Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-07-17
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 17 juillet 1870 17 juillet 1870
Description : 1870/07/17 (A5,N1550). 1870/07/17 (A5,N1550).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4718371b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/11/2017
LA PETITE PRESSE
5 cent.-le numéro.
JOURNAL QUOTIDIEN .-
.. 5 cent. le numéro. ,
ABONNEMENTS.— Trolsmnts *r^Tfa
Paris 5 fr. 9 fr. /Ww-
. Départements 6 Administrateur: Bourdilli^t* / r»
i A- ' S F
'S^unée — DIMANCHE 17 JUIU.ET 1870 — N* 1550
<■Mdaetenrm thef: A. DE BA.LA.TFÎrKR-BRAG S LONSFÏ
BUREAUX D"AnoNNErvŒ.:'H: $, rsaeStooitot
ADMINISTRATION: 13, QUAI Voltaire.
LE SORT EN EST JETÉ
Atea jacta est; Demain, aujourd'hui mÔ^ ,;
me peut-être nos braves soldats vont ver-
ser leur sang pour les intérêts de la patrie
et pour son honneur, plus précieux et plus
oher que ses intérêts à une nation comme
la. nôtre. Nous sommes tranquilles : la for-
tene de la France est en bonnes mains.
Inutile de dire que la Petite Presse suivra,
pour ainsi dire, pas à pas notre armée et
qu'elle tiendra religieusement ses lecteurs
au courant de tous les faits de guerre et de
tous les événements dont la publicité ne
sera pas de nature à compromettre les opé-
rations de notre armée.
Et maintenant, c'est à la poudre de par-
ier.
PARIS, 16 JUILLET 1870
LA GUERRE
LE RHIN FRANÇAIS
Hier, on était divisé. Les uns tenaient
pour la paix, les autres voulaient la guerre;
chacun, ayant interrogé sa conscience, avait
. le droit de dire ce qu'il croyait le meilleur
au point de vue de l'honneur de la France
et de l'avenir de ses idées.
Aujourd'hui, toute division tombe. Les
opinions les plus diverses se réunissent else
confondent dans un sentiment commun :
l'amour de la patrie.
Quelque soit le jugement que l'on porte
sur la guerre, à quelque parti que l'on ap-
partienne, il suffit que nos soldats entrent
en campagne pour qu'on réserve son juge-
ment et qu'il n'y ait plus qu'un parti et
qu'un drapeau.
Rappelez-vous le mouvement de Barbes,
1 prisonnier à Belle-Isle. Au mois de septem- i
bre>85{, Jiu commencement de la guerre de
reçoit une lettre d'un de ses amis,
iHùi répond de son cachot :
« Je suis heureux de te voir dans les sen-
timents que tu m'exprimjs. Si tu es affecté
de chauvinisme parce que tu ne fais pas de
vœux pour les Russes, je suis encore plus
chauvin que toi, car j'ambitionne des vic-
toires pour nos Français. Oui! oui! qu'ils
battent bien là-bas les Cosaques, et ce sera
autant de gagné pour la cause de la civilisa, i
tion et du monde! Comme toi, j'aurais dé-
siré que nous n'eussions pas la guerre; mais
puisque l'épée est tirée, il est nécessaire
qu'elle ne rentre pas dans Je fourreau sans
gloire. Cette gloire profitera à la nation, qui
en a besoin plus que personne. Depuis Wa-
terloo nous sommes les vaincus de l'Europe,
et, pour faire quelque chose de bon, même
chez nous, je crois qu'il est utile de montrer
aux étrangers que nous savons manger de la
poudre. Je plains notre parti, s'il en est qui
pensent autrement. Hélas! il ne nous man-
querait plus que de perdre le sens moral
après avoir perdu tant de choses! - Bar-
bés. »
Eh bien! c'est cela. Depuis Sébastopol et
Solférino, il est vrai, nous n'étions plus les
vaincus de l'Europe; mais l'Europe, depuis
Sadowa, semblait être la vaincue de la
Prusse. Cette situation devait-elle êlre chan-
gée parle progrès des idées ou par la force
des armes? Il est inutile de se le demander
aujourd'hui.
