"*mtp espèce en plein jour, sans se cacher la moins du
onde. fis font partie d'une bande de contrebandiers,
kjont les deux principaux membres, après eux, sont
Khrvde et Aléantine Olivier, le frère et la sœur. Cette
Ornière est la maitresse de l'aîné des Delannoy, dit
SSn-Bart qui est le chef de la bande. Ils passent en
Klein j«our dans les villages, suivis de chiens formida-
bles et armés de lances et de bâtons ferrés.de
i Plusieurs fois, la gendarmerie, ai:J^miî?,pf
douaniers, cerna les maisctls dans lesquelles ils se
(trouvaient; mais grâce à leur force e à
fleur agilité prodizïeiise, ils sont toujouis panenus a
f» esqufver. D ailleurs (11 faut tout dit,c); sans les habi-
fiants des villages, qui les soutiennent soit par crainte,
soit nar le profit qu ils retirent de la. vente des tabacs
Se contrebande que leur procurent les frères Delannoy,
:"c:eux-ci seraient-déjà pris.. *<„
e Un seul fait vous montrera que ce que je viens cil'cons-
! vancer est malheureusement vrai. Ce sont les Çircons-
! tances qui accompagnèrent l'arrestation de la fille O i-
i 'tier. Les préposés de douaires, ayant appris qu elle
; avait été envoyée en éclaireur à °rch|eset quelle se
trouvait chez la mère des Delannoy, allèrent 1 arrêter
ill la transportèrent aussitôt à la maison centrale de
. 1 Douai. La nouvelle de cette arrestation s'était ré-
l Dan due dans Orchies quand les préposés revinrent
' pour reprendre leur poste. Mais ils trouvèrent devant
eux des groupes menaçants composés d habitants qui
'e'opposèrent a leur passage et les . maltraitèrent. Ils
i aient leur faire un mauvais parti lorsqu 'heureuse-
'ment la gendarmerie et le garde champêtre intervin-
rent.
; Mais revenons aux procès.
Onze témoins étaient appelés : dix paysans qui
avaient été maltraités par les Delannoy ou qui avaient
été témoins cté scène de violence, et le garde chai pe-
jtre de Tenain, sur la personne duquel les Delannoy
sont en prévention de tentative d 'assassinat.
Mais, soit terreur, soit ignorance, pas un seul de
i de ces témoins ne déclare avoir vu 1 accusée avec
Ueux qui les ont frappés. Ils ont,- disent-ils, yu une
/■femme avec les hommes qui les ont assaillis ; mais ils
111e sauraient dire quelle était cette femme. Tous don-
i naient des détails à peu près semblables sur les scènes
1 de violence, mais à ces questions de M. le président :
' Qui vous a frappé? Quelle était cette femme. cha-
! cun répond invariablement : « Je ne sais pas! »
Le onzième témoin, le garde champêtre, expose avec
une grande volubilité à M. le président les détails de
î son entrevue avec les contrebandiers, les propos me-
i naçants d'Aléantine qui, selon lui, s écriait : « Je tor-
: drai le cou au garde ! » Il est le seul qui déclare re-
i connaître l'accusée comme étant la femme présente a
la la scène dont il parle. ,
Devant de pareilles dépositions, M. 1 avocat général
1 abandonne les principaux chefs de l'accusation, et se
1 borne à accuser la prévenue d'outrages à un fonction-
,'i aire public dans l'exercice de ses fonctions.
} Puis vient l'éloquent plaidoyer de M0 d'Hooghe, le
présumé de M. le président..
V Le jury se retire dans la salle des délibérations et
' j rapporte un verdict négatif sur les vingt-cinq ques-
) tions qui lui sont posées.
En conséquence, Aléantine Olivier est acquittée.
£ En sortant, elle est accueillie avec sympathie par un
[ grand nombre d'habitants d'Orchies et de Plines ac-
courus pour suivre les débats. Le bruit court même
un moment, sans que cependant il paraisse fondé, que
i les frères Delannoy se trouvent dans la foule qui sta-
llonne aux abords du Palais-de-Justice, attendant la
sortie de la fille Olivier.
THÉATRES
VAUDEVILLE : La Fièvre dtt jour, quatre actes, ae MM.
Belot et Eugène Nus. 1
;THÉATRE-LYIUQUE : Le Bal masqué, opéra en cinq actes, 1
:l traduction de Duprez, musique de Verdi. 1
OPÉRA-COMIQUE : Reprise de l'Éclair.
.. Le Vaudeville nous a donné mardi soir la nouvelle <
[œuvre de MM. Belot .et Nus, les habiles et heureux ;
fauteurs de cette Miss Multon qui fit verser tant de
jïarmes. 1
; La Fièvre du jour, tel est le titre un peu trompeur 1
' de leur pièce, dont le sujet est emprunté à un roman,
Mèrnoi, es d'un caissier, que les lecteurs de la Petite
i Presse n'ont certes pas oublié.
Disons-le, tout de suite, en émigrant de. chez nous
' au Vaudeville, ce roman a beaucoup changé sur la
route, et les changements ne sont pas à l'avantage du
drame. Il faut, sans doute, reprocher cela à M. Nus,
le collaborateur de M. Belot, qui aura trouvé trop
touffu pour le théâtre et trop riche d'invention, d'ob-
servation et d'incidents, le palpitant récit .composé d'a-
bord pour ce journal.
Il a donc coupé et ébranché de façon à ne laisser
dans quatre actes qu'un vrai rôle et qu'une grande
scène pour une inimitable comédienne : Mlle Fargueil.
C'est là, assurément, de la reconnaissance envers
l'artiste qui a le plus contribué au succès de Miss Mul-
&m;mais les autres interprètes, assez mal partagés, et
le public, trop peu intéressé par l'ensemble de _la pièce,
ont trouvé que, cette fois, les auteurs poussaient bien
loin la gratitude : ils ont tout sacrifié au talent et au
triomphe de MUe Fargueil. Aussi ce triomphe a été
complet..
