Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1866-08-07
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 août 1866 07 août 1866
Description : 1866/08/07 (N111). 1866/08/07 (N111).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47191672
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2017
LA PRESSE ILLUSTRÉE
JOURNAL QUOTIDIEN
, 5 cent. le numéro.
S cent. le numéro
ABONNEMENTS -r- Trois mois. Six mois. ujj an^
i Paris !i fr. 1 Ofr. " il ~
Départements. a lfl ,~1 .,
MARDI, 7 AOUT 1866. — No m.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 24, boulevard des Italiens.
ADMINISTRATION : 15, rué Breda.
COMBAT NAVAL EN VUE DE L'ILE DE LISSA, ENTRE LES FLOTTES AUTRICHIENNES ET ITALIENNES.
LES CONTES DU DRAPEAU
2e ÉPISODE
LA MÈRE MICHEL
PAR
PONSON DU TERRAIL
XV
Le faubourg était alors et il est encore aujour-
d'hui assez- semblable à une ville de province où
tout le monde se connaît. et dans laquelle une
nouvelle, bonne ou mauvaise, se propage avec la
rapidité de l'éclair.
Il y avait à peine une heure que le vieux père
Morin était arrivé, et déjà tout le monde savait
qu'au mépris de la promesse d'un sursis, le mal-
heureux bûcheron avait été guillotiné le ma-
tin.
Aussi le quartier avait-il pris une physionomie
menaçante. *
On s'était intéressé à Philibert, à cause de la
mère Michel et en haine du nouveau régime.
Aussi, lorsque la cantinière arriva, les murmu-
res d'indignation éctatérant-ils.
Quelques ouvriers crièrent aux armes.
Mais ia mère des compagnons retrouva alors
toute son autorité.
— Mes enfants, dit-elle, le moment n'est pas
encore venu. Du calme.... du calme !... L'heure
des représailles sonnera. Soyez-en sûrs.
Mais si on ne fit pas de barricades, si le peu-
Voir les numéros parus depuis Je 24 juillet.
pie ne courut pas aux armes, il n'en continua
pas moins à stationner par groupes nombreux dans
les rues pt dans les carrefours.
Quelques agents de police déguisés s'étaient
mêlés à la foule.
On les reconnut, et ils faillirent être écharpéf.
Vers le soir, l'autorité prévenue envoya un ba-
taillon camper sur la place de la Bastille.
Marne Toinette et Quille-en-Bois comprirent,
que, si les soldats entraient dans le faubourg, on
ne pourrait plus retenir les ouvriers et qu'une ba-
taille sanglante s'engagerait.
L'invalide et la mère des compagnons prirent
bravement un parti.
Ils allèrent sur la place de la Bastille, et par-
lementant avec les soldats, ils arrivèrent jusqu'au
commandant.
— Je réponds de tout, lui ditmame Toinette,si
vous me répondez, vous, que vos soldats ne !
quitteront pas leur campement. !
Le commandant était un homme intelligent, et
de plus un enfant de Paris.
Il savait de quelle popularité la mère des
compagnons jouissait parmi les ouvriers, et quelle
autorité elle avait sur eux.
Quille-en-Bois et mame Toinette retournèrent
dans le faubourg, et dissipèrent peu à peu les
rassemblements.
Puis la nuit vint, les c.ibarets se fermèrent,
l'etl'ervesccncc fut vaincue'par le sommeil et les
ouvriers rentrèrent chez eux.
Il ne resta plus chez marne Toinette que les
deux forgerons, Quille-en-Bois et Jean le man.
chot, le vieux père Morin qui pleurait son fils,
et la mère Michel, morne et sombre, sur les
joues brunies de laquelle roulaient deux grosses
larmes.
Elle n'espérait plus qu'une chose, — c'était
qu on lui rendit son fils.
Suzanne n'avait pas voulu se mettre au lit.
Elle était demeurée avec sa marraine dans la
salle basse du cabaret.
Vers minuit, on frappa doucement à la de-
vanture, qui était fermée depuis longtemps.
— Qui est là? demanda Quille-en-Bois.
— Ln ami, répondit-on.
Quille-en Bois ouvrit.
C'était le brillant officier de la garde natio-
nale, c'est-à-dire Coqueluche.
Il tenait un enfant par la main.
L'enfant de la mère Michel.
La cantinière ne poussa qu'un cri et prit son
enfant dans ses bras.
