Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1866-09-04
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 04 septembre 1866 04 septembre 1866
Description : 1866/09/04 (N138). 1866/09/04 (N138).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4719194z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/11/2017
bilé a préféré la misera "à la honte qWeût Mt rejaillir
&ar elle le déshonneur du fils.
Ce malheureux jeune homme vient de s'embarquer
sur un nuire qui doit partir pour la CUite.
Ce n'est pas, nous éerit-otl, au numéro 28 de la
ma do Be-rcy.:&¡lÏnl-Antoine, que le sieur Ducretet, ou-
w:er boutonnior, a été trouvé wort, ainsi que nous
.TavoM annoncé, mais bien au numéro 105 de la mê-
._me rua. ■.<_
D'après une opinion généralement répandue, mais
que beaucoup de personnes rd'gardent comme un pré-
jugé, les temps de chaleur et' do sécheresse seraient
particulièrement favarablos aà développement de la
rage chez les différentes variétés de l'espèce eanine.
Cette opinion se trouve démentie par les nombreux
accidents qikQ I'oa a milité» dejniis frais ou quatre
®ois. Jamais on nlav&itobsertfe pareil nombre de
chiens enrages.
n y a trois mois, un riche propriétaire établi à
'NeuWy a été mordu par son chien ; il en est mort
.près avoir souffert des douleurs atroces. Aujon.rd'h'li.
ses deux filles, âgées Tune de dix-sept ans, l'autre do
tfiac-iieuf, sont très-malades et on désespère de les
sauver. La vue de leur père qu'il a fallu attacher, et
qui, dans ses dornières convulsions, essayait de mor-
dre autour de lui, a frappé leur imagination, et cc
souvenir effrayant ne peut s'effacer.
Dans son feuilleton du ConstituUond, M. Nestor Ro-
Beau vois qui s'appola d'abord de Bull y.
Ce changement de nom, dit le critique, nous surprit
tous. et à cette occasion je reçus de lui la lettre sui-
vante.
Cher ami,
Tu es un des premiers à qui j'annonce qu'à
partir de ce jour, je ne m'appelle plus Roger de
Blllly. Le vinaigre qui porte ce nom acquiert
une telle célébrité que ma modestie ne me. per-
eiet pas de la partager avec lui.
Je m'appelle désormais
Ten ami,
ROGEr. DE BEAUVOIR.
Quiconque veut être témoin d'un des plus cu-
-t'ieux exemples de rapidité qui &e puissent voir
n'a qu'à venir se poster, le 27 dti mois, à huit
heures du matin, près d'un pont quelconque du
-chemin de fer de Ceinture, entre la Villette et
Bercy. A peine aura-t-il stationné là 20 ou 30
minutes, qu'il verra accourir à toute vapeur, et
passer rapide comme une flèche, un train com-
posé d'une locomotive et deux wagons. C'est la
jnalle des Indes qui file avec une vitesse de cent
kilomètres à l'heure (vingt-cillq lieues).
Cette malle des Irdos, le plus important ser-
vice postal du globe, tant pour la longueur du
trajet que pour la rapidité de sa course, traverse
toute la France, de Calais à Marseille. Arrivée
à la gaje du Nord, elle prend la Ceinture jus-
qu'à Bercy, où notre chemin circulaire s'em-
branche sur la ligne de Lyon.
Sur les grandes lignes, dès que la malle des
Indes est signalée par le télégraphe, les convois
qui sont devant elle se mettent en gare pour lui
laisser la voie libre, et ne continuent leur route
qu'après le passage du furieux véloce.
DÉPARTEMENTS
L'Impératrice et le Prince Impérial sont ar-
rivés hier 2 septembre, à une heure du matin., à
Biarritz.
La santé de Sa Majesté et de Son Altesse Im-
périale est excellente..
On attend à Biarritz S. A. I. la grande-du-
,-chc:;S-e Marie de Rus-ie.
Un cultivateur do Sorgaes a perdu la vie, le
t5 août dernier, en tirant des salves d'artillerie
à l'occasion de îa fête nationale. Pendant que
M. le préfet de Vaucluse appelait l'attention de
S. Exc. M. le ministre de l'intérieur sur la triste
position de la veuve et des six enfants que lais-
sait ce malheureux, l'Empereur se faisait person.
nellement renseigner par M. de La Valette, et
ce matin, M. le préfet a reçu la dépêche sui-
vante : *
« Le secrétaire particulier de l'Empereur à
" M. le préfet de Yaucluse :
)t L'Empereur accorde une pension de quatro
» eents francs à la veuve.de la victime de l'acci-
)t dent arrivé à Sorgties le 15 aoàt. Veuillez le
» lui Lire savoir. »
Un crime inouï a été commua à Bariaghera (Nord),
par un enfant de 9 ans et 8 mois, le nommé François-
Xavier Rodelle, sur 11116 petite fille de 5. ans et 10 iftois,
Marie-Vic'.oire Queue.
La nommée De".,lkeuaere, revenant de conpc-r de
l'herbe pour sa chèvre, aperçut dans un cliamp do ha-
ricots, à 100 mètres environ du pnesbytcre et du l'école
communale, le j-eune llodel1c qui se baissait, se rdtt-
rait simultanément, et scm'tlait piétiner un obj.et.
S'étant approclrée, tandis que François s'Ljoignait
très-lentement, ello a trouvé la pauvre Marie, gisant
au milieu d'une mare de sang, percée de quinzo coops
de couteau.
La petite victime, évanoui^ fut immédiatement
transportée à sa maison ; elle respire encore, mais on
désespère do la sauver.