Donc, en deux mots, la Fièvre du jour, c'est la soif
de l'or, l'épidémie de la Bourse, cette impatience de
s'enrichir... honnêtement si l'on peut, mais surtout
rapidement et sans scrupules.
• Un caissier puise dans le coffre de l'agent de change
son patron ; il vole 200,000 fr. pour devenir riche et il
les perd dans une fausse spéculation. Tout se découvre,
,.et c'en est fait de l'honneur pour le mari, sa femme
et son enfant... mais cette femme, se dévoue, elle va
; se vendre pour la somme volée à celui qui peut envoyer
, au bagne l'infidèle caissier.
^ Heureusement, ce farouche dévouement épouvante
et trouble le libertin : il ne l'accepte pas, renonce sans
conditions honteuses à l'argent qu'on lui a pris et il
épouse la sœur de son voleur...
. Berquin n'eût pas mieux trouvé.
Malgré l'art, l'émotion et le talent de Mlle Fargueil,
-les défaillances de cette œuvre sont trop nombreuses
et trop visibles pour échapper à la critique et aux
Spectateurs. <;
Félix seconde d'une façon brillante Mlle Fargueil
dans la scène capitale du drame ; Desrieux est plus à
jplaindre qu'à blâmer dans un rôle méprisable; un
personnage accessoire suffit à Parade pour se faire ap-
plaudir.
Mlle Chapuy est une agréable débutante ; nous 1 at-
tendons à une création plus sérieuse.
Mlle Cellier joue la comédie en femme qui a le
moyen d'être médiocre... Elle en abuse!
Il serait temps qu'elle laissât le champ libre aux ar-
tistes moins chanceuses, obligées de travailler et de
vivre de leur talent. On dit que Mlle Cellier est riche,
propriétaire, etc. Elle ferait mieux, pour elle et pour
nous,, de donner désormais ses soins à cette fortune,
que l'art dramatique n'augmentera pas.
Le Théâtre-Lyrique a donné mercredi soir, pour la
)remière fois, le bel opéra de Verdi, Un Ballo in mas-
sera, que la traduction française de Duprez lui a per-
nis d'approprier à sa soène, sous ce titre : un Bal
nasqué.
Ç'a été là une heureuse inspiration, et un éclatant
mocès a couronné cette entreprise. Les bravos ont re-
tenti pendant toute la soirée au Théàtre-Lyrique; et
M. Pasdeloup, qui conduisait en grande pompe l'or-
chestre, comme dans les soirées d'apparat, a dû bien
voir que le public, qui par ses sympathies et son en-
thousiasme lui rendait ce succès encore plus honora-
blé et plus doux, lui.savait un gré infini de l'arracher
enfin aux bruyantes combinaisons de Wagner pour lui
faire entendre les dramatiques, mais lyriq.ues accents
de Verdi.
On sait déjà. depuis longtemps que lé livret de Un
Ballo in maschera n'est que l'imitation absolue ou plu-
tôt la copie servile de celui de Gustave III ou le Bal
masqué, un opéra d'Auber, faible comme musique, et
que le vieux maître sémillant ne demande pas mieux
que de faire oublier.
L'assassinat de l'infortuné roi de Suède, que trois de
ses courtisans, qui avaient des motifs particuliers de
haine contre lui, immolent au milieu d'une fête de
carnaval, est le sujet sur lequel Verdi a versé ses tré-
sors mélodiques, et ce n'est pas la peine de nous éten-
dre sur cette tragique histoire.
Un accueil des plus chaleureux a été donc fait à cette
belle œuvre au Théâtre-Lyrique, et de retentissantes,
d'impétueuses acclamations ont affirmé ce grand suc-
cès. On a fait répéter jusqu'à trois fois à Mlle Daraii
un morceau du premier acte, et M. Massy, le ténor
qui n'osait pas trop se lancer au commencement, uni
fois rassuré par les bravos et quelques passages qu 'oi
lui a fait bisser, a été constamment applaudi.
Mme Meilhet, qui rentrait au Théâtre-Lyrique par li
rôle d'Amalia, a eu fort à se louer aussi des applau
dissements de l'assistance, ainsi que l'habile M. Lutz
qui s'est montré aussi bon chanteur que parfait co
médien dans le rôle de'Renato.
Cette excellente soirée influera de la plus heur eu s
manière sur les destinées de la direction actuelle t
éloignera pour quelque temps les compétiteurs, gen
difficiles à décourager cependant.
A l'Opéra-Comique, Mlle Daniele s'est tout à fait
naturalisée par sa réussite complète dans l'Eclair.
Elle y a chanté avec beaucoup de goût et d'âme le rôle
l'Henriette et emporté tous les suffrages dans la scène |
le la déclaration d'amour. Vienne une création heu-
heureuse pour Mlle Daniele, et la voila étoile, de pre-
mière grandeur rue Favart. Allons, messieurs les com-
positeurs, à l'œuvre!
M. Achard a remporté aussi un grand succès de
chanteur dans le rôle de Lionel, et obtenu les honneurs
du bis dans cette même scène de la déclaration. M. Le-
roy est fort drôle dans le personnage de George.
Plus j'entends chanter M. Achard, qui a réellement
de la voix, lui, et moins je m'explique l'engouement
que l'on a pour M. Capoul.
VICTOR COCHINAT.
DRAMES JUDICIAIRES
LE TIGRE-ROI (1)
XXX
Incidents de voyage.
C'était une voiture fort simple et qui ne se dis- 1
tinguait en rien des voitures de voyage ordi-
naires. x j • '
Elle était attelée de deux chevaux, que condui-
sait un cocher du pays.
Dans l'intérieur, il y avait une voyageuse.
Eléna la vit descendre et ne remarqua dans son
attitude rien qui pût justifier ses soupçons.
La voyageuse sauta dans la cour, demanda une
chambre et un souper, et annonça qu'elle reparti-
rait dans quelques heures.
Tout cela était. fort naturel.
Il s'éleva, même à propos de la dernière obser-
vation relative au départ, une altercation assez
vive entre le cocher et l'inconnue.
