Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1866-09-06
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 06 septembre 1866 06 septembre 1866
Description : 1866/09/06 (N140). 1866/09/06 (N140).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4719196s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/11/2017
LA PRESSE ILLUSTRÉE
S'INTITULERA PROCHAINEMENT
LA PETITE PRESSE
* cal l, roaéw.
& ceit lè Bamért.
JOURNAL QUOTIDIEN.- — ILLUSTRÉ LE DIMANCHE
AMNNZMMTS. — xtois mois. mois; J Un an.
Paris .. 0 fpw i8 fr.
Dénartements. 6 Mr 2®
. JEUDI 6 SEPTEMBRE 1866. — No 140.
BUREAUX D'AlaONNEMENT : 24, boulevard des Italiens.
ADMINISTRATION : 15, me Brada.
A PROPOS DE MINISTRES
M. Drouyn de Lhuys quitte le ministère
des affaires étrangères.
M. le marquis de Moustier arrive de Con-
stantinople pour remplacer M. Drouyn de
Lhuys.
Ceci est un événement politique qu'il ne
nous appartient pas de commenter.
Mais, à propos d'un ministre qui s'en va et
d'un ministre qui vient, il peut être intéres-
sant de parler ministres et ministères.
Le mot ministère vient du latin ministe-
rium, qui signifie emploi qu'on exerce, office
qu'on remplit, service qu'on rend, quelque-
fois (par exemple s'il s'agit du ministère d'un
avoué) service qu'on paye.
Ministère se dit par extension :
D'une partie de la haute administration
gouvernementale ; ' '
De l'hôtel occupé par les bureaux de cette
administration ;
Enfin, du groupe d'hommes qui portent le
' titre de ministres.
Jadis, un bourgeois de Paris, orfèvre sur
le Pont-Neuf, ou marchand drapier sous le
pfëep- <£e& ilaUes* se ,,zffltentait, en fait de
commis, de ses enfants et de ses serviteurs.
La femme tenait le comptoir ; le fils aîné
voyageait ; le fils cadet aunait, en souriant
aux jolies pratiques; un vieux valet, qui fai-
sait partie de la famille, pliait et dépliait les
ballots. Puis, le progrès est venu, et avec le
progrès l'invasion d'un peuple de commis.
La hiérarchie a étagé les grades comme les
rayons. Les magasins du Louvre et du Coin
de Rue ont remplacé les boutiques du Chat
qui pelote et de la Truie qui file. H'
Eh bien! qu'on me passe la comparaison,
il en a été en France des ministères comme
des boutiques, et des rois comme des mar-
chands.
Au début, les choses se passaient en fa-
mille.
Le Roi choisissait un de ses domestiques
et lui disait : « Aide-moi à gouverner mes
états ! » comme il disait à un autre : « Aide-
moi à passer ma tunique ! *
Quelquefois, le maître était intelligent et le
serviteur nul. Alors le second se bornait à
exécuter les ordres du premier. On l'appelait
Seigneur majordome! et tout était dit.
Quelquefois aussi, le serviteur était plus
capable que le maître. Alors il prenait le titre
de Maire du palais, et il régnait de fait comme
l'autre de nom... '. ,,
Aux maires du palais succédèrent les grands
sénéchaux, puis les grands connétables, qui
avaient surtout la haute main en temps de
guerre. En temps de paix, la justice était ad-
ministrée par un notaire, ou un pronotaire,
ou un référendaire; on n'en est arrivé que
degré par degré au garde des sceaux.
Jusqu'à Louis XI, les grandes charges de
l'Etat sont surtout des charges privées: le
grand Maître, le grand Chambrier, le grand
Bouteiller. Je n'entends pas dire que les
fonctions consistassent uniquement à faire la
couverture et à mettre le yin en bouteilles;
mais les titres manquaient un peu de relief,
on en conviendra.
Louis XI, qui aimait à mettre de l'ordre
dans l'administration de ses propriétés, prit
un certain nombre de commis auxquels il
distribua le travail, en réglant les attributions
de chacun.
Le premier de ces commis fut honoré,
sous Henri II, du titre de secrétaire d'Etat.
Sous Louis XIII, il y eut cinq ministres,
quatre qui se partageaient la besogne à faire
et un cinquième qui la faisait. Ce dernier se
nommait Richelieu.
