Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1866-09-02
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 septembre 1866 02 septembre 1866
Description : 1866/09/02 (N136). 1866/09/02 (N136).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47191924
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2017
laa,éè, âgée de tg mois, dont les pareats demeurent au
rez-de-chaussée, vint -pour jouer en cet endroit. Elle re-
çut la lessive bouillante, qui la brûla aux deux bras et
i la jambe droite.
Ces brûlures sont tellement graves qu'on désespère
je, jours de l'enfant.
Procès-verbal a été déclaré à la femme P..., qui
aura à répondre devant la justice des suites de son im-
»rudillce. ^ -
J (te Droit.)
DÉPARTEMENTS
le Journal de Marennet donne les renseignements
qui suivent sur un assassinat commis, la 17 de ce
mois,dans la commune de Saint-Augustin :
« Gendrau (Victor), âgé de 28 ans, ouvrier cordon-
nier, natif d'Angoulême, habitait la commune de Saiut-
Augustin-sur-Mer depuis quelques mois. Il avait fait
il connaissance d'une nommée Elise Tlionvas, veuve
PinardoaL, âgée de 32 ans, qu'il savait posséder une
■valeur immobilière de trente à quarante mille francs,
et des propositions de mariage s'en étaient suivies: Ces
propositions, rejetées par la veuve, âont. les préférences
étaient dévolues à un autre, paraU-iI, indisposèrent
Gendrau, qui ne cessait de faire des tentatives en vue
de gagner le cœur de celle qu'il convoitait pour
épouse.
» Rien cependant dans les allures de Gendrau ne
faisait pressentir le fatal dénoùment du drame dont 1-11
'commune de Saint-Augustin a été le théâtre 17 août.
» Ce jour-là, entre neuf et dix injures du matin,
Gendrau — il le dit du moins — qui avait reçu dix
minutes auparavant des prouves non équi voques, sinon
-d'un consentement matrimonial, du moins d'une cer-
taine confiance de la part de la veuve Pinardoau, qui j
pouvaient le faire espérer, fut pris subitement d'une !
•sorte de frénésie, se rua sur ceLte dernière, et lui assé-
na une vinglaine de coups de couteau, dont les pre-
miers dirigés daac la région du cœur ont dû provo-
quer une mort instantanée.
» Toutefois, l'examen du cadavro atteste qu'il y a eu
lutte entre l'assassin et la victime. Au dernier coup,
l'instrument, qui a pénétré dans une des articulations
* des vertèbres du cou, s'y est fixé d'une manière si so-
lide que l'assassin n'a pu l'en retirer, et que ce n'est
.qll'en laissant une partie de la lame dans la plaie que
le médecin constatateur du crime est parvenu à l'cnle- "
ver.
» Gendrau, aussitôt après son forfait, s'est armé d'un
pistolet et d'une corde, et avec des inîeatioHs do sui-
cide qu'il n'a pas exécutées, il a erré dans les bois et
les dunes en se dirigeant vers la Trembhide, où le soir
il s'est constitué prisonnier entre les mains de la gen-
- darmerie.
x Personne ne s'est aperçu du crime, qui s'est accom-
pli dans le chai de la maison de la victime. Co n'est
que vers les huit hevres du s&ir que la mèra Themas
1rOU\'3 sa fille baig-uant dans une maro de saog, et
que l'alarme fut donnée. »
On écrit de Bagnols, le 27 août :
Samedi dernier, vers trois heures et demie du matin,
des passants relevèrent un cadavre sur la place du
Ma'rché. Atliré par le bruit qui so faisait devant sa
porte, M. Théret chaudronnier, sortit et reconnut dans
la victime un de ses ouvriers, nommé Morvan.
Ce malheureux était rentré chez son patron le ven-
dredi soir, entre dix et onze heures, légèrement surex-
-cité par la boisson. Troublé par l'ivresse ou trompé
par l'obscurité, il perdit l'équilibre et fut précipité du
troisième étage sur le pavé de la place.
Les médecins, appelés pour constater le décès, ont
déclaré que la mort avait dû être instantanée.
Cet ouvrier, qui n'avait pas vingt ans, semblait, par
la fatalité qui s'est acharnée sur sa famille, prédestiné
à finir aussi misérablement. L'un de ses frères, soldat
dans un régiment de ligne, a été passé par les armes
.pour s'être rendu coupable de voies de fait envers un de
ses supérieurs. Son père, ouvrier ferblantier comme lui,
ut tué en tombant du toit d'une maison.
Les funérailles-de Morvan ont eu lieu au milieu d'un
grand concours d'ouvriors et aux frais da la société de
Saint-Eloi, qui dans cette circonstance, comme toujours,
a obéi aux inspirations de la plus touchante fra-
ternité.
. On écrit de Beaucaira, le 28 août, au Courrier
du Gard :
Un acte d'horrH)l« brutalité a été accompli
hier soir sur le territoire de notre commune. A
la suite d'une querelle de ménage, le nommé
Antoine Ménouret, fermier au mas de M. Tllf.
a asséné plusieurs coups de barre sur le ventre
de sa femme, enceinte de cinq mors, et en oe
moment alitée. L'état de cette malheureuse est
des plus graves.
Ménouret a été mis à la disposition de M. le
procureur impérial.
Une 'trombe d'eau s'est abattue dans la journée de
dimanche sur les communes d'Epoisses, de Toatry, de
(Ærômbaes, de Viserny et de Dard (Côte-d'Or). L'eau a
envahi le rez-de-chaussée des maisons, et il a fallu
faire évacuer les écuries et les étables pour sauver les
animaux. Dans cerfaines maisons, l'eau s'élevait de
1 mètre 10 à 1 mètre 50. Le pont d'Epoisses, sur la
route départementale de. SemuT à A vallon, a été forte-
ment emiommago. -
Le S,'nwphm'e du 31 aoùt raconte que la soirée don-
née, lundi soir, an Gymnase de M;irsoilliB a été un mo-
ment troublée par un duel... à coups d'éventail.