Le cocher prétendait qu'il était fatigué, qu'il
voyageait déjà depuis plusieurs jours et plusieurs
nuits, qu'il avait besoin de repos, et_ qu'à aucun
prix il ne repartirait avant le lendemain matin.
La voyageuse parut contrariée de ce contre-
temps, mais elle en prit cependant son parti sur
l'assurance qui lui fut donnée aussitôt par le maî-
tre d'hôtel qu'on lui trouverait un homme de
bonne volonté qui consentirait 11 la conduire,
quand elle voudrait, à la destination vers laquelle
elle se rendait.
La discussion finit là.
La voyageuse pénétra dans l'hôtel, et Eléna, un
(1) Voir les numéros à partir du 17 octobre.
moment distraite de ses pensées, ne taraa pas a. ue
aller prendre elle-même le repos dont elle avait Elle
grand besoin. fini
Elle dormit toute la nuit d'un profond sommeil. Ma
Le lendemain, Raymond fut obligé de la ré-
veiller au moment du départ.. !
La voiture était prête, les chevaux attelés, le AV<*
cocher sur son siège.. billet
— Encore un jour, dit Raymond à la jeune sur n
femme, et nous serons hors de toute atteinte; de mom
New-York, nous gagnerons quelque Etat éloigné, monc
et ils seront bien fins s'ils viennent nous y dé- Il
couvrir. ^un(
Eléna mit sa main sur celle de Raymond pour cmsta]
monter en voiture, mais au moment où elle allait sitioi
enjamber le marchepied, ses yeux se levèrent sur et s <
le cocher et elle tressaillit...
C'était celui qui avait amené la voyageuse de la —
veille.
Une exclamation lui échappa..
— Qu'y a-t-il ? demanda Raymond. si el]
— Rien ! Ce n'est rien, fit Eléna, mais c'est sm- —
gulier... ■ ■
— Quoi donc? ~~
— Ce cocher...
— Eh bien? ^
— C'est celui qui, hier, a amené la personne u
dont je t'ai parlé. Dav
Raymond se prit à sourire. sibl¡
Et qu'y a-t-il d'étonnant à cela? répliqua-t-il; L
cet homme était fatigué, il se porte bien au jour- tra
d'hui, et il ne nous en conduira que mieux. ouv
— C'est possible.... bre
— Monte toujours. dar
— Tu le veux:?
— Pardieu! tu n'as pas, je suppose, 1 intention a
de rester à Kinburn, et il importe que nous arri- t
vions à New-York.... re^
— Pourvu que nous y arrrvions! nai
— Que crains-tu donc? P'P
— Ah 1 je ne sais, mon ami ; mais cet homme... ces
, cet homme 1 , . ter
Raymond enlaça doucement la jeune femme ma
> dans ses bras, la déposa sur les coussins de_ la
voiture, et, ayant fait un signe au cocher, celui-ci en
1 fouetta ses chevaux qui partirait au galop. tar
! Ils étaient partis 1 da
Du reste, aucun incident suspect ne vint justi- ce
' fier les soupçons d'Elena.
Le ciel était splendide. Un soleil éclatant répan-
i dait ses joyeux rayons sur la campagne. Tout, au-
tour des voyageurs, était sourire et caresse.
Eléna ne demandait pas mieux que de repren-
dre confiance; ils voyagèrent toute la nuit sui-
1 vante, et quand, le lendemain matin, ils arrivè-
rent à New-York, toute appréhension avait disparu
e de son esprit. <• , ,
i Au moment où ils faisaient leur entrée dans a
o ville, le cocher qui avait causé tant d'inquiétude a
Eléna se retourna vers Raymond et lui demanda
s'il avait un hôtel où il désirât descendre de pré- ^
pf
férence.
Raymond échangea un regard avec Eléna. c(
it — Un hôtel, balbutia-t-il avec insouciance ;
r. qu'importe celui que nous choisirons, pourvu que p'
le nous y soyons bien? 1
le Etes-vous déjà venus à New-York ? demanda d
1- le cocher.
Jamais.
1- Alors, vous ne connaissez pas la ville ?
— En aucune façon. -.,-.' •
ie — Eh bien, si vous le voulez, je vous conduirai
rs à l'hôtel où je descends d'ordinaire ?
e- — Comme tu voudras.
—; C'est dit, alors? 1
nt — C'est dit.
nt Le cocher refouetta ses chevaux, brûla le pavé,
et un quart d'heure plus tard il s arrêtait à la ,
porte de l'hôtel du Sud.
Raymond descendit, paya l 'automédon grasse-
ment, et après avoir donné ses ordres aux garçons
de l'hôtel, il alla prendre possession de son appar-
tement. , ..
Eléna ne se possédât pas de joie.; il lui sêm-
blait que désormais son bonheur était à 1 abri de
toute atteinte, et elle préparait déjà dans son es-
prit son prompt départ de New-York.
(1) Il ne s'agissait plus que de décider vers quel
point de l'Amérique il leur convenait de se diri-
ger • mais ceci était évidemment d importance se- '
condaire, et Eléna s'était bien promis de faire
prendre à Raymond une décision définitive dès
le soir même. "
A cet effet, ils s'étaient fait servir dans leur
< chambre pour pouvoir causer en toute liberté, et
^s" quand ils eurent soupé, et que Raymond eut allu-
me un cigare, ils entamèrent cette question si im-
■ portante dans leur position. ,
Lui- Seulement, ils avaient à peine échange quelques
paroles, que la porte de la chambre s'ouvrit, et
qu'un domestique entra.
son Mais je n'ai point appelé! fit Raymond en
fronçant le sourcil.
jne — Non, monsieur, répondit le domestique en
rtl- s'inclinant, et je ne vous aurais pas dérange si
je n'avais été chargé de vous remettre ce billet. ^
En parlant ainsi, le valet tendit une lettre a
;er- Raymond. % -
;sez L. Un billet ! à moi ! dit-il , avec surprise; qui
donc peut m'écrire?
[u'il — C'est une dame.
iurs — Qui est-elle?
cun 1 ignore. ^
t. — Mais je ne connais personne a New-York!
tre- — Cette dame habite l'hôtel depuis hier.
sur — Et que me veut-elle ?
naî- — Elle ne me l'a pas dit.
