Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-12-07
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 décembre 1869 07 décembre 1869
Description : 1869/12/07 (A4,N1328). 1869/12/07 (A4,N1328).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4718330d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2017
>THe qu'eue avait choisie pour résidence. Malheureu-
TiJcnt rour lui, la police avait : n ••y.-ti :lr ,t, et
bien l')! arrêté, il attend le moineir compte. à la justice.
. La j.'une femme qui, pour lr -livre, .vsLit si folle-
ment abandonné sa famille. s'é'du crime de celui -qu'elle ava:, aiinéi Mais eTt lisant
dans !e journal le nom de son époux et son arresta-
tien, l'idée de la honte qui allait rejaillir sur elle la
frappa si vivement, qu'elle mit fin à ses jours après
avoir écrit à sa sœur une lettre où, demandant par-
don de sa faute si cruelle m en "xpiée, elle lui disait
un éternel adieu.
Quant à Love, qui a abandonné cette malheureuse
après deux années de m,,ria.-c =a nouvelle conquête
après six mois, il trouve encore la chose plaisante et
rit quand on lui en parle.
LA MISÈRE HONTEUSE
Il B'y a pas de Jour qu'un journal n'ait cette
* phras- dichée dans une de ses colonnes : La misère
à Londres est bien plus qrantie qu'à Paris. Il sem-
blerait qu'une fois qu'on a dit cela on a effacé
toutes les atroces souffrances de nos malheureux,
et le bourgeois, en se peletonnant sous sa couver-
ture, laisse échapper, : en se détirant, la fameuse
phrase : la misère à Londres est plus grande qu'à
Paris, puis il s'endort content de lui-même.
Eh bien! je vais raconter une des mille misères
cachées comme il y en. a tant.
.,A Montmartre l'on peut voir tous les jours une
malheureuse femme d'une quarantaine d'années,
vêtue de noir, pâle, la figure amaigrie. Elle sem-
ble personnifier la douleur, tant la souffrance et
la misère ont imprimé sur sa figure leurs marques
ineffables.
Veuve d'un grand négociant, mort de chagrin
il y a deux ans d'avoir été ruiné par les derniers
événements arrivés en Allemagne (il perdit toute
sa fortune, 3 ou 400,000 fr.), la pauvre femme
. resta, seule avec trois enfants, trois filles, qu'ella
fut obligée de retirer de leurs pensidns. La mal-
heureuse était sans ressources, sans famille, que
faire ?
Alors commença la plus effroyable lutte de' la
fierté, de l'ancienne splendeur avec le besoin ! la
faim 1 la misère... De chute en chute, après avotr
tout vendu, elle se trouva obligée, la malheureu-
se, d'implorer du préfet de police la permission
de vendre sur la voie publique des légumes, et
là, exposée à la pluie, à tous les vents, la pau-
vresse appelle d'une voix douce et lente les cha-
lands qui voudront bien lui acheter les quelques
... sous de marchandises qu'elle a devant elle..
Mois ce n'est pas tout, hélas! Quand le malheur
tient sa proie, il la tient bien.
En vendant ses légumes, la malheureuse gagne
peut-être quinze à vingt sous par jour, et vivre là-
dessus à trois? C'est une amère dérision que de
penser y répondre.
La plus âgée des filles, une jolie et frêle enfant
de douze ans, fut donc obligée de travailler, et ne
trouva à faire qu'un ménage. Au bout de quelque
temps, la fatigue (on la faisait cirer le plancher)
amena des vomissements de sang, et à l'heure où
j'écris ces ligne-s, la pauvre petite se meurt.
Voil-à l'histoire que j'avais à raconter. Comme
l'on voit, ce n'est pas un simple fais divers.
(Le Peuple français.)
LES DRAMES DE LA MER
Une révolte à bord
Le télégraphe nous a parlé brièvement d'une
épouvantable tragédie qui s'est passée dans
l'Océan Pacifique. Un navire français, le Moaroa,
chargé de coolies polynésiens, se rendait à Tahiti,
lorsque les malheureux qu'il transportait se sont
soulevés. Pour les punir d'une révolte, l'équipage
a fait sauler le pont du navire, et la plupart des
coolies ont été tués ou noyés.
On ne saurait lire sans frémir la relation de la
* lutte dont le Jfoaroa a été le théâtre. Cette rela-
tion est faite par le second du navire. Le Phare
de la Loire en reproduit les principaux pas-
sages :
Le Moôroa était parti de Tahiti avec une cargaison
de coton pour Auckland; il devait, au retour, ramener
des travailleurs océaniens.
Après avoir débarqué le coton à Auckland, le Moa-
roa s'est dirigé vers l'île Byron, où. le capitaine a vai-
nement essayé de persuader aux indigènes de monter
à son bord. Trois jours plus tard, nous sommes arri-
vés près de l'ile Péru; mais comme un blanc résidant
à l'ile Byron avait envoyé trois personnes pour préve-
nir les indigènes que nous avions besoin d'hommes,
personne n'est venu à bord. Le lendemain matin, nous
avons rencontré le trois-mâts-barque Annie, de Mel-
bourne, lequel avait i59 Kanaques, mais pas d'eau. Le
capitaine a fait des arrangements pour embarquer ces
indigènes pour Tahiti.
Ayant embarqué les indigènes et rlçu troe quantité
de poudre provenant de P Annz*e, nous nous sommes
dirigés vers l'ile Hope. Deux grands canots sont ve-
nus le long du bord avec 37 Kanaques, lesquels sont
tous restés à bord. Le lendemain, 19 Kanaques soin
venus à bord. A quatri5 heures de l'après-midi, nous
avons fait route pour l'île Byron, En passant devant
l'île, nous avons pris à bord 68 Kanaques, et alors
nous avons mis le cap sur Tahiti.
