Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-12-27
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 27 décembre 1869 27 décembre 1869
Description : 1869/12/27 (A4,N1348). 1869/12/27 (A4,N1348).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47183505
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2017
sur ses Jeux fac^ et. sur la tranche, d'une couche
(l';U'Ci'I:t sur laquelle l'empreinte d'une bonne pièce a
été i tri se trcs-exactemer.t, probablement au moyen de
■la. l:..;vanopîastic. Nous avons sous les yeux une de
cc>'pièce? à l'cftigie de Louis-Philippe et au millésime
'- oSez eii'aci', mais cependant pas beaucoup plus que sur
çemiiir>s pièces anciennes un peu usées.
L'ne darne avec un jeune enfant à la main était
entrée hier dans les nouveaux magasins des Phares de
1" lUftillc, qui occupent quatre étages des nouvelles
constructions du c'')t''; ouest de la place.
Après avoir j):1ss,\ du rayon de la chaussure au rayon
•nfle la dnpellcrie, puis à ceux de la bonneterie, de la
dj'h'.\tmnes, de livrées, la dame qui avait mis près de
■deux heures à choisir, lit enfin ses achats, passa à la
caisse, paya, et '-'aperçut que son enfant n'était plus
avec eUe.
Tout le monde se mit à chercher le petit; mais,
comme L''s magasins sont immenses, cela dura pen-
dant. un certain tet'tps.
Eiiiiii. après de .longues recherches, on découvrit le
pauvre petit endormi derrière le rayon de vêtements
,$our entants, oit il y a de si jolies têtes de bébé.
Le petit s'était amusé à contempler les élégants cos-
itunes: enfantins, d'écossais, etc., et, perdu dans son
':';:dmiration, il avait fini par se fatiguer et s'était assis
:!(i'U' une pile de blouses d'écolier oil le sommeil l'avait
-jïigllé.
' On sr; ligure la joie de la mère en retrouvant son
enfant sain et sauf.
Les actes de bienfaisance ne sont jamais trop por-
tés à la connaissance du public ; aussi chaque fois
.-qu'il nous arrive d'en être instruits, sommes-nous
heureux de les livrer à la publicité. Le propriétaire de
la C; r/ip -y nie des Caves générales vient de faire remet-
tre au maire de son arrondissement 500 bons donnant
chacun droit à une bouteille d'excellent bordeaux.
Les convalescents et les malades nécessiteux du
boulevard du Prince Eugène doivent de grands re-
merciements ci, cet homme bienfaisant, et nous espé-
rons que son excmple. SCI';) suivi par beaucoup d'au-
. très personnes.
DÉPARTEMENTS ET COLONIES
Une voilure cellulaire entrée en gare jeudi matin, a
amené de la capitale dix-huit condamnés au bagne, -
dont le plus vieux n'avait pas vingt-cinq ans.
S'ils étaient jeunes d'âge, ils paraissaient experts
dans le vice, car ils ont montré un cynisme révoltant
pendant l'opération du ferrement et de la toilette. On
va les envoyer dans la Nouvelle-Calédonie, afin d'en
Èf;re complètement débarrassés. La frégate la Sibylle,
qui doit emporter ce déplorable convoi, aura à bord
un triste échantillon de la civilisation moderne. Il est
■ impossible de se figurer la composition de ce personnel
formé de l'écume du bagne, et on ne saurait trop
prendre de précautions avec de pareils passagers qui
sont capables de tout, hors de bien faire.
(Toulonnais.)
On lit dans la Salut Publie :
Vendredi dernier, un affreux suicide s'est accompli
à la Croix-Rousse. Un sieur C..., âgé de vingt-six ans,
récemment séparé d'avec sa femme, était allé voir son
oncle, M. B..., boucher, rue du Sentier.
Vers les dix heures du soir, au moment où le bou-
cher fermait sa boutique, son neveu s'est coupé la
gorge dans l'arrière-magasin, au moyen d'un des cou-
perets de l'étal. L8 deux carotides ont été tranchées
et la mort a été foudroyante.
Décidément les voleurs, écrit-on de Marseille, ne
respectent même plus les lieux mnts. Un vol, qui dé-
note chez son auteur la plus criminelle audace, a été
commis dans la nuit de mardi à mercredi dans l'fgljse
des Chartreux.
Les portes et les serrures ne présentaient cependant
aucune trace de pinces, de leviers et autres outils qui
aient pu les forcer. On se demande donc comment les
„joleu,;s sont parvenus à s'introduire dans l'intérieur de
l'église.
MUle conjectures circulent à ce sujet.
Tout porte à croire, néanmoins, et celle-ci est la
version la plus accréditée, que les auteurs de cette
coupable profanation ont dû se laisser enfermer le soir
flans l'cglist; pour pouvoir tout à leur aise mettre à
exécution leur projet.
Deux troncs ont été trouvés vides.
Le premier, qui était le tronc destiné aux pauvres.
pouvait contenir environ la somme de aOO fr.
L'autre tronc, celui dit des âmes du Purgatoire,
renfermait une somme approximative de 250 fr.
On lit dans le Journal de la Vienne :
Un enfant vient, de succomber aux suites d'un horri-
ble accident arrivé à la ferme du Petit-Chaume. La
fermière, apercevant un troupeau de moutons qui sor-
tait d'un pré et se dirigeait vers un champ de blé, cou-
rut pour le faire rentrer dans le pré. Ce fut à - peine
si elle laissa seuls pendant dix minutes ses deux en-
fants. Lorsqu'elle revint, elle fut témoin d'un specta-
cle atroce : deux porcs avaient renversé son petit gar-
çon, âgé de quatre mois, et le dévoraient. Elle leur ar-
racha son malheureux enfant, qui avait une partie de
la figure et un bras mangés par les porcs. Les
soins les plus empressés furent donnés au pauvre en-
fant, qui succomba dans la soirée.
Mercredi dernier, vers trois heures du soir, un mal-
heureux accident est arrivé dans la forêt de Bac-d'en-
Bournat, territoire de Mérial.
