Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-12-18
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 18 décembre 1869 18 décembre 1869
Description : 1869/12/18 (A4,N1339). 1869/12/18 (A4,N1339).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47183416
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2017
Ces renseignements recueillis par nous nous ont été
- donn!'-r, hier soir par les iîiemJ)r.;h 1..., pins procries 1:0
la famille du blessé; nous en - ranli-'seus &r>m Ja
' scrupuleuse exactitude.
Au moment où le docteur James prenait le chemin
" de fer de Marseille pour Paris, il terminait un long et
,périlleux voyage, qu'il avait entrepris devins un mois
à travers l'Egypte. Ses traversées mot* avaient été
. marquées par de véritables dangers, et quand il arriva
à Ni'-e par le bateau de Gènes. JI avoua que, depuis
' tantot-yingt ans qu'il court le mOiJlk, il ne s était ja-
• .mais trouvé aussi exposé qu'il l'avait été durant cette
dernière excursion.
Il avait hâte-de revoir les siens, rester -ii Paris. Ce-
• pendant, étant à Nice, il se souvint qu'un de ses meil-
leurs amis, ie duc de Vallombrose. habitait Cannes, et
que H!Gn' souvent avait promis de lui faire une visite.
S'arrèterait-il à Cannes ? Telle était la question que
se'posa à plusieurs reprises le docteur, lorsqu'il prit
le chemin de la gare pour retourner à Paris.
" - Réflexion faite, il songea à continuer sa route sans
aller voir son ami. Mais, à la station de Cannes, il
demanda à un employé s'il lui serait possible de quit-
ter ce-train et de éprendre celui du soir sans perdre
le bénéfice de son coupon de circulation.
L'employé lui'dit que c'était im.¡1o<:sihle. Le docteur,
qui était descendu sur la voie, redouta dans son com-
, : partiment et renonça au projet de sa visite. Presque
au même instant, le chef du train vint a lui et-lui de-
' manda quelle était la personne qu'il désirait voir.
- C'est M: le duc- de Vallombrose, fit le docteur.
— Oh! en ce cas, répondit l'employé? je né saurais
vous refuser, car le duc de Vallombrose est si dévoué
aux intérêts de ce pays-ci, que je ferai pour lui ce que
nous ne pourrions faire pour personne.
Le docteur James resta donc à Cannes pendant que
son train poursuivait sa route sur Paris.
On comprendra l'importance de cet incident, car ce
% séjour de quelques heures l'obligeait à reprendre un
' convoi qui le conduisait à ce voyage de nuit qui lui a
été si fatal. *> .
Ce n'est pas tout.
Après avoir passé quelques heures chez la personne
qu'il était allé voir, et lorsqu'il fut près de poursuivre
sa route, le duc de Vallombrose voulut l'accompagner
jusqu'à Marseille.
Arrivés à cette station, le duc, voyant combien le
docteur, déjà souffrant, allait, être fatigué d'un long
'trajet de vingt heures pendant la nuit, obtint pour son
ami un wagon réservé, dit de famille. Le train partait
' à neuf heures trente-cinq minutes.
A peine dans ce wagon, le docteur James baissa les
. stores des portières, assombrit la clarté de lampe à
'.'aide de l'écran mobile, puis s'installla sur les cous-
' sins, plié dans ses couvertures; il se disposa enfin à
~ tpasser le mieux possible cette longue nuit, pendant la-
quelle il "'dfavait pas à redouter, croyait-il, d'être dé-
rangé dans son compartiment..
• ^ Le train se mit en marche.
j- A la première station après le départ de Marseille,-
à Rognac, et au moment même où le convoi prenait.
*?vTSon élan, la portière dn compartiment du docteur s'ou-;
f 'vrit brusquement, un homme entra, ferma vivement
• 'Sur lui cette portière^ et, tombant pour ainsi dire sur
, le coussin en face du docteur, il s'écria :
— Voilà mon affaire ! ' ~
Le mouvement qui s'était opéré dans le comparti-
ment et l'exclamation que Yeaait de pousser l'étranger
résilièrent le docteur, qui se prit à examiner assez
curieusement l'intrus.
A travers l'obscurité, il put découvrir cependant que
.< celui qui venait d'entrer aussi familièrement dans un
compartiment réservé n'avait aucun de ces menus ba-
gages qu'ordinairement tout voyageur, des premières
surtout, porte avec soi ; il vit en outre que cet indivi-
du était très-pâle et assez négligemment vêtu.
Un pressentiment sinistre traversa la pensée du
• docteur James. Malgré lui, et bien que son courage
et son sang-froid, on le verra tout à l'heure, ne lui
'">f fassent jamais défaut, il se rappela les sanglants épi-
1 sodes dont les convois de nuit ont été le théâtre ; il se
souvint du mystérieux assassin, de Jud, dont le
.{ nom seul, vrai ou faux, rappelle l'attentat le plus
odieux qui se soit commis en chemin de fer ; enfin, le
crime récent dont la France entière s'est émue et dont
le coupable attend en prison le châtiment ; tous ces
' souvenirs sinistres défilèrent pour ainsi dire dans sa
j pensée à moitié -éveillée comme une fantasmagorie
i horrible, si bien qu'à cette phrase dite par rtneonnu :
« Voilà mon affaire ! » le docteur ne put s'empêcher
:'de lui adresser la parole en lui demandant s'il comp-
i tait aller jusqu'à Paris.
! — Jusqu'à Arles seulement, répondit l'étranger.