Tout paraissait être tranquille, mais le pont était
tout à fait encombré ; près de trois cents hommes s'y
trouvaient réunis. Les hommes de quart étaient à l'ar-
rière du bâtiment, employés à préparer des planches
pour construire une cloiSon entre le carré et le faux-
pont, lorsque tout à coup les Kanaques se sont élancés
sur l'arrière et ont attaqué mon quart. J'étais alors
debout près de la porte de la chambre, d'où j'ai vu un
KaiÍaqÙè tuer M. Lattin d'un coup de hache. Je saisis
une carabine et courus au secours d,i capitaine, mais
il était trop tard ; il avait 'reçu un coup de cou-teau
dans le dos et un autre à la figure et était tombé raide
Qlort près la porte de la chambre. Outre le COUD dp.
couteau, le capitaine avait reçu un coup épouvantable
de hachot à la figure. Ce bachot avait été V.-.lé par un.
des in dignes dau'' !a caisse contenant les outils qui se
trouvaient sur le pont. ' ,
Xu:naques, et j'ai la conviction que nous aurions réussi à
reprendre le bâtiment immédiatement si nous-avions
eu de bonnes armes. Une fois réfugie dans la chambré,
les Kanaques nous y c'nt Moqués complètement en'y
jetant les briques provenant df' ta cuisine et en cou-
vrant la claire-voie et les, écou*.ilics avec tout ce qui se
trouvait sur le pon; : lisant m"meenle':é la voile d'étai
pour ta mettra 0:'1:' la ^taire-voie, mais nous les avons
empêchés de le l'acre a vse nos carabines.
, J'étais résolu à reprendre le navire; mais ce n'était
pas si facile avec d 5ux fusils- et un revolver qui ne
partait pas. Akors, je me suis décidé à faire un coup
de désespoir : c'était de faire sauter le pont au milieu
du navire, et pendant le -déso.dre qui s'en suivrait de
me jeter à travers la fumée e' reprendre le bâtiment.
Nous avionç reçu du trois-mâts-barque Annie quaran-
te-cinq boites (en fer-blanc} contenant chacune une
demi-livre de poudre. J'en ai versé trente-quatre dans
an petit baril vide ; et. après avoir placé des natte et
de la toile à voile au-dessous du baril pour garantir
l'entrepont, avec six autres boites je fis une traînée de
poudre du baril au grand panneau du faux-pont.
Je donnai alors des ordres • Min que tout le mondé
descendît le plus sur l'arriéré possible, parce que de là
ils pouvaient tous monter sur le pont immédiatement
après l'explosion, et ne pas n,!'attendre ; je ne savais
pas moi-même ce qui m arriverait en étant si près de
l'explosion. Mais j'rus contai ce, et je n'ai jamais été
si calme dans ma vie.
Après evt-ir \n !,:s hommes en sûreté et avoir fait
une courte prière pour la protection de JOa femme et
de mes enfants, je fais partir la traînée, en me lais-
sant tomber en même temps dans l'entrepont.
L'explosion fut immédiat.?, et je fus presque étouffé
par la fumée. Je Trie rendis alcrq bur le pont, où
je trouvai les. tommes < ui étaient arrivés avant llWJ.
Je n'y vis pius un ILwaque. mais là mer était par-
tant complètement couverte de têtes noires. Dieu
merci, le nawre était complètement à nous et rien
n'avait pris feu, à l'exception de la toile à voile qui
'avait été mise sous le baril de poudre et qui a été
complètement éteinte avec deux seau^d'eau. j'estimai
que le navire n'avait pas été matériellement endom-
magé par l'explosion, quoiqu'il eût été secoué comme
par un tremblement dé terre.
J'espère que vous recevrez le présent rapport avant
mon arrivée à Tahiti.
CHARLES STEENALT.
Second du Moaroa.
LE POT AUX ROSES
Le 80 avril dernier, un fabricant du quartier du
Temple, M. B..., était occupé dans 'son magasin à
compter à un de ses ouvriers, nommé H..., 'des four-
nitures que celui-ci lui demandait: Ayant senti venir
du vent par des portes restées ouvertes et communi-
quant avec le cabinet où est sa caisse, il alla voir ce
qui se passait de ce côté, et il surprit, dans un cabi-
net noir, son autre ouvrier, nommé R..., occupé à ca-
cher de l'argent dans les poches de son gilet.
Le fabricant supposa immédiatement que R... venait
de voler cet argent dans sa caisse, de complicité avec
H..., qui n'était venu lui demander des fournitures
que pour mieux détourner son attention.
En conséquence, il enferma ces deux ouvriers dans
l'atelier et courut chercher des sergents de vile.
Mais, comme cet atelier communique avec une ter-
rasse, R... eut le temps, pendant son absence, d'enter-
rer dans une caisse à fleurs l'argent qu'il venait de
dérober.
_Les sergents de ville arrivèrent, s'emparèrent des
individus désignés et les conduisirent devant le com-
missaire de police du quartier.
Là, on les fouilla avec soin et on ne trouva rien sur
eux. Les preuves matérielles du vol manquaient, et
les renseignements recueillis sur les inculpés etaient fa-
vorables.
Le commissaire de police dut donc les mettre en li-
berté, et il informa de ce fait l'administration.
Les ouvriers relâchés rentrèrent chez leur patron
pour chercher leurs outils, et ils prirent en même
temps l'argent caché dans la'caisse à fleurs.