3 de Le valet s'inclina, et sortit pendant que Ray-
ure, mond ouvrait la lettre mystérieuse qu on venait
lelle de lui remettre. •
Quant Mo Eléna, elle s'était sentie troublée jus-
qu'au plus profond de son cœur.
L, un L'aventure était évidemment singulière, et elle.
—— pressentait quelque nouveau danger.
Mais lequel? ^
C'est ce dont il fallait s'assurer au plus tôt.
Elle se pencha donc avidement vers Raymond, - -
et suivit avec lui la lecture de l'étrange billet.
Mais ce dernier en avait à peine ]•;: -couru les
premières lignes, qu'il jeta uu ori cil ; ré et passa
la lettre à la jeune'femme.
Avant de dire au lecteur ce que contenait ce
billet, nous reviendrons pour quelques secondes »
sur nos pas, et nous reprendrons nôtre récit au
moment où le cocher, grassement payé par Ray-
mond, s'était éloigné de l'hôtel du Sud.
Il était allô remiser sa voiture et ses chevaux
à une auberge plus que modeste, située à peu de
distance; puis, après avoir pris tou: .'S ses dispo-
sitions pour le retour, il était revenu sur ses pas
et s'était présenté de nouveau à l'hôtel du Sud,
Un domestique l'avait reçu.
— Miss Lucy Walker? demanda le cocher.
— Elle est chez elle, répondit le garçon. -
— Pourriez-vous, s'il vous plaît, lui demander
si elle peut me recevoir?
— Vous connaît-elle? ,- .
— J'aime à le croire.
— Quel est votre nom? 1
— Je me nomme sir David Rumfort.
Le valet s'inclina et sortit.
; Un moment après, il revenait annoncer à sir
David Rumfort que miss Lucy Walker était vi-
sible et qu'elle l'attendait.
; Le.cocher monta donc au premier étage, péné-
- tra dans une antichambre dont le domestique lui
ouvrit la porte, et ayant traversé deux autres cham-
bres où il ne trouva personne, il arriva, enfin
dans une sorte de cabinet -qu'on lui avait indiqué
comme étant le boudoir d,e miss Lucy Walker...
i Miss Lucy l'attendait.
Elle avait quitté les habits deson sexe pour
revêtir ceux du sexe fort. D'énormes favoris or-
naient ses joues pâles, et elle fumait une énorme
pipe d'écume de me.-, en se balancint sur un de
.. ces fauteuils américains que l'on a voulu impor-
ter en Europe, mais qui n'ont jamais pu s'y accli-
le mater.
la — C'est donc toi, David ! dit l'étrange»miss
ci en envoyant vers le plafond une lar^e bouffée de
tabac, eh bien ! foi de Nathaniel, je ne m'atten-
dais à te voir sitôt. Or ça, avance, et raconte-moi
roC). rrn rk tn OC foît
PIERRE ZACCONE.
(La suite à demain.)
LE TRÉSOR DU FOYER
CONNAISSANCES UTILES
Désinfection du caoutchouc vulcanisé. — Le caout-
chouc vulcanisé, dont l'emploi est fréquemment res-
treint à cause de l'odeur désagréable qu'il possède,
peut être désinfecté de la façon suivante :
Les objets à traiter sont disposés dans une caisse
convenable, recouverts de poussier de charbon et sou-
mis à une température de 60 à 70 degrés pendant plu..
sieurs heures; le charbon absorbe l'odeur dont était
pénétré le caoutchouc et le désinfecte complètement,
sans que la température à laquelle on a eu recours ait
déformé, en quoi que ce soit, les objets ainsi traités.
UN CONSEIL PAR JOUR
Dans tous les genres, les buts bien définis sont
11' spp.rp.t, ftps succès durables. -
COUSIN.
LIBRAIRIE — SCIENCES — ARTS — AGRICULTURE
LA GAZETTE DE LA BOURSE
Rédacteur en chef : EDMOND PELLETIER,
Directeur de l' Ofglve flle III Mzttsrse
PAR AN
t Edition I Edition M ' IA
ï fr; HEBDOMADAIRE | MENSUELLE 1 ir. ïli
52 numéros t 12 numéros
Cette feuille indépendante publie : Articles criti-
ques sur les Sociétés anciennes et les affaires nou-
velles ; Conseils éclairés sur les bons arbitrages et les
meilleurs placements ; Revue de la Bourse; nouvel-
les inédites; Tirages, etc., etc. ON S'ABONNE en
envoyant un mandat ou des timbres-poste.
3, RUE TAITBOUT, PARIS
La beauté conservée et augmentée par la
VEL0U • INE, brochure illustrée envoyée franco
contre demande affranchie.
Cn. FA Y, 0, rue de la Pùix.
LIBRAIRIE DE E. LACHAUD, ÉDITEUR,
4, place du Théâtre-Français, à Paris.
(Dernières nouveautés)
Les Orphelins de la Saint-Barthélémy,
Amaury-le-Vengeur (suite des Orphe-
lins), par Ponson du Terrail, cJwl''le,. , , 3 a
La Directrice des Postes, par Elie Bei,tliet . 3 t
Méthode pour prolonger la vie , par Jules
Frey. V"r 1 *
Les Soixante et Une Victimes de la
Glacière, par E. Daudet, 3 beaux vol. m-iS:
La Ratapiole (ire partie), ./ourdan-Coupe-
Tête (2" partie) l'Expiation (3e partie),
par EmestDaudet, chaque partie 3 B
~ Jean de l'Aiguille, par Jules Amigues 3 50
Gomment on peut guérir la goutte, par
Jules Frey. — £ a
Les Crimes inconnus, par E. Berthet, 1 y. 3 » .