Une quarantaine d'hommes de Lafajole et de Mérial
s'étaient rendus dans cette forêt pour séparer de leur
tronc les arbres qu'avait déracinés un fort coup de
vent. Un gros sapin, attaqué par quatre hommes, finit
par se détacher, et dans sa chute broya littéralement
un homme de trente-deux ans, le sieur Georges Olive,
de Lafajole, qui, malgré les avertissements de ses ca-
marades, commit l'imprudence de ne pas s'éloigner à
temps.
On lit dans l' Indépendant :
La dernière loterie a fait les yeux doux à la ville de
Saint-Omer.
Le gros lot de 150,000 fr. a été gagné par M. X...,
de la rue de Dunkerque.
Voilà qui donnera infailliblement à notre ville de la
célébrité.
La. France entière , va fixer des yeux jaloux sur la
patrie de Mathurin, qui n'avait guère besoin de cette
chance pour se recommander à l'attention des curieux
de ce monde.
ÉTRANGER
On écrit de llasselt, le 16 :
Jeudi passé, un vol des plus audacieux a été com-
mis au préjudice d'une famille allemande qui habite
notre ville.
Un individu parlant l'allemand et se disant Prus-
sien se présenta au maître de la maison et lui annonça
la mort d'un parent éloigné, qui lui laissait toute sa
succession.
Les détails donnés sur le défunt étaient tellement
précis et tellement exacts qu'on ne put s'empêcher de
croire à la réalité de la nouvelle donnée par l'étran-
ger ; mais tout doute devint impossible lorsque, dans
la journée, arriva une dépêche télégraphique signée
par un notaire de la commune du défunt, par laquelle
le tabellion prussien mandait à une date éloignée d'une
quinzaine de jours, à sou bureau, l'héritier pour ré-
gler les affaires de la succession et en toucher le mon-
tant. Dès lors, grande joie dans la maison et fête deux
jours durant.
Le samedi, le mari alla vaquer à ses affaires et son
épouse s'éloigna à son tour du domicile pour faire les
emplettes nécessaires au ménage, non toutefois sans
s'être confondue en excuses auprès du messager de
bonheur de devoir le laisser seul au logis pendant
quelques instants. Ce fut de ces quelques instants que
le voleur, car c'en était un, profita pour dévaliser
l'hospitalière maison. Emballer habits, pantalons, che-
mises du mari, robes, châles et bonnets de la femme
enlever montre en argent et bijoux en or, fracturer un
secrétaire et en enlever tout l'argent qui s'y trouvait
former du tout un paquet ne fut pour lui que l'affaire -
d'un instant. En rentrant au domicile, la femme fut
saisie de terreur ; le mari courut à la police • mais
malgré les plus actives recherches, le hardi voÍeur n'a
pas èncol'e'été retrouvé.
Nous lisons dans l'Oizizioiz d'Anvers : j
Au carnaval dernier, le gendarme Calwaert, de la
brigade de Calfort, s'était rtindu à Boom, où il s'était
masqué. On l'y avait rencontré dans la soirée en so-
ciété de deux portefaix qu'il régalait. Trois semaines
plus tard on repêchait son cadavre dans le Rupel.
La rumeur publique accusa les- deux portefaix d'a-
voir assassins le gendarme, qui était sorti porte,lp-
d'une somme de 70 fr., dit-on.
Il se fit une instruction qui dut être abandonnée il
y a quelques jours, les deux portefaix se trouvant en
état d'ivresse se disputaient et se reprochaient la p.irt
qu'ils avaient prise-dans le meurtre du gendarme.
— Tu as jeté le gendarme à terre, disait l'un.
— Tu .l'a poussé à l'eau, disait l'autre.
Ces mots furent entendus de plusieurs personnes,
notamment par un jeune ouvrier de seize ans, qui
s'empressa de divulguer ce qu'il avait entendu. Les
portefaix le menacèrent, mais il ne se laissa pas inti-
mider.
Les deux auteurs présumés de l'assassinat ont été
arrêtés hier, entre midi et une heure, par la gendar-
merie.
Circonstance horrible. Ce sont les deux misérables,
auteurs de l'assassinat qui ont porté à la morgue le
corps de leur victime. ' Lorsque l'on retira le cadavre
de l'eau, il était dans un état de putréfaction si avan-
cé, . que personne ne voulut aider à son enlèvement.
On demanda deux hommes de bonne volonté. Les deux
assassins se présentèrent!
Hier, dans l'après-midi, à une heure cinq minutes,
le voisinage de Hounslow a été plongé dans la terreur
par une explosion formidable, qui s'est produite de
nouveau dans la fabrique de poudre de MM. Curtis et
Harvey. Ce fut aussitôt une scène lamentable en rai-
son de la précipitation avec laquelle tous les parents
des employés et des ouvriers s'élancèrent vers le lieu
du sinistre en demandant des nouvelles de ceux qui
leur étaient chers.
Il y a eu trois victimes, qui étaient des ouvriers oc-
cupés dans l'atelier du grenage. Les fragments des
machines, des débris des bâtiments et "de grandes
pièces de bois ont été lancés dans les champs voi-
sins.
Un grand baril et plusieurs pièces de charpente sont
restés suspendus dans de grands arbres. Les restes
des malheureuses victimes étaient pitoyablement mu-
tilés, et l'on eut .quelque difficulté à les recueillir.
L'un des ouvriers atteints respirait encore, et il est
mort quelques heures seulement après l'accident; mais
il était privé de connaissance, et naturellement, il
n'a rien pu dire sur les causes du sinistre. Tous les
ateliers ont suspendu leur travail dès le moment de
l'explosion. (Morning Post.)
On perfectionne tout aujourd'hui, même le duel! Un
jeune étudiant d'Heidelberg vient de se suicider avec
de l'acide prussique. Santé, fortune, avenir, tout sem-
blait lui sourire; mais, à la suite d'un duel à l'améri-
caine il avait tiré le mauvais numéro et se trouvait
ainsi engagé sur l'honneur à se tuer.
Un épisode de la revue du 15 décembre à la villa
Borghèse.
