journaux du Matin
LE SUJET DU JOUR :
Allemagne et Roumanie
Pour une pauvre petite certitude qui, de
loin en loin, perce les 'ténèbres diplomati-
ques, combien de nouvelles abusivement
interprétées, d'informations dénaturées ou
.inexactes, de dépêches mensongères, de
commentaires tendancieux ! Vous rappelez-
vous qu'il y a quelques jours à peine, le
conflit germano-américain était sur le point
d'aboutir ~ une rupture ? C'était au dire,
'de nos meilleurs augures, le renvoi de M.
Bernstoff ou l'humiliation d'un des deux
pays. Qui parle aujourd'hui de rupture et
qui parle d'humiliation ? Hier, le bruit cou-
rait dans Paris, sur la foi d'une agence,
que la Roumanie, allait sortir, sortait, était
sortie de la neutralité. L'Allemagne, com-
mettant une suprême maladresse, lui avait
envoyé un ultimatum... Rien de vrai là-de-
dans, bien sûr. Au moins, est-il permis d'y
.voir un symptôme de vérité ?
Le Matin constate que lies nouvelles de
Bucarest sont confuses et contradictoires.
Mais il est certain ! ai Ion s, tant mieux !)
.que la Roumanie est in-guiète de la Bulga-
rie j:.
Elle songe aux compensations inévitables que
sa voisine réclamera le jour où, à la fin de la
campagne, il lui faudra év.acuer les territoires
©recs qu'elle o-coup-e. ' - '
D'autre part l'Alle.ma,gne continue, à Buoa- j
rest, la. politique d'intimidation diplomatique et
i're.lillaire dont elle est couiumière-. Elle-vouarait
profiter de la position délicate où se trouve ac-
Sueliement la, Rouman.k;). qui, en cas de gUlel1re,
se verrait dans la nécessité de-faire face sur
..deux fronts à la fes, sans être encore suffi-
samment assurée . des renforts russes qu'elle
recevoir. :
Il est tout à fait dans la manière allemand^
do vouloir brusquer les choses et de.mettre la
Roumanie en demeure de se prononcer, sinon
en mlerve>n,ant effectivement dès à présent avec
l'un des deux groupes belligérants, du moins
en désignant celui pour lequel elle penchera à
son heure. A la rigueur, on se contenterait
d une assurance de neutralité indéfinie.
Qu'il y ait, ou- nOin, pression militaire de
la part de T Allemagne:, l.a situation est
sérieuse :
On peut en tout cas retenir le fait que M. Cos-
Unesco, muusLre des finances, a déposé &'ur le
bureau, de la Chambre un projet de 10.1 partant
ouvcruur.e d'un nouveau- crédit de 200 millions
pour les besoins immédiats de l'armée. Ce pro-
jet 'a été accueilli par des acclamations enthou-
siastes et voté à main levée.
Enfin M. Philipesoo, qui est un des amis les
plus fervents des Alliés, et qui jo-ui-J, en Rouma-
nie d'une autorité personnelle considérable, se
trouve actuellement à Petrograd. On peut au-
gurer de ce voyage les effets les plus heureux
sur La. suite des événements.
j
Le correspondant d:u Petit Journal à
Rome envoie un démenti catégorique aux
informations 'sensationnelles d'lii'er :
Il convient d'e n'ajouter aucune créance aux
infonna.t.ioDS sensationnelles représentant la. Rou-
manie comme ayant répandu fi-tif.,c démarches al-
lemandes de façon à laisser entendre qu'elle se
rangeai, décidément, du côté des Alliés. Ce .qwi
est virai, c'cs't que, il y a peu de temps encore,
les demandes d'explications de l'Allemagne s'é-
taient faites de plus en plus pressantes. Et il est
probable que la chancellerie de Bc.rkn avait été
poussée dans cette voie par l.a Bulgarie tirés dé-
sireuse d'être définitivement- rassurée sur le Da-
nube et plus désireuse encore, si possible, de voir -
la Roumanie humiliée pai- les sommations alle-
mandes.
La situation ne se serait nullement ag-
gravée :
En ce qui concerne., notamment, la question
de l'achat des céréales par l'Angleterre, M. Bra-
t-iûno n'a pas eu de peiné à démontrer que
~ 'œtte. opération, n'a.vait pas été conduite clan-
destinement, comme le prétendait Jtout d'aboi
l'Allemagne, et qu'on ne pouvait y voir aucune
intention hostile, la Roumanie pouvant parfaite-
ment — par cela même qu'elle est neutre —
vendre son blé aussi bien aux Anglais qu'aux
Allemands.
Le Petit Parisien croit à un grossisse-
ment des faits :
IPsemble que les dépêches auxquelles nous fni-
sons allusion, grossissent et coordonnent un cer-
tain nombre diE" de'ma.rches déjà con.n-uss pour
fermer un bloc plus impr.es!s.iün:nant.. La protes-
talion contre ics candidatures irrédentistes et
contre la vente des grains remonte à plusieurs
semaines et nous l'avons signalée' en son temps :
M. B-rati-ano s'est borné à -en prendre no/te et à
y répondre, victorieusement La sommation ten-
dant à provoquer une déclaration catégorique de
neutralité indéfinie n'a peut-être pas eu lieu ;
i! est même vraisemblable qu'il y a eu une sim-
ple conversation enitre le ministre allemand à
Bucarest et M. Bratia-no sur co sujot qui a été si
souvent discuté entre ElltX.
Toutefois, il est vraisemblable que la Bul-
garie ait demandé à FAHern-agne de pren-
dre vis-à-vis de la " ' - une attitude
cÓmminatojre :
La Bulgarie redoute fort — en dépit de ses al-
h.ance.s actuelles, — qu'à un momenlt quelconque
des attaques convergences ne menacent &on 'tcr-
ritoire. Nul n'ignore que .15v.OOO Roumains sont
sous les armes, et qu'au s'ud du Danube, sur la
ligne Turlukan-Balehik de gros contingents ont
été groupés. C'est même pour cette raison que
le cabinet de Soil'a a demandé à l'a Porte d'en-
voyer d'urgence des effectifs au nord des Bal-
!ple informé, qu te tsair Ferdinand détermine les
empires du Centre à prendre l'inil.iative d'une
attaque contre la Roumanie. Guillaume II
n'ignore pas qu'une pareille tentative compor-
terait des risques très gravc.s.
Le Petit Parisien conclut pourtant :
Le problême roumain apparaît pourtant
comme €s?t''niiet à l'heure présente, car le gou-
vernement de Bucarest exercera, de toute certi-
tude, une influence décisive sur les événements
d'Orient. La mauvaise humeur dl8 nos ennemis
à son égard suffirait à attester l'évolution mo-
rale qui s'est manifestée chez 1t Bratiano et ses
collègues.
• Les hypothèses dfU derrière délia Sera se
rapportent, s-oloru le Figaro, à une situa-
ition vieille déjà de quinze < jo'uj's.
, ,Au moment où le ministre d'Allemagne en
—
Houimanie est- rentré à Bucarest,, revenant pré-
cipitamment de Berlin — c'était au lendemain
de la conclusion- avec . l'Angleterre du marché
des blés — le bruit a en effet couru qu'il avait
pour mission .d'ad:ne.sserr a la Roumanie ■ une
sorte de mise en demou.re. Il devait, disait-on,
demander à peu près tout ce que dit le
Corriere della Sera, mais il semble avoir L'orné
ses exigences à la proposition d'un nouveau
marché de grains pour le compte de l'Allema-
gne.
