Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1866-06-10
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 10 juin 1866 10 juin 1866
Description : 1866/06/10 (N53). 1866/06/10 (N53).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4719111p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/11/2017
LA PRESSE ILLUSTRÉE
5 cent. le numéro. JOURNAL QUOTIDIEN 1 5 cent. le numéro.
ABONNEMENTS — Trois mois. Six mois. Un an.
P?ris 5 fr. 9 fr, ISfr.
Déparlements. « il et
DIMANCHE, 10 JUIN 1 866. — N° 53.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 24, boulevard des Italiens.
ADMINISTRATION : 15, rue Broda.
LES ROIS DE PRUSSE
L'histoire en compte sept,
tous soldats. I
« La Prusse, dit Michelet,
pauvre et sans barrières naturelles^v*
n'oppose à l'ennemi ni les canauxV
de la Hollande, ni les montagnes
de la Savoie ; elle n'en a pas moins
crû et grandi, pure création de
la politique et de la guerre, c'est-
a-dire de la volonté humaine
triomphant de la nature. »
Vers la fin de l'année 1700,
l'Empereur d'Allemagne manquait
de soldats et d'écus.
— Je mets les deux à votre ser-
vice, dit le duc de Prusse, mais
vous me reconnaîtrez pour roi!
Comme le duc était riche et
puissant, l'Empereur en passa par
où il voulut.
Alors, il créa l'ordre de l' Aigle
noir, et alla se faire couronner à
Kœnigsberg avec toute la pompe
imaginable, sous le nom de Fré- :
déric 1er.
Très-prodigue d'hommes et d'ar- <
gent, il laissa, quand il mourut,
son armée très-diminuée et ses
coffres tout à fait vides. ■ ' •
Son fils Frédéric-Guillaume passa,
son règne à ^emplir les coffres et à
' recruter des soldats. ,
C'était un soldat lui-nïeme, IF""" -
moins endurant des rois, mais sans
contredit le plus économe. En fait
de iuxe. il ne comprenait que celui
de la matière.
1.1 Il jour, il donna à sa femme un
cabinet dont tous les meubles
étaient d'or massif, jusqu'aux pom-
meaux des pelles et des pincettes.
— A la bonne heure ! disait-il;
voilà qui est riche, et l'art n'y entre
pour rien!
Tous les matins, le gros Frédé-
ric-Guillaume sortait à pied de son
palais, vêtu d'un méchant habit de
drap bleu à boutons de cuivre,
une grosse canne de sergent à la
■ main. Il passait la revue de son
régiment de géants. Le premier
rang était composé d'hommes dont
. S. M. GUILLAUME, ROI DE PitUbSE.
le plus petit avait sept pieds. Tl en
faisait venir de l'Asie au besoin.
La revue passée, le roi se pro-
menait par la ville, grondant et
morigénant chacun. S'il rencon-
trait une femme, il disait en levant
sa canne: — « Va-t'en chez -toi;
une honnête femme doit être dans
son ménage. »
Comme son fils était un bel es-
prit, un musicien, un philosophe,
il en conclutqu'il n'aimeraitjamais
les géants et le fit emprisonner.
Le jeune homme cria bien haut
contre la tyrannie du roi son père.
Mais, devenu roi lui-même, il
s'empressa de continuer sa tradi-
tion.
Il faut lire, dans Voltaire, le ré-
cit d'une journée du Grand Frédé-
ric.
Rien de plus intéressant.
Le roi se levait à cinq heures du
matin en été, à six en hiver.
« Si vous voulez savoir les céré-
monies royales de ce ]ever,{]ueJI.es
étaient les grandes et les petites
.entrées, quelles étaient les fonctions
du grand aumônier, du grand
chambellan, du premier gentil-
. homme de la chambre et des huis-
siers, je vous répondrai qu'un la-
quais venait allumer le feu et raser
le ro*l...- »
Au fond de la chambre, une ba-
lustrade d'argent. semblait fermer
1 estrade d'un dont on voyait les
rideaux. Lesrjdeaux tirés, on trou-
vait une bibliothèque. Frédéric
couchait sur un lit de sangle à un
seul matelas, derrière un para-
vent.