Les Brames a toute vapeur, par Debans 3 »
Typographie . JÀNNIN, Q,lla.i Voltairô, 13"""r
onde. fis font partie d'une bande de contrebandiers,
kjont les deux principaux membres, après eux, sont
Khrvde et Aléantine Olivier, le frère et la sœur. Cette
Ornière est la maitresse de l'aîné des Delannoy, dit
SSn-Bart qui est le chef de la bande. Ils passent en
Klein j«our dans les villages, suivis de chiens formida-
bles et armés de lances et de bâtons ferrés.de
i Plusieurs fois, la gendarmerie, ai:J^miî?,pf
douaniers, cerna les maisctls dans lesquelles ils se
(trouvaient; mais grâce à leur force e à
fleur agilité prodizïeiise, ils sont toujouis panenus a
f» esqufver. D ailleurs (11 faut tout dit,c); sans les habi-
fiants des villages, qui les soutiennent soit par crainte,
soit nar le profit qu ils retirent de la. vente des tabacs
Se contrebande que leur procurent les frères Delannoy,
:"c:eux-ci seraient-déjà pris.. *<„
e Un seul fait vous montrera que ce que je viens cil'cons-
! vancer est malheureusement vrai. Ce sont les Çircons-
! tances qui accompagnèrent l'arrestation de la fille O i-
i 'tier. Les préposés de douaires, ayant appris qu elle
; avait été envoyée en éclaireur à °rch|eset quelle se
trouvait chez la mère des Delannoy, allèrent 1 arrêter
ill la transportèrent aussitôt à la maison centrale de
. 1 Douai. La nouvelle de cette arrestation s'était ré-
l Dan due dans Orchies quand les préposés revinrent
' pour reprendre leur poste. Mais ils trouvèrent devant
eux des groupes menaçants composés d habitants qui
'e'opposèrent a leur passage et les . maltraitèrent. Ils
i aient leur faire un mauvais parti lorsqu 'heureuse-
'ment la gendarmerie et le garde champêtre intervin-
rent.
; Mais revenons aux procès.
Onze témoins étaient appelés : dix paysans qui
avaient été maltraités par les Delannoy ou qui avaient
été témoins cté scène de violence, et le garde chai pe-
jtre de Tenain, sur la personne duquel les Delannoy
sont en prévention de tentative d 'assassinat.
Mais, soit terreur, soit ignorance, pas un seul de
i de ces témoins ne déclare avoir vu 1 accusée avec
Ueux qui les ont frappés. Ils ont,- disent-ils, yu une
/■femme avec les hommes qui les ont assaillis ; mais ils
111e sauraient dire quelle était cette femme. Tous don-
i naient des détails à peu près semblables sur les scènes
1 de violence, mais à ces questions de M. le président :
' Qui vous a frappé? Quelle était cette femme. cha-
! cun répond invariablement : « Je ne sais pas! »
Le onzième témoin, le garde champêtre, expose avec
une grande volubilité à M. le président les détails de
î son entrevue avec les contrebandiers, les propos me-
i naçants d'Aléantine qui, selon lui, s écriait : « Je tor-
: drai le cou au garde ! » Il est le seul qui déclare re-
i connaître l'accusée comme étant la femme présente a
la la scène dont il parle. ,
Devant de pareilles dépositions, M. 1 avocat général
1 abandonne les principaux chefs de l'accusation, et se
1 borne à accuser la prévenue d'outrages à un fonction-
,'i aire public dans l'exercice de ses fonctions.
} Puis vient l'éloquent plaidoyer de M0 d'Hooghe, le
présumé de M. le président..
V Le jury se retire dans la salle des délibérations et
' j rapporte un verdict négatif sur les vingt-cinq ques-
) tions qui lui sont posées.
En conséquence, Aléantine Olivier est acquittée.
£ En sortant, elle est accueillie avec sympathie par un
[ grand nombre d'habitants d'Orchies et de Plines ac-
courus pour suivre les débats. Le bruit court même
un moment, sans que cependant il paraisse fondé, que
i les frères Delannoy se trouvent dans la foule qui sta-
llonne aux abords du Palais-de-Justice, attendant la
sortie de la fille Olivier.
THÉATRES
VAUDEVILLE : La Fièvre dtt jour, quatre actes, ae MM.
Belot et Eugène Nus. 1
;THÉATRE-LYIUQUE : Le Bal masqué, opéra en cinq actes, 1
:l traduction de Duprez, musique de Verdi. 1
OPÉRA-COMIQUE : Reprise de l'Éclair.
.. Le Vaudeville nous a donné mardi soir la nouvelle <
[œuvre de MM. Belot .et Nus, les habiles et heureux ;
fauteurs de cette Miss Multon qui fit verser tant de
jïarmes. 1
; La Fièvre du jour, tel est le titre un peu trompeur 1
' de leur pièce, dont le sujet est emprunté à un roman,
Mèrnoi, es d'un caissier, que les lecteurs de la Petite
i Presse n'ont certes pas oublié.
Disons-le, tout de suite, en émigrant de. chez nous
' au Vaudeville, ce roman a beaucoup changé sur la
route, et les changements ne sont pas à l'avantage du
drame. Il faut, sans doute, reprocher cela à M. Nus,
le collaborateur de M. Belot, qui aura trouvé trop
touffu pour le théâtre et trop riche d'invention, d'ob-
servation et d'incidents, le palpitant récit .composé d'a-
bord pour ce journal.
Il a donc coupé et ébranché de façon à ne laisser
dans quatre actes qu'un vrai rôle et qu'une grande
scène pour une inimitable comédienne : Mlle Fargueil.
C'est là, assurément, de la reconnaissance envers
l'artiste qui a le plus contribué au succès de Miss Mul-
&m;mais les autres interprètes, assez mal partagés, et
le public, trop peu intéressé par l'ensemble de _la pièce,
ont trouvé que, cette fois, les auteurs poussaient bien
loin la gratitude : ils ont tout sacrifié au talent et au
triomphe de MUe Fargueil. Aussi ce triomphe a été
complet..
Donc, en deux mots, la Fièvre du jour, c'est la soif
de l'or, l'épidémie de la Bourse, cette impatience de
s'enrichir... honnêtement si l'on peut, mais surtout
rapidement et sans scrupules.