Sous Louis XIV, on se prit à redouter l'in-
fluence de Rome dans le gouvernement de la
France, et une ordonnance défendit l'entrée
du Conseil des ministres aux cardinaux.
C'est pourquoi le cardinal Mazarin, qui
avait succédé comme ministre pour tout
faire au cardinal de Richelieu, continua d'exer-
cer le pouvoir jusqu'à sa mort, et c'est
pourquoi encore Louis XV eut pour mi-
nistres le cardinal . Dubois et le cardinal
Fleury. j
Il y avait alors quatre grands ministères: l
La guerre, les finances, les affaires étran-
gères et la Maison du roi.
Quand la Royauté devint la Nation, le mi-
nistère de l'intérieur devint un besoin. Ro-
land de la Platière, mari de sa femme, fut
ministre de l'intérieur sous Louis XVI.
La Convention remplaça les ministres par
douze commissions ayant chacune une spé-
cialité définie.
Un peu plus tard, on en revint aux minis-
tres, mais la division en douze spécialités
continua de subsister ou à peu près.
Aujourd'hui encore, il y a onze ministres,
en comptant M. le président du Conseil
d'Etat. ®
Dans les états modernes, il y a deux sortes
de ministres, comme il y a deux sories de
gouvernements.
Dans le gouvernement parlementaire, le
chef du pouvoir exécutif, président ou roi,
est tenu de choisir ses ministres dans la ma-
jorité des députés de la nation. Unè fois choi-
sis par le Chef, ces ministres gouvernent,
mais ils sont responsables de leurs actes. Si
la majorité de l'assemblée cesse d'approuver
leur conduite, ils doivent se retirer et le
souverain doit en prendre d'autres.
Balzac a défini ainsi ce système :
« Un pouvoir qui ne sait pas la veille s'il
existera le lendemain. »
Dans le gouvernement personnel au con-
traire, les ministres sont choisis par le chef
de l'Etat en dehors des 'assemblées, dont ils
ne relèvent plus, le chef assumant seul la
responsabilité des actes gouvernementaux.
Leur entrée aux affaires et leur retraite
dépendent donc uniquement de la volonté du
souverain.
Tant qu'ils sont d'accord avec lui, ils res-
tent au pouvoir ; qu'un désaccord survienne,
ils s'en vont.
Il arrive encore que leur santé les con-
traint au repos, mais ce cas est rare et com-
mun aux deux systèmes.
Les ministres avec portefeuille sont ceux
lui agissent et les ministres sans portefeuille
:eux qui parlent.
Les premiers donnent des signatures.
Les seconds donnent des conseils.
Les uns et les autres délibèrent et pren-
lent des résolutions en présence et avec le
concours du souverain.
Les ministres actuels sont MM.
Rouher, sénateur, ministre d'Etat;
Baroche, sénateur, membre du conseil
privé, garde des Sceaux, ministre de la jus-
tice et des cultes ;
Le maréchal Vaillant, sénateur, membre
du conseil privé, ministre de la maison de
l'Empereur;
Achille Fould, sénateur, membre du con-
seil privé, ministre des finances ;
Le maréchal comte Randon, sénateur, mi-
nistre de la guerre.
Le marquis Prosper de Chasseloup-Laubat,
sénateur, ministre de la marine et des co-
lonies ;
Le marquis de Moustier, ministre des af-
faires étrangères ;
Duruy, ministre del'instruction publique;
Béhic, ministre de l'agriculture , du com-
merce et des travaux publics ;
Le marquis de la Valette, sénateur, ministr-a
de l'intérieur;
Vuitry, ministre présidant le iconseit
d'Etat.
Tous ront grands-croix de la Légion d'hon-
neur, à l'exception de MM. de Moustier, Béhic
et Vuitry, qui ne sont que grands-officiers,
Ils émargent des traitements de deux cent
mille francs, logent au Louvre ou dans les
magnifiques hôtels affectés à leurs bureaux, .
et portent le titre d'Excellences.
Il y a loin, on le voit, d'un ministre d'au-
jourd hui au majordome du roi Dagobert ou
au grand bouteiller du roi Pépin.
TONY RÉVILLON.