Aux stalles de l'M'ckest.re étaient assises deux clames
élégamment vêtues qui, pendant tout le temps de la
représentation, avaient échangés des ce ilta':tes cou!-
roucc-'s....
A peine le rideau venait-il d'être baissé que nos
deux db>.mpkmne$ su menacent, se jettent à 'la tète de
piquantes iu;upcs, S/J froissent mutuellement la mlle-
roUe et tnisscut enfin par tirer l'éventail et s'adminis-
trer l'anc l'autre do rudes coups do ce petit instrument.
Ces deux femmes, su levant ensuite comme un seul
homme, se rendirent dans lo couloir où elles continuè-
rent à vider leur petite querelle.
Ainsi que cela so produit assez souvent en pa-rcillo
circonsttlIlce, l'une des deux combattantes éprouva do
graves dommages dans sa toilette.
Quant à l'autre, demeurée victorieuse sur ce nou-
veau champ de bataille, olle fit triomphalement sa
rentrée daus la salle, aux bravos multipliés do la
foo.le.
ÉTRANGER
On attend à 1-a fin du mois, dit le Times, le
olipper Sea Star, qui porte en Angleterre les
rester mortels du prince de Condé , fils du duc
d'Aumale, mort à l'île Maurice.
Le prince Iturl)ide , qui a été adopté par
l'empereur Maximilien, e&t en ce moment à
Bruxelles.
Dans la matinée du 25 août, à Romo, les cardinaux
, ont assisté, en l'églisa nationale desJrancais, à la cé-
lébration do la fêle do saint Louis, roi de France.
A cinq heures de l'après-midi, le saint-père, en
grand cérémonial, s'est rendu à cette (Jgliw, et à sa des
centa de voiture, Sa Sainteté a été respectueusement
reçue par M. de Sartigcs et par los officiers français à
son entrée dans l'église par le clergé. Le saint-père a
, été adorer le Très-Saint-Sacrement et prier devant
l'autel du saint ntonarquè. Dans la sacristie, outre les
personnes qui avaient eu l'honneur do le recevoir et
de'le suivre, beaucoup de dames et de messieurs ont
été admis au baisement des pieds.
Une scène tragique s'est passée à Vienne à quatre
heures de l 'a,près-,nidi dans le canal du Danube près
du pont d''Aspern. Une personne du sexo féminin con-
venablement vêtue, se dirigea vers le quai du canal et
se précipita immédiatement dans le fleuve. Un homme
1 qtIÏ, dans le même moment, faisait baigner son gros '
chien, jeta une pierre dans la direction où l'inconnue
venait de disparaître. Sur ces entrefaites, cette der-
nière portée par le gonflement imprimé à ses vôte- ,
ments, était remontée plusieurs fois à la surface de
l'eau. Le chien la saisit à un moment où elle surna-
geait et s'efforça de la ramener sur le rivage. Maiscelle
,qui attentait ainsi à ses jours s'opposa de toutes ses
forces à son sauvetage et entraîna le chien avec elle.
Parmi la foule saisie d'affroi à la vue de cette lutte
terrible entre la vie et la mort, luttjB qui dura moiaa-de
temps qu'il n'en faut pour la décrire, se trouvait un
soldat de peiiee qui, sans hésitation, se jeta courageu-
serment au secours de cette femme. Mais à paina avait-
il saisi cette malheureuse qu'il fat également entraiaé
au fond de l'eau, et, dans l'espace àe quelques secondes
foraine soldat et chien disparaissaiant dans les eaux
da fleuve. On est à la re&herch&des cadavres.
NÉCROLOGIE
M. Lebreton, dessinateur, attaché au dépôt
de la marine, vient de mourir. Il avait été un
des compagnons de Dumont d'Urville dans son
Second voyage autour du monde. j
La loi du Lynch
On écrit de New York le 17 août 1806 au journal
la Droit :
« De tous les Etats dont se compose l'Union améri-
caine. le Kentucky est assurément celui où la « justice
sauvas» " (teitrl jwsikp, comme tes Ken-tac-kyens l'ap-
poILent), fait concurrence plus qu'ailleurs à l'a justice
l&gate.
» Mais, avant le 17 juillet ùlei-n,ier, nous n'y avions pas
v}l lo terrible j-uge Lynch travailler sur une aussi
gr-aixle échelle.
» Dans )-a matinée de ce jour-là — raconte une
feuille de Pattlesburg (Ko&tucky), du 28 juillet — un
i-asseuililc-ment d'cuvirou cent cinquante hommes, com-
posé en partie de quotques-uns des principaux habi-
tah's du comté de Lawrence, se dirigea militairement
et dans le meilleur ordre vers le village do Loviisa,
sans que personne s'y doutât le moins du monde de
l'horrible tragédie qui allait s'y jouer effrontément à
la clarté du soleil.
x Le but de celte expédition était d'accomplir ce que
ces disciples de LYblCh appelaient « un arrand acte de
justice ", à l'endroit de trois assassins' déte»ns dans la
prison du c,3riié, sous l'accusation (,i'iiii meurtre com-
mis il y a quelques mois, sur M. George Archer, un
des citoyens les plus estimés du comté de Lawrence.