Il est en tout cas certain que le gouverne-
ment roumain n'a eu, à ce moment, il fourn.i.r
aucune précision nomtTle au sujet de son atti-
tude et il ne paraît pas qu'on lui en ait de-
mandé depuis.
De M. Louis Baequé, dans Excelsior :
Très préoccupés de l'attitude vraiment indé-
pendante de Ja Roumanie, les empires centraux
m/éditeraient-iis un prochain coup "de force pour
triompher du cabinet de Bucarest ? Ils lui ont
d'abord envoyé une note, blâmant somme des
actes inamicaux la vente de grains consenti'e à
l'Angleterre, ainsi que l'élection au Parlement
roumain de deux députés originaires de la. Tran-
sy'ivarb"e, qui est aujourd'hui territoire hongrois.
Le ministère Braliano a riposté que les élec-
teurs sont fibres de porter leur choix sur qui bon
icu-r semble. D\aUlüUl'lS, le Parlement n'aura pas
à valider ces éj.ect.tons, puisque les deux députés,
la ma.nifestaLi'on faite, se sont spontanément effa-
cés. Quant .aux ventes- de cé'reales, il est- bien vrai
qun les Alliés et les empires centraux se livrent
a des enchères riva.Ies, et que l'Angleterre tient
le i>on bout "V ellè a réalisé de gros achats, livra-
bles après la guerre, c'est-à-dire qu'elle immobi-
lisa des stocke dont les Austro-Allemands ne
peuvent profit-or ; mais n'est-ce pas ainsi que nos
ennemis tentent de procédït-r pour l,a, laine en
Argentine, pour le coton aux Etats-Unis? Quant
il la Roumanie, elle n'a rien à se :repl'och6l' à
l'égard de pe'rsonnte.
M. BRIAND A ROME
En arrivant à Rome, M. Brian d aura une
bonne surprise. Il y trouvera une dépêche
de Paris lui disant que M. Clemenceau l'ap-
prouve d'avoir entrepris ce voyage. Le ré-
dacteur en chef de l'Hoannie Enchaîné écrvï
en effet, à l'heure même où nous nous at-
tendions à le voir piétiner le cadavre de
ryl. René Besnard :
Je trouve très heureuse l'idée qu'a eue M.
Brifând de faire tin voyage; en Italie. Les gou^
vern-aats de .toutes contrées n'ont jamais trop
d'occasions de se rencontra*, à plus forte rai-
son doit-on souhaiter qu'il puisse s'instituer des
échanges de propos personnels entre les hom-
mes qui dirigent la politique de leur pays, sur-
tout lorsque cette po:I,Hicllùe les engage dans une
commune' action a'er guerre, où se trouvent en
jeu la vie et la mort des plus grands peuples
de l'histoire. Je 00 puis donc qu'approuver,
sans réserve, l'idée qu'a eue notre président du
conseil d'aller prendre l'air de Rome à un mo-
ment où 1" unité d'action de la Quadruple-En-
tente est devenue plus que jamais nécessaire,
sans que les difficultés ;qu'elle rencontre aient
pu être encore complètement aplanies.
En veine d'approbation, M. Clemenceau
poursuit :
Je ne trouve pas moins digne d'approbation
que M. Briand, suivi de M. Albert Thomas, se
fasse accompa.gnor de M. Léon Bourgeois, qui
a beaucoup d'amis de l'autre côté des monts,
et, dont l'heureuse propension à tous accommo-
dements trouvera certainement des dispositions
correspondantes chez les hommes d'Etat ita-
liens. De fait, MM. Briard et Bourgeois sont,
de tous nos hommes politiques, ceux qui, pair
les -aimables ondulations d'une, souplesse pro-
fondément marqua du sceau latin, peuvent le
mieux se prêter aux exercices changeants des
petites ou grandes « combinazioni » dont le goût
n'a pas cessé de ptrévaloir chez nos frères voi-
sins.
Il résume ensuite les thêmes sur lesquels
doivent porter les conversations romaines,
et ajouta :
On voit que les sujets de conversation, pour
00 rien dire d'autres encore, ne feront pas dé-
faut. Avec les ressources de MM. Briand et Bour-
geois, aucune matière, d'ailleurs, ne me paraît
épuisable. C'est un g,pand point. On nous an-
nonce encore que nos dieux bons plénipotentiai-
res iront jeter un coup d'oeil sur .les tranchées
du. général Cadorna, déjà visitées par le général
Joffre. Que de choses en trois jours ! La com-
plète unité d'action à laquelle nos ministres vont
convier l'Italie sortira-t-eille de tout ce tumulte
de diplomatie ? Je n'en suis pas certain, mais si
MM. Briand et Bourgeois réussissent, comme je
' l'espère, à en aplanir quelques parties, leur_temp,s
n'aura pas été perdu.
Une réserve, cependant, une seule, mais
grave : '
La seule réserve que j'c&e faire, c'est que
l'unité à quatm exige l'unité d'action intérieure
! dans l'orgainisayon et dans la conduite des ai-
fatres ohez chacun des contractants. Mes lec-
teurs ont pu vQiTj par de simples aperçus, d'où
j'ad. dû écarter les preuves décisives, que nous -
n'en sommes pas encore à ce point.
Dans le Journal, Saimt-Briee Cirait bon de
nous mettre en garde contre les illusions
créées par la parole.
Qu'on se garde pourtant de l'illusion, tou-
jours à craindre- en pareille occurrence, de pren-
dre les apparences pour les réalités, les mots
pour les actes. Il est facile de parler die soli-
darité, de coopération, de coordination des ef-
forts. Si la magie du verbe suffisait à dissiper
les obstaclas, il y a Uaau temps que la cause
des Alliés aurait triomphé. Avons-nous assez
entendu de magnifiques déclarations depuis dix-
hu,it mois ? *-■
Il ne faut pas que dans quelques mois oïï
puisse en dire autant dies méthodes adoptées
récemment, en vue de remédier aux divergen-
ces d'efforts et à l'absmci,, d'unité de direc-
Lion. Dans ce but très loirable, on a orga.nise'
des conse.ils de guerre multiples, des conféren-
ces gouvernementalçs. C'est fort bien. Mais
qu'on n'aille pas s'imaginer que cela suffise.
Ce ne sont pas les moyens de communica-
tion et d'échange, de rues qui ont fait défaut,
dans une guerre dont la lenteu.r d'évolution est
la caractéristique essentielle. Les Alliés ont eu
toujours le temps de prévoir et de prévenir les
manœuvres adversaires. S'ils ne l'ont pas fait,
seul le défaut de compréhension et do décision
doit en être accusé.
Le ma.l véritable auquel 'on ne remédierai
pas en transportant l.a. discussion d'un fil
télégraphique à un tapis vert, c'est le dé,.
faut d'entente et de discipline :
Si chacun continuait de placer ses sentiments
et ses intérêts particuliers au-dessus des senti-,
ments'et des intérêts génér-aux, tout se bornerait
à des manifestations creuses. Les leçons de l'ex-
périence ont été assez dures pour apprendre aux ,
Alliés la valeur d'une solidarité et d'une unité
de direction effective.
Le voyage le M. Briand est unie occasion de
recueillir les fruits de cette expérience, et peut-
être l'occasion la plus opporlune qu'on puisse
souhaiter. L'Italie est entrée' en lice dans les con-
ditions les plus honorables. Elle a fait sa guerre,
avec quelle vigueur, on le sait. Mais ces efforts
seraient stériles si la guerre italienne ne se fon'-
dait pas dans la guerre mondiale. Nous ne mé-
connaissons, certes, ipas les difficultés que le ca-
binet Salandra a dû et doit encore soutenir. Gom-
ment mieux -lui témoigner notre confiance qu'en
attendant de son autorité les ' actes nécessaires,
et, d'abord,. la fusion de faction italienne dalut
l'action commune..