Le parquet d'IItKzebronck est descendu sur les lieux
pour se livrer à une enquête.
On lit dans le Journal de Saint-Na.zaire :
« Une scène qui a failli tourner au tragique s'est pas-
sée mardi soir, vers sept heures, sur la platoe du Bas-
sin. Un marin du navire Clarisse, dans un élatd'i-rresso
refusait dé rejoindre son bord. Snr loâ instances 4c
son capitaine, il s'emporta et allait le frapper d'un
coup de couteau, quand son bras fut arrèté par un (tus
spectateurs. Plusieurs personnes se jetèrent sur lui et
le désarmèrent. Son ivresse alors dégénéra en fureur
et il se rua, comme un forcené, sur ceux qui l'entou-
raient; une femme q'ti passait en ce moment fut saisie
par ses vêtements, et ce n'est qu'en en abandonnant
par morceaux une grande partie aux mains de c«f»u
furieux qu'on parvint à la retirer de ce mauvais pas.
Tournant sa rage contre lui-même, il sa coucha à
terre et réduisit ses habits en pièces, et dans un instant,
il se leva complètement nu.
P'1a-cé dans un caaot pour être conduit à son bord, il
parvient à se délivrer de ses liens et se joWe à l'eau.
Un do ses camarades, matl;1é les cris de la foule, se
précipite à sa poursuite, et la commence une course à
là nage, qui, dans toato autre circonstance, n'eût pas
été sans intérêt. Semblable à un canard poursuivi dans
les joutes publiques, il plongeait et faisait des feintes,
quand lo canot on son camarade le serrait de trop près,
et la course menaçait de finir par une noyade.
» A un moment, les hommes du canot parvinrent à
le saisir et à le hisser sur le rebord de l'embarcation,
mais le bain froid n'avait pas calme sa fuieur, et, par
ses coups et see morsures, il força ceux qui le rete-
naient à lâcher prise. Nouvelle course, nouveaux épi-
sodes. auxquels mit fin l'arrivée d'une drague dans le
ehamp des exploits, menaçant par ses évolutions de
couler nageurs et canots. Ramena enfin sur le quai et
solidement amarré dans une charrette à bras, il fut em-
mené en prison, où sa fureur ne s'est paseucore calmée
et où il a tenu, pendant uue partie de la nuit, tout le
quartier en éveil par -son vacarme et ses cris.
» Mercredi matin, il a été dirigé sur la prison do
Savenay.
Le Jjurnal de Saint-Gaudens rapporte que la
justice s'est transportée à Miramont, au sujet de
la mort d'une jeune femme, trouvée noyée dans
un canal voisin de la Garonne. Un crime aurait
été commis. Le mari, qui est en fuite, en serait
l'auteur. On comprend notre réserve, en
présence des investigations judiciaires aux-
quelles il est, en ce moment, procédé. ;
Dernièrement, après la célébration d'un mariage à !
Sausemesnil, trois jeunes gens sortirent de la maison
vers dix heures du soir pour tirer des coups de feu.
La nuit était complètement noire, et l'un d'eux ayant .
tiré horizontalement un eonp de pistolet, la bourre fit
balle et atteignit un de ses camarades cotre les vertèbres
cervicales, brisant l'épine dorsale et déterminant une
mort ins'anttmée.
Le coup était tiré de si près quo la poudre, en fai-
sant explosion, mit le feu au mouchoir de cou de co
malheureux. La victime est un nommé Challe, âgé
de vingt-trois ans, domestique en cette commune.
Depuis quelf*o temps on a signalé d'assez fréquents
incendies attrtb)KM à l'imprudence des fumeurs. Dans
ce awwnent, la campagno est couverte, et certains en-
droits, de meules de blé, de seigle 00 d'a-voine. Une al-
lumette ou un morceau de papier qu'on abandonne,
sans prendre la précaution de l'éteindre, après avoir
allmmé un cigare, est- emporté au loin dès qu'il fait
un pou de veaf, et s'il rOlioonlre la pa-ille sèche dïuno
meule, l'incendie éclate et se propago avec une rapi-
dité telle que, quand les secours arrivent, il est trop
tard pour l'arrêter.
C'est aiusi qu'avaat-hier encore, deux meules, l'une
de blé, l'autre d'avoino, d'une valeur totale d'environ
t,200 fr., ont été consumées &urlo territoire d'Antony
ot qu'une autre meule d'une valeur de 800 fr. a été
brûlée sur le territoire de Choisy.
La troupe dramatique dit théâtre de Dieppe a été
mise l'il émoi ces jours derniers par l'apparition sou-
daine de la gendarmerie qui venait arrêter, au nom de
l'autorité militaire, le jeuno premier de co théâtre,
Deschamps, conscrit réfroctaire.
On allait commencer les Vieux Garçons, la salle était
comble ; c'était une représentation perdue. Le régisseur
était désespéré, le contrôleur se préparait iL remettre la
recette, lorsque lo jeune artiste, pris d'une inspiration
subite, demanda au brigadier qu'on lui permit de jouer
La pièce annoncée, et promit qu'il irait lui-même, lo
lendemain, se constituer prisonnier. CeLe permission
lui fut accordée.
Mais le spectacle terminé, M. Deschamps, réfléchis-
sant qu'il allait quitter les lauriers du théâtre pour
conquérir les lauriers d'une victoire à venir, fat pris-
d'un tel désespoir qu'il courut à la gare, monta d'ans un
wagon et fila vers Paris. Il so croyait sauvé, lorsque
par dépêche, il fut arrêté à une station et ramené à
Dieppe.