» Plusieurs conférences eurent lieu entre les habi-
tants du village et la bande qui était venue l'oecu.pL'r
de vive force ; mais il fut impassible de faire consentir
ces n;¡a::sislra.ls improvisés ù laisser la justice régulière
suivre son eaurs, En dépit de discours chaleureux
prononcés dans la salle. du trihuivU par le 'c&Iottet
Ferguson, par le révérend pasteur M aller et par
M. Hall, dans lesquels ces orateurs avaient- pris la dé-
fense de la loi et de l'ordre, lés envahisseurs refusè-
l'en t de se désister de leur 1)r5)pl, et daignèrent »etile-
ment consentir à ce que la question fût mise aux
voix.
» Le résultat de cet étrange scrutin donna [onze voix
en faveur de la loi, et cent quU>ta.¡¡.te-doux pour l'exé-
cution immédiate des meurtriers. Les annatos dco pro-
cédures à la'Lynch n'avaient pas encore fait mention
d'un jury a-ussi nombrenx.
» La troupe, qui était armée de carabines et de ré-
volvers, n'avait pas de résistance à redouter de la part
des villageois sans défense. Ell-e procéda avec beau-
coup du méthode. Le chef, après avoir cerné la prises,
somma le geôlier de lui remettre les trois détenus. Il
s'y refusa. On enfonça alors la boutique d'un forgeron,
ot l'on s'y empara de marteaux de forge, de haches et
d'autres instruments propres à enfoncer les portes. Puis
commença une scène semblable, en petit, à celle que
Walter Scoot a si admirablement dépeinte dans sa Pri-
son d'Edimbourg.
» La porte o'entrée finit par céder ; un détachement
pénétra dans la prison et eu ramena bientôt les deux
frères Lyons et Bill Wright.
» Ils furent conduits, d'abord chez le forgeron elont
j'ai parlé, que l'on força à briser leurs fers, et de là
vars l'échafaud, qui avait été dressé pendant qu'on as-
siégeât la prison.
« Chemin faisant, James Lyons entra dans la toî»
des aveux ; mais ses compagnons le contredirent encrât '
glquemeut. Toutefois, arrivés au pied de la triple p<>»|
teuca, John Lyons et Wright firent aussi leur confes.L
sion. r
" Quand ils eurent gravi -l'échelle qui conduisait i:
l'fecliaaaud, chacun de ces hommes alla se placer soWt¡.
la cies tpois noeuds coulante. Chose assez rare dans lest
scènes de ce genre, ni les bourreaux ni les victime*
ne songèrent â appeler aucun prêtre on ministre : ie
semblait que ce fût une affaire à laquelle Dieu n'avili
rien à voir. \
» Lorsque le calme 9& fut fiait. Bill "Wright prenonesL-f*
un speeoh pour demander,<îû'' pour faire COAnaîtr-e sa ceofession « à l'univers en-j
tier, » — suivant son expression. Sa requête fut reje—j
tée, et un des exécuteurs commença la lecture de cettai-
confession, fréqu'emmB&t interrompue par les deurî
autres prisonnière qui en contestaient l'exactitude. Î2
s'eu suivit une querelle entre ces trois homiues, à la—t
quelle ou ne put mettre un terme qu'en ajustant les,
nœuds coulante. \
Ma is, avant qu'an rabattit le bonnet fatal sur len»(
yeux, les deux frères Lyons sollicitèrent la permissions
de s'embrasser;jelle leur fut gracieusement accordée, j
Pendant tout le temps qtw dura cette hideuse s^èrre, lestf
patients — jamais je ne dirais les con..l&mnés — ont('
fait preuve dupius grand sang-froid, et l'on eùt d i t qu® "
ce qui se passait autour d'eux ne les regardait pas. i
" La trappe s'enrow;a, et les trois corps restèrent sus- f
pendus pendant quinze minutes, au bout desquelles, la.i
mort aya.nt été constatée, les cordes furent coupées, et(
les cadavres livrés aux witorités du village. : ■
» Il lan-t ajouter, comme détail curieux, que cetti3 ; 1 ¡
troupe d.(,- « lyncheux " s'est eotisée pour payer 1-33 frai»-,
de l'enterrement, et pour dédommager le forgeron de l'u-4
'sage de ses outils. j
» Après quoi la troupe a reformé ses rang3 et est .
repartie avec autant d'ordre qu'elle était venue. Lest
hommes.qui la composaient avaient pris l'engagement'
de n'acccpfHr ni d'aciiefcr aucune boi-sson spiritueusë ;/
aucun d'uux n'y a manqué. C'a été l'ordre dans le dé-\
sordre. * ;
_ M Aujourd'hui doit avoir lieu à New-York, l'exécu-
t tiou, légale celle-là, d'un nommé Fri-cri, l'assassin d'un
p_a liji ri»h* f.-T* »
LA CUEILLETTE
Deux anecdotes de la Liberté :
Rapportons en courant l'estomaquante ré-
ponse d'un co-cher d-e Victoria, dont l'attelage
consistait en une haridelle efflanquée et pous-
sive que feu Rossinante lui-même, de h-utanta
mémoire, n'eût pas hérité à qualifier durement.f
— Cocher, dis-je à mon automédon, -vousave&
là. un choval déplorable ; tâchez qu'il aille meil-
leur train.