La guerre est déclarée : tous les Français
doivent avoir le cœur et les sentiments de
Barbes.
« Nous sommes allés ce matin, Saint-Just
et moi, visiter une de ces hautes montagnes,
au sommet de laquelle est un vieux fort
ruiné placé sur un rocher à pic. Là, nous
éprouvâmes tous les deux, en promenant
nos regards sur les alentours, un sentiment
délicieux. C'est le seul jour où nous ayons
eu un moment de repos. »
Ainsi écrivait le conventionnel Lebas, en
mission à l'armée du Rhin.
Ces hommes, si grands par l'action, étaient
simples. Entre la marche forcée de la veille
et la bataille du lendemain, ils s'arrêtaient
en face de la nature et lui demandaient une
hejJJ'e d'apaisement. Ils n'interrogeaient ni
l'horizon, ni l'histoire ; ils ne demandaient
ni le nom de cette ville là-bas sur le fleuve,
ni celui de ce château là-haut derrière les
sapins. Non. Ils prenaienl un bain d'air, de
lumière et d'espace. Puis ils descendaient
reposés.
*
Aujourd'hui, quand nous visitons une des
montagnes qui dominent le Rhin, le paysage
nous attire d'abord, comme il attirait Saint-
Just et Lebas; mais à l'émotion succède un
autre sentiment. Après avoir vu, nous aimons
à nous souvenir. L'imagination est surtout
faite de mémoire; elle se p1att à faire revivre
les hommes qui sont morts et à redonner
leur premier aspect aux ruines qui tom-
bent.
— Regardons!
A nos pieds passe le Rhin, qui va des
Alpes Suisses aux sables Hollandais, portant
à l'Océan les eaux de sa source et de douze
cenls rivières...
Le Rhin, qu'on appelle Allemand à droite
et Français à gauche.
Le soleil vient de se lever ; mais il n'a pas
encore dissipé le brouillard léger qui recou-
vre le fleuve.
De ce brouillard s'élèvent tour à tour les
grandes ligures que la légende a dorées,
que l'histoire a décrites...
C'est Jules César, tête nue sous la bise,
en avant d'une légion. Le vent soulève son
manteau de pourpre. Son bras nu, sortant
à demi de la manche frangée d'or de sa tu- (
nique, indique le fleuve qu'il faut traverser.
C'est Charlemagne, en tunique de lin, une
veste de peau de loutre sur les épaules, en-
touré de ses douze pairs.
Il disparaît; l'Empire passe des Francs
aux Germains; le Rhin devient Allemand.
Mais voici François Ier, Henri IV, Riche-
lieu, le regard fixé sur le même point, pour-
suivant une œuvre commune.
«
Le grand Condé tourne vers les soldats
de vingt ans qui le suivent son vjs'tge au
profil d'aigle. Il tient à la main le tâ'on de
commandement qu'il jettera par dessus les
défenses de Fribourg, certain que ces jeunes
gens iront le ramasser.
Ces vieilles bandes sont celles de Turenne ;
nous leur devons l'Alsace.
CetLe file de carrosses et de cavaliers, c'est
la cour de Louis XIV allant assiéger les vil-
les des Pays-Bas.
Ce seigneur, en voiture de gala, c'est le
duc de Richelieu, qui se rend en ambassade
à Vienne.
Ce vieux soldat, en carriole d'osier, c'est
le maréchal de Saxe, qui inspecte son camp.
Encore un intervalle!
/
Encore des uniformes!
Ce jeune homme, en habil bleu, auxépao-
lettes d'or noircies, aux longs cheveux châ-
tains, aux yeux'noirs, s'appelle Hoche.
Ce hussard de vingt-cinq ans, au doux vi-
sage encadré de cadeneltes blondes, se
nomme Marceau...
Hoche et Marceau, les plus jeunes et les
plus pures de nos gloires militaires!
Merlin de Thionville, ceint de l'écharpe
de représentant du peuple, un sabre au côté,
à cheval, commande le défilé de la garnison
de Mayence.