■'i Cette réponse parut rassurer le docteur, qui se re-
, prit aussitôt à sommeiller.
'* Le train devait en effet ne s'arrêter qu'à Arles, c'est-
^ : à-dire après une heure de trajet; mais un incident
nouveau,heureux, celui-là! fit que la mécanicien dut
1 ;s'arrr-tcr à Saint-Chamas pour faire de Peau ; c'est ce
•■'qui a sauvé la vie au blessé. Mais revenons aux dé-
;.iails précis de ce drame lugubre.
Il y avait quelques minutes à peine que le docteur
r'venait de reprendre sa position horizontale sur les
! coussins, lorsqu'il se sentit atteint à la tempx; droite
'■'d'un choc terrible; puis vint un second, puis un troi-
sième... enfin, se croyant sous l'empire d'un cauche-
4 nar, d'une hallucination, il étendit ses bras et s'em..
; para de ceux de son assassin. , >
r Mais, déjà, le blessé perdait' de sett forces; surpris
dans son sommeil, les premiers coups, n'ayant pas été
1 parés, lui avaient fait au front et aux tempes de larges
plaies, d'où le sang coulait à flots, lui obstruait la vue.
*HAu hasard, et, pour ainsi dire, à tâtons, il lutta un
■ instant corps à corps avec son meurtrier. Celui-ci, de-
1 bout et tenant sa victime étendue, frappait toujours à
,''coups redoublés, sans merci, avec un acharnement de
rlauve se ruant sur sa proie.
l, Enfin, dans ce combat horrible, le docteur, éperdu,
•-saisit une main avec ses dents, et l'étreignant de toutes
'les forces qui lui restaient, il retint ainsi ' captif, pen-
dant quelques minutes, son agresseur. Si on le re-
trouve, on découvrira que les--deux derniers doigts de
sa main gauche portent les traces de cette morsure dlj-
. sespérée. •
! -Malgré cela, malgré la douleur aiguë que «sfvai I
éj.rouvcr le misérable, il ne testait do. IVaj.:«;r, qu.ai... j
| chose inattendu.-, le t'r.iin parait raies,lir ha îiMt-cm j
et vouloir -.-.'^rr'Ve:-.
L'assassin n'avait pas compté sur ce tic circonstance
imprévue, providentielle ; car si le convoi eût pour-
.suivi, cuni'nij il le devai:., jusqu'à Arles, le meurtrier
avait une .deiui-ueure encore devant lui pour achever
sa victime. Le hasard ne le voulut pas ainsi; un cas
fortuit, expliqué plus haut, nécessita cet arrêt.
En voyant, le convoi prêt à s'arrêter, l'agre.<-'.eu:'
cess,i ses aiuwaes ; il se plaça debout contre l'une des
1 portières et " regarda, avec un calme apparent, celui
qui, grâce à sa rude musculature et à son énergie
morale, avait su, malgré ses désavantages, déjouer les
projets de l'assassin.
Le docteur James était littéralement baigné dans son
sang et pourtant il n'avait pas poussé un cri, pis tenté
d'appeler du secours.
En voyant les premières lumières de cette gare de
salut s'approcher, le blessé se remit un peu et adres-
sa ainsi la parole à son assassin :
— Que vous ai-je fait pour que vous ayez voulu me
tuer?
— Je suis jeune, j'ai besoin d'argent... ne me perdez
pas ! fit le misérable qui était toujours resté debout,
près de la portière, du côté opposé à la gare où l'on
allait s'arrêter.
Le train s'arrêta en effet ; il était onze heures du
soir; l'inconnu ne fit pas un mouvement; M. James
Constantin ouvrit la portière et descendit péniblement
du compartiment. Tout à coup, n'y -voyant plus pour
se conduire, il arracha de ses yeux deux caillots de
sang coagulé; presque aussitôt, il se sentit défaillir,
il appela; l'homme qui graisse les essieux accourut et
soutfrit le blessé.
Au premier mot du docteur, c'est-à-dire, quand il
eut dit : On a voulu m'assassiner, un bruit de por-
tière se fit* entendre, c'était l'assassin qui prenait la
clef des chainps.
Telles sont les circonstances dans lesquelles ce crime
a été commis.
Nous sommes heureux de pouvoir annoncer qu'au-
jourd'hui le docteur James Constantin est tout à fait
hors de danger sérieux. Bien entendu, il garde le lit
et n'est visible pour personne, mais les docteurs Ma-
nec et Nélaton, qui le soignent avec une sollicitude
amicale, laissent espérer un prompt rétablissement.
D'ailleurs, non-seulement aucun des organes néces-
saires à la vie nlt été atteint, mais il n'est même plus
à redouter, à l'heure qu'il est, que res accidents qui,
dans ces sortes de catastrophes, en sont parfois les
suites fâcheuses, ne se manifestent. Moralement rien
n'a souffert chez le blessé ; physiquement, sa robuste
santé aura bien vite raison des plaies qui lui ont été
faites.
THÉODORE DE GRAVE.
LE GÉANT FOSSILE
On mande de Syracuse, le 10 novembre :
La. nouvelle du jour est en ce moment le gé-ant.
Onondaga., Vers lami-octobre dernier, Stub Ne-
well, demeurant à Cardiff, creusait un puits pour
avoir de l'eau. Arrivé à quelque profondeur, il dé-
couvrit tout à coupoles pieds d'un géant de pierre.
Il le découvçitiavec le plus grand soin. C'était une
œuvre magnifique. Newell se rendit à Syracuse
pour faire part de sa découverte.
