Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-11-07
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 novembre 1869 07 novembre 1869
Description : 1869/11/07 (A4,N1298). 1869/11/07 (A4,N1298).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47183008
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/11/2017
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Li Ta^aU fait aSr, le désir de^se débarrasser de j
ff. Samson, qu'il citait empêcher la fille Ma"g 4^ iéo
toe. qu'il aimait éperduement, de se donner à^lui,M. le s E
Procureur impérial a placé sous les yeux de MM. es ét
Surês les différentes présomptions qui e^^ent contre ^
lui et qui résultaient de sesU
CïU;n . avait vainement cticrché à étwb l3 ? " . lieu ^
tlilanœ '>4Iu;il de son écriture avec-ta lettre ?
"du crime, des menaces enfin qtfi avait pro t_
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Posant payerez! ensuite. aux preuves de la culpabilité de Con- ^
1'1I.vait: zauve HIes le crime, ce fait fabriquer une c
} eia ouvrant l'appartement de M. Samson ; de - la p
*ence à dôté du cadavre, d'une photographie de femme
faite à Albi, où l'accusé avait été en garnison comme
f soldat ; de la coïncidence de son pied avec 1 empreinte
: que le pied de l'assassin avait laissée sur le soi de ta l,
chambre de la victime; de la possession par laccus^a
• sa famille n'avait remis aucune somme, d une ■
impartie de l'argent volé à M. Samson; des blessures en- 1
'ïn constatées peu de jours après le crime aux mains
i-et sur le-corps de Consauve, et dont il ne pouvait ex- g
i Iliquer d'une manière satisfaisante 1 '(>rigine. ■
•' M. le procureur impérial a termine son réquisitoire j;E
•- en s'en rapportant à la conscience et à *
< du jury relativement aux circonstances atténuaiqtes.
Il venait à peine de s'asseoir, quand tout à coup
» s'est produit un incident qui a profondément ému l 'au-
- diMmé Samson s'est élancée au milieu du prétoire, en
&Dostr.ophant Consauve, le traitant d asDa^sin et lui re-
prochant les souffrances qu'il avait f; u t Subir à. son in
"fortuné mari et celles qu'il avait par là infligées à a
famille, dont il avait consommé la ruine en la privant, .
de son chef et de son soutien. .
Elle s'est ensuite, malgré les ais que ai.cr.es
,. personnes faisaient pour la retenir, précipita sur le
i portrait de son mari que l'assassin avait lacéré et qui
J avait été déposé aux pieds de la cour a titre de pièces
1 à conviction. Elle"s en est emparée et l'a embrassé;
: on est enfin parvenu à la faire sortir de l enceinte do
' la A cour la suite de cette scène émouvante, M0 Bessat, avo-
, cat à la cour impériale d'Aix, a présent la défense de
:'onsauve.
Après avoir fait appel à la sagesse et il la prudence,
du jury, et l'avoir vivement adjuré de ne pas subir
aveuglément l'entraînement de l'opinion publique, qui
^s'égare si facilement, il a, dans une. éloquente plaidcn-
' '-lie qui n'a pas duré moins de trois heures et demie,
i fait les plus grands efforts pour tâcher de faire naître
"'le doute dans l'esprit de MM. les jurés.
Il a tour à tour examiné les divers arguments que
: M. le procureur impérial avait tirés _soit de 1 ordre
physique, soit de l'ordre moral, et a cherché à. établir
eue toutes les charges de l'accusation pouvaient s ex-
pliquer sans qu'il en résultât nécessairement la preuve
de la culpabilité de Consauve.
' Ainsi d'après le défenseur rien ne garantissait que
«le pied de Consauve s'adaptât parfaitement à 1 empreinte
laissée par le meurtrier dans la chambre de M. Sam-
son- la conformation d'ailleurs particulière de 1 un des
doigts de son pied est si commune qu'il doit y avoir
' dans Toulon une foule de personnes atteintes de cette
anomalie; la prétendue conformité du pied de Gon-
] sauve avec l'empreinte n'est donc pas une preuve cer-
laine de la culpabilité. ' .
Les blessures de l'accusé; elles sont l'œuvre des trois
matelots corses qui, d'après ses allégations, 1 ont as-
sailli dans le quartier du Chapeau-Rouge, pour lui vo-
ler sa montre; et ce qui confirme cette version, cest
que M. Samson, à qui le ministère public attribue ces
Blessures n'a pu en être l'auteur, puisque d après le
: , docteur même qui a été chargé de faire 1 autopsie de
sson cadavre, il avait tout d'abord reçu par derrière
■deux conps de poignard, qui en perforant son poumon
,ont coupé sa respiration, et ont ainsi rendu toute lutte
impossible entre l'assassin et sa victime.
v La clef ; mais beaucoup de clefs se ressemblent et si,
ainsi que l'établissent les annales judiciaires dont M'
Bessat a cité deux exemples bien connus, l affaire Le-
surques et celle de l'arrestation des diligences jugée
par 1-a cour d'assises même du Var, il y a un grand
danger à asseoir une condamnation sur la reconnais-
) sance d'une personne, à combien plus forte raison y
; a-t-il danger de la fonder sur la reconnaissance d une
i simple cle ! l'accusé, en supposant qu'il ait réellement
'fait faire une clé destinée à ouvrir les appartements de
■ M. Samson, a pu d'ailleurs la faire fabriquer non pour
J.l'assassiner, mais pour le narguer en faisant de ses
appartements le rendez-vous d'une entrevue galante.