La Bataille admet SMiiSaace ctue la
LES GRANDS COUPABLES
'La question Nietzsche, la. question
(ft-Vagner ne comportent Point de solu-
'"'lion philosophiqueElles concrétisent
■ l'antinomie de Vindividu et de la collec-
tivité ; cette antinomie attend encore un
' philosophe de taille à la redire
Mais il est permis de juger Nietzsche
d'un certain point de vue, et du point de
: vue catholique, chevaleresque, latin, re-
publicain, humanitaire, français, M.
Louis Bertrand condamne Nietzsche
' avec autorité.
r . Q
1 Nietzche est un Allemand, et même
lun Sur-Allemand, — un Prussien. Il a
' eu le tort de confesser ses instincts, cte
dire tout haut ce qu'il convoitait, ce qu il
espérait, de mettre à nu l'âme prussien-
in&, à une époque où elle avait encore la
pudeur d'elle-même. On lui a fait payer
ce cynisme par la conspiration du silen-
-ce. Peut-être aussi ses compatriotes n'é-
taient-ils pas mûrs pour le comprendre :
Ton sièCIn0 eta.it, dit-on, trop jeune pour te lire:
. Le ooi-re doit te plaire, Bt Uàs hommes sont nés.
Mais il savait bien, lui, qu'il était pro-
fondément allemand : « ce livre si alle-
mand », écrivait-il, à propos de Humain
trop humain. Sans cesse, il fut hanté par
le souci de l'avenir de son pays, et, lors-
. qu'il pubflia ses premières brochures,
son ami Overbeck, qui les signalait à
l'historien Treischke, pouvait les lui re-
commander en c-as termes : « Je suis sûr
ICfutj tu discerneras, dans ces considéra-
tions de Nietzsche, le plus profond, le
(plus sérieux, le plus instinctif dévoue-
ment à la grandeur allemande. »
Enfin, trait significatif, qui achève la
physionomie de l'Allemagne moderne
(et peut-être de tous les temps),Nietzsche
avait le sens de la dissimulation : il re-
commandait la tromperie comme une
... excellente a,rm(jfde guerre et d'avant-
guerre. Autant que le public réfractaire
à l'écrivain novateur, la proie désignée
du peuple conquérant veut être abusée
par de faux semblants. Avec sa dure et
toujours -un peu grossière ironie à la
prussienne, l'auteur de Zarathoustra a
écrit quelque part : « Il est sage pour un
peuple de laisser croire qu'il est pro
fond, qu'il est gauche, qu'il est bon en-
■ tant, qu'il e.st honnête, qu'il est malha-
bile ; il se pourrait qu'il y eût à cela plus
que de la sagesse, — de la profondeur.
Et enfin, il faut bien faire honneur à son
nom (quand on est Allemand) : on ne
s'appelle pas impunément des Teusche
votli, — le peuple qui trompe. »
A quel point Nietzsche nous a trom-
pés et bernés, nous autres bonnes gens
de France (à peu près comme Frédéric II
trompa et berna Voltaire), c'est une cho-
se stupéfiante, et que, pour ma part, je
ne suis'pas encore tout à fait parvenu à
m'expliquer.
Je jure qu'avant ces derniers temps,
j'ignorais complètement son œuvre, ou
je ne la connaissais que par. de vagues
ouï-dire. Voilà douze ans, j'essayai de
lire Zarathoustra. Dès la première page,
je refermai le livre, arrêté par les brous-
saBles de cette mauvaise prose alle-
mande. L'indigeste volume a dormi jus-
qu'à présent sur les rayons de ma bi-
bliothèque. Mais, dès que je l'eus ou-
. vert, avec la volonté d'en avoir le cœur
'net, la conviction s'imposa à mon esprit
•que l'ignoble guerre allemande d'au-
joued'hui, dans son inspiration et ses
tendances, est sortie de ce livre et de
ses pareils. S'il vivait encore, Nietzsche
pourrait dire en toute vérité : « C'est ma
guerre. » — Comment nos gens n'en
ont-ils rien soupçonné, voilà qui me pas-
se. Je ne connais pas de plus bel exem-.
pie de la dépravation intellectuelle qui,
naguère encore, sévissait chez nous. Nos
mandarins de (lettres étaient si incapa-
bles de comprendre qu'on pût parler
pour outre chose que pour le plaisir,
que cette abominable prédiction de
'Nietzsche, si terriblement réaliste et po-
sitive, a été prise par eux pour de la sim-
ple virtuosité idéologique. Pas un seul
instant, ils n'ont songé à se demander si
elle ne pourrait point avoir une réper-
cussion, immédiate ou lointaine, dans i'a
pratique.
Ainsi, voilà une doctrine qui n'a d''o-
riginalité que parce qu'elle subordonne
brutale ment la pensée à l'action, la spé-
culation à la vie, une doctrine q.ui est
avant tout une philosophie de la vie, in-
cessante uniquement si elle passe dans
/'•" —■■
(1) Fayard, éditeur.
les faits, si elle est vé'cue. Et personne
ne s'est inquiété de savoir c-e qu'elle
était devenue dans la réalité ; ni si elle
a tenté, iji même si elle capable de s-e
. réaliser. Ce n'était là, croyait-on, que
du paradoxe, de la mousse un peu épais-
se d'Ln'tedIec.tualité. Et puis enfin, com-
me on avait coutume de dire, dans nos
milieux littéraires, après une brillante
discussion : cela n'avait pas d'importan-
ce ! Pour nous, il y a. -qu-atre mois (il
me semble qu'il y a quatre siècles), —
grâce justement à l'influence pernicieu-
se et toujours persistante du vieil idéa-
lisme all'ema.nd, — il existait un .abîme
entre penser et agir. Quelle fâcheuse
tournurl8 d'esprit ! Par elle s'explique
que nos esthètes et nos critiques n'aient
vu dans l'œuvre de Nietzsche que de la
littérature, les rêveries d'un neuras'thé-
nique solitaire. Ces phrases, bourrées,
comme des orbus, pa.r les pires explosifs
de la pensée allemande, ils les ont ma-
niées avec l'inconscience et la sérénité
d'un garçon de muséum époussetant les
ca.rto.ns de ses herbiers.
Mais cette confrontation des théories
nietzschéennes avec la réalité, était
peut-être impossible chez nous. Nous en
sommes toujours à « l'homme classi-
que » de Taine, à cette entité psycholo-
gique, sur laquelle nos Jacobins ont dis-
couru et légiféré. Un Jeune-Turc, pour
nous, ne peut être révolutionnaire qu'à
la façon de nos radicaux-socialistes. !
Nous ne concevons point que la liberté .
de notre .oa;térchisrne républicain ne soit
et ne puisse être qu'une liberté fran-
çaise : nous sommes persuadés qu'elle
vaut pour l'univers et que l,e reste du
monde nous l'envie. Des milliers de
Français ont traversé l'Allemagne, ils
n'en ont rapporté que des étonnements,
des admirations de badauds hypnotisés
par des façades, et incapables de devi-
ner ce qui sie passe de'rrière.. Les plus
coupables sont ceux qu-i nous ont pré-
senté de l'Allemand moderne une image
j généreuse autant que conventionnelle.