Le professeur Boynton et quelques médecins se
rendirent à la ferme de Newell, et la relique fut
exhibée. Le professeur Boynton, après l'avoir exa-
minée, déclara que cette statue était en gypse et
qu'elle remontait au siècle archéologique. Le pro-
fesseur Hail, d'Albany, vint voir la statue ; il fut
du même avis que le professeur Boynton»
Tous les jours, M. Newell, qui a laissé dans son
terrain la statue couchée et couverte d'une toile,
reçoit de nombreuses visites et fait payer 50 cen-
times par personne pour cette exhibition. Une so-
ciété s'est bientôt formée à Syracuse ; elle a ache-
té à M. Newell les trois quarts^de sa propriété,
moyennant 80,000 dollars. M. Newell s'est réser-
vé un seul quart, pour lequel il lui a déjà été of-
fert des sommes fabuleuses. Le géant, transporté
à Syracuse, est maintenant exhibé, des milliers
de curieux le visitent.
La taille du géant de gypse est de 10 pieds 4
pouces 1/2. C'est une belle et sympathique figu-
re ; les proportions du colosse sont admirables. Le
poids .est de 1,990 livres. Quelques parties posté-
rieures de la tête et du dos sont avariées. L'eau,
en séjournant sous la partie couchée, a produit,
dit-on, ces avaries. Les professeurs prétendent
que cette statue ou fossile était couchée dans son
tombeau depuis des siècles.
Il parait que l'on a déjà retrouvé plusieurs corps
humains et d'animaux pétrifiés dans ces localités.
Les corps humains n'avaient cependant séjourné
dans la terre que vingt ou trente ans. L'opinion
générale est que ce géant est un fossile. La pré-
sence de l'eau en contact immédiat avec le corps
est une présomption que la pétrification a pu et dû
avoir lieu. v
Si ce que l'on a trouvé n'est qu'une statue, il
faut convenir que c'est une œuvre d'art magnifi-
quement modelée. Plus on s'attache à regarder
cette statue ou cet homme de pierre, et plus on
la trouve splendide. Cette forme humaine est
presque divine ; elle confond les professeurs, les
anatomistes et les sculpteurs.
La vérité est qu'il a existé des géants, et qu'a-
vant le déluge, la postérité mêlée de Loth et
Caïn se composait de colosses.
On est en train de construire un fac-simile du
géant de Cardiff. L'illustre Otto est chargé de
cette œuvre, qui doit être bientôt exposée dans le
Jardin atlantique, à New-York. Le poids de cette
imitation sera de 1,000 livres. '
SOUVENIRS JUDICIAIRES
L'AFFAIRE LAVALETTE
I (Suite)
Le Jugement.
L'acte d'accusation dont le greffier donne lec-
ture présente les faits qui se sont passés le
20 mars à l'hôtel des Poster avec une mise en
scène de nature à impressionner le jury.
Suivant cet acte, « à sept heures du matin, Lava-
lette, accompagné du général Sebastiani, est entré
brusquement dans 1. salle d'audience, et, frap-
pant le plancher de sa canne, a dit en entrant, à
voix haute : « AH nom de l 'Eî?îpereiir, je prends
possession des Poste-; l »
« Il s'est adressé alors à un jeune homme qui
travaillait à un bureau dans la salle d'audience,
et, apprenant de lui sa qualité de secrétaire in-
time du directeur, il a demandé à voir M. Fer-
rand. Le secrétaire a été prévenir son chef; et,
lorsque ce dernier, après avoir traversé vivement
la salle d'audience sans laisser à Lavalette le
temps de lui adresser la parole, est entré dans
son cabinet, Lavalette, empêchant la porte de se
refermer, y a pénétré -à sa suite. Il lui a alors dé-
claré nettement qu'il venait reprendre la direc-
tion des Postes, lui annonçant que le roi avait
quitté Paris et que l'Empereur devait y arriver le
soir même.
« Puis il lui dit que, afin de lui laisser le temps
d'arranger ses papiers et de les emporter, il allait
se retirer dans le cabinet de M. de Villars, secré-
taire particulier de l'administration.
« A partir de ce moment, — c'est toujours l'acte
d'accusation qui parle, — Lavalette fait acte de
directeur général. Son premier soin est d'expé-
dier un courrier à Napoléon, à Fontainebleau. Le
comte Ferrand veut partir pour Lille, afin de re-
joindre le roi. Lavalette lui refuse un permis de
poste pour cette destination ; pourtant, sur les in-
stances de la comtesse Ferrand, il finit par accor-
der le permis de poste, mais seulement pour Or-
léans, où M. Ferrand ira retrouver sa famille. Et
ce permis, il l'écrit tout entier de sa main. Il fait
appeler les chefs de division, le secrétaire géné-
ral, et donne des ordres en disant : « Je reprends
mon service. » Il convoque les administrateurs gé-
néraux et préside leur assemblée, comme leur
chef.
« Il donne, dans cette même matinée du ,20
mars, trois ordres par écrit de la plus haute gra-
vité. Par le premier, en arrêtant le départ des
journaux et par conséquent du Moniteur, il empê-
che de parvenir à la connaissance du public dans
les départements un manifeste du roi contenu dans
le numéro de ce jour. Par le second, il supprime,
en en défendant l'expédition, les dépêches minis-
térielles et celles du préfet de la Seine. Par le
troisième enfin, il rétablit sur deux routes royales
un service suspendu par l'autorité supérieure.
