Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1866-08-21
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 août 1866 21 août 1866
Description : 1866/08/21 (N124). 1866/08/21 (N124).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4719180x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2017
• On télégraphie de Madison (Indiana), 6 août,
au Courrier des Etats-Unis:
« Le steamer Geiieral Litlle a sauté cette
après-midi près de Bethleem.
. Les passagers rapportent qu'il faisait la course
avec le steamer Saint-Charles lorsquel'explosion
a eu lieu. Les deux bateaux étaient presque à se
toucher. Quinze ou dix-huit personnes ont péri.»
Nécrologie
M. Monge... le père Monge, dit la Gazette ws
Étrangers, le concierge-patriarctre - de l'Opéra, si
aimé des artistes et des habitués, a succombé à
l'hydropisie donti! était depuis longtemps at-
teint sans espoir de guérison. Son service funèbre
a été célébré à la petite église Saint-André.
M. Perrin, MM. Guillet, du Locle, Nuitter, le
régisseur général, le.chef de l'habillement, Vil-
laret, Faure, Obin, Castelmary, David, Caron,
avaient voulu assister à la cérémonie. La d-artse
était représentée par mesdames Fiore^i,'Annetta
Mérantc, Louise Marquet, Rust, Pilatté, banlaville.
Quelques habitués de l'orchestre s'étaient joints
au cortége funèbre.
Les choristes de l'Opéra ont chanté à l'église,
sous la direction de M. Deltlhaye; M. Duprat ac-
compagnait à l'orgue ; M. Grisy, second ténor, a
dit les solos.
VARIÉTÉS
D'après des données récentes cl qui paraissent exac-
tQR, le chiffre de La population juive sur le g-Johe e>t
d'environ 0,700,006 âmes, tout piès d'un tiersliahile la
Russie.
• Le temps est de l'argent, tel est l'épigraplfe d'un jour- .
nal de Sidney (Australie,)
Sur la porte du bureau, le visiteur est informé que
l'on ne peut parler au rédacteur sans avoir délié sa
bourse.
Voici quelles sont les conditions :
Les personnes qui désirent une audience sont invi-
tés à acheter un billet d'admission à la porte de la
salle d'attente.
1 heure 10 shillings.
112 heure ..' .... 6 shillings.
11-i heure 3 shillings.
Etc., etc. ]
Avis aux rédacteurs assiégés par les importuns. 1
On croit généralement que la construction des vais-
seaux cuirassés-est une invention toute moderne : aussi
pourra-t-on entendre parler avec intérêt d'une caraque
ou galère de guerre équipée par les chevaliers d°
Saint-Jean-de-,léI'Usalern, et décrite par liosio, l'histo-
Tien de l'ordre, laquelle avait élé blindée en plomb
pour la défendre contre les boulets.
Ce navire fut construit à ïsice en 1530, et faisait par-
tie de la grande escadre envoyée par l'empereur Char-
i les-Quint contre Tunis, afin de secourir contre le pirate
Barberousse Muley-IIassan détrône.
Le célèbre André Doria commandait l'expédition
Après un siége tie quelques jours. Tunis l'ut'eilluvée
d'assaut.
La caraque, nommée Sun ta-Aima, dut contribuer
beaucoup à la prise de la ville : elle avait, six ponts,
une nombreuse et puissante artillerie; son équipage se
.composait de trois cents hommes. Il y avait à bord une
chapelle spacieuse, une sainte-barbe, une salle de ré-
oeption et une boulangerie où l'on cuisait quotidien-
nement, ce qui, dit Bosio, permettait d'avoir sans cesse
du pain frais,
Mais, ce qu'il y avait de plus singulier dans sa cons-
truction, c'était sa cuirasse de plomb fixée par des bou-
lons d'airain, appareil auquel le chroniqueur attribue
la sécurité du navire, qui ne fut pas endommagé par
les projectiles , quoique souvent engagé dans l'action-
Une image de cette grande caraque se voit encore de
nos jours au milieu des anciennes fresques du palais
des Hospitaliers, à Rome.
Parlons de la moutarde au point de vue étymologi-
que, et ce ne sera certainement pas un de ses aperçus
les moins piquants.
Comme toujours, il y a quatre étymologies pour une,
quatre cloches poar un son, et, comme toujours, nous
laisserons au lecteur le soin de fixer son chou : j
t8 Mustum et ardeo, mots latins signifiant, le pre-
mier : moût, et le second : je brûle; — parce que la
moutarde, en effet, JJrùle, légèrement le palais, et est
faite avec du moût ;
2o Moustard ou Moutard, nom de ]'inven!cur ;
30 Moult et ai,d(-, , vieux mots français signifiant : qui
brûle beaucoup.
'\0 Moult me tarde, devise des anciens ducs de Bour-
gogne, qui se trouvait sur tous les petits pots qu'en
fournissait Dijoll,
L'antiquité delà moutarde est prouvée par un docu-
ment manuscrit du temps de Philippe le Bel (1285-1314),
qui en vante refu&aciic gastronomique.
LA CUEILLETTE
Un coup de ciseau dans VInternational:
Une jolie anecdote sur la belle duchesse de
Saint-Albans.
Elle n'était alors qu'unesimple actrice, gagnant
à peine, en travaillant beaucoup, trente shillings
par semaine. On l'aimait à cause de son talent
et de sa beauté. ,
A Liverpool, elle fit son apparition dans un
'-petit drame à sensation. Elle jou it le rôle '.'une
pauvre orpheline, Fans protection, sans amis, et
réduite à la plus grande misère.