Leurs livres n'ont pas résisté au pre-
mier choc des réalités. Comme le disait
Maurice Barrés des romans de Zola, ils
ont beau dater d'hier, ils sont déjà en
puanteur.
Ce qui nous excuse peut-être, c'&3t
que les Allemands, qui s'infiltrent par-
tout, qui vivaient chez nous, qui avaient
envahi jusqu'à nos villages et jusqu'à
nos fermes, qui ont la science la mieux
informée, la plus documentée, et le pre-
mier service d'espionnage du monde en-
tier, nous ignoraient presque autant que
nous les ignorions, avant la rencontre
du champ de bataille. Maintenant, ils
nous connaissent, et avantageusement,
je crois. Si cher que leur connaissance
nous ait coûté, nous ne pouvons pas en
dire autant d'eux.
Louis Bertrand
IL Y A UN AN
10 février 1915
Un taube est abattu, son pilote eJt tué.
En Argonne, autour de Bagatelle, une bri-
gade allemande tente vainement de s'empa-
rer de l'ouvrage Marie-Thérèse.
Des aviateurs anglais et français survo-
lent Aix-la-Chapelle et Dusseldorf, où ils
détruisent un arsenal contenant un matériel
de guerre considérable.
1 Un zeppelin se perd corps et biens dans la
mer du Nord, au large du Danemark.
Dans la mer du Nord, au large de la lIol-
lande, le vapeur anglais Laerteg est ca-
nonné et gravement endommagé par le sous-
marin allemand U-2.
LA JOURNÉE
A TROIS HEURES. — Ala Chambre : séance
publique.
A TROIS HEURES UN QUART. — A la So-
Ci6tB de géographie {boulevard Saint-Germain,
184), M. Louis Dimier Bossuet humaniste,
son jugement de l'antiquité païenne, l'éduccb
tion du Dauphin.
A QUATRE HEURES. — Au Sénat : séance
publique ; à l'Ecole française d'ambulancières
et,. dunfirmières, (rue Saint-André-des-Arts, 49),
M. Cépede : Microbes, infections, sérums, vac-
cins.
A QUATRE HEURES UN QUART. — A l'Ecole
des hautes études sociales, M. Henri Lorin :
La question d'Orient.
A QUATRE HEURES ET DEMIE. — Au col-
lège libre des sciences sociales, M. A. Pil!et : La
guerre et la propriété pnuëe, la guerre mari-
time..
A CINQ HEURES. — Au .coDi'lervàtoire des
arts et m6t.iers, M. Auguste Deschamps : Le
régime légal des brevets d'invention et la con-
sommation durant la guerre ; à l'Ecole fran-
COlse û".ambuJaneières et d'infirmières, M. Pas-
calés : Pathologie interne, maladies généra-
les.
A CINQ HEURES ET DEMIE. — Au Collège
libre des sciences sociales, M. J. Charles-Brun :
L'Art et la guerre.
NOS ÉCHOS
Les deux Pères
Quand M. Denys Cochin rentra de
Grèce, il estima nécessité Oratoire de
renseigner minutieusement le conseil des
ministres sur les détails de son voyage.
Il eut, lors, à conter son entrevue avec
la Reine Sagesse.
Celle-ci, impériale, l'interrogea sur sa
famille, et, le baron Cochin ayant parlé
de l'une de ses filles qui était au couvent,
la reine lui demanda comment un minis-
tre de la République pouvait avoir une
frlle religieuse.
« Elle avait l'air de me le reprocher ! »
dit bonnement M. Denys Cochro à ses
collègues.
— Comment, s'écrie M. Combes indi-
gné : est-ce que ce n'est pas le droit de
tout le monde ?
Une pendaison au Bardo
le dis tout nous fait, d'après Le Cour-
rier de Tunisie, ce récit • dramatique
d'une exécution capitale qui eut lieu à
Tunis le 28 janvier dernier :
A 9 h. i/2 l'alerte est donnée ; la voiture
qui conduit S. A. le bey est signalée, la
haie est aussitôt formée de l'escalier dea
Lions jusqu'à, la salle des Glaces.
S. A. Mohamed en N&oer descend de sa
voiture de gala, suivi cIle ses ministres Si
Taieb DjeJlouli et Si Dinguizli. Les prin-
ces de la famille beylicale mettent à leur
tour pied à terre et s'engagent, à la suite
du pacha bey de Tunis, dans les corridors
et les patios de l'aile du palais où eont
encore salles de fêtes, cours de justice <<';
| appartements. Les honneurs militaires sont
rendus au passage.
; Le bey va, sur un sofa de velours rouge,
prendre d'abord quelques instants de re-
pos, puis il reçoit les hommages des prin-
ces, des ministres et des autorités indi-
gènes. Le directeur du protocole a veillé
11 ce que rien ne clochât et la, cérémenie
se déroule avec sa pompe habituelle.
Le souverain, qui. a tenu à compulser le
dossier du ba.ndit qu'il a devant lui, y a
lu que Mohamed Salah a trahi son ser-
ment de fidélité à la France, et qu'ensuite
il est devenu un brigand redouté.
Alors S. A. le bey, d'une voix énergi-
que, proclame :
— Un homme comme toi qui n'oeus ni fi-
délité ni repentir ne vaut même pas dix
francs. Qu'on l'emmène !
C'ec/t l'arrêt de mort, dicté en grande
partie par un sentiment de loyalisme qui
vaut d être enregistré.
Et l'on emmène l'indigène que l'on re-
vêt d'une simple chemise et d'un saroual ;
on lui recouvre la tête d'un voile et on le
conduit aussitôt au gibet.
Rectification
Le Liseur, ayant dit hier dans sa re-
vue des journaux que le journal du Peu-
Pie remplaçait les Hommes du Jour, a
reçu la lettre suivante :
Mon cher confrère,
Vous avez eu l'amabilité d'annoncer Le
Journal du Peuple. Je vous en remercie
bien sincèrement.
Je vous serais tout de même très obligé
de faire cette petite rectification : Le
Journal du peuple ne remplace pas Les
Hommes du Jour. Les Hommes du Jour
n'attendent qu'un peu de bonne volonté
du gouvernement pour reprendre leur
place au soleil. Cela n'empêchera pas Le
Journal 'du Peuple de faire comme le
nègre, de continuer .hebdomadairement,
tout en ne renonçant pas à devenir quo-
tidien.
Encore une fois merci, mon cher con-
frère, et veuillez trouver, ici, l'assurance
de mes meilleurs sentiments confraternels.
HENRI Fabre.
La politesse de nos cheminots
Que de fois, avant la guerre, n'enten-
dait-on pas les Français se plaindre des
manières inciviles affichées par certains
fonctionnaires, dans leurs rapports .avec
le public ! Aussi, est-ce avec une vérita-
ble satisfaction d'amour-propre national
que nous avons lu, dans la Railway age
gazette, organe .américain, tout un article
consacré à l'éloge de la politesse dont
fait preuve 'e personnel de nos chemins
de fer.. L'auteur, M. Hiatt, en fournit te
tr^it :
Voici ce qui m'est arrivé une nuit que je
voyageais d'Orléans à Paris. Je devais
descendre une certaine station, tout à
côté dé Paris mais non terminus dé la li-
gne. Un employé du chemin de fer se
trouva monter dans le corr>paif':iment que
j'occupais. Il avait évidemment travaillé
toute ,la journée, et se rendait à un autre
endroit de la. ligne Po lU' continuer son
! travail le jour suivant. Le repos sur un
coussin pendant le voyage était probable-
ment le'seul qu'il pouvait espérer pren-
dre. Avant qu'il, s endormîifc, je lui de-
mandai le nom exact de la station où je
devais descendre. liî. me le dit, et s'endor-
mit. Je remarquai cependant que, de temps
en temps, il se réveillait pour regarder sa,
montre. Finalement, comme le train com-
mençait à ralentir près de Paris, il se leva,
regarda par la fenêtre, attendit quelques
minutes et me dit : « C'est là que vous
devez descendre ». Je le remerciai et tout
ce que je vis de lui c'est qu'il' allait s'é-
tendre pour dormir pour de bon. Il s'é-
tait volontairement privé d'une bonne
part d'un repos nécessaire pour être sûr
que je descendrais bien où je devais des-
cendre. Ccit incident n'aurait rien d'ex-
traordinaire, s'il ne se reproduisait à cha-
que instant.