— Ah! monsieur, me répondit flegmatique-'
ment le brave homme, il ira comme ça plusj,
longtemps que vous et moi ! j •
Mme X... est une de nos élégantes pour qui;
la mode est une idole vénérée. Les premières toi.. -
lettes sont portées par elle ; e-)le a inauguré les; •
bottes à glands, les tricornes et les robes cour-
tes; ]e premier chapeau imperceptible orna saLi
blonde et jolie t6te. M X..., son mari, sait caj
qu'il lui en coûte, et ce n'est toujours qu'est .
soupirant qu'il acquitte les notes formidables d&(
sa prodigue moitié. ^
C'est lui qui, payant à une modiste cent qna-, ;
rante francs un petit chapeau gros comme una
noix, — selon la mode actuelle, —lui dit philo-:' 5
sophiquemont : 1 :
— Je crois bien que vous finirez par ne plus -^
apposer que la note. j
Bref, MIRe X..., ayant entendu parler de toi-I ;
lettes fusil-à-aiguille, de bottes à la prussienne, W
de chapeaux Sadowa, courut chez "VV..., la:
grand maitre de ces coûteuses innovations, sa -
commanda le plus ébouriffante et la plus ébou-,
„ rillee des toilettes fusil-à-a.iguille, et revint an
LES VAUDOUX
LES CANNIBALES
DE SAINT-DOMINGUE
PAR
GUSTAVE AIMARD
III
PENDANT L'OURAGAN
^ Le premier soin de M. Joseph Colette, en en-
trant dans la case, avait été de barricader soli-
dement la porte, en entassant chaises, bancs et
tables devant elle ; puis, après avoir rechargé
son pistolet, il s'était approché vivement de •
M. de Birague, auquel il avait chaleureusement
serré la main, en s'écriant avec une expression
de joie à la sincérité de laquelle il était impos-
sible de se tromper :
— Dieu soit loué ! mon ami, "qui permet que
je vous retrouve sain et sauf.
— Eh! mon cher Joseph, répondit en riant
M. de Birague, en se plaçant devant la jeune
fille de façon à Ja masquer presque eptièrement,
est-ce que par hasard vous me supposiez mort?
1 — Non, mais je vous avoue que craignais qu'il
jyous fùt arrivé quelque malheur.
Jjij les numéros parai d«j?ui* le 28 août. k
— Oh! oh! pourquoi donc cela, mon ami?
— Parce que vous vous êtes conduit ce soir
comme un fou.
— Merci, répondit lejeune homme en essayant
d'entraîner son ami dans une autre partie de la
salle tout en faisant un signe d'intelligence à la
négresse pour lui recommander la jeune fille.
Cher, ajouta-t-il en riant, vous savez que je ne
ne comprends rien à votre inquiétude, dans un
pays où la réputation d'honnêteté est prover-
biale.
M. Colette hocha-tristement la tête à deux ou
trois reprises.
— Les choses sont bien changées en ce mo-
ment, dit-il.
— Vous m'effrayez.
— Ne riez pas, mon ami, je vous assure que
ce que je vous dis est excessivement sérieux et
mérite la plus grande attention.
— Expliquez-vous, je vous prie.
Le métis jeta un regard investigateur autour
de lui.
— L'endroit où nous sommes, dit-il à voix
basse, n'est pas propice pour nous entretenir de
sujets semblables. Contentez-vous, quant à pré-
sentée savoir que,sans vous en douter peut-être,
vous avez été exposé aux plus grands périls.
— Mais pardon, vous m'y faites songer, com-
ment se fait-il que vous soyez arrivé ici à l'im-
proviste, et que vous soyez entré le pistolet à la
main ?
[ — Vous pouvez même ajouter que ce pistole
a été déchargé par moi à quelques pas de cette
case.
— Auriez-vous été attaqué?
— Je ne sais, j'ai entendu un bruit suspect
dans les buissons. J'ai vu briller deux yeux étin-
celants comme des charbons ardents au milieu
des feuilles, je crois même avoir entendu une
pierra siffler à mes oreilles.
— Et alors ?
— Alors j'ai tiré, il s'est fait aussitôt un grand
bruit dans les fourres, quelqu-e chose ressem-
blant à une course précipitée précédée d'un cri
étouffé, et, ma foi, voyant la porte de cette case
ouverte, je suis entré et je me suis barricadé
afin de ne pas être surpris dans ce coupe-gorge.
— Bien, voici qui m'explique une partie de ce
que je voulais savoir, mais cela ne me dit pas où
vous alliez.
— Où j'allais?
— Oui.
— Et bien, je venais ici.
Et, monsieur Joseph Colette, qui, depuis quel-
ques instants semblait en proie à une vive pré-
occupation et dont les regards se fixaient inces-
samment du côté où se tenaient les deux fem-
mes, quitta tout à coup son ami et s'élançant
vers la mulâtresse, il lui saisit les deux mains et
l'obligea à relever la tête. ^
— C'était vrai, s'écria-t-il avec stupeur. Elle!
elle ici !
— Mon frère ! murmura la jeune fille.
— Silence 1 lui dit-il d'une voit tonnante, et
saisissant la main de monsieur de Birague, ainsi.'
vous me trahissiez? ajouta-t-il avec douleur.
— Moi! s'écria le jeune homme avec stupé*:
faction, mais j'ignOra.is... Maïs comprenant com-,
bien ce qu'il allait dire était compromettant pour .,
la sœur de son ami, il se tut subitement.
— Eh bien ? lui demanda impérieusement mon- j
sieur Joseph Colette. •
— Eh bien, répondit-il froidement, ce n'es. |:
pas ici que je puis m'expliquer avec vous. f
— Soit, reprit-il, mais cette explication, il
la faut., je l'exige.
— Je vous la donnerai.
— Vous me le jurez.
— Sur l'honneur! ^
— Sur l'honReur, fit-il avec amertume en regar- t.
dant tour à tour les deux jeunes gens. f
— Monsieur, dit monsieur de Birague avec
dignité, ne vous hâtez pas de croire coupables
ceux dont bientôt vous serez contraint de'recon-
naître l'innocence.
— Vous m'accompagnez?
— Certes.
— Venez alors; nous ne sommes demeurés qugb '
trop longtemps ici.