Ils s'établirent marchands de vin à Paris.
Au bout de quelque temps, ayant reçu une lettre de
convocation d'un commissaire de police pour une af-
faire peu importante, ils se montèrent la tête, s'ima-
ginèrent être découverts, vendirent ce qu'ils possé-
daient et partirent pour la Belgique.
Dans l'hôtel où ils logèrent, à Bruxelles, ils firent
connaissance d'un ouvrier nommé S..., comme eux
originaire «^Allemagne. Bientôt ils furent avec lui sur
le pied de l'intimité. Ils lui racontèrent qu'ils venaient
de travailler à Paris et qu'ils avaient soustrait, :à l'ai-
de de fausses clefs, plus de 1,000 fr. dans la caisse de
leur patron.
Ils lui firent le récit du vol du 30 avril, avec toutes
les circonstances que- nous venons, de rapporter.
Plus tard, ils revinrent tous trois à Paris.- R... et
S... demeurèrent dans le même hôtel, rue de Gre-
rielie. II... prit un chambre dans un autre quartier.
A la fin de novemore dernier, S..., se disant mû par
un sentiment d'honnêteté, se. présenta à la préfecture
de police, et y rapporta les confidences qui lui avaient
été faites par R... et H... à Bruxelles.
Ces deux ouvriers furent arrêtés et interrogés. Ils
cherchèrent d'abord à nier; mais, pressés de ques-
tions, ils finirent par avouer que depuis six mois ils
avaient soustrait environ 3,009 fr., par petites som-
mes dans la caisse de leur/patron, dont chacun avait
une fausse clef. Le 30 avril, notamment, ils avaient
enlevé 70 'fr.
Ce n'était pas un sentiment de probité qui avait
poussé S... à dénoncer ceux dont il se disait l'ami. En
procédant aux informations, M. Julet, commissaire de
police aux délégations judiciaires, l'a surpris dans une
situation plus qu'équivoque avec la maîtresse de R...
C'était donc pour se débarrasser de ce dernier qu'il
avait imaginé de le faire envoyer en prison.
A la suite des constatations, les inculpés ont été mis
à la disposition de la justice.
DRAMES JUDICIAIRES
LE TIGRE-ROI (1)
XXXIX
Le Flacon
Le lendemain, ainsi qu'elle l'avait promis,
Yvonne entra de bonne heure dans la chambre
'd'Eléna.
Elle trouva la jeune femme debout.
Elle ne s'était pas couchée et n'avait pas dor-
mi.
Quand Eléna la trouva, la chambre était en or-
dre, et les moindres objets y étaient rangés, avec
un soin extrême. ,
Yvonne jeta autour d'elle un regard étonné.
— Eh quoi ! dit-elle, vous ne vous êtes pas
reposée?
Eléna eut un pâle et triste sourire.
— Oh! je vais avoir le temps de prendre du re-
pos, répondit-elle avec effort. Seulement, je dési-
rais mettre ordre à mes affaires et faire mes dis-
positions dernières. f
— Que voulez-vous dire ?
— Rien. Tu sauras tout dans un instant; pour
le moment, écoute-moi.
— Fài tes !
— C'est pour aujourd'hui, n'est-ce pas?
— Sans doute.
— On te l'a dit ?
— Il y a mieux.
— Quoi?
— Sur la place du château, tout à l'heure, Jean,
le sommelier, a vu...
Eléna eut un frisson.
— Bien! bien! je comprends, dit-elle, et c'est
pour ce maîm?
— A trois heures.
— Mon Dieu!
— Pauvre chère madame !
Eléna prit la tête de la petite Bretonne, et la
baisa avec une sorte de fièvre.
— Enfant! balbutia-t-elle, enfant! tu nais à
peine à la vie, toi! prends garde! prends bien
garde !
— A quoi donc?
— Non. Je ne veux rien te dire; mais cft
homme qui va mourir, ce Raymond, auquel tout le
monde ici semblait s'intéresser, eh bien, je l'aime,
entends-tu ? ,
— Vous?
— Je l'aime !
— Et il va mourir !
— Ah ! tu comprends, n'est-il pas vrai? tout ce
que je. dois souffrir et combien mon cœur est dé-
chiré. Mais j'y suis bien résolue, et à trois heures,
je ne serai plus.
— Vous ne ferez pas cela?
— Qui m'en empêcherait?
— Vous ne croyez donc pas à Dieu?
La pauvre femme laissa échapper un ricane-
ment impie
— Ne parlons plus de cela, répliqua-t-elle d'un
accent amer, à cette heure mon cœur est vide et
ma vie est finie. Tout ce que l'on me pourrait
dire ne changerai t rien à ma résolution; tu le vois,
d'ailleurs, je suis prête.
— Mais, c'est insensé !
— Tiens I j'ai là quelques robes, un certain
nombre de-bijoux, quelque argent aussi... Je ne
laisse personne derrière moi; nul ne me connaît
ici, et j'ai pensé que je ne'pouvais mieux faire
que de t'abandonner tout cela.
— Que dites-vous?...
— Tu acceptes ?
— Mais... 1 .
— Pour toi, mon enfant, c'est presque une pe-
Jite fortune, et si j'emporte, en partant, la pensée
que j'aie pu faire quelque chose pour ton bon-
heur, je mourrai moins malheureuse.
— Je vous en prie...
— Ne me refuse pas; et puis tu es jeune, tu
seras aimée un jour, tu l'es peut-être déjà, pau-
vre chère enfant ! On ! place bien ton oœur, vois-
tu... Moi, je ne regrette rien. Raymond était bon;
il m'a aimée et rendue bien heureuse. Mais le dé-
nouement est vraiment horrible...