« Il fait plus ; dans l'après-midi du même jour,
il ^envoie de divers côtés, dans les départements,
des courriers de la malle porteurs d'une circulaire
qu'il a signée avec mention de sa prétendue
qualité de directeur des postes, et qui est ainsi
conçue :
« Paris, le 20 mars, 4 h. 1/2 après midj. <
« L'Empereur sera à Paris dans deux heures,
« et peut-être avant. La capitale est dans le plus
« grand enthousiasme. Tout est tranquille, et quoi
« n'en puisse dire, la guerre civile n'aura lieu
« v;:!;e part.
« Vive l'Eînpereur !
« Le conseiller d'Etat directeur général
« des postes;
« Comte DE LAVÀLETTE. »
« Comment douter que l'accusé ne fût d'intel-
ligence avec Bonaparte et qu'il ne connût ses dis-
positions, puisqu'il annonce ainsi officiellement le
jour et presque l'heure de son arrivée à Paris? On
sait, d'ailleurs, qu'il a entretenu des correspon-
dances avec Napoléon à l'île d'Elbe et qu'il lui a
écrit. Sa conduite mystérieuse sous la première
Restauration est aussi une preuve de sa complicité
dans les événements qui se so.nt produits. Il n'a
cessé à cette époque d'avoir des relations avec les
ennemis déclarés du gouvernement royal, il a fait
partie de conciliabules secrets tenus par ceux-ci ;
enfin, pendant les quelques jours qui ont précédé
le retour de Napoléon, il a quitté son domicile et
s'est tenu caché dans l'hôtel îàe la duchesse de
Saint-Leu, où il a attendu le moment d'agir. »
Cet acte d'accusation, dans lequel toutes les ré-
ponses de Lavalette dans l'instruction, toutes les
explications qu'il a données sur sa conduite le
20 mars, sont réfutées 'une à une, se termine
ainsi :
« En conséquence, Marie Chamans-Lavalette
« est accusé d'avoir, le 20 mars, dès le matin,
« usurpé dans l'hôtel des Postes le titre et les
« fonctions de directeur général, et, en cette
« qualité, donné divers ordres ;
« D'avoir, le même jour, expédié une circulaire
« ayant pour objet de tromper les habitants des
« départements sur la véritable situation de
« Paris ;
' fi. D'avoir correspondu avec Bonaparte avant
« son arrivée à Paris, et de s'ètre ainsi rendu
« complice de l'attentat commis dans les mois de
« févrierlet mars derniers contre la personne du
« roi étalés membres-de la famille royale. »
v Au.greffier terminant la lecture de l'acte d'ac-
cusation, succède l'avocat général qui, après avoir
résumé. toutes les charges qui s'élèvent contre
.Lavalfjtte, dans une péroraison insidieuse, engage
' lés jurés à se défendre contre levassions Jégt'ft-
^•ique doit éveiller en eux le crime imputé ,à
• à n'ôi-.oi'.iev crue les lois, et à prononcer
sacs ;,:! I(;e et snns crainte.
* Lt, ce 1': ¡"¡tnt, dit-il en terminant, vous aurez
rempli vos devoirs et satisfait vos consciences. »
Mous n'avons pas l'intention de suivre pas à pat
les débats de cette affaire dont le fata! déncue-
ment semblait être résolu â l'avance. Nous les ré-
sumons en peu de mots.
Il fallait d'abord établir les relations tic t'accuse
avec l'Empereur avant le 20 mars; et ce fut là le
seul objet de l'interrogatoire que le président fil
subir à Lavalette.
— Vous avez avoué que vous avez écrit à Bona-
parte pendant qu'il était àl'île d'Elbe? demanda le
président.
— Non ! monsieur, répondit Lavalette avec di-
gnité, je n'ai pasavouh,j'ai déclaré de mon propre
mouvement, et sans que rien m'y obligeât, que je
lui avais écrit pour lui présenter mes vœux au
renouvellement de l'année.
— Cette lettre était datée de la fin de novem- ,
bre. Si tel en était l'unique but, comment se fait-
il que vous l'ayez écrite à une époque si éloignée
du renouvellement de l'armée ?
— Cette lettre était confiée à un voyageur qui
ne partait pas sur-le-champ, qui devait rester
quelque temps en route et avait mission de la. je-
ter à la poste dans les départements.
Telle fut la réponse de Lavalette; et là se borna
son interrogatoire. On fit alors défiler tous les lé-
moins.
E. NYON.
(La suite à demain.)
LE TRÉSOR DU FOYER
HYGIÈNE
Avfs aux fumturs. — Il parait que l'usage du cou-
teau à cigares, qui est installé sur- le comptoir des
marchands de tabac, n'est pas sans danger.
Il serait tout aussi dangereux de se servir de cet
instrument que de boire dans le verre d'un inconnu.
Quelques personnes ont été dernièrement Victimes de
leur imprudence ou plutôt de leur ignorance à cet
égard.
"il suffit en effet qu'un individu porteur sur les lè-
vres ou dans sa salive d'un liquide contagieux quel-
conque se serve, après avoir mis par mégarde son ci-
gare à la bouche, du petit instrument, et dépose sur
ses bords ou ses lames une parcelle de ce virus, pour
que cette parcelle soit recueillie sur les cigares sui-
vants. '
Il pourra ainsi en résulter l'inoculation des plus ter-
ribles maladies.
Nous pensons donc qu'on devra renoncer à ce couteau
commun, dont l'emploi n'est pas indispensable.
UN CONSEIL PAR JOUR
Je ne sais pas de condition plus défavorable
pour la pureté de l'âme que la saleté physique.