\ Le vif désir que Consauve aurait manifesté au ser- ]
rurier d'avoir cette clé le samedi même, jour où M.
Samson va habituellement coucher à la campagne et
où par suite il ne pouvait songer à le frapper, tendrait
' à le faire croire. Enfin si Consauve qui connaissait
, parfaitement et les lieux et les mœurs de M. Samson
' avait fait fabriquer une clé pour s'introduire chez ce
dernier, le défenseur soutient qu'il aurait fait faire
? celle de la porte gauche ouvrant directement la cham-
bre de M. Samson, et non, ainsi qu 'il l aurait fait d a-
près l'accusation, celle de la porte droite qui n aboutit
(m'a l'appartement de Mme Samson, d ou il n est pas
1 > toujours facile d'arriver chez son mari, qui avait, il pa-
\ raît, l'habitude de mettre de son côté des verrou à la
r porte de communication qui existe entre sa chambre
et celle de sa femme. , , ,
La ressemblance de la lettre trouvée sur le lieu du
' crime avec l'écriture de Consauve ; mais, a dit le ^dé-
fenseur, le ministère .public n'attache pas lui-même
' une importance sérieuse à cette présomption, eti no-
. • : norable M. Gauthier, expert en écriture, -a déclaré
aussi qu'il n'y avait à cet égard que des probabilités
et aucune certitude. , , , ,
La photographie; M. Bessat a cherche a prouver que
- accusé n'était plus à Albi à l'époque où elle avait été
' faite.
* Passant ensuite aux preuves tirées de l'ordre moral,
le défenseur s'est efforcé de détruire les divers argu-
ments que M. le procureur impérial avait puisés dans
, l'attitude et la fuite de l'accusé et surtout dans le mo-
Isile du crime. Consauve ne voulait, a-t-il dit, aucur
¡mai à M. Samson; il l'avait défendu dans diverses cir-
' constances, alors que la fille Marie Maxime l'avait me
nacé et même attaqué.; d'après M' Bessat, la personnE
qui devait être réellement animée d'un sentiment d<
vengeance, ce devait être Marie Maxime, dont M. Sam
son, par ses révélations auprès de la famille de
sauve sur l'immoralité de cette femme, avait empêcha
'le mariage avec l'accusé; Marie Maxime avait, en effet
à la smte de ces révélations, hautement témoigne l,
désir de se venger. , ..
Le défenseur a conclu quelle ne devait , piz lu
étrangère à la mort dé M. Samson, dont elle avait et
~ ' peut-être sinon l'auteur, tout au moins la complice, fi
que, si par suite, on s'attachait au mobile ,du. cnni
pour découvrir le coupable, Marie MaxisscubiSii mieti
que Coasauve, eût mérité de ?*a^-eoir sur le ba.ne de
•A ce mot, l'accusé interfômpant son -défènseujr^ s'est
étrié ; « ,Eile y viendra peut-être. » i
Bessat a fini par chercher à étabiir que tourne
se trouvait auprès de sa famihe quand i attabsjnat a
été commis. ; , l
Il a termine sa plaidoirie en priant le jury, dans le
cas où il serait entièrement convaincu de sa culpabi-
lité, d'écarter la circonstance aggravante de la prémé-
ditation, de rejeter aiissi le crime de vol qui, d après
l'accllS:ltÍun, a suivi l'assassisat.et d'admettre enfin des
circonstances atténuantes, afin de permettre à la cour
d'abaisser la peine et de laisser à Consauve 1 espérance
de recouvrer un joup la liberté.., ..
A la suite de cette remarquable plaidoirie, personne
ne réclamant pl,iS .la parole, monsieur le président a
clos les débals et a, dans un résumé tout a la fois net
et ferme, impartial et concis, rappelé sommairement
les charges et les moyens de défense, et pose a . MM.
les jurés les questions qu'ils,avaient à résoudre. ,
Le jur-y est alors entré dans la chambre de ses dé-
libérations, il en est bientôt rassorti avec un verdict
atrirmatif sur les questions relatiiies à 1 assassinat, mi-
tigé par des circonstances atténuantes, il a de plus re-
jeté le crime de vol qui était imputé a l 'aretisé.
La cour, en vertu de ce verdict, a ^condan\ne ■ eon-
sauve aux travaux forcés à perpétuité. I
Ce dernier a écouté la prononciation de cet arrêt
sans manifester aucune émotion et sans proférer au-
cune parole. ■ : ■'
DRAMES JUDICIAIRES
LE TIGRE-ROI(1)
XX
Les Bijoux.
■ Pardon, ma jolie enfant, dit Nathaniel d une
voix doucereuse, et comme s'il eut deviné ce qui se
passait en ce moment dans l'esprit d'Elena, il ne ^
faut pas trop vous étonner de me voir ici à cette
heure : je viens de voir le lieutenant, et c est lui >
qui m'a autorisé à me présenter.
- Raymond ! fit Eléna, de plus en plus sur- 4
prise... Et à quel propos? «
I Nathaniel avait encore fait deux pas, et il se
trouvait maintenant près de la jeune femme.
Eh! eh! dit-il en baissant le, ton, c'est un
mystère.. , i
— Un mystère? . , . " „ , , fa
— Et je crois que M. Raymo-id n'est pas fâché al
I de ne pas être présent à l 'entretien - )
Eléna ne comprenait plus rien à ce qu on lui
disa-it ; elle crut que Nathaniel n'avait pas toute sa
I raison, qu'il avait bu peut-être. Elle se leva à
demi..Cependant!' l'Américain t'avait suppliée du geste, v.
et il venait de tirer de sa poche un petit étui en
I peau de chagrin, qu'il tourna et retourna d un air
i embarrassé entre ses doigts.