Et, en effet, M. Hiatt cite d'autres
exemples de la grande courtoisie qui rè-
gne le long de nos voies ferrées.
Braves cheminots français, qui ne se
contentent pas d'être polis comme des
rois, c'est-à-dire exacts, mais qui, par sur-
croît, sont serviables... comme les plus
simples mortels !
Le « Vêtement du prisonnier »
L'Œuvre du « Vêtement du prisonnier
de guerre », 63, avenue des Champs-Eiy-
sées, organisé, pour le 14 février pro-
chain, à la galerie Georges Bernheim,
40, rue de la Boétie, une exposition de
peinture.
Cette manifestation d'art et de bien-
faisance réunit des œuvres de nos plus
célèbres peintres : MM. Bail, Besnard,
Caro-Delvaille, Chabas, Dagnan-Bouve-
ret, Dauchez, Maurice Denis, Abel Fai-
vre, Frieseke, Gervex, Guillaumin, Le-
bourg, Lévy-Dhurmer, Le Sidaner, René
Ménard, Monet, Roll, Lucien Simon,
Vuilliard, Willette, etc., etc., ont envoyé
des tableaux dont la vente, selon leur
généreux désir, viendra accroître les res-
sources du « Vêtement du prisonnier de
guerre v>.
Une innovation intéressante attirera
l'attention du public : sept groupes de
vingt petits tableaux dus au talent de
nos meilleurs artistes formeront de véri-
tables collections complètes de peinture
moderne que les amateurs se disputeront.
Le public passionné d'art et de cha-
rité ne manquera pas de s'y prendre afin
de venir en aide lui aussi à l'Œuvre du
« Vêtement du prisonnier de guerre »
grâce à laquelle plus de 250.000 pa-
quets individuels et plus de 100 wagons
d'envois collectifs sont déjà partis pour
atténuer en Allemagne la misère des pri-
sonniers français et belges, civils et mili- 1
taires.
Dans la presse espagnole
La boutade de M. Araquistain, cor-
respondant du Liberal de Madrid, sur
la possibilité de compter avec les doigts
d'une seule main les journaux de la ca-
pitale qui ne sont pas à la solde de l'é-'
tranger, continue à soulever grand émoi.
Le directeur de l' A B C a convoqué à
une réunion de protestation ses collè-
gues de La presse madrilène. Cette con-
férence, d'ailleurs platonique, a abouti à
une résolution priant M. Araquistain de
préciser ses allégations. {
Il est bon d'ajouter que le directeur
d'un des plus grand journaux de la pé-
ninsule, l'ImParcial, a refusé de s'asso- j
cier à la protestation. Il a déclaré non
sans malice que même si M. Araquistain
avait dénoncé toute la presse espagnole
comme vendue à une exception près, il
n'en serait point ému et considérerait son
journal comme étant précisément cette
exception.
La revue Espaiïa publie la réplique de
M. Araquistain à la mise en demeure des
directeurs de journaux. Le correspon-
dant du Libéral se déclare prêt à citer
les noms, mais à des conditions.
La première, c'est que tous les jour-
naux s'engagent, si leur nom est pronon-
cé, à mettre à sa disposition leurs listes
d'abonnements, leurs livres de caisse et
tous .autres documents.
La seconde, que la Banque allemande
transatlantique de Madrid permette,
pour chaque accusation formulée d'une
façon concrète, la consultation de ses
pièces comptables.
L'affaire en est là.
Le Planton
Ce qui se passe
Pas de commissaires
aux armées
Oiz sait que les socialistes ont récem-
ment pris la double initiative de l'envoi
de commissaires aux armées et de la
constitulion d'un organisme interpcirle-
mentaire en vue d'une action commune
des groupes de la Chambre et du Sénat
Ces deux propositions, fort discutées,
ont été soumises hier à l'examen de la
réunion des délégués des groupes de la
Chambre. A la demande des délégués so-
cialistes elles-ont été mises aux voix sé-
: parement, sous lel forme de motions
ainsi libellées :
10 La délégation des groupes décide
; de demander à la Chambre la nomina-
; tion d'une commission spéciale chargée
\ d'enquêter dans la zone des armées- comme
[ dans la zone de Vintérieur, sur toutes les
\ questions intéressant là défense natio-
| nale.' Cette commission n'aura naturelli-
ment aucun droit dans le plan ou la cçn-
j duite des opérations militaires ;
2° La délégatirm des groupes décide
de provoquer une réimion commun ; avec
la délégation des groupes du Sénat
Dans cette réunion serait examinée la
question de savoir s'il y aurait lieu de
constituer d'ime façon permanente scit
la réunion commune de la délégation des
groupes du Sénat et de la Chambre, soit
tout autre organisme destiné à coordon-
ner l'action des deux Chambres, en vue
de la défense "aatiotwle,
La première de ces propositions a été
repoussée par 9 voix contre 2, la seconde
par 8 voix contre 3.
Ayant de se séparer, les délégués ont
décidé, en vue d'assurer la permanence
de leur action, de se réunir dorénavant
tous les quinze joitys.
b
La nouveau directeur de l'aéronautique.
— Par décret, en date du. 9 février 1916,
rendu SUT la pro'positikm du ministre de la
Guerre,, le colonel d'artillerie Régnier
(Henri-Jacques), ditrecteur de l'école de py-
rotechnie (militaire, est nommé directeur
de l'aœ.onautia,ue L militaire aiu minstère de
la Guerre.
Le comité interparlementaire franco-bri-
tannique. — La section française du comité
interpairtementadre franco-anglais a tenu
hier sa première 'rôuDi'on.
Le^ bureau définitif a été ainsi constitué :
Président : M. Clemenceau, résident de
la commission des affaires extérieures du
Sénat ; vice-présidents : MM. Pichon, Geor-
ges Leygiues et Franklin-Bouillon ; trésû-
rier : M. Marcel Caehin.
Le c.om;. té la pris toutes les dispositions
nécessaires en vue de la réception des délé-
gués anglais à Paris qui aura dieu du 21 au
24 février.
Le vendredi 25, -aura lieu à Bordeaux une
grande reuniien où les délégués anglais, ac-
compagnés de membres du comité français,
exposeront qiUf&Hei a été l'oeuvre de l'Angle-
terre depuis le début de, la guerre.
Les bénéfices industriels; des fournisseurs
de la guerre. — La eonmiissictn de l'armée
a entendu hier M. Voilki, -rapporteur, sur
la propÛJs,iti.on de M. Mistral tendant à la
limitation des bénéfices industriels . des
fournisseurs de la guerre. Elle a adopté le
nouveau texte présenté par M. Voilin.