Quand sa majesté était habillée
et bottée, elle faisait venir deux ou
trois de ses pages ou de ses cadets.
On prenait du café.
Les affaires de l'État tenaient lo
roi jusqu'à onze heures. Il les trai-
tait toutes avec son premier minis-
tre ; ce premier ministre était un
commis à mille écus, qui logeait
au second étage d'un; maison voi-
sine du palais.
A onze heures, revue du régi-
ment des gardes; à midi. dîner en
famille; le roi se relirait à une
LES CONTES DU DRAPEAU
1er ÉPISODE
LES COSAQUES A PARIS
PAR
PONSON DU TERRAIL
Première partie
LA MÈRE DES COMPAGNONS
XXVIII
Le fou riait et pleurait tout à la fois en emportant mame Toi-
nette dans ses bras.
Et mame Toinette se sentait mourir...
Blaisot, le garçon cabaretier, qui apprêtait son lit pour se cou-
cher, fut fort étonné de voir paraitre un homme en haillons, au
cou duquel sa maîtresse à lui, Blaisot, avait jeté ses deux bras.
Blaisot était superstitieux.
Blaisot crut que c'était le diable, et il fut sur le point d'appeler
au secours.
Mais mame Toinette glissa des bras du fou et dit à Blaisot :
— Va te coucher. Laisse-nous causer, ce brave homme et moi.
Blaisot poussa la porte du petit cabinet qui se trouvait au fond
de la salle basse et s'y enferma.
Le fou ne riait plus, mais il pleurait.
— Oui, Toinette, disait-il, je me souviens, à présent... Je suis
Martial... Martial de Bernerie... et non pas Jean de Nivelle, comme
on m'appelle là-bas.
Voir les numéros parus depuis le t8 avril.
- Cet homme venait de couper une vitre avec ua diamant.
Je suis bien celui qui t'aiipait... et celui que tu aimais... c'est ton
tpère qui n'a pas voulu...
Mame Toinette regardait ce pauvre homme défiguré et qui
avait tant souffert que la vieillesse était venue pour lui avant l'â"e.
Elle s'était assise. Il demeurait debort devant elle.
La main sur son front, il rassemblait un àun les souvenirs épar!
que la folie avait obscurcis si longtemps.
— C'est les Russes qui m'ont mis en cet état,dit-il. Un coup de
sabre m'a fendu le crâne... J'ai été mort pendant longtemps... et
puis quand je suis revenu à moi, je ne me rappelais plus...
Pourquoi suis-je revenu à FOritenelle?
Je ne le sais pas. Un instinct me guidait... j'allais devant
moi toujours... j'allais.., j'allais...
Là, en arrivant, j'ai cru que je me souviendrais... un moment..',
le clocher du village... les maisons... le château... tout cela dan-
sait devant mes yeux et dans ma tête...
Mais la nuit ~'est faite de nouveau... je n'ai plus rien vu... je
ne me souvenais pas...
Comment ai-,e suivi ton père?Je ne saisi pas.
^ Lorsqu 'oii ! *a chassé du village, j'étais là, sur la place.
Il m avait toujours repoussé, lui... quand je me présentais à il
ferme... il ne voulait pas qu'on me donnât à manger... mais je
l'ai suivi, parce qu'il avait prononcé ton nom...
Je l'ai suivi de loin, d *abord. tant il était farouche. Une fois,
il s est retourné pour me chasser à coups de pierres.
Mais je l'ai suivi néanmoins...
Ver;, le soir, nous avons rencontré de mauvaises gens qui
l'ont arrèté et ont voulu lui prendre son argent.