Un marchand sans entrailles poursuit la pau-
vre fille pour dettes et veut la faire conduire en
prison, à moins qu'un ami se porte caution pour
elle.
— Alors, je n'ai plus d'espérance, s'écrie l'or-
pheline, je n'ai pas un seul ami dans ce monde!
—Quoi? fait le créancier, personne ne veut
répondre pour vous?
— Je vous ai dit que je n'ai pas un seul ami
sur cette terre, dit la pauvre fille en pleurant à
chaudes larmes.
« Au même instant, racontait !a duchesse de
Saint-Alban-, je vis un matelot s'élancer dans' le
parterre, de Li à l'orchestre, puis par dessus les
musiciens et, la rampe, (il, sauter d'un seul bond
jusque sur la scène à côte de moi. Il se préci-
pite sur l'acteur qui représentait le créancier, lui
tombe dessu- à coups de poing, puis il revient
vers moi en s'écriant :
— Vous avez un ami, mademoiselle, et cet
ami, c'est, mdi! Je me porte caution.
« Vous devez comprendre le tu:] ulte qui s'en-
suivit; le spectacle.était indescriptible; éclats de
rire, cris de terreur, hurlements du créancier.,
applaudissements des galeries supérieures, tout
cela fusait un vacarme incroyable. Mais lui,
mon sauveur, le protecteur de la pauvre orp e-
. line, était là immobile, les poings serrés, prêt à
s'élancer sur les récalcitrants. »
Ce brave matelot ne se décida à quitter la
scène que lorsque 1« directeur du théâtre fut ar-
rivé avec une !ias,'(\ de banknotes... de théâtre
sous le bras et qu il les eut déposés entre 1 s
mains de l'actrice en disant : v .
■— Mademoiselle, voilà de quoi pachetet* vos
dettes. »
Voici une anecdote toute d'actualité que nous trou-
vons dans le Pays, sous la signature d'Emile Gubo-
riau :
Le boutiquier parisien commence à douter
sérieusement de l'existence du lièvre de la plaine
Saint-Denis, cet illustre et fantastique lièvre
que 30,000 hommes armés jusqu'aux dents ont
infructueusement poursuivi pendant une ving-
taine d'années.
Ce n'est pas à un chasseur de 1866 qu'arri-
verait jamais la catastrophe de l'infortuné Mou-
tonnet.
Il avait pris un port d'armes, Moutonnet ; il
avait acheté tout un équipage de chasseur, mal-
gré les représentations de son épouse, et tous
les dimanches, suivi de son chien, entre Saint-
Denis et la Chapelle, il chassait.
Dix-sept dimanches de suite, il battit infruc-
tueusement la plaine, sans trouver prétexte à
brûler la poudre. Pas un merle dans les buis-
sons, pas un martin-pô: heur sur les bords du
canal, pas un moineau sur la chaussée. Le soir,
la nuit venant, il déchargeait t. istement son fu-
sil sur quelque citroui le isolée et rentrait ha-
rassé, l"e>:t.)mac,:mssi vide que le carni r.
* En sou pan t, il lui fallait encore essuyer les
railleries de sa femme, mais imperturbablement
il répond .it :
- — La prochaine fois, je serai plus heureux.
Le dix-huitième dimanche, en effet, sur les
cinq heures du soir, comme il rentrait bredouille,
voilà qu'à cent pas des fortifications il croit ouïr
quelque chose comme un gazouillement
Il lève la têle, il regarde, il ne s'est pas trom-
pé : un oiseau, un vrai, un vivant, bat des ailes
sur un cerisier voisin.
Plus ému que le criminel prêt à verser le sang
innocent, Moutonner, s'avance avec mille pré-
cautions, il ajuste, il fait feu! 0 bonheur ! le
gibier tombe mortellement atteint, et il a l'inef-
fable satisfaction de le ramasser.
Ivre de joie, il prend une voiture pour être
plus vite chez lui. Par avance, il savoure les fé-
lici-titions de son épouse. — * Bonne chasse!!J »
crie-t-il dès le se il.
I Aussitôt on procède à l'inspection du gibier.
Horreur et abomination ! Cet oiseau massacré
par Moutonnet, celte victime de son adresse,
c'est le sansonnet de M'"" Moutonnet, échappé
le matin même de sa ca^e, l'ingrat ! un sansonnet
sens pareil qui savait trois airs.
TRIBUNAUX
Cour d'assises de la Seine
VOLS NOMBREUX ET FAUX EN ÉCRITURE DE BANQUE COM-
MIS AU SOUS-COMPTOIR DES CHEMINS DE FER. — TROIS
ACCUSÉS.
Celte affaire, qui a causé (lès le début une grande
émotion dans le monde iina'ncier. doit être appelée
aujourd'hui lundi à la cour d'assises de_la Seine, pré-
sidée par M. le conseiller Portier. Les accusés, au
nombre de trois, sont Jiilus-J-ean-.laeques Delamolbe-
Borlliomé, Paul- Valen'lin Dupray de la Mahérie et Fran-
çois-Claude-Auguste de Crouy-Chanel. Ce dernier est
en fuite.
Delamolhe-Berthomé, caissier du Sous-Comptoir des
chemins dé fer, né à Paris, est âgé roe 61 ans; Dupray
de la Mahérie, né dans l'arrondissement de Coutances,
est âffe de 38 a ns, et îe princ., d • Crouy-Chanel, né à
Duisbou-cg, en Prusse, est Ù:;é de Ti ans.