On remarquait, à la suite de Fétal-major des cara-
biniers suisses, un chien qui semblait être de la fête.
Il y a toute espèce de droits : il a été blessé à Men-
tana; son maître, le licuteirmit-colonel de Castetta,
avait reçu un coup de feu au genou ;.le chien s'appro-
cha pour lécher la plaie, une balle l'atteignit et lui
cassa une jambe. Il marche sur trois et bondit au son
du clairon.
LES DRAMES DE LA MER
On attend avec une douloureuse anxiété des détails
officiels et définitifs sur' le naufrage de la Gorgo■■ e.
Dans les villes et les viilages- (ln littoral oll l'équipage
de la corvette compte des parents et des amis, on ne
peut se faire à l'idée que tout le inonde' ait péri à
bord. On veut jusqu'au dernier moment conserver
l'espérance que quelques marins auront pu échappa à
la mort. En attendant, ïlCtedeur dit [i'/I'/slèt-c nous
apprend qu'on continue à i-eciiSillir des «'paves de la
Gorgone :
Un bas-milt, auquel était attache au moyeu d'une
embrasse de rideau un drap qu'on suppose avoir :,on1
soit de signal, soit d'amarre à un homme en déuvw.
a été trouvé flottant sur rade.
Un_ paquet de lettres adressé it un enseigne du bord
n'avait pas été assez endommagé par la mer pour
qu'on ne put eu tV'chifl'rcr le contenu, Ces leUre* ve-
naient de la mère du jeune homme.
Diverses autres épaves sont recueillies il tout instant
par les canots détachés par les bâtiments de la rade.
Le grand mât, encore muni de sa garniture en cuivre,
a été retrouvé par un bateau de pêche et déposé dans
le port contre l'Amiral. La garniture, nullement alté-
rée, prouve assez que le désastre a dû réellement avoir
lieu, comme on le suppose, dons la nuit du samedi ail
dimanche.
Tout a donc péri, vraisemb!ablcment, corps et biens.
Le chiffre de l'équipage, d'abord porté à 120 bornai®
pourrait, parait. il, être réduit au chiffre de 87.
Le commandant Mage, qui a péri, était un des offi-
cier" de la marine les plus distingués et du plus bril-
lant avenir.
M. Mage n'était âgé que de trente-trois ans, et était
sur le point de passer capitaine de frégate.
Tout le monde se souvient de la campagne d'explo-
ration scientifique de trois ans que cet officier venait
d'accomplir si heureusement dans l'Afrique centrale,
et qui lui avait valu la décoration d'officier de la Lé-
gion d'honneur.
M. Mage venait tout récemment de se marier à Cher-
bourg, son port d'attache. On croit que sa jeune femme,
qu'il avait appelée près de lui, a partagé son malheu-
reux sort. Circonstance pénible, M. Mage avait ter-
miné son commandement et allait être remplacé aus-
sitôt son déparquemen't.
Le jeune officier caressait l'idée de créer une route
de terre entre les possessions françaises du Sénégal et
l'Algérie.
Il fut retenu pendant seize mois par un roi nègre,
auquel il fallut ce. temps pour méditer un traité de
commerce avec la France.
Une lettre de Camaret, du 24, fournit au Phare
de la Loire des détails qui se rattachent à la perte
de la Gorg. «c. Voici ce qu'on lui mande :
La quantité de menus débris se trouvant au plein
des grèves de Penhatc et de Trezroux, .leur diversité,
quelques papiers' et marchandises, les vins rouges, Ma-
laga, barils de farine, aurons, caisses de poudre à feu,
écouvillons, refouloirs, boites à gargousses brisées, in-
diquent suffisamment qu'un sinistre maritimc. a eu lieu
dans )a nuit de samedi à dimanche dernier, et que le
navire perdu n'est autre que la corvette, à roues la
(¡orgone, commandât Mage. Ce qui ne laisse malheu-
reusement presque aucun doute sur le sort de l'équi-
page, c'est l'échouement à Penhate de la chaloupe
dont l'arriéré est emporté et des débris de la baleinière
portant le nom du navire.
Cependant aucun cadavre n'est venu jusqu'à présent
à la cÙte.
SOUVENIRS JUDICIAIRES
L'AFFAIRE LAVALETTE
III
Les trois Anglais
En entrant dans l'appartement où sont réunis
ceux qui, sanfs le connaître, n'ont pas hésité à se
compromettre pour le sauver, Lavalettc se sent
ému; mais on coupe court a l'expression de sa re-
connaissance: et, après quelques instants, Wilson
et Ellister se retirent, laissant Lavalette aux soins
d'Huttchinson et de Bruce, qui habitent ce même
hôtel où un appartement a été retenu pour le colo- .
ncl Losack. Une- fois Lavalette sorti de la retraite
où il-s'était tenu si bien cache, il fallait agir au
plus vite. Le lendemain, tl sept heures et demie
du matin, le général Wilson, en grand dniforme,
arrivait lt la porte de l'hôtel du Ilelder, dans un
tilbury appartenant a Bruce et suivi de son do-
mestique conduisant une jument équipée comme
s'il allait passer une revue. Cinq minutes après,
Lavalettc étant venu se placer à côté du général
Wilson dans le tilbury, et Huttchinson, à cheval,
étant venu se ranger au côté de la voiture, on se
mit- en route en se dirigeant vers la barrière
Clichy.
Dans le lilhmy, Lavalet-lc était en vue de tout
le monde. Ce manque de précautions -était calculé.