La jeune fille n'avait pas dit un mot, pas fait
un geste, elle mordait son mouchoir pour étouffer..
ses sanglots..
GUSTAVE AIMARD.
(La suite à demain.) »
rez-de-chaussée, vint -pour jouer en cet endroit. Elle re-
çut la lessive bouillante, qui la brûla aux deux bras et
i la jambe droite.
Ces brûlures sont tellement graves qu'on désespère
je, jours de l'enfant.
Procès-verbal a été déclaré à la femme P..., qui
aura à répondre devant la justice des suites de son im-
»rudillce. ^ -
J (te Droit.)
DÉPARTEMENTS
le Journal de Marennet donne les renseignements
qui suivent sur un assassinat commis, la 17 de ce
mois,dans la commune de Saint-Augustin :
« Gendrau (Victor), âgé de 28 ans, ouvrier cordon-
nier, natif d'Angoulême, habitait la commune de Saiut-
Augustin-sur-Mer depuis quelques mois. Il avait fait
il connaissance d'une nommée Elise Tlionvas, veuve
PinardoaL, âgée de 32 ans, qu'il savait posséder une
■valeur immobilière de trente à quarante mille francs,
et des propositions de mariage s'en étaient suivies: Ces
propositions, rejetées par la veuve, âont. les préférences
étaient dévolues à un autre, paraU-iI, indisposèrent
Gendrau, qui ne cessait de faire des tentatives en vue
de gagner le cœur de celle qu'il convoitait pour
épouse.
» Rien cependant dans les allures de Gendrau ne
faisait pressentir le fatal dénoùment du drame dont 1-11
'commune de Saint-Augustin a été le théâtre 17 août.
» Ce jour-là, entre neuf et dix injures du matin,
Gendrau — il le dit du moins — qui avait reçu dix
minutes auparavant des prouves non équi voques, sinon
-d'un consentement matrimonial, du moins d'une cer-
taine confiance de la part de la veuve Pinardoau, qui j
pouvaient le faire espérer, fut pris subitement d'une !
•sorte de frénésie, se rua sur ceLte dernière, et lui assé-
na une vinglaine de coups de couteau, dont les pre-
miers dirigés daac la région du cœur ont dû provo-
quer une mort instantanée.
» Toutefois, l'examen du cadavro atteste qu'il y a eu
lutte entre l'assassin et la victime. Au dernier coup,
l'instrument, qui a pénétré dans une des articulations
* des vertèbres du cou, s'y est fixé d'une manière si so-
lide que l'assassin n'a pu l'en retirer, et que ce n'est
.qll'en laissant une partie de la lame dans la plaie que
le médecin constatateur du crime est parvenu à l'cnle- "
ver.
» Gendrau, aussitôt après son forfait, s'est armé d'un
pistolet et d'une corde, et avec des inîeatioHs do sui-
cide qu'il n'a pas exécutées, il a erré dans les bois et
les dunes en se dirigeant vers la Trembhide, où le soir
il s'est constitué prisonnier entre les mains de la gen-
- darmerie.
x Personne ne s'est aperçu du crime, qui s'est accom-
pli dans le chai de la maison de la victime. Co n'est
que vers les huit hevres du s&ir que la mèra Themas
1rOU\'3 sa fille baig-uant dans une maro de saog, et
que l'alarme fut donnée. »
On écrit de Bagnols, le 27 août :
Samedi dernier, vers trois heures et demie du matin,
des passants relevèrent un cadavre sur la place du
Ma'rché. Atliré par le bruit qui so faisait devant sa
porte, M. Théret chaudronnier, sortit et reconnut dans
la victime un de ses ouvriers, nommé Morvan.
Ce malheureux était rentré chez son patron le ven-
dredi soir, entre dix et onze heures, légèrement surex-
-cité par la boisson. Troublé par l'ivresse ou trompé
par l'obscurité, il perdit l'équilibre et fut précipité du
troisième étage sur le pavé de la place.
Les médecins, appelés pour constater le décès, ont
déclaré que la mort avait dû être instantanée.
Cet ouvrier, qui n'avait pas vingt ans, semblait, par
la fatalité qui s'est acharnée sur sa famille, prédestiné
à finir aussi misérablement. L'un de ses frères, soldat
dans un régiment de ligne, a été passé par les armes
.pour s'être rendu coupable de voies de fait envers un de
ses supérieurs. Son père, ouvrier ferblantier comme lui,
ut tué en tombant du toit d'une maison.
Les funérailles-de Morvan ont eu lieu au milieu d'un
grand concours d'ouvriors et aux frais da la société de
Saint-Eloi, qui dans cette circonstance, comme toujours,
a obéi aux inspirations de la plus touchante fra-
ternité.
. On écrit de Beaucaira, le 28 août, au Courrier
du Gard :
Un acte d'horrH)l« brutalité a été accompli
hier soir sur le territoire de notre commune. A
la suite d'une querelle de ménage, le nommé
Antoine Ménouret, fermier au mas de M. Tllf.
a asséné plusieurs coups de barre sur le ventre
de sa femme, enceinte de cinq mors, et en oe
moment alitée. L'état de cette malheureuse est
des plus graves.
Ménouret a été mis à la disposition de M. le
procureur impérial.
Une 'trombe d'eau s'est abattue dans la journée de
dimanche sur les communes d'Epoisses, de Toatry, de
(Ærômbaes, de Viserny et de Dard (Côte-d'Or). L'eau a
envahi le rez-de-chaussée des maisons, et il a fallu
faire évacuer les écuries et les étables pour sauver les
animaux. Dans cerfaines maisons, l'eau s'élevait de
1 mètre 10 à 1 mètre 50. Le pont d'Epoisses, sur la
route départementale de. SemuT à A vallon, a été forte-
ment emiommago. -
Le S,'nwphm'e du 31 aoùt raconte que la soirée don-
née, lundi soir, an Gymnase de M;irsoilliB a été un mo-
ment troublée par un duel... à coups d'éventail.