A la nouvelle do cette arrestation, on assure que des
dames charitables du Casino ont fait une q>iête en fa-
veur de ce ca use rit indisciplinaire pour lui acheter ua
remplaçant.
"Versailles, que les Parisiens considèrent un
peu comme une banlieue de Paris, vient d'inau-
gurer un nouveau théâtre, le théâtre des Variétés.
La salle peut contenir de mille à douze cents
personnes; elle est ingénieusement dispos-ée, de
manière à servir, suivant les besoins, de salle
de bal, de salle de conférences, de salle d& ban-
quet et de cirque olympique. Deux heures suf-
fisent à transformer le théàtre de comédie en
un cirque aussi vaste que commode.
ÉTRANGER
Le prince L. de Bavière, qui a reçu une grave
blessure dans un des derniers combats livrés aux
Prussiens, est dans un état désespéré.
La reine Emma a été reçue officiellement it la Mai-
son-Blanche par le président Johnson, en présence de
plusieurs dames ot des principaux fonctionnaires de
J'Elat. M. Johnson lui a adressé une courte allocution,
dans laquelle il a insisté sur ce point, qu'il l'accueil-
lait avec une distinction particulière non parce qu'elle
portait le titre de reine, mais à cause de sa vertu
: i
comme femme , et do son dévouement à là cause dfc
christianisme, de la civilisation et do l'éducation .>4»-
mi le peuple do son pays.
La reine douairière dos îles de Sandwich continue
ajouta le Courrier dus Etats-Unis à qui nous em-
pruntons ces détails, à être la lionne do la capitale
fédérale, et les autorités lui en font los honneurs avee
une profusion de distractions quiescrait uab corvée pour
une simple mortelle.
Elle a eti une entrevue avec une troupe d'indiens
Clùk;tsaw, Choetaw, Cherokee et Pa-wnec ; ces-derniers
soûls sont des Peaux-Rouges .pur sang.
Ils se trouvent à Washington et en contact avec la
majesté royale par lL1,1 singulier ricochet. lia sont au
nombre de huit, lo chef nommé Kahbo ou le Grand-
Ours, et sa femme plus six gn.M-riers.
Ca chef Kakb* était, parait-il, et eomme il le, dit
lui-rn&-ne au a sans uno corla-ine ostentation, un grand
sire dans son pays , oe qui ne l'a pas empêché de se •
laisser tenter par les petits profits do la civilisation.
Il a fait marché avec Tin maître saltimbanque pour se
montrer en public, lui, sa femme et ses terriers.
comme des bêtes cimeeuses. et l'impressari» les &
trimbal6s dans diverses villes de l'Est à s..'l suite ; mai3
la spéculation n'a pas réussi, et il les a menés à
Washington, où il s'en est débarrassé.
M. T'aylor. maitno do pension, était allé so baigner
à Brighton, avec quatre de sos jounes etevea. La ma-
rée était basse, et ils s'avancèrent assez loin dans la
mer. An moment où fis prenaient, leurs élmts, un eri
se fit entendre à une certaine dis'.auee. M. Taylor leva
précipitamment la tète, et H aperçut un autre enfant
lui sc débattait dans l'eau.
Il laissa aussitôt ses quatre élèves et s'élaora an
secours du petit malheureux. Il parvint à le saisir par
les cheveux et à le dép»ser à moitié suffoqué sur le
sabto.
Il revint aussitôt à l'endroit où il avait laissé
élevés, mais quelle ne fut pas sa surprise en ne voyant
plus aucun d'eux! totis. les quatre avaient disparut La f
rna-rée montait alors rapidement, elle avait entraîné le.
quatre victimes.
Depuis quelques jours, les journaux français ont dé-
couvert une dizaine de centenaires dans notro beau
pays. Au tour des joumanc espagnols.
Voici, dit le Prlnripado, de Barcelone, un exempl»
remarquable do leIlg'éviQÓ. Tout près de Iberla de-
meure une fwiîiive àgéo de 10:! ans. Elle jouit d'ulla
bonne santé, et pre-sque tous les jours, elle vient à
pied à la ville. Kilo a récemment perdu sou mari, qui
était âgé de tOû ans.
A cette trop simple menti-on, la Diario de la même
villo ajoute les détails suivants :
iC Le 25 de ce mois, jour de Snn-Gcllès, celle cente-
naire assistait à la fête de Vallarca. invitée à danser
par un jeune homme, elle a refusé :
» — Non pus, a-t-ello dit, parce que je ne peux pas
danser, car je serais encore assez légère pour cela,
mais parce que je suis en deuil de mon mari. »
Brave et digne vieille 1
On télégraphie de Chicago au Courrier des Elat-s- v
Unis, à la' date du 19 août ;
« Un terrible désastro de chemin de fer est arrivé ce
matin à IIollisvillc (Indiana), sur le chemin defer cen-
tral du Michigan. Le train régulier de voyageurs, com-
posé de trois wagons à lits et de trois autres wagons
ordinaires, a été jeté hors de la voie par une vaeha
qa'i s''est trouvée, d'une façon inexplicable, priso entrçj
deux des wagons à lits.
1) Le convoi marchait avec une vitesse de vingt-cinq
milles à l'heure. Il a été précipité tout entier en ba3
d'un escn.t'p¿JJl<.'':\-t de cent quarante pieds de hauteur.
Un des wagons à lits a roule trois fois sur ]ui-m,"mci et
s'est retrouvé sur ses roues en bas du taInS, ' j
x Vingt-trois personnes ont été blessées, (mais chose
étonnante) aucune n'a été tuée sur le coup. Plusieurs
ont des blessnres graves, et sont dans un état inquiâ-
tant. » . , 1
" I
Une violefite Icm¡,ê!e a 'Pégné toute la joHrfiMe du
jeudi et la nuit de vendredi sur les t'ô'es d'Angleterre.