• Un caissier puise dans le coffre de l'agent de change
son patron ; il vole 200,000 fr. pour devenir riche et il
les perd dans une fausse spéculation. Tout se découvre,
,.et c'en est fait de l'honneur pour le mari, sa femme
et son enfant... mais cette femme, se dévoue, elle va
; se vendre pour la somme volée à celui qui peut envoyer
, au bagne l'infidèle caissier.
^ Heureusement, ce farouche dévouement épouvante
et trouble le libertin : il ne l'accepte pas, renonce sans
conditions honteuses à l'argent qu'on lui a pris et il
épouse la sœur de son voleur...
. Berquin n'eût pas mieux trouvé.
Malgré l'art, l'émotion et le talent de Mlle Fargueil,
-les défaillances de cette œuvre sont trop nombreuses
et trop visibles pour échapper à la critique et aux
Spectateurs. <;
Félix seconde d'une façon brillante Mlle Fargueil
dans la scène capitale du drame ; Desrieux est plus à
jplaindre qu'à blâmer dans un rôle méprisable; un
personnage accessoire suffit à Parade pour se faire ap-
plaudir.
Mlle Chapuy est une agréable débutante ; nous 1 at-
tendons à une création plus sérieuse.
Mlle Cellier joue la comédie en femme qui a le
moyen d'être médiocre... Elle en abuse!
Il serait temps qu'elle laissât le champ libre aux ar-
tistes moins chanceuses, obligées de travailler et de
vivre de leur talent. On dit que Mlle Cellier est riche,
propriétaire, etc. Elle ferait mieux, pour elle et pour
nous,, de donner désormais ses soins à cette fortune,
que l'art dramatique n'augmentera pas.
Le Théâtre-Lyrique a donné mercredi soir, pour la
)remière fois, le bel opéra de Verdi, Un Ballo in mas-
sera, que la traduction française de Duprez lui a per-
nis d'approprier à sa soène, sous ce titre : un Bal
nasqué.
Ç'a été là une heureuse inspiration, et un éclatant
mocès a couronné cette entreprise. Les bravos ont re-
tenti pendant toute la soirée au Théàtre-Lyrique; et
M. Pasdeloup, qui conduisait en grande pompe l'or-
chestre, comme dans les soirées d'apparat, a dû bien
voir que le public, qui par ses sympathies et son en-
thousiasme lui rendait ce succès encore plus honora-
blé et plus doux, lui.savait un gré infini de l'arracher
enfin aux bruyantes combinaisons de Wagner pour lui
faire entendre les dramatiques, mais lyriq.ues accents
de Verdi.
On sait déjà. depuis longtemps que lé livret de Un
Ballo in maschera n'est que l'imitation absolue ou plu-
tôt la copie servile de celui de Gustave III ou le Bal
masqué, un opéra d'Auber, faible comme musique, et
que le vieux maître sémillant ne demande pas mieux
que de faire oublier.
L'assassinat de l'infortuné roi de Suède, que trois de
ses courtisans, qui avaient des motifs particuliers de
haine contre lui, immolent au milieu d'une fête de
carnaval, est le sujet sur lequel Verdi a versé ses tré-
sors mélodiques, et ce n'est pas la peine de nous éten-
dre sur cette tragique histoire.
Un accueil des plus chaleureux a été donc fait à cette
belle œuvre au Théâtre-Lyrique, et de retentissantes,
d'impétueuses acclamations ont affirmé ce grand suc-
cès. On a fait répéter jusqu'à trois fois à Mlle Daraii
un morceau du premier acte, et M. Massy, le ténor
qui n'osait pas trop se lancer au commencement, uni
fois rassuré par les bravos et quelques passages qu 'oi
lui a fait bisser, a été constamment applaudi.
Mme Meilhet, qui rentrait au Théâtre-Lyrique par li
rôle d'Amalia, a eu fort à se louer aussi des applau
dissements de l'assistance, ainsi que l'habile M. Lutz
qui s'est montré aussi bon chanteur que parfait co
médien dans le rôle de'Renato.
Cette excellente soirée influera de la plus heur eu s
manière sur les destinées de la direction actuelle t
éloignera pour quelque temps les compétiteurs, gen
difficiles à décourager cependant.
A l'Opéra-Comique, Mlle Daniele s'est tout à fait
naturalisée par sa réussite complète dans l'Eclair.
Elle y a chanté avec beaucoup de goût et d'âme le rôle
l'Henriette et emporté tous les suffrages dans la scène |
le la déclaration d'amour. Vienne une création heu-
heureuse pour Mlle Daniele, et la voila étoile, de pre-
mière grandeur rue Favart. Allons, messieurs les com-
positeurs, à l'œuvre!
M. Achard a remporté aussi un grand succès de
chanteur dans le rôle de Lionel, et obtenu les honneurs
du bis dans cette même scène de la déclaration. M. Le-
roy est fort drôle dans le personnage de George.
Plus j'entends chanter M. Achard, qui a réellement
de la voix, lui, et moins je m'explique l'engouement
que l'on a pour M. Capoul.
VICTOR COCHINAT.
DRAMES JUDICIAIRES
LE TIGRE-ROI (1)
XXX
Incidents de voyage.
C'était une voiture fort simple et qui ne se dis- 1
tinguait en rien des voitures de voyage ordi-
naires. x j • '
Elle était attelée de deux chevaux, que condui-
sait un cocher du pays.
Dans l'intérieur, il y avait une voyageuse.
Eléna la vit descendre et ne remarqua dans son
attitude rien qui pût justifier ses soupçons.
La voyageuse sauta dans la cour, demanda une
chambre et un souper, et annonça qu'elle reparti-
rait dans quelques heures.
Tout cela était. fort naturel.
Il s'éleva, même à propos de la dernière obser-
vation relative au départ, une altercation assez
vive entre le cocher et l'inconnue.
Le cocher prétendait qu'il était fatigué, qu'il
voyageait déjà depuis plusieurs jours et plusieurs
nuits, qu'il avait besoin de repos, et_ qu'à aucun
prix il ne repartirait avant le lendemain matin.