Delamotlio est accusé de détournements et de faux
en écriture de banque ; les autres sont accuses de
comptif;i)e. Il paraît que le prince de Crouy-Chanel,
sous prétexte de suivre en Italie un procès par iequel
■il devait, disait-il, entrer en possession des b:cns de la
famille "d'Esté, siéqai;f ait avancer par Dclnmotl)e Cc»\
sommes considérables. Mais'les sommes les plus forces
que Delamolhe avait détournées de la caisse du Sous-
Comptoir avaient été versées entre les mains de Dupré
de ki Mahérie, imprimeur, engaçé dans de grandes
entreprise? commct'cmics. On dit que l'importance de
ces dernières sommes s'élève à plus de trois minions.
Le prince de CrollY Chanel, ayant eu à faire imprimer
des mémoires pour le procès qu'il poursuivait à propos
des biens de la famille d'Esté, s'adressa par hasard à
Dupray de la Maheric. et celui-ci fut mis eu rapport
avec le caissier Dolamothe par le prince de Cro;'iy-
Chanel.
Les détournements datent, dit-on, de l'année 1857, et
ils ont pu se continuer jusqu'ea l8G5, On prétend que
Deiamothe est parvenu à les déguiser'au moyen (:e
près de deux cents faux en écriture et qu'il a même
contrefait quelquefois la signature du directeur du Sous-
Comptoir.. •
M* Henri Didier défendra le caissier Berthmré,
M* Lachaud est le défenseur de Dupray ta la Mabene,
M* îsieoîet doit intervenir au nom des parties civiles.
Nous tiendrons nos lecteurs au courant de ce'ta
affaire.
LE MOBILIER D'UNE INGÉNUE
Tribunal civil de la Seine (5* chambre), préside» c*
dcM.de Ponton d'Amécourt, audience du 18 a.jut.
Mil. LéonlineMassin est uue ingénue... du théâtre du
'Palais-BayaI: elle a dix-neuf ans. L'an d. riiier, une
lingère, Mlle Lion, lui n fait en quatre mois des fUl1rn¡-
tures de son état pour la somme de 1..V22 fr. 50 c. La
jeune actrice a paye un à-compte de 9-0 1'1'., mais elie
s'est laissée condamner par défaut , à la date du 3 avril
18GG pour le surplus. Le, Ir, lii;ii, cr. exécution de ce -
jugement, une saisie exécutoire c-st p ratiquée dans son
coquet appartement de la rue Mainte-Aune. L'lwi:oÚer
instrumentant nef d'ah'.rd sousja main de justice te
mobilier en vieux chêne sculpté de 1<1. le a!n:iMgur c
deux services de lubie aiiK initiales L. JI., l'un en ''res-
tal et l'autre en' porcelaine décorés à titets dorés; puis
il entre dans le salon et il y-saisit C mape, iaulen>chaises en palissapendule, bureiu Louis XV,
ca:idL'l.ibresJ tableaux et ;,r!a'.-cs a bi/.eaux: il ['l'an"UI
le seu'! de la clwnilire à coucher et il ajoute a son
pr&ces-verh.nt une chaise, longue, deu ; cottpcs, ces por-
tières en reps gris, deux !\¡lInJJeaIIX, un lapis et la 'a; l,}
de nuit.
Rien n'éehapp: à la visite minutieuse de l'oiTu-Icr
ministériel: il .pénètre .jusque dans le cabinet de toi-
lette de M»» Lu.Dnt.me Massin. et il y trouve un riche
butin : toilette en marbre bl.m", brosses en ivoire, eof-
fret en bois scu)p!e, chemises brodées, onze paires i!e
bas de soie, dix laies ¡['oi,(jl!er brodées et portant. !e
chiffre de la jeune ae!ri''e, six. cols, deux corsets en
soie, huit paires de e!taus.;ul'e,.:, deux manteaux de dn-j).
agrémentés /le' jah" trois cri ilolÜ:es. quatre chapeaux •
et une robe de chambre en cachemire garnie de scie
bleue La. vexte est-indiquée pour le 20 suivant , Ù'
l'!tù'el des comr.iissaires-prissurs, rue Hos>iiii. -Mais,,
dès le 18, lu père de la. partie saisie, M. Ma-ssiu, admi-
nistr,ileur légal de la personne et des biens de sa lii.e-
mineure. apparaît/ comme le Drus ex ma:lt ne. Il csf
fabricant de nécessaires. Il s'est empresse de le faire l'Il,
formant opposition au jugement par défaut 1111 3. avril
et en saisissant immédiatement le Tribiuial civil de
Seinu d'une demande en nullité de poursuites et enj
500 fr. de dommages-intéréls.
L'affaire est venue à l'audience de la cin<1UilP8
Chambre. ,
M. Massin. représenté par Me DerLrand-T-,tillet, avo-
cat, a soutenu .que sa tille, l-lée le Ili février lb-'t7,
n'avait pu, -.'t raison de sa minorité, s'obliger valahk-
ment. Les prétendues fournitures dont le payement est
réclamé ont-elles eu lieu rédlemcnt: Les pm porté-s- .
sur la facture de , la lingère ne sont-ils pas ail moins
fort exagères? En tous e.as^ le jugement par défaut t a
23 avril 180/.», -rendu contre une D1111l)UiC sans que son
père, administrateur légal de ses biens, ad été mis C'l
cause, est nul. Il doit tomber, ainsi que les poursuites
commencées pour l'exécuter; mais un préjudice (Jff-
taia est déjà résulte de la saisie du tli mai pour la.
jeune actrice. La réparation, inconleslablemc.nl CI.