Deux navires ont été jeUis sur le banc de sable da
LES VAUDOUX
LES CANNIBALES
DE SAINT-DOMINGUE
PAR
GUSTAVE AIMARD
La tiégresse avait profité de ce que les deux
hommes ne la surveillaient plus pour quitter la
salle et se réfugier dans une chambre adjacente,
dont elle avait soigneusement refermé la porte
derrière elle.
Monsieur Josoph Colette ouvrit une fenêtre,
et, saisissant un sifflet d'argent qu'il portait à son
cou suspendu par une chaîne d'acier, il en tira
un son aigu. Presque aussitôt un bruit de pas de
chevaux se fit entendre et une dizaine de cava-
valiers, dont quelques-uns tenaient des torches
allumées, apparurent.
Ces cavaliers étaient des domestiques que
monsieur Joseph Colette avait embusqués à une
courte distance avec ordre d'accourir à son pre-
mier appel.
(1) Voir las numéros parus depuis lt M août.
Les deux hommes sortirent. Le métis portait
sa sœur dans ses bras. Le cheval de M. de Bira-
gue était attaché près de la porte à un tronc d'a.
cajou.
On partit.
L'ouragan était dans toute sa fureur.
Lecial, majestueusement zÚLJré par les éclairs,
semblait une nappe de feu; le tonnerre grondait
avec des roulements sinistres et des éclats ter-
ribles; il tombait une pluie diluvienne qui dé-
trempait les chemins et les changeait en marais
fangeux où les chevaux enfonçaient jusqu'au ven-
tre. La tourmente tordait les arbre-s comme des
fœtus de paille, les déracinait et les emportait
au loin; la nature entière semblait en proie à un
de ces cataclysmes épouvantables qui, en quel-
ques heures, changent complètement l'aspect des
contrées qu'ils ravagent.
Les cavaliers, saisis de vertige, couraient em-
portés par le tourbillon comme une légion de
fantômes.
La nuit était horrible, tout était confondu.Tout
à coup un effroyable cri d'agonie, comme celui
d'une créature humaine qu'on égorge, traversa
l'espace à deux reprises différentes, des clameurs
épouvantables s'élevèrent du milieu des mornes,
et à la lueur des éclairs, on apereut une ronde
infernale composée d'una centaine, au moins, |
d'individus qui tournoyaient sur eux-mêmes avec
une rapidité vortiïlineuse, puis tout disparut.
—Les Vaudoux! les V audoux:! s'écrièrent les ca-
valiers affolés de terreur.
•
— Les Vaudoux, qu'est-ce que cela? s'écria
M. do Birague.
— Silence sur votre vie! lui dit M. Colette
d'une voix si impérative, que, malgré lui, le j-eune
homme se tut, saisi d'une frayeur instinctive.
Les ouragans sont d'une extrème violence
dans les régions tropicales, mais, heureusement,
ils durent peu ; sans cela ces pays, si favorisés
du ciel sous tous les autres rapports, seraient
complètement inhabitables ; quelques minutes
plus tard, la tourmente avait complètement
cessé; la lune nageait dans l'éther et éclairait de
sa lumière blafarde cette contrée ravagée et bou-
leversl-e par la tempête.
Cependa.it, les cavaliers continuèrent leur
course rapide, et, vers une heure du matin, ils
atteignirent enfin l'habitation de M. Joseph Co-
lette, située à peu près à moitié chemin de Port-
au-Prince à Léogane.
Aucune lumière ne brillait dans l'habitation;
toute la famille du planteur dormait; le métis ne
put retenir une exclamation de joie; il mit pied
à ter:e, et enlevant dans ses bras nerveux sa
sœur toujours évanouie :
— Suivez-moi, monsieur de Birague, dit-il au
jeune homme.
— A vos ordres, monsieur, rt?pondit-il froide-
ment.
Ils pénétrèrent dans un salon dont le métis,
après avoir étendu sa sœur sur un divan, alluma
lui-même les bougies.
Puis, se tournant vers M. de Birague, qui se
tenaitdebout et les bras croisés, au milieu dusal'on ; ■ ..
— J'attends, monsieur, lui dit-il avec hauteur,
qu'il vous plaise de me donner l'explication qua
j'exige de vous.
Le jeune homme secoua tristement la tête.
— Monsieur, répondit-il, cette explication,
seule mademoiselle votre sœur doit vous la don-
ner ; si, lorsqu'elle aura parlé, vous ne vous jugez
pas satisfait de ce qu'elle vous aura dit, je par-
lerai à mon tour.
Le planteur garda un instant le silence, puis,
par un mouvement parti du cœur, il tendit tout
à coup la main au jeune homme :
— Pardonnez-moi, ami, lui dit-il, je souffre.
— Et moi aussi,'répondit M. de Birague d'una
voix navrée, ea pressant avec force cette main
amie qui lui était si loyalement tendue. •
M. Colette sonna; au bout de quelques mi-
nutes une jeune négresse parut.
Cidalise, lui dit le planteur, votre maîtresse
a été effrayée par l'orage; elle est évanouie, se-
cotirez-la; quand elle aura repris ses sens, vous
me préviendrez.
Et suivi par M. de Birague, le planteur entra
dans un salon voisin, pendant que la jeune né-
gresse se hâtait d'exécuter les ordres qu'elle avait
reçus, en prodiguant à sa maîtresse les soin..
les plus affectueux: et les plus intelligents. 1
GUSTAVE AIMARD.