LE DERNIER MOT
DE
ROCAMBOLE
PREMIÈRE PARTIE
LES RAVAGEURS
PAR
PONSON DU TERRAIL
XVII
Ces deux hommes qui, dans un cabaret des
environs de Paris, s'exprimaient en langue in-
doue, offraient, en outre de cette bizarrerie, un
coptraste non moins bizarre.
A première vue, c'était simplement des hom-
mes du Midi, au teint hâlé, dont 1 un était déjà
vieux, l'autre encore jeune; le premier robuste,
grand, énergique d'attitude et de regards le
second svelte et presque fluet, avec des mains
et des pieds de femme et un visage complète-
ment imberbe.
La voix de ce dernier avait même quelque
chose de grêle et de sifflant qui ne paraissait pas
appartenir à l'espèce masculine.
On eût dit une femme habillée en homme.
Ils causaient, et c'était le plus jeune qui par-
lait lorsqu'ils avaient attiré l'attention de Ro-
cambole :
— Paris est moins grand que Londres, mais
il est beaucoup plus difficile d'y suivre la trace
d'un homme qui a un intérêt quelconque à se
cacher.
J'ai suivi le père et la fille pendant six mois,
presque jour par jour. Vingt fois, j'ai été au-
près d'eux, et, si l'heure prescrite eût sonné,
j'étais prêt ; mais tu le sais, Osmanca, les temps
n'étaient point accomplis.
Le plus vieux fit un signe de tête affirmatif.
— Continue, Gurhi, dit-il.
— Je les ai donc suivis depuis Varsovie jus-
qu'à Paris; mais là, j'ai perdu leurs traces, et ce
n'est qu'il y a huit jours, lorsque m'est arrivée
la lettre du comité de Londres, que j'ai pu res-
saisir leur piste.
— Enfin, tu les a retrouvés?
— Oui, puisque je vais vous conduire cette
nuit même, Osmanca, à la porte de la maison
qu ils habitent.
Celui que son compagnon désignait sous le
nom d'Osmanca et qui avait un aspect farouche,
répondit :
— Les temps sont accomplis, et la dernière
heure du Maudit est proche.
— La déesse Kâli sera contente, fit le plus
jeune, c'est-à-dire Gurhi, j'ai tout préparé.
— Voyons ?
— Le Maudit, poursuivi Gurhi, a congédié, il
y a huit jours, un vieux serviteur. Puis il est
venu à Paris et s'est procuré un autre domes-
tique. C'est un des nôtres.
— Un Indien? '
— Non, un Anglais affilié, mais qui parle si
parfaitement le français et qui a un air si naïf
que le Maudit l'a pris sans'défiance.
Un sourire féroce glissa sur les lèvres d'Os-
manca.
Gurhi poursuivit s
— Cet homme viendra nous ouvrir la porte à
minuit ; et nous entrerons. Tu sais, Osmanca,
que les fils de notre pays marchent sur la terre
sans courber un brin d'herbe et que leur respi-
ration n'a jamais troublé le silence de la nuit?
Osmanca fit un signe qui voulait dire :
— Certainement, je le sais.
Tandis qu'ils parlaient ainsi le Chanoine et
Marmouset causaient bruyamment et la Mort-
des-braves éprouvait une sorte de somnolence
dûe sans doute au vin cacheté du père Heurte-
bise.
Rocambole, lui-même, feignait de dormir,
mais il ne perdait pas un mot de la conversation
des deux individus.
Osmanca dit encore : .
— Mais l'enfant, où est-il ?
— J'ai retrouvé sa trace, puis je l'ai reper-
due.
— Comment ?
— Le Maudit l'avait cachée chez une vieille
dame qui habitait la rue du Delta. J'avais tout
préparé pour enlever l'enfant, mais j'ai été de-
vancé.
— Par le général?
— Je ne sais pas; je ne crois pas, même.
— Par qui donc?
— Je l'ignore. Ce qu'il y a de certain, c'est que
l'enfant a disparu, le jour même où nous de-
vions nous en emparer.
— Il faudra la retrouver, dit Osmanca : toutce
qui est marqué appartient à la déesse Kâli.
— On la retrouvera, dit Gurhi.
— Voilà qui est bizarre, pensait Rocambole.
L'enfant dont ils parlent me paraît être cette
petite fille enlevée par la Chivotte et que j 'ai
prise sous ma protection.