[ ne saurait être inférieure à f)OO fr.
Alors les trois flotteurs aperçurent leur com-
pagnon qui essayait de se débarrasser des terri-
bles étreintes de l'homme qui se noyait, et de le
,}'èpècbcr sans se noyer lui-mème.
Et soudain, l'homme qui avait été au bagne
poussa un cri :
— C'est LUI 1 •
Puis il se jeta à l'eau, comme avait fait l'Etour-
Tieau po-ur aller au secours de l'homme qui se
noyait...
PONSON DU TERRAIL.
(La suite au prochain numéro.)
LE REVENANT
HISTOIRE DU TEMPS DE LOUIS XV
PAR
PONSON DU TERRAIL
Suite et fin (1)
XI
Ralph, avalant le contenu du poison, avait
'- 'Cu partir pour l'autre monde.
Hâ1ph se trompait.
~ . Le flacon ne renfermait qu'un narcotique, et
Voirie» numéros parus depuis le 12août.
le vicomte fut fort étonné de s'éveiller, au bout
de quelques heures, de se retrouver dans son lit
et de voir entrer par la fenêtre un rayon de
soleil. '
Une femme était aup.-b.s de 'u' et le regardai'
en souriant.
C'était Fulmen.
Non plus Fulnwn la trépassée Fulmen pâle,
le regard éteint, les lèvres décolorées, enve oppée
de son linceul; mais Fulmen jeune et belle,
l'œil étinoelant, la bouche fraîche et rouge, Ful-
men vêtue de cette jupe'écarlate et de ce corset'
de velours noir qu'elle portait au bal de l'Opéra,
où Ralph la poursuivait de ses protestations
d'amour.
Un moment le vicomte se crut déjà mort, déjà
dans l'autre monde; mais il reconnut bien vite la
chambre où il se trouvai^ et, à travers la fe-
nêtre, les grands arbres du parc de Roche-
Noire. •
Et puis Fulmen lui avait pris les mains et le
regardait en souriant; et là main de Fulmen était
tiède et non plus glacée, et Fulmen lui disait :
— Ah cher époux du ciel, nous pouvons nous
unir maintenant; car je suis sûre de toi; car, me
croyant morte, tu as voulu mourir, car tu" as ac-
cepté toutes les épreuves jusqu'à la dernière.
Rassure-toi donc, mon Ralph bien-aimé, Ful-
men n'est pas morte et n'a pas envie de mourir.
Fulmen veut .vivre longtemps, et t'aimer tou-
jours... i
Ra'ph. étourdi, contemplait Fulmen et sem -
blait ne pas comprendre.
Alors Fulmen frappa deux légers coups sur le
nrur : et cette porto par où elle entrait dans la
chambre de l'Ecossais, lorsqu'elle jouait son rôle
de fantôme,— cette porte s'ouvrit.,e1., de-plus en
plus étonné, le vicomte vit entrer Hermine etson
père, puis, derrière eux, un galant gentilhomme
dont la vue tui arracha un cri.
Ce gentilhomme avait coupé sa. grande barbe,
dépouillé le sarreau bleu et les guêtres de cuir
de Jean Denis, le braconnier, ce qui le rajeunis-
sait d'au moins dix: ans.
— Mon cher vicomte, dit le baron de Roche-
ivoire, laissez-moi vous présenter le marquis
Jean Denis de Maurevers, le' mari de ma nièce
Hermine, qui a bien voulu se prêter, ainsi que sa
femme, aux caprices de l'uulre monde de ma
bien-aimée fille unique Fulmen que voi'a!
Et Fulmen, souriant toujours et tenant toujours
dans les siennes la main de Ralph, ajouta :
— J'avais mis un gant en peau de serpent si
mince et si diaphane, qu'on ne l'aperceva'itpoint.
Voilà d'où est provenue cette sensation de froid
que je vous-ai causée. Mon cousin de Maurevers
s'était fait une tète de braconnier, et il avait fait
confectionner à Paris un homme en cire à son
image, que vous avez vu dans la bière.
Voilà comment, mon ami, avec peu de chose,
on arrive au fantastique, et comment d'un hom-
me sceptique et railleur, que vous étiez, on fait '
un homme qui croit aux revenants.
— Mais, sY-cria Ralph, qui recouvra enfin l'u-
sage de sa langue, M. de Maurevers m'expliquera,
j'imagine, comment il pare une balle... et par-
vient à disparaître sans même laisser la trace de'
ses pa's sur la neige.
— C'est fort simple, répondit le marq'ns. Vos-
pistolets n'étaient chargés qu'à poudre, et tan lis
que la famée vous environnai, j'ai bondi vers
sne branche d'arbre et me s-uis établi dessus à:
califourchon... *
Le vicomte fronçait le sourcil.
— Tout cela, murmura-t'-il, ressemble fort à
une mystification.
-—; Non, dit Fulmen, qui lui tendit son front
c'est, la suite de votre serment, mon ami. Vous
m'aviez juré de m'aimer au delà du tombeau, et
j'ai voulu savoir si vous tiendriez votre ser-
ment. , '
Maintenant, ie suis votre femme.
PONSON DU TERRAIL.
FIN.
L'ESPRIT DE TOUT LE MONDE
Le Grand Journal publie cette jolie nouvelle à !a
main :
Un mariage, à la veille d'être célébré, a été rompu
brusquement. Le futur qui ne fut jamais bien spirituel,
en est quasiment ahuri.