Quille-en-Bois ne reconnut pas Coqueluche
plus que la veille.
— Me-; ami:;, dit le faux vicomte de Montre-
vel, pardonnez-moi, pardonnez-nous. On nous a
trompés, on nous a trahis...
Il était fort ému en parlant ainsi.
— Tel que vous me voyez, dit-il, je suis allé à
Fontainebleau à franc étrier, porteur de la grâce
de Philibert. Le roi avait signé.
Je sui- arrivé trop tard. — un ordre parti de
Paris la veille m'avait devance.
Il y avait un tel accent de sincérité dans ses
paroles, que la mère Michel- lui tendit la main.
— Vous êtes un brave homme, dit-elle. Je
vois bien que vous avez fait, tout ce que vous
avez pu.
— Je vous rends votre enfant, dit Coqueluche,
et je suis chargé de vous remettre cent louis de
la part du roi.
S°ul, de toute la maison, le caniche de la can-
tiiiièro ne paraissait point partager la sympathie
gène rate.
] 1 avait grogné plusieurs fois, et l'enfant de
troupe avait été obligé de le faire taire.
— Donnez-moi un verre de vin, dit Coquelu-
che. Je meurs de soif. Le petit vous dira que
nous ne nous sommes pas arrêtés.
— C'est vrai, dit l'enfant, que Coqueluche
avait amené sur le coussinet de sa selle.
La mè e des compagnons souleva la trappe de
la cave qui se trouvait dans un.coin de la cui-
sine.
Puis elle prit l'unique chandelle qui se trou-
vait sur la table, pour descendre chercher du
vin.
Pendant cinq minutes, la salle basse demeura
dans l'obscurité.
Mais ces cinq minutes avaient suffi à Coque-
luche pour laisser tomber un portefeuille dans
l'escalier de la cave.
Ce portefeuille. il l'avait volé sur la table de
mademoiselle de Bernerie, la veille même, car
il continuait à visiter chaque jour M. de Vaux-
champs qui entrait en pleine convalescence.
Or,ce portefeuille m.uqué aux init.ia!es R... V...
contenait plusieurs lettres à l'adresse du colonel
et, en outre, une liste de conspirateurs et un
plan de conspiration.
Cette dernière pièce, comme on le pense bien,
était l'œuvre de Coqueluche et de Biribi.
Marne Toinette remonta avec deux bouteilles
de vieux vin.
JOURNAL QUOTIDIEN
, 5 cent. le numéro.
S cent. le numéro
ABONNEMENTS -r- Trois mois. Six mois. ujj an^
i Paris !i fr. 1 Ofr. " il ~
Départements. a lfl ,~1 .,
MARDI, 7 AOUT 1866. — No m.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 24, boulevard des Italiens.
ADMINISTRATION : 15, rué Breda.
COMBAT NAVAL EN VUE DE L'ILE DE LISSA, ENTRE LES FLOTTES AUTRICHIENNES ET ITALIENNES.
LES CONTES DU DRAPEAU
2e ÉPISODE
LA MÈRE MICHEL
PAR
PONSON DU TERRAIL
XV
Le faubourg était alors et il est encore aujour-
d'hui assez- semblable à une ville de province où
tout le monde se connaît. et dans laquelle une
nouvelle, bonne ou mauvaise, se propage avec la
rapidité de l'éclair.
Il y avait à peine une heure que le vieux père
Morin était arrivé, et déjà tout le monde savait
qu'au mépris de la promesse d'un sursis, le mal-
heureux bûcheron avait été guillotiné le ma-
tin.
Aussi le quartier avait-il pris une physionomie
menaçante. *
On s'était intéressé à Philibert, à cause de la
mère Michel et en haine du nouveau régime.
Aussi, lorsque la cantinière arriva, les murmu-
res d'indignation éctatérant-ils.
Quelques ouvriers crièrent aux armes.
Mais ia mère des compagnons retrouva alors
toute son autorité.
— Mes enfants, dit-elle, le moment n'est pas
encore venu. Du calme.... du calme !... L'heure
des représailles sonnera. Soyez-en sûrs.
Mais si on ne fit pas de barricades, si le peu-
Voir les numéros parus depuis Je 24 juillet.
pie ne courut pas aux armes, il n'en continua
pas moins à stationner par groupes nombreux dans
les rues pt dans les carrefours.
Quelques agents de police déguisés s'étaient
mêlés à la foule.