. La répression du commerce des stupé-
fiants. — Là commission de l'hygiène pu-
blique a entendfu. hier M. Ogier, directeur
du contrôle au ministère de l'Int.é'r'ieutr, sur
la proposition de loti, 'adoptée par le Sénat,
concernant l'impicrta.tion, le commerce, la
détention et l'us:élge des 'su.bstan.ces véné-
reuses, notamment l'opium, la morphine et
la COcÀaïne.
! Les permissions agricoles. — Le ministre
! de la Guerre vient de prescrire qu'il serait
I fait état, soit pour l'attribution des permis-
| sions agricoles, soit pour la formation
f d'équipes, « de tous les militaires, mobilisa-
I bles ou non, qui ne sont pas sous les ordres
du général en chef, à la seule exception de
; la classe 1917 ».
La convention de Londres sur la naviga-
; tien. — La commission de la marine mar-
chande a chargé son président, M. Guer-
: nier, de faire un rapport sur le projet de
loi portant ratification de la .convention de
Londres pour la sauvegarde de la vie hu-
maine en mer.
L'interception des messages de T. S. F.
-. A l'occasion de l'examen du projet sur
la T. S. F., la commission des postes et
télégraphes a entendu, hier, M. Perrev-Mai-
sonneuve, auteur d'un ouvrage sur la T.
S. F., qui lui q" été présenté par 1\1. Faisant
Mort de M. Roblin. — M. Hoblin, «eputé,
qui était souffrant depuis plusieurs mois,
est mort hier. Il représentait à la Chambre
la 2° circonscription de Nevers.
Le contrôle parlementaire. — Les mem-
bres de la commission sénatoriale de l'ar-
mée ont visité hier -F école d'aviation de
Chartres pour se rendre compte des tra-
vaux accomplis. ' ' *
_ Le Comité du syndicat de la Presse pa-
risienne. — Le syndicat de la Presse pa-
risienne a tenu, hier, son assemblée géné-
rale annuelle.
Après la lecture et l'appro'bation des rap-
ports du secrétaire général et d'u trésorier^
l'assemblée a procédé au renouvellement
du (flliaJPt sortant, de son comité :
MM. Arthur Meyer e,', Henry Simo-nd ont
été réélus ; NI. Léon 'Bailby (Intransi-
geant), a été élu pour quatre ans.
Le comité du syndicat de la Presse reste
donc composé comme il suit :
Président : M. Jean Dupuy (Petit pari-
sien) ; vice-p.ré&ident : M: de NaJèche
(,Journal des Débats) ; secrétaire : M. Ber-
thouilat (Liberté) ; trésorier : M. Arthur
M{JY.£ir- (Gaulois) ; membres : MM. Léon
BalÏi1by (Intransigeant) ; Henry BoéInmgcr
(Action},. Adolphe Bris s or. (Annales Poli-
tiques et LU t et-aires) ; Paul de Cassagnac
(Autorité); Mauncei Dejea-n (Petite Rép-u-
blique) ; Ernest Judiet. (Eclaîr) ; Stephen
Pichon (Petit Journal) ; Georges Prestat
(Figaro) ; Jules Roche (flépublique Fran-
çaise) ; Henry Simondi (Echo de Paris) ; se-
crétaitie gén-éira'I : G. Lanvière..
A la mémoire des soldats et marins morts
pour la France. — L'Association des dames
françaises ^ a fait célébrer, hier ma-un, en
l'église Saint-Roch un service solennel pour
le repos de l'âme des soldats et -h-i-arins
morts pour la France.
La cérémonie était présidée par 1t8 cardi-
nal Amette. Le président de la République
était représenté par l-e colonel Vallière.
Mme Raymond Poincaré était aux premiers
ra'n.gs de l'assistance.
Le ministre d? la Guerre s'était fait re-
présenter, ainsi que le ministre de la Ma-
rine et le gouverneur militaire de Paris.
Dans la gueule du loup. — Le nègre Tho-
mas Mateus, messager interprète au mi-
nistère des Finances belge à Sainte-
Adresse, chargé d'aller toucher un mandat
de 50 f-rancs... partit pour Paris sur la mo-
tocyclette qui lui avait été confiée. C'était,
a-t-il expliqué depuis, parce qu'ayant perdu
les 50 francs, il n'osait revenir trouver ses
chefs.
Donc, à Paris, étant sans ressources, il
voulut faire argent de sa motocyclette, et
s'adressa pour la vendre... au représentant
qui l'avait vendue au gouvernement belge.
Thomas Mateus comparaissait" hier de-
vant la 10e chambre correctionnelle ; il a.
été condamné à six mois de prison.
Deux condamnations ne l'avaient pas cor-
rigé. — Déjà condamné à deux reprises
pour port illégal d'uniforme, le jeune Ro-
bert Méret comparaissait pour la troisième
fois devant le conseil -de guerre, sous la
môme inculpation : vêtu d'une capote
d'aviateur, sur laquelle s'étalaient la croix
de Ip, Légion d'honneur e-;. la croix de
guerre, il avait, en payant d'audace, pris
le commandement du peloton de service,
lors d'une remise de décorations à l'hôpital
dse Quinze-Vimgis. Mais à l'issue de la pe-
tite cérémonie, le récit d'exploits fantas-
tiques qu'il s'attribuait, l'avait trahi.
Cette fois-ci, Ro'bert Méret a été condamné
à dix-huit mois de prison. <
D'où venait cette bombe ? — La nuit der-
nière, à minuit, une violente explosion a
retentit à Troyes, rue Urbain, 4, dans une
petite chambre du troisième ér-age, habitée
par Faraand Bauer, 25 ans,, bonnetier. Le
jeune homme, qui a le visage brûlé et porte
•uns grave blessure à la main gauche," s.e
trouve dans un état sérieux.
Fornand B-auor déclare avoir été l'objet
; d'un attentat ; une bombe à renversement,
'cachée dans son lit, a explosé au moment
où il se couchait. L'enquête en cours pro-
met. d'être intéressante.
Nos prisonniers de guerre en Suisse. —
. Onze luffedeiis français prisonniers de guerre
malades et 27 soldats gravement atteints
^ 'sont arrivés hier à Interlaken où ils on-t été
f hospitalisés confortablement dans les hôtels
Bernerhof, du Gotard et de Bellevue. -
POIGNEE DE NOUVELLES
■vv\. Près de Toisl, uri camion automobile at
tamponné une auto, dans laquelle se trouvait
M. Doudoux, officier d'administration principal
du génie, qui, le cr&j"he fracturé, est mort deux
heures plus tard.
wv Un Parisien, M G.odefroy, a été tamponné
et écrasé par l'express de Viorzon, en face de
Lamolte- B0uvTon.
V\I\J M. Lucien Rosc-, cafetier à Champigneulles*
est fcbmbé sous le camion qu'il cendui-sait. Ecrasé
par une roue, il a succombé peu après.
Les Journaux du Matin
LE SUJET DU JOUR :
Allemagne et Roumanie
Pour une pauvre petite certitude qui, de
loin en loin, perce les 'ténèbres diplomati-
ques, combien de nouvelles abusivement
interprétées, d'informations dénaturées ou
.inexactes, de dépêches mensongères, de
commentaires tendancieux ! Vous rappelez-
vous qu'il y a quelques jours à peine, le
conflit germano-américain était sur le point
d'aboutir ~ une rupture ? C'était au dire,
'de nos meilleurs augures, le renvoi de M.