— Je ne sais que vous dire. Voyez, je pleure !
et je voudrais...
— Rien, mon enfant. Je t'ai dit tout ce qpe je
voulais, et maintenant je n'ai plus qu'à réclamer
de toi un dernier service.
— Dites... dites...
—Un des garçons de l'hôtel ina probablement as-
sister à l'épouvantable spectacle qui va ensan-
glanter la place du Château-d'Eau?
— Probablement.
— Eh bien ! je désire que cet homme vienne
ici même me rendre compte.
— Mais c'est atroce !
— C'est ma dernière prière.
— Je ferai ce que vous voudrez.
— Eh bien ! va, mon enfant, hâte-toi, l'heure
marche avec une rapidité effrayante, et songe que
je compte sur toi.
Yvonne ne répondit que par un sanglot, _ em-
brassa tendrement la jeune femme et s'enfuit en
courant, et cachant son visage dans ses mains.
Dès qu'elle se fut éloignée, Eléna secoua la
tête avec énergie, alla fermer la porte et marcha
résolûment vers une cassette qu'elle avait placée
sur une table près de son lit.
PIERRE ZACCONE.
(La suite à demain.)
1 (i) Voir le auméro du 27 novembre.
LE TRÉSOR DU FOYER
PHARMACIE DOMESTIQUE.
L'ipécacuanha est un des médicaments les plus uâ« 1
tés et très-utilement placé dans une pharmacie dflr
famille, à la catiipagne.
L'ipécacuanha est un petit arbrisseau qui croît au
Brésil et au Pérou. Les racines qui sont employées
en médecine partent d'une tige soutei raine rampante»
et horizontale. Elles sont tuberculeuses allongéeq.
striées d'empreintes annulaires rapprochées, ou bien
elles sont fibreuses, capillaires ou tuberculeuse. Elles
sont ligneuses à épiderme brun couvrant un paren-
chyme blanc et presque charnu à l'état fra.is.
Les fleurs en capitale sont blanches et petites. On
donnait autref is à cette plante le nom de bécon-
guille ou de mine d'or végétale, sans doute parce qu'on
la trouve fréquemment dans les lieux sombres, dans
las forêts épaisses, près des lieux où sont les mines
d'or. Singularité qui se retrouve encore dans une au-
tre espèce, violier, la victette voisine des mines dit
zinc.
C'est à une libéralité de Louis XIV, qui avait déjà
doté la pharmacie française des premiers quinquina,
qu'on doit le non moins précieux médicament qu'on
appelle ipicacuanha. Louis l; IV l'acheta, pour en
rendre l'usage public, d'un médecin de Reims, Adrien
Helvétius, qui l'avait introduit avec succès dans sa pra-
tique médicale, mais en en tenant l'emploi secret. On
dit que l'ipécacuanha avait été déjà apporté en France
avant 1GS6; mais il fut de nouveau mis plus en lu-
mière par un marchand, Garnier, qui en vanta les
bons elTets avec assez de persévérance pour en faire
adopter l'usage par A. Helvetius.
On emploie l'ipécacuanha comme vomitif, incisif et
antidysentérique.
Comme vomitif, il est moins énergique que l'éméti.
que; aussi convient-il d'en faire usage, selon les indica-
tions, pour les enfants en bas iqje. L'action en est mé.
gale. Il agit bien surtout pou:' réveiller l'énergie de
l'estomac, ou dans les maladies intestinales, qui lie si-
^nabnt par un flux muqueux diarrhéique. Il convient
a l'état catarrhal des muqueuses gastro-intestinales.
Gomme incisif (mot à peu près sans valeur, actuel-
lement qu'on sait qu'il n'y a pas d'humeurs à diviser,
mais des sécrétions de tissus à tempérer ou il qciter).
ou mieux comme expectorant, il agit d'une manière
spéciale sur la muqueuse qui tapisse la bouche, le pou-
mon même, et facilite -ou détermine l'expulsion des
matières contenues dans ces canaux.
On l'emploie le plus communément en poudre, en
sirop, en pastilles. C'est donc sous ces tuois formes
qu'il convient de le placer dans une pharmacie de
campagne. - $
On emploie particulièrement la racine en poudre:
comme vomitif; à la dose de 3 décigran Tnes (6 grains,
ancien poids) à 2 grammes, selon l'âge et l'effet que
l'on veut produire, dans une tasse d'eau tiède que 1 on
donne en trois fois, à dix minutes de distance;
Dans le croup, à la dose la plus forte pour les en-
fants, soit 10 décigrammes;
Comme expectorant, dans les catarrhes muqueux
anciens des vieillards, dans les rhumes rebelles, dans
la coqueluche des enfants, soit en sirop, soit en pas.
tilles, à petites doses. '
En sirop, chaque once (33 grammes) contient 20
centigrammes d'extrait, ou la substance de 1 gramme
de racine pulvérisée.
C'est un médicament émétique précieux pour les en-
fants ; 15 grammes en deux fois pour un enfant de trois
mois.
La cuillerée à bouche de sirop pesant 20 grammes
en contiendra environ 14 centigramme;, et si on veut
l'employer comme expectorant pour un petit enfanta
la cuillerée à café pesant 5 grammes en contiendra
environ 3 centigrammes; on donnera par demi-cuil-
lerées le matin et le soir.