On les reconnut, et ils faillirent être écharpéf.
Vers le soir, l'autorité prévenue envoya un ba-
taillon camper sur la place de la Bastille.
Marne Toinette et Quille-en-Bois comprirent,
que, si les soldats entraient dans le faubourg, on
ne pourrait plus retenir les ouvriers et qu'une ba-
taille sanglante s'engagerait.
L'invalide et la mère des compagnons prirent
bravement un parti.
Ils allèrent sur la place de la Bastille, et par-
lementant avec les soldats, ils arrivèrent jusqu'au
commandant.
— Je réponds de tout, lui ditmame Toinette,si
vous me répondez, vous, que vos soldats ne !
quitteront pas leur campement. !
Le commandant était un homme intelligent, et
de plus un enfant de Paris.
Il savait de quelle popularité la mère des
compagnons jouissait parmi les ouvriers, et quelle
autorité elle avait sur eux.
Quille-en-Bois et mame Toinette retournèrent
dans le faubourg, et dissipèrent peu à peu les
rassemblements.
Puis la nuit vint, les c.ibarets se fermèrent,
l'etl'ervesccncc fut vaincue'par le sommeil et les
ouvriers rentrèrent chez eux.
Il ne resta plus chez marne Toinette que les
deux forgerons, Quille-en-Bois et Jean le man.
chot, le vieux père Morin qui pleurait son fils,
et la mère Michel, morne et sombre, sur les
joues brunies de laquelle roulaient deux grosses
larmes.
Elle n'espérait plus qu'une chose, — c'était
qu on lui rendit son fils.
Suzanne n'avait pas voulu se mettre au lit.
Elle était demeurée avec sa marraine dans la
salle basse du cabaret.
Vers minuit, on frappa doucement à la de-
vanture, qui était fermée depuis longtemps.
— Qui est là? demanda Quille-en-Bois.
— Ln ami, répondit-on.
Quille-en Bois ouvrit.
C'était le brillant officier de la garde natio-
nale, c'est-à-dire Coqueluche.
Il tenait un enfant par la main.
L'enfant de la mère Michel.
La cantinière ne poussa qu'un cri et prit son
enfant dans ses bras.
Quille-en-Bois ne reconnut pas Coqueluche
plus que la veille.
— Me-; ami:;, dit le faux vicomte de Montre-
vel, pardonnez-moi, pardonnez-nous. On nous a
trompés, on nous a trahis...
Il était fort ému en parlant ainsi.
— Tel que vous me voyez, dit-il, je suis allé à
Fontainebleau à franc étrier, porteur de la grâce
de Philibert. Le roi avait signé.
Je sui- arrivé trop tard. — un ordre parti de
Paris la veille m'avait devance.
Il y avait un tel accent de sincérité dans ses
paroles, que la mère Michel- lui tendit la main.
— Vous êtes un brave homme, dit-elle. Je
vois bien que vous avez fait, tout ce que vous
avez pu.
— Je vous rends votre enfant, dit Coqueluche,
et je suis chargé de vous remettre cent louis de
la part du roi.
S°ul, de toute la maison, le caniche de la can-
tiiiièro ne paraissait point partager la sympathie
gène rate.
] 1 avait grogné plusieurs fois, et l'enfant de
troupe avait été obligé de le faire taire.
— Donnez-moi un verre de vin, dit Coquelu-
che. Je meurs de soif. Le petit vous dira que
nous ne nous sommes pas arrêtés.
— C'est vrai, dit l'enfant, que Coqueluche
avait amené sur le coussinet de sa selle.
La mè e des compagnons souleva la trappe de
la cave qui se trouvait dans un.coin de la cui-
sine.
Puis elle prit l'unique chandelle qui se trou-
vait sur la table, pour descendre chercher du
vin.
Pendant cinq minutes, la salle basse demeura
dans l'obscurité.
Mais ces cinq minutes avaient suffi à Coque-
luche pour laisser tomber un portefeuille dans
l'escalier de la cave.
Ce portefeuille. il l'avait volé sur la table de
mademoiselle de Bernerie, la veille même, car
il continuait à visiter chaque jour M. de Vaux-
champs qui entrait en pleine convalescence.
Or,ce portefeuille m.uqué aux init.ia!es R... V...
contenait plusieurs lettres à l'adresse du colonel
et, en outre, une liste de conspirateurs et un
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