Comment eût -on pu soupçonner un fuyard dans
ce cabriolet découvert, traversant les rues eu plein
jour? Pourtant ceci oifraU quelque danger. Che-
min faisant, on rencontra un officier anglais qui,
surpris de voir un officier supérieur qu'il ne con-
naissait pas, s'approcha du domestique pour le
questionncr a ce sujet: mais celui-ci avait reçu t
l'ordre de rester sourd à toute question; d'aineurs
Y.'i!son; en (1':'('/'[/';\111; le train de la \"ui!ure) ne
lui laissa pas le ' temps de répondre. Cf'.pcn/'ant,
en approchant de la barrière, le gênerai ra-
lonlit Se, pas. Il y avait là un obstacle des plus
LES
TROIS MESSES
DU BON CURÉ
PAR
ERNEST LACAN
Ce, n'est pas un conte, ni une légende que
|e me propose de vous dire; c'est un simple
Técit qui m'a intéressé et que je vais essayer
de vous.répéter tel que je l'ai entendu l'an der-
nier à pareil jour, de la bouche du père Si-
Rien, un des vieux du cher pays où j'ai été
élevé. De tous ceux que j'ai connus ot aimés là
dans mon enfance, le père Simon est le seul
que j'y retrouve encore ; les hasards de la vie
ît de la moct ont dispersé tous les autres.
Je vais, quand je le puis, à Noël, passer quel-
ques heures près de lui, et quand j'ai pu ren-
dre ainsi ma visite à tous les bons souvenirs
$Ïa,litreff)ls, il me semble que je commence
jteieux l'année nouvelle,
Donc nous avions déjà catisé de bien des
Choses et de bien des gens lorsqu'à propos du
cocher d'un village voisin qui tombe en rui-
nes :
— Ah ! dit le père Simon, si le bon curé avait
.,.écu. il aurait bien trouvé moyen de faire ré-
parer la vieille église, quand ç'aurait été par
les anges eux-mêmes.
J'avais souvent entendu parler dans mon
enfance de ce Ion curé, qui était alors desser-
vant d'une des communes les plus modestes
des environs, et qui inspirait déjà un senti-
ment de profonde vénération dans un pays
d'ailleurs peu religieux. Personne ne le- dési-
gnait autrement que par ce surnom, qui était
à la fois un panégyrique et une action de grâ-
ces. Je voulais avoir quelques renseignements
plus précis sur ce prêtre si populaire, et je ne
pouvais les puiser à meilleure source, car le
père Simon était comme la tradition vivante
du pays. Je l'interrogeai donc.
« Le bon curé ! répondit-il avec un mouve-
ment de tête éloquent, le bon curé, c'était la
bonté, le dévouement, la charité en personne.
Il a vécu quarante ans au milieu de nous
comme un vrai père.
Il était partout où l'on souffrait, et jamais il
n'était las pour le bien. On le voyait toujours
par les chemins ou les sentiers, sous le soleil
ou sous l'averse, et quand il passait sa vieille
soutane et ses gros souliers, on était certain
qu'il allait faire une bonne action. Quand la
fièvre ou la petite vérole sévissait quelque part,
on était bien sûr que le cher homme était là.
. En 1'832, lorsque le choléra a fait ses rava-
ges, le bon curé s'en allait de village en vil-
lage, soignant les malades, ensevelissant les
morts, consolant ceux qui restaient. Et après,
comme il y avait toute une tribu d'orphelins
dont on ne savait que faire, il se mit en tête
de leur construire un asile. Et je crois vrai-
ment que l'argent lui tombait du ciel, car l'a-
sile a été fondé, et d'autres enfants y pren-
nent chaque année la place de ceux dont on
a fait de bons travailleurs ou de braves et hon-
nêtes filles.
- — Et qu'est devenu le bon cure ? demandai-
je encore.
— Je vais vous le dire, répondit Simon. 4
Un soir de Noël, il y a, ma foi, aujourd'hui
vingt-cinq ans, le digne homme s'en était ve-
nu, pour passer une heure ou deux et se tenir
éveillé jusqu'à la messe de minuit, chez son
ami M. Suchet, le médecin du pays, un autre
brave cœur avec qui il s'entendait à merveille;
— quand je dis qu'ils s'entendaient à mer-
veille, ça ne les empêchait pas de se quereller
toujours, car le docteur était un vieux pé-
cheur endurci qui prétendait ne croire ni à
Dieu ni à diable, et failli, tout le bien possible
soi-disant par pur égoïsme. Ils n'an étaient pas
moins bons amis, et se seraient fait tuer l'un
pour l'autre.
Ce soir-là le temps était -épouvantable. La
neige, qui était tombée pendant plusieurs
jours, couvrait encore la terre; mais, à cette
heure, il pleuvait du givre dru et serré que des
rafales poussaient en tourbillons, un de ces
temps qui vous mettent la glace dans les vei-
nes et la mort dans l'âme. Aussi l'humeur du
vieux médecin s'en ressentait et l'on bataillait
plus encore que d'habitude.
Tout à coup la discussion fut interrompue :
on heurtait violemment au volet de la salle
basse où se tenaient les deux amis.
- Monsieur Suchet 1 monsieur Suchet ! ré-
pétait une voix au dehors, êtes-vous là?
—■ Pa (bleu ! gronda le médecin, croyez-vous
que ,je me promène à la belle étoile?
La servante avait ouvert' la porlo, c't un
homme couvert d'une limousine se précipita
dans la. salle en s'écriant :
— Venez vite, pour l'amour de Dieu, mon-
sieur Suchet! Notre pauvre more est t.rnhée
mal et rien n'a pu la faire revenir; on la croi-
rait morte déjù, n'était qu'elle souffle comme
si clic ronflait.
—- Et tu crois que je m'en vais-courir, par
un temps pareil, à dix kilomètres pour, guérir
une morte ! .
— Ah! monsieur Suchet, vous rie voudrez
pas nous abandonner dans le malheur !
— Que 1-3 diable t'emporte? grommela le
médecin.
Puis-il ajouta d'un air bourru :
' —: Va-L'en mettre le cheval au cabrIolet.
Le paysan ne se le fit pas dire deux fois.
— Mais, dit le bon curé, si la pauvre femme
est si bas, je ferais pant-ctrc bien de vous ac-
compagner. Il n'est que huit heures et je pour-
-rai être de retour avant minuit.
— Si vous tenez absolument à faire une
promenade, l'abbé, vous êtes libre.
Quelques minutes plus tard, les deux amis
étaient assis côte à côte dans le cabriolet ; ■
Pierre, le paysan; avait pris place tant bien
que mal derrière la caisse entre les deux res-
sorts.