Jourdan regarde en face les cent canoaa
qui semblent lui défendre le passage étt
i Rhin. Bah ! il passera tout de même.
i Moreau, dans un sentier de la forêt Noire,
cause avec Gouvion-Saint-Cyr.
Un homme, en uniforme vert, penché s.r
le cou d'un cheval blanc, regarde passer «les
régiments.
L'homme, c'est Napoléon ; les régiiueuta
portent un nom commun : la Grande-Armée.
i
La grande armée fut vaincue.
Depuis, les fils ont pris la revanche «es
pères. Nos soldats ont battu les Russes ea
Crimée, les Autrichiens en Italie; ils vent.
se rencontrer sur le Rhin avec îts Prus-
siens. Il faut saluer leur départ, et répéter
les vers du Sergent de Béranger ï
Que sont-ils devenue, dit cet homme hurulque,
Aux bords du Rhin, à Jemmapes, a Fleuras,
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
CXI
M. Ascott était un homme de sang-froid.
ICi
— Donnez-moi donc la lettre, Bob, dit-il.
Il se mit à relire le billet écrit par M. Pat-
terson.
— J'ai voulu me rendre compte d'une chose,
dit-il; du plus ou moins de fermeté do l'écri-
ture.
. Or, elle est un peu tremblée.
— Preuve, dit sir Edmund, que M. Patter-
son a écrit sous le coup d'une vive émotion.
— Très-vive certainement, car M. Patterson
est un homme qui ne s'effraye pas facile-
ment.
— Pourvu qu'on ne l'ait pas tué! dit Bob,
qui frissonnait de plus en plus.
— Mes bons amis, dit alors M. Ascott, il ne
s'agit pas, en ce moment, de perdre la tête.
Il faut, au contraire, raisonner et prendre une
résolution.
— Laquelle? fit sir Edmund.
— Vous n'avez plus aucun doute, n'est-ce
pas, sur la situation de M. Patterson?
— Oui.
— Il est certain, dit Bob, qu'il est aux
mains de l'homme gris.
— Ou d'un parti de fénians quelconque,
fit sir Edmund.
— Mais alors, dit M. Ascott, l'homme qui
sort d'ici n'est pas M. Bury?
— Assurément, non.
— C'est ce qu'il faut savoir.
— Comineat?
— Par le télégraphe. Je vais adresser une
dépêche à M. Bury, à Glascow. Si M. Bury
ne répond pas, c'est qu'il est à Londres.
— Je ne suis pas de votre avis, observa res-
pectueusement sir Edmund.
— Pourquoi cela?
— Vous allez voir. De deux choses l'une, —
ou l'homme qui sort d'ici est bien M..Bury,
ou c'est un imposteur qui prend son nom, de
concert avec ceux qui ont dicté cette lettre.
— Bien.
— Dans le premier cas, M. Bury nous aurait
trahis.
— Cela est certain.
— Dans le second, il faut éviter de donner
l'éveil à nos ennemis, si nous voulons leur
arracher M. Patterson.
— Cependant il faut savoir à quoi s'en tenir.
— Sans doute.
— Comment, alors?
— Je vais partir ce soir. Demain, à'midi,
je serai à Glascow, et à quatre heures au plus
tard, vous aurez une dépêche chiffrée de moi.
* — Il sera trop tard, dit Bob.
— Pourquoi donc ?
— Parce que vous avez, monsieur Ascott;
pris rendez-vous pour demain matin avec le
prétendu M. Bury.
— Bon!
— Et que vous lui avez promis un chèque
de trente mille livres.
— Cela ne fait absolument rien, dit sir Ed-
mund.
Bob fit un soubresaut sur sa chaise.
— Comment! s'écria-t-il, vous donneriez
une pareille somme à un homme qU!... - ma re-
tenant nous en sommes sûrs, — est un aguat.
de l'homme gris?
Sir Edmund se prit à sourire.
— Vous oubliez une chose. Bob.
— Laquelle? monsieur.
— Vous oubliez que lorsqu'un chèque est da
cette impor kince, la Banque paye à un jour ëe
vue.
— Ah! c'est jusle, dit Bob en respirant.
— Eh bien ! M. Ascott donne le chèque.