HENRIETTE BEECHER STOWE.
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LA GAZETTE DE LA BOURSE
Rédacteur en chef : EDMOND PELLETIER,
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la famille du blessé; nous en - ranli-'seus &r>m Ja
' scrupuleuse exactitude.
Au moment où le docteur James prenait le chemin
" de fer de Marseille pour Paris, il terminait un long et
,périlleux voyage, qu'il avait entrepris devins un mois
à travers l'Egypte. Ses traversées mot* avaient été
. marquées par de véritables dangers, et quand il arriva
à Ni'-e par le bateau de Gènes. JI avoua que, depuis
' tantot-yingt ans qu'il court le mOiJlk, il ne s était ja-
• .mais trouvé aussi exposé qu'il l'avait été durant cette
dernière excursion.
Il avait hâte-de revoir les siens, rester -ii Paris. Ce-
• pendant, étant à Nice, il se souvint qu'un de ses meil-
leurs amis, ie duc de Vallombrose. habitait Cannes, et
que H!Gn' souvent avait promis de lui faire une visite.
S'arrèterait-il à Cannes ? Telle était la question que
se'posa à plusieurs reprises le docteur, lorsqu'il prit
le chemin de la gare pour retourner à Paris.
" - Réflexion faite, il songea à continuer sa route sans
aller voir son ami. Mais, à la station de Cannes, il
demanda à un employé s'il lui serait possible de quit-
ter ce-train et de éprendre celui du soir sans perdre
le bénéfice de son coupon de circulation.
L'employé lui'dit que c'était im.¡1o<:sihle. Le docteur,
qui était descendu sur la voie, redouta dans son com-
, : partiment et renonça au projet de sa visite. Presque
au même instant, le chef du train vint a lui et-lui de-
' manda quelle était la personne qu'il désirait voir.
- C'est M: le duc- de Vallombrose, fit le docteur.
— Oh! en ce cas, répondit l'employé? je né saurais
vous refuser, car le duc de Vallombrose est si dévoué
aux intérêts de ce pays-ci, que je ferai pour lui ce que
nous ne pourrions faire pour personne.
Le docteur James resta donc à Cannes pendant que
son train poursuivait sa route sur Paris.
On comprendra l'importance de cet incident, car ce
% séjour de quelques heures l'obligeait à reprendre un
' convoi qui le conduisait à ce voyage de nuit qui lui a
été si fatal. *> .
Ce n'est pas tout.
Après avoir passé quelques heures chez la personne
qu'il était allé voir, et lorsqu'il fut près de poursuivre
sa route, le duc de Vallombrose voulut l'accompagner
jusqu'à Marseille.
Arrivés à cette station, le duc, voyant combien le
docteur, déjà souffrant, allait, être fatigué d'un long
'trajet de vingt heures pendant la nuit, obtint pour son
ami un wagon réservé, dit de famille. Le train partait
' à neuf heures trente-cinq minutes.
A peine dans ce wagon, le docteur James baissa les
. stores des portières, assombrit la clarté de lampe à
'.'aide de l'écran mobile, puis s'installla sur les cous-
' sins, plié dans ses couvertures; il se disposa enfin à
~ tpasser le mieux possible cette longue nuit, pendant la-
quelle il "'dfavait pas à redouter, croyait-il, d'être dé-
rangé dans son compartiment..
• ^ Le train se mit en marche.
j- A la première station après le départ de Marseille,-
à Rognac, et au moment même où le convoi prenait.
*?vTSon élan, la portière dn compartiment du docteur s'ou-;
f 'vrit brusquement, un homme entra, ferma vivement
• 'Sur lui cette portière^ et, tombant pour ainsi dire sur
, le coussin en face du docteur, il s'écria :
— Voilà mon affaire ! ' ~
Le mouvement qui s'était opéré dans le comparti-
ment et l'exclamation que Yeaait de pousser l'étranger
résilièrent le docteur, qui se prit à examiner assez
curieusement l'intrus.
A travers l'obscurité, il put découvrir cependant que
.< celui qui venait d'entrer aussi familièrement dans un
compartiment réservé n'avait aucun de ces menus ba-
gages qu'ordinairement tout voyageur, des premières
surtout, porte avec soi ; il vit en outre que cet indivi-
du était très-pâle et assez négligemment vêtu.
Un pressentiment sinistre traversa la pensée du
• docteur James. Malgré lui, et bien que son courage
et son sang-froid, on le verra tout à l'heure, ne lui
'">f fassent jamais défaut, il se rappela les sanglants épi-
1 sodes dont les convois de nuit ont été le théâtre ; il se
souvint du mystérieux assassin, de Jud, dont le
.{ nom seul, vrai ou faux, rappelle l'attentat le plus
odieux qui se soit commis en chemin de fer ; enfin, le
crime récent dont la France entière s'est émue et dont
le coupable attend en prison le châtiment ; tous ces
' souvenirs sinistres défilèrent pour ainsi dire dans sa
j pensée à moitié -éveillée comme une fantasmagorie
i horrible, si bien qu'à cette phrase dite par rtneonnu :
« Voilà mon affaire ! » le docteur ne put s'empêcher
:'de lui adresser la parole en lui demandant s'il comp-
i tait aller jusqu'à Paris.
! — Jusqu'à Arles seulement, répondit l'étranger.
■'i Cette réponse parut rassurer le docteur, qui se re-
, prit aussitôt à sommeiller.