Interrogée sur le motif de cette rupture inattendue,
la mère de la fiancée a répondu sentencieusement :
^ Tous les gendres sont bons, hors le gendre enDuye'Jr» 1
au Courrier des Etats-Unis:
« Le steamer Geiieral Litlle a sauté cette
après-midi près de Bethleem.
. Les passagers rapportent qu'il faisait la course
avec le steamer Saint-Charles lorsquel'explosion
a eu lieu. Les deux bateaux étaient presque à se
toucher. Quinze ou dix-huit personnes ont péri.»
Nécrologie
M. Monge... le père Monge, dit la Gazette ws
Étrangers, le concierge-patriarctre - de l'Opéra, si
aimé des artistes et des habitués, a succombé à
l'hydropisie donti! était depuis longtemps at-
teint sans espoir de guérison. Son service funèbre
a été célébré à la petite église Saint-André.
M. Perrin, MM. Guillet, du Locle, Nuitter, le
régisseur général, le.chef de l'habillement, Vil-
laret, Faure, Obin, Castelmary, David, Caron,
avaient voulu assister à la cérémonie. La d-artse
était représentée par mesdames Fiore^i,'Annetta
Mérantc, Louise Marquet, Rust, Pilatté, banlaville.
Quelques habitués de l'orchestre s'étaient joints
au cortége funèbre.
Les choristes de l'Opéra ont chanté à l'église,
sous la direction de M. Deltlhaye; M. Duprat ac-
compagnait à l'orgue ; M. Grisy, second ténor, a
dit les solos.
VARIÉTÉS
D'après des données récentes cl qui paraissent exac-
tQR, le chiffre de La population juive sur le g-Johe e>t
d'environ 0,700,006 âmes, tout piès d'un tiersliahile la
Russie.
• Le temps est de l'argent, tel est l'épigraplfe d'un jour- .
nal de Sidney (Australie,)
Sur la porte du bureau, le visiteur est informé que
l'on ne peut parler au rédacteur sans avoir délié sa
bourse.
Voici quelles sont les conditions :
Les personnes qui désirent une audience sont invi-
tés à acheter un billet d'admission à la porte de la
salle d'attente.
1 heure 10 shillings.
112 heure ..' .... 6 shillings.
11-i heure 3 shillings.
Etc., etc. ]
Avis aux rédacteurs assiégés par les importuns. 1
On croit généralement que la construction des vais-
seaux cuirassés-est une invention toute moderne : aussi
pourra-t-on entendre parler avec intérêt d'une caraque
ou galère de guerre équipée par les chevaliers d°
Saint-Jean-de-,léI'Usalern, et décrite par liosio, l'histo-
Tien de l'ordre, laquelle avait élé blindée en plomb
pour la défendre contre les boulets.
Ce navire fut construit à ïsice en 1530, et faisait par-
tie de la grande escadre envoyée par l'empereur Char-
i les-Quint contre Tunis, afin de secourir contre le pirate
Barberousse Muley-IIassan détrône.
Le célèbre André Doria commandait l'expédition
Après un siége tie quelques jours. Tunis l'ut'eilluvée
d'assaut.
La caraque, nommée Sun ta-Aima, dut contribuer
beaucoup à la prise de la ville : elle avait, six ponts,
une nombreuse et puissante artillerie; son équipage se
.composait de trois cents hommes. Il y avait à bord une
chapelle spacieuse, une sainte-barbe, une salle de ré-
oeption et une boulangerie où l'on cuisait quotidien-
nement, ce qui, dit Bosio, permettait d'avoir sans cesse
du pain frais,
Mais, ce qu'il y avait de plus singulier dans sa cons-
truction, c'était sa cuirasse de plomb fixée par des bou-
lons d'airain, appareil auquel le chroniqueur attribue
la sécurité du navire, qui ne fut pas endommagé par
les projectiles , quoique souvent engagé dans l'action-
Une image de cette grande caraque se voit encore de
nos jours au milieu des anciennes fresques du palais
des Hospitaliers, à Rome.
Parlons de la moutarde au point de vue étymologi-
que, et ce ne sera certainement pas un de ses aperçus
les moins piquants.
Comme toujours, il y a quatre étymologies pour une,
quatre cloches poar un son, et, comme toujours, nous
laisserons au lecteur le soin de fixer son chou : j
t8 Mustum et ardeo, mots latins signifiant, le pre-
mier : moût, et le second : je brûle; — parce que la
moutarde, en effet, JJrùle, légèrement le palais, et est
faite avec du moût ;
2o Moustard ou Moutard, nom de ]'inven!cur ;
30 Moult et ai,d(-, , vieux mots français signifiant : qui
brûle beaucoup.
'\0 Moult me tarde, devise des anciens ducs de Bour-
gogne, qui se trouvait sur tous les petits pots qu'en
fournissait Dijoll,
L'antiquité delà moutarde est prouvée par un docu-
ment manuscrit du temps de Philippe le Bel (1285-1314),
qui en vante refu&aciic gastronomique.
LA CUEILLETTE
Un coup de ciseau dans VInternational:
Une jolie anecdote sur la belle duchesse de
Saint-Albans.
Elle n'était alors qu'unesimple actrice, gagnant
à peine, en travaillant beaucoup, trente shillings
par semaine. On l'aimait à cause de son talent
et de sa beauté. ,
A Liverpool, elle fit son apparition dans un
'-petit drame à sensation. Elle jou it le rôle '.'une
pauvre orpheline, Fans protection, sans amis, et
réduite à la plus grande misère.