Et d'abord, reprit-il, il faut que je vous ex-
plique ; je fais un peu tous les métiers, et à Mau-
rice notamment, quand Marsaud m a proposé de
m'embarquer, j'étais en train de réunir une belle
collection de bijoux, ,qur est malheureusement *
I restée incomplète... Mais les morceaux en sont _
bons... et j'espère en tirer un bon prix, une fois
arrivé à destination..' ' a
Vous avez donc parlé de cela à Raymond ? ,
demanda la jeune femme. , , , OTl4il
— Bien mieux : je lui ai montré des échantil- ,
10111. a
— Et qu'a-t-il dit ? ,• , i
— Il m'a engagé à vous les présenter.
I - Pourquoi?
I —Pour vous prier de choisir. _ ' „
' —Choisir... moi... des bijouxL;.. fit Eléna;
mais Raymond sait bien que je n 'ai que faire de 1
'
1 I ce Pendant que la jeune femme s'exprimait de la . ■
Sorte Nathaniel avait ouvert son étui et répandu 1
' sur ia table une vingtaine de* bijoux, bagues,
; pendants d'oreilles, perles fines, pierres précieuses,
t i qui se mirent à jeter des ,feux de toutes couleurs.
t Eléna en fut eblouie et ne put retenir- un cri
i d'admiration. 'é . , „
î I _ Je vous le disais bien! s cria-t.-elle, ce n est
1 j pas à moi qu'il appartiendrait-de porter de pa-
reilles parures. .. ?
" „ Qui vous en empêcherait f - i
s — Mais c'est fort cher... tout cela.. j
- — Sans doute.
a — Et Raymond est pauvre.
e — Qu'importe ? "j
1 - Oh!... il v importe beaucoup; et je l amie
u assez pour ne pas l'engager dans de semblables
folies. -
— Alors, vous refusez ?
-I I — Absolument. r i , ,
js I Nathaniel, ainsi repoussé, ne se tint cependant
ie j pas Tout en reprenant les bijoux qu'il venait détaler
té sur la table,-il ne cessait de regarder la jeune
!' femme.Sans se rendre bien compte de ce qu'elle^ éprou-
is l- valt, Eléna se sentait gênée par ce regard ]; ins-
o- tiiictivement elle comprenait que cet homme
m avait quelque dessein secret, quelque but_ caché ,
r- et qu'il n'était pas venu seulement pour lui mon- j
e- trer des bijoux-. # ,
"e Soit ! dit enfin Nathaniel; soit! mais ^ vous
de TI- avez tort, parce qu'enfin, si M.. Raymond n a pas
n- aujourd'hui une position qui lui permette de vous
hé offrir le luxe de semblables parures, une fois en
2t, I Amérique, cela pourra bien changer .
le I Que voulez-vous dire? fit Eléna ayee un
I mouvement involontaire.
I — Rien ! que ce que l'on m a dit.
-et —Qui cela? <■
Jltf: ,, ( —Raymond ! ^ ,,,
;— -r
ies (9) Voir les numéros à partir du 17
— Il vous a fait là une étrange confidence ! 1
— Oh 1 il sait bien, lui, ^u'ii s'y, <.1,. pas de^dan-
er à être confiant avec moi-; et d'ailleurs quel in- ,
érêi aurait-il à cacher ce qu'il compte faire ?
— Aucun, sans doute. Cependant... ^ , as?
— Marsaud lui-même m'a tout avoué. ^
— Marsaud?... C'est impossible. Quel aveu au- vo'
ait-il pu vous faire ? '
— Voulez-vous que je vous le dise ? P 1
— Mais... #
Nathaniel fit entendre un petit ricanement qui vé
;laça la jeune femme. do
— A quoi bon ? dit-il. L'offre que je vous bl;
'ais ne vous agrée pas aujourd'hui, il vaut mieux
lue je me retire ; seulement, vous me permettrez El
jiçn de vous la renouveler. ^
— Jamais. se
— Bah! vous changerez d'idée, et une fois a p<
iestination, nous pourrons reparler de tout cela.
Eléna ne répondit pas. ai
Elle était réellement, embarrassée;. '
Mille craintes obscurcissaient ses pensées ; cet c(
homme lui inspirait une terreur étrange, elle eût ^
voulu l'interroger et elle n'osait pas.
Elle ne se sentit soulagée et libre que lorsqu 'il g:
eut disparu.
Evidemment, il y avait là un mystère, un fc
danger.
Mais lequel? T
Et puis,"que faire?
Tout raconter à Raymond... il était trop jeune,
trop confiant. Le succès qui, jusqu'alors, semblait
lui assurer l'impunité, le rendait peu accessi-
ble à des conseils de prudence.
Eléna ne savait en réalité à quel parti s'ar-
Elle se promit de,veiller, et c'est tout ce qu'elle
pouvait faire... , , <
Cependant Nathaniel avait quitté la chambre de (
Raymond et regagnait sa cabine. 1
Il était préoccupé. _ # ' 11 .. '
Sans aucun doute, il nourrissait certains projets ]
que le refus péremptoire de la jeune femme j
avait contrariés.
Il réfléchissait.
Tout en marchant, il jetait à droite et à gauche
quelques regards furtifs, comme pour s assurer
qu'on ne l'épiait pas.