Les pastilles contiennent l'ipécacuanha encore plus di-
visé; aussi permettent-elles de mieux distribuer l'usage
qu'on en veut faire. Chaque pastille contient 15 centi-
grammes de poudre d'ipécaouanha. La dose est de
4 à 12 de distance en distance, dans une journée, con-
tre les glaires, dans les rhumes opiniâtres et surtout
ver s rieur déclin.-
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TiJcnt rour lui, la police avait : n ••y.-ti :lr ,t, et
bien l')! arrêté, il attend le moineir compte. à la justice.
. La j.'une femme qui, pour lr -livre, .vsLit si folle-
ment abandonné sa famille. s'é'
dans !e journal le nom de son époux et son arresta-
tien, l'idée de la honte qui allait rejaillir sur elle la
frappa si vivement, qu'elle mit fin à ses jours après
avoir écrit à sa sœur une lettre où, demandant par-
don de sa faute si cruelle m en "xpiée, elle lui disait
un éternel adieu.
Quant à Love, qui a abandonné cette malheureuse
après deux années de m,,ria.-c =a nouvelle conquête
après six mois, il trouve encore la chose plaisante et
rit quand on lui en parle.
LA MISÈRE HONTEUSE
Il B'y a pas de Jour qu'un journal n'ait cette
* phras- dichée dans une de ses colonnes : La misère
à Londres est bien plus qrantie qu'à Paris. Il sem-
blerait qu'une fois qu'on a dit cela on a effacé
toutes les atroces souffrances de nos malheureux,
et le bourgeois, en se peletonnant sous sa couver-
ture, laisse échapper, : en se détirant, la fameuse
phrase : la misère à Londres est plus grande qu'à
Paris, puis il s'endort content de lui-même.
Eh bien! je vais raconter une des mille misères
cachées comme il y en. a tant.
.,A Montmartre l'on peut voir tous les jours une
malheureuse femme d'une quarantaine d'années,
vêtue de noir, pâle, la figure amaigrie. Elle sem-
ble personnifier la douleur, tant la souffrance et
la misère ont imprimé sur sa figure leurs marques
ineffables.
Veuve d'un grand négociant, mort de chagrin
il y a deux ans d'avoir été ruiné par les derniers
événements arrivés en Allemagne (il perdit toute
sa fortune, 3 ou 400,000 fr.), la pauvre femme
. resta, seule avec trois enfants, trois filles, qu'ella
fut obligée de retirer de leurs pensidns. La mal-
heureuse était sans ressources, sans famille, que
faire ?
Alors commença la plus effroyable lutte de' la
fierté, de l'ancienne splendeur avec le besoin ! la
faim 1 la misère... De chute en chute, après avotr
tout vendu, elle se trouva obligée, la malheureu-
se, d'implorer du préfet de police la permission
de vendre sur la voie publique des légumes, et
là, exposée à la pluie, à tous les vents, la pau-
vresse appelle d'une voix douce et lente les cha-
lands qui voudront bien lui acheter les quelques
... sous de marchandises qu'elle a devant elle..
Mois ce n'est pas tout, hélas! Quand le malheur
tient sa proie, il la tient bien.
En vendant ses légumes, la malheureuse gagne
peut-être quinze à vingt sous par jour, et vivre là-
dessus à trois? C'est une amère dérision que de
penser y répondre.
La plus âgée des filles, une jolie et frêle enfant
de douze ans, fut donc obligée de travailler, et ne
trouva à faire qu'un ménage. Au bout de quelque
temps, la fatigue (on la faisait cirer le plancher)
amena des vomissements de sang, et à l'heure où
j'écris ces ligne-s, la pauvre petite se meurt.
Voil-à l'histoire que j'avais à raconter. Comme
l'on voit, ce n'est pas un simple fais divers.
(Le Peuple français.)
LES DRAMES DE LA MER
Une révolte à bord
Le télégraphe nous a parlé brièvement d'une
épouvantable tragédie qui s'est passée dans
l'Océan Pacifique. Un navire français, le Moaroa,
chargé de coolies polynésiens, se rendait à Tahiti,
lorsque les malheureux qu'il transportait se sont
soulevés. Pour les punir d'une révolte, l'équipage
a fait sauler le pont du navire, et la plupart des
coolies ont été tués ou noyés.
On ne saurait lire sans frémir la relation de la
* lutte dont le Jfoaroa a été le théâtre. Cette rela-
tion est faite par le second du navire. Le Phare
de la Loire en reproduit les principaux pas-
sages :
Le Moôroa était parti de Tahiti avec une cargaison
de coton pour Auckland; il devait, au retour, ramener
des travailleurs océaniens.
Après avoir débarqué le coton à Auckland, le Moa-
roa s'est dirigé vers l'île Byron, où. le capitaine a vai-
nement essayé de persuader aux indigènes de monter
à son bord. Trois jours plus tard, nous sommes arri-
vés près de l'ile Péru; mais comme un blanc résidant
à l'ile Byron avait envoyé trois personnes pour préve-
nir les indigènes que nous avions besoin d'hommes,
personne n'est venu à bord. Le lendemain matin, nous
avons rencontré le trois-mâts-barque Annie, de Mel-
bourne, lequel avait i59 Kanaques, mais pas d'eau. Le
capitaine a fait des arrangements pour embarquer ces
indigènes pour Tahiti.
Ayant embarqué les indigènes et rlçu troe quantité
de poudre provenant de P Annz*e, nous nous sommes
dirigés vers l'ile Hope. Deux grands canots sont ve-
nus le long du bord avec 37 Kanaques, lesquels sont
tous restés à bord. Le lendemain, 19 Kanaques soin
venus à bord. A quatri5 heures de l'après-midi, nous
avons fait route pour l'île Byron, En passant devant
l'île, nous avons pris à bord 68 Kanaques, et alors
nous avons mis le cap sur Tahiti.
