Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1866-07-31
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 31 juillet 1866 31 juillet 1866
Description : 1866/07/31 (N104). 1866/07/31 (N104).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47191605
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2017
LA PRESSE ILLUSTRÉE
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. le numéro.
S cent. le numéro.
ABONNEMENTS — Trois mois, Six mois. Un an.
Pons '• fr. fStr. IJSSfr.
Départements. G 11 û '3£
. MARDI, 31 JUILLET 1866. — N° 104.
BUREAUX D'ABONNEJtEKT : 24, boulevard des Italiens.
ADMINISTRATION : 15, rue Brcda.
I'Î'ALIR. — Batteries de i'armcc du Nord sur le b: de Garde. (La batterie est masquée par des abattis qui rendent 10 tir de l'ennemi incertain.)
LA GUERRE A VOL D'OISEAU
— Et moi aussi, j'ai mangé du cheval !
C'était en 1809, après la bataille d'Essling,
dans l'île de Lobau.
Mais il faut que je reprenne les choses d'un
peu pins loin.
En 1805, j'avais vingt et 110 ans et pre-
mier garçon chez le père Itichon, boulanger à
Bourg en Bresse. Bonne maison, bonne vill \
Mais la conscription ne regarde pas à ça.
« Numéro 25 » dit le maire. Quinze jours
npres, ma reuiJL; de route arriv;).. Nousnuhvs
B!'ecs:tns, nous sommes sJlirlos, quoiqu'un peu
pâles et un peu lents. Le gouvernement
avait résolu de faire de moi un cavalier. C'est
pourquoi je partis à pied pour le Milanais, où
se trouvait le dépôt du huitième régiment de
cuirassiers.
Au commencement, tout alla bien. Mes ca-
marades se moquaient de moi parce que je
disais : (t in,iiigei- la supe, » pour : « manger ~ ;
LES CONTES DU DRAPEAU
2e ÉPISODE
LA MÈRE MICHEL
PAR
PONSON DU TERRAIL
VIII
Cependant Philibert Jvlorin, qui ne se doutait
pas que cet excès de précaution qu'il avait eu
de décharger en l'air le fusil de Gobert, avant
de le lui rendre, pouvait lui devenir funeste, s 'c,,n
était retourné à sa hutte.
Le père Morin était dans un état lamen-
table.
— Seigneur Dieu ! murmurait-il, on nous
chassera de la forêt pour sùr. Vous verrez, ma
bonne femme...
— Mais, pourquoi vous chasserait-on? de-
manda la cantinière étonnée.
— Mais parce que Gobert nous en veut... et
qu'il est tout-puissant, au jour d'aujourd'hui. t
— Votre 1 il s pourtant ne le craint guère.
— Mon fil s a tort.
—N'avex-vous donc pas vu, dit l'enfant de
troupe, comme il est lfichc'?
En même temps il caressait le vaillant cani-
che qui avait fait un si mauvais parti au chien du
garde-chef.
— Il est lâche, c'est vrai, murmura le père
Voir li's numéros parus depuis le 2', JHH)et.
Morin qui ne se consolait pas de l'incartade de
son fils, mais il est très-bien avec le conserva-
teur, et il nous fera chasser.
— Mais, dit encore la cantinière, vous n'êtes
pas cependant employés parle gouvernement.
— Nous travaillons pour lui à la journée.
— Eh bien! dit maman Michel, vous travail-
lerez pour les particuliers.
—Oh! Seigneur Dieu ! fit le vieillard, voici
quarante ans que je passe dans la forêt, et vous
voulez que je m'en aille.
Et il eut deux grosses larmes sur ses joues
brunes et sèches comme du parchemin.
En ce moment, Philibert rentra.
— Mon père. dit-il, pourquoi vous tourmentez-
vous donc ainsi?
— Hais, mon garçon, dit le vieillard, tu ne
sais donc pas Ït quoi Lu t'es exposé !
Philibert haussa les épaules.
— Tu as maltraité un garde, continua le vie 1-
lard, et ce garde est notre ennemi. Il va porter
une plainte, c'est sùr.
— Eh bien ! il la portera.
— Et nous serons chassés...
— On nous chassera, je m'en moque!
— Mais que deviendrons-nous, malheureux?
— Nous irons à Paris. Là, il y a toujours du
travail.
Et Philibert ajouta d'un ton rude :
— Allons ! père, au lieu de trembler comme
ça, prenez votre cognée et votre bâton et alloJls-
nous-en coucher à la ferme de Marie-Made-
leine.
En même temps, il prit la cruche de vin et la
porta à ses lèvres.
Mais la cruche était vide.
— J'ai pourtant une soif d'enragé, mur-
mura-t-il.
Bah! nous trouverons à boire un coup aux
grottes d'Aspremont. Pour deux sous la Vipé-
rine nous versera un demi-verre d'eau-de-vie et
de l'eau par-dcssus le marché.
— La Vipérine! exclama le père Morin avec
un redoublement d'effroi.