La bise soufflait impitoyablement. Le g'ivre
glacé fouettait les voyageurs au visage, et la
pauvre cheval avait grand'peine à se tenir
debout,
(l';U'Ci'I:t sur laquelle l'empreinte d'une bonne pièce a
été i tri se trcs-exactemer.t, probablement au moyen de
■la. l:..;vanopîastic. Nous avons sous les yeux une de
cc>'pièce? à l'cftigie de Louis-Philippe et au millésime
'-
çemiiir>s pièces anciennes un peu usées.
L'ne darne avec un jeune enfant à la main était
entrée hier dans les nouveaux magasins des Phares de
1" lUftillc, qui occupent quatre étages des nouvelles
constructions du c'')t''; ouest de la place.
Après avoir j):1ss,\ du rayon de la chaussure au rayon
•nfle la dnpellcrie, puis à ceux de la bonneterie, de la
dj'h'.\tmnes, de livrées, la dame qui avait mis près de
■deux heures à choisir, lit enfin ses achats, passa à la
caisse, paya, et '-'aperçut que son enfant n'était plus
avec eUe.
Tout le monde se mit à chercher le petit; mais,
comme L''s magasins sont immenses, cela dura pen-
dant. un certain tet'tps.
Eiiiiii. après de .longues recherches, on découvrit le
pauvre petit endormi derrière le rayon de vêtements
,$our entants, oit il y a de si jolies têtes de bébé.
Le petit s'était amusé à contempler les élégants cos-
itunes: enfantins, d'écossais, etc., et, perdu dans son
':';:dmiration, il avait fini par se fatiguer et s'était assis
:!(i'U' une pile de blouses d'écolier oil le sommeil l'avait
-jïigllé.
' On sr; ligure la joie de la mère en retrouvant son
enfant sain et sauf.
Les actes de bienfaisance ne sont jamais trop por-
tés à la connaissance du public ; aussi chaque fois
.-qu'il nous arrive d'en être instruits, sommes-nous
heureux de les livrer à la publicité. Le propriétaire de
la C; r/ip -y nie des Caves générales vient de faire remet-
tre au maire de son arrondissement 500 bons donnant
chacun droit à une bouteille d'excellent bordeaux.
Les convalescents et les malades nécessiteux du
boulevard du Prince Eugène doivent de grands re-
merciements ci, cet homme bienfaisant, et nous espé-
rons que son excmple. SCI';) suivi par beaucoup d'au-
. très personnes.
DÉPARTEMENTS ET COLONIES
Une voilure cellulaire entrée en gare jeudi matin, a
amené de la capitale dix-huit condamnés au bagne, -
dont le plus vieux n'avait pas vingt-cinq ans.
S'ils étaient jeunes d'âge, ils paraissaient experts
dans le vice, car ils ont montré un cynisme révoltant
pendant l'opération du ferrement et de la toilette. On
va les envoyer dans la Nouvelle-Calédonie, afin d'en
Èf;re complètement débarrassés. La frégate la Sibylle,
qui doit emporter ce déplorable convoi, aura à bord
un triste échantillon de la civilisation moderne. Il est
■ impossible de se figurer la composition de ce personnel
formé de l'écume du bagne, et on ne saurait trop
prendre de précautions avec de pareils passagers qui
sont capables de tout, hors de bien faire.
(Toulonnais.)
On lit dans la Salut Publie :
Vendredi dernier, un affreux suicide s'est accompli
à la Croix-Rousse. Un sieur C..., âgé de vingt-six ans,
récemment séparé d'avec sa femme, était allé voir son
oncle, M. B..., boucher, rue du Sentier.
Vers les dix heures du soir, au moment où le bou-
cher fermait sa boutique, son neveu s'est coupé la
gorge dans l'arrière-magasin, au moyen d'un des cou-
perets de l'étal. L8 deux carotides ont été tranchées
et la mort a été foudroyante.
Décidément les voleurs, écrit-on de Marseille, ne
respectent même plus les lieux mnts. Un vol, qui dé-
note chez son auteur la plus criminelle audace, a été
commis dans la nuit de mardi à mercredi dans l'fgljse
des Chartreux.
Les portes et les serrures ne présentaient cependant
aucune trace de pinces, de leviers et autres outils qui
aient pu les forcer. On se demande donc comment les
„joleu,;s sont parvenus à s'introduire dans l'intérieur de
l'église.
MUle conjectures circulent à ce sujet.
Tout porte à croire, néanmoins, et celle-ci est la
version la plus accréditée, que les auteurs de cette
coupable profanation ont dû se laisser enfermer le soir
flans l'cglist; pour pouvoir tout à leur aise mettre à
exécution leur projet.
Deux troncs ont été trouvés vides.
Le premier, qui était le tronc destiné aux pauvres.
pouvait contenir environ la somme de aOO fr.
L'autre tronc, celui dit des âmes du Purgatoire,
renfermait une somme approximative de 250 fr.
On lit dans le Journal de la Vienne :
Un enfant vient, de succomber aux suites d'un horri-
ble accident arrivé à la ferme du Petit-Chaume. La
fermière, apercevant un troupeau de moutons qui sor-
tait d'un pré et se dirigeait vers un champ de blé, cou-
rut pour le faire rentrer dans le pré. Ce fut à - peine
si elle laissa seuls pendant dix minutes ses deux en-
fants. Lorsqu'elle revint, elle fut témoin d'un specta-
cle atroce : deux porcs avaient renversé son petit gar-
çon, âgé de quatre mois, et le dévoraient. Elle leur ar-
racha son malheureux enfant, qui avait une partie de
la figure et un bras mangés par les porcs. Les
soins les plus empressés furent donnés au pauvre en-
fant, qui succomba dans la soirée.
Mercredi dernier, vers trois heures du soir, un mal-
heureux accident est arrivé dans la forêt de Bac-d'en-
Bournat, territoire de Mérial.