Tout paraissait être tranquille, mais le pont était
tout à fait encombré ; près de trois cents hommes s'y
trouvaient réunis. Les hommes de quart étaient à l'ar-
rière du bâtiment, employés à préparer des planches
pour construire une cloiSon entre le carré et le faux-
pont, lorsque tout à coup les Kanaques se sont élancés
sur l'arrière et ont attaqué mon quart. J'étais alors
debout près de la porte de la chambre, d'où j'ai vu un
KaiÍaqÙè tuer M. Lattin d'un coup de hache. Je saisis
une carabine et courus au secours d,i capitaine, mais
il était trop tard ; il avait 'reçu un coup de cou-teau
dans le dos et un autre à la figure et était tombé raide
Qlort près la porte de la chambre. Outre le COUD dp.
couteau, le capitaine avait reçu un coup épouvantable
de hachot à la figure. Ce bachot avait été V.-.lé par un.
des in dignes dau'' !a caisse contenant les outils qui se
trouvaient sur le pont. ' ,
Xu:
reprendre le bâtiment immédiatement si nous-avions
eu de bonnes armes. Une fois réfugie dans la chambré,
les Kanaques nous y c'nt Moqués complètement en'y
jetant les briques provenant df' ta cuisine et en cou-
vrant la claire-voie et les, écou*.ilics avec tout ce qui se
trouvait sur le pon; : lisant m"meenle':é la voile d'étai
pour ta mettra 0:'1:' la ^taire-voie, mais nous les avons
empêchés de le l'acre a vse nos carabines.
, J'étais résolu à reprendre le navire; mais ce n'était
pas si facile avec d 5ux fusils- et un revolver qui ne
partait pas. Akors, je me suis décidé à faire un coup
de désespoir : c'était de faire sauter le pont au milieu
du navire, et pendant le -déso.dre qui s'en suivrait de
me jeter à travers la fumée e' reprendre le bâtiment.
Nous avionç reçu du trois-mâts-barque Annie quaran-
te-cinq boites (en fer-blanc} contenant chacune une
demi-livre de poudre. J'en ai versé trente-quatre dans
an petit baril vide ; et. après avoir placé des natte et
de la toile à voile au-dessous du baril pour garantir
l'entrepont, avec six autres boites je fis une traînée de
poudre du baril au grand panneau du faux-pont.
Je donnai alors des ordres • Min que tout le mondé
descendît le plus sur l'arriéré possible, parce que de là
ils pouvaient tous monter sur le pont immédiatement
après l'explosion, et ne pas n,!'attendre ; je ne savais
pas moi-même ce qui m arriverait en étant si près de
l'explosion. Mais j'rus contai ce, et je n'ai jamais été
si calme dans ma vie.
Après evt-ir \n !,:s hommes en sûreté et avoir fait
une courte prière pour la protection de JOa femme et
de mes enfants, je fais partir la traînée, en me lais-
sant tomber en même temps dans l'entrepont.
L'explosion fut immédiat.?, et je fus presque étouffé
par la fumée. Je Trie rendis alcrq bur le pont, où
je trouvai les. tommes < ui étaient arrivés avant llWJ.
Je n'y vis pius un ILwaque. mais là mer était par-
tant complètement couverte de têtes noires. Dieu
merci, le nawre était complètement à nous et rien
n'avait pris feu, à l'exception de la toile à voile qui
'avait été mise sous le baril de poudre et qui a été
complètement éteinte avec deux seau^d'eau. j'estimai
que le navire n'avait pas été matériellement endom-
magé par l'explosion, quoiqu'il eût été secoué comme
par un tremblement dé terre.
J'espère que vous recevrez le présent rapport avant
mon arrivée à Tahiti.
CHARLES STEENALT.
Second du Moaroa.
LE POT AUX ROSES
Le 80 avril dernier, un fabricant du quartier du
Temple, M. B..., était occupé dans 'son magasin à
compter à un de ses ouvriers, nommé H..., 'des four-
nitures que celui-ci lui demandait: Ayant senti venir
du vent par des portes restées ouvertes et communi-
quant avec le cabinet où est sa caisse, il alla voir ce
qui se passait de ce côté, et il surprit, dans un cabi-
net noir, son autre ouvrier, nommé R..., occupé à ca-
cher de l'argent dans les poches de son gilet.
Le fabricant supposa immédiatement que R... venait
de voler cet argent dans sa caisse, de complicité avec
H..., qui n'était venu lui demander des fournitures
que pour mieux détourner son attention.
En conséquence, il enferma ces deux ouvriers dans
l'atelier et courut chercher des sergents de vile.
Mais, comme cet atelier communique avec une ter-
rasse, R... eut le temps, pendant son absence, d'enter-
rer dans une caisse à fleurs l'argent qu'il venait de
dérober.
_Les sergents de ville arrivèrent, s'emparèrent des
individus désignés et les conduisirent devant le com-
missaire de police du quartier.
Là, on les fouilla avec soin et on ne trouva rien sur
eux. Les preuves matérielles du vol manquaient, et
les renseignements recueillis sur les inculpés etaient fa-
vorables.
Le commissaire de police dut donc les mettre en li-
berté, et il informa de ce fait l'administration.
Les ouvriers relâchés rentrèrent chez leur patron
pour chercher leurs outils, et ils prirent en même
temps l'argent caché dans la'caisse à fleurs.
Ils s'établirent marchands de vin à Paris.