Comme il approchait de sa cabine, il remarqua
avec surprise que la porte en était restée entr 'ou-
j verte. , - '
Cette particularité l'intrigua. '
, Il était bien -certain de l'avoir fermée, et il
fallait que quelqu'un y fût venu pendant son
absence.''!'' '' '
Il s'avança sur la pointe des pieds, retint son
souffle et alla se poster à quelques pas de l'entrée.
Ce ne fuL pas long.
Deux minutes à peine s'étaient écoulées, qu'il
vit dans l'entre-bâillement de la porte une tête;
éveillée et curieuse, qu'il reconnut du premier
coup d'oeil.
C'était celle de Bally, le petit mousse.
Il s'eSaça pour ne pas être vu.
Bally avança avec précaution, tourna la tète de
chaque côté du co.uloir, et fit deux ou trois pas.
Mais au moment où il allait s"élancer, une main
vigoureuse et énergique s'abattit, sur son épaule,
cinq doigts, se crispèrent sur sa veste, et il fut ar-
rête court dans son élan. I
— Ah! ah! je t'y prends! mauvais crapaud !
dit Nathaniel, d'une voix formidable. ,
1d — L'Américain ! fit Bally avec effroi.
— Lui-même... et je ne serai pas fâché de sa-
voir ce que tu viens, faire dans ma cabine? ;
— Mais...
■ Parle,
— Je vous assure...
— Tu fais le discret... ;
— Maître... - > ..
Nathaniel prit l'enfant entre ses bras musculeux,
et le soulevant de terre avec force, il le rejeta vio-
lemment dans l'intérieur de la cabine, dont il
' s'empressa de fermer la porte à double tour.
— Et maintenant, dit-il au petit mousse tqut
étourdi encore, nous allons causer à cœur ouvert,
et tu vas me dire qui t'a , chargé de m'espionner,
i et combien l'on te paie pour me trahir.
Et comme Bally restait debout les yeux bais-
i ses, sans répondre :
; — Du reste, ajouta l'Américain , il y a déj-à.
quelques jours que tes allures suspectes m'intri-
guent ; je t'observe avec attention, et je ne suis
pas fâché d'avoir aeec toi urie conyersation dont
? tous les deux nous pourrons faire également no-
' ~tre profit.
Parle donc... réponds, et prends bien garde à ce
» que tu vas dire..
I Et tout en prononçant ces paroles, Nathaniel
avait décroché un poignard maltais dont il avait
armé sa main. ,
PIERRE ZACCONE.
(La suite a aemam.) z
LE TRÉSOR DU FOYER
LES JARDINS EN CHAMBRE
Voilà octobre, fini : Avez-vous plantez vos oignons à_
fleitrs, à l'exception du lis et du glaïeul ?
Il fallait, si vous avez des oignons de crocus, de
narcisses, de jacinthes, de tulipes, vous livrer à cette
opération, garantie de l'avenir.
llàtez-vous donc, dans ce cas, oil vous auriez man-
qué à ce devoir.
C'est aussi le moment de planter, à 1 'intàrieur de,
l'appartement, les griffes ou pattes de renoncules et
d'anémones, les perce-neige et l'hellébore.
Les renoncules donnent de jolies fleurs aux couleurs
les plus diverses, vers le mois de mai. ,
Avant de planter les griffes de renoncules on doit les
faire séjourner pondant douze heures dans une .eau
mélangée de suie. Cette opération a ua double but :
chasser- les inserte¡;¡ , et donner aux rocines uoë'ïnoras
grande fragilité.
Vous les enfoncez ensuite, avec précaution, dans
ne' lcn'..; composée de terrea'1i' et dé terre de bruyère,
une i,-rufondeirde six centimètres..
Yen s prenez garde au froid pendant l'hiver ; et dèt
[ve les feailles sont sorties, vous maintenez la terri
Lssez fraîche.
Après la florafeon termin(,e, vous levez Ips griffes eî
rous les conservez dans un heu sec jusqu'à l'automne,
lU mieux jusqu'au printemps si vous voulez faire vof
Plantations à l'aîr.
Toutes les renoncules sont de nature plus ou moint
vénéneuses. A bon entendeur, salut !
L'anémone est proche parente da la renoncule. EU«
lonne aussi au printemps de nombreuses fleurs rouges,
blanches ou bleues, simples, semi-donbles ou doubles.
La terre qui les nourrit doit être lègère et chaude.
Elle.demande les mêmes soins que la renoncule ; ,eH.
a, comme celle-ci, des propriétés vénéneuses, et let
sauvages du Kamtschatka se servent, dit-on, d'une de
ses variétés pour empoisonner leurs flèches, le chasse-
pot n'étant pas encore entré dans cette civilisation.
Pas de soins spéciaux pour le perce-neige, qui fleurit
au milieu du froid.
Quant à l'hellébore, aux feuilles grandes, dures, dé-
coupées et sombres de ton, vous verrez ses fleurs d'un
rose tendre apparaître, alors que la nature semble
avoir caché tous ses trésors diaprés.
La racine de l'hellébore ést un purgatif très-éner-
gique et sert de remède dans Illydropisie.
Dans l'antiquité, on la croyait propre à gu rir la
folie.
Quel malheur que les anciens se soient trompés !
voilà une herbe qui servirait joliment en 18691
FLORAMY.
UN CONSEIL PAR JOUR
Il ne faut pas prendre bonne opinion des gens
qui se plaignent de toutes les personnes avec les-
quelles il ont été en relation d'affaires ou d'ami-
tié. Il y a dans ce mécontentement,"général l'in-
dice trop certain d'un caractère insociable, d'une
maladresse évidente et souvent d'un égoïsme im-
I nlacable.