(La suite à demain'.} .1
&ar elle le déshonneur du fils.
Ce malheureux jeune homme vient de s'embarquer
sur un nuire qui doit partir pour la CUite.
Ce n'est pas, nous éerit-otl, au numéro 28 de la
ma do Be-rcy.:&¡lÏnl-Antoine, que le sieur Ducretet, ou-
w:er boutonnior, a été trouvé wort, ainsi que nous
.TavoM annoncé, mais bien au numéro 105 de la mê-
._me rua. ■.<_
D'après une opinion généralement répandue, mais
que beaucoup de personnes rd'gardent comme un pré-
jugé, les temps de chaleur et' do sécheresse seraient
particulièrement favarablos aà développement de la
rage chez les différentes variétés de l'espèce eanine.
Cette opinion se trouve démentie par les nombreux
accidents qikQ I'oa a milité» dejniis frais ou quatre
®ois. Jamais on nlav&itobsertfe pareil nombre de
chiens enrages.
n y a trois mois, un riche propriétaire établi à
'NeuWy a été mordu par son chien ; il en est mort
.près avoir souffert des douleurs atroces. Aujon.rd'h'li.
ses deux filles, âgées Tune de dix-sept ans, l'autre do
tfiac-iieuf, sont très-malades et on désespère de les
sauver. La vue de leur père qu'il a fallu attacher, et
qui, dans ses dornières convulsions, essayait de mor-
dre autour de lui, a frappé leur imagination, et cc
souvenir effrayant ne peut s'effacer.
Dans son feuilleton du ConstituUond, M. Nestor Ro-
Ce changement de nom, dit le critique, nous surprit
tous. et à cette occasion je reçus de lui la lettre sui-
vante.
Cher ami,
Tu es un des premiers à qui j'annonce qu'à
partir de ce jour, je ne m'appelle plus Roger de
Blllly. Le vinaigre qui porte ce nom acquiert
une telle célébrité que ma modestie ne me. per-
eiet pas de la partager avec lui.
Je m'appelle désormais
Ten ami,
ROGEr. DE BEAUVOIR.
Quiconque veut être témoin d'un des plus cu-
-t'ieux exemples de rapidité qui &e puissent voir
n'a qu'à venir se poster, le 27 dti mois, à huit
heures du matin, près d'un pont quelconque du
-chemin de fer de Ceinture, entre la Villette et
Bercy. A peine aura-t-il stationné là 20 ou 30
minutes, qu'il verra accourir à toute vapeur, et
passer rapide comme une flèche, un train com-
posé d'une locomotive et deux wagons. C'est la
jnalle des Indes qui file avec une vitesse de cent
kilomètres à l'heure (vingt-cillq lieues).
Cette malle des Irdos, le plus important ser-
vice postal du globe, tant pour la longueur du
trajet que pour la rapidité de sa course, traverse
toute la France, de Calais à Marseille. Arrivée
à la gaje du Nord, elle prend la Ceinture jus-
qu'à Bercy, où notre chemin circulaire s'em-
branche sur la ligne de Lyon.
Sur les grandes lignes, dès que la malle des
Indes est signalée par le télégraphe, les convois
qui sont devant elle se mettent en gare pour lui
laisser la voie libre, et ne continuent leur route
qu'après le passage du furieux véloce.
DÉPARTEMENTS
L'Impératrice et le Prince Impérial sont ar-
rivés hier 2 septembre, à une heure du matin., à
Biarritz.
La santé de Sa Majesté et de Son Altesse Im-
périale est excellente..
On attend à Biarritz S. A. I. la grande-du-
,-chc:;S-e Marie de Rus-ie.
Un cultivateur do Sorgaes a perdu la vie, le
t5 août dernier, en tirant des salves d'artillerie
à l'occasion de îa fête nationale. Pendant que
M. le préfet de Vaucluse appelait l'attention de
S. Exc. M. le ministre de l'intérieur sur la triste
position de la veuve et des six enfants que lais-
sait ce malheureux, l'Empereur se faisait person.
nellement renseigner par M. de La Valette, et
ce matin, M. le préfet a reçu la dépêche sui-
vante : *
« Le secrétaire particulier de l'Empereur à
" M. le préfet de Yaucluse :
)t L'Empereur accorde une pension de quatro
» eents francs à la veuve.de la victime de l'acci-
)t dent arrivé à Sorgties le 15 aoàt. Veuillez le
» lui Lire savoir. »
Un crime inouï a été commua à Bariaghera (Nord),
par un enfant de 9 ans et 8 mois, le nommé François-
Xavier Rodelle, sur 11116 petite fille de 5. ans et 10 iftois,
Marie-Vic'.oire Queue.
La nommée De".,lkeuaere, revenant de conpc-r de
l'herbe pour sa chèvre, aperçut dans un cliamp do ha-
ricots, à 100 mètres environ du pnesbytcre et du l'école
communale, le j-eune llodel1c qui se baissait, se rdtt-
rait simultanément, et scm'tlait piétiner un obj.et.
S'étant approclrée, tandis que François s'Ljoignait
très-lentement, ello a trouvé la pauvre Marie, gisant
au milieu d'une mare de sang, percée de quinzo coops
de couteau.
La petite victime, évanoui^ fut immédiatement
transportée à sa maison ; elle respire encore, mais on
désespère do la sauver.
Le parquet d'IItKzebronck est descendu sur les lieux
pour se livrer à une enquête.