— Eli bien ! oui, la Vipérine. Avez-vous aussi
peur de celle-IÙ, père ?
— Je crois bien que j'ai peur de tous ces bohé-
miens, murmura naïvement le vieillard.
— Vous avez peur de tout, vous, dit Philibert
d'un ton d'humeur.
Allons, m;)man, venez!
Et il prit la cantinière par le bras.
Mais celle-ci, d'un regard éloquent, lui montra
son fils.
L'enfant avait les-pieds tellement gonflés et
ensanglantés qu'il ne pouvait se tenir debout.
— Toi, mioche, dit Phil).bert, je te porterai.
— Oh! fit l'enfant dont la fierté se révolta.
Mais sa mère lui dit :
— Philibert est ton ancien. Au régiment, tu
lui aurais obéi. Allons ! laisse-toi faire!...
L'enfant ne résista plus. Philibert le chargea
sur son dos.
Le vieux couvrit soigneusement le feu et
ferma la hutte à l'aide d'une porte à claire-
voie.
Puis ils se mirent en route?
Nous l'avons dit, la nuit était claire, bien que
la lune ne fût pas levée encore.
Philibert connaissait, du reste, la forêt comme
sa poche. Il marcha devant et prit au plus courj,
c'est-à-dire qu'il descendit droit aux gorges
d'Asprèmont en disant :
— J'ai une soif d'enfer!
Le vieux lui dit cependant ;
. — Si tu m'en crois, tu endureras la soif une
demi-heure de plus, et nous irons par le plus
long à la ferme du grand Jacques. J'ai idée que,
si nous passons par les gorges, il nous arrivera
malheur.
- Vous êtes un fier trembleur, mon père, dit
Philibert. ^ ^ i
Et il continua à suivre le chemin qu'il a* ,
pris..-'
De la hutte aux gorges il n'y avait pas un qtïL.»
de lieue.
Bientôt, à travers les arbres, Philibert aperçut
une vive lumière sur les rochers.
Puis, passant et repassant devant cette lu-
mière, des silhouettes noires qui ressemblaient,
dans l'éloignement, à des ombres chinoises sur
un mur.
La lumière provenait d'un grand feu allumé
sur les rochers.
Autour de ce feu les bohémiens des grottes
dansaient et chantaient.
— Voilà des gens bien gais, murmura Phili-
bert, ils nous donneront à boire.
Et il se mit à gravir le sentier qui montait en
zigzags dans les roches.
Un homme se leva sur son passage :
— Tiens! dit-il, c'est Philibert Morin.
— Justement, camarade, répondit l'ancien
soldat qui reconnut un des bohémiens.
— Où vas-tu donc, Philibert?
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. le numéro.
S cent. le numéro.
ABONNEMENTS — Trois mois, Six mois. Un an.
Pons '• fr. fStr. IJSSfr.
Départements. G 11 û '3£
. MARDI, 31 JUILLET 1866. — N° 104.
BUREAUX D'ABONNEJtEKT : 24, boulevard des Italiens.
ADMINISTRATION : 15, rue Brcda.
I'Î'ALIR. — Batteries de i'armcc du Nord sur le b: de Garde. (La batterie est masquée par des abattis qui rendent 10 tir de l'ennemi incertain.)
LA GUERRE A VOL D'OISEAU
— Et moi aussi, j'ai mangé du cheval !
C'était en 1809, après la bataille d'Essling,
dans l'île de Lobau.
Mais il faut que je reprenne les choses d'un
peu pins loin.
En 1805, j'avais vingt et 110 ans et pre-
mier garçon chez le père Itichon, boulanger à
Bourg en Bresse. Bonne maison, bonne vill \
Mais la conscription ne regarde pas à ça.
« Numéro 25 » dit le maire. Quinze jours
npres, ma reuiJL; de route arriv;).. Nousnuhvs
B!'ecs:tns, nous sommes sJlirlos, quoiqu'un peu
pâles et un peu lents. Le gouvernement
avait résolu de faire de moi un cavalier. C'est
pourquoi je partis à pied pour le Milanais, où
se trouvait le dépôt du huitième régiment de
cuirassiers.
Au commencement, tout alla bien. Mes ca-
marades se moquaient de moi parce que je
disais : (t in,iiigei- la supe, » pour : « manger ~ ;
LES CONTES DU DRAPEAU
2e ÉPISODE
LA MÈRE MICHEL
PAR
PONSON DU TERRAIL
VIII
Cependant Philibert Jvlorin, qui ne se doutait
pas que cet excès de précaution qu'il avait eu
de décharger en l'air le fusil de Gobert, avant
de le lui rendre, pouvait lui devenir funeste, s 'c,,n
était retourné à sa hutte.
Le père Morin était dans un état lamen-
table.
— Seigneur Dieu ! murmurait-il, on nous
chassera de la forêt pour sùr. Vous verrez, ma
bonne femme...
— Mais, pourquoi vous chasserait-on? de-
manda la cantinière étonnée.