La voyageuse parut contrariée de ce contre-
temps, mais elle en prit cependant son parti sur
l'assurance qui lui fut donnée aussitôt par le maî-
tre d'hôtel qu'on lui trouverait un homme de
bonne volonté qui consentirait 11 la conduire,
quand elle voudrait, à la destination vers laquelle
elle se rendait.
La discussion finit là.
La voyageuse pénétra dans l'hôtel, et Eléna, un
(1) Voir les numéros à partir du 17 octobre.
moment distraite de ses pensées, ne taraa pas a. ue
aller prendre elle-même le repos dont elle avait Elle
grand besoin. fini
Elle dormit toute la nuit d'un profond sommeil. Ma
Le lendemain, Raymond fut obligé de la ré-
veiller au moment du départ.. !
La voiture était prête, les chevaux attelés, le AV<*
cocher sur son siège.. billet
— Encore un jour, dit Raymond à la jeune sur n
femme, et nous serons hors de toute atteinte; de mom
New-York, nous gagnerons quelque Etat éloigné, monc
et ils seront bien fins s'ils viennent nous y dé- Il
couvrir. ^un(
Eléna mit sa main sur celle de Raymond pour cmsta]
monter en voiture, mais au moment où elle allait sitioi
enjamber le marchepied, ses yeux se levèrent sur et s <
le cocher et elle tressaillit...
C'était celui qui avait amené la voyageuse de la —
veille.
Une exclamation lui échappa..
— Qu'y a-t-il ? demanda Raymond. si el]
— Rien ! Ce n'est rien, fit Eléna, mais c'est sm- —
gulier... ■ ■
— Quoi donc? ~~
— Ce cocher...
— Eh bien? ^
— C'est celui qui, hier, a amené la personne u
dont je t'ai parlé. Dav
Raymond se prit à sourire. sibl¡
Et qu'y a-t-il d'étonnant à cela? répliqua-t-il; L
cet homme était fatigué, il se porte bien au jour- tra
d'hui, et il ne nous en conduira que mieux. ouv
— C'est possible.... bre
— Monte toujours. dar
— Tu le veux:?
— Pardieu! tu n'as pas, je suppose, 1 intention a
de rester à Kinburn, et il importe que nous arri- t
vions à New-York.... re^
— Pourvu que nous y arrrvions! nai
— Que crains-tu donc? P'P
— Ah 1 je ne sais, mon ami ; mais cet homme... ces
, cet homme 1 , . ter
Raymond enlaça doucement la jeune femme ma
> dans ses bras, la déposa sur les coussins de_ la
voiture, et, ayant fait un signe au cocher, celui-ci en
1 fouetta ses chevaux qui partirait au galop. tar
! Ils étaient partis 1 da
Du reste, aucun incident suspect ne vint justi- ce
' fier les soupçons d'Elena.
Le ciel était splendide. Un soleil éclatant répan-
i dait ses joyeux rayons sur la campagne. Tout, au-
tour des voyageurs, était sourire et caresse.
Eléna ne demandait pas mieux que de repren-
dre confiance; ils voyagèrent toute la nuit sui-
1 vante, et quand, le lendemain matin, ils arrivè-
rent à New-York, toute appréhension avait disparu
e de son esprit. <• , ,
i Au moment où ils faisaient leur entrée dans a
o ville, le cocher qui avait causé tant d'inquiétude a
Eléna se retourna vers Raymond et lui demanda
s'il avait un hôtel où il désirât descendre de pré- ^
pf
férence.
Raymond échangea un regard avec Eléna. c(
it — Un hôtel, balbutia-t-il avec insouciance ;
r. qu'importe celui que nous choisirons, pourvu que p'
le nous y soyons bien? 1
le Etes-vous déjà venus à New-York ? demanda d
1- le cocher.
Jamais.
1- Alors, vous ne connaissez pas la ville ?
— En aucune façon. -.,-.' •
ie — Eh bien, si vous le voulez, je vous conduirai
rs à l'hôtel où je descends d'ordinaire ?
e- — Comme tu voudras.
—; C'est dit, alors? 1
nt — C'est dit.
nt Le cocher refouetta ses chevaux, brûla le pavé,
et un quart d'heure plus tard il s arrêtait à la ,
porte de l'hôtel du Sud.
Raymond descendit, paya l 'automédon grasse-
ment, et après avoir donné ses ordres aux garçons
de l'hôtel, il alla prendre possession de son appar-
tement. , ..
Eléna ne se possédât pas de joie.; il lui sêm-
blait que désormais son bonheur était à 1 abri de
toute atteinte, et elle préparait déjà dans son es-
prit son prompt départ de New-York.
(1) Il ne s'agissait plus que de décider vers quel
point de l'Amérique il leur convenait de se diri-
ger • mais ceci était évidemment d importance se- '
condaire, et Eléna s'était bien promis de faire
prendre à Raymond une décision définitive dès
le soir même. "
A cet effet, ils s'étaient fait servir dans leur
< chambre pour pouvoir causer en toute liberté, et
^s" quand ils eurent soupé, et que Raymond eut allu-
me un cigare, ils entamèrent cette question si im-
■ portante dans leur position. ,
Lui- Seulement, ils avaient à peine échange quelques
paroles, que la porte de la chambre s'ouvrit, et
qu'un domestique entra.
son Mais je n'ai point appelé! fit Raymond en
fronçant le sourcil.
jne — Non, monsieur, répondit le domestique en
rtl- s'inclinant, et je ne vous aurais pas dérange si
je n'avais été chargé de vous remettre ce billet. ^
En parlant ainsi, le valet tendit une lettre a
;er- Raymond. % -
;sez L. Un billet ! à moi ! dit-il , avec surprise; qui
donc peut m'écrire?
[u'il — C'est une dame.
iurs — Qui est-elle?
cun 1 ignore. ^
t. — Mais je ne connais personne a New-York!
tre- — Cette dame habite l'hôtel depuis hier.
sur — Et que me veut-elle ?
naî- — Elle ne me l'a pas dit.
3 de Le valet s'inclina, et sortit pendant que Ray-
ure, mond ouvrait la lettre mystérieuse qu on venait
lelle de lui remettre. •
Quant Mo Eléna, elle s'était sentie troublée jus-
qu'au plus profond de son cœur.