On lit dans le Journal de Saint-Na.zaire :
« Une scène qui a failli tourner au tragique s'est pas-
sée mardi soir, vers sept heures, sur la platoe du Bas-
sin. Un marin du navire Clarisse, dans un élatd'i-rresso
refusait dé rejoindre son bord. Snr loâ instances 4c
son capitaine, il s'emporta et allait le frapper d'un
coup de couteau, quand son bras fut arrèté par un (tus
spectateurs. Plusieurs personnes se jetèrent sur lui et
le désarmèrent. Son ivresse alors dégénéra en fureur
et il se rua, comme un forcené, sur ceux qui l'entou-
raient; une femme q'ti passait en ce moment fut saisie
par ses vêtements, et ce n'est qu'en en abandonnant
par morceaux une grande partie aux mains de c«f»u
furieux qu'on parvint à la retirer de ce mauvais pas.
Tournant sa rage contre lui-même, il sa coucha à
terre et réduisit ses habits en pièces, et dans un instant,
il se leva complètement nu.
P'1a-cé dans un caaot pour être conduit à son bord, il
parvient à se délivrer de ses liens et se joWe à l'eau.
Un do ses camarades, matl;1é les cris de la foule, se
précipite à sa poursuite, et la commence une course à
là nage, qui, dans toato autre circonstance, n'eût pas
été sans intérêt. Semblable à un canard poursuivi dans
les joutes publiques, il plongeait et faisait des feintes,
quand lo canot on son camarade le serrait de trop près,
et la course menaçait de finir par une noyade.
» A un moment, les hommes du canot parvinrent à
le saisir et à le hisser sur le rebord de l'embarcation,
mais le bain froid n'avait pas calme sa fuieur, et, par
ses coups et see morsures, il força ceux qui le rete-
naient à lâcher prise. Nouvelle course, nouveaux épi-
sodes. auxquels mit fin l'arrivée d'une drague dans le
ehamp des exploits, menaçant par ses évolutions de
couler nageurs et canots. Ramena enfin sur le quai et
solidement amarré dans une charrette à bras, il fut em-
mené en prison, où sa fureur ne s'est paseucore calmée
et où il a tenu, pendant uue partie de la nuit, tout le
quartier en éveil par -son vacarme et ses cris.
» Mercredi matin, il a été dirigé sur la prison do
Savenay.
Le Jjurnal de Saint-Gaudens rapporte que la
justice s'est transportée à Miramont, au sujet de
la mort d'une jeune femme, trouvée noyée dans
un canal voisin de la Garonne. Un crime aurait
été commis. Le mari, qui est en fuite, en serait
l'auteur. On comprend notre réserve, en
présence des investigations judiciaires aux-
quelles il est, en ce moment, procédé. ;
Dernièrement, après la célébration d'un mariage à !
Sausemesnil, trois jeunes gens sortirent de la maison
vers dix heures du soir pour tirer des coups de feu.
La nuit était complètement noire, et l'un d'eux ayant .
tiré horizontalement un eonp de pistolet, la bourre fit
balle et atteignit un de ses camarades cotre les vertèbres
cervicales, brisant l'épine dorsale et déterminant une
mort ins'anttmée.
Le coup était tiré de si près quo la poudre, en fai-
sant explosion, mit le feu au mouchoir de cou de co
malheureux. La victime est un nommé Challe, âgé
de vingt-trois ans, domestique en cette commune.
Depuis quelf*o temps on a signalé d'assez fréquents
incendies attrtb)KM à l'imprudence des fumeurs. Dans
ce awwnent, la campagno est couverte, et certains en-
droits, de meules de blé, de seigle 00 d'a-voine. Une al-
lumette ou un morceau de papier qu'on abandonne,
sans prendre la précaution de l'éteindre, après avoir
allmmé un cigare, est- emporté au loin dès qu'il fait
un pou de veaf, et s'il rOlioonlre la pa-ille sèche dïuno
meule, l'incendie éclate et se propago avec une rapi-
dité telle que, quand les secours arrivent, il est trop
tard pour l'arrêter.
C'est aiusi qu'avaat-hier encore, deux meules, l'une
de blé, l'autre d'avoino, d'une valeur totale d'environ
t,200 fr., ont été consumées &urlo territoire d'Antony
ot qu'une autre meule d'une valeur de 800 fr. a été
brûlée sur le territoire de Choisy.
La troupe dramatique dit théâtre de Dieppe a été
mise l'il émoi ces jours derniers par l'apparition sou-
daine de la gendarmerie qui venait arrêter, au nom de
l'autorité militaire, le jeuno premier de co théâtre,
Deschamps, conscrit réfroctaire.
On allait commencer les Vieux Garçons, la salle était
comble ; c'était une représentation perdue. Le régisseur
était désespéré, le contrôleur se préparait iL remettre la
recette, lorsque lo jeune artiste, pris d'une inspiration
subite, demanda au brigadier qu'on lui permit de jouer
La pièce annoncée, et promit qu'il irait lui-même, lo
lendemain, se constituer prisonnier. CeLe permission
lui fut accordée.
Mais le spectacle terminé, M. Deschamps, réfléchis-
sant qu'il allait quitter les lauriers du théâtre pour
conquérir les lauriers d'une victoire à venir, fat pris-
d'un tel désespoir qu'il courut à la gare, monta d'ans un
wagon et fila vers Paris. Il so croyait sauvé, lorsque
par dépêche, il fut arrêté à une station et ramené à
Dieppe.
A la nouvelle do cette arrestation, on assure que des
dames charitables du Casino ont fait une q>iête en fa-
veur de ce ca use rit indisciplinaire pour lui acheter ua
remplaçant.