Osmanca reprit :
— A une lieue, sur la rive droite de la Seine,
la maison est isolée ; tu pourras étrangler le père,
et j'étranglerai la fille sans que personne vienne
| nous déranger.
f Voir les numéros paras depuis le 21 aoùt.
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S'INTITULERA PROCHAINEMENT
LA PETITE PRESSE
* cal l, roaéw.
& ceit lè Bamért.
JOURNAL QUOTIDIEN.- — ILLUSTRÉ LE DIMANCHE
AMNNZMMTS. — xtois mois. mois; J Un an.
Paris .. 0 fpw i8 fr.
Dénartements. 6 Mr 2®
. JEUDI 6 SEPTEMBRE 1866. — No 140.
BUREAUX D'AlaONNEMENT : 24, boulevard des Italiens.
ADMINISTRATION : 15, me Brada.
A PROPOS DE MINISTRES
M. Drouyn de Lhuys quitte le ministère
des affaires étrangères.
M. le marquis de Moustier arrive de Con-
stantinople pour remplacer M. Drouyn de
Lhuys.
Ceci est un événement politique qu'il ne
nous appartient pas de commenter.
Mais, à propos d'un ministre qui s'en va et
d'un ministre qui vient, il peut être intéres-
sant de parler ministres et ministères.
Le mot ministère vient du latin ministe-
rium, qui signifie emploi qu'on exerce, office
qu'on remplit, service qu'on rend, quelque-
fois (par exemple s'il s'agit du ministère d'un
avoué) service qu'on paye.
Ministère se dit par extension :
D'une partie de la haute administration
gouvernementale ; ' '
De l'hôtel occupé par les bureaux de cette
administration ;
Enfin, du groupe d'hommes qui portent le
' titre de ministres.
Jadis, un bourgeois de Paris, orfèvre sur
le Pont-Neuf, ou marchand drapier sous le
pfëep- <£e& ilaUes* se ,,zffltentait, en fait de
commis, de ses enfants et de ses serviteurs.
La femme tenait le comptoir ; le fils aîné
voyageait ; le fils cadet aunait, en souriant
aux jolies pratiques; un vieux valet, qui fai-
sait partie de la famille, pliait et dépliait les
ballots. Puis, le progrès est venu, et avec le
progrès l'invasion d'un peuple de commis.
La hiérarchie a étagé les grades comme les
rayons. Les magasins du Louvre et du Coin
de Rue ont remplacé les boutiques du Chat
qui pelote et de la Truie qui file. H'
Eh bien! qu'on me passe la comparaison,
il en a été en France des ministères comme
des boutiques, et des rois comme des mar-
chands.
Au début, les choses se passaient en fa-
mille.
Le Roi choisissait un de ses domestiques
et lui disait : « Aide-moi à gouverner mes
états ! » comme il disait à un autre : « Aide-
moi à passer ma tunique ! *
Quelquefois, le maître était intelligent et le
serviteur nul. Alors le second se bornait à
exécuter les ordres du premier. On l'appelait
Seigneur majordome! et tout était dit.
Quelquefois aussi, le serviteur était plus
capable que le maître. Alors il prenait le titre
de Maire du palais, et il régnait de fait comme
l'autre de nom... '. ,,
Aux maires du palais succédèrent les grands
sénéchaux, puis les grands connétables, qui
avaient surtout la haute main en temps de
guerre. En temps de paix, la justice était ad-
ministrée par un notaire, ou un pronotaire,
ou un référendaire; on n'en est arrivé que
degré par degré au garde des sceaux.
Jusqu'à Louis XI, les grandes charges de
l'Etat sont surtout des charges privées: le
grand Maître, le grand Chambrier, le grand
Bouteiller. Je n'entends pas dire que les
fonctions consistassent uniquement à faire la
couverture et à mettre le yin en bouteilles;
mais les titres manquaient un peu de relief,
on en conviendra.
Louis XI, qui aimait à mettre de l'ordre
dans l'administration de ses propriétés, prit
un certain nombre de commis auxquels il
distribua le travail, en réglant les attributions
de chacun.
Le premier de ces commis fut honoré,
sous Henri II, du titre de secrétaire d'Etat.
Sous Louis XIII, il y eut cinq ministres,
quatre qui se partageaient la besogne à faire
et un cinquième qui la faisait. Ce dernier se
nommait Richelieu.