Aux stalles de l'M'ckest.re étaient assises deux clames
élégamment vêtues qui, pendant tout le temps de la
représentation, avaient échangés des ce ilta':tes cou!-
roucc-'s....
A peine le rideau venait-il d'être baissé que nos
deux db>.mpkmne$ su menacent, se jettent à 'la tète de
piquantes iu;upcs, S/J froissent mutuellement la mlle-
roUe et tnisscut enfin par tirer l'éventail et s'adminis-
trer l'anc l'autre do rudes coups do ce petit instrument.
Ces deux femmes, su levant ensuite comme un seul
homme, se rendirent dans lo couloir où elles continuè-
rent à vider leur petite querelle.
Ainsi que cela so produit assez souvent en pa-rcillo
circonsttlIlce, l'une des deux combattantes éprouva do
graves dommages dans sa toilette.
Quant à l'autre, demeurée victorieuse sur ce nou-
veau champ de bataille, olle fit triomphalement sa
rentrée daus la salle, aux bravos multipliés do la
foo.le.
ÉTRANGER
On attend à 1-a fin du mois, dit le Times, le
olipper Sea Star, qui porte en Angleterre les
rester mortels du prince de Condé , fils du duc
d'Aumale, mort à l'île Maurice.
Le prince Iturl)ide , qui a été adopté par
l'empereur Maximilien, e&t en ce moment à
Bruxelles.
Dans la matinée du 25 août, à Romo, les cardinaux
, ont assisté, en l'églisa nationale desJrancais, à la cé-
lébration do la fêle do saint Louis, roi de France.
A cinq heures de l'après-midi, le saint-père, en
grand cérémonial, s'est rendu à cette (Jgliw, et à sa des
centa de voiture, Sa Sainteté a été respectueusement
reçue par M. de Sartigcs et par los officiers français à
son entrée dans l'église par le clergé. Le saint-père a
, été adorer le Très-Saint-Sacrement et prier devant
l'autel du saint ntonarquè. Dans la sacristie, outre les
personnes qui avaient eu l'honneur do le recevoir et
de'le suivre, beaucoup de dames et de messieurs ont
été admis au baisement des pieds.
Une scène tragique s'est passée à Vienne à quatre
heures de l 'a,près-,nidi dans le canal du Danube près
du pont d''Aspern. Une personne du sexo féminin con-
venablement vêtue, se dirigea vers le quai du canal et
se précipita immédiatement dans le fleuve. Un homme
1 qtIÏ, dans le même moment, faisait baigner son gros '
chien, jeta une pierre dans la direction où l'inconnue
venait de disparaître. Sur ces entrefaites, cette der-
nière portée par le gonflement imprimé à ses vôte- ,
ments, était remontée plusieurs fois à la surface de
l'eau. Le chien la saisit à un moment où elle surna-
geait et s'efforça de la ramener sur le rivage. Maiscelle
,qui attentait ainsi à ses jours s'opposa de toutes ses
forces à son sauvetage et entraîna le chien avec elle.
Parmi la foule saisie d'affroi à la vue de cette lutte
terrible entre la vie et la mort, luttjB qui dura moiaa-de
temps qu'il n'en faut pour la décrire, se trouvait un
soldat de peiiee qui, sans hésitation, se jeta courageu-
serment au secours de cette femme. Mais à paina avait-
il saisi cette malheureuse qu'il fat également entraiaé
au fond de l'eau, et, dans l'espace àe quelques secondes
foraine soldat et chien disparaissaiant dans les eaux
da fleuve. On est à la re&herch&des cadavres.
NÉCROLOGIE
M. Lebreton, dessinateur, attaché au dépôt
de la marine, vient de mourir. Il avait été un
des compagnons de Dumont d'Urville dans son
Second voyage autour du monde. j
La loi du Lynch
On écrit de New York le 17 août 1806 au journal
la Droit :
« De tous les Etats dont se compose l'Union améri-
caine. le Kentucky est assurément celui où la « justice
sauvas» " (teitrl jwsikp, comme tes Ken-tac-kyens l'ap-
poILent), fait concurrence plus qu'ailleurs à l'a justice
l&gate.
» Mais, avant le 17 juillet ùlei-n,ier, nous n'y avions pas
v}l lo terrible j-uge Lynch travailler sur une aussi
gr-aixle échelle.
» Dans )-a matinée de ce jour-là — raconte une
feuille de Pattlesburg (Ko&tucky), du 28 juillet — un
i-asseuililc-ment d'cuvirou cent cinquante hommes, com-
posé en partie de quotques-uns des principaux habi-
tah's du comté de Lawrence, se dirigea militairement
et dans le meilleur ordre vers le village do Loviisa,
sans que personne s'y doutât le moins du monde de
l'horrible tragédie qui allait s'y jouer effrontément à
la clarté du soleil.
x Le but de celte expédition était d'accomplir ce que
ces disciples de LYblCh appelaient « un arrand acte de
justice ", à l'endroit de trois assassins' déte»ns dans la
prison du c,3riié, sous l'accusation (,i'iiii meurtre com-
mis il y a quelques mois, sur M. George Archer, un
des citoyens les plus estimés du comté de Lawrence.