Bernstoff ou l'humiliation d'un des deux
pays. Qui parle aujourd'hui de rupture et
qui parle d'humiliation ? Hier, le bruit cou-
rait dans Paris, sur la foi d'une agence,
que la Roumanie, allait sortir, sortait, était
sortie de la neutralité. L'Allemagne, com-
mettant une suprême maladresse, lui avait
envoyé un ultimatum... Rien de vrai là-de-
dans, bien sûr. Au moins, est-il permis d'y
.voir un symptôme de vérité ?
Le Matin constate que lies nouvelles de
Bucarest sont confuses et contradictoires.
Mais il est certain ! ai Ion s, tant mieux !)
.que la Roumanie est in-guiète de la Bulga-
rie j:.
Elle songe aux compensations inévitables que
sa voisine réclamera le jour où, à la fin de la
campagne, il lui faudra év.acuer les territoires
©recs qu'elle o-coup-e. ' - '
D'autre part l'Alle.ma,gne continue, à Buoa- j
rest, la. politique d'intimidation diplomatique et
i're.lillaire dont elle est couiumière-. Elle-vouarait
profiter de la position délicate où se trouve ac-
Sueliement la, Rouman.k;). qui, en cas de gUlel1re,
se verrait dans la nécessité de-faire face sur
..deux fronts à la fes, sans être encore suffi-
samment assurée . des renforts russes qu'elle
recevoir. :
Il est tout à fait dans la manière allemand^
do vouloir brusquer les choses et de.mettre la
Roumanie en demeure de se prononcer, sinon
en mlerve>n,ant effectivement dès à présent avec
l'un des deux groupes belligérants, du moins
en désignant celui pour lequel elle penchera à
son heure. A la rigueur, on se contenterait
d une assurance de neutralité indéfinie.
Qu'il y ait, ou- nOin, pression militaire de
la part de T Allemagne:, l.a situation est
sérieuse :
On peut en tout cas retenir le fait que M. Cos-
Unesco, muusLre des finances, a déposé &'ur le
bureau, de la Chambre un projet de 10.1 partant
ouvcruur.e d'un nouveau- crédit de 200 millions
pour les besoins immédiats de l'armée. Ce pro-
jet 'a été accueilli par des acclamations enthou-
siastes et voté à main levée.
Enfin M. Philipesoo, qui est un des amis les
plus fervents des Alliés, et qui jo-ui-J, en Rouma-
nie d'une autorité personnelle considérable, se
trouve actuellement à Petrograd. On peut au-
gurer de ce voyage les effets les plus heureux
sur La. suite des événements.
j
Le correspondant d:u Petit Journal à
Rome envoie un démenti catégorique aux
informations 'sensationnelles d'lii'er :
Il convient d'e n'ajouter aucune créance aux
infonna.t.ioDS sensationnelles représentant la. Rou-
manie comme ayant répandu fi-tif.,c démarches al-
lemandes de façon à laisser entendre qu'elle se
rangeai, décidément, du côté des Alliés. Ce .qwi
est virai, c'cs't que, il y a peu de temps encore,
les demandes d'explications de l'Allemagne s'é-
taient faites de plus en plus pressantes. Et il est
probable que la chancellerie de Bc.rkn avait été
poussée dans cette voie par l.a Bulgarie tirés dé-
sireuse d'être définitivement- rassurée sur le Da-
nube et plus désireuse encore, si possible, de voir -
la Roumanie humiliée pai- les sommations alle-
mandes.
La situation ne se serait nullement ag-
gravée :
En ce qui concerne., notamment, la question
de l'achat des céréales par l'Angleterre, M. Bra-
t-iûno n'a pas eu de peiné à démontrer que
~ 'œtte. opération, n'a.vait pas été conduite clan-
destinement, comme le prétendait Jtout d'aboi
l'Allemagne, et qu'on ne pouvait y voir aucune
intention hostile, la Roumanie pouvant parfaite-
ment — par cela même qu'elle est neutre —
vendre son blé aussi bien aux Anglais qu'aux
Allemands.
Le Petit Parisien croit à un grossisse-
ment des faits :
IPsemble que les dépêches auxquelles nous fni-
sons allusion, grossissent et coordonnent un cer-
tain nombre diE" de'ma.rches déjà con.n-uss pour
fermer un bloc plus impr.es!s.iün:nant.. La protes-
talion contre ics candidatures irrédentistes et
contre la vente des grains remonte à plusieurs
semaines et nous l'avons signalée' en son temps :
M. B-rati-ano s'est borné à -en prendre no/te et à
y répondre, victorieusement La sommation ten-
dant à provoquer une déclaration catégorique de
neutralité indéfinie n'a peut-être pas eu lieu ;
i! est même vraisemblable qu'il y a eu une sim-
ple conversation enitre le ministre allemand à
Bucarest et M. Bratia-no sur co sujot qui a été si
souvent discuté entre ElltX.
Toutefois, il est vraisemblable que la Bul-
garie ait demandé à FAHern-agne de pren-
dre vis-à-vis de la " ' - une attitude
cÓmminatojre :
La Bulgarie redoute fort — en dépit de ses al-
h.ance.s actuelles, — qu'à un momenlt quelconque
des attaques convergences ne menacent &on 'tcr-
ritoire. Nul n'ignore que .15v.OOO Roumains sont
sous les armes, et qu'au s'ud du Danube, sur la
ligne Turlukan-Balehik de gros contingents ont
été groupés. C'est même pour cette raison que
le cabinet de Soil'a a demandé à l'a Porte d'en-
voyer d'urgence des effectifs au nord des Bal-
!
empires du Centre à prendre l'inil.iative d'une
attaque contre la Roumanie. Guillaume II
n'ignore pas qu'une pareille tentative compor-
terait des risques très gravc.s.
Le Petit Parisien conclut pourtant :
Le problême roumain apparaît pourtant
comme €s?t''niiet à l'heure présente, car le gou-
vernement de Bucarest exercera, de toute certi-
tude, une influence décisive sur les événements
d'Orient. La mauvaise humeur dl8 nos ennemis
à son égard suffirait à attester l'évolution mo-
rale qui s'est manifestée chez 1t Bratiano et ses
collègues.
• Les hypothèses dfU derrière délia Sera se
rapportent, s-oloru le Figaro, à une situa-
ition vieille déjà de quinze < jo'uj's.
, ,Au moment où le ministre d'Allemagne en
—
Houimanie est- rentré à Bucarest,, revenant pré-
cipitamment de Berlin — c'était au lendemain
de la conclusion- avec . l'Angleterre du marché
des blés — le bruit a en effet couru qu'il avait
pour mission .d'ad:ne.sserr a la Roumanie ■ une
sorte de mise en demou.re. Il devait, disait-on,
demander à peu près tout ce que dit le
Corriere della Sera, mais il semble avoir L'orné
ses exigences à la proposition d'un nouveau
marché de grains pour le compte de l'Allema-
gne.
Il est en tout cas certain que le gouverne-
ment roumain n'a eu, à ce moment, il fourn.i.r
aucune précision nomtTle au sujet de son atti-
tude et il ne paraît pas qu'on lui en ait de-
mandé depuis.
De M. Louis Baequé, dans Excelsior :
Très préoccupés de l'attitude vraiment indé-
pendante de Ja Roumanie, les empires centraux
m/éditeraient-iis un prochain coup "de force pour
triompher du cabinet de Bucarest ? Ils lui ont
d'abord envoyé une note, blâmant somme des
actes inamicaux la vente de grains consenti'e à
l'Angleterre, ainsi que l'élection au Parlement
roumain de deux députés originaires de la. Tran-
sy'ivarb"e, qui est aujourd'hui territoire hongrois.