Sous Louis XIV, on se prit à redouter l'in-
fluence de Rome dans le gouvernement de la
France, et une ordonnance défendit l'entrée
du Conseil des ministres aux cardinaux.
C'est pourquoi le cardinal Mazarin, qui
avait succédé comme ministre pour tout
faire au cardinal de Richelieu, continua d'exer-
cer le pouvoir jusqu'à sa mort, et c'est
pourquoi encore Louis XV eut pour mi-
nistres le cardinal . Dubois et le cardinal
Fleury. j
Il y avait alors quatre grands ministères: l
La guerre, les finances, les affaires étran-
gères et la Maison du roi.
Quand la Royauté devint la Nation, le mi-
nistère de l'intérieur devint un besoin. Ro-
land de la Platière, mari de sa femme, fut
ministre de l'intérieur sous Louis XVI.
La Convention remplaça les ministres par
douze commissions ayant chacune une spé-
cialité définie.
Un peu plus tard, on en revint aux minis-
tres, mais la division en douze spécialités
continua de subsister ou à peu près.
Aujourd'hui encore, il y a onze ministres,
en comptant M. le président du Conseil
d'Etat. ®
Dans les états modernes, il y a deux sortes
de ministres, comme il y a deux sories de
gouvernements.
Dans le gouvernement parlementaire, le
chef du pouvoir exécutif, président ou roi,
est tenu de choisir ses ministres dans la ma-
jorité des députés de la nation. Unè fois choi-
sis par le Chef, ces ministres gouvernent,
mais ils sont responsables de leurs actes. Si
la majorité de l'assemblée cesse d'approuver
leur conduite, ils doivent se retirer et le
souverain doit en prendre d'autres.
Balzac a défini ainsi ce système :
« Un pouvoir qui ne sait pas la veille s'il
existera le lendemain. »
Dans le gouvernement personnel au con-
traire, les ministres sont choisis par le chef
de l'Etat en dehors des 'assemblées, dont ils
ne relèvent plus, le chef assumant seul la
responsabilité des actes gouvernementaux.
Leur entrée aux affaires et leur retraite
dépendent donc uniquement de la volonté du
souverain.
Tant qu'ils sont d'accord avec lui, ils res-
tent au pouvoir ; qu'un désaccord survienne,
ils s'en vont.
Il arrive encore que leur santé les con-
traint au repos, mais ce cas est rare et com-
mun aux deux systèmes.
Les ministres avec portefeuille sont ceux
lui agissent et les ministres sans portefeuille
:eux qui parlent.
Les premiers donnent des signatures.
Les seconds donnent des conseils.
Les uns et les autres délibèrent et pren-
lent des résolutions en présence et avec le
concours du souverain.
Les ministres actuels sont MM.
Rouher, sénateur, ministre d'Etat;
Baroche, sénateur, membre du conseil
privé, garde des Sceaux, ministre de la jus-
tice et des cultes ;
Le maréchal Vaillant, sénateur, membre
du conseil privé, ministre de la maison de
l'Empereur;
Achille Fould, sénateur, membre du con-
seil privé, ministre des finances ;
Le maréchal comte Randon, sénateur, mi-
nistre de la guerre.
Le marquis Prosper de Chasseloup-Laubat,
sénateur, ministre de la marine et des co-
lonies ;
Le marquis de Moustier, ministre des af-
faires étrangères ;
Duruy, ministre del'instruction publique;
Béhic, ministre de l'agriculture , du com-
merce et des travaux publics ;
Le marquis de la Valette, sénateur, ministr-a
de l'intérieur;
Vuitry, ministre présidant le iconseit
d'Etat.
Tous ront grands-croix de la Légion d'hon-
neur, à l'exception de MM. de Moustier, Béhic
et Vuitry, qui ne sont que grands-officiers,
Ils émargent des traitements de deux cent
mille francs, logent au Louvre ou dans les
magnifiques hôtels affectés à leurs bureaux, .
et portent le titre d'Excellences.
Il y a loin, on le voit, d'un ministre d'au-
jourd hui au majordome du roi Dagobert ou
au grand bouteiller du roi Pépin.
TONY RÉVILLON.
LE DERNIER MOT
DE
ROCAMBOLE
PREMIÈRE PARTIE
LES RAVAGEURS
PAR
PONSON DU TERRAIL
XVII
Ces deux hommes qui, dans un cabaret des
environs de Paris, s'exprimaient en langue in-
doue, offraient, en outre de cette bizarrerie, un
coptraste non moins bizarre.