» Plusieurs conférences eurent lieu entre les habi-
tants du village et la bande qui était venue l'oecu.pL'r
de vive force ; mais il fut impassible de faire consentir
ces n;¡a::sislra.ls improvisés ù laisser la justice régulière
suivre son eaurs, En dépit de discours chaleureux
prononcés dans la salle. du trihuivU par le 'c&Iottet
Ferguson, par le révérend pasteur M aller et par
M. Hall, dans lesquels ces orateurs avaient- pris la dé-
fense de la loi et de l'ordre, lés envahisseurs refusè-
l'en t de se désister de leur 1)r5)pl, et daignèrent »etile-
ment consentir à ce que la question fût mise aux
voix.
» Le résultat de cet étrange scrutin donna [onze voix
en faveur de la loi, et cent quU>ta.¡¡.te-doux pour l'exé-
cution immédiate des meurtriers. Les annatos dco pro-
cédures à la'Lynch n'avaient pas encore fait mention
d'un jury a-ussi nombrenx.
» La troupe, qui était armée de carabines et de ré-
volvers, n'avait pas de résistance à redouter de la part
des villageois sans défense. Ell-e procéda avec beau-
coup du méthode. Le chef, après avoir cerné la prises,
somma le geôlier de lui remettre les trois détenus. Il
s'y refusa. On enfonça alors la boutique d'un forgeron,
ot l'on s'y empara de marteaux de forge, de haches et
d'autres instruments propres à enfoncer les portes. Puis
commença une scène semblable, en petit, à celle que
Walter Scoot a si admirablement dépeinte dans sa Pri-
son d'Edimbourg.
» La porte o'entrée finit par céder ; un détachement
pénétra dans la prison et eu ramena bientôt les deux
frères Lyons et Bill Wright.
» Ils furent conduits, d'abord chez le forgeron elont
j'ai parlé, que l'on força à briser leurs fers, et de là
vars l'échafaud, qui avait été dressé pendant qu'on as-
siégeât la prison.
« Chemin faisant, James Lyons entra dans la toî»
des aveux ; mais ses compagnons le contredirent encrât '
glquemeut. Toutefois, arrivés au pied de la triple p<>»|
teuca, John Lyons et Wright firent aussi leur confes.L
sion. r
" Quand ils eurent gravi -l'échelle qui conduisait i:
l'fecliaaaud, chacun de ces hommes alla se placer soWt¡.
la cies tpois noeuds coulante. Chose assez rare dans lest
scènes de ce genre, ni les bourreaux ni les victime*
ne songèrent â appeler aucun prêtre on ministre : ie
semblait que ce fût une affaire à laquelle Dieu n'avili
rien à voir. \
» Lorsque le calme 9& fut fiait. Bill "Wright prenonesL-f*
un speeoh pour demander,<îû''
tier, » — suivant son expression. Sa requête fut reje—j
tée, et un des exécuteurs commença la lecture de cettai-
confession, fréqu'emmB&t interrompue par les deurî
autres prisonnière qui en contestaient l'exactitude. Î2
s'eu suivit une querelle entre ces trois homiues, à la—t
quelle ou ne put mettre un terme qu'en ajustant les,
nœuds coulante. \
Ma is, avant qu'an rabattit le bonnet fatal sur len»(
yeux, les deux frères Lyons sollicitèrent la permissions
de s'embrasser;jelle leur fut gracieusement accordée, j
Pendant tout le temps qtw dura cette hideuse s^èrre, lestf
patients — jamais je ne dirais les con..l&mnés — ont('
fait preuve dupius grand sang-froid, et l'on eùt d i t qu® "
ce qui se passait autour d'eux ne les regardait pas. i
" La trappe s'enrow;a, et les trois corps restèrent sus- f
pendus pendant quinze minutes, au bout desquelles, la.i
mort aya.nt été constatée, les cordes furent coupées, et(
les cadavres livrés aux witorités du village. : ■
» Il lan-t ajouter, comme détail curieux, que cetti3 ; 1 ¡
troupe d.(,- « lyncheux " s'est eotisée pour payer 1-33 frai»-,
de l'enterrement, et pour dédommager le forgeron de l'u-4
'sage de ses outils. j
» Après quoi la troupe a reformé ses rang3 et est .
repartie avec autant d'ordre qu'elle était venue. Lest
hommes.qui la composaient avaient pris l'engagement'
de n'acccpfHr ni d'aciiefcr aucune boi-sson spiritueusë ;/
aucun d'uux n'y a manqué. C'a été l'ordre dans le dé-\
sordre. * ;
_ M Aujourd'hui doit avoir lieu à New-York, l'exécu-
t tiou, légale celle-là, d'un nommé Fri-cri, l'assassin d'un
p_a liji ri»h* f.-T* »
LA CUEILLETTE
Deux anecdotes de la Liberté :
Rapportons en courant l'estomaquante ré-
ponse d'un co-cher d-e Victoria, dont l'attelage
consistait en une haridelle efflanquée et pous-
sive que feu Rossinante lui-même, de h-utanta
mémoire, n'eût pas hérité à qualifier durement.f
— Cocher, dis-je à mon automédon, -vousave&
là. un choval déplorable ; tâchez qu'il aille meil-
leur train.