'* Le train devait en effet ne s'arrêter qu'à Arles, c'est-
^ : à-dire après une heure de trajet; mais un incident
nouveau,heureux, celui-là! fit que la mécanicien dut
1 ;s'arrr-tcr à Saint-Chamas pour faire de Peau ; c'est ce
•■'qui a sauvé la vie au blessé. Mais revenons aux dé-
;.iails précis de ce drame lugubre.
Il y avait quelques minutes à peine que le docteur
r'venait de reprendre sa position horizontale sur les
! coussins, lorsqu'il se sentit atteint à la tempx; droite
'■'d'un choc terrible; puis vint un second, puis un troi-
sième... enfin, se croyant sous l'empire d'un cauche-
4 nar, d'une hallucination, il étendit ses bras et s'em..
; para de ceux de son assassin. , >
r Mais, déjà, le blessé perdait' de sett forces; surpris
dans son sommeil, les premiers coups, n'ayant pas été
1 parés, lui avaient fait au front et aux tempes de larges
plaies, d'où le sang coulait à flots, lui obstruait la vue.
*HAu hasard, et, pour ainsi dire, à tâtons, il lutta un
■ instant corps à corps avec son meurtrier. Celui-ci, de-
1 bout et tenant sa victime étendue, frappait toujours à
,''coups redoublés, sans merci, avec un acharnement de
rlauve se ruant sur sa proie.
l, Enfin, dans ce combat horrible, le docteur, éperdu,
•-saisit une main avec ses dents, et l'étreignant de toutes
'les forces qui lui restaient, il retint ainsi ' captif, pen-
dant quelques minutes, son agresseur. Si on le re-
trouve, on découvrira que les--deux derniers doigts de
sa main gauche portent les traces de cette morsure dlj-
. sespérée. •
! -Malgré cela, malgré la douleur aiguë que «sfvai I
éj.rouvcr le misérable, il ne testait do. IVaj.:«;r, qu.ai... j
| chose inattendu.-, le t'r.iin parait raies,lir ha îiMt-cm j
et vouloir -.-.'^rr'Ve:-.
L'assassin n'avait pas compté sur ce tic circonstance
imprévue, providentielle ; car si le convoi eût pour-
.suivi, cuni'nij il le devai:., jusqu'à Arles, le meurtrier
avait une .deiui-ueure encore devant lui pour achever
sa victime. Le hasard ne le voulut pas ainsi; un cas
fortuit, expliqué plus haut, nécessita cet arrêt.
En voyant, le convoi prêt à s'arrêter, l'agre.<-'.eu:'
cess,i ses aiuwaes ; il se plaça debout contre l'une des
1 portières et " regarda, avec un calme apparent, celui
qui, grâce à sa rude musculature et à son énergie
morale, avait su, malgré ses désavantages, déjouer les
projets de l'assassin.
Le docteur James était littéralement baigné dans son
sang et pourtant il n'avait pas poussé un cri, pis tenté
d'appeler du secours.
En voyant les premières lumières de cette gare de
salut s'approcher, le blessé se remit un peu et adres-
sa ainsi la parole à son assassin :
— Que vous ai-je fait pour que vous ayez voulu me
tuer?
— Je suis jeune, j'ai besoin d'argent... ne me perdez
pas ! fit le misérable qui était toujours resté debout,
près de la portière, du côté opposé à la gare où l'on
allait s'arrêter.
Le train s'arrêta en effet ; il était onze heures du
soir; l'inconnu ne fit pas un mouvement; M. James
Constantin ouvrit la portière et descendit péniblement
du compartiment. Tout à coup, n'y -voyant plus pour
se conduire, il arracha de ses yeux deux caillots de
sang coagulé; presque aussitôt, il se sentit défaillir,
il appela; l'homme qui graisse les essieux accourut et
soutfrit le blessé.
Au premier mot du docteur, c'est-à-dire, quand il
eut dit : On a voulu m'assassiner, un bruit de por-
tière se fit* entendre, c'était l'assassin qui prenait la
clef des chainps.
Telles sont les circonstances dans lesquelles ce crime
a été commis.
Nous sommes heureux de pouvoir annoncer qu'au-
jourd'hui le docteur James Constantin est tout à fait
hors de danger sérieux. Bien entendu, il garde le lit
et n'est visible pour personne, mais les docteurs Ma-
nec et Nélaton, qui le soignent avec une sollicitude
amicale, laissent espérer un prompt rétablissement.
D'ailleurs, non-seulement aucun des organes néces-
saires à la vie nlt été atteint, mais il n'est même plus
à redouter, à l'heure qu'il est, que res accidents qui,
dans ces sortes de catastrophes, en sont parfois les
suites fâcheuses, ne se manifestent. Moralement rien
n'a souffert chez le blessé ; physiquement, sa robuste
santé aura bien vite raison des plaies qui lui ont été
faites.
THÉODORE DE GRAVE.
LE GÉANT FOSSILE
On mande de Syracuse, le 10 novembre :
La. nouvelle du jour est en ce moment le gé-ant.
Onondaga., Vers lami-octobre dernier, Stub Ne-
well, demeurant à Cardiff, creusait un puits pour
avoir de l'eau. Arrivé à quelque profondeur, il dé-
couvrit tout à coupoles pieds d'un géant de pierre.
Il le découvçitiavec le plus grand soin. C'était une
œuvre magnifique. Newell se rendit à Syracuse
pour faire part de sa découverte.