.''avais un gros bàton, je m'en suis servi et je les ai mis en
fuite
Alors le vieux m'a tendu la main ; et nous avons fait routa
de compagnie
5 cent. le numéro. JOURNAL QUOTIDIEN 1 5 cent. le numéro.
ABONNEMENTS — Trois mois. Six mois. Un an.
P?ris 5 fr. 9 fr, ISfr.
Déparlements. « il et
DIMANCHE, 10 JUIN 1 866. — N° 53.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 24, boulevard des Italiens.
ADMINISTRATION : 15, rue Broda.
LES ROIS DE PRUSSE
L'histoire en compte sept,
tous soldats. I
« La Prusse, dit Michelet,
pauvre et sans barrières naturelles^v*
n'oppose à l'ennemi ni les canauxV
de la Hollande, ni les montagnes
de la Savoie ; elle n'en a pas moins
crû et grandi, pure création de
la politique et de la guerre, c'est-
a-dire de la volonté humaine
triomphant de la nature. »
Vers la fin de l'année 1700,
l'Empereur d'Allemagne manquait
de soldats et d'écus.
— Je mets les deux à votre ser-
vice, dit le duc de Prusse, mais
vous me reconnaîtrez pour roi!
Comme le duc était riche et
puissant, l'Empereur en passa par
où il voulut.
Alors, il créa l'ordre de l' Aigle
noir, et alla se faire couronner à
Kœnigsberg avec toute la pompe
imaginable, sous le nom de Fré- :
déric 1er.
Très-prodigue d'hommes et d'ar- <
gent, il laissa, quand il mourut,
son armée très-diminuée et ses
coffres tout à fait vides. ■ ' •
Son fils Frédéric-Guillaume passa,
son règne à ^emplir les coffres et à
' recruter des soldats. ,
C'était un soldat lui-nïeme, IF""" -
moins endurant des rois, mais sans
contredit le plus économe. En fait
de iuxe. il ne comprenait que celui
de la matière.
1.1 Il jour, il donna à sa femme un
cabinet dont tous les meubles
étaient d'or massif, jusqu'aux pom-
meaux des pelles et des pincettes.
— A la bonne heure ! disait-il;
voilà qui est riche, et l'art n'y entre
pour rien!
Tous les matins, le gros Frédé-
ric-Guillaume sortait à pied de son
palais, vêtu d'un méchant habit de
drap bleu à boutons de cuivre,
une grosse canne de sergent à la
■ main. Il passait la revue de son
régiment de géants. Le premier
rang était composé d'hommes dont
. S. M. GUILLAUME, ROI DE PitUbSE.
le plus petit avait sept pieds. Tl en
faisait venir de l'Asie au besoin.
La revue passée, le roi se pro-
menait par la ville, grondant et
morigénant chacun. S'il rencon-
trait une femme, il disait en levant
sa canne: — « Va-t'en chez -toi;
une honnête femme doit être dans
son ménage. »
Comme son fils était un bel es-
prit, un musicien, un philosophe,
il en conclutqu'il n'aimeraitjamais
les géants et le fit emprisonner.
Le jeune homme cria bien haut
contre la tyrannie du roi son père.
Mais, devenu roi lui-même, il
s'empressa de continuer sa tradi-
tion.
Il faut lire, dans Voltaire, le ré-
cit d'une journée du Grand Frédé-
ric.
Rien de plus intéressant.
Le roi se levait à cinq heures du
matin en été, à six en hiver.
« Si vous voulez savoir les céré-
monies royales de ce ]ever,{]ueJI.es
étaient les grandes et les petites
.entrées, quelles étaient les fonctions
du grand aumônier, du grand
chambellan, du premier gentil-
. homme de la chambre et des huis-
siers, je vous répondrai qu'un la-
quais venait allumer le feu et raser
le ro*l...- »
Au fond de la chambre, une ba-
lustrade d'argent. semblait fermer
1 estrade d'un dont on voyait les
rideaux. Lesrjdeaux tirés, on trou-
vait une bibliothèque. Frédéric
couchait sur un lit de sangle à un
seul matelas, derrière un para-
vent.