— Mais parce que Gobert nous en veut... et
qu'il est tout-puissant, au jour d'aujourd'hui. t
— Votre 1 il s pourtant ne le craint guère.
— Mon fil s a tort.
—N'avex-vous donc pas vu, dit l'enfant de
troupe, comme il est lfichc'?
En même temps il caressait le vaillant cani-
che qui avait fait un si mauvais parti au chien du
garde-chef.
— Il est lâche, c'est vrai, murmura le père
Voir li's numéros parus depuis le 2', JHH)et.
Morin qui ne se consolait pas de l'incartade de
son fils, mais il est très-bien avec le conserva-
teur, et il nous fera chasser.
— Mais, dit encore la cantinière, vous n'êtes
pas cependant employés parle gouvernement.
— Nous travaillons pour lui à la journée.
— Eh bien! dit maman Michel, vous travail-
lerez pour les particuliers.
—Oh! Seigneur Dieu ! fit le vieillard, voici
quarante ans que je passe dans la forêt, et vous
voulez que je m'en aille.
Et il eut deux grosses larmes sur ses joues
brunes et sèches comme du parchemin.
En ce moment, Philibert rentra.
— Mon père. dit-il, pourquoi vous tourmentez-
vous donc ainsi?
— Hais, mon garçon, dit le vieillard, tu ne
sais donc pas Ït quoi Lu t'es exposé !
Philibert haussa les épaules.
— Tu as maltraité un garde, continua le vie 1-
lard, et ce garde est notre ennemi. Il va porter
une plainte, c'est sùr.
— Eh bien ! il la portera.
— Et nous serons chassés...
— On nous chassera, je m'en moque!
— Mais que deviendrons-nous, malheureux?
— Nous irons à Paris. Là, il y a toujours du
travail.
Et Philibert ajouta d'un ton rude :
— Allons ! père, au lieu de trembler comme
ça, prenez votre cognée et votre bâton et alloJls-
nous-en coucher à la ferme de Marie-Made-
leine.
En même temps, il prit la cruche de vin et la
porta à ses lèvres.
Mais la cruche était vide.
— J'ai pourtant une soif d'enragé, mur-
mura-t-il.
Bah! nous trouverons à boire un coup aux
grottes d'Aspremont. Pour deux sous la Vipé-
rine nous versera un demi-verre d'eau-de-vie et
de l'eau par-dcssus le marché.
— La Vipérine! exclama le père Morin avec
un redoublement d'effroi.
— Eli bien ! oui, la Vipérine. Avez-vous aussi
peur de celle-IÙ, père ?
— Je crois bien que j'ai peur de tous ces bohé-
miens, murmura naïvement le vieillard.
— Vous avez peur de tout, vous, dit Philibert
d'un ton d'humeur.
Allons, m;)man, venez!
Et il prit la cantinière par le bras.
Mais celle-ci, d'un regard éloquent, lui montra
son fils.
L'enfant avait les-pieds tellement gonflés et
ensanglantés qu'il ne pouvait se tenir debout.
— Toi, mioche, dit Phil).bert, je te porterai.
— Oh! fit l'enfant dont la fierté se révolta.
Mais sa mère lui dit :
— Philibert est ton ancien. Au régiment, tu
lui aurais obéi. Allons ! laisse-toi faire!...
L'enfant ne résista plus. Philibert le chargea
sur son dos.
Le vieux couvrit soigneusement le feu et
ferma la hutte à l'aide d'une porte à claire-
voie.
Puis ils se mirent en route?
Nous l'avons dit, la nuit était claire, bien que
la lune ne fût pas levée encore.
Philibert connaissait, du reste, la forêt comme
sa poche. Il marcha devant et prit au plus courj,
c'est-à-dire qu'il descendit droit aux gorges
d'Asprèmont en disant :
— J'ai une soif d'enfer!
Le vieux lui dit cependant ;
. — Si tu m'en crois, tu endureras la soif une
demi-heure de plus, et nous irons par le plus
long à la ferme du grand Jacques. J'ai idée que,
si nous passons par les gorges, il nous arrivera
malheur.
- Vous êtes un fier trembleur, mon père, dit
Philibert. ^ ^ i
Et il continua à suivre le chemin qu'il a* ,
pris..-'
De la hutte aux gorges il n'y avait pas un qtïL.»
de lieue.
Bientôt, à travers les arbres, Philibert aperçut
une vive lumière sur les rochers.
Puis, passant et repassant devant cette lu-
mière, des silhouettes noires qui ressemblaient,
dans l'éloignement, à des ombres chinoises sur
un mur.
La lumière provenait d'un grand feu allumé
sur les rochers.
Autour de ce feu les bohémiens des grottes
dansaient et chantaient.
— Voilà des gens bien gais, murmura Phili-
bert, ils nous donneront à boire.
Et il se mit à gravir le sentier qui montait en
zigzags dans les roches.
Un homme se leva sur son passage :
— Tiens! dit-il, c'est Philibert Morin.
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