— Fort bien !
— La baaque à qm oa te préseûte tr;iuti
Voir fe jrçmçn» 0* 12 juin m»-
5 cent.-le numéro.
JOURNAL QUOTIDIEN .-
.. 5 cent. le numéro. ,
ABONNEMENTS.— Trolsmnts *r^Tfa
Paris 5 fr. 9 fr. /Ww-
. Départements 6
i A- ' S F
'S^unée — DIMANCHE 17 JUIU.ET 1870 — N* 1550
<■Mdaetenrm thef: A. DE BA.LA.TFÎrKR-BRAG S LONSFÏ
BUREAUX D"AnoNNErvŒ.:'H: $, rsaeStooitot
ADMINISTRATION: 13, QUAI Voltaire.
LE SORT EN EST JETÉ
Atea jacta est; Demain, aujourd'hui mÔ^ ,;
me peut-être nos braves soldats vont ver-
ser leur sang pour les intérêts de la patrie
et pour son honneur, plus précieux et plus
oher que ses intérêts à une nation comme
la. nôtre. Nous sommes tranquilles : la for-
tene de la France est en bonnes mains.
Inutile de dire que la Petite Presse suivra,
pour ainsi dire, pas à pas notre armée et
qu'elle tiendra religieusement ses lecteurs
au courant de tous les faits de guerre et de
tous les événements dont la publicité ne
sera pas de nature à compromettre les opé-
rations de notre armée.
Et maintenant, c'est à la poudre de par-
ier.
PARIS, 16 JUILLET 1870
LA GUERRE
LE RHIN FRANÇAIS
Hier, on était divisé. Les uns tenaient
pour la paix, les autres voulaient la guerre;
chacun, ayant interrogé sa conscience, avait
. le droit de dire ce qu'il croyait le meilleur
au point de vue de l'honneur de la France
et de l'avenir de ses idées.
Aujourd'hui, toute division tombe. Les
opinions les plus diverses se réunissent else
confondent dans un sentiment commun :
l'amour de la patrie.
Quelque soit le jugement que l'on porte
sur la guerre, à quelque parti que l'on ap-
partienne, il suffit que nos soldats entrent
en campagne pour qu'on réserve son juge-
ment et qu'il n'y ait plus qu'un parti et
qu'un drapeau.
Rappelez-vous le mouvement de Barbes,
1 prisonnier à Belle-Isle. Au mois de septem- i
bre>85{, Jiu commencement de la guerre de
reçoit une lettre d'un de ses amis,
iHùi répond de son cachot :
« Je suis heureux de te voir dans les sen-
timents que tu m'exprimjs. Si tu es affecté
de chauvinisme parce que tu ne fais pas de
vœux pour les Russes, je suis encore plus
chauvin que toi, car j'ambitionne des vic-
toires pour nos Français. Oui! oui! qu'ils
battent bien là-bas les Cosaques, et ce sera
autant de gagné pour la cause de la civilisa, i
tion et du monde! Comme toi, j'aurais dé-
siré que nous n'eussions pas la guerre; mais
puisque l'épée est tirée, il est nécessaire
qu'elle ne rentre pas dans Je fourreau sans
gloire. Cette gloire profitera à la nation, qui
en a besoin plus que personne. Depuis Wa-
terloo nous sommes les vaincus de l'Europe,
et, pour faire quelque chose de bon, même
chez nous, je crois qu'il est utile de montrer
aux étrangers que nous savons manger de la
poudre. Je plains notre parti, s'il en est qui
pensent autrement. Hélas! il ne nous man-
querait plus que de perdre le sens moral
après avoir perdu tant de choses! - Bar-
bés. »
Eh bien! c'est cela. Depuis Sébastopol et
Solférino, il est vrai, nous n'étions plus les
vaincus de l'Europe; mais l'Europe, depuis
Sadowa, semblait être la vaincue de la
Prusse. Cette situation devait-elle êlre chan-
gée parle progrès des idées ou par la force
des armes? Il est inutile de se le demander
aujourd'hui.
La guerre est déclarée : tous les Français
doivent avoir le cœur et les sentiments de
Barbes.