Un marchand sans entrailles poursuit la pau-
vre fille pour dettes et veut la faire conduire en
prison, à moins qu'un ami se porte caution pour
elle.
— Alors, je n'ai plus d'espérance, s'écrie l'or-
pheline, je n'ai pas un seul ami dans ce monde!
—Quoi? fait le créancier, personne ne veut
répondre pour vous?
— Je vous ai dit que je n'ai pas un seul ami
sur cette terre, dit la pauvre fille en pleurant à
chaudes larmes.
« Au même instant, racontait !a duchesse de
Saint-Alban-, je vis un matelot s'élancer dans' le
parterre, de Li à l'orchestre, puis par dessus les
musiciens et, la rampe, (il, sauter d'un seul bond
jusque sur la scène à côte de moi. Il se préci-
pite sur l'acteur qui représentait le créancier, lui
tombe dessu- à coups de poing, puis il revient
vers moi en s'écriant :
— Vous avez un ami, mademoiselle, et cet
ami, c'est, mdi! Je me porte caution.
« Vous devez comprendre le tu:] ulte qui s'en-
suivit; le spectacle.était indescriptible; éclats de
rire, cris de terreur, hurlements du créancier.,
applaudissements des galeries supérieures, tout
cela fusait un vacarme incroyable. Mais lui,
mon sauveur, le protecteur de la pauvre orp e-
. line, était là immobile, les poings serrés, prêt à
s'élancer sur les récalcitrants. »
Ce brave matelot ne se décida à quitter la
scène que lorsque 1« directeur du théâtre fut ar-
rivé avec une !ias,'(\ de banknotes... de théâtre
sous le bras et qu il les eut déposés entre 1 s
mains de l'actrice en disant : v .
■— Mademoiselle, voilà de quoi pachetet* vos
dettes. »
Voici une anecdote toute d'actualité que nous trou-
vons dans le Pays, sous la signature d'Emile Gubo-
riau :
Le boutiquier parisien commence à douter
sérieusement de l'existence du lièvre de la plaine
Saint-Denis, cet illustre et fantastique lièvre
que 30,000 hommes armés jusqu'aux dents ont
infructueusement poursuivi pendant une ving-
taine d'années.
Ce n'est pas à un chasseur de 1866 qu'arri-
verait jamais la catastrophe de l'infortuné Mou-
tonnet.
Il avait pris un port d'armes, Moutonnet ; il
avait acheté tout un équipage de chasseur, mal-
gré les représentations de son épouse, et tous
les dimanches, suivi de son chien, entre Saint-
Denis et la Chapelle, il chassait.
Dix-sept dimanches de suite, il battit infruc-
tueusement la plaine, sans trouver prétexte à
brûler la poudre. Pas un merle dans les buis-
sons, pas un martin-pô: heur sur les bords du
canal, pas un moineau sur la chaussée. Le soir,
la nuit venant, il déchargeait t. istement son fu-
sil sur quelque citroui le isolée et rentrait ha-
rassé, l"e>:t.)mac,:mssi vide que le carni r.
* En sou pan t, il lui fallait encore essuyer les
railleries de sa femme, mais imperturbablement
il répond .it :
- — La prochaine fois, je serai plus heureux.
Le dix-huitième dimanche, en effet, sur les
cinq heures du soir, comme il rentrait bredouille,
voilà qu'à cent pas des fortifications il croit ouïr
quelque chose comme un gazouillement
Il lève la têle, il regarde, il ne s'est pas trom-
pé : un oiseau, un vrai, un vivant, bat des ailes
sur un cerisier voisin.
Plus ému que le criminel prêt à verser le sang
innocent, Moutonner, s'avance avec mille pré-
cautions, il ajuste, il fait feu! 0 bonheur ! le
gibier tombe mortellement atteint, et il a l'inef-
fable satisfaction de le ramasser.
Ivre de joie, il prend une voiture pour être
plus vite chez lui. Par avance, il savoure les fé-
lici-titions de son épouse. — * Bonne chasse!!J »
crie-t-il dès le se il.
I Aussitôt on procède à l'inspection du gibier.
Horreur et abomination ! Cet oiseau massacré
par Moutonnet, celte victime de son adresse,
c'est le sansonnet de M'"" Moutonnet, échappé
le matin même de sa ca^e, l'ingrat ! un sansonnet
sens pareil qui savait trois airs.
TRIBUNAUX
Cour d'assises de la Seine
VOLS NOMBREUX ET FAUX EN ÉCRITURE DE BANQUE COM-
MIS AU SOUS-COMPTOIR DES CHEMINS DE FER. — TROIS
ACCUSÉS.
Celte affaire, qui a causé (lès le début une grande
émotion dans le monde iina'ncier. doit être appelée
aujourd'hui lundi à la cour d'assises de_la Seine, pré-
sidée par M. le conseiller Portier. Les accusés, au
nombre de trois, sont Jiilus-J-ean-.laeques Delamolbe-
Borlliomé, Paul- Valen'lin Dupray de la Mahérie et Fran-
çois-Claude-Auguste de Crouy-Chanel. Ce dernier est
en fuite.
Delamolhe-Berthomé, caissier du Sous-Comptoir des
chemins dé fer, né à Paris, est âgé roe 61 ans; Dupray
de la Mahérie, né dans l'arrondissement de Coutances,
est âffe de 38 a ns, et îe princ., d • Crouy-Chanel, né à
Duisbou-cg, en Prusse, est Ù:;é de Ti ans.