HENRI D'ALLEBER.
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v
p~ %tuvha avoir parlé àz "ses antécédents et du ïfflbbiie
Li Ta^aU fait aSr, le désir de^se débarrasser de j
ff. Samson, qu'il citait empêcher la fille Ma"g 4^ iéo
toe. qu'il aimait éperduement, de se donner à^lui,M. le s E
Procureur impérial a placé sous les yeux de MM. es ét
Surês les différentes présomptions qui e^^ent contre ^
lui et qui résultaient de sesU
CïU;n . avait vainement cticrché à étwb l3 ? " . lieu ^
tlilanœ '>4Iu;il de son écriture avec-ta lettre ?
"du crime, des menaces enfin qtfi avait pro t_
t
Posant payerez! ensuite. aux preuves de la culpabilité de Con- ^
1'1I.vait: zauve HIes le crime, ce fait fabriquer une c
} eia ouvrant l'appartement de M. Samson ; de - la p
*ence à dôté du cadavre, d'une photographie de femme
faite à Albi, où l'accusé avait été en garnison comme
f soldat ; de la coïncidence de son pied avec 1 empreinte
: que le pied de l'assassin avait laissée sur le soi de ta l,
chambre de la victime; de la possession par laccus^a
• sa famille n'avait remis aucune somme, d une ■
impartie de l'argent volé à M. Samson; des blessures en- 1
'ïn constatées peu de jours après le crime aux mains
i-et sur le-corps de Consauve, et dont il ne pouvait ex- g
i Iliquer d'une manière satisfaisante 1 '(>rigine. ■
•' M. le procureur impérial a termine son réquisitoire j;E
•- en s'en rapportant à la conscience et à *
< du jury relativement aux circonstances atténuaiqtes.
Il venait à peine de s'asseoir, quand tout à coup
» s'est produit un incident qui a profondément ému l 'au-
- diMmé Samson s'est élancée au milieu du prétoire, en
&Dostr.ophant Consauve, le traitant d asDa^sin et lui re-
prochant les souffrances qu'il avait f; u t Subir à. son in
"fortuné mari et celles qu'il avait par là infligées à a
famille, dont il avait consommé la ruine en la privant, .
de son chef et de son soutien. .
Elle s'est ensuite, malgré les ais que ai.cr.es
,. personnes faisaient pour la retenir, précipita sur le
i portrait de son mari que l'assassin avait lacéré et qui
J avait été déposé aux pieds de la cour a titre de pièces
1 à conviction. Elle"s en est emparée et l'a embrassé;
: on est enfin parvenu à la faire sortir de l enceinte do
' la A cour la suite de cette scène émouvante, M0 Bessat, avo-
, cat à la cour impériale d'Aix, a présent la défense de
:'onsauve.
Après avoir fait appel à la sagesse et il la prudence,
du jury, et l'avoir vivement adjuré de ne pas subir
aveuglément l'entraînement de l'opinion publique, qui
^s'égare si facilement, il a, dans une. éloquente plaidcn-
' '-lie qui n'a pas duré moins de trois heures et demie,
i fait les plus grands efforts pour tâcher de faire naître
"'le doute dans l'esprit de MM. les jurés.
Il a tour à tour examiné les divers arguments que
: M. le procureur impérial avait tirés _soit de 1 ordre
physique, soit de l'ordre moral, et a cherché à. établir
eue toutes les charges de l'accusation pouvaient s ex-
pliquer sans qu'il en résultât nécessairement la preuve
de la culpabilité de Consauve.
' Ainsi d'après le défenseur rien ne garantissait que
«le pied de Consauve s'adaptât parfaitement à 1 empreinte
laissée par le meurtrier dans la chambre de M. Sam-
son- la conformation d'ailleurs particulière de 1 un des
doigts de son pied est si commune qu'il doit y avoir
' dans Toulon une foule de personnes atteintes de cette
anomalie; la prétendue conformité du pied de Gon-
] sauve avec l'empreinte n'est donc pas une preuve cer-
laine de la culpabilité. ' .
Les blessures de l'accusé; elles sont l'œuvre des trois
matelots corses qui, d'après ses allégations, 1 ont as-
sailli dans le quartier du Chapeau-Rouge, pour lui vo-
ler sa montre; et ce qui confirme cette version, cest
que M. Samson, à qui le ministère public attribue ces
Blessures n'a pu en être l'auteur, puisque d après le
: , docteur même qui a été chargé de faire 1 autopsie de
sson cadavre, il avait tout d'abord reçu par derrière
■deux conps de poignard, qui en perforant son poumon
,ont coupé sa respiration, et ont ainsi rendu toute lutte
impossible entre l'assassin et sa victime.
v La clef ; mais beaucoup de clefs se ressemblent et si,
ainsi que l'établissent les annales judiciaires dont M'
Bessat a cité deux exemples bien connus, l affaire Le-
surques et celle de l'arrestation des diligences jugée
par 1-a cour d'assises même du Var, il y a un grand
danger à asseoir une condamnation sur la reconnais-
) sance d'une personne, à combien plus forte raison y
; a-t-il danger de la fonder sur la reconnaissance d une
i simple cle ! l'accusé, en supposant qu'il ait réellement
'fait faire une clé destinée à ouvrir les appartements de
■ M. Samson, a pu d'ailleurs la faire fabriquer non pour
J.l'assassiner, mais pour le narguer en faisant de ses
appartements le rendez-vous d'une entrevue galante.