L, un L'aventure était évidemment singulière, et elle.
—— pressentait quelque nouveau danger.
Mais lequel? ^
C'est ce dont il fallait s'assurer au plus tôt.
Elle se pencha donc avidement vers Raymond, - -
et suivit avec lui la lecture de l'étrange billet.
Mais ce dernier en avait à peine ]•;: -couru les
premières lignes, qu'il jeta uu ori cil ; ré et passa
la lettre à la jeune'femme.
Avant de dire au lecteur ce que contenait ce
billet, nous reviendrons pour quelques secondes »
sur nos pas, et nous reprendrons nôtre récit au
moment où le cocher, grassement payé par Ray-
mond, s'était éloigné de l'hôtel du Sud.
Il était allô remiser sa voiture et ses chevaux
à une auberge plus que modeste, située à peu de
distance; puis, après avoir pris tou: .'S ses dispo-
sitions pour le retour, il était revenu sur ses pas
et s'était présenté de nouveau à l'hôtel du Sud,
Un domestique l'avait reçu.
— Miss Lucy Walker? demanda le cocher.
— Elle est chez elle, répondit le garçon. -
— Pourriez-vous, s'il vous plaît, lui demander
si elle peut me recevoir?
— Vous connaît-elle? ,- .
— J'aime à le croire.
— Quel est votre nom? 1
— Je me nomme sir David Rumfort.
Le valet s'inclina et sortit.
; Un moment après, il revenait annoncer à sir
David Rumfort que miss Lucy Walker était vi-
sible et qu'elle l'attendait.
; Le.cocher monta donc au premier étage, péné-
- tra dans une antichambre dont le domestique lui
ouvrit la porte, et ayant traversé deux autres cham-
bres où il ne trouva personne, il arriva, enfin
dans une sorte de cabinet -qu'on lui avait indiqué
comme étant le boudoir d,e miss Lucy Walker...
i Miss Lucy l'attendait.
Elle avait quitté les habits deson sexe pour
revêtir ceux du sexe fort. D'énormes favoris or-
naient ses joues pâles, et elle fumait une énorme
pipe d'écume de me.-, en se balancint sur un de
.. ces fauteuils américains que l'on a voulu impor-
ter en Europe, mais qui n'ont jamais pu s'y accli-
le mater.
la — C'est donc toi, David ! dit l'étrange»miss
ci en envoyant vers le plafond une lar^e bouffée de
tabac, eh bien ! foi de Nathaniel, je ne m'atten-
dais à te voir sitôt. Or ça, avance, et raconte-moi
roC). rrn rk tn OC foît
PIERRE ZACCONE.
(La suite à demain.)
LE TRÉSOR DU FOYER
CONNAISSANCES UTILES
Désinfection du caoutchouc vulcanisé. — Le caout-
chouc vulcanisé, dont l'emploi est fréquemment res-
treint à cause de l'odeur désagréable qu'il possède,
peut être désinfecté de la façon suivante :
Les objets à traiter sont disposés dans une caisse
convenable, recouverts de poussier de charbon et sou-
mis à une température de 60 à 70 degrés pendant plu..
sieurs heures; le charbon absorbe l'odeur dont était
pénétré le caoutchouc et le désinfecte complètement,
sans que la température à laquelle on a eu recours ait
déformé, en quoi que ce soit, les objets ainsi traités.
UN CONSEIL PAR JOUR
Dans tous les genres, les buts bien définis sont
11' spp.rp.t, ftps succès durables. -
COUSIN.
LIBRAIRIE — SCIENCES — ARTS — AGRICULTURE
LA GAZETTE DE LA BOURSE
Rédacteur en chef : EDMOND PELLETIER,
Directeur de l' Ofglve flle III Mzttsrse
PAR AN
t Edition I Edition M ' IA
ï fr; HEBDOMADAIRE | MENSUELLE 1 ir. ïli
52 numéros t 12 numéros
Cette feuille indépendante publie : Articles criti-
ques sur les Sociétés anciennes et les affaires nou-
velles ; Conseils éclairés sur les bons arbitrages et les
meilleurs placements ; Revue de la Bourse; nouvel-
les inédites; Tirages, etc., etc. ON S'ABONNE en
envoyant un mandat ou des timbres-poste.
3, RUE TAITBOUT, PARIS
La beauté conservée et augmentée par la
VEL0U • INE, brochure illustrée envoyée franco
contre demande affranchie.
Cn. FA Y, 0, rue de la Pùix.
LIBRAIRIE DE E. LACHAUD, ÉDITEUR,
4, place du Théâtre-Français, à Paris.
(Dernières nouveautés)
Les Orphelins de la Saint-Barthélémy,
Amaury-le-Vengeur (suite des Orphe-
lins), par Ponson du Terrail, cJwl''le,. , , 3 a
La Directrice des Postes, par Elie Bei,tliet . 3 t
Méthode pour prolonger la vie , par Jules
Frey. V"r 1 *
Les Soixante et Une Victimes de la
Glacière, par E. Daudet, 3 beaux vol. m-iS:
La Ratapiole (ire partie), ./ourdan-Coupe-
Tête (2" partie) l'Expiation (3e partie),
par EmestDaudet, chaque partie 3 B
~ Jean de l'Aiguille, par Jules Amigues 3 50
Gomment on peut guérir la goutte, par
Jules Frey. — £ a
Les Crimes inconnus, par E. Berthet, 1 y. 3 » .
Les Brames a toute vapeur, par Debans 3 »
Typographie . JÀNNIN, Q,lla.i Voltairô, 13"""r
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 93.41%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 93.41%.
- Collections numériques similaires Bonafous Norbert Bonafous Norbert /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Bonafous Norbert" or dc.contributor adj "Bonafous Norbert")
- Auteurs similaires Bonafous Norbert Bonafous Norbert /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Bonafous Norbert" or dc.contributor adj "Bonafous Norbert")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 4/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k47183149/f4.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k47183149/f4.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k47183149/f4.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k47183149/f4.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k47183149
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k47183149
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k47183149/f4.image × Aide