Au bout de quelque temps, ayant reçu une lettre de
convocation d'un commissaire de police pour une af-
faire peu importante, ils se montèrent la tête, s'ima-
ginèrent être découverts, vendirent ce qu'ils possé-
daient et partirent pour la Belgique.
Dans l'hôtel où ils logèrent, à Bruxelles, ils firent
connaissance d'un ouvrier nommé S..., comme eux
originaire «^Allemagne. Bientôt ils furent avec lui sur
le pied de l'intimité. Ils lui racontèrent qu'ils venaient
de travailler à Paris et qu'ils avaient soustrait, :à l'ai-
de de fausses clefs, plus de 1,000 fr. dans la caisse de
leur patron.
Ils lui firent le récit du vol du 30 avril, avec toutes
les circonstances que- nous venons, de rapporter.
Plus tard, ils revinrent tous trois à Paris.- R... et
S... demeurèrent dans le même hôtel, rue de Gre-
rielie. II... prit un chambre dans un autre quartier.
A la fin de novemore dernier, S..., se disant mû par
un sentiment d'honnêteté, se. présenta à la préfecture
de police, et y rapporta les confidences qui lui avaient
été faites par R... et H... à Bruxelles.
Ces deux ouvriers furent arrêtés et interrogés. Ils
cherchèrent d'abord à nier; mais, pressés de ques-
tions, ils finirent par avouer que depuis six mois ils
avaient soustrait environ 3,009 fr., par petites som-
mes dans la caisse de leur/patron, dont chacun avait
une fausse clef. Le 30 avril, notamment, ils avaient
enlevé 70 'fr.
Ce n'était pas un sentiment de probité qui avait
poussé S... à dénoncer ceux dont il se disait l'ami. En
procédant aux informations, M. Julet, commissaire de
police aux délégations judiciaires, l'a surpris dans une
situation plus qu'équivoque avec la maîtresse de R...
C'était donc pour se débarrasser de ce dernier qu'il
avait imaginé de le faire envoyer en prison.
A la suite des constatations, les inculpés ont été mis
à la disposition de la justice.
DRAMES JUDICIAIRES
LE TIGRE-ROI (1)
XXXIX
Le Flacon
Le lendemain, ainsi qu'elle l'avait promis,
Yvonne entra de bonne heure dans la chambre
'd'Eléna.
Elle trouva la jeune femme debout.
Elle ne s'était pas couchée et n'avait pas dor-
mi.
Quand Eléna la trouva, la chambre était en or-
dre, et les moindres objets y étaient rangés, avec
un soin extrême. ,
Yvonne jeta autour d'elle un regard étonné.
— Eh quoi ! dit-elle, vous ne vous êtes pas
reposée?
Eléna eut un pâle et triste sourire.
— Oh! je vais avoir le temps de prendre du re-
pos, répondit-elle avec effort. Seulement, je dési-
rais mettre ordre à mes affaires et faire mes dis-
positions dernières. f
— Que voulez-vous dire ?
— Rien. Tu sauras tout dans un instant; pour
le moment, écoute-moi.
— Fài tes !
— C'est pour aujourd'hui, n'est-ce pas?
— Sans doute.
— On te l'a dit ?
— Il y a mieux.
— Quoi?
— Sur la place du château, tout à l'heure, Jean,
le sommelier, a vu...
Eléna eut un frisson.
— Bien! bien! je comprends, dit-elle, et c'est
pour ce maîm?
— A trois heures.
— Mon Dieu!
— Pauvre chère madame !
Eléna prit la tête de la petite Bretonne, et la
baisa avec une sorte de fièvre.
— Enfant! balbutia-t-elle, enfant! tu nais à
peine à la vie, toi! prends garde! prends bien
garde !
— A quoi donc?
— Non. Je ne veux rien te dire; mais cft
homme qui va mourir, ce Raymond, auquel tout le
monde ici semblait s'intéresser, eh bien, je l'aime,
entends-tu ? ,
— Vous?
— Je l'aime !
— Et il va mourir !
— Ah ! tu comprends, n'est-il pas vrai? tout ce
que je. dois souffrir et combien mon cœur est dé-
chiré. Mais j'y suis bien résolue, et à trois heures,
je ne serai plus.
— Vous ne ferez pas cela?
— Qui m'en empêcherait?
— Vous ne croyez donc pas à Dieu?
La pauvre femme laissa échapper un ricane-
ment impie
— Ne parlons plus de cela, répliqua-t-elle d'un
accent amer, à cette heure mon cœur est vide et
ma vie est finie. Tout ce que l'on me pourrait
dire ne changerai t rien à ma résolution; tu le vois,
d'ailleurs, je suis prête.
— Mais, c'est insensé !
— Tiens I j'ai là quelques robes, un certain
nombre de-bijoux, quelque argent aussi... Je ne
laisse personne derrière moi; nul ne me connaît
ici, et j'ai pensé que je ne'pouvais mieux faire
que de t'abandonner tout cela.
— Que dites-vous?...
— Tu acceptes ?
— Mais... 1 .
— Pour toi, mon enfant, c'est presque une pe-
Jite fortune, et si j'emporte, en partant, la pensée
que j'aie pu faire quelque chose pour ton bon-
heur, je mourrai moins malheureuse.
— Je vous en prie...
— Ne me refuse pas; et puis tu es jeune, tu
seras aimée un jour, tu l'es peut-être déjà, pau-
vre chère enfant ! On ! place bien ton oœur, vois-
tu... Moi, je ne regrette rien. Raymond était bon;
il m'a aimée et rendue bien heureuse. Mais le dé-
nouement est vraiment horrible...
— Je ne sais que vous dire. Voyez, je pleure !
et je voudrais...