\ Le vif désir que Consauve aurait manifesté au ser- ]
rurier d'avoir cette clé le samedi même, jour où M.
Samson va habituellement coucher à la campagne et
où par suite il ne pouvait songer à le frapper, tendrait
' à le faire croire. Enfin si Consauve qui connaissait
, parfaitement et les lieux et les mœurs de M. Samson
' avait fait fabriquer une clé pour s'introduire chez ce
dernier, le défenseur soutient qu'il aurait fait faire
? celle de la porte gauche ouvrant directement la cham-
bre de M. Samson, et non, ainsi qu 'il l aurait fait d a-
près l'accusation, celle de la porte droite qui n aboutit
(m'a l'appartement de Mme Samson, d ou il n est pas
1 > toujours facile d'arriver chez son mari, qui avait, il pa-
\ raît, l'habitude de mettre de son côté des verrou à la
r porte de communication qui existe entre sa chambre
et celle de sa femme. , , ,
La ressemblance de la lettre trouvée sur le lieu du
' crime avec l'écriture de Consauve ; mais, a dit le ^dé-
fenseur, le ministère .public n'attache pas lui-même
' une importance sérieuse à cette présomption, eti no-
. • : norable M. Gauthier, expert en écriture, -a déclaré
aussi qu'il n'y avait à cet égard que des probabilités
et aucune certitude. , , , ,
La photographie; M. Bessat a cherche a prouver que
- accusé n'était plus à Albi à l'époque où elle avait été
' faite.
* Passant ensuite aux preuves tirées de l'ordre moral,
le défenseur s'est efforcé de détruire les divers argu-
ments que M. le procureur impérial avait puisés dans
, l'attitude et la fuite de l'accusé et surtout dans le mo-
Isile du crime. Consauve ne voulait, a-t-il dit, aucur
¡mai à M. Samson; il l'avait défendu dans diverses cir-
' constances, alors que la fille Marie Maxime l'avait me
nacé et même attaqué.; d'après M' Bessat, la personnE
qui devait être réellement animée d'un sentiment d<
vengeance, ce devait être Marie Maxime, dont M. Sam
son, par ses révélations auprès de la famille de
sauve sur l'immoralité de cette femme, avait empêcha
'le mariage avec l'accusé; Marie Maxime avait, en effet
à la smte de ces révélations, hautement témoigne l,
désir de se venger. , ..
Le défenseur a conclu quelle ne devait , piz lu
étrangère à la mort dé M. Samson, dont elle avait et
~ ' peut-être sinon l'auteur, tout au moins la complice, fi
que, si par suite, on s'attachait au mobile ,du. cnni
pour découvrir le coupable, Marie MaxisscubiSii mieti
que Coasauve, eût mérité de ?*a^-eoir sur le ba.ne de
•A ce mot, l'accusé interfômpant son -défènseujr^ s'est
étrié ; « ,Eile y viendra peut-être. » i
Bessat a fini par chercher à étabiir que tourne
se trouvait auprès de sa famihe quand i attabsjnat a
été commis. ; , l
Il a termine sa plaidoirie en priant le jury, dans le
cas où il serait entièrement convaincu de sa culpabi-
lité, d'écarter la circonstance aggravante de la prémé-
ditation, de rejeter aiissi le crime de vol qui, d après
l'accllS:ltÍun, a suivi l'assassisat.et d'admettre enfin des
circonstances atténuantes, afin de permettre à la cour
d'abaisser la peine et de laisser à Consauve 1 espérance
de recouvrer un joup la liberté.., ..
A la suite de cette remarquable plaidoirie, personne
ne réclamant pl,iS .la parole, monsieur le président a
clos les débals et a, dans un résumé tout a la fois net
et ferme, impartial et concis, rappelé sommairement
les charges et les moyens de défense, et pose a . MM.
les jurés les questions qu'ils,avaient à résoudre. ,
Le jur-y est alors entré dans la chambre de ses dé-
libérations, il en est bientôt rassorti avec un verdict
atrirmatif sur les questions relatiiies à 1 assassinat, mi-
tigé par des circonstances atténuantes, il a de plus re-
jeté le crime de vol qui était imputé a l 'aretisé.
La cour, en vertu de ce verdict, a ^condan\ne ■ eon-
sauve aux travaux forcés à perpétuité. I
Ce dernier a écouté la prononciation de cet arrêt
sans manifester aucune émotion et sans proférer au-
cune parole. ■ : ■'
DRAMES JUDICIAIRES
LE TIGRE-ROI(1)
XX
Les Bijoux.
■ Pardon, ma jolie enfant, dit Nathaniel d une
voix doucereuse, et comme s'il eut deviné ce qui se
passait en ce moment dans l'esprit d'Elena, il ne ^
faut pas trop vous étonner de me voir ici à cette
heure : je viens de voir le lieutenant, et c est lui >
qui m'a autorisé à me présenter.
- Raymond ! fit Eléna, de plus en plus sur- 4
prise... Et à quel propos? «
I Nathaniel avait encore fait deux pas, et il se
trouvait maintenant près de la jeune femme.
Eh! eh! dit-il en baissant le, ton, c'est un
mystère.. , i
— Un mystère? . , . " „ , , fa
— Et je crois que M. Raymo-id n'est pas fâché al
I de ne pas être présent à l 'entretien - )
Eléna ne comprenait plus rien à ce qu on lui
disa-it ; elle crut que Nathaniel n'avait pas toute sa
I raison, qu'il avait bu peut-être. Elle se leva à
demi..Cependant!' l'Américain t'avait suppliée du geste, v.
et il venait de tirer de sa poche un petit étui en
I peau de chagrin, qu'il tourna et retourna d un air
i embarrassé entre ses doigts.