— Ah! monsieur, me répondit flegmatique-'
ment le brave homme, il ira comme ça plusj,
longtemps que vous et moi ! j •
Mme X... est une de nos élégantes pour qui;
la mode est une idole vénérée. Les premières toi.. -
lettes sont portées par elle ; e-)le a inauguré les; •
bottes à glands, les tricornes et les robes cour-
tes; ]e premier chapeau imperceptible orna saLi
blonde et jolie t6te. M X..., son mari, sait caj
qu'il lui en coûte, et ce n'est toujours qu'est .
soupirant qu'il acquitte les notes formidables d&(
sa prodigue moitié. ^
C'est lui qui, payant à une modiste cent qna-, ;
rante francs un petit chapeau gros comme una
noix, — selon la mode actuelle, —lui dit philo-:' 5
sophiquemont : 1 :
— Je crois bien que vous finirez par ne plus -^
apposer que la note. j
Bref, MIRe X..., ayant entendu parler de toi-I ;
lettes fusil-à-aiguille, de bottes à la prussienne, W
de chapeaux Sadowa, courut chez "VV..., la:
grand maitre de ces coûteuses innovations, sa -
commanda le plus ébouriffante et la plus ébou-,
„ rillee des toilettes fusil-à-a.iguille, et revint an
LES VAUDOUX
LES CANNIBALES
DE SAINT-DOMINGUE
PAR
GUSTAVE AIMARD
III
PENDANT L'OURAGAN
^ Le premier soin de M. Joseph Colette, en en-
trant dans la case, avait été de barricader soli-
dement la porte, en entassant chaises, bancs et
tables devant elle ; puis, après avoir rechargé
son pistolet, il s'était approché vivement de •
M. de Birague, auquel il avait chaleureusement
serré la main, en s'écriant avec une expression
de joie à la sincérité de laquelle il était impos-
sible de se tromper :
— Dieu soit loué ! mon ami, "qui permet que
je vous retrouve sain et sauf.
— Eh! mon cher Joseph, répondit en riant
M. de Birague, en se plaçant devant la jeune
fille de façon à Ja masquer presque eptièrement,
est-ce que par hasard vous me supposiez mort?
1 — Non, mais je vous avoue que craignais qu'il
jyous fùt arrivé quelque malheur.
Jjij les numéros parai d«j?ui* le 28 août. k
— Oh! oh! pourquoi donc cela, mon ami?
— Parce que vous vous êtes conduit ce soir
comme un fou.
— Merci, répondit lejeune homme en essayant
d'entraîner son ami dans une autre partie de la
salle tout en faisant un signe d'intelligence à la
négresse pour lui recommander la jeune fille.
Cher, ajouta-t-il en riant, vous savez que je ne
ne comprends rien à votre inquiétude, dans un
pays où la réputation d'honnêteté est prover-
biale.
M. Colette hocha-tristement la tête à deux ou
trois reprises.
— Les choses sont bien changées en ce mo-
ment, dit-il.
— Vous m'effrayez.
— Ne riez pas, mon ami, je vous assure que
ce que je vous dis est excessivement sérieux et
mérite la plus grande attention.
— Expliquez-vous, je vous prie.
Le métis jeta un regard investigateur autour
de lui.
— L'endroit où nous sommes, dit-il à voix
basse, n'est pas propice pour nous entretenir de
sujets semblables. Contentez-vous, quant à pré-
sentée savoir que,sans vous en douter peut-être,
vous avez été exposé aux plus grands périls.
— Mais pardon, vous m'y faites songer, com-
ment se fait-il que vous soyez arrivé ici à l'im-
proviste, et que vous soyez entré le pistolet à la
main ?
[ — Vous pouvez même ajouter que ce pistole
a été déchargé par moi à quelques pas de cette
case.
— Auriez-vous été attaqué?
— Je ne sais, j'ai entendu un bruit suspect
dans les buissons. J'ai vu briller deux yeux étin-
celants comme des charbons ardents au milieu
des feuilles, je crois même avoir entendu une
pierra siffler à mes oreilles.
— Et alors ?
— Alors j'ai tiré, il s'est fait aussitôt un grand
bruit dans les fourres, quelqu-e chose ressem-
blant à une course précipitée précédée d'un cri
étouffé, et, ma foi, voyant la porte de cette case
ouverte, je suis entré et je me suis barricadé
afin de ne pas être surpris dans ce coupe-gorge.
— Bien, voici qui m'explique une partie de ce
que je voulais savoir, mais cela ne me dit pas où
vous alliez.
— Où j'allais?
— Oui.
— Et bien, je venais ici.
Et, monsieur Joseph Colette, qui, depuis quel-
ques instants semblait en proie à une vive pré-
occupation et dont les regards se fixaient inces-
samment du côté où se tenaient les deux fem-
mes, quitta tout à coup son ami et s'élançant
vers la mulâtresse, il lui saisit les deux mains et
l'obligea à relever la tête. ^
— C'était vrai, s'écria-t-il avec stupeur. Elle!
elle ici !
— Mon frère ! murmura la jeune fille.
— Silence 1 lui dit-il d'une voit tonnante, et
saisissant la main de monsieur de Birague, ainsi.'
vous me trahissiez? ajouta-t-il avec douleur.
— Moi! s'écria le jeune homme avec stupé*:
faction, mais j'ignOra.is... Maïs comprenant com-,
bien ce qu'il allait dire était compromettant pour .,
la sœur de son ami, il se tut subitement.
— Eh bien ? lui demanda impérieusement mon- j
sieur Joseph Colette. •
— Eh bien, répondit-il froidement, ce n'es. |:
pas ici que je puis m'expliquer avec vous. f
— Soit, reprit-il, mais cette explication, il
la faut., je l'exige.
— Je vous la donnerai.
— Vous me le jurez.
— Sur l'honneur! ^
— Sur l'honReur, fit-il avec amertume en regar- t.
dant tour à tour les deux jeunes gens. f
— Monsieur, dit monsieur de Birague avec
dignité, ne vous hâtez pas de croire coupables
ceux dont bientôt vous serez contraint de'recon-
naître l'innocence.
— Vous m'accompagnez?
— Certes.
— Venez alors; nous ne sommes demeurés qugb '
trop longtemps ici.
La jeune fille n'avait pas dit un mot, pas fait
un geste, elle mordait son mouchoir pour étouffer..
ses sanglots..
GUSTAVE AIMARD.
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