Une quarantaine d'hommes de Lafajole et de Mérial
s'étaient rendus dans cette forêt pour séparer de leur
tronc les arbres qu'avait déracinés un fort coup de
vent. Un gros sapin, attaqué par quatre hommes, finit
par se détacher, et dans sa chute broya littéralement
un homme de trente-deux ans, le sieur Georges Olive,
de Lafajole, qui, malgré les avertissements de ses ca-
marades, commit l'imprudence de ne pas s'éloigner à
temps.
On lit dans l' Indépendant :
La dernière loterie a fait les yeux doux à la ville de
Saint-Omer.
Le gros lot de 150,000 fr. a été gagné par M. X...,
de la rue de Dunkerque.
Voilà qui donnera infailliblement à notre ville de la
célébrité.
La. France entière , va fixer des yeux jaloux sur la
patrie de Mathurin, qui n'avait guère besoin de cette
chance pour se recommander à l'attention des curieux
de ce monde.
ÉTRANGER
On écrit de llasselt, le 16 :
Jeudi passé, un vol des plus audacieux a été com-
mis au préjudice d'une famille allemande qui habite
notre ville.
Un individu parlant l'allemand et se disant Prus-
sien se présenta au maître de la maison et lui annonça
la mort d'un parent éloigné, qui lui laissait toute sa
succession.
Les détails donnés sur le défunt étaient tellement
précis et tellement exacts qu'on ne put s'empêcher de
croire à la réalité de la nouvelle donnée par l'étran-
ger ; mais tout doute devint impossible lorsque, dans
la journée, arriva une dépêche télégraphique signée
par un notaire de la commune du défunt, par laquelle
le tabellion prussien mandait à une date éloignée d'une
quinzaine de jours, à sou bureau, l'héritier pour ré-
gler les affaires de la succession et en toucher le mon-
tant. Dès lors, grande joie dans la maison et fête deux
jours durant.
Le samedi, le mari alla vaquer à ses affaires et son
épouse s'éloigna à son tour du domicile pour faire les
emplettes nécessaires au ménage, non toutefois sans
s'être confondue en excuses auprès du messager de
bonheur de devoir le laisser seul au logis pendant
quelques instants. Ce fut de ces quelques instants que
le voleur, car c'en était un, profita pour dévaliser
l'hospitalière maison. Emballer habits, pantalons, che-
mises du mari, robes, châles et bonnets de la femme
enlever montre en argent et bijoux en or, fracturer un
secrétaire et en enlever tout l'argent qui s'y trouvait
former du tout un paquet ne fut pour lui que l'affaire -
d'un instant. En rentrant au domicile, la femme fut
saisie de terreur ; le mari courut à la police • mais
malgré les plus actives recherches, le hardi voÍeur n'a
pas èncol'e'été retrouvé.
Nous lisons dans l'Oizizioiz d'Anvers : j
Au carnaval dernier, le gendarme Calwaert, de la
brigade de Calfort, s'était rtindu à Boom, où il s'était
masqué. On l'y avait rencontré dans la soirée en so-
ciété de deux portefaix qu'il régalait. Trois semaines
plus tard on repêchait son cadavre dans le Rupel.
La rumeur publique accusa les- deux portefaix d'a-
voir assassins le gendarme, qui était sorti porte,lp-
d'une somme de 70 fr., dit-on.
Il se fit une instruction qui dut être abandonnée il
y a quelques jours, les deux portefaix se trouvant en
état d'ivresse se disputaient et se reprochaient la p.irt
qu'ils avaient prise-dans le meurtre du gendarme.
— Tu as jeté le gendarme à terre, disait l'un.
— Tu .l'a poussé à l'eau, disait l'autre.
Ces mots furent entendus de plusieurs personnes,
notamment par un jeune ouvrier de seize ans, qui
s'empressa de divulguer ce qu'il avait entendu. Les
portefaix le menacèrent, mais il ne se laissa pas inti-
mider.
Les deux auteurs présumés de l'assassinat ont été
arrêtés hier, entre midi et une heure, par la gendar-
merie.
Circonstance horrible. Ce sont les deux misérables,
auteurs de l'assassinat qui ont porté à la morgue le
corps de leur victime. ' Lorsque l'on retira le cadavre
de l'eau, il était dans un état de putréfaction si avan-
cé, . que personne ne voulut aider à son enlèvement.
On demanda deux hommes de bonne volonté. Les deux
assassins se présentèrent!
Hier, dans l'après-midi, à une heure cinq minutes,
le voisinage de Hounslow a été plongé dans la terreur
par une explosion formidable, qui s'est produite de
nouveau dans la fabrique de poudre de MM. Curtis et
Harvey. Ce fut aussitôt une scène lamentable en rai-
son de la précipitation avec laquelle tous les parents
des employés et des ouvriers s'élancèrent vers le lieu
du sinistre en demandant des nouvelles de ceux qui
leur étaient chers.
Il y a eu trois victimes, qui étaient des ouvriers oc-
cupés dans l'atelier du grenage. Les fragments des
machines, des débris des bâtiments et "de grandes
pièces de bois ont été lancés dans les champs voi-
sins.
Un grand baril et plusieurs pièces de charpente sont
restés suspendus dans de grands arbres. Les restes
des malheureuses victimes étaient pitoyablement mu-
tilés, et l'on eut .quelque difficulté à les recueillir.
L'un des ouvriers atteints respirait encore, et il est
mort quelques heures seulement après l'accident; mais
il était privé de connaissance, et naturellement, il
n'a rien pu dire sur les causes du sinistre. Tous les
ateliers ont suspendu leur travail dès le moment de
l'explosion. (Morning Post.)
On perfectionne tout aujourd'hui, même le duel! Un
jeune étudiant d'Heidelberg vient de se suicider avec
de l'acide prussique. Santé, fortune, avenir, tout sem-
blait lui sourire; mais, à la suite d'un duel à l'améri-
caine il avait tiré le mauvais numéro et se trouvait
ainsi engagé sur l'honneur à se tuer.
Un épisode de la revue du 15 décembre à la villa
Borghèse.
On remarquait, à la suite de Fétal-major des cara-
biniers suisses, un chien qui semblait être de la fête.