Delamotlio est accusé de détournements et de faux
en écriture de banque ; les autres sont accuses de
comptif;i)e. Il paraît que le prince de Crouy-Chanel,
sous prétexte de suivre en Italie un procès par iequel
■il devait, disait-il, entrer en possession des b:cns de la
famille "d'Esté, siéqai;f ait avancer par Dclnmotl)e Cc»\
sommes considérables. Mais'les sommes les plus forces
que Delamolhe avait détournées de la caisse du Sous-
Comptoir avaient été versées entre les mains de Dupré
de ki Mahérie, imprimeur, engaçé dans de grandes
entreprise? commct'cmics. On dit que l'importance de
ces dernières sommes s'élève à plus de trois minions.
Le prince de CrollY Chanel, ayant eu à faire imprimer
des mémoires pour le procès qu'il poursuivait à propos
des biens de la famille d'Esté, s'adressa par hasard à
Dupray de la Maheric. et celui-ci fut mis eu rapport
avec le caissier Dolamothe par le prince de Cro;'iy-
Chanel.
Les détournements datent, dit-on, de l'année 1857, et
ils ont pu se continuer jusqu'ea l8G5, On prétend que
Deiamothe est parvenu à les déguiser'au moyen (:e
près de deux cents faux en écriture et qu'il a même
contrefait quelquefois la signature du directeur du Sous-
Comptoir.. •
M* Henri Didier défendra le caissier Berthmré,
M* Lachaud est le défenseur de Dupray ta la Mabene,
M* îsieoîet doit intervenir au nom des parties civiles.
Nous tiendrons nos lecteurs au courant de ce'ta
affaire.
LE MOBILIER D'UNE INGÉNUE
Tribunal civil de la Seine (5* chambre), préside» c*
dcM.de Ponton d'Amécourt, audience du 18 a.jut.
Mil. LéonlineMassin est uue ingénue... du théâtre du
'Palais-BayaI: elle a dix-neuf ans. L'an d. riiier, une
lingère, Mlle Lion, lui n fait en quatre mois des fUl1rn¡-
tures de son état pour la somme de 1..V22 fr. 50 c. La
jeune actrice a paye un à-compte de 9-0 1'1'., mais elie
s'est laissée condamner par défaut , à la date du 3 avril
18GG pour le surplus. Le, Ir, lii;ii, cr. exécution de ce -
jugement, une saisie exécutoire c-st p ratiquée dans son
coquet appartement de la rue Mainte-Aune. L'lwi:oÚer
instrumentant nef d'ah'.rd sousja main de justice te
mobilier en vieux chêne sculpté de 1<1. le a!n:iMgur c
deux services de lubie aiiK initiales L. JI., l'un en ''res-
tal et l'autre en' porcelaine décorés à titets dorés; puis
il entre dans le salon et il y-saisit C mape, iaulen>
ca:idL'l.ibresJ tableaux et ;,r!a'.-cs a bi/.eaux: il ['l'an"UI
le seu'! de la clwnilire à coucher et il ajoute a son
pr&ces-verh.nt une chaise, longue, deu ; cottpcs, ces por-
tières en reps gris, deux !\¡lInJJeaIIX, un lapis et la 'a; l,}
de nuit.
Rien n'éehapp: à la visite minutieuse de l'oiTu-Icr
ministériel: il .pénètre .jusque dans le cabinet de toi-
lette de M»» Lu.Dnt.me Massin. et il y trouve un riche
butin : toilette en marbre bl.m", brosses en ivoire, eof-
fret en bois scu)p!e, chemises brodées, onze paires i!e
bas de soie, dix laies ¡['oi,(jl!er brodées et portant. !e
chiffre de la jeune ae!ri''e, six. cols, deux corsets en
soie, huit paires de e!taus.;ul'e,.:, deux manteaux de dn-j).
agrémentés /le' jah" trois cri ilolÜ:es. quatre chapeaux •
et une robe de chambre en cachemire garnie de scie
bleue La. vexte est-indiquée pour le 20 suivant , Ù'
l'!tù'el des comr.iissaires-prissurs, rue Hos>iiii. -Mais,,
dès le 18, lu père de la. partie saisie, M. Ma-ssiu, admi-
nistr,ileur légal de la personne et des biens de sa lii.e-
mineure. apparaît/ comme le Drus ex ma:lt ne. Il csf
fabricant de nécessaires. Il s'est empresse de le faire l'Il,
formant opposition au jugement par défaut 1111 3. avril
et en saisissant immédiatement le Tribiuial civil de
Seinu d'une demande en nullité de poursuites et enj
500 fr. de dommages-intéréls.
L'affaire est venue à l'audience de la cin<1UilP8
Chambre. ,
M. Massin. représenté par Me DerLrand-T-,tillet, avo-
cat, a soutenu .que sa tille, l-lée le Ili février lb-'t7,
n'avait pu, -.'t raison de sa minorité, s'obliger valahk-
ment. Les prétendues fournitures dont le payement est
réclamé ont-elles eu lieu rédlemcnt: Les pm porté-s- .
sur la facture de , la lingère ne sont-ils pas ail moins
fort exagères? En tous e.as^ le jugement par défaut t a
23 avril 180/.», -rendu contre une D1111l)UiC sans que son
père, administrateur légal de ses biens, ad été mis C'l
cause, est nul. Il doit tomber, ainsi que les poursuites
commencées pour l'exécuter; mais un préjudice (Jff-
taia est déjà résulte de la saisie du tli mai pour la.
jeune actrice. La réparation, inconleslablemc.nl CI.
[ ne saurait être inférieure à f)OO fr.