Et d'abord, reprit-il, il faut que je vous ex-
plique ; je fais un peu tous les métiers, et à Mau-
rice notamment, quand Marsaud m a proposé de
m'embarquer, j'étais en train de réunir une belle
collection de bijoux, ,qur est malheureusement *
I restée incomplète... Mais les morceaux en sont _
bons... et j'espère en tirer un bon prix, une fois
arrivé à destination..' ' a
Vous avez donc parlé de cela à Raymond ? ,
demanda la jeune femme. , , , OTl4il
— Bien mieux : je lui ai montré des échantil- ,
10111. a
— Et qu'a-t-il dit ? ,• , i
— Il m'a engagé à vous les présenter.
I - Pourquoi?
I —Pour vous prier de choisir. _ ' „
' —Choisir... moi... des bijouxL;.. fit Eléna;
mais Raymond sait bien que je n 'ai que faire de 1
'
1 I ce Pendant que la jeune femme s'exprimait de la . ■
Sorte Nathaniel avait ouvert son étui et répandu 1
' sur ia table une vingtaine de* bijoux, bagues,
; pendants d'oreilles, perles fines, pierres précieuses,
t i qui se mirent à jeter des ,feux de toutes couleurs.
t Eléna en fut eblouie et ne put retenir- un cri
i d'admiration. 'é . , „
î I _ Je vous le disais bien! s cria-t.-elle, ce n est
1 j pas à moi qu'il appartiendrait-de porter de pa-
reilles parures. .. ?
" „ Qui vous en empêcherait f - i
s — Mais c'est fort cher... tout cela.. j
- — Sans doute.
a — Et Raymond est pauvre.
e — Qu'importe ? "j
1 - Oh!... il v importe beaucoup; et je l amie
u assez pour ne pas l'engager dans de semblables
folies. -
— Alors, vous refusez ?
-I I — Absolument. r i , ,
js I Nathaniel, ainsi repoussé, ne se tint cependant
ie j pas Tout en reprenant les bijoux qu'il venait détaler
té sur la table,-il ne cessait de regarder la jeune
!' femme.Sans se rendre bien compte de ce qu'elle^ éprou-
is l- valt, Eléna se sentait gênée par ce regard ]; ins-
o- tiiictivement elle comprenait que cet homme
m avait quelque dessein secret, quelque but_ caché ,
r- et qu'il n'était pas venu seulement pour lui mon- j
e- trer des bijoux-. # ,
"e Soit ! dit enfin Nathaniel; soit! mais ^ vous
de TI- avez tort, parce qu'enfin, si M.. Raymond n a pas
n- aujourd'hui une position qui lui permette de vous
hé offrir le luxe de semblables parures, une fois en
2t, I Amérique, cela pourra bien changer .
le I Que voulez-vous dire? fit Eléna ayee un
I mouvement involontaire.
I — Rien ! que ce que l'on m a dit.
-et —Qui cela? <■
Jltf: ,, ( —Raymond ! ^ ,,,
;— -r
ies (9) Voir les numéros à partir du 17
— Il vous a fait là une étrange confidence ! 1
— Oh 1 il sait bien, lui, ^u'ii s'y, <.1,. pas de^dan-
er à être confiant avec moi-; et d'ailleurs quel in- ,
érêi aurait-il à cacher ce qu'il compte faire ?
— Aucun, sans doute. Cependant... ^ , as?
— Marsaud lui-même m'a tout avoué. ^
— Marsaud?... C'est impossible. Quel aveu au- vo'
ait-il pu vous faire ? '
— Voulez-vous que je vous le dise ? P 1
— Mais... #
Nathaniel fit entendre un petit ricanement qui vé
;laça la jeune femme. do
— A quoi bon ? dit-il. L'offre que je vous bl;
'ais ne vous agrée pas aujourd'hui, il vaut mieux
lue je me retire ; seulement, vous me permettrez El
jiçn de vous la renouveler. ^
— Jamais. se
— Bah! vous changerez d'idée, et une fois a p<
iestination, nous pourrons reparler de tout cela.
Eléna ne répondit pas. ai
Elle était réellement, embarrassée;. '
Mille craintes obscurcissaient ses pensées ; cet c(
homme lui inspirait une terreur étrange, elle eût ^
voulu l'interroger et elle n'osait pas.
Elle ne se sentit soulagée et libre que lorsqu 'il g:
eut disparu.
Evidemment, il y avait là un mystère, un fc
danger.
Mais lequel? T
Et puis,"que faire?
Tout raconter à Raymond... il était trop jeune,
trop confiant. Le succès qui, jusqu'alors, semblait
lui assurer l'impunité, le rendait peu accessi-
ble à des conseils de prudence.
Eléna ne savait en réalité à quel parti s'ar-
Elle se promit de,veiller, et c'est tout ce qu'elle
pouvait faire... , , <
Cependant Nathaniel avait quitté la chambre de (
Raymond et regagnait sa cabine. 1
Il était préoccupé. _ # ' 11 .. '
Sans aucun doute, il nourrissait certains projets ]
que le refus péremptoire de la jeune femme j
avait contrariés.
Il réfléchissait.
Tout en marchant, il jetait à droite et à gauche
quelques regards furtifs, comme pour s assurer
qu'on ne l'épiait pas.