Le professeur Boynton et quelques médecins se
rendirent à la ferme de Newell, et la relique fut
exhibée. Le professeur Boynton, après l'avoir exa-
minée, déclara que cette statue était en gypse et
qu'elle remontait au siècle archéologique. Le pro-
fesseur Hail, d'Albany, vint voir la statue ; il fut
du même avis que le professeur Boynton»
Tous les jours, M. Newell, qui a laissé dans son
terrain la statue couchée et couverte d'une toile,
reçoit de nombreuses visites et fait payer 50 cen-
times par personne pour cette exhibition. Une so-
ciété s'est bientôt formée à Syracuse ; elle a ache-
té à M. Newell les trois quarts^de sa propriété,
moyennant 80,000 dollars. M. Newell s'est réser-
vé un seul quart, pour lequel il lui a déjà été of-
fert des sommes fabuleuses. Le géant, transporté
à Syracuse, est maintenant exhibé, des milliers
de curieux le visitent.
La taille du géant de gypse est de 10 pieds 4
pouces 1/2. C'est une belle et sympathique figu-
re ; les proportions du colosse sont admirables. Le
poids .est de 1,990 livres. Quelques parties posté-
rieures de la tête et du dos sont avariées. L'eau,
en séjournant sous la partie couchée, a produit,
dit-on, ces avaries. Les professeurs prétendent
que cette statue ou fossile était couchée dans son
tombeau depuis des siècles.
Il parait que l'on a déjà retrouvé plusieurs corps
humains et d'animaux pétrifiés dans ces localités.
Les corps humains n'avaient cependant séjourné
dans la terre que vingt ou trente ans. L'opinion
générale est que ce géant est un fossile. La pré-
sence de l'eau en contact immédiat avec le corps
est une présomption que la pétrification a pu et dû
avoir lieu. v
Si ce que l'on a trouvé n'est qu'une statue, il
faut convenir que c'est une œuvre d'art magnifi-
quement modelée. Plus on s'attache à regarder
cette statue ou cet homme de pierre, et plus on
la trouve splendide. Cette forme humaine est
presque divine ; elle confond les professeurs, les
anatomistes et les sculpteurs.
La vérité est qu'il a existé des géants, et qu'a-
vant le déluge, la postérité mêlée de Loth et
Caïn se composait de colosses.
On est en train de construire un fac-simile du
géant de Cardiff. L'illustre Otto est chargé de
cette œuvre, qui doit être bientôt exposée dans le
Jardin atlantique, à New-York. Le poids de cette
imitation sera de 1,000 livres. '
SOUVENIRS JUDICIAIRES
L'AFFAIRE LAVALETTE
I (Suite)
Le Jugement.
L'acte d'accusation dont le greffier donne lec-
ture présente les faits qui se sont passés le
20 mars à l'hôtel des Poster avec une mise en
scène de nature à impressionner le jury.
Suivant cet acte, « à sept heures du matin, Lava-
lette, accompagné du général Sebastiani, est entré
brusquement dans 1. salle d'audience, et, frap-
pant le plancher de sa canne, a dit en entrant, à
voix haute : « AH nom de l 'Eî?îpereiir, je prends
possession des Poste-; l »
« Il s'est adressé alors à un jeune homme qui
travaillait à un bureau dans la salle d'audience,
et, apprenant de lui sa qualité de secrétaire in-
time du directeur, il a demandé à voir M. Fer-
rand. Le secrétaire a été prévenir son chef; et,
lorsque ce dernier, après avoir traversé vivement
la salle d'audience sans laisser à Lavalette le
temps de lui adresser la parole, est entré dans
son cabinet, Lavalette, empêchant la porte de se
refermer, y a pénétré -à sa suite. Il lui a alors dé-
claré nettement qu'il venait reprendre la direc-
tion des Postes, lui annonçant que le roi avait
quitté Paris et que l'Empereur devait y arriver le
soir même.
« Puis il lui dit que, afin de lui laisser le temps
d'arranger ses papiers et de les emporter, il allait
se retirer dans le cabinet de M. de Villars, secré-
taire particulier de l'administration.
« A partir de ce moment, — c'est toujours l'acte
d'accusation qui parle, — Lavalette fait acte de
directeur général. Son premier soin est d'expé-
dier un courrier à Napoléon, à Fontainebleau. Le
comte Ferrand veut partir pour Lille, afin de re-
joindre le roi. Lavalette lui refuse un permis de
poste pour cette destination ; pourtant, sur les in-
stances de la comtesse Ferrand, il finit par accor-
der le permis de poste, mais seulement pour Or-
léans, où M. Ferrand ira retrouver sa famille. Et
ce permis, il l'écrit tout entier de sa main. Il fait
appeler les chefs de division, le secrétaire géné-
ral, et donne des ordres en disant : « Je reprends
mon service. » Il convoque les administrateurs gé-
néraux et préside leur assemblée, comme leur
chef.
« Il donne, dans cette même matinée du ,20
mars, trois ordres par écrit de la plus haute gra-
vité. Par le premier, en arrêtant le départ des
journaux et par conséquent du Moniteur, il empê-
che de parvenir à la connaissance du public dans
les départements un manifeste du roi contenu dans
le numéro de ce jour. Par le second, il supprime,
en en défendant l'expédition, les dépêches minis-
térielles et celles du préfet de la Seine. Par le
troisième enfin, il rétablit sur deux routes royales
un service suspendu par l'autorité supérieure.