— Rien, mon enfant. Je t'ai dit tout ce qpe je
voulais, et maintenant je n'ai plus qu'à réclamer
de toi un dernier service.
— Dites... dites...
—Un des garçons de l'hôtel ina probablement as-
sister à l'épouvantable spectacle qui va ensan-
glanter la place du Château-d'Eau?
— Probablement.
— Eh bien ! je désire que cet homme vienne
ici même me rendre compte.
— Mais c'est atroce !
— C'est ma dernière prière.
— Je ferai ce que vous voudrez.
— Eh bien ! va, mon enfant, hâte-toi, l'heure
marche avec une rapidité effrayante, et songe que
je compte sur toi.
Yvonne ne répondit que par un sanglot, _ em-
brassa tendrement la jeune femme et s'enfuit en
courant, et cachant son visage dans ses mains.
Dès qu'elle se fut éloignée, Eléna secoua la
tête avec énergie, alla fermer la porte et marcha
résolûment vers une cassette qu'elle avait placée
sur une table près de son lit.
PIERRE ZACCONE.
(La suite à demain.)
1 (i) Voir le auméro du 27 novembre.
LE TRÉSOR DU FOYER
PHARMACIE DOMESTIQUE.
L'ipécacuanha est un des médicaments les plus uâ« 1
tés et très-utilement placé dans une pharmacie dflr
famille, à la catiipagne.
L'ipécacuanha est un petit arbrisseau qui croît au
Brésil et au Pérou. Les racines qui sont employées
en médecine partent d'une tige soutei raine rampante»
et horizontale. Elles sont tuberculeuses allongéeq.
striées d'empreintes annulaires rapprochées, ou bien
elles sont fibreuses, capillaires ou tuberculeuse. Elles
sont ligneuses à épiderme brun couvrant un paren-
chyme blanc et presque charnu à l'état fra.is.
Les fleurs en capitale sont blanches et petites. On
donnait autref is à cette plante le nom de bécon-
guille ou de mine d'or végétale, sans doute parce qu'on
la trouve fréquemment dans les lieux sombres, dans
las forêts épaisses, près des lieux où sont les mines
d'or. Singularité qui se retrouve encore dans une au-
tre espèce, violier, la victette voisine des mines dit
zinc.
C'est à une libéralité de Louis XIV, qui avait déjà
doté la pharmacie française des premiers quinquina,
qu'on doit le non moins précieux médicament qu'on
appelle ipicacuanha. Louis l; IV l'acheta, pour en
rendre l'usage public, d'un médecin de Reims, Adrien
Helvétius, qui l'avait introduit avec succès dans sa pra-
tique médicale, mais en en tenant l'emploi secret. On
dit que l'ipécacuanha avait été déjà apporté en France
avant 1GS6; mais il fut de nouveau mis plus en lu-
mière par un marchand, Garnier, qui en vanta les
bons elTets avec assez de persévérance pour en faire
adopter l'usage par A. Helvetius.
On emploie l'ipécacuanha comme vomitif, incisif et
antidysentérique.
Comme vomitif, il est moins énergique que l'éméti.
que; aussi convient-il d'en faire usage, selon les indica-
tions, pour les enfants en bas iqje. L'action en est mé.
gale. Il agit bien surtout pou:' réveiller l'énergie de
l'estomac, ou dans les maladies intestinales, qui lie si-
^nabnt par un flux muqueux diarrhéique. Il convient
a l'état catarrhal des muqueuses gastro-intestinales.
Gomme incisif (mot à peu près sans valeur, actuel-
lement qu'on sait qu'il n'y a pas d'humeurs à diviser,
mais des sécrétions de tissus à tempérer ou il qciter).
ou mieux comme expectorant, il agit d'une manière
spéciale sur la muqueuse qui tapisse la bouche, le pou-
mon même, et facilite -ou détermine l'expulsion des
matières contenues dans ces canaux.
On l'emploie le plus communément en poudre, en
sirop, en pastilles. C'est donc sous ces tuois formes
qu'il convient de le placer dans une pharmacie de
campagne. - $
On emploie particulièrement la racine en poudre:
comme vomitif; à la dose de 3 décigran Tnes (6 grains,
ancien poids) à 2 grammes, selon l'âge et l'effet que
l'on veut produire, dans une tasse d'eau tiède que 1 on
donne en trois fois, à dix minutes de distance;
Dans le croup, à la dose la plus forte pour les en-
fants, soit 10 décigrammes;
Comme expectorant, dans les catarrhes muqueux
anciens des vieillards, dans les rhumes rebelles, dans
la coqueluche des enfants, soit en sirop, soit en pas.
tilles, à petites doses. '
En sirop, chaque once (33 grammes) contient 20
centigrammes d'extrait, ou la substance de 1 gramme
de racine pulvérisée.
C'est un médicament émétique précieux pour les en-
fants ; 15 grammes en deux fois pour un enfant de trois
mois.
La cuillerée à bouche de sirop pesant 20 grammes
en contiendra environ 14 centigramme;, et si on veut
l'employer comme expectorant pour un petit enfanta
la cuillerée à café pesant 5 grammes en contiendra
environ 3 centigrammes; on donnera par demi-cuil-
lerées le matin et le soir.
Les pastilles contiennent l'ipécacuanha encore plus di-
visé; aussi permettent-elles de mieux distribuer l'usage
qu'on en veut faire. Chaque pastille contient 15 centi-
grammes de poudre d'ipécaouanha. La dose est de
4 à 12 de distance en distance, dans une journée, con-
tre les glaires, dans les rhumes opiniâtres et surtout
ver s rieur déclin.-
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