« Nous sommes allés ce matin, Saint-Just
et moi, visiter une de ces hautes montagnes,
au sommet de laquelle est un vieux fort
ruiné placé sur un rocher à pic. Là, nous
éprouvâmes tous les deux, en promenant
nos regards sur les alentours, un sentiment
délicieux. C'est le seul jour où nous ayons
eu un moment de repos. »
Ainsi écrivait le conventionnel Lebas, en
mission à l'armée du Rhin.
Ces hommes, si grands par l'action, étaient
simples. Entre la marche forcée de la veille
et la bataille du lendemain, ils s'arrêtaient
en face de la nature et lui demandaient une
hejJJ'e d'apaisement. Ils n'interrogeaient ni
l'horizon, ni l'histoire ; ils ne demandaient
ni le nom de cette ville là-bas sur le fleuve,
ni celui de ce château là-haut derrière les
sapins. Non. Ils prenaienl un bain d'air, de
lumière et d'espace. Puis ils descendaient
reposés.
*
Aujourd'hui, quand nous visitons une des
montagnes qui dominent le Rhin, le paysage
nous attire d'abord, comme il attirait Saint-
Just et Lebas; mais à l'émotion succède un
autre sentiment. Après avoir vu, nous aimons
à nous souvenir. L'imagination est surtout
faite de mémoire; elle se p1att à faire revivre
les hommes qui sont morts et à redonner
leur premier aspect aux ruines qui tom-
bent.
— Regardons!
A nos pieds passe le Rhin, qui va des
Alpes Suisses aux sables Hollandais, portant
à l'Océan les eaux de sa source et de douze
cenls rivières...
Le Rhin, qu'on appelle Allemand à droite
et Français à gauche.
Le soleil vient de se lever ; mais il n'a pas
encore dissipé le brouillard léger qui recou-
vre le fleuve.
De ce brouillard s'élèvent tour à tour les
grandes ligures que la légende a dorées,
que l'histoire a décrites...
C'est Jules César, tête nue sous la bise,
en avant d'une légion. Le vent soulève son
manteau de pourpre. Son bras nu, sortant
à demi de la manche frangée d'or de sa tu- (
nique, indique le fleuve qu'il faut traverser.
C'est Charlemagne, en tunique de lin, une
veste de peau de loutre sur les épaules, en-
touré de ses douze pairs.
Il disparaît; l'Empire passe des Francs
aux Germains; le Rhin devient Allemand.
Mais voici François Ier, Henri IV, Riche-
lieu, le regard fixé sur le même point, pour-
suivant une œuvre commune.
«
Le grand Condé tourne vers les soldats
de vingt ans qui le suivent son vjs'tge au
profil d'aigle. Il tient à la main le tâ'on de
commandement qu'il jettera par dessus les
défenses de Fribourg, certain que ces jeunes
gens iront le ramasser.
Ces vieilles bandes sont celles de Turenne ;
nous leur devons l'Alsace.
CetLe file de carrosses et de cavaliers, c'est
la cour de Louis XIV allant assiéger les vil-
les des Pays-Bas.
Ce seigneur, en voiture de gala, c'est le
duc de Richelieu, qui se rend en ambassade
à Vienne.
Ce vieux soldat, en carriole d'osier, c'est
le maréchal de Saxe, qui inspecte son camp.
Encore un intervalle!
/
Encore des uniformes!
Ce jeune homme, en habil bleu, auxépao-
lettes d'or noircies, aux longs cheveux châ-
tains, aux yeux'noirs, s'appelle Hoche.
Ce hussard de vingt-cinq ans, au doux vi-
sage encadré de cadeneltes blondes, se
nomme Marceau...
Hoche et Marceau, les plus jeunes et les
plus pures de nos gloires militaires!
Merlin de Thionville, ceint de l'écharpe
de représentant du peuple, un sabre au côté,
à cheval, commande le défilé de la garnison
de Mayence.
Jourdan regarde en face les cent canoaa
qui semblent lui défendre le passage étt
i Rhin. Bah ! il passera tout de même.
i Moreau, dans un sentier de la forêt Noire,
cause avec Gouvion-Saint-Cyr.