Alors les trois flotteurs aperçurent leur com-
pagnon qui essayait de se débarrasser des terri-
bles étreintes de l'homme qui se noyait, et de le
,}'èpècbcr sans se noyer lui-mème.
Et soudain, l'homme qui avait été au bagne
poussa un cri :
— C'est LUI 1 •
Puis il se jeta à l'eau, comme avait fait l'Etour-
Tieau po-ur aller au secours de l'homme qui se
noyait...
PONSON DU TERRAIL.
(La suite au prochain numéro.)
LE REVENANT
HISTOIRE DU TEMPS DE LOUIS XV
PAR
PONSON DU TERRAIL
Suite et fin (1)
XI
Ralph, avalant le contenu du poison, avait
'- 'Cu partir pour l'autre monde.
Hâ1ph se trompait.
~ . Le flacon ne renfermait qu'un narcotique, et
Voirie» numéros parus depuis le 12août.
le vicomte fut fort étonné de s'éveiller, au bout
de quelques heures, de se retrouver dans son lit
et de voir entrer par la fenêtre un rayon de
soleil. '
Une femme était aup.-b.s de 'u' et le regardai'
en souriant.
C'était Fulmen.
Non plus Fulnwn la trépassée Fulmen pâle,
le regard éteint, les lèvres décolorées, enve oppée
de son linceul; mais Fulmen jeune et belle,
l'œil étinoelant, la bouche fraîche et rouge, Ful-
men vêtue de cette jupe'écarlate et de ce corset'
de velours noir qu'elle portait au bal de l'Opéra,
où Ralph la poursuivait de ses protestations
d'amour.
Un moment le vicomte se crut déjà mort, déjà
dans l'autre monde; mais il reconnut bien vite la
chambre où il se trouvai^ et, à travers la fe-
nêtre, les grands arbres du parc de Roche-
Noire. •
Et puis Fulmen lui avait pris les mains et le
regardait en souriant; et là main de Fulmen était
tiède et non plus glacée, et Fulmen lui disait :
— Ah cher époux du ciel, nous pouvons nous
unir maintenant; car je suis sûre de toi; car, me
croyant morte, tu as voulu mourir, car tu" as ac-
cepté toutes les épreuves jusqu'à la dernière.
Rassure-toi donc, mon Ralph bien-aimé, Ful-
men n'est pas morte et n'a pas envie de mourir.
Fulmen veut .vivre longtemps, et t'aimer tou-
jours... i
Ra'ph. étourdi, contemplait Fulmen et sem -
blait ne pas comprendre.
Alors Fulmen frappa deux légers coups sur le
nrur : et cette porto par où elle entrait dans la
chambre de l'Ecossais, lorsqu'elle jouait son rôle
de fantôme,— cette porte s'ouvrit.,e1., de-plus en
plus étonné, le vicomte vit entrer Hermine etson
père, puis, derrière eux, un galant gentilhomme
dont la vue tui arracha un cri.
Ce gentilhomme avait coupé sa. grande barbe,
dépouillé le sarreau bleu et les guêtres de cuir
de Jean Denis, le braconnier, ce qui le rajeunis-
sait d'au moins dix: ans.
— Mon cher vicomte, dit le baron de Roche-
ivoire, laissez-moi vous présenter le marquis
Jean Denis de Maurevers, le' mari de ma nièce
Hermine, qui a bien voulu se prêter, ainsi que sa
femme, aux caprices de l'uulre monde de ma
bien-aimée fille unique Fulmen que voi'a!
Et Fulmen, souriant toujours et tenant toujours
dans les siennes la main de Ralph, ajouta :
— J'avais mis un gant en peau de serpent si
mince et si diaphane, qu'on ne l'aperceva'itpoint.
Voilà d'où est provenue cette sensation de froid
que je vous-ai causée. Mon cousin de Maurevers
s'était fait une tète de braconnier, et il avait fait
confectionner à Paris un homme en cire à son
image, que vous avez vu dans la bière.
Voilà comment, mon ami, avec peu de chose,
on arrive au fantastique, et comment d'un hom-
me sceptique et railleur, que vous étiez, on fait '
un homme qui croit aux revenants.
— Mais, sY-cria Ralph, qui recouvra enfin l'u-
sage de sa langue, M. de Maurevers m'expliquera,
j'imagine, comment il pare une balle... et par-
vient à disparaître sans même laisser la trace de'
ses pa's sur la neige.
— C'est fort simple, répondit le marq'ns. Vos-
pistolets n'étaient chargés qu'à poudre, et tan lis
que la famée vous environnai, j'ai bondi vers
sne branche d'arbre et me s-uis établi dessus à:
califourchon... *
Le vicomte fronçait le sourcil.
— Tout cela, murmura-t'-il, ressemble fort à
une mystification.
-—; Non, dit Fulmen, qui lui tendit son front
c'est, la suite de votre serment, mon ami. Vous
m'aviez juré de m'aimer au delà du tombeau, et
j'ai voulu savoir si vous tiendriez votre ser-
ment. , '
Maintenant, ie suis votre femme.
PONSON DU TERRAIL.
FIN.
L'ESPRIT DE TOUT LE MONDE
Le Grand Journal publie cette jolie nouvelle à !a
main :
Un mariage, à la veille d'être célébré, a été rompu
brusquement. Le futur qui ne fut jamais bien spirituel,
en est quasiment ahuri.
Interrogée sur le motif de cette rupture inattendue,
la mère de la fiancée a répondu sentencieusement :
^ Tous les gendres sont bons, hors le gendre enDuye'Jr» 1
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