Comme il approchait de sa cabine, il remarqua
avec surprise que la porte en était restée entr 'ou-
j verte. , - '
Cette particularité l'intrigua. '
, Il était bien -certain de l'avoir fermée, et il
fallait que quelqu'un y fût venu pendant son
absence.''!'' '' '
Il s'avança sur la pointe des pieds, retint son
souffle et alla se poster à quelques pas de l'entrée.
Ce ne fuL pas long.
Deux minutes à peine s'étaient écoulées, qu'il
vit dans l'entre-bâillement de la porte une tête;
éveillée et curieuse, qu'il reconnut du premier
coup d'oeil.
C'était celle de Bally, le petit mousse.
Il s'eSaça pour ne pas être vu.
Bally avança avec précaution, tourna la tète de
chaque côté du co.uloir, et fit deux ou trois pas.
Mais au moment où il allait s"élancer, une main
vigoureuse et énergique s'abattit, sur son épaule,
cinq doigts, se crispèrent sur sa veste, et il fut ar-
rête court dans son élan. I
— Ah! ah! je t'y prends! mauvais crapaud !
dit Nathaniel, d'une voix formidable. ,
1d — L'Américain ! fit Bally avec effroi.
— Lui-même... et je ne serai pas fâché de sa-
voir ce que tu viens, faire dans ma cabine? ;
— Mais...
■ Parle,
— Je vous assure...
— Tu fais le discret... ;
— Maître... - > ..
Nathaniel prit l'enfant entre ses bras musculeux,
et le soulevant de terre avec force, il le rejeta vio-
lemment dans l'intérieur de la cabine, dont il
' s'empressa de fermer la porte à double tour.
— Et maintenant, dit-il au petit mousse tqut
étourdi encore, nous allons causer à cœur ouvert,
et tu vas me dire qui t'a , chargé de m'espionner,
i et combien l'on te paie pour me trahir.
Et comme Bally restait debout les yeux bais-
i ses, sans répondre :
; — Du reste, ajouta l'Américain , il y a déj-à.
quelques jours que tes allures suspectes m'intri-
guent ; je t'observe avec attention, et je ne suis
pas fâché d'avoir aeec toi urie conyersation dont
? tous les deux nous pourrons faire également no-
' ~tre profit.
Parle donc... réponds, et prends bien garde à ce
» que tu vas dire..
I Et tout en prononçant ces paroles, Nathaniel
avait décroché un poignard maltais dont il avait
armé sa main. ,
PIERRE ZACCONE.
(La suite a aemam.) z
LE TRÉSOR DU FOYER
LES JARDINS EN CHAMBRE
Voilà octobre, fini : Avez-vous plantez vos oignons à_
fleitrs, à l'exception du lis et du glaïeul ?
Il fallait, si vous avez des oignons de crocus, de
narcisses, de jacinthes, de tulipes, vous livrer à cette
opération, garantie de l'avenir.
llàtez-vous donc, dans ce cas, oil vous auriez man-
qué à ce devoir.
C'est aussi le moment de planter, à 1 'intàrieur de,
l'appartement, les griffes ou pattes de renoncules et
d'anémones, les perce-neige et l'hellébore.
Les renoncules donnent de jolies fleurs aux couleurs
les plus diverses, vers le mois de mai. ,
Avant de planter les griffes de renoncules on doit les
faire séjourner pondant douze heures dans une .eau
mélangée de suie. Cette opération a ua double but :
chasser- les inserte¡;¡ , et donner aux rocines uoë'ïnoras
grande fragilité.
Vous les enfoncez ensuite, avec précaution, dans
ne' lcn'..; composée de terrea'1i' et dé terre de bruyère,
une i,-rufondeirde six centimètres..
Yen s prenez garde au froid pendant l'hiver ; et dèt
[ve les feailles sont sorties, vous maintenez la terri
Lssez fraîche.
Après la florafeon termin(,e, vous levez Ips griffes eî
rous les conservez dans un heu sec jusqu'à l'automne,
lU mieux jusqu'au printemps si vous voulez faire vof
Plantations à l'aîr.
Toutes les renoncules sont de nature plus ou moint
vénéneuses. A bon entendeur, salut !
L'anémone est proche parente da la renoncule. EU«
lonne aussi au printemps de nombreuses fleurs rouges,
blanches ou bleues, simples, semi-donbles ou doubles.
La terre qui les nourrit doit être lègère et chaude.
Elle.demande les mêmes soins que la renoncule ; ,eH.
a, comme celle-ci, des propriétés vénéneuses, et let
sauvages du Kamtschatka se servent, dit-on, d'une de
ses variétés pour empoisonner leurs flèches, le chasse-
pot n'étant pas encore entré dans cette civilisation.
Pas de soins spéciaux pour le perce-neige, qui fleurit
au milieu du froid.
Quant à l'hellébore, aux feuilles grandes, dures, dé-
coupées et sombres de ton, vous verrez ses fleurs d'un
rose tendre apparaître, alors que la nature semble
avoir caché tous ses trésors diaprés.
La racine de l'hellébore ést un purgatif très-éner-
gique et sert de remède dans Illydropisie.
Dans l'antiquité, on la croyait propre à gu rir la
folie.
Quel malheur que les anciens se soient trompés !
voilà une herbe qui servirait joliment en 18691
FLORAMY.
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Il ne faut pas prendre bonne opinion des gens
qui se plaignent de toutes les personnes avec les-
quelles il ont été en relation d'affaires ou d'ami-
tié. Il y a dans ce mécontentement,"général l'in-
dice trop certain d'un caractère insociable, d'une
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