Il y a toute espèce de droits : il a été blessé à Men-
tana; son maître, le licuteirmit-colonel de Castetta,
avait reçu un coup de feu au genou ;.le chien s'appro-
cha pour lécher la plaie, une balle l'atteignit et lui
cassa une jambe. Il marche sur trois et bondit au son
du clairon.
LES DRAMES DE LA MER
On attend avec une douloureuse anxiété des détails
officiels et définitifs sur' le naufrage de la Gorgo■■ e.
Dans les villes et les viilages- (ln littoral oll l'équipage
de la corvette compte des parents et des amis, on ne
peut se faire à l'idée que tout le inonde' ait péri à
bord. On veut jusqu'au dernier moment conserver
l'espérance que quelques marins auront pu échappa à
la mort. En attendant, ïlCtedeur dit [i'/I'/slèt-c nous
apprend qu'on continue à i-eciiSillir des «'paves de la
Gorgone :
Un bas-milt, auquel était attache au moyeu d'une
embrasse de rideau un drap qu'on suppose avoir :,on1
soit de signal, soit d'amarre à un homme en déuvw.
a été trouvé flottant sur rade.
Un_ paquet de lettres adressé it un enseigne du bord
n'avait pas été assez endommagé par la mer pour
qu'on ne put eu tV'chifl'rcr le contenu, Ces leUre* ve-
naient de la mère du jeune homme.
Diverses autres épaves sont recueillies il tout instant
par les canots détachés par les bâtiments de la rade.
Le grand mât, encore muni de sa garniture en cuivre,
a été retrouvé par un bateau de pêche et déposé dans
le port contre l'Amiral. La garniture, nullement alté-
rée, prouve assez que le désastre a dû réellement avoir
lieu, comme on le suppose, dons la nuit du samedi ail
dimanche.
Tout a donc péri, vraisemb!ablcment, corps et biens.
Le chiffre de l'équipage, d'abord porté à 120 bornai®
pourrait, parait. il, être réduit au chiffre de 87.
Le commandant Mage, qui a péri, était un des offi-
cier" de la marine les plus distingués et du plus bril-
lant avenir.
M. Mage n'était âgé que de trente-trois ans, et était
sur le point de passer capitaine de frégate.
Tout le monde se souvient de la campagne d'explo-
ration scientifique de trois ans que cet officier venait
d'accomplir si heureusement dans l'Afrique centrale,
et qui lui avait valu la décoration d'officier de la Lé-
gion d'honneur.
M. Mage venait tout récemment de se marier à Cher-
bourg, son port d'attache. On croit que sa jeune femme,
qu'il avait appelée près de lui, a partagé son malheu-
reux sort. Circonstance pénible, M. Mage avait ter-
miné son commandement et allait être remplacé aus-
sitôt son déparquemen't.
Le jeune officier caressait l'idée de créer une route
de terre entre les possessions françaises du Sénégal et
l'Algérie.
Il fut retenu pendant seize mois par un roi nègre,
auquel il fallut ce. temps pour méditer un traité de
commerce avec la France.
Une lettre de Camaret, du 24, fournit au Phare
de la Loire des détails qui se rattachent à la perte
de la Gorg. «c. Voici ce qu'on lui mande :
La quantité de menus débris se trouvant au plein
des grèves de Penhatc et de Trezroux, .leur diversité,
quelques papiers' et marchandises, les vins rouges, Ma-
laga, barils de farine, aurons, caisses de poudre à feu,
écouvillons, refouloirs, boites à gargousses brisées, in-
diquent suffisamment qu'un sinistre maritimc. a eu lieu
dans )a nuit de samedi à dimanche dernier, et que le
navire perdu n'est autre que la corvette, à roues la
(¡orgone, commandât Mage. Ce qui ne laisse malheu-
reusement presque aucun doute sur le sort de l'équi-
page, c'est l'échouement à Penhate de la chaloupe
dont l'arriéré est emporté et des débris de la baleinière
portant le nom du navire.
Cependant aucun cadavre n'est venu jusqu'à présent
à la cÙte.
SOUVENIRS JUDICIAIRES
L'AFFAIRE LAVALETTE
III
Les trois Anglais
En entrant dans l'appartement où sont réunis
ceux qui, sanfs le connaître, n'ont pas hésité à se
compromettre pour le sauver, Lavalettc se sent
ému; mais on coupe court a l'expression de sa re-
connaissance: et, après quelques instants, Wilson
et Ellister se retirent, laissant Lavalette aux soins
d'Huttchinson et de Bruce, qui habitent ce même
hôtel où un appartement a été retenu pour le colo- .
ncl Losack. Une- fois Lavalette sorti de la retraite
où il-s'était tenu si bien cache, il fallait agir au
plus vite. Le lendemain, tl sept heures et demie
du matin, le général Wilson, en grand dniforme,
arrivait lt la porte de l'hôtel du Ilelder, dans un
tilbury appartenant a Bruce et suivi de son do-
mestique conduisant une jument équipée comme
s'il allait passer une revue. Cinq minutes après,
Lavalettc étant venu se placer à côté du général
Wilson dans le tilbury, et Huttchinson, à cheval,
étant venu se ranger au côté de la voiture, on se
mit- en route en se dirigeant vers la barrière
Clichy.
Dans le lilhmy, Lavalet-lc était en vue de tout
le monde. Ce manque de précautions -était calculé.
Comment eût -on pu soupçonner un fuyard dans
ce cabriolet découvert, traversant les rues eu plein
jour? Pourtant ceci oifraU quelque danger. Che-
min faisant, on rencontra un officier anglais qui,
surpris de voir un officier supérieur qu'il ne con-
naissait pas, s'approcha du domestique pour le
questionncr a ce sujet: mais celui-ci avait reçu t
l'ordre de rester sourd à toute question; d'aineurs
Y.'i!son; en (1':'('/'[/';\111; le train de la \"ui!ure) ne
lui laissa pas le ' temps de répondre. Cf'.pcn/'ant,
en approchant de la barrière, le gênerai ra-
lonlit Se, pas. Il y avait là un obstacle des plus
LES
TROIS MESSES
DU BON CURÉ
PAR
ERNEST LACAN
Ce, n'est pas un conte, ni une légende que
|e me propose de vous dire; c'est un simple
Técit qui m'a intéressé et que je vais essayer
de vous.répéter tel que je l'ai entendu l'an der-
nier à pareil jour, de la bouche du père Si-
Rien, un des vieux du cher pays où j'ai été
élevé. De tous ceux que j'ai connus ot aimés là
dans mon enfance, le père Simon est le seul
que j'y retrouve encore ; les hasards de la vie
ît de la moct ont dispersé tous les autres.