Un homme, en uniforme vert, penché s.r
le cou d'un cheval blanc, regarde passer «les
régiments.
L'homme, c'est Napoléon ; les régiiueuta
portent un nom commun : la Grande-Armée.
i
La grande armée fut vaincue.
Depuis, les fils ont pris la revanche «es
pères. Nos soldats ont battu les Russes ea
Crimée, les Autrichiens en Italie; ils vent.
se rencontrer sur le Rhin avec îts Prus-
siens. Il faut saluer leur départ, et répéter
les vers du Sergent de Béranger ï
Que sont-ils devenue, dit cet homme hurulque,
Aux bords du Rhin, à Jemmapes, a Fleuras,
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
CXI
M. Ascott était un homme de sang-froid.
ICi
— Donnez-moi donc la lettre, Bob, dit-il.
Il se mit à relire le billet écrit par M. Pat-
terson.
— J'ai voulu me rendre compte d'une chose,
dit-il; du plus ou moins de fermeté do l'écri-
ture.
. Or, elle est un peu tremblée.
— Preuve, dit sir Edmund, que M. Patter-
son a écrit sous le coup d'une vive émotion.
— Très-vive certainement, car M. Patterson
est un homme qui ne s'effraye pas facile-
ment.
— Pourvu qu'on ne l'ait pas tué! dit Bob,
qui frissonnait de plus en plus.
— Mes bons amis, dit alors M. Ascott, il ne
s'agit pas, en ce moment, de perdre la tête.
Il faut, au contraire, raisonner et prendre une
résolution.
— Laquelle? fit sir Edmund.
— Vous n'avez plus aucun doute, n'est-ce
pas, sur la situation de M. Patterson?
— Oui.
— Il est certain, dit Bob, qu'il est aux
mains de l'homme gris.
— Ou d'un parti de fénians quelconque,
fit sir Edmund.
— Mais alors, dit M. Ascott, l'homme qui
sort d'ici n'est pas M. Bury?
— Assurément, non.
— C'est ce qu'il faut savoir.
— Comineat?
— Par le télégraphe. Je vais adresser une
dépêche à M. Bury, à Glascow. Si M. Bury
ne répond pas, c'est qu'il est à Londres.
— Je ne suis pas de votre avis, observa res-
pectueusement sir Edmund.
— Pourquoi cela?
— Vous allez voir. De deux choses l'une, —
ou l'homme qui sort d'ici est bien M..Bury,
ou c'est un imposteur qui prend son nom, de
concert avec ceux qui ont dicté cette lettre.
— Bien.
— Dans le premier cas, M. Bury nous aurait
trahis.
— Cela est certain.
— Dans le second, il faut éviter de donner
l'éveil à nos ennemis, si nous voulons leur
arracher M. Patterson.
— Cependant il faut savoir à quoi s'en tenir.
— Sans doute.
— Comment, alors?
— Je vais partir ce soir. Demain, à'midi,
je serai à Glascow, et à quatre heures au plus
tard, vous aurez une dépêche chiffrée de moi.
* — Il sera trop tard, dit Bob.
— Pourquoi donc ?
— Parce que vous avez, monsieur Ascott;
pris rendez-vous pour demain matin avec le
prétendu M. Bury.
— Bon!
— Et que vous lui avez promis un chèque
de trente mille livres.
— Cela ne fait absolument rien, dit sir Ed-
mund.
Bob fit un soubresaut sur sa chaise.
— Comment! s'écria-t-il, vous donneriez
une pareille somme à un homme qU!... - ma re-
tenant nous en sommes sûrs, — est un aguat.
de l'homme gris?
Sir Edmund se prit à sourire.
— Vous oubliez une chose. Bob.
— Laquelle? monsieur.
— Vous oubliez que lorsqu'un chèque est da
cette impor kince, la Banque paye à un jour ëe
vue.
— Ah! c'est jusle, dit Bob en respirant.
— Eh bien ! M. Ascott donne le chèque.
— Fort bien !
— La baaque à qm oa te préseûte tr;iuti
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