« Il fait plus ; dans l'après-midi du même jour,
il ^envoie de divers côtés, dans les départements,
des courriers de la malle porteurs d'une circulaire
qu'il a signée avec mention de sa prétendue
qualité de directeur des postes, et qui est ainsi
conçue :
« Paris, le 20 mars, 4 h. 1/2 après midj. <
« L'Empereur sera à Paris dans deux heures,
« et peut-être avant. La capitale est dans le plus
« grand enthousiasme. Tout est tranquille, et quoi
« n'en puisse dire, la guerre civile n'aura lieu
« v;:!;e part.
« Vive l'Eînpereur !
« Le conseiller d'Etat directeur général
« des postes;
« Comte DE LAVÀLETTE. »
« Comment douter que l'accusé ne fût d'intel-
ligence avec Bonaparte et qu'il ne connût ses dis-
positions, puisqu'il annonce ainsi officiellement le
jour et presque l'heure de son arrivée à Paris? On
sait, d'ailleurs, qu'il a entretenu des correspon-
dances avec Napoléon à l'île d'Elbe et qu'il lui a
écrit. Sa conduite mystérieuse sous la première
Restauration est aussi une preuve de sa complicité
dans les événements qui se so.nt produits. Il n'a
cessé à cette époque d'avoir des relations avec les
ennemis déclarés du gouvernement royal, il a fait
partie de conciliabules secrets tenus par ceux-ci ;
enfin, pendant les quelques jours qui ont précédé
le retour de Napoléon, il a quitté son domicile et
s'est tenu caché dans l'hôtel îàe la duchesse de
Saint-Leu, où il a attendu le moment d'agir. »
Cet acte d'accusation, dans lequel toutes les ré-
ponses de Lavalette dans l'instruction, toutes les
explications qu'il a données sur sa conduite le
20 mars, sont réfutées 'une à une, se termine
ainsi :
« En conséquence, Marie Chamans-Lavalette
« est accusé d'avoir, le 20 mars, dès le matin,
« usurpé dans l'hôtel des Postes le titre et les
« fonctions de directeur général, et, en cette
« qualité, donné divers ordres ;
« D'avoir, le même jour, expédié une circulaire
« ayant pour objet de tromper les habitants des
« départements sur la véritable situation de
« Paris ;
' fi. D'avoir correspondu avec Bonaparte avant
« son arrivée à Paris, et de s'ètre ainsi rendu
« complice de l'attentat commis dans les mois de
« févrierlet mars derniers contre la personne du
« roi étalés membres-de la famille royale. »
v Au.greffier terminant la lecture de l'acte d'ac-
cusation, succède l'avocat général qui, après avoir
résumé. toutes les charges qui s'élèvent contre
.Lavalfjtte, dans une péroraison insidieuse, engage
' lés jurés à se défendre contre levassions Jégt'ft-
^•ique doit éveiller en eux le crime imputé ,à
• à n'ôi-.oi'.iev crue les lois, et à prononcer
sacs ;,:! I(;e et snns crainte.
* Lt, ce 1': ¡"¡tnt, dit-il en terminant, vous aurez
rempli vos devoirs et satisfait vos consciences. »
Mous n'avons pas l'intention de suivre pas à pat
les débats de cette affaire dont le fata! déncue-
ment semblait être résolu â l'avance. Nous les ré-
sumons en peu de mots.
Il fallait d'abord établir les relations tic t'accuse
avec l'Empereur avant le 20 mars; et ce fut là le
seul objet de l'interrogatoire que le président fil
subir à Lavalette.
— Vous avez avoué que vous avez écrit à Bona-
parte pendant qu'il était àl'île d'Elbe? demanda le
président.
— Non ! monsieur, répondit Lavalette avec di-
gnité, je n'ai pasavouh,j'ai déclaré de mon propre
mouvement, et sans que rien m'y obligeât, que je
lui avais écrit pour lui présenter mes vœux au
renouvellement de l'année.
— Cette lettre était datée de la fin de novem- ,
bre. Si tel en était l'unique but, comment se fait-
il que vous l'ayez écrite à une époque si éloignée
du renouvellement de l'armée ?
— Cette lettre était confiée à un voyageur qui
ne partait pas sur-le-champ, qui devait rester
quelque temps en route et avait mission de la. je-
ter à la poste dans les départements.
Telle fut la réponse de Lavalette; et là se borna
son interrogatoire. On fit alors défiler tous les lé-
moins.
E. NYON.
(La suite à demain.)
LE TRÉSOR DU FOYER
HYGIÈNE
Avfs aux fumturs. — Il parait que l'usage du cou-
teau à cigares, qui est installé sur- le comptoir des
marchands de tabac, n'est pas sans danger.
Il serait tout aussi dangereux de se servir de cet
instrument que de boire dans le verre d'un inconnu.
Quelques personnes ont été dernièrement Victimes de
leur imprudence ou plutôt de leur ignorance à cet
égard.
"il suffit en effet qu'un individu porteur sur les lè-
vres ou dans sa salive d'un liquide contagieux quel-
conque se serve, après avoir mis par mégarde son ci-
gare à la bouche, du petit instrument, et dépose sur
ses bords ou ses lames une parcelle de ce virus, pour
que cette parcelle soit recueillie sur les cigares sui-
vants. '
Il pourra ainsi en résulter l'inoculation des plus ter-
ribles maladies.
Nous pensons donc qu'on devra renoncer à ce couteau
commun, dont l'emploi n'est pas indispensable.
UN CONSEIL PAR JOUR
Je ne sais pas de condition plus défavorable
pour la pureté de l'âme que la saleté physique.
HENRIETTE BEECHER STOWE.
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