Quand sa majesté était habillée
et bottée, elle faisait venir deux ou
trois de ses pages ou de ses cadets.
On prenait du café.
Les affaires de l'État tenaient lo
roi jusqu'à onze heures. Il les trai-
tait toutes avec son premier minis-
tre ; ce premier ministre était un
commis à mille écus, qui logeait
au second étage d'un; maison voi-
sine du palais.
A onze heures, revue du régi-
ment des gardes; à midi. dîner en
famille; le roi se relirait à une
LES CONTES DU DRAPEAU
1er ÉPISODE
LES COSAQUES A PARIS
PAR
PONSON DU TERRAIL
Première partie
LA MÈRE DES COMPAGNONS
XXVIII
Le fou riait et pleurait tout à la fois en emportant mame Toi-
nette dans ses bras.
Et mame Toinette se sentait mourir...
Blaisot, le garçon cabaretier, qui apprêtait son lit pour se cou-
cher, fut fort étonné de voir paraitre un homme en haillons, au
cou duquel sa maîtresse à lui, Blaisot, avait jeté ses deux bras.
Blaisot était superstitieux.
Blaisot crut que c'était le diable, et il fut sur le point d'appeler
au secours.
Mais mame Toinette glissa des bras du fou et dit à Blaisot :
— Va te coucher. Laisse-nous causer, ce brave homme et moi.
Blaisot poussa la porte du petit cabinet qui se trouvait au fond
de la salle basse et s'y enferma.
Le fou ne riait plus, mais il pleurait.
— Oui, Toinette, disait-il, je me souviens, à présent... Je suis
Martial... Martial de Bernerie... et non pas Jean de Nivelle, comme
on m'appelle là-bas.
Voir les numéros parus depuis le t8 avril.
- Cet homme venait de couper une vitre avec ua diamant.
Je suis bien celui qui t'aiipait... et celui que tu aimais... c'est ton
tpère qui n'a pas voulu...
Mame Toinette regardait ce pauvre homme défiguré et qui
avait tant souffert que la vieillesse était venue pour lui avant l'â"e.
Elle s'était assise. Il demeurait debort devant elle.
La main sur son front, il rassemblait un àun les souvenirs épar!
que la folie avait obscurcis si longtemps.
— C'est les Russes qui m'ont mis en cet état,dit-il. Un coup de
sabre m'a fendu le crâne... J'ai été mort pendant longtemps... et
puis quand je suis revenu à moi, je ne me rappelais plus...
Pourquoi suis-je revenu à FOritenelle?
Je ne le sais pas. Un instinct me guidait... j'allais devant
moi toujours... j'allais.., j'allais...
Là, en arrivant, j'ai cru que je me souviendrais... un moment..',
le clocher du village... les maisons... le château... tout cela dan-
sait devant mes yeux et dans ma tête...
Mais la nuit ~'est faite de nouveau... je n'ai plus rien vu... je
ne me souvenais pas...
Comment ai-,e suivi ton père?Je ne saisi pas.
^ Lorsqu 'oii ! *a chassé du village, j'étais là, sur la place.
Il m avait toujours repoussé, lui... quand je me présentais à il
ferme... il ne voulait pas qu'on me donnât à manger... mais je
l'ai suivi, parce qu'il avait prononcé ton nom...
Je l'ai suivi de loin, d *abord. tant il était farouche. Une fois,
il s est retourné pour me chasser à coups de pierres.
Mais je l'ai suivi néanmoins...
Ver;, le soir, nous avons rencontré de mauvaises gens qui
l'ont arrèté et ont voulu lui prendre son argent.
.''avais un gros bàton, je m'en suis servi et je les ai mis en
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