"Versailles, que les Parisiens considèrent un
peu comme une banlieue de Paris, vient d'inau-
gurer un nouveau théâtre, le théâtre des Variétés.
La salle peut contenir de mille à douze cents
personnes; elle est ingénieusement dispos-ée, de
manière à servir, suivant les besoins, de salle
de bal, de salle de conférences, de salle d& ban-
quet et de cirque olympique. Deux heures suf-
fisent à transformer le théàtre de comédie en
un cirque aussi vaste que commode.
ÉTRANGER
Le prince L. de Bavière, qui a reçu une grave
blessure dans un des derniers combats livrés aux
Prussiens, est dans un état désespéré.
La reine Emma a été reçue officiellement it la Mai-
son-Blanche par le président Johnson, en présence de
plusieurs dames ot des principaux fonctionnaires de
J'Elat. M. Johnson lui a adressé une courte allocution,
dans laquelle il a insisté sur ce point, qu'il l'accueil-
lait avec une distinction particulière non parce qu'elle
portait le titre de reine, mais à cause de sa vertu
: i
comme femme , et do son dévouement à là cause dfc
christianisme, de la civilisation et do l'éducation .>4»-
mi le peuple do son pays.
La reine douairière dos îles de Sandwich continue
ajouta le Courrier dus Etats-Unis à qui nous em-
pruntons ces détails, à être la lionne do la capitale
fédérale, et les autorités lui en font los honneurs avee
une profusion de distractions quiescrait uab corvée pour
une simple mortelle.
Elle a eti une entrevue avec une troupe d'indiens
Clùk;tsaw, Choetaw, Cherokee et Pa-wnec ; ces-derniers
soûls sont des Peaux-Rouges .pur sang.
Ils se trouvent à Washington et en contact avec la
majesté royale par lL1,1 singulier ricochet. lia sont au
nombre de huit, lo chef nommé Kahbo ou le Grand-
Ours, et sa femme plus six gn.M-riers.
Ca chef Kakb* était, parait-il, et eomme il le, dit
lui-rn&-ne au a sans uno corla-ine ostentation, un grand
sire dans son pays , oe qui ne l'a pas empêché de se •
laisser tenter par les petits profits do la civilisation.
Il a fait marché avec Tin maître saltimbanque pour se
montrer en public, lui, sa femme et ses terriers.
comme des bêtes cimeeuses. et l'impressari» les &
trimbal6s dans diverses villes de l'Est à s..'l suite ; mai3
la spéculation n'a pas réussi, et il les a menés à
Washington, où il s'en est débarrassé.
M. T'aylor. maitno do pension, était allé so baigner
à Brighton, avec quatre de sos jounes etevea. La ma-
rée était basse, et ils s'avancèrent assez loin dans la
mer. An moment où fis prenaient, leurs élmts, un eri
se fit entendre à une certaine dis'.auee. M. Taylor leva
précipitamment la tète, et H aperçut un autre enfant
lui sc débattait dans l'eau.
Il laissa aussitôt ses quatre élèves et s'élaora an
secours du petit malheureux. Il parvint à le saisir par
les cheveux et à le dép»ser à moitié suffoqué sur le
sabto.
Il revint aussitôt à l'endroit où il avait laissé
élevés, mais quelle ne fut pas sa surprise en ne voyant
plus aucun d'eux! totis. les quatre avaient disparut La f
rna-rée montait alors rapidement, elle avait entraîné le.
quatre victimes.
Depuis quelques jours, les journaux français ont dé-
couvert une dizaine de centenaires dans notro beau
pays. Au tour des joumanc espagnols.
Voici, dit le Prlnripado, de Barcelone, un exempl»
remarquable do leIlg'éviQÓ. Tout près de Iberla de-
meure une fwiîiive àgéo de 10:! ans. Elle jouit d'ulla
bonne santé, et pre-sque tous les jours, elle vient à
pied à la ville. Kilo a récemment perdu sou mari, qui
était âgé de tOû ans.
A cette trop simple menti-on, la Diario de la même
villo ajoute les détails suivants :
iC Le 25 de ce mois, jour de Snn-Gcllès, celle cente-
naire assistait à la fête de Vallarca. invitée à danser
par un jeune homme, elle a refusé :
» — Non pus, a-t-ello dit, parce que je ne peux pas
danser, car je serais encore assez légère pour cela,
mais parce que je suis en deuil de mon mari. »
Brave et digne vieille 1
On télégraphie de Chicago au Courrier des Elat-s- v
Unis, à la' date du 19 août ;
« Un terrible désastro de chemin de fer est arrivé ce
matin à IIollisvillc (Indiana), sur le chemin defer cen-
tral du Michigan. Le train régulier de voyageurs, com-
posé de trois wagons à lits et de trois autres wagons
ordinaires, a été jeté hors de la voie par une vaeha
qa'i s''est trouvée, d'une façon inexplicable, priso entrçj
deux des wagons à lits.
1) Le convoi marchait avec une vitesse de vingt-cinq
milles à l'heure. Il a été précipité tout entier en ba3
d'un escn.t'p¿JJl<.'':\-t de cent quarante pieds de hauteur.
Un des wagons à lits a roule trois fois sur ]ui-m,"mci et
s'est retrouvé sur ses roues en bas du taInS, ' j
x Vingt-trois personnes ont été blessées, (mais chose
étonnante) aucune n'a été tuée sur le coup. Plusieurs
ont des blessnres graves, et sont dans un état inquiâ-
tant. » . , 1
" I
Une violefite Icm¡,ê!e a 'Pégné toute la joHrfiMe du
jeudi et la nuit de vendredi sur les t'ô'es d'Angleterre.