A première vue, c'était simplement des hom-
mes du Midi, au teint hâlé, dont 1 un était déjà
vieux, l'autre encore jeune; le premier robuste,
grand, énergique d'attitude et de regards le
second svelte et presque fluet, avec des mains
et des pieds de femme et un visage complète-
ment imberbe.
La voix de ce dernier avait même quelque
chose de grêle et de sifflant qui ne paraissait pas
appartenir à l'espèce masculine.
On eût dit une femme habillée en homme.
Ils causaient, et c'était le plus jeune qui par-
lait lorsqu'ils avaient attiré l'attention de Ro-
cambole :
— Paris est moins grand que Londres, mais
il est beaucoup plus difficile d'y suivre la trace
d'un homme qui a un intérêt quelconque à se
cacher.
J'ai suivi le père et la fille pendant six mois,
presque jour par jour. Vingt fois, j'ai été au-
près d'eux, et, si l'heure prescrite eût sonné,
j'étais prêt ; mais tu le sais, Osmanca, les temps
n'étaient point accomplis.
Le plus vieux fit un signe de tête affirmatif.
— Continue, Gurhi, dit-il.
— Je les ai donc suivis depuis Varsovie jus-
qu'à Paris; mais là, j'ai perdu leurs traces, et ce
n'est qu'il y a huit jours, lorsque m'est arrivée
la lettre du comité de Londres, que j'ai pu res-
saisir leur piste.
— Enfin, tu les a retrouvés?
— Oui, puisque je vais vous conduire cette
nuit même, Osmanca, à la porte de la maison
qu ils habitent.
Celui que son compagnon désignait sous le
nom d'Osmanca et qui avait un aspect farouche,
répondit :
— Les temps sont accomplis, et la dernière
heure du Maudit est proche.
— La déesse Kâli sera contente, fit le plus
jeune, c'est-à-dire Gurhi, j'ai tout préparé.
— Voyons ?
— Le Maudit, poursuivi Gurhi, a congédié, il
y a huit jours, un vieux serviteur. Puis il est
venu à Paris et s'est procuré un autre domes-
tique. C'est un des nôtres.
— Un Indien? '
— Non, un Anglais affilié, mais qui parle si
parfaitement le français et qui a un air si naïf
que le Maudit l'a pris sans'défiance.
Un sourire féroce glissa sur les lèvres d'Os-
manca.
Gurhi poursuivit s
— Cet homme viendra nous ouvrir la porte à
minuit ; et nous entrerons. Tu sais, Osmanca,
que les fils de notre pays marchent sur la terre
sans courber un brin d'herbe et que leur respi-
ration n'a jamais troublé le silence de la nuit?
Osmanca fit un signe qui voulait dire :
— Certainement, je le sais.
Tandis qu'ils parlaient ainsi le Chanoine et
Marmouset causaient bruyamment et la Mort-
des-braves éprouvait une sorte de somnolence
dûe sans doute au vin cacheté du père Heurte-
bise.
Rocambole, lui-même, feignait de dormir,
mais il ne perdait pas un mot de la conversation
des deux individus.
Osmanca dit encore : .
— Mais l'enfant, où est-il ?
— J'ai retrouvé sa trace, puis je l'ai reper-
due.
— Comment ?
— Le Maudit l'avait cachée chez une vieille
dame qui habitait la rue du Delta. J'avais tout
préparé pour enlever l'enfant, mais j'ai été de-
vancé.
— Par le général?
— Je ne sais pas; je ne crois pas, même.
— Par qui donc?
— Je l'ignore. Ce qu'il y a de certain, c'est que
l'enfant a disparu, le jour même où nous de-
vions nous en emparer.
— Il faudra la retrouver, dit Osmanca : toutce
qui est marqué appartient à la déesse Kâli.
— On la retrouvera, dit Gurhi.
— Voilà qui est bizarre, pensait Rocambole.
L'enfant dont ils parlent me paraît être cette
petite fille enlevée par la Chivotte et que j 'ai
prise sous ma protection.
Osmanca reprit :
— A une lieue, sur la rive droite de la Seine,
la maison est isolée ; tu pourras étrangler le père,
et j'étranglerai la fille sans que personne vienne
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