Le ministère Braliano a riposté que les élec-
teurs sont fibres de porter leur choix sur qui bon
icu-r semble. D\aUlüUl'lS, le Parlement n'aura pas
à valider ces éj.ect.tons, puisque les deux députés,
la ma.nifestaLi'on faite, se sont spontanément effa-
cés. Quant .aux ventes- de cé'reales, il est- bien vrai
qun les Alliés et les empires centraux se livrent
a des enchères riva.Ies, et que l'Angleterre tient
le i>on bout "V ellè a réalisé de gros achats, livra-
bles après la guerre, c'est-à-dire qu'elle immobi-
lisa des stocke dont les Austro-Allemands ne
peuvent profit-or ; mais n'est-ce pas ainsi que nos
ennemis tentent de procédït-r pour l,a, laine en
Argentine, pour le coton aux Etats-Unis? Quant
il la Roumanie, elle n'a rien à se :repl'och6l' à
l'égard de pe'rsonnte.
M. BRIAND A ROME
En arrivant à Rome, M. Brian d aura une
bonne surprise. Il y trouvera une dépêche
de Paris lui disant que M. Clemenceau l'ap-
prouve d'avoir entrepris ce voyage. Le ré-
dacteur en chef de l'Hoannie Enchaîné écrvï
en effet, à l'heure même où nous nous at-
tendions à le voir piétiner le cadavre de
ryl. René Besnard :
Je trouve très heureuse l'idée qu'a eue M.
Brifând de faire tin voyage; en Italie. Les gou^
vern-aats de .toutes contrées n'ont jamais trop
d'occasions de se rencontra*, à plus forte rai-
son doit-on souhaiter qu'il puisse s'instituer des
échanges de propos personnels entre les hom-
mes qui dirigent la politique de leur pays, sur-
tout lorsque cette po:I,Hicllùe les engage dans une
commune' action a'er guerre, où se trouvent en
jeu la vie et la mort des plus grands peuples
de l'histoire. Je 00 puis donc qu'approuver,
sans réserve, l'idée qu'a eue notre président du
conseil d'aller prendre l'air de Rome à un mo-
ment où 1" unité d'action de la Quadruple-En-
tente est devenue plus que jamais nécessaire,
sans que les difficultés ;qu'elle rencontre aient
pu être encore complètement aplanies.
En veine d'approbation, M. Clemenceau
poursuit :
Je ne trouve pas moins digne d'approbation
que M. Briand, suivi de M. Albert Thomas, se
fasse accompa.gnor de M. Léon Bourgeois, qui
a beaucoup d'amis de l'autre côté des monts,
et, dont l'heureuse propension à tous accommo-
dements trouvera certainement des dispositions
correspondantes chez les hommes d'Etat ita-
liens. De fait, MM. Briard et Bourgeois sont,
de tous nos hommes politiques, ceux qui, pair
les -aimables ondulations d'une, souplesse pro-
fondément marqua du sceau latin, peuvent le
mieux se prêter aux exercices changeants des
petites ou grandes « combinazioni » dont le goût
n'a pas cessé de ptrévaloir chez nos frères voi-
sins.
Il résume ensuite les thêmes sur lesquels
doivent porter les conversations romaines,
et ajouta :
On voit que les sujets de conversation, pour
00 rien dire d'autres encore, ne feront pas dé-
faut. Avec les ressources de MM. Briand et Bour-
geois, aucune matière, d'ailleurs, ne me paraît
épuisable. C'est un g,pand point. On nous an-
nonce encore que nos dieux bons plénipotentiai-
res iront jeter un coup d'oeil sur .les tranchées
du. général Cadorna, déjà visitées par le général
Joffre. Que de choses en trois jours ! La com-
plète unité d'action à laquelle nos ministres vont
convier l'Italie sortira-t-eille de tout ce tumulte
de diplomatie ? Je n'en suis pas certain, mais si
MM. Briand et Bourgeois réussissent, comme je
' l'espère, à en aplanir quelques parties, leur_temp,s
n'aura pas été perdu.
Une réserve, cependant, une seule, mais
grave : '
La seule réserve que j'c&e faire, c'est que
l'unité à quatm exige l'unité d'action intérieure
! dans l'orgainisayon et dans la conduite des ai-
fatres ohez chacun des contractants. Mes lec-
teurs ont pu vQiTj par de simples aperçus, d'où
j'ad. dû écarter les preuves décisives, que nous -
n'en sommes pas encore à ce point.
Dans le Journal, Saimt-Briee Cirait bon de
nous mettre en garde contre les illusions
créées par la parole.
Qu'on se garde pourtant de l'illusion, tou-
jours à craindre- en pareille occurrence, de pren-
dre les apparences pour les réalités, les mots
pour les actes. Il est facile de parler die soli-
darité, de coopération, de coordination des ef-
forts. Si la magie du verbe suffisait à dissiper
les obstaclas, il y a Uaau temps que la cause
des Alliés aurait triomphé. Avons-nous assez
entendu de magnifiques déclarations depuis dix-
hu,it mois ? *-■
Il ne faut pas que dans quelques mois oïï
puisse en dire autant dies méthodes adoptées
récemment, en vue de remédier aux divergen-
ces d'efforts et à l'absmci,, d'unité de direc-
Lion. Dans ce but très loirable, on a orga.nise'
des conse.ils de guerre multiples, des conféren-
ces gouvernementalçs. C'est fort bien. Mais
qu'on n'aille pas s'imaginer que cela suffise.
Ce ne sont pas les moyens de communica-
tion et d'échange, de rues qui ont fait défaut,
dans une guerre dont la lenteu.r d'évolution est
la caractéristique essentielle. Les Alliés ont eu
toujours le temps de prévoir et de prévenir les
manœuvres adversaires. S'ils ne l'ont pas fait,
seul le défaut de compréhension et do décision
doit en être accusé.
Le ma.l véritable auquel 'on ne remédierai
pas en transportant l.a. discussion d'un fil
télégraphique à un tapis vert, c'est le dé,.
faut d'entente et de discipline :
Si chacun continuait de placer ses sentiments
et ses intérêts particuliers au-dessus des senti-,
ments'et des intérêts génér-aux, tout se bornerait
à des manifestations creuses. Les leçons de l'ex-
périence ont été assez dures pour apprendre aux ,
Alliés la valeur d'une solidarité et d'une unité
de direction effective.
Le voyage le M. Briand est unie occasion de
recueillir les fruits de cette expérience, et peut-
être l'occasion la plus opporlune qu'on puisse
souhaiter. L'Italie est entrée' en lice dans les con-
ditions les plus honorables. Elle a fait sa guerre,
avec quelle vigueur, on le sait. Mais ces efforts
seraient stériles si la guerre italienne ne se fon'-
dait pas dans la guerre mondiale. Nous ne mé-
connaissons, certes, ipas les difficultés que le ca-
binet Salandra a dû et doit encore soutenir. Gom-
ment mieux -lui témoigner notre confiance qu'en
attendant de son autorité les ' actes nécessaires,
et, d'abord,. la fusion de faction italienne dalut
l'action commune..
La Bataille admet SMiiSaace ctue la
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 87.45%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 87.45%.
- Auteurs similaires De Waleffe Maurice De Waleffe Maurice /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "De Waleffe Maurice" or dc.contributor adj "De Waleffe Maurice")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 2/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k4721241z/f2.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k4721241z/f2.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k4721241z/f2.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k4721241z/f2.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k4721241z
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k4721241z
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k4721241z/f2.image × Aide