Deux navires ont été jeUis sur le banc de sable da
LES VAUDOUX
LES CANNIBALES
DE SAINT-DOMINGUE
PAR
GUSTAVE AIMARD
La tiégresse avait profité de ce que les deux
hommes ne la surveillaient plus pour quitter la
salle et se réfugier dans une chambre adjacente,
dont elle avait soigneusement refermé la porte
derrière elle.
Monsieur Josoph Colette ouvrit une fenêtre,
et, saisissant un sifflet d'argent qu'il portait à son
cou suspendu par une chaîne d'acier, il en tira
un son aigu. Presque aussitôt un bruit de pas de
chevaux se fit entendre et une dizaine de cava-
valiers, dont quelques-uns tenaient des torches
allumées, apparurent.
Ces cavaliers étaient des domestiques que
monsieur Joseph Colette avait embusqués à une
courte distance avec ordre d'accourir à son pre-
mier appel.
(1) Voir las numéros parus depuis lt M août.
Les deux hommes sortirent. Le métis portait
sa sœur dans ses bras. Le cheval de M. de Bira-
gue était attaché près de la porte à un tronc d'a.
cajou.
On partit.
L'ouragan était dans toute sa fureur.
Lecial, majestueusement zÚLJré par les éclairs,
semblait une nappe de feu; le tonnerre grondait
avec des roulements sinistres et des éclats ter-
ribles; il tombait une pluie diluvienne qui dé-
trempait les chemins et les changeait en marais
fangeux où les chevaux enfonçaient jusqu'au ven-
tre. La tourmente tordait les arbre-s comme des
fœtus de paille, les déracinait et les emportait
au loin; la nature entière semblait en proie à un
de ces cataclysmes épouvantables qui, en quel-
ques heures, changent complètement l'aspect des
contrées qu'ils ravagent.
Les cavaliers, saisis de vertige, couraient em-
portés par le tourbillon comme une légion de
fantômes.
La nuit était horrible, tout était confondu.Tout
à coup un effroyable cri d'agonie, comme celui
d'une créature humaine qu'on égorge, traversa
l'espace à deux reprises différentes, des clameurs
épouvantables s'élevèrent du milieu des mornes,
et à la lueur des éclairs, on apereut une ronde
infernale composée d'una centaine, au moins, |
d'individus qui tournoyaient sur eux-mêmes avec
une rapidité vortiïlineuse, puis tout disparut.
—Les Vaudoux! les V audoux:! s'écrièrent les ca-
valiers affolés de terreur.
•
— Les Vaudoux, qu'est-ce que cela? s'écria
M. do Birague.
— Silence sur votre vie! lui dit M. Colette
d'une voix si impérative, que, malgré lui, le j-eune
homme se tut, saisi d'une frayeur instinctive.
Les ouragans sont d'une extrème violence
dans les régions tropicales, mais, heureusement,
ils durent peu ; sans cela ces pays, si favorisés
du ciel sous tous les autres rapports, seraient
complètement inhabitables ; quelques minutes
plus tard, la tourmente avait complètement
cessé; la lune nageait dans l'éther et éclairait de
sa lumière blafarde cette contrée ravagée et bou-
leversl-e par la tempête.
Cependa.it, les cavaliers continuèrent leur
course rapide, et, vers une heure du matin, ils
atteignirent enfin l'habitation de M. Joseph Co-
lette, située à peu près à moitié chemin de Port-
au-Prince à Léogane.
Aucune lumière ne brillait dans l'habitation;
toute la famille du planteur dormait; le métis ne
put retenir une exclamation de joie; il mit pied
à ter:e, et enlevant dans ses bras nerveux sa
sœur toujours évanouie :
— Suivez-moi, monsieur de Birague, dit-il au
jeune homme.
— A vos ordres, monsieur, rt?pondit-il froide-
ment.
Ils pénétrèrent dans un salon dont le métis,
après avoir étendu sa sœur sur un divan, alluma
lui-même les bougies.
Puis, se tournant vers M. de Birague, qui se
tenaitdebout et les bras croisés, au milieu dusal'on ; ■ ..
— J'attends, monsieur, lui dit-il avec hauteur,
qu'il vous plaise de me donner l'explication qua
j'exige de vous.
Le jeune homme secoua tristement la tête.
— Monsieur, répondit-il, cette explication,
seule mademoiselle votre sœur doit vous la don-
ner ; si, lorsqu'elle aura parlé, vous ne vous jugez
pas satisfait de ce qu'elle vous aura dit, je par-
lerai à mon tour.
Le planteur garda un instant le silence, puis,
par un mouvement parti du cœur, il tendit tout
à coup la main au jeune homme :
— Pardonnez-moi, ami, lui dit-il, je souffre.
— Et moi aussi,'répondit M. de Birague d'una
voix navrée, ea pressant avec force cette main
amie qui lui était si loyalement tendue. •
M. Colette sonna; au bout de quelques mi-
nutes une jeune négresse parut.
Cidalise, lui dit le planteur, votre maîtresse
a été effrayée par l'orage; elle est évanouie, se-
cotirez-la; quand elle aura repris ses sens, vous
me préviendrez.
Et suivi par M. de Birague, le planteur entra
dans un salon voisin, pendant que la jeune né-
gresse se hâtait d'exécuter les ordres qu'elle avait
reçus, en prodiguant à sa maîtresse les soin..
les plus affectueux: et les plus intelligents. 1
GUSTAVE AIMARD.
(La suite à demain'.} .1
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