Je vais, quand je le puis, à Noël, passer quel-
ques heures près de lui, et quand j'ai pu ren-
dre ainsi ma visite à tous les bons souvenirs
$Ïa,litreff)ls, il me semble que je commence
jteieux l'année nouvelle,
Donc nous avions déjà catisé de bien des
Choses et de bien des gens lorsqu'à propos du
cocher d'un village voisin qui tombe en rui-
nes :
— Ah ! dit le père Simon, si le bon curé avait
.,.écu. il aurait bien trouvé moyen de faire ré-
parer la vieille église, quand ç'aurait été par
les anges eux-mêmes.
J'avais souvent entendu parler dans mon
enfance de ce Ion curé, qui était alors desser-
vant d'une des communes les plus modestes
des environs, et qui inspirait déjà un senti-
ment de profonde vénération dans un pays
d'ailleurs peu religieux. Personne ne le- dési-
gnait autrement que par ce surnom, qui était
à la fois un panégyrique et une action de grâ-
ces. Je voulais avoir quelques renseignements
plus précis sur ce prêtre si populaire, et je ne
pouvais les puiser à meilleure source, car le
père Simon était comme la tradition vivante
du pays. Je l'interrogeai donc.
« Le bon curé ! répondit-il avec un mouve-
ment de tête éloquent, le bon curé, c'était la
bonté, le dévouement, la charité en personne.
Il a vécu quarante ans au milieu de nous
comme un vrai père.
Il était partout où l'on souffrait, et jamais il
n'était las pour le bien. On le voyait toujours
par les chemins ou les sentiers, sous le soleil
ou sous l'averse, et quand il passait sa vieille
soutane et ses gros souliers, on était certain
qu'il allait faire une bonne action. Quand la
fièvre ou la petite vérole sévissait quelque part,
on était bien sûr que le cher homme était là.
. En 1'832, lorsque le choléra a fait ses rava-
ges, le bon curé s'en allait de village en vil-
lage, soignant les malades, ensevelissant les
morts, consolant ceux qui restaient. Et après,
comme il y avait toute une tribu d'orphelins
dont on ne savait que faire, il se mit en tête
de leur construire un asile. Et je crois vrai-
ment que l'argent lui tombait du ciel, car l'a-
sile a été fondé, et d'autres enfants y pren-
nent chaque année la place de ceux dont on
a fait de bons travailleurs ou de braves et hon-
nêtes filles.
- — Et qu'est devenu le bon cure ? demandai-
je encore.
— Je vais vous le dire, répondit Simon. 4
Un soir de Noël, il y a, ma foi, aujourd'hui
vingt-cinq ans, le digne homme s'en était ve-
nu, pour passer une heure ou deux et se tenir
éveillé jusqu'à la messe de minuit, chez son
ami M. Suchet, le médecin du pays, un autre
brave cœur avec qui il s'entendait à merveille;
— quand je dis qu'ils s'entendaient à mer-
veille, ça ne les empêchait pas de se quereller
toujours, car le docteur était un vieux pé-
cheur endurci qui prétendait ne croire ni à
Dieu ni à diable, et failli, tout le bien possible
soi-disant par pur égoïsme. Ils n'an étaient pas
moins bons amis, et se seraient fait tuer l'un
pour l'autre.
Ce soir-là le temps était -épouvantable. La
neige, qui était tombée pendant plusieurs
jours, couvrait encore la terre; mais, à cette
heure, il pleuvait du givre dru et serré que des
rafales poussaient en tourbillons, un de ces
temps qui vous mettent la glace dans les vei-
nes et la mort dans l'âme. Aussi l'humeur du
vieux médecin s'en ressentait et l'on bataillait
plus encore que d'habitude.
Tout à coup la discussion fut interrompue :
on heurtait violemment au volet de la salle
basse où se tenaient les deux amis.
- Monsieur Suchet 1 monsieur Suchet ! ré-
pétait une voix au dehors, êtes-vous là?
—■ Pa (bleu ! gronda le médecin, croyez-vous
que ,je me promène à la belle étoile?
La servante avait ouvert' la porlo, c't un
homme couvert d'une limousine se précipita
dans la. salle en s'écriant :
— Venez vite, pour l'amour de Dieu, mon-
sieur Suchet! Notre pauvre more est t.rnhée
mal et rien n'a pu la faire revenir; on la croi-
rait morte déjù, n'était qu'elle souffle comme
si clic ronflait.
—- Et tu crois que je m'en vais-courir, par
un temps pareil, à dix kilomètres pour, guérir
une morte ! .
— Ah! monsieur Suchet, vous rie voudrez
pas nous abandonner dans le malheur !
— Que 1-3 diable t'emporte? grommela le
médecin.
Puis-il ajouta d'un air bourru :
' —: Va-L'en mettre le cheval au cabrIolet.
Le paysan ne se le fit pas dire deux fois.
— Mais, dit le bon curé, si la pauvre femme
est si bas, je ferais pant-ctrc bien de vous ac-
compagner. Il n'est que huit heures et je pour-
-rai être de retour avant minuit.
— Si vous tenez absolument à faire une
promenade, l'abbé, vous êtes libre.
Quelques minutes plus tard, les deux amis
étaient assis côte à côte dans le cabriolet ; ■
Pierre, le paysan; avait pris place tant bien
que mal derrière la caisse entre les deux res-
sorts.
La bise soufflait impitoyablement. Le g'ivre
glacé fouettait les voyageurs au visage, et la
pauvre cheval avait grand'